numéro 11 8€ septembre 2017
Heartfulness soi I relations I travail I inspiration I vitalité I nature I jeunesse
Avec Daaji sur le chemin le moins fréquenté
QUESTIONNER LA VIE
A la rencontre d’Alexandre Jollien
MYSTIQUE ET CONNAISSANCE Découvrir Maître Eckhart
UNE EXPÉRIENCE À FAIRE Le ciné-méditations
FOCUS
AU-DELÀ DE LA CONSCIENCE
UNE PAIX SANS FIN
Heartfulness Through meditation, peace
Offrez-vous l'expérience de la paix intérieure
fr.heartfulness.org
L'édito
Une paix sans fin Les profondeurs de l’océan sont une source de paix, d’émerveillement et de mystère. Dès que nous quittons les vagues en surface, nous découvrons ces profondeurs silencieuses qui nous accueillent et nous apaisent. De même, chaque méditation nous emmène dans les profondeurs de notre être, à la rencontre d’une paix indicible. Au fil du temps, nous apprenons à nous mouvoir dans ce calme intérieur, pour aller toujours plus profond, vers notre centre. La paix a inspiré ce numéro, puisque nous célébrons, le 21 septembre, la Journée internationale de la paix. Mais qu’est-ce que la paix ? Est-ce seulement la fin de la guerre, l’absence de conflits ? Comme le silence serait l’absence de bruit, la liberté, l’absence d’enfermement, et le bonheur, l’absence de douleur ? Dans les articles qui suivent, les auteurs se posent la question de la paix d’une autre façon : ils explorent sa réalité au cœur des aléas et des turbulences de la vie. À travers leurs recherches et leurs témoignages, ils nous offrent les moyens de découvrir cette paix qui ne se trouve pas à l’extérieur, dans le bruit et la folie du monde, mais toujours présente, en attente d’être découverte et retrouvée – au fond de nous. C’est en explorant cette réalité intérieure, en la cultivant, en lui donnant les moyens d’exister de plus en plus dans notre conscience, nos habitudes, nos manières de parler et de nous comporter, que cette paix, comme un parfum qui se dégage, transforme l’atmosphère en nous et autour de nous. Alors soyons nombreux à répandre ce parfum de paix le 21 septembre, et tous les jours de notre vie… La rédaction
Sommaire
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ENTRETIEN
06 Interview de Marc de la Ménardière et Nathanël Coste Cette aventure fut notre ashram et le film notre plus grand maître spirituel. Pour aller au bout de ce projet, nous avons dû mettre en pratique tout ce qui nous avait été enseigné durant notre voyage.
06 20
12 Le ciné-méditation : un concept inédit
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La connaissance dans l’inconnaissance, 1ère partie MYSTICISME
20 focus paix
20 À la rencontre d’ Alexandre Jollien Au fond, il s’agit de zigouiller l’ego avec bienveillance, de voir que nous sommes comme un temple qu’il s’agit de vider pour se rendre disponible au présent, à la grâce, à l’ intériorité, à Dieu.
32 Le secret de la paix
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ÇA CHANGE TOUT
Si on s’écoutait ?
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MYTHOLOGIE
Pan Gu, le temps du rêve
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Magazine Heartfulness
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La science de la spiritualité Marcher vers la liberté, 2e partie Cette attitude de « que ta volonté soit faite », nous nous y préparons en fait dès les tout premiers stades du voyage spirituel. Elle est indispensable pour ancrer celui-ci solidement.
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PORTFOLIO
Pushkar
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YOGA
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LE GOÛT DE LA VIE
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Le cheminement d’un yogi, 3e partie
62 Le thé 66 Les oléagineux, un quatuor gagnant ! 68 Légumes racines rôtis et faux-mage de noix
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PLANÈTE KIDS
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ACTUALITÉS
70 Marcher sur le chemin de la paix 72 Les trois frères, 3e partie
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Les coups de cœur de la rédaction
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Ont contribué Alexandre Jollien Il se présente comme père de famille, personne handicapée et écrivain. Après 17 ans passés dans une institution, il prend son envol
DIRECTRICE DE PUBLICATION
le jour où il découvre la
(édition francophone)
philosophie qui va changer
Sylvie Berti Rossi
son rapport à l’existence, RÉDACTION
à son corps, aux autres. Ses
Anglais : Rishabh Kothari, Elizabeth Denley, Veronique Nicolai
compagnons de route sont
(partie pour les enfants ) Français : Sylvie Berti Rossi, Génia Catala, Hélène Camilleri
TRADUCTION Génia Catala, Sylvie Galland, Jean-Pierre Le Grand
l’Ecclésiaste, Maître Eckhart, Nietzsche, un maître zen. En l’aidant à accueillir la vie comme elle se propose, ils l’encouragent sur la voie de l'abandon et de la joie. Spécialiste de philosophie grecque, il est aussi conférencier et, utilisant sa
GRAPHISME Hélène Camilleri, Sylvie Berti Rossi
couverture médiatique, s’investit beaucoup pour changer le regard sur le handicap.
COUVERTURE Uma Maheswari
PHOTOGRAPHIES Jean-François Bathod, Kyle Mills, Valeria Zoncoll, Stéphane Etter, Thimothy Ries, Milos Simic, David Pentek, Anirban Chatterjee, Charlotte Coneybeer, Nathan Anderson, Jiri Wagner, Jad Limcaco, Saksham Gangwar, Rajesh Menon, Bruno Nascimento, Elijah Hail, Félicie Toczé
Meghana Anand Meghana Anand vit à Chennai, en Inde. De façon générale, l’humanité l’inspire et elle aime explorer les profondeurs sacrées de son être à
ILLUSTRATIONS
travers une écriture intros-
Sylvaine Jenny, Juliette Alay
pective. Elle recherche la
CONTRIBUTIONS Stephan Bertry Masoero, Jessica Karam, Nathanaёl Coste, Marc de la Ménardière, Barbara Sonvilla, Meghana Anand,
joie et la beauté dans les choses simples. Elle collabore à la rédaction
Alexandre Jollien, A.R. Shivakumar, Jan Walls et Yvonne
du magazine Heartfulness en
Walls, Kamlesh Patel, Rajesh Menon, Patrick Fleury, Félicie
langue anglaise.
Toczé, Guy Lemitres
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Magazine Heartfulness
à ce numéro Barbara Sonvilla Historienne de l'art et maître de ENVOI DES CONTRIBUTIONS
conférences dans plusieurs uni-
Correspondance avec la rédaction et ligne rédactionnelle
versités européennes, elle vit
magazine@unimeo.com
aujourd'hui avec sa famille dans une communauté
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rurale proche de Vienne,
magazine@unimeo.com
en Autriche. Conceptrice ABONNEMENTS
de cours et directrice de
www.unimeo.com
formation en e-learning et en enseignement bimodal, elle s’intéresse surtout à l’interdisciplinarité, à l’intersection de l’art, de la culture, de la science et de la technologie.
IMPRESSION Aumüller Druck GmbH & Co. KG, Weidener Straße 2 D-93057 Regensburg
Depuis près de 20 ans elle est formatrice de la méditation Heartfulness et propose une alliance joyeuse de la
PUBLICATION
science et de la spiritualité.
Unimeo, 1185 Chemin des Campelières 06250 Mougins FRANCE
Droits d’impression, publication, distribution, vente, sponsoring
Marc de la Ménardière et Nathanaël Coste Nous sommes en 2008, Marc exporte de l'eau en bouteille à New York, Nathanaël
et perception des recettes réservés à l’éditeur.
2017 © Tous droits réservés à Unimeo
ISSN : 2491-2255 N° CPPAP : 0419 K 93360
travaille lui dans la gestion
Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg
collective de l'eau. Les deux
Spirituality Foundation, SMSF », le logo « Learn to Meditate » et
amis, séparés depuis 10 ans,
le logo « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj
se retrouvent juste avant
Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine
la crise de 2008 qui sera
ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que
comme un détonateur. Pour comprendre d'où vient la
ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.heartfulness.org est également la propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.
logique prédatrice du système
Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine
et chercher des solutions, ils vont
ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l’Institut
aller rencontrer ceux qui construisent le monde de
Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.
demain. Cette aventure va remettre en question les fondements de leurs croyances.
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la pensée et l'action
L'interview NATHANAËL COSTE et MARC DE LA MÉNARDIÈRE nous parlent du tournage de leur film « En quête de sens », une aventure qui a transformé leur vie.
Q
« Le changement de la société ne peut se produire que par le changement de chaque individu. » Que vous inspire cette citation ? Ou, pour reprendre l’adage de Gandhi, comment devenir « le changement que nous souhaitons voir dans le monde ? »
NC Cette phrase continue de me questionner. Oui, l’éveil ne peut être qu’individuel. Mais quand on cherche comment faire pour amener chaque individu à un progrès de la conscience, cela devient beaucoup plus compliqué. D’autant qu’aujourd’hui l’air du temps pousse les gens à se regrouper pour avoir des expériences collectives, souvent d’ailleurs pour progresser ensemble, mais sans pour autant aller regarder en eux ce qui les limite et les bloque dans cette évolution. Beaucoup rêvent de réalisations collectives comme palliatif à l’individualisme ambiant, mais nous ne savons toujours pas comment progresser individuellement. En effet, la société se construit autour de l’image marketing d’individualités fortes qui cherchent un confort matériel égoïste, alors que le confort intérieur et la paix de l’esprit ne sont pas valorisés socialement. Il faudra sans doute médiatiser les outils d’introspection comme la méditation et les pratiques corporelles. Mais les deux terrains sont essentiels, celui de l’évolution
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Magazine Heartfulness
individuelle qui nous pousse à nous connaître, nous accepter et à accepter l’autre, et celui de l’évolution des structures de gouvernance, du cadre sociétal et des valeurs qui sont érigées en modèle. Ce second terrain ne doit pas être négligé car l’introspection ne doit pas selon moi nous mener au repli sur nousmêmes mais à une ouverture au monde et une participation aux luttes qu’il faudra mener pour plus de justice et de respect du vivant.
Q
Quelles sont les valeurs humaines qui à vos yeux sont essentielles pour créer un changement de conscience planétaire ?
NC L’altruisme qui pousse chacun à reconnaître l’autre en soi, la tolérance qui passe par l’acceptation de soi, et la persévérance, car il en faudra pour arriver à des changements globaux.
Q
Le succès de votre film vous a valu une notoriété, une reconnaissance qui peuvent être des pièges pour l’ego. Comment avez-vous vécu ce changement de regard sur vous ? Et quelles ont été vos ressources intérieures pour rester fidèles aux valeurs prônées dans votre film ?
NC Ce piège de l’ego se présente à différentes occasions au cours d’une vie et, oui, nous sommes évidemment sensibles à la reconnaissance, aux remerciements, et nous percevons parfois ce changement de regard sur nous. Il faut d’abord rester reliés à la pulsion qui a permis au film d’exister, à l’intuition que nous devions réaliser un projet ensemble avec une caméra, et ensuite rester en contact avec cet océan de sagesse, avec la confiance accordée, et l’incroyable énergie collective en temps et en argent qui nous a été offerte - tout ce qui a permis au film d’être terminé et diffusé. Avec Marc nous avions souvent l’impression de n’être que des acteurs dans cette pièce et pas vraiment ses auteurs. Il a bien sûr fallu pas mal d’abnégation pour aller jusqu’au bout, et les retours des spectateurs sont très réconfortants. Je ne boude pas le plaisir que me donnent ces retours souvent positifs sur le film, mais je reste conscient que quelqu’un d’autre aurait pu le faire à ma place.
Il faut d’abord rester reliés à la pulsion qui a permis au film d’exister, à l’intuition que nous devions réaliser un projet ensemble avec une caméra, et ensuite rester en contact avec cet océan de sagesse, avec la confiance accordée, et l’incroyable énergie collective qui nous a été offerte.
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Q
Comment continuer à créer quand l’essentiel a été dit, vu ou raconté ? Où trouver une nouvelle inspiration ?
NC C’est une question d’actualité, d’autant que nous manquons de temps depuis que nous avons pris en charge la distribution du film, dans les pays francophones d’abord, puis dans le monde entier où il est désormais en accès libre. J’ai longtemps dit que je ne referais pas de film après celui-là tant les messages qu’il contient se suffisent à eux-mêmes. J’ai pour l’instant tenu parole, mais je vois aussi que beaucoup d’histoires méritent d’être racontées, avec leur potentiel de relier l’individuel à l’Universel. La créativité, c’est là que se trouve pour moi le défi. Donner à vivre des expériences variées et profondes grâce aux sons et aux images, ce travail me plaît et je continue de baigner dedans, tant par la diffusion qu’en accompagnant la production de films ou en
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faisant de la formation avec des étudiants. La source d’inspiration est inépuisable, c’est nous qui pouvons nous fatiguer en nous coupant de cette source.
Q
Envisagez-vous de faire un nouveau documentaire ? Quels sont les appels du cœur qui vous donnent envie de vous battre pour une nouvelle création, un nouveau défi intérieur ?
NC Faire un autre film ensemble serait une expérience complètement nouvelle car nous avons tous les deux beaucoup évolué. Nous verrons si la vie nous offre cette opportunité et si nous la saisissons. Pour le moment nous travaillons en France sur des projets assez différents. Chacun individuellement perçoit des appels à écrire et à reprendre la camera, pour donner à ressentir et réfléchir sur les enjeux de notre temps, et sur l’incroyable expérience que nous
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vivons collectivement sur Terre, à la fois magnifique et profonde, et tellement rude et profane à d’autres moments.
Q
Pouvez-vous nous parler du travail coopératif dans votre équipe ? Quelle est la force qui en a surgi ?
NC Ces expériences de travail en équipe ont été très enrichissantes, depuis l’arrivée d’Alexis, au début de la phase de production, jusqu’à l’équipe d’une dizaine de collaborateurs motivés qui ont travaillé à la diffusion du film. Nous nous sommes tous formés sur le tas. La sortie du film organisée avec Timothée et Lise s’est organisée deux mois et demi avant le lancement, alors qu’il en aurait fallu six. Personne n’avait jamais fait ça, mais on était transportés, presque exaltés par ce défi. Chacun a apporté beaucoup d’eau au moulin, en faisant des erreurs, nous y compris, quand nous avons dû coordonner cette énergie et ces compétences. Je crois qu’une fois encore c’est la confiance qui nous a guidés dans cette tâche.
Q
Qu’est-ce qui vous a surtout aidés à définir ce projet, à lui donner une direction ?
NC Au début d’un projet vient une intuition. Pour nous, en tout cas, ça a été le cas. En rationalisant il aurait fallu tout arrêter, mais le chemin s’est dessiné au fur et à mesure, et la confiance et le détachement quant au résultat étaient là. L’un des quatre « accords toltèques » ne dit-il pas : « Doing the work without expectations » (Faire le travail sans rien attendre) ? Il faut faire ce qu’on sent juste sans chercher à définir « pourquoi c’est juste » et ce qu’on aurait à y gagner, car ces éléments nous échappent assez largement.
Donc, pour initier un projet, je pense qu’on devrait d’abord être à une place où on se sente bien et se laisser inspirer. Ensuite résonner avec son envie ou son objectif, ce simple fait sera un gage de réussite. Mais atteindre cet état suppose avoir pris du temps pour se connaître et se centrer, c’est souvent un enchaînement de choix et un cheminement qui nous amènent à cet endroit où l’on peut visualiser un projet et se dire « c’est là-bas, c’est juste pour moi, j’y vais. »
Q
Quel impact ce film a-t-il eu sur votre vie ? Quel travail intérieur a-t-il déclenché ?
MM Cette aventure fut notre ashram et le film notre plus grand maître spirituel. Pour aller au bout de ce projet nous avons dû mettre en pratique tout ce qui nous avait été enseigné durant notre voyage. En fait une version du film aurait même pu sortir en 2012. Mais c’était comme si nous n’étions pas en mesure de porter un tel film dans la société tant que tous ces messages n’étaient pas digérés au niveau cellulaire. Finalement il est sorti deux ans plus tard… Et c’était plus juste ainsi. Le sens et la cohérence sont pour moi les deux boussoles de l’âme et il m’a fallu passer beaucoup de temps et faire de nombreuses expériences pour me confronter à la partie égocentrique et égocentrée de mon être, pour réellement me rencontrer et pour comprendre que ce que j’avais touché lors de ce voyage n’était en fait que le début du chemin. Je reste persuadé que la connaissance de soi et la transformation intérieure sont un travail quotidien.
Q
Qu’est-ce qui a motivé cette « quête de sens » et vous a poussés à prendre la route pour réaliser votre projet ?
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MM Au départ ça a été une prise de conscience douloureuse en visionnant tous ces documentaires anxiogènes qui montrent que le monde va mal et vous laissent le sentiment que l’on ne peut rien y faire – que le système est à tel point ancré dans des valeurs et des représentations du monde erronées qu’il ne peut être réformé. En tentant de partager mes prises de conscience autour de moi, j’ai réalisé que la peur n’est pas un bon moteur pour agir, et qu’il fallait donc faire des documentaires inspirants, beaux et positifs, qui donnent envie de passer à l’action plutôt que de rester au niveau du constat. On n’avait pas de réponses avant de partir, juste une intuition forte qu’il fallait prendre la route et qu’en voyageant l’esprit ouvert on trouverait ce qu’on cherchait.
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Q
Qu’est-ce qui, au-delà de l'urgence écologique et économique, vous a amenés à porter votre regard sur la spiritualité et à inclure cette dimension dans votre film ?
MM Dès le début du voyage, nous avons rencontré des personnes lumineuses, inspirées et alignées qui avaient dédié leur vie à l’écologie ou à la justice sociale, en revendiquant la dimension spirituelle comme un fondement majeur de leur action. Nous avons compris que loin de la dimension religieuse et dogmatique, la dimension spirituelle incarnée dans une vie riche de sens était le véritable feu qui animait l’existence de nos interlocuteurs et leur avait permis d’avoir un tel impact, en trouvant en eux la créativité
et les ressources nécessaires pour entreprendre leurs nobles combats.
Q
Quelle est pour vous, au fond, la raison principale de l’état du monde actuel, et comment y remédier ?
MM Pour moi l’état du monde est le résultat de nos visions du monde, individuelles et collectives. C’est-à-dire de toutes les architectures invisibles qui ont construit notre rapport au réel. Le monde est pour moi le reflet de nos inconscients qui conditionnent 95% de nos actions. Du coup, sans une véritable introspection individuelle et collective sur les questions métaphysiques autour de la nature de la réalité, du « qui suis-je » et du sens de la vie, il est impossible de transformer la société. Le changement qui est devant nous est profondément métaphysique. Il est donc urgent de faire les déductions philosophiques de certaines découvertes scientifiques, sociologiques, neurologiques, etc., et donner aux humains les outils pour se connaître et se transformer.
Être présent à l’autre, à soi, se sentir connecté à la nature est pour moi le point de départ d’une action juste vers plus d’harmonie. La méditation m’a permis d’être plus centré, mais cela reste un outil parmi d’autres. Pour moi le but est la méditation au quotidien, c’est-à-dire être présent à ce que l’on fait.
Q
Quel est votre rêve du monde de demain ? Et quels sont, selon vous, les leviers les plus puissants pour y parvenir ?
NC Un monde souhaitable serait construit autour de l’idée que l’abondance est là, mais qu’elle est sacrée et que chacun doit prélever avec parcimonie, à la mesure de ses besoins mais pas de ses excès. Un tel monde serait débarrassé de la spéculation et de l’argent roi. Comment y parvenir ? Retirer à la finance le pouvoir dont elle s’est saisie. Faire grandir des humains conscients de leurs responsabilités et de leur chance d’être ici. Permettre à chacun de donner un sens à sa vie autrement qu’en consommant et en s’identifiant à des stars ou à des marques. Nous sommes en bonne voie. Persévérons.
Q
Pour vous, la méditation a-t-elle un rôle à jouer dans ce changement global ? Joue-telle un rôle dans votre propre vie ?
MM Du moment que le monde va mal à cause de nos comportements et que nos comportements sont le résultat de nos pensées, de nos inconscients, de nos émotions mal gérées et de nos croyances, la méditation a forcément un rôle à jouer pour nous faire prendre conscience des mécanismes qui nous font réagir, au lieu de répondre en conscience à ce qui nous traverse.
A voir ou à revoir C'est l'histoire de deux amis d’enfance qui ont décidé de tout quitter pour s'en aller questionner la marche du monde. enquetedesens-lefilm.com
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Le point de départ
m de
2009
ge
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on
Un pied cassé!
1984
Un vo ya
2010 aut
2011
2 amis d'enfance
2012
90h de rush à faire tenir en 90 minutes... !
inspirantes 20 rencontres
Puis autour du film, une aventure participative! 2013
963
coproducteurs impliqués
2015
170 000
spectateurs touchés
500
associations mobilisées
900
Le ciné-méditation un concept inédit
STÉPHAN BERTRY MASOERO, coordinateur des ciné-méditations pour l'Institut Heartfulness et JESSICA KARAM, chargée de la diffusion internationale du film « En quête de sens » pour
ciné-échanges organisés
Et maintenant... un monde En quête de Sens
2016
EDQS et Heartfulnes se rencontrent..
Naissance et lancement du concept de
Ciné-méditation!
l'association Kamea Meah Films, nous parlent du concept inédit de ciné-méditation.
L
a rencontre entre nos deux associations a eu lieu lors de la projection du film « En quête de sens » durant les Journées Heartfulness de janvier 2016, à la Cité internationale de Lyon. Après la projection et l’échange avec le public, puis l’expérimentation de la relaxation et de la méditation Heartfulness, plusieurs participants ont souligné l’originalité et la force de cette proposition. L’enthousiasme suscité a conduit à un partenariat entre l’association Kamea Meah Films, producteur et distributeur du film « En quête de sens » et
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Magazine Heartfulness
l’Institut Heartfulness francophone – dans l’idée d’offrir à toute personne intéressée la possibilité d’organiser des ciné-méditations en trois temps : projection d’un film qui suscite la réflexion, discussion entre les spectateurs, puis relaxation et méditation Heartfulness. Les ciné-méditations offrent ainsi une plate-forme pour partager une réflexion, créer des liens, chercher ensemble des solutions, devenir des acteurs du changement, tout en prenant conscience que, pour transformer quoi que ce soit dans notre environnement, il
la pensée et l'action
faut commencer par soi-même. Comme le dit Rumi : « Hier, j’étais intelligent et je voulais changer le monde. Aujourd'hui, je suis sage et je me change moi-même. » Grâce à ces rencontres, de vraies possibilités de changement peuvent voir le jour en soi et dans notre société. On ressort différent de cet événement. Il nous offre un recul sur notre vie, une prise de conscience sur ce que l’on en fait et la direction que l’on prend. C’est un exceptionnel moment à vivre. Les ciné-méditations peuvent s’organiser dans tous les pays et dans tout lieu susceptible d’accueillir du public : salle de cinéma, salle des fêtes, médiathèque, espace ouvert, etc. Les premiers ciné-méditations ont eu lieu en France, puis très vite en Australie, au Maroc, en Suisse, en Suède et en Belgique. Des projets sont en cours au Chili, au Pérou, au Mexique, en Colombie, en Espagne et au Vietnam. Sensibles à ce concept de ciné-méditation, d’autres réalisateurs ont souhaité vivre cette aventure en collaboration avec l’Institut Heartfulness : Alex Ferrini avec « Notre révolution intérieure » et Jan Kounen avec « Darshan – l’étreinte ». Kamea Meah Films va diffuser d’autres films engagés dans le changement, ce qui donnera lieu à de nouveaux partenariats avec l’Institut Heartfulness. L’intention est de favoriser le développement d’une réflexion autour de la dimension du cœur avec tout ce que cela implique : l’amour, la tolérance, l’empathie, le respect, l’échange, la solidarité, etc.
Pour la sortie du film aux États-Unis, l’équipe de « En quête de sens » a réalisé une vidéo de présentation des ciné-méditations. Elle suivra chaque projection pour donner envie au public d’organiser ce genre d’événements. La vidéo sera bientôt diffusée par trois autres organisations, également partenaires de « En quête de sens », qui prônent des valeurs similaires et proposent des pistes de changement pour notre monde : Pachamama Alliance, Earth Guardians et Global Ecovillage Network. À suivre donc !
Infos pratiques Site web pour découvrir et organiser un ciné-méditation : cinemeditation.heartfulness.fr et En Quête de Sens : enquetedesens-lefilm.com et Kamea Meah Films : kameameahfilms.org Pour rejoindre le réseau des ambassadeurs d’En Quête de Sens : facebook.com/groups aquestformeaningcommunity et Heartfulness : heartfulness.org
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Quand le pouvoir de l'amour surpassera l'amour du pouvoir, le monde sera en paix.
JIMI HENDRIX
PHOTOGRAPHIE VALERIA ZONCOLL
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La connaissance dans l'inconnaissance Mystiques chrétiens et réflexions sur la connaissance
1 2 3 BARBARA SONVILLA explore quelques pensées clés sur la connaissance et l'ignorance dans les œuvres de trois grands mystiques chrétiens occidentaux, Maître Eckhart, Nicholas de Cues et Thérèse d'Avila. Nous publierons cet article en trois parties, en commençant par Maître Eckhart.
L
’ influence des traditions, des idées et des concepts spirituels indiens sur la littérature et la philosophie occidentales est vaste et bien connue. On connaît moins les traditions mystiques propres à l’Occident qui, au-delà de la connaissance théologique, touchent à la découverte auto-expérimentale d’une relation intime et personnelle avec le Divin. Je présenterai ici quelques idées clés de ces trois penseurs remarquables, qui furent à la fois érudits, théologiens et mystiques. J’espère ouvrir au lecteur un peu de la richesse et de la profondeur de leur pensée. Elle représente un merveilleux témoignage de leurs expériences spirituelles et nous inspire le désir de faire nous aussi cette expérience.
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Magazine Heartfulness
Un esprit libre Maître Eckhart (1260-1327), fut un mystique, un théologien et un maître spirituel dont le rayonnement eut une grande influence sur son époque. Sa carrière cumula l’écriture, l’enseignement (Universités de Paris et de Cologne), la prédication, la direction d'âmes et le rôle d'administrateur dans l’Ordre dominicain. Du fait de certaines formulations audacieuses, une partie de ses écrits fut proclamée hérétique par le pape Jean XXII. Sa pensée continua néanmoins d’alimenter tout un courant de mystique dite « spéculative » jusqu’à la fin du 16e siècle. Plus tard, son œuvre enthousiasma Hegel et Schopenhauer, qui ira jusqu’à écrire que Bouddha, Eckhart et lui-même
mysticisme
« Le connaissant et le connu sont un dans la connaissance. » Maître Eckhart
enseignent essentiellement la même chose. Il est considéré aujourd'hui comme l’un des plus grands mystiques « non-duels ». Son influence ne cesse de croître depuis que l’Occident s’est largement ouvert aux traditions spirituelles de l’Orient. Son « chemin de négation » et son désir intense d’éveiller les consciences à la spiritualité, dans une démarche personnelle de rencontre avec Dieu, pourraient être considérés comme un parallèle européen de la métaphysique orientale. « La tâche morale de l’homme est un processus de spiritualisation. Toutes les créatures sont des passants, et nous sommes placés dans le temps pour que nous puissions, en faisant preuve de zèle dans les affaires spirituelles, ressembler à Dieu et nous approcher de Lui. Le but de l'homme est au-delà du temporel – dans la région sereine du Présent éternel. » (Sermons VII : Morale extérieure et intérieure)
C’est dans ses Sermons que Maître Eckhart se révèle un penseur et un enseignant inventif et intuitif. Son objectif principal fut d’aider les gens à développer une spiritualité intime, profonde, et à maintenir vivante et active la vie de l’âme en Dieu.
Trouver Dieu à l’intérieur Eckhart préconisait un mysticisme de la vie quotidienne. Il affirmait que chercher Dieu à l’extérieur de nous-même est une erreur ; au contraire, nous ne le trouverons pas hors de nous, et nous ne devrions le concevoir d’aucune façon, sinon en nous. Notre meilleure chance de trouver Dieu est là où nous l'avons laissé. S’adressant à un groupe de jeunes gens, alors qu’il était lui-même relativement jeune, Eckhart leur dit : « Celui qui possède vraiment Dieu de façon juste, le possède en tous lieux : dans la rue, avec n’ importe qui,
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ne peut pas être sans travail dans cette vie, il doit apprendre à posséder Dieu en toutes choses. »
Équilibrer vie active et vie contemplative Eckhart croyait qu’une vie vécue dans le monde, une spiritualité enracinée dans l’activité plutôt que dans
aussi bien dans une église que dans un endroit éloigné ou dans sa cellule […] Le fait de saisir toutes choses de manière divine, et d’en faire quelque chose de plus que ce qu’elles sont en elles-mêmes, ne peut être appris en fuyant, nous devons au contraire apprendre à maintenir une solitude intérieure, indépendamment d’où nous sommes et avec qui nous sommes. » Et plus explicitement encore, il ajoute : « Soit un homme doit trouver Dieu dans ses travaux, soit il doit abandonner tout travail, mais comme un homme
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Magazine Heartfulness
la vision, rendait possible une plus haute forme de connaissance – plus élevée que l’extase contemplative qui n'est pas reliée à la vie ordinaire. Dans son Sermon IX, qui traite de la vita activa (vie active) en opposition à la vita contemplativa (vie contemplative), il se réfère à une scène biblique (Luc 10 : 38-42), dans laquelle Jésus et ses disciples sont invités dans la maison de deux sœurs, Marthe et Marie. Marie reste assise aux pieds de son Maître, alors que Marthe s’occupe de recevoir au mieux Jésus et ses disciples. Dans cette scène, Jésus dit que Marie a choisi la meilleure part en s’asseyant simplement aux pieds sacrés de son Maître, dans le désir de ne faire qu’un avec l’Un (la vita contemplativa), alors qu’il dit à Marthe : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et t’alarmes de tant de choses ». Eckhart réinterprète la scène de manière novatrice en disant que c’est Marthe qui en fait a choisi la meilleure part. Par la répétition du nom de Marthe, Jésus lui indique qu’elle a reçu deux dons (la vita activa et la vita contemplativa) et qu’en se précipitant pour recevoir Jésus elle vit sa vie dans sa plénitude. Eckhart l’explique ainsi : « L’une est parfaite, l’autre très fructueuse. Marie a été louée pour avoir choisi la meilleure part, mais la vie de Marthe était très utile, en servant le Christ et ses disciples. Il s’agit en fait du même labeur : nous devons nous enraciner dans ce même terrain de la contemplation pour le faire fructifier dans les œuvres, et l’objet de la contemplation est ainsi réalisé. […] Le but de Dieu, dans l’union de la contemplation, est la
mysticisme
fécondité dans les œuvres ; car dans la contemplation tu te sers seul, alors que tu en sers beaucoup dans de bonnes œuvres. » Néanmoins, Eckhart insiste sur le fait que « l’accomplissement le plus élevé dans cette vie est de rester tranquille et de laisser Dieu agir et parler en
car il nettoie l’âme, clarifie le mental, enflamme le cœur et éveille l’esprit ; il intensifie le désir, amplifie l’intuition divine qui confère les vertus et, en nous séparant des créatures, nous unit à Dieu. » Ce détachement se réalise par la contemplation profonde, en entrant dans l’essence sans forme qui
nous. » C’est un processus qui dépasse l’intellect ; c’est celui dans lequel l’étincelle de l’âme perçoit le divin d’une manière qu’on peut au mieux appeler « inconnaissante ». Et, pour Eckhart, « il y a plus dans cette connaissance inconnaissante que dans toute compréhension ordinaire, car cette inconnaissance nous attire loin de toute compréhension des choses, et loin de nous. »
précède la création et toute séparation. Le cœur détaché prie pour rien, car il ne désire rien que l’unité avec Dieu. « La prière la plus puissante, voire même toute-puissante, et la plus digne de toutes, est le résultat d’un esprit tranquille. Plus il est tranquille, plus la prière est digne, profonde, efficace et parfaite. À l’esprit tranquille, toute chose est possible. Qu’est-ce qu’un esprit tranquille ? Un esprit tranquille est celui sur lequel rien ne pèse, que rien ne préoccupe et qui, libre de tout lien et de tout désir tourné vers soi, est entièrement immergé dans la volonté de Dieu et mort à la sienne. »
Inconnaissance n'est pas ignorance Eckhart nous rappelle que, « pour accomplir cet acte intérieur, il faut rassembler tous ses pouvoirs dans un coin de l’âme où, à l’abri des images et des formes, on peut travailler. Il nous faut atteindre l’oubli et l’inconnaissance. Cette inconnaissance n’est pas ignorance, mais connaissance transformée ; c’est en connaissant que nous arrivons à cette inconnaissance. » L’œuvre d’Eckhart ouvre à un chemin contemplatif qui, au-delà de ce que nous comprenons habituellement par « contemplation », nous entraîne vers ce qu’on pourrait appeler « méditation ». Eckhart nous engage à « nous enraciner dans ce terrain de la contemplation. […] Il y a certes un mouvement, mais pas plus d’un : il vient de Dieu et retourne à Dieu. […] Dans cette activité, nous sommes dans l’état de contemplation en Dieu. » La pratique contemplative est au fond la pratique du détachement de toutes choses ; ainsi « il n’y a pas plus heureux que celui qui existe dans le détachement absolu. […] Le détachement est ce qu’il y a de meilleur,
Cela est ; mais personne ne sait quoi. C'est ici et c'est là c'est loin et c'est près, c'est profond et c'est haut, c'est donc ainsi que ce n'est ni ça ni ci. Le grain de sénevé
Source Maître Eckhart in : Patrick Grant, A Dazzling Darkness : Anthology of Western Mysticism (1985)
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A la rencontre d'
Alexandre Jollien
Photos de StĂŠphane Etter
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Au fond, il s’agit de zigouiller l’ego avec bienveillance, de voir que nous sommes comme un temple qu’il s’agit de vider pour se rendre disponible au présent, à la grâce, à l’intériorité, à Dieu.
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La philosophie est entrée très tôt dans votre vie. Vous avez même parlé d’un coup de tonnerre… De quelle façon cette découverte a-t-elle changé votre réalité ? Adolescent, je croyais que la culture était réservée à une élite, et surtout qu’elle n’entretenait aucun rapport avec le quotidien et les interrogations qui traversaient un esprit agité. Un jour, pour accompagner une amie, je suis entré dans une librairie. En l’attendant, j’ai feuilleté quelques pages qui évoquaient Platon. Socrate invite à vivre meilleur plutôt qu’à tenter par mille efforts de vivre mieux, d’améliorer son sort, l’extérieur. Dès lors, j’ai compris que plutôt que d’essayer de nier le handicap, il me fallait creuser
dans cette intériorité, sculpter mon regard sur le monde. Un jour, un professeur m’administra comme une piqûre de rappel : « Toi, tu es philosophe ! » J’ai recouru à la librairie pour acheter L’étonnement philosophique de Jeanne Hersch. Séchant les cours, j’ai dévoré ce texte. Médiocre à l’école, je comprenais que les outils, les concepts, les exercices spirituels et les intuitions des grands philosophes peuvent sauver une vie. Dès lors, Socrate, Platon, Aristote, Epictète, Nietzsche, Saint Augustin, Thomas d’Aquin, Spinoza et bien d’autres devenaient des compagnons de route avec lesquels je m’entretenais pour sauver ma peau, essayer de trouver un sens au quotidien et me rapprocher de la joie. C’est fou, quand on y pense, de pouvoir bénéficier de cet immense
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cadeau que représente la tradition philosophique. On ouvre un livre et on entend la voix de Nietzsche, on côtoie Spinoza, Pascal, on fabrique des outils intérieurs grâce à des Aristote, Schopenhauer et tant d’autres. Je me rappelle m’être initié à la philosophie un peu comme on apprend une langue étrangère. Se familiariser avec le vocabulaire, les concepts, apprendre à argumenter, à lire un texte. Le rapport à la philosophie était surtout un moyen de sauver sa peau, de glaner dans les textes des outils pour un progrès intérieur. Le « connais-toi toi-même » de Socrate sonnait particulièrement fort aux oreilles d’un adolescent qui passait à côté de son corps, de sa vie, à trop vouloir lorgner sur la norme. Au fond, c’était comme si des experts me lançaient plein de bouées de sauvetage. C’est bien plus tard que j’ai appris qu’il fallait plutôt apprendre à nager, à flotter carrément. À côté du centre spécialisé dans lequel j’ai grandi, il y avait un aumônier, le père Morand. Il habitait, comme il disait, une maison à géométrie variable qui accueillait les démunis, les défavorisés, les passants. Un jour, un peu pour le provoquer, je lui ai demandé s’il connaissait les philosophes et il m’a répondu qu’il avait étudié cette branche à l’université. Dès lors, chaque soir, j’allais trouver ce trésor pour l’interroger sur les 4 causes d’Aristote, sur la scolastique, les Évangiles. Ce fut mon premier maître, il me donna le goût de la rigueur, la passion des choses de l’esprit et surtout un vibrant désir de devenir meilleur, d’inscrire sa vie dans une dynamique, de progresser intérieurement. Au fond, la philosophie a servi de boussole à un paumé, lui a communiqué la passion de la sagesse, celle qui donne sens à l’existence, qui nourrit. Aujourd’hui encore, je vis le quotidien comme un terrain d’exercices qui offre mille occasions de progresser intérieurement.
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Vous avez ensuite raconté votre parcours dans le livre qui vous a fait connaître, « Eloge de la faiblesse ». Qu’est-ce qui a changé dans votre relation à vous-même et aux autres, après la parution de ce premier ouvrage ? Au fond, la vie m’a donné trois vocations : celle de personne handicapée, celle d’écrivain et celle de père de famille. Ecrire, c’est témoigner d’un état d’esprit, tenter de transmettre des outils, partager une expérience de vie. L’écriture peut donner sens à la souffrance aussi. Quand on se dépêtre avec les difficultés, les traverser pour pouvoir tenter de se frayer un passage est un défi qui peut s’inscrire dans une solidarité. A nouveau, il s’agit d’inscrire sa vie
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Qui a dit que, pour entrer dans une dynamique, quelle qu’elle soit. L’exposition médiatique offre heureusement la possibilité de revoir les préjugés que l’on peut coller sur une personne différente, handicapée. Mais aucun succès ne saurait guérir les blessures intérieures. Le plus beau cadeau de la vie d’un écrivain, je le crois, ce sont les ponts, les rencontres qui se donnent au jour le jour. Cadeau immense. Bien que le tragique de l’existence frappe toute vie d’une certaine solitude, pouvoir partager et recevoir tant de signes d’affection nourrit, réjouit le cœur.
dans la paix, il fallait absolument terrasser chacun de nos doutes ? La joie inconditionnelle, c’est la joie dans les conditions données, c’est la joie ici et maintenant avec nos blessures, nos traumatismes, nos imperfections.
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A côté de la philosophie, vous avez élargi votre quête de sens à des textes spirituels tels que l’Ecclésiaste et les Sermons de Maître Eckart. Que vous ont-ils apporté et comment ont-ils changé votre vision de la vie ? La lecture de l’Ecclésiaste a été comme un coup de tonnerre aussi. C’est merveilleux de voir dans la tradition biblique un ouvrage qui guérit, qui panse les blessures avec une telle radicalité. On connaît tous le refrain célèbre « vanité des vanités, tout est vanité ». Belle invitation à ne pas se cramponner à des béquilles pour danser avec le chaos de la vie sans craintes ni fixations. Au fond, l’Ecclésiaste nous guérit de l’idée même de guérison. Peut-être devrons-nous nous coltiner à vie des blessures, des plaies, des traumatismes et c’est au sein de ce chaos qu’il s’agit de trouver la joie, de se réjouir, comme dit le texte, Sous le soleil. Quant à Maître Eckhart, il invite à la déprise de soi. Dans ses Sermons, il propose une spiritualité du dépouillement. Alors qu’on a tendance à croire que le bonheur procède d’une accumulation, le dominicain nous invite à tenter une autre voie, celle de la déprise de soi. Au fond, il s’agit
de zigouiller l’ego avec bienveillance, de voir que nous sommes comme un temple qu’il s’agit de vider pour se rendre disponible au présent, à la grâce, à l’intériorité, à Dieu. J’aime beaucoup quand cet auteur conseille de vivre avec les soucis et non pas dans les soucis. Au fait, la voie que dessine la pratique du zen apprend aussi cette cohabitation avec les tracas quotidiens, avec le chaos, les blessures. Plutôt que de vouloir terrasser un ennemi, un adversaire, nous sommes conviés à œuvrer à la paix. Maître Eckhart, l’Ecclésiaste, Nietzsche et bien d’autres sont comme autant de guides qui nous rapprochent millimètre par millimètre de la joie. Maître Eckhart invite aussi à se libérer de l’image d’un dieu vengeur, d’un juge implacable, d’une vache à lait qui distribuerait ses largesses aux justes, d’un bougon qui punirait les méchants. Le rapport à Dieu se trouve comme allégé, comme renouvelé. L’audace du prédicateur va même jusqu’à cette prière : « Dieu, libérez-moi de Dieu. »Au fond, il s’agit de bazarder toutes les conceptions que nous nourrissons à l’endroit du Très-Haut pour nous rendre pure ouverture à la Grâce. La pratique
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Pour ne pas couler, pour que la souffrance n’ait pas le dernier mot, tout un art de vivre est requis. Je ne suis pas sûr que seul, je m’en serais sorti.
du zen, également, invite à se départir des concepts pour revenir à une conscience nue qui ne juge pas le réel, qui ne condamne rien, qui n’enferme pas la vie dans des concepts. L’Ecclésiaste, comme l’auteur des Sermons nous prennent comme par la main pour nous amener vers la confiance, l’abandon. Le premier pas vers la confiance, c’est d’accepter son manque de confiance, de faire avec nos doutes, nos tourments. Qui a dit que, pour entrer dans la paix, il fallait absolument terrasser chacun de nos doutes ? La joie inconditionnelle, c’est la joie dans les conditions données, c’est la joie ici et maintenant avec nos blessures, nos traumatismes, nos imperfections.
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Vous avez dit que le handicap restait néanmoins votre moteur le plus puissant, qu’il était même un maître, pouvez-vous nous en dire plus ? Ce que l’on peut dire du handicap, on peut le dire, je le crois, de façon plus vaste de la souffrance. Ce ne sont pas les épreuves, la peine, le mal-être qui font grandir, mais ce que l’on peut faire de tout cela. La tentation du dolorisme est très grande. Voir dans la souffrance un moyen de purification a quelque chose de maltraitant si c’est assené, imposé à quelqu’un qui
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se démène déjà dans la souffrance. À lire Nietzsche, on comprend que la grande santé, c’est précisément intégrer nos blessures, nos handicaps, toutes nos souffrances et que la maladie, le handicap ne sont pas forcément l’autre, l’opposé de la santé. Si le concept de bonne santé met pas mal de gens sur la touche, celui de grande santé me paraît beaucoup plus large, accessible. Quelles que soient les casseroles que l’on traîne, quels que soient les traumatismes et maladies qui nous tombent dessus, la grande santé consiste à progresser chaque jour. Là aussi, nous sommes invités à inscrire notre vie sous le signe du progrès. Le handicap n’est pas bon en soi, c’est même à certains égards un boulet, l’occasion de mille préjugés. Et il faut ramer pour découvrir la joie au cœur d’une épreuve aussi lourde. Cependant, la grande santé consiste à envisager l’obstacle, le handicap, la maladie comme des moyens non nécessaires mais imposés par la vie de progresser intérieurement. Pour ne pas couler, pour que la souffrance n’ait pas le dernier mot, tout un art de vivre est requis. Je ne suis pas sûr que seul, je m’en serais sorti. Assumer un handicap sans tomber dans l’aigreur nécessite une ascèse, un art de vivre et mille et un coups de main, soutiens au quotidien. Avoir la chance d’être inconditionnellement aimé par ma femme, mes enfants et mes proches concourt, assurément, vu que l’infirmité est là, à faire de cette difficulté l’occasion d’une ouverture à l’autre, d’un abandon et d’un terrain d’enseignement. Il faut se garder de sombrer dans un dualisme qui séparerait diamétralement les personnes handicapées des autres, des valides. Chaque être humain doit se coltiner le tragique de l’existence. Tout le monde va, tôt ou tard, claquer et c’est au sein de ce chaos qu’il s’agit de bâtir une liberté, de glaner une joie et d’aimer librement.
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Vous venez de passer trois ans auprès d’un maître zen en Corée. Qu’est-ce qui vous a poussé à partir, que cherchiez-vous si loin ? Qu’avez-vous découvert auprès de ce maître ? Un ardent désir d’approfondir le bouddhisme et la familiarité avec les Évangiles nous a conduits à faire escale à l’école d’un maître en Corée du Sud. Là, à l’heure où l’individualisme se porte en sautoir, où le fanatisme fait rage, nous avons eu la chance de vivre une spiritualité du dialogue où les ponts se construisent entre les différentes traditions, les différentes religions. Mettre la spiritualité au cœur du quotidien, oser une vie sans pourquoi, c’est-à-dire se libérer, autant que faire se peut, du qu’en-dira-t-on, de la fuite vers l’avenir et de la dictature du profit, voilà les défis que, quotidiennement, nous avons eu la chance de relever grâce à une immense solidarité reçue sur place et depuis la Suisse. Se mettre à l’écoute du Christ, c’est apprendre l’amour au quotidien, voir que les croix, les blessures peuvent devenir l’occasion d’une grande fécondité pour qui renonce à tout maîtriser. Tenter de mettre nos pas dans ceux de Bouddha, c’est oser la non fixation et embrasser, avec les moyens du bord et les ressources du jour, l’idéal du Boddhisattva, c’est-à-dire de celle ou celui qui
s’engage avec les moyens du bord, une fois de plus, à essayer de soulager tous les êtres. Ce qui soigne, je pense, dans la mesure du possible, c’est d’adopter un mode de vie. Expérimenter la foi, pratiquer les exercices spirituels, s’adonner à la méditation jour après jour. Un maître peut être ce guide, ce devancier qui montre au jour le jour que cette voie est possible.
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Qu’est-ce qui s’est transformé en vous dans cette immersion en Corée ?
D’abord, l’expérience d’être étranger. L’accueil que nous avons reçu sur place était magnifique. Je me souviens de passants qui m’ont raccompagné sur plus d’un kilomètre à la maison quand j’étais complètement paumé dans un quartier de Séoul. Depuis, je ne peux envisager un étranger sans ressentir au plus profond de mon cœur une fraternité. Ce que le cœur devinait, pressentait, nous l’avons expérimenté dans notre chair. A savoir, au-delà des différences culturelles, nous sommes tous unis au fond du fond. La période coréenne a été comme une pause, où les objectifs ont été comme mis en attente pour tenter une autre vie, une existence sans pourquoi, plus boulonnée aux impératifs du quotidien. Au fond, il nous a fallu sauter dans le vide et cette confiance a
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été mille fois consolidée par tout l’amour que nous avons récolté là-bas, ces sourires, ces mains tendues, ces cadeaux au quotidien. Ce n’est pas un miracle qui s’est produit en Corée du Sud. Je n’ai pas déposé pour de bon les traumatismes, guéri une bonne fois pour toutes. C’est bien plus. L’expérience que la liberté, la paix peuvent se trouver au cœur du chaos. Voilà qui rappelle une phrase de Nietzsche qui m’accompagne depuis mon retour en Suisse. Dans le Zarathoustra, le philosophe allemand dit : « Il faut encore porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse ».
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Aujourd’hui, de retour en Suisse, parvenez-vous à poursuivre votre pratique
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méditative et, si oui, que vous apporte-t-elle au quotidien ? Il est mille voies qui peuvent conduire à la paix et le danger consisterait à absolutiser un chemin et à rêver de baguette magique, de recettes miracles ou de mode d’emploi. Aujourd’hui, je reste fidèle à la pratique méditative, tentant aussi d’explorer ma tradition d’origine, si je puis dire, la philosophie. Nietzsche, Spinoza sont redevenus des compagnons de tous les jours qui m’aident bien souvent à baliser un chemin chaotique. La vie spirituelle est ample, vaste, elle ne saurait s’enfermer dans un chemin trop étroit. Ce qui m’aide au quotidien, ce sont aussi des amis dans le bien, tous ces êtres qui nourrissent un amour
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Il faut se garder de sombrer dans un dualisme qui séparerait diamétralement les personnes handicapées des autres, des valides. Chaque être humain doit se coltiner le tragique de l’existence. Tout le monde
sont des thèmes que vous évoquez souvent. Diriezvous que vous avez apprivoisé l’art de vivre en paix avec vous-même et avec les autres ? La paix, la liberté, l’éveil pour le dire dans les mots du Bouddha sont l’œuvre d’une vie. On ne saurait s’arrêter en route, saisir un résultat, arrêter le chemin. Les philosophes antiques se percevaient comme
inconditionnel et nous aident à avancer, à progresser, à tenter cette aventure toujours d’actualité, devenir meilleur. Méditer, c’est avant tout laisser passer, oser la non fixation, avancer millimètre par millimètre vers la paix, l’amour et la joie. Pour faire route, il s’agit plutôt de laisser que d’acquérir, de perdre que de posséder. Chemin faisant, nous sommes conviés à laisser les préjugés, les mécanismes, les peurs, les angoisses, les attentes et les vains désirs pour tenter d’exister nûment et se donner à l’autre toujours davantage. On peut méditer par devoir, pour compenser, dans l’attente d’un miracle, d’une guérison. Aujourd’hui, débarrassé quelque peu de cette illusion, je médite sans pourquoi pour descendre au fond du fond, là où il n’y a plus de handicap, plus de différences, plus de solitude. Mieux, là où tout ceci est assumé, donné, partagé.
des progressants. J’aime cette conception de la vie, cet appel à nous inscrire chaque jour sous le signe du progrès. Dans Malaise de la civilisation, Freud distingue trois causes à notre mal-être. D’abord, il y a le déclin du corps, la santé qui peut se perdre, les pépins qui nous tombent sur la figure, la mort qui nous attend au bout du chemin. A côté de ce destin, il y a aussi la souffrance causée par le fait que nous vivons dans un monde à la merci de mille et un dangers. Finalement, nous ne sommes pas les maîtres à bord, il y a plein d’éléments qui échappent à notre contrôle. On comprend dès lors qu’on ne saurait vivre dans un état de paix totale. Celle-ci est à construire, bâtir, découvrir au quotidien. Freud voit, dans la société elle-même, une troisième cause à notre souffrance, peut-être la plus intense, à savoir vivre sous le regard de l’autre, être obligé peu ou prou de jouer des rôles et de se trahir soi-même. La bonne nouvelle, à mes yeux, c’est que l’amour, la bienveillance, la compassion sont autant de remèdes qui pourraient empêcher de vivre le rapport à l’autre sous le signe de la volonté de puissance. Autrement dit, tenter une vie de paix, c’est poser des actes, se rebeller contre l’injustice et l’égoïsme qui peuvent miner un cœur. Faire la paix, c’est accueillir le chaos qui peut habiter le fond d’un cœur sans que nulle passion triste ne devienne tyrannique.
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va, tôt ou tard, claquer et c’est au sein de ce chaos qu’il s’agit de bâtir une liberté, de glaner une joie et d’aimer librement.
La solitude, la dépendance, l’interdépendance, l’art d’être en relation avec les autres,
Le 21 septembre est la Journée internationale de la paix. Dans un monde de plus en
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Mettre la spiritualité au cœur du quotidien, oser une vie sans pourquoi, c’est-à-dire se libérer, autant que faire se peut, du qu’endira-t-on, de la fuite vers l’avenir et de la dictature du profit, voilà les défis que, quotidiennement, nous avons eu la chance de relever grâce à une immense solidarité. plus chaotique, comment peut-on être en paix avec soi et avec la réalité extérieure ? En s’engageant et peut-être déjà en pratiquant la solidarité, la compassion avec son voisin de palier. Dans Humain trop humain, Nietzsche dit, à ce propos, que la meilleure façon de commencer la journée est de se demander, ce jour-là, si on peut faire du bien à quelqu’un. La paix réclame aussi une rébellion, joyeuse, active, contre les tendances au repli, à l’égoïsme, au narcissisme. Plus de liens, moins de biens pourrait dégager une piste vers une société plus juste, plus équitable, plus respectueuse. De plus en plus de monde se retrouve sur la touche. Oser la solidarité, œuvrer concrètement à la paix, c’est purger de soi toute violence, toute agressivité, mais d’abord, il s’agit d’ouvrir les yeux sur les passions tristes que l’on peut trouver au fond de soi. Comme le disait Aristote, nous sommes des animaux sociaux. Vouloir construire son bonheur seul dans son coin procède d’une illusion, d’un rêve. Comprendre l’inter-dépendance, le lien, la fraternité qui nous réunissent tous, c’est peut-être commencer par passer du je au nous. D’ailleurs, en
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coréen, au lieu de dire « ma femme », « mon enfant », on dit « notre femme », « notre enfant ». Belle invitation à faire péter les cloisons du moi et entrer dans une solidarité concrète, vécue.
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Que vous inspire cette citation de Victor Hugo, « Vous voulez la paix : créez l’amour. »
La racine de bien des psychodrames et injustices qui agitent le monde réside dans l’égoïsme. Et Spinoza fait bien de rappeler que notre félicité comme notre malheur dépendent de ce à quoi nous sommes attachés par l’amour. Toutes les traditions spirituelles essaient de tordre le cou en douceur à cet ego, à cette tendance à se placer au centre du monde. Saint Augustin dit fort bien : « Aime et fais ce que voudras. » Si l’on est profondément installé dans l’amour, si l’on purge de son cœur quantité de désirs égocentrés, nos actes, notre comportement, viseront naturellement le bien commun. Et sur cette route, Svami Prajnanpad donne une piste extraordinaire lorsqu’il définit l’amour. Il dit en effet que l’amour consiste à aider l’autre à relâcher ses tensions. Magnifique invitation à ne plus considérer l’autre comme un concurrent, un adversaire, voire un ennemi, mais à tenter ensemble d’œuvrer à la joie, sans aucune volonté de puissance.
Quelques livres d’Alexandre Jollien Vivre sans pourquoi, 2017, Points Trois amis en quête de sagesse, 2016 L'iconoclaste/Allary Editions Petit traité de l’abandon, 2012, Points www.alexandre-jollien.ch
La régénération… Comment s'y prendre ?
Asseyez-vous confortablement, fermez les yeux doucement et détendezvous. Portez votre attention sur votre dos et sur l'arrière de votre crâne. Emettez la suggestion que toutes les complexités et impuretés accumulées pendant la journée s’en vont. Imaginez qu’elles sortent par le dos, du haut du crâne jusqu’au coccyx. Pensez qu’elles s'échappent sous forme de fumée ou de vapeur. Poursuivez ce processus qui est à la fois actif et doux. Lorsque vous le sentez bien installé, vous pouvez l’accélérer. Poursuivez pendant 15 à 20 minutes. Puis vous ajoutez l’élément suivant au processus : imaginez que la lumière descend de la Source et entre par l’avant de votre corps. Elle passe à travers tout votre corps, vous aide à enlever les complexités et impuretés et ressort par le dos. Cette lumière remplit le vide laissé par ce qui a été retiré. Terminez par une suggestion ferme : à présent, toutes les complexités et impuretés sont parties et je me sens vraiment plus simple et pur.
fr.heartfulness.org
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Vous voulez la paix créez l’amour VICTOR HUGO
PHOTOGRAPHIE DAVID PENTEK
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Le secret de la
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Vous êtes-vous jamais demandé comment trouver la paix et la répandre autour de vous ? MEGHANA ANAND s’est engagée dans sa mission de paix et nous fait part de son expérience.
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l y a quelques jours, un petit message écrit sur mon porte-crayons attira mon attention : « Le moyen de trouver la paix, c’est d’aider les autres à la trouver. » Vous vous demanderez peut-être : « Comment aider les autres à trouver la paix si je ne l’ai pas trouvée moi-même ? » C’est une question très pertinente et profonde, à laquelle j’ai moi aussi cherché une réponse.
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Plus la paix et l’harmonie se développent en moi, plus je ressens le besoin de les partager avec tous ceux que je rencontre dans ma vie quotidienne.
Nous sommes tous plus ou moins confrontés au défi d’accomplir nous-mêmes les changements que nous souhaitons voir en nous et autour de nous. Nous savons que nous devons changer, mais nous ne savons pas de quelle façon. Puisque le changement doit venir de nous-mêmes, de l’intérieur, faut-il s’isoler ? L’humanité étant une seule entité, il paraît essentiel – et urgent – de favoriser globalement la paix par un changement à l’échelon à la fois individuel et collectif !
Comment Heartfulness contribue-t-il à ce changement ? Je voudrais en témoigner par ma propre expérience. La pratique du cleaning est un merveilleux moyen de retrouver la paix en moi après une journée stressante. A la fin du processus, je me sens revitalisée, légère, détendue, à la fois physiquement et mentalement, quel qu’ait été le stress vécu ce jour-là. La journée et ses tensions sont derrière moi et je me réjouis de passer la soirée avec ceux que j’aime.
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de calme et de tranquillité à l’aube, en contact avec ma Source, ouvre la voie à une journée pleine de potentialités et me donnent le calme et l’équilibre pour accomplir mes tâches quotidiennes. Ce qui est bien commencé est à moitié réalisé ! Le petit pas suivant est d’emmener, partout où je vais, et dans tout ce que je fais, la condition reçue pendant la méditation, et d’observer ce qui change.
Juste avant de me coucher, je ferme les yeux et me connecte quelques minutes à mon Soi par la pratique de la prière Heartfulness. Ces moments de suspension et de silence sont précieux, ils me donnent la possibilité d’examiner les zones où je dois m’améliorer, me permettent d’être honnête avec moi-même, de me décharger de tout fardeau inutile et de dormir le cœur léger. Je ne connais rien de mieux pour commencer la journée que la méditation Heartfulness. Une heure
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Heartfulness a d’autres aspects merveilleux, en particulier les effets de la transmission. En me transformant au niveau cellulaire, elle intègre le changement au plus profond de mon être. Cette transformation durable fait rayonner de l’intérieur tout mon univers. Et plus cette paix et cette harmonie se développent en moi, plus je ressens le besoin de les partager avec tous ceux que je rencontre dans ma vie quotidienne. Parlant de notre interconnexion, Parthasarathi Rajagopalachari nous donne cette explication : « Selon la physique quantique, quelle que soit votre apparence, vous êtes « cela » – vous êtes des particules qui flottent dans le champ quantique et qui, par un acte d’imagination ou de pensée, se sont assemblées dans la forme que vous voyez, et qui vous fait dire : c’est « moi ». Vous vous êtes volontairement mis à l’écart, isolé, car c’est votre volonté que vous utilisez quand vous pensez « je suis ». Dès que vous dites « je suis », vous êtes ceci, et le reste est cela. » Peut-être avons-nous tous fait cette expérience d’interconnexion. J’ai remarqué qu’un blocage ou un désaccord avec une personne de ma famille affectait tous les autres membres, directement ou indirectement. C’est vrai pour tout groupement social – la famille, l’équipe de travail ou n’importe quel groupe ayant un but commun. Chaque membre du groupe est lié à tous les autres, et un blocage avec l’un d’eux signifie un blocage du courant d’énergie de l’ensemble. C’est pourquoi il est si important que nous
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nous aidions les uns les autres à nous libérer de ce qui nous entrave, à la fois individuellement et en tant que groupe. Il en va de même quand il s’agit de répandre la paix. Même en sachant qu’elle commence à l’intérieur, et que la paix intérieure apporte finalement la paix dans le monde, nous avons besoin d’outils pour passer de ce savoir à l’action. Avec ceux que me donne Heartfulness, j’ai consciemment commencé à travailler sur moi pour apporter les changements que je souhaite voir dans le monde où je vis. On peut commencer par être le noyau du changement à l’intérieur de sa famille, Peu à peu la famille en devient un à l’intérieur de la communauté, Puis cette communauté en devient un à l’intérieur du pays, Et le changement continue ainsi à se propager. Une bougie suffit à chasser l’obscurité d’une pièce. Faisons un pas de plus : si on abat les murs de cette pièce, il n’y a plus d’intérieur et d’extérieur. Il n’y a plus d’obscurité, il n’y a que l’unité. Un jour que je m’inquiétais, en présence d’un vieil ami, de mon incapacité à changer et à grandir autant que je le désirais, il m’apprit un grand secret : il faut passer plus loin tout ce qu’on récolte au cours de son voyage, sans attendre un remaniement total de sa nature avant de le transmettre. Il me dit : « Passe plus loin tout ce que tu reçois, dès que tu le reçois. Le secret de l’abondance se trouve dans le don. » Cela me rappelle une histoire que j’ai lue lorsque j’étais enfant. Un instituteur plein de sagesse invita tous ses élèves à un somptueux repas dans sa maison. Quand ils furent servis, il leur demanda de manger sans plier le coude. Ils restèrent tous perplexes : comment porter la nourriture à sa bouche sans plier son bras ? Un garçon trouva soudain la solution : le bras tendu, il prit de la nourriture sur la table et la
Heartfulness a d’autres aspects merveilleux, en particulier les effets de la transmission. En me transformant au niveau cellulaire, elle intègre le changement au plus profond de mon être. Cette transformation durable fait rayonner de l’intérieur tout mon univers.
mit dans la bouche du camarade en face de lui. Les autres l’imitèrent et tous profitèrent de la fête. Alors que je finis d’écrire ce texte, le petit message sur mon porte-crayons continue à attirer mon regard : « Le moyen de trouver la paix, c’est d’aider les autres à la trouver. » Voilà la mission de paix dans laquelle je me suis embarquée. Cela commence bien sûr par moi, mais ne se limite pas à moi. Je ne suis pas isolée. Alors, je vous en prie, rejoignez-moi !
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on s'écoutait ? « Nous n’écoutons pas, nous ne faisons qu’entendre. » Ce matinlà j’avais en tête cette phrase de Parthasarati Rajagopalachari, tirée de Youth – a Time of Promise and for Effort. Tout en y réfléchissant, je me rendis à mon travail où je devais assister à une réunion matinale. J’arrivai au bureau juste à temps et m’assis dans une salle bondée de collègues venus de différents départements – marketing, ventes, finances, gestion, renseignements économiques, service clientèle et ressources humaines. Nous projetions une extension de notre entreprise en Egypte et cette séance de deux heures était destinée à discuter de notre stratégie opérationnelle pour notre nouvelle installation au Caire. Notre directeur, James Allan, présidait la réunion. Après quelques paroles d’introduction, on décida que chaque
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département présenterait à son tour ses idées, sans qu’on en débatte. Une fois toutes les idées exposées, nous les discuterions et les évaluerions sur la base de statistiques. A tour de rôle, chaque département présenta ses vues et nous fûmes rapidement au cœur du sujet. « Il faut établir de bonnes procédures, surtout en ce qui concerne le contact avec les clients / Il est très important de trouver de bons collaborateurs sur place / Les délais de livraison devraient être courts / La satisfaction du client d’abord / Il faut cibler le public féminin local, qui est particulièrement séduit par nos produits », etc. La liste des idées était longue et intéressante. La présentation fut rapidement terminée. Je regardai ma montre, il était 9h15. En moins d’un quart d’heure nous en avions fini avec la partie
la plus importante de la réunion : les idées. Alors commença le chaos de leur évaluation. « Je recommande fortement d’avoir sur place le bon KPI (indicateur de performances) / Je ne suis pas d’accord d’engager des collaborateurs locaux / Les KPI sont secondaires, ce qui prime c’est d’avoir des objectifs réalistes / Plutôt que sur des objectifs, focalisons-nous sur la satisfaction des clients », etc. Contradictions, critiques et tentatives de prouver qu’on est le meilleur caractérisèrent cette partie de la séance pendant 1h45. Il était déjà 11h et le directeur mit fin à la séance en fixant la date d’une nouvelle réunion pour continuer la discussion. Nous quittâmes rapidement la salle. Le soir, en rentrant chez moi, j’avais à l’esprit deux images très claires : le « nous n’écoutons pas, nous ne faisons qu’entendre » du
ça change tout
livre que j’avais lu le matin, et la réunion du jour où tout le monde avait porté un jugement sur les idées proposées. Une voix intérieure leur fit
Si le même argument venait de quelqu’un qu’on trouvait nul, on se disait « quelle crétinerie, ce type n’a pas la moindre idée de ce qu’il raconte ».
écho : « Écouter implique d’entendre sans juger. » Je tentai alors de faire le lien avec la réunion, pour saisir ce qui s’était passé. Je réalisai que personne n’avait écouté. Lorsque l’un ou l’une de nous présentait ses idées, les autres les étiquetaient aussitôt mentalement comme justes s’ils étaient d’accord et avaient soutenu les mêmes auparavant, ou comme fausses quand ils les désapprouvaient et avaient des vues différentes. Dans un cas comme dans l’autre, cet étiquetage mental se faisait pendant qu’on présentait l’idée, et non pas ensuite. Il était clair que chacun attendait de pouvoir intervenir, sans même écouter l’idée jusqu’au bout. En plus de ça, on ne faisait pas que juger l’idée, on jugeait aussi la personne qui la présentait, ou plutôt on l’avait déjà cataloguée. Si l’idée venait de quelqu’un qu’on respectait, l’étiquetage mental allait dans le sens de « ouah, c’est bien, c’est exactement ça ! »
Dans un autre de ses livres, Parthasarathi Rajagopalachari raconte que pour bien gérer son temps il avait diminué sa participation aux réunions de travail. A cet instant, je compris pourquoi. La réunion du matin, qu’on aurait pu terminer en 30 minutes, avait duré 2 heures, sans qu’on soit parvenus à aucun résultat. En fait, c’était le cas de toutes les réunions auxquelles j’assistais au bureau. Comment était-ce possible ? Lorsqu’une idée nous vient, nous sommes persuadés qu’elle est à nous. Elle fonde en nous un sentiment d’identité, elle fait partie de nous. Alors on a envie de la promouvoir, de la partager, en en parle en divers lieux, dans différents cadres. Lorsque quelqu’un la trouve bonne, ça nous rend heureux. Quand on la critique, on s’énerve, on réagit, on s’irrite. Dans les deux cas, on passe son temps, soit à renforcer nos arguments, soit à les défendre. Dans cet effort, on tourne en rond comme un carrousel et on
finit par perdre beaucoup de temps – en faisant durer 30 minutes une réunion qui devait en prendre 5, ou en participant à des meetings où notre présence n’est pas nécessaire. Au fil des ans, j’ai retiré de grands avantages de la méditation. La capacité d’écouter en est un, celle de mieux gérer mon temps en est un autre. Grâce à la méditation, les images que je me fais de moi et des autres s’estompent peu à peu, et donc le désir de renforcer ou de défendre mes idées s’affaiblit. Et surtout, la tendance de mon mental à tourner en boucle diminue. Car après tout, l’important, quand on parle, c’est d’en venir au fait.
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Il faut encore porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse. NIETZSCHE
PHOTOGRAPHIE NATHAN ANDERSON
Pan Gu Le temps du rêve Ce récit des origines est la combinaison de trois contes de la mythologie chinoise, tirés de The Classic of Mountains and Seas, une anthologie datant du premier siècle avant notre ère, dont les histoires paraissaient presque aussi anciennes, à l’époque, que ce recueil nous semble l’être aujourd'hui.
Pan Gu et Nü Wa
I
l y a très, très longtemps, quand le ciel et la terre ne faisaient encore qu’un, l’univers tout entier était contenu dans un nuage en forme d’œuf où tourbillonnait, pêle-mêle, toute la matière existante. Dans les profondeurs de cette matière tournoyante se trouvait Pan Gu, un géant énorme qui avait grandi dans ce chaos pendant dix-huit mille ans, toujours endormi dans cet œuf. Enfin, un jour, il se réveilla, s’étira… et l’œuf éclata, libérant ainsi la matière de l’univers. Les éléments plus purs et légers s’élevèrent pour former le ciel et la voûte céleste, tandis que les plus lourds et impurs descendirent vers le bas, créant ainsi la terre. Pan Gu, au beau milieu de ce monde neuf, redoutait de voir le ciel et la terre se mélanger à nouveau ; il résolut donc de les garder écartés l’un de l’autre en
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tenant les cieux sur sa tête et la terre sous ses pieds. Comme ils continuaient de s’éloigner l’un de l’autre, Pan Gu grandissait pour les maintenir à distance. Pendant dix-huit mille ans, il continua de grandir, jusqu’à ce que le ciel se trouve à trente mille miles de la terre. Pendant bien longtemps encore, il continua de les garder éloignés l’un de l’autre, craignant de voir ressurgir le chaos qu’il avait connu dans sa jeunesse. Finalement, il constata que les deux s’étaient stabilisés, et peu après il mourut. La terre se mit à se transformer, à la suite de la mort du géant immense. Ses bras et ses jambes devinrent les points cardinaux et les montagnes. Son sang devint les rivières, et sa sueur, la pluie et la rosée. Sa voix devint le tonnerre et son souffle, le vent. Ses cheveux formèrent l’herbe, et ses veines donnèrent
mythologie
naissance aux routes et aux chemins. De ses dents et de ses os naquirent les pierres et les minéraux, et sa chair devint le sol des champs. Dans les hauteurs, le soleil se forma à partir de son œil gauche, et son œil droit devint la lune. Ainsi, dans la mort comme dans la vie, Pan Gu façonna le monde tel qu’il est aujourd’hui. Bien des siècles plus tard, une déesse nommée Nü Wa parcourait le monde sauvage que Pan Gu avait laissé derrière lui, et se sentait abandonnée dans sa solitude. S’arrêtant près d’un étang pour se reposer, elle aperçut son propre reflet et se rendit compte que rien, dans ce monde, ne lui ressemblait. Elle résolut de fabriquer quelque chose qui lui ressemblerait et lui tiendrait compagnie. Prenant de la boue au bord de l’étang, elle la façonna et lui donna la forme d’un être humain. Au
début, sa création resta sans vie, et elle la déposa sur le sol. Mais en touchant terre, la créature s’anima et se mit à danser et à célébrer sa vie nouvelle. Ravie de sa création, Nü Wa en fabriqua d’autres et la foule des petits humains qui l’entouraient lui fit oublier sa solitude. Pendant deux jours, elle en fabriqua de nouveaux, mais elle voulait en faire toujours davantage. Finalement, elle tira vers elle un long rameau de vigne, le traîna dans la boue et le fit tournoyer dans les airs avant de le projeter au loin avec force. Des gouttelettes de boue volèrent dans tous les sens et, en retombant, formèrent de nouveaux êtres humains, presque aussi parfaits que ceux qu’elle avait faits de ses mains. Bientôt, elle eut disséminé des humains sur la terre entière. Ceux qu'elle avait créés de ses mains devinrent les aristocrates, tandis que
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ceux qu’elle avait produits avec la vigne formèrent le pauvre peuple. Nü Wa découvrit alors que son travail n’était pas terminé, car à mesure que ses créations mouraient elle devait en fabriquer de nouvelles. Elle résolut ce problème en divisant les humains en hommes et en femmes, afin qu’ils puissent se reproduire, lui évitant ainsi d’avoir à faire de nouveaux humains pour rompre sa solitude. Des années et des années plus tard, la plus grande crainte de Pan Gu se réalisa. Les cieux s’effondrèrent, formant des trous dans le ciel, et la terre s’ouvrit, laissant jaillir l’eau des profondeurs, qui inonda la terre. À d’autres endroits, le feu surgit de la terre et partout des bêtes sauvages sortirent des forêts pour dévorer les gens du peuple. Nü Wa repoussa
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alors les bêtes et soigna la terre. Pour guérir le ciel, elle ramassa dans la rivière des pierres de toutes les couleurs puis elle fit un grand feu dans lequel elle les fit fondre. Elle utilisa alors ces pierres fondues pour boucher les trous du ciel, et elle le soutint à nouveau grâce aux quatre pattes d’une tortue géante. Épuisée par son labeur, elle s’étendit alors pour mourir et son corps, tout comme celui de Pan Gu, vint ensuite enrichir, de diverses et nouvelles façons, le monde qu’elle avait reconstruit.
Cette histoire est tirée de Classical Chinese Myths, publié par China Books & Periodicals, 1984, et traduit par Jan Walls et Yvonne Walls. Reproduit avec la permission des traducteurs.
ça change tout
Un moment suspendu… Comment méditer ?
Asseyez-vous confortablement dans un endroit où vous pouvez méditer sans bruit ni distractions, de préférence au même endroit et à la même heure chaque jour. Éteignez votre téléphone portable et autres appareils. Fermez doucement les yeux et détendez-vous. Asseyez-vous le dos droit, mais sans rigidité. Prenez quelques minutes pour détendre votre corps avec la relaxation Heartfulness. Portez votre attention vers l’intérieur et prenez un moment pour vous observer. Ensuite, émettez calmement la suggestion que la Source de lumière est là, présente dans votre cœur. Pensez que cette lumière vous attire de l’intérieur. Faites cela de manière douce et naturelle. Il n’est pas nécessaire de vous concentrer. Si vous sentez que votre attention dérive vers d’autres pensées, revenez tranquillement à l’idée de la Source de lumière dans votre cœur. Laissez votre attention posée sur le cœur. Sentez que vous vous fondez dans cette perception. Vous allez peut-être dépasser l’état de vigilance pour atteindre un état de détente profonde. Tout va bien. Restez en méditation jusqu’à ce que vous sentiez qu’elle est terminée.
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Marcher vers la
LibertĂŠ
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Série sur l’évolution de la conscience 2e partie
KAMLESH PATEL continue à nous parler du voyage ultime vers la liberté. Il aborde maintenant un domaine d’expériences entièrement nouveau et nous emmène sur le chemin le moins fréquenté.
D
ans la première partie nous avons exploré l’évolution de la conscience à travers les chakras de la région du cœur, ceux qui correspondent à notre existence physique sur terre. Une fois que nous avons maîtrisé ces cinq chakras, nous continuons notre route, et l’expansion de notre conscience se poursuit dans la région du mental, qu’on appelle aussi la région du Supra-Mental de Dieu. Mais on ne peut y entrer qu’à une condition : il nous faut d’abord incarner la générosité du cœur qui se fait jour lorsque nous le purifions et que nous maîtrisons les émotions de la vie d’ici-bas. Dans cette nouvelle région, nous faisons l’expérience d’un niveau de liberté différent : nous sommes délivrés du cycle de la naissance et de la mort. Autrement dit, nous avons dépassé la nécessité de nous réincarner. C’est ce qu’on appelle généralement la libération. Notre conscience est libre de s’élever de façon tout à fait nouvelle, en fait nous allons au-delà de la conscience, pour rejoindre la potentialité qui crée la conscience. L’âme a accompli son premier grand rite de passage sur le chemin qui la ramène à la Source. Continuons notre voyage et voyons où il nous mène. Ce nouveau règne du mental se trouve au-delà des dualités, dwandas, de l’existence physique, et pourtant il est toujours là, derrière tout ce que nous faisons dans la vie quotidienne. Nous poursuivons le voyage en entrant dans
la région cosmique, appelée aussi Brahmanda Mandal et Virat Desh, qui commence au chakra 6, entre les sourcils. C’est une région si vaste que normalement des milliers d’années ne suffiraient pas à la traverser. Et que dire de sa splendeur ! Arrivés là, nous ressentons la sainteté, la piété, et devenons conscients de chaque pouvoir qui s’y trouve. La région cosmique est le réservoir de l’inépuisable énergie qui fournit sa force au plan terrestre et maintient la vie. Quand nous parcourons cette région, tout notre être est traversé par une immense énergie, pareille à celle de l’électricité. Nous nous sentons électrifiés. Nous trouvons là un mouvement fait d’expansion et de contraction, à la fois multidirectionnel et multidimensionnel. Notre esprit s’étend et nous développons la faculté de l’illimité. L’expansion de notre conscience se fait à 360 degrés. Elle se poursuit jusqu’à ce que nous réalisions qu’elle recouvre tout l’univers. Et celui-ci nous paraît trop petit lorsque notre expansion intérieure atteint sa dimension. C’est à cette étape de notre voyage que le rôle du Guide prend toute son importance. Comment en effet une âme libérée, une âme purifiée, pourrait-elle demeurer dans un corps, si ce corps n’est pas purifié lui aussi ? Le Guide nous aide à purifier chaque cellule. Comment cela se passe-t-il ? C’est une expérience à vivre, et j’espère que vous allez tous pratiquer et le découvrir par vous-mêmes.
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La région cosmique est le réservoir de l’inépuisable énergie qui fournit sa force au plan terrestre et maintient la vie.
Dans la région cosmique se trouvent les chakras 6 et 7, et la première moitié du chakra 8. Les chakras 6 et 7 sont presque entrelacés, en forme de 8, le cercle inférieur (le chakra 6) étant plus petit que le supérieur (le chakra 7), et légèrement en avant par rapport à lui. Le chakra 7 est le réservoir de grands pouvoirs, et le chakra 6, le point depuis lequel ce pouvoir est distribué. Certaines traditions recommandent de méditer sur le chakra 6, entre les sourcils ; dans la Bhagavad Gita, le Seigneur Krishna conseille aussi à Arjuna de le faire. Pour une raison bien spécifique : Arjuna était un guerrier lors de la guerre du Mahabharata. Ayant chancelé sur le champ de bataille, il avait besoin de force et d’énergie pour combattre. La région cosmique est le centre de tout pouvoir, et Arjuna avait besoin de pouvoir. Mais nous ne faisons pas la guerre. Nous menons une vie de famille, et pour cela nous avons besoin d’amour, de compréhension, de compassion et d’empathie, qui sont toutes des qualités du cœur. Plus loin dans la Gita, Krishna dit que le Divin réside dans le cœur de tous les êtres. C’est une indication claire destinée à ceux qui recherchent la réalisation. À ce stade, ils doivent méditer sur le cœur. J’appelle le chakra 7 Durvasa, parce que, dans l’épopée du Mahabharata, Durvasa était un personnage très puissant et sujet à des accès de rage
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au cours desquels il maudissait les gens. Du fait de l’énorme pouvoir qui règne dans cette région, nous risquons parfois d’être négligents. Si quelqu’un nous contrarie, nous pouvons, du fait de ce grand pouvoir, nous déchaîner contre lui. Mais si l’amour soutient notre voyage, nous n’agirons pas comme Durvasa. C’est pour que nous soyons conscients de ce risque que j’ai donné son nom au chakra 7. Nous aurons ces pouvoirs, mais le Guide sera aussi là pour nous protéger. Malgré tout, il faut que nous restions attentifs à notre façon de traiter les autres. En développant notre sensibilité, nous découvrirons la présence de ces pouvoirs immenses qui gouvernent diverses parties de l’univers. Cela dit, ils ne sont pas là pour notre plaisir, ils ne sont à notre disposition que pour le bien universel, la paix universelle – et non pas individuels – ils sont là pour le bien-être de tous. Atteindre le chakra 7 procure un sentiment d’extase très agréable. On a l’impression d’être arrivé à destination ; c’est si séduisant que même les chercheurs les plus sincères s’arrêtent souvent là. Le Guide doit alors nous encourager à avancer. La condition au chakra 7 semble merveilleuse, mais pour un vrai yogi, c’est de l’enfantillage. Dans la région cosmique, nous devenons vraiment capables de transformer notre caractère en allant de la réactivité à la réceptivité. La réceptivité provient d’un cœur pur et d’un mental équilibré. La transmission harmonise les tendances du mental et change les intentions du cœur. Le moi inférieur devient alors le Moi universel et il passe de l’égoïsme à l’altruisme. Avec notre motivation et l’aide d’un Guide compétent, nous avançons alors jusqu’au chakra 8. La première moitié de ce chakra se trouve dans la région cosmique, et la seconde est la
Emplacement des 13 chakras de la région du cœur à la région centrale
Sommet du crâne *SDK : sahasra dal kamal
Arrière de la tête
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région supracosmique, appelée aussi Para-Brahmanda Mandal. Para signifie « au-dessus », donc, dans ce chakra, nous transcendons la région cosmique et nous ressentons une sorte de fraîcheur, comme celle qu’on peut éprouver en été, lorsque, accablé de soleil, on se baigne dans une eau fraîche. Ayant transcendé la région cosmique, nous ne sommes plus séduits par le réservoir d’énergie du
prapanna, et c’est le nom de cette région. Au 9e chakra, l’abandon et l’humilité règnent en maîtres, tels qu’ils sont symbolisés par le Seigneur Krishna au milieu des vaches, et par le Seigneur Jésus-Christ tenant un petit agneau dans ses bras. L’ agneau s’y trouve très à l’aise, et tel est aussi notre état. Dans cette humble attitude de prière, la vision de la Divinité est constamment dans notre cœur, et nous la voyons
chakra 7, car nous nous rendons compte de l’inutilité d’accumuler du pouvoir. Nous nous mettons à danser sur un air différent – celui qui affine et transcende tout ce qui a trait au pouvoir, et cela comprend, bien sûr, l’ego. C’est alors l’humilité qui nous attire, et nous éprouvons le désir de nous abandonner à ce qui nous dépasse. Nous comprenons que c’est avec un
donc tout autour de nous. Nous avons accepté le monde, et ne ressentons ni attirance ni aversion. Nous sommes entièrement abandonnés, comme Hanuman l’est au Seigneur Krishna dans le Ramayana, et comme les vaches de Krishna et l’agneau du Christ. Le nom de Hanuman reflète sa nature : maan signifie « honneur et respect », et hanu, « sans ». Il ne demande aucun res-
cœur suppliant que nous poursuivrons notre voyage vers des régions plus élevées. On entend souvent dire que le monde est maya, illusion, et nous le ressentons au chakra 8, si bien que nous perdons tout intérêt pour ce qui est inutile. C’est un renoncement qui n’est ni forcé ni imposé, mais qui vient de façon parfaitement naturelle. Le monde n’est plus un terrain de jeu ; il nous apparaît maintenant comme un rêve. Ici tout semble léger. La pensée perd de son poids et on commence à jouir de la paix et du calme. Cette paix a une fréquence différente de celle du chakra 2 du cœur. Elle est véritablement sublime, mais seul le chercheur animé d’un désir ardent de réalisation de l’Ultime peut maîtriser ce point. Pour continuer à avancer, il faut avoir un cœur insatiable, prêt à renoncer à cette paix du chakra 8.
pect, aucun honneur. J’ai donc donné à ce point le nom du Seigneur Hanuman. Au 9e chakra, il s’agit de plus en plus du Seigneur, et de moins en moins du soi individuel. Le cœur acquiert une immense pureté. Un réel attachement prend forme, chaque instant est imprégné de l’Être du Seigneur et nous regrettons tout moment passé en dehors de cette communion. C’est en fait la signification originelle du péché : être séparé de cette noble communion avec le Seigneur. Nous demeurons absorbés en Lui de façon naturelle, sans effort, et nous reposons dans un état d’abandon. Quand nous approchons la Divinité à ce stade, il n’y a plus non plus d’illusion. Nous faisons face aux difficultés avec courage, respect et vénération, et tout sentiment d’antipathie ou de haine est trop lointain pour que nous nous en inquiétions. Dans ces hautes sphères, les jeux de l’ego peuvent être atroces, mais si nous parvenons à les dissiper, une extraordinaire félicité nous est accordée. Et nous ne pouvons les dissiper que lorsque nous avons commencé à fusionner avec l’Ultime.
Nous passons alors au chakra 9, et la nouvelle région à laquelle nous accédons exige un niveau de soumission et d’abandon encore plus élevé. En sanscrit, abandon se dit
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À ce stade, si nous nous croyons le moins du monde supérieur à qui que ce soit, nous sommes rejetés dans les ténèbres, et là nous comprenons que rien ne peut nous punir davantage que notre propre conscience. Même la pensée d’un accomplissement, ou l’évocation de notre lien avec le Bien-aimé, semblent arrogantes et vaines. La brise de la conscience divine commence à
À mesure que nous traversons cette région, nous commençons à sentir que nous ne faisons qu’un avec le Seigneur, il n’y a plus de différence entre nous. Tout ce qu’il possède est à nous. Ce n’est pas que nous possédions le monde, c’est comme se trouver dans la condition d’un prince : tout ce que contient le palais appartient au roi, et nous avons l’impression que cela nous appartient également. De même,
souffler. Le sentiment de la suprématie du Seigneur est noyé dans l’amour. Nous avons une impression de parfait naturel. La vénération envers le Seigneur s’impose tout simplement. À ce chakra nos pensées et notre volonté sont synchrones avec celles de notre Guide, nous nous sentons totalement dépendants de lui, en osmose avec lui, et notre amour pour lui est intense. Le monde ne nous semble ni réel ni irréel. Notre conscience individuelle fusionne avec celle de notre Guide. Dans la vie quotidienne nous nous demandons : « Que ressentirait mon Seigneur si je faisais ou ne faisais pas ceci, si j’avais telle pensée ou tel comportement ? » Nous devenons ultra sensibles à tout cela au 9e chakra, alors imaginez le niveau de respect et de vénération nécessaire pour voyager jusqu’au 10e, qui est le lieu où règne le Seigneur ! Cette attitude de « que ta volonté soit faite », nous nous y préparons en fait dès les tout premiers stades du voyage spirituel. Elle est indispensable pour ancrer celui-ci solidement, en le fondant sur la foi. Au chakra 9, nous nous abandonnons au Seigneur. Au 10e, un changement intervient, nous nous trouvons dans une extrême proximité avec Lui. Nous accédons à une nouvelle région et ce qui se joue là, c’est que le Seigneur règne en nous à la mesure de notre abandon. Nous oscillons entre notre propre présence en tant que dévot, et Sa présence totale. Cette condition d’oscillation est une région appelée Prapanna-Prabhu.
il n’y a aucun sentiment de séparation. Pour finir, le Seigneur l’emporte souverainement dans ce jeu d’oscillation, et nous continuons notre voyage vers la région suivante, Prabhu. Nous y ressentons si profondément la présence du Seigneur que nous nous trouvons dans une inimaginable intimité. Si nous levons la main, nous sentons que c’est la main du Seigneur ; c’est par Ses yeux que nous voyons. Ce stade est magnifique. Et il advient encore quelque chose de très beau : nous sommes devenus tellement identiques au Seigneur et à notre Guide que nous sommes capables de répandre leurs vibrations. Nous devenons des véhicules, comme le bois de santal. Que fait celui-ci ? Quand le vent traverse une forêt de bois de santal, sa fragrance se répand partout. Il se passe quelque chose de semblable quand nous demeurons absorbés en Dieu. C’est alors un stade où le Seigneur se fond en nous, si bien que Ses vibrations émanent de nous. Telle est la beauté du 10e chakra. Et pourtant nous devenons de plus en plus impatients. Nous explorerons cette impatience et le reste du voyage spirituel dans le prochain numéro, avec le dernier article sur notre marche vers la liberté.
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L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde, pour l'amour de l'être aimé
RAINER MARIA RILKE
PHOTOGRAPHIE SAKSHAM GANGWAR
PUSHKAR Un reportage du photographe RAJESH MENON
Pushkar Le lotus bleu Rajasthan
L
a petite ville de Pushkar, au Rajasthan, possède un magnétisme particulier, c’est un endroit mystique pour les hindous pieux, les marchands de chameaux et les touristes. À 11 km d'Ajmer, non loin de la Snake Mountain aux versants escarpés, elle est nichée au bord d’un lac sacré qui, selon la mythologie hindoue, est apparu lorsque Brahma, le Seigneur de la Création, laissa tomber une fleur de lotus bleue. De fait pushkar signifie fleur de lotus en sanscrit. Dans ce lieu rempli de ghats et de temples, dont l'un des rares temples dédiés à Brahma dans le monde, et l’unique en Inde, l’air résonne de prières et de chants. La ville est également célèbre pour sa foire annuelle aux chameaux qui a lieu en novembre. C’est l’une des plus importantes foires au monde consacrées aux chameaux et au commerce d’autres animaux. Les photographes viennent de partout pour assister à cet événement et en capter les images. Au fil des ans, la foire est devenue une attraction touristique importante qui rassemble des gens venus du monde entier. Mais laissons la parole aux photographies.
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Ce fut pour moi une véritable expérience de contempler toutes ces races de chameaux et la multitude de turbans colorés de la population locale.
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J’ai été le témoin de nombreuses interactions silencieuses entre les chameaux et leurs éleveurs.
J’ai pu sentir la tension de ceux-ci, anxieux de savoir si leurs bêtes se vendraient au juste prix du marché.
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Le cheminement d’un
yogi
Texte PATRICK FLEURY, illustrations SYLVAINE JENNY Retrouvez les dialogues de Théophile sur le site theophilelancien.org.
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e dialogue sur les Yoga-Sutras de Patanjali se poursuit entre Théophile l’Ancien et son jeune ami Théo, cette fois-ci ils explorent la troisième étapes : les asanas, les postures, et leur influence sur le corps et l’esprit. POSTURES - ASANAS - Tu ne m’as pas encore parlé des postures, des asanas, commence Théo. C’est pourtant ce que l’on connaît
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le mieux en Occident. Beaucoup de gens pratiquent le hatha-yoga qui ressemble à une gymnastique très harmonieuse. - Elles sont très utiles pour la santé physique, mentale et émotionnelle. Ces asanas procurent un équilibre, une stabilité à ces trois fonctions de l’être, et s’adressent principalement au corps grossier (shool-sharir). Pour être efficaces, elles doivent être associées à une respiration intelligente.
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- La posture a-t-elle une importance dans le domaine spirituel ? - Son importance tient surtout à l’immobilité du corps. Comme le fait la tortue qui replie ses membres et sa tête en elle-même, nous méditons les jambes et les mains croisées (position du lotus ou du tailleur). La colonne vertébrale est droite, mais la tête légèrement penchée en avant, comme si elle allait rentrer dans le cœur ; en même temps, il y a le repli de tous les sens et de leurs actions (indryias). - Dans quel but ? - La position en tailleur favorise l’état de négation (tam). Babuji l’explique dans la maxime n°1 : « C’est le point central du véritable état de l’Être… cet état de négation est la base de la vie de l’être, le mystère divin où ne règnent ni lumière, ni ténèbres. Dans cette position (asana), l’homme vit une mini dissolution (pralaya). Il est alors en contact avec la Réalité, et le courant divin commence à descendre en lui. » - Plus simplement ? - Avec la posture méditative, nous sommes en équilibre. Il y a une unité de l’être entre l’âme, le corps et l’esprit. Les trois corps deviennent alors le temple de Dieu… - Tu m’as toujours dit que Dieu était simple ! - Notre posture est simple, dépouillée, immobile comme le Centre de l’être, une très bonne assise suffit pour s’absorber dans le cœur. Toutes les complexités restent à l’extérieur. C’est simple… L’ Ancien sourit : - Surtout, à la fin de notre processus, quand la pureté règne dans l’individu, elle devient identique à l’état originel… Un court silence permet à Théo d’intégrer ce que le vieil homme lui fait goûter intérieurement… Puis l’Ancien reprend : - Ces postures procurent la santé, la force et l’équilibre au corps physique. Originellement, chaque posture
était gardée près de quatre heures par les rishis pour être efficaces. Il faut dire que ceux-ci pouvaient, en période de recherche intensive, méditer vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il leur fallait un corps sain, très robuste, et une énergie circulant de manière efficace dans tout l’organisme, dans les sept chakras majeurs. Ils combinaient aussi des exercices respiratoires et énergétiques. Ils faisaient circuler les différentes énergies (pranas) dans tout l’organisme à travers les nadis, les réseaux d’énergie. - Cela ressemble à nos réseaux de méridiens d’acupuncture. – Ils ont la même origine. Ils se divisent en deux vaisseaux principaux : « ida » qui est lié à la lune… – C’est le yin, commente Théo tout fier. – Et l’autre, « pingala », poursuit l’Ancien, qui est lié au soleil et correspond donc au yang. Ida et pingala circulent autour d’un axe central appelé « sushumna ». Les énergies de la lune et du soleil s’entrecroisent. Le souffle vital entre au niveau de l’occipital, par le centre lunaire appelé « chandra chakra », puis descend vers les cinq chakras inférieurs et remonte ensuite vers le haut pour sortir par le centre solaire, « surya-chakra ». À suivre
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Ce qu’il y a de plus précieux dans la parole, ce sont les silences.
RALPH WALDO EMERSON
PHOTOGRAPHIE BRUNO NASCIMENTO
Le thé ALANDA GREENE continue à nous parler de ce qu’elle apprend en arrachant les mauvaises herbes de son jardin, et du travail très similaire qu’elle doit faire pour éradiquer certaines tendances et traits de caractère de son jardin intérieur.
Etonnantes plantes médicinales Nous vous proposons une série d’articles sur des plantes médicinales de tous les continents. Nous commençons par le thé.
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le goût de la vie
Nom botanique
décida de tester l’infusion involontairement créée par
Genre : Camellia Espèce : sinensis
son serviteur. On appela l’arbre camellia sinensis, et la boisson qu’il goûta fut connue sous le nom de thé. L’habitude de boire du thé était répandue en Chine plusieurs siècles avant qu’elle ne gagne le reste du monde, comme l’attestent des récipients à thé trouvés dans des tombes de la dynastie Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.). Pendant la dynastie Tang (618–906 apr. J.-C.), le thé devint la boisson nationale de la Chine, et à la fin du 8e siècle Lu Yu écrivit le premier livre entièrement consacré au thé, le classique Ch’a Ching. Peu après, le thé fut introduit au Japon par des moines bouddhistes japonais qui avaient étudié en Chine. Boire du thé devint une composante essentielle de la culture japonaise, où se développa la cérémonie du thé, qui est similaire à certains des rituels décrits dans le Ch’a Ching. C’est dans la deuxième moitié du 6e siècle que l’on commence à entendre parler de l’habitude de boire du thé en Europe, principalement à l’est du Portugal. Les premières importations de thé ne furent cependant pas le fait des Portugais, mais celui des Hollandais, qui créèrent un comptoir commercial sur l’île de Java. Le premier arrivage de thé venant de Chine parvint par bateau aux Pays-Bas en 1606. Le thé y devint rapidement une boisson à la mode, qui gagna ensuite d’autres pays d’Europe occidentale, où elle était réservée aux gens fortunés. Il est fait pour la première fois mention du thé en Grande-Bretagne dans un journal londonien de septembre 1658, annonçant une vente de thé dans
Noms communs Thé, thé noir, thé vert, thé oolong, thé jaune, thé blanc, kukicha, bancha, senchu, gyokura, matcha, chai.
Habitat Probablement originaire de l’ouest de la Chine, le thé est cultivé depuis des siècles, d’abord en Chine, puis en altitude dans le sud tropical asiatique. Ces dernières années, on en a aussi produit dans beaucoup d’autres régions du monde au climat doux et humide. Le thé de l’Assam, la variété assamica, est apparu spontanément en Asie tropicale et subtropicale du Sud-Est, et on le cultive intensivement en Inde et au Sri Lanka. Les semis et les jeunes plants doivent être mis à l’ombre, alors que par la suite leur croissance est favorisée par une exposition en plein soleil. Les conditions optimales se trouvent dans un climat frais, mais où il ne gèle pas. Les thés de grande qualité sont souvent cultivés en altitude, jusqu’à 2000 mètres, ce qui, en ralentissant leur croissance, leur confère plus de saveur.
Mythologie et histoire Selon la légende, un jour en 2737 av. J.-C, l’empereur chinois Shen Nung était assis sous un arbre, pendant que son serviteur faisait bouillir de l’eau. Soudain quelques feuilles d’un arbuste voisin tombèrent dans l’eau. Shen Nung était un herboriste chevronné, et il
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la Prohibition aux États-Unis dans les années 1920. En 1784 le gouvernement comprit qu’il fallait la faire cesser et supprima les taxes. Le thé légal fut alors soudain à la portée de tous. A l’origine, le thé provenait entièrement de Chine, mais dans les années 1830 la Compagnie des Indes orientales commença à le cultiver en Inde, tout d’abord dans l’Assam. Ce fut un grand succès, la production se développa, et en 1888 les importations indiennes en Grande-Bretagne devinrent plus importantes que les chinoises. C’est dans les années 1920 que la popularité du thé commença en Inde, après que le gouvernement et le Tea Board of India en eurent fait la promotion dans les gares. Actuellement, l’Inde est l’un des plus gros producteurs et consommateurs de thé
un magasin de café de Sweeting’s Rents à Londres. Et c’est la femme de Charles II, Catherine de Bragance, une princesse portugaise fervente amatrice de thé, qui instaura la mode de cette boisson dans les classes aisées. La Compagnie britannique des Indes orientales commença à importer du thé en Grande Bretagne en 1664. Le thé y devint une boisson populaire dans les classes supérieures, mais du fait de lourdes taxes, il coûtait trop cher pour que la classe ouvrière y ait accès, ce qui donna lieu à beaucoup de contrebande et de frelatage. Au 18e siècle la contrebande était endémique, aussi répandue que celle de l’alcool pendant
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au monde. Le développement de la production dans les années 1830 inaugura l’ère des clippers de thé. Des marchands indépendants et des capitaines de vaisseaux rivalisaient pour apporter du thé en Occident, en utilisant de nouveaux clippers rapides aux lignes pures, munis de grands mâts et d’immenses voiles. Il y avait en particulier une compétition entre les marchands anglais et américains, ce qui mena aux célèbres courses de clippers des années 1860. Celles-ci prirent fin avec l’ouverture du canal de Suez qui, pour la première fois, permit aux bateaux à vapeur d’emprunter des voies commerciales. En 1901, le thé était devenu une habitude bien établie qui faisait partie du mode de vie anglais. Aujourd’hui encore, les compagnies britanniques jouent un rôle majeur dans le commerce mondial du thé, et les marques de thé anglaises dominent toujours le marché. Ces vingt dernières années on a
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vu une recrudescence des maisons et des salons de thé, en même temps qu’une croissance massive de la culture du thé dans le monde entier.
Description
risque de cancer et inhiber la croissance des cellules cancéreuses sans porter atteinte aux cellules saines. Le thé vert peut améliorer la densité osseuse et apporter de l’aide dans les cas de maladies neurologiques dégénératives.
Arbuste ou petit arbre vert, à feuilles persistantes, doté d’une grosse racine. Les fleurs sont d’un blanc jaunâtre, comportent 7 ou 8 pétales et produisent une baie. À maturité, les feuilles sont assez grandes, mais on préfère récolter les jeunes feuilles. Les divers âges des feuilles produisent des qualités de thé différentes, du fait des variations de la composition chimique, les plus jeunes étant les plus puissantes. Le génome du thé a environ trois milliards de paires de bases, ce qui est davantage que la plupart des plantes séquencées à ce jour.
Les polyphénols du thé vert peuvent aussi aider à maintenir la santé du cerveau. Le thé contient de la fluorine naturelle et de la catéchine, des glucosyl-transférases qui réduisent la calvitie et détruisent les bactéries cariogénétiques à l’origine de la plaque dentaire et les bactéries de la bouche qui provoquent une mauvaise haleine. Il agit comme agent stérilisateur de nombreuses bactéries qui causent des intoxications alimentaires, sans nuire aux bactéries utiles au bon fonctionnement du transit intestinal.
Parties de la plante utilisées
Ecologie actuelle
Jeunes feuilles, fleurs, rameaux.
S’étendant des climats tempérés chauds au climat tropical, les plantes de thé supportent des précipitations allant de 70 à 310 cm, bien que 120 cm ou plus leur conviennent le mieux, des températures de 10 à 30 degrés et un pH du sol de 4,5 à 7,3. Malgré ses feuilles persistantes, le thé ne supporte pas le gel, même si quelques variétés chinoises tolèrent des climats plus froids. Il prospère dans les terres rouges tropicales et dans les sols acides bien drainés en profondeur, idéalement sur une pente de 0,5 à 10 degrés, et jusqu’à 2000 mètres d’altitude. Du fait de son habitat particulier, le thé n’est cultivé que dans quelques régions du monde, et il est très sensible aux changements. Malheureusement, les conditions idéales pour sa culture sont mises en danger par le changement climatique, et sa répartition pourrait changer de façon importante.
Facultés thérapeutiques Depuis longtemps le thé est connu pour sa faculté de calmer l’esprit, de chasser la paresse et de revigorer le corps. Des recherches scientifiques récentes montrent ses nombreux avantages pour la santé : Il renforce l’endurance, car les antioxydants du thé accroissent la capacité du corps à brûler les graisses. Il réduit les risques de crise cardiaque et protège des maladies cardiovasculaires, si on le boit sans lait. Il peut améliorer la proportion des cholestérols HDL et LDL. Il est riche en catéchine et en polyphénols, en particulier en gallates d’épigallocatéchine (EGCG). C’est un puissant antioxydant qui peut réduire le
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Les oléagineux
notre quatuor gagnant ! Par FÉLICIE TOCZÉ Consultante et cuisinière en alimentation saine
L
es oléagineux sont les ingrédients clé d’une alimentation équilibrée, en particulier pour les végétariens. Ils proviennent de familles botaniques variées et ont comme point commun d’être riches en lipides, qui forment souvent près de la moitié de leur poids. L’ autre force nutritionnelle de ces végétaux tient à leur taux important en protéines, de 10 à 25% selon les variétés, ainsi qu’ à leur richesse en minéraux. Toutes les noix et autres graines oléagineuses doivent donc faire partie de notre alimentation quotidienne. Couplées aux céréales, elles boostent l’apport en protéines. Il est bon de se souvenir que, pour être assimilées, il faut que les protéines soient complètes en ce qui concerne leur chaîne d’acides aminés. Dans le monde végétal, on cherchera à compenser les acides aminés manquants d’un aliment par ceux que contient un autre aliment. Dans le cas des oléagineux, ce sont les acides aminés soufrés qui font défaut (lysine et méthionine) et on les trouve très largement dans les céréales. Les oléagineux apportent une dose importante de calcium, de magnésium, de fer et de vitamine E – ils
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en représentent d’ailleurs les meilleures sources. Ces précieux minéraux et vitamines en font de super aliments, dont le taux ORAC – qui définit la valeur anti-oxydante d’un aliment – est proche du gingembre, star en la matière. Autre fait important, les oléagineux ne perturbent pas la glycémie. Très pauvres en glucides, ils sont également riches en fibres (ce qui induit déjà un contrôle de la glycémie)… une merveille en dessert ! Pas besoin d’aller chercher loin de chez nous ces formidables oléagineux ! C’est dans nos campagnes que poussent le lin et le tournesol, les noyers et les amandiers. Et à eux quatre, ils suffisent à couvrir les différents apports qu’offrent les oléagineux, et à nous garantir une santé de fer ! Nous avons tout d’abord deux graines oléagineuses très précieuses :
Le lin et le tournesol La première est extrêmement importante car elle contient un acide gras peu présent dans notre alimentation et qu’il est indispensable de fournir à
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l’organisme quotidiennement, ce sont les omégas 3. Ces acides gras sont très fragiles, et le lin, une fois broyé, doit impérativement être conservé au réfrigérateur et consommé rapidement. Le broyage est nécessaire pour assimiler le contenu de la graine… sinon, c’est plutôt son mucilage qui va opérer : grâce à sa forte teneur en fibre (38% !), il améliore le transit. Le lin contient 24% de protéines, ce qui en fait un des oléagineux les plus riches. Enfin, son pourcentage de calcium dépasse celui du lait ! Le lin ne contient pas de glucide, et agit comme un véritable régulateur de la glycémie, c’est l’allié de tous les repas un peu trop riches en sucres ! La graine de tournesol arrive en troisième position des oléagineux les plus riches en protéines. Les lipides qu’elle contient sont majoritairement de précieux acides gras polyinsaturés, dont les omégas 6. Comme ce sont ceux que l’on trouve le plus dans notre alimentation, ils doivent trouver leur équilibre avec un apport suffisant en omégas 3. Cependant, sa grande qualité en ce qui concerne les lipides, est de les préserver grâce à une teneur phénoménale en vitamine E. Le tournesol bat enfin tous les records côté magnésium : une nourriture indispensable lorsqu’on est fatigué ! Tournons-nous ensuite vers nos deux fruits oléagineux non moins précieux.
La noix Qu’elle soit de Grenoble, du Périgord ou d’ailleurs (il existe plus d’une quinzaine de variétés en France !), la noix est assez remarquable, car elle contient une belle moyenne de minéraux, de vitamines et d’acides gras indispensables, dont les omégas 3. Elle est fragile, donc préférez-la en coque pour la décortiquer à la demande. Tout comme le lin, on ne la fera que très peu et rarement chauffer, afin d’en conserver les bénéfices.
L'amande L’ amande de Provence quant à elle contient d’excellents acides gras oléiques (ce sont ceux qu’on retrouve dans l’olive, d’où leur nom, et qui ne sont plus à présenter lorsqu’il s’agit de bonne santé !), et un taux de vitamine E notable, et surtout une richesse en minéraux rarement cumulée dans un même aliment (potassium, magnésium, calcium et phosphore). Consommés dès le petit déjeuner, les oléagineux nous feront partir du bon pied : une glycémie stable, une bonne dose d’acides gras ultra-sains, des fibres et des protéines, juste ce dont nous avons besoin à ce moment de la journée ! Afin d’en améliorer la digestibilité et l’apport nutritionnel, les oléagineux peuvent être trempés avant d’être consommés. Quelques heures suffiront pour « ouvrir » la graine qui se mettra alors en phase de pré-germination, ce qui augmente son potentiel et sa force vitale. Une fois trempés, les oléagineux se prêtent à de nombreuses préparations culinaires. En fonction de la quantité d’eau ajoutée pour les mixer, on pourra faire des laits végétaux, des « crèmes cuisine » et des pâtes à tartiner. Dans la recette d’aujourd’hui, nous allons encore un peu plus loin en provoquant une fermentation de la crème de noix. Le miso accélère et favorise ce processus, mais sachez qu’il est possible d’ opérer une fermentation spontanée grâce aux bactéries saines présentes dans l’air. La fermentation décuplera encore une fois le potentiel nutritionnel de la préparation… Bref, régalez-vous sans complexes de ces délices, qui, versatiles et gourmands, trouvent une place de choix en cuisine végétale ! Que ce soit sous forme de purée, de poudre ou entiers, les oléagineux sont des ingrédients qui magnifient les plats, de l’entrée au dessert, apportant leur saveur caractéristique et leur consistance gourmande.
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la recette de félicie
Légumes racines rôtis faux-mage de noix et chutney de pêches sanguines au romarin
Pour les légumes
Pour le faux-mage
Pour le chutney
Un assortiment de betteraves de couleur,
Option 1, à anticiper 2 jours avant :
2 grosses pêches sanguines épluchées
de carottes et de radis blancs et noirs
200 gr de noix
1 petit oignon rouge
Graines de moutarde noires
30 gr d'un très bon miso non pasteurisé
Un filet d’huile d’olive
Huile d’olive
100 ml d'eau minérale
1 branche de romarin frais
Sel aux plantes
Une poignée de fleurs de capucine (ou
1 c à c de sucre de coco (ou du miel, du
tout autre aromate frais, fleur ou feuille :
rapadura…)
bourrache, persil, sauge…)
1 c à s de vinaigre de vin rouge (ou de
Pour plus de finesse en bouche, éplucher les légumes, mais pour plus de
cidre)
force (et de fibres !), garder la peau et
Faire tremper les noix pendant toute
brosser soigneusement les légumes.
une nuit. Le lendemain les rincer et
Les couper en morceaux de même
les mixer avec l'eau minérale et le
Couper l’oignon en petits dés et les
taille mais irréguliers : cela apporte de
miso. Verser dans un bocal large en
pêches en morceaux moyens. Dans une
la diversité et de la curiosité visuelle.
verre bien propre (éventuellement
petite casserole, faire revenir l’oignon
Précuire les légumes 10 minutes à la
ébouillanté).
dans un filet d’huile d’olive, jusqu’à
vapeur et préchauffer le four à 180°C.
Laisser fermenter 12 à 24 heures, en
ce qu’il soit fondant mais non coloré.
Répartir ensuite les légumes dans un
fonction de la température, jusqu'à
Ajouter le romarin et faire revenir un
plat allant au four, ils doivent être
ce que la pâte devienne aérée (elle
instant de plus. Ajouter les pêches
bien serrés mais ne pas se superpo-
semble plus onctueuse et on y voit de
puis le vinaigre, le sucre, le sel. Laisser
ser. Parsemer de sel, de graines de
petite bulles) et qu'une bonne odeur
compoter à feu très doux et couvert
moutarde et verser un beau filet d’huile
se dégage.
pendant 10 minutes, sans mélanger
d’olive. Mélanger les légumes pour que
Mélanger les fleurs grossièrement
pour ne pas abîmer les fruits. Oter le
chaque morceau soit bien recouvert
hachées.
couvercle et laisser réduire 10 minutes
de l’assaisonnement.
Une pincée de sel
de plus.
Enfourner pour 20 minutes, jusqu’à
Option 2, pour une réalisation le jour
ce qu’ils soient dorés. Sortir du four
même, sans fermentation :
et couvrir d’un torchon épais.
Procéder comme pour la recette précé-
Pour suivre l'actualité de Félicie
dente et utiliser immédiatement.
felicietocze.fr
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Pour servir Répartir les légumes dans des assiettes creuses, déposer une cuillerée de fauxmage puis, par-dessus, quelques morceaux de pêche en chutney. Décorer du restant de fleurs de capucine grossièrement hachées.
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Marcher sur le chemin de la paix Le 21 septembre, on fête la Journée internationale de la Paix. Ça te dirait d’être un artisan de la paix, à l’école ou à la maison ? Ça te plairait de marcher sur le chemin de la paix ?
Voilà ce qu’il te faut : 6 grandes feuilles de papier – A1 est un bon format. Tu peux également prendre du papier recyclé, des pages de journaux par exemple, ça va tout aussi bien ! de la peinture à l’eau orange, jaune et verte un gros pinceau rond Peins chacune des trois images ci-dessous sur une feuille de papier, et fais-le en deux exemplaires, pour avoir deux fois l’image des 3 pas.
Je me sentirais Je me sens
mieux si
quand
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La prochaine fois on
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Pose les deux exemplaires face à face, comme s’ils marchaient l’un vers l’autre. Tes amis et toi pouvez marcher sur ce chemin de paix chaque fois que vous êtes en conflit. Vous avancez en 3 temps.
1. D’abord chacun exprime ses sentiments sur le conflit.
quand
Je me sens
si
mieux
Je me
sentirais
on
fois
La
La
prochaine
on
fois
Je me
sentirais
si
mieux
Je me sens
quand
prochaine
2. Puis il avance et explique ce qu’il pourrait changer en lui-même pour se sentir mieux.
3. Enfin tous deux discutent de la façon dont ils pourraient éviter ce genre de situations à l’avenir. nb Le truc, c’est de ne pas pointer les autres du doigt et d’attendre qu’ils changent, mais que chacun y mette du sien pour rétablir l’harmonie et la paix.
Bravo !
Tu es en train d’avancer sur le chemin de la paix !
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Les 3 frères 3e partie
Dan, Jack et Polo, recueillis par une congrégation de sœurs pleines d’amour après la mort de leurs parents, se retrouvent, comme ils se l’étaient juré, après une longue séparation. Une histoire contée par GUY LEMITRES et illustrée par JULIETTE ALAY
D
ix ans s’étaient écoulés depuis le départ de Dany. Les trois frères, qui s’étaient donné rendez-vous à Montpellier, se tombèrent dans les bras l’un de l’autre en pleurant de joie. Chacun avait tellement changé ! Polo avait 18 ans. Son petit chiot était devenu un magnifique chien au pelage fauve. Jack venait d’avoir 20 ans et vivait en Amérique chez une tante. Dan était très grand du haut de ses 22 ans. Ils s’installèrent à la terrasse d’un café, à l’ombre d’un grand tilleul. Polo raconta sa rencontre avec son chien.
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– Comme c’est beau, ton histoire, Polo ! s’exclama Dan, les yeux brillants de larmes. Mais Polo et Dan étaient impatients d’entendre leur frère. – Que t'est-il arrivé, Jack ? Tu ne bégaies plus ! Alors Jack raconta. – Après ton départ, Dany, j’ai beaucoup prié. Tous les jours, après les cours, je prenais mon vieux vélo, et me rendais à la chapelle du village de Serverette. Je me recueillais devant la statue de la madone noire qui m'inspirait tant d’amour. Je la priais d’éclairer mon chemin. Quand j’étais à ses pieds, j'avais l’impression de ressentir l’amour de notre mère. Je sentais mon cœur s’ouvrir, exploser d’amour parfois, jusqu’à en avoir mal. J’aurais voulu en parler, mais je n’y arrivais pas. Un soir, j’entendis une voix douce me chuchoter : « Raconte l’amour aux humains. Approche-toi ! Pose tes lèvres sur ma bouche et ta parole sera libérée ! » Choqué, affolé, je sortis en courant. Je pédalai furieusement sur mon vélo, envahi de doutes. « Je divague ! Je veux tellement être comme les autres que je ferais n’importe quoi ! Mais embrasser la madone sur la bouche ? Quelle honte ! » Je ne suis pas retourné voir la madone, et je n'ai osé en parler à personne. Pendant les cours, je ne pensais qu’à ça ! Ses paroles tournaient dans ma tête et m’entraînaient comme dans un tourbillon noir et profond. J’avais l’impression de me noyer... j’étais terrorisé ! Je me suis enfermé dans ma chambre et j’ai prié, prié. Mais ça n’a pas aidé ! Soudain j’ai tout lâché, je me suis dit tant pis si je me noie !... et là, incroyable ! je n’ai pas coulé. Je restais à flot ! Je pouvais même aller au réfectoire sans avoir peur du regard des autres. C’était comme le calme
après la tempête. Je pouvais soudain écouter au fond de moi. Et j’ai su que je devais faire quelque chose. Alors j’ai posé la question là, dans mon cœur, et j’ai écouté. Rien n’est venu. Malgré tout j’ai continué. Un jour, une force m’a poussé en avant. « Va l’embrasser ! Laisse tes préjugés ! Écoute ton cœur ! » J’ai enfourché mon vélo et j’ai littéralement volé jusqu'à la chapelle. Il n’y avait personne. Agenouillé devant la statue, me sentant tout petit, j’ai tenté de prier. Je suis resté longtemps comme ça sans bouger, la tête et le cœur vides. Enfin, j’ai eu le courage de regarder la madone. Une douce vibration d’amour a envahi mon cœur. Je me sentais heureux, je n’avais plus rien à demander ! J’allais repartir, quand cette présence, cette voix à l’intérieur de moi, a répété : « Embrasse-la ! » Alors je suis monté sur une chaise, prêt à braver l’interdit. L’amour m’animait et plus rien ne pouvait m’arrêter. Mais soudain j’ai senti un souffle puissant caresser le haut de mon crâne, envahir ma tête, mes yeux. Une chaleur a traversé ma gorge, mon cœur. Puis ça a passé. Ma poitrine était comme remplie d’un air très léger, comme si un ciel sans nuage s’y était installé.
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Sonné, je suis redescendu et me suis assis. A l’intérieur de moi, c’était à la fois fort et léger. Quelque chose de totalement nouveau. En même temps j’étais joyeux comme si je retrouvais quelque chose de connu. Transporté par cette énergie, j’ai repris mon
– Ah ! les papillons… Durant les premières années à l’orphelinat, je me languissais de maman, et je soupirais. Un jour, alors que je soupirais une fois de plus, j’ai senti une vague d’amour remplir mon cœur. C’était drôle ce mélange de tristesse, de douceur et
vélo et je suis rentré. Dans le couloir, j’ai rencontré mon copain Jules. – Qu'est-ce que t’as Jack ? T’as l’air illuminé comme un sapin de Noël ! Tout excité, je lui ai raconté ce qui m’était arrivé. Un autre camarade s’est assis et a écouté, puis un autre, et encore deux autres. Quand j’ai fini mon histoire, ils se sont écriés : – Jack, tu ne bégaies plus ! Je ne m’en étais pas aperçu ! C’était un miracle ! Le lendemain, je suis retourné voir la madone. Alors que je la remerciais de tout mon cœur, j’ai de nouveau entendu une voix me chuchoter : « Ton amour a permis la présence de Dieu. Tu sais maintenant qu’il est toujours avec nous, en nous. Célèbre l’amour et la foi, et réchauffe le cœur des humains par la parole que Dieu a libérée en toi. » Voilà pourquoi je ne bégaie plus aujourd’hui et que je raconte des histoires. Mais il est temps d’aller rejoindre Sœur Marie-Madeleine, à Serverette ! Les trois frères se dirigèrent vers la gare et prirent le petit train de campagne pour Marvejols. – Allez Dan, c’est à toi maintenant de raconter ton histoire ! As-tu vécu des choses extraordinaires ? – Oh non, moi vous savez, j’ai surtout étudié. – Je me souviens que tu chassais les papillons, quand tu étais petit, tu faisais des raids avec ton copain en vélo, très loin, pour trouver un papillon spécial, non ?
d’amour. Comme un bonbon au goût amer d’abord, puis sucré sur la fin. Cette douceur avait calmé l’amertume de la séparation. J’ai soupiré de nouveau, pour ressentir cet état, mais plus rien. Alors je me suis dit que, des soupirs, il devait y en avoir partout : dans la campagne, sous les arbres, derrière les buissons, aux coins des rues, près des fontaines, sous les gouttières, et qu’en les attrapant, je pourrais me remplir le cœur d’amour. Je me suis construit un petit filet à capturer les soupirs et j’ai commencé à les chasser. J’ai entendu plein de soupirs, sous les bancs publics, dans les églises, dans les jardins, sous les tonnelles, sous le tilleul de la place du village, près des étables, au bord de la rivière. Il y avait de longs soupirs langoureux, des petits exaspérés, des soupirs de découragement, de tristesse profonde, de colère, de fatigue, et quelques
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dit qu’on appelle ces êtres des Devas. Il y en avait une bonne vingtaine autour du visage du bébé, qui battaient très fort de leurs petites ailes. La maman battait des cils. Elle sentit soudain comme une vibration, un léger courant d’air, s’infiltrer par le nez du
soupirs d’amour chuchotés. Ceux-là étaient rares et difficiles à trouver. Et quand j’en dénichais, pschitt ! ils disparaissaient au moindre coup de vent ! J’avais beau les entendre… pas moyen de les attraper. Les vieux du village, assis sur leur banc, à l’ombre du grand frêne, me demandèrent ce que je cherchais. Alors je leur ai expliqué ma chasse. Ils sourirent doucement et me dirent : – Tu aurais plus de chances en chassant des papillons. On dit que l’amour est aussi léger qu’un vol de papillon. Le sais-tu ? – Non, pourquoi ? – Il est comme le battement des cils des jeunes mamans qui se penchent sur le berceau de leur enfant. Un jour, une jeune maman mit au monde un bébé très, très fragile. Il était frêle et respirait difficilement. Toute la famille prenait grand soin de lui. Un matin, le bébé cessa de respirer. La maman, folle de désespoir, prit son bébé contre elle. Elle criait, chantait, priait, pleurait. « Oh force de vie, reste avec mon enfant ! » suppliait-elle. Ses cils se mirent à battre pour chasser ses larmes. Ses cils battaient de plus en plus vite. Ses yeux embués virent alors comme des duvets de canard autour de la tête de son bébé. Ce n’était pas des plumes, mais de tout petits êtres féminins ailés qui voletaient autour de lui. La mère Michel
bébé. Celui-ci eut un hoquet et inspira très fort. Il soupira et ouvrit les yeux. Les petites fées battirent des mains et disparurent dans un grand tourbillon, comme une nuée de papillons… Depuis ce jour, très impressionné par cette his-
toire, je me suis mis à chasser des papillons avec mon copain Hugo. Les printemps fleuris de notre Lozère coloriaient le ciel de petites taches sautillantes de toutes les couleurs : des milliers de papillons. J’en ai attrapé beaucoup. J’étais émerveillé par la beauté et la délicatesse de leurs couleurs. Je les admirais, je les respectais, j’aimais leur beauté. Mais je ne sentais pas d’amour. Je ne sentais pas Maman. Hugo pensait que c’était parce que je ne chassais pas les bons papillons. Il fallait que je trouve le roi des papillons, le monarque.
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Et le voilà parti… Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai dit à sœur Marie-Madeleine que je voulais trouver le désir de mon cœur ? Le train s’arrêta. – Nîmes ! 5 minutes d’arrêt ! Correspondance pour Alès quai n° 2. Correspondance pour Marvejols-la Bastide-St Laurent-les-bains, quai n°3. Nos trois frères descendirent en gare de Nîmes. Et nous les retrouverons dans le prochain train !
– Mon père m’a dit qu’il en avait vu quelques-uns dans une forêt, près du lac de Charpal. Pendant tout l’été, nous sommes partis à vélo du matin au soir, à la recherche du précieux monarque. Cela nous prenait trois bonnes heures pour arriver à la forêt. On le cherchait, puis il fallait rentrer avant la tombée de la nuit. J’avais tellement envie de le trouver que j’en avais la fièvre. Enfin, un jour, posé sur un bouquet d’asclépiades, nous découvrons un monarque imposant. Hugo arme son filet, l’attrape. On n’ose pas le toucher. Il se débat dans le filet. J’attends qu’il se passe quelque chose. – Ça me fait de la peine de voir ce si beau papillon emprisonné dans le filet ! Hugo, on le relâche ? Hugo comprend ma déception : je n’ai pas senti l’amour tant attendu. Il ouvre le filet et le monarque s’en va en planant doucement. Il se pose sur une feuille proche et se met à nous parler. – Vous ne trouverez pas l’amour en chassant les papillons ! Cherchez-le dans votre cœur !
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Une pause… Comment se détendre ?
Asseyez-vous confortablement et fermez doucement les yeux. Commencez par les orteils. Remuez-les. Maintenant, sentez qu’ils se détendent… Détendez vos chevilles et vos pieds… Sentez l’énergie qui monte de la terre… de vos pieds jusqu’à vos genoux, et qui détend les jambes… Détendez les cuisses… L’énergie monte le long des jambes… et les détend. Maintenant détendez profondément vos hanches… votre ventre… et votre taille… Détendez votre dos… Votre dos est entièrement détendu, du haut en bas… Détendez votre poitrine et… vos épaules. Sentez simplement que vos épaules fondent… Détendez le haut de vos bras… Détendez chaque muscle de vos avant-bras… vos mains… jusqu’au bout des doigts… Détendez les muscles du cou… Portez votre attention sur votre visage… Détendez les mâchoires… la bouche… le nez… les yeux… les lobes des oreilles… les muscles du visage… le front… jusqu’au sommet de la tête. Sentez que tout votre corps est maintenant complètement détendu… Dirigez maintenant votre attention sur votre esprit, vous sentant profondément détendu à l’intérieur… Respirez calmement... Laissez votre esprit se relâcher. Déplacez votre attention vers le cœur… Émettez tranquillement l’idée que la Source de lumière illumine votre cœur de l’intérieur et attire votre attention. Sentez-vous immergé dans l’ amour et la lumière dans votre cœur. Restez dans le calme et le silence et absorbez-vous lentement en vous-même.
fr.heartfulness.org
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Les coups de cœur de la rédaction À lire « Un bruit de balançoire », Christian
Situé dans la région
Bobin, éditions l'Iconoclaste
d'Aix-en-Provence,
« Ma vie n’est rien qu’écrire. Le
thecamp est le pre-
panda mange de l’eucalyptus, moi
mier campus européen consacré aux technologies émergentes
de l’encre. »
et aux nouveaux usages.
Pour la première fois, Christian Bobin
Il a été conçu et fondé par Frédéric Chevalier, un entrepreneur
livre un texte entièrement composé
visionnaire, qui a voulu créer un lieu ouvert, riche de ressources,
de lettres. Rares et précieuses, elles
pour donner à rêver et faire vivre toutes sortes de projets, et
sont adressées tour à tour à sa mère,
capable d'accueillir et de rassembler tous les acteurs de notre
à un bol, à un nuage, à un ami, à une sonate. Sous l’ombre de
société, dans le public et le privé - élus, entrepreneurs, artistes,
Ryokan, moine japonais du XIXe siècle, l’auteur compose une
étudiants, enfants, adolescents... En bref tous les « fabriquants
célébration du simple et du quotidien. La lettre est ici le lieu de
d'avenir » rassemblés pour penser, créer et agir ensemble.
l’intime, l’écrin des choses vues et aimées. Elle célèbre le miracle
Déployé sur 7ha, ce campus, pensé par l'architecte Corinne
d’exister. Et d’une page à l’autre, nous invite au recueillement
Vezzoni, a été conçu comme un showroom à ciel ouvert où
et à la méditation.
innovations et nouvelles technologies sont en démonstration
Plus d'infos : editions-iconoclaste.fr
permanente et également utilisées. Les projets thecamp englobent des sujets d’intérêt général, comme la protection des océans et des ressources marines,
À découvrir
l'éducation et l’apprentissage du futur, la vie en milieu urbain et En prolongement de
la qualité de vie, les énergies propres et accessibles, la mobilité
l'aventure qui a démarré
durable et innovante, pour ne citer que ceux-là.
avec le film «En quête
Le campus offre un large panel de programmes et de secteurs
de sens », l'espace Totem est un nouveau lieu créé par Marc
de recherches et d'exploration. Il organise également des évé-
de la Ménardière et Malory Malmasson. Cette association à
nements festifs et collaboratifs pour partager les connaissances,
but non lucratif, avec une gouvernance participative, réunit des
les valeurs et les initiatives inspirantes.
entrepreneurs sociaux, des responsables d'association, des
Une résidence est à disposition des artistes, des « makers » et
artistes et des citoyens engagés.
jeunes créatifs qui veulent s'attaquer aux défis d'aujourdhui.
La longère de 300m2 sur le grand terrain de 2ha, qui comprend
Un tiers lieu permet la rencontre entre les interlocuteurs privés et
un petit potager en permaculture, est adossée à une forêt de
publics pour œuvrer à la transformation et à l'aménagement du
500ha. Aucun voisin à l'horizon, juste une vue incroyable jusqu'à
territoire, à travers des projets concrets et des expérimentations.
70km ! Le lieu est facile d'accès, à 1h de La Rochelle, d'Angers,
Enfin, thecamp offre aux enfants et adolescents un « Youth
de Poitiers, à 1h30 de Nantes et à 1h45 de Paris en train.
Camp Experience » pour leur donner les moyens de créer le
Pendant tout cet été, à travers des sessions animées par des
futur dans lequel ils souhaitent vivre.
intervenants inspirants, les membres de la communauté y ont
Plus d'infos thecamp.fr
approfondi le yoga, la permaculture, l'intelligence collective et la philosophie pratique. Ce furent de beaux moments de ressourcement, alternant des sujets chers à l'association de manière profonde et légère à la fois ! Prochain stage à la rentrée avec la famille Zéro Déchet. Plus d'infos espacetotem.fr
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Magazine Heartfulness
actualités
L'idée géniale
Inauguration Les « Journées Heartspot » de
Agricool - Il était une fois des
Paris du 21 au 24 septembre
fraises...
2017
C'est l'histoire de deux amis,
23 rue du Cardinal Lemoine, 5e.
Gonzague et Guillaume, fils
Le 21 septembre, Journée inter-
d'agriculteurs, qui débarquent
nationale de la paix, un nouvel
à Paris après avoir grandi à la
espace de ressourcement et de
campagne, en n'ayant connu
méditation ouvrira ses portes
que des fruits et légumes déli-
au cœur de la capitale.
cieux et sans pesticide.
Le Heartspot est un espace
« Vous imaginez le décalage quand on est arrivés à Paris ! La
public ouvert à tous, proposant
bonne nouvelle, c’est qu’avec une bonne dose d’optimisme, de
des activités de qualité, acces-
rêve, et aidés par la technologie, on a réussi à faire renaître les fraises de nos parents… en bas de notre immeuble. » Ces deux rêveurs ambitieux se donnent donc pour mission de nourrir les urbains avec de bons légumes et des fruits cultivés localement, sans pesticides... et abordables. L'aventure commence alors toute petite, avec un vieux container récupéré que les deux comparses transforment en y travaillant jours et nuits pendant des mois, pour finalement créer un environnement idéal pour faire croître fruits et légumes dans les meilleures conditions. Et les premières fraises furent... L'équipe de chercheurs « capables de challenger le statut quo et de réinventer le système alimentaire » s'agrandit, grâce à une première levée de fond. Après deux années de travail, ils réussissent à mettre au point une nouvelle technique de production 120 fois plus productive, sans pesticide ni OGM, utilisant 90% moins d’eau et de nutriments, uniquement avec des énergies renouvelables et dans de très beaux containers customisés ! Et c’est surtout le retour du goût - et à deux pas de chez soi ! Pour réserver vos fraises et pour plus d’infos c’est sur agricool.co
sibles au plus grand nombre, qui nourrissent le cœur, le corps et l'esprit. Le programme des quatres journées d'inauguration est conçu autour de quatre thèmes. Le 21 septembre, porté par le thème « Paix, bien-être et harmonie au travail, à l’école », accueillera Marc Vella, pianiste virtuose nomade, avec sa conférence sur la paix, une projection du film « Caravane amoureuse en Éthiopie » et son concert spécial « Émergence ». Le 22 septembre, le thème « Grâce à la méditation, vivre en harmonie avec la nature » nous invite à aller à la rencontre de la nature dans toutes ses dimensions, avec l'expérience intérieure de la méditation Heartfulness, une intervention de l'association d'agriculture urbaine La Sauge, et la projection du film « Terra » de Yan Arthus Bertrand. Le 23 septembre, journée consacrée à « Oser rêver d'un monde meilleur » permettra d'expérimenter la méditation, de participer au workshop « Ticket for change », l’incubateur activateur de talents, et d'assister au concert d'Achille, jeune artiste aux paroles inspirantes. Enfin le 24 septembre, avec le thème « La science, le cœur et ses potentiels illimités », le Heartspot accueillera Jean Staune, sociologue, philosophe et scientifique, pour une conférence sur les convergences entre science et spiritualité, et l'équipe « Brighter Minds » présentera son programme pour les enfants, qui vise à harmoniser le cœur et le cerveau au service d’une vie équilibrée et épanouie. Le programme complet : fr.heartfulness.org Contact : paris@heartfulness.fr
Septembre 2017
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