Magazine Heartfulness - édition 9 2018

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Septembre 2018

Vivre, tout simplement

CONSCIENCE

SUPRACONSCIENCE

INTERVIEW FABIENNE VERDIER

6,50€

La place du vide et du souffle dans son œuvre ETHIOPIE

Convergence au pays des origines


Heartfulness Vivre, tout simplement

Rédaction – Meghana Anand, Sylvie Berti Rossi, Genia Catala, Elizabeth Denley, Emma Ivaturi Graphisme – Hélène Camilleri, Emma Ivaturi, Uma Maheswari, Stephanie Rappl Traduction – Genia Catala, Sandrine Delacroix, François Déroulède, Sylvie Galland, Clara Gambier, Lucie Hautefeuille, Marie Laure Lagrange, Jean-Pierre Legrand Beba Marantz, Nathalie Moulis, Michelle Pain-Orcet, Vincent Scarito Photographies – Adrian, Rene Bohmer, Anthony Cantin, Inès Dieleman, Caju Gomes, Patrick Fore, Frank Mckenna, Ksiwapon, Thabang Mokoena, Vladimir Muravin, Lidia Puica, Heather Schwartz, Rattiya Thongdumhyu, Thijs van der Weide Illustrations – Stephanie Rappl, Fabienne Verdier Contributeurs – Francois Bouderlique, Alanda Greene, Victor Kannan, Vilasini Kumar, Révérend Deborah Moldow, Chris Mehalovich, Kamlesh Patel, Ravi Venkatesan Interviewés – Jamie Butler, Kamlesh Patel, Fabienne Verdier

ISSN : 2491-2255 N° CPPAP : 0419 K 93360

Envoi des contributions et correspondance avec la rédaction en français, magazine@unimeo.com – en anglais, contributions@heartfulnessmagazine.com Publicité – en français, magazine@unimeo.com ; en anglais, advertising@heartfulnessmagazine.com Abonnements – en français, www.unimeo.com ; en anglais, www.heartfulnessmagazine.com Impression – Aumüller Druck, GmbH & Co. KG, Weidener Straße 2, D-93057 Regensburg Publication – Unimeo, 5 Esplanade Compans Caffarelli, 31000 Toulouse Droits d'impression, publication, distribution, vente, sponsoring et perception des recettes réservés à l'éditeur 2018 © Tous droits réservés à Unimeo Éditeur – Unimeo

www.heartfulness-magazine.fr Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg Spirituality Foundation, SMSF », les logos « Learn to Meditate »

et « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.fr.heartfulness.org est également la propriété de l'Institut Heartfulness.

Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l'Institut Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.


La conscience et au-delà... La conscience est une notion qui est devenue très présente dans le monde d’aujourd’hui. Tant la médecine que la recherche scientifique ou l’étude des champs quantiques s’intéressent aux divers états et manifestations de

la conscience. Le concept de spectre de la conscience n’est pourtant pas nouveau, tout au long de l’histoire, des yogis et des mystiques ont témoigné de leurs expériences à ce sujet.

Plus récemment, les recherches de psychanalystes et de psychologues tels que Carl G. Jung et Ken Wilber ont démontré qu’il existe en nous un vaste champ de conscience, comprenant le subconscient, le conscient et tout le

domaine du supraconscient, dont la plus grande partie nous échappe. Or ce domaine ignoré de nous n’est pas si lointain, il se révèle dans nos rêves, nos intuitions, nos pressentiments, les idées lumineuses qui nous viennent, les coïncidences… il est le terreau de notre créativité.

Alors comment accéder à ce potentiel et tirer parti de cette richesse ? C’est à quoi tentent de répondre les auteurs de ce numéro : Swami Vivekananda nous donne une clé en nous expliquant les relations entre le samadhi, cet état

de parfait équilibre et d’unité, et l’éthique. Kamlesh Patel, dans le dernier volet de la série sur l’ashtanga yoga, nous explique les différents aspects de ce samadhi et les transformations de la conscience qui les accompagnent. Jamie Butler, en nous ouvrant au monde des vibrations, nous fait accéder à une nouvelle conscience du monde qui nous

entoure. Et Fabienne Verdier, dans une démarche similaire, cherche à percevoir le langage du silence et du vide. Vous aussi, lancez-vous dans cette exploration de la conscience, cette part de nous qui ne demande qu’à se révéler ! Guidés par ces auteurs inspirants, découvrez comment accéder à cet infini champ de possibles. Comme le dit l’un de nos auteurs, l’expansion de notre conscience est le reflet de notre évolution. La rédaction


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Le monde bouge

Convergence au pays des origines Une réunion des cœurs pour construire un futur humain.

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la pensée et l'action

focus

Empathie

Identité

Intégrer la vie spirituelle et matérielle, 1ère partie

Qui suis-je ?

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Intuition et synchronicité

Vibrations

Comment lâcher nos schémas de pensée restrictifs et nous ouvrir au monde subtil qui nous entoure et nous inspire.

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Leçons d'un monde divisé

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Confidences d'un chercheur

Kamlesh Patel évoque son parcours, sa quête de sens, sa découverte de Heartfulness et les richesses du voyage spirituel.

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Agir autrement

Le négociateur Heartfulness 8e partie

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l'interview Interview

Fabienne Verdier, 2e partie Le vide, le silence et le souffle.

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être inspiré ça change tout

La science de la spiritualité

Ashtanga Yoga Samyama, 4e partie

Changer de cap

Les défis des temps actuels Un ancien banquier témoigne de sa crise existentielle et de sa reconversion.

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Les mots qui nourrissent

Lire & grandir

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Kamlesh Patel nous parle du samadhi, l'aboutissement du yoga, cet état intérieur de pureté et d'équilibre qui représente la finalité de notre existence.

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Évoluer

Samadhi et supraconscience Swami Vivekananda décrit les liens entre le samadhi, la conscience et l'éthique.

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le goût de la vie Leçons du jardin

L'enseignement des mûres Même les mûres peuvent nous apprendre l'acceptation de ce qui est.

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Yogasanas Heartfulness

Série des Purna Titali asana La posture du papillon

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Le billet de Daaji

Le témoin

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quoi d'neuf ? 74


SUR LE TERRAIN Voici quelques extraits du récit de la Rév. DEBORAH MOLDOW, qui nous font découvrir la richesse et l'importance des événements organisés lors du rassemblement interconfessionnel de l'U DAY 2018, en Éthiopie.

U DAY ( Jour de l'Unité) est un festival international de musique qui promeut l'harmonie interculturelle, le dialogue interreligieux et l'unité spirituelle. Musiciens, artistes, visionnaires, activistes et représentants de diverses confessions se rassemblent pour célébrer notre humanité commune et présenter une vision optimiste de l'avenir. Le festival comprend aussi des ateliers et des activités culturelles célébrant l'unité fondamentale de la famille humaine. C'est un événement à but non lucratif, les artistes et les organisateurs sont tous bénévoles. Le premier U DAY a eu lieu en Thaïlande en décembre 2012, le deuxième en Éthiopie, le berceau de la civilisation, en février 2018. Les prochains se dérouleront en Inde en novembre 2019 et à Jérusalem en 2020. Unity Earth est une organisation qui a pour but de répandre l'idée de l'unité fondamentale de l'humanité. Elle met en place une grande variété d'activités, dont des festivals, des événements, des programmes d'éducation et de construction communautaire.

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our allumer le Feu mondial de l'Amour qui unit, il faut d'abord une puissante étincelle ! La flamme a été allumée en février 2018 en Éthiopie, terre des origines, par 65 ambassadeurs culturels, spirituels, religieux et musicaux venus du monde entier pour participer à la « Convergence du Feu ». Unity Earth, en partenariat avec l'United Religions Initiative, l'Inter-Religious Council of Ethiopia et la World Peace Prayer Society, avait rassemblé les représentants


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des peuples autochtones d'Australie, d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale, des moines bouddhistes de Thaïlande, des sikhs, des baha'is, des soufis, des hindous de l'Inde, des juifs, des chrétiens et des musulmans. Tous ont défendu l'unité, la paix et la compassion. La semaine mondiale de l'Harmonie interconfessionnelle s'est déroulée du 30 janvier au 7 février 2018. Les moments forts de ce festival de sept jours ont été la visite des sites sacrés de Lalibela et de Shashamané,

la cérémonie d'allumage du flambeau de la « Convergence du Feu » et un événement impressionnant organisé par l'Union africaine. Les rassemblements de l'U Day ont pour mission d'amener les participants à une harmonie pleine de joie grâce au dialogue interreligieux, à la compréhension mutuelle et au langage universel de la musique. Le groupe s'est rendu sur le site de Lalibela, qui appartient au patrimoine mondial de l'UNESCO, où l'ont chaleureusement accueilli les

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prêtres pour la célébration d'une émouvante cérémonie remontant à un très lointain passé. Le groupe a ensuite visité les extraordinaires églises du 13e siècle creusées dans la pierre, et prié dans cette atmosphère particulière imprégnée d'une foi profonde. M. Qumelachew Muluneh Taye, du Conseil interreligieux d'Éthiopie, a déclaré : « Vous avez véritablement marqué l'Histoire. C'est la première fois dans l'histoire de notre pays que de nombreuses organisations confessionnelles parlent ensemble

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le même langage, tout en se référant chacune à sa propre religion. » La cérémonie de la Convergence du Feu s'est tenue le 31 janvier à Lalibela, sur une colline à 2 500 mètres d'altitude, d'où l'on a pu voir à la fois une super lune, une lune bleue et une éclipse lunaire. Des chefs de nations autochtones, venus du Mexique, du Canada et d'Australie, se réunirent pour construire un feu sacré et diriger une cérémonie des Quatre Directions. Elle fut suivie par la Convergence du Feu, après quoi trois torches furent allumées : la Torche de la Compassion, utilisée dans le monde entier lors des Jeux de la Compassion ; la Torche de la Paix, qui a fait le tour du monde lors de la première Course de la Terre en 1986, en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance ; et la Lampe de l'Unité de Chiang Mai, Thaïlande, où l'U Day a eu lieu pour la première fois en 2012. L'événement de l'Union africaine, organisé en partenariat avec l'ambassadeur Mussie Hailu, directeur régional africain de l'Initiative des Religions Unies, fut animé par le président de l'Éthiopie, le Dr Mulatu Teshome, le patriarche de l'Église orthodoxe éthiopienne, par les dirigeants du Conseil interreligieux d'Éthiopie et d'autres dignitaires locaux, ainsi que par des délégués de l'U Day.

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Tous parlèrent d'une nécessaire harmonie entre les peuples de religions différentes et de l'importance de la règle d'or – le principe de réciprocité – pour renforcer les valeurs communes au-delà des clivages religieux. Le président Teshome rappela que la résolution de l'Assemblée Générale établissant la Semaine mondiale de l'harmonie interconfessionnelle reposait sur deux principes partagés par tous : l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Il souligna que « l'Éthiopie était une nation formée de communautés très diverses, bien connue pour être une terre de paix et de tolérance religieuse, avec un héritage millénaire de coexistence pacifique ». Les invités d'Unity Earth tinrent ensuite des discours reflétant leur grande diversité. Le « Keeper of the Flame Award », décerné par Unity Earth, fut attribué

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à Mussie Hailu pour sa contribution exceptionnelle dans les domaines du dialogue interconfessionnel, de la construction de la paix et de l'intégration sociale. Suivit une cérémonie où cinquante enfants éthiopiens portèrent les drapeaux de toutes les nations du monde, accompagnés par la prière « Que la paix règne sur la Terre ! » Cette belle et émouvante cérémonie se termina par un défilé des enfants et des délégués portant les drapeaux du continent africain, suivis par les représentants autochtones d'Unity Earth tenant le drapeau spécial des nations autochtones. Le 3 février, le concert U Nite réunissait des musiciens de différentes cultures nationales et traditions religieuses à la Villa Verde, à Addis Abeba. Le groupe Unity Earth célébra sa diversité avec différentes


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Ce voyage du cœur a démontré de façon incontestable que lorsque des gens de bonne volonté se rassemblent dans la joie et la conviction de leurs propres traditions religieuses et spirituelles, ils créent une « Convergence du Feu » – le Feu de l'Amour qui nous unit tous.

musiques de louange, avec un rabbin dansant, un soufi jouant du tambour, et tous les participants se rejoignant dans la joie de la musique. Les artistes participèrent également à une interview radiophonique d'une heure de la Ethiopia Broadcast Corporation en promotion du Festival U Day.

une école en construction. Tous se réunirent ensuite dans le Temple des Douze Tribus d'Israël, où une cérémonie d'« unification des tribus », conduite par des membres de diverses confessions, symbolisait le monde d'harmonie interreligieuse à venir, où chaque religion sera respectée et tous les peuples honorés.

Simultanément, une méditation mondiale en ligne, dirigée par le Dr David Nicol du Réseau Gaiafield (http://udayfestival.org/convergence-of-fire) invitaient les hommes et les femmes de bonne volonté de toute la planète à contribuer à « allumer » le flambeau mondial de l'Amour avec leurs prières collectives pour la guérison de la planète. Ce flambeau, destiné à porter l'énergie spirituelle de nombreuses initiatives mondiales de guérison, représente des millions d'êtres humains et sera allumé lors des festivals organisés pour l'U Day de 2022.

Le soir du 6 février, un concert Earthstrong eut lieu en plein air, organisé dans le but de collecter des fonds, puis les délégués retournèrent à Addis-Abeba, telle une communauté unie dans un amour qui transcendait leur profond engagement envers leurs propres religions, traditions et voies spirituelles.

L'apothéose du festival fut un voyage vers le sud jusqu'à Shashamané, le territoire initialement réservé par l'empereur Haïlé Sélassié aux membres de la communauté religieuse Rastafari qui a donné au monde la musique reggae jamaïcaine. Après avoir accueilli les délégués, les autorités de Shashamané leur firent visiter des projets de développement de la communauté, parmi lesquels

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Ce voyage du cœur a démontré de façon incontestable que lorsque des gens de bonne volonté se rassemblent dans la joie et la conviction de leurs propres traditions religieuses et spirituelles, ils créent la « Convergence du Feu » – le Feu de l'Amour qui nous unit tous.

Unity Earth poursuivra ses efforts pour rassembler les gens dans une glorieuse diversité par la foi et la musique dans ses prochains festivals U Day en Inde et à Jérusalem, ainsi que grâce à la caravane « Road to 2020 » qui circulera à travers les États-Unis pour culminer dans un grand concert à New York, le 21 septembre 2020, Journée internationale de la paix.

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Ce monde, cet univers que nos sens perçoivent, ou que notre mental pense, n'est pour ainsi dire qu'un seul atome de l'Infini projeté sur le plan de la conscience ; et c'est dans cette limite étroite, définie par le réseau de la conscience, que fonctionne notre raison, et non au-delà. Il doit donc exister un autre instrument pour nous amener au-delà, et cet instrument se nomme l'inspiration. Swami Vivekananda



? Se connaître soi-même, c'est un sujet auquel la psychologie et la philosophie ont toujours porté un grand intérêt. VICTOR KANNAN évoque cette question qui nous fascine depuis la nuit des temps et partage ses connaissances acquises par l'introspection.

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a question « qui suis-je ? » englobe toutes les dimensions de l'existence, qu'elles soient temporelles ou spirituelles, y compris la quête de qui nous pourrions ou devrions être. Un simple exercice introspectif de dix minutes nous permet de trouver des réponses qui révèlent nos rôles, notre caractère, nos réalisations, nos relations, et finalement notre potentiel. Mel Schwartz, auteur du blog « A shift of Mind » (Changement de mentalité), écrit dans Psychology Today : « L'univers existe apparemment à l'état de potentiel fluide. Or il est essentiel de comprendre que nous faisons partie de cet univers, car notre but est d'accéder à ce potentiel, en conservant les aspects de notre identité qui nous sont utiles et en nous débarrassant de ceux qui nous limitent. Ce processus, appelé désintégration positive, nous permet de trouver un équilibre entre les extrêmes […] et de développer une relation à soi qui stimule notre évolution personnelle. »1 Swami Brahmavidananda, philosophe indien, fait ce commentaire au sujet de la Bhagavad Gita : « La quête identitaire n'a rien de nouveau, elle est aussi ancienne que le genre humain. Chacun ressent instinctivement qu'il est plus que ce qu'il croyait être. Ainsi, « qui suis-je ? » est la question fondamentale entre toutes. Si vous comprenez cela, vous avez la réponse à tout ce que contient le Vedanta. »2 Il y a des années, j'ai exploré Dieu comme un principe plutôt que comme une entité désignée : qu'est-ce que Dieu, au lieu de qui est Dieu ? Tout au long de l'histoire, des saints et des philosophes de toutes cultures ont 1 2

Je suis la manifestation de ce sur quoi je fixe mon attention, laquelle est soutenue par mon intention. tenté de définir Dieu de diverses façons. La philosophie hindoue compte une large gamme de définitions qu'elle classifie en deux catégories. Celles qui répondent à « qui est Dieu ? » assignent des formes et des attributs à Dieu, et correspondent à akar (apparence, multitude) ; celles qui répondent à « qu'est-ce que Dieu ? » ne lui assignent aucune forme ou attribut, et correspondent à nirakar (sans forme). La première question nous limite donc à akar, tandis que la seconde nous mène à nirakar. La question commençant par « qui » (est Dieu) oblige ainsi à lui donner une forme et un nom. Et c'est ce que nous, les êtres humains, faisons en le désignant par un nom créé par l'homme. Je trouve donc qu'il y a plus de sens à considérer Dieu comme un principe, appartenant à nirakar – et la bonne question serait alors « qu'est-ce que Dieu ? », et non « qui est Dieu ? ». Appliquée aux êtres humains, la question à poser devient alors « que suis-je ? » au lieu de « qui suis-je ? »

https://www.psychologytoday.com/blog/shift-mind/201006/who-am-i https://bhagavadgitablog1.wordpress.com/2013/09/05/chapter-2-sankhya-yogah-topic-of-knowledge/

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Id e nt i té

ALORS, QUE SUIS-JE ? Selon Schwartz, je suis un potentiel. Ce potentiel est-il une force déterminante et, jusqu'à ce que je le comprenne et l'atteigne, vais-je changer en permanence ? En d'autres termes : est-ce que « qui je suis » continuera de changer jusqu'à ce qu'il soit synonyme de « ce que je suis » ? En réfléchissant à ces questions, quelque chose en moi s'est ouvert et j'ai eu cette très simple révélation : je suis la manifestation de ce sur quoi je fixe mon attention, laquelle est soutenue par mon intention. Ainsi, « je suis » en anglais, I AM, correspond à l'Intention, qui conduit à l'Attention, qui conduit à la Manifestation.

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COMMENT FORMONS-NOUS NOS INTENTIONS ? Une intention est un état mental, c'est un engagement à réaliser une ou plusieurs actions dans le futur. Elle implique des activités telles que la planification ou la prévision. L'intention est en constante évolution, car elle émerge des profondeurs de notre conscience, d'un espace intérieur qui sans cesse évolue et se transforme – un espace dynamique. La conscience est le résultat de l'interaction de l'ensemble cœur-cerveau-mental avec l'environnement, et de la manière dont nous traitons cette interaction. Et la façon unique dont chacun de nous traite cette interaction dépend des caractéristiques particulières de notre conscience à chaque instant. Une intention peut être positive ou négative, choisie à un certain moment ou inhérente à notre nature. Mais

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dans le créneau de notre existence où peuvent intervenir notre volonté et notre détermination, nous pouvons nous employer activement à acquérir des intentions soit positives soit négatives. La vie est une école, où nous pouvons apprendre à changer nos intentions, en nous fondant sur leurs manifestations passées et sur leurs conséquences. Si nous sommes nés avec des intention positives, nous pouvons les développer. Si nous sommes nés avec des intentions négatives, nous pouvons les changer. Que nos intentions soient claires et conscientes, ou automatiques et inconscientes, nous changeons constamment, tout comme ce que nous manifestons. Dès lors « qui je suis » ne cesse lui aussi de changer. Cet état devient stable lorsque je suis « ce que je dois être », c'est-à-dire un individu unifié, pleinement intégré et équilibré : ma vie intérieure et ce que je manifeste concordent. Ce que je veux dire, ce que je dis et ma façon d'agir s'harmonisent dans ma personnalité.

COMMENT L'ÉQUATION « I AM » PEUT-ELLE NOUS AIDER À ATTEINDRE NOTRE PLEIN POTENTIEL ? Une chose que nous pouvons faire est de cultiver des intentions positives. Cela nous amène à considérer la partie « attention » de l'équation. L'attention est un processus cognitif qui consiste à observer, réfléchir, apprendre, puis agir pour manifester plus clairement une intention. Il s'agit d'une compétence qui, lorsqu'elle se développe en habitude, devient un processus dynamique et continu de transformation. Lorsque nous manifestons notre intention par le biais de l'attention et de l'action, cela produit des résultats dans nos vies. Qu'ils soient bons ou mauvais, pénibles ou agréables, ils déclenchent

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QUI JE SUIS

I A M

CE QUE JE SUIS CONSÉQUENCES

APPRENTISSAGE

ÉVOLUTION ET TRANSFORMATION DE LA CONSCIENCE JUSQU'AU POTENTIEL ULTIME

L'attention est un processus cognitif qui consiste à observer, réfléchir, apprendre, puis agir pour manifester plus clairement une intention. Il s'agit d'une compétence qui, lorsqu'elle se développe en habitude, devient un processus dynamique et continu de transformation.

une réaction qui influencera notre conscience. Ce sera le terreau d'où émergera l'intention suivante. L'intention, l'attention, la manifestation, leurs conséquences et ce que nous en apprenons contribuent ainsi à transformer la conscience. Comme l'intention émerge de notre conscience, la pureté de celle-ci détermine le type d'intention que nous aurons, ainsi que la nature de la manifestation qui en sortira. Qui je suis est donc en grande partie déterminé par mon niveau de conscience.3 Parfois nous ne sommes pas capables d'atteindre les objectifs de développement personnel que nous nous étions fixés. Nous rencontrons des obstacles qui sont les manifestations d'intentions et de circonstances antérieures que nous avons nous-même créées. Ce mélange complexe de toutes les intentions, attentions et manifestations antérieures constitue l'état dans lequel nous vivons et que nous devons transcender. Chacun de nous peut faire ce pas, en dépassant son ancien soi, en aménageant des conditions différentes et en créant de nouvelles intentions qui, grâce à une attention positive, se manifesteront dans un nouveau soi.

pureté évoqué par Schwartz dans « A Shift of Mind », l'intention, l'attention et la manifestation sont également stables. Quand nous atteignons et concrétisons cet état d'esprit et de sensation – ce niveau de conscience et d'intuition, d'intelligence et de sagesse, de confiance et d'humilité – nous sommes dans un état d'équilibre parfait. Ce potentiel représente ainsi « ce que je dois être ». Je peux dire alors « je suis cela » ou « Tu es cela ».

Si nous n'aimons pas qui nous sommes, ce que nous sommes, nous pouvons le changer, car notre potentiel est tout simplement impressionnant. C'est là que se trouve une grande opportunité de transformation. Lorsqu'en évoluant nous parvenons au niveau de stabilité et de

L'évolution de la conscience est un énorme sujet en soi, traité de façon très complète par Kamlesh Patel dans de précédents numéros de notre magazine. 3

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Vibrations Guérisseuse et médium, JAMIE BUTLER a fondé The Lighter Side Network il y a plus d'un an. Dans cette interview, elle se confie à EMMA IVATURI et nous parle de conscience, de croyances, de blocages, d'intuition et de synchronicité.

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Pouvez-vous nous expliquer la façon dont le cerveau capte et filtre les innombrables vibrations dans lesquelles nous baignons en permanence ? Notre cerveau n'est pas seulement un organe qui gère des neurones et envoie des messages dans tout le corps. C'est aussi un excellent émetteur-récepteur, un peu comme un poste de radio. En fait, bon nombre de nos pensées ne viennent pas de nous mais de cette aptitude à capter les vibrations énergétiques autour de nous. C'est d'ailleurs à cette aptitude que notre cerveau doit d'être facilement submergé d'informations. Au quotidien, notre capacité à nous concentrer sur ce qui nous intéresse dépend de la façon dont nous éliminons les vibrations inopportunes. Mais nous attirons aussi tout ce dont nous ne voulons pas, quand nous passons notre temps à nous inquiéter, à craindre le pire et à nous considérer comme des victimes. Notre champ d'énergie entre en résonance avec ce sur quoi nous nous focalisons. Les choses semblables s'attirent.

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Supposons que vous vouliez la jouer modeste et atténuer délibérément votre magnifique charisme pour mettre quelqu'un d'autre en lumière. Vous envoyez ainsi un message qui attire toutes les énergies environnantes correspondant à votre version « diminuée », même si ce n'est pas votre vraie nature. Ces énergies peuvent émaner de personnes, de conversations, de ce qui s'est passé dans la pièce, de plantes ou d'animaux. Vous captez le type d'énergie que vous émettez. On voit bien le cercle vicieux qui peut en résulter ! Cela fonctionne aussi dans l'autre sens : imaginez que vous fassiez semblant d'être très sûr de vous pour obtenir une promotion ou impressionner votre amoureuse. Vous adoptez une posture et un langage pleins d'assurance, et votre champ énergétique se met au diapason, il vibre de confiance en luimême. Toute l'énergie d'inquiétude présente dans la pièce aura peu de chances d'entrer en résonance avec vous, vous ne la capterez donc pas. Je préfère le deuxième exemple : rien qu'en le lisant, je me sens mieux et mon énergie s'accroît. Cependant,


Int u i t i o n et sy n c h ro n i c i tĂŠ

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Au cours des dizaines d'années que j'ai consacrées au travail sur l'énergie lumineuse subtile, j'ai compris que ces techniques ne fonctionnent que si nous y croyons. Il est temps d'apprendre à nous dégager des schémas de pensée qui nous retiennent prisonniers.

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Int u i t i o n et sy n c h ro n i c i té

j'ai mon libre arbitre et la possibilité de modifier ce sentiment sur-le-champ : je n'ai qu'à penser à toutes les situations difficiles dans ma vie et mon travail. Dès que je commence à me concentrer sur ce qui va « mal », je vibre avec les choses qui vont « mal » – je mets « mal » entre guillemets parce que je ne crois pas que les choses aillent bien ou mal, mais c'est ainsi que nous nous exprimons. Pour filtrer les vibrations et attirer celles qui favorisent notre croissance, nous devons prendre conscience de notre propre énergie, être attentifs à nos intentions, nos émotions, nos pensées, notre imaginaire. Qu'est-ce qu'ils expriment ? Qu'est-ce qu'ils attirent ? Cette simple démarche nous permet d'entrevoir le monde lumineux subtil qui nous entoure et qui nous offre constamment des informations pour améliorer nos vies.

Nous ne sommes conscients que d'une petite portion de ce que nous captons. Comment pouvons-nous ouvrir notre conscience pour intégrer des informations perçues moins clairement ? Vouloir élargir notre conscience implique d'abord de comprendre qui nous croyons être. Dans notre existence actuelle, notre corps est notre instrument, et ce sont nos systèmes de croyance qui règlent cet instrument, en élargissant ou en rétrécissant sa portée. Si nous voulons y voir plus clair, il nous faut entrer dans les zones grises et renoncer aux dichotomies noir-blanc, bien-mal, ainsi qu'aux systèmes de croyance que nous avons intégrés et qui ne nous aident pas à avancer dans la vie. Au cours des dizaines d'années que j'ai consacrées au travail sur l'énergie lumineuse subtile, j'ai compris que ces techniques ne fonctionnent que si nous y croyons. Il est temps d'apprendre à nous dégager des schémas de pensée qui nous retiennent prisonniers. La prochaine fois que vous vous sentirez bloqué, essayez ceci :

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Centrez votre énergie dans un espace neutre. Vous pouvez le faire en respirant calmement pendant quelques minutes.

Imaginez que vous n'avez absolument aucune limitation. Sérieusement ! Utilisez l'incroyable imagination qui est la vôtre. L'imagination et l'intuition sont colocataires : elles partagent le même espace. Quand vous donnez libre cours à votre imagination, vous créez plus d'espace pour votre intuition. Et quand vous réussissez à imaginer que tout est possible, vous ouvrez votre champ de conscience à de nouvelles vérités.

Les mantras peuvent vous aider à centrer votre attention et à laisser entrer d'autres énergies dans votre champ énergétique, pour créer les changements que vous recherchez.

J'utilise le mantra suivant : respiration profonde, nouvelle information, changement de perspective.

En voici un autre : pour rester constant, je dois constamment changer.

À partir de cet espace intérieur, passez en revue les images et les messages que vous recevez. Disciplinez le singe qu'est votre mental pour qu'il reste dans le « gris » et ne réagisse pas aux images et aux messages. Prenez du papier et un crayon, et notez ce qui vous vient.

Une fois que vous avez fini d'écrire, allez marcher. Si possible, faites-le dans la nature et laissez-la apaiser votre esprit, tout en gardant le contact avec le flux des idées qui élargissent votre compréhension et renforcent votre connexion et votre énergie. Lorsque vous activez votre corps par le mouvement, vous aidez ces énergies à fusionner avec vos découvertes et vos nouveaux systèmes de croyance.

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Intuit i o n et sy n c h ro n i c i té

Quand la vie vous confronte au chaos, à des blocages d'énergie, à l'impression d'être coincé, ou de vous heurter à un mur ou à tout ce qui vous est insupportable, tournez-vous vers l'intérieur, faites appel à l'acceptation, à la bonté et à l'abandon, et voyez où cela vous conduit. Je suis sûre que cette nouvelle perspective vous aidera, et que vous découvrirez les mille façons dont le monde qui vous entoure vous apporte son soutien.

Quand vous sentez que l'expérience arrive à son terme, écrivez vos découvertes. Notez bien les mots-clés qui vous reconnecteront aux prises de conscience que vous venez de faire. Relisez souvent vos notes. Cela vous aidera à intégrer ces expériences, au lieu qu'elles restent des moments fugaces.

et de la souffrance, lorsqu'on a appris à leur accorder de la valeur et qu'il est temps de grandir et de passer à une autre étape. Venons-en donc à l'acceptation, la bienveillance et l'abandon, et voyons comment ces trois attitudes peuvent modifier nos idéaux culturels et faciliter notre progression vers plus de clarté.

Il nous arrive de mal interpréter les douleurs de croissance qui surviennent lorsque nous sortons de notre état présent pour être propulsés au niveau d'évolution suivant. Nous ne sommes pas toujours au clair sur ce que nous avons à faire, et il nous faut parfois un acte de foi pour lâcher prise et nous abandonner à notre destination. Comment combler l'écart entre ces étapes de vie ? L'acceptation et le lâcher-prise, ainsi que la bienveillance, sont les clés du passage d'une étape à l'autre. Chaque nouvelle phase nous oblige à changer nos croyances. Ce passage peut être très pénible, tant pour l'ego que pour le cœur. En 27 ans de pratique de la médiumnité, j'ai constaté que nous sommes culturellement très attachés à certains idéaux, tels que l'acquisition de connaissances, la loyauté et la politesse. Le renoncement à ces idéaux peut générer en soi de la honte, des conflits intérieurs

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He ar tf u ln ess

Alors que, dès notre plus jeune âge, on nous a inculqué l'acceptation, nous transcendons ce principe de loyauté pour prendre soin de nous-mêmes. Nous transcendons le besoin d'acquérir des connaissances en trouvant le bonheur dans l'inconnaissance. Nous transcendons la politesse en accédant à l'authenticité.

Quand nous faisons preuve de bienveillance envers nous-mêmes, nous découvrons que la loyauté est en fait une expression de l'amour et non pas une exigence ; qu'acquérir des connaissances provient de la curiosité, et que la politesse et la courtoisie répondent au désir d'instaurer la paix.

Quand nous lâchons prise, nous trouvons notre vérité. L'abandon nous permet d'accepter non seulement les issues possibles, mais aussi celles qui sont impossibles et qui pourtant existent bel et bien. Cela nous permet de


nous affranchir de la loyauté liée à la culpabilité, aux regrets ou à la peur, et de rompre les engagements qui nous pèsent. Cela nous permet également de voir que la politesse authentique se fonde sur l'honnêteté et non sur les compliments. En lâchant prise, nous cessons de comparer et d'évaluer tous nos faits et gestes, pour comprendre enfin qui nous sommes, en nous laissant guider par notre lumière intérieure. Quand la vie vous confronte au chaos, à des blocages d'énergie, à l'impression d'être coincé, ou de vous heurter à un mur ou à tout ce qui vous est insupportable, tournez-vous vers l'intérieur, faites appel à l'acceptation, à la bonté et à l'abandon, et voyez où cela vous conduit. Je suis sûre que cette nouvelle perspective vous aidera, et que vous découvrirez les mille façons dont le monde qui vous entoure vous apporte son soutien.

Pouvez-vous nous parler des énergies que nous recevons des autres, et de ce qu'elles provoquent en nous ? Quand nous entrons en communication avec une personne, nous le faisons tout naturellement avec empathie. Cela nous aide à la comprendre. Notre énergie reproduit les vibrations énergétiques de l'autre et notre champ énergétique adopte la même configuration que la sienne, et parfois la conserve après la fin de l'échange. Nous pouvons même adopter son énergie. Au fil de mes années de travail comme médium et comme guérisseuse, j'ai constaté à quel point nous sommes des êtres émotionnels. Notre première et principale aptitude consiste à ressentir des émotions : le reste de la vie en découle. Une fois que nous nous sommes reconnus en tant qu'êtres émotionnels, nous commençons à évaluer la quantité d'énergie nécessaire pour gérer nos émotions. Tout ce que nous faisons,

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pensons et ressentons est dynamisé par notre énergie. Notre système de chakras – nos routes et autoroutes énergétiques – détient toutes les vibrations énergétiques possibles, et l'usage que nous faisons de nos émotions détermine les réponses de nos chakras. Sachant que nous avons cette extraordinaire capacité de nous connecter à ce que les autres ressentent, on comprend mieux pourquoi il nous est si naturel d'éprouver de l'empathie. L' empathie est donc un outil puissant, mais parfois mal utilisé. Quand nous captons ce qu'une personne

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éprouve, nous prenons souvent ses ressentis pour les nôtres. Notre mental n'est pas entraîné à se demander : « Ce ressenti est-il le mien ? », nous croyons ainsi que tout ce que nous ressentons vient de nous. De façon générale, je ne pense pas qu'il y ait des règles fixes sur le genre de travail que nous devons faire pour évoluer. Personne d'autre que vous ne peut juger vos accomplissements. La vie est une expérience très personnelle, et vous seul pouvez décider de ce que vous devez faire pour atteindre les buts que vous vous êtes

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Int u i t i o n et sy n c h ro n i c i té

fixés. Notre seul dénominateur commun est sans doute notre aptitude à ressentir des émotions et à répondre à nos besoins.

Comment cultiver une façon plus naturelle d'être en phase avec notre intuition ? Commencez par développer la confiance en votre intuition avec ces petits exercices :

expérience. Prenez un peu de recul, respirez et posez-vous des questions oui-non très simples sur ce que vous vivez.

NE FAITES PAS D'EFFORTS Votre intuition n'a pas besoin de vous. Dès que vous faites entendre votre voix, c'est que vous tentez de contrôler, de comparer, d'évaluer ou de mesurer votre intuition, comme s'il s'agissait d'un processus logique. Quand vous lâchez prise et ne faites pas d'efforts pour obtenir des réponses ou des intuitions, le niveau de précision de celles-ci augmente.

LES VRAIS OUI ET NON Prenez le temps d'observer comment vos cinq sens réagissent aux mots « oui » et « non ». Quels sont les couleurs, les sentiments, les lieux, les sensations, les goûts, les sons – entre autres – que ces deux mots évoquent pour vous ? Vous pouvez utiliser de simples questions oui-non pour inciter votre intuition à participer à la myriade de décisions que vous prenez chaque jour.

DE LA DOCUMENTATION, PLEASE ! Écrivez toutes les intuitions qui vous sont venues au cours de la journée, même si elles vous paraissent insignifiantes. Le soir, cochez celles qui se sont révélées exactes. Vous devrez peut-être attendre un jour, voire une semaine, avant de recevoir une confirmation. Le fait que ce soit consigné par écrit fournit à votre cerveau quelque chose de structuré.

LES ASSOCIATIONS DE MOTS Prêtez attention aux mots que vous utilisez. En général, nous cherchons à exprimer nos intuitions, mais notre langage ne possède pas les mots qui pourraient les traduire. Des termes comme « chance », « coïncidence » ou « idée brillante » sont tous des indicateurs de l'intuition. Faites confiance à ces informations dont vous ignorez l'origine, c'est là une approche très intuitive !

Comment les synchronicités nous indiquent-elles la voie à suivre ? Quelles sont vos propres expériences dans ce domaine ? Les synchronicités apparaissent dans notre vie quand nous acceptons de nous aligner sur notre vérité, c'est-àdire quand nous sommes « dans le courant ». Pour moi, les synchronicités ne sont pas des panneaux indicateurs nous incitant à changer de direction, mais de subtils rappels pour garder le cap. Elles m'ont aidée à créer mes entreprises, surtout The Lighter Side Network. Je n'avais pas le projet de créer un réseau en ligne, mais l'univers ne cessait de mettre sur ma route des personnes qui stimulaient ma créativité. Une fois que j'en ai pris conscience, j'ai commencé à voir clairement mon chemin. Ce réseau a maintenant plus d'un an et il est en pleine croissance. Les contributeurs de tous horizons qui y participent l'enrichissent de leurs expériences et de l'approche qu'ils ont développée pour nous encourager à ouvrir notre conscience et mieux vivre notre quotidien.

LE TEST DE CONFIANCE Plus vous vous fiez à votre intuition, plus elle se renforce. Faites de votre intuition un espace dont le doute est exclu ! Quand vous doutez, c'est que vous n'êtes pas connecté, et que vous ne faites pas confiance à votre

Pour en savoir plus www.jamiebutlermedium.com www.thelightersidenetwork.com www.withloveandlight.com

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La pensée et l'action

Être conscient signifie « avoir conscience de son monde intérieur et extérieur ; être mentalement perceptif, éveillé, alerte ». Ainsi, « l'activité consciente » peut signifier se consacrer à une occupation, exercer un métier ou accomplir une tâche de façon consciente et présente. Ken Wilber



Il est temps que nous nous respections les uns les autres, que nous nous considérions tous comme frères et sœurs, et que nous réalisions que chaque homme, chaque femme, chaque enfant a quelque chose à nous apprendre. IL EST TEMPS D'AGIR PLUS GRAND, DE PENSER PLUS GRAND, D'ÊTRE PLUS GRAND !


Em pa t h i e

L EÇO N S D 'U N MONDE DI VI SÉ

l'empathie

CHRIS MEHALOVICH réfléchit à quelques exemples d'empathie et de gratitude vécus dans sa vie quotidienne, et nous met tous au défi d'être plus empathiques.

L

'autre jour, dans un grand magasin, j'ai remarqué un garçon d'environ huit ans : il avait les jambes appareillées et marchait avec une canne ; il souriait en parlant avec sa mère et semblait très heureux. Le sentiment qui me vint immédiatement fut de l'empathie à son égard, puis de la gratitude pour la vie privilégiée qui est la mienne. Ce jeune garçon était frappé par ce qui pour la plupart des gens serait une terrible épreuve, pourtant ça ne lui avait pas enlevé son sourire. Ce qu'il enseignera de son vivant, c'est ce que la plupart d'entre nous rêvent de pouvoir faire. Les personnes qu'il croisera sur son chemin ressentiront immédiatement de l'empathie et recevront une fantastique leçon d'amour, d'humilité et de gratitude. Ses ondes positives toucheront des milliers de gens tout au long de sa vie. Que Dieu le bénisse !

Cette leçon d'une grande portée est facile à discerner et à ressentir. Mais d'autres leçons moins évidentes nous sont proposées quotidiennement ; il suffit d'enlever nos œillères pour les voir. Chaque nouvelle rapportée par les médias nous incite à l'empathie, mais il nous faut approfondir notre regard, car ces nouvelles pour la plupart sont souvent violentes, présentées sous un jour sensationnel et nous laissent déprimés. On n'y trouve rien de positif, pas de solution, seulement une lourde négativité. Mais si nous regardions les choses de plus haut, tout cela nous apparaîtrait comme une magistrale leçon d'empathie. Et si j'avais un proche parent dans les forces armées qui avait fait la guerre, vu ses amis se faire blesser ou tuer, et était rentré chez lui avec des troubles mentaux dus au stress post-traumatique ? Ou encore si un

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ami ou un membre de ma famille était ridiculisé, battu ou tué par un policier, pour la seule raison de ne pas avoir la même couleur de peau ? Il est temps que nous apprenions à nous mettre à la place des autres, de tous les autres. Chacun de nous a une vision différente de la vie selon ses expériences passées, son éducation, son mode de vie, sa formation et son lieu de naissance. Il est temps que nous nous respections les uns les autres, que nous nous considérions tous comme frères et sœurs, et que nous réalisions que chaque homme, chaque femme, chaque enfant a quelque chose à nous apprendre. Il est temps d'agir plus grand, de penser plus grand, d'être plus grand !

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Intégrer la vie spirituelle et la vie matérielle 1 è re par tie

Spirit Matters Podcast est un site très populaire qui diffuse une grande variété d'entretiens sur la spiritualité contemporaine. Voici une interview que ses présentateurs, DENNIS RAIMONDI et PHILIP GOLDBERG, ont menée avec KAMLESH PATEL le 1er juillet dernier, à propos de sa vie, de la spiritualité et de son nouveau livre, The Heartfulness Way. Nous présentons ici des extraits de l'interview. La version complète est disponible sur le site de Spirit Matters Podcast à l'adresse http://spiritmatterstalk.com/daaji. 26

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en spiritualité. Il est passé de son travail de pharmacien à celui de chercheur et enseignant spirituel, et nous sommes ravis de nous entretenir avec lui aujourd'hui. Daaji, merci beaucoup d'avoir pris le temps de participer à cette émission, j'en profite pour mentionner votre dernier livre, The Heartfulness Way. PG Bienvenue Daaji. Des amis communs nous ont parlé de vous et de votre parcours intéressant. Si vous en disiez quelques mots à nos auditeurs avant que nous parlions de votre nouveau livre et de la méditation Heartfulness ? Racontez-nous comment vous êtes arrivé à l'enseignement de la méditation. Vous êtes né en Inde, avez vécu en Amérique et vous êtes pharmacien de métier. Racontez-nous votre histoire.

DR Ici Dennis Raimondi et mon co-animateur Philip Goldberg, auteur de The Life and Times of Yogananda. Nous accueillons notre invité du jour qui se trouve en Inde, Kamlesh Patel, également connu sous le nom de Daaji. Il enseigne la méditation Heartfulness à partir de son expérience personnelle, étant lui-même un fervent étudiant

DAAJI Eh bien, comme vous l'avez dit, je suis né en Inde. J'ai commencé mes études dans mon pays, puis je les ai continuées aux ÉtatsUnis et j'ai obtenu l'autorisation de pratiquer la pharmacie dans l'État de New York et en Californie. J'ai commencé ma carrière à Brooklyn, et avec le temps, en plus de 30 ans, j'ai dû ouvrir près d'une vingtaine de pharmacies. Ma quête spirituelle a démarré il y a bien longtemps. Nous ne savons pas quand cela commence vraiment, mais disons qu'officiellement mon chemin a débuté en 1976, sous la conduite d'une personne du nom de Ram Chandra. C'est là qu'a véritablement commencé mon voyage spirituel et je l'ai poursuivi

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Je m'engage pleinement envers ceux qui désirent voyager avec nous et partager ce que nous expérimentons. Heartfulness est ouvert à tout chercheur spirituel : s'il est prêt à méditer, c'est la voie qui lui convient. Et la chose la plus extraordinaire qu'on puisse expérimenter avec cette approche de la méditation, c'est la pranahuti ou transmission, qui en est une caractéristique unique.

après mon arrivée aux États-Unis en 1981. J'ai accordé la même importance à ma pratique spirituelle et au monde des affaires. Les deux étaient entremêlés, et c'est ainsi que cela devrait être. La nature nous a créés avec un but à poursuivre, pas pour fuir la réalité. J'ai donc pris les deux choses comme un défi – les affaires aussi bien que le monde spirituel – et je me suis efforcé

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Confide n c es d ' u n c h e rc h e u r

de faire de mon mieux dans chacun de ces domaines. Voilà donc qui je suis – encore et toujours un chercheur spirituel. Dans cette voie, je m'engage pleinement envers ceux qui désirent voyager avec nous et partager ce que nous expérimentons. Heartfulness est ouvert à tout chercheur spirituel : s'il est prêt à méditer, c'est la voie qui lui convient. Et la chose la plus extraordinaire qu'on expérimente avec cette approche de la méditation, c'est la pranahuti ou transmission, qui en est une caractéristique unique. Phil, j'ai entendu parler de vous par un ami et par une autre personne qui m'a transmis quelques-unes de vos vidéos. En vous écoutant, je suis frappé par vos références directes et indirectes à Yogananda. Je suis très heureux que vous ayez rencontré la méditation. DR Daaji, je me pose une question. Vous étiez de toute évidence un bon étudiant et un homme d'affaires accompli. Vous avez fait des études de pharmacie – c'est de la science – et vous avez eu beaucoup de succès dans vos entreprises. Cela vous a-t-il surpris, cela a-t-il surpris votre famille quand vous avez décidé de quitter les affaires pour l'enseignement spirituel ? Y a-t-il eu un événement déclencheur dans votre vie ? DAAJI Pas vraiment. Ma famille n'a pas été surprise, parce que mon

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entreprise a continué à fonctionner en parallèle. Et si aujourd'hui je forme les gens à partir d'un autre niveau, pendant que j'étais en activité, j'enseignais aussi la méditation. Par exemple, quand un patient venait me voir pour des médicaments, on bavardait. J'encourageais tout le monde à méditer. J'avais un panneau « Apprenez à méditer » à l'extérieur de ma pharmacie, et même avant d'occuper ma fonction actuelle, j'enseignais la méditation à ceux qui étaient intéressés. Souvent, je fermais la pharmacie pour méditer avec ceux qui le désiraient. C'est ainsi que ça se passait. Donc personne n'a été surpris lorsque cette responsabilité plus importante m'a été confiée, parce que nous ne dissocions pas la vie de famille et la vie spirituelle – elles vont de pair. PG Quand j'ai grandi à Brooklyn, il n'y avait pas de pharmacies avec des panneaux de méditation à l'extérieur ! Aujourd'hui, la plupart de nos auditeurs connaissent la méditation, voire méditent depuis longtemps sous une forme ou sous une autre. Ils seront donc curieux de savoir ce qui différencie la méthode Heartfulness. Pouvez-vous nous en dire plus ? DAAJI Bien sûr. Notre technique de méditation n'est pas très différente des autres, nous nous asseyons, fermons les yeux et nous absorbons dans la lumière du cœur. Mais ce qui distingue notre méthode est la pranahuti. C'est un mot sanskrit qui se traduit approximativement par

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Vous pouvez très bien fermer les yeux et méditer sans transmission yogique. Mais au moment où je transmets, vous sentez instantanément l'effet sur votre méditation. En une demi-heure vous découvrez que méditer avec ou sans transmission, ce sont deux choses bien différentes.

« transmission yogique ». Celle-ci s'écoule d'un cœur vers un autre, avec une intention, un sankalpa, une détermination. Vous pouvez très bien fermer les yeux et méditer sans transmission yogique. Mais au moment où je transmets, vous sentez instantanément l'effet sur votre méditation. En une demi-heure vous découvrez que méditer avec ou sans transmission, ce sont deux choses bien différentes.


Con fi d e n c es d ' u n c h e rc h e u r

Cette technique de transmission n'est pas une invention, elle était déjà connue en Inde il y a près de 10 000 ans. Le premier guide de notre système, Ram Chandra, qui est né en 1873 dans le nord de l'Inde, en a pris connaissance en quelque sorte dans un état de supraconscience, et il a pensé : « Mais c'est très simple ! Je peux le faire ! » Il a donc commencé à offrir son enseignement aux gens des environs et la nouvelle s'est peu à peu répandue : « Cet homme a vraiment des pouvoirs yogiques remarquables ! Grâce à cette pranahuti il est capable de mettre instantanément les gens en samadhi. » Et son nom s'est diffusé peu à peu dans toute sa province. Puis celui qui lui a succédé – il s'appelait également Ram Chandra – a fait connaître cette méthode dans le monde entier. Son successeur a poursuivi ce développement et la tradition se perpétue. Il n'y a pas eu de changement notable depuis les origines, on continue d'offrir la méditation de la même façon, avec la transmission. Bien sûr, il y a maintenant d'autres moyens de la proposer. Auparavant, on était initié individuellement. Aujourd'hui nous n'avons plus le temps d'initier une personne à la fois, et lorsque je me rends par exemple dans une université où des milliers de personnes attendent d'être initiées à la méditation, je ne peux pas passer une demi-heure avec chacune. Cela se fait donc pour toutes en même temps. Le monde est aussi devenu

À l'ashram, les gens viennent nombreux. Il n'y a pas beaucoup de discours, c'est surtout une expérience spirituelle que nous partageons. Nous sommes tous assis les yeux fermés, je transmets, nous méditons ensemble et nous voyons et ressentons la différence, les effets de la transmission, et ce processus nous transforme.

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Confide n c es d ' u n c h e rc h e u r

plus petit : si quelqu'un dans un coin perdu du Canada s'intéresse à la méditation et qu'il n'y a pas de formateur sur place, il utilise une petite appli ou prend contact par mail ou internet avec un formateur Heartfulness, et il est initié à distance. On ressent aussi la transmission de cette façon. DR À combien de personnes par mois enseignez-vous généralement ? DAAJI Eh bien, nous avons actuellement plus d'un million de chercheurs dans le monde. Personnellement, je forme environ 5000 personnes par semaine. DR Impressionnant ! PG Et maintenant vous utilisez des méthodes high-tech pour transmettre ? DAAJI Nous avons cette application dont je parlais, qui s'appelle Let's Meditate. Les gens envoient leur demande et, grâce à un formateur, ils reçoivent la transmission par ce moyen. À l'ashram, les gens viennent nombreux. Il n'y a pas beaucoup de discours, c'est surtout une expérience spirituelle que nous partageons. Nous sommes tous assis les yeux fermés, je transmets, nous méditons ensemble et nous voyons et ressentons la différence, les effets de la transmission, et ce processus nous transforme.

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PG Cet ashram se trouve près d'Hyderabad. Vous pourriez peut-être mentionner son nom, pour ceux qui nous écoutent en Inde. DAAJI Il s'appelle Kanha Shanti Vanam. En fait, nous avons plus de 1000 centres Heartfulness en Inde et environ 1000 dans le reste du monde. Nous les appelons HeartSpots. Vous pouvez vous connecter à www.heartfulness.org et demander : « Je suis à New York, quel est le HeartSpot le plus proche où je pourrais trouver un formateur et aller méditer ? »

ce qui nous anime : « Faites-le avec le cœur ». Et il n'y a pas la moindre idée de rivaliser avec Mindfulness. L'antagonisme, dirigé par l'ego, n'est pas une bonne chose ; l'intégration est bien préférable. PG Absolument.

À suivre

PG J'ai encore une question au sujet de l'appellation Heartfulness. Avezvous délibérément choisi ce nom en réplique au terme très en vogue Mindfulness, ou lui est-il antérieur ? DAAJI Eh bien, cela date d'avant, d'il y a très longtemps. Le terme Mindfulness, si je ne me trompe pas, a commencé d'être mondialement connu en 1995 ou 96. Notre système date de 1873, et c'est en 1945 qu'il a été officialisé et légalement enregistré en tant que société en Inde. PG Sous le nom Heartfulness ? DAAJI Non, à l'origine l'organisation s'est appelée Shri Ram Chandra Mission, mais notre méditation, comme je l'ai dit, est centrée sur le cœur. Officiellement, le terme Heartfulness a été créé en 2003, et nous l'avons adopté parce que c'est un très beau nom, qui exprime tout

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Vous pouvez écouter l'interview complète en anglais sur le site de Spirit Matters https://soundcloud.com/spirit-matters-talk/ daaji-interview


Meditate for Peace Journée internationale de la paix 21 septembre 2018 Vienne . Bristol . Stockholm . Bruxelles . Londres . Genève . Munich . Bucharest Timisoara . Turin . Trieste . Nancy . La Réunion . Aoste . Lille . Barcelone

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L E N É G O C I AT E U R

heartfulness e

8 PARTIE - SYNTHÈSE

Après nous avoir fait découvrir divers facteurs susceptibles de nous influencer avant et pendant nos négociations et nous avoir alertés sur les émotions et les sentiments qui peuvent soit altérer notre jugement, soit nous encourager à prendre de bonnes décisions, RAVI VENKATESAN nous propose maintenant une synthèse de tous les points discutés qui vous permettra de mieux aborder et mener à bien vos futures négociations.

DISPOSITION PRÉALABLE

LES PENSÉES ET LES IDÉES

Perception de l'ego – moi vs nous Intellect – Logique et raison Mental – Idées occasionnelles et vagabondes

LES SENTIMENTS ET LES ÉMOTIONS

La clarté vs le doute La peur vs le courage Le calme vs l'inquiétude

L'amour vs la haine L'avidité vs le contentement

LA DISPOSITION INITIALE

– Les soucis et les inquiétudes – Les désirs – Les "j'aime" et "je n'aime pas" – La culpabilité

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Avant toute négociation, prenez un instantané de votre disposition préalable en suivant ces étapes : 1. Fermez doucement les yeux. 2. Portez votre attention vers le côté gauche de votre poitrine (approximativement là où vous sentez les battements de votre cœur). Il n'est pas nécessaire de localiser un endroit précis. 3. Posez-vous les questions suivantes et passez quelques minutes en introspection : • Quels sont mes « j'aime » et « je n'aime pas » les plus forts ? • Quels sont mes désirs et aspirations les plus forts ? • Qu'est-ce qui m'inquiète ou me préoccupe ? • Qu'est-ce qui me fait culpabiliser ou avoir des regrets ?

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Ag i r a u t re m e nt

• • • •

Que voudrais-je avoir de plus ? Qu'est-ce qui me rend agité ? Qu'est-ce qui crée en moi de la colère, de l'irritation, de la frustration ou de la la contrariété ? De quoi ai-je peur ?

4. Ce n'est pas un problème si vous n'avez pas de réponses à toutes ces questions. Notez en quelques minutes ce qui vous vient à l'esprit. Ce coup d'œil sur votre disposition préalable vous permettra de prendre conscience de ce qui est important pour vous. Il vous rendra aussi attentif à ce qui pourrait influencer votre jugement au début de cette négociation. Au cours de la négociation, afin de gérer efficacement vos émotions, et de comprendre et travailler avec celles de vos interlocuteurs, gardez à l'esprit la petite liste suivante : 1. Suis-je trop avide ou trop ambitieux ? Mon interlocuteur l'est-il ? 2. Suis-je agité ou distrait ? Mon interlocuteur l'est-il ? 3. Suis-je irrité, frustré, agacé ou en colère ? Mon interlocuteur l'est-il ? 4. Suis-je anxieux ? Mon interlocuteur l'est-il ? 5. Est-ce que je me sens confus ou peu clair ? Mon interlocuteur semble-t-il l'être ? En gardant ces 5 choses simples à l'esprit, vous deviendrez plus efficace dans la gestion des émotions pendant la négociation. Ayez aussi en tête les 5 préoccupations fondamentales décrites par Daniel Shapiro et Roger Fisher dans Gérer ses émotions c'est aussi tenir compte de celles des autres : les besoins d'appréciation, d'affiliation, d'autonomie, de rôle et de statut. Ces préoccupations sont communes à tous et ont un impact sur les négociations à un niveau irrationnel.

Lorsque vous avez recours à votre tête, rappelez-vous que votre intellect est un outil merveilleux pour analyser les informations et prendre des décisions, mais qu'il n'a pas de boussole morale. Assurez-vous de filtrer ce que votre intellect évalue en utilisant votre cœur. Votre ego est constamment en train d'actualiser votre image mentale de vous-même par rapport aux autres. Assurez-vous de ne pas tomber dans le piège de l'arrogance, de l'exagération du sentiment de votre propre importance ou au contraire d'un sentiment d'infériorité. Enfin, soyez attentif aux vagabondages du mental. Prenez une minute pour vous recentrer si nécessaire. Vous pouvez aussi utiliser des techniques comme la méditation Heartfulness pour vous assurer que votre mental est toujours aussi concentré et attentif qu'il doit l'être. Comme pour toute autre chose, c'est par la pratique qu'on se perfectionne. Prenez plaisir à assimiler ces concepts et devenez un véritable négociateur Heartfulness, qui développe la confiance, établit des relations et obtient des résultats gagnant-gagnant. Après toute négociation, prenez un moment pour évaluer s'il en a résulté ce sentiment gagnant-gagnant.

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Et nous nous retrouvons soudain au beau milieu du monde, mais sans être troublé par sa multiplicité, car nous savons, au plus profond de notre âme, que nous ne faisons qu'un avec chaque être. Hermann Hesse



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EN CONVERSATION

AVEC FABIENNE VERDIER FABIENNE VERDIER continue de se livrer à DÉBORAH FEST KINDLER et parle de ce qui lui tient à cœur, de son corps à corps avec la peinture, du rôle de l'artiste, et enfin de la place du vide, du silence et du souffle dans son œuvre. 2 e pa r t i e

Nous évoquions votre façon d'inventer et de fabriquer de nouveaux types de pinceaux, qui vous ont permis de développer la vélocité. Et vous avez exploré cette dimension nouvelle dans l'affiche qui vous a été commandée pour Roland-Garros 2018. J'ai essayé de saisir la balle au bond. C'était un travail très difficile, j'ai recommencé et recommencé. Cette démarche, le rapprochement de l'art et du sport, était très intéressante.

Et cette peinture évoque bien la force de l'intention chez les grands sportifs. Oui, c'est un jeu de l'esprit. Un mariage entre discipline intérieure, compréhension intellectuelle et spontanéité. D'ailleurs cette forme d'art et de maîtrise vient de l'Inde.

Donc à chaque fois que vous concevez un nouvel outil, une nouvelle énergie surgit sur vos toiles. Et récemment vos recherches picturales semblent aller encore plus loin dans l'abstraction, notamment les Walking Paintings, dans lesquels vous semblez avoir un rapport très physique avec la peinture et expérimentez un véritable corps à corps avec la matière. Je suis à présent sur la surface même de la toile. J'ai fait ce grand pas pour être dans le chaos de la matière, dans le grand fleuve du monde. Pour des questions de contraintes physiques, j'ai dû créer à nouveau un autre outil plus léger, afin de pouvoir mieux le manipuler. En réalisant des essais au sol, alors que je traversais l'espace, j'ai vu une nouvelle énergie qui se matérialisait sous la forme de cercles. Les grands maîtres disent que tout naît du cercle, mais c'est tout

Saint Christophe traversant les eaux I, 2011 Se pte mbre 2018

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de même difficile à comprendre ! Je m'aperçois que, lorsque ces cercles de peinture s'éclatent sur la toile, ils créent des formes du monde, des arborescences, des lignes d'éclairs. Cette écriture était si spontanée et si forte que j'ai pris peur : c'était une telle transgression par rapport à mon enseignement et à la tradition des lettrés ! J'avais peur d'une trop grande violence. Et puisque je suis contre cette idée de la violence qui peut détruire, je ne savais pas où me situer et j'ai mis ce travail de côté. C'est par un jour d'hiver, devant les branches givrées

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d'un pommier et ressentant cette poussée vitale végétale que j'ai pris conscience du travail que j'avais effectué.

sée ?

Comme si le geste avait précédé la pen-

Oui et j'aimerais beaucoup travailler cette question avec des neuroscientifiques.

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Bruits blancs, 2016

Dans votre ouvrage Passagère du Silence, vous parlez de l'attitude du cœur dans l'acte de peindre. On n'ose jamais parler d'amour, mais si je suis si dure avec moi-même et que je m'enferme ainsi… c'est la voix du cœur qui parle.

Vous citez également une phrase de Kandinsky qui dit que « l'artiste doit être aveugle à la forme reconnue ou non reconnue, sourd aux exigences et aux désirs de son temps. Son œil doit être dirigé vers sa vie intérieure et son oreille tendre vers la voix de la nécessité intérieure ». Vous reconnaissez-vous toujours dans cette définition ?

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Fresque Torlonia, Opus I, 2010 Installation de deux fresques dans le Palazzo Torlonia, Rome Oui, complètement. Voilà pourquoi c'est difficile, et pourquoi je ne me rattache à aucun courant d'art contemporain. Je préfère mon petit chemin solitaire.

Effectivement, vous pouvez être perçue comme un OVNI sur la scène artistique contemporaine. Vous êtes un des rares artistes à nous parler métaphysique, intuition, mouvement, souffle, vie intérieure et à nous dire ce que la peinture peut apporter à l'œil qui la contemple. 40

Oui et l'intuition est fondamentale. Il y a tout un travail à faire dans l'enseignement actuel sur la question de l'acuité de l'intuition. D'ailleurs sur la scène contemporaine, il n'y a presque plus de peinture. Je suis très déçue de ce que je vois. De ces générations d'artistes qui produisent pour de l'argent, sous la forme d'éditions numérotées, par exemple. L'argent et le marché auraient-ils tout détruit ? La peinture, c'est aussi une éthique. On défend une morale, et on doit le sentir sur la toile. La peinture, c'est tout un état d'esprit, c'est tout l'être qui s'exprime. Et

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Parler art et spiritualité, cœur ou métaphysique, serait-ce donc tabou ? Dans notre culture conceptuelle, oui, on peut le dire, ces questions dérangent. C'est très triste.

C'est d'autant plus étonnant lorsqu'on connaît votre démarche si proche du scientifique, du chercheur qui n'hésite pas à interroger tous les chemins de la connaissance. Oui, et je continue à enfourcher mon petit cheval de bataille, car l'art c'est l'esprit.

L'artiste a-t-il un rôle dans notre société ? Quelle est sa place ?

malheureusement, la peinture qui s'exprime aujourd'hui est d'une grande violence.

Ce que je peux dire, c'est qu'à mon sens, il apporte une expérience de ce que l'humain peut comprendre des vibrations du monde, lorsqu'il est dans un état de réceptivité. Il n'y a rien de plus fascinant que de partager ces expériences.

Vous parlez souvent d'ascèse. Est-ce que pour vous la peinture peut être comparée à une démarche spirituelle ?

Quand on écoute un grand musicien, on est totalement transporté par ce chant intérieur qu'il nous transmet. C'est un endroit très particulier entre le monde, l'intériorité du monde et l'intériorité de son être. C'est un voyage intérieur. Les artistes tentent peut-être de sortir de ce que nous avons appris, de la connaissance, du savoir, pour aller au-delà des frontières.

Je n'ose pas le dire car on m'opposera injustement que je suis ésotérique. Je souffre beaucoup de cette étiquette.

De plus en plus, je sors de l'atelier. Au bout de 40 ans de travail dans une solitude terrible, je sens que je dois me confronter à d'autres savoirs. On a tellement à ap-

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prendre des uns et des autres. Ma démarche avec mon travail sur les expressionnistes abstraits américains, les maîtres flamands, les musiciens de la Juilliard School à New York ou encore la rencontre avec le grand linguiste Alain Rey, qui nous a fait faire un chemin extraordinaire sur l'énergie du mot et du monde, vont dans ce sens.

de chuchotements. Je suis abasourdie, après toutes ces années de travail, de constater tout ce qui peut sortir du silence, comme tout ce qui peut sortir du vide. C'est difficile à transmettre.

Est-ce la réceptivité ? Vous expérimentez sans cesse et semblez toujours élargir votre zone de confort. Et lorsqu'on observe vos œuvres, on découvre une grande unité, une sorte d'universalité. Il y a aussi le plein et le vide dont vous parlez. Oui (rires). Ce sont des paradoxes. Plus j'avance, plus je me rends compte que le vide, c'est la forme infinie.

Vous êtes une personne très humble. Estce votre humilité qui vous permet d'être tout le temps dans cet état d'ouverture ?

Il y a le silence aussi… Oui, j'ai passé ma vie à creuser le silence et à me rendre compte qu'il était hyperactif de mille et une formes

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Oui, à force qu'on soit ouvert et réceptif, les choses viennent d'elles-mêmes à nous. Comme un aimant. Je cherche cela : que le vivant qui nous anime rentre en connexion avec le vivant du monde. On est déconnecté de la nature. On a un champ infini de possibles devant soi, et on se limite.

La peinture nous rend bourrus et idiots mais le contact avec la nature nous libère. Quand on se libère du « je »,

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Inte r v i ew

La peinture, c'est aussi une éthique. On défend une morale, et on doit le sentir sur la toile. La peinture, c'est tout un état d'esprit, c'est tout l'être qui s'exprime.

C'est ce qui est beau, créer des énigmes. C'est une jubilation, et j'essaye d'offrir de petites jubilations.

Le magazine Heartfulness encourage ses lecteurs à devenir conscients de leur manière d'être au monde et de l'habiter. Quels conseils nous donneriez-vous pour nous aider à améliorer notre rapport au monde et à notre planète ?

de ce qu'on croit être, on est bien plus connecté au monde, aux autres. Et la vie devient simplicité, émotion, poésie. On a tellement peur de la complexité qu'on s'est créé des rituels pour tenir et se protéger, pour se rassurer. Et on en a besoin ! Mais parfois, il faut aussi sauter dans le vide.

S'ouvrir aux autres. S'ouvrir à la lumière, s'ouvrir au silence, s'ouvrir au chant de l'oiseau au petit matin pour être capable nous aussi de chanter comme lui. Il me paraît important de faire un travail sur soi, de se reconnecter au monde et d'être dans la contemplation.

Parlez-nous du souffle en peinture. Plus j'avance, sur des sujets totalement différents, plus je reviens à ce souffle, à cette respiration du monde qui anime toute chose. L'unique trait de pinceau qui est la matrice de mon travail parle de cet infini. Il n'est pas nécessaire de peindre des formes telles qu'on les voit dans la tradition figurative et narrative, mais de saisir les forces à l'œuvre, ces forces qui créent tout naturellement les formes. C'est un renversement total qui vous ouvre à une poésie. On est dans la suggestion.

Photos des tableaux Inès Dieleman Fabienne Verdier travaillant dans son atelier  : archives F. Verdier.

Pour en savoir plus

Alors, il n'est plus nécessaire de tout raconter, c'est le cerveau qui établit les connexions ? Se pte mbre 2018

Fabienne Verdier, Passagère du silence : 10 ans d'initiation en Chine, Livre de poche, 2003. Elle a participé à une édition spéciale du Petit Robert pour les 50 ans du célèbre dictionnaire, en 2017. https://fabienneverdier.com

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ça

change tout Les plus belles personnes que nous ayons rencontrées sont celles qui ont connu la défaite, la souffrance, la lutte, la perte, et ont trouvé leur chemin pour sortir de l'abîme. Ces personnes ont une appréciation, une sensibilité et une compréhension de la vie qui les remplit de compassion, de douceur et d'un amour profond pour les autres. Elisabeth Kübler-Ross


les dÉfis des temps actuels FRANÇOIS BOUDERLIQUE nous raconte comment il a découvert un sens aux défis posés par le monde actuel et relate sa propre évolution à partir de cette prise de conscience.

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C h a n ge r d e c a p

L'état du monde s'expose à nos yeux. Les phases du deuil, décrites par Elisabeth Kübler-Ross, peuvent nous aider à identifier notre manière de réagir face aux défis posés par notre civilisation du 21e siècle sur le point de s'effondrer.

LE DÉNI

Je continue de vivre ma vie, comme si de rien n'était, en animal consumériste, considérant que le problème est « ailleurs ». Après tout, en quoi serais-je responsable de cette crise globale ? Je vis dans l'illusion.

LA COLÈRE

Quel gâchis ! C'est à cause de tous ces politiciens, des multinationales, de la gouvernance déplorable du 1% qui tire les ficelles. Que je sois un activiste écologique extrémiste, un théoricien du complot, ou que je pense que les masses n'ont pas assez de cerveau pour réfléchir, peu importe. Je suis en colère et je clame haut et fort ma conviction, plus que je n'agis. Les gens vont se réveiller ! La révolution est en marche ! Je vis dans le passé.

LE MARCHANDAGE

Je suis conscient de l'état de crise dans lequel nous sommes piégés. J'admets que certaines de mes tendances compulsives à la consommation y sont pour quelque chose. Je voudrais m'extraire de ce style de vie, mais comment m'y prendre ? Je passe par des phases alternées de culpabilité et d'exaltation, et bien souvent je fais des compromis avec mes valeurs intérieures pour m'adapter à ce monde que je voudrais différent. Je vis, soit dans le passé, soit dans un futur dans lequel je me projette quand je souffre trop.

LA DÉPRESSION

Pourquoi m'inquiéter de quoi que ce soit ? C'est la pagaille, et ça ne fera qu'empirer. Je me complais à ruminer sur cette période sombre et le destin tragique auquel nous devons tous nous préparer. Je suis pessimiste, cynique, seul et sans espoir de voir un monde meilleur ni de pouvoir me changer. Je vis dans le noir.

L'ACCEPTATION

Je ne peux pas combattre le destin, alors autant m'y préparer. Je suis pragmatique et je veux voir la réalité telle qu'elle est. Je suis conscient de mon impact personnel sur ce monde et je veux faire ma part de travail et prendre toutes les responsabilités qui relèvent de ma sphère d'influence. Je vis ici et maintenant.

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J'ai travaillé vingt ans dans le secteur bancaire. En 2014 quand j'ai décidé de quitter mon poste dans l'une des grandes banques d'Europe, j'ai traversé toutes ces étapes : Le déni, car je ne voulais pas admettre que je vendais de mauvais produits à mes clients. La colère, quand j'ai compris, après la crise de 2008, les montages des institutions financières pour en tirer profit. Le marchandage, pour conserver mon salaire exorbitant. La dépression, dans laquelle j'ai sombré progressivement, après avoir été une brève année lanceur d'alerte au sein de ma banque. L'acceptation, en me rendant à l'évidence que je devais quitter ce travail et trouver un mode de vie plus en adéquation avec mes valeurs. En étudiant rétrospectivement ce cheminement de la perte, qu'il s'agisse de la perte d'un travail, d'un

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divorce, ou d'un décès familial, j'ai observé que le processus d'introspection suivait un principe fondamental : c'est aux moments les plus sombres que nous sont accordés les plus grands bienfaits. C'est dans ces périodes de changements inéluctables qu'il nous est donné de clarifier notre vision et de pouvoir accéder à une sorte de renaissance. Plus le défi est grand, plus grand est le cadeau, le don qu'il nous réserve. Nous voyons ce qui nous freinait et avançons sur le chemin de l'authenticité, de l'honnêteté vis à vis de notre nature profonde. Quand je me suis lancé dans la création d'une communauté résiliente, au terme de ma carrière prétendument réussie dans le monde de l'entreprise, j'ai eu bien plus de temps pour méditer sur les valeurs essentielles que je portais dans mon cœur, valeurs en totale contradiction avec les constructions mentales et philosophiques dont j'avais encombré mon cerveau durant des années. J'ai alors réalisé que ces phases de la perte, ou du deuil, avaient été des étapes dans la découverte de ma conscience, et que chacune avait requis la destruction subtile de ma toile personnelle – formée par ma culture, mon éducation, mes croyances, etc.

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C h a n ge r d e c a p

Comment cela se passe-t-il ? Au fur et à mesure des nettoyages effectués au cours de ces étapes, une nouvelle conscience nous mène à une réalité en résonance avec notre nature authentique. Nous nous sentons libérés d'une prison créée par nous-mêmes à force de compromis avec un système de valeurs emprunté à l'extérieur. En reconnaissant que nous étions nous-mêmes le problème, en cessant d'être une machine à compromis, nous parvenons à un état de gratitude envers ce don de libération. Alors la possibilité d'élargir notre conscience s'offre à nous, et nous découvrons que tout est de nature spirituelle. Et lorsque nous parvenons finaliment à nous dégager de toutes ces phases du deuil, cette idée subitement nous vient : « Qu'est-ce qui va venir maintenant ? » Quand nous accueillons chacun de ses défis naturels, la vie redevient excitante ! S'il y a don, il doit bien y avoir donateur. Et devinez qui il est ? C'est moi, qui me donne à moi-même ! Et vu ma motivation à m'accorder toujours plus de dons, la source n'est pas près de tarir ! Dès que nous serons prêts à voir la vie comme une roue du changement où notre ancienne vision meurt régulièrement, nous accueillerons la naissance de nouvelles visions, de nouveaux niveaux de perception et de nouveaux états de conscience. J'ai pu observer l'accélération de ce processus de deuil grâce à la méditation Heartfulness. Quand je suis attentif à ce qui résonne en moi, je reconnais toute situation inconfortable comme un déni. J'arrive presque

Dès que nous serons prêts à voir la vie comme une roue du changement où notre ancienne vision meurt régulièrement, nous accueillerons la naissance de nouvelles visions, de nouveaux niveaux de perception et de nouveaux états de conscience.

toujours à sauter directement à l'étape de l'acceptation qui me fait accéder à un nouvel état de conscience. Ma vie est devenue joyeuse, car j'anticipe constamment le nouveau don qui m'attend quelque part – don que je ne peux m'offrir qu'à travers l'acceptation. À ce stade, je sens que je passe par des alternances, dans cet abandon à ce qui vient à moi. En fait, je m'abandonne à la fois à la vie et à moi-même. À l'opposé de la conception occidentale qui voit dans l'abandon un aveu de défaite, je le perçois maintenant comme l'opportunité d'une réelle victoire, l'occasion de découvrir le don de lucidité qui attendait, caché au plus profond, au plus obscur d'une expérience de vie. L'aptitude à découvrir ces dons a caractérisé toutes les grandes personnalités. Et j'aime citer Ram Chandra, un grand saint de l'Inde : En vérité, le chemin le plus proche de Dieu est le chemin le plus proche de vous. Alors, amis, soyons en permanence en quête du don que la réalité peut nous offrir, afin que notre vie demeure légère et joyeuse !

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&

LIRE

GRANDIR

VILASINI KUMAR partage avec nous la joie et les bienfaits qu'elle retire de la lecture et qui enrichissent sa pratique de la méditation.

L

es livres sur la spiritualité m' ont toujours intéressée. Ma bibliothèque en est pleine et j'ai l'habitude d'en sortir un au hasard.

Est-ce vraiment le hasard ? Je me le demande. Je prends celui qui me fait signe et j'en lis des passages. On dirait que quelque chose me guide vers un livre correspondant précisément à mon besoin du moment et me pousse à l'ouvrir à une page déterminée. Je reste alors absorbée un certain temps. Si méditer nourrit directement mon âme, lire des ouvrages sur la spiritualité me renforce intérieurement par les vibrations que j'en reçois. Découvrir les idées et les expériences des autres me fait toujours pénétrer plus profondément en moi. Je vis beaucoup de moments de grâce à travers ce qui m'apparaît alors comme des prises de conscience. Cela ouvre véritablement mon esprit et mon cœur. Les livres ont une façon bien à eux de transmettre. Ne sentez-vous pas un flux d'énergie simplement en les tenant, en les lisant ou en les parcourant ? Cela suffit en tout cas à me mettre en joie, c'est un moment de bonheur et de plénitude. Lire c'est en réalité écouter. Par leur rayonnement, les paroles de mes guides, qui sont en constante fusion avec leur soi supérieur, trouvent aussitôt leur chemin dans mon cœur. En fait, j'ai souvent eu l'impression de les entendre s'adresser directement à moi.

La lecture renforce et clarifie ma compréhension des choses. Bien souvent, je constate qu'un même texte me communique des significations différentes, selon peut-être mon état d'esprit et ma conscience à l'instant où je le lis. À la fin de ma méditation matinale, j'ai pour habitude de noter des passages du livre choisi – ces mots qui me communiquent la bonne chose au bon moment. Par exemple : « C'est le vide dans le cœur qui permet à la grâce de se déverser. Quand nos pensées sont apaisées, un vrai cœur à cœur peut s'établir. Nous pouvons alors nous installer et nous mettre au travail. » J'ai lu cela un jour où mon esprit était agité et où je ne parvenais pas à entrer dans un état de méditation profonde. Une autre fois : « Relisez nos enseignements. Au fil des années, vous discernerez des choses qui vous avaient échappé à la première lecture : « la vérité » vous apparaîtra. Vous serez étonné de constater que vous aviez manqué la chose même que vous découvrez maintenant. Vous y verrez un signe de votre progrès et du chemin parcouru. » La lecture enrichit ma vie intérieure. Est-ce aussi le cas pour vous ?

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être


Le samadhi étend le champ de ma conscience au-delà des limites de cette enveloppe mortelle jusqu'aux extrémités les plus éloignées de l'éternité, là où le Soi, la Mer cosmique, observe le petit ego flottant en moi. Paramahansa Yogananda


PRATYAHARA Retrait à l’intérieur

PRANAYAMA Régulation du souffle

ASANA Posture

Ashtanga yoga

DHARANA Focalisation mentale

DHYANA Méditation

NIYAMA Régularité Observation

SAMADHI

Condition originelle (équilibre)

YAMA

Bonne conduite

Seriez-vous intéressé si quelqu’un vous disait qu’il existe un ensemble de pratiques simples qui aident à gérer tous les aspects de la vie quotidienne, tout en élevant le potentiel humain à un niveau qui dépasse l’imagination la plus folle ? Cela attiserait pour le moins la curiosité de la plupart des gens. En fait, cela correspond précisément à la description des pratiques du yoga, mais rares sont ceux qui s’en rendent compte. Le yoga comprend un ensemble holistique de pratiques qui visent au développement personnel et au bien-être du corps, de l’esprit et de l’âme. Il y a quelques milliers d’années, le grand sage Patanjali a répertorié les pratiques yogiques en vigueur en son temps et les a présentées dans un traité en huit étapes, qu’on utilise encore aujourd’hui. Il s’agit de l’ashtanga yoga. Mais les pratiques du yoga ont évolué depuis Patanjali, surtout au cours des 150 dernières années, pour répondre aux besoins de l’époque. Dans cette série d’articles, KAMLESH PATEL décrit chaque étape du yoga à la lumière des pratiques yogiques modernes de Heartfulness. Il nous montre comment concilier nos pratiques spirituelles intérieures avec la vie dans le monde, et comment affiner notre personnalité pour parvenir au véritable état du yoga – c’est-à-dire à l’efficacité dans l’action et à l’harmonisation des aspects spirituel et matériel de la vie. 54

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SA M YA M A 4 partie e

D h a ra n a • D hyan a • Samad h i

Le samadhi est la huitième étape de l'ashtanga yoga de Patanjali. Il est considéré comme l’aboutissement du yoga, comme un état intérieur de pureté et d'équilibre, où nous rejoignons notre état originel. Au cours de notre pratique yogique, en progressant vers cet état originel, nous rencontrons divers stades ou aperçus du samadhi. Dans ce dernier article de la série, Kamlesh Patel nous explique ces différentes expériences et la façon dont notre pratique nous conduit à la finalité de notre existence.

N

ous voilà parvenus au véritable but du yoga, au zénith de cette pratique, à cet état très recherché du samadhi. Le mot « samadhi » signifie simplement « ce qui régnait avant la création », l'état d’équilibre absolu de l'unité, du « rien », de la vacuité totale. Notre âme a toujours eu soif de cet état d'équilibre ultime et, jusqu’à ce que nous l'ayons atteint en nous, elle sera toujours insatisfaite, quoi que nous fassions dans la vie. Lorsque nous parvenons à maintenir cet état de samadhi dans toutes nos activités, à la fois temporelles et spirituelles, le vrai bonheur vient spontanément, même lorsque nos actions échouent. Cela ne nous affecte pas.

existence en tant qu'espèce. Chaque espèce a un but sur terre, le nôtre est de retourner à l'état d'origine, et pour y parvenir, nous disposons d’un spectre de conscience d'un ordre suffisamment élevé. Les autres étapes de l'ashtanga yoga ne sont qu’un entraînement et une préparation pour nous permettre d’accomplir cette tâche. C'est dans ce but que nous affinons notre posture, notre respiration, nos pensées, les messages de nos sens et nos réactions comportementales au monde extérieur. C'est dans ce but que nous tournons toutes nos facultés vers l'intérieur et méditons. Nous rentrons à la maison.

Le samadhi est l'ultime relaxation spirituelle et l'ultime concentration sans effort, et il est considéré dans le yoga comme l’aboutissement de l'existence humaine. On pourrait même dire qu’il est la raison de notre

LES ÉTAPES DU SAMADHI Dans sa forme pure, le samadhi est cet état ultime, mais nous en expérimentons aussi divers aperçus ou étapes

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tout au long de notre voyage. Ces expériences varient en fonction de la perspective que nous offre le stade que nous avons atteint. Nous voyons donc l'état ultime selon la position où nous nous trouvons au moment présent, et cela devient notre expérience actuelle du samadhi. Dans la voie Heartfulness, nous convions jour après jour ces états de samadhi afin de les rendre permanents. Lorsque les pratiquants parlent de leurs expériences de samadhi pendant la méditation, on voit qu’elles varient d'une personne à l'autre et, pour la même personne, selon les différentes étapes de son voyage. Le samadhi a une fragrance différente à chaque point ou chakra, et aussi à l'intérieur de chaque chakra, lorsque nous accédons à d’autres niveaux. Cela continue à changer jusqu'au moment où, finalement, nous expérimentons tous ces états simultanément. Quand nous sommes parvenus au chakra 12, par exemple, nous avons déjà expérimenté d’infinies variations de samadhi. Les étapes du samadhi ont été décrites de nombreuses façons dans les textes classiques du yoga. Dans ses Yoga Sutras, Patanjali dépeint les niveaux les plus bas du samadhi comme l'expérience de l'inconscience semblable à la pierre, où nous ne ressentons rien et sommes inconscients de ce qui se passe, parce que nous avons voyagé dans des parties de notre esprit qui sont au-delà de notre perception consciente. Au deuxième niveau, nous sommes dans un samadhi subconscient semblable au rêve, et au plus haut niveau, nous sommes pleinement éveillés et conscients dans notre absorption. C'est ce qu'on appelle le sahaj samadhi. Bien sûr, j’évoque là de grandes catégories pour faciliter la compréhension. Le sahaj samadhi est une condition où nous sommes profondément absorbés dans la méditation, et en même temps pleinement conscients de tout ce qui se passe. Dans les Yoga Shastras, c'est ce qu'on appelle la condition turiya, ou le quatrième état. Là, notre vision est totale. Quand nous apprenons à garder cet état pendant toute la journée, nous pouvons alors simultanément nous concentrer sur notre travail, sur l'environnement, sur la télévision, sur un événement extérieur et, tout en restant en communion avec notre état spirituel, avec la condition qui règne en nous, percevoir ce qui est sur le

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Sommet de la tête *SDK : sahasra dal kamal

Arrière de la tête point de pénétrer dans notre système, les pensées qui surgissent et la prochaine chose à faire. Nous observons paisiblement tout cela simultanément. C'est ce que le yoga appelle l'état turiyatit, où, les yeux ouverts, nous avons une conscience à trois cent soixante degrés. Il n'est pas nécessaire de se concentrer sur une chose en particulier. Dès que nous nous concentrons sur une chose, ce n'est plus de la méditation, mais de la concentration.

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Dans sa forme pure, le samadhi est l'état ultime, mais nous en expérimentons aussi divers aperçus ou étapes tout au long de notre voyage. Ces expériences varient en fonction de la perspective que nous offre le stade que nous avons atteint.

AFFINER LES CORPS SUBTILS POUR FAIRE L’EXPÉRIENCE DU SAMADHI Vouloir faire l’expérience du samadhi quand les corps subtils ne sont pas affinés ne peut mener qu'à un lointain reflet de la Réalité. Quand les couches les plus pesantes sont enlevées de notre système et que nous transcendons les koshas, les différentes enveloppes du système humain, le samadhi a une saveur différente. C'est comme voir le fond d'un étang à travers une eau limpide et cristalline au lieu d’une eau boueuse et agitée. Plus il y a de sédiments dans l'eau, plus celle-ci est agitée, plus notre vision est obscurcie et moins nous sommes conscients de ce qui se passe. Nous avons piégé notre âme dans la lourdeur, l’agitation et la complexité du fait de nos samskaras – les impressions du passé que nous avons accumulées, et les couches formées par les graines des futurs samskaras – et à cause de notre ego. Tant que notre voyage intérieur n’a pas traversé les cinq points de la région du cœur appelée pind pradesh, nous restons prisonniers de la dualité, des opposés ou dwandwas, des « j’aime » vs « je n’aime pas », des attirances vs l'indifférence, de la satisfaction vs l'insatisfaction, de la clarté vs la confusion,

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Le fait que la plupart d'entre nous ayons perdu le contrôle de nos corps subtils est peut-être la plus grande tragédie de l'humanité. Nous laissons les désirs, l'ego, les soucis temporels, la passion, la culpabilité et les préjugés nous tirailler dans toutes les directions. C'est la cause des problèmes auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui.Tout le but du yoga consiste à alléger ce fardeau constamment créé par les corps subtils.

et de tout le spectre des émotions qui caractérisent la vie humaine. Ces émotions comprennent : l'avidité, la jalousie, la luxure, la culpabilité, le ressentiment, l'apitoiement sur soi-même et les préjugés, en opposition au contentement ; l'anxiété et l'inquiétude versus la paix ; la haine et la colère versus l'amour et la compassion ; la peur versus le courage. Quand notre mental est la proie de ces polarités opposées, celles-ci deviennent les graines de la transmigration de l'âme de vie en vie, du passage d'un corps à un autre, dans le processus que nous appelons réincarnation ou renaissance.

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Aussi longtemps que nous restons éloignés de la Source, de la cause de notre existence, ces opposés continuent à s’imposer, parce que nos sens continuent à être attirés vers l'extérieur. Les fonctions du mental qu’on appelle les corps subtils – chit (la conscience), manas (la contemplation), buddhi (l’intellect) et ahankar (l’ego) – sont elles aussi principalement orientées vers les affaires du monde. Au cours de ce processus, l'âme est enfouie sous des couches de complexités et nous ne pouvons pas nous connecter au centre de notre être. Dès lors, il nous est impossible de mener une vie équilibrée et pleine de joie, car c’est de l'âme que la joie émane. La joie est en fait l’essence de l'âme, alors que pensez-vous qu'il se passe quand on l'enterre et qu'on ne peut pas se connecter à elle ? Une fois que notre attention se dirige vers la Source de notre être, notre monde intérieur commence à s'ouvrir. Les trois fonctions mentales que sont la contemplation, l'intellect et l'ego commencent à servir un but plus élevé. Elles s'affinent et s’harmonisent pour aider la conscience à évoluer vers un plan supérieur d'existence. L’âme reçoit alors l'attention et la nourriture voulues, et nous pouvons fonctionner de manière holistique, le corps, l'esprit et l'âme étant en harmonie. Bien que notre conscience passe d'un niveau à un autre, pendant le sommeil profond, aucun de nous n'en est conscient. L’intellect et l’ego sont en mode « off » quand nous dormons ; pendant le sommeil, nous ne sommes personne. En revanche, dans le vrai samadhi, on puise naturellement à la Source. Le fait que la plupart d'entre nous ayons perdu le contrôle de nos corps subtils est peut-être la plus grande tragédie de l'humanité. Nous laissons les désirs, l'ego, les soucis temporels, la passion, la culpabilité et les préjugés nous tirailler dans toutes les directions. C'est la cause des problèmes auxquels l'humanité est confrontée aujourd'hui : les conflits et les abus humains, les problèmes environnementaux, les troubles émotionnels, les maladies mentales et les maladies liées au stress. Tout le but du yoga consiste à alléger ce fardeau constamment créé par les corps subtils. Mais nous ne sommes pas des victimes passives, étrangères à leur propre destin. Dieu nous a

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La sc i e n c e d e l a spi r i t u a l i té

donné la sagesse d'utiliser ces mêmes instruments, les corps subtils, pour remonter jusqu'à la Source. Swami Vivekananda l'explique si clairement dans son commentaire sur les Yoga Sutras de Patanjali : « Chit se manifeste sous ces différentes formes : la dispersion, l’ obscurcissement, l’affaiblissement et la concentration. Ce sont les quatre états dans lesquels la substance mentale se manifeste. D'abord la forme dispersée, l'activité, qui a tendance à se manifester sous la forme du plaisir ou de la douleur. Puis la forme sombre, l'obscurité, dont la seule tendance est de blesser les autres. L'ekagra, la forme concentrée de chit, est ce qui nous mène au samadhi. » Ekagrata est la tendance centripète de la conscience, tendance que nous pouvons induire dans une méditation soutenue par toutes les autres pratiques de l'ashtanga

yoga. Patanjali la résume dans l'un des plus importants et plus profonds de ses Yoga Sutras :

4.6 : Tatra dhyana jam anasayam Seul l'esprit originel, dont le dévoilement résulte de la méditation, est sans désir et libre des impressions. L'esprit originel existe en soi, il n’a pas besoin de soutien, de cause ou de motivation.

OUTILS PRATIQUES Dans la pratique Heartfulness, c'est la pranahuti qui rend la méditation si efficace, car elle nous fait entrevoir notre esprit originel dès la toute première méditation. Tout comme les poissons explorent les différentes pro-

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Chaque matin, par notre méditation, nous créons un état méditatif qui nous accompagne dans notre journée. Chaque soir, pendant le nettoyage, nous créons un état de pureté, et chaque fois que nous prions, nous créons un état de dévotion dans le cœur ; ainsi « vidés » et réceptifs, nous restons connectés à la Source. Quand nous conservons et entretenons ces trois états tout au long du jour, cela maintient en mouvement la toupie de notre condition intérieure – créant ainsi un magnifique état d'équilibre.

fondeurs de l’eau d’un étang, pranahuti nous transporte sans effort jusqu'aux profondeurs de la conscience du samadhi, ce dont nous ne ferions pas l’expérience aussi facilement et rapidement sans elle. On peut également la comparer à un ascenseur dans un gratte-ciel – un ascenseur unidirectionnel qui monte vers le but de notre existence. La prière Heartfulness a aussi un impact important sur l’approfondissement de notre expérience du samadhi lorsqu'elle est pratiquée le soir avant de s’endormir et le matin au réveil. Si elle est bien accomplie, elle nous relie à notre conscience sushupti la plus profonde, en

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introduisant de la conscience dans l'état de sommeil profond. Nous nous sentons entrer et sortir d’un niveau de conscience à un autre – ce qui dans les neurosciences correspond au spectre de fréquences des ondes cérébrales, depuis les ondes delta du sommeil profond jusqu’aux ondes gamma des états d’intense activité cognitive. Notre conscience devient extensible, elle se dilate et se déplace plus facilement de la surface aux profondeurs. Progressivement, au fil du temps, tous ces états peuvent coexister simultanément dans la conscience à trois cent soixante degrés du sahaj samadhi. Il faut en faire l’expérience pour le comprendre – c'est un état d'esprit extrêmement dynamique, fluide et réactif. La pratique quotidienne du nettoyage Heartfulness nous aide à atteindre le but du yoga en purifiant nos corps subtils, le champ de notre conscience. À mesure que les samskaras sont enlevés, couche après couche, que les koshas purifiés sont transcendés, que la pensée, l'intellect et l'ego sont raffinés, et que le calme en résulte, le samadhi nous vient sans effort. Chaque matin, par notre méditation, nous créons un état méditatif qui nous accompagne dans notre journée. Chaque soir, pendant le nettoyage, nous créons un état de pureté, et chaque fois que nous prions, nous créons un état de dévotion dans le cœur ; ainsi « vidés » et réceptifs, nous restons connectés à la Source. Quand nous conservons et entretenons ces trois états tout au long du jour, cela maintient en mouvement la toupie de notre condition intérieure – créant ainsi un magnifique état d'équilibre. On appelle cette pratique le souvenir constant, et lorsque nous sommes capables de le maintenir pendant toute la journée, non seulement nous mettons fin à la formation de samskaras, mais nous développons de façon naturelle notre aptitude au sahaj samadhi. Comment y parvenir ? Premièrement, bien méditer. Deuxièmement, s'abandonner à l'existence de l'âme, à la Source, au Maître intérieur. L’abandon est la clé, parce qu'alors nos efforts ne font pas appel à la force et cette absence d'effort volontaire est nécessaire pour faire l'expérience du samadhi. En effet, comment pour-

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La sc i e n c e d e l a spi r i t u a l i té

rait-il y avoir de la force dans l'état originel d’avant la création, dans le « rien » ? Cette qualité d'abandon chez un pratiquant spirituel n'est généralement pas bien comprise. L'ego se rebelle contre ce qu’il voit comme une reddition, et cette idée provoque très souvent des résistances. Mais sans cette qualité essentielle, le samadhi n'est pas possible. C'est une des raisons pour lesquelles il est si important d'avoir un guide de haut niveau, même pour ceux qui sont au sommet de l'évolution spirituelle. Les plus grands saints ont toujours eu des guides, tout comme les plus grands joueurs de tennis ont des coachs ; car sans ce sentiment de réceptivité, d'humilité et d'acceptation, en n’étant plus rien aux pieds de la Divinité, comment le courant de la Grâce pourrait-il couler ? Comment l'évolution dynamique pourrait-elle se poursuivre ? Dès que nous nous disons « je suis là », nous sommes fichus ! La troisième chose est donc de créer une dépendance à un guide de haut niveau et de voir où cela nous mène.

nous arrivons avec une puissance ou un potentiel donnés. Repartirons-nous avec un potentiel plus élevé, enrichi spirituellement ? Si nous sommes venus avec une certaine puissance, repartirons-nous avec une puissance cent fois ou mille fois supérieure ? N’est-ce pas dans notre désir que notre vie puisse apporter un plus à l’existence collective ? Peut-être nous est-il même possible d’apporter un potentiel multiple et diversifié à ce qui viendra après la fin de l'univers, quelle qu’en soit la suite. Cela vaut la peine d'y réfléchir. Je vous souhaite à tous de faire l'expérience d’états de samadhi de plus en plus subtils grâce aux pratiques du yoga, jusqu'à ce qu'un jour vous puissiez nager dans l'océan infini, tout en vivant une existence humaine pleine de joie. Et cette nage étant elle aussi infinie par nature, il n'y a donc pas de point final au voyage du yoga.

QUELQUES RÉFLEXIONS SUR L'ÉTAT ULTIME Beaucoup de gens pensent que le samadhi est associé à la Lumière divine, à Sat, à Purusha ou à Dieu, mais le samadhi est au-delà de tout cela, bien au-delà de Satchidananda, et même au-delà de la potentialité qui sert d’assise à la conscience. Dans le véritable samadhi, nous allons au-delà du commencement de la création, au-delà du premier mental de Dieu, jusqu'à l'état de tam ou prakriti qui repose à la base. Nous parvenons au royaume de l'Absolu, de ce qui n’a pas de forme, de l'akasha. C'est le rien d'où tout a surgi et où tout retournera, pareil au rien qui se trouve au centre de la graine d’où a poussé un séquoia géant. Permettez-moi de finir en vous proposant un sujet de réflexion. Cette vie est-elle simplement là pour que l'âme retourne à la Source avec le même « rien » que lorsque nous sommes venus au monde ? Si c'était le cas, à quoi bon ? Dans chaque vie, chaque existence,

Kamlesh Patel, guide spirituel et responsable international Heartfulness, incarne cette rare fusion du cœur oriental et de l’esprit occidental. Dans une approche à la fois scientifique et pratique, il partage aujourd’hui son expérience de la méditation et de la spiritualité dans des conférences, des interviews et des cours dans le monde entier. Auteur de nombreux écrits, notamment sur l’évolution de la conscience, il vient de co-écrire The Heartfulness Way : Heart-Based Meditations for Spiritual Transformation. Pour en savoir plus : daaji.org

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SAMADHI & SUPRACONSCIENCE SWAMI VIVEKANANDA nous explique la relation essentielle entre l'état de samadhi, la supraconscience et l'altruisme.

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out comme le travail inconscient se fait à un niveau inférieur à celui de la conscience, un autre travail se passe au-dessus du plan de la conscience, et n'est pas accompagné d'un sentiment d'égoïté. Ce dernier ne se rencontre que sur le plan du milieu. Lorsque l'esprit est soit plus haut, soit plus bas, il n'y a plus le sentiment du « je », et pourtant il continue de fonctionner. Quand il parvient à franchir cette ligne de démarcation de la conscience du moi, on lui donne le nom de samadhi ou supraconscience. À quoi reconnaissons-nous qu'un homme en samadhi n'est pas descendu au-dessous de la conscience, n'a pas dégénéré au lieu de s'élever ? Dans un cas comme dans l'autre, le travail n'est pas accompagné d'égoïté. La réponse à cette question, c'est que ce sont les effets, le résultat des

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actions, qui nous permettent de distinguer entre ce qui est au-dessous et ce qui est au-dessus. Lorsqu'un homme tombe dans un profond sommeil, il arrive sur un plan qui se trouve au-dessous de la conscience. Il continue à faire fonctionner son corps : il respire, il bouge peut-être dans son sommeil, sans que cela soit accompagné d'aucun sentiment d'ego ; il est inconscient, et lorsqu'il émerge de son sommeil il est à nouveau le même qu'auparavant. Le total de la connaissance qu'il possédait avant de s'endormir reste inchangé et ne s'accroît aucunement. Il ne lui vient aucune illumination. Mais lorsqu'un homme entre en samadhi, s'il était un sot en y entrant il en ressort un sage. Quelle est la différence ? De l'un de ces états, il ressort exactement le même qu'il y était entré ; de l'autre, il en sort éclairé, il est devenu un sage, un prophète, un saint ; toute sa nature est changée, sa vie est

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transformée, illuminée. Tels sont les deux effets. Puisqu'ils sont différents, les causes doivent l'être également. Comme cette illumination avec laquelle un homme revient du samadhi est bien plus élevée que ce qui pourrait résulter de l'inconscience, bien plus élevée que ce que pourrait donner le raisonnement dans un état conscient, ce doit être un état supraconscient, et c'est ainsi que l'on qualifie le samadhi. Voilà en quelques mots la notion de samadhi. Quelle en est l'application ? Le domaine de la raison, ou du fonctionnement conscient de l'esprit, est étroitement limité. La raison humaine ne peut se mouvoir que dans un petit cercle ; elle ne peut pas en sortir. Toute tentative d'évasion est vaine, et pourtant c'est en dehors de ce cercle que se trouve tout ce qui


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Quand l'esprit parvient à franchir cette ligne de démarcation de la conscience du moi, on lui donne le nom de samadhi ou supraconscience. Se pte mbre 2018

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est le plus cher à l'humanité. Tous les problèmes de l'existence d'une âme immortelle, de l'existence de Dieu, de l'existence d'une intelligence suprême qui guide cet univers, sont au-delà du domaine de la raison. Celle-ci ne pourra jamais les résoudre. Que dit-elle ? « Je suis agnostique, je ne puis dire ni oui ni non. » Et pourtant ces questions ont une importance vitale. Si on ne leur apporte aucune réponse convenable, la vie humaine n'a pas de raison d'être. Toutes nos théories éthiques, nos conceptions morales, tout ce que la nature humaine renferme de bon et de grand a été modelé sur des réponses qui nous sont venues d'au-delà du cercle. Il est donc vital que nous ayons des réponses à ces questions. Si la vie n'est qu'un jeu de courte durée, si l'univers n'est qu'un groupement fortuit d‘atomes, alors pourquoi agirions-nous bien envers notre prochain ? Pourquoi la pitié, la justice, la compassion ? Le mieux dans ce monde serait de battre le fer pendant qu'il est chaud, chacun pour soi. Si l'espoir n'est qu'un vain mot, pourquoi aimerais-je mon frère au lieu de lui couper la gorge ? S'il n'y a rien au-delà, s'il n'y a pas de liberté, s'il n'y a que des lois sévères et mortes, je devrais tout simplement chercher ici-bas le bonheur pour moi-même. De nos jours on trouve des gens qui prétendent fonder la moralité sur des raisons d'ordre utilitaire. Mais quelle est la base de la moralité ? Procurer le plus grand bonheur au plus grand nombre. Pourquoi m'y appliquerais-je ? Pourquoi ne causerais-je

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pas le plus grand malheur au plus grand nombre si cela me convient ? Que répondront les utilitaristes ? Comment savez-vous ce qui est bien ou ce qui est mal ? Je suis poussé par ma soif de bonheur, je la satisfais car telle est ma nature, je ne connais rien d'autre. J'ai ces désirs et il faut que je les assouvisse : pourquoi vous en plaindriez-vous ? D'où viennent toutes ces vérités sur la vie humaine, la moralité, l'âme immortelle, Dieu, l'amour, la sympathie, la bonté et, par-dessus tout, l'altruisme ? Toute l'éthique, toute l'activité humaine, toute la pensée humaine reposent sur cette idée unique d'altruisme ; toute la notion de la vie humaine peut être résumée en un seul mot : altruisme. Pourquoi serions-nous altruistes ? Où trouverai-je la nécessité, la force, le pouvoir d'être altruiste ? Vous vous prétendez rationaliste, pragmatique, mais si vous ne me prouvez pas que vos actes ont une raison d'être et une utilité concrètes, je dirai que vous êtes irrationnel. Démontrez-moi pourquoi je ne dois pas être égoïste ! Demander à quelqu'un de ne pas être égoïste peut être fort poétique, mais la poésie n'est pas la raison. Donnez-moi une raison ! Pourquoi dois-je être altruiste, pourquoi dois-je être bon ? Le fait que ce soit l'avis de M. Untel n'a pas beaucoup de poids. À quoi me sert-il d'être altruiste ? Si par intérêt on entend la plus grande quantité de bonheur, mon intérêt c'est d'être égoïste. Quelle est la réponse ? L'acte utilitaire ne pourra jamais la fournir. La réponse est que notre

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Toute l'éthique, toute l'activité humaine, toute la pensée humaine reposent sur cette idée unique d'altruisme ; toute la notion de la vie humaine peut être résumée en un seul mot : altruisme.

monde n'est qu'une goutte d'eau dans un océan infini, un maillon dans une chaîne infinie. Où cette idée d'altruisme a-t-elle été trouvée par ceux qui l'ont prêchée et enseignée à l'humanité ? Nous savons que cette notion n'est pas instinctive ; les animaux, qui ont de l'instinct, ne la connaissent pas. Ce n'est pas non plus de la raison, car la raison ignore tout de ces idées. Alors, d'où sont-elles venues ? En étudiant l'histoire, nous voyons que tous les grands instructeurs religieux que le monde a connus ont eu ceci en commun : tous prétendent avoir reçu leurs vérités de l'au-delà, même si beaucoup d'entre eux n'ont pas su d'où elles venaient. L'un, par exemple, nous dit qu'un


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Pèlerinage mental d'un moine shivaïte © San Diego Museum of Art, Edwin Binney 3rd Collection ange ayant forme humaine, avec des ailes, est descendu vers lui et lui a dit : « Écoute, humain, voici le message ! » Un autre dit qu'un déva, un être lumineux, lui est apparu. Un troisième dit avoir rêvé que son ancêtre était revenu faire certaines révélations ; il n'en sait pas davantage. Mais ils ont en commun que tous affirment avoir reçu cette connaissance de l'au-delà et non de leur faculté de raisonnement. Qu'enseigne la science du Yoga ? Qu'ils avaient raison de prétendre que toute cette connaissance leur était venue d'au-delà du raisonnement, mais qu'en réalité elle leur était venue d'eux-mêmes. Le yogi enseigne que l'esprit luimême est susceptible d'un état

d'existence supérieure, au-delà de la raison, un état supraconscient, et que, lorsque l'esprit parvient à cet état supérieur, l'homme acquiert une connaissance qui va au-delà du raisonnement. Il reçoit la connaissance métaphysique et transcendantale. Il est possible que parfois un homme qui ne connaît pas cette science parvienne par hasard à cet état au-delà de la raison, où l'on dépasse la nature humaine habituelle ; il trébuche en quelque sorte sur cet état. Quand cela arrive, il l'attribue généralement à une intervention extérieure. C'est pourquoi une inspiration ou une connaissance transcendantale, tout en restant la même dans différents pays, peut sembler dans l'un avoir été apportée par un ange, dans

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un autre, par un déva et, dans un troisième, émaner de Dieu. Qu'estce que cela signifie ? Que l'esprit a produit cette connaissance par sa propre nature ; et la découverte de cette connaissance a été interprétée selon les croyances et l'éducation de celui qui l'a faite. La vérité, c'est que tous ces hommes différents sont pour ainsi dire tombés par hasard dans cet état supraconscient.

Swami Vivekananda, RajaYoga, coffret Raja Yoga, éditions Infolio, 2007.

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le goรปt VIE

Regardez au plus profond de la nature, et vous comprendrez tout beaucoup mieux. Albert Einstein


LEÇONS du

JARDIN

L'enseignement des mûres En travaillant dans son jardin, ALANDA GREENE apprend beaucoup de choses de Mère Nature. Dans cet article, ce sont les mûres et leur maturation qui lui transmettent leur enseignement… une leçon pleine de piquant !

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Le ç o n s d u j a rd i n

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es mûres sont abondantes cette année et elles sont prêtes pour la cueillette. Du moins, tel semble être le cas. En fait, les mûres me mettent au défi plus que n'importe quelle autre baie du jardin, car là où les groseilles noires ou rouges, les groseilles à maquereau, les myrtilles et les framboises montrent qu'elles sont à maturité par leur couleur, les mûres me narguent. Elles sont passées maîtres dans l'art du travestissement ; leurs grains d'un noir brillant me leurrent à chaque fois. Comme ma vision ne m'est d'aucun secours, je dois compter sur mon toucher. Je tire un peu sur la baie et, si elle se donne, c'est gagné, sinon je dois la laisser. Je voudrais l'arracher malgré tout, tirer juste assez fort pour qu'elle se détache, même si je sais parfaitement qu'elle ne sera pas sucrée et manquera de goût. J'ai dû écarter tant de branches pour l'atteindre que je ne veux pas revenir la chercher le lendemain, voire le surlendemain.

Je ne cesse de trouver des baies qui ne sont pas vraiment prêtes. L'impatience monte en moi, je voudrais tant que ce qui n'est pas prêt le soit, je n'ai aucune envie de recommencer ce travail. Pourtant ce qui m'importe, ce à quoi j'aspire, c'est d'accepter la réalité telle qu'elle est, sans vouloir lui imposer ma volonté. C'est du moins ce que je me dis. Mais dans une tâche aussi simple que la cueillette des mûres, je me surprends à maugréer et à m'irriter, parce que les choses ne se passent pas comme je voudrais. Je pourrais prétendre le contraire. Personne d'autre que les mûres et moi ne le saurions. Mais c'est précisément dans ce genre de situation que l'image de ce que je crois être se heurte à la réalité de mes actes. Si les deux ne correspondent pas, il y a quelque chose qui cloche. Or ce sont mes actes qui disent vrai. Goethe n'affirmait-il pas : « Savoir et ne pas faire n'est pas savoir » ?

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« C'est la quotidienneté de la vie qui nous confronte aux replis les plus profonds de notre moi. » Mais pour aller dans ces replis-là, encore faut-il en avoir la volonté et reconnaître leur importance. Car le monde d'aujourd'hui nous offre une profusion de distractions qui nous éloignent de ce qu'on peut apprendre en explorant sa vie intérieure. 69


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Si j'agis d'une certaine manière tout en prétendant vouloir vivre autrement, c'est de l'hypocrisie. C'est déjà une bonne chose (merci les mûres !) que je le reconnaisse, sans pour autant me condamner et me dire que je fais tout faux. Je suis reconnaissante que ce travail de jardinage dans le calme me permette de remarquer des schémas de pensée et des réactions dont je n'ai pas conscience dans mes activités quotidiennes ; cela m'aide à les identifier lorsqu'ils sont déclenchés par des situations plus stressantes ou plus chargées émotionnellement. Quand je suis irritée par la lenteur du conducteur qui me précède, par exemple, ou par la femme qui discute tranquillement de l'école maternelle de son enfant avec la caissière, alors que j'ai un ferry à prendre et suis sur le point de le rater. Si j'ai déjà pris conscience de mon comportement volontariste dans la paisible compagnie des baies, il m'est plus facile d'infléchir le cours de mes pensées et de porter mon attention sur autre chose que ce qui m'irrite quand je fais la queue ! Le poète Stanley Kunitz nous le rappelle : « C'est la quotidienneté de la vie qui nous confronte aux replis les plus profonds de notre moi. » Mais pour aller dans ces replis-là, encore faut-il en avoir la volonté et reconnaître leur importance. Car le monde d'aujourd'hui nous offre

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une profusion de distractions qui nous éloignent de ce qu'on peut apprendre en explorant sa vie intérieure. « Pourquoi faire ce genre d'introspection ? » Cette question déclenche une rafale de voix intériorisées au fil des ans, venant d'on ne sait où. « Pourquoi dépenser son énergie à examiner ainsi ses pensées, à remettre en question ses motivations, ses actes ? Mais c'est déprimant ! Plus on regarde tout ça et plus on se sent mal. Il vaut mieux mener sa vie en faisant de son mieux, sans se laisser entraîner dans ce nombrilisme sans fin. » Ces voix intérieures montrent bien où se situent les enjeux. Si je ne fais pas ce travail de conscience, si je ne discerne pas les désirs, les concepts ou les attitudes qui tirent les ficelles de mes choix, je leur obéis inconsciemment et je vis comme une marionnette. On attribue à Socrate cette maxime : « La vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue. » Ce sont la compréhension de nos motivations et les choix conscients qui donnent de la valeur à la vie. Voilà les profonds enseignements que je découvre en cueillant paisiblement mes baies. Dans son livre Kundalini Yoga for the West : A Foundation for Character Building, Courage and Awareness, Swami Radha demande au pos-

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On attribue à Socrate cette maxime : « La vie sans examen ne vaut pas la peine d'être vécue. » Ce sont la compréhension de nos motivations et les choix conscients qui donnent de la valeur à la vie. Voilà les profonds enseignements que je découvre en cueillant paisiblement mes baies.


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tulant : « Quel est le but de ta vie ? Qu'est-ce qui fait que ta vie vaut la peine d'être vécue ? » Ces questions m'ont tout d'abord paru trop vastes lorsque, il y a fort longtemps, je les ai lues pour la première fois. Mais peu à peu j'ai compris que cet examen était fondamental pour construire ma vie en conscience, une vie qui ait du sens. C'est ce que les mûres m'encouragent à faire, si je veux bien les observer et les écouter. Au fond, que signifie ce désir de les cueillir avant qu'elles ne soient mûres ? Ai-je plus de sagesse que la plante ? Je tire sur elle, j'essaye de la forcer alors que son temps n'est pas venu, et elle me montre

clairement que je n'accepte pas ce qui est, que je veux que les choses aillent à mon rythme. J'ai de bonnes raisons de le faire : je suis une femme très occupée, j'ai beaucoup de travail, j'apprécie l'efficacité ! Mais en justifiant ainsi ma volonté de faire du monde ce que je veux qu'il soit, je fais mauvais usage de la parole. J'en fais plus mauvais usage encore quand j'élabore de longs discours pour me justifier et me persuader que j'ai raison.

qu'elles soient. Elles sont de bons professeurs, tout comme Swami Radha et Socrate ; en me rappelant mes idéaux, elles me montrent avec douceur que mes actes doivent leur correspondre.

Un seau suspendu à la taille, je reviens donc aux mûres avec la ferme intention de les accepter telles qu'elles sont, en ayant laissé derrière moi toute idée de ce que je veux

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Yogasanas Heartfulness Posture du papillon

Première étape Sthithi

Deuxième étape Purna titali asana

Prenez la position de dandasana.

Asseyez-vous dans la position de dandasana.

Asseyez-vous bien droit, les jambes tendues vers l'avant et les talons joints. Gardez la colonne vertébrale, le cou et la tête droits. Placez les paumes des mains sur le sol, à côté des cuisses. Fermez doucement les yeux.

Sithila dandasana Posture de relaxation assise. Asseyez-vous les jambes tendues vers l'avant et les pieds écartés. Inclinez légèrement le tronc vers l'arrière et soutenez le corps en plaçant les mains derrière vous, les doigts vers l'arrière. Laissez la tête pendre librement en arrière ou reposez-la sur l'une des épaules. Fermez doucement les yeux.

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Pliez les deux jambes, joignez les plantes des pieds en réunissant les talons et les orteils. Tirez les jambes vers l'intérieur en rapprochant les talons du corps. Entrecroisez les doigts pour tenir les orteils. Gardez le tronc et la tête droits. Poussez doucement les deux genoux vers le sol jusqu'à ce qu'ils le touchent. Relâchez les jambes et relevez les genoux. Répétez ce mouvement des genoux vers le haut et vers le bas comme si vous battiez des ailes. Accélérez le mouvement, en relevant les genoux plus haut et en essayant de toucher le sol avec les cuisses. Gardez les yeux fermés et continuez l'exercice en respirant normalement pendant une minute.

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BIENFAITS Cet asana apporte de la mobilité aux articulations de la hanche. Il prépare les jambes pour padmasana et d'autres asanas méditatifs. Il soulage la tension des muscles intérieurs des cuisses. Il élimine la fatigue causée par de longues heures de marche et de station debout.


LE BI LLE T

de Daaji

Le témoin Le fait d'être simplement témoin est magique, face à la position d'observateur. Tout d'abord, quand on est témoin, la pensée n'est pas impliquée. Ensuite, l'intellect est mis de côté et, troisièmement, le plus important : L'EGO n'a aucun rôle à jouer quand on est témoin…

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FORMATION Le Yoga Heartfulness, formation pour enseignants Diplôme supérieur de yoga avancé. Apprenez à enseigner les huit étapes du yoga et à associer l'art traditionnel du yoga à une approche professionnelle moderne. Chennai – 1er au 29 novembre 2018 (en anglais)

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