Magazine Heartfulness édition 4

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VIBRATION ET COMPATIBILITÉ

Qui détermine notre destin ?

méditation

L’ observation de soi

ARGENT ET CRÉATIVITÉ

Partager la richesse

DÉVELOPPEMENT PERSONNEL

RELATIONS

TRAVAIL

INSPIRATION

NATURE


purity

weaves destiny

Faites l'expérience de la beauté du coeur Apprenez à méditer à l’ aide de la transmission yogique fr.heartfulness.org

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Il ne suffit pas de regarder Qu’est-ce qui a permis à Newton de découvrir la gravitation en regardant une pomme tomber, à Galilée de concevoir le pendule des horloges en observant les oscillations d’un lustre dans une cathédrale, et

à Madame Curie de détecter la radioactivité en contemplant une pierre scintillante ? Ils étaient doués d’émerveillement et de curiosité. Ils observaient. C’est leur observation émerveillée qui a intensifié leur pensée pour en faire jaillir des découvertes.

Les avancées les plus importantes de la science et de la connaissance sont le résultat d’observations : certaines ont pour objectif de prouver ou de réfuter des hypothèses spécifiques, d’autres débouchent sur des découvertes imprévues. Pour tout esprit scientifique, l’observation est essentielle.

Observer signifie accorder de l’attention à ce que nous voyons. Nous le faisons chaque fois que quelque chose nous intéresse. Que se passe-t-il alors, quand, curieux, nous concentrons notre attention et

que nous observons ? Nous apprenons, nous acquérons un savoir qui, à son tour, nous fait progresser plus vite. C’est vrai quel que soit le domaine étudié, et ce n’est pas moins vrai dans le champ de la science intérieure qu’on appelle spiritualité.

La capacité d’observation peut être développée par la pratique du silence intérieur, ou méditation. Tout comme l’observation aide à méditer, la méditation aide à observer. Faire taire le mental, écarter

les distractions est un exercice qui, pratiqué correctement, fait de l’observation une seconde nature.

La méditation, qui est l’activité centrale de la spiritualité, est dynamisée par l’observation. Qu’observonsnous lorsque nous méditons ? Nos sentiments, nos humeurs, nos pensées et ce qui nous est révélé.

Nous observons aussi l’existence de centres énergétiques dans notre corps – l’anatomie spirituelle – et leurs interactions.

L’approche Heartfulness du Sahaj Marg, un système de Raja Yoga, a été à la pointe de la science spirituelle et de son évolution depuis près d’un siècle, et chacun de ses maî�tres bâtit sur la base de l’œuvre accomplie par ses prédécesseurs, comme dans tout domaine scientifique.

En développant un esprit d’observation scientifique, nous pouvons méditer avec curiosité, attentifs

à découvrir notre potentiel et nos capacités, non seulement dans notre propre intérêt, mais dans celui de toute l’humanité.

Victor Kannan,

Directeur de l’Institut Heartfulness, Etats-Unis

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SOMMAIRE 8 La méditation ou l'observation de soi

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14 Bruit de fond 18 Sommes-nous suffisamment intuitifs ?

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20 Vibration et compatibilité 26 Heureux quand même ?  28 Maîtriser le changement 30 Argent et créativité 34 D'argent et d'eau 42 De la communication cœur à cœur 46 Émergence 50 L'évolution de la conscience

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56 L'observation

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64 Le calendula ou la joie de donner 66 Les plantes communes qui font baisser la tension artérielle

POUR LES ENFANTS 72 Mission possible

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74 Le roi qui enlevait les voiles de l'illusion (fin)


L'édito Observer et ressentir C’est un glorieux jour d’été, devant nous se dresse un arbre immense, plein de vie. Ses branches sont peuplées de martins-pêcheurs hilarants, dont le rire est si contagieux. D’un œil perçant ils guettent ce qui bouge dans l’herbe, avant de descendre en piqué pour attraper leur repas. Au loin, d’autres cris d’oiseaux créent une joyeuse cacophonie en toile de fond de la vie de notre rue. L’ arbre est vieux mais partage encore généreusement sa riche moisson de baies entre des nuées d’oiseaux, de mammifères et d’insectes, qui vaquent à leur vie quotidienne en circulant sur ses branches. Plus profond, à l’intérieur du tronc et des racines, l’énergie monte et descend dans l’arbre avec la vitalité débordante de l’été. Touchez délicatement son tronc et vous la sentirez. Bientôt le temps fraîchira, le flux commencera à ralentir, puis, pendant les mois d’hiver, se fera plus subtil et descendra profondément dans les racines sous la terre, gardant les nutriments en réserve jusqu’à ce qu’il monte à nouveau, l’année suivante, pour produire des feuilles, de nouvelles branches, des fleurs et des fruits. Le cycle des saisons se manifeste partout. Et nous, quels sont nos cycles d’êtres humains ? Comment changeons-nous intérieurement selon les saisons et les cycles lunaires ? Comment changeons-nous selon le cycle quotidien, de l’aube au crépuscule et durant la nuit ? Sommes-nous conscients que notre souffle passe subtilement de la narine gauche à la droite et vice-versa en l’espace de vingt-quatre heures ? Sentons-nous que notre esprit fonctionne mieux à certains moments qu’ à d’autres, et que certaines nourritures changent la condition intérieure du cœur ? Avons-nous conscience de nos sentiments et de nos états d’âme ? Il y a tant de choses à observer dans chaque petit détail de l’existence. Prenez le temps, ce mois-ci, de vous observer et de noter comment vous changez d’instant en instant. C’est une magnifique expérience qui transformera votre vie. Soyez observateur, devenez conscient et introspectif. La méditation est un moyen magique de le faire, en allant de plus en plus profond, jusqu’à vous sentir au niveau de la pure existence, puis au-delà… Bon voyage ! La rédaction

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Ont contribué Kamlesh D. Patel Directrice de publication Sylvie Berti Rossi

RéDACTION Anglais : Elizabeth Denley, Emma Hawley, Meghana Anand, Veronique Nicolai (partie pour les enfants ) Français : Sylvie Berti Rossi, Génia Catala, Hélène Camilleri

TRADUCTION Génia Catala, Sylvie Galland, Marie-Laure Lagrange, Agnès Valensi,

Kamlesh est le quatrième guide spirituel du Sahaj Marg, un système de méditation issu du Raja Yoga. Il est un modèle pour les chercheurs spirituels en quête de cette fusion parfaite du cœur oriental et de l’esprit occidental. Il voyage beaucoup, est à l’aise avec des gens de tous les horizons et voue une attention particulière à la jeunesse d’aujourd’hui.

GRAPHISME Emma Hawley, Deepali Konaj, Uma Maheswari, Nehal Tantia, Hélène Camilleri

COUVERTURE

P.R. Krishna

Sylvie Berti Rossi, Hélène Camilleri

PHOTOGRAPHIES Francesco Chiesa, Bharath Krishna, Rajesh Menon, Johan Swanepoel, Iryna Savitskaya, Tony Duy

ILLUSTRATIONS Veronique Nicolaï

CONTRIBUTIONS Kamlesh D. Patel, Swati Kannan, Harpreet Kalra, Gopi Kallayil, P.R. Krishna, Ferdinand Wulliemier, Ichak Adizes, Patrick Fleury,Judith Liebe, Ros Pearmain, Alanda Greene, Félicie Toczé, Guy Lemitres

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Krishna est un novateur et un formateur. Il a plus de trente ans d’expérience dans la conception, la production et la commercialisation de produits et de services innovants. Il est réputé pour avoir conçu et construit des maisons et des ashrams dans diverses parties de l’ Inde. Il est aussi le président de l’ École Internationale Omega du Lalaji Memorial à Chennai.


à ce numéro

ENVOI DES CONTRIBUTIONS Correspondance avec la rédaction et ligne rédactionnelle magazine@unimeo.com

Judith Liebe

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Judith a étudié à l’Académie des Beaux-Arts de Hambourg et de Munich, puis à l’École nationale supérieure des BeauxArts de Paris. Elle y a exploré les techniques des anciens maîtres, qu’elle a conjuguées avec des approches contemporaines. Elle a été reconnue sur le plan national dès la présentation, dans le Variety Magazine, de son exposition intitulée La boîte de Pandore. www.judithliebe.com

ABONNEMENTS

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IMPRESSION Aumüller Druck GmbH & Co. KG Weidener Straße 2 D-93057 Regensburg

PUBLICATION Unimeo 1185 Chemin des Campelières 06250 Mougins FRANCE Droits d’impression, publication, distribution, vente, sponsoring et perception des recettes réservés à l’éditeur. 2016 © Tous droits réservés à Unimeo

Ichak Adizes Ichak Adizes est largement reconnu comme l ’ un des plus grands experts internationaux dans le domaine de la gestion. Il est l’ auteur de vingt ouvrages, traduits en vingt-six langues, et a reçu dix-sept fois le titre de docteur honoris causa. Selon le Leadership Excellence Journal, il compte parmi les trente leaders d’ opinion les plus importants des États-Unis.

ISSN : 2491-2255 Les termes « Heartfulness, Relaxation Heartfulness, Sahaj Marg Spirituality Foundation, SMSF », le logo « Learn to Meditate » et le logo « Heartfulness » sont des marques déposées par la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Aucune partie de ce magazine ne peut être reproduite sous quelque forme ou moyen que ce soit sans autorisation écrite préalable. Le nom de domaine www.heartfulness. org est également la propriété de la Sahaj Marg Spirituality Foundation. Les opinions exprimées dans les articles de ce magazine ne reflètent pas toujours celles de la rédaction, de l’Institut Heartfulness ou de la Sahaj Marg Spirituality Foundation.

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Souvenez-vous de vous. Au plus profond de vous se trouve un observateur, un témoin constant et neutre de votre posture, de vos gestes, de l’ expression de votre visage, de votre respiration, d’ une saveur, de la sensation de la lumière, d’un son. Ne vous empressez-pas d’ interpréter. Restez là et observez. Jonathan Price

PhotOgraphie Francesco Chiesa

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La méditation ou l’observation de soi Swati Kannan

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L’observation est une compétence innée que nous utilisons intuitivement. A titre d’exemple, les nourrissons et les enfants apprennent des comportements et développent une personnalité en observant leurs parents. Même les avancées importantes de la science découlent de la simple faculté d’observation de la nature, des événements et des gens qui nous entourent. Les aventures de Sherlock Holmes se fondent sur sa capacité aiguë à noter le moindre détail pour en déduire des conclusions. On dit aussi

Je me demande souvent si la méditation peut transformer la personnalité et le comportement de quelqu’un. L’acte fondamental qu’est la méditation fait-il de nous des êtres humains meilleurs ? Après mûre réflexion, j’aimerais répondre « oui ». La méditation peut nous faire progresser en tant qu’individu, mais pas sans observation de soi-même ni volonté de changer.

d’Isaac Newton que l’hypothèse de la gravitation lui serait venue en voyant une pomme tomber d’un arbre. Bien sûr, des milliers de gens ont vu tomber des pommes, mais Newton est le seul à avoir découvert la gravitation. Cela signifie que le simple fait de voir ou de regarder ne suffit pas : nous devons observer. C’est en examinant avec curiosité le monde qui nous entoure que nous développons une compréhension de notre environnement. Mais il s’agit là d’observations extérieures. Qu’en est-il de l’observation intérieure, de l’observation de soi ? En psychologie, celle-ci est appelée « introspection », terme défini comme « l’examen de ses pensées et sentiments conscients » 1. Le processus d’introspection en psychologie implique de réfléchir sur son propre état mental, alors que, dans le contexte spirituel, il fait également référence à l’examen de son esprit, de l’âme. Comme toute autre compétence, l’art de l’observation ou de l’introspection peut être perfectionné et mis à profit pour améliorer nos comportements, nos réactions émotionnelles et nos réponses aux événements imprévus de la vie. Ces réflexions suscitent une question importante : comment affiner notre aptitude à l’introspection mentale et spirituelle ? Par la méditation ? La plupart des recherches actuelles sur la méditation se concentrent sur Mindfulness. La pratique de la méditation en pleine conscience est devenue populaire dans de nombreuses régions du globe et elle a été étudiée Juillet 2016

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en psychologie pour en évaluer les effets sur la santé physique et mentale. Lorsqu’on fait une recherche pour savoir comment pratiquer Mindfulness, on s’aperçoit que la plupart des sites web ont un protocole commun : • S’asseoir tranquillement, les yeux fermés • Se concentrer sur la respiration et accepter toutes les sensations qui nous traversent, sans jugement, le but étant d’accéder à la conscience de l’expérience en cours Au lieu d’être submergée par les pensées, les sentiments et les sensations physiques, avec un peu de pratique, la personne est mieux à même de les gérer. Physiologiquement, les pratiquants de la méditation Mindfulness présentent des modifications similaires du cerveau après déjà quelques semaines de méditation : • La matière grise du cortex cérébral frontal qui gère l’attention, la concentration et les processus sensoriels s’agrandit ce qui accroît les compétences requises pour l’observation • Le cortex préfrontal, qui est associé aux émotions positives, témoigne également de niveaux d’activité plus élevés chez les méditants 2. Étonnamment, le cerveau est plus actif pendant la méditation, ce qu’on a mis en rapport avec une meilleure régulation émotionnelle, en particulier chez les personnes qui méditent régulièrement depuis cinq ans ou plus Du point de vue psychologique, la méditation Mindfulness : • Permet une meilleure lecture des émotions • Renforce la concentration • Peut aider sur le plan relationnel La méditation Mindfulness a été intégrée à d’autres techniques de réduction du stress ainsi qu’à la thérapie cognitive comportementale comme aide dans les cas d’anxiété et de dépression récurrente.

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Si une contemplation de cette sorte conduit à des changements au niveau du cerveau qui développent l’attention et apportent un bien-être mental, comment cela débouche-t-il sur une meilleure introspection ? A travers l’art de la méditation, la conscience de notre environnement et de notre situation intérieure s’accroît. Mingyur Rinpoche, jeune moine tibétain et co-auteur du bestseller Bonheur de la méditation décrit la conscience comme « l’esprit qui sait ». La conscience est déjà une caractéristique de l’esprit. Mindfulness et conscience se complètent. Et si vous pouvez entraîner l’esprit par la méditation, la conscience s’améliore naturellement. La méditation ouvre un espace d’observation de soi sans jugement. « C’est le fait d’accorder de l’attention... qui progressivement ralentit le flux précipité de la rivière [des pensées et des émotions] et qui peut me permettre d’expérimenter un peu d’espace entre ce que je regarde et la simple conscience de regarder. »3 La plupart d’entre nous perdent la conscience et le contrôle d’eux-mêmes lorsqu’ils se mettent en colère. Une fois passé l’accès de colère et après un temps de réflexion, il se peut que nous présentions des excuses pour notre comportement en promettant de ne plus réagir aussi négativement. Cela dit, si l’esprit restait conscient de lui-même lors de nos emportements, notre réaction houleuse pourrait se transformer à l’instant même en une réponse plus calme. Cette prise de conscience, en modifiant nos réactions aux situations, peut alors conduire à des changements de personnalité. Puisque Mindfulness aide à prendre conscience de notre état mental, il est aisé de comprendre que Heartfulness, par l'observation attentive du cœur, nous fait prendre conscience de nos sentiments, de notre véritable nature et de notre état divin. Un état divin qui se caractérise par la beauté intérieure, la force et la sagesse. La pratique de Heartfulness n’est pas nouvelle, et elle a été enseignée de diverses manières en Inde, en Chine et dans d’autres pays d’Orient. Elle invite à ressentir l’amour divin dans le cœur au lieu de simplement le contempler. Elle va au-delà des pensées

A travers l’art de la méditation, la conscience de notre environnement et de notre situation intérieure s’accroît. et des sentiments du mental. Cette technique accroît la perception du Soi le plus profond, que l’on appelle aussi l’esprit ou l’âme. En faisant l’introspection de notre condition intérieure après la méditation, nous prenons conscience de notre progrès spirituel et de ce fait nous transformons nos cœurs pour qu’ils acceptent la grâce divine. Ainsi, l’observation du monde extérieur, de l’esprit et du Soi intérieur est possible. Tous trois sont interconnectés, mais comme nous l’avons dit, le simple fait de voir ne suffit pas. Le simple fait de méditer ne suffit pas. Pour changer nos pensées, nos réactions émotionnelles et notre personnalité, nous devons méditer et nous engager avec curiosité dans l’introspection de notre nature véritablement divine. Prendre conscience de notre Soi profond peut changer nos pensées, nos réactions émotionnelles et notre personnalité. Et si, par l’observation de soi, nous réalisons que nous sommes tous égaux spirituellement, elle aura un impact divin sur le monde.

1

Self-reflection www.memidex.com/self-reflection 2

Holzel BK et al.,« Mindfulness Practice leads

to increases in regional brain gray matter density », psych.res. 30 jan 2011 : 191(1) : 36-43 3

Mingyiur Rinpoche & Swanson, Joyful Wisdom : Embracing Change and Finding Freedom, 2009

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Je n’aime pas le travail – aucun homme ne l’ aime. Mais j’aime ce qu’offre le travail – la chance de se trouver soi-même. Sa propre réalité – pour soi, non pour les autres – ce qu’ aucun autre homme ne saura jamais.

Joseph Conrad

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Bruit de fond

P. R. Krishna partage ses observations sur le bavardage intérieur, ce bruit de fond toujours présent dans notre esprit, sur le champ quantique des réalités que nous créons pour nous-mêmes et sur ce qui se trouve au-delà de ces deux

Récemment, alors que je méditais, j’étais préoccupé par certains événements survenus auparavant, si bien qu’il m’était difficile de me centrer et de plonger profondément dans la méditation. J’ai tenté d’utiliser ma volonté pour contrôler le flux des pensées et bientôt mon esprit s’est plus ou moins calmé. Même après ça, j’ai pu observer qu’une sorte de bavardage persistait en arrière-plan. Sans être très intense, il restait malgré tout perceptible. J’ai réfléchi au pourquoi de sa présence, et j’ai réalisé que ce bruit de fond était similaire aux ondes radio de fond répandues dans tout l’univers. Nous connaissons tous le projet SETI de recherche d’une 14

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intelligence extraterrestre. Au SETI, les scientifiques écoutent et filtrent les ondes radio qui constituent le bavardage de fond de l’univers. Ils utilisent des algorithmes pour détecter si l’une ou l’autre de ces ondes est intelligible, partant du principe que, si une onde présente une structure cohérente, il est fort probable qu’un être intelligent, quelque part, tente de communiquer avec nous. Une autre idée que je trouve importante est celle des champs quantiques en physique. Le champ quantique est le champ de probabilité non manifesté. Les physiciens nous disent qu’en tant qu’observateurs nous suscitons la manifestation de certaines réalités, tirées


Quelle est la nature de ce bruit de fond  ? J’ai observé que ce bavardage est notre bagage, composé pour l’essentiel de nos samskaras, lesquels déterminent nos désirs, nos attitudes et nos croyances.

du vaste réservoir des probabilités existantes, par le simple fait de les observer. C’ est l’essence même de la théorie de la relativité restreinte proposée par Einstein. Qu’est-ce qu’un champ quantique ? Imaginez un wok plein d’huile. Un cuisinier teste la chaleur de l’huile en l’arrosant de quelques gouttes d’ eau. Si l’huile est suffisamment chaude, les gouttelettes d’eau crépitent bruyamment et dansent à la surface de l’huile dès qu’ elles entrent en contact avec elle. Le champ quantique est similaire. Au départ, avant que nous ayons régulé et entraîné notre esprit par la méditation et l’ ayons débarrassé de ce qui l’encombre, la surface

de l’ huile est couverte d’une écume composée de nos complexités (samskaras). Aussi, chaque fois que nous observons le champ quantique des réalités possibles à venir, nous voyons des éléments provenant de notre passé. Ce qui se montre à nous, c’est ce que nous avons créé. Nous fabriquons donc notre propre réalité et notre propre avenir. Et nous observons ce que nous avons créé, persuadés qu’il n’ y a pas d’autre réalité. Tant que nous ne sommes pas prêts à accepter que notre réalité n’est pas la vraie, aucun changement ne peut se produire en nous ni dans le monde qui nous entoure. Au commencement de notre cheminement spirituel, notre conscience est très étroite de sorte que notre champ de vision est limité et qui plus est, souvent négatif. D’ une certaine façon, nous faisons tourner notre propre version de SETI chaque jour, en nous efforçant de donner un sens à notre bavardage de fond personnel. Le problème est que notre algorithme est gouverné par nos états d’âme, pleins de désirs, de peurs et d’insécurités, sans parler de nos croyances. C'est en soi la meilleure et la principale raison d’être de la « pensée positive ». Si nous continuons à faire remonter du champ quantique des scénarios de fin du monde, ils se manifesteront pour la simple raison que nous causons leur manifestation. C’est la même philosophie que traduit l’importance accordée à la prière et aux suggestions positives. Que faire alors de ce bavardage de fond  induit pour beaucoup par nos désirs, nos attitudes et nos croyances ? Lorsque nous nous livrons à une pratique spirituelle sérieuse, nous tentons d’agir sur notre champ quantique personnel pour le débarrasser de ces désirs, peurs et insécurités accumulés. En nettoyant régulièrement le cœur et l’esprit, nous le purifions. Juillet 2016

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Lorsque nous recevons la transmission yogique d’un guru d’envergure, la nature même du champ se transforme au fil du temps. Nos tentatives pour nous changer de l’intérieur s’en trouvent renforcées. Ces deux processus fonctionnent main dans la main : la transmission yogique nous transforme et nous nous changeons nous-mêmes jusqu’à devenir une personne très différente de celle qui a entamé le processus.

sollicitude envers nos prochains, on s’approche de ce que l’on peut appeler la « conscience universelle ». Quel est le rôle de la volonté dans tout cela ? Notre volonté est l’outil qui nous permet d’ interagir avec le champ quantique. D’où l’ importance de développer la volonté dans la pratique spirituelle. C’est l’instrument grâce auquel nous sélectionnons une probabilité dans le vaste champ pour que cette

Dès lors notre vision du champ quantique diffère considérablement de notre vision antérieure, puisque nous avons changé. Aussi la réalité que nous créons est désormais très différente de celles du passé. Le champ des probabilités a changé. A ce stade, le bavardage intérieur persiste encore, mais il s’est transformé en une ombre légère, même s’il est toujours en mesure de nous déranger ! Je crois que là se trouve la transformation réelle qui s’accomplit à mesure que nous évoluons. Nous lâchons notre champ quantique de bas niveau, formé de toutes les impuretés et lourdeurs du passé, pour le remplacer graduellement par un champ quantique tourné vers le haut, la lumière, et débarrassé de la négativité – plus spirituel en quelque sorte. Vient ensuite un changement encore plus profond. Le champ perd sa nature personnelle et étroite pour prendre une nature plus universelle : notre point de vue est transformé dans son ensemble. Tous nos désirs, nos peurs, nos insécurités, nos ambitions du passé sont remplacés par une perspective plus inspirée qui pose maintenant la vraie question : « Comment puis-je atteindre le but de la vie ? » A mesure que nous évoluons, nous nous préoccupons toujours moins de nous-mêmes, pour être de plus en plus concernés par les autres et par les moyens de les aider. Notre conscience elle-même se transforme au fil du temps pour devenir plus universelle, subtile et spirituelle. Lorsque notre conscience s’élargit au point où il ne reste que très peu de nous hormis la

probabilité-là se manifeste en tant que notre réalité propre. La volonté est donc assujettie à notre nature et nous obéit. Si nous sommes emplis de désirs, de peurs et d’ambition, la volonté agit d’une certaine manière. A mesure que nous changeons, la nature même de la volonté change. L’ego joue un rôle très important dans notre façon d’utiliser la volonté puisqu’il détermine comment nous transformons l’intention en action. Quand l’ego est

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Lorsque notre conscience s’élargit au point où il ne reste que très peu de nous hormis la sollicitude envers nos prochains, on s’approche alors de ce que l’on peut appeler la « conscience universelle ».


sublimé et raffiné, l’intention est transformée en une action orientée vers notre progrès spirituel. Lorsque nous pensons avec le cœur et non avec l’esprit, l’ego est régulé et il en découle une action correcte. C’est pourquoi, en cas de doute, il est préférable d’interroger le cœur plutôt que l’esprit. La voix de la conscience est la voix du cœur. A mesure que nous évoluons et perdons notre égoïsme,

et agir clairement. Nous pouvons aussi voir la création de Dieu dans toute sa splendeur. Emerveillés, nous aspirons à ne faire qu’un avec elle. Je fais toujours une sorte de retraite lorsque je suis stressé ou perturbé. Cela m’aide à me centrer, à reprendre contact avec le plus profond de mon être, ce qui génère la paix et le calme qui sont essentiels pour mener une vie spirituelle.

nous sommes moins concernés par le résultat de nos actions et davantage préoccupés de faire de notre mieux, en abandonnant à Dieu le résultat. Plus nous apprenons à le faire, plus notre volonté sera purifiée jusqu’à atteindre un stade où elle deviendra presque divine. La volonté humaine est colorée par tout ce qui gouverne l’humanité, alors que la volonté divine accomplit ce qui doit être fait pour restaurer l’équilibre et n’est pas troublée par la faiblesse humaine. Nous pouvons donc nous débarrasser du bavardage de fond : • en nettoyant le cœur et l’esprit et en méditant régulièrement de telle sorte que la nature du champ quantique se transforme au fil du temps • en apprenant à sublimer l’ego par la transformation de notre nature, en remplaçant l’ambition par l’aspiration et en contrôlant nos désirs, nos peurs et nos insécurités • en faisant en sorte de purifier la volonté afin de devenir un magnifique instrument capable de générer respect et croissance Pourquoi est-il important d’éliminer le bavardage de fond de nos vies ? Nous savons tous que pour réfléchir et agir efficacement nous avons besoin de silence. Le bavardage nous empêche de penser clairement et génère de la confusion, nous rendant incapables de choisir avec sagesse. Quand le silence règne, nous pouvons penser Juillet 2016

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Sommes-nous suffisamment

intuitifs? Harpreet Kalra s’est vu offrir le job de sa vie, mais l’a refusé car son cœur lui disait non.

L’ offre d’emploi semblait prometteuse – une marque reconnue, un salaire confortable, une excellente définition de poste et un travail basé dans ma ville favorite, Mumbai. J’aurais dû accepter sans hésiter. C’était une occasion en or et une opportunité comme celle-là, ça ne se refuse pas, me répétait mon entourage. Et pourtant je tergiversais. Qu’est-ce qui m’empêchait donc de faire le pas, alors même que tous les indicateurs rationnels étaient au vert ? Je ressentais profondément qu’il fallait dire non. Quelque chose en moi voulait laisser passer cette opportunité : une guidance intérieure, la voix du cœur, un sixième sens, un instinct, quel que soit le terme que l’on mette dessus. Pour ma part, je préfère appeler cela de l’intuition, la voix de mon cœur. 18

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Mon père dit toujours : « Lorsque tu doutes, réfère-toi au cœur. Le cœur a toujours raison. » Pour une fois, j’ai écouté mon père et j’ai refusé l’offre d’emploi. Trois mois plus tard, suite au rachat hostile de la compagnie par un concurrent, tout le personnel était licencié. Faire confiance à mon intuition avait payé.

Il est en mode suractif. Et nous sommes devenus tellement dépendants de ce bavardage et de ce brouhaha mental que la voix du silence intérieur nous effraie. Alors comment accroître notre capacité à écouter le cœur ? Je crois qu’il faut mettre de l’ordre dans notre tête : débarrasser l’esprit du fatras qui l’encombre. Par

Je crois que l’intuition peut voir ce qui échappe à l’esprit : la vision de l’esprit est myope, puisqu’elle est conditionnée par l’espace et le temps. De plus, l’esprit s’appuie sur les cinq sens qui ont leurs propres limitations. En tant qu’êtres humains, par exemple, nous ne pouvons entendre que les sons qui s’inscrivent dans un spectre sonore spécifique, perceptible à notre ouïe. Tout son émis en dehors de ce spectre est pour nous inaudible. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas. A l’inverse, le cœur peut tout percevoir. Connecté à l’Être infini, il est le siège de la Divinité. N’étant conditionné ni par l’espace ni par le temps, il peut prendre de la hauteur par rapport aux choses. Le cœur rayonne dans toute sa magnificence et sa splendeur, sous quelque forme que ce soit. Si la prise de décision intuitive peut nous aider, la question qui se pose est donc : « Comment pouvons-nous développer l’intuition ? » Je pense qu’il faut s’entraîner. En faisant confiance au cœur et en l’écoutant de plus en plus. Lorsque nous parlons avec quelqu’un, plus cette personne nous écoute attentivement, plus nous avons plaisir à converser avec elle, n’est-ce-pas ? De la même façon, si nous sommes disposés à écouter notre cœur, il sera plus qu’heureux de nous parler. C’est ce que j’ai pu expérimenter. Là est le défi. Bien souvent le cœur ne peut pas être entendu parce que notre esprit, tel un singe sautant de branche en branche, passe d’une pensée à l’autre et prend le dessus. Il ne s’arrête tout simplement jamais.

quel moyen ? Par la méditation. Cela fait des milliers d’années que la méditation est l’une des techniques les plus efficaces pour nous aider à réguler notre esprit. Il n’est pas étonnant que partout dans le monde la méditation aide de plus en plus de gens à trouver joie et équilibre intérieurs, et transforme leur vie pour toujours.

Quelque chose en moi voulait laisser passer cette opportunité : une guidance intérieure, la voix du cœur, un sixième sens, un instinct, quel que soit le terme que l’on mette dessus.

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la science de la Spiritualite

Vibration compatibilité Kamlesh D. Patel Kamlesh D. Patel étudie la nature de la compatibilité et la manière dont elle agit sur notre destin, dans nos relations, au moment de notre conception et de notre mort, ainsi que tout au long de notre évolution personnelle.

L

e concept de compatibilité est d’une extrême subtilité. Il se rapporte toujours à la relation entre deux ou plusieurs sujets et plus précisément à la similitude ou la différence entre les modèles vibrationnels de ces sujets. Si deux instruments sont accordés, ils produisent une musique harmonieuse, s’ils ne le sont pas, la musique est discordante. Lorsque deux sujets sont en accord, lorsqu’ils vibrent à une même fréquence, il y a harmonie et similitude. Ce sentiment d’affinité avec d’autres est la compatibilité. Celle-ci se manifeste dans tous les aspects de la vie, qu’ils soient matériels, basiques, comme les aliments que nous ingérons, ou plus subtils, tels les sentiments de confort ou d’inconfort. Par exemple, 20

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lorsqu’on prend un médicament et que par mésaventure on ingère aussi quelque-chose d’incompatible avec celui-ci, un conflit interne en résulte et on en souffre. La compatibilité est évidemment un aspect très important des relations humaines. Nous nous demandons tous comment nous ajuster et nous accorder au mieux avec nos époux ou nos épouses. De même, quand les enfants grandissent, leurs tendances particulières se manifestent, et nous voilà de nouveau obligés de nous réajuster les uns avec les autres. Cela peut prendre vingt-cinq ans, voire plus. Soit nous permettons à l’entropie de prendre le dessus dans nos familles, avec pour résultat la désintégration des relations,


soit nous nous adaptons peu à peu aux idiosyncrasies de chacun, c’est-à-dire à ses fréquences vibratoires, pour nous ajuster allègrement les uns aux autres. Cela dépend vraiment de nous. C’est en fait la même chose que des musiciens qui s’accordent pour jouer une belle symphonie. Où qu’ on soit, au travail avec des collègues, à l’école ou à l’université, on est confrontés à toute une gamme de niveaux vibratoires. On peut tenter d’ interagir avec un niveau ou un autre, mais certains sont incompatibles. La question qui se pose à chacun est alors : comment

Le niveau vibratoire de l’âme correspond au niveau vibratoire de la dimension tout comme le fait une clé dans sa serrure. C’est le processus naturel. L’âme trouvera ainsi la dimension qui s’accorde à son niveau vibratoire. Elle s’y trouve bien et s’y installe. Alors, qui en fait détermine ce destin ? Maintenant, on pourrait se poser cette question : peut-on se préparer juste avant de mourir de manière à choisir où ira son âme ? Peut-on par exemple se purifier complètement à ce moment-là pour que son niveau vibratoire s’accorde avec la dimension

faire correspondre, comment accorder au sien tous ces niveaux vibratoires ? Il est également possible d’explorer ce concept de compatibilité de manière plus profonde, en considérant tout d’abord la manière dont nous façonnons notre propre destin à travers les processus de conception et de mort.

souhaitée ? Non, vous ne pouvez rien accomplir à la dernière minute. Il est possible de réussir un examen en ayant lu un livre la veille, mais ça n’est pas aussi bien que de se préparer lentement. Après une préparation minutieuse, si vous n’étudiez pas la veille de l’examen, cela n’aura pas d’incidence car vous serez bien préparé. Il peut y avoir des examens imprévus n’importe quand. La mort peut se présenter n’importe quel jour. Sommesnous préparés ? Sommes-nous prêts à rencontrer la prochaine dimension ? Nous devrions donc nous maintenir au niveau vibratoire le plus pur, le plus fin – et c’est le sentiment d’amour.

LE NIVEAU VIBRATOIRE AU MOMENT DE LA MORT Durant chaque vie, nous créons notre destinée. Nous faisons des choix qui affectent notre avenir, nous portons la charge de toutes les choses que nous aurions dû ou n’aurions pas dû dire ou faire, et nous renforçons cette culpabilité en nous cramponnant à ce genre de pensées : « Si seulement j’avais fait la paix avec mon père avant sa mort, si seulement j’avais passé plus de temps avec mes enfants quand ils étaient petits, etc. » Au moment de la mort, nous allons vers notre propre destination – en conformité avec le destin que nous avons créé durant notre vie – et nous atteignons une certaine dimension. Il existe peutêtre une infinité de dimensions. L’endroit où nous allons est déterminé par la densité entourant l’âme, le niveau vibratoire de l’âme individuelle. Suivant ce niveau vibratoire, l’âme trouve un niveau vibratoire correspondant au sien dans d’autres dimensions que nous appelons « l’autre monde » ou « l’au-delà ».

LE NIVEAU VIBRATOIRE AU MOMENT DE LA CONCEPTION Maintenant qu’en est-il de notre entrée dans le monde physique au moment de la conception ? En 2000 ou 2001, j’étais allé voir mon Maître spirituel du système Sahaj Marg de Raja Yoga. Je voulais qu’il clarifie toutes les idées courantes sur l’importance du lieu de conception du bébé, du lieu et de l’heure de sa naissance, à partir de quoi on établit les thèmes astraux. Il nous rappela alors l’histoire suivante : Dans la grande épopée du Mahabharata, le roi fit venir le sage rishi Vyas pour faire de lui un père de substitution en fécondant ses deux reines. Dans le langage d’aujourd’hui, on parlerait d’un donneur de sperme, car le roi était stérile et voulait un successeur pour son royaume. Vous savez peut-être ce qui se passa. Juillet 2016

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La première reine fut horrifiée de devoir s’accoupler avec un rishi malpropre, arrivé là après des années de méditation intense. Elle accepta de le faire, mais dégoûtée elle ferma les yeux pour ne pas avoir à le regarder. Il en résulta que l’enfant, Dhritrashtra, le père des Kauravas, naquit aveugle. Voilà la première histoire. Lorsque la seconde reine vit le rishi, elle pâlit d’effroi. En conséquence, son fils, Pandu, naquit très pâle. La troisième mère, une servante qui servait de police d’assurance au cas où les deux reines ne donneraient pas naissance à un enfant, pensa : « C’est mon jour de 22

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chance ! Ce soir je vais m’unir au grand rishi Vyas ! » Elle se sentit si honorée et heureuse d’avoir été choisie que son fils, Vidura, naquit vaillant, brillant et le plus sage des trois. Lorsque j’ai demandé à mon Maître si l’endroit de la conception était important, et si l’heure de la naissance était aussi importante que le lieu, il a répondu : « Aucun des trois n’est important. » Puis il a ajouté : « Réfléchissez-y ! » Nous nous sommes rendu compte que, lorsqu’un enfant est conçu, il apporte déjà avec lui tout un


La mort peut se présenter n’importe quel jour. Sommes nous préparés ? Sommes-nous prêts à rencontrer la prochaine dimension ? Nous devrions donc nous maintenir au niveau vibratoire le plus pur, le plus fin – et c’est le sentiment d’amour.

bagage provenant de ses vies passées (samskaras). Lorsque ces samskaras se manifestent plus tard, le moment de la naissance est-il si important que ça ? Ce n’est pas d’une grande importance. La charge de samskaras est déjà là, de même que l’âme incarnée qui va naître. Ce récit du Mahabharata montre que ces trois femmes, par leur attitude au moment de la conception, ont créé les niveaux vibratoires qui ont attiré ces âmes-là. Cette conversation fit émerger l’idée si belle  que ce ne sont ni le lieu, ni le moment de la naissance qui comptent, mais bien l’attitude du couple au moment de la conception. Selon le niveau vibratoire des deux parents à ce moment-là, l’âme dont le niveau vibratoire coïncide viendra se greffer, tout comme à notre mort notre niveau vibratoire décide de la dimension qui lui correspond. Une âme descendra dans le ventre dont

le niveau vibratoire s’accorde spécifiquement au sien. Ni l’endroit ni l’heure ne jouent un rôle. C’est l’attitude des deux parents qui fera toute la différence. Nous décidons donc tous de la destinée de notre famille à ce moment-là. Tout comme à l’instant de mourir, vous ne pouvez pas vous fabriquer en vitesse une vibration superfine au moment de la conception et dire : « Seigneur, s’il vous plaît aidez-moi, je voudrais un Vivekananda dans ma famille. » Cela ne marchera pas. La préparation doit commencer des années auparavant. NIVEAU VIBRATOIRE ET MEDITATION Tout comme le niveau vibratoire des parents au moment de la conception détermine quelles âmes s’incarneront, de même, en méditation, lorsque nous invitons le divin dans notre cœur tel un amoureux invitant sa bien-aimée, nous créons une condition spirituelle qui peut être immédiatement ressentie. Mais imaginez que vous méditiez en voulant finir en vitesse parce que vous devez aller au bureau ou à l’université. Même en voulant bien faire, vous devez vous presser. Quelle sorte de condition allez-vous pouvoir créer quand vous méditez en coup de vent ? Au moins les deux reines du Mahabharata ont-elles réussi à concevoir un enfant aveugle et un enfant pâle. Quant à vous, vous seriez incapable de créer la moindre condition parce qu’on ne peut espérer donner naissance à aucune condition en méditant sans conviction ou en vitesse. Parfois, quand on prend le temps et le soin, une grande condition peut se créer, mais si vous n’y prenez garde, elle se perd, tout comme lors des premières semaines d’une grossesse. L’avortement d’une condition spirituelle se produit lorsque vous négligez votre mode de vie. Vous avez merveilleusement médité, vous avez créé en vous une condition profonde, puis vous vous disputez avec votre conjoint ou regardez un film violent ou les infos à la télé, et c’en est fini de votre condition profonde. Nous devons donc faire très attention à la manière dont nous conduisons notre vie parce que c’est de cela que dépend notre destinée. Juillet 2016

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La vraie mÊditation est la façon dont nous menons notre vie. Jon Kabat-Zinn

PhotOgraphie bharath krishna

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Heureux quand

même ?

Ferdinand Wulliemier Médecin-psychiatre et psychothérapeute, Ferdinand Wulliemier nous parle de notre quête du plaisir, de nos fluctuations émotionnelles entre joie et frustration, et de l’acceptation de la réalité qui, pour lui, est la voie vers le véritable bonheur. Ces réflexions lui ont inspiré un livre encourageant et stimulant, La normose – peut-on s'en libérer ? (Editions RectoVerseau, 2013)

L

a parole la plus sage que j’aie entendue à propos du bonheur est celle de Ram Chandra : « N’est véritablement heureux que celui qui est heureux en toutes circonstances. » J’ai tenté d’en faire une sorte de leitmotiv, de m’y confronter lorsque ce que je vivais me paraissait hautement désagréable, pénible, suscitant des peurs, de la colère ou de la tristesse. A l’évidence ce n’est donc pas dans des circonstances favorables que nous pouvons nous déclarer véritablement heureux. En effet, la joie, le confort ou la satisfaction que nous ressentons dans des instants vécus comme agréables sont passagers : ce n’est donc pas ça le bonheur, qui est censé être un état. On peut même observer que les circonstances favorables ont plutôt tendance à renforcer notre ego et notre arrogance. 26

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C’est plutôt par vents contraires, lorsque nous affrontons des turbulences, ou des épreuves, comme le soulignent les traditions religieuses, qu’on peut valablement tester son accès au vrai bonheur et mesurer le travail qui reste à accomplir. La joie d’un moment agréable qu’on vient de vivre disparaît-elle parce qu’un collègue de travail nous critique, et revient-elle avec le compliment d’un ami ? Si oui, c’est qu’on fluctue émotionnellement en fonction des circonstances extérieures – ou alors intérieures, quand on ressent soudain des palpitations et qu’on s’imagine aux soins intensifs pour un infarctus. Cette fluctuation émotionnelle intense et fréquente dans le quotidien vient de ce qu’on s’identifie à ses émotions, qu’elles soient vécues comme agréables (la joie) ou désagréables (la tristesse ou la peur).


Avant tout, c’est donc notre manière d’appréhen-

Ces émotions sont une sorte de douche écossaise, alternant le chaud et le froid, la souffrance et le plaisir. Chacun cherche, bien entendu, à échapper à la souffrance, à vivre le plus de plaisirs possible, à chercher des raisons de se réjouir, tout en enviant les gens qu’il croit heureux, ou plus chanceux que lui. Dans les moments difficiles, on a tous tendance à se plaindre, à maudire sa malchance d’être né dans une constellation familiale défavorable, d’avoir eu des professeurs incompétents, un conjoint volage, etc. Tout cela montre que nous sommes encore prisonniers des circonstances. Alors comment sortir de ce véritable yoyo émotionnel ? Ce qui importe pour être ou devenir heureux est la manière dont je réagis aux circonstances, bonnes ou mauvaises, puisqu’en réalité chacun, riche ou pauvre, jeune ou vieux, célèbre ou insignifiant, traverse des événements de toutes sortes. Alors, qu’est-ce qui permet de distinguer ceux qui restent imperturbables sous la douche écossaise émotionnelle, ces rares privilégiés qu’on désigne en général sous le nom de sages – ceux qui sont « heureux quand même » ? Shakespeare avait proposé il y a longtemps une réponse, ou un début de réponse : Les choses ne sont ni bonnes ni mauvaises. C’ est notre manière de penser qui les rendent telles.

der les choses et par extension de réagir, ni stable ni neutre, qui influence nos jugements. Il n’est pas difficile d’imaginer la cause principale de ces fluctuations. Ce sont une fois de plus nos émotions, ce que la sagesse populaire sait reconnaître : « La colère est mauvaise conseillère. » « Depuis cet événement, il voit tout en noir. » En fait la réponse est simple : si je veux pouvoir rester heureux en dépit des circonstances difficiles de la vie, je dois pouvoir dépasser mon identification à mes émotions. Par exemple, me rendre compte qu’en ce moment une émotion me traverse, qu’elle est impermanente, qu’elle n’est donc pas moi. Si l’on reste à un niveau intellectuel d’appréciation, l’acceptation de cette évidence paraît toute simple. Mais dans la réalité de la vie quotidienne, elle exige d’avoir passé un cap évolutif. Dépasser l’identification à ses émotions, et donc à ses pensées, constitue en effet un pas décisif vers un degré de liberté plus grand, avec pour conséquence une économie notable d’énergie vitale. Je me souviens de la réponse de Parthasarati Rajagopalachari à des plaintes formulées par une de ses étudiantes : « Mais, dites-moi, où avez-vous lu ou entendu que la vie était là pour vous satisfaire ? » Plus tard, dans la conversation, il avait ajouté : « La vie est là pour être vécue. » J’ai pris cette mise au point au réalisme imparable autant pour moi que pour la personne à qui elle s’adressait... et j’y ai beaucoup réfléchi. Juillet 2016

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maîtriser le changement :

le besoin de collaborer

Ichak Kalderon Adizes conteste les concepts de leadership et de management dans le monde de l’entreprise et nous montre ce qui est nécessaire pour que la direction d’une société soit vraiment efficace.

A

u fil des années, j’ai suivi les transformations du nom dont on a baptisé le concept de résolution des problèmes en entreprise. Tout d’abord on a parlé d’« administration ». Puis, quand les programmes d’administration en entreprise n’ont pas donné les résultats escomptés, la notion d’administration s’est vue reléguée plus bas dans l’organigramme. Les administrateurs n’ont plus fait que coordonner et superviser, et un nouveau concept a émergé : le management. Graduellement au début, puis très vite, les écoles ont modifié leur nom pour s’appeler « Ecole Supérieure de Management ». Apparemment ça n’a pas bien marché non plus, car le management s’est retrouvé au milieu de 28

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l’organigramme. Le mot avait perdu son attrait, il en fallait un nouveau : executive. Des programmes de troisième cycle pour les executives ont été mis sur pied et le concept de CEO, Chief Executive Officer, a vu le jour. Cette conversion n’ayant pas non plus apporté les résultats désirés, une nouvelle théorie est apparue : celle du leadership. Pour ma part, je pense que le leadership n’est qu’un nouvel engouement. Bientôt un autre mot à la mode fera son apparition. Pourquoi ? Parce que nous sommes à la recherche d’un concept qui englobe tout, qui recouvre toutes les compétences requises pour gérer une entreprise. Nous cherchons tous un modèle qui décrive et détermine


spécifiquement le genre de personne capable d’assumer toutes les fonctions dont une entreprise a besoin pour être performante, tant à court terme qu’à long terme – or cette personne n’existe tout simplement pas. L’erreur de cette conception réside dans ses attentes : on voudrait qu’un seul individu – qu’on l’appelle administrateur, manager, executive ou leader – joue tous

même chose, parce qu’ils se fondent tous sur le même paradigme erroné. Celui-ci présuppose qu’un seul individu soit capable de réellement et efficacement faire fonctionner n’importe quelle entreprise, à la fois à court et à long terme. Or il n’est pas possible, pour une personne, de prendre toutes les décisions nécessaires pour faire fonctionner efficacement une entreprise à court et à long terme.

les rôles. En réalité, une seule personne, même la plus extraordinaire, ne peut assumer qu’un ou deux des rôles requis pour la gestion et la direction d’une entreprise. Les termes de leadership, executive action ou processus de management signifient pour moi une seule et

Car les rôles qui conduisent à ces résultats sont incompatibles entre eux. L’executive idéal n’existe pas. Un leader unique, quelles que soient ses compétences, finira par dysfonctionner. Avec le temps, alors que l’entreprise se délocalise en fonction de son cycle de vie, passant d’un premier succès à une position prééminente dans son champ d’activité, ce leader faiblira. Les qualités qui l’ont fait réussir dans le passé peuvent être la raison de son échec futur. Pour développer une entreprise, il faut une équipe complémentaire. Le leadership doit être exercé en collaboration, par une équipe de dirigeants qui diffèrent dans leur style tout en se complétant les uns les autres. Mais c’est là que le bât blesse : une équipe complémentaire étant composée de styles différents, elle génère des conflits. Bien que les conflits soient une bonne chose, qu’ils soient nécessaires et indispensables, ils peuvent aussi être destructeurs et générer des dysfonctionnements. Pour éviter ces conflits potentiellement destructeurs, la collaboration au sein de l’équipe de direction doit être fondée sur la confiance et le respect mutuels.

Pour développer une entreprise, il faut une équipe complémentaire. Le leadership doit être exercé en collaboration par une équipe de dirigeants qui diffèrent dans leur style tout en se complétant les uns les autres.

Extrait du livre du Dr. Ichak Adize, Mastering Change – Introduction to Organizational Therapy, révisé et mis à jour pour sa publication dans le magazine Heartfulness. Vous trouverez plus d’informations sur www.adizes.com

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Argent et

créativité Gopi Kallayil est responsable du marketing de la marque d’un des plus grands groupes internationaux. C’est pourtant un groupe de femmes issues du peuple et travaillant dur qui lui a montré comment mener une vie épanouissante.

Notre famille humaine est composée d’environ 7,2 milliards d’individus. La moitié d'entre eux vit avec 3 dollars par jour, c’est-à-dire moins que ce que je paie pour un café gourmet. Juillet 2016

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Notre famille humaine est composée d’environ 7,2 milliards d’individus. La moitié d'entre eux vit avec 3 dollars par jour, c’est-à-dire moins que ce que je paie pour un café gourmet. Plusieurs de ces personnes vivent dans mon village natal, à Chittilancheri, en Inde. Mes deux parents ont grandi dans ce village sans eau courante, sans électricité, et sans faire d’ études supérieures. La situation de ma famille s’ est modifiée en une génération. Mes parents ont travaillé dur pour permettre à leurs quatre enfants d’obtenir des diplômes d’études supérieures. C'était des gens ordinaires. Plus tard, grâce à Oseola McCarty, j’ai découvert une fois encore l’extraordinaire impact que peuvent avoir des gens très ordinaires. Invité par Google, l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton a fait un discours et distribué des exemplaires de son livre intitulé Donner : comment chacun de nous peut changer le monde. Quand j’ai lu qu’ Oseola McCarty avait créé sa propre bourse d’étude à l’Université du Sud Mississippi, j’ai pensé qu’elle devait être une femme très riche. En réalité, Oseola avait dû quitter l’école à douze ans pour s’occuper de sa tante malade et son seul métier pendant les soixante-quinze années qui suivirent fut de laver et repasser les vêtements des autres. Arrivée à quatre-vingt-sept ans, après avoir économisé toute sa vie, elle demanda à son banquier à combien se montait son compte. Il lui répondit : « Trois-cents mille dollars. » J’imagine qu’elle a dû lui répondre quelque-chose du genre : « Petit, il n’y a pas de centres commerciaux sur la route vers le paradis. Je veux créer une bourse d’étude pour aider les jeunes filles de familles modestes à aller à l’université. » Lorsque la décision d’ Oseola fut annoncée publiquement, des dirigeants locaux créèrent en son honneur un fond de dotation qui augmenta encore la portée du don qu’elle avait fait. Avant sa mort, quatre ans 32

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Comment quelqu’un de très ordinaire, comme moi, avec des ressources limitées, pourrait-il avoir un impact extraordinaire sur la vie d’un autre ?

après, la plus célèbre donatrice de l’Université du Sud Mississippi avait reçu des acclamations et des honneurs, dont la médaille présidentielle des citoyens – la plus haute récompense civile aux Etats-Unis – et elle était docteur honoris causa des universités du Sud Mississippi et de Harvard. Oseola McCarty était une personne ordinaire avec des ressources au départ très limitées. Pourtant son impact sur le monde fut extraordinaire. Vous êtes-vous déjà demandé si, comme elle, vous pourriez avoir un impact sur la vie des autres ? Je l’ai fait, assis dans un café. L’employé a crié : « Gopi, ton grand frappuccino caramel cannelle chocolat est prêt et il est cent pour cent sans gras. » Je savais que le « cent pour cent sans » ne s’appliquait qu’au gras, et l’idée m’est venue que cette boisson était plus copieuse que ce que les gens que j’avais connus dans


mon village de Chittilancheri pouvaient déguster en une seule journée. Je me suis alors demandé : « Est-ce que je pourrais me passer de quelques cafés et avoir un impact sur le monde ? » La réponse me vint avec Kiva, une organisation basée à San Francisco, qui permet à des gens ordinaires, comme vous et moi, de donner des micro-crédits à des femmes du Tiers Monde qui

extraordinaire sur la vie d’un autre ? » Oui, vous le pouvez, dès aujourd’hui. Je l’ai appris de mes parents, d’Oseola McCarty et à travers mon travail avec Esther Laboso et Ngô This Chung. Comme Clinton le dit dans son livre, « nous avons tous la capacité de faire de grandes choses. » Et nous pouvons les accomplir quelles que soient nos ressources. C’est vrai : les gens ordinaires peuvent

démarrent une petite activité. J’ai fait mon premier prêt d’une modique somme de 25 dollars, le jour même, en ligne. Une femme de 54 ans, Ngô Thi Chung, vivant à Trung Gia, un village du Vietnam, qui commençait une entreprise de fournitures agricoles en fut la bénéficiaire. Comme il lui fallait un prêt de 1 200 dollars, je me suis demandé comment mes 25 dollars pourraient l’aider. Mais il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir du nombre ! En quatre heures, plusieurs autres personnes avaient elles aussi fait un prêt modeste et procuré à cette femme entrepreneur les 1 200 dollars dont elle avait besoin. Le mois d’après, j’ai fait un autre prêt à Esther Laboso, une veuve de 46 ans avec cinq enfants, vivant à Kericho au Kenya, pour un magasin de graines. Le mois suivant, c’était un pêcheur au Pérou, puis un tailleur au Pakistan. J’étais devenu accro. C’était bien mieux qu’un grand frappuccino caramel cannelle chocolat. J’ai récemment repris contact avec des amis de lycée. La charmante Lakshmi, désignée autrefois comme l’élève la plus susceptible de réussir dans notre classe, me demanda : « Gopi, où en es-tu aujourd’hui ? Qu’est-ce que tu fais ? » Et moi, dont on disait que j’allais assurément rejoindre le cirque, je lui répondis : « Je suis un banquier international. Je finance des entreprises partout dans le monde. » Peut-être que ces histoires vous inspirent, mais vous doutez peut-être que cela puisse s’appliquer à vous. « Comment quelqu’un d’ordinaire comme moi, avec des ressources limitées, pourrait-il avoir un impact

avoir un impact extraordinaire.

Extrait adapté du livre The Internet to the Inner-Net : Five Ways to Reset your Connection and Live a Conscious Life.

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J’utilise l’eau comme métaphore du courant d’énergie divine qui traverse toutes les formes de vie. Je croque l’élément eau en constante fluctuation dans des dessins et des photos. Les croquis sont transférés sur l’argent pour donner la base de la structure visuelle. Ensuite l’argent prend forme et se modifie durant le processus de fabrication. 34

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d argent et d eau Miriam Hanid et Jamie Drew vivent dans le Suffolk, au Royaume-Uni. Ils sont engagés dans la méditation et la musique depuis leur adolescence. Ils se sont rencontrés dans un club de heavy metal au cours de leur folle jeunesse. Miriam a joué du piano et des instruments à vent, avant de se mettre aux percussions brésiliennes, mais c’est le chant qu’elle préfère. Jamie a joué de la guitare mais se voue maintenant aux percussions. Ils se produisent actuellement dans un groupe local appelé Janifour. Miriam est aussi une orfèvre extraordinaire, sélectionnée pour de nombreux prix et commandes. Elle a exposé en solo au festival d’Edinbourg de cette année. Beaucoup de ses œuvres sont inspirées par l’eau.

Q

Comment avez-vous rencontré la méditation Heartfulness ?

(Jamie) C’est par une amie proche que j’ai entendu parler de Heartfulness, mais je pressentais déjà depuis un certain temps que la vie avait une finalité plus grande. Quand j’ai rencontré Miriam, il y a quatorze ans, nous parlions beaucoup de spiritualité et de méditation, sans vraiment les comprendre. Pourtant l’idée d’un but et le sentiment d’émerveillement m’habitaient, et Miriam représentait pour moi, et représente toujours, une grande source d’inspiration. Je dois aussi mentionner mon père, car il m’a beaucoup influencé en partageant avec moi des livres clés comme Le pouvoir du moment présent et Buddhism Plain and Simple, ainsi que sa propre expérience, bien sûr. Je me souviens d’un jour où je me trouvais avec deux de mes amis à l’aéroport d’Heathrow, en partance pour la Thaïlande ; il nous a parlé de façon incroyablement inspirante. Nous avions dix-neuf ans, et nous avons été cloués sur place par le témoignage de son éveil au soi véritable. Je lui ai demandé ce qui l’y avait amené et il a répondu : « Je ne voulais pas être celui qui ne sait pas. » Cela a fait vibrer en moi

une corde sensible ; en pensant à tous les désastres qui peuvent arriver sur cette terre, j’ai pensé que la plus grande erreur serait de traverser la vie, les yeux bandés, en trébuchant, avec pour seule devise le consumérisme. Voilà ceux qui m’ont guidé vers Heartfulness, directement ou non ; mais parmi toutes les pratiques de méditation que j’ai essayées, c’est pour la transmission que j’ai choisi celle-ci. (Myriam) J’ai commencé la méditation Heartfulness lorsque Jamie est revenu transformé, après avoir passé deux mois en Inde en méditant tous les jours. J’ai aussitôt voulu m’y mettre, et j’ai appris à méditer à l’époque où j’étais à l’Université.

Q

Quel effet cela a-t-il eu sur vos vies ?

(Miriam) Dès que j’ai commencé à méditer régulièrement, je me suis mieux concentrée sur mon travail de diplôme, mon regard sur la vie s’est élargi et je me suis sentie de plus en plus ancrée dans mon Juillet 2016

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expérience de méditation. J’ai rencontré des centaines de gens extraordinaires dans des centres en Inde, en Allemagne, au Danemark et au Royaume Uni, et ils m’ont inspirée. L’influence qu’Heartfulness a eue sur ma vie est un sujet vraiment trop vaste pour pouvoir le mettre en mots, mais je pourrais en donner une idée en disant que le début de mon voyage m’a conduite vers un petit iceberg. Avec les années, comme un plongeur dans un vaste océan, j’ai découvert que l’iceberg devenait de plus en plus grand et que je n’en suis encore qu’au début. Ce qu’on peut mettre en mots n’est vraiment qu’une toute petite partie de l’immensité du voyage du cœur. J’ai eu la grande chance d’être guidée sur 36

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ce chemin, et le soutien de cette approche centrée sur le cœur est d’une valeur inestimable pour ma vie, mon travail, ma famille et mes relations. Le fait d’être plus attentive au langage du cœur m’a fait beaucoup plus apprécier ma vie et lui a donné du sens. Je me sens aussi plus déterminée dans tous les domaines, animée par la ferme volonté d’atteindre le meilleur. Même si je ne parviens pas toujours à accomplir tout ce que je souhaite, je sens que ce qui compte est la détermination. (Jamie) Heartfulness a sans aucun doute approfondi ma compréhension de la vie. Je dirais qu’aller au-delà des limitations qu’on se crée soi-même, avoir une


nouvelle vision des choses, c’est être en contact avec son Soi intérieur. En retour, cela nous ouvre l’esprit, et on développe une meilleure compréhension des autres, parce qu’en fin de compte on se comprend à un niveau plus profond. C’est ce qui se passe en moi et c’est certainement dû à la méditation. J’ai ressenti une profondeur de paix et de joie parfois inégalable, et même un sentiment d’éternité. J’ai reconnu qu’il y a heureusement une existence plus grande que celle de mon égo et que je fais partie d’un plus grand tout. Si cette vie m’a donné la possibilité d’au moins entrevoir cela par la pratique de Heartfulness, alors tout ça est vraiment un miracle.

Q

Comment cela se traduit-il dans votre musique ?

(Jamie) Si la spiritualité a quelque chose à voir avec le dépassement des limites de son ego, tous les musiciens ont eu une expérience spirituelle, qu’ils se disent spirituels ou non. Lorsqu’on peut s’effacer et se perdre dans son instrument, on devient vraiment un canal à travers lequel la musique peut s’écouler. Quand on est totalement absorbé et qu’on perd la conscience de soi-même, on joue souvent des choses dont on ne se savait pas capable et on ressent les choses de façon nouvelle. C’est vraiment là que la magie opère et chaque musicien, consciemment ou non, aspire à ça. Bien sûr, il faut perfectionner sa technique, mais ce n’est pas le plus important. La musique la plus captivante surgit quand on lâche prise et qu’on est en contact avec sa vraie nature. Alors ce qu’on joue reflète cette condition. C’est le grand défi de la musique live. Ce qui s’y passe ne dépend plus seulement des autres membres du groupe et de moi, mais aussi de l’attention collective d’un public qu’on espère réceptif. Juillet 2016

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Encore une fois, si on peut se perdre, lâcher toutes les tensions du corps, toutes les peurs, le public le sentira et réagira en conséquence. (Miriam) Pour moi la musique est un chemin de partage. Le partage du processus de création de la musique en groupe, le partage de ma voix et de la relation avec d’autres, et le partage de ce processus créatif vécu comme expérience plutôt que comme résultat. La musique peut aussi contenir des sentiments et des émotions liés à la vie des artistes, au moment où le morceau est composé, et le public le perçoit.

Q

Comment faites-vous pour intégrer votre vie de rockeuse dans la spiritualité ?

(Jamie) Je pense que la spiritualité est une dimension de la vie, plutôt qu’une chose que l’on « fait » dans la 38

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vie. Beaucoup de gens se sont demandés comment je pouvais méditer un moment, puis écouter de la musique rock. Pour moi c’est comme demander : « Comment pouvez-vous méditer puis regarder des films d’action pleins de violence ? » Certains des films les plus spirituels jamais réalisés contiennent aussi de la violence. Matrix, Star Wars, Le seigneur des anneaux : il y a une grande part de vérité dans les intrigues de ces films. La musique rock touche elle aussi une vaste audience, donc si on peut y introduire un message spirituel, elle représente un fantastique véhicule. (Miriam) J’utilise la suggestion subtile et j’imagine que toute la salle est pleine de gens de plus en plus légers et lumineux dans leur cœur en écoutant notre musique, que leurs problèmes et leurs difficultés au quotidien disparaissent le temps du concert, et que nous nous trouvons tous au même niveau de conscience dans la musique.


Q

Quels sont les défis et les avantages d’avoir une vie centrée sur la spiritualité quand on est jeune ?

(Miriam) Un des avantages d’être relativement jeune est que j’ai un tas d’idées pour intégrer la spiritualité dans ma vie professionnelle. Le défi, c’est d’avoir le temps de les mettre toutes en pratique ! Mon travail est un moyen d’entrer en contact avec des gens de milieux différents, ce qui élargit ma façon de voir les choses et me fait apprécier mon rôle d’artiste dans le monde d’aujourd’hui.

Q

Métal intimement entrelacé de lumière éclat de soleil inhérent à la terre venu des profondeurs du sol. Les mains qui travaillent un matériau si étincelant doivent en capturer la douceur,

Quel impact la méditation Heartfulness a-t-elle eu sur vous en tant qu’orfèvre ?

J’ai commencé la méditation avant de m’établir comme orfèvre, elle a donc toujours fait partie de ma vie d’orfèvre. Un des principaux effets est que j’ai l’impression d’inscrire mon lien à la spiritualité dans mes pièces en argent et que cela touche les gens d’une manière particulière. La qualité tactile de ces pièces a toujours été quelque-chose que les collectionneurs et mes clients admirent spécialement et comme je garde cela à l’esprit quand je crée les objets, je sens que c’est là que se situe la connexion. Je me trompe peut-être, mais c’est ce que je ressens. Le thème visuel du mouvement inscrit dans l’argent parle aussi aux gens qui achètent mes œuvres et je pense que c’est évocateur de la circulation entre l’artiste et l’acheteur.

Q

sensible aux caractéristiques de toucher, de température, de poids, de forme et de taille qui, en passant par ses nerfs, envoient des signaux au cerveau qui finalement se transforment en une émotion ou un sentiment. C’est cela que j’exprime dans mon travail.

Que désirez-vous exprimer au moyen de votre art ?

Je puise dans toute une palette de thèmes et d’inspirations, mais j’essaie surtout de faire des objets qui émeuvent les gens et les incitent à regarder plus en profondeur, à découvrir des subtilités qui ne sont peut-être pas visibles à l’œil nu. L’aspect visuel n’est qu’une partie de mon travail. Dès qu’une personne prend un objet dans ses mains, elle est instantanément

berceau de la douce étreinte de la terre. Faites de moi un réceptacle qui retienne les sons les plus doux pour conforter, nourrir et révéler vos plus subtiles pensées. Faites de moi une rivière pour faire couler le flot de la vie à travers des générations d’âmes. Je sais que vous renfermez une vision qui prête son lustre lumineux et joyeux aux mains des hommes.

Poème écrit dans un centre de retraite Heartfulness (Danemark, octobre 2015)

Interview : Rosalind pearmain Juillet 2016

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L’ empathie, c’est se brancher automatiquement sur le monde de l’ autre.

Parthasarathi Rajagopalachari

PhotOgraphie JOHAN SWANEPOEL

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De la communication

cœur à cœur

Théophile l'ancien partage avec nous quelques éléments de sagesse pratique sur la communication cœur à cœur et nous aide à approfondir nos relations les uns avec les autres.

– Aujourd’hui, commence Théophile le Jeune, j’aimerais que tu me parles de la communication. A l’heure d'Internet et des portables cela semble décalé mais je sais que tu maîtrises une toute autre façon de communiquer, tu le fais si souvent avec moi. J’aimerais que tu m'en dises plus à ce sujet. – Sache qu’avant d’être verbale, répond Théophile l’Ancien, la communication est surtout non verbale. Elle est établie par une connexion entre deux cœurs, deux êtres. Habituellement cette communication est inconsciente, laissée au hasard. Ce que je te propose c'est d'établir un lien conscient avec ton interlocuteur, quel qu’il soit. Quand deux cœurs sont reliés par la lumière, cela crée immédiatement un phénomène d'empathie. Il n'y a plus de distance, de séparation avec ton interlocuteur. Il se sent entendu, compris, accepté par toi. Veux-tu essayer ? Ferme doucement les yeux, cela sera plus facile. Choisis un ami que tu apprécies beaucoup. Plonge au plus profond de ton cœur. Entre en contact avec la lumière jusqu’à être en union intime avec elle. Laisse toute cette lumière imprégner ton espace intérieur. 42

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Alors seulement laisse ton cœur établir un lien de lumière avec le cœur de ton ami. Que se passe t-il ? Peux tu me le décrire ? Je perçois un faisceau de lumière entre nos deux cœurs. C’est très doux. Ces lumières sont en contact, elles s’associent harmonieusement. C’est paisible, sans pensée. Je suis là et ailleurs en même temps. Théophile l’Ancien reprend. – Tu peux à présent ouvrir les yeux. Le lien de cœur que tu as établi avec ton ami est désormais permanent. Il te suffira de l’évoquer chaque fois que tu seras en contact avec lui, physique ou non, pour ranimer votre lien de cœur. Recommence et plonge dans le silence de ton cœur sans rien vouloir, évoque juste ton ami. Que se passe-t-il ? – Le lien est là. C’est doux et chaleureux, enveloppant. L’amour est présent, occupant tout l’espace. On dirait qu'il y a une communion entre nous. Je perds légèrement la notion de ma personne tout en restant moi même. Nous sommes en harmonie. – Maintenant imagine que vos deux cœurs parlent sans mot.


Avant d’être verbale, la communication est surtout non verbale. Elle est établie par une connexion entre deux cœurs, deux êtres.

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– Ça je connais, c’est ce que nous faisons souvent ensemble quand les mots me manquent ou qu’ils ne sont plus nécessaires. J’aime ces moments-là. C’est comme si nous étions assis au coin du feu, à regarder silencieusement les flammes. Quand ce dialogue intérieur s’arrête de lui même, j’ai l’impression que mon être est rassasié.

qui convient. Le mental et la raison viennent ensuite pour mettre en œuvre ce que le cœur a dicté. Ferme de nouveau les yeux. Que ressens-tu ?

L’Ancien se tait, installé dans le repos de son cœur. Le feu intérieur crépite.

– Les deux champs ne font qu’un. Nos deux âmes sont en communion. L’ âme de mon ami qui était agitée est à présent en paix, tout va bien. Une pensée simple jaillit de mon esprit, elle l'atteint instantanément. Je pourrais éventuellement exprimer la solution si mon ami ne le faisait pas avant moi.

Théophile le Jeune : J’aimerais aller plus loin. Cet ami a actuellement un problème et il m'a demandé de

Théophile l’Ancien l’interrompt. – Attention, il est important d’écouter ton interlocu-

l’aider, que dois-je faire ? – Surtout ne te précipite pas. Puisque la liaison entre vos cœurs a été établie, tu l’évoques. Laisse la lumière faire son œuvre quand ton ami te racontera ses difficultés. Écoute au travers de ton cœur.

teur avec le cœur. L’intérêt est de lui laisser le temps de s’exprimer, même si tu as capté immédiatement la réponse. Laisse-lui le temps d’écouter son cœur et d’apprendre à dialoguer avec celui-ci.

– J’ai un flot de pensées qui m’arrivent, devrais-je tout dire ? – Tes idées sont souvent justes, mais il est préférable qu’elles passent d'abord par le filtre et le silence de ton cœur qui par résonance touchera celui de ton ami avant même de pouvoir être exprimées par des mots. Les mots sont d'abord des vibrations. Celles-ci constituent l’essence de la communication non verbale que nous évoquions il y a quelques instants. Ferme à nouveau les yeux, veux-tu ? Pense à ton ami dans l’espace intérieur de son cœur. Quand ton ami s’adressera à toi, écoute son cœur. Écoute ton ressenti en même temps qu’il te parle. Il aura l’impression d’être vraiment entendu et compris. Il éprouvera un soulagement avec la certitude d’avoir trouvé la solution en lui-même. Après un temps de silence, Théophile l’Ancien poursuit. – La solution est en chacun de nous. Les personnes n’ont pas besoin de nos solutions, ni même de celles produites par leur mental et leur raison. Ces réponses sont souvent erronées tandis que celles qui proviennent de la lumière de leur âme sont la seule vérité 44

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– Est-ce de la lecture des pensées ? Est-ce cela qu'on appelle la télépathie ? – Pas tout à fait, c’est plutôt dû à l’empathie : tu reçois instantanément les pensées, les émotions, les sentiments agréables ou non de ton interlocuteur. Par cette empathie tu es en contact avec la totalité de l’être qui est assis en face de toi. Un de mes guides spirituels disait que la pensée va plus vite que la lumière du soleil qui met neuf minutes pour atteindre la terre, alors que la pensée peut le faire instantanément (< http ://www.sahajmarg.org/ chariji >). Cette totalité n’est pas toujours facile à percevoir. Il faut faire abstraction de soi autant que faire se peut. Ta réceptivité dépendra de ta sensitivité, de ton niveau de pureté et d’élévation. Un maître, lui, peut te recevoir totalement car il n’est rien en lui-même, sa personnalité étant fondue dans le Divin. Que sa réponse soit verbale ou non, elle est toujours reliée à la Source. Elle est toujours soutenue par l’Amour universel. Il ne te reste plus qu’à le vivre... Tiré de < theophilelancien.blogspot.com>


Venez vous détendre… Asseyez-vous confortablement et fermez doucement les yeux. Détendez-vous. Commencez par les orteils. Remuez-les. Maintenant, sentez qu’ils se détendent… Détendez vos chevilles et vos pieds… Sentez l’énergie qui monte de la terre… de vos pieds jusqu’à vos genoux, et qui détend les jambes… Détendez les cuisses… L’énergie monte le long des jambes… et les détend. Maintenant détendez profondément vos hanches… votre ventre… et votre taille… Détendez votre dos… Votre dos entier est détendu, du haut jusqu’en bas… Détendez votre poitrine et… vos épaules. Sentez simplement que vos épaules fondent… Détendez le haut de vos bras… Détendez chaque muscle de vos avant-bras… vos mains… jusqu’au bout des doigts… Détendez les muscles du cou… Portez votre attention sur votre visage… Détendez les mâchoires… la bouche… le nez… les yeux… les lobes des oreilles… les muscles du visage… le front… jusqu’au sommet de la tête. Sentez que tout votre corps est maintenant complètement détendu… Dirigez maintenant votre attention sur votre esprit, vous sentant profondément détendu à l’intérieur… Respirez calmement... Laissez votre esprit se relâcher. Déplacez votre attention vers le cœur… Émettez tranquillement l’idée que la Source de lumière illumine votre cœur de l’intérieur et attire votre attention. Sentez-vous immergé dans l’ amour et la lumière dans votre cœur. Restez dans le calme et le silence et absorbez-vous lentement en vous-même. Juillet 2016

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Orange, la couleur intérieure de l’eau. 14“ x 18“, huile sur carton


Émergence Essai sur l’art par Judith Liebe Judith Liebe nous fait part de ses réflexions sur l’approche physique de la peinture, sur la nécessité de lâcher les obsessions et les jugements, et sur le rôle du cœur dans la créativité.

Quand j’ai commencé à peindre, il y a environ trente ans, j’étais poussée par le besoin d’impliquer davantage mon corps dans l’art que je créais. J’ai acheté de grands rouleaux de papier et j’ai commencé ma première peinture, intitulée La jeune fille et la mort. Elle s’inspirait de l’artiste allemand Hans Baldung Grien et du compositeur Franz Schubert. J’ai utilisé de gros pinceaux et tout mon corps était en mouvement. Le soir j’ai regardé ma première grande peinture qui représentait une femme étreignant une ombre noire. J’étais contente. Aujourd’hui encore je crois à la relation physique entre l’artiste et son œuvre. La gestuelle de la peinture m’a permis efficacement d’équilibrer mon corps et m’a appris à entrer en relation avec le monde matériel de manière artistique et holistique. J’ai très vite compris que la peinture se maîtrise aussi par le pouvoir de l’esprit, tout comme l’écriture. J’ai étudié les techniques de peinture par couches

superposées des anciens maîtres et admiré leur utilisation raffinée des pigments, ainsi que leur discipline. La méditation Heartfulness accompagne ma création depuis plus de vingt-cinq ans. Une grande partie de mes premières œuvres était liée à mon besoin d’effacer ce dont j’avais besoin de me débarrasser. Maintenant, c’est la méditation qui favorise l’émergence de nouvelles idées – des images surgissent soudain pendant ma pratique. Quand je médite, je reçois souvent une réponse à un problème à propos d’une œuvre. Je vois les lumières et les couleurs comme des reflets de mon âme. Ce cheminement spirituel m’a aidée à me libérer de mes obsessions. Je suis perfectionniste et mes jugements sévères m’empêchent parfois d’accéder à une plus vaste compréhension de la beauté. Quand j’entre dans l’espace de mon cœur, je vois mon art de façon plus claire, dans une perspective plus détachée de moi-même, et j’en suis reconnaissante. Juillet 2016

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Origine, 71“ x 48“, huile sur toile


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Ouverture, 37“ x 30“, huile sur toile


la science de la Spiritualite

L évolution de la conscience Kamlesh D. Patel

1ère partie – Les trois corps Voici le premier d’une série d'articles sur l’évolution de la conscience et la façon dont les pratiques spirituelles sont conçues pour favoriser son expansion et son évolution.

Quand on parle de tisser sa destinée, son avenir, qu'est-ce qu'on entend par là ? Sur le plan matériel, ça veut dire vivre à l’aise. Passer d'un appartement avec une chambre à coucher à une maison qui en a cinq, posséder dix usines au lieu d’une ; on rêve d’être promu directeur général quand on est employé ; on veut une vie de famille heureuse, épanouissante, et des enfants qui aient eux aussi une vie satisfaisante. Du point de vue spirituel, on s'intéresse à un domaine bien plus vaste. Avant de l’explorer davantage, il nous faut décrire la constitution de l’être humain. Nous avons un corps physique de chair et de sang, qui est 50

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notre partie la plus dense. Bien qu’elle se modifie un peu en fonction de notre mode de vie, elle ne change guère. L’évolution physique se fait sur une période plus longue que celle d’ une vie, et nous ne pouvons attendre de notre corps qu’ il évolue au cours de notre existence. Le corps physique est associé à la matière. Nous avons également un corps subtil, qu’ on nomme aussi corps astral ou mental. Il est associé à l’énergie et aux vibrations. C’est ce que nous appelons le cœur et le mental. Notre troisième corps est le corps causal, la cause de notre existence, ce qu'on appelle l’âme. Le corps


causal est associé à l’état du « rien absolu », le substrat de l’ existence. Ce corps causal est pur, immuable, inaltérable, il n’ a donc pas besoin d’ évoluer. Nous ne pouvons pas nous attendre à des changements évolutifs de nos corps physique et causal. Quand on veut modifier sa façon de penser et ses comportements au cours d’un processus de développement personnel - qu’il soit psychologique ou spirituel - ce qui évolue ou se transforme est la strate du milieu, le corps subtil. La destinée spirituelle dépend entièrement de la purification de celui-ci, ce qui consiste à enlever les couches qui l’ entourent. Dans le règne minéral les trois corps sont si étroitement liés les uns aux autres qu’ il est difficile de les séparer ; ils n’ ont guère de liberté. Selon leur aptitude à se libérer sur le plan vibratoire, ils ont différentes qualités, et nous les appelons or, plomb, osmium, etc.

La destinée spirituelle dépend entièrement de la purification du corps subtil, ce qui consiste à enlever les couches qui l’entourent.

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C’est donc au niveau du corps subtil que nous pouvons choisir d'évoluer, pour passer du niveau animal au niveau humain, puis au niveau divin, en développant notre champ de conscience. 52

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Dans le règne végétal, les trois corps sont reliés de façon un peu plus lâche. Regardez un arbre. Comment savez-vous qu’ il a un corps subtil qui réagit ? Avezvous vu des fleurs s’ouvrir quand le soleil les touche ? Comment le savent-elles ? Elles répondent si parfaitement, tournant leur corolle pour suivre la course du soleil. Il existe aussi une plante, la lajvanti, dont les feuilles se replient quand on les touche. Quand il y a de la brise, ou même une tempête, les feuilles et les branches des arbres dansent, mais à l’ instant où on s’ apprête à couper une branche, elle commence à s’agiter. On peut le sentir. Chez les plantes, le corps subtil et le corps causal sont très étroitement liés, et le corps subtil ne peut pas beaucoup s’ exprimer. Chez les animaux, les trois corps sont plus nettement séparés, et chez les humains ils sont labiles ou connectés de façon souple. Cette connexion diffère


selon les personnes. Les trois gunas, ou qualités fondamentales, de la philosophie védique – tamasique, rajasique et sattvique – réfèrent au type de connexion, plus ou moins forte, entre les corps. Chez une personne sattvique, le corps subtil peut se mouvoir, alors qu’ une personne tamasique est plus proche de la pierre. L’ une peut penser à quelque chose qui se déroule ailleurs, tandis que l’ autre, avec ses capacités mentales limitées, peut ne pas saisir ce qui se passe autour d’ elle. Son mental ne parvient pas à le concevoir, même si on lui en parle. Parfois, quand nous communiquons, certains concepts ne sont pas compris par l’ autre du fait de l’ incapacité de son corps subtil à les appréhender.

Nous étudierons ses quatre fonctions principales, qui sont : Chit, la conscience Manas, nos capacités contemplatives Buddhi, l’ intellect Ahankar, l’ ego Elles ont toutes un rôle à jouer dans notre évolution, nous les aborderons dans le prochain numéro. A suivre

Comment décrire le corps subtil ? Comment évolue-t-il ? Juillet 2016

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En général les philosophes tentent d’atteindre le cœur des choses par la raison, et non par la vision. La raison, au sens habituel, est faillible et peut nous induire en erreur. Mais quand nous voyons une chose à travers notre perception intuitive, sans recours inutile à la raison, nous la voyons dans sa forme originelle, sans erreur ni déformation.

Ram Chandra DE Shahjahanpur

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L'observation Swami Vivekananda expose la base scientifique du Raja Yoga en soulignant l’importance de l’observation.

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oute notre connaissance repose sur l’expérience. Ce que nous appelons la connaissance par voie d’inférence, qui passe du moins général au plus général, ou du général au particulier, a pour base l’expérience. Dans ce qu’on appelle les sciences exactes, on arrive facilement à la vérité, parce que celle-ci fait appel à l’expérience individuelle de chacun. Le savant ne nous impose pas de croire en quoi que ce soit ; il arrive à certains résultats tirés de ses propres expériences, et lorsqu’il en fait la base d’un raisonnement et nous demande d’accepter ses conclusions, il fait appel à une expérience commune au genre humain. Dans toute science exacte, il existe une base que partage toute l’humanité si bien que nous pouvons immédiatement constater la véracité ou la fausseté des conclusions qu’on nous propose. Or la question qui se pose est celle-ci : la religion possède-t-elle une base de ce genre ou n’en a-t-elle pas ? Je vais devoir répondre à la fois par l’affirmative et la négative. Les religions, telles qu’on les enseigne généralement partout dans le monde, passent pour reposer sur la foi et la croyance. Dans la plupart des cas, elles s’appuient principalement sur différents ensembles de théories, et c’est pour cette raison que nous les voyons se quereller entre elles. Ces théories, elles aussi, reposent sur des croyances. L’un dira qu’il existe un grand être assis sur les nuées, gouvernant tout l’univers, et il exigera que je le croie pour la simple raison qu’il me l’affirme. De même, je peux avoir mes propres idées que je veux imposer à autrui, et si on me demande pourquoi, je suis incapable de donner une bonne raison. C’est pour cela que la religion et la philosophie métaphysique ont actuellement mauvaise réputation. Il semble que tout homme instruit se dise : « Ces religions ne sont que des fatras de théories sans aucun critère qui permette de les vérifier, chacun prêchant ses idées favorites. »

De quel droit un homme dirait-il qu’il a une âme, s’il ne la sent pas, ou qu’il existe un Dieu, s’il ne Le voit pas ? S’ il y a un Dieu, nous devons Le voir, et s’il y a une âme nous devons la percevoir ; sinon il vaut mieux ne pas y croire.

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Néanmoins la religion possède une base de croyance universelle qui sous-tend les diverses théories et idées des différentes sectes qu’on trouve dans tous les pays. Si nous cherchons le fondement de ces multiples théories, nous verrons qu’elles aussi reposent sur des expériences universelles. En premier lieu, si l’on analyse toutes les religions du monde, on constate qu’elles se répartissent en deux catégories, celles qui ont un Livre, et celles qui n’en ont pas. Les premières sont les plus fortes et réunissent le plus grand nombre de fidèles. Celles qui n’ont pas de Livre, ont pour la plupart disparu et les nouvelles, peu nombreuses, n’ont pas beaucoup d’adeptes. Pourtant, dans toute religion, on trouve l’opinion généralement admise que les vérités prêchées sont le résultat de l’expérience de telle personne déterminée […] Si vous remontez à la source du christianisme, vous verrez qu’il a pour base l’expérience. Christ a dit qu’il voyait Dieu ; les disciples ont dit qu’ils sentaient Dieu, etc. De même, dans le bouddhisme, il y a le Bouddha qui a fait l’expérience de certaines vérités, les a vues, est entré en contact avec elles et les a prêchées au monde. Il en va de même pour les hindous : dans leurs livres, les auteurs, appelés rishis ou sages, déclarent avoir fait l’expérience de certaines vérités, qu’ils se sont mis à prêcher. Il est donc clair que toutes les religions du monde ont été édifiées sur cette base unique, universelle et adamantine de toute notre connaissance – l’expérience directe. Les Maîtres ont tous vu Dieu ; ils ont tous vu leur âme, ils ont vu leur avenir, ils ont vu leur éternité, et ils ont prêché ce qu’ils avaient vu. Il faut cependant observer que dans la plupart des religions, et surtout à l’époque moderne, on entend de curieuses affirmations : de telles expériences seraient impossibles de nos jours ; elles n’auraient été possibles que pour un petit nombre d’hommes, les premiers fondateurs des religions qui prirent 58

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Nous commençons par observer des faits, puis nous généralisons, et enfin nous tirons des conclusions ou des principes. ensuite leur nom […] C’est une opinion que je rejette catégoriquement. Si, pour une branche particulière de la connaissance, on a fait une expérience donnée, il s’ensuit rigoureusement que cette même expérience a été possible des millions de fois auparavant, et qu’elle se répétera éternellement. L’uniformité est la loi absolue de la nature ; ce qui s’est produit une fois peut toujours se reproduire. Ceux qui enseignent la science du yoga déclarent par conséquent que la religion ne repose pas seulement sur des expériences de jadis, et que nul homme ne peut être religieux tant qu’il n’a pas eu lui-même ces perceptions. Le yoga est la science qui nous enseigne comment obtenir ces perceptions. Il ne sert pas à grand-chose de parler de religion tant qu’on ne l’a pas sentie, vécue […] De quel droit un homme dirait-il qu’il a une âme s’il ne la sent pas, ou qu’il existe un Dieu s’il ne Le voit pas ? S’il y a un Dieu, nous devons Le voir, et s’il y a une âme nous devons la percevoir ; sinon il vaut mieux ne pas y croire […] L’homme veut la vérité, il veut faire lui-même l’expérience de la vérité. Quand il l’a saisie, réalisée, ressentie au plus profond de son cœur, c’est alors seulement, disent les Védas, que tous les doutes peuvent s’évanouir, toute l’obscurité se dissiper et tout ce qui était tordu


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se redresser. « Ô enfants de l’immortalité, et même vous qui vivez dans la sphère la plus élevée, la voie a été trouvée ; il existe un chemin hors de toute cette obscurité : c’est en percevant Celui qui est au-delà de toute obscurité, il n’est pas d’autre chemin. » La science du Raja-Yoga se propose d’offrir à l’humanité une méthode pratique et scientifiquement établie pour parvenir à cette vérité. Chaque science doit avoir son propre mode d’investigation […] Je pourrais vous prêcher des milliers de sermons, cela ne vous rendrait pas religieux pour autant aussi longtemps que vous ne pratiquerez pas la méthode. Telles sont les vérités qu’enseignent les sages de tous les pays, de toutes les époques, ces hommes purs et sans égoïsme dont le seul mobile est de faire du bien au monde. Tous déclarent qu’ils ont trouvé une vérité supérieure à ce que les sens peuvent nous montrer, et ils nous invitent à le vérifier par nousmêmes. Ils nous demandent d’adopter leur méthode et de la mettre consciencieusement en pratique ; si, ce faisant, nous ne rencontrons pas cette vérité supérieure, nous aurons alors le droit de dire que leurs assertions étaient sans fondement ; mais tant que nous n’aurons pas essayé leur méthode, logique-

intérieure de l’homme, de la pensée, tant que nous n’aurons pas la capacité d’observer les faits qui se déroulent en nous. Il est relativement facile d’observer des faits dans le monde extérieur, car on a inventé de nombreux instruments à cette fin, mais pour le monde intérieur, nous ne disposons d’aucun instrument extérieur pour nous aider. Or nous savons que pour édifier une véritable science, il faut observer. Sans analyse appropriée, toute science sera impuissante, elle ne fera qu’échafauder des théories. C’est pour cette raison que tous les psychologues se querellent entre eux depuis toujours – excepté quelques chercheurs qui ont découvert des procédés d’observation. La science du Raja-Yoga se propose tout d’abord de nous fournir les moyens d’observer les états intérieurs. L’instrument utilisé est l’esprit lui-même. La puissance d’attention, lorsqu’elle est convenablement guidée et dirigée vers le monde intérieur, peut analyser l’esprit et éclairer les faits. Les pouvoirs de l’esprit sont comme des rayons lumineux diffus ; lorsqu’on les concentre, ils éclairent. C’est notre seul moyen d’acquérir la connaissance. De fait, chacun l’utilise, tant dans le monde extérieur que

ment, nous ne pourrons pas leur donner un démenti. Aussi devons-nous travailler fidèlement, en suivant les méthodes prescrites, et la lumière se fera. Pour acquérir des connaissances, nous avons recours à des généralisations, qui à leur tour reposent sur des observations. Nous commençons par observer des faits, puis nous généralisons, et enfin nous tirons des conclusions ou des principes. Nous ne pourrons jamais obtenir la connaissance de l’esprit, de la nature

dans le monde intérieur, mais le psychologue doit observer ce dernier avec la même minutie que met l’homme de science à étudier le monde extérieur ; et pour cela il faut un grand entraînement. Depuis notre enfance on ne nous apprend à regarder que les choses extérieures et jamais les choses intérieures ; c’est pourquoi la plupart d’entre nous ont perdu la faculté d’observer le mécanisme intérieur. Tourner l’esprit vers l’intérieur, l’empêcher de se diriger vers

Le but de son

enseignement est

de nous démontrer

comment concentrer

notre esprit, comment pénétrer dans ses

replis les plus secrets, comment généraliser

ce que nous y trouvons et en tirer nos propres conclusions.

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l’extérieur, concentrer ensuite tout son pouvoir et le projeter sur l’esprit lui-même pour qu’il apprenne à s’analyser et à connaître sa propre nature, est un travail très ardu. C’est pourtant le seul et unique moyen d’appréhender cette étude de manière scientifique. A quoi servira cette connaissance ? En premier lieu la connaissance est à elle-même sa plus haute récompense ; en second lieu elle a son utilité. Elle fait disparaître toutes nos souffrances. Lorsque par l’analyse de son propre esprit l’homme se trouve, pour ainsi dire, face à face avec quelque chose d’indestructible, quelque chose qui, par nature, est éternellement pur et parfait, il ne sera plus malheureux, il ne souffrira plus. Toute souffrance émane de la peur, du désir inassouvi. Si l’homme s’aperçoit qu’il ne meurt jamais, il ne craindra plus la mort. Lorsqu’il saura qu’il est parfait, il n’aura plus de vains désirs. Ces deux causes ayant disparu, il n’y aura plus de souffrance, ce sera la béatitude parfaite, alors même qu’il vivra dans ce corps. Il n’existe qu’une seule méthode par laquelle atteindre à cette connaissance, c’est ce qu’on appelle la concentration […] Comment toute la connaissance du monde s’est-elle acquise, sinon par la concentration du pouvoir de l’esprit ? Le monde est prêt à révéler ses secrets pour peu que nous sachions frapper à la bonne porte et donner le coup nécessaire. Or, la force et la puissance du coup donné résulte de la concentration. Il n’y a pas de limite au pouvoir de l’esprit humain. Plus l’esprit est concentré, plus il peut appliquer de force en un point donné. Voilà le secret. Il est facile de concentrer l’esprit sur les objets extérieurs, car l’esprit se dirige tout naturellement vers le dehors. Il n’en va pas de même en religion, en psychologie, en métaphysique, où le sujet et l’objet ne font qu’un. L’objet est intérieur, l’esprit étant luimême l’objet, et c’est lui qu’il faut étudier – ainsi c’est l’esprit qui étudie l’esprit. Nous savons qu’il existe un pouvoir de l’esprit appelé réflexion […] Vous travaillez, par exemple, et vous pensez en même temps, cependant qu’une portion de votre esprit reste à l’écart et considère ce que vous pensez. Il faut concentrer ces différentes forces de l’esprit et les retourner sur

lui-même. Alors cet esprit concentré découvrira ses secrets les plus intimes, tout comme les recoins les plus obscurs livrent leurs secrets devant les rayons perçants du soleil. C’est ainsi que nous parviendrons à la base de la foi, à la véritable et authentique religion. Nous percevrons par nous-même si nous avons une âme, si notre vie dure cinq minutes ou l’éternité, s’il y a un Dieu dans l’univers ou s’il n’y en a pas. Tout cela nous sera révélé. C’est ce que le Raja-Yoga se propose de nous enseigner. Le but de son enseignement est de nous démontrer comment concentrer notre esprit, puis comment pénétrer dans ses replis les plus secrets, comment généraliser ce que nous y trouvons et en tirer nos propres conclusions […] Tout être humain a le droit et le pouvoir de chercher la religion ; chacun a le droit de demander pourquoi et de trouver lui-même la réponse s’il veut bien s’en donner la peine. Nous voyons ainsi que, pour l’étude du Raja-Yoga, il n’est besoin ni de foi ni de croyance. Ne croyez à rien que vous n’ayez découvert par vous-même ; voilà ce que nous enseigne le Raja-Yoga. La vérité n’a pas besoin d’être étayée par un échafaudage […] L’esprit est en quelque sorte un instrument entre les mains de l’âme, c’est par lui que l’âme saisit les objets extérieurs. L’esprit est constamment en train de changer et de vaciller ; quand on le perfectionne, il peut s’attacher soit à plusieurs organes, soit à un seul, soit à aucun. Si par exemple j’écoute avec grande attention le tic-tac de l’horloge, il se peut que je ne voie rien, même en ayant les yeux ouverts ; cela vient de ce que mon esprit est relié à l’organe de l’ouïe et non à celui de la vue. L’esprit rendu parfait peut se relier simultanément à tous les organes. Il a le pouvoir de faire retour sur soi-même et de scruter ses propres profondeurs. Ce pouvoir réflexif est ce que le yogin désire obtenir. En concentrant les pouvoirs de son esprit et en les orientant vers l’intérieur, il cherche à savoir ce qui se passe intérieurement […] Chaque science nécessite certaines préparations et a ses propres méthodes qu’il faut suivre pour pouvoir la comprendre, il en va de même pour le Raja-Yoga. Extrait de Raja Yoga (Introduction)

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La nature parle. Les fleurs parlent, le ciel et les étoiles nous parlent. Mais savons-nous ce qu’ils disent ? Les écoutons-nous, ou les considérons-nous comme des fleurs, de la terre, de l’eau, de l’air ? Avons-nous perdu le sens de l’écoute ? Ram Chandra DE Shahjahanpur

PhotOgraphie Stas Walenga

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le calendula

ou la joie de donner Alanda greene

La nature est prodigue. Alanda Greene évoque la nature généreuse d’une plante que les humains utilisent depuis des milliers d’années comme médicament, cosmétique ou comme thé.

J

’aimerais être pareille au calendula. Cette plante aux fleurs d’un orange lumineux semble avoir un plaisir intense à donner, et par là elle nous transmet de la joie. Quel magnifique projet que de fleurir ! Se faire si agréable, si joyeux, si beau, si facile à vivre et si utile que chacun désire vous avoir auprès de lui… Tel est le calendula. Nous voilà maintenant en automne, et beaucoup de plantes ont déjà achevé leur cycle : elles ont fleuri, nourri les abeilles, offert de la beauté et sont maintenant montées en graines. Et pourtant le calendula est encore en pleine floraison, comme au début de l’été. Ses fleurs sont plus nombreuses que jamais, d’une couleur vive et intense, et quand de ma fenêtre je regarde le jardin, je vois les platebandes couvertes de calendulas, comme si quelqu’un avait allumé une multitude de lumières orange. Ces jours-ci le temps 64

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est gris, avec des nuages sombres qui obstruent la lumière du soleil d’automne, mais cela ne semble pas décourager les calendulas, ni ternir leur éclat. L’herboriste Matthew Wood disait qu’il lui semblait impossible pour quiconque de rester triste ou déprimé en compagnie d’un calendula. Il l’appelait la plante du soleil. Les fleurs de calendula séchées donnent une tisane relaxante qui calme les irritations de l’estomac, ou simplement satisfait les papilles gustatives et le ventre. La teinture de calendula est le meilleur remède que j’aie trouvé pour les piqûres de guêpes ou d’abeilles. Elle apaise la brûlure, fait diminuer l’enflure et atténue la réaction. L’huile de calendula calme l’irritation de la peau, les rougeurs, les égratignures et les éruptions cutanées. Le calendula est une nourriture appréciée des tamias. Lorsque les graines arrivent à maturité et forment


d’élégantes spirales autour du pédoncule, les tamias tirent à eux les tiges ou grimpent le long des plus robustes. Ils fourrent les petites graines rondes et noires dans leurs joues jusqu’à donner l’impression d’être gravement atteints des oreillons, puis courent cacher leurs provisions pour l’hiver. Les jours deviennent de plus en plus courts et froids, et tout ce qui pousse dans le jardin a été récolté, enterré ou couvert de paille. Mais je n’arrive pas à arracher les calendulas ni à les recouvrir. Même quand le gel dépose une fine couche brillante sur la paille qui les entoure et sur les feuilles, les fleurs gardent leur éclat lumineux et apportent une touche flamboyante aux jours gris qui précèdent l’hiver. Je voudrais vieillir comme le calendula : servir à soulager la douleur, apporter de la beauté et de la joie, et continuer à être là sans avoir besoin de grand chose.

J’aimerais être pareille au calendula. Cette plante aux fleurs d’un orange lumineux semble avoir un plaisir intense à donner, et par là elle nous transmet de la joie.

PHotographie Iryna Savitskaya

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Les plantes communes qui font baisser la tension artérielle

Ocimum basilicum Le basilic est une délicieuse plante aromatique qui fait baisser temporairement la pression artérielle. Il est facile de l’intégrer à son alimentation : gardez-en un petit pot dans votre cuisine, et ajoutez quelques feuilles fraîches aux pâtes, à la soupe, aux salades, aux ragoûts, aux poêlées de légumes.

Cinnamomum verum L’ écorce de cannelle était si appréciée dans l’ Antiquité qu’ elle était considérée comme un cadeau de roi. On a démontré que la consommation quotidienne de cannelle fait baisser la pression chez les diabétiques. Saupoudrez-en vos céréales ou votre porridge au petit-déjeuner, mettez-en dans votre thé et utilisez-la pour rehausser la saveur des sautés, des currys et des ragoûts.

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Elettaria cardamomum La cardamome est une épice fréquemment utilisée en Asie du Sud. Une étude a prouvé que les personnes qui consomment de la cardamome quotidiennement pendant plusieurs mois voient leur pression artérielle diminuer de façon significative. Mettez des graines ou de la poudre de cardamome dans votre mélange d’ épices pour la soupe et les ragoûts, et même dans les plats au four.

Linum usitatissimum L’ huile de lin, tout comme les graines de lin moulues, peut abaisser le taux de cholestérol et protège de l’ angine, des douleurs thoraciques et d’ une pression artérielle trop élevée. Elle lutte contre l’ inflammation qui provoque des plaques d’athérosclérose et une mauvaise circulation.

Allium sativum L’ ail est utilisé depuis longtemps pour divers problèmes cardiovasculaires et pour son action hypotensive. Des études scientifiques modernes ont confirmé sa capacité à faire baisser la tension artérielle.

Crateagus oxyacantha Les médecines traditionnelles chinoise et européenne utilisent depuis des milliers d’années les baies d’ aubépine comme remède contre une pression artérielle trop élevée. On peut prendre de l’ aubépine en pilules, en extrait liquide ou en thé. Juillet 2016

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Pesto de basilic et d'épinard qui abaisse la tension artérielle

25 gr de feuilles de basilic 50 gr de jeunes feuilles (sans tige) ou de pousses d’épinards 100 gr d’huile de lin 1 cuillère à soupe de jus de citron 1 petite gousse d’ail 1 cuillère à café de sel 5 tours de moulin à poivre 50 gr de noix du Brésil 1 grosse cuillère à soupe de levure de bière 1 pincée de cannelle en poudre

A l’aide d’un bon couteau, hacher très finement le basilic, les épinards et les noix du Brésil. Presser ou écraser l’ail. Mélanger ensuite tout les ingrédients ensemble. Pour conserver le pesto plusieurs jours, recouvrir la préparation d’huile et placer impérativement au réfrigérateur, l’huile de lin étant très fragile. Utiliser comme un pesto classique, dans les pâtes ou sur un toast. Délicieux sur des légumes vapeur, dans un sandwich ou mélangé à une céréale.

Félicie Toczé - photos de Francis Azémard

ns sa recherche d’une alimentation ne et raffinée, Félicie Toczé s’inspire puis longtemps de la cuisine japose dont elle a appris sur place les ses, les savoir-faire et le mariage si rticulier des saveurs. livre puise largement dans cette inspiion. Ainsi se marient au fil des pages, s recettes de base traditionnelles, des cettes classiques adaptées à ce que us pouvons trouver dans nos épiceries o ou encore des interprétations très res cherchant à encourager, pour ses ultiples bienfaits en termes de goût et santé, l’utilisation au quotidien de ces grédients et techniques. en n’est figé, tout peut être adapté : on placard, à ses besoins, à la saison.

La recette de Félicie

Félicie Toczé est spécialiste en alimentation saine et praticienne en shiatsu et yoga. Elle propose une cuisine végétarienne et végétalienne basée sur les produits de saison, selon les principes

japonismes Félicie Toczé

photos de Francis Azémard

de l’équilibre nutritionnel. Sa cuisine se veut joyeuse, créative, comme un tableau où chaque détail

recettes végétales d’inspiration japonaise

importe, où la vue et l’odorat doivent être comblés avant que le palais ne découvre les saveurs.

bonus : un guide pratique des ingrénts et des types de cuisson + un mode mploi illustré des différents types de coupe des légumes.

Son livre Japonismes (Alternatives, Gallimard) s'inscrit dans cette recherche d’une alimentation saine

japonismes

e japonisme tel que je le vis, c’est mon pression personnelle, puisée dans le teru d’une cuisine traditionnelle, belle, saine savoureuse. Les parfums, les formes, les tures, les couleurs... tout cherche à ravir à nourrir profondément les sens, le corps ’esprit. Ce qui me guide ? Le désir et le isir de nourrir le corps avec intelligence, lui apporter le meilleur, de le respecter ns son intégrité. »

et raffinée. Félicie s’inspire aussi de la cuisine japonaise. Elle alterne ainsi des recettes classiques adaptées à ce que nous trouvons dans nos épiceries bio et de libres interprétations encourageant l’utilisation de ces ingrédients et techniques. Tout peut être adapté à son placard, ses besoins, à la saison. 01/02/16 15:55

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Nous sommes tous des visiteurs de ce temps, de ce lieu, nous ne faisons que les traverser. Notre but ici est d'observer, d'apprendre, de grandir, d'aimer... après quoi nous rentrons à la maison. PROVERBE ARBORIGENE

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Pour les enfants ssible o P n o i s s i M et: Agent secr

(BA). es actions n n o b s e d effectuer lui qui en ans que ce nsistera à s o c , s n r o u i o s j s i m prochains ceptes, ta nt les six a d Si tu l’ac n e p e r i e toi. en fa ça vient d e Tu devras u q is jette e h c a ne s ta BA), pu r i o v e c e r bénéficiera lle action va écider que celui qui d ( r e u l o b p i c – a t haque jour ar choisir ois pour c f Commence p e n u – s x foi our. lle. les dés si septième j ire pour e a e f l e t d r o s p i p s tu choi ras ton ra u présente T . t n e m e t è cr tout ça se Accomplis ! sque pas  Ne te déma cible: Nom de la

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Choisir s a cible

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Le roi qui enlevait les voiles de l’Illusion Suite et fin

Chers lecteurs, Vous souvenez-vous de cette terrible histoire racontée par le roi Vikram dans le dernier numéro ? Le bon roi Madhukar et son conseiller s’étaient tous deux tranché la tête dans le temple de Parvati, et lorsque la reine Kumudini eut réussi à les faire revenir à la vie, elle découvrit que, dans sa hâte, elle avait interverti les deux têtes. Le roi Vikram avait interrompu là son récit et demandé : « Dites-moi, petits bracelets, avec qui la reine Kumudini est-elle dûment mariée ? » Voici deux de vos réponses :

La reine Kumudini est vraiment mariée à la personne qui a la tête du conseiller et le corps de son mari. Même si sa tête a été changée, son cœur est resté le même.  Celui qui a la tête du roi est celui qu’elle a épousé. Son cerveau est là, et ses yeux. Elle va le reconnaître. Le corps n’est pas important. Mais non ! Ce sera le contraire de ce qui paraît logique, oui, c’est bien ça, même si je ne sais pas pourquoi !

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Les bracelets tintinnabulèrent doucement et répondirent : « En vérité, le mari de la reine était celui qui avait le corps du roi, car le corps est plus fort que la tête ! » A ces mots, la reine Abol-Rani s’exclama rageusement : « C’est faux, c’est complètement stupide ! » Et, arrachant ses bracelets, elle les lança par terre. « Bracelets, vous n’êtes pas dignes que je vous porte ! La reine appartenait à celui qui avait la tête du roi. La tête est la plus importante et la plus noble partie du corps, celle qui permet de distinguer un homme d’un autre, et de plus, c’est le siège de la raison ! » Le roi Vikram répondit : « Tu voilà bien sûre de toi, ô reine. Sont-ce là tes derniers mots ? Alors je vais te raconter la suite de l’histoire. »

La reine Kumudini était morte de honte. Très embarrassée, elle ne savait à qui ou à quoi se fier. Ses mains reconnaissaient le corps de son bien-aimé, ses oreilles entendaient sa voix, mais il avait la tête du conseiller. Quant à l’autre corps, ses yeux y retrouvaient bien le visage du roi, mais même sa voix n’était plus la sienne. Alors elle plongea son regard dans les yeux de chacun avec l’espoir de retrouver l’être profond qu’elle connaissait si bien, cette âme dont elle se sentait si proche. A sa surprise, les yeux du visage du roi ne brillaient plus de l’éclat qu’elle avait l’habitude d’y voir. C’est dans les yeux de la tête du conseiller qu’elle retrouva leur lumière. Elle choisit donc le corps de son mari – non parce qu’il était fort, mais parce qu’il contenait son cœur, le siège de l’âme. Elle la retrouva dans ses yeux et dans sa présence. Car si le cerveau est le siège de la raison, le cœur est celui de la sagesse, et c’est la sagesse, bien plus que la raison, qui guide nos pas. Juillet 2016

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A peine Vikram eut-il prononcé ces mots que le troisième voile tomba de lui-même, et seul le dernier dissimulait encore Abol-Rani à ses yeux. « Je vais maintenant te raconter ma quatrième et dernière histoire, dit le roi Vikram, et si tu ne me réponds pas, ô ma reine, sans doute ta bague d’émeraude le fera-t-elle à ta place. » Cette fois-ci, les jeunes suivantes ne rirent pas. Elles avaient appris à connaître le roi Vikram et se rendaient compte que, s’il voulait une réponse de la bague, celle-ci répondrait. En effet, la bague lança un éclair vert sombre et répondit : « Je t’écoute, roi Vikram, et je te répondrai ! » Et Vikram commença son récit.

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ans un royaume, loin au sud, régnait un roi juste et bon. Mais une révolte éclata dans le pays, fomentée par des courtisans félons. Le roi, la reine et la princesse n’eurent que le temps de fuir le palais la nuit même. Alors qu’ils avaient déjà atteint le royaume voisin et qu’ils traversaient une forêt sombre et profonde, ils furent cernés par une bande de brigands qui hantaient la région. Le roi se défendit comme un lion, mais ses adversaires étaient si nombreux que, malgré sa valeur et son habileté à l’épée, il fut vaincu et tué. Échappant à la mêlée, la reine et la princesse avaient réussi à se cacher dans les buissons. Après le combat, une fois que les brigands eurent pris la fuite, elles s’éloignèrent en pleurant de ces lieux funestes. Ne prenant aucun repos, elles ne s’arrêtèrent qu’au matin, aux abords d’un charmant petit lac recouvert de milliers de fleurs de lotus. Au même moment, le roi de la contrée chassait à cheval en compagnie de son fils. Ayant aperçu sur le sol les traces de deux pas légers, il lança au prince : « Il semble que deux femmes soient passées par ici. Allons à leur recherche et nous choisirons chacun celle qui nous plaira. » Son fils répondit : « Je prendrai celle aux petits pieds, elle est certainement plus jeune et s’accordera mieux


avec moi. Tu prendras celle aux grands pieds. » Le roi fut d’accord. Ils éperonnèrent leurs chevaux et suivirent les traces. En un instant ils atteignirent le lac et découvrirent la reine et la princesse qui se reposaient sur le sable de la rive. Quand la reine aperçut les deux cavaliers, elle se redressa, épouvantée, les prenant pour des brigands. « Vite, ma fille, fuyons, fuyons ! » « Mais non, mère, regarde, répondit la princesse d’un ton calme, ce ne sont pas des brigands, mais deux chasseurs à qui nous pourrions demander de l’aide. » Entretemps, les deux hommes les avaient rejointes et, sautant de leur monture, ils saluèrent les deux femmes. S’adressant à la reine, le roi lui demanda : « Qui êtes-vous, vous qui prenez du repos près de ce lac sans escorte et sans protection, d’où venez-vous et où allez-vous ainsi ?» La reine infortunée lui narra en quelques mots leurs terribles malheurs. « Je comprends, répondit le roi. Il se trouve que je suis veuf depuis longtemps et que mon fils est célibataire, et nous aimerions vous prendre pour femmes. Qu’en pensez-vous ? Cela aurait-il votre agrément ?» La reine et la princesse, muettes d’étonnement, se contentèrent d’incliner pudiquement la tête. Le prince se hâta d’ajouter  :  «  Mon père désire prendre pour épouse celle de vous deux qui a les plus grands pieds. Je prendrai donc celle aux petits pieds. C’est ce que nous avons décidé en suivant vos traces. » « Fort bien, s’exclama la princesse avec un léger rire, mais ma mère a de plus petits pieds que moi. » « Voilà qui est fort bien en effet. Une parole est une parole et un homme ne revient pas sur ses engagements ! » ajouta le roi en riant, ravi à l’idée d’épouser la jeune fille. Quant à son fils, il dut se contenter de la mère.

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Ayant pris un instant de réflexion, la reine et la princesse, heureuses et soulagées à la perspective de retrouver un foyer, acceptèrent la proposition du roi. Le prince n’ajouta plus un mot. Peu après, le double mariage fut célébré en grande pompe. La fille était devenue la belle-mère de sa mère, et la mère, la bru de sa propre fille. Le prince était maintenant le beau-père de son propre père qui était maintenant son gendre. La vie continua ainsi et les deux couples donnèrent naissance à des fils et à des filles. Ayant achevé son histoire, le roi Vikram demanda : « Dis-moi, bague d’émeraude, quels étaient les degrés de parenté entre ces enfants ? » Lançant un éclair vert, la bague répondit : « A vrai dire, roi Vikram, je suis incapable de te répondre. Je n’en sais rien. » A ces mots, la reine Abol-Rani poussa un cri de satisfaction et s’exclama : « Bravo mon anneau ! Tu es digne de te trouver à mon doigt ! Tu n’as pas eu honte d’avouer que tu ne savais pas quand tu ignorais la réponse. En vérité, il est impossible de répondre de façon sensée à cette question. L’intellect nous perdra à vouloir échafauder des constructions mentales aussi compliquées ! On ne devrait pas répondre à de telles questions ! » A peine ces mots s’étaient-ils échappés de sa bouche que le quatrième et dernier voile tomba, et la reine Abol-Rani apparut aux yeux du roi Vikram dans toute sa beauté surnaturelle. Alors Vikram découvrit Abol-Rani et Abol-Rani découvrit Vikram. Leurs regards se mêlèrent. Ils ne furent plus que deux âmes se contemplant l’une l’autre. Vikram sut qu’Abol-Rani était celle qu’il avait attendue toute son existence. Et tout devint clair et simple aussi dans le cœur d’Abol-Rani, submergée de vagues d’amour. Elle s’inclina devant lui et dit : « Sois le bienvenu dans mon palais, roi Vikram. Tu es le premier homme à avoir jeté les yeux sur moi. En vérité, tu m’as montré combien mon attitude était hautaine et susceptible d’obscurcir mon jugement. Elle avait recouvert mon cœur d’un voile de certitudes illusoires. Sois le bienvenu, roi Vikram ! » Quittant son divan de soie, elle s’avança et lui offrit sa main. Vikram emmena Abol-Rani dans son palais où ils fêtèrent leurs épousailles.

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Fin

illustrations veronique nicolai

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Annuaire HEARTFULNESS juillet 2016

Vous pouvez expérimenter la relaxation et la méditation Heartfulness en participant à l’un ou l’autre des ateliers régulièrement organisés dans nos centres. Certains ateliers ayant lieu chez des particuliers, nous vous remercions de bien vouloir envoyer un mail à l’adresse de contact indiquée afin de signifier votre participation et de recevoir des informations plus détaillées. L’entrée est libre. Bienvenue à tous.

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