#30 juin 2015
Supplément gratuit à L’équipe n°22227 du jeudi 28 mai 2015
Gildas Morvan
zen SOYONS zen solitaire du figaro - volvo ocean race - gc32
BPCE – Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 155 742 320 € – Siège social : 50 avenue Pierre-Mendès-France 75201 Paris Cedex 13 – RCS Paris n° 493 455 042 – BPCE, intermédiaire en assurance inscrit à l’ORIAS sous le n° 08 045 100 – Réf. : 12/2014 – Crédit photographe : Bruno Clément –
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#LaBonneRencontre
À la une
Et toi, tu trembles
D
ans la vie, il y a ceux qui vivent avec optimisme les consignes de sécurité et ceux qui tremblent. Et toi ? L’intonation avec laquelle ces précautions d’usage sont distillées peut vous faire basculer d’un camp à l’autre. Peur de l’avion ? Goûtez donc celles d’Air New Zealand, dont le formidable clip met en scène le Seigneur des agneaux – ben oui, la Nouvelle-Zélande compte plus de moutons que d’habitants. Et puis, il y a celles qui vous cueillent au bord du plan d’eau du RoucasBlanc, un jour de printemps à Marseille. « Arrime-toi bien à ton gilet de sauvetage taillé dans l’airain, note que tu as un petit couteau là dans la couture pour couper le trampoline si tu te retrouves coincé dessous, serre ton casque, serre les fesses, serre les dents, tu vas grimper sur un GC32 et la bête est féroce, mais les marins-pompiers de Marseille sont dans le coin. »
Gildas Morvan par Pauce
À dire vrai, après la première régate du jour, les quatre catamarans volants attendront un moment avant de sentir se lever un vent portant. Et tout se passait raisonnablement quand, tout à coup ! Franchissement de la ligne de départ pile dans le timing, avec un infime temps de retard sur Armin Strom qui surgit par la droite, s’autorise une queue de poisson sans avoir regardé dans le rétro. À 10 mètres et des brouettes (un demi GC32 moins la taille de mes jambes, en gros), les Suisses envoient le gennak et le bateau grandit, grandit, grandit… Perché plus d’un mètre au-dessus de l’eau, c’est désormais un immeuble de 50 étages qui se meut à 20 nœuds juste devant. Puis notre esquif jaune et gris prend son envol et livre une bataille de millimètres qu’il finira par perdre face aux experts de l’aérien, dans le sifflement tellement typique du foil sous le vent. Saisissant. Sublime. Enivrant. Ces émotions emportent tout : les marins qui y goûtent, les touristes qui s’y font le plaisir de leur vie d’intermittents des plans d’eau. Mais que faire d’autre, une fois qu’on a plongé son doigt dans le pot de confiture, que de chercher à y regoûter ? Le foil, cher lecteur, c’est une drogue. Dure. N’essayez jamais, sous peine de ne plus jamais pouvoir y renoncer.
Frédéric Pelatan
Diffusion : Supplément gratuit à L’équipe n°22227 du jeudi 28 mai 2015. Ne peut être vendu séparément.
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INTERVIEW
Propos recueillis par
Frédéric Pelatan
– Photos de
Pauce
Gildas MORVAN
« La Solitaire, c’est tout ce qu’on aime » Le temps a passé, érodant un peu la passion de Gildas Morvan pour la navigation sur son Figaro… sauf lorsque la bagarre reprend ses droits. Le Finistérien aborde sa 20e saison dans la classe avec un objectif et une ambition : remporter enfin la Solitaire et embarquer un sponsor, direction le Vendée Globe.
GILDAS MORVAN Né le 31 juillet 1968 à Pretoria (Afrique du Sud) 1989 : 4e de l’Admiral’s Cup 1995 : 4e de la Coupe Louis-Vuitton avec Marc Pajot
1996 : 11e aux J.O. en Soling, avec Marc Bouët 1999 : 3e de la Solitaire du Figaro 2000 : champion de France de course au large en solitaire
2001 : 3e de la Solitaire du Figaro 2008 : 2e de la Solitaire du Figaro, 2009 : 1er de la Transat BPE 2011 : 1er de la Generali Solo 2012 : 1er de la Transat AG2R 2013 : champion de France de course au large en solitaire
On aura vu l’Aber Wrac’h sous un ciel rougeoyant. C’était un mardi de mai, les rochers des îlots de la baie en rosissaient de bonheur au soleil couchant. Le lendemain matin, avec Chesper, le labrador chocolat de ses enfants, le semi-rigide de CercleVert afficha complet sur la route de l’île Staragon, un des multiples bonheurs de l’extrême pointe du Finistère. Loin de Port-la-Forêt et de ses plantations de mâts de compétition, Gildas Morvan est apparu aussi bonhomme qu’à l’accoutumée, pressé d’en découdre sur la Solitaire du Figaro et heureux de partager sa joie de naviguer. Définitivement, le Géant vert, quatre fois champion de France de course au large en solitaire, est un monstre… de gentillesse. Vous êtes né à Prétoria, en Afrique du Sud, et désormais réfugié au bout des terres de France, à l’Aber Wrac’h. Comment en avez-vous fait votre fief ?
Gildas Morvan : « Mon père travaillait chez Thomson CSF, sur les radars, et c’est pour cela que je suis né en Afrique du Sud, mais mes parents n’y sont pas restés très longtemps. Je suis bien Breton : ma famille paternelle est originaire de Guingamp et ma famille maternelle est de Camaret. Après avoir grandi à Brest, je me suis installé ici, à équidistance de mes deux terres d’origine. Le coin est sympa, pas loin de Brest, sur la partie très protégée de la côte nord. Pour l’anecdote, mon grand-père maternel s’occupait des moteurs Baudoin de BelEspoir et Rara-Avis, les deux bateaux du père Jaouen mouillés à Camaret. Avec lui, j’allais sur ces bateaux, je partais avec les chalutiers, et il m’a fait commencer la voile. Depuis quelques années, les bateaux du père Jaouen sont basés ici, dans le port des Abers et son association, Bel-Espoir, a une maison sur l’île Stagadon. Mon passé est revenu jusqu’à moi, ici, à l’Aber Wrac’h.
En fait, l’Aber Wrac’h est un endroit bien caché puisqu’il n’est pas une adresse officielle… G. M. : Absolument ! Le nom du village, c’est Landéda, mais personne ne connaît ce nom. Les marins connaissent le port de l’Aber Wrac’h, qui est un refuge lors des renverses ou un point pour faire le plein, et qui est plus renommé que le village.
C’est un bel endroit pour naviguer ? G. M. : Ce bassin de navigation, entre les îlots, où tu peux faire du bateau, du standup paddle, de la planche, est génial ! Je navigue avec mes enfants sur ma caravelle, aussi… Ici, on prend le temps d’aller dans les petits cailloux, on navigue tranquillement…
Ent il y a une culture de la voile bien vivace… G. M. : Carrément ! Tous les enfants des écoles des Abers sont initiés à la voile et ceux qui accrochent continuent avec les écoles de voile. On a un bon niveau en Optimist, aux Abers, compte tenu de la taille de nos équipes. Ces jeunes qui grandissent ici en Optimist, comme c’est le cas dans la baie de Morlaix, où on apprend aussi à naviguer dans les cailloux, on les retrouvera peut-être en classe Figaro ou dans d’autres classes un jour ou l’autre. Armel (Le Cleac’h), Jérémie (Beyou), Gildas (Mahé), Nico (Troussel)… Tous ont appris à naviguer dans
ces conditions. C’est formateur ! Mon plus jeune fils, je lui donne la barre, souvent. Il me dit : “Mais papa, y’a les cailloux !”, et je lui réponds qu’il suffit de savoir que, si l’eau frétille, c’est qu’il y a un caillou en dessous et qu’il faut savoir les repérer, s’écarter et relever la dérive. Je le laisse se débrouiller, virer de bord, comprendre quand il faut se cacher du courant ou gérer la renverse. C’est un coin un peu particulier, une super école de navigation.
Votre gestion du temps se fait bien au fait que vous ayez garé votre Figaro Cercle-Vert à Port-la-Forêt, à une heure et demie d’ici ? G. M. : Ce que j’aime, c’est que lorsque je suis ici, je coupe de la course au large. C’est un peu oppressant, j’imagine, d’habiter Port-Laf’ et de voir ton bateau depuis la fenêtre de ta chambre. Dans le Finistère sud, quand tu fais tes courses, tu croises Michel Desjoyeaux ou François Gabart, tu tombes sur tes confrères quand tu vas boire un coup… En gros, tu n’en sors jamais. Je suis voisin de Jacques Caraës et, quand on se voit, on va faire un tour de Pabouk ou de Zodiac avec les enfants, et on parle de tout autre chose. Non pas que je n’aie pas envie de voir mes confrères, mais je trouve que c’est bien de couper un peu.
Mes amis, ici, ne sont pas des voileux : j’ai un pote banquier, un autre qui travaille chez Casto, un autre qui construit des maisons… Et on ne parle pas de voile. J’ai besoin de décrocher pour garder un peu de fraîcheur. Sitôt que je suis à la maison, je m’évade.
C’est ici que vous avez fait vos premières armes qui, aujourd’hui, vous permettent d’amorcer votre vingtième saison de Figaro. G. M. : Oui, mais j’ai fait beaucoup de choses auparavant : j’ai connu deux préparations olympiques en Soling avec Thierry Peponnet, en 1992, et puis avec Marc Bouët en 1996 : on fait 11e et on échoue à se qualifier pour le Match Race parce qu’on est disqualifiés sur une régate... J’ai aussi fait la Coupe de l’America avec Marc Pajot en 1995, le Tour de l’Europe et plein d’autres choses.
Vous fêtez cette année vos 20 ans de classe Figaro ! G. M. : J’ai la chance d’avoir un sponsor fidèle qui aime la voile, qui me fait confiance, qui se sent à l’aise sur le circuit Figaro et qui m’offre de bonnes conditions. J’aimerais bien l’emmener sur le Vendée Globe, ce qui serait une suite logique à ma carrière, mais il n’ose pas y risquer son image, ce qui peut aussi se comprendre. Cercle-Vert accepte aussi bien volontiers que j’aille faire d’autres choses sur d’autres bateaux : récemment, j’ai fait le Fastnet sur BanquePopulaire avec Armel Le Cléac’h, et le retour de New York, j’ai fait la Jacques-Vabre avec Jean Le Cam, le Tour de l’Europe avec Bilou (Roland Jourdain), la Route du Rhum en 2006 sur un autre bateau (il fait 2e sur Oyster Funds en Class40, ndlr). Mais CercleVert sait se contenter du circuit Figaro qui lui offre de bonnes retombées et des opérations de communication à sa mesure, ce qui ne m’arrange pas pour courir le Vendée Globe. Sincèrement, je suis loin d’être malheureux, mais je pensais qu’avec l’effet Route du Rhum, pour qui j’ai animé des relations publiques, j’allais pouvoir démarrer un projet.
Vous êtes fidèle à votre sponsor depuis vingt ans, ce qui suppose des rapports excellents, vous êtes régulièrement dans les top 10 de la classe Figaro et quatre fois champion de France de course au large, mais qu’avez-vous à proposer à ces éventuels sponsors ? Qu’est-ce qui bloque ? G. M. : Je n’en sais rien. Si le patron n’est pas fan de voile, tu auras beau envoyer des dossiers qui tiennent debout, ça n’aboutira pas. C’est une rencontre qui déclenche tout. Un bistro, une soirée à Paris, un hasard… C’est l’histoire de l’arrivée de SMA qui a flashé sur Michel Desjoyeaux. L’incertitude du sport mécanique doit freiner les sponsors, alors que les retours sur investissement sont évidents.
INTERVIEW Depuis toujours, cette Solitaire du Figaro vous échappe. Vous pensez avoir encore la moelle pour la gagner ? G. M. : Avec Christian Le Pape (le patron du
Comment vous présentez-vous ? G. M. : Je me présente comme un compétiteur, mes résultats plaident en ma faveur. J’y vais pour préparer un joli projet en adéquation avec mon sponsor, faire le mieux possible et, surtout, le finir. Pour un sponsor, c’est essentiel de finir. Cela veut dire ne pas faire n’importe quoi, faire de son bateau un bateau sage et bien se préparer. Il reste peu de bons bateaux d’occasions à vendre et c’est difficile de dire à un nouveau sponsor qu’il faut construire un bateau au prix de quatre millions, le minimum pour un Imoca neuf aujourd’hui. Tu dois proposer une aventure, une belle histoire et l’assurance d’une belle bagarre sportive sur l’eau.
Qui êtes-vous, vous le marin ? Un bon père de famille ? G. M. : Ça peut se résumer comme ça. D’abord, littéralement, j’adore m’occuper des enfants. Je suis d’ailleurs content de voir que les miens adorent la voile, ce qui veut dire que je ne les en ai pas dégoûtés. Quand je navigue,, je suis aussi bon père de famille, oui, c’est vrai. Je suis prudent. Quand tu as trois enfants, une femme, une maison, tu ne fais pas trop l’idiot à prendre le risque de t’endetter. Soit j’y vais dans des conditions vivables, soit je renonce : je ne peux pas y aller “à l’arrache”’. Peut-être cela ne me rendil pas service, mais je ne saurais pas jouer à la roulette russe, et je n’ai pas envie de rejouer le Radeau de la Méduse. Je sais m’occuper des invités de mon sponsor, discuter avec les gens de l’entreprise, mais j’ai aussi besoin de sérieux. Sodebo, Banque-Populaire savent comment je travaille et ils ont eux aussi eu la gentillesse de me faire confiance à plusieurs reprises.
Et si cela n’aboutit pas ? G. M. : Si cela n’aboutit pas dans des conditions qui me paraîtraient décentes, je renoncerai sans trop le regretter. Je ne veux pas faire n’importe quoi.
Vous prenez encore votre pied, en Figaro ? G. M. : Je suis obligé de le reconnaître : avant que reprenne la saison des courses, j’ai un peu de mal à me motiver. Les premiers entraînements sont durs, puis je recommence à me régaler à Port-la-Forêt et dans la perspective des courses. Le feu de la compétition, ça marchera toujours. Mais c’est vrai que j’ai fait tellement de milles en Figaro que j’ai besoin de voir un peu autre chose, de naviguer sur d’autres bateaux, différemment. Quand j’ai fait le convoyage de retour New York-Lorient avec Armel Le Cléac’h, je me suis régalé. Ce fut une semaine de navigation hyper intéressante.
Pôle Finistère Course au large, ndlr), on a fait le débriefing de la Solo Concarneau : il m’a rassuré sur mes manœuvres et ma technique, et mon bateau est en parfait état. Mais je me mets trop de pression. Je crois que je veux trop gagner tout de suite, je veux tenter des coups pour gagner sur un coup météo, mais ça ne se joue plus comme ça. Le jeu, aujourd’hui, c’est des placements, un jeu de gagne-petit qui impose d’être bien placé à chaque étape. Et, moi, je pense que je suis trop impatient, je suis trop joueur et je joue trop gros. Si j’arrive à rester avec la flotte pour jouer le corps à corps, je pense que j’aurai ma chance. Ça fait longtemps que je n’ai plus fait du combat de rue, et j’ai l’impression que je ne sais plus trop faire, mais ça va revenir.
Les routages sont de plus en plus fins. Forcément, ça limite les options ? G. M. : Les modèles météo, mais aussi le réglage des bateaux, et donc les polaires, sont de plus en plus fins. Les modèles européens, avec CEP, sont les plus fiables de tous. Du coup, ça joue comme sur la Volvo Ocean Race, sur des petits placements, et les résultats, on le voit, sont hyper serrés. La route idéale, tu l’as désormais avant le départ et il n’y en a qu’une. Tu ne peux plus tenter des coups aussi tranchés qu’auparavant. C’est un jeu de pif-paf. Pif, tu t’éloignes un peu de la route, paf, tu reviens sur la flotte.
Cela revalorise le travail à la barre ? G. M. : Oui, il faut être un peu plus à la barre, au contact. Yann Eliès dit qu’il ne barre pas beaucoup et qu’il est plus dans la stratégie. Je ne sais pas si c’est vrai ou pas, mais une chose est sûre : plus tu passes du temps à la barre, moins tu vois ce qui arrive. Une des choses que Yann sait très bien faire, c’est lâcher la barre et passer sous pilote automatique pour jeter un œil sur ce qu’il se passe devant. Estce que le nuage qui se pointe est bien là au moment annoncé par les fichiers ? Est-ce que le vent est bien à la force annoncée ? À quelle heure tu vas virer ? Est-ce que le courant ne gêne pas trop ? C’est bien de savoir mettre en perspective le réel et les fichiers, pour modifier ta stratégie le cas échéant. C’est là, alors que tu es bord à bord, que tu peux te permettre de mettre un petit coup de volant à droite parce que tu penses que ça va virer à droite. Et c’est là que l’autre, qui est à fond la barre entre les mains, se rend compte qu’il vient de se faire b… Je le sais, ça m’est arrivé. Les étapes que j’ai gagnées, c’est parce que j’avais navigué propre et anticipé les coups. Pour gagner, il faut maintenant être impeccable en stratégie, rester hyper concentré sur la route, chercher la vitesse en barrant, et t’adapter en permanence.
Combien de temps nécessite la préparation des étapes de la Solitaire ? G. M. : J’ai déjà bossé sur les quatre étapes cet hiver. Là (entretien réalisé à quinze jours du départ, ndlr), je vais reprendre les timings, revisiter le parcours à blanc en m’accordant une vitesse de 6 nœuds. Je vais alors noter l’heure de passage au raz de Sein, au large des côtes anglaises, je vais évaluer les courants en fonction de ce timing de base, juger de
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l’heure des renverses, relever les coefficients, noter les effets de pointe… À blanc, tu notes tous les points de passage, les courants, les dévents, les priorités sur toutes les étapes. Quatre jours avant le départ, tu commences à travailler tes heures de passage et, deux jours avant, tu refais ça en profondeur à partir de fichiers météo bien établis.
Le hic, c’est qu’entre chaque étape, le temps de récupération est hyper court ! G. M. : Voilà. C’est ça le problème à résoudre de la Solitaire. Une fois que tu as pris le départ à Bordeaux, si tu n’as pas travaillé en amont, tu es mort. À l’arrivée de chaque étape, tu es cramé, tu n’as plus que deux envies : dormir et te faire masser. En plus, tu as la tête, euh… mal placée et tu ne peux plus travailler. Du coup, en cours de route, tu dois juste avoir à prendre les fichiers météo et les appliquer à ce que tu as travaillé en amont. C’est un marathon.
Combien de fois êtes-vous vraiment passé très près de la victoire finale ? G. M. : J’ai fait trois podiums : une place de deuxième en 2008, j’avais super bien géré, mais j’ai pris une “Troussel” (une option radicale et décisive qui porte le nom de son instigateur de Morlaix, Nicolas Troussel, ndlr), mais je le bats aux points. Et je fais trois fois troisième, pour pas grand-chose.
Ça vous frustre encore ? G. M. : Oui parce que j’ai gagné toutes les courses du circuit Figaro, sauf celle-là. Jérémie Beyou et Yann Eliès sont intouchables sur leur palmarès sur la Solitaire, mais j’ai gagné plus de courses Figaro qu’eux : la Transat AG2R, la BPE en solitaire, 3 fois la Generali Solo, deux ou trois fois Le Havre – le grand prix –, deux fois le tour de Bretagne, et j’ai été quatre fois champion de France de course au large en solitaire. Donc, oui, je sais faire ; sauf sur la Solitaire. Ça agace. J’aimerais bien me la mettre dans la poche et penser à autre chose. Forcément, ça pourrait aussi m’aider pour le Vendée Globe.
Quel pourrait être le secret de votre victoire à venir ? G. M. : Il faut que j’y aille plus cool, aussi cool que sur les autres courses, mais c’est une course mythique sur laquelle l’ambiance est super sympa. Elle nous mène la vie dure, mais nous met à armes égales. C’est tout ce qu’on aime, et c’est une référence, un summum dans la vie des marins en solitaire. Du coup, j’ai tendance être énervé à terre et à prendre feu en mer, sitôt le départ donné. J’ai souvent fait des trucs à la con. Tiens, il y a deux ans à Bordeaux : je suis dans le premier peloton, je vois Mich’ Desj’ partir à droite et, au lieu de me souvenir qu’il y a effectivement une bascule à venir de la droite et d’en faire autant, je me demande ce qu’il fabrique. Et, bim, il ressort en tête ou presque, tandis que je reste tanké. C’est ça, la bagarre de rue : si tu manques de sérénité, tu es mort. »
journaldunautisme juin 2015
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Alexis Courcoux / Macif
SOLITAIRE DU FIGARO / Texte de Raphaël Godet
charlie et ses envies
Charlie Dalin va prendre le départ de sa quatrième Solitaire du Figaro. Troisième l’an passé, le skipper Macif compte encore squatter le podium. Et même un peu plus…
I
l vient de souffler sa 31e bougie le 10 mai dernier, « en pleine prépa espoirs de course s’effondrent. Tu es impuissant. J’ai pris du recul ensuite, et de la Solitaire, comme chaque année maintenant, c’est mon gâteau je crois que cet épisode m’a donné un surplus de hargne, qui m’a aidé à aller d’anniversaire ». Mais Charlie Dalin est comme beaucoup de gens, il choper le podium à Cherbourg. » n’aime pas dire son âge. « C’est parce que je trouve que le temps file à Son nouveau statut de skipper Macif 2015 lui a aussi appris à canaliser son toute vitesse, et que j’ai encore plein de choses à prouver sur un bateau. énergie. « Fabien Delahaye, mon prédécesseur, m’a donné des conseils pour J’ai envie de tout faire, tout gagner. » Et cela se voit : ce dimanche 31 mai, réussir au mieux ces deux saisons sur le circuit Figaro. Le côté fou fou, ça ne à Bordeaux, le Havrais s’attaque déjà à sa quatrième Solitaire du Figaro. Et marche pas toujours en voile, on me le reproche parfois. Il faut que je fasse l’an dernier à Cherbourg, il avait frappé fort en attrapant le podium final. gaffe. » « J’étais parti pour figurer dans le top 10, et voilà que je me retrouve troisième. Chez Macif, Charlie Dalin croise aussi François Gabart. Tous les deux ont C’était assez magique. » plusieurs points communs, et pas uniquement la tignasse de cheveux. Ils Cette année, il espère « faire aussi bien ». Enfin ça c’est une réponse de sont d’abord de la même génération. Ensuite ils ont été sacrés, très jeunes, Normand. Quand on le pousse un peu, il finit par lâcher qu’il pense champions de France Elite Course au large en solitaire. C’était l’an passé encore plus haut. « J’en ai envie, oui, de la victoire. J’ai envie qu’on parle pour Charlie Dalin, en 2010 pour François Gabart. « Depuis, il a gagné la de moi. Voir son nom dans les premiers, c’est bien. Mais le voir en grand Route du Rhum et le Vendée Globe, ça fait rêver. Le Vendée, c’est clairement sur la première place, c’est quand même plus kiffant. Mon heure est un de mes objectifs. J’ai celui de 2020 dans un coin de ma tête. Je crois venue. Maintenant, il faut que je concrétise en solitaire, même si je sais vraiment en mes chances. J’ai commencé la voile à 6 ans, et depuis je n’ai que les deux marches qui me restent à gravir sont sûrement les plus pas lâché. Je sais que je peux passer pour quelqu’un de prétentieux en compliquées. » disant cela, mais que voulez-vous… on ne se refait pas. C’est ma conception En bon compétiteur, il a fait la liste des noms de ceux qui pourraient du sport de haut niveau : gagner, gagner, et encore gagner. » l’empêcher d’y arriver : « Jérémie Beyou évidemment, Yann Eliès, mais aussi Corentin Horeau. » Mais Charlie Dalin sait que la victoire se jouera aussi contre lui-même. « Le risque Le mental des sportifs, Charlie Dalin peut vous en parler c’est que je fasse n’importe quoi sous prétexte que pendant des heures, « c’est un truc qui m’intéresse, je veux dépasser tout le monde. Je vais éviter de la psychologie, ce qui se passe dans la tête… Je trop m’exposer, ça peut agacer les gens. Le lis beaucoup de biographies de champions. Je parcours est plus difficile cette année, il y a de viens de terminer celle de Rafael Nadal. Quel Charlie Dalin a terminé 2e de la Solo Basselongues étapes, de nuit en plus. Il faudra bien sacré bonhomme ! Il explique comment il fait pour Normandie en mars, 5e de la Solo Maître CoQ gérer la fatigue et la récupération. » que sa main ne tremble pas lors d’une balle de en avril, et 4e de la Solo Concarneau au début match en finale d’un tournoi du Grand Chelem. » Il du mois de mai. s’imagine l’instant dans sa tête, puis reprend : « Ça Dans sa liste des bons points, le jeune ressemblerait à une arrivée d’étape de la Solitaire navigateur peut aussi noter la préparation, elle quand tu es bord à bord avec un autre bateau. a été meilleure cette année. « Pas comme l’an Tout peut basculer si tu fais le mauvais choix. Tu dernier quand j’ai démâté sur la Transat AG2R peux perdre le match, la course. » Et ce sera aussi 2012, victoire sur la Transat AG2R (avec avec Gildas Morvan, juste avant le départ de vrai sur la mer battue, entre Bordeaux et Dieppe, Gildas Morvan, sur Cercle Vert) la Solitaire. Sur le coup, tu prends cher, tous tes dans quelques jours sur la Solitaire du Figaro.
joue-la comme Nadal
En bref
« Un surplus de hargne »
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Palmarès
journaldunautisme juin 2015
LE CONTRAIRE DE MAL BARRÉ —
La santé des skippers comme celle de nos clients est l’une de nos principales préoccupations. C’est pourquoi, nous sommes partenaire santé de la Solitaire du FigaroÉric Bompard cachemire pour la deuxième année consécutive. Dans l’univers de la voile comme pour la protection de nos clients, performance rime avec solidarité. Que ce soit en course ou sur terre, les besoins en santé sont tous différents et évoluent dans le temps. C’est pourquoi nous proposons des offres modulables et innovantes qui répondent aux besoins de chacun, particulier, entreprise, professionnel, branche pour protéger sa santé, celle de ses proches ou de ses salariés.
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Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.ag2rlamondiale.fr
Solitaire du Figaro
Texte de
Camille El Beze
au service de sa majesté
D
epuis 40 ans, les Français dominent les mers en solitaire, un paradoxe si l’on se souvient que ce jeu a été inventé de l’autre côté de la Manche. En 1960, le journal The Observer créée la Transat anglaise (Ostar, Observer Single-handed Trans-Atlantic Race), première course transatlantique en solitaire. En 1968, c’est The Sunday Times qui lance le Golden Globe Race, premier tour du monde en solitaire sans escale. De ces courses naissent deux grandes figures de la voile tricolore : un sportif pragmatique, Éric Tabarly, vainqueur de la Transat anglaise en 1964 et 1976, et un aventurier contemplatif, Bernard Moitessier. Chacun à leur manière, ces deux caractères vont influencer des générations de coureurs des mers. Les Anglais ont initié le mouvement et créé les règles, comme ils l’ont fait pour la plupart des grands sports contemporains (football, rugby, tennis, golf…), sans toutefois s’imposer en maîtres de la discipline. Pour leur défense, nous rappellerons que la navigation en solo est interdite dans les eaux territoriales du Royaume-Uni. Ce qui n’aide pas à progresser.
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Artemis Offshore Academy/Brian Carlin
Depuis cinq ans, l’Angleterre est devenue le premier fournisseur officiel de jeunes figaristes en France. Cette année encore, sur les 39 marins au départ de la Solitaire du Figaro-Eric Bompard Cachemire, huit navigueront sous les couleurs de l’Union Jack. Toute une stratégie.
Dans l’histoire de la grande boucle, quinze marins de Sa Gracieuse Majesté ont participé au Vendée Globe. Le meilleur résultat ? la 2e place d’Ellen MacArthur, en 2001. et, de 1970 à 2011, seule une dizaine de Britanniques s’est alignée sur la Solitaire du Figaro, qui fait pourtant traditionnellement escale en Irlande ou en Angleterre. La donne est en train de changer. Tous les ans depuis 2011, une poignée de Figaro bleu marine venue d’outre-Manche pavoise dans cette chasse gardée française qu’est la Solitaire. Cette année, comme l’an passé, plus de 20 % de la flotte au départ de Bordeaux battra pavillon anglais. Cette petite révolution culturelle est le fruit du travail de l’Artemis Offshore Academy (AOA).
Détection, formation, ambition Créée en 2010, financée par la société d’investissement Artemis (présente dans la voile depuis 2006 et qui consacre environ 500 000 euros à son centre de formation), cette filiale d’Offshore Challenge Group a pour vocation de détecter et former de jeunes navigateurs britanniques. Et de faire émerger quelques perles. « L’objectif est un peu de trouver le(a) prochain(e) Ellen MacArthur, le prochain Anglais capable
d’être performant sur le Vendée Globe, explique Marcus Hutchinson*, ancien coureur aujourd’hui en charge du projet SMA et coach sportif de l’Artemis Offshore Academy. C’est un travail à long terme. Et cela passe par le fait d’être bon sur la Solitaire. » Depuis cinq ans, une trentaine de marins britanniques a couru sous les couleurs de l’AOA. Les bizuths recrutés chaque année sont tous aussi jeunes (âge moyen 24 ans) que motivés, mais encore vierges en matière de voile professionnelle et de gestion de projet. Pendant un an, ils consacrent 100 % de leur temps à leur mission : formation complète à terre, navigation à bord des cinq Figaro de l’Academy, moyennant une prise en charge de leurs frais de vie et un salaire minimum.
Cowes toujours ? La méthode de l’AOA n’est pas sans rappeler celle appliquée en son temps par dame MacArthur et son « mentor » Mark Turner à l’époque de la MiniTransat 1997 : en immersion totale et parfois à la dure. Si le hangar de la base Artemis, dont la façade arbore un monumental Union Jack, est situé à Cowes, île de Wight, la grande majorité des entraînements se déroule en France. Ce fut d’abord à la Grand-Motte de 2011 à 2013, et désormais à Lorient. L’idée ? Se fondre dans le paysage de la course au large hexagonale, en épouser les codes, la langue, s’y faire des
alliés, naviguer beaucoup, apprécier toutes les facettes de ce sport professionnel, pas seulement en navigation, mais aussi en communication, relations média et recherche de sponsor… Parallèlement à la formation des « novices », la stratégie de l’AOA est de continuer à épauler les « anciens » en leur fournissant un bateau et/ou des voiles ainsi qu’un package logistique pendant les courses. À charge pour eux de dégoter un budget de fonctionnement. En quelques années – et c’est probablement sa plus belle réussite – l’AOA a ainsi réussi à fidéliser un noyau dur de coureurs prometteurs. Ils s’appellent Sam Goodchild*, Nick Cherry, Henry Bomby, Jackson Bouttell* et plus récemment Alan Roberts et Sam Matson. Cette politique d’accompagnement – mais pas d’assistanat – permet à ces jeunes navigateurs de devenir progressivement acteurs de leur propre projet, et d’avancer en autonomie sur un chemin qui n’est pas forcément pavé de roses. « On a deux mecs qui pourraient sans problème aller faire le Vendée Globe : Sam Goodchild et Jack Bouttell, assure Marcus Hutchinson. Ils en ont le potentiel, mais, pour l’instant, ils n’ont pas encore trouvé le budget. C’est dommage, mais pas dramatique. C’est un long processus. »
Un modèle à suivre ? En attendant, les Anglais ont réussi là où les Frenchies commencent aujourd’hui à peiner : le recrutement de nouveaux visages de la course au large, permettant de renouveler les générations. « On est conscients d’être nombreux, poursuit Marcus. Mais on ne veut pas être vus comme ‘‘les Glaouches’’ qui débarquent. On est juste une académie de voile. On veut faire ça dans l’esprit d’honnêteté et d’humilité qui règne dans la course au large en France. Ce n’est pas un milieu de frimeurs. » Même l’AOA fait face à la pénurie du nombre de candidats ces deux dernières années. « Mais peut-être, devrions-nous ouvrir l’Academy à d’autres marins étrangers. » Côté Français, le nombre de coureurs tricolores au départ de la Solitaire est passé de 50 à 30 en l’espace de quelques années. Cette petite crise de vocation, concomitante de la crise économique, implique de se questionner sur les moyens mis en œuvre pour les jeunes dans ce sport, qui ne manque pourtant pas de popularité.
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Les perfs des coureurs de l’AOA En 2013, Sam Goodchild termine 11e de la Solitaire du Figaro, soit la meilleure place jamais réalisée par un marin britannique depuis la performance de sa compatriote Clare Francis, 5e en 1975 et victorieuse de la dernière étape. Toujours en 2013, Jackson Bouttell est le premier Anglais à remporter le classement bizuth.
Les huit Anglais au départ de la Solitaire 2015 Andrew Baker (bizuth), Artemis 23 Rob Bunce (bizuth), Artemis 37 Robin Elsey (bizuth), Artemis 43 Alan Roberts (promo 2014), Magma Structures Jackson Bouttell (promo 2013), GAC Concise Sam Matson (promo 2012), Chatham Henry Bomby (promo 2012), Rockfish/RED Nick Cherry (promo 2011), RedShift
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journaldunautisme juin 2015
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* Anglo-irlandais, Marcus Hutchinson est l’actuel coach sportif de l’AOA. Il est aussi en charge, au sein de l’écurie Mer Agitée, du projet SMA, le 60 pieds de Paul Meilhat. Entre autres courses, Marcus a disputé deux fois la Solitaire du Figaro. Il a longtemps été le bras droit de Bruno Troublé dans l’organisation de la Louis Vuitton Cup, avant de devenir directeur de la communication de la 32e America’s Cup puis de la Volvo Ocean Race… Marcus a également œuvré au sein du syndicat anglais TeamOrigin et sur le circuit des TP52.
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Propos recueillis par
Servane Dorléans
« Le sponsoring n’est pas une dépense, mais un investissement » Partenaire fidèle de la voile depuis 23 ans et du cyclisme depuis 17 ans, AG2R La Mondiale sera pour la deuxième année consécutive au départ de la Solitaire du Figaro – Eric Bompard cachemire cette année. L’occasion de faire le point sur la stratégie de sponsoring du groupe avec son directeur général délégué, Yvon Breton. Qu’est-ce qui a poussé AG2R La Mondiale à se tourner vers le sponsoring ?
Yvon Breton :
« Au départ, nous étions uniquement présents dans le monde de l’entreprise. À la fin des années 1980, nous avons décidé d’accompagner nos concitoyens dans leur protection sociale et patrimoniale tout au long de leur vie, notamment au moment de la retraite qui est une périodeclé pour entretenir son patrimoine santé et protéger ses ressources financières. À l’époque, nous étions peu connus des particuliers auprès desquels nous n’avions que très peu communiqué. Il fallait que nous trouvions un moyen de booster notre notoriété, tout en véhiculant les valeurs qui nous animent. Le sport répondait parfaitement à cette problématique, car il était compatible financièrement avec nos moyens budgétaires de l’époque et permettait de donner de la résonnance à nos valeurs. C’était en outre un bon moyen de fédérer le groupe autour d’un projet commun.
fondamentale, car nous voulions nous investir dans un sport qui permette au public, quelle que soit sa catégorie socioprofessionnelle, d’assister au spectacle. C’est important par rapport à notre engagement social et aux valeurs qui nous animent. Le sport est un terrain de jeu qui rapproche les gens en leur permettant de partager des émotions.
Votre positionnement est pourtant différent dans les deux disciplines…
Y. B. :
Dans la voile, nous sommes parrains de la Transat AG2R La Mondiale, qui a vu éclore de nombreux talents et qui permet aux sportifs de s’affronter à armes égales. Cette notion d’équité est importante à nos yeux. De plus, elle se court en double, ce qui, pour un assureur de personnes, est essentiel d’un point de vue sécurité. Dans le cyclisme, nous sommes le sponsor d’une équipe. Nous partageons ainsi l’émotion de nos coureurs avec le grand public et avec l’ensemble du groupe tout en illustrant la valeur de solidarité et l’esprit d’équipe. Ces deux sports, qui sont complémentaires en matière de cible, nous permettent en outre d’aller à la rencontre de nos concitoyens.
À titre personnel, qu’aimez-vous dans la voile et le cyclisme ? L. Villeret/ AG2R La Mondiale
Y. B. :
La voile est un beau sport où les sportifs sont restés authentiques et accessibles. La communion avec le public est facile. Il est possible d’échanger avec beaucoup de simplicité avec ces grands champions à l’occasion des départs, mais également aux arrivées des courses. Cela crée de beaux moments de partage et d’émotion. Je respecte beaucoup les marins. Au-delà de la prise de risques et de l’effort, ils ont envie de faire partager leur audace au public. C’est un peu la même chose dans le cyclisme où la solidarité n’est pas un vain mot.
Que vous apporte votre engagement dans le sponsoring ?
Y. B. :
Vous avez choisi deux sports offrant un spectacle gratuit au public. Pourquoi ?
Y. B. :
Nous avons débuté par la voile en 1992 avec la Transat AG2R, devenue depuis la Transat AG2R La Mondiale, avant d’étendre notre terrain de jeu au cyclisme en 1997 en devenant co-partenaire d’une équipe, puis sponsortitre en 2000. La gratuité du spectacle était
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La voile et le cyclisme, qui allient performance et solidarité, sont les deux seuls sports à garantir la citation de la marque, et lui donnent de la profondeur et de la visibilité en lui permettant de bénéficier d’un vrai capital sympathie. Le sponsoring n’est pas une dépense, mais un investissement. Aujourd’hui, AG2R La Mondiale, qui jouit d’une notoriété assistée de 80 %, est perçue comme un acteur performant, solidaire et proche des gens. 18 millions de Français nous font confiance. Le sport, également vecteur de croissance externe, n’y est pas étranger. L’an dernier, la valorisation
médiatique a été évaluée à 110 M d’euros dans le cyclisme et à 8,4 M d’euros dans la voile. Je ne vois pas d’équivalent en termes de retour sur investissement dans une stratégie de communication classique.
Vous serez au départ de la Solitaire du Figaro pour la deuxième année consécutive. Pourquoi avoir décidé de renforcer votre présence dans la voile ?
Y. B. :
La voile nous apporte beaucoup. Nous aimons ce milieu et ses acteurs. Nos rencontres avec les marins sont passionnantes, mais étaient trop espacées puisque la Transat AG2R La Mondiale se court tous les 2 ans. Nous avons donc cherché un fil rouge qui nous permette de renforcer notre présence et d’illustrer notre fidélité. Nous nous sommes ainsi associés au dernier Vendée Globe en tant que partenaire santé. Cette expérience, en cohérence avec notre stratégie et nos métiers, a été très instructive. Nous avions une tribune sur le site de la course et avions demandé à l’équipe médicale de prodiguer des conseils santé au grand public, ce qui a beaucoup plu à notre réseau communautaire voile. Nous avons poursuivi sur cette voie l’an dernier, avec la Solitaire du Figaro et la Route du Rhum. Cela nous a permis de resserrer les liens avec les marins et de donner de la visibilité à notre position de leader en assurance santé.
Quel dispositif allez-vous mettre en place ?
Y. B. :
Le “bateau santé AG2R La Mondiale” suivra de nouveau l’épreuve avec, à son bord, une équipe médicale, composée du médecin de la course et de 3 kinésithérapeutes, qui sera à la disposition des skippers à chaque escale pour les accompagner dans leur phase de récupération. Par ailleurs, Aymeric Rabadeux, kinésithérapeute au sein de l’encadrement médical, interviendra trois fois par semaine sur la page officielle Facebook de la Transat AG2R La Mondiale pour prodiguer des conseils au grand public en matière de prévention de santé et de bien-être. C’est une belle manière d’illustrer notre signature : “Le contraire de seul au monde.” Être proche des marins pendant leur phase de récupération sur les escales et faire bénéficier le public de conseils donne du sens à cette signature. Nous aurons également un stand à Bordeaux, à Concarneau et à Dieppe, qui nous permettra d’accueillir le public ainsi que nos clients et prospects. »
journaldunautisme juin 2015
Texte de
Pierre-François Bonneau
Alex Wanget Yann Riou / Dongfeng Race Team
VOLVO OCEAN RACE /
Portraits de famille
Dongfeng,
pari gagné La situation est à faire frémir les Anglo-Saxons, réputés les plus performants en équipage. Voici qu’un bateau franco-chinois, piloté par des spécialistes du solitaire et renforcé par des apprentis de la course au large, tient la dragée haute aux grands équipages de la Volvo Ocean Race. Le solitaire mènerait à tout, alors ?
L
’anecdote est onctueuse. C’est Yann Penfornis, le directeur général des chantiers Multiplast – maîtres d’ouvrage de l’ensemble des ponts des monotypes Volvo65 – qui la sert, l’œil rieur : « Des membres d’un équipage concurrent se sont fait surprendre une nuit en train de vérifier les cotes, sur le pont de Dongfeng… Ils n’ont bien sûr trouvé aucune différence avec leur bateau. Il va bien falloir que les gars finissent par accepter que, si Dongfeng va si vite, c’est peut-être parce que son équipage est bon, tout simplement. » C’est vrai, les performances réalisées par l’équipage de Charles Caudrelier doivent en surprendre plus d’un. Le pari semblait pourtant couler sous l’improbable : un sponsor chinois, l’obligation d’embarquer sur chaque étape au moins deux jeunes navigateurs de l’Empire du Milieu, un équipage à dominante française, mais dont tous les membres pouvaient clamer avant tout leur expertise de la navigation en solitaire… Les sceptiques de mauvais augure qui croassaient sur les pontons d’Alicante, au départ de la Volvo Ocean Race, ont sans doute fini par se taire à mesure que l’équipage de Dongfeng Race Team enfilait les bonnes performances comme des perles. Qu’on en juge : à l’exception de l’étape du Horn entre Auckland et Itajai, la bande à Caudrelier a trusté les podiums : deuxième au Cap et Oman, troisième à Auckland, vainqueur à Qingdao et Newport, la régularité du bateau rouge aux avant-postes est flagrante. Et comme rien, ni le pont ni les voiles ne peuvent techniquement justifier les performances de l’entente francochinoise, il faut rendre à Charles (et aux siens) ce qui appartient à Charles (et aux siens). Revue d’effectifs.
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Charles Caudrelier, skipper : il n’a pas tardé pour endosser la taille patron. Hier discret, mais efficace second de Franck Cammas sur la Volvo Ocean Race, de Josse ou de Guillemot sur la Transat Jacques-Vabre (victoires en 2013 et 2009), le Fouesnantais a construit sa carrière avec méthode. L’officier de marine marchande a choisi en concertation avec Bruno Dubois, le chef de projet, son équipagessur deux critères majeurs : la polyvalence et la capacité à s’intégrer. Pascal Bidégorry, navigateur : on l’aconnu sombre, inquiet parfois aux manettes du maxi-trimaran Banque-Populaire V. On le retrouve bien dans sa peau, heureux d’être à bord et particulièrement inspiré. Il aura juste manqué une chose pour que le bonheur du Basque soit parfait : un passage du cap Horn en bonne et due forme. Le plus ? Il a rallié Le Cap depuis Alicante malgré des fractures aux cervicales. Kevin Escoffier, couteau suisse : on connaît le tempérament de battant du descendant des corsaires malouins. Mais, au-delà de cette volonté de ne jamais rien lâcher, on a aussi découvert un marin capable de dévoiler des trésors d’ingéniosité pour résoudre les problèmes techniques qui ont accablé Dongfeng. La réparation du désalinisateur durant l’étape victorieuse entre Itajai et Newport restera un de ses faits d’armes. Black, Horace, Wolf et Leo, le Chinese crew : les prononciations chinoises sont trop compliquées pour un Occidental ? Les navigateurs chinois se sont donc vus affublés de surnoms audibles aux oreilles d’un équipage qui s’exprime en anglais à bord. Surtout, les navigateurs chinois font montre d’un courage exemplaire et d’une volonté de progresser sans défaut, gagnant rapidement l’estime de leurs coéquipiers. La bande des Figaristes : Éric Peron, Erwan Israël, Thomas Rouxel sont plus habitués aux joutes en solitaire qu’aux courses en équipage. Mais leur polyvalence fait merveille dans un équipage qui a préféré jouer cette carte plutôt que la spécialisation à outrance. Les jokers : Damian Foxall, Sidney Gavignet, sont venus le temps d’une pige remplacer les membres d’équipage éreintés. Ces hommes d’expérience contribuent aussi à la sérénité du bord.
journaldunautisme juin 2015
VOLVO OCEAN RACE
Texte de
Servane Dorléans
Lorient, place forte de la course au large Lorient s’apprête à accueillir pour la deuxième fois de son histoire l’escale française de la Volvo Ocean Race. Une occasion unique pour tout un territoire de mettre en valeur ses compétences et son savoir-faire en matière de nautisme, et de renforcer son attractivité à l’international.
En 15 ans, le visage de l’ancienne base des sous-marins de Lorient Keroman, rebaptisée Lorient La Base, a bien changé. Aujourd’hui considérée par les organisateurs de la Volvo Ocean Race comme « le premier pôle européen de course au large » tant pour le nombre de skippers qui s’y entraînent que pour les compétences techniques et logistiques additionnées, Lorient La Base accueille désormais quelque 200 entreprises, dont 50 sont intimement liées à la course au large, et qui génèrent 800 emplois. Déjà reconnue à l’international pour son savoir-faire, ses compétences techniques et technologiques et ses infrastructures, Lorient est notamment le port d’attache de dix teams internationaux, dont six engagés sur le prochain Vendée Globe. La voici donc capable de rivaliser avec Auckland ou Newport sur l’échiquier international de la course au large. « En 2012, la course a généré 22,63 millions d’euros de retombées économiques directes, indirectes et induites », rappelle Christophe Baudry, le directeur de Lorient Grand Large. Un chiffre qui ne prend pas en compte les contrats signés par la suite avec la course par certaines entreprises de la Sailing Valley — parmi lesquelles on retrouve Multiplast, Azimut, North Sails France ou encore lyophilise.com — ni les
retombées médiatiques. « La victoire de Groupama et l’escale lorientaise en 2012 ont mis en valeur le savoirfaire des entreprises lorientaises et de la Sailing Valley, ce qui a permis à certaines de se développer à l’international », poursuit-il. En accueillant à nouveau la circumnavigation en équipages avec escales, Lorient espère continuer à développer sa notoriété tout en valorisant sa filière, afin d’accueillir encore davantage de marins et d’écuries internationales. Cette année, l’unique escale française de la course s’annonce une nouvelle fois fructueuse pour la cité, choisie comme base d’entraînement par Dongfeng Race Team. Une occasion qui a généré en quatre mois 350 000 euros de retombées pour le territoire et mis à contribution 25 entreprises lorientaises.
Un festival d’animations Une multitude d’animations viendront rythmer l’étape lorientaise dès le 9 juin afin de faire de l’unique escale française de la course une grande fête populaire, à terre comme en mer. « Nous avons accueilli 250 000 visiteurs sur les 17 jours de l’étape lorientaise en 2012. Cette année, le public devrait venir une nouvelle fois nombreux vu le programme très dense d’animations qui sera proposé tout
on s’y croirait ;-)
- Photos : Y. Zedda / Corbis
E T I S I V LLE ! E S V N U O O I T N A S N E S + DE
citevoile-tabarly.com
au long de l’étape, que ce soit par les organisateurs de la Volvo Ocean Race ou par Lorient Grand Large », commente Christophe Baudry, qui souligne l’implication de plus de 500 bénévoles sur l’étape. Accessible gratuitement pendant toute la durée de l’escale lorientaise, le village nautique de la Volvo Ocean Race accueillera les visiteurs de 9 h à 22 h sur la grande esplanade de Lorient La Base. Outre le dispositif proposé par les organisateurs de la course sur chacune des étapes, qui comprend un dôme immersif permettant aux visiteurs de se plonger dans la course et de découvrir la vie à bord au quotidien, la diffusion commentée des régates et des entraînements ou encore des simulateurs de navigation, de nombreuses animations culturelles, nautiques, musicales et sportives rythmeront l’escale. Les temps forts ? Un concert exceptionnel gratuit de Miossec sur la grande scène de l’esplanade le 13 juin à partir de 21 h ; la course Color Me Rad organisée le 13 juin ; un grand show de la Patrouille de France le 14 juin vers 17 h 45 au-dessus de Lorient La Base. En mer, les visiteurs pourront suivre de près l’arrivée, le départ de l’étape vers les Pays-Bas le 16 juin, l’In-Port Race ou encore les Youth Sailing Series, qui se disputeront à bord d’Optimist. De quoi satisfaire tous les publics.
Cité de la Voile éric-Tabarly Attraction touristique phare de Lorient La Base, La Cité de la voile Éric Tabarly, qui a rouvert ses portes le 25 avril dernier, se mettra elle aussi à l’heure de la Volvo Ocean Race, avec une « Nuit Blanche », une visite gratuite de 20 h à 1 h du matin la nuit du 12 au 13 juin, assortie de dédicaces et d’animations. « La Cité de la voile Éric Tabarly entre dans le cadre de la politique nautique de Lorient Agglomération, qui tend à faire de Lorient un site innovant et précurseur en matière de course au large, explique Jean-Marc Beaumier, directeur de La Cité de la voile Éric Tabarly. La BSM accueille des teams prestigieux, ainsi que de nombreuses entreprises liées au nautisme. » Quand Lorient Agglomération a récupéré l’ancienne base des sous-marins et décidé de la reconvertir en pôle nautique, il a fallu trouver un moyen de donner une dimension touristique au site, pour que les Lorientais et le grand public s’approprient ce nouveau quartier. C’est cette dimension touristique qu’apporte notamment la Cité de la Voile. « Nous proposons au grand public, de manière dynamique et interactive
des clefs de compréhension du monde de la voile, de la plaisance et de la course au large. » Inauguré en 2008, l’espace, qui a depuis accueilli plus de 550 000 visiteurs, a subi un lifting complet l’hiver dernier afin de renouveler intégralement son parcours de visite, en intégrant les nouveautés multimédias pour proposer plus d’interactivité et d’animations sensorielles telles que du cinéma dynamique 4D, un serious game, des simulateurs ou encore des reconstitutions de voiliers. « La première exposition permanente a duré sept ans. La voile est un milieu qui évolue rapidement. Il était important d’actualiser le site pour donner à notre public des raisons de revenir », avance Jean-Marc Beaumier, qui précise que le port d’attache des Pen Duick d’Éric Tabarly a « contribué à faire de Lorient La Base une destination touristique à part entière, une sorte de parc à thèmes sur le nautisme et l’histoire, où l’on peut passer une journée complète en visitant la Cité, le musée sous-marin, le sousmarin La Flore ou encore embarquer pour une visite guidée de la rade en bateau. Ce concept touristique est complémentaire d’événements comme la Volvo Ocean Race, et s’inscrit dans une approche globale du territoire ».
Programme 9 au 16 juin : ouverture du village d’animations 9 ou 10 juin : arrivée des bateaux 12 juin concert breton – soirée : Fest Noz 13 juin : Course Color Me Rad à 15 h 13 juin : concert de Miossec à 21 h 14 juin : In-Port Race à 14 h 30 14 juin : show aérien de la Patrouille de France à 17 h 45 16 juin : départ de l’étape vers La Haye
Texte de
Pierre-François Bonneau
Yvan Zedda / Groupama
COUPE DE L’AMERICA
Un rêve accessible
Ça bouge dans le petit monde de la Coupe de l’America. En prenant la décision de limiter la taille des AC48, le defender Oracle a relancé totalement la donne et provoqué une petite révolution. Exit le syndicat italien de Luna Rossa, qui estime cette décision tardive et inéquitable. D’autres, au contraire, voient dans cette limitation de taille une opportunité à saisir, à l’instar de Franck Cammas qui compte bien relancer le pari d’un défi français sur la Cup.
L
e 9 mai dernier, à l’occasion du Tour de Belle-Île, les quelque 500 équipages participants ont pu voir une drôle de bestiole s’aligner sur la ligne de départ. À bord de Groupama 45, Franck Cammas et son équipage s’apprêtaient à faire voler leur nouveau jouet avec lequel ils devraient s’aligner sur les World Series, les régates préparatoires à l’America’s Cup. L’AC45, ce catamaran monotype muni d’une aile rigide et de foils rajoute donc un paramètre supplémentaire dans la gestion des régates à venir. Outre les traditionnelles clés de la réussite – départ, tactique rapprochée, choix stratégiques, qualité des manœuvres –, il va falloir maintenant maîtriser au mieux les paramètres du vol, ces moments magiques où seul le foil sous le vent assure la portance de la machine. Dès lors, les vitesses s’envolent et l’on passe dans une autre dimension. « Toutes proportions gardées, la possibilité de voler, c’est comme le franchissement du mur du son en aviation », témoigne un Franck Cammas, visiblement très excité devant le challenge qui se dresse devant lui.
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Une aventure technologique
Le nerf de la guerre
Il faut dire que ce nouveau défi est dans l’exacte lignée des appétences du skipper de Groupama 45. C’est avant tout un défi technologique : apprendre à maîtriser les foils et le maniement de l’aile suppose une remise en question profonde de la manière de naviguer. Cela signifie aussi des allers-retours incessants entre navigants et bureau d’études, de manière à optimiser la configuration de ces nouveaux outils. En cela, la petite entreprise Cammas est particulièrement performante. Elle l’a déjà démontré sur la Volvo Ocean Race, il y a trois ans, en s’imposant au nez et à la barbe d’équipages anglosaxons qui ne s’attendaient pas à une telle passation de pouvoirs. Elle l’a confirmé en remportant la Petite Coupe de l’America sur des catamarans Class C, des petites unités menées en solitaire, mais déjà pourvues de foils et d’une aile rigide. « Notre expérience du Class C peut nous être très profitable. Les premiers essais à bord de l’AC45 nous ont montré que la transition entre navigation classique et vol est beaucoup moins violente que ce que nous avons pu connaître sur des bateaux plus petits. Avec son aile rigide, l’AC45 est relativement lourd, il a beaucoup d’inertie, il est plus facile à stabiliser. Après, il faut que l’on progresse encore sur les réglages de profondeur de foil, les angles d’incidence… Cela reste assez pointu. »
Mais partir à la conquête de l’aiguière d’argent est un pari d’une autre envergure. Pour espérer être compétitif, il va falloir mobiliser toutes les intelligences, sélectionner les meilleurs marins, mettre en place une véritable PME au service d’un projet chiffré aujourd’hui aux alentours de 15 millions d’euros de prix plancher. C’est aussi une course contre la montre qui est enclenchée avec quelques échéances décisives. Première d’entre elles, les Grand Prix de Plymouth du 23 au 26 juillet, Göteborg du 28 au 30 août et des Bermudes du 16 au 18 octobre. À l’occasion de ces trois rendez-vous, les différents équipages vont pouvoir mesurer leurs progrès respectifs sur ces catamarans monotypes volants. Deuxième échéance, et non des moindres, l’inscription définitive à la Coupe. Les hommes du Défi France ont obtenu un sursis jusqu’au mois de juillet pour payer le solde de l’inscription. Mais, pour Franck Cammas, les choses sont claires : « Il est hors de question de s’inscrire si on n’a pas débloqué le budget pour aller jusqu’au bout. Le nouveau format nous offre la possibilité de disputer la Coupe pour un budget annuel de 6 millions, ce qui est une opportunité phénoménale. De plus le changement de taille des bateaux remet tout le monde à zéro ou presque. On a le savoir-faire, nous sommes parmi les nations les plus avancées en matière de conduite de multicoques, de recherche et développement. C’est la première fois depuis sa création que la Coupe de l’America devient accessible et nous n’y serions pas ? »
journaldunautisme juin 2015
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SUBARU XV
FORESTER
FORESTER SPORT
OUTBACK
WRX STI
SUBARU BRZ
GC32
Texte de
Frédéric Pelatan
PLUS FOIL LA VIE Du 30 septembre au 3 octobre prochains, Marseille One Design réunira différents supports dans le stade nautique du Roucas-Blanc, tout contre le Frioul. Un événement de match race dominé par la finale de The Great Cup – en GC32 –, mais où régateront aussi Diam 24 et Moth à foils et, peut-être, les Flying Phantom.
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epuis le lancement du circuit The Great Cup, en 2013, le GC32 n’en finit pas de séduire et le Test-Event organisé à Marseille en septembre dernier, puis celui d’avril dernier, a permis de confirmer la progression de ce support si spectaculaire. Huit équipes sont désormais dotées de ce catamaran volant capable de prendre l’air dès 7 nœuds de vent au portant. Aux côtés de Sultanate of Oman, deux fois vainqueur des Extreme Sailing Series avec son skipper Leigh McMillan et qui vient tout juste de confirmer son arrivée sur le circuit, courront désormais les Suisses d’Alinghi – Il se murmure qu’Ernesto Bertarelli a eu un tel coup de cœur lors de sa première régate à Marseille qu’il s’est dépêché d’y revenir pour achever les testevents d’avril – et d’Armin Strom Sailing Team, les Français de Team Engie (cf. page suivante), Spindrift de Dona Bertarelli et Yann Guichard et Team Zoulou d’Erik Maris. En outre, les Néerlandais de Team Spax Solution et les Américains de Team Argo 32 – annoncé dès le début de l’été en Europe avec aux manettes le double champion du monde
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de Melges 32, Jason Carroll – complètent le tableau. Manfred Ramspacher, le patron de Marseille One Design, estime qu’il faudrait deux ou trois bateaux européens supplémentaires pour que la classe soit totalement assurée de proposer un circuit complet : « Le Bullit GC32 Racing Tour est en passe de s’imposer, et 2016 devrait être l’année de l’avènement. Pour cela, avoir une dizaine de bateaux en lice nous permettrait d’en aligner à coup sûr sept ou huit à chaque épreuve. » La vivacité de ces catamarans volants est telle qu’il est difficile de faire régater ensemble plus d’unités. « On ne peut guère aller plus loin sur le plan d’eau, poursuit l’organisateur. Ces bateaux vont à une telle vitesse qu’il est inimaginable de voir d’autres navigants traverser la zone. On a des protocoles de sécurité très lourds, avec une quinzaine de semi-rigides prêts à intervenir dans la zone interdite ou prêts à porter secours. On ne peut pas être approximatif avec des bateaux qui déboulent à plus de 35 nœuds en volant. »
À Marseille, le stade nautique du Roucas-Blanc se prête parfaitement à ces régates. Ceint de tous côtés, à l’exception de l’accès vers le large, terre d’accueil de l’école municipale de voile, le Roucas-Blanc offre un terrain de jeu tout juste assez grand et maîtrisable. Mais il a aussi la capacité de permettre de régater sous le regard des badauds. « Quand j’ai lancé la série à Marseille, l’an dernier, peu y croyaient, poursuit Manfred Ramspacher. Mais les test-events ont été très positifs, la classe s’est constituée à Marseille. Les retours sont très bons et je suis ravi de contribuer à la renaissance de Marseille comme ville de compétition nautique de très haut niveau. »
Calendrier Bullitt GC32 Racing Tour 2015 : 27-31 mai : Austria Cup – Lac Traunsee, Autriche 24-27 juin : Cowes Cup - Cowes, Royaume Uni 30 juillet - 2 août : Kiel - Allemagne 27-30 août : Trophée de Rome – Rome Fiumicino, Italie 30 septembre - 3 octobre : Marseille One Design Marseille, Stade nautique du Roucas-Blanc
GC32 /
« Une fracture technologique » Après un test du bateau en septembre dernier lors du Marseille One Design, Sébastien Rogues a rejoint le circuit cette année. Débutant, le vainqueur de la Transat Jacques-Vabre 2013 en Class40 découvre de nouvelles sensations et un nouveau terrain de jeu.
Qu’est-ce qui vous a mené à délaisser votre Class40 pour vous lancer sur le circuit européen de GC32 ?
Sébastien Rogues :
« J’ai senti qu’il était temps que je réoriente ma carrière, quitte à délaisser la course au large, pour tenter l’expérience de ce type de multicoque, qui est le support de l’avenir. Je n’ai encore aucune expérience – j’ai débuté il y a quatre mois à peine – mais j’ai envie de devenir un bon navigateur en multi. La Coupe de l’America a provoqué une fracture technologique énorme, il y a une somme d’expertises à acquérir. On est à un tournant et il y a ceux qui vont le prendre et ceux qui ne le prendront pas. Le GC32 a de grands mérites : c’est une jauge fermée sur un bateau à un coût qui restera modéré. On a fait un essai à Marseille l’an dernier, et on s’est vite décidés à acheter ce bateau.
Votre sponsor, Engie (ex-GDF-Suez), a accepté cette prise de risque ?
S. R. :
On a rarement l’opportunité de surfer sur une fracture technologique et d’y emmener un sponsor qui veut bien parier sur le changement. Mais tout change, surtout en termes d’énergie, on nous parle de consommer autrement, et l’image était parfaite pour Engie, mon sponsor, qui est aussi en plein changement. C’était juste parfait : en communication interne, ça donne une valeur ajoutée importante ; il faut savoir se jeter dans la brèche avant les autres, afin de conserver un avantage sur la concurrence.
Voler sur un GC32, c’est une somme incroyable de sensations. Quelles sont les vôtres ?
S. R. :
À chaque fois que je sors d’une navigation, j’ai la banane ! C’est un support extraordinaire, on va à plus de 35 nœuds, on vole dès qu’il y a 7 nœuds de vent… Je
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prends des pêches d’adrénaline, mais, dans le même temps, j’encaisse des doses de stress importantes car ce sont des bêtes dangereuses. Je n’ai jamais connu de sensations aussi fortes en bateau, même si j’ai vécu de superbes surfs avec mon Class40. Naviguer en équipage, c’est un tout autre monde que passer 23 jours en mer en solitaire : tout se partage, et cette gestion d’équipe procure des moments très bons aussi. J’avoue sans peine que je suis à la tête d’une équipe bien plus expérimentée que moi en multi. Chaque jour, je me nourris de leur savoir, de leur expérience et j’apprécie qu’ils aient envie de m’accompagner dans ma découverte de ce type de support.
La navigation est différente d’un multi à dérives classiques ?
S. R. :
Je ne pense pas : les bons barreurs de multi classique le sont aussi en GC32. Yann Guichard a très vite compris, comme Morgan Larson, et je ne parle pas de Chris Draper, qui vole depuis longtemps avec Prada. Ceux qui ont fait du F40, du Tornado ont la maîtrise. Sur Spindrift, il ne doit pas y avoir loin de cent ans de multicoque en cumulé.
Ces bateaux avaient tendance à casser l’an dernier, mais ils semblent devenus plus fiables…
S. R. : Les pièces maîtresses, qui sont les foils
sur ce type de bateau, ont bien progressé. Mais comme le phénomène est en train de croître, tout le monde apprend en temps réel et les gens
qui les inventent travaillent énormément. Le pari, c’est faire du GC32 un bateau qui ne casse pas : pas beaucoup d’équipes pourront se permettre de devoir réparer régulièrement. Il reste quelques éléments à fiabiliser, mais la structure du foil, notamment sur la jonction du tip à la dérive, est clairement plus solide qu’auparavant.
À bord, le numéro un a un travail de fou !
S. R. : C’est vrai que Christophe Carbonnières,
le n° 1 de Engie, ne chôme pas. Ce qui apparaît, très clairement, c’est que tous les postes sont physiques à bord, hormis peut-être celui du barreur. On quitte l’univers du monocoque qui requiert un n° 1 de 70 kilos pour se glisser sous les voiles d’avant. La jauge impose un maximum de 435 kilos pour l’équipage, soit une moyenne de 87 kilos. C’est le budget “restau” qui a explosé ! “Carbo” vient de La Baule, il a fait de l’olympisme en planche à voile, mais il ne connaissait pas ces bateaux. Il a une sacrée “caisse”, il apprend vite, c’est pour moi un pari réussi. »
GC32 Engie L’équipe navigante : Sébastien Rogues, barreur – Christophe Carbonnières, numéro un - Bertrand Castelnerac, régleur de voile – Sébastien Col, tacticien.
Photos : Sander van der Borch / Bullitt GC32 Racing Tour. C.Breschi/GDF SUEZ
RIO 2016
Propos recueillis par Frédéric Pelatan
(avec E. R.)
« La baie de Rio, une chance énorme » Les sélectionnés pour le Test-Event de Rio (du 15 au 22 août) Billy Besson & Marie Riou – Nacra 17 Pierre Le Coq – RS :X Charline Picon – RS :X Camille Lecointre & Hélène Defrance – 470 Sofian Bouvet & Jérémie Mion – 470 Jonathan Lobert – Finn Mathilde de Kerangat – Laser Radial Jean-Baptiste Bernaz – Laser Standard
FFV
Emmanuel Dyen & Stéphane Christidis – 49er
Où en est l’équipe de France olympique dans sa préparation ?
Guillaume Chiellino : « Dans la perspective des Jeux,
Quinze mois séparent l’équipe de France de voile des jeux Olympiques de Rio. Un compte à rebours qui met les candidats à une sélection sous pression, mais qui permet aussi de voir plus clair sur le potentiel des Bleus. Le point avec Guillaume Chiellino, directeur de l’équipe de France de voile olympique.
l’équipe de France est bien dans ses temps de passage. Le début d’année 2015 vient conforter la belle année 2014 qui s’était matérialisée par le très bon Championnat du monde à Santander, en septembre dernier. L’objectif à venir, c’est le Championnat du monde par séries, qui débutera par les Nacra 17, début juillet. Le suivant sera le Test-Event à Rio, en août, à pile un an des Jeux. Il n’y aura alors qu’un représentant par nation dans chaque série et l’effectif sera donc très proche de celui des prochains JO.
Le premier rendez-vous d’importance, la World Cup de Hyères, est passé. Quel en est le bilan ?
G. C. :
Dans sa nouvelle formule, il n’y avait plus que 40 bateaux par série, on se retrouvait donc avec la crème de la crème, avec plus de niveau qu’aux JO : les Anglais, les Néo-Zélandais et les Australiens, par exemple, tout comme nous, avaient glissé plusieurs bateaux dans certaines séries. Juste avant, la Coupe d’Europe à Palma a été une très bonne entrée en matière. Les équipages de Nacra 17 sont tout le temps dans les cinq premiers, le RS :X truste aussi les podiums et le 470 femmes est quasiment tout le temps dans le top 5. Le Finn, à quelques exceptions près, en fait de même. Ça tourne parfois très bien en laser et en 470 hommes. Enfin, en 49er FX (les filles), la hiérarchie est fluctuante, mais l’équipage progresse : à Palma et Hyères, Sarah Steyaert et Aude Compan font 8 et 6, c’est la bonne nouvelle du printemps.
Qu’est-ce qui marche moins bien ?
G. C. :
Le 49er, c’est notre point faible. On n’a jamais eu une grande tradition du skiff, en France, mais on avait des équipages plus souvent sur les podiums lors de la prépa olympique de 2012. Et puis le Radial, qui quand ça va bien, fait top 10, mais ce n’est pas assez fréquent. À leur décharge, on est en pleine passation de pouvoir. La vérité, on l’aura à la fin du mois d’août 2016, de toute façon.
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Sarah Steyeart & Aude Compan – 49er FX
La préparation olympique s’accompagne d’un gros travail de votre côté aussi. Où en êtes-vous ?
G. C. :
En interne, on va sortir un «carnet de jeu” à destination de nos sélectionnés pour le Test-Event, avec tout ce qu’on sait du plan d’eau de Rio, toutes les petites règles, les petites finesses…
Les inquiétudes perdurent sur la qualité de l’eau de la baie de Rio ?
G. C. : L’organisation nous annonce l’usage de barrières,
de machines qui ramassent les saletés dans l’eau, peutêtre des centrales d’enfouissement des déchets… La qualité de l’eau a quasiment toujours été mise en cause sur les plans d’eau olympiques. À Pékin, le problème semblait terrible : en juin 2008, les algues vertes étaient si nombreuses et denses sur l’eau que ça faisait quasiment un green de golf. Au final, ces jeux se sont tenus dans des conditions exceptionnelles. Lors du Test-Event 2014, on n’a pas déploré de malade à cause de l’eau. Avec le médecin de l’équipe de France, on va faire de la prévention pour éviter les éventuelles gastros, coupures, blessures. Mais il ne faut surtout pas oublier que disputer les JO à Rio, dans cette baie sublime, c’est une chance énorme pour la voile : les images, avec le Pain de sucre et le Corcovado et les voiles avec les drapeaux de chaque nationalité, feront le tour du monde ! Pour une fois qu’on n’a pas à se plaindre d’être en dehors du village olympique, ne gâchons pas notre chance !
Marie Riou et Billy Besson, porte-drapeaux de l’équipe olympique, ça aurait de la gueule, non ?
G. C. :
Par leurs résultats, par le fait qu’il n’y a pas d’autre sport qui présente un duo mixte, ils le sont déjà un peu. Mais cette mixité serait, c’est vrai, un très bel emblème pour la délégation française. »
journaldunautisme juin 2015
Yvan Zedda / Gitana Team
IMOCA Texte de Frédéric Pelatan
Gitana, droit vers le Vendée Globe Pour repartir à la conquête du Vendée Globe 2017-2018, Gitana Team a conçu pour Sébastien Josse un des quatre nouveaux bateaux. Visite au cœur du chantier Multiplast où croît un bijou de la course au large.
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u terre-plein de chez Multiplast, un gros bourdon à trois pattes s’apprête à s’envoler pour reprendre la mer. Ce chantier, où naît une bonne partie des meilleurs bateaux de la course au large, est une ruche en mouvement permanent. Dans l’alvéole adjacente, couvée par la reine Discrétion, mère de Performance, le 60 pieds Imoca de Gitana Team, prochainement baptisé Edmond-de-Rothschild, aborde l’étape prochaine de l’assemblage. Le monstre à naître porte en son code génétique trois intentions majeures : le respect des nouvelles normes de la jauge Imoca, les solutions d’architecte pour trouver la performance en réponse à ces contraintes, et le sens philosophique par son skipper, Sébastien Josse : la vitesse, oui, mais pas au prix de la fiabilité.
Gérer les nouvelles normes Dissociés, le pont et la carène font l’objet d’une intense activité. Masque de protection sur le nez, les « petites mains » expertes s’agitent autour de la boîte de la quille et de sa cloison, qui aura finalement demandé autant de temps de travail que le reste du bateau. Elle aura à supporter le poids de la quille, désormais monotype, pièce fraisée en une pièce dans l’acier inox dont le bulbe doit peser trois tonnes et la voile une tonne. Trois et un qui font quatre, le poids
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de la fiabilité. Cette contrainte, Sébastien Josse s’en réjouit : « À mon avis, une quille monotype aurait dû être imposée depuis longtemps : ce n’est pas possible d’avoir de tels problèmes de fiabilité sur un élément essentiel de sécurité. Les crash-tests ont montré que cet appendice, s’il rencontrait un obstacle fixe à 12 nœuds, se voilera, mais ne cassera pas. » La contrainte imposée a un coût : il faut renforcer la structure autour. Il se murmure que, la première fois que Guillaume Verdier, l’architecte que tout le monde s’arrache, mais dont les plans dignes de l’horlogerie démultiplient les petites pièces de meccano, est venu rendre visite au chantier, il aurait aimé être invisible. Il redoutait l’éventualité du regard noir des spécialistes du composite de Multiplast, condamnés à coller les petits bouts de carbone découpés les uns contre les autres avec la patience de moines bouddhistes. Coller des grains de sable les uns aux autres, c’est beau… mais c’est long.
Largeur : 5,70 m
Voilure près et portant : 290 m2, 490 m2
Tirant d’air : 29 m
Archi. : Verdier/VPLP
Tirant d’eau : 4,50 m
Chantier : Multiplast
Flottaison : 18,28 m
Déplacement : 7,6 t
Dissociés et alignés dans ce grand hangar dédié à Gitana Team, la carène et le pont, de noir carbone vêtus, mais déjà estampillés « Edmond de Rothschild », ne révèlent pas tous leurs secrets de fabrication. Certains
détails attirent l’œil, pourtant, comme cette étrave très volumineuse qui permettra au 60 pieds de planer. Le gain de ce dessin sera sensible dès 14 nœuds de vitesse, mais ne rendra certainement pas la navigation plus confortable. « On aurait aimé, raconte Armand de Jacquelot, l’architecte en charge de Gitana 16 – le nom de code du monocoque pousser plus loin l’expérimentation vers un nez façon le Mini Magnum, mais la jauge a été notre limite : on doit présenter une étrave large de 1,12 m à 1 m de l’étrave ».
La révolution des dérives porteuses Yvan Zedda / Gitana Team
Apparaissent aussi les puits des dérives porteuses. « Ce ne sont pas des foils, explique Sébastien Josse. Un foil est censé faire voler, mais on ne fait pas voler un bateau de 7,6 tonnes avec une quille de quatre tonnes, on peut le sustenter de quelques centimètres au-dessus de l’eau. » Le gain de vitesse ? 0,5 à 1 nœud au reaching, 2 à 3 nœuds au travers, annonce-t-on. Au près, c’est plutôt une perte de performance qui s’annonce : courbes, les dérives empêcheront un peu moins que le bateau dérive, justement. Mais, du près, il n’y en a globalement que sur 20 % du tracé du Vendée Globe… Alors apparaissent quelques conséquences induites. D’abord, pour aider le bateau à voler, il faudra faciliter la déjauge, notamment en empêchant le bateau d’enfourner. C’est bien pour cela que le nez d’Edmond-de-Rothschild est un peu plus rond – il devrait affleurer à 10 ou 15 centimètres au-dessus de l’eau -, et c’est pour cela aussi que se renforce la tendance, déjà ancienne, à déporter le centre de gravité vers l’arrière. D’une manière générale, les Imoca dernière génération font reculer le mât d’une cinquantaine de centimètres. Sur le prochain monocoque de Gitana Team, le plan de pont arrière permettra de matosser les voiles à l’arrière, pour un report d’une bonne grosse centaine de kilos vers la poupe. Astucieuse, l’équipe de design a décidé de se débarrasser des caissons latéraux du pont arrière, où se nichaient auparavant les ballasts. Une évolution ? Non, Sire, peut-être une révolution. Les voiles seront ainsi déposées à même le franc-bord, protégées comme le marin par le différentiel exagéré entre le cockpit, très profond, et le pont, largement au-dessus de la tête de Sébastien Josse, qui sera protégé par une très large casquette et aura les pieds à environ 200 à 300 millimètres au-dessus de la haute de flottaison seulement. Comparativement aux anciens bolides, et compte tenu de l’évolution de la jauge, cette nouvelle unité devrait ne pas être plus puissante. Sauf que les dérives en L ont la capacité de générer 15 à 20 % de puissance dynamique supplémentaire. Apposées à la nouvelle jauge, elles créent un souci potentiel, assure Sébastien Josse : « La nouvelle jauge Imoca impose une quille monotype et un choix entre deux mâts, dans des soucis de sécurité. Pourtant, il n’est pas impossible que le mât ne soit pas suffisamment solide pour des bateaux qui exploiteraient des plans porteurs, avec l’addition de puissance que cela impose. Avec Gitana Team, on a choisi d’essayer ces dérives et, si ça ne va pas, on s’autorisera à revenir à des dérives classiques. » Ce sont pourtant les architectes qui ont proposé les options à l’association Imoca, et les mêmes qui ont eu l’idée de développer ces plans porteurs sur nos monocoques.
Sébastien Josse et Guillaume Verdie
Un maxi multi en 2017
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En parallèle du développement de Edmond-de-Rothschild, Gitana Team a lancé un autre projet : un maxi multi, dont la construction devait débuter en octobre, pour une livraison au printemps 2017. Gitana assure ne pas avoir encore fait de choix entre catamaran et trimaran et toujours hésiter sur la taille, entre 31 et 35 mètres. On connaît l’architecte, Guillaume Verdier, avec qui le design team de Gitana, Antoine Koch en tête, travaillera. Seules certitudes : ce bateau pourra être mené en solitaire et en équipage, il sera équipé de foils en T, et sera archimédien et volant à la fois. Pour l’heure, le Multi 70 a été transformé en laboratoire d’expérimentation.
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Confort et sécurité
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Si Sébastien Josse et Gitana Team ont eu envie de prendre leur revanche sur le Vendée Globe, si Guillaume Verdier a dû s’arracher les cheveux avec les retours du bureau d’études, si des solutions nouvelles ont été cherchées à tous les étages, c’est non seulement parce qu’Edmond-deRothschild doit être capable de remporter le Vendée Globe, mais aussi et surtout parce que le souvenir des abandons sur casse, vécus par le skipper et l’équipe sportive il y a huit ans, est encore difficile à digérer. Le démâtage de Loïck Peyron, alors en tête, puis l’avarie de Sébastien Josse (sur BT, pont mâché par une déferlante) alors qu’il était également en tête, poussent le sponsor et le skipper à une grande prudence. « La fiabilité, c’était ce que Seb avait pointé du doigt en premier dans le cahier des charges », confirme Antoine Koch, responsable du bureau d’études. C’est donc à pas mesurés que le bateau a été dessiné. « On a redistribué la masse de carbone économisée dans la construction du cockpit vers la sécurité, raconte Armand de Jacquelot. On a rajouté des cloisons, renforcé le puits de dérive et la cloison de mât et on n’a pas hésité à rajouter une feuille de carbone çà et là pour s’assurer de la solidité des pièces. » Restait la fiabilité du marin à assurer. À l’exception des phases de transport des voiles, Sébastien Josse devrait rarement se retrouver balayé par des paquets d’eau de mer : son cockpit ultra profond et l’imposante casquette qui sera prochainement rajoutée le mettront à l’abri des éléments. Deux postes de veille seront aménagés à l’abri de cette casquette, où le skipper partagera son temps de veille avec l’exigu espace de vie – 2,5 m de profondeur – ménagé à l’intérieur. Une victoire sur le Vendée Globe, ça se joue aussi à la lucidité.
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Fête du Nautisme
Texte de Servane
Dorléans
Jetez-vous
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à l’eau ! quelques chiffres : Plus de 400 sites ouverts au public. 300 000 visiteurs, dont 240 000 pratiquants en moyenne. Plus de 10 000 personnes mobilisées sur le terrain pour animer ces deux journées. 25 disciplines nautiques proposées.
F.I.N.
85 départements représentés.
Prenez un grand pas d’élan et lancez-vous sur les mers, les lacs, les rivières, les 13 et 14 juin prochains à l’occasion de la 16e édition de la Fête du Nautisme ! Au programme : une multitude d’animations sur les côtes, mais également sur les rivières et plans d’eau intérieurs.
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epuis sa première édition en 2000, la Fête du Nautisme, créée sous l’impulsion de la Fédération des industries nautiques (FIN), connaît un engouement croissant. « Avant 2000, la FIN ne soutenait pas d’événement entre le Nautique de Paris et le Yachting Festival de Cannes, explique Thierry Lesieur, président de la Fête du Nautisme. Nous avons voulu créer un événement d’envergure nationale entre décembre et septembre, qui permette à tous de découvrir une vaste palette d’activités nautiques, mais également d’aller à la rencontre des acteurs du secteur sur près de 500 sites, que ce soit en bord de mer, sur les lacs, les rivières ou les plans d’eau intérieurs. » C’est dans cette optique que la FIN a décidé de fédérer les principales organisations représentatives du secteur nautique au sein de l’association Fête du Nautisme. Cette association, qui regroupe la FIN, la Fédération des ports de plaisance, le CNOSF, la Fédération française de canoë-kayak, la Fédération française des sociétés d’aviron, la FFVoile, la Fédération française motonautique et France stations nautiques, mobilise chaque année, le temps d’un week-end, les acteurs du nautisme et les membres des fédérations, qui proposent au grand public une multitude d’activités sportives et culturelles sur près de 500 sites. Pour devenir organisateur, le principe est simple. « Il suffit de faire acte de candidature auprès de la FIN. Ensuite, chaque coordinateur prend contact avec les professionnels de sa région pour organiser l’événement. Les organisateurs peuvent bénéficier d’un soutien logistique des collectivités en cas de besoin, indique Thierry Lesieur. Le Comité d’organisation, qui coordonne les aspects logistiques et communication média au niveau national, leur fournit également toute la PLV nécessaire au marquage de l’événement. « Il est difficile de mesurer l’impact de la Fête du Nautisme pour ses acteurs, mais ce que nous savons, c’est que 90 % des organisateurs renouvellent l’expérience l’année suivante, ce qui est très positif », avance Thierry Lesieur.
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En quête de soleil Si traditionnellement, la Fête du Nautisme avait lieu en mai partout en France, l’an dernier, les organisateurs de l’événement ont décidé de la décaler au mois de juillet. « Après deux ou trois ans de météo moyenne sur l’Atlantique et dans le nord de la France au mois de mai, nous avons en effet décidé de décaler la Fête du Nautisme. L’idée était également d’accueillir les premiers vacanciers, indique Thierry Lesieur. Finalement, ça a été un échec, car début juillet, les clubs sont déjà en pleine activité, et nous avons besoin de nombreux bénévoles pour encadrer les initiations. » Cette année, la Fête du Nautisme aura lieu le deuxième week-end de juin, une date à laquelle ses organisateurs ont décidé de se tenir à l’avenir. « Il est plus facile de trouver des bénévoles à cette date, et certaines fédérations peuvent décaler des événements sportifs pour animer quelques sites », poursuit-il. La Fête du Nautisme, qui se veut très conviviale, s’adresse à tous, débutants ou confirmés, jeunes ou moins jeunes, sportifs ou pratiquants d’un jour. L’an dernier, la manifestation a accueilli entre 450 000 et 500 000 personnes. « 25 disciplines sont représentées, de la voile au motonautisme, en passant par la plongée ou les sports de glisse tels que le Stand Up Paddle, le surf ou encore le canoë-kayak pour ne citer qu’eux, souligne Thierry Lesieur. Les activités sont gratuites, sauf certaines disciplines nécessitant un équipement particulier telles que le ski nautique ou le wakeboard, pour lesquelles une faible participation est demandée pour couvrir les frais de carburant. » En dehors de son aspect sportif et convivial, la Fête du Nautisme est également l’occasion de rappeler les bonnes pratiques en termes de sécurité, de protection de l’environnement et de respect des autres usagers de la mer.
journaldunautisme juin 2015
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semaine du golfe Texte de Pierre Le Clainche - Photos Pascale Guittenneau et François Berland
L’effet papillon D’une catastrophe écologique est né le plus grand rassemblement de voiliers traditionnels. Exposer un littoral morbihannais immaculé aux yeux du grand public après le naufrage de l’Erika en décembre 1999, incarnait l’idée de base de la manifestation créée en 2001. Depuis, les courants du golfe ont vu passer des milliers d’embarcations jusqu’aux 1 200 vieux gréements de cette 8e édition. Désormais consacré événement phare de la voile traditionnelle, la Semaine du Golfe poursuit sa croissance bisannuelle entamée il y a 14 ans.
Les mastodontes de la Semaine du Golfe Le Morgenster Bâti en 1919 à Scheveningen en Hollande, le Morgenster (Étoile du Matin) représente le plus grand voilier de la Semaine du Golfe avec ses 48 mètres de long hors tout. Anciennement nommé Vrou Maria lorsqu’il fut un lougre, ce brick néerlandais accueillait 90 passagers. Avec ses deux mâts, il fut construit initialement pour la pêche aux harengs jusque dans les années 70. En 1993, racheté et restauré par Harry Muter, il devint un navire-école.
L’Hydrograaf
à bord du Morgenster.
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Aux Pays-Bas on ne badine pas avec l’Hydrograaf, merveilleux navire à vapeur de 40,5 mètres, pour plusieurs raisons. D’une, il est censé accueillir Saint Nicolas, le grand-père du père Noël qui transporte donc les cadeaux tant convoités des petits Néerlandais. Ce flamboyant navire fut construit en 1910 et utilisé comme outils de relevés hydrographiques jusqu’à ce que la famille royale hollandaise ne l’acquière et ne le transforme en luxueux yacht. Mouillé non sans mal dans le port de Vannes (l’Hydrograaf possède 1,80 m de tirant d’eau et sa largeur atteint les 6,70 m) il fut l’attraction des petits et grands enfants que nous sommes devant son imposante silhouette. Nicole Wolfs, la propriétaire depuis les années 80, assure même que le père Noël s’y repose de temps en temps sans prévenir…
La semaine en chiffres 10
Le nombre de flottilles conviées à voguer au gré des courants et autour des îles du golfe du Morbihan : yoles, voile-aviron, petite plaisance traditionnelle, plaisance classique de plus de 8 mètres, plaisance des années 60-70, voiliers de travail, petite plaisance classique de moins de 8 mètres « régates et balade », motonautisme, voiles croates et latines, grands voiliers.
13 Le nombre de pays différents représentés sur l’eau : Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande. Les Néerlandais, Belges, Croates, Allemands, Espagnols, Suisses, Luxembourgeois et Tchèques complètent le plateau international outre les Français, maîtres de cérémonie.
1 200
Le nombre de voiliers traditionnels de ce millésime 2015 qui plongent les spectateurs dans un véritable film d’époque bien réel.
1 087
La somme d’îles (dont 47 sont habitées) et d’îlots que possède le pays invité de cette 8e édition, la Croatie.
8
Les prix à remettre au concours de chants de marin du « Trophée Capitaine Hayet ». Quatre épreuves indépendantes avec pour chacune un lauréat « soliste » et « groupe » : chants à virer, chants à hisser, chants de gaillard d’avant et chants à danser.
L’étoile du Roy, reproduction d’une frégate corsaire de 1745.
L’Étoile du Roy « C’est un fameux trois-mâts fin comme un oiseau… », chantait Hugues Aufray. Ses paroles bien connues pourraient décrire à la perfection cette réplique taille réelle d’une frégate corsaire malouine de 1745 à l’exception des fameux 400 tonneaux. L’Étoile du Roy, plus grand navire traditionnel français, n’embarquait « que » 310 tonneaux assurément très convoités par les 240 hommes d’équipage lorsque les conditions de vie à bord devenaient difficiles. Armé en temps de guerre de 20 canons, on raconte que l’Amiral de France délivrait une lettre de marque au capitaine l’autorisant à attaquer les bâtiments du Roy.
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UNE PART DE RÊVE
Texte de
Frédéric Pelatan
La Volvo Ocean Race faisait étape à Auckland en mars dernier.
La magie de Hauraki Si Mapfre, Abu Dhabi et Dongfeng se sont déchaînés pour franchir la ligne d’arrivée de la 4e étape de la Volvo Ocean Race, à Auckland en mars dernier, sachez qu’il est également possible prendre son temps en Nouvelle-Zélande. Couper le contact est même fortement recommandé. Visite guidée du golfe de Hauraki, paradis de la plaisance.
« Une ? » « Une manche de pro-am à bord de Mapfre, dans la baie d’Auckland, ça te dit ? » Pattes arrières vacillantes, maxillaire inférieur à peu près au niveau du sternum, l’œil gauche qui fait des bouclettes en même temps que le droit, à force de friser… pas la peine de prononcer un mot, ça veut bel et bien dire oui, méchamment oui. Obviously yes of course my dear lovely I like my job. Aller faire un tour de barquette griffée Volvo Ocean Race ? C’est oui. Avec Iker Martinez comme patron ? C’est oui. Dans le golfe du bout du monde, aux antipodes de la baie de Douarnenez – dont les Néo-Zélandais doivent certainement rêver, preuve que l’exotisme n’est qu’une question de point de vue – au milieu de ces îles qui entourent Viaduct Harbour ? C’est oui. Et tant pis si l’on se retrouvera à wincher dans le vide parce que le compère de manivelle, tout à sa joie de tant donner pour la conquête de la deuxième place de cette manche de pro-am, aime se sentir dans la cape rouge de « Supergrinder » (l’homme qui mouline à toute vitesse quand aucune vitesse n’est enclenchée),
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on aime tout le monde dans ces moments-là. Faire avancer un bateau dans la baie de Hauraki, sous l’œil compatissant de la Sky Tower, ça n’a pas de prix.
Le golfe d’Auckland Surnommée City of Sails, la cité des voiles, pour ses 135 000 unités parquées dans ses marinas, Auckland a été bâtie sur d’anciens volcans qui vallonnent ses artères et ses ruelles. Viaduct Harbour est devenu un quartier très branché de la plus grande ville de NouvelleZélande. Des dizaines de terrasses longent la mer. De là, il est possible d’emprunter un des multiples ferries qui assurent la liaison avec les îles alentours, mais aussi d’embarquer sur un des bateaux de Team New Zealand. On a aimé : le quartier de Ponsonby et ses faux airs de San Francisco, mais Queen Street aussi ; les quais réhabilités de Viaduct Harbour ; le parc d’Auckland Domain ; grimper au sommet de la Sky Tower, à la tombée du jour, et ne pas avoir cherché à sauter à l’élastique depuis la plateforme supérieure.
On a regretté ne pas avoir fait un tour au Auckland Museum, où se nichent des trésors de la culture maori, ne pas avoir pu pousser jusqu’au quartier de Parnell, jusqu’à Devonport et sa réserve naturelle, le parc régional de Waitakere et, pire, n’avoir pas réussi à trouver le temps de pénétrer au paradis, nous parlons bien sûr de l’Eden Park. Reste que cette ville, totalement tournée vers la mer, mérite qu’on la quitte pour aller découvrir quelques-unes des îles du golfe de Hauraki.
Les îles - Waiheke – Située à 11 milles d’Auckland, c’est une des plus grandes du golfe, un des plus sauvages également. Les terrains viticoles et agricoles sont si nombreux que l’île est surnommée « l’île du vin » et parcourir avec modération mais beaucoup d’envie la route des vins est vivement conseillé. Quelques plages valent un mouillage : Oneroa et son sable blanc ou Onetangi qui s’étend de toute sa langueur sur deux kilomètres au nord-est de l’île. À visiter : Connells Bay Sculpture Park, où quand la main de l’homme se conjugue à la nature, le fort
Waiheke Island, lincontournable.
de Stony Batter, et les forêts où grandissent les kauris, arbres majestueux dont le tronc peut atteindre des circonférences incroyables (16 mètres pour le plus large), mais ultra protégés depuis qu’une maladie les a décimés dans l’île Nord. - Great Barrier Island – À 62 milles au nordest d’Auckland, l’île de la Grande-Barrière est la seconde plus grande île du pays, mises à part Northland et Southland. Elle culmine à 621 mètres grâce au mont Hobson. Elle ferme le golfe et, soumise aux vents et aux houles, elle ne propose pas la même géographie à l’est (une côte érodée et de longues plages) qu’à l’ouest (une foule de baies, idéales pour le mouillage), et sa végétation tropicale est particulièrement dense. Une vraie destination nature – 860 habitants permanents seulement – et quelques ports utiles : Port FitzRoy, Whangaparapara et Tryphena, sur la côte ouest. - Tiritiri Matangi – À 30 km au nord-est de Central Auckland et à seulement 4 km du bout de la péninsule de Whangaparaoa, Tiritiri est un sanctuaire de la nature, à découvrir en visite guidée ou en solitaire. Les pingouins viennent y trouver refuge.
Port-FitzRoy, un mouillage au calme à Great Barrier Island.
à l’instar du parc de Waitakere, près d’Auckland, la région et ses îles regorgent de chemins de randonnées spectaculaires.
Infos utiles - Rangitoto – Si son nom signifie, en maori : « Ciel rouge sang », cela vient d’une bataille sanglante qu’a livrée une tribu maorie à l’envahisseur anglais. Cela aurait également pu venir du fait que cette île est un volcan bouclier, le plus récent (600 ans) et le plus grand (2 300 hectares) des 48 volcans du champ volcanique monogénétique d’Auckland. Rangitoro est à 4 milles environ du centre d’Auckland et elle joint, par une bande de sable, Motutapu Island. - Rotoroa – Accolée à Waiheke Islands, Rotoroa a longtemps été interdite au public : elle servait de centre de sevrage de l’alcool et des drogues. Un programme de préservation du patrimoine immobilier protège les bâtiments anciens, la prison, l’école ou encore la chapelle. À voir : les expos organisées entre les murs, l’œuvre monumentale du sculpteur néozélandais Chris Booth, qui surplombe l’île, et les quatre belles plages de l’île. - Kawau Island – À 25 milles au nord-est de Central Auckland, mais à moins d’un mille de la pointe de la péninsule d’Auckland, Kawau vaut notamment pour son histoire : c’est ici que le premier gouverneur de Nouvelle-Zélande, Sir George Grey, établit la première Maison blanche du pays. Le gouverneur importa de grandes quantités d’essences exotiques, des wallabies et des paons. Les eaux, translucides, sont très poissonneuses. Une île où il fait bon se la couler douce.
S’y rendre : 26 heures de vol avec Singapour Airlines, via Singapour puis son partenaire Air New Zealand. www.singaporeair.com et www.airnewzealand.fr Dormir à Auckand : fort bien placé et confortable, le Sofitel Auckland Viaduct Harbour. www.accorhotels.com.
Office du tourisme de Nouvelle-Zélande : www.tourismnewzealand.com Auckland : www.aucklandnz.com Un interlocuteur francophone ? www.frogs-in-nz.com Viaduct Harbour : www.viaduct.co.nz Waiheke Island : www.waiheke.co.nz Great Barrier Island : www.thebarrier.co.nz Tiriti Matangi : www.tiritirimatangi.org.nz Rangitoto : www.rangitoto.org Rotoroa : www.rotoroa.org.nz Kawau Island : www.kawauisland.org.nz Photos : Victor Fraile/VOR, Julian Apse, Scott Venning/TourismNewZealand
TOUR DE L’ÎLE DE GROIX
LORIENT LA BASE / 11-12 JUILLET 2015
Grand Large Tour de l’île de Groix www.lorientgrandlarge.org
Un événement Lorient Grand Large au profit de l’ONG PLAN FRANCE
club-house 6e édition de la Normandy Channel Race
La 6e édition de la Normandy Channel Race s’élancera le 24 mai du port d’Ouistreham dans la banlieue caennaise. Courue en Class40, la compétition se dispute en double sur un parcours très exigeant - un allerretour de 1 000 milles jusqu’en Irlande. Destinée aux amateurs comme aux professionnels, la course verra une vingtaine de duos s’élancer cette année. 8 des 15 premiers de la dernière édition de la Route du Rhum seront notamment présents. Renseignements : www.normandy-race.com
Wauquiez
Présent depuis 50 ans dans le monde du nautisme, Wauquiez a fait naître plus de 2 500 bateaux, dont beaucoup appartiennent à la légende du nautisme. Le chantier français s’apprête à sortir le Pilot Saloon 48, le dernier-né de cette gamme initiée en 1990 par Ed Dubois et reprise depuis 2005 par Berret-Racoupeau Yacht Design. Si le salon surélevé offre toujours une vue panoramique et si le programme reste hauturier tout en préservant une certaine appétence pour les belles combinaisons de matériaux (teck à l’extérieur, cuir et inox pour l’intérieur), il faut noter de nombreuses évolutions en termes d’ergonomie générale, de plan de pont, de plan de voilure, d’aménagement et de design intérieur. Actuellement en construction, le Pilot Saloon 48 N° 1 sera présenté en première mondiale au Cannes Yachting Festival en septembre prochain. Renseignements : www.wauquiez.com
Un rhum pour la route
Vous avez la nostalgie des arrivées dans la baie de Pointe-à-Pitre ? Alors peut-être que le rhum Damoiseau de 5 ans d’âge saura vous rappeler de bons souvenirs. Issue du vieillissement d’une seule distillation, la liqueur offre une robe limpide et d’un brun clair. Le nez, complexe et aromatique, est marqué par des touches d’orange confite suivies de caramel. La bouche est ronde et onctueuse, et dévoile des arômes d’amande grillée. La finale révèle à la fois des notes boisées et des touches d’épices et de poivres. Renseignements : www.damoiseau.fr
Louer un bateau sur le web
Le service de location entre particuliers Ocean Serenity se dote d’un nouveau site web multisupport, proposant un parcours client entièrement revu, de nouvelles fonctionnalités (automatisation des réductions de dernière minute, solutions d’assurance…) et des garanties réciproques importantes. La flotte potentielle dont dispose Ocean Serenity est déjà composée de 360 bateaux (dont 100 à moteur) principalement en Bretagne Sud, dans le Var, en Corse et aux Antilles. La société bretonne est la seule à proposer localement, et sur tout le littoral aux propriétaires de bateaux, une gamme de services complète grâce à son réseau de Boat Captains. Renseignements : www.ocean-serenity.com
Un complexe immobilier à Maurice
La Balise Marina est le seul développement immobilier de type IRS du pays offrant aux acquéreurs l’opportunité de vivre leur passion pour la navigation. Unique marina résidentielle de l’île, ce complexe immobilier comprend 146 résidences haut de gamme, toutes avec un accès direct à la mer, dont 14 villas d’environ 475 m2, 62 duplex d’en moyenne 210 m2 et 70 appartements de 131 à 191 m2. Les prix de vente des propriétés débutent à partir de 680 000 euros TTC et varient selon le type de résidences, l’emplacement et la superficie. Toutes les unités de la Phase 1 ont été vendues et livrées à leurs propriétaires, les unités de la seconde et dernière phase sont actuellement en vente. Leur construction a débuté en décembre 2014. Renseignements : www.labalisemarina.com/fr
Louer un bateau en ligne, c’est possible !
Lancé en fin d’année 2013, Boaterfly.com est un site de location et de partage de bateaux et véhicules nautiques de tout type entre particuliers dans le monde entier. Demi-journée, week-end, ou nuit au port, chaque voyageur personnalise son expérience nautique et bénéficie d’offres jusqu’à 50 % moins chères que les tarifs d’agence. Pour les propriétaires, la publication des annonces est quant à elle totalement gratuite. Ces derniers disposent en outre d’une assurance location à la journée grâce à Allianz, partenaire de Boaterfly à partir de 20 € par jour. Renseignements : www.boaterfly.com
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Cap sur notre stand à Bordeaux, Concarneau et Dieppe Suzuki vous accueille dans le Village de la Solitaire du Figaro - Eric Bompard cachemire
PLUS VITE ET PLUS LOIN AVEC MOINS DE CARBURANT ET MOINS D’ÉMISSIONS Parmi de nombreuses innovations, nos ingénieurs ont conçu un système de contrôle de la consommation qui permet d’optimiser le rapport air/essence. Le «Lean-Burn» anticipe les besoins en carburant selon les conditions d’utilisation, et se montre avantageux sur toutes les plages de fonctionnement. Les gains en consommation pouvant atteindre jusqu’à 45% pour les moteurs de 9,9 à 30ch et de 15 à 16% pour les autres moteurs de la gamme.
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