Construire peut attendre - Mélanie MOTTIER, Mémoire HMONP 2022

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CONSTRUIRE PEUT ATTENDRE

Mémoire HMONP Novembre 2022

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

MOTTIER Mélanie

Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER.

CONSTRUIRE PEUT ATTENDRE

Mélanie MOTTIER Mémoire d’Habilitation à la maîtrise d’oeuvre en son nom propre Novembre 2022

Directeur d’études Romain CHAZLON Yannick BOUCHET Tuteur Gaëtan ROUSSEAU

Equipe pédagogique Yannick BOUCHET Frank LEBAIL Gilles MARTY

Composition du jury Julie MARTIN Nicolas PEYRAD

Frank Le Bail Claire Sophie HOFFMANN Yann DAMIANI

Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble

sommaire

Avant -propos

Apprentie architecte ............................................................................................ p.01

Introduction

La construction d’une identité ............................................................................... p.02

Projets et Recherche du parcours initial ................................................. p.04 Anamorphose Architectes ....................................................................... p.07 Atelier Da Costa ........................................................................................ p.15

1 I Le rôle de l’architecte dans la construction du monde de demain

Savoir où construire, c’est savoir avec quoi construire ......................... p.22 L’avenir c’est l’ancien ................................................................................ p.26 La place des architectes dans la France rurale ....................................... p.32 Et l’usager dans tout ça ? ......................................................................... p.36

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I Le chantier comme source de réponse et d’apprentissage

Quelle place ont les architectes sur le chantier ? ................................... p.44 Les relations architectes-artisans, un juste équilibre à trouver ............ p.48 L’architecture n’est pas un sport de combat .......................................... p.52

3 I Et après ?

S’affirmer et s’émanciper peu à peu .......................................................... p.59 Co-traitance en MOEX ............................................................................. p.59 Continuer à se former ................................................................................ p.59 Une vision pour plus tard ......................................................................... p.60 Ubne association évidente ......................................................................... p.60 S’ancrer dans un territoire .......................................................................... p.60 Pour qui ? .................................................................................................... p.61 Faire savoir ................................................................................................. p.61 Ateliers partagés et savoir-faire ................................................................ p.62

Conclusion

Comme une envie de frugalité ............................................................................... p.64

Remerciements ........................................................................................................ p.67 Bibliographie ............................................................................................................ p.68 Glossaire ................................................................................................................... p.71 Annexes .................................................................................................................... p.72

“Si vous pensez être architecte directement en quittant cette école, vous pouvez sortir immédiatement de cet amphithéâtre. L’architecture ce n’est pas un métier, c’est une passion. C’est une façon de percevoir les choses. C’est un mode de vie. Être architecte cela s’apprend tous les jours, et cela demande beaucoup de patience. Vous pourrez prétendre être architecte dans 15 ou 20 ans, et encore... Bon courage”.

Pascal Rollet, Phrase de conclusion de ma première semaine d’intégration à l’ENSA Grenoble, 2015.

avant-propos

Apprentie architecte

Ce mémoire a pour but d’esquisser une définition de l’architecte que je voudrais être, ou que je suis peut-être déjà. Personnellement, il m’est difficile de répondre de manière catégorique à cette question. Je suis remplie d’ambition, pleine de curiosité, d’envie d’apprendre, de certitudes, mais aussi d’interrogations. Les deux dernières années m’ont prouvé que la vie n’est pas toujours telle qu’on l’imagine et que tout peut changer en un instant. Il suffit d’une personne, d’une rencontre, d’une occasion pour chambouler les projections que l’on peut avoir.

Le mémoire que vous vous apprêtez à lire est un mélange entre un premier retour professionnel de début de carrière, le positionnement d’une jeune architecte et des considérations plus générales liées à des réflexions personnelles. Il recense mes doutes, mes peurs, mes spéculations, mes envies et mes ambitions à “l’instant T”. Du haut de mes 25 ans, je me construis encore En tant qu’architecte, mais aussi en tant que personne.

En sortant de l’école, je me suis rapidement perdue dans la profession. Je découvrais peu à peu une pratique architecturale qui ne correspondait pas à ce que je projetais ou à ce que j’avais appris les cinq dernières années. J’avais perdu mes repères. Au début, j’ai cru que cela serait ainsi, comme une fatalité que je devrais accepter. Mais c’est tout le contraire.

La formation HMONP a été une bouffée d’air frais dans un quotidien empli de doutes et de remise en question professionnelle. Elle m’a apporté une légitimité, que je cherchais inconsciemment. Aujourd’hui, plus de deux ans après mon diplôme d’Architecte DE, je suis encore une jeune apprentie et je le serai encore de nombreuses années - si ce n’est toute ma vie.

«Plus on connaît, plus on avance, plus on doute, plus on apprend.»1

1) Phrase de Sonia DOUCERAIN, évoqué lors de l’introdution HMONP 2020, ENSA Grenoble. Extraite du mémoire HMONP de Lili Méziat-Burdin, «Notes pour plus tard», Novembre 2021.

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INTRODUCTION

La construction d’une identité

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être architecte. Pour moi, c’était une évidence. Je serai architecte. Pourtant, je ne fais pas partie de ces personnes qui ont grandi entourées d’architectes, d’artistes ou de proches travaillant dans le monde du bâtiment, bien au contraire. À cette époque, j’aimais la possibilité de mêler les contraintes techniques à la créativité, tout en aidant des personnes en construisant le projet de leur vie.

Avec mon entrée à l’ENSA Grenoble, ma vocation s’est affirmée. Les premières années de licence m’ont permis d’assimiler différents aspects de l’architecture, comme la notion du sensible liée aux usagers ou encore la part artistique de l’architecture. Par la suite, j’ai intégré un master spécialisé en réhabilitation et en revitalisation urbaine. J’ai pu repenser le rôle de l’architecte dans la valorisation et la transmission de l’existant, tout en appréhendant peu à peu son implication politique. Ces années de formation m’ont permis de comprendre les fonctions multiples et complexes qu’un architecte peut avoir dans sa pratique.

Suite à l’obtention de mon diplôme, j’ai réjoint l’agence d’architecture Anamorphose, située en Eure-et-Loir, dans laquelle j’ai réalisé ma mise en situation professionnelle pour la formation HMONP. Suite à cette année de formation, j’ai voulu changer d’agence pour découvrir une autre pratique, et compléter mon expérience. Cela fait maintenant plusieurs mois que je travaille à l’Atelier Da Costa, situé à Ivry-sur-Seine, en région parisienne.

Riche de ses deux expériences très différentes, j’ai pris conscience de l’importance de se positionner dans un domaine aussi hétéroclite et varié que l’architecture. Pour certains, malheureusement, il est simple de tomber dans une forme de routine, où les phases de conception et de mise en œuvre sont rarement remises en question et où l’utilisation du béton armé reste prédominante. Or, aujourd’hui, on ne peut plus construire de la même façon qu’au XXème siècle.

Malheureusement, l’impact du secteur du bâtiment sur l’environnement n’est plus à prouver. Près de 40% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et 36% de la consommation totale d’énergie proviennent du secteur du BTP. 2 Que ce soit à l’échelle nationale, avec l’entrée en vigueur de la RE 2020, ou à l’échelle internationale, avec la parution du dernier rapport du GIEC et l’épuisement des ressources naturelles, le changement climatique n’a jamais été aussi pressant. À la fois dans le domaine de la construction, mais aussi dans la vie quotidienne de n’importe quel individu.

2) MADEC Philippe, Mieux avec moins, Ed. Terre Urbaine , 2021,Collection La Fabrique de territoires, p.11.

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La pénurie des matériaux et l’inflation du prix des matières premières conduisent le secteur du bâtiment dans une crise jusqu’alors inédite. Celle-ci impacte tous les corps d’état liés à la construction, que ce soit les artisans, les ingénieurs des bureaux d’études, les maîtres d’ouvrages, ou encore les architectes. C’est toute la chaîne de production qui se trouve ralentie.

En tant qu’architecte DE désirant porter le titre, mais aussi en tant que citoyenne engagée, je me dois d’ouvrir les yeux sur ce qu’il se passe dans le monde, en considérant le contexte climatique, économique et social dans lequel j’évolue.

C’est dans cette situation d’urgence et de crise que mon mémoire s’inscrit et que je souhaite pratiquer en tant qu’architecte portant le titre. Réaliser ma formation HMONP à cet instant précis, fut très édifiant. Parallèlement aux actualités climatiques, la formation HMONP m’a permis de soulever plusieurs questions, telles que: Qu’est ce que je veux produire dans un contexte de banalisation du paysage architectural français? Quel rôle ont les architectes dans le bilan carbone catastrophique du secteur du bâtiment ? Dans quel paysage je souhaite construire ? Quels sont les interlocuteurs avec qui je souhaite travailler ? Comment le chantier peut-il être vecteur de prise de conscience et de changement vis-à-vis de ces questions ?

Le premier chapitre de ce mémoire détaillera mon parcours en présentant les deux agences dans lesquelles j’ai travaillé jusqu’à présent.

Les parties suivantes mêleront réflexions plus théoriques, expériences professionnelles et questionnements personnels en abordant des notions constitutives de ma vision de l’architecture. Dans la continuité de mon introduction, je souhaite mettre en avant des sujets qui représentent, pour moi, le tournant qui est en train de s’opérer dans l’architecture. Le fait de revenir à une pratique plus raisonnée, en lien avec notre territoire, avec les matériaux locaux et avec les usagers.

J’évoquerai ensuite ma découverte du chantier, que j’identifie comme un véritable lieu d’apprentissage pour les architectes. Je perçois ce temps du projet comme un levier essentiel dans la minimisation de l’empreinte carbone des bâtiments et des constructeurs.

Enfin, la dernière partie esquissera peu à peu ma pratique de demain, tout du moins ce vers quoi je veux l’orienter, dans l’optique de créer mon agence un jour.

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RECHERCHE

Rural Studio, L’évolution de la pratique vingt ans après.

Ce travail cherche à comprendre l’évolution du célèbre Rural Studio. Leur pratique repose sur l’expérience insitu des étudiants, afin de les confronter à la réalité de la maîtrise d’oeuvre. Il s’agit de concevoir des projets durables en utilisant des ressources locales.

PROJET

Redynamiser le centre-bourg de Thizy-les-bourgs (69) + RECHERCHE ACTION POPSU TERRITOIRES RURAUX 2021

Suite à des moments de vie in situ, nous avions restitué aux élus trois projets situés sur les entrées de ville, points névralgiques des symptômes présents dans le centre bourg à nos yeux. Quelques années plus tard, j’ai participé à la recherche POPSU. Notre rôle était de recueillir la parole des habitants pour comprendre ce qui crée l’attache affective en centre-bourg (redessin du bourg, et rencontres avec des habitants).

Réf. THIZY

RECHERCHE

L’histoire de vie du quartier Renaudie à Saint-Martind’Hères, La question de la perception habitante.

Au travers d’enquêtes menées personnellement auprès des habitants du quartier, ce mémoire cherchait à comprendre comment l’architecture de Renaudie est ressentie par les habitants ? Comment l’espace conçu intéragit avec l’espace vécu ? Il s’agit d‘analyser le travail de Renaudie du point de vue des usagers de son architecture.

Réf. REN 4

Recherches et projets Parcours initial

PROJET

Réhabilitation d’une usine en fondation pour l’environnement

Réhabilitation d’une usine désafectée au nord-est des Pays-Bas en un musée dédié à la nature, l’environnement et les produits locaux. Travail lié aux questions du réchauffement climatique et à la menace de la remontée des eaux présentes aux Pays-Bas.

PROJET PFE

Un troisième temps, Vivre autrement la ruralité néerlandaise

Avec mon binôme, Alexane LATOUILLE, nous nous sommes concentrées sur les différentes écoles abandonnées de la ville, ou celles prochainement déconstruites, qui constituent une part de son identité architecturale et qui maillent le territoire. Avec la disparition progressive des services de proximité, la mixité programmatique nous est apparue comme une valeur essentielle, où l’hybridité des services était une nécessité. Notre engagement s’est étendu jusqu’à l’utilisation de matériaux et cultures constructives locales, et l’utilisation des ressources naturelles du site.

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ANAMORPHOSE Architectes - Châteaudun (28)

Suite à l’obtention de mon diplôme d’architecte DE en juillet 2020, je souhaitais travailler dans une agence à taille humaine, avec peu d’employés, où chacun est libre d’intervenir. Je pensais avoir plus de visibilité et de responsabilités dans ce type d’agence. Les sujets de réhabilitation et de renouvellement m’animaient particulièrement et je souhaitais continuer à les explorer dans le monde professionnel. A cette époque, ayant étudié sur des territoires périurbains ou ruraux, le milieu sur lequel j’allais intervenir avait, lui aussi, son importance.

C’est en janvier 2021, que j’ai intégré l’agence Anamorphose, et c’est quelques mois plus tard, en octobre 2021, que j’y ai commencé ma mise en situation professionnelle (MSP) pour la formation d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre (HMONP).

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Rénovation et extension d’une maison indiviuelle Bièvres (91)

Rénovation entière d’une maison individuelle Fontaine Raoul (41)

Avril 2021 Juillet 2022 Rénovation d’une école primaire Bonneval (28) Mai 2021 Juillet 2022

Janvier 2021 Juillet 2022 Transformation d’une grange en maison d’habitation Montharville (28) Mai 2021 Septembre 2022

+2,90 PHASE PHASE Coupe CC INFORMATIONS ARCHITECTE MANDATAIREMairie de BONNEVAL Représentée Rénovation OUVRAGE -SCI La Colomberie Saint Vrain 28800 MONTHARVILLE 16 de la Madeleine 28200 CHATEAUDUN PC3 grange MOTTIER PC Coupe
EDL EDL EDL EDL AVP AVP AVP AVP PRO PRO PRO ESQ ESQ ESQ ESQ PC PC DP DP DCE DCE DCE OPC OPC OPC AOR AOR AOR
Réf.
Réf.
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Réf. COLOMB
LOHB Marché MGP
LEFV

Rénovation et extension d’une maison indiviuelle Marnes-la-coquette (92)

Juin 2021 Février 2022

Réhabilitation d’un immeuble pour la création de logements sociaux Bonneval (28)

Juiller 2021 Mai 2022

Création/Extension de bureaux d’entreprise (projet non réalisé) Cloyes-les-trois-rivières (28) Septembre 2021 Mars 2022

Rénovation patielle d’une maison de maître Châteaudun (28)

Novembre 2021 Mars 2022

-EXIST Facade SUD EXIST -0 20 -1 Sous-sol 0 80 0 Rez-de-chaussée +4 66 1 1er étage +8 63 2 Etage +11 80 3 Toiture 1,43 2,12 1,50 2,28 1,02 2,28 2,48 3,72 1,67 0,79 1,67 2,70 3,18 1,95 1,10 1,46 EDL EDL EDL EDL AVP AVP AVP AVP PRO PRO PRO ESQ ESQ ESQ ESQ PC DP PC PC DCE DCE DCE OPC DET DET AOR AOR AOR Réf. ROSE Réf. LRV ANAMorpHoSE Architectes 9

Une agence à taille humaine

Anamorphose architectes est une agence située dans le territoire de la Beauce, au sud du département d’Eure-et-Loir. La Beauce est une vaste plaine agricole s’étendant sur près de six cent mille hectares, au sud-ouest de Paris. Ce territoire est essentiellement composé de champs qui sont eux-mêmes ponctués par quelques bourgs. La ville de Châteaudun, où se trouve l’agence, est la seule à plusieurs dizaines de kilomètres autour (48km de Chartres, 40km de Vendôme et 54km d’Orléans).

Lors de ma mise en situation professionnelle l’agence se composait de cinq personnes : - Gaëtan ROUSSEAU, Architecte DPLG de l’ENSA Versailles et gérant de l’agence; - un économiste, Franck SEVESTRE; - deux chefs de projets issus d’une formation de techniciens du bâtiment: Jean-Claude LEMETTE, et Olivier GUIARD, actuellement en formation VAE pour devenir architecte HMONP à l’ENSA Versailles; - et moi-même, assistante d’architecte, Architecte DE.

À mes yeux, une des forces de l’agence est la variété des profils qui y sont regroupés. Les différences d’âge, mais aussi les différences de formations (architecte DPLG / HMONP , formation dans différentes ENSA, ainsi que des profils plus techniques) favorisent les divergences d’opinions et donc l’enrichissement personnel et professionnel de chacun.

Réalité d’une autre pratique en milieu périurbain et rural

Le contexte géographique particulier de l’agence impacte directement son activité puisque c’est la seule au sud du département d’Eure-et-Loir. En effet, mis à part des architectes indépendants, il n’y a pas d’agence d’architecture à moins de 40km. Par conséquent, les projets ont toujours afflués en quantité. Et ce n’est pas la crise du Covid 19 qui aurait pu ralentir la cadence, bien au contraire. De par sa proximité avec Paris, la ville de Châteaudun accueille de plus en plus de citadins qui souhaitent s’installer en campagne à la suite de la pandémie.

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Prestations intellectuelles

Maître d’ouvrage et usagers contrat d’architecte marché de travaux entreprise architecte

Paiements Paiements

Par conséquent, nous étions souvent sollicités par des particuliers, parfois uniquement pour réaliser leur permis de construire. Soit parce qu’ils n’avaient pas le choix, soit parce qu’ils préféraient nous confier la réalisation des différents éléments du permis de construire. Dans ce cas, la maîtrise d’ouvrage ne nous contactait pas pour notre savoir ou notre plus-value, mais simplement pour déléguer la réalisation du permis. Dans ces situations, il était alors difficile d’exprimer ma créativité au sein de l’agence.

usagers

Lors de ma mise en situation professionnelle, les projets de l’agence s’étendaient des rénovations de maisons individuelles, aux extensions de lycée, en passant par des réhabilitations de bâtiments, à la création de bureaux pour des entreprises. Personnellement, mon travail portait essentiellement sur des projets pour des particuliers (rénovation et extension de maisons).

Maître d’ouvrage

Une première expérience professionnelle en autonomie

Prestations intellectuelles + Réalisation des travaux

Réalisation des travaux Paiements

Contrat de conception-realisation entreprise architecte

+

Au vu de la taille de l’agence, et du nombre important d’affaires que nous avions à traiter, chacun des trois chargés de projets - y compris moi - s’occupait de ses propres affaires: des premières esquisses jusqu’à la réception des travaux (ou au permis de construire, si nous étions en mission partielle). Nous étions libres d’échanger et donner notre avis sur tous les projets de l’agence, mais nous travaillions indépendamment les uns des autres, sur les projets qui nous étaient attitrés. Le travail en équipe n’avait donc pas sa place, par souci d’efficacité et d’optimisation du temps.

Convention de groupement

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Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER. Chantier LA RAINVILLE, ANAMORPHOSE Architectes

C’est pour cette raison que j’ai rapidement eu des responsabilités, comme je le cherchais initialement. Au bout de quelques mois, j’étais autonome sur les projets que je concevais, sur les rendez-vous clients, ou même sur les suivis de chantiers.

En tant que jeune diplômée, la confiance que l’on m’a accordée fut une réelle opportunité pour découvrir le métier et suivre un projet du début à la fin, sans pour autant avoir trop de contraintes. Je pouvais toujours compter sur l’aide d’Olivier, Jean-Claude, Frank ou Gaëtan pour répondre à mes questions et m’aider face aux divers problèmes que j’ai pu rencontrer (problématiques techniques liées à la mise en oeuvre sur un chantier, difficulté à gérer l’économie du projet, relations plus complexes avec la maîtrise d’ouvrage, etc.)

Avec le recul, je réalise à quel point c’était une chance d’être si rapidement autonome, car j’étais en relation directe avec les différents intervenants du projet. Cela m’a permis d’évoluer, de comprendre et d’apprendre très rapidement.

La découverte du chantier

De mon point de vue, une des qualités de l’agence Anamorphose est d’inclure aussi souvent que possible la maîtrise d’œuvre dans ses missions. Lorsque nous étions en mission complète, nous étions systématiquement les personnes responsables du suivi du chantier (DET mais aussi OPC).

J’ai donc pu suivre et diriger mes propres réunions de chantier sur deux projets spécifiques. Il s’agissait de deux rénovations (pour l’une complète et l’autre partielle) de maisons individuelles. J’en parlerai plus en détail dans ce mémoire, mais ces deux chantiers furent très différents et très formateurs.

Personnellement, j’ai vraiment pris conscience de l’impact de mes esquisses, lorsque je me suis rendue sur mon premier chantier. J’ai alors ressenti une grande responsabilité.

C’était la première fois que je percevais l’aspect «bâtisseur» de la profession, pourtant inhérent au métier d’architecte. J’ai le sentiment que la pratique du chantier accélère ma formation post-diplôme et désacralise l’image que j’ai pu en avoir. Suite à cette expérience du chantier, je ressens toujours beaucoup de frustrations lorsque je passe plusieurs jours derrière mon écran à l’agence. Je considère que sans cette approche plus concrète et visuelle, ma manière de concevoir est appauvrie.

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Atelier DA COSTA - Ivry-sur-Seine (94)

En septembre 2022, grâce à des opportunités professionnelles et personnelles, j’ai déménagé en région parisienne. Voulant compléter mon expérience, je cherchais une agence différente d’Anamorphose, qui intervient sur des marchés publics, où il me serait possible de travailler en équipe, et avec un minimum de sensibilité aux enjeux environnementaux. Mon objectif était d’avoir une seconde expérience professionnelle avant de me présenter à la soutenance orale afin de mieux me positionner, d’avoir un discours plus clair et un choix plus affirmé.

J’ai intégré l’Atelier Da Costa, en septembre 2022, suite au départ d’une connaissance dans cette même agence pour compléter l’équipe présente.

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EDL

Construction d’un collège - Label HQE et PassivHaus Ivry-sur-seine (94)

DET OPC AOR 16

ESQ ESQ

AVP AVP

PC PC

Septembre 2022 Novembre 2022

PRO PRO

Septembre 2022 Novembre 2022

AOR Marché MGP Marché Conception - Réalisation

Rénovation et Extension d’un gymnase pour les Jeux Olympiques 2024 Franconville (95)

DCE DCE

EDL

Une double identité en Ile-de-France

L’atelier Da Costa se situe en région parisienne, à Ivry-sur-Seine. Les locaux de l’agence accueillent deux sociétés: l’atelier Da Costa, dirigé par Manuel R. DA COSTA et DOing, géré par Serge OUZOULIAS, qui n’a pas d’employé, mais qui travaille régulièrement avec l’atelier.

L’atelier Da Costa se spécialise depuis des dizaines d’années dans la conception et réalisation de bâtiments recevant du public, et plus particulièrement dans les établissements scolaires en Ile-de-France : collèges, lycées, écoles, etc. Actuellement, l’agence est composée de quatre personnes : - Manuel R. DA COSTA, gérant, Architecte DPLG diplômé de l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Paris, - Catherine R. DA COSTA, Collaboratrice d’architecte et Responsable Administrative, - Joanna CRESPIN, Assistante de Direction, - Clément HOUELCHE, Chef de projet, Architecte DE diplômé à l’ENSA de Paris Malaquais, - et moi-même, dessinatrice au sein de l’agence.

Le champ d’intervention de la société DOing est plus centré en Eure-et-Loir, sur des affaires et des projets à plus petit budget : rénovation d’école, études de faisabilité, extension de maisons ou de bâtiments d’entreprises, etc. En parallèle de son activité architecturale en son nom propre, Serge OUZOULLIAS est régulièrement dans les locaux d’Ivry-sur-Seine, puisqu’il dirige l’intégralité des chantiers de l’atelier Da Costa, en sous-traitance.

L’organisation au sein de l’atelier Da Costa est plus hiérarchisée que ce que j’ai pu connaître chez Anamorphose. Que ce soit Manuel R. DA COSTA ou Serge OUZOULIAS, pour la société DOing, les deux gérants sont rarement dans les locaux puisqu’ils se chargent eux-mêmes de tous les rendez-vous avec les clients, les démarches commerciales, ou les suivis de chantier. A contrario les employés de l’agence, chargés de projet et dessinateurs, sortent rarement des bureaux.

Mon rôle au sein de l’agence est d’être dessinatrice. Je travaille constamment en binôme avec Clément HOUELCHE. Étant arrivée dans une période tendue pour l’agence, où il manquait des architectes et des dessinateurs au vu de la quantité des projets en cours, j’ai rapidement pu intégrer le processus de conception et prendre part aux phases de décisions des projets.

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Prestations intellectuelles + Réalisation des travaux

usagers

Maître d’ouvrage

Paiements

+

Convention de groupement

L’apprentissage des marchés publics

L’atelier Da Costa travaille uniquement sur des marchés publics avec des grands groupes de la construction tels que Bouygues Construction, Vinci Construction ou Léon Grosse. En dehors des stages de licence et master, je n’avais pas encore eu l’opportunité de travailler sur des marchés publics avant d’intégrer l’atelier Da Costa. J’ai donc découvert en pratique ce que j’avais pu apprendre lors des interventions HMONP concernant les différents types de marché (MGP, Marché cadre, MAPA, ConceptionRéalisation, etc.)

Travailler à leurs côtés sur des projets à plusieurs millions d’euros est très formateur, surtout après avoir travaillé essentiellement avec des particuliers dans l’agence Anamorphose. J’apprends la rigueur des normes et la différence entre nos intentions et la réalité de notre intervention, régie par toutes les contraintes inhérentes aux marchés publics (plusieurs interlocuteurs et décisionnaires, temps de discussion plus long, plus de normes de sécurité et d’accessibilité, etc.)

Contrat de conception-realisation entreprise architecte
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Une approche environnementale : Labels HQE et Passivhaus

L’atelier Da Costa attache de l’importance à la réalisation de projets Passivhaus, qui permettent à la fois d’obtenir des grandes performances énergétiques, tout en travaillant au traitement de l’air, de l’acoustique, de la pérennité des matériaux, de la limitation des dépenses énergétiques, etc. Bien qu’à l’origine, il ne s’agissait pas d’une sensibilité propre à l’atelier Da Costa, mais d’une exigence des différentes maîtrises d’ouvrages, l’agence s’attèle de plus en plus à obtenir des labels, tels que HQE ou Passivhaus. De manière générale, la réflection du projet est de plus en plus influencée par le dérèglement climatique et les normes environnementales qui entrent en vigueur.

La performance énergétique de leurs projets trouve souvent réponse dans une certaine forme d’innovation et de technologie. Personnellement, je l’imagine plus dans une forme de sobriété. Les collaborateurs de l’agence le reconnaissent complètement : pour eux, faire de l’architecture passe par l’esthétique en premier point. Ainsi, l’aspect esthétique des bâtiments construits primera toujours face aux dépenses énergétiques du bâtiment après sa construction. Sur ce point aussi, nos opinions divergent, mais j’y reviendrai plus en détail dans ce mémoire.

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Le role de l’architecte dans la construction du monde de demain 1

“Construire dans un paysage, c’est une lourde responsabilité, dont il faut prendre conscience à nouveau. Les anciens n’avaient pas particulièrement une grande conscience écologique. Pour eux, c’était du bon sens de faire avec la géologie et la nature, on veut réapprendre à faire mais au final, tout est déjà là.”

Joëlle PERSONNAZ, Architecte DPLG, (38), Session HMONP 2021. Illustration personnelle, Mélanie MOTTIER.

Savoir où construire, c’est savoir avec quoi construire

De par ma vie personnelle et certaines opportunités professionnelles, j’ai vécu dans différents territoires français. Mes racines sont profondément ancrées entre l’Occitanie et la Provence, où la pierre sèche et les mas provençaux se mêlent aux vignes et à la garrigue. Mon cursus universitaire s’est déroulé en Isère, encerclé par les montagnes, où j’y ai découvert la construction en pisé et la richesse des forêts. Ma première expérience professionnelle m’a permis de rencontrer le territoire de Beauce, qui est très agricole et presque rural, où la maçonnerie traditionnelle associe le moellon (calcaire ou silex) avec la brique et la terre. Actuellement, j’exerce en Ile-de-France, dans l’espace le plus urbanisé de notre pays.

Ces territoires offrent une grande variété de cultures constructives, et par conséquent une grande diversité architecturale lorsque notre regard se porte sur les bâtiments traditionnels. Pourtant, les architectes modernes sont de plus en plus indifférents à l’égard du territoire sur lequel ils construisent.

L’industrialisation et les prouesses technologiques du siècle passé ont rendu les matériaux plus accessibles et plus simples à mettre en œuvre. On assiste à la transformation progressive des ressources en déchets, passant ainsi d’une économie de valorisation à une économie d’élimination. Les chiffres le prouvent aujourd’hui, plus de 70% des déchets d’Ile-de-France sont dûs au secteur du bâtiment, contre 12% de déchets ménagers et 10% de déchets industriels. Pour diminuer ces chiffres, plusieurs solutions existent. 3

Le réemploi des déchets dans la construction apparaît depuis plusieurs années comme étant LA solution.

En toute franchise, que cela soit lors de ma mise en situation professionnelle ou de ma seconde expérience professionnelle, il n’a jamais été question de réemploi. Lors de ma MSP, j’ai eu l’impression que le réemploi semblait inaccessible dans une ville située en pleine campagne, et que cette démarche était jusqu’alors réservée aux chantiers des marchés publics, à plus grande échelle. Pourtant, les projets de l’Atelier Da Costa n’incluent pas non plus le réemploi.

L’utilisation de matériaux bio-sourcés ou à faible impact carbone m’apparaît comme une seconde solution (l’ossature bois, le chanvre, l’isolation paille, ou la construction en terre).

3)

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BELLI-RIZ Pierre (dir.), BENOIT Julien, FABIANI Sébastien, GHYOOT Michaël, GUICHARD Cécile, HUYGEN Jean-Marc, DE GUILLEBON Marie, TOPALOV Hugo, Réemploi, Architecture et Construction - Méthodes, ressources, conception et mise en oeuvre, Ed. Le Moniteur, 2022.

Quelques mois après mon arrivée chez Anamorphose, j’ai eu l’occasion de travailler pour deux sœurs qui souhaitaient rénover entièrement une grange, construite en terre, pour la transformer en maison d’habitation (Réf. COLOMB). Sachant que le budget de travaux était très restreint, j’ai commencé à chercher des artisans qui travaillaient avec des matériaux locaux et qui exerçaient dans la région. Je pensais qu’en me tournant vers les circuits courts de la construction, je permettrai à mes clientes de faire des économies.

Malheureusement, j’ai vite compris que cela serait une perte de temps et d’argent pour l’agence lorsque j’en ai parlé à mes collègues, qui m’ont alors répondu : “Ah non, ce n’est pas possible. Ici, ce n’est même pas la peine. Personne ne te fera une isolation en paille ou un mur à la chaux. Déjà, parce qu’ils ne savent pas faire, mais aussi parce que ça n’intéresse personne.”

Pourtant, je sais aujourd’hui qu’il existe de nombreux artisans s’intéressant aux matériaux bio-sourcés en Eure-et-Loir. Avec le recul, je comprends que l’agence n’avait pas cette sensibilité et que même si j’avais beaucoup d’autonomie, certaines limites invisibles étaient figées.

À l’Atelier Da Costa, la situation est différente, l’intérêt pour ces questions est présent mais lorsqu’il s’agit de les mettre en application de nombreuses difficultés apparaissent. L’atelier travaille majoritairement en conception-réalisation avec des gros groupes de la construction tels que Bouygues, Vinci ou Léon Grosse. Les décisions concernant la mise en œuvre, le choix des entreprises et des matériaux, nous concernent peu. De plus, les projets sont soumis à des centaines de réglementations thermiques, de sécurité incendie, d’accessibilité, de mise en œuvre, etc. Il est donc compliqué, et j’ai l’impression parfois impossible, d’utiliser des matériaux biosourcés ou bas carbone, vu les temps d’exécution restreints et les budgets limités des projets.

À mon échelle, la solution la plus accessible reste l’utilisation de moins de matière.

Lors de mon arrivée à l’Atelier Da Costa, j’ai immédiatement travaillé sur le nouveau collège d’Ivry-sur-Seine (Ref. IVRY). L’agence est très fière de dire qu’il s’agira du troisième collège d’Ile-de-France labellisé Passivhaus et HQE. À titre d’exemple, plus de 1000m² de panneaux photovoltaïques seront installés sur les toitures du projet, permettant ainsi au collège d’être autonome en électricité et d’alimenter cinq autres bâtiments.

Malheureusement, je trouve que la démarche n’a pas été poussée à son maximum. Lorsque je me suis occupée du calepinage des faux-plafonds ou celui du carrelage, j’ai cherché à réduire le plus possible les chutes. Connaissant la grande superficie du projet, nous pouvions réduire considérablement la quantité de matière utilisée. Il

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aurait suffi de désaxer le calepinage par rapport au centre de la pièce La réponse de mon patron et de la maîtrise d’ouvrage fût immédiate : leur priorité est avant tout le confort et l’aspect esthétique. Il a donc fallu tout centrer, peu importe la quantité de déchets. Je me demande encore en quoi un carreau coupé à moitié ou au quart contribue au confort de l’usager.

Je défends dans ce mémoire l’idée que les constructeurs (architectes, ouvriers, artisans, maîtres d’œuvre, bureaux d’études,etc.) doivent se réapproprier les territoires, et ouvrir les yeux sur ce qui se trouve autour d’eux. Nous avons la chance de vivre dans un pays aux paysages multiples et variés, riches en potentiels matériaux de construction qui se trouvent peu utilisés (terre, paille, chanvre, bois français, etc.). Malheureusement, il est encore préférable, plus rapide, et plus simple de construire en béton armé, alors que des bétons plus «propres» existent.

Face à cela, comment faire pour éviter que tous les projets ne se ressemblent et que l’architecture ne devienne pas une réponse simple et prédéfinie, qui ne tient pas compte du territoire dans lequel on se trouve ? Je pense que pour éviter une stérilisation de notre pratique, nous devons prêter plus attention au bâti ancien et regarder autour de nous une fois sur site, car comme le dit Joëlle PERSONNAZ “Tout est déjà là.”

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“Le patrimoine est à relire entièrement. Pourquoi le faire disparaître ? Pourquoi ne pas le réutiliser ? Réutilisons et recyclons le patrimoine. Raser un site industriel pour en faire un écoquartier, c’est être infidèle et parier sur la fin des idées. Ces sites sont des composants essentiels de notre tissu social. Ils ont structuré la morphologie de nos modes de vie. ”

Rudy RICCIOTTI, L’architecture est un sport de combat, 2013. Photographie d’un chantier - Atelier DA COSTA (projet sur lequel je n’ai pas travaillé), Pierre Lexcellent.

L’avenir c’est l’ancien

Malgré des chiffres plus que parlant, on continue de construire massivement alors que de nombreux bâtiments sont vacants partout en France. Ne serait-ce qu’en Ile-de-France, où on estime à 4 150 000 m² la surface de bureaux vides, alors qu’en 2020, il y aurait 1 300 000 m² de bureaux en chantier et livrables en une seule année4. Au-delà de l’aberration et du manque de bon sens total, les études prouvent que cela peut prendre plus de temps, d’énergie ou d’argent de déconstruire plutôt que de rénover.

À mes yeux, la démolition trouve du sens sous certaines conditions. Notamment pour des raisons structurelles et techniques, des raisons financières dans certains cas, ou encore des raisons fonctionnelles. Pourtant, la démolition ne devrait pas être un automatisme, comme c’est souvent le cas actuellement. Le déjà-là est, encore aujourd’hui à mon sens, trop peu valorisé. L’existant m’apparaît comme une ressource disponible qu’il faut se ré-approprier en l’adaptant aux nouveaux besoins.

En tant qu’architecte, nous jouons un rôle majeur dans la compréhension, la transmission et la valorisation de l’existant. J’aime défendre l’idée que tous les bâtiments forment la ville du quotidien: écoles, édifices administratifs, usines du XXème siècle, etc. Ces édifices constituent un patrimoine que les architectes se doivent de préserver. Je nomme cela le patrimoine ordinaire. Au même titre que les monuments ou sites classés, l’architecture du quotidien participe à l’identité d’une ville et l’histoire de ses habitants. C’est cette architecture que nous devons préserver pour ne pas faire table rase de notre identité.

Chez Anamorphose, la rénovation des édifices existants n’était pas réellement un parti-pris de l’agence, mais plus une conséquence directe des demandes des maîtrises d’ouvrages. Que ce soit pour un particulier ou pour une personne morale, presque tous les projets portaient sur une rénovation (complète ou partielle).

Lors de ma mise en situation professionnelle, j’ai travaillé sur deux immeubles d’habitation existants situés dans le centre d’une petite commune d’Eure-et-Loir (28), pour un bailleur de logements sociaux (Réf. ROSE). L’objectif était de repenser intégralement l’organisation des deux bâtiments en ne préservant que les murs périphériques. Notre rôle était d’adapter l’espace existant, en pensant à la fois à son optimisation, mais aussi à l’affect et l’intime lié à ces espaces.

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4) MADEC Philippe, Mieux avec moins, Ed. Terre Urbaine , 2021,Collection La Fabrique de territoires, p.51.

Illustration Martin ETIENNE, paru dans le magazine D’Architecture n°270, Avril 2019.

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Cela m’a permis de me rendre compte de la grande créativité et de la lourde responsabilité qu’il peut y avoir lorsque l’on travaille avec l’existant. À contrario, au sein de l’atelier Da Costa, 95% des projets sont des constructions neuves, mais il arrive parfois d’intervenir sur l’existant.

Par exemple, l’atelier est chargé de la rénovation du gymnase d’une ville dans le Val d’Oise (95), qui servira d’espace d’entraînement pour les sportifs des Jeux Olympiques de Paris 2024 (Réf. FRANC). Le gymnase existant ne permettant pas d’accueillir les effectifs demandés par la maîtrise d’ouvrage, le projet prévoit l’agrandissement du gymnase, la transformation totale de son enveloppe ainsi que la modification de l’organisation interne des vestiaires et des espaces administratifs. La structure bois existante sera préservée et renforcée. L’hybridité de cette intervention trouve tout son sens ici. L’existant est valorisé et l’extension permet de répondre aux nouveaux besoins de la ville.

Cependant, cela pose la question de la réversibilité de l’architecture. Il est vrai que les effectifs d’accueil importants seront nécessaires sur le temps des Jeux Olympiques, mais la commune aura t-elle l’utilité d’une si grande surface sportive dans un avenir plus lointain ? Cela soulève donc de nouvelles questions.

Grâce à ces expériences, j’ai compris qu’une rénovation demande des temps d’analyses plus longs, mais indispensables. Malgré tout, les projets sur lesquels j’ai travaillé chez Anamorphose m’ont confortés dans l’idée que la ville de demain était déjà construite. À la fois pour des raisons économiques, pour des raisons d’identités culturelles, mais aussi par souci moral. Pourquoi reconstruire ce qui est déjà présent?

En disant cela, je ne veux pas diaboliser les constructions neuves. Je remets en question l’acte de construire lorsque celui-ci devient systématique. On assiste parfois à du non-sens total, comme l’illustre très bien le dessin de Martin Etienne dans le magazine D’A d’Avril 2019, n°270. Qui n’a pas déjà vu cela ? Où se trouvent alors les architectes ? Je veux défendre l’architecture existante lorsque celle-ci représente une opportunité de projet.

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51 Rue de Chartres 28800 BONNEVAL Maître d ouvrage HLM La Roseraie Maître d oeuvre ANAMORPHOSE 16 Rue de R R N 1,05 1,24 1,55 82 1,24 89 2,59 1,40 1,24 3,12 3,44 1,20 3,61 1,02 2,74 4,63 3,04 80 2,10 2,24 6,03 1,29 3,10 3,10 4,71 8,57 10 3,40 1,06 2,89 1,10 7,09 3,88 1,02 1,24 2,10 2,66 3,19 93 1,80 1,62 Placard Elec Elec Placard Placard Chambre S: 11 98 m2 Chambre S: 9 13 m2 Séjour S: 29 96 m2 Séjour S: 35 00 m2 S d Eau S 4 32 m2 S d Eau S: 5 18 m2 WC S: 1 52 m2 WC S 1,74 m2 Chambre S: 11,62 m2 dgt S: 5,51 m2 dgt S: 2 71 m2 dgt S: 67 68 m2 dgt S: 55 24 m2 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 BAS HAUT Texte personnalisé 1 2 3 4 5 6 7 8 10 14 15 HAUT Texte personnalisé 1,24 2,24 Séjour 32 2,71 Appartement Type T 68m² Appartement Type T2 55m² Réhabilitation d’un immeuble pour la création de logements sociaux Bonneval (28) Marché privé avec une personne morale / Mission complète Réf. ROSE ANAMORPHOSE Architectes (MSP) 30
O S O d MARCHE PUBL C POUR LA REAB LITAT ON L EXTENSION DU COMPLEXE GYMN QUE RAYM BLAISEL V e de F anconv e D 0 V N E M D PLAN DU REZ DE-CHAUSSEE PROJET PRO ATD ARC PN 2 2 C U ECH 1:100 E S U U S 2 MO T O GE pE N R @ work progr ss -----8 9 0 PL PL C b A ga ex b S S é é G T OS M V R 0 S 1 S S 1 6 S 3 4 - - ---------A A B B D D F F K K N N C C E E G G Y Y Z Z A A B B H H J J M M 1 0 1 1 1 Q Q ----- - -------------- - - - - - - - ------- - - - ------ - ----------- - - - - - --h 10m sous pou re h 5m sous poutre E c Es 02 E 03 s A B b S Réf. FRANC Atelier Da Costa Rénovation et extension d’un gymnase pour les jeux olympiques Marché Conception-Réalisation / En partenariat avec l’entreprise Léon Grosse Construction 31

“Être architecte en milieu rural, cela implique qu’on a pas du tout la même façon de travailler. L’architecte s’inscrit dans un maillage social fort déjà existant. On doit être accessible.”

Camille DOMINGUEZ, Intervention en cours HMONP 2021.
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Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER.

La place des architectes dans la France rurale

Durant mon master, j’avais pour habitude de travailler sur des projets publics en collaboration avec les acteurs du territoire d’étude, aux montages économiques complexes, engagés d’un point de vue social, politique et environnemental.

Nous avons travaillé pendant un semestre sur la redynamisation du centre-bourg de Thizy-les-bourgs, situé à proximité de Roanne (42) (Réf. THIZY). En parallèle du travail en studio, nous nous étions rendus pendant plusieurs jours sur place afin de comprendre les enjeux et les envies des habitants. Cette position de proximité, caractéristique des milieux rural, nous plaçait en tant qu’architecte au centre des responsabilités et des décisions.

Quelques années plus tard, j’ai été invité en tant que bénévole avec quelques anciennes étudiantes du master, pour une nouvelle enquête in situ à Thizy-les-bourgs. Cette démarche s’est déroulée dans le cadre de la recherche/action POPSU Territoires ruraux 2021, encadré par le laboratoire de recherche Architecture, Environnement et Cultures Constructives5. Nous devions apporter notre aide et notre regard d'architecte diplômée sur un territoire que nous connaissions déjà. Notre rôle était de recueillir la parole des habitants pour comprendre ce qui crée l’attache affective en centre-bourg. Par le biais d’un redessin du bourg, et de rencontres avec des habitants, notre but était de faire réagir et comprendre l’affect matériel et immatériel présent.

Au sein de l’agence Anamorphose, j’ai découvert une pratique en milieu périurbain tout autre de ce que j’avais connu à l’école. Nous travaillions sur de nombreux projets, où les échelles de temps étaient très réduites. J’ai parfois fait quelques écarts sur le programme que les clients m'avaient fixé, où sur la volumétrie du projet souhaitée, pour leur montrer que d’autres possibilités existaient. Cependant, il était difficile de faire de nouvelles propositions, car elles prenaient du temps à concevoir. Temps que nous n’avions pas. J’ai alors compris qu’avoir une agence en milieu périurbain ne signifiait pas systématiquement de concevoir des projets engagés, mais qu’il fallait vraiment affirmer sa posture en tant qu’architecte auprès de la maîtrise d’ouvrage et des communes.

C’est pour cette raison que j’ai répondu à l'appel d'offres lancé par la Maison de l’Architecture de Grenoble, concernant la résidence d’architecture de la côte SaintAndré qui a eu lieu entre septembre et octobre 2022.

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Laboratoire de recherche Architectures Environnementales et Cultures Constructives, situé à Grenoble, (38). Equipe en place pour cette recherche: Romain LAJARGE, Clémence DUPUIS, Stéphanie DAVID, Frank LEVAIL, Pétronille BLONDON, Julie CUVELIER, Garance PAILLASSON, Alexane LATOUILLE, et Elodie FOURNEL.

Illustrations de Denis Renard, tirés du livre Le périurbain, espace à vivre. p.238, 239, 246.

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J’ai travaillé en binôme avec Garance PAILLASSON, que j’ai rencontré lors de mon master et qui fut bénévole pour la recherche action POPSU Territoire ruraux, elle aussi. Nos objectifs étaient multiples : s’intégrer dans le tissu des sociabilités par le biais des commerces de proximité, révéler la singularité de la Côte-Saint-André par l'expérimentation et les balades commentées, et enfin susciter l'intérêt de toutes les tranches d’âge en proposant divers lieux d’échanges (ateliers pour enfant, apéro collectif sous les halles médiévales, stand aux marchés, etc.)

En vous parlant de cela, je m’écarte un peu du cadre de la MSP ou de la HMONP, mais cette expérience personnelle fut très importante pour moi. En effet, malgré le fait que nous n'ayons pu aller jusqu'au bout de notre démarche, cela m’a donné un avant-goût de la responsabilité d’un architecte exerçant en son nom propre dans un milieu rural.

Ces expériences professionnelles m’ont conforté dans l’idée que l’architecte n’était pas seulement celui qui conçoit le projet derrière son ordinateur. Les professionnels qui travaillent en milieu rural ou périurbain s’inscrivent dans une identité territoriale forte, que ce soit avec les habitants, les artisans, les élus locaux ou les associations. Les intervenants sont multiples, et nos interventions le sont aussi. J’ai eu l’impression que l’architecte en milieu rural avait beaucoup plus de casquettes à porter : les enjeux politiques sont plus complexes et subtils, les clients peuvent se trouver à tous les coins de rues, les moyens de communication doivent être plus hybride, car il y a un vrai besoin d’accessibilité à l’information, etc. En ce sens, je rejoins totalement les propos de Camille DOMINGUEZ. La proximité géographique induit un ancrage fort que je n'ai pas retrouvé dans les agences en milieu urbain.

Suite à ces expériences professionnelles en milieu rural et périurbain, j’ai découvert le lien complexe qui peut exister entre les usagers et l’architecte.

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“Écouter permet d’agir ensemble, pour ne plus imposer cette sourde violence des projets hors contexte, hors sol, hors de prix. Nous le savons bien: un projet n’est bien réalisé, puis bien vécu que s’il est compris, intégré par ceux qui le vivront au quotidien.”

Philippe MADEC, “Mieux avec moins”. Photographie personnelle, Juliane TRAVERS.

Et l’usager dans tout ça ?

Les usagers ont toujours eu une place importante en architecture mais depuis plusieurs années, de nombreux outils voient le jour pour les intégrer dès le processus de conception : permanences architecturale, concertations et enquêtes, démarches participatives, auto-construction, etc.

A l’occasion de mon mémoire de master, j’avais réalisé une enquête de terrain auprès des habitants du quartier Renaudie de Saint-Martin-d’Hères (Réf. REN). Ce travail de recherche avait pour but de comprendre la spécificité de l’architecture affirmée et critiquée des étoiles de Renaudie en Isère, à travers le regard des habitants. Jean Renaudie ne peut concevoir qu’il existe une solution-type, qui réponde à la complexité qu’est l'être humain. Il ajoute même : “Une fois le chantier fini, il reste tout à construire”.

Ce travail de recherche fut très impactant sur ma vision de l’architecture. Il m’a permis de comprendre la différence entre espace conçu et espace vécu. Même en ayant les meilleures intentions, les habitants sont des individus à part entière, qui auront tous une façon différente d’utiliser et de s’approprier les projets que nous concevons. Cependant, il n’en reste pas moins primordial de les inclure lors de notre conception. L’usager, bien que non initié à l’architecture, a la capacité et ne peut être réduit à un simple occupant de l’espace.

C’est une fois arrivée dans le monde professionnel que j’ai pris conscience que la maîtrise d’ouvrage n’est pas systématiquement l’usagers du projet. Le niveau d'implication varie énormément d’une maîtrise d’ouvrage à une autre, qu' elle soit publique ou privée.

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Illustration extraite de la bande dessinée Le chantier, de FABRE Clément et GROLLEAU Fabien.

Lors de ma mise en situation professionnelle, j’ai pu réaliser les premiers rendezvous avec les maîtrises d’ouvrages au bout de quelques semaines seulement. C’est pourquoi j’ai pu rapidement me positionner comme interlocutrice directe auprès des clients de l’agence. J’ai alors découvert la confiance que certaines maîtrises d’ouvrage accordaient aux architectes. D’autant plus lorsqu’il s’agit de travailler avec des particuliers.

Pour illustrer mes propos, je retiens particulièrement deux projets : l’extension d’une maison d’habitation en région parisienne (Réf. LEF) et la rénovation d’une maison individuelle en Eure-et-Loir (Réf. LOHB). Le couple vivant en région parisienne me demandait des rendezvous hebdomadaires dès la conception, afin de s’impliquer le plus possible en amont du projet.

Pour le projet de rénovation, j’ai travaillé avec une cliente qui passait quotidiennement sur son chantier et qui m’envoyait des rapports d’avancement et photos très régulièrement, en dehors des réunions de chantier.

Il est vrai que travailler avec des particuliers demande une plus grande implication. La contribution est telle qu’il est parfois compliqué de faire la distinction entre professionnelle et personnelle. Pourtant, c’est à leurs côtés que j’ai eu le sentiment d’être plus pertinente et efficace. À contrario, j’ai aussi pu travailler pour des communes avec lesquelles je n’ai échangé que de manière très occasionnelle.

Je me souviens de l’intervention de Julie KLEIN (BASA Architectes), lors d’une session de cours théorique, qui nous disait qu’elle avait arrêté de travailler avec des particuliers, car c’était une démarche beaucoup trop énergivore pour elle, qui l'épuisait plus qu’autre chose. Sa remarque avait particulièrement raisonnée en moi, d’autant plus que lors de son intervention je travaillais uniquement avec des maîtrises d’ouvrages privées et des particuliers à l’agence Anamorphose.

Au sein de l’Atelier Da Costa, les architectes et dessinateurs ne rencontrent pas directement la maîtrise d'ouvrage, et encore moins les usagers. Manuel R. DA COSTA s’en charge et retransmet les informations au chargé de projet concerné. Personnellement, je trouve cette démarche très réductrice, car l’échange ne peut être retransmis dans sa globalité. Que ce soit d’un point de vue informatif, mais aussi et surtout, d’un point de vue relationnel.

En ce sens, l’équipe que forme le maître d’ouvrage et l’architecte, et les relations qu’ils entretiennent, ne sont pas uniformes d’un projet à un autre. Pourtant, la qualité de notre travail de conception, lui, ne doit pas varier.

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Rénovation et extension d’une maison individuelle Bièvres (91) Marché privé / Mission complète Budget du projet : env. 300 000 euros Limite parcellaire N°113 Limite parcellaire N°113 site inscrit A A 1A 1A 2A 2A SUD NORD OUEST Salle d eau Surface : 1 42 m 2 NGF N 60,89+ Parking NGF 57,86+ Terrasse 12 , 52 626 5 117 556 110 5111 243 5 299 449 5 257 5 59 5 314 7 196 281 5 411 5 260 5 280 5 Chambre Surface : 16 86 m Chambre Surface 19 81 m 2 Salle d ' eau Surface 5 84 m 2 Dressing Surface 4 92 m Garage Surface 18 15 m 2 Dressing Surface 2 57 m 2 WC Surface 1 14 m 2 Salle d eau Surface : 6 64 m 2 Couloir Surface 13 31 m 2 Chambre Surface 16 30 m 2 Chambre Surface : 12 77 m Buanderie Surface Création d une arrivée d eau en façade Conduit existant supprimer Conduit chaudière existant conserver Conduit existant conserver Modification revêtement douche Changement sol Ancien revêtement chambre modifié parquet Changement sol Ancien revêtement chambre modifié parquet Changement sol Ancien revêtement chambre modifié en parquet Conduit pour poel créer GSPublisherVersion 1063.59.64.100 C Users melanie Documents PROJETS LEFEVRE - Bièvres 3D BIEVRES PRO 04 02 2022 pln N° de plan Mr et Mme LEFEVRE 21 rue de Vauboyen 91570 BIEVRES Titre Maître d ouvrage Maître d oeuvre ANAMORPOSE Format Echelle N° de projet Dessinateur Date Etat du projet 2021 01 003 A3 Extension d une maison d'habitation Mélanie MOTTIER 09 06/2022 16 rue de la Madeleine 28200 Chateaudun 260 246 252 274 269 297 270 245 84 59 168 Revêtement sol perméable gravilloné clair Existant Extension Aménagement paysager ne faisant pas l objet du présent permis Revêtement sol perméable gravilloné clair Sol végétalisé Sol végétalisé Revêtement sol perméable gravilloné clair Coupe AA PC3 1/100 Terrain naturel Réf. LEF ANAMORPHOSE Architectes (MSP) 40

Percement sous bassement fenêtre

Percement pour passage porte

Création placard sur mesure pour ranger congélateur lave-linge et sèche-linge Attente des alimentations + évacuations Lave linge)

Attente des alimentations + évacuations

Percements pour passage conduit Pose nouveau radiateur

Déconstruction dalle existante + Ragréage + Chappe de niveau avec le séjour

Attente des alimentations + évacuations Evier + Lave vaisselle Attente des alimentations + évacuation ???

Attente alimentation + évacuation Pose élément WC Robinetterie

Rebouchage conduit de cheminée

Sablage des éléments bois de la pièce sauf éléments déjà peint en blanc

Dépose éléments de cuisine existant + Dépose faïence + Préparation d es mur s pour peinture Dépose faïence + Préparation des murs pour peinture Prévoir arrivée électrique ligne direct

Attente alimentation Pose élément baignoire balnéo Robinetterie

Attente alimentation + évacuation Pose élément bidet Robinetterie

Attente alimentation + évacuation Pose élément meuble vasque Robinetteri e

Faïence sur 2m Faïence sur 2m V M C Evacuation vidange salle d eau R+1 Coffre à prevoir

MI n° 04 2040 1260

Déplacemen ballon eau chaude MI n° 03 2040 730

cloison 7cm

Sablage des éléments bois de la pièce Pose nouveau radiateur

Dépose des coffres autour poteaux et poutre

Sablage des éléments bois de la pièce

Evacuation cuisine R + 1 dans doublage à voir Pose conduit pour poële

Dépose du tableau électrique

sous bassement fenêtre

GSPublisherVersion 949.66.71.100 GSEducationalVersion N° de plan: Réaménagement d une maison d habitation La Pichaudrie 41270 FONTAINE RAOUL Titre Maître d ouvrage Mme Lohbrunner 01 01 Rez-de-chaussée Plans diffusé à : Bâti Mr Adresse Degest Mr Adresse Folleau Mr Adresse 54321 6789101112 13 13H x 0 18 m 12F x 0 ,22 m R R ML ML 4,20 73 2,10 3,00 3,03 2,17 44 2,67 5,17 3,36 82 1,00 1,87 79 2,03 36 1,57 1,18 1,28 98 53 96 2,89 97 66 90 4,15 4,32 43 1,00 26 1,50 41 1,46 54 67 4,62 93 19 51 73 43 4,88 64 1,20 37 75 27 95 1,70 1,47 75 79 1,03 90 1,84 20 2,93 1,20 2,26 17 1,00 80 36 Plaque de cuisson cave à vin Elargissement passage + Déconstruction partielle colombage Sortie aération hotte plaque cuisson ME n°01 1060*1030 ME n°02 1060*650 ME n°03 2100*820 ME n°04 2100*1500 ME n°05 1000*540 ME n°06 1280 970 ME n°07 2100*900 ME n°08 2100 890 ME n°09 990 640 MI n°01 2100 730 MI n°02 2040 930 Elargissement passage + Création linteau cloison 110 cm Centralisation du nouveau tableau électrique Dépose et déplacement de arrivée d eau existante Pose d un nouveau radiateur Dépose du tableau électrique existant + Pose d un nouveau radiateur
Percement
Nouveau
LAVE VAISSEL LE Hotte
Réemploi porte Ancienne Chambre 01RDC Salle de bain n°01 S: 8 12 m2 Chambre n°01 S: 20,48 m Séjour n°01 S: 24 78 m2 Cuisine n°01 S: 19 13 m2 Entrée S: 6 08 m2 Garage S:
Surface habitable S: 84 03 m2 S Plancher S: 85 69 m2 1 2 3 12 H x 0 24 m 11 F x 0 21 m cave 990 Préparation d 2m d élément Réf. LOHB ANAMORPHOSE Architectes (MSP) Rénovation d’une maison individuelle Fontaine
(41) Marché privé / Mission complète Budget du projet
env. 100
euros 41
conduit VMC
aspirante Passage extracteur murale
17 23 m2
- Raoul
:
000

Dans cette première partie, j’ai voulu mettre en avant des sujets qui m’animent particulièrement depuis mes études, et qui ont été éprouvés par la réalité du métier. Mais alors comment mettre en pratique ces notions, qui restent très conceptuelles et déconnectées de la réalité si l’on ne sort pas de l'agence ?

Avant de l’expérimenter, je n’étais pas particulièrement attiré par la construction. C’est presque si j’appréhendais de me rendre sur chantier. Je craignais que tout l’imaginaire et la créativité que j’avais développé lors de la conception, s'appauvrissent une fois mis en œuvre. Pourtant, c’est tout le contraire. J’ai alors découvert un lieu chargé de longues discussions, de tensions mais aussi de réponses.

2
Le chantier comme source d’apprentissage et de réponse

«L’architecte devient, le plus souvent, un professionnel qui se détache de la glaise, de la boue des chantiers. Il observe de haut, il n’invente plus de technique, il juge. Au côté du client, il apparaît comme le garant de la morale mais se mêle de moins en moins à construire par lui-même. La responsabilité des prix, la productivité, les techniques nouvelles sont laissées à des praticiens entrepreneurs, autrement dit mercenaires du bâtiment opposés aux artistes. De ce moment commence la froideur, la décadence de l’architecture.”

Fernand Pouillon, Lettre à un jeune architecte.

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Illustration extraite de la bande dessinée Le chantier, de FABRE Clément et GROLLEAU Fabien.

Quelle place ont les architectes sur le chantier ?

Il est important de rappeler rapidement l’origine de notre métier, car la place de l’architecte sur le chantier a évolué tout au long de l'histoire. Si l’on s’intéresse un instant à l'étymologie du mot architecte, du latin arkhi et tektôn, cela désigne littéralement le “chef des constructeurs”. Ainsi à l’origine, ce terme désignait un chef mais surtout un technicien.

Au Moyen-Âge, l’architecte se rapproche du client, et acquiert une vision de plus en plus artistique. Ses compétences deviennent multiples : maîtres des mathématiques, bâtisseur, mais aussi artiste.

Au XVIIème siécle, la création de l’Académie d’architecture et la reconnaissance du diplôme institutionnalise la profession. L’architecte est alors un intellectuel, ce qui provoque une vraie rupture avec les métiers manuels et l’artisanat.

De nos jours, la dissociation des tâches entraîne une démultiplication des corps de métier gravitant autour de la construction (ingénieurs, bureaux d’étude, urbanistes, chefs de chantier, etc.) mais aussi une ignorance progressive. Chacun se contente de réaliser la tâche qui lui est attribuée, sans s’interroger sur l’avant, l’après, le comment.

Lors de la formation HMONP, on nous donne souvent l’image du chef d’orchestre pour représenter notre profession, comme étant celui qui dirige et qui “mène la barque”. Personnellement, je nuance un peu plus cette métaphore.

Pour moi, un véritable chef d’orchestre n’excelle pas en tant que violoniste, que pianiste ou encore trompettiste. Il se doit de connaître les bases de chaque instrument, et peut avoir des connaissances plus approfondies pour l’un d’entre eux. Son rôle n’est pas de savoir faire, mais plutôt de révéler l'excellence de chacun dans une finalité d’harmonie.

En ce sens, mon rôle en tant qu’architecte sur un chantier est de faire en sorte que les compétences de chacun soient dévoilées pour servir au mieux l’architecture.

Cependant, il existe une nuance que la formation HMONP m’aura fait comprendre: la différence entre la mission DET et la mission OPC.

La mission DET est systématique pour les marchés en mission complète. Elle permet à l’architecte de suivre la conformité des travaux en fonction des plans fournis, de respecter les règles de l’art et de s’assurer que les documents d’exécutions des entreprises respectent les études menées. Tant dis que la mission OPC est une mission complémentaire généralement assurée par un spécialiste de la construction, et parfois par l’architecte. Elle s’organise autour de trois fonctions : l’élaboration et tenue du planning, l’harmonisation dans le temps et l’espace, et le contrôle des transmissions des informations et des documents.

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Rénovation d’une maison de maître Châteaudun (28) Marché privé / Mission partielle Budget du projet : env. 150 000 euros

Maître d ouvrage Maître d 1 2 3 3H x 0 15 m 2F x 0 30 m 1 2 2 H x 0 23 m 1 F 0 20 m 1 2 3 4 5 6 7 1819Hx021m Fx022m 1,16 2,18 318 1,18 57 76 210 60 47 1,23 202 1,92 1,93 3,34 1,93 76 210 73 1,43 212 87 1,10 2,26 19 76 4,65 1,17 1,97 6,02 60 1,33 250 2,59 2,43 34 48 60 1,33 250 60 45 1,54 58 1,29 66 1,36 76 210 1,41 1,40 2,62 75 220 32 38 68 1,41 2,61 5,02 55 1,48 3,06 55 3,73 2,26 4,52 65 79 220 40 27 3,14 1,36 75 220 2,51 1,42 1,35 1,43 72 210 53 88 10 79 167 1,39 4,62 53 70 1,67 11 70 1,67 91 1,50 81 75 2,88 1,09 2,66 1,16 1,10 2,65 20 1,10 2,65 98 1,10 1,41 190 1,84 1,42 197 1,18 2,55 1,17 1,09 2,67 1,74 1,24 1,20 3,32 1,25 1,18 1,20 20 1,04 hsp : 3 32 hsp 3,32 hsp : 3 34 hsp : 3 24 hsp : 3 24 hsp : 3 32 hsp : 3 26 hsp : 3 34 hsp : 3 54 h sous poutres 3 46 hsp : 3 24 charron emery@gmail com VMC ECS VMC ECS VMC ECS EC/EF Bibliothèque Surface: 27 18 m2 Escalier Surface: 6 73 m2 WC S: 1,80 m2 SdB S: 6,90 m2 Chambre Surface: 15,61 m2 Chambre Surface: 19 79 m2 Chambre Surface: 26 61 m2 Chambre Surface: 21 55 m2 Couloir Surface: 10,42 m2 Dgt S: 6 07 m2 Dressing Surface: 12,75 m2 SdB Surface: 7,36 m2 SdE Surface: 3 01 m2 306 167 167 150 265 265 332 Réf. LRV ANAMORPHOSE Architectes (MSP)

L’agence Anamorphose et l’atelier Da Costa sont deux petites agences (environ cinq personnes pour chaque agence), mais la gestion du chantier est différente dans chacune d’entre elles.

Lors de ma mise en situation professionnelle, chez Anamorphose, les chargés de projet suivaient le déroulé des chantiers toutes les semaines. L’agence était régulièrement sollicitée pour des missions complètes et assurait donc la mission DET. Lorsque nous travaillions avec des particuliers, notre mission s’étendait jusqu’à l’OPC. Ainsi, la position de l’agence Anamorphose est donc claire à ce sujet : tout le monde a sa place sur le chantier, même les jeunes diplômés. C’est d’ailleurs l’un des meilleurs apprentissages selon eux. Il est important de se confronter aux problématiques du chantier et d’échanger avec les artisans pour apprendre efficacement

À l’inverse, à l’atelier Da Costa, les occasions pour sortir de l’agence sont plus rares, que cela soit pour suivre les chantiers ou rencontrer des clients. Les chantiers s’observent à distance, notamment au collège d’Ivry-sur-Seine, où les travaux sont suivis par Bouygues. Par conséquent, l’agence n’a aucun rapport direct avec les exécutants sur place. Pour l’atelier, c’est presque comme si le temps passé sur chantier était du temps perdu à la production. En ce sens, la place accordée aux architectes peut être très différente d’une agence à l’autre.

En plus de nourrir la conception des architectes, le chantier permet de comprendre l’intelligence et la faiblesse de chaque matériau, mais aussi d’avoir une exigence et un contrôle qualité en continu. “Penser que l’on peut s’abstraire de ce contact et de ce suivi, c’est condamner une profession à un seul savoir artistique et virtuel”6.

C’est pour ces raisons que je défends vivement la place des architectes sur les chantiers aujourd’hui, et encore plus sur une mission d’OPC si l’ampleur du projet le permet. Je considère que sans cette approche plus concrète et visuelle, ma manière de concevoir est appauvrie. Sans parler de prendre connaissance de la mise en œuvre des matériaux ou d’apprendre certains savoirs artisans qui nous apprennent les spécificités de leurs métiers.

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6) CHESNEAU Isabelle (dir.), Profession Architecte - Identité, Responsabilité, Contrats, Règles, Agence, Economie, Chantier. 2ème édition, Eyrolles, Novembre 2020, Collection Profession, p.59.

"L'architecte a besoin de la connaissance de ceux qui l’entourent. Et le travail des autres me fascine. Je m’en imprègne. [...] J’ai découvert des tas de choses essentielles au contact des artisans du bâtiment, des ingénieurs, de leurs travaux. Je répète souvent que je les aime. En fait, je leur dois tout, contrairement aux écoles où je me suis formé.”

“A force de réduire au minimum l’intervention de toutes les expertises artisanales, mémoire vivante de nos capacités, nous nous préparons un avenir architectural de misère. Il est impensable que les architectes continuent à s’amputer de la sorte. On ne peut être à la fois dans la plainte de ne plus trouver de bons artisans et refuser de se mouiller pour les défendre, en privilégiant, par crainte d’une équation économique non concurrentielle, des solutions qui les écartent de nos chantiers.”

Rudy RICCIOTTI, L'architecture est un sport de combat, 2013 Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER. - Chantier LOHBRUNNER, ANAMORPHOSE Architectes

Les relations architectes-artisans, un juste équilibre à trouver

Savoir pour qui je souhaite construire m’a longtemps questionné pendant mes études et j’ai souvent été sensibilisé aux usage(r)s. Au-delà de ça, je trouve que savoir avec qui construire est tout aussi important. En tant qu’architecte, nous ne travaillons jamais seuls et je l’ai réellement compris lors de ma mise en situation professionnelle. Dans cette partie, je parlerai plus particulièrement des ouvriers du bâtiment, mais tous les métiers qui gravitent autour du notre participent à l’édification du monde de demain, autant que nous.

Chez Anamorphose, la relation avec les entreprises du bâtiment ne commence pas seulement à partir de la consultation. Les membres de l’agence entretiennent une relation étroite avec certains artisans.

Comme je l’ai écrit précédemment, le contexte géographique de l’agence favorise les rapports de proximité entre les entreprises. Tout comme il y a peu d'architectes dans la région, il y aussi peu d’artisans spécialisés. Cette proximité est presque inévitable. Tout le monde se connaît, y compris entre les artisans. L'entente ou la mésentente de certains ouvriers du bâtiment est parfois un critère à prendre en considération, même s’il n’est pas déterminant. On prenait donc contact avec eux, parfois dès l’esquisse, ne serait-ce que pour avoir leur avis sur la faisabilité du projet, et leur intérêt vis-à-vis de celui-ci.

Comme je l’ai déjà présenté, j’ai eu l'opportunité de suivre et diriger deux chantiers lors de ma mise en situation professionnelle. Il s’agissait de deux projets sur l’existant: la rénovation partielle d’une maison de maître et la rénovation complète d’une maison d’habitation.

En ce qui concerne les travaux de la maison de maître (Réf. LRV), notre intervention consistait uniquement à consulter les entreprises nécessaires et suivre le chantier le temps de leurs interventions. Ainsi, les marchés de travaux se sont organisés autour de quatre lots : la maçonnerie, l'électricité, la plomberie et les menuiseries. Pour ce chantier, nous avions consulté plusieurs artisans de la région (au moins deux par lot cité), avec qui l’agence avait déjà travaillé. Il s’agissait du premier chantier que je suivais et dirigeais en autonomie complète. Tout en étant la personne référente et décisionnaire, je voulais laisser beaucoup de responsabilités aux artisans, en les consultant régulièrement pour avoir leur avis et en me rendant souvent sur place, en dehors des réunions de chantier. Le projet a finalement été une réussite dans le déroulé des tâches à effectuer. Je pense que la gestion que j’ai eu de ce chantier y a contribué. La bonne entente des artisans a été favorable au bon déroulement du chantier. Les artisans se sont sentis responsabilisés, impliqués, libres et acteurs du bon déroulé de ce chantier.

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Illustration extraite de la bande dessinée Le chantier, de FABRE Clément et GROLLEAU Fabien.

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A contrario, la rénovation de la maison individuelle a été plus compliquée (Réf. LOHB), et ce même si le nombre d'intervenants était moindre. Lors de la consultation des entreprises, la cliente avait deux critères majeurs : le coût des travaux fixé à une enveloppe restreinte et un délai d’intervention le plus court possible. Malgré les multiples conseils que nous lui avions donnés, la cliente a finalement choisi une entreprise tout corps d’état avec laquelle l’agence Anamorphose n’avait jamais travaillé. J’ai tout de même insisté auprès d’elle, pour que certains artisans spécialisés se partagent le chantier avec l’entreprise générale. Finalement, un plombier et un couvreur sont venus compléter l’équipe, en plus de l’entreprise en question, qui s'occupait du lot gros œuvre, des menuiseries, des cloisons, de l’électricité, de la pose du carrelage et de la peinture. Mon premier chantier étant achevé et s’étant bien déroulé, j’ai voulu l’organiser de la même manière. Tout en le dirigeant avec exigence, j’ai à nouveau laissé une certaine souplesse aux ouvriers du bâtiment pour que ceux-ci se sentent responsables et qu’une relation de confiance s’installe. Malheureusement, les rapports entre entreprises sur ce chantier ne se sont pas aussi bien passés que pour le précédent, causant ainsi plusieurs malentendus. Une certaine mésentente s’est installée. Par conséquent, un important retard a été pris, principalement dû à des erreurs d’exécution et à la gestion des différentes entreprises.

Suite à ces deux premières expériences de chantier, j’ai eu l’impression de moins pouvoir accorder ma confiance à l’entreprise générale qu’aux artisans de mon précédent chantier. Je voyais que les ouvriers de cette entreprise ne maîtrisaient pas toujours ce qu’ils disaient et n’exécutaient pas les tâches telles que nous les avions convenues lors des réunions. Mon avis se base sur une maigre expérience, mais il m’a été plus difficile de coordonner un chantier avec une entreprise générale qui n’a aucune spécificité, à contrario des multiples artisans, avec qui l’agence avait déjà travaillé.

Les deux chantiers que j’ai pu diriger ont été très formateurs, car très différents. Ne serait-ce dans la constitution de l’équipe et les rapports/relations qui s’y sont développés. Ayant aujourd’hui une autre expérience dans une seconde agence, je m'aperçois que ce rapport avec les artisans est quelque chose d’assez rare dans la profession. Personnellement, c’est quelque chose que j’aimerais réellement retrouver. Je perçois aujourd’hui les chantiers comme un lieu d’échange, de discussions et de partage avec les différentes entreprises présentes qui, j’en suis convaincue, ont autant à nous apporter que nous envers eux.

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“Avec le temps, j’ai commencé à voir les édifices comme la somme d’une multitude de gestes, l’agrégation de mille petites expressions personnelles. Les traits de crayon, le marquage des pièces de bois pour faciliter le montage, la régularité des joints entre des pierres, tout cela raconte des heures de travail et atteste la présence passée d’ouvrières et d’ouvriers qui ont œuvré et laissé leur trace. A qui sait regarder de plus près se révèlent les millions et les millions de coups de marteau et de ciseau, de gouge, de navette et de pinceau enchâssés dans ces œuvres collectives.”

LOCHMANN Arthur, La vie solide, La charpente comme éthique du faire.

Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER. - Projet LA RAINVILLE, ANAMORPHOSE Architectes

L’architecture n’est pas un sport de combat

En faisant un contre pied au titre du manifeste de Ruddy RICCIOTTI7, je souhaite transmettre une idée assez forte et importante à mes yeux. Dans la profession, j’ai souvent entendu dire que les architectes devaient se battre. Se battre pour défendre sa place et sa plus value en tant que professionnelle, lutter sans cesse contre l’inflation des prix et l’oppression des fournisseurs, s’armer face aux maîtrises d’ouvrages qui épurent les projets sous motif d’économie, ou encore batailler avec les ouvriers pour que la mise en oeuvre d’un détail soit bien exécuté. Ce champ lexical du combat m’épuise. Je refuse de croire en cela.

Je suis consciente qu’en tant qu’architecte, nous sommes les principaux garants du bien commun de la construction et d’une certaine esthétique de l’architecture. Nous défendons tous de nombreuses causes professionnelles, et nous devons nous placer en tant que référent pour presque avoir le dernier mot.

Pourtant, des expériences que j’ai eu à ce jour, je perçois le monde de la construction comme une aventure humaine aussi riche que complexe. Je pense que la pérennisation du secteur de la construction ne passe pas que par l’objet produit, mais aussi par la manière dont cela se produit. A ce sujet, Xavier FABRE écrit :

«Toute opération de construction constitue une aventure humaine forte, parce qu’elle réunit des compétences et des personnalités très différentes et sans doute parce qu’elle s’engage pour un temps court, mais qui dure suffisamment longtemps pour se connaître, s’opposer ou s’apprécier. Il règne ainsi, sur tout chantier, un «esprit du bâtiment» qui met en avant l’ouvrage à réaliser, l’objectif d’une œuvre commune [...]. Le chantier de construction est aussi un temps où se croisent sur le même site deux cultures de transformation du réel, la conception et la mise en oeuvre, avec des admirations réciproques et solidaires.» 8

Comme je l’ai évoqué précédemment, lors de ma mise en situation professionnelle, les chantiers sur lesquels j’ai travaillé ont été source de tension et de mésententes. Travailler et être au contact avec les artisans et les entreprises de savoir-faire, c’est une richesse incroyable pour n’importe quel participant. Pourtant, je n’en oublie pas le rôle de l’architecte, qui - en tant que chef d’orchestre - harmonise mais ajuste et corrige s’il le faut.

7) RICCIOTTI Rudy, L’architecture est un sport de combat, Ed. Textuel, Collection Conversation pour demain, 2013, 96p. 8)

CHESNEAU Isabelle (dir.), Profession Architecte - Identité, Responsabilité, Contrats, Règles, Agence, Economie, Chantier. 2ème édition, Eyrolles, Novembre 2020, Collection Profession, p.55.

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Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER. - Chantier LOHBRUNNER, ANAMORPHOSE Architectes

En donnant trop rapidement sa confiance à certains ouvriers du bâtiment, en leur donnant des libertés et en les responsabilisant trop rapidement, il est plus difficile de s’imposer en tant que référent du projet par la suite. Dans ma pratique future, je souhaite à nouveau donner certaines libertés aux entreprises, tout en ayant des limites plus précises et donc plus claires. Je pense que sans cette relation de confiance et d’égalité, il est malheureusement trop facile de tomber dans une organisation du chantier très hiérarchique, où l’architecte est complètement déconnecté de la réalité.

Je me rappelle l’intervention de Laetitia Arnoux (RA2 Architectes, Grenoble) lors d’une session HMONP en octobre 2021 qui nous avait alerté sur le fait qu’une architecture vertueuse passe aussi par le respect des relations humaines. Selon elle, nous devrions réfléchir au travail des ouvriers avant de penser au projet. Non pas pour le minimiser ou l’appauvrir mais au contraire, pour y voir toutes les ressources disponibles à mettre en œuvre. Je recherche une forme de simplicité, car la simplicité de la conception entraîne la simplicité de la construction. Cela rappelle l’importance de l’humilité dans notre profession, qui est souvent oubliée je trouve.

Je partage totalement son point de vue à ce sujet, et je pense qu’avoir une vision globale sur la mise en œuvre des matériaux et sur le déroulé du chantier, dès la conception du projet permet à la fois d’être juste et précis dans la commande du projet, mais aussi de répondre aux enjeux environnementaux de notre génération.

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et après ?

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Ayant grandi dans une famille non pas d’architectes, mais d’entrepreneurs, la HMONP me semblait être la suite logique de mon cursus initial. Je pensais que cette formation avait pour seul objectif de créer sa propre agence, dans un futur plus ou moins proche. Maintenant que l’année est achevée, je comprends que c’est bien plus que cela. Elle donne un recul essentiel sur la pratique, nécessaire pour construire un projet professionnel cohérent avec les aspirations individuelles de chacun. C’est une année de synthèse, qui permet la confrontation des idées, et le questionnement de notre identité professionnelle, mais aussi personnelle.

Ce travail de mémoire a grandement participé à mon émancipation et m’a aidé à assumer mes ambitions et revendications. Il m’aura permis de prendre du recul sur l’organisation des deux agences dans lesquelles j’ai travaillé, et de comprendre que je n’ai pas à subir une vision qui ne me correspond pas. Je n’ai pas à attendre dix, quinze ou vingt ans avant d’être légitime et d’exprimer mon avis.

Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER.

S’affirmer et s’émanciper peu à peu

Dans l’immédiat, je souhaite rester dans l’agence dans laquelle je suis pour poursuivre mon apprentissage des marchés publics. Je vois toutes les opportunités professionnelles comme des occasions pour découvrir de nouvelles manières de pratiquer l’architecture en agence. En ce sens, ma formation ne s’arrête pas avec la fin des cours HMONP, je compte bien continuer à me nourrir de chaque opportunité pour préciser encore plus ma vision sur la profession.

D’ici un an, je projette de m’inscrire à l’ordre, et de créer une société à responsabilité limitée à associé unique (EURL) afin de travailler sur des projets qui me correspondent vraiment. Mon objectif avec cette EURL est de pouvoir répondre à certains appels à projet (comme pour la résidence d’architecture de la Côte-SaintAndré par exemple) ou d’effectuer certaines missions ponctuelles, tout en étant en co-traitance avec des agences sur des affaires que je pourrai préalablement choisir.

Co-traitance en MOEX

Dans cette envie de pratiquer en dehors des murs et cette curiosité pour le monde du chantier, j’envisage de proposer le suivi de chantier d’autres agences. Par exemple, Serge OUZOULIAS conduit l’intégralité des chantiers pour l’atelier Da Costa en sous-traitance, tout en ayant ses propres projets en son nom propre. De manière occasionnelle, je pense que suivre et diriger le chantier d’un projet de confrère ne peut qu’enrichir ma pratique et mon réseau. Cette démarche me permettrait également de commencer à répondre à des petits marchés publics, pour me construire les références nécessaires à ma future pratique.

Continuer à se former

En parallèle de cette société individuel, j’ai pour objectif à moyen terme de compléter ma formation sur les sujets développés dans ce mémoire (le réemploi, les matériaux bio-sourcés, l’expérimentation du chantier, etc.) Je m’aperçois que mes expériences professionnelles n’ont pas répondues à mes attentes à ce niveau. Je veux donc trouver d’autres alternatives pour répondre à cette curiosité grandissante. Pour cela, je me tourne peu à peu vers des formations courtes proposées par BELLASTOCK, des conférences et débats organisés par “Frugalité Heureuse et Créative” en Ile-deFrance ou encore des apprentissages de plus longues durées encadrés par MOOC Bâtiment Durables ou la Maison Fleurette à Montargis.

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Une vision pour plus tard

Malgré tout, je ne m’interdit pas l’envie de faire évoluer cette agence d’ici quelques années. Je ne pourrai vous préciser dès aujourd’hui sous quelle forme juridique, à quel endroit, et avec qui se fera cette transition, mais je sais qu’elle sera nécessaire. Je ressens le besoin de continuer ma formation avant d’en arriver là. Mais soyez certains que ce projet prendra vie, lui aussi. D’ici là, j’ai déjà plusieurs certitudes.

Une association évidente

La pratique collective à long terme par l’association me semble être une évidence. Je ne peux savoir de quoi demain sera fait, ni de quand je vais rencontrer cette “âme soeur professionnelle». Peut-être l’ai-je déjà rencontré mais je n’en ai pas conscience. En tout cas, ce qui est certain, c’est qu’à mes yeux l’architecture est une profession qui se partage. C’est pourquoi, je ne me vois pas exercer de manière indépendante sur le long terme. Je vise un petit format d’agence où chacun des collaborateurs serait un membre actif et un pilier pour le groupement. Pour autant, je n’imagine pas avoir d’employé. Pour moi, cela signifierait déléguer la conception. J’ai travaillé dans deux agences où l’effectif variait entre 4 et 5 personnes, et où les dirigeants ne concevaient plus. Personnellement, je ne veux pas perdre cela. Je veux avoir la liberté de m’investir dans plusieurs domaines de la pratique et la profession.

S’ancrer dans un territoire

Comme je l’ai présenté dans ce mémoire, le milieu d’étude dans lequel je souhaite intervenir aura une grande importance, et sera déterminant dans ma conception. C’est pourquoi, je veux pouvoir prendre le temps de retourner à un territoire plus rural que je connais avant d’y développer une agence à plusieurs collaborateurs. Au même titre que Bast ou Simon Teyssou, j’aime l’idée de proximité qu’il se peut se créer avec les artisans, le paysage, ou la matérialité. Mon ambition est de pouvoir m’implanter dans un territoire fort, au tissu local très riche, pour retrouver des pratiques “hors les murs” de concertation habitante qui correspondent plus à l’image d’écoute et de partage que j’ai de l’architecture. Pour cela, la Drôme provençale ou les Pyrénées m’apparaissent de plus en plus comme une évidence. La Drôme provençale fait écho à mes racines, tant dis que les Pyrénées me rappellent mes études tout en ayant une proximité relationnelle évidente.

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Pour qui ?

Ne voulant pas m’enfermer dans un type de programme, j’aimerais idéalement pouvoir travailler à la fois sur des marchés privés (notamment des particuliers) et des marchés publics (avec des petites communes en développement). Même si ce sont deux exercices très différents, je suis persuadée que l’un permettra de nourrir l’autre, et inversement. Dans mes expériences professionnelles, les projets avec les particuliers et avec les petites communes sont ceux qui m’ont fait le plus vibrer. Il est vrai que travailler avec des particuliers demande une plus grande implication. Pourtant, c’est à leurs côtés que j’ai eu le sentiment d’être plus pertinente et efficace. Je pense que les architectes doivent rapidement se réapproprier le marché avec les particuliers en redevenant accessible, sous peine de voir émerger à tout-va des projets sans âme. En parallèle, inclure l’assistance à la maîtrise d’ouvrage ou d’usage me semble être idéal pour participer à la construction de la ville de demain, dès son origine. De plus, l’Europe compte plus de 72 000 communes, dont 35 000 uniquement en France. Comment arrive-t-on à sauver tout ce qui constitue notre patrimoine matériel, à cette échelle-là ?

Faire savoir

Ayant côtoyé les Compagnons du Tour de France lors des deux dernières années, j’ai pu découvrir à leur côté l’importance du partage et de la transmission. Lors des mes études à l’ENSA Grenoble, j’ai eu l’occasion d’encadrer certains étudiants de première année pour les aider à évoluer, j’ai alors compris à quel point l’enseignement permettait une prise de recul considérable sur la pratique en agence. A mes yeux, cela permet une grande remise en question afin de ne pas tomber dans une routine trop confortable, et de faire évoluer sa pratique. Au même titre que je souhaite partager et enrichir mes connaissances avec les ouvriers du chantier, je suis convaincue que l’encadrement de projets en école d’architecture permet d’évoluer personnellement et professionnellement.

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Photographie personnelle, Mélanie MOTTIER.
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1 seullieu -mutualisation

Atelier partagé et savoirs-faire

Dans mon idéal, les locaux d’agence seraient partagés par plusieurs corps de métier et mis à disposition, avec en son centre un atelier partagé permettant d’expérimenter et de tester à grande échelle. Un peu comme le sont les Grands Ateliers de l’Isled’Abeau pour les étudiants (38). J’imagine un lieu où les professionnels pourraient venir nous apprendre et où l’on pourrait travailler et réfléchir ensemble à des solutions constructives innovantes. D’un point de vue déontologique, je pense que le sujet peut paraître sensible, mais il est en réalité très simple : créer un atelier d’expérimentation pour professionnel afin d’approfondir nos connaissances par le partage des savoirs-faire, sans distinction de corps de métier.. J’inclus donc à cette idée, une expérimentation de la matière évidente. Je suis convaincue qu’il n’y a pas de meilleurs apprentissage qu’en testant soi-même les assemblages. L’atelier permettrait ainsi de sortir du cadre habituel de la pratique, tout en nourrissant les projets en cours et en les faisant évoluer.

Agence d’architecture amo moex charpentiers menuisiers atelier partagé expérimentation prototype ... Maçons consultant urbanisme société1 -entitéjuridique
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Conclusion

Comme une envie de frugalité

Il y a deux ans, je voulais croire en une architecture ancrée dans le besoin de ses usagers, sans artifice, précise et juste. Étant plus jeune, je voulais mettre mon imagination au service des individus, pour faire sortir de terre leurs plus grandes aspirations. Aujourd’hui, je veux défendre l’architecture pour ce qu’elle apporte à la société.

La formation HMONP m’a permis de prendre beaucoup de recul. Cette année m’a aidé à clarifier mes idées, à les approfondir et à les préciser. Pour moi, être architecte habilité à la maîtrise d’œuvre en son nom propre c’est prendre position, c’est défendre le bien de chacun en refusant des aberrations qui pourraient aller à l’encontre du bien de la société. Cette année a, plus que jamais, mis en évidence les notions d’engagements et de responsabilités liées à la profession. Elles sont multiples : juridiques et contractuelles, que j’ai pu découvrir en formation et MSP, mais aussi et surtout déontologiques, sociétales, et humaines vis-à-vis des usagers. En tant qu’architecte, j’ai une conscience morale, une éthique du faire et une envie d’apprendre des autres. Je vois la profession comme un métier porteur de sens, une pratique complexe et une responsabilité grandissante.

À mes yeux, l’enjeu de notre génération ne se trouve pas dans la recherche d’une énième technologie révolutionnaire. J’ai compris que je voulais pratiquer l’architecture de manière frugale, avec peu de moyens. Je veux revenir à l’essence de notre profession, où l’on concevait les projets sur place, en faisant avec le déjà-là, qu’il soit du bâti ou de la matière brute. Je veux revenir à une pratique plus sobre, sans artifice, où le chantier et le partage des connaissances reviennent au cœur de la pratique.

Je crois en une architecture locale, profondément ancrée dans son territoire, ses cultures constructives et ses ressources. La crise actuelle nous prouve, encore plus, l’urgence à laquelle nous faisons face. Je pense qu’il devient urgent de ne plus s’approvisionner aux quatre coins du monde, pour retrouver du sens et de la cohérence dans l’emploi des matières que nous utilisons.

Pour avoir cette prise de conscience, j’ai dû quitter mon bureau et regarder autre chose que mon ordinateur toute la journée. En allant sur les chantiers, j’ai pris conscience de toute la responsabilité de la profession. À la fois vis-à-vis des normes et de la réglementations, mais aussi vis-à-vis de l’impact de nos constructions. La construction de projets durables ne passe pas seulement par le dessin de projets en matériaux bio-sourcés. Cela implique de sortir de l’agence, de démarcher des artisans, discuter avec eux et échanger nos savoirs-faire, faire un sourcing des matériaux en question, rencontrer les personnes qui pourraient devenir de véritables ressources pour le projet, etc. Je suis intimement convaincue que la place d’un architecte est aussi sur les chantiers. Il m’est essentiel de partager mon temps entre la conception et la construction, pour toutes les raisons évoqués dans ce mémoire.

Ma mise en situation professionnelle et ma seconde expérience m’ont permis de prendre du recul sur l’enseignement que j’ai eu lors de mon cursus initial et sur les sensibilités que l’on m’a transmises. Ces expériences m’auront permis de me rendre compte que l’envie de construire durablement, avec des savoirs-faire et des matériaux locaux, n’est pas partagée par tous. Que ce soit chez les architectes, mais aussi les maîtrises d’ouvrage ou les bureaux d’étude. Il faut apprendre à discuter, pour transmettre aux personnes non-sensibilisées à ces questions. On ne travaillera pas toujours avec des convaincus, et j’en suis bien consciente.

Aujourd’hui, après deux ans d’exercice en tant qu’architecte DE, je souhaite exercer à court terme en mon nom propre. Je me sens prête à assumer les responsabilités des missions confiées à un architecte habilité à la maîtrise d’œuvre. Je n’ai pas la prétention de dire que je connais tous les aspects de la profession une fois habilité. Il me reste encore à apprendre. Mais je pense justement que c’est en cela que la profession se distingue : être architecte cela s’apprend toute sa vie.

“Concevoir sa propre approche du métier, on y travaille encore aujourd’hui.”
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9) Conférence de Marie et Keith Zawistowski, « Construire pour apprendre ou apprendre à construire », dans le cadre de la quatrième conférence du cycle « Métamorphoser l’acte de construire », proposé par le mouvement pour une Frugalité heureuse et créative.
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Merci,

Pour leur suivi et leur soutien durant cette année, je tenais à remercier :

- Mon directeur d’étude, Romain Chazallon, pour ses conseils précieux qui m’ont permis d’approfondir mes propos.

- Gaëtan Rousseau, Olivier Guiard, Jean-Claude Lemette, et Frank Sevestre, pour avoir répondu à toutes mes questions et m’avoir si bien accueilli en Beauce. Merci de m’avoir laissé ma chance.

- Manuel Da Costa, Serge Ouzoulias, Clément Houelche, et Joana Crespin, pour l’accueil et les beaux échanges au sujet du monde de demain.

- Mes amis archis qui ont, qui étaient ou qui seront un jour dans le même bateau de la HMONP. Et tout particulièrement, merci à Alexane, mon éternel binôme sans qui je ne serais pas la même. Merci à Julie et Sophie, pour leur relecture et leurs encouragements. Merci à vous les copains de m’inspirer autant.

- Ma famille. vMes parents, à qui je dois tout. Merci pour votre soutien sans faille, depuis toujours. Peu importe où je suis et ce que je veux. Surtout lors de ces deux dernières années, qui furent les plus dures. Mes grands-parents, pour m’avoir transmis la valeur du travail et l’envie de construire tout ce dont je rêve. Tatie Caro et Sandriou, qui m’ont prouvé qu’il est toujours possible de suivre un autre chemin si on le désire vraiment. Ma sœur, pour toujours réussir à trouver les mots réconfortants en période de doute même si elle ne comprend pas tous mes délires d’écolos.

- Et enfin, merci à toi. Celui qui a tout chamboulé et sans qui je n’aurai pas la même vision du monde et de l’architecture aujourd’hui. Merci de me faire découvrir l’excellence de l’artisanat, ton amour pour le travail du bois et la patience qui va avec. Merci de croire autant en moi, de soutenir dans n’importe quelle nouvelle idée que j’ai et d’écouter tous mes délires “d’architecte bobo”.

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Bibliographie

Articles

- RAGUENES Marine, "L'expérimentation échelle 1:1, comme outil de conception - 2ème partie : Architectes et artisans, valoriser des savoirs-faire”, Mémoire de Recherche en architecture, “in” sur le site internet Issuu.com, En ligne. Consulté le 17/02/2022, à l’adresse suivante : https://issuu.com/marineraguenes/docs/ragu_n_s_marine_m_moire_2020/s/ 11984603?fbclid=IwAR30wzVgurLQuwMvPuKAVf2hsdbBxBUf4MFYpuIFx_ dFKHY1emMUH6Jm9q8

Ouvrages

- BELLI-RIZ Pierre (dir.), BENOIT Julien, FABIANI Sébastien, GHYOOT Michaël, GUICHARD Cécile, HUYGEN Jean-Marc, DE GUILLEBON Marie, TOPALOV Hugo, Réemploi, Architecture et Construction - Méthodes, ressources, conception et mise en oeuvre, Ed. Le Moniteur, 2022, 224p.

BOUCHAIN Patrick, Construire autrement, Comment faire ?, Paris, Ed. Acte SUD, 2006, 192p.

- CHESNEAU Isabelle (dir.), Profession Architecte - Identité, Responsabilité, Contrats, Règles, Agence, Economie, Chantier. 2ème édition, Eyrolles, Novembre 2020, Collection Profession, 624p.

- FABRE Clément et GROLLEAU Fabien, Le chantier, Bande dessinée, Ed. Marabout, 2018, Collection MARAbulles, 128 planches.

- LOCHMANN Arthur, La vie solide, La charpente comme éthique du faire, Paris, Ed. Payot & Rivages, PETITE BIBLIO ESSAIS, 2019 et 2021 pour l’édition de poche, 182p.

- MADEC Philippe, Mieux avec moins, Ed. Terre Urbaine , 2021,Collection La Fabrique de territoires, 185p.

- SENNETT Richard, Ce que sait la main. La culture de l’artisanat, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, Paris, Albin Michel, 2010, 403p.

- RICCIOTTI Rudy, L’architecture est un sport de combat, Ed. Textuel, Collection Conversation pour demain, 2013, 96p.

- Plaidoyer du Conseil National de l’Ordre des Architectes 2022, Habitats, Villes, Territoires, L’architecture comme solution, Paris, Mars 2022, 12p. En ligne. Consulté le 16/04/2022, à l’adresse suivante : https://www.architectes.org/ actualites/habitats-villes-territoires-l-architecture-comme-solution-l-ordre-publieson-plaidoyer

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Mémoires

- ALLARD-JACQUIN Sophie, L’architecte et le patrimoine bâti, Révelons le potentiel de l’existant. Mémoire HMONP, ENSA Grenoble, Novembre 2021, sous la direction de Florian GOLAY.

- BAILLET Eugénie, L’architecte-artisans, Gentrification d’une profession ou retour aux sources du métier ? Mémoire, ENSA Nantes, Septembre 2017, sous la direction de Bettina HORSCH et Pascal JOANNE.

- CADAREC Sara, Vers une pratique décloisonnée du projet d’architecture et urbain - Réflexion sur l’association pluridisciplinaire de maîtres d'œuvres. Mémoire HMONP, ENSA Grenoble, 2015-2016, sous la direction de Paul-Emmanuel LOIRET.

- CUVELIER Julie, (Dé)Construire. Mémoire HMONP, ENSA Grenoble, Novembre 2021, sous la direction de Vincent RIGASSI.

- LARROQUET Suzanna, Retrouver le site, Mémoire HMONP, ENSA Grenoble, Juillet 2021, sous la direction de Ludovic BRENAS.

MOREAU Alix, L’architecture, artisanat ou industrie ? Mémoire HMONP, ENSA Grenoble, Novembre 2016, sous la direction de Stéphanie David.

- SCHERMESSER Laura, Réhabilitons hier, Habitons demain - Enjeux architecturaux et reconquête du bâti existant en milieu rural. Mémoire HMONP, ENSA Grenoble, Septembre 2016, sous la direction de Patrick THÉPOT.

Conférences

- Bast Architectes, C23 - L’esthétique du chantier, Un projet n’est pas une envie d’auteur mais une suite logique de choix, 2021, Ensa Clermont-Ferrand (63), inclu dans le cycle biennale “L’architecture est un artisanat” menées par l’école au cours de l’année 2021-2022. En ligne, Consulté le 18/01/2022, à l’adresse suivante : C23 - BAST (bast0.com)

- Yann LEGOUIS, Construire peut attendre. Réflexions pour un aménagement durable du territoire., Paris, inclu dans le Colloque international d’architecture, “L’usure du monde”, Mai 2022, La Société Française des architectes en partenariat avec le CNRS et le soutien de la Caisse des Dépôts. En ligne, Consulté le 11/09/2022, à l’adresse suivante : https://www.youtube.com/watch?v=EYKdF2BJkak&t=1734s

- Marie et Keith Zawistowski, Construire pour apprendre ou apprendre à construire, dans le cadre de la quatrième conférence du cycle « Métamorphoser l’acte de construire », proposé par le mouvement pour une Frugalité heureuse et créative.

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En ligne, Consulté le 20/10/2022, à l’adresse suivante : https:// www.youtube.com/watch?v=-uUv_CSsrzU&t=6627s&ab_ channel=Frugalit%C3%A9heureuseetcr%C3%A9ative

Vidéos

- Film de Garance Paillasson, Devenir Architecte, Questionnement sur les pratiques architecturales émergentes, 2021.

- Rdv du mondial du 6 Mai 2022 : Le Grand Témoin, Émission de radio avec la participation de Philippe MADEC, sur la chaine Youtube BATI RADIO. En ligne, Consulté le 20/06/2022, à l’adresse suivante : RDV du mondial du 6 mai 2022 : Le Grand Témoin - YouTube

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Glossaire

AVP : Avant projet

AOR : Assistance apportée au maître d'ouvrage lors des opérations de réception

DET : Direction de l'exécution des travaux

EDL : État des lieux

ERP : Établissement recevant du public

ESQ : Esquisse

HMONP : Habilitation à la maîtrise d'œuvre en son nom propre

MAPA: Marché à procédure adapté

MGP : Marchés globaux de performance

MOA : Maîtrise d'ouvrage

MSP : Mise en situation professionnelle

OPC : Ordonnancement, pilotage, coordination

PC : Permis de construire

PFE : Projet de fin d'étude

PRO : Projet 71

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Ce mémoire a pour but d’esquisser une définition de l’architecte que nous voulons être, ou que nous sommes peut-être déjà. C’est un mélange entre un premier retour professionnel de début de carrière, le positionnement d’une jeune femme pleine d’engagement et des considérations plus générales liées à des réflexions personnelles, des lectures, des écoutes, ou des visionnages. Il recensera mes doutes, mes peurs, mes spéculations, mes envies et mes ambitions à “un instant T”.

J’ai voulu mettre en avant des sujets qui m’animent particulièrement depuis mes études, et qui ont été éprouvés par la réalité du métier. Qu’est ce que je veux produire dans un contexte de banalisation du paysage architectural français? Quel rôle ont les architectes dans le bilan carbone catastrophique du secteur du bâtiment ? Dans quel paysage je souhaite construire? Quels sont les interlocuteurs avec qui je souhaite travailler ? Comment le chantier peut-il être vecteur de prise de conscience et de changement vis-à-vis de ces questions ?

Avant de l’expérimenter, je n’étais pas particulièrement attirée par la construction. C’est presque si j’appréhendais de me rendre sur chantier. Je craignais que tout l’imaginaire et la créativité que j’avais développé lors de la conception, s’appauvrissent une fois mis en œuvre. Pourtant, c’est tout le contraire. J’ai alors découvert un lieu chargé de longues discussions, de tensions mais aussi de réponses.

Directeur détudes : Romain Chazallon et Yannick Bouchet

Novembre 2022. Ecole Nationnale Supérieure d’Architecture de Grenoble.

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