MPS N° 10 - MASQUES ET CASQUES -Janvier- Février-Mars 2021

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MPS MEN PORTRAITS SERIES n° 10 Janvier - Février - Mars 2021

MASQUES & CASQUES

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MEN PORTRAITS _____________________ MASQUES ET CASQUES

22e /24e DYNASTIE (944-716 av JC). Masque de momie égyptienne en bois sombre précieux Sotheby's

19e

/20e DYNASTIE, (c.1203-1156 avant JC) Masque de momie égyptienne en bois clair avec incrustation d’ébène, Sotheby's

21e/ 22e DYNASTIE, (1075-716 av JC). Masque de momie égyptienne en bois sombre rehaussé de pigments, Sotheby's

La préservation de la tête, qui contient les organes des sens (vue, goût, odorat, ouïe), est un enjeu crucial de la survie après la mort. Les masques des momies assurent donc pour le défunt la permanence de sa capacité à voir, à entendre, à respirer et à se nourrir. Pour les moins riches, ils sont réalisés en cartonnage avec un mélange de bandes de lin et de plâtre. Pour les plus fortunés, ils sont sculptés dans le bois et incrustés de bronze, ou de pierres semi-précieuses à hauteur des sourcils (fig.2) ou des yeux (fig.3.)

21e/ 22e DYNASTIE, (1075-716 av JC). Masque de momie égyptienne en bois polychrome, Sotheby's

L’incrustation d’ébène pour les sourcils et de pâte de verre pour les yeux sont des techniques que l’on pratique pour des masques plus prestigieux Sous l’Ancien Empire, les traits du défunt sont parfois modelés dans l’épaisseur des bandelettes de la momie. Plus tard apparaissent des masques qui couvrent la tête et les épaules du mort comme celui, célèbre du pharaon Touthankamon, en or massif et pierreries (cf. page 27). Les masques peint et colorés affirment le caractère divin du défunt (pharaon, prince, prêtre) : la peau est jaune,

comme l’or qui est la chair des dieux, la coiffure bleue, comme celle des dieux est en lapis-lazuli. Les masques de momies en cartonnage peint ou en bois resteront en usage jusqu’à l’époque ptolémaïque. Ils pérennisent une image idéale du défunt, éternellement en éveil et dans la force de l’âge. Exceptionnellement, les masques du Moyen Empire le montre parfois moustachu ou barbu.


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LUCIO PICCININO (1509-1589) Casque de l’armure d’apparat d’Alessandro Farnese duc de Parme et de Plaisance Château d'Ambras, Autriche

Ce casque à emblème de chimère aux ailes déployées, constitue la partie supérieure de l’armure de parade d’Alessandro Farnese, duc de Parme et de Plaisance, œuvre de Lucio Piccinino (1509-1589), père fondateur d’une célèbre dynastie d’armuriers milanais. Elle fut offerte en cadeau à Ferdinand II de Habsburg, Empereur du Saint-Empire Romain Germanique par Alessandro Farnese, qui se pliait ainsi à une coutume héritée de la Rome Antique, consistant à s’offrir entre princes ces cadeaux guerriers de très grand prix. L’empereur du Saint-Empire qui régnait en maître absolu sur le monde chrétien, possédait plusieurs de ses armures de parades. Il en reçut tant en cadeaux d’allégeance - qui étaient comme autant de preuves de sa puissance - qu’elles constituent aujourd’hui la plus riche collection mondiale d’armures de parade. Cette armure est l’un des exemples les plus aboutis de l’art de Lucio Piccinino, sans conteste le plus grand gaufreur et bosseur italiens. Le style caractéristique de Piccinino est ce revêtement de surface avec son réseau d'ornements dorés en relief, orné de bandes verticales reliées latéralement par des guirlandes d'acanthe et de fruits. À l'origine, la base de ces armures étaient en acier artificiellement bleui avant d’être rehaussé de damas or et argent. Ce modèle particulièrement ouvragé et somptueux démontre l'habileté de Piccinino à concevoir une accumulation très ordonnée et harmonieuse de décorations en métaux précieux d'inspiration antique. Antonio Piccinino (1509-1589) est le premier gaufreur documenté à pratiquer à Milan où l’on atteste sa présence dès 1520 comme employé dans les ateliers d'armurerie avant d’ouvrir sa propre boutique Via degli Spadari. Ses œuvres sont immédiatement appréciées de toute l’Europe et surtout des Français. Ses qualités d'armurier étaient si appréciées qu’il obtint le privilège exceptionnel – s’agissant d’armes de guerre - de travailler à la commission, en exécutant des commandes livrées aux princes français et étrangers et … quelquefois ennemis. Il mourut à Milan à l'âge de 80 ans. Federico (...- 1595) son fils aîné, continua sur les traces de son père. Lucio (seconde moitié du XVIe siècle) fut celui qui laissa le plus grand nombre d’œuvres. C’est à lui par exemple que l’on doit l'armure de Gonzalo Fernández de Córdoba conservée à New York au MET ainsi que celle de Philippe III enfant conservée à l’Arsenal de Madrid.


MEN PORTRAITS _____________________ ARMES & LARMES Ce dessin réalisé par Michel Ange représente la tête idéale d'un guerrier vu de profil. Le casque, tout à fait fantastique, se compose de la tête d'une créature ressemblant à un chien avec une bouche béante dont le museau constitue le sommet du casque et la mâchoire inférieure une protection pour l'oreille du guerrier. L'œil perçant de l'animal est le double de celui du guerrier qu’il reflète. Une rangée de plumes et un panache figurant en son sommet un chien accroupi en position de soumission complètent le casque. Le contenu martial de cette figure est renforcé par le décor de masque du plastron et du groupe de lutteurs gravés sur l'épaule du guerrier et représentant soit Hercule et Cacus soit Caïn et Abel. Ce dessin d’une extrême qualité est considéré aujourd’hui comme une copie faite par Michel Ange lui-même, d'un original qu'il avait réalisé à la fin des années 1520/30 et qu’il avait égaré. Cet exemplaire est daté de la seconde moitié du XVIe siècle. Le guerrier représenté est supposé être un certain «Comte de Canossa». Toute la question est de savoir lequel ? La famille Canossa fut en effet une très puissante dynastie féodale qui régna pendant plus de 200 ans et compta plusieurs chefs, tous aussi belliqueux les uns que les autres ! Le fondateur de la dynastie Siegfried, comte lombard, décida, entre 910 et 930, de quitter sa ville de Lucques pour s’implanter à Parme. Très conquérant, il accrut rapidement ses territoires et consolida à la force de son épée, des liens d'amitié solides aussi bien avec la papauté qu’avec le Saint-Empire Romain Germanique, au point de s'affirmer sur les deux rives du Pô.

MICHEL-ANGE (1475-1564) Tête de guerrier (Conte di Canossa), 1550-1560 The British Museum

Laissant planer le doute quand à l’identité exact du comte de Canossa représenté, ce portrait pourrait cependant être plus probablement celui du fils de Siegfried, Adalbert Atto (939-988) dit Attone, qui fit de Reggio d'Émilie sa place forte, débuta la fortification du territoire et construisit le célèbre château de Canossa (945-950), qui devint le cœur de son royaume. Mais le portrait pourrait tout aussi bien être celui du petit fils de Siegfried, Boniface, réputé être le seigneur le plus puissant après l’Empereur luimême. Boniface de Cannossa vécut de l’an 1000 à 1052 et ses possessions comprenaient les actuelles Toscane, Émilie-Romagne et Lombardie auxquelles s’ajoutaient de vastes zones dans le reste de L’Europe, dans les actuelles Belgique, Luxembourg, France et Allemagne. De son second mariage naquirent Béatrice et Frédéric, morts jeune, peut-être empoisonnés accidentellement, et Mathilde (10461115) qui mourut sans laisser d'héritier et signa ainsi l’extinction à la fois de la dynastie régnante et de la maison des Canossa. Leurs vastes territoires en Italie et en Europe se fractionnèrent en mille morceaux, certains châteaux restant aux mains des descendants de la sœur d'Adalbert Attone, un certaine Prangarda, d'autres tombant dans les mains des seigneurs locaux, certaines possessions restantes étant englobées de fait dans les territoires pontificaux.. .Del’immense puissance passée de ce royaume de Canossa, il ne reste aujourd’hui que les ruines du château de Canossa et cet emblématique portrait dont le prénom n’a jamais pu être clairement identifié. Sic transit gloria mundi…


MEN PORTRAITS _____________________ MASQUES ET CASQUES L’été en boucle d’oreille et le printemps en collier, l’automne dans les cheveux et l’hiver sur le visage. Cette déclinaison choisie par Arcimboldo pour représenter toutes les saisons sur un seul visage reprend très largement des éléments des Saisons peintes en 1563 et offertes à Maximilien II de Habsbourg en 1569. On a peu près tout dit sur Arcimboldo qui n’eut jamais d’élèves mais qui inspira tant de Surréalistes quelques siècles après sa mort. Le philosophe français Roland Barthe, très féru de sémantique, avança dans les années 1980, une analyse originale de l'œuvre d’Arcimboldo, basée sur une explication langagière. Selon lui les tableaux utiliseraient les nombreuses analogies entre le corps et des éléments naturels, que comprend la langue de son époque, comme base de la construction de ses tableaux. La langue française a conservé certaines de ces expressions : la prunelle des yeux ou la banane, pour décrire un large sourire ou les cheveux en épi, voir les fesses en gousse d’ail ou la patate nasale, quand ce n’est pas la pomme d'adam. Pourquoi pas ? Les Saisons est une série de quatre tableaux peints par Giuseppe Arcimboldo en 1563, en 1569, en 1572 et en 1573. Ils furent offerts à Maximilien II de Habsbourg, accompagnés des Quatre Éléments (peints en 1566).

GIUSEPPE ARCHIMBOLDO (1527-1593 Les 4 saisons en une seule tête, 1590 Collection particulière

Y fut joint un poème de Giovanni Battista Fonteo (1546-1580) qui en explicite le sens allégorique. Ses tableaux sont une glorification de la maison des Habsbourg, non sans ironie, car sous ces portraits phytomorphes, on sent bien l’influence de la caricature italienne, genre cher à Léonard de Vinci. La variété des origines des végétaux représentés témoigne de l'immensité des territoires de la famille impériale et l’utilisation allégorique des saisons sert probablement à signifier la permanence de leur empire. Chaque tableau est constitué d’un portrait de profil, composé d’éléments rappelant la saison. L’Hiver regarde ainsi Le Printemps et L’Automne, L'Été. Les quatre saisons sont représentées sous les traits d'un homme, depuis l'adolescence jusqu'à la vieillesse. De la version originale subsistent L'Hiver et L'Été, conservés à Vienne en Autriche, et Le Printemps, conservé à l'Académie royale des beaux-arts de Madrid. Parmi les versions les plus connues figurent celles du musée du Louvre, copies faites par le peintre à la demande de Maximilien II pour en faire cadeau à Auguste de Saxe. Les tableaux se caractérisent par un encadrement floral qui n’existait pas sur la première version.


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AISON (attribué à…) Coupe « Canthare « à figures de Femme et de Tête de Satyre, 420 av. JC The MET, NYC

La coupe Canthare était une coupe assez profonde, proche de la forme d’un vase plutôt que de celle d’une coupe (kylix). Elle était utilisée dans la Grèce Antique pour boire du vin. La coupe Canthare se caractérise par deux anses hautes et verticales qui tiennent et ornent le récipient. Le magnifique coupe Canthare ci-contre, en terre cuite à « figures rouges », avec têtes de satyre pour une face et de femme pour l’autre face (cf. illustration), provient des fouilles de Spina et a été attribuée au célèbre peintre antique Aison, connu pour avoir réalisé un grand nombre de vases à motifs de têtes. L’exemplaire ci-contre est sassez inhabituel en raison d’un bec verseur bec introduit dans le cou de la face féminine de la coupe, suggérant, selon les spécialistes, que cet exemplaire a pu être utilisé pour des offrandes sacrées plutôt que pour un usage domestique. Le rendu de la tête du satyre est incroyablement sculptural avec ses deux oreilles dont les pavillons sont précisément scultpés et creusés. Aison (Αἴσων) était un peintre sur vase attique du Ve siècle av. J.-C. actif entre 430 et 400, qui s’est particulièrement illustré dans la figure rouge, un type de céramique dans lequel le motif est peint en rouge sur un fond noir. Soixantaine-quatorze vases sont formellement attribués à Aison à ce jour. Ses œuvres se retrouvent aujourd'hui dispersées dans plusieurs musées du monde entier. Son style se caractérise par des figures classiques inspirées du Parthénon, avec une approche très réaliste et en ayant soin de rendre très distincte chaque figure qu’il donne à ses vases. Ses réalisations avaient un tel succès qu’elle s’exportaient jusqu'en Italie du sud. On trouve souvent des canthares dans l'iconographie des rituels initiatiques du culte de Dionysos, dont il est un attribut. Le dieu lui-même avait inventé le vase, et personne, pas même Héraclès (au culte duquel il est parfois aussi associé), ne pouvait le vider. Une seule goutte du vin sans pareil qu'il contenait pouvait enivrer un homme, sans provoquer aucun des effets désagréables de l'alcool. Certaines coupes canthares comme la Coupe des Ptolémée, sculpté, dans un monolithe de Sardonyx sont classées parmi les objets les plus précieux de l’humanité. Faisant partie du Trésor des Rois de France, elle est aujourd’hui conservée au Cabinet Des Médailles de la Bibliothèque nationale de France.


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Le mot Batak désigne en Indonésie une ethnie de plus de 6 millions de personnes, vivant dans la province de Sumatra du Nord. Les Bataks se répartissent en six groupes qui partagent des traits linguistiques et culturels communs. Peuple de rites et de magie, les Bataks vivent sur les hauts-plateaux, autour du lac Toba. Convertis au Protestantisme ou à l’Islam, ils continuent de pratiquer des rites tribaux liés au culte des ancêtres. La religion des différents groupes Bataks repose sur un même principe : la vie est gouvernée par le tondi, esprit de la vie présent dans chaque être, et le begu, esprit pouvant être dangereux, souvent associé à la mort. Mais les Bataks et en particulier les Karo, accordent plutôt de l'importance aux dieux intermédiaires et surtout aux esprits. Il existe des rituels de purification des mauvais esprits du village : les journées saintes et les fêtes rituelles (robu tabu) s’achèvent généralement par des offrandes ou une formule magique. La magie en général est très présente chez ce peuple de Sumatra et l’usage des masques sdans les rituels de magie occupen la premier place, comme c’est le cas dans de Nombreuses civilisations a travers la planète. C’est au guru, le prêtre magicien, que revient le soin de fabrique les objets magiques et les masques. Tous les objets acquièrent leur caractère magique après l'ajout d'une substance, le pupuk. Les objets magiques comprennent aussi des statues gardiennes placées aux abord du village pour éloigner les esprits malfaisants. La fabrication d’amulettes et de masques par le guru s’inscrit dans sa fonction de maintien de la vie. Les rôles pouvant être attribués à ces objets sont très divers, et ils sont essentiellement protectrices (pagar). Ils peuvent avoir un double but : aider à repousser les maladies, et éloigner les mauvais esprits du porteur. Les objets magiques dont les masques donnent ainsi une protection à leur porteur. Au cours de certains rituels, les signes présents sur les masques peuvent être utilisés afin de se protéger des sortilèges lancés par un ennemi, voire de les retourner contre lui.

MASQUE BATAK Bois sculpté et corne Sumatra (Indonésie)


MEN PORTRAITS _____________________ MASQUES ET CASQUES Pendant le Carnaval, les masques et costumes garantissent l'anonymat, au point qu’il est même possible de mentir sur sa classe sociale, son sexe, sa religion. La joie et l’anonymat sont au cœur du Carnaval. C'est un temps pour oublier le quotidien et tous les préjugés. Le fait d’endosser un costume ne suffisait pas, le carnaval de Venise (dont une scène est représenté ici par Tiepolo) était un état d’esprit tout entier. Il fallait donner un personnage à son costume et le jouer. Inspiré de la Commedia dell'arte, le déguisement traditionnel est la bauta, comprenant le tabarro, la larva et le tricorne, ou encore le masque d’Arlequin. C’est le plus ancien masque du carnaval. Ses origines sont médiévales. Son costume se compose d'un masque noir et d’une robe à losanges multicolores. C'est un masque Lombard, appartenant à la Commedia dell'arte. La bauta est l'un des costumes les plus courants dans le carnaval. La forme particulière du masque assure la possibilité de manger et de boire sans avoir à l’enlever. L’autre costume typique de Carnaval est la Gnaga, composé de vêtements féminins et d’un masque de chat. La personne porte un panier à son bras qui habituellement contient un chaton et émet des sons stridents, et des miaulements moqueurs. Beaucoup de femmes portaient un déguisement appelé moretta. Il se compose d'un petit masque de velours noir et d’un chapeau délicat. La moretta était un déguisement peu pratique. Le masque devait tenir sur le visage en le tenant avec la bouche à l’aide d’un bouton à l’intérieur du masque.

GIANDOMENICO TIEPOLO (1727-1804) Scène de carnaval Huile sur verre Collection particulière


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MASQUE DE DUYONISOS TAUROS, Seconde moitié du IIe sièc̀le, bronze, Rome Musée du Petit Palais, Paris

Ces têtes évidées à l’arrière furent d’abord destinées à être portées comme des masques puis, dans l’Antiquité tardive, à faire partie du décor mis en place dans la maison. Ces masques dits bachiques ont été soit forgés dans du bronze, soit taillés dans du marbre comme ceux découverts dans la Maison des Travaux d’Hercule (à droite). Il faut les imaginer décorant tout un mur de salle à manger où ils symbolisaient - en association avec Bacchus (le Dyonisos grec) - le renouveau permanent et donc l’éternité. Bacchus d’ailleurs n’était pas le seul dieu ainsi mis en masques dans l’Antiquité romaine : il pouvait y avoir aussi des Pan, des silènes, des satyres, des ménades ou des Horae représentants les saisons couronnées de fleurs, d’épis de blés ou de pampres. Ces masques pouvaient aussi servir d’inspiration aux déguisements des Bacchanales, ces fêtes religieuses à l’origine mystiques et secrètes, dérivées des Dyonisies grecques, qui dégénérèrent, dans la Rome Antique, en culte orgiaque. Les hommes y feignaient des fureurs sacrées et les femmes déguisées en Bacchantes, couraient vers le Tibre avec des torches. Cette secte d’initiés célèbres pour ses multiples débordements sexuels et qui comptaient dans ces rangs des membres de la haute société et de l’aristocratie romaine perdura pendant plus de 2 siècles jusqu’à ce qu’un scandale mettant en cause la sûreté de l’Empire n’y mette un terme. C’est sans doute à partir de cette période que les masques quittèrent les rues de Rome et leurs orgies pour rejoindre sagement les murs de salles à manger patriciennes !

Masque bachique Ra 36 e Musé́e d'Archéologie de Toulouse

Masque bachique Ra 36 d Museée d'Arché́ologie de Toulouse


MEN PORTRAITS _____________________ MASQUES ET CASQUES Le point de départ de l'affaire dite du « Masque de fer » est la mort, le 19 novembre 1703 à la Bastille, au terme d’une longue captivité, d'un prisonnier dont nul ne connaissait ni le nom, ni le motif de l'incarcération. Il aurait été enterré dans le cimetière de l'église SaintPaul sous le nom de Marchiali, bien que d'autres sources indiquent les noms de Marchioly, ou Marchialy et avec une fausse indication d’âge. Sur cette base, l'histoire a été considérablement amplifiée, déformée et fantasmée, avant que la politique ne s’en empare. Sous la plume de Voltaire, L’Homme au masque de fer devint le symbole de l'absolutisme monarchique, Louis XIV faisant emprisonner en l’occurrence son supposé frère jumeau pour qu’il ne ne songe pas à faire de l’ombre à son propre soleil ! Masquer avec un « loup » (un demi-masque de velours) les prisonniers détenant des secrets d'État étant une pratique courante à l'époque, mais bizarrement cette fois-ci on supposa que, le masque de fer, cachait le Surintendant des Finances, Nicolas Fouquet, coupable de détournement massif et avéré de fonds publiques employés pour améliorer son propre prestige ! La propagande révolutionnaire amplifia la légende crée par Voltaire et installé l'idée que l'Homme au masque de fer aurait été non plus le demi frère mais le fils illégitime de Louis XIV, le comte de Vermandois. Selon cette version de la légende, Louis de Bourbon, comte de Vermandois né le 2 octobre 1667, fut condamné à un emprisonnement perpétuel pour avoir, à l'âge de 16 ans, donné un soufflet au Dauphin. « Pour envelopper ses traits d'un voile impénétrable, on lui couvrit le visage d'un masque de fer dont la mentonnière et les ressorts d'acier lui permettaient néanmoins de prendre sa subsistance. »

ALPHONSE DE NEUVILLE (1839-1885) Le masque de fer au cachot

Récemment, les Archives nationales de France ont mis sur leur site web l les données relatives à la découverte des inventaires des biens et des papiers du geôlier de l’Homme au masque de fer (l’un fait à la Bastille en 1708, l’autre fait en la citadelle de l’île Sainte-Marguerite en 1691. Ces documents (au nombre de 800) qui avaient été recherchés sans succès depuis plus d’un siècle et que l’on croyait perdus, ont été découverts en 2015 parmi quelques 100 millions (!) de feuilles du Minutier central des notaires. Une partie des 800 documents en possession du geôlier Saint-Mars ont été analysées par un notaire. Rien d’autre n’a pu être démontré si ce n’est que l‘homme au masque de fer a bien existé et qu’il s’est littéralement fait dépouiller par son geôlier SaintMars, même si sa fortune, qui avait été chiffrée (sans preuves) à 2 millions de livres, se révèle être de 300 000 livres seulement. Ce qui est certain c’est que Nicolas Fouquet n’aurait jamais affronté les geôles royales avec aussi peu d’argent en poche… mais cela ne nous dit pas toujours pas qui était l’Homme au masque de fer….


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PAUL_FÜRST (1608-1666) Der_Doctor_Schnabel_von_Rom_ Medecin de peste, 1656

Le Médecin de la Peste (Il Medico della Peste) était un personnage de la Commedia dell'arte qui portait un « masque vénitien » typique à bec de vautour, le tout premier masque hygiénique jamais inventé par l’homme. Sa forme macabre est due à Charles de Lorme (1584-1678), qui fut le Premier médecin de trois rois de France, Henry IV, Louis XIII et Louis XIV. Le masque vénitien destiné à protéger de la peste et des autres miasmes était normalement blanc, composé d'un bec creux, de deux trous destinés à être recouverts de bésicles protégeant les yeux (qui sont aussi des muqueuses). Des épices, herbes aromatiques et divers ingrédients (thym, matières balsamiques, ambre, mélisse, camphre, clous de girofle, laudanum, myrrhe, pétales de rose, styrax, vinaigre des quatre voleurs) imprégnaient des éponges enfilées et tassées à l'intérieur du bec, d’une longueur fixée à un demi pied (16 cm,) et le plus souvent ouvragé dans du carton bouilli recouvert de cuir. Deux trous sur les côtés permettaient de respirer. Le reste du costume était constitué d’une longue tunique faite en cuir (du Levant ou du Maroc) ou en toile cirée, complétée par des jambières, des gants, des bottes et un chapeau, tous faits en cuir ciré. L'ensemble du costume était imprégné avec les mêmes herbes aromatiques que le masque dont l'aspect terrifiant servait aussi à imposer le respect et l'autorité en ces temps troublés de grande peste.


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JAMES ENSOR (1860-1949) Squelette arrêtant des masques, 1891

Sur tous les continents, dans toutes les cultures, le Carnaval et la Mort ont toujours fait bon ménage. Doit-on s’en étonner ? Non, si l’on considère la fonction apotropaïque, c’est-à-dire qui éloigne le mauvais sort, du masque dans toutes les cultures. En effet les masques dont presque toujours créditer d’absorber le pouvoir et les caractéristiques des êtres surnaturels (démons, esprits, morts) qu’ils incarnent. En devenant eux, en quelques sorte, il les neutralisent un moment avant… de pouvoir les supprimer. Le masque de carnaval est donc un piège qui se referme sur l’esprit qu’il incarne. Car à la fin de Carnaval, l’ordre qui a été bouleversé sera rétabli par la cérémonie de la lecture du « testament » ou par les « funérailles » du carnaval pendant lesquelles on brûle souvent l’effigie du « Roi Carnaval » représenté par un mannequin ou une poupée de chiffon. Quelquefois aussi, l'image du carnaval est noyée ou décapitée. Les travestissements en tous genres, les bals nocturnes masqués, les parades publiques du dimanche gras et du mardi gras sont les principales distractions et les points de repères forts de Carnaval, mais quelle que soit la splendeur de la parade, elle finira par la destruction des objets qui l’ont constituée, costumes extravagants, chars et en premier lieu, masques qui ont incarné les démons. Dans son essai Le Sacré et le Profane, Mircea Eliade écrit : « L'abolition du temps profane écoulé s’effectuait au moyen des rites qui signifiaient une sorte de « fin du monde ». L'extinction des feux, le retour des âmes des morts, la confusion sociale du type des saturnales, la licence érotique, les orgies, etc. symbolisaient la régression du cosmos dans le chaos ». Le tableau ci-contre de James Ensor, semble illustrer ce propos tant la mort mêlée aux autres masques mène la danse avec eux et les conduit presque de façon inéluctable vers leur propre fin programmée.


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MASQUES DE CORÉE Masque de théâtre pour un rôle de vieux, Dynastie ,Joseon. Corée, 1600 Bois et crin de cheval . 20.3 x 6.1 cm The Cleveland Museum of Art

Les masques de théâtre coréens sont fabriqués à partir de bois, mais également de courge, de calebasse ou de cuir, de papier mâché et même de fibres de riz. Ils tiennent sur le visage grâce à une attache en tissu noir qui maintient également les cheveux. En Corée, les masques traditionnels sont désignés par le mot 탈 (Tal) qui est synonyme de « difficulté », voire même de « maladie ». C’est la raison pour laquelle lorsque ces masques étaient utilisés dans les rites religieux pour protéger les villageois des mauvais esprits, on les vénérait autant qu’on les craignaient. Ces masques étaient d’ailleurs brûlés après utilisation ou conservés dans des sanctuaires bien protégés. Durant les nombreuses guerres qui ont éclaté sur la péninsule coréenne, les soldats et même leurs chevaux portaient des masques pour intimider l’ennemi. A cette même époque, il n’était pas rare que les masques soient inspirés par le visage d’une personne défunte pour lui rendre hommage. C’est ainsi que ces masques ont commencé à entrer dans la culture du pays et que les artistes les ont appropriés pour accompagner leurs costumes de théâtre et mieux caractériser leur personnage. Les masques représentaient des hommes, mais également des animaux ou des divinités traditionnelles. Assez fréquemment, les comédiens créaient des masques qui représentaient non seulement des grands types de caractères humains mais aussi des individus précis, tel ou tel personnage de haut rang ou tel homme politique connu, le but étant évidemment de les caricaturer. Les masques servaient aussi comme dans toutes les utilisations théâtrales, de la Commedia dell’arte au Théâtre Nô, à caractériser les grands types humains. Dans le théâtre coréen il y avait quatre principaux thèmes où s’illustraient ces masques : l’avarice mêlée à la stupidité des aristocrates ; le triangle amoureux mari, femme et maitresse ; la débauche et la corruption du clergé ; la vertu récompensée. Destinés à grossir le trait, ces masques offraient également un bon moyen de cacher son identité face aux autorités qui voyaient souvent d’un mauvais œil certaines représentations controversées des dirigeants du pays. Cela donnait donc la liberté aux comédiens de se produire anonymement et de dénoncer les problématiques sociétales du moment en soulevant l’espoir d’un avenir meilleur.


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FRANCIS PICABIA (1879-1953) Clown, 1932-1937 Collection particulière

Par définition, le masque, symbole du transfert d’identité, cache, cherche à abuser mais n’exprime rien en lui-même. Pour signifier quelque chose, il a généralement besoin de l’homme, de sa voix et de ses gestes, même si l’homme qui le porte s’en sert comme une loupe grossissante de ses propres émotions… ce qui est précisément le cas des clowns. Ici, il s’agit d’un masque de clown blanc, censé être particulièrement expressif et souvent crédité d’être une allégorie du désir homosexuel. Ainsi le clown porterait un masque blanc « bruyant » pour cacher, par son vacarme, un drame ou une violence intérieure. particulièrement intense. « Il ressemble à la conscience expulsée du personnage ». Sous le masque du clown se devinent la blessure de l’enfant abandonné, la mélancolie, la narcissisation contrariée, la solitude. L’image du clown correspond souvent à la libération sans mesure de refoulement ou de sentiments qui ont été trop longtemps contenus. Le masque exprime alors une échappée trop forte des pulsions trop longtemps réprimées et prend, de ce fait, une forme caricaturale aux grimaces déraisonnables. Dans cette déraison, le clown et son masque peuvent exprimer une menace mortelle pour les fonctions vitales, comme ce fut le cas dans un célèbre film récent où le clown blanc devient sanguinaire, méchant et meurtrier. Dans ses excès, le clown représente les pensées incontrôlées qui ne sont plus soumises à la raison, des comportements qui échappent à la « normalité » et au rationnel. Rêver de clown dans son sommeil peut être parfois interprétée comme le signe avant-coureur d’une dépression ou d’une fatigue nerveuse extrême. La représentation normale de l’individu se dégrade. Le clown se substitue à elle en parodiant les autres comportements humains.


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JEAN-MICHEL BASQUIAT (1960-1988) Face, Huile sur toile, 1981 Collection privée

En 1981, date de cette toile, Jean-Michel Basquiat, était loin d’être aussi célèbre qu’aujourd’hui. Il fait de la peinture sur toile, représente le plus souvent des personnages squelettiques et des visages qui ressemblent à des masques (comme le masque ci-contre). Ces œuvres traduisent son obsession de la mortalité de l’Homme. Il peint aussi des éléments tirés de sa vie dans la rue : voitures, bâtiments, policiers, jeux d'enfants, graffitis… Un année à peine après avoir peint cette toile, il rencontre Andy Wharol. Une encontre décisive pour Basquiat qui voulait devenir aussi célèbre que Wharol. Ce dernier était la clé de la stratégie de Basquiat. Il chercha à le rencontrer absolument et possédait même une photo de lui audessus de son lit. En 1982, il l'aborda dans un restaurant pour lui proposer ses cartes postales puis se rendit dans son atelier. Petit à petit, ils s'attachèrent très fortement l’un à l’autre et devinrent de très bons amis. Ils s'affichèrent dans des lieux publics à la mode puis, ensemble, créèrent plus d'une centaine de toiles. Basquiat représenta d'ailleurs Wharol sous la forme d'une banane dans Brown Spots (Portraits of Andy Warhol as a Banana). Les deux artistes possèdaient un style qui leur était propre et étaient deux légendes de l'art contemporain. Pour Warhol, Basquiat était « un miroir reflétant ce qu'il avait été, ce qu’il était et ce qu’il aurait rêvé d'être ». Leur rencontre fut donc marquante sur le plan artistique mais également personnel. En 1985, ils réalisèrent ensemble des toiles qu'ils exposèrent à Zurich, mais qui furent très critiquées. A partir de cette exposition, une forme de discorde s’installa entre eux et Basquiat plongea dans la toxicomanie. La drogue, réalité très ancrée dans le monde artistique new-yorkais des années 70-80, constitua une source de productivité importante pour Basquiat, mais, elle accentua ses angoisses et son mal-être. Ce visage « masque noir » en est un parfaite illustration. Profondément affecté par la disparition d'Andy Warhol en 1987, Basquiat commença à mener une existence recluse et produisit peu. En 1988, il déclara être guéri de son addiction. Dix jours plus tard, il était retrouvé mort dans son studio de Great Jones Street qu'Andy Warhol lui louait, d'une overdose d'héroïne et de cocaïne. À 27 ans, il laissa derrière lui une œuvre de plus de huit 800 tableaux et 1500 dessins.


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Casque de cavalerie en fer destinée au corps d’élite Equites Romani. 1er siècle

Le casque romain (galea) est un élément très représentatif de la Légion. Il est le produit d'une sélection et d'une évolution qui accompagne les progrès de l'art militaire. Il en existe au moins une vingtaine de types, très différents selon les époques et les corps dans lesquels ils ont été utilisés. Les deux casques représentées ci-contre sont du type casque de Nimègue, de Guisborough, de Kalkriese ou de Weiler du nom du lieu où ils été retrouvés lors de fouilles. Ce genre de casques dit « à visages » semble avoir été porté de préférence par l'élite de la cavalerie. Le casque pouvait être en fer (cf. image de gauche) avec des parties en laiton décorées de faux cheveux, de lauriers ou de serpents se rejoignant au sommet. La protection du cou était en bronze plaqué d'argent. Il pouvait être aussi en cuivre et le diadème comportait alors des figures (cf. image de droite) représentant le plus souvent des divinités guerrières (la Victoire, Mars, Minerve…)

CASQUE DE RIBCHESTER Masque de cavalier en cuivre, Fin du 1er siècle British Museum


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© Man Ray, Paris 1927

Bruce Wayne, alias Batman, est un super-héros de fiction appartenant à l'univers de DC Comics. Créé par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger, il apparaît pour la première fois en mai 1939 dans le comic book Detective Comics No 27, sous le nom de The BatMan. Mai 1939 est la date portée sur la couverture mais la date réelle de parution est le 30 mars 1939. Batman possède un costume en kevlar qui le protège des balles et inspire la peur dans les bas-fonds de Gotham. Les détails de ce costume ont changé avec le temps, mais certains éléments sont restés invariables : la cape en nomex qui le rend insensible au feu ; le masque aux oreilles pointues comme les chauve-souris, couvre la majorité du visage sauf la bouche ce qui lui laisse un côté humain que n’ont pas d’autres héros de l’époque. Notons s’agit à la fois d’un masque et d’un casque ! La ceinture multifonctions et le symbole de la chauve-souris gravé sur la poitrine. En 1964 une ellipse jaune fut brièvement ajoutée. Les couleurs sont passées du bleu nuit à gris clair, puis noir et enfin gris foncé. La longueur de la cape ou des oreilles dépend beaucoup des dessinateurs. Les yeux, parfois visibles, sont, le plus souvent, masqués derrière des fentes blanches. Dépourvu de super pouvoirs pour combattre le crime, Batman compte uniquement sur sa condition physique et sur ses gadgets.

HIPPOLYTE-PAUL DELAROCHE L’Empereur Napoléon 1er en 1814 (peint en (1840) .


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LEONARDO SCOTTO Autoritratto di ostinazione (Autoportrait de l'obstination).

Que voit-on ? Un visage fabriqué, reconstitué, un masque d’un visage « idéalisé « fait avec les propres mains du photographe, en recréant avec une main les deux yeux, et avec l’autre, la bouche. Ce masque charnel pourrait illustrer la phrase du psychanalyste Jacques Lacan « Nous avons un corps, nous ne le sommes pas ». La passion de l’homme pour son image, pour un masque fixe, bien fini, se comprend aisément. S’y attacher, c’est nourrir l’espoir de faire « un » à nouveau de manière immuable et ce, pour l’éternité… de ce que peut durer un corps. L’idéal du corps promu par les sociétés modernes en est une illustration. Le « zéro défaut » tient le haut pavé. Les figurines de papier glacé comme les mannequins aux visages de cire sont des modèles d’immobilisme qui réveillent la croyance en l’unité bienheureuse. « Au romantisme noir de la beauté vénéneuse a succédé le happy end de la beauté pacifiée, lisse, univoque. » constate Gilles Lipovetsky. Pas de débordement, ni de variation. Des visages figés comme des masques, dénués d’expressivité à l’instar de ceux recrées par la chirurgie esthétique afin d’en résorber les traces du temps et par là-même, la jouissance. Comme en écho à ces propos, cette photo vient illustrer le contraire : une intranquillité permanente du corps obtenue par la re-création factice et très momentané d’un visage que la pilosité vient troubler en des endroits incongrus. Le geste lui-même n’est pas anodin, qui plaque littéralement à la force des mains, ce masque improbable sur le visage existant que du même coup il efface. Ce masque du nouveau visage fait à la force des doigts sert à bâtir un « autoportrait obstiné » du photographe mais aussi fonctionne comme une allégorie de sa profession même : rendre des visages.


MEN PORTRAITS _____________________ MASQUES ET CASQUES Le masque balinais est un objet traditionnel et sacré sculpté dans du bois et peint, il est utilisé pour les danses et le théâtre balinais. Les origines du masque balinais sont racontées dans le « Lontar »,un livre fait en feuilles de palmes dans lequel sont consignés les récits des événements historiques et les textes magiques et sacrés de l’ile. Il date de l'époque du roi Dalem Batu-Renggong. La légende raconte qu'en 1525, ce roi reçut de son ami Gusti Jelantik Pesimpangan deux gongs et une boîte renfermant des masques. Ces objets avaient été pris lors de la conquête de Blambangan. qui fut ordonnée par le roi lui-même. Les gongs et les masques lui furent donc apportés en gage de victoire après que le roi vaincu ait été décapité… Les personnages du théâtre balinais sont caractérisés par leur grande variété. Sont mis en scène des humains, des souverains qui sont élevés au rang de divinités, des princesses, des princes, des ancêtres... ainsi que des animaux comme le singe qui est très présent dans les Wayang Wong, la grenouille Kodok, Hanuman... etc. Il existe une trentaine de masques différents. De manière générale, ce sont les traits et les couleurs qui définissent le caractère du personnage.

MASQUE DE BALI Masque de théâtre baainais Recto verso

Les gentils sont représentés sous des traits plutôt fins et une couleur de peau blanche, symbolisant sa pureté (comme le masque ci-dessous). Les personnages réputés pour leur bravoure et leur courage ont des masques de couleur rouge, tandis que le noir caractérise les personnages durs, et que les méchants ont des traits grossiers et des yeux très exorbités. Dans ces masques de théâtre, l’envers en dit souvent autant que l’endroit. Pour celui-ci par exemple en observant l’envers son envers comprend tout de suite à quel personnage on a affaire : un gentil… sans même avoir à retourner le masque pour voir l’endroit.


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MASQUES DU JAPON A droite : masque de theatre Chûjô A gauche : Casque à corne à l ’effigie du démon protecteur Oni Japan 17e 18e s..

A droite : Bois léger peint en bistre clair. Visage en ovale régulier, lisse, aux traits presque effacés. Nez charnu, aux narines gonflées et écartées ; bouche ouverte, fine, aux lèvres soulignées de rouge, montrant une rangée supérieure de dents noires. Ce masque appelé Chûjô, représente un jeune aristocrate de l’époque classique Heian (VIIIᵉ – XIIᵉ siècles). Il se reconnaît à ses sourcils relevés, légèrement froncés, qui expriment une profonde tristesse. Les sourcils sont redessinés au dessus de l’arcade, ce qui est une particularité, toujours pratiquée de nos jours d’ailleurs par la famille impériale et dans la noblesse niponne. La mélancolie affectée de ce masque est souvent utilisée pour incarner le drame du prince Genji dans le Conte de Genji (célèbre conte japonais), ou encore celui d’un jeune guerrier qui apparaît à sa veuve en rêve et lui raconte sa noyade, au moment de la chute du clan Heike. A gauche : Ce casque sert à donner leur personnalité aux Oni, ces créatures du folklore japonais qui incarnent des sortes d’ogres ou de démons géants et féroces dont les cornes protubérantes sont disproportionnées et entourées de poils ébouriffés qui leur donne un aspect hideux et angoissant.


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MASQUES DE CÔTE D’IVOIRE A gauche : Masque Baoulé Figurant un époux de l’au-delà Bois. H. 33 cm. A droite : Masque Kpeliye Poro - Senoufo / Koulfo Bois dur, chromie rouge. H: 35 cm.

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Sobriété des lignes et des coloris d’une côté, polychromie et accumulations de formes diverses, de l’autre ! Ces deux masques proviennent du même pays d’Afrique, la Côte d’Ivoire, et témoignent - s’il en était besoin - de la grande richesse d’inspirations et de l’immense diversité de l‘art du masque dans ce pays et sur le continent africain en général. A gauche, ce masque Baoulé est en forme de portraits « d’époux dans l’au-delà ». Elégant, finement sculpté, il fournit un excellent exemple de ces magnifiques masques aux surfaces très polies, représentant avec minutie le visage, les bijoux, la coiffure et les scarifications rituelles, (les deux marques sur la joue). C’est sans doute sous l’influence de leurs voisins Gouro ou Sénoufo que les Baoulé ont sculpté des masques. Les masques Baoulé d’ancêtres n’ont plus aujourd’hui de rôle sacré mais apparaissent toujours lors de danses de divertissements. A droite, ce masque Kpeliye représente le visage d’un danseur acrobate. C’est un masque facial qui intervient toujours par paire (masculin et féminin) principalement lors des enterrements des membres du Poro afin de chasser l'esprit du défunt du milieu des vivants. Dans la région de Koulfo (province de Gnagna, département de Manni, et du Burkina Faso), les masques sénoufos sont particulièrement colorés, quoique cette tendance disparaisse peu à peu.


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MASQUES DU GABON A droite : masque Galoa Okukwé A gauche : masque Galoa Okouyi Bois enduit de kaolin

Les masques Galoa du Gabon sont aisément reconnaissables à leurs formes triangulaires et leurs yeux mi-clos... Les Galoa, sous groupe Pounou, vivant en aval de Lambarené sur le fleuve Ogooué ont produits deux types de masques : Okouyi (à gauche) et Okukwé (à droite.) Les masques Galoa étaient portés à l'occasion d’importantes cérémonies comme les funérailles d'un chef ou la naissance de jumeaux. Les masques Okukwé (à droite) se caractérisent par une forme plate et ovale et un décor de motifs triangulaires peints qui s'opposent symétriquement sur le front et le menton, avec des yeux mi-clos et un nez droit. Grâce aux pouvoirs détenus par ce masque, son propriétaire, initié de la société Okukwé, pouvait réguler la vie des villageois... Les masques Okouyi (à gauche) sont plus ovoïdes que les masques Okukwé et utilisent de larges badigeons de kaolin, substance naturelle qui avait la réputation de posséder des vertus apotropaïques.


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MASQUE DE CHINE Masque de théâtre chinois Nuoxi Bois de saule sculpté et doré. Face interne et face externe. Fin 19e siècle

Le Nuoxi ou opéra chinois Nuo, est la forme la plus ancienne de théâtre en Chine. Ce n’est pas un théâtre de divertissement mais un théâtre d’exorcisme, Nuo signifiant « chasser les démons ». Le théâtre Nuoxi est organisé autour de rituels qui permettent aux mortels d'entrer en contact avec l'au-delà pour tenter d’apaiser les âmes errantes restées sur Terre. Il se concrétise soit à l’aide de marionnettes dans sa forme la plus modeste (Mulian), soit grâce à des acteurs vivants portant des masques la forme la plus noble et la plus onéreuse (You Anlong). Pour accomplir ce type de rituel, il existe deux grandes familles de masques : les masques en bois de peuplier qui personnifient les divinités, et les masques en bois de saule qui incarnent les démons. Au cours d’une même représentation-exorcisme, un acteur peut jouer plusieurs rôles à la fois et revêtir plusieurs masques en fonction des personnages qu’il doit incarner. Ainsi par exemple, un masque effrayant du genre bête à corne avec dents pointues et saillantes, ou gros moustachu aux yeux exorbités et aux sourcils menaçants, incarnera toujours une divinité bienveillante en charge d’effrayer les mauvais esprits et de protéger les vivants. Un masque à l’allure aimable (comme le masque ci-contre) incarne paradoxalement quelque chose de très négatif voir un démon! Ici, il s’agit sans doute du démon de l’avarice ou de la cupidité. Une fois les masques revêtus, les acteurs entraient en contact avec les dieux, étaient possédés parleurs esprits, et entraient dans des sortes de transes vocales et gestuelles, ajoutant ainsi à l’aspect spectaculaire de l’incarnation un indéniable caractère spirituel, sacré et même magique. C’est pourquoi, comme dans de nombreuses civilisations, seuls les hommes étaient habilités à porter le masque et même à le toucher. L'arrivée au pouvoir de Mao Tse Tong et du parti communiste chinois, a eu raison du Nuoxi qui fut interdit sous la révolution culturelle comme une de superstition bourgeoise dégénérée et remplacé par un répertoire de propagande à la gloire des actions du Parti et du Grand Timonier. Cette censure du Parti communiste chinois entraina la disparition pure et simple du Nuoxi de nombreuses provinces chinoises. Il fallut attendre les années 1990 pour qu’il retrouve une timide renaissance. Aujourd‘hui définitivement débarrassé de son caractère sacré, le Nuoxi est surtout une distraction pour touristes en mal d’authenticité. Restent les masques, tous magnifiques et refaits à l’identique.


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MASQUE MAORI Masque-sculpture à motif de Moko Nouvelle ZélandeMusée du Quai Branly, Paris

Pour les Maoris, la tête est le lieu du sacré (Tapu) et du prestige (Mana). Les Maori font partie des peuples qui se font tatouer le visage (Moko) et cet acte revêt une telle importance à leurs yeux, qu'ils ne leur viendrait jamais à l’esprit de dissimuler ces dessins sous un masque ou un autre objet. Il n'y a donc pas, au sens strict, de masque Maori, le concept même en étant inconnu. Par contre les significations propres aux masques rituels dans toutes les civilisations, ne sont pas tout à fait étrangers aux hommes des peuples Maori. On voit bien sur le très bel exemplaire ci-contre qu’il ne s’agit pas d’un masque - il n’ y aucun orifice pour les yeux ou pour la bouche - mais plutôt d’une sculpture reproduisant le Moko, le tatouage d’un visage. Ainsi ces visages sculptés en bois que l'on peut trouver dans les archipels océaniens sont davantage des mascarons (à but simplement décoratif parfois), utilisés la plupart du temps pour protéger des biens matériels : maison, pirogue, objet précieux…. Ces visages ne représentent pas le propriétaire du bien mais le protecteur de celui-ci qui peut être un dieu spécifique ou, souvent, un ancêtre. Les vivants ont le devoir de bien entretenir ces têtes pour s'assurer la bienveillance de l’être qu’elle représente. Pour un homme maori, le tatouage marque son statut social, sa vie, sa généalogie. Chaque tatouage est unique, c'est un peu une carte d'identité. L'adolescent commence à recevoir ses premiers tatouages, comme un rite initiatique d'entrée dans l'âge adulte, et ceux-ci s'ajoutent au fil des passages clés de l'existence : mariage, hauts faits sociaux... Chaque partie a une signification précise : le nez et la bouche sont le lieux de la femme et des enfants ; le menton peut marquer l'autorité spirituelle ; la partie haute est en lien à le statut social ; les joues portent les traces de la généalogie, mais aussi du travail. L'image que trace le moko est plus importante que le visage même, il se substitue à la physionomie naturelle du porteur. Il sert à impressionner l'ennemi... et à séduire les femmes. Il rappelle en permanence à l’homme qui en est parer a vie, ses responsabilités dans le groupe. Il marque un lien entre l'humain et le divin. En ce sens, le Moko agit comme les masques sacrés des autres civilisation à ceci près que c’est un masque tatoué à même le visage de son porteur.


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MASQUES D’ OCÉANIE Masque Irian Jaya Fibres tressées, fibres de sagoutier, bois, plumes, coquillages, pigments. Monté sur socle. H :1,00cm Papouasie-Nouvelle Guinée

Au contraire de l'Occident, il n'existe pas en Océanie de conception et de règles esthétique stricte. La pensée du « beau » est toujours reliée au domaine du sacré. L'émotion suscitée par le divin est semblable dans son expression au ressenti émotionnel occidental devant la beauté. Un objet est paré de beaux atours en Océanie non pour décorer mais pour le relier à l'ensemble du monde, lieu d'expression et de rencontres entre le Visible et l'Invisible. Et il arrive régulièrement que l'objet le plus simple, le plus humble soit le réceptacle du divin absolu, source d'une grande exaltation, à condition qu’il soit ouvragé et orné de belles couleurs. La couleur possède aux yeux des Papous de Nouvelle-Guinée un pouvoir magique qui est de faire parler leurs ancêtres et leurs dieux. C’est pourquoi ils repeignent régulièrement leurs masques avant de nouvelles cérémonies rituelles. Le masque océanien ci-contre est le masque d’un défunt utilisé pendant le rite funéraire Jipae ,qui signifie intercesseur entre les deux mondes. Ce type de masque est toujours aujourd‘hui confectionné en PapouasieNouvelle Guinée, généralement à l’abri des regards et même dans le plus grand secret. Cheque pièce est une pièce unique détruite ou badigeonnée de gris après son usage rituel et portée exclusivement par les hommes.


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MASQUES MAYA A droite : masque funéraire de Pacal II Palenque (600-900) Mosaïque en jade, coquillage et obsidienne Musée national d'Anthropologie, Mexico.

En Méso-Amérique, le masque apparaît au début de l’ère préclassique ancienne (2000 à 1000 av. J.-C.), alors que les peuples se sédentarisent. Le jade était pour les Mayas ce que l’or était pour les Incas, c’est-à-dire le plus précieux de matériau. Provenant des profondeurs de la terre et ayant des couleurs rappelant celles du ciel et de l’océan, cette pierre semi-précieuse était le symbole de la pérennité, de l’humidité, de la fertilité, du renouvellement et de la renaissance. Tout comme les coquillages marins et les minéraux métalliques (auxquels il est souvent associé) le jade symbolisait les voies de communication entre les « trois plans du cosmos ». Dans la civilisation Maya, le jade, extrait des gisements des Hautes-Terres, devint un matériel très recherché, non seulement pour sa symbolique, mais aussi pour ses propriétés. Les Mayas croyaient qu’un «souffle de vie» habitait le matériau, car la nuit, cette pierre a la propriété, en se refroidissant de la chaleur du soleil accumulée pendant la journée, de dégager une vapeur d’eau qui peut donner l’apparence d’une respiration, d’un soupir. Par extension, c’est la raison principale pour laquelle les Mayas attribuaient un pouvoir magique aux masques de jade. Celui qui le portait incarnait le divin et en même temps il apportait la vie éternelle aux défunts. Pierre très dure, mais cassante, la jade pouvait facilement être travaillé en mosaïque. À l’époque classique, les coquillages, les escargots marins, l’obsidienne et l’hématite étaient aussi utilisés, en association avec le jade ou seuls. Peut à peu la turquoise fit son apparition dans les compositions des masques allant même jusqu’à remplacer totalement le jade.


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Le masque funéraire de Toutankhamon, appelé aussi masque d'or de Toutankhamon, fut découvert le 28 octobre 1925 lorsque l'archéologue britannique Howard Carter ouvrit le sarcophage contenant la momie de ce pharaon du roi Toutankhamon. Cette sculpture est un véritable chef-d'œuvre de l'orfèvrerie égyptienne. En 2001, la découverte d'un ancien cartouche en grande partie effacé, sous celui de Toutankhamon, suggère une réappropriation du masque d'un autre souverain. Lors d'une restauration du masque en 2015, une image plus précise de ce palimpseste a été obtenue et l'égyptologue Carl Nicholas Reeves a proposé le nom de la pharaonne ÂnkhKhéperourê, la sœur de Toutankhamon. Selon lui en effet, Toutankhamon, mort prématurément à l’âge de 19 ans a dû être enterré en urgence dans une tombe qui ne lui était pas destinée, celle de sa belle-mère Néfertiti morte dix ans plus tôt, et il a dû se réapproprier le mobilier funéraire (dont le masque) d'autres souverains. Ce célèbre visage de jeune homme serait donc un visage de femme.

Masque funéraire dit « de Toutankhamon », Retco et verso Or, pierres semi-précieuses 14e siècle av. J.-C. Musée du Caire, Egypte


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Dante Alighieri

Blaise Pascal

Napoléon 1er

Henri IV

George Washington

Khâemouaset, Fils de Ramses II

Goethe

Ludwig van Beethoven

On désigne habituellement comme masque mortuaire, un masque moulé sur le visage d'une personne récemment décédée ou même encore vivante pour permettre la conservation d’un portrait aussi fidèle que possible d’un personnage… généralement très connu. Ce masque peut être en cire ou en plâtre moulé ou en métaux précieux et pierres précieuses comme pour certains pharaons (cf p. 28 ), empereurs ou rois. Aux 18e et 19e siècles, les masques mortuaires étaient de plus en plus utilisés par les scientifiques pour déterminer l'évolution de la physiognomonie humaine. Cette pseudo science consistait à déterminer le caractère ou la personnalité d'un individu par l'observation de son apparence physique et des traits de son visage. Les masques mortuaires étaient alors utilisés par les anthropologues pour étudier les caractéristiques des personnes célèbres et des criminels. Enfin, ils étaient utilisés pour rassembler des informations sur les différences raciales. L’usage de la photographie signa la fin de l’usage des masques mortuaires en Europe.


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La question de réparer les visages mutilés, les « gueules cassées », de la Première Guerre mondiale et rendre leur dignité à ces milliers de soldats revenus vivants des combats, mais sans nez, sans bouche, sans œil ou sans joue, se posa très rapidement dans les années 1920. Il s’agissait de faire renaître à la vie ces hommes socialement morts . Le plus efficace était de cacher les trous béants de ses visages déformés sous un masque de caoutchouc ou de cire qui reproduisait les parties manquantes, y compris les yeux recrées avec des billes de verre. Il ne s’agissait pas encore vraiment de chirurgie « réparatrice », mais plutôt de maquillage ou de masquage réparateur sur une base de chirurgie sommaire (surtout le nez). La chirurgienne Suzanne Noël (1878-1954) devint en France puis dans le monde entier, la grande spécialiste de cette technique. Après avoir refait le nez des soldats et leur avoir confectionner des masques faciaux réparateurs, elle continua auprès des femmes pour qui elle pratiqua les tout premiers « liftings et inventa la liposuccion. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Suzanne Noël alla encore plus loin en transformant une chirurgie futile en chirurgie militante : elle modifia le visages de résistants et de Juifs pourchassés par la Gestapo. Apres la guerre, elle tenta aussi d’effacer les traces des tortures laissées sur les survivants des camps nazis. Suzanne Noël dont le nom est à peu près oublié aujourd’hui a mis la chirurgie esthétique au service de l’humanité.

MASQUES DE CHIRURGIE RÉPARATRICE 1. Masque de chirurgie reconstructrice pour l’œil et le nez 2. Suzanne Noël ajustant un masque sur tout le bas du visage d’une « gueule cassée » The Library of Congress


MPS MEN PORTRAITS SERIES n° 10 Janvier-Février 2021 ©FRANCIS ROUSSEAU - tous droits reservés

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