Heartfulness magazine edition 7

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numéro 7   8€   janvier 2017

LE CHANGEMENT

Heartfulness Evolution

Méditation Joie Motivation Soi Pensée

Transformation

Sensibilité

Compassion Accomplir

Sagesse

Conscience

Amour

Expériences

Esprit

Pureté

Divin

Bien-être

Subtil

Bonheur

Heartfulness

Relaxation

Humanité

Cœur

Splendeur

Lumière

MALHEUREUX ET MAGIQUE Nipun Mehta invite les jeunes à construire un monde fondé sur la confiance et l’empathie

LE PARADOXE DE L’IMMOBILITÉ Daaji explique comment se développe la conscience à 360 degrés

UNE APPROCHE INTÉGRATIVE DE LA GUÉRISON La santé se rétablit à tous les niveaux de l’être

Puissant

Inspiration

Grâce

Accompagnement

Fraternité

Paix

Spiritualité

soi I travail I relations I inspiration I vitalité I nature I jeunesse

Equilibre


Heartfulness Through meditation, transformation

De bonnes résolutions pour 2017 Chers lecteurs, La saison des fêtes vient de se dérouler, avec son cortège de célébrations, de rassemblements familiaux, d’agapes, de rencontres, de souvenirs heureux ou nostalgiques… Une autre année s’est achevée, et en nous se niche l’espoir qu’elle nous a permis de gagner en sagesse. Janvier est le mois des évaluations et des bonnes résolutions. C’est le moment de clarifier nos rêves et nos espoirs pour l’année à venir, et de définir les moyens de les concrétiser. C’est le moment parfait pour accomplir des changements, avec des résolutions qui peuvent aller de notre remise en forme physique à la remise en cause de notre emploi du temps ou de notre comportement – nous montrer plus compatissants et accueillants envers nos proches, nos amis et nos collègues, passer plus de temps avec les gens qui comptent, travailler plus intelligemment, apprendre quelque chose de nouveau, faire de l’ordre, dépenser moins, etc.

Magazine Heartfulness


Et s’ il y avait un moyen simple de nous aider à accueillir ce que nous voulons devenir et à réaliser ces changements naturellement et facilement ? Eh bien, il existe. L’ art ancestral de la méditation est conçu pour libérer l’esprit, ouvrir le cœur et nous permettre d’accéder à notre potentiel intérieur. Alors notre mental embrouillé se clarifie et se recentre, la prise de décision devient facile, notre confiance en nous et notre courage se renforcent et notre cœur se met à rayonner. Il n’y a rien de magique à ça – il faut du travail – mais si on est prêt à faire l’effort, les résultats sont là ! Si vous voulez vous offrir un cadeau pour cette nouvelle année, rejoignez-nous, les 1 , 2 et 3 février 2017, pour une série de trois master classes sur la méditation dirigées par Kamlesh D. Patel (www.fr.heartfulness.org). er

Toute l’équipe du magazine Heartfulness vous souhaite une bonne année ! Que 2017 soit rempli de paix, d’amour et de joie !

Janvier 2017


Sommaire

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ENTRETIEN

James R. Doty Les aires du cerveau associées à la récompense intensifient leur métabolisme lorsque nous nous occupons des autres. C’est une partie importante et profondément inscrite de ce qui nous caractérise en tant qu’espèce.  James R. Doty est neurochirurgien et enseigne à l'université de Stanford. Depuis plusieurs années, il mène des recherches sur la compassion et ses effets sur notre physiologie.

06 18

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ATTITUDE

Victime ou bourreau ?

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ÉDUCATION

Malheureux et magique  On a besoin de passer du Moi-Moi-Moi au Nous-Nous-Nous.

26 focus accueillir le changement 26 Sommes-nous déterminés par nos gènes ? 30 Le paradoxe de l’immobilité

35

Quel est notre centre, autour duquel tournoie le vortex de la vie ? C’est l'âme.

35 La Green School, une source d’inspiration

42

LA PENSÉE ET L’ ACTION

Une approche intégrative de la guérison

2

Magazine Heartfulness


50 la science de la spiritualité

50 L’ évolution de la conscience, 4e partie  Nos tendances – l’attirance comme la répulsion

– créent une émotion dans notre cœur, où elle va former une impression.

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PORTFOLIO

Le projet Bouddha

60

50 54

TÉMOIGNAGE

60 Voyage et découvertes 64 L’ âme est le véritable guérisseur

66

LE GOÛT DE LA VIE

La gratification différée

70

LES RECETTES DE SIMONNE HOLM

70 Salade de chou palmier 7 1 Pain à la citrouille

74

76

PLANÈTE KIDS

74 Des pierres de toutes les couleurs 76 Les enfants arc-en-ciel

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Ont contribué James R. Doty Auteur de Into The Magic Shop :

DIRECTRICE DE PUBLICATION

A Neurosurgeon’s Quest to Discover

(édition francophone)

the Mysteries of the Brain, et

Sylvie Berti Rossi

Secrets of the Heart, James est cofondateur du Center

RÉDACTION

for Compassion & Altruism

Anglais : Rishabh Kothari, Elizabeth Denley,

Research & Education

Emma Ivaturi, Veronique Nicolai (partie pour

(CCARE) à la Standford

les enfants )

University à Palo Alto, en

Français : Sylvie Berti Rossi, Génia Catala,

Californie. Ses recherches se

Hélène Camilleri

focalisent sur la compassion et

TRADUCTION

ses effets sur notre physiologie.

Génia Catala, Sylvie Galland, Agnès Valensi, Marie Laure Lagrange, Marie-Pierre Koch, Marie-Louise Roosz, Julie Cuisinier

GRAPHISME Emma Ivaturi, Uma Maheswari, Nehal Singh, Hélène Camilleri

COUVERTURE

Véronique Desvigne

Sylvie Berti Rossi, Hélène Camilleri Formée à la méthode Montessori, Véronique

PHOTOGRAPHIES

enseigne dans des écoles internatio-

Alice Marty, Josh Bulriss, Francis Azemard,

nales. Son présent objectif est

Simonne Holm

de développer en Europe les

ILLUSTRATIONS Brigitte Smith

CONTRIBUTIONS Dr James R. Doty, John Malkin, Harpreet Kalra,

programmes Brighter Minds qui font appel à l’intuition et au sens de l’observation des enfants – une approche négligée dans l’enseignement

Nipun Mehta, Lisa Ann Catano, Kamlesh D.

moderne. La pratique de Heart-

Patel, Véronique Desvigne, Luke Coutinho,

fulness l’a aidée à apporter de l’har-

Samara Mahindra, Josh Bulriss, Ivor Browne,

monie dans ses classes, et à élever ses

Santa Telleri, Alanda Greene, Simonne Holm,

enfants dans la joie.

Anne-Grethe Kousgaard, Brigitte Smith

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Magazine Heartfulness


à ce numéro ENVOI DES CONTRIBUTIONS

Kamlesh D. Patel

Correspondance avec la rédaction et ligne rédactionnelle

Responsable international de Heartfulness, Kamlesh D. Patel est un guide

magazine@unimeo.com

PUBLICITÉ

spirituel moderne qui incarne

magazine@unimeo.com

cette rare fusion du cœur oriental et de l’esprit occi-

ABONNEMENTS

dental. Il a la capacité d’être

www.unimeo.com

profondément connecté à son cœur, centre de son exis-

IMPRESSION

tence, tout en poursuivant des

Aumüller Druck GmbH & Co. KG

recherches scientifiques nova-

Weidener Straße 2

trices dans le domaine de la méditation,

D-93057 Regensburg

de la spiritualité et de l’évolution humaine. Pour en savoir plus, consultez le site daaji.org

PUBLICATION Unimeo 1185 Chemin des Campelières 06250 Mougins FRANCE Droits d’impression, publication, distribution,

Nipun Mehta A 25 ans, Nipun Mehta renonce à une carrière pro-

vente, sponsoring et perception des recettes réservés à l’éditeur. 2017 © Tous droits réservés à Unimeo

metteuse pour se lancer dans le volontariat. Il fonde avec trois amis la servicespace. org, association sans but lucratif qui allie technologie et économie du don. Nipun, qui écrit et donne des conférences dans le monde entier pour défendre sa vision

ISSN : 2491-2255 Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg Spirituality Foundation, SMSF », le logo « Learn to Meditate » et le logo  « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.heartfulness.org est également la propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

d’un monde solidaire, a reçu de nombreuses distinctions.

Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l’Institut Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

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entre Stimulus

et rĂŠponse PARTIE 1 6

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entretien

}Q & A } john malkin s'entretient avec le Dr James R. Doty JAMES R. DOTY est neurochirurgien et enseigne à l'université de Stanford. Depuis plusieurs années, il mène des recherches sur la compassion et ses effets sur notre physiologie.

Q

La lecture de vos mémoires, Le magasin des miracles, est à la fois étonnante et instructive. On y trouve une sélection de moments importants de votre vie, comme votre apprentissage de la méditation et de la visualisation au « Cactus Rabbit Magic Shop » à Lancaster, en Californie, alors que vous étiez encore enfant ; et plus tard votre expérience de mort imminente, puis la chute de votre statut de multi-millionnaire, et finalement le fait que vous soyez devenu, contre toute attente, neurochirurgien.

En point d’orgue, on y trouve votre création, il y a huit ans, du Centre de recherche et d’éducation sur la compassion et l’altruisme (CCARE), à l’université de Stanford. J’ aimerais que vous nous parliez de votre métier de chirurgien mais avant tout de ce centre de recherche. Les gens se disent parfois que la compassion est intérieure, vague, difficile à décrire et que son exploration relève d’une science « douce ». Comment étudiez-vous la compassion et l’  altruisme et quelles sont vos découvertes ?

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JD

La manière dont le cerveau répond ou réagit à la méditation a suscité un grand intérêt et cette recherche, initialement menée par Rick Hanson, dure depuis trente ans. Mais ce qui m’a intéressé et continue de m’intéresser, c’est que la compassion se trouve au cœur d’un grand nombre de pratiques de méditation : la compassion pour soi, bien entendu, et la compassion pour les autres. En étudiant ce domaine, j’ai réalisé que notre survie était liée à l’apprentissage et aux soins prodigués à nos enfants. Dans notre espèce cela implique que nous prenions soin non seulement des nôtres mais aussi de ceux des autres. Chez les humains, cette éducation, qui dure quinze ans ou plus après la naissance, contraste avec celle d’autres mammifères qui à peine nés s’enfuient dans la forêt. Au cours de cet apprentissage, nos enfants ont essentiellement besoin d’un enseignement et d’un modèle de comportement qui leur permettront de vivre en société. Le coût – pour les parents ou la mère – est gigantesque en termes de temps, de ressources et d’énergie. Mais sans cette éducation, ces soins et la formation de liens affectifs, nos enfants ne survivraient pas. Par conséquent, profondément ancré et programmé dans notre cerveau, se trouve un système de récompense fondé sur l’attention que nous portons aux autres, principalement aux enfants, mais aussi à tous les êtres. Il se trouve que les aires associées à la récompense intensifient leur métabolisme lorsque nous nous occupons des autres. C’est une partie importante et profondément inscrite de ce qui nous caractérise en tant qu’espèce. En évoluant de la structure familiale nucléaire au sein d’un environnement hostile à celle d’une tribu de dix à cinquante chasseurs-cueilleurs, dans ce même environnement hostile, l’exigence de soulager la souffrance et de prendre soin des autres s’est intensifiée. En effet, si un individu du groupe souffrait,

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La manière dont le cerveau répond ou réagit à la méditation a suscité un grand intérêt. Mais ce qui m’a intéressé et continue de m’intéresser, c’est que la compassion se trouve au cœur d’un grand nombre de pratiques de méditation  : la compassion pour soi, bien entendu, et la compassion pour les autres.

cela pouvait l’empêcher de remplir sa fonction. S’il ne remplissait pas sa fonction, cela mettait en péril la tribu tout entière. La capacité à percevoir les états émotionnels, les expressions faciales subtiles, le langage corporel, et même à interpréter les odeurs, s’est donc révélée d’une importance critique pour l’évolution de notre espèce. Plus tard, la domestication des animaux et des plantes nous a laissé plus de temps pour nous occuper les uns des autres. Et si l’on analyse la manière dont la société et la religion ont fonctionné, on trouve toujours au centre de leur organisation l’exigence fondamentale de coopérer et de prendre soin d’autrui. En fait de nombreuses recherches ont démontré que l’absence de pitié et de compassion nuit très vite à une espèce. A long terme, il est nécessaire que les individus coopèrent dans le groupe. C’est donc un élément décisif de la survie de l’espèce humaine.


entretien

lui ai parlé du travail que j’avais commencé et de la recherche que notre groupe menait depuis. Comme vous le savez, Sa Sainteté s’intéresse beaucoup à ces questions, et plus particulièrement à la neuroscience de la méditation. A la fin de notre conversation, le Dalaï Lama s’est entretenu en tibétain avec son interprète Thupten Jinpa de façon très animée, et a finalement non seulement accepté de venir à Stanford mais, très impressionné par notre travail, a également tenu à faire une donation personnelle. Cette contribution était la plus importante qu’il ait jamais faite pour une cause non tibétaine. C’était touchant, bouleversant et, en ouvrant la voie à d’autres donations, il a rendu possible la création officielle du Centre qui fait maintenant partie de l’Ecole de médecine, en tant que filiale de l’Institut de neuroscience de Stanford.

Q En ce qui concerne la création du Centre à Stanford, je me trouvais à un point de ma vie où je commençais à réfléchir à ce genre de choses. J’ai peu à peu réalisé qu’il était crucial de comprendre la réponse du cerveau à ces situations et la manière dont la compassion affectait notre physiologie. Il se trouvait que quelques personnes exploraient déjà ce domaine. J’ai alors réuni un groupe informel de scientifiques et nous avons commencé des études préliminaires sur certaines de ces questions. Puis un jour j’ai eu l’idée qu’il serait vraiment bien que le Dalaï Lama vienne à Stanford. Elle m’est venue alors que je traversais le campus. C’était en 2007, et pour être franc je n’avais jamais vraiment accordé de l’intérêt au Dalaï Lama auparavant. Je n’étais ni particulièrement spirituel ni religieux, mais cette image de lui donnant un discours à Stanford m’a soudain saisi. J’ai pu obtenir un rendez-vous et je

Quelle magnifique évolution ! Je suis reconnaissant que, grâce à vous et au Dalaï Lama, le sentiment de compassion se développe par le fait qu’on l’étudie maintenant de différents points de vue. Je suppose que certains sont d’avis que les humains naissent avec ou sans compassion ou que certaines populations en ont plus que d’autres. J’imagine que vous diriez que la compassion est une chose qu’on peut cultiver. Est-ce le cas ?

JD

C’est exact et votre affirmation précédente l’est également. Fondamentalement, nous sommes tous dotés à la naissance d’un patrimoine génétique qui définit nos attributs. Cela dit, beaucoup d’entre nous n’utilisent pas ces attributs ou ne les développent pas au maximum. Imaginons, par exemple, un individu génétiquement prédisposé à être un coureur de fond. S’il n’est jamais mis en situation de courir de grandes distances, son potentiel ne se manifestera pas.

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De fait, il en va de même de la compassion, et tout autant du bonheur. On sait maintenant que chacun naît avec un potentiel génétique pour ce type de comportements, mais, pour la plupart, nous ne les développons pas, soit parce que nous ne savons pas comment faire, soit parce que nous n’avons pas conscience du bienfait que cela peut nous apporter. Un autre aspect intéressant de l’expression des gènes nous a permis de découvrir que certains individus, les sociopathes par exemple, naissent avec un défaut de connexion dans le cerveau qui limite leur capacité à comprendre les états émotionnels d’autrui. Certains de leurs gènes possèdent des récepteurs qui limitent leurs capacités de réponse aux transmetteurs, tels l’ocytocine, qui sont associés à la bienveillance envers les autres. Du coup, ces individus répondent différemment aux situations : là où quelqu’un de « normal » ferait preuve d’empathie, cette personne ne le fera pas ou pas au même degré. La génétique joue certes un rôle important, mais nous savons aussi que notre aptitude à la compassion peut être cultivée et optimisée par certaines pratiques.

Q

De toute évidence, on peut aborder et parler de la compassion sous plusieurs angles. L’un d’eux est le contexte social et les interactions politiques au niveau national ou international. Il y a manifestement beaucoup de violence sur la planète, et beaucoup de violence armée. Je suis né en 1963 et je me souviens des cours d’histoire parlant de la seconde guerre mondiale comme de la dernière grande guerre, comme de la fin de toute guerre. Or, de mon vivant, les Etats-Unis n’ont pas cessé d’être en guerre, ce qui a provoqué beaucoup de souffrance. A l’intérieur même du pays il y a eu de nombreuses fusillades de masse et des tueries commises par la police. Parfois je considère la compassion comme un courant naturel qui va là où il n’y en a pas

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Ce n’est que lorsque notre objectif sera de guérir les blessures du cœur que la paix régnera sur cette terre. Aucune science, aucune technologie au monde n’y parviendra.

encore. Je pense aux Etats-Unis qui ont reçu de la compassion venue de sources inattendues. Je songe aux nombreux enseignants bouddhistes japonais qui sont arrivés aux Etats-Unis après que leur pays a été bombardé avec l’arme nucléaire. Plus tard, Thich Nhat Hanh est également venu du Vietnam au moment où son pays ployait sous les bombardements américains. De même, c’est après l’invasion du Tibet par la Chine que les enseignements des bouddhistes tibétains sont parvenus en Occident. J’ai l’impression que le Dalaï Lama et les milliers de moines et de nonnes tibétains appréciaient leur vie loin du monde. Mais ils ont été envahis et leur sagesse et leur compassion se sont répandues vers des lieux où le besoin s’en faisait sentir, y compris les Etats-Unis. Que pensez-vous de cela et du besoin de compassion dans notre monde qui semble aujourd’hui si violent ?

JD

Merci pour cette question facile ! Je pense que ce que vous dites est partiellement vrai. La compassion est aussi importante aujourd’hui qu’elle l’a toujours été. J’aimerais évoquer deux aspects qui peuvent nous éclairer. Nous parlions de l’importance capitale de l’éducation, des soins et des liens


entretien

d’attachement – de la compassion – dans le contexte de l’évolution de notre espèce. Mais d’autres choses appartenant à notre bagage d’évolution exercent également leur influence. L’une d’elles est notre réponse à la peur et au danger, par le combat ou la fuite. Il faut se souvenir que notre ADN n’a pas changé en 200'000 ans, époque à laquelle nous vivions une vie relativement idyllique dans les savanes africaines, étant

fréquence des maladies, leur durée et leur gravité, et au final, sur notre longévité. Pourtant, nous savons par ailleurs que, grâce à certaines pratiques, nous pouvons atténuer ces effets et passer de la mobilisation de notre système sympathique à celle de notre système parasympathique, l’autre partie de notre système nerveux que beaucoup appellent le système du repos et de la digestion. Le

donné que les téléphones portables, le travail et les rendez-vous ne nous accablaient pas. Notre intérêt se concentrait sur l’abri, la nourriture, la procréation et la réaction aux menaces potentielles. Cette réponse aux menaces fait partie de notre système nerveux autonome, le système sympathique. Chaque fois que nous percevions un danger, il sécrétait des hormones dans notre système sanguin pour augmenter notre rythme cardiaque, détourner le flux sanguin de notre appareil digestif vers nos muscles afin de nous permettre de courir, et pour que notre cœur puisse pomper plus de sang. Nos pupilles se dilataient pour nous permettre de voir plus clairement et notre sphincter se resserrait. Tout cela nous permettait de réagir en courant, et peut-être en grimpant dans un arbre. Si nous nous en sortions vivants, ces effets se dissipaient rapidement et nous retournions à nos activités habituelles. Mais le problème vient de ce que ce système n’a pas changé et que nous vivons maintenant dans un environnement moderne où règne une technologie par rapport à laquelle nous n’avons jamais évolué. Beaucoup de gens sont constamment sur le quivive, peut-être à un faible degré mais qui néanmoins mobilise leur système nerveux sympathique, ce qui a pour conséquence une légère sécrétion chronique de ces hormones. Cette situation a un effet nuisible sur notre physiologie, altère notre santé et diminue notre espérance de vie. Vivre dans un état d’alerte constant en réponse à des peurs ou à un danger influe sur la

système parasympathique est associé au calme et à la relaxation. Vos pupilles ne sont pas dilatées, votre sphincter est relâché, vos battements de cœur sont normaux et votre fonction cardiaque au top, votre système immunitaire fonctionne bien et vos hormones de stress sont à leur niveau de base. Dans cet état, vous êtes bien plus enclin à interagir avec les autres, les aires de votre cerveau associées à la créativité fonctionnent à la perfection, tout comme les parties de vous-même qui vous permettent d’être productif. Cela dit, quand bien même nous avons un certain contrôle sur notre propension à être compatissants, ce bagage génétique n’en affecte pas moins beaucoup de gens et il est à l’origine de nombreux – et même très nombreux – problèmes dans notre société d’aujourd’hui. A suivre

Entretien réalisé par John Malkin en août 2016 Le Dr Doty est l’auteur de Le magasin des miracles : Ouvrez votre cœur pour changer votre vie et le co-fondateur du Center for Compassion and Altruism Research and Education (CCARE) à l’université de Stanford, Palo Alto, Californie. John Malkin est journaliste et musicien. Il vit à Santa Cruz en Californie où il anime aussi des programmes radios sur Free Radio Santa Cruz et KZSC.

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Entre le stimulus et la réaction il y a un espace. Cet espace nous donne le pouvoir de choisir notre réponse. C’est de notre réponse que dépendent notre croissance et notre liberté. VIKTOR E. FRANKL

PHOTOGRAPHIE ALICE MARTY


Victime ou

bourreau ? 16

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attitude

HARPREET KALRA aborde le thème de la victimisation sur le lieu de travail et évoque son expérience pour y faire face. Dans quelle mesure sommes-nous prêts à nous responsabiliser pour modifier ces modes de fonctionnement ?

C

ela faisait deux mois que j’avais intégré le département « stratégie et planification » de la société MCS Entreprises. Je venais de rédiger le projet d’un modèle financier que j’avais transmis à ma supérieure hiérarchique, Linda, pour révision. Quelques heures plus tard, elle m’appela dans son bureau. « T’ai-je demandé de faire des hypothèses ? », m’at-elle crié au moment où je passais la porte. « Non », ai-je répondu à mi-voix. « Tu t’imagines pouvoir faire des hypothèses personnelles dans ta position ? », a-t-elle persiflé en quittant la pièce. Pour moi, les échanges de ce type étaient monnaie courante. En jargon d’entreprise, la routine ! En ce qui me concernait, le rôle de ma supérieure se résumait à peu près à ça : avoir affaire à moi le moins possible, ne me laisser aucune liberté créative pour penser, me donner des instructions floues en me chargeant d’une tâche et me couvrir de critiques acerbes. « Qu’est-ce que j’attends pour quitter ce poste ? Est-ce que je démissionne maintenant ? Ai-je assez d’argent pour payer mon prêt hypothécaire ? » Voilà, entre autres, les questions qui tournaient dans ma tête alors que je retournais à mon bureau en traînant les pieds.

Dans certaines circonstances, j’étais la victime, et dans d’autres, le bourreau. Voilà pourquoi je souffrais… Les comportements de Linda qui me blessaient étaient précisément ceux que je portais en moi, même s’ils étaient de moindre intensité.

Il y a les boss exigeants, les boss difficiles, les boss collaboratifs, les boss faciles, et puis il y a les psychopathes. Selon une étude, un chef d’entreprise sur cinq est un psychopathe. Je savais que ma supérieure en était une. J’étais persuadé que la plupart de mes anciens patrons avaient été de bons chefs, bien qu’ils aient eu certains traits de personnalité que j’estimais inacceptables. Mais après avoir connu Linda, j’ai vraiment pris conscience de leur bonté. Si j’en avais eu

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mon fils est désobeissant

je mérite un meilleur job

la possibilité, je me serais volontiers accommodé de tous leurs traits inacceptables. Je me sentais mal. Graduellement mon état d’esprit vira à l’apitoiement : « Pourquoi moi ? Mais c’est du mobbing ! Je suis devenu son bouc émissaire ! » Il ne m’avait pas fallu longtemps pour endosser le rôle de la victime. En tout cas, c’est comme ça que je me voyais ! J’avais commencé à pratiquer la méditation quelques mois plus tôt. Un matin, après ma méditation, alors que j’étais dans un état calme, contemplatif, j’entendis une voix intérieure murmurer : « Toute victime est un criminel en puissance, pour peu que les circonstances changent. » Je ne saisis pas entièrement sa signification, mais je notai la phrase dans mon journal et partis travailler. J’avais un voyage d’affaires programmé à Paris pour rencontrer la nouvelle équipe de notre agence de recherche. Dès mon arrivée au bureau, je me dirigeai vers Priya, la responsable de la gestion administrative qui assistait tout le personnel de MCS au niveau logistique. Elle n’avait pas encore fait la réservation. « Mes billets pour Paris ne sont pas réservés ? », demandai-je d’un air réprobateur. « J’essaie d’avoir les meilleurs tarifs. Laissez-moi le temps. Je devrais les avoir pour demain », me répondit-elle d’une voix morne. « Vous en êtes sûre ? » lançai-je d’un ton sarcastique et méprisant avant de foncer vers mon bureau. Le soir, sur le chemin du retour, cette conversation avec Priya me revint – sa voix morne, son air désabusé. Le ton et le regard que j’avais en présence de Linda. C’est alors que le sens de ma voix intérieure du matin fit son chemin en moi. C’était ça ! Dans certaines circonstances, j’étais la victime, et dans d’autres, le bourreau. Voilà pourquoi je souffrais… Les comportements de Linda qui me blessaient étaient précisément ceux que je portais en moi, même s’ils étaient de moindre intensité.

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mon patron ne me soutient pas

ma femme ne m'écoute pas

je suis intelligent mais je ne suis pas encore PDG

Mu i nv

mb e st a i iva ble

En fait, chez Linda, le trait de caractère qui me blessait le plus était celui qui était le plus présent en moi. Le matin, je ne pouvais saisir le sens de ma voix intérieure. Peut-être ne le voulais-je pas, d’ailleurs. Après tout, j’ai un ego. Comment pourrait-il accepter sans sourciller l’idée qu’il est pétri des mêmes comportements et des mêmes tendances qu’il déteste chez les autres ? Quand on se penche sur le malheur des autres, qu’on éprouve de l’empathie, on aimerait croire que c’est de la pure compassion. Mais s’agit-il vraiment de cela, ou de notre ego déguisé ? Et que se passe-t-il lorsque la situation s’améliore pour la victime ? Quand son langage non verbal et son comportement se transforment et qu’elle devient plus confiante, plus assertive, plus heureuse ? Cela modifie la perception que nous avons de cette personne. Auparavant on lui avait mis l’étiquette de victime. Maintenant on la considère comme quelqu’un qui s’y


attitude

croit, qui se donne des airs. Pire, on ne supporte plus le moindre faux-pas de sa part. Au moment où l’ego se rend compte que l’autre ne souffre plus, il ne s’identifie plus à lui. Pourquoi ? Parce que l’autre n’est plus dans le même bateau. Quel bateau ? Celui de la souffrance. Aussi triste que cela puisse paraître, ce type de comportement se rencontre dans nos relations les plus intimes. Dès lors, les relations fondées sur la compassion subissent de cuisantes épreuves. Lorsque j’ai pris conscience de cette dure réalité, il ne m’a pas fallu longtemps pour que je la laisse imprégner tout mon être. Cette acceptation a très largement contribué à mon bien-être global. Elle a considérablement réduit ce yoyo émotionnel qui me caractérisait entre ces extrêmes : affection-dureté, compassion-critique, tristesse-joie, etc. Un sentiment d’équilibre et de calme s’est installé en moi, bien qu’il ne soit pas encore cet état permanent auquel j’aspire. Si cette nouvelle conscience et cette acceptation m’ont peu à peu conduit au calme et à l’équilibre, ce n’est pas arrivé sans peine. Je m’efforce constamment d’être attentif à mes pensées, mes émotions, mon comportement, aussi bien seul qu’avec les autres. Dans cette recherche du changement et du bonheur, mon allié le plus puissant a été la méditation. Comment m’a-t-elle aidé? En défaisant les nœuds que j’avais formés en moi depuis si longtemps. Quels nœuds ? Tous les « je suis ceci » et les « je ne suis pas cela », qui se définissent sur la toile de fond des « il est ceci » et des « elle n’est pas cela ». Je suis intelligent, je ne suis pas encore PDG, mon fils est désobéissant, ma femme ne m’écoute pas, Bombay est invivable, je mérite un meilleur poste… La liste pourrait englober tout l’univers. Pourquoi n’ai-je pas pu dénouer ces nœuds tout seul sans la méditation ?

Quand on se penche sur le malheur des autres, qu’on éprouve de l’empathie, on aimerait croire que c’est de la pure compassion. Mais s’agit-il vraiment de cela, ou de notre ego déguisé ?

D’abord parce que je ne souhaitais pas les dénouer. En fait ils me définissaient, ou plutôt je me définissais à travers eux. Les défaire signifiait que je devais lâcher une partie de moi-même, une partie de qui je pensais être. Ensuite et surtout parce que, pour les défaire, il aurait fallu que je sache qu’il s’agissait de nœuds. Comment les dénouer fut secondaire. En fait, ces nœuds faisaient tellement partie de mon système que je pensais qu’il était normal de vivre avec. Grâce à la méditation, à mesure que l’hyperactivité de mon esprit s’est calmée, j’ai eu une vision plus claire de mes relations – avec les autres, avec mon travail, avec ma santé, avec le succès. Les nœuds ont commencé à se montrer ; ils m’ont ouvert à une nouvelle compréhension, et m’ont permis de voir comment je me comportais, et surtout pourquoi je me comportais ainsi. J’ajouterai que mon identification au rôle de victime auquel j’ai fait référence ici était un de mes nombreux nœuds.

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Malheureux NIPUN MEHTA addresses students on what they can do to bring change in their

& Magique

Dans cet article, NIPUN MEHTA s'adresse à des élèves diplômés de la Harker School, et évoque ce que leur génération peut faire pour changer le cours des choses. Il s'agit de l'extrait d'un discours publié sur DailyGood.org, plateforme et bulletin électroniques dont le but est de diffuser des histoires inspirantes venant du monde entier.

V

oici donc venu le jour de la remise des diplômes, ce moment clef qui se produit une fois dans la vie. En paraphrasant Taylor Swift, je peux imaginer comment vous vous sentez : « heureux, libres, confus et seuls, malheureux et magiques à la fois. » Qui aurait pensé qu’on citerait ces perles de sagesse de Taylor Swift lors de votre remise de diplôme ! 1  En ce jour important, je suis porteur d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle. Je vais commencer par la bonne. Vous serez peut-être surpris de l’entendre, mais vous êtes sur le point d’entrer dans un monde qui va bien – en fait qui va mieux que jamais. L’individu moyen n’a jamais été mieux nourri qu’actuellement.

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La mortalité infantile n’a jamais été aussi basse. En moyenne nous vivons plus longtemps et en meilleure santé. Le travail des enfants, l’illettrisme, l’eau non potable ne sont plus la norme. La démocratie gagne du terrain et l’esclavage est en cours de disparition. Les gens n’ont plus à travailler aussi dur pour simplement survivre. En 1895, le prix d’une bicyclette équivalait à 260 heures de travail et aujourd’hui il est descendu à 7,2. Donc, les choses progressent. Mais j’ai bien peur que ce ne soit pas tout ! Alors préparez-vous, car voici la moins bonne partie. Cette semaine, la page de couverture du Time Magazine vous a collé une étiquette : « Moi, Moi, Moi, la génération Moi » ; et la semaine dernière, le New York Times indiquait que le


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Nous vous léguons un monde plein de réalités exaltantes, accompagnées d’un paquet d’autres incroyablement désespérantes. Alors « malheureux et magique », ce n’est pas seulement une chanson pop, c’est le paradoxe que nous vous léguons.

taux de suicide parmi la génération des trente à cinquante ans avait augmenté de 30 % ces dix dernières années, et de 50 % chez ceux nés du baby boom, les cinquante à soixante-dix ans. Le niveau de carbone dans l’atmosphère dépasse pour la première fois dans l’histoire de l’humanité le taux de 0,04%. Nos abeilles sont en train de s’éteindre, menaçant par là-même l’avenir de nos ressources alimentaires. Et tout ça n’est que la pointe de l’iceberg… Nous vous léguons un monde plein de réalités exaltantes, accompagnées d’un paquet d’autres incroyablement désespérantes. Alors « malheureux et magique » ce n’est pas seulement une chanson pop, c’est le paradoxe que nous vous léguons. Alors qu’est-ce qu’on fait avec tout ça ? Je vais être franc – j’en sais trop rien. Mais ce que je sais, c’est

qu’au cœur des défis les plus pressants d’aujourd’hui, il y a un problème fondamental : nous sommes profondément coupés les uns des autres. C’est plutôt ironique, considérant que nous vivons à une époque où Facebook a généré 150 milliards de « connexions » et que, collectivement, nous avons déboursé quotidiennement 4,5 milliards en mises à jour de « likes ». Et pourtant, un nombre croissant d’organismes scientifiques démontre ce que nous sentons déjà profondément dans nos tripes – nous sommes plus isolés que jamais. L’ Américain moyen adulte reconnaît qu’il n’a qu’un seul véritable ami sur qui il peut compter. Un seul. Et pour la première fois en 30 ans, les troubles de la santé mentale, l’hyperactivité par exemple, dépassent les maladies physiques chez les enfants américains. D’une certaine façon, nous avons permis à notre relation aux gadgets et aux objets de prendre le pas sur nos liens avec le monde réel. Nous avons oublié comment nous secourir les uns les autres. Pourtant, tout au fond de nous, cette capacité est toujours là. Nous le savons car nous l’avons vue à l’œuvre lors de la tuerie à Sandy Hook, en 2012, quand ces courageux professeurs ont donné leur vie pour sauver leurs élèves. Nous en avons été témoins durant le Marathon de Boston où des marathoniens ont terminé la course et continué à courir jusqu’au poste le plus proche de don du sang. Nous l’avons vue à Oklahoma, avec cet employé d’une chaîne de fast food qui a décidé de donner tous ses pourboires à une association humanitaire, déclenchant ainsi une vague de générosité. Nous savons donc que nous pouvons puiser dans notre bonté intérieure en situation d’urgence. Mais en sommes-nous capables dans la vie de tous les jours ? C’est la question qui se pose à vous. Cette crise 1  Référence

à la chanson « 22 » de Taylor Swift : « Nous sommes

heureux, libres, confus et seuls en même temps. C'est malheureux et magique »

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de déconnexion générale réclame la renaissance de l’authentique amitié. Aurez-vous le cran de rebâtir une culture fondée sur la confiance, l’empathie et la compassion ? On a besoin que vous nous fassiez passer du Moi–Moi-Moi au Nous–Nous–Nous. En réfléchissant à mon parcours, je dirais qu’il y a trois clefs qui m’ont permis de me repositionner dans la relation. J’aimerais les partager avec vous aujourd’hui, dans l’espoir qu’elles vous soutiendront dans votre propre démarche.

La première clef est de donner Dans le film « Wall Street », sorti bien avant votre naissance, il y avait un personnage appelé Gordon Gekko dont le credo était « la cupidité est une bonne chose ». Quand j’avais le même âge que vous, la Silicon Valley était en plein boom. C’était une époque où il était facile de croire que la cupidité était une bonne chose. Mais parmi nous un petit groupe posait une hypothèse différente : la cupidité est peut-être bonne mais la générosité est meilleure. Nous avons testé cette hypothèse. Quand j’ai démarré mon activité ServiceSpace, notre première idée était de créer gratuitement des sites internet pour des structures sans but lucratif. Nous avons fini par en créer ainsi des centaines, mais ce n’était pas notre but principal. Notre vrai but était de pratiquer la générosité. Au début, les médias étaient persuadés que nous avions des intentions cachées. Nous avions répondu : « Nous le faisons juste pour pratiquer le don sans obligation. » Les quelques personnes qui croyaient réellement en nous ne pensaient pas qu’on pourrait tenir. En fait, si, on a tenu. Dix ans plus tard, quand notre travail a commencé à attirer des millions d’internautes, des chefs d’entreprises nous ont dit qu’on était fous de ne pas nous rabattre sur la pub et de ne pas monnayer nos services. Mais on ne l’a pas fait. On était sans doute un peu fous. Et quand on a lancé Karma

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C’est la question qui se pose à vous. Cette crise de déconnexion générale réclame la renaissance de l’authentique amitié. Aurez-vous le cran de rebâtir une culture fondée sur la confiance, l’empathie et la compassion ?

Kitchen, les gens ont vraiment pensé que ce serait l’échec. C’était un restaurant où l’addition était toujours de 0 avec cette remarque : « Votre repas a été payé par quelqu’un avant vous et vous avez la possibilité de payer pour le suivant ». Ce que je veux vous dire c’est que, 25'000 repas plus tard, la chaîne continue encore dans plusieurs villes à travers le monde. Les gens sous-estiment en permanence la générosité, mais les êtres humains sont vraiment programmés pour donner. A l’occasion d’une étude à l’Université de Harvard, des scientifiques ont surpris deux cents volontaires en leur offrant une somme d’argent, avec le choix de la garder ou de la donner. Le seul truc était qu’ils devaient se décider sur-le-champ, sans réfléchir. Surprise ! La majorité des volontaires ont


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choisi d’en faire cadeau ! Il s’avère que la cupidité est un calcul qui se fait après-coup. Notre instinct naturel est, et a toujours été, de donner. Si vous étudiez l’économie à l’université, vous apprendrez qu’elle est basée sur l’hypothèse que les gens visent à maximiser leur intérêt personnel. J’espère que vous ne le tiendrez pas pour acquis. J’espère que vous contesterez cette idée. Pensez à des gens comme le Mahatma Gandhi, Martin Luther King ou Mère Teresa qui ont chacun ébranlé l’histoire de notre planète avec l’hypothèse diamétralement opposée, en croyant en la bonté de notre nature humaine. Ou pensez à Ruby Bridges. A l’âge de six ans, Ruby était la première fille afro-américaine à entrer, le 14 novembre 1960, dans une école où tous les élèves

étaient blancs. Les professeurs ont tous refusé de lui prodiguer un enseignement, à l’exception de Mme Henry. Ruby recevait des menaces de mort et, tous les jours sur le chemin de l’école, les gens formaient une haie en hurlant et en lui lançant toutes sortes de choses. Mme Henry lui avait recommandé de ne pas réagir et de ne parler à personne quand elle traversait la foule sous les railleries. Un jour, elle a vu Ruby dire quelque chose. Elle l’a grondée : « Ruby, je t’ai dit de ne parler à personne. » – « Non, Mme Henry, je ne leur ai rien dit. » – « Ruby, je t’ai vu parler. J’ai vu tes lèvres remuer. » – « Oh, j’étais seulement en train de prier pour eux. » Et Ruby récita sa prière : « Mon Dieu, je Vous en prie, essayez de pardonner à ces gens. Car même s’ils disent ces choses terribles,

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Ce qui est sûr, c’est que si vous vous focalisez seulement sur l’extérieur, vous vivrez votre vie dans la course mortifère au pouvoir et aux résultats. Mais si vous restez en contact avec votre vérité intérieure, la joie, la motivation et la gratitude vous rendront vivants. Vous puiserez dans la loi de l’abondance.

ils ne savent pas ce qu’ils font. » Une gosse de six ans qui souhaite du bien à ceux qui lui veulent du mal ! Quelle générosité ! Et quelle leçon sur la puissance du cœur humain ! Notre capacité à aimer est une richesse qui ne s’épuise jamais. Puisse chacun de vous puiser dans cet océan de générosité et découvrir chaque jour ce que donner veut dire.

La seconde clef est de recevoir Quand nous donnons, nous pensons que nous aidons les autres. C’est vrai, mais en fait nous nous aidons aussi

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nous-mêmes. Avec tout acte de service inconditionnel, même minuscule, notre constitution biochimique change, notre mental s’apaise et un sentiment de gratitude nous envahit. Cette transformation intérieure infléchit fondamentalement le cours de nos vies. Très vite, la gentillesse cesse d’être une attitude et devient un mode de vie. Quand nous donnons, nous recevons mille fois plus. Ou comme l’a dit une fois le Dalaï Lama : « Soyez égoïstes, soyez généreux ». C’est en donnant que nous recevons. Quand nous pensons générosité, typiquement nous pensons que c’est un jeu qui ne rapporte rien. Si je vous donne un dollar, c’est un dollar de moins pour moi. Mais le monde intérieur fonctionne selon des règles très différentes, et ses contours ne sont pas si faciles à discerner. Votre état intérieur affecte intrinsèquement le mien. Et ce ne sont pas là de simples propos sur le bien-être, c’est scientifique. La recherche montre que chez des personnes proches les unes des autres, qui se sentent en affinité, les battements de cœur se synchronisent, même sans aucun contact physique entre elles. En neurosciences, la découverte des neurones miroirs 2 a montré que nous ressentons véritablement la douleur et la joie des autres. La joie n’est en aucun cas un coup perdant. La loi de l’abondance dit que si je te donne un sourire, ce n’est pas un sourire de moins pour moi. Car plus je souris, plus je vais pouvoir sourire. Plus j’aime, plus j’ai d’amour à donner. C’est ainsi, quand vous donnez à l’extérieur, vous recevez à l’intérieur. Comment évaluer l’un et l’autre ? C’est une question à laquelle vous seul pouvez répondre, et votre réponse se modifiera à mesure que votre conscience s’approfondira. Ce qui est sûr, c’est que si vous vous focalisez seulement sur l’extérieur, vous vivrez votre vie dans la course mortifère au pouvoir et aux résultats. Mais si vous restez en contact avec votre vérité intérieure, la joie, la motivation et la gratitude vous rendront vivants. Vous puiserez dans la loi de l’abondance.


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Puissiez-vous découvrir que pour être vraiment égoïstes, vous devez être généreux. En donnant, puissiez-vous pleinement ressentir ce que recevoir signifie.

La troisième clef est de danser Notre plus gros problème, quand nous donnons et recevons, c’est que nous voulons suivre à la trace le résultat de ces dons. C’est alors que nous perdons le rythme. Les meilleurs danseurs ne se concentrent pas sur la mécanique de leurs muscles. Ils se laissent aller au mouvement, suivent le rythme et se synchronisent avec leurs partenaires. C’est pareil quand nous donnons. Chercher à savoir qui reçoit quoi ne mène à rien. Il faut juste danser. Prenons l’exemple d’un de mes amis entrepreneurs qui a très bien réussi. En avançant dans la vie, il réalisa qu’il ne suffisait pas, comme on dit, de trouver son propre talent. Il découvrit que les talents sont là pour être offerts. Au quotidien, il se mit à cultiver de belles façons de pratiquer la générosité. Par exemple, chaque fois qu’il entrait dans un restaurant chic, il demandait au serveur de trouver le couple le plus follement amoureux. « Mettez leur compte sur ma note et dites-leur qu’un étranger a payé leur repas », dans l’espoir qu’ils le paieraient ailleurs d’une façon ou d’une autre, ajoutait-il. Fan de Batman, il prenait l’anonymat au sérieux : « Si quelqu’un découvre qu’il s’agit de moi, c’est annulé. » Bien des restaurants et des serveurs le connaissaient pour cela. Comme il était fin gourmet, certains de ses endroits favoris étaient également coûteux. Un jour qu’il entrait dans un bon restaurant, il fit comme à son habitude. Le serveur se plia à sa demande, mais cette fois il revint avec une requête : 2  En

neurosciences cognitives, les neurones miroirs joueraient

un rôle dans la cognition sociale, notamment dans les processus affectifs, tels que l'empathie.

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« Monsieur, je sais que vous voulez rester anonyme mais quand j’ai dit à ce couple que l’addition était honorée, la dame s’est mise à sangloter. En fait, ça fait dix minutes que ça dure et elle est toujours sens dessus dessous. Je suis vraiment persuadé qu’elle se sentirait mieux si pour une fois vous vous présentiez. » Devant la situation, il décida de rompre sa règle d’or et se présenta. « Madame, j’essayais seulement de rendre votre journée inoubliable. Si cela a déclen-

de réparer le tissu – en donnant, en recevant… en dansant. Un jour, l’année dernière, j’ai offert à une S.D.F. quelque chose dont elle avait vraiment envie – une glace. Pendant que nous marchions vers un magasin tout proche, nous avons eu trois minutes d’un échange formidable sur la générosité. Puis elle a choisi sa glace que j’ai réglée et, alors que nous allions sortir, elle m’a dit un truc incroyable : « J’aimerais vous offrir quelque chose. Je peux ? » Elle a fouillé ses poches et en a sorti

ché un malaise en vous, j’en suis désolé. » La dame a rétorqué d’un ton animé : « Oh, non pas du tout. C’est mon année que vous avez rendue inoubliable, et peut-être ma vie. Vous voyez, mon mari et moi nous travaillons pour une petite association sans but lucratif avec des enfants physiquement handicapés, et nous avons économisé toute l’année pour nous offrir ce repas. Aujourd’hui, nous fêtons notre premier anniversaire de mariage. Après une légère pause, elle poursuivit : « Nous rendons constamment de petits services à d’autres, mais de recevoir un acte de gentillesse comme celui-ci en ce jour spécial, eh bien, c’est juste une preuve éclatante que l’on récolte ce que l’on sème. Cela renouvelle notre foi en l’humanité. Merci. Merci beaucoup, beaucoup. » Tous trois étaient en larmes. Ils ont gardé le contact, il est devenu membre de leur conseil d’administration et ils sont toujours amis. Dans ce scénario, qui a donné, qui a reçu ? Et surtout : quelle importance ? Danser nous apprend à cesser de suivre le résultat de nos actions. Parfois on donne et parfois on reçoit, peu importe, car la récompense n’est pas liée à la valeur de ce qui est échangé. La véritable récompense réside en ce qui coule entre nous – notre connexion.

une pièce de 5 centimes. Avec le caissier qui regardait la scène, nous avons partagé un magnifique et maladroit moment de silence, plein d’empathie. Alors, je me suis entendu répondre : « C’est vraiment gentil de votre part. Je serais très heureux de recevoir ce cadeau. Que penseriez-vous de le faire en donnant un pourboire à ce gentil caissier qui vient de nous servir ? Son visage s’est illuminé d’un large sourire. « Bonne idée », a-t-elle dit en glissant sa pièce dans le bocal des pourboires. Peu importe ce que nous avons ou non, nous pouvons tous donner. La bonne nouvelle est que la générosité n’est pas un sport de luxe. Martin Luther King l’a dit encore mieux : « Chacun peut être grand, car chacun peut servir. » Et pour cela, vous n’avez besoin que d’un cœur débordant de grâce engendrée par l’amour. Puissiez-vous tous trouver la grandeur en servant la vie. Puissiez-vous tous donner, recevoir, et ne jamais, ne jamais plus cesser de danser.

Conclusion Eh bien, chers amis, voilà. La mauvaise nouvelle est que nous sommes en pleine crise de déconnexion, et la bonne, c’est que chacun de vous a la capacité

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Une pause… Comment se détendre ? Asseyez-vous confortablement et fermez doucement les yeux. Commencez par les orteils. Remuez-les. Maintenant, sentez qu’ils se détendent… Détendez vos chevilles et vos pieds… Sentez l’énergie qui monte de la terre… de vos pieds jusqu’à vos genoux, et qui détend les jambes… Détendez les cuisses… L’énergie monte le long des jambes… et les détend. Maintenant détendez profondément vos hanches… votre ventre… et votre taille… Détendez votre dos… Votre dos est entièrement détendu, du haut jusqu’en bas… Détendez votre poitrine et… vos épaules. Sentez simplement que vos épaules fondent… Détendez le haut de vos bras… Détendez chaque muscle de vos avant-bras… vos mains… jusqu’au bout des doigts… Détendez les muscles du cou… Portez votre attention sur votre visage… Détendez les mâchoires… la bouche… le nez… les yeux… les lobes des oreilles… les muscles du visage… le front… jusqu’au sommet de la tête. Sentez que tout votre corps est maintenant complètement détendu… Dirigez maintenant votre attention sur votre esprit, vous sentant profondément détendu à l’intérieur… Respirez calmement... Laissez votre esprit se relâcher. Déplacez votre attention vers le cœur… Émettez tranquillement l’idée que la Source de lumière illumine votre cœur de l’intérieur et attire votre attention. Sentez-vous immergé dans l’ amour et la lumière dans votre cœur. Restez dans le calme et le silence et absorbez-vous lentement en vous-même.

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Sommes-nous déterminés

PAR NOS GÈNES ?

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LISA ANN CATANO nous fait part de certaines découvertes de la recherche épigénétique qui remettent en question la théorie selon laquelle notre vie serait génétiquement programmée et démontrent que nous sommes principalement influencés par notre environnement, nos croyances et nos pensées.

L

e Dr Bruce Lipton, un biologiste cellulaire qui a travaillé au clonage de cellules musculaires humaines à l’Université du Wisconsin, est surtout connu pour avoir remis en cause l’idée que le corps humain est contrôlé par les gènes. Dans sa vidéo intitulée The Biology of Perception, il démontre que c’est la perception qui influence notre biologie, et en particulier le fonctionnement de la cellule. C’est grâce à une expérience clé que tout a commencé. Le Dr Lipton avait isolé une cellule souche dans une boîte de Petri (récipient pour la culture de cellules) où elle s’était divisée de nombreuses fois. Il a ensuite séparé les cellules ainsi formées en trois groupes, qui furent chacun placés dans une nouvelle boîte de Petri. Le milieu de culture des cellules était différent dans chaque boîte. Dans la première, les cellules se sont mises à former de l’os, dans la deuxième, du muscle et dans la troisième, des cellules de graisse. Toutes ces cellules étaient génétiquement identiques avant d'être séparées et pourtant chaque groupe avait produit un résultat différent. Or le seul élément qui avait changé dans l’expérience était l’environnement. C’est donc le seul élément qui pouvait constituer le stimulus auquel les cellules

Les recherches du Dr Lipton peuvent transformer notre vie à tous, car elles démontrent que nous avons le pouvoir de changer notre destinée à tout instant. De victime, nous pouvons devenir le maître de notre vie, puisqu’il nous est possible de choisir notre façon de réagir à notre environnement. ont répondu, et non pas leur code génétique. Le Dr Lipton avait ainsi découvert que l’activité des cellules n’était pas dirigée par leur noyau, donc par les gènes, comme l’enseigne la science depuis la découverte de

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focus accueillir le changement

la génétique, mais que cette activité est une réaction déclenchée par l’environnement. C'est la perception qu’elles ont de leur environnement qui conduit les cellules à se comporter de telle ou telle façon. Chez l’être humain, entre l’environnement et la cellule, un organe joue le rôle de relais : le cerveau. Or celui-ci ne se contente pas de recevoir les stimuli de l’extérieur et de les transmettre, il les interprète. Les stimuli que reçoivent nos cellules ne proviennent pas directement de l’environnement. Relayés, ou plutôt filtrés, par notre cerveau, ils ont été colorés par lui, selon son évaluation de la situation. On nous enseigne depuis des générations que nos gènes déterminent nos comportements, nos émotions, notre caractère, notre santé et notre biologie. On nous a persuadés que nos gènes constituaient notre héritage familial et que nous étions victimes de cette hérédité. S'il y a eu un cancer dans notre famille, nous sommes plus exposés à cette maladie ; si notre père ou notre mère souffrait d'une addiction, nous aurons un comportement plus ou moins similaire, et nous nous sentirons en droit de le justifier. L’idée que notre vie est génétiquement programmée peut donner un sentiment d’impuissance et d'apathie : « A quoi bon lutter ? » Depuis dix ans, les découvertes du Dr Lipton et d’autres chercheurs ont démontré que la cellule n’était pas une simple exécutrice des ordres donnés par l’ADN de son noyau, mais qu’elle était dotée d’une intelligence propre et qu’elle réagissait uniquement aux messages reçus de l’environnement. Ces informations radicalement différentes de la thèse de l’hérédité triomphante nous ouvrent de nouvelles possibilités. Puisque le cerveau est le relais entre l’environnement et notre physiologie, la responsabilité de notre santé, de notre bien-être et de notre

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Lorsque l'esprit est paisible, nous sommes libérés des soucis et de l’anxiété, et nous commençons à faire l'expérience du vrai bonheur. Dans cet état de grâce et de dévotion, la guérison peut avoir lieu.

vie en général est entre nos mains, c’est-à-dire dans notre manière de recevoir et d’interpréter la réalité. En changeant notre vision, nous avons le pouvoir d’influencer positivement nos cellules. Des études qui vont dans le même sens que celles du Dr Lipton ont montré que la méditation, en modifiant notre perception et notre mental, pouvait réduire toutes sortes de maladies physiques et de troubles psychologiques. Le système immunitaire, la pression sanguine, le seuil de douleur, le niveau des hormones du stress et même la santé cellulaire peuvent tous être améliorés. Sur le plan psychologique, la méditation réduit, entre autres, les troubles anxieux et la dépression, les TDAH (troubles de l’attention, hyperactivité), la bipolarité, l'addiction et les troubles alimentaires. La méditation apporte des modifications structurelles au cerveau ; on observe que la façon dont les neurones communiquent entre eux se modifient, et que de nouveaux circuits se créent. Certaines zones du cerveau deviennent plus denses, d'autres moins. La neurogenèse et la neuroplasticité s'améliorent, favorisant la mémoire, la pensée critique et les fonctions cognitives.


Incurable ? En fait, en nous débarrassant des filtres déformants de notre mental - préconceptions, préjugés et autres interprétations erronées de notre environnement la méditation affine nos perceptions. Notre cerveau clarifié envoie des signaux positifs à nos cellules. Dans cet état d’équilibre et de bien-être, nous pou-

Dans son autobiographie, Ma vie. Souvenirs, rêves et pensées, Carl G. Jung évoque un patient qui lui fut adressé par un collègue américain avec le diagnostic suivant : « Neurasthénie alcoolique : incurable ». En l’écoutant, Jung découvrit que le patient luttait pour conserver sa virilité dans

vons alors consacrer nos forces vives à la réalisation de nos désirs et de nos buts profonds.

une relation tyrannique avec sa mère. Selon Jung, cette femme était un « démon du pouvoir ». Elle possédait une importante société dans laquelle son fils travaillait en étant très malheureux. En raison des jeux de pouvoir de sa mère, il avait choisi la boisson comme une sorte d'automédication. Il n'avait pas assez de confiance en lui ou de force de caractère pour s’opposer à elle ou pour renoncer au confort de son style de vie. A l’insu de son patient, Jung prit l’initiative d’envoyer un certificat médical à sa mère établissant son incapacité à assumer ses responsabilités professionnelles en raison de son alcoolisme, et recommanda son licenciement. D’abord furieux contre Jung (et contre cette décision très peu éthique), l’homme se recréa une vie dans laquelle il s’épanouit et fit une brillante carrière. Il abandonna la boisson, son caractère se renforça et se développa harmonieusement. Sa femme resta très reconnaissante à Jung de son approche instinctive d’un cas qui semblait désespéré. Nous avons là un bel exemple d’un homme qui put se construire une nouvelle vie et une personnalité saine grâce à un changement radical d’environnement, d’influences et d’habitudes.

SOURCES Dr Bruce Lipton, Biologie des croyances https://www.youtube.com/watch?v=WnmaiWWZ3fc Ben Stewart, Kymatica https://www.youtube.com/watch?v=Dfc7nXNPVz4 C.G. Jung & Aniella Jaffe, Ma vie – Souvenirs, rêves et pensées, 1963, Pantheon Books Meredith Melnick, Meditation Health Benefits : What The Practice Does To Your Body http://www.huffingtonpost.com/2013/04/30/meditation-health-benefits_n_3178731.html Geshe Kelsang Gyatso, 2013, Tharpa Publications John W. Santrock, Psychology, 7th edition, 2003, Chapter 6 : ‘States of Consciousness’, McGraw-Hill

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Celui qui ne peut plus s’arrêter pour s’étonner et s’émerveiller est pour ainsi dire mort ; ses yeux sont clos. — Albert Einstein

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Le PARADOXE

de l'immobilité ´

Dans le cadre de la série sur l'évolution de la conscience, KAMLESH D. PATEL nous fait découvrir la relation entre le mouvement infini et l'immobilité parfaite.

C

ette citation d’Einstein fait écho à mes réflexions récentes à propos de la conscience. Imaginez une magnifique fleur dans un jardin. Si vous passiez à côté d’elle en courant, vous seriez incapable d’apprécier sa beauté. En marchant vous en profiteriez mieux, et en restant devant elle vous pourriez la découvrir dans toute sa beauté. En voyageant en avion, vous ne verriez même pas la fleur au-dessous de vous sur la terre. Quand on se déplace rapidement, on manque donc beaucoup de choses. Le mental est encore plus rapide que tout mouvement physique. Quand il passe à toute vitesse d’un objet à un autre, d’un sujet à un autre, d’un projet à un autre, ce que vous manquez, c’est l’épanouissement de la fleur qui est en vous. Vous ne ratez pas seulement les détails, vous ratez l’existence même de cette fleur. Or quelle est cette fleur ? C’est votre âme. Creusons encore cette idée en nous posant cette question : « Est-il possible, en se déplaçant rapidement,

de rester présent à chaque instant ? Peut-on atteindre une vitesse critique où l’on serait immobile tout en étant en mouvement ? » Pour mieux comprendre cela, revenons au diagramme des différents corps de l’être humain. L’âme est le centre de notre être. Autour d’elle se trouvent les quatre principaux corps subtils que nous appelons le mental. Le premier est la conscience, la toile de fond qui est le champ du corps subtil. Puis il y a l’ego, qui est notre identité, et qui est donc étroitement entremêlé à l’âme individuelle. Ensuite vient l’intellect, qui nous permet de discerner et de faire des choix, puis, au niveau de la surface du mental, la fonction de pensée. Enfin vient la dernière strate, le corps physique. Pensez à une roue. Le centre en est stable, immobile, alors que c’est à la circonférence que se produit le mouvement maximum. De même le centre d’une tornade, son œil, est totalement tranquille. Si vous

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le corps physique (les sens)

le mental (pensée) - manas l’intellect - buddhi l’ego - ahankar

e ienc c s on la c l’ âme - atman

voulez être au calme, placez-vous au centre de la tornade, et déplacez-vous avec elle, et rien ne vous affectera. Quel est notre centre, autour duquel tournoie le vortex de la vie ? C’est l’âme. Examinons l’extrémité physique du spectre, le corps. Les cinq sens nous sont donnés pour poursuivre un noble but, mais nous sommes si occupés à nous en servir pour nos plaisirs matériels que nous en détournons la fonction. Par exemple, nous avons des yeux pour regarder autour de nous et nous protéger en distinguant ce qui nous entoure ; c’est leur fonction principale. Mais nous les utilisons à des fins déterminées par le désir, ce qui nous attire à l’extérieur, déstabilise notre esprit et le perturbe. Dès lors nous sommes incapables de nous fixer sur notre centre. Si nous nous concentrons sur la stabilité de l’âme, nous resterons centrés. Prenons les choses sous un autre angle : la terre gravite autour du soleil tout en tournant sur son axe à très grande vitesse. C’est à l’équateur qu’on est le

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plus exposé à ce mouvement, tandis qu’au pôle Nord on a l’impression d’être stationnaire, puisqu’on est au sommet de l’axe. La clé consiste donc à trouver cet axe en soi. Comment y parvenir ? L’unique moyen est d’accorder ses propres mouvements à ceux de son axe. Dans quel but ? Développer la capacité du mental à se fixer. Le grand yogi Ram Chandra de Fatehgarh disait que c’est la fixation du mental sur un objet qui apporte le bonheur. Si cette stabilité fait défaut, nous sauterons d’une chose à l’autre sans aboutir à rien. Nous ne trouverons aucune solution, aucune satisfaction, aucune paix. Nous resterons instables et insatisfaits toute notre vie, et toutes nos activités ne nous auront rien appris. La clé est donc la stabilité. Quand on médite, on doit se sentir stable. Autrement dit, en méditant correctement, on se sent nécessairement stable. Or stabilité ne signifie pas inactivité ; en réalité, il s’agit d’une activité dans une dimension dont nous n’avions encore aucune conscience. Quand il nous


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faut étudier un sujet, travailler sur un projet professionnel ou parler avec notre enfant, notre esprit devrait rester centré sur ce que nous faisons, tout en étant présent à toute autre chose qui demande notre attention. Il faut de la stabilité. Ce n’est pas parce qu’on est pleinement attentif à une chose qu’on l’est moins à une autre - que notre esprit est privé de sa vigilance à autre chose. Cela dépendra du développement de notre aptitude à élargir notre conscience. En progressant, on ne se rend plus compte qu’on est en train de penser ou de contempler, c’est devenu naturel. C’est comme le développement de toute autre capacité. Quand un petit enfant doit additionner deux et deux, il lui faut réfléchir, mais un adolescent peut avoir à l’esprit une équation complexe et y travailler, sans plus avoir besoin de penser. Il est capable de contempler. En progressant encore, on ne pense plus, on ne contemple plus, car la réponse vient d’elle-même. La nature de l’âme est mouvement et pensée, et au début d’une pratique spirituelle, on apprend à se focaliser et à penser clairement. Avec le temps vient l’expansion, ce qui signifie qu’on développe une conscience à 360 degrés. Encore plus tard, quand on atteint de plus hauts niveaux de conscience, c’est comme si on était partout en même temps. La nature de notre conscience est telle que nous sommes parvenus au-delà de l’expansion, et c’est là que se trouve l’immobilité qui advient lorsque le mouvement des choses est extrêmement rapide. Tentons de voir cela dans la perspective du mouvement infini opposé à l’immobilité parfaite. Qu’est-ce que le mouvement infini ? On peut le comprendre en réfléchissant à la théorie des particules de Newton. Si

La clé est la stabilité. Quand on médite, on doit se sentir stable. Autrement dit, en méditant correctement, on se sent nécessairement stable.

vous allez de Détroit à New York en voiture, vous avancez à une certaine vitesse, cela prendra huit ou neuf heures. Si vous prenez l’avion, vous y serez en une heure et quart. S’il s’agit d’un de ces anciens vols supersoniques, au moment où on vous annonce le décollage, vous serez déjà en train d’atterrir. Et si vous volez à la vitesse du tachyon 1, vous pouvez être en même temps à New York et à Détroit. En quoi cela concerne-t-il le mouvement infini ? Lorsqu’on dépasse certaines fréquences de la nature, on a l’impression que rien ne se passe, à cause de la prodigieuse vitesse à laquelle les choses se déplacent. C’est un peu comme une toupie d’enfant. Quand elle tourne très vite, elle est parfaitement équilibrée et semble ne pas bouger du tout. Lorsque nous nous rapprochons de notre centre intérieur, quelque chose de semblable se produit ; nous devenons plus subtils. A mesure que nous devenons plus subtils, notre fréquence intérieure change elle aussi. La transformation suit la progression de la matière qui devient énergie puis Absolu. Dans un état aussi profond de l’être, il semble que rien ne se passe à l’intérieur. Mais en fait tant de choses se produisent en même temps ! La conscience

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focus accueillir le changement

à 360 degrés est si rapide qu’elle semble se produire en temps réel. Par exemple, avant même que quelqu’un ne parle, vous avez senti ce qu’il allait dire, vous l’avez compris et y avez répondu. Rien ne retient votre mental, ou plutôt votre mental peut se fixer sur tout simul-

vous avez la capacité de passer de l’une à l’autre à la vitesse de la lumière, pourquoi vous en préoccuper ? Le but de toutes les pratiques yogiques est de rendre le mental tranquille et stable pour qu’il puisse entrer en résonance avec la tranquillité de l’âme. Tous nos efforts pour parcourir les huit étapes de l’ashtanga

tanément. Vous pouvez être totalement présent à votre spiritualité tout en prenant des décisions professionnelles, sans inquiétude ni joie particulière. Vous pouvez avoir cent choses à planifier – mais si

yoga de Patanjali – yama, niyama, asana, pranayama, pratyahara, dharana, dhyana et samadhi – ont pour seul objectif la tranquillité du mental. La tranquillité extérieure du mental peut alors s’accorder à la tranquillité intérieure de l’âme. Tout est intégré. C’est l’état connu sous le nom de sahaj samadhi, et c’est pour l’atteindre que nous méditons.

1 Le

tachyon est censé se déplacer à une vitesse supérieure à

celle de la lumière.

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La Green School

une source d'inspiration VERONIQUE DESVIGNE se passionne pour l’éducation. C’est ce qui l’a poussée à se rendre à Bali avec sa famille, pour y découvrir une des écoles les plus inspirantes de la planète.

U

n soir de décembre 2008, alors que nous habitons à Séoul, complètement lassés des médias qui ne parlent que de crise économique et de dégradation du monde, Alain regarde un TED talk  pour se changer les idées. Et c’est parti ! John Hardy a fait vibrer mon mari. Le fondateur de l’école et Cynthia, sa femme, chérissent une vision : créer un environnement inspirant pour les élèves, qui leur permette d’être créatifs, innovants, pour devenir les « leaders verts » de demain. C’est ainsi que naîtra le projet Green School ! Alain travaille dans les énergies renouvelables et moi dans l’enseignement Montessori. Nos aspirations

se rejoignent et, soucieux de transmettre à nos enfants qu’il existe une « vision du monde en couleur », nous nous promettons d’aller visiter un jour la Green School ! Juillet 2016, le rêve se réalise, nous partons en famille la découvrir de nos propres yeux ! Nichée dans un écrin vert sur l’île de Bali à proximité d’Ubud, entre les rizières et la rivière Ayung, se dévoile une architecture d’une beauté surprenante qu’on découvre après avoir franchi un pont suspendu dont les courbes sont si élégantes qu’il semble presque s’envoler. La pièce maîtresse du campus est appelée le cœur spiralé de l’école. C’est l’une des plus importantes constructions autoporteuses. Elle est réalisée

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avec une ressource naturelle, locale et renouvelable, classée parmi les herbes géantes, qui atteint la taille d’un cocotier en deux mois et se récolte trois ans plus tard : le bambou ! A l’écoute de l’écosystème, la Green School se fond totalement dans la nature, elle est conçue pour avoir la plus petite empreinte carbone possible. Les panneaux solaires apportent la majorité de l’énergie nécessaire à son fonctionnement et le reste provient d’un générateur de biogaz, alimenté par le compostage des toilettes sèches. Le campus vise à être le premier modèle d’économie durable dans le domaine de l’éducation et s’efforce de mettre la barre très haut dans l’espoir d’entraîner de nombreuses écoles dans son sillage.

L’environnement scolaire Les colonnes de bambou forment des classes sans murs ! C’est l’espace idéal pour apprendre à « penser autrement » et sans limite. Chaque classe cultive son propre jardin organique qui fournit la cantine de l’école.

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En contact permanent avec la nature, les enfants vivent de multiples opportunités d’interagir avec le milieu naturel tout en observant l’impact immédiat de leur comportement. Une relation de symbiose se crée alors et le respect du monde qui les entoure s’impose naturellement à eux. Les élèves se responsabilisent dès leur plus jeune âge pour prendre soin de leur environnement et jouent à imaginer des solutions écologiques.

Un enseignement holistique et durable Dans cette école, les pupitres ne sont pas tous alignés, ni orientés dans la même direction, les emplois du temps sont flexibles pour laisser place à la créativité et à plus de fluidité. L’ école offre un enseignement fondé sur l’expérience personnelle et sur l’implication des élèves dans les tâches quotidiennes, ce qui développe la responsabilité, la conscience, l’esprit critique et le discernement. En vivant avec la nature et en observant ses rythmes, les enfants développent une satisfaction


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à apprendre qui va bien au-delà de la classe et qui fera d’eux des penseurs créatifs, confiants et capables de développer une vision à long terme. Le programme s’organise autour de trois axes : les matières classiques (mathématiques, anglais, sciences), l’étude de la nature et la créativité artistique. Cette approche équilibrée stimule la soif d’apprendre des jeunes enfants et leur transmet les outils appropriés et pertinents pour nourrir leur passion, tout en leur

La diversité de la Green School ne s’arrête pas aux élèves ; les volontaires et les enseignants viennent également du monde entier et partagent un but commun : créer la nouvelle génération de « leaders verts ». L’école encourage les élèves, dès leur jeune âge, à prendre des initiatives. « Bye Bye Plastic Bags » est l’une d’elles, développée par deux jeunes filles inspirées par un de leurs professeurs.

faisant découvrir les changements nécessaires à la préservation de notre planète. En étudiant le riz, par exemple, les élèves ont une vision globale du parcours de la graine qu’ils plantent eux-mêmes. Ils découvrent la nécessité d’une nutrition saine en cuisinant leur propre récolte et en la servant au repas. Les habitudes changent naturellement quand on prend conscience que notre planète bleue n’est pas indestructible. Les phénomènes climatiques et l’économie durable sont des sujets qui viennent enrichir les programmes des plus grands. En réalisant des projets d’ingénierie, comme par exemple la construction d’un pont, ils découvrent la physique appliquée. Partant de l’environnement naturel, les élèves avancés construisent de A à Z un projet qui met en évidence, au fur et à mesure de sa construction, les forces en jeu et les lois physiques à étudier. Ils disposent du temps et de l’espace nécessaires pour mettre au point un projet dynamique et interactif que la contribution de tous enrichit, ce qui développe la confiance et stimule l’esprit d’entreprise.

Les enfants : agents du changement Grâce à la rencontre de plus de quarante nationalités et d’âges différents, les élèves mettent en pratique les valeurs humaines, tels le respect mutuel, la tolérance et la bienveillance. Ces atouts permettront aux futurs acteurs du changement de savoir vivre ensemble en harmonie.

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focus accueillir le changement

Avec l’arrivée de millions de touristes, Bali accumule 680 m3 de déchets plastique chaque jour. Il y a quatre ans, deux sœurs, Mélati et Isabel ont pris conscience de cette situation alarmante pour l’ île et ont décidé d’agir. Aidées de leurs amis, elles lancèrent une campagne de signatures pour stopper l’usage des sacs plastique, tout en organisant le nettoyage régulier des plages. Les sœurs décrochent un rendez-vous avec le gouverneur de Bali et le convainquent de rejoindre leur cause. Résultat : celui-ci s’engage à débarrasser l’île de ses sacs plastique d’ici 2018. Trois ans plus tard, âgées de 14 et 12 ans, Mélati et Isabel émeuvent l’audience dans un TED talk en racontant leur parcours avec l’espoir que leur action en inspirera beaucoup d’autres à faire de même : « Bien que nous les jeunes ne représentions que 25% de la population du monde, nous représentons 100% du futur. » Les jeunes filles ont clairement transmis à leurs pairs qu’il n’est pas nécessaire d’attendre d’être adulte pour créer le changement. « On ne vous dit pas que ce sera facile, mais que ça en vaut la peine. » Bien d’autres projets sont menés au sein de l’école, toujours soucieuse d’être le plus en adéquation avec les principes du respect de l’environnement. Par exemple, les élèves ont décidé de participer à la réduction des émissions de CO2 en organisant la collecte et le recyclage des huiles usagées des hôtels et des restaurants de l’ île, qui servent maintenant de carburant aux bus de l’école. Le professeur d’art utilise le théâtre pour aborder les questions environnementales. Les élèves ont interprété une comédie musicale, intitulée « Noble matériau » pour faire passer le message sur les déchets, en particulier le plastique qui finit sur les plages et dans nos océans. Avec l’aide enthousiaste des parents et des professeurs, ils ont créé les costumes du spectacle avec du plastique recyclé. Habités par l’amour de la nature

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et leur passion de faire bouger les choses, les élèves de la Green School ont réalisé qu’ils pouvaient transmettre un message au monde et « faire la différence ». Le succès du spectacle a été couronné en 2015 par une représentation lors de la COP21, la Conférence de Paris sur le climat ! La Green School repousse les limites de l’éducation au moment où le monde requiert d’urgence une approche plus responsable. L’environnement exceptionnel de l’école et sa vision de l’éducation ont un impact positif énorme sur le processus d’apprentissage. En encourageant les élèves à s’émerveiller devant les possibilités de la vie, la Green School développe en eux une conscience spirituelle, émotionnelle et intuitive. Par son modèle de communauté, elle crée un exemple vivant de ce qu’on peut réaliser lorsqu’on décide de mettre ses talents au service du cœur et de la société. Et c’est ainsi qu’elle prépare de nouvelles générations d’entrepreneurs « verts ». Notre impression, en quittant la Green School, rejoint celle exprimée par Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations Unies : « J’ai visité plusieurs lieux différents et de nombreuses écoles, mais la Green School est l’endroit le plus unique et le plus impressionnant que j’aie jamais vu. »


Méditer avec un formateur Heartfulness à toute heure et en tout lieu

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L'appli Let's Meditate Janvier 2017

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Tout objet naturel est un transmetteur de la divinitĂŠ.

JOHN MUIR


la pensée et l'action

Une approche intégrative

de la guérison 1ère partie

LUKE COUTINHO et SAMARA MAHINDRA nous parlent de leurs découvertes et de leurs expériences avec des malades cancéreux. Leur approche est intégrative, holistique, elle associe ce que les deux mondes peuvent apporter de meilleur, en combinant traitements médicaux et changements de mode de vie pour favoriser au maximum le bien-être des patients.

Q

Q

J’ai débuté dans ce domaine il y a environ six ans, parce que j’ai perdu ma mère à la suite d’un cancer. La médecine intégrative n’est rien d’autre que la recherche d’un mode de vie holistique, équilibré, pour améliorer la santé. Nous prenons en compte la nutrition, l’activité physique, les thérapies psychocorporelles, les habitudes de sommeil, la vie professionnelle, les relations, etc. Nous nous occupons du mode de vie dans sa globalité, plutôt que de nous concentrer sur un seul aspect de la santé et du bien-être.

Il y a bien longtemps que j’ai compris que je ne voulais pas me borner à travailler sur les symptômes de mes patients. Je pense qu’il est possible de déterminer la cause première d’une maladie en utilisant l’intelligence du corps. En médecine intégrative et du mode de vie, on a besoin bien sûr de bons médecins, mais aussi de bons médicaments, prescrits correctement et pour les bons motifs. Nous plaçons le patient au centre. Pour le soigner, il faut un médecin compétent pour la maladie dont il est atteint, un nutritionniste qui s’intéresse à ce qu’il mange, et éventuellement un thérapeute émotionnel s’il a des problèmes affectifs, car nous croyons au concept de la psychosomatique. Il ne peut y avoir

Bienvenue, Luke et Samara. Luke, vous travaillez dans le champ de la médecine intégrative et du mode de vie, et vous, Samara, vous êtes coach de vie holistique. Commençons par comprendre ce que vous faites tous les deux. Samara ?

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Et vous Luke ? Sur quoi travaillez-vous ?


de guérison du corps humain sans une guérison progressive de l’esprit. Un physiothérapeute est parfois nécessaire en cas de problèmes de mobilité. Beaucoup de gens prétendent qu’il ne faut pas bouger quand on est malade, mais l’activité et le mouvement favorisent la circulation du sang. Un kinésithérapeute peut être utile pour améliorer la circulation d’un patient cloué au lit. L’ approche holistique place l’ intérêt du patient au centre de ses préoccupations. Elle met en œuvre tout ce qui contribue à guérir la maladie au niveau de sa cause première. On n’a pas envie de voir le patient revenir plus tard avec le même problème, ou avec d’autres symptômes liés à la maladie précédente. Nous voulons l’aider à guérir et à se maintenir en bonne santé pour le restant de ses jours.

Q

Vous dites donc qu’il ne suffit pas de traiter les symptômes de la maladie, mais que des modifications du mode de vie sont également nécessaires pour amener des changements chez le patient ? Absolument.

Q

Avec quel genre de personnes travaillez-vous ?

Au début, lorsque j’ai commencé à utiliser cette approche à Bombay, il s’agissait essentiellement de gens qui voulaient perdre du poids. Ils considéraient le surpoids comme une maladie, mais lorsque je faisais leur diagnostic, je découvrais des causes telles

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On n’a pas envie de voir le patient revenir plus tard avec le même problème, ou avec de nouveaux symptômes liés à la maladie précédente. Nous voulons l’aider à guérir et à se maintenir en bonne santé pour le restant de ses jours.

qu’une lenteur hépatique, une cirrhose du foie, des problèmes cardiaques, une trop grande acidité du corps – on ne peut pas perdre du poids lorsque le corps est trop acide. De là je suis passé à des patients cancéreux de façon inattendue. J’ai reçu quatre patients à qui on n’avait donné plus qu’une semaine à vivre. Leur médecin leur avait dit : « Il n’y a plus rien à faire. Allez voir un nutritionniste, mangez de bonnes choses et profitez de vos derniers jours. » En examinant leurs bilans sanguins, quelque chose m’a frappé : leur système immunitaire était extrêmement faible. Ces patients avaient été traités pendant trois ans, ils étaient passés

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par la chirurgie, la chimiothérapie et la radiothérapie, mais on avait ignoré leur système immunitaire. Comme leur corps était mal alimenté, j’ai boosté leur système immunitaire pendant une semaine. Deux de ces patients ont survécu pendant quatre ans et demi, tandis que les deux autres sont encore en vie aujourd’hui. Je parle de cancers du pancréas ou du foie, et il n’y avait rien de magique dans ce que j’ai fait. J’ai seulement pensé qu’il fallait stimuler leur système immunitaire. Depuis lors, ma clientèle s’est transformée, si bien qu’actuellement 98% de mon travail concerne des patients cancéreux. Au début, les médecins m’adressaient des patients au stade quatre du cancer, mais j’ai maintenant des patients au stade un, et toute la gamme entre les deux. Je travaille en équipe avec des médecins pour déterminer le meilleur programme holistique pour chacun. J’ai maintenant des patients en République tchèque, en Russie, en Amérique, etc. Nous y avons démarré des programmes qui ont du succès, donc qui sont efficaces. S’ils le sont, c’est que l’approche holistique fait le lien entre le corps et l’esprit.

Q

Traitez-vous aussi des patients cancéreux, Samara ?

Oui, et même beaucoup. Comme je vous l’ai dit, j’ai commencé dans ce domaine pour des raisons personnelles. Je travaille principalement avec des patients cancéreux et me suis spécialisée dans le champ du post traitement. Les patients qui viennent me voir ont suivi des thérapies conventionnelles ; mon travail consiste principalement à les inviter à adopter des comportements plus sains, à les aider à les intégrer au quotidien, et de façon générale, à les coacher durant ces changements apportés à leur mode de vie.


la pensée et l'action

dollars en raison du stress qui engendre baisse de productivité et absentéisme. Luke, quelles techniques utilisez-vous pour aider les gens à développer le calme et la paix de l’esprit, à avoir des pensées plus positives, particulièrement au cours du processus de guérison ? Je fais environ trente à quarante ordonnances par

Q

Quelles sortes de changements proposez-vous ?

Comme celle de Luke, mon approche est holistique. Il s’agit principalement de coordonner la nutrition, l’exercice et les thérapies psychocorporelles pour changer le mode de vie. Le but est de réduire les risques de rechute. Après avoir suivi un traitement, beaucoup de gens se disent : « Ça y est, c’est bon ! » et retournent à un style de vie malsain. Ils recommencent à vivre comme avant, ce qui augmente le risque de rechute. Nous tentons de modifier ces habitudes.

Q

Vous avez tous deux mentionné la médecine psychosomatique. On sait aujourd’hui que les entreprises prennent de plus en plus conscience qu’elles perdent des milliards de

jour et sur chacune la méditation et le pranayama figurent en tête de liste. Même quand un patient affirme ne pas être stressé, ou refuse d’admettre qu’une émotion vécue dans l’enfance, une relation, des problèmes financiers ou la perte d’un emploi peuvent lui avoir causé du stress, je l’encourage à pratiquer la méditation et le pranayama, parce que j’ai constaté que ça fonctionne. Nous étudions tous l’effet placebo en médecine, et nous savons comment il opère – c’est l’esprit qui l’emporte. Si un médecin en blouse blanche vous donne un comprimé de sucre et vous dit que votre mal de tête va disparaître, il disparaîtra en effet. Il nous faut apprendre aux patients à utiliser eux-mêmes ce pouvoir en créant un équilibre, une tranquillité d’esprit qui agira ensuite sur le corps. J’ai découvert la méditation il y a environ trois ans, dans un centre de méditation à Hyderabad. Quand un enseignant m’a fait comprendre que je prenais toutes les émotions de mes patients, j’ai pris conscience de la quantité d’émotions négatives que j’absorbais. J’ai donc commencé à méditer et j’ai appris à focaliser mon attention sur ma respiration. Je me suis très vite senti mieux, plus clair, je pouvais me concentrer sur ce que j’avais à faire, sur ma vie personnelle aussi. En voyant ce que la méditation avait fait pour moi, j’ai pensé à ce qu’elle pourrait apporter à quelqu’un souffrant d’un problème grave. J’ai donc proposé la méditation à mes patients. J’ai pris contact avec plusieurs praticiens en yogathérapie et nous avons

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soigné certains malades ensemble. Les résultats ont été fabuleux. Je pouvais me concentrer sur la nutrition, eux s’occupaient de l’esprit, et les guérisons étaient magnifiques. Et même quand le patient n’avait plus que quelques mois à vivre, nous faisions en sorte de lui assurer une qualité de vie, sans les allers-retours incessants à l’hôpital. Puis j’ai découvert la méditation Heartfulness. J’ai rencontré une formatrice dans un séminaire, et rien que la façon dont elle m’en a parlé m’a décidé à faire venir quelqu’un chez moi pour les trois séances d’introduction. C’était si simple ! Cette approche me permettait de partager facilement cette méditation Heartfulness avec d’autres. J’avais une patiente au centre anticancéreux Sloan Kettering, à New-York. Elle bénéficiait des meilleures thérapies, mais elle n’y croyait plus. Après quelques méditations avec un formateur Heartfulness de New-York, elle s’est sentie incroyablement bien. Elle a complètement changé d’attitude. Elle est sortie, a renoué avec la vie, au lieu de se focaliser sur sa maladie. Un autre patient du New-Jersey, totalement démoralisé après la pose d’une prothèse au genou, a lui aussi pu être aidé par un formateur Heartfulness. Ces personnes sont revenues me voir et m’ont dit : « Ça marche, c’est impressionnant ! » La méditation est désormais l’élément clé de mes traitements. Mais je sais aussi qu’ avec un corps très affaibli, on ne peut pas méditer. Tout dépend de la connexion entre le corps et l’esprit, ou entre l’esprit et le corps, car cela fonctionne dans les deux sens. On a un soi physique, un soi mental et intellectuel, un soi émotionnel et un soi spirituel, mais aujourd’hui la plupart des gens ne développent pas tous ces « soi ». La médecine intégrative tente de les coordonner pour nous permettre de grandir en chacun d’eux. De nos jours les gens sont plus développés intellectuellement, et ils tentent de diagnostiquer leur

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La méditation est désormais l’élément clé de mes traitements. Tout dépend de la connexion entre le corps et l’esprit. On a un soi physique, un soi mental et intellectuel, un soi émotionnel et un soi spirituel, mais aujourd’hui la plupart des gens ne développent pas tous ces « soi ». La médecine intégrative tente de les coordonner pour nous permettre de grandir en chacun d’eux.

cancer sur Google, ce qui peut entraîner beaucoup d’inquiétudes et de peurs. La technologie a progressé tellement vite que les humains n’arrivent plus à suivre, et ce décalage est source d’émotions négatives et


la pensée et l'action

ça se réduit à des choses simples, qui ne sont pas forcément ce que Google dit. Une étude réalisée auprès de nos patients cancéreux a montré que 86% des cancers du sein chez la femme avaient pour origine une souffrance affective. Comment l’avons-nous découvert ? Nos consultations ne durent pas deux minutes, elles peuvent aller de trente minutes à deux heures. Nous posons toutes les questions que nous jugeons nécessaires. Et lorsque nous situons le début du cancer, nous découvrons toujours qu’il est apparu durant la période la plus traumatique de la vie de cette femme et sans qu’elle ait pu exprimer ses émotions. La vérité est qu’il existe une connexion entre le corps et l’esprit. Pour moi la méditation est la réponse efficace. Cela dit, ceux qui ne veulent pas méditer peuvent

d’angoisse. Certes, nous avons besoin de la technologie, mais le fossé est devenu trop grand. La clé de la guérison tient à la combinaison de toutes ces approches intégratives. Souvent nous réussissons, mais il arrive que je m’ interroge : « Pourquoi tenter de lutter contre les lois de la Nature pour maintenir cette personne en vie ? » Parfois il faut lâcher. On fait tout ce qu’on peut, puis on laisse les choses suivre leur cours. Chaque fois que j’ai un patient en face de moi, je m’efforce de déterminer ce qui a causé sa maladie. C’est facile de mettre la faute sur l’environnement, mais nous respirons tous le même air. Pareil pour l’alimentation, nous mangeons tous plus ou moins la même nourriture. En creusant, on découvre d’autres causes premières, par exemple un traitement antibiotique très mal géré. En fait ces maladies sont toutes liées à une déficience du système immunitaire. Finalement

toujours pratiquer les respirations profondes, qui nous recentrent et rééquilibrent le niveau du cortisol et celui de l’oxygène, car c’est ainsi que le corps humain est conçu. La respiration nous équilibre. Les gens ont différentes façons de s’en sortir, mais en définitive la méditation a le grand avantage de nous ramener à notre vrai moi. Elle fait donc partie intégrante de ma manière de guérir. A suivre

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Every natural object is a conductor of divinity. Le cœur est JOHN partout. MUIR Chaque partie de l’organisme n’est qu’une force du cœur qui s'est spécifiée. GEORG WILHELM FRIEDRICH HEGEL


la science de la spiritualité

L évolution de la conscience 4ème partie - Les impressions

Jusqu'ici, KAMLESH D. PATEL nous a parlé du voyage que nous entreprenons pour élargir notre conscience, et du rôle de la transmission yogique. Dans cette dernière partie, il nous explique plus en détail comment nous nous empêtrons dans les problèmes matériels, comment cela se traduit dans l’anatomie spirituelle, et ce que nous pouvons faire pour dissiper les impressions qui se forment.

D

ans le 2e article de cette série, nous avons examiné la nécessité d’affiner et de purifier le corps subtil pour que la conscience puisse s’étendre et évoluer. En fait, sans ce nettoyage, il n’y a pas d’évolution. Mais qu’est-ce qui doit être nettoyé dans le corps subtil ? Fermez les yeux quelques instants, et représentez-vous le corps subtil - le domaine du cœur - comme un vaste champ d’énergie subtile, de conscience. Si c’est plus clair pour vous, imaginez une grande étendue d’eau. Quand ce champ est pur, il est calme et immobile, comme la surface lisse d’un

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lac. Mais s’il se crée des turbulences, l’ eau s’agite, devient houleuse, pleine de remous en tous sens qui engendrent des courants. De même, le corps subtil peut être envahi de turbulences provoquées par les nombreuses impressions qui se forment chaque jour. Quand ces impressions subsistent, elles se logent dans notre système et créent une lourdeur et des nœuds d’énergie qui finissent par se solidifier. C’est ce que la littérature yogique appelle des samskaras, et c’est leur matérialisation qui est la cause de nos retours dans ce plan d’existence, naissance après naissance.


Nos tendances – l’attirance comme la répulsion – créent une émotion dans notre cœur, où elle forme une impression. Quand cette émotion se répète, elle donne lieu à un schéma familier qui s’installe plus profondément dans le cœur.

De quelle manière formons-nous ces impressions dans le corps subtil ? Tentons de comprendre la façon dont elles se constituent et comment chacune d’elles est entraînée par sa vibration vers un centre particulier de notre système. Ram Chandra de Shahjahanpur en donne un bel exemple dans ses écrits. En rentrant chez vous, votre oeil est attiré par une magnifique rose et vous êtes saisi par sa beauté. En repassant plus tard, vous vous approchez et vous l’admirez de plus près. Le lendemain, vous avez envie de la tenir dans votre main et de la sentir. De fil en aiguille, le jour

viendra où vous vous voudrez cueillir la rose et l'emmener chez vous. Nous sommes attirés par certaines choses, la rose et son parfum, par exemple, et rebutés par d’autres, telles les épines du rosier. Nos tendances – l’attirance comme la répulsion – créent une émotion dans notre cœur. L’émotion n’est pas dans le mental, mais toujours dans le cœur, où elle forme une impression. Quand cette émotion se répète un grand nombre de fois, elle donne lieu à un schéma familier qui s’installe plus profondément dans le cœur pour devenir un samskara de plus en plus ancré : « Je n’aime pas les

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L’acceptation de soi est une attitude essentielle dans tout processus de transformation personnelle. Sans elle, on reste bloqué dans ses jugements et il devient difficile de se débarrasser des impressions ; on tourne en rond en les ressassant, ce qui les renforce. Sans cette acceptation de nousmême, il est également difficile de cultiver l’amour de soi.

spaghettis », « J’ai peur de mon patron », « J’adore nager », « Je ne fais pas confiance aux hommes », etc. Ces croyances influencent notre vie quotidienne, colorent nos perceptions et orientent nos décisions. Dans notre vie, nous sommes confrontés en permanence à des questions, des problèmes, des choses que nous aimons ou pas. Le fait de s’en préoccuper engendre en nous de l’ inquiétude, de l’anxiété, et donc une lourdeur dans le cœur. Personne ne peut échapper aux soucis, et toute chose est tolérable dans la mesure où elle est modérée. Si une situation nous préoccupe, c’est le signe que nous devons agir, mais si nous nous en inquiétons continuellement sans rien faire pour la résoudre, elle ne fera qu’empirer. Quand nous ressassons ces problèmes matériels,

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cela affecte le point A, qui se trouve près du cœur, du côté gauche de la poitrine. Notre attirance pour l’autre sexe fait aussi partie de notre existence. Là encore, elle est supportable si elle est modérée, mais si elle nous obsède, elle génère des impressions qui prennent forme au point B. Quand nos attirances et nos aversions sont très fortes – en d'autres termes quand nous avons des préjugés en faveur ou contre certaines personnes ou certaines choses – même si nous n’en parlons pas, nous jouons constamment avec elles dans notre cœur. Et elles influencent notre façon de penser, souvent à notre insu. Ces impressions se déposent au point C. La culpabilité est une des impressions les plus pesantes qu’on puisse former. Elle se manifeste lorsqu’on n’a pas fait une chose qu’on aurait dû faire, ou fait quelque chose qu’on n’aurait pas dû faire. La culpabilité, qui génère une grande lourdeur dans le cœur, se dépose au point D. Pour trouver le point A, mesurez la largeur de deux doigts à droite de votre mamelon gauche, puis descendez de trois doigts. Descendez encore de deux doigts sous le point A pour trouver le point B. Continuez à descendre de deux doigts sous le point B pour trouver le point C. Il est situé sur la côte la plus basse, directement sous les points A et B. A partir du point C, allez de deux doigts vers la gauche pour trouver le point D, exactement au-dessous du mamelon. Voilà pour l’aspect anatomique des points où nous attirons certaines impressions. Ce ne sont pas les seuls points de notre système où vont se loger des impressions, mais ils sont parmi les plus importants et il vaut mieux commencer par là. Quel avantage y a-t-il à connaître ces points ? Cela nous permet de devenir plus conscient. Et


la science de la spiritualité

2f ou 3f : 2 ou 3 largeurs de doigt

quand on remarque que des impressions s’y déposent, on peut se réajuster et se nettoyer, au lieu de continuer à porter des jugements. L’ acceptation de soi est une attitude essentielle dans tout processus de transformation personnelle. Sans elle, on reste bloqué dans ses jugements et il devient difficile de se débarrasser des impressions ; on tourne en rond en les ressassant, ce qui les renforce. Sans cette acceptation de nous-même, il est également difficile de cultiver l’amour de soi. Et sans cet amour de soi, on est handicapé, et on ne peut pas non plus développer l’amour pour les autres. On rate la première marche. Le processus de régénération nettoie les impressions qui se forment autour du cœur et laisse place

à une sensation de légèreté et d’insouciance. Cela permet de travailler sans problème à sa propre transformation… et le voyage peut commencer. Ce processus est une partie intégrante de la pratique quotidienne de Heartfulness. Il se fait le soir, après la journée de travail et complète la méditation en purifiant le corps subtil. C’est l’un des outils de développement personnel les plus incroyables à notre disposition. En effet il nous permet d’éliminer les habitudes et les schémas qui nous enferment dans notre univers limité et nous empêchent d’élargir notre conscience à la mesure de toute l’immensité qui nous attend dans ce voyage à la découverte de nous-même.

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LE PROJET BOUDDHA Un reportage du photographe JOSH BULRISS

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e projet qui me tenait à cœur depuis longtemps, avait pour objectif de trouver et de photographier à travers l’ Asie quelquesuns des bouddhas les plus beaux et les plus singuliers, de par leur teinte, leur texture ou les altérations du temps. Ce voyage de plus de 6'000 km m’a entraîné dans six pays, quarante-deux villes et dix-neuf grottes. Voici cinq de mes bouddhas préférés dans l’ordre où je les ai photographiés. Souvent, en arrivant dans ces lieux magnifiques, je m’asseyais simplement et régénérais mon esprit pour absorber tout cela… toute cette sérénité.


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Gal Vihara Ce bouddha du XIIe siècle, d’un style très pur, se trouve à Polonnaruwa, au Sri Lanka. Il est taillé dans le granit. Cela faisait des années que je rêvais de le photographier.



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Le lac Inle On ne peut parvenir à ce bouddha, au Myanmar, que par bateau ; et la traversée a été épique. Finalement j’ai littéralement trébuché sur la statue. L’endroit était désert. Je me trouvais seul avec le bouddha que je désirais contempler et photographier depuis si longtemps. Tous les poils de mes bras se sont dressés et un rire de pure joie m’a secoué.

La grotte de Datdawtaung Ces statues, qu’on découvre juste à la sortie de Mandalay, au Myanmar, se trouvaient en tête de ma liste : ces teintes, cette lumière, les reflets, la texture, c’est tout cela que je voulais photographier. La tranquillité qui règne dans cette grotte est extraordinaire. Je me suis joint à un groupe d’habitants qui méditaient dans un angle.

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Le site de Vang Xang A une heure de Vientiane, au Laos, loin des sentiers battus, se trouvent les statues les plus difficiles à trouver. Je voulais absolument contempler ces neuf bouddhas dans le style cambodgien, datant du VIIIe au XIe siècles. Avec leurs yeux clos, ils m’ont émerveillé par leur côté lunaire, venu d’ailleurs.

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Le temple de Gangaramaya Ce bouddha se trouve dans un des temples les plus importants de Colombo, au Sri Lanka. Il a été sculpté sur la façade extérieure du temple et ravit l’âme par sa pure beauté.


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Voyage

et découvertes IVOR BROWNE est psychiatre et vit à Dublin, en Irlande. Il nous raconte son cheminement intérieur, ses premiers éveils spirituels, ses doutes, ses désillusions, puis sa rencontre providentielle avec une spiritualité ancrée dans le cœur.

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e pense que c’est à ma mère que je dois ma première découverte de la spiritualité. C’était une femme simple et douce, authentiquement spirituelle sans même en être consciente. Elle faisait partie de l’Église d’Irlande du fait de son éducation, mais n’avait aucun préjugé. Mes parents s’étaient mariés dans l’Église d’Irlande non parce qu’elle le voulait, mais à la demande insistante de mon père. C’est lui qui décida aussi que ses fils seraient catholiques et ses filles protestantes. Mon frère et moi allions donc le dimanche à la messe avec notre père, tandis que ma sœur et ma mère se rendaient au culte de l’Église d’Irlande locale. Tout cela me paraissait très clair, jusqu’au jour où – alors

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que j’assistais à la messe depuis plusieurs années – un coup d’œil rêveur à travers l’église me révéla, ô surprise, qu’il s’y trouvait des femmes et des filles ! J’avais toujours pensé que les hommes étaient catholiques et les femmes protestantes. Ma première communion fut pour moi un éveil spirituel. Je me rappelle avoir eu la forte impression, alors que l’hostie fondait dans ma bouche, que le Christ était en moi. L’expérience fut ternie par une culpabilité liée à des absurdités : peur de toucher l’hostie avec les dents, ou qu’elle se colle au palais, ne rien devoir manger ni boire pendant vingt-quatre heures auparavant. En dépit de tout ça, cette expérience pendant la communion se poursuivit des années. La


temoignage

Chaque chercheur a son propre rythme. C’est un voyage qui dure toute la vie, en commençant par une simple méditation. C’est une aventure spirituelle. sensation de l’air matinal vif et clair, lorsque j’assistais à la première messe, et l’expérience de Jésus en moi représentèrent certainement un authentique éveil spirituel. Dans mon enfance – surtout les jours où je restais au lit en prétendant être malade pour ne pas aller à l’école – si j’entendais des cloches d’église ou des voix d’enfants qui jouaient au loin, j’étais envahi par une tristesse étrange et nostalgique qui semblait venir d’un autre monde. Je la ressens encore, même si elle est moins intense, quand des cloches d’église sonnent dans le lointain. Ce n’est pas lié à des événements vécus au cours de cette vie, ce qui me fait penser, également à cause d’autres expériences, que j’ai dû appartenir à un ordre religieux dans une existence antérieure. De par la personnalité de mon père et sa manière excentrique de faire les choses, j’ai appris à penser par moi-même et à me montrer comme je suis, quelles que soient les critiques rencontrées. A l’adolescence, j’ai connu la désillusion habituelle en ce qui concerne les religions institutionnalisées. Puis, quand j’ai attrapé la tuberculose pendant mes études de médecine et que j’ai dû rester alité pendant un an, j’ai eu le temps de réfléchir et de lire. J’ai à nouveau traversé une phase religieuse de plusieurs années, mais peu à peu les insurmontables contradictions du catholicisme orthodoxe m’ont

désenchanté, et je me suis senti isolé, perdu. Je ressentais toujours le besoin d’une orientation spirituelle, mais je ne savais pas vers quoi me tourner. En 1973 j’ai connu un tournant décisif. Je me souviens très clairement de ce jour-là, c’était à l’église. Je continuais à aller à la messe, pour les enfants ; mon mariage se brisait, et j’étais assis là, accablé et perdu. Dans mon désespoir, je me suis mis à prier du fond du cœur, demandant à Jésus quel chemin suivre, quelle direction prendre. Je ne savais pas – je l’ai appris plus tard – qu’aux rares moments où nous prions vraiment pour ce dont nous avons besoin, et non seulement pour ce que nous désirons, nos prières sont entendues. Et je suis certain que ma prière a été exaucée ce jour-là, même s’il a fallu un certain temps pour qu’elle se réalise. C’est en 1978 que j’ai entendu parler du Sahaj Marg, « la voie naturelle », dont est issu Heartfulness. La probabilité de rencontrer cette pratique spirituelle à l’époque était d’environ un sur un million. Le maître de méditation, Ram Chandra, qu’on appelait affectueusement Babuji, était un homme simple et âgé qui vivait à Shahjahanpur, une ville retirée et assez primitive du nord de l’Inde, où très peu d’Européens se rendaient. Le Sahaj Marg s’était répandu discrètement dans nombre de pays en dehors de l’Inde, mais il était inconnu en Irlande, et c’est un Indien que je connaissais qui m’a introduit à la pratique. Comme je l’ai dit, cette coïncidence était extrêmement improbable, mais ces choses n’arrivent pas par hasard. Je suis convaincu que si l’on est authentiquement à la recherche d’une voie spirituelle, elle vous trouvera. Ma prière désespérée de 1973 s’était exaucée, la direction que j’avais besoin de suivre m’avait été montrée. Je crois important de souligner que le Sahaj Marg n’est pas une pratique religieuse de plus, importée d’Orient clé en main, comme tant d’autres avant elle. Après la désillusion générale que les principales

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temoignage

religions ont entraînée et, à l’aube du XXe siècle, l’échec de la science à tenir ses promesses pour résoudre les problèmes de l’humanité, on assista en Occident à un impressionnant essor d’aspirations et de recherches spirituelles. À la suite du voyage autour du monde effectué par Vivekananda et surtout de son discours à Chicago en 1893 devant le Parlement des Religions du Monde, des pratiques spirituelles orientales ont déferlé vague après vague en Occident, venues de l’Inde, de la Chine, du Japon et d’ailleurs, que ce soit le bouddhisme, le taoïsme ou diverses formes de yoga. Ces pratiques orientales ont été adoptées par de nombreux Occidentaux, avec leur cortège de robes, de mantras et d’autres rituels. Carl Jung, profondément influencé par la mystique orientale, avait conscience du danger de se parer inconsidérément des atours de l’ancienne culture orientale. C’était pour lui une tentative de « revêtir, tel un nouveau costume, des symboles “ prêts-àporter ” cultivés sur un sol étranger. » Il ajoutait : « Si nous tentons de couvrir notre nudité des somptueux atours de l’Orient, comme le font les théosophes, nous trahissons notre propre histoire. » Bien qu’il ait débuté en Inde, le Sahaj Marg n’est pas plus indien que français, irlandais ou américain. En fait il est au plus proche de l’enseignement originel du Christ, puisqu’il donne la priorité à l’action du cœur. C’est probablement le premier mouvement spirituel moderne qui apporte aux gens du monde entier une pratique simple basée sur le cœur, sans dogme ni croyance. La seule chose nécessaire pour l’aborder est d’être un humain et de vouloir la suivre. Ce qu’elle a d’extraordinaire, c’est sa simplicité. Babuji était un homme humble et doux, vivant dans une ville reculée et primitive, mais n’est-ce pas la caractéristique même de grandes incarnations comme Lao Tsu, Kabir et le Christ, un obscur charpentier d’un petit village de Palestine qui a pourtant ébranlé

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Personnellement, cette pratique m’a apporté de grands bienfaits, bien qu’elle me chahute parfois. les fondations de l’Empire romain ? Babuji est venu en personne apporter son message spirituel, tant en Occident qu’en Orient. Ce mouvement s’est développé sans bruit, sans aucune publicité, dans pratiquement tous les pays du monde. Actuellement, avec l’approche Heartfulness, il se répand comme une traînée de poudre. Babuji a perfectionné une très ancienne pratique spirituelle basée sur la transmission yogique et le nettoyage des impressions du passé. Il l’a remodelée et simplifiée pour l’adapter à la vie moderne. Mais il a aussi développé et diffusé cette science de la spiritualité plus qu’elle ne l’avait jamais été auparavant, nous offrant ainsi des possibilités d’évolution extraordinaires. Personnellement cette pratique m’a apporté de grands bienfaits, bien qu’elle me chahute parfois. Je l’ai commencée il y a presque quarante ans, et j’ai toujours l’impression que je ne fais que débuter. Mais peut-on mesurer la distance parcourue dans un voyage vers l’infini ? Il m’est impossible de transmettre à d’autres ce que j’ai compris du voyage. Pour en connaître les bienfaits, chacun doit en faire l’expérience. C’est par elle que l’espoir d’un développement spirituel peut s’ incarner. Peu importe l’allure à laquelle on voyage. Chaque chercheur a son rythme. C’est un voyage qui dure toute la vie, en commençant par une simple méditation. C’est une aventure spirituelle. Que dire de plus ?


Un moment suspendu… Comment méditer ?

Asseyez-vous confortablement dans un endroit où vous pouvez méditer sans bruit ni distractions, de préférence au même endroit et à la même heure chaque jour. Éteignez votre téléphone portable et autres appareils. Fermez doucement les yeux et détendez-vous. Asseyez-vous le dos droit, mais sans rigidité. Prenez quelques minutes pour détendre votre corps avec la relaxation Heartfulness (voir p. 25). Portez votre attention vers l’intérieur et prenez un moment pour vous observer. Ensuite, émettez calmement la suggestion que la Source de Lumière est là, présente dans votre cœur. Pensez que cette lumière vous attire de l’intérieur. Faites cela de manière douce et naturelle. Il n’est pas nécessaire de vous concentrer. Si vous sentez que votre attention dérive vers d’autres pensées, revenez tranquillement à l’idée de la Source de Lumière dans votre coeur. Laissez votre attention posée sur le cœur. Sentez que vous vous fondez dans cette perception. Vous allez peut-être dépasser l’état de vigilance pour atteindre un état de détente profonde. Tout va bien. Restez en méditation jusqu’à ce que vous sentiez qu’elle est terminée.

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temoignage

L'âme est le véritable guérisseur SANTA TELLERI évoque avec finesse et ferveur sa pratique de thérapeute en homéopathie, et ce qu’elle doit à l’enseignement du Dr Hahnemann et à la méditation.

L

orsque j’ai commencé à pratiquer la méditation, tout ce que j’avais appris lors de mes études d’homéopathie est devenu limpide pour moi. En effet, le Dr Samuel Hahnemann, dans l’Organon de l’art de guérir (paragraphe 9), donne cette définition du but de la santé : « L’esprit doué de raison qui habite le corps peut ainsi librement se servir de cet instrument vivant et sain pour atteindre le but élevé de notre existence. » Pour Hahnemann, il semble évident que chacun doive déterminer le but le plus élevé qu’il désire poursuivre. Pour moi ce but est la fusion avec le Soi divin – selon la voie spirituelle que je suis, et la méditation est le chemin qui m’y conduit. Hahnemann écrit aussi, dans son introduction à l’Organon : « Les maladies sont des aberrations dynamiques que notre vie spirituelle éprouve dans sa manière de sentir et d’agir : c’est-à-dire des changements immatériels dans notre manière d’être. » Donc toute maladie a son origine dans notre « mal penser », qui engendre un « mal sentir », puis prend la forme de symptômes dans notre corps physique. Par la méditation, nous régulons le mental et nous l’entraînons à être au service du cœur en nous connectant à la source de la lumière divine. Grâce à cela, l’énergie vitale retrouve plus facilement son équilibre. Il y a également dans la voie que je suis une pratique de régénération qui libère l’âme des opacités, c’est-à-dire des impressions que nous avons créées dans le passé par nos pensées et nos actions. Une fois

nettoyés de ces impressions, nous avons une vision plus juste de la réalité. La méditation m’a permis, en tant que thérapeute, d’accéder au cœur de la personne qui consulte et de voir ce qui en elle doit être guéri. Il ne s’agit plus pour moi de supprimer un symptôme, mais de tenir compte de la globalité de l’être : corps, âme et esprit. A la lumière de ma pratique spirituelle, mon regard sur l’autre a totalement changé. Il n’y a plus de séparation entre lui et moi, plus de séparation au niveau de nos âmes, car j’ai réalisé que nous sommes tous connectés à la même source. Cela m’a conduite à une attitude de bienveillance, d’empathie. J’accueille, le cœur ouvert, la souffrance que la personne vient déposer pour s’alléger. Je l’accompagne dans son processus d’évolution, dans sa prise de conscience du sens de sa vie sur terre, afin de lui faire découvrir ce que nous dit sa maladie, du plus profond de son être. Et alors le remède unique, spécifique à chaque individu, ne peut être que le remède homéopathique. Il provient d’une substance minérale, végétale ou animale qui, diluée et dynamisée, fera le travail de guérison nécessaire à ce moment-là. Ma pratique de thérapeute m’a fait comprendre que c’est l’âme, à l’intérieur de chacun de nous, qui opère la guérison. En tant que thérapeute, nous faisons de notre mieux, de tout notre cœur, avec toutes nos compétences, mais le résultat appartient à cette étincelle divine qui se trouve dans le cœur de chacun.

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le goût de la vie

LEÇONS DU JARDIN

La gratification différée

Partant de la plantation d’une graine et de son expérience du jardinage, ALANDA GREENE explore l’écart de temps entre une action et son résultat, la frustration qui peut en découler, et le sens de l’attente, la capacité à différer la gratification, dans la pratique spirituelle.

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ans mes cours de psychopédagogie, j’ai appris la notion de gratification différée, c’est-àdire la capacité d’attendre le résultat qu’on désire, de renoncer à une récompense immédiate, dans le but d’en obtenir une plus grande plus tard. Une étude a été menée auprès d’enfants d’âge préscolaire pour déterminer leur capacité à différer une gratification. On donnait à chacun un marshmallow, en lui en promettant un second s’il était capable d’attendre quinze minutes sans manger le premier. Certains ont immédiatement englouti leur marshmallow, d’autres ont lutté puis succombé avant que le temps ne soit écoulé, d’autres encore sont parvenus à attendre et ont eu un double plaisir. Les enfants ayant participé à cette étude ont fait l’objet d’une recherche portant sur

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quarante ans. Celle-ci à révélé que le groupe d’enfants qui avaient eu la capacité d’attendre la récompense rencontraient beaucoup plus de succès à l’âge adulte dans tous les domaines : santé, bonheur, résultats aux examens pour l’admission dans une université, travail et intégration sociale en général. Par la suite, lorsque j’étais enseignante, j’ai toujours eu dans mes classes des élèves qui avaient de la peine à différer une gratification, et chacun de nous connaît probablement des adultes pour qui c’est encore le cas. Et il y a peu de chance que ceux-ci soient attirés par le jardinage, où pratiquement tout nous renvoie à une récompense différée. Prenez les semis, par exemple. D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai planté des graines. Déjà toute


L’intelligence de la vie, le schéma de croissance, le temps qu’il fait – tout cela est hors de mon contrôle. Je joue cependant un rôle. Mon enseignant aimait dire : « Quand les rails sont posés, le train doit les suivre. Mais nous pouvons choisir la trajectoire que nous installons. » Janvier 2017

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petite, je rejoignais mon père dans le jardin derrière la maison où il traçait toujours deux lignes pour moi avec un bâton. Dans l’une des rainures je laissais tomber de minuscules graines de radis, et dans celle d’à côté, des graines de carottes encore plus minus-

tellement improbable que ces minuscules choses se transforment comme elles le font. Oui, c’est vrai, c’est totalement improbable. Si on ne comprend pas la gratification différée, on ne peut pas faire le lien entre les feuilles vertes qui émergent

cules. Nous les recouvrions, tassions bien la terre et les arrosions. Puis j’observais, prête à manger ce qui allait pousser, l’attendant d’un instant à l’autre. « Ça prendra quelques jours, ou une semaine, avant que quelque chose ne sorte de terre », disait mon père. Une semaine ? C’est une éternité pour un petit enfant. Mais les jours passaient et enfin des petites feuilles rondes émergeaient là où les graines avaient été semées. « Est-ce qu’on peut les manger ? » demandais-je. « Pas pour le moment, peut-être dans trois semaines. » Trois semaines ! C’était presque la durée d’une vie ! Parfois je tirais une pousse, déçue de ne trouver qu’une maigre racine d’un rouge pâle où il n’y avait vraiment rien à se mettre sous la dent. Enfin j’entendais : « Voilà, ils sont prêts. Regarde ce petit dôme rouge qui pointe son nez ! » J’adore les radis, leur goût, leur rondeur luisante, le contraste entre le vert des feuilles et le rouge vif de la petite sphère, et surtout le fait qu’ils me rappellent mon père et mes premières expériences de jardinage. J’aime que leurs graines soient généralement les plus rapides à germer. Les carottes exigent un peu plus de compétences pour ce qui est de la récompense différée. J’ai beau avoir tant de fois semé des graines, ces petites perles dures au si grand potentiel, je suis aux anges quand se manifestent les premiers signes de croissance. C’est comme si je n’étais jamais sûre que cela puisse arriver encore une fois. Il semble

et les petites graines qu’on a mises en terre. Et même quand on fait ce lien, ça reste un miracle. Je vois combien j’en sais peu sur l’intelligence qui se cache au sein de la graine et la fait croître. Certains de mes amis pensent que ça ne vaut pas le coup de passer tout ce temps à bêcher, planter et désherber au printemps. « C’est juste de la nourriture. Tu sais, on trouve de beaux radis au marché. C’est trop de boulot pour ce qu’on en tire, etc. » J’ai réfléchi à ces aspects du jardinage et à ce qu’ils avaient de commun avec la vie et la pratique spirituelles. On peut trouver en celles-ci des récompenses immédiates, comme on en a quand on sème des graines – le plaisir d’avoir les mains dans la terre, de parler avec son père ou d’être dehors. Mais on sait aussi d’expérience qu’il y a d’autres récompenses à venir. Beaucoup de gens témoignent des récompenses immédiates qu’ils reçoivent de la méditation, des bienfaits qu’ils ressentent jour après jour : le calme, une plus grande détente, de la paix, du bien-être. J’ai vécu ce genre de choses, mais ce n’est pas pour ça que je médite. D’ailleurs, ces sentiments-là ne s’appliquent pas toujours à une séance de méditation. Elle peut être inconfortable, éprouvante, difficile, tout sauf paisible. Parfois je me demande pourquoi je la fais… il m’arrive d’avoir une forte envie de prendre mes jambes à mon cou, ou de me dire que mon temps serait mieux employé à nettoyer mes tiroirs, que mon mental ne cessera jamais ses singeries, que je devrais plutôt faire quelque chose de concret.

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le goût de la vie

La raison qui me fait persister est la même que celle qui me poussait à semer des graines lorsque j’était petite. Je n’avais alors ni l’expérience ni les connaissances qui m’auraient permis de savoir quel en serait le résultat, mais je faisais confiance à mon

l’avenir. Au jardin je ne peux pas connaître toutes les influences et les circonstances qui entrent en jeu. Il arrive qu’une graine ne germe pas. Parfois des vers creusent dans la chair blanche et les tunnels bruns que laisse leur passage rendent le radis immangeable.

père. Il était pour moi « celui qui savait » jusqu’à ce que mes expériences viennent confirmer ce qu’il disait. De la même façon, je fais confiance à mon enseignant spirituel. Bien que l’écart de temps soit plus long que pour la confirmation des graines de radis, peut-être le processus est-il relativement similaire. Il se peut que la durée de l’attente s’allonge à mesure que la capacité à différer la gratification se développe. Il me faudra peut-être davantage que cette vie pour connaître, par expérience, le résultat d’une méditation régulière. Quelques semaines semblaient une vie entière aux yeux d’une enfant de trois ans. Le jardinage est peut-être la meilleure activité pour se préparer aux exigences de la méditation. Quand on considère la pratique spirituelle, même les notions de gratification différée, de récompense remise à plus tard, ne s’appliquent pas vraiment à l’écart entre ce que je fais maintenant et ce qui se révélera à l’avenir. La psychologie classique nous enseigne que les êtres humains sont motivés par le plaisir. On accepte une gratification différée quand il vaut la peine d’attendre et de renoncer au plaisir immédiat, pour en avoir un plus grand ensuite. Pour ce qui est de la pratique spirituelle, l’idée de la suivre en vue d’une récompense, d’un plaisir anticipé, ne correspond pas vraiment. C’est plus une question de sens. Tout cela m’aide à comprendre le karma – le lien entre ce que je fais maintenant et ce qui se passera à

Parfois les conditions atmosphériques bouleversent la croissance. Les radis font trop de feuilles, leur racine durcit, ils deviennent secs et trop piquants. Et parfois ils sont tout simplement parfaits. Je remarque que bien souvent je pense pouvoir contrôler tout cela et obtenir à tous les coups des radis parfaits. Ce n’est pas possible. Mais je peux enrichir le sol avec du compost, l’arroser, semer les graines au bon moment, les recouvrir pour éviter que les mouches y pondent leurs œufs qui deviendront des vers. Mais je ne fais qu’aider au déroulement des choses. L’intelligence de la vie, le schéma de croissance, le temps qu’il fait – tout cela est hors de mon contrôle. Je joue cependant un rôle. Mon enseignant aimait dire : « Quand les rails sont posés, le train doit les suivre. Mais nous pouvons choisir la trajectoire que nous installons. » C’est aussi une question de foi. Une foi construite sur la confiance. Cela revient à accorder beaucoup de temps au processus avant que la preuve soit faite. Mais à coup sûr le jardin m’apprend que si on ne fait aucun effort, on n’obtient pas le résultat désiré. On ne peut cependant pas garantir qu’il sera atteint – il y a trop de facteurs imprévisibles en jeu. Cela donne aussi un aperçu de la relation entre l’effort et la grâce. Sans ma contribution, sans l’effort de créer un environnement accueillant pour la graine, la grâce qui permet à son potentiel de se déployer n’agira pas pleinement, et peut-être même pas du tout.

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RECETTES ALCALINES Véganes, bio et sans gluten

Photos & recettes de Simonne Holm En plus du design et de la photographie, SIMONNE HOLM s’est formée à diverses techniques qui touchent au corps et à l’esprit. La diète alcaline a transformé sa vie. Elle partage son enthousiasme et son expérience sur son site Alkaline-institute.com

Salade de chou palmier marinée au citron

½ pamplemousse rose 1 citron, le jus 1 petite betterave rouge 1/3 de chou rouge 1/3 de tasse d’huile d’olive extra vierge 1 piment rouge frais sel et poivre

LA RECETTE INGREDIENTS

6 feuilles de chou palmier

Laver tous les légumes. Emincer le chou palmier et mélanger dans un saladier avec le jus de citron et 4 cuillères à soupe d’huile d’olive. Malaxer le chou palmier avec les mains pendant quelques minutes pour le ramollir. Couvrir et réfrigérer une heure ou plus – jusqu’au lendemain. Dans un autre saladier, ajouter le chou rouge émincé très fin et la betterave découpée en spirales ou râpée puis faire mariner avec le citron et l’huile d’olive pendant une heure, ou jusqu’au lendemain. Avant de servir, découper le pamplemousse rose en tranches et retirer l’écorce. Couper les tranches en triangles et les mélanger au chou palmier. Ajouter le piment coupé très fin, le sel, le poivre et encore un peu d’huile d’olive. Note : la réfrigération jusqu’au lendemain rend le chou vraiment délicieux.

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les recettes de simonne holm

Pain à la citrouille, au chia et aux aromates INGREDIENTS

50g de graines de chia 1 tasse d’eau 3 cuillères à soupe d’huile d’olive ou de lin extra vierge 1 petite courge 2 cuillères à café de bicarbonate de soude 2 cuillères à café d’aromates (basilic, thym, romarin, sauge) ½ tasse d’eau 1 tasse de flocons d’avoine 1 tasse de farine de petit épeautre ou de farine sans gluten ½ tasse de poudre d’amandes (moudre les amandes) ½ cuillère à café de poivre blanc fraîchement moulu 1 citron, le zeste 1 cuillère à café de sel de l’Himalaya

LA RECETTE Note : prenez le zeste du citron utilisé dans la recette du chou palmier mais en râpant le citron avant de le couper en deux. Allumer le four à 175 °C Mélanger les graines de chia dans un grand saladier avec ½ tasse d’eau, laisser tremper 15 minutes en remuant fréquemment. Pendant ce temps, moudre les amandes en poudre très fine. Découper la courge et passez-la au mixeur en rajoutant un peu d’eau pour en faire de la purée. Aux graines de chia, ajouter la purée de courge, le zeste de citron et l’huile puis mélanger. Ajouter ensuite le bicarbonate de soude et les aromates puis mélanger à nouveau. Ajouter les flocons d’avoine, la poudre d’amandes, la farine et l’eau puis bien battre le tout. Verser le mélange dans un moule à cake préalablement huilé ou tapissé de papier cuisson. Dessiner quelques motifs au couteau sur le dessus et laisser cuire 90 minutes. Lorsque le pain est cuit, il sonne creux, comme un tambour que l’on fait résonner du bout des doigts. Laisser le pain reposer quelques heures avant de le couper.

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La rencontre de deux personnalités est comme le contact entre deux substances chimiques, s’il y a une réaction, toutes deux sont transformées.

CARL G. JUNG



Des pierres de toutes

LES COULEURS


planète kids

L

a prochaine fois que tu te promènes sur une plage, dans la forêt ou près d’une rivière, cherche quelques jolis cailloux que tu pourras peindre avec tes amis ou ta famille. Evite de prendre des pierres couvertes de mousse, de lichen ou d’autres organismes vivants, car tu dérangerais l’écologie du lieu. En tenant chaque pierre dans ta main, demande-toi : Quel genre de pierre ai-je trouvé ? Quel type de dessin irait bien sur ce caillou ? Est-ce qu’il y a des marques ou des taches qui pourraient me suggérer un thème ? Les peintures acryliques tiennent mieux que celles à l’eau, et tu peux utiliser des stylos-feutres indélébiles pour dessiner les lignes plus fines. Amuse-toi bien, et beaucoup de plaisir !

Texte Anne-Grethe Kousgaard

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Les e n

n c i e e l c r a s t n fa

Une histoire contée et illustrée par BRIGITTE SMITH

S

aviez-vous qu’en certains jours de petits êtres descendus de l’arc-en-ciel venaient visiter notre planète ? C’est un secret bien gardé que seules quelques personnes connaissent. Et puis, il faut une lumière très spéciale pour les apercevoir. Un jour, un vieux sage me raconta que ces explorateurs venus de l’arc-en-ciel lui avaient rendu visite. C’était un petit groupe d’enfants à la peau de diverses couleurs, vêtus chacun d’un très beau vêtement d’une des teintes de l’arc-en-ciel.

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Quand ils arrivèrent sur terre, ils découvrirent avec jubilation que les couleurs de l’arc-en-ciel s’y trouvaient partout. Il y avait le violet, comme le sol ombreux sous les grands arbres, ou le reflet profond dans les yeux veloutés des vaches. Il y avait le rouge, tel le feu qui jaillit des volcans et le sang précieux qui court dans nos veines. Il y avait le vert, le magnifique vert des plantes et des feuilles, qui permet aux fruits et à la récolte de pousser.


planète kids

Il y avait l’orange, celui de la terre des pays chauds et celle du jus de tant de fruits que nous aimons. Et il y avait le jaune, le jaune sacré du soleil, du blé et du maïs. Les enfants couraient ça et là, voulant tout voir de la planète. Ils découvraient les plantes, les arbres, les animaux et toute la beauté de notre terre. Et tout au long, ils entendaient le doux son d’une flûte, sans savoir d’où il provenait. Et cette musique touchait leur cœur. Comme ils étaient venus voir le vieux sage pour lui poser une question, ils préparèrent des guirlandes de fleurs pour l’honorer. Ils le trouvèrent au milieu

de grands arbres, en train de passer une guirlande au cou d’une belle vache blanche. Il accueillit les enfants avec un regard plein d’amour. Dans le lointain on entendait toujours le son argentin de la flûte. Petit Vert demanda le premier : « Dans l’arc-en-ciel, nous avons entendu parler d’une graine spéciale qu’on trouve ici, sur terre. Est-ce que vous la connaissez ? » Petit Bleu poursuivit : « Ce sont les anciens qui nous ont dit qu’il serait important pour tout l’univers de savoir ce qu’elle est. » Ce fut le tour de petite Orange : « Oui, et ils ont dit aussi qu’une f leur très belle naissait de cette graine. »

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Petit Rouge se prosterna devant le vieil homme : « Ils ont ajouté que si on la découvrait on trouverait le chemin du ciel. » Petit Violet continua : « Et on nous a dit que celui qui la trouverait serait quelqu’un plein d’amour. » Petite Jaune termina en disant : « C’est pourquoi, ô homme sage, on nous a demandé de chercher la graine. » Le vieil homme opina de la tête avec douceur : « Oui, mes enfants, tout cela est vrai, mais il y a une chose : chacun doit la trouver par lui-même. Sinon elle reste cachée. Le seul conseil que je puisse vous donner, c’est d’interroger votre cœur à chaque pas de votre recherche. » Les enfants le remercièrent et poursuivirent leur chemin.

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Magazine Heartfulness

Ils arrivèrent devant l’immense océan aux flots bleus où ils découvrirent les dauphins, ces gracieux danseurs qui jouent avec les vagues. Les enfants acceptèrent leur invitation et les suivirent dans les profondeurs sous-marines. Ils y virent des fleurs étranges et magnifiques et des créatures de toutes formes. Mais ils n’en trouvèrent aucune qui puisse leur parler de la graine spéciale ou de la fleur qui pouvait en sortir. C’est vrai que ce monde aquatique était extraordinaire, mais comme ils venaient de l’arc-en-ciel, la lumière du soleil leur manqua bientôt et ils retournèrent sur la terre ferme. Ils rencontrèrent alors un puissant éléphant qui se dirigeait majestueusement vers la jungle. Une


planète kids

silhouette gracieuse, aux vêtements bleus et or, le chevauchait en jouant de la flûte. Tout joyeux d’entendre à nouveau la douce mélodie qui enchantait leur cœur, les enfants suivirent le grand animal dans la jungle. A suivre

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