Journal du Tennis n°27

#27 juin 2015 > gratuit

> Supplément gratuit à L’équipe n°22223 du dimanche 24 mai 2015

Rafael Nadal

L’ombre d’un doute Spécial Roland-Garros

Guga forever - Ils ont brillé porte d’Auteuil

TRAINING, PLAYING, WINNING. ELEGANCE IS VICTORY.

John Isner Se préparer, s’affronter, gagner. L’élégance est victoire.

Et deux qui font cinq, et un qui fait dix ?

À la une

O

n ne va pas vous la faire à l’envers. Impossible de le nier : jamais Rafael Nadal n’est arrivé à Roland-Garros dans un tel état.

Jamais il n’a disputé les Internationaux de France sans au moins un Masters 1000 dans son thermobag. Jamais il ne s’était posé autant de questions technico-existentielles à cette période de l’année. Même la toute première fois qu’il a foulé la terre parisienne, il y a dix ans, avec zéro Grand Chelem au compteur et à peine le droit de conduire seul (il avait 18 ans), l’Espagnol apparaissait un peu plus haut sur la liste des favoris que cette année.

Le pire du pire, dans cette histoire d’aura qui se désagrège de semaine en semaine, c’est que le corps va bien, merci. Le dos ne grince plus comme au premier semestre 2014 et les genoux attendent apparemment des jours moins bons pour recommencer à couiner. Mais alors, c’est quoi le problème ? La cabeza, doctor !

Contrairement à un Federer ou un Djokovic, Nadal ne dispose pas de ce patrimoine génétique qui vous empêche de douter de vous-même, qui vous répète à tue-tête que « bien sûr, mec, c’est toi le meilleur ». Nadal pense que Federer et Djokovic jouent mieux au tennis que lui et ça ne date pas de ce printemps. Il a peut-être raison d’ailleurs. Mais entre « mieux jouer » et « être plus fort », reconnaissez qu’il y a une nuance gigantesque.

En cette fin de mois de mai 2015, Rafael Nadal, bientôt 29 ans, n’est ni le plus fort ni celui qui joue le mieux au tennis. Mais en cette fin de mois de mai 2015, comme toutes les fins mai, on va une nouvelle fois changer d’univers. Passer d’un format pour le commun des mortels à un univers « extra » terrestre.

On ne va plus jouer au meilleur des trois mais des cinq sets. Une autre paire de manches qui change absolument tout.

Dans sa vie entière, Nadal a disputé 87 matches sur terre battue dans lesquels c’est bien trois sets qu’il fallait engranger pour sortir du court en vainqueur. De ces 87 matches, disputés à Roland-Garros, en Coupe Davis ou dans des finales de Masters 1000, quand celles-ci étaient encore à rallonge, le Majorquin en a remporté 86. Pas besoin de chercher bien loin pour admettre que ça fait presque 99 % de réussite. Pas besoin non plus d’avoir une mémoire d’éléphant pour se souvenir que le seul homme qui a réussi l’exploit (le Suédois Robin Söderling, en 2009) n’est plus en activité.

Rafael Nadal / DPPI

Du coup, nous voici au pied de ce Roland-Garros 2015 avec un Nadal qui n’apparaît plus dans les quatre premières têtes de série (du jamais vu, là aussi), un Djokovic et un Murray qui débarquent avec 100 % de victoires sur terre battue, un Federer qui fait de moins en moins son âge et des Nishikori, Berdych, Wawrinka, Ferrer ou autres (Fognini, par exemple) qui ne peuvent faire autrement que penser que oui, cette fois, Nadal est peutêtre bon à prendre, même à Roland-Garros. Et malgré tout ça, vous seriez vraiment si surpris que ça, vous, si dans quinze jours le gars soulevait une dixième fois la Coupe des Mousquetaires ? Nous non.

Julien Reboullet Diffusion : Supplément gratuit à L’équipe n°22223 du dimanche 24 mai 2015.

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Jérémy Chardy La vie est un sport magnifique

CHAMPION

Texte de

Julien Reboullet

Nadal, une si longue his

2005

V

ous vous souvenez, vous, où vous étiez il y a dix ans jour pour jour ? Il y a dix ans, Andre Agassi jouait encore vachement bien au tennis, le PSG était « pauvre », Jean Dujardin cartonnait avec Brice de Nice et l’Amérique ne se doutait pas qu’elle allait bientôt avoir un président noir. Il y a dix ans, Roger Federer régnait en maître absolu sur la planète tennis et Rafael Nadal n’avait encore jamais posé le pied sur la terre de Roland-Garros.

En dix ans, l’Espagnol est devenu haut la main le plus grand joueur de tous les temps sur terre battue. Gagner, il sait faire. Et ce n’est pas fini.

Enfin peut-être pas. Comme l’an passé, il n’arrive pas dans des conditions optimales de confiance pour décrocher encore le pompon. L’an dernier, ça ne l’a pas empêché de déchirer encore la lettre au père Noël de Novak Djokovic en finale. Cette année ? On n’en sait rien. Ce qu’on sait, c’est qu’en dix ans, il y en a eu, des choses écrites (1) sur ce Rafael Nadal Pareira, né sur l’île de Majorque en 1986. La preuve…

2005 : WILANDER AVAIT TOUT PRéVU « Bon nombre de gars vont commencer par vomir à l’idée de devoir l’affronter à Roland-Garros. » Il est fort, ce Mats Wilander. On était à l’aube de l’édition 2005 des Internationaux de France, Rafael Nadal n’y avait encore jamais disputé le moindre match et l’expert suédois, dans les colonnes de L’équipe, avait deviné que l’Espagnol n’était pas que de passage : « Même si Nadal n’a jamais encore disputé ce tournoi, je vous parie qu’il ne ressentira pas un gramme de pression, ajoutait Wilander. Et même s’il sent la pression, son jeu n’est pas de ceux qui peuvent dérailler : à deux mètres au-dessus du filet, à deux mètres des lignes. Comme moi quand j’ai gagné en 1982 pour ma première participation, il sait qu’il jouera “son jeu” quoi qu’il arrive. Au bout d’une heure contre lui, comme contre moi, le gars d’en face se dit : “M…! Il faut que je tienne encore trois heures !

Mais je ne veux pas continuer ça pendant trois heures.” » Le Suédois concluait sa chronique ainsi : « Nadal, c’est la “vraie” terre battue. Il me fait un peu penser à un Vilas moderne. Il tient l’échange aussi longtemps qu’il faut ; physiquement, il est costaud comme un taureau et, mentalement, rien sur terre ne le fera changer d’idée : il veut gagner

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Clive Brunskill /Getty / AFP

Jack Guez / AFP

Il y a déjà dix ans que Rafael Nadal a pris possession de Roland-Garros, où il vise cette année un dixième triomphe. Flash-back sur cette relation au long cours avec Paris.

2007

tous les points. Tous. Absolument tous. » En cours de tournoi, Wilander commencera aussi à évoquer Borg comme jumeau de l’Espagnol, qui finira par s’imposer en quatre manches face à l’Argentin Mariano Puerta.

L’histoire était en marche. Nadal : « J’aimerais remercier Mats Wilander de me comparer à Borg, mais ça ne tient pas debout. Mon but est simplement de continuer à travailler et à progresser. »

2006-2007-2008 : LES ANNéES BONHEUR Avant son deuxième Roland-Garros, Rafael Nadal confie combien il voit son métier avec simplicité : « Moi, j’essaye juste d’être le meilleur joueur de tennis possible. Je suis heureux quand je joue, encore plus heureux quand je joue bien. J’aime tellement la compétition que garder une concentration extrême tout le temps ne me pose aucun problème. Je profite du tennis !

Je crois pouvoir dire que j’ai une assez bonne mentalité pour exercer le métier que je fais. Les limites, c’est un truc qu’on s’impose à soi-même, je pense. Moi, ce qui m’intéresse, c’est l’inverse. Je veux ne jamais connaître mes limites ! » Et ce n’est pas cette année-là qu’il va s’y cogner, à ses limites. Il bat Federer en finale puis dit : « Ce que je retiendrai d’abord, c’est mon attitude sur le court. Je n’ai pas joué mon meilleur tennis et pourtant j’ai gagné Roland-Garros une deuxième fois. Si on joue en ayant un excellent état d’esprit, il est possible de gagner. Un tournoi comme celui-là se gagne avec le cœur et avec la tête… » Un an plus tard, il bat encore maître Federer en finale. Et de trois titres !

Comme Kuerten. On lui demande déjà de commencer à regarder en arrière pour jeter un coup d’œil au Nadal d’avant : « C’est difficile de comparer, car j’ai remporté trois fois ce tournoi, à trois moments différents de ma vie, de ma carrière. Le premier m’a procuré une émotion énorme.

Le deuxième, je l’ai apprécié car je revenais d’une blessure. Et enfin le troisième : j’ai la sensation d’avoir bien joué, en tout cas mieux que lors des deux premiers. » Arrive 2008, saison où, probablement, Nadal a joué le meilleur tennis de sa vie à Roland-Garros. Avant de s’y attaquer, on lui demande s’il trouve qu’il a de la chance de dérouler sa carrière en même temps que Roger

Miguel Medina / AFP

Lionel Bonaventure / AFP

stoire

2009

Federer : « Est-ce que je suis content de jouer à la même époque que le meilleur de tous les temps ? Oui ! C’est fantastique de pouvoir me mesurer à lui. Mais une chance ? Non ! » Sauf qu’à Roland-Garros, ça ne lui cause pas trop de souci. Encore moins cette année-là où, le dernier dimanche, il démolit celui qu’il détrônera au classement mondial l’été suivant. Les raisons d’une telle rouste ? Ses progrès, bien sûr : « Je joue beaucoup plus dans le court, je suis plus agressif en coup droit comme en revers. Plus sûr également, puisque mon revers me permet d’inscrire beaucoup de points. Je ne subis pas l’échange, je ne joue pas deux mètres derrière la ligne de fond de court. Je varie beaucoup plus la direction, les angles de mes frappes. Je suis plus complet, c’est aussi simple que ça. »

2009 : STOP, MAIS ENCORE ?

En 2009, on a déjà compris que, sauf miracle, ce n’est pas Roger Federer qui pourra battre un jour Rafael Nadal à Roland-Garros. Et que si le Suisse entend un jour inscrire enfin son nom au palmarès, il lui faudra compter sur une tierce personne pour faire le ménage à sa place.

Pour Nadal, la saison a commencé merveilleusement. Il a décroché son premier (et à ce jour unique) Open d’Australie s’est aussi imposé à Indian Wells. Puis il pose le pied sur terre et ne perd qu’un set au total (contre Djokovic) pour remporter à la file Monte-Carlo, Barcelone et Rome. Et voilà qu’il recroise la route de Djokovic en demi-finale à Madrid. Match extraordinaire, et extraordinairement éreintant, qui dépasse les quatre heures (4h03), qu’il gagne (3-6, 7-6, 7-6) mais qui lui coûte. Le lendemain, il perd la finale contre… Federer (6-4, 6-4) et rien ne dit que ce marathon n’a pas eu une influence sur « ce petit truc au genou » (dixit son médecin) qu’il se fait juste avant de lancer son Roland-Garros. à Paris, il franchit trois tours sans danger puis arrivent, main dans la main, ce 31 mai 2009 et Robin Söderling.

Le Suédois n’est alors que le 25e joueur mondial et il n’a jamais fait mal à Nadal sur terre battue mais il joue sa chance à fond. L’Espagnol ne joue pas long, le Suédois cogne fort et l’incroyable se produit. Nadal est battu

2014

à Roland-Garros (6-2, 6-7, 6-4, 7-6) et dit : « Je n’ai pas été assez agressif, j’ai joué trop court et je lui ai rendu les choses faciles, c’est entièrement ma faute. Il a fait un bon match, oui, mais j’ai plus été surpris par mon jeu que par le sien. » Jamais l’Espagnol n’évoquera ce genou gauche qui le faisait alors terriblement souffrir et qui allait le conduire à renoncer à Wimbledon et à s’éloigner du circuit pendant deux mois et demi pour se soigner. Il dira juste, fataliste : « Ça devait bien arriver un jour, ce n’est pas une tragédie. » La suite lui donnera bigrement raison. En attendant, Roger Federer saute sur l’occasion, et sur Söderling en finale, pour passer entre les gouttes Nadal et décocher son Roland-Garros à lui…

2010-2014 : REÇU CINQ SUR CINQ Une fois digéré le choc Söderling, il n’était pas évident de parier sur le fait que Rafael Nadal allait remporter encore plus de titres à RolandGarros « après » qu’ « avant ». Non content d’en aligner cinq à la suite (de 2010 à 2014), ce que même Borg n’avait jamais réussi, il s’est porté, à la force de son lift et de son mental, à l’incroyable total de neuf Coupes des Mousquetaires. Novak Djokovic a remplacé Roger Federer sur la liste de ses victimes de prédilection. C’est d’ailleurs au tour du Serbe de se demander s’il va, lui aussi, devoir espérer que ce terrible Majorquin soit expulsé par un autre que lui pour qu’enfin il boucle sa collec’ de titres majeurs. « Djoko » sait beaucoup mieux manœuvrer Nadal sur terre que ne le peut Federer. Mais la magie « Roland » et le format en cinq sets, pour l’instant, c’est un diptyque qu’il ne contrôle pas. Pourtant, l’an dernier, Nadal commençait à cramper au mollet à la fin du troisième set de leur finale. « Si on ne gagne pas le quatrième, c’est foutu », dira ensuite oncle Toni.

Mais pour l’instant, ça continue.

Laissons le mot de la fin à Mats Wilander, qui affirmait, il y a un an, après le neuvième sacre de Nadal : « Je le vois en gagner encore deux d’ici à la fin de sa carrière. C’est mon pari. » Vous le suivez ?

(1) Toutes les citations qui nourrissent cet article sont issues de L’équipe.

journaldutennis juin 2015

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Favori ?

Texte de

Kevin Jerault

Le gymkhana de Djokovic

Kenzo Tribouillard / AFP

Novak Djokovic, c’est une place de numéro un mondial, huit titres en Grand Chelem, un statut légitime de favori et… dix tentatives infructueuses à Roland-Garros. Voici les huit pièges que Nole devra éviter pour s’imposer porte d’Auteuil.

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Piège n° 1 : Sous-estimer Nadal

Piège n° 2 : Réanimer Federer

Rafael Nadal n’a jamais paru si fragile à l’approche de Roland-Garros qu’en cette année. Pour la première fois, il n’a empoché aucun tournoi sur l’ocre avant de se présenter à Paris. Dominé par Djokovic à Monte-Carlo (demie), Fognini à Barcelone (8es), Murray à Madrid (finale) et Wawrinka à Rome (quart), Nadal ne sera pas dans le top 4 mondial. Une première depuis dix ans puisqu’il faut remonter en 2005, pour le premier de ses 9 titres à Paris (où il affiche un bilan de 66 victoires pour une défaite), pour le retrouver 5e au classement ATP. Il n’empêche ; gagner neuf fois en dix ans confère une sorte d’invulnérabilité, incontestable et incontestée par les principaux concurrents de l’Espagnol : « J’ôterai Nadal des favoris de Roland-Garros quand il aura perdu », ironisait Stanislas Wawrinka après l’avoir évincé en quarts à Rome (7-6, 6-2).

Une précaution que prend aussi Nole : « Pour moi, Rafael Nadal est le plus grand joueur de tous les temps », confiait-il au sortir de son second échec en finale de Roland-Garros, l’an dernier. Au regard des statistiques, le Serbe a raison de craindre le Taureau de Manacor.

Sans aucune compassion, ce dernier a barré la route du n° 1 mondial à Roland-Garros à six reprises en dix participations. Et si leurs trois dernières confrontations ont été les plus accrochées (finale en 2014 et 2012, demifinale 2013), Nole n’a jamais pu appliquer un plan de bataille qui lui réussit si bien par ailleurs.

Pour imiter Robin Soderling, seul « matador » du nonuple vainqueur à la porte d’Auteuil (en 2009, en 8es de finale), Novak Djokovic doit reproduire ce qu’il a réalisé contre son meilleur ennemi à Monte-Carlo en avril dernier (victoire 6-3, 6-3), ou en finale à Rome en 2014 (4-6, 6-3, 6-3).

Roger Federer ne possède qu’un seul titre à Roland-Garros, acquis en 2009 – face à Robin Soderling. Avant de triompher à Istanbul le dimanche 3 mai, le Suisse n’avait plus connu le succès sur terre battue depuis six ans justement.

Alors, pourquoi craindre Le Maître, incapable d’empocher un Grand Chelem depuis Wimbledon en 2012 ? Parce qu’en 2011, l’année Djokovic

Nole se retrouve même à deux points de la défaite lors du 4e set (6-4, 30-15 pour l’Espagnol), mais contre toute-attente, le Serbe renverse la situation. Il ne commet plus une faute et à 4-2 dans l’ultime set, il se dirige tout droit vers sa deuxième finale consécutive porte d’Auteuil.

Dans le jeu suivant, le vent lui joue pourtant un drôle de tour, fatal. À 4-3, 40-40 sur son service, Novak agresse Rafa et n’a plus qu’une volée à claquer pour s’offrir une balle de 5-3. Ce qu’il réalise mais sans pouvoir éviter le contact avec le filet. La faute est sanctionnée, et Nadal se saisit de cette chance et inverse la tendance jusqu’à s’imposer 9-7 dans cette ultime manche, après 4 h 37 d’une bataille rocambolesque et intense, qui reste dans les mémoires des fans de tennis.

Novak Djokovic : « Pour moi, Rafael Nadal est le plus grand joueur de tous les temps » (41 victoires de suite, trois Majeurs), Fed’ avait brisé le rêve du natif de Belgrade en demi-finale, au terme d’une bataille épique disputée en quatre sets. Clin d’œil de l’histoire en faveur de Djoko ? Roger Federer avait décroché la timbale à Paris après onze tentatives. Novak va prendre le départ de son 11e Roland-Garros en 2015...

Piège n° 3 : Faire confiance aux filets !

Parfois, la victoire ne tient qu’à un fil… de filet.

En 2013, Novak Djokovic, qui n’a jamais battu Rafael Nadal en six confrontations à RolandGarros, peut penser à la victoire jusqu’à la perfidie du câble du milieu de terrain. Be kind, rewind : demi-finale 2013, les deux hommes se livrent à un duel des plus accrochés. Malmené,

Piège n° 4 : Éviter le burn-out

On connaît l’endurance du n° 1 mondial.

Qu’elle provienne de son régime sans gluten débuté en 2010 ou d’un œuf révolutionnaire et pressurisé surnommé « CVAC Pod » – dont Nole serait friand, qui améliore ses performances physiques et sa récupération – Novak Djokovic est une machine de guerre sans obsolescence programmée. Son appétit vorace lui a permis de battre un nouveau record cette saison : il est devenu le premier joueur de l’histoire à empocher les trois premiers Masters 1000 de la saison (Indian Wells, Miami, Monte-Carlo). Une démonstration de force, mais pas un objectif en soi pour le Joker. Novak Djokovic s’est porté pâle à Madrid, début mai, pour « préparer au mieux Roland », selon les termes de son entraîneur Boris Becker. De retour à Rome mimai, le n° 1 mondial a essuyé une mise en route

>>> journaldutennis juin 2015

Thomas Coex / AFP

Favori ?

difficile, laissant échapper un set lors de ses deux premiers matches, face à Thomaz Bellucci puis Key Nishikori. Une mise en route poussive, certes, mais de là à douter de sa capacité à triompher sur le Philippe-Chatrier le 7 juin prochain ?

Piège n° 5 : Se reposer sur le soutien du public Mauvais présage ! Il suffit de se remémorer l’épisode du Masters 1000 de Paris-Bercy pour comprendre le respect mutuel qui lie Novak Djokovic à la France. Après avoir balayé Philipp Kohlschreiber au 2e tour, Nole a pris le micro pour évoquer, en français dans le texte, la naissance toute récente de son premier bambin. Ému, le public avait apprécié l’attention. Le polyglotte risque fort d’être une nouvelle fois poussé par le public des courts Philippe-Chatrier ou Suzanne-Lenglen.

Il avait été ovationné après sa défaite contre le maître des lieux, malgré sa défaite en finale l’année dernière.

Malheureusement pour Novak Djokovic, à Roland-Garros, rarement le chouchou du public ne triomphe. Vaincu à quatre reprises par Rafael Nadal en finale, Roger Federer peut en témoigner. Et si les deux meilleurs joueurs mondiaux se retrouvaient le dimanche 7 juin, que se passerait-il ?

Piège n° 6 : Le coup de la panne Parmi les membres du « Big Four », s’il y a bien un joueur qui n’a pas connu de trou d’air lors de ces quatre dernières années, c’est bien Novak Djokovic. Monstre de constance, le Serbe n’a plus été éliminé avant les quarts

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d’un tournoi majeur depuis…

RolandGarros 2009, lors d’une défaite concédée face à Philipp Kohlschreiber au 3e tour. Dans le même temps, Andy Murray ratait l’édition 2013 des Internationaux de France pour une blessure récurrente au dos, Roger Federer tombait face à Sergiy Stakhovsky (2e tour, Wimbledon 2013) ou Andreas Seppi (3e tour, Australie 2015). Et que dire de Rafael Nadal, absent à l’US Open (2012 et 2014) ou en Australie (2013), incapable de lutter à Wimbledon depuis trois ans. Le coup de la panne ? Novak Djokovic ne connaît pas.

Pourtant, nombreux sont les joueurs, qu’ils soient Français ou non, rêvant d’un coup de pompe du n°1 mondial pour se payer son scalp à Roland-Garros.

Piège n° 7 : L’explosion mentale Pour tout fan de tennis qui se respecte, évoquer Novak Djokovic, c’est mentionner la force mentale, sa première qualité. Pourtant, Nole n’a pas toujours été le bourreau froid et impassible que l’on connaît. Lui aussi a connu les états d’âme. Avant d’écraser la planète tennis en 2011, le Serbe a traversé une longue période de digestion post-premier Grand Chelem (Open d’Australie 2008). Deux ans à rester tapi dans l’ombre du monstre bicéphale NadalFederer. Et puis, en 2011, après son échec contre Roger Federer à Roland-Garros, tel le phénix, le Serbe s’est repris et a réalisé une prouesse rare en empochant coup sur coup trois Grand Chelem (Wimbledon, US Open et Open d’Australie).

Alors sur quel scénario peut-on miser à l’aube de cette cuvée Roland-Garros 2015 ? Avec 34 victoires et quatre titres dans son escarcelle

(Open d’Australie, Indian Wells, Miami, MonteCarlo), il domine largement le tennis mondial cette année. Mais échappera-t-il à la pression inhérente à son statut de favori, alors même qu’il n’a jamais gagné ici ?

Piège n° 8 : passer à côté du « Novak Slam » Soyons clair, l’enjeu d’une victoire de Novak Djokovic à Roland-Garros, c’est évidemment le « Novak Slam » (Slam signifie Chelem), où comment enfin inscrire LE Grand Chelem en carrière à son palmarès, celui qui lui manque tant. Bien sûr, le Serbe a déjà remporté huit titres du Grand Chelem, en gagnant l’Open d’Australie, l’US Open et Wimbledon. Mais il court derrière Roland-Garros, cet insaisissable tournoi de la porte d’Auteuil qui lui échappe toujours et encore. Sa 11e participation sera-t-elle celle de l’accomplissement, comme elle l’a été pour deux immenses champions avant lui, Roger Federer et Andre Agassi, eux aussi longtemps boudés uniquement par Paris ? Ils sont nombreux dans l’histoire du Grand Chelem à s’être cassé les dents sur ce tournoi : Pete Sampras, Stefan Edberg, Jimmy Connors, John McEnroe, sont restés à la porte du Grand Chelem à cause de la terre battue de Paris. Dans quelques jours, on saura si le Joker rejoindra Roger Federer, Rafael Nadal, Rod Laver et Andre Agassi, les seuls à avoir réussi cet exploit.

journaldutennis juin 2015

Outsider

Texte

d’Emmanuel Rupied- Photos Julian Finney/ Getty Images Europe

« Kei n’est plus dans l’optique de jouer des joueurs du top 10 mondial.

Désormais, il sait qu’il peut les battre »

Nishikori rira bien le dernier Surprise de 2014, assaillant forcené du gotha mondial en ce début d’année 2015, le Japonais Kei Nishikori, 25 ans, fait figure d’outsider à l’approche de Roland-Garros. Sa trajectoire l’emmène déjà bien plus haut qu’il l’imaginait ? Le 6e mondial n’a pas fini de s’étonner.

A

h, qu’il est loin le temps du « Projet 45 » ! Plus qu’une appellation scientifique douteuse, ce nom de code correspond à l’objectif que l’adolescent s’était fixé en début de carrière : la 45e place mondiale, soit une unité de mieux que la meilleure performance nationale établie par Shuzo Matsuoka, héros national depuis que, géant lanceur de parpaings au service, il s’était hissé en 1992 au 46e rang mondial.

Pour atteindre son objectif, le joueur originaire de Shimane s’expatrie à 14 ans en Floride pour intégrer la célèbre Bollettieri Academy. L’ancien coach et directeur des lieux, Gabe Jaramillo, se souvient : « Kei avait un énorme potentiel. Les essais ont montré qu’il pouvait s’adapter à différentes situations et, surtout, qu’il pouvait s’ajuster facilement au style de jeu américain. Son coup droit était explosif, mais sa volée était pauvre et son service manquait cruellement de technique. » Discipline paramilitaire, répétition des gammes à l’extrême… L’académie qui a notamment formé Andre Agassi et Maria Sharapova modèle profondément le jeu et le physique du Nippon.

Kei, l’Américain à sa sortie, et malgré son apparence fluette (1,78 m, 74 kilos), Nishikori est capable de taper la balle très tôt et de mettre énormément d’intensité. Comme le Kid de Vegas à une autre époque, l’élasticité en plus. C’est d’ailleurs l’ancien coach d’Andre Agassi, Brad Gilbert, qui opère une première

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refonte du jeu du Japonais durant l’année 2011.

Celui qui considère que son protégé possède « le meilleur revers du monde » lui fait passer un cap physique et technique. Rapidement, Kei remise au placard le projet 45, accède au 25e rang mondial et porte alors son regard vers le sommet sans se briser la nuque.

Chang et le Fighting spirit Pour bon nombre d’observateurs, ce à quoi peut prétendre au mieux le joueur de 25 ans s’arrête à un bon top 20 mondial. Pas assez puissant au service, dit-on, avec ses moyennes autour de 180 km/h en première balle ? Sans véritable point fort dans son jeu ? Nishikori est, c’est vrai, trop irrégulier : durant trois ans, son classement oscillera entre la 11e et la 20e place.

Pour voir un tournant, il faut attendre fin 2013.

Nishikori recrute la légende américaine d’origine chinoise Michael Chang. L’homme par qui le service à la cuillère est sorti des cours de récré, possède un palmarès bien rempli avec notamment une victoire à Roland-Garros, en 1992. Surtout son physique et son jeu (de jambes notamment) ressemblent à celui du Nippon. Mais c’est d’abord mentalement que Chang va faire évoluer son disciple. Reconnu pour son Fighting Spirit sur les courts, l’ancien n°2 mondial opère alors un changement majeur : « Kei n’est plus dans l’optique de jouer des joueurs du top 10 mondial. Désormais, il sait qu’il peut les battre. »

Le doigt sur le détonateur Kei Nishikori a capté : en 2014, il accroche à son tableau de chasse onze joueurs figurant dans les dix meilleurs mondiaux, dont une victoire en demifinale de l’US Open contre le meilleur joueur de la planète, Novak Djokovic. Une belle année auréolée de quatre nouveaux titres. Mais paradoxalement, s’il ne fallait retenir qu’un moment en 2014, ce serait sa défaite en finale du Masters 1000 de Madrid face à Rafael Nadal. à la surprise générale, Nishikori avait littéralement détruit l’Espagnol durant un set et demi, avant d’abandonner, blessé au dos. Rageant.

Spécialiste du tennis sur Eurosport, Bertrand Milliard résume l’humeur nouvelle des observateurs : « Nishikori, on le regarde évoluer depuis qu’il a 18 ans. Il a sans doute été freiné par son statut d’énorme star dans son pays natal, mais son travail avec Michael Chang lui a fait passer un cap. On cherche celui qui peut bousculer l’intouchable Djokovic ? Nishikori est l’un des rares à savoir vraiment bien jouer la terre battue. » 2015 est donc l’année de la confirmation. Le Japonais a ajouté deux nouvelles lignes à son palmarès et s’est même offert le luxe de squatter le Big Four (4e) en avril. Depuis, petit Kei a une nouvelle mission. Nom de code : « Projet Roland-Garros. »

journaldutennis juin 2015

© Jean-François Robert

ATP

Texte de

Florent Oumehdi

Le péril jeune

Les jeunes prennent le pouvoir. Une vieille marotte soixante-huitarde ? Sur le circuit ATP, les compétiteurs au visage d’enfant, nés en 1996 et 1997, ne graffitent pas les bâches des tournois et ne déconstruisent pas les terrains de tennis. Leurs armes ? Leur raquette, leur enthousiasme et leur jeunesse.

Interdit aux plus de 19 ans

Le circuit ATP est prévenu : aujourd’hui, le gratin des juniors de 2013, voire de 2014, commence à bousculer les ex-surdoués nés à la fin des années 1980 qui ont désormais quelques cheveux blancs à se faire. Borna Coric (CRO, 14 novembre 1996, 53e), Thanasi Kokkinakis (AUS, 10 avril 1996, 98e), Alexander Zverev (ALL, 20 avril 1997, 105e), Chung Hyeon (CDS, 19 mai 1996, 69e), Andrey Rublev (RUS, 20 octobre 1997, 254e) s’amusent à sauter quelques classes. Avec un délai d’incubation raccourci, cette génération 1996/1997 squatte déjà le top 200 voire 100. Dans son étude « Atteindre le Top 100 ATP : Transition vers le Top 100 ATP des joueurs du Top 10 du circuit ITF Junior », Peter D. McCraw relevait que « sur une période de 10 ans (de 1996 à 2005, ndlr), les meilleurs Juniors

atteignaient un classement ATP avant leur 18e anniversaire et entraient dans le top 100 ATP quatre à cinq années plus tard, avant l’âge de 22 ans ». Aujourd’hui, cette moyenne semble sensiblement inférieure. Si la génération 1993/1994/1995 a vu émerger quelques pépites comme Nick Kyrgios (AUS, 27 avril 1995, 30e), Jiri Vesely (RTC, 10 juillet 1993, 40e) ou Dominic Thiem (AUT, 3 septembre 1993, 49e), rien de comparable avec cette souche 1996/1997, dense et compacte, qui a fait ses classes, pour la grande majorité, sur le circuit junior. En 2014, Borna Coric (quart à Umag) et Alexander Zverev (demie à Hambourg), tout justes débarqués des 17/18 ans, étaient les premiers à porter une charge décisive contre l’establishment ATP avant que le Croate, honoré par l’ATP Star of Tomorrow Award (star de demain), n’enfonce le clou en accrochant à son tableau de chasse Rafael Nadal et Andy Murray.

Des baby-killers sous tutelle

Si l’explication de ce baby-boom semble principalement conjoncturelle, cette génération a en commun l’attention particulière portée à l’encadrement. Aujourd’hui, Borna Coric, coaché par Zeljko Krajan, boit comme du petit lait les conseils de Marin Cilic, Goran Ivanisevic ou Mario Ancic, qui voit en lui le « prochain numéro 1 mondial, une superstar du tennis » ; Alexander Zverev profite du retour de son frère Misha tandis qu’Elias Ymer (SUE, 10 avril 1996, 168e) bénéficie de l’expertise de l’ex-numéro 2 mondial, Magnus Norman, lorsqu’il le croise sur les tournois. Car la vie sur le circuit ATP, à un si jeune âge, peut se révéler compliquée comme l’avoue du bout des lèvres, Andrey Rublev, qui rêve « parfois, de rester tranquillement à la maison ». Les coaches jouent ainsi un rôle décisif en étant souvent le réceptacle d’un lourd transfert affectif. « Je suis la mère, le père et le coach », résumait, fin 2014, Todd Langman, l’entraîneur de Kokkinakis.

Carlos Palma / Nurphoto/Afp

Le circuit junior comme cour(t) de récré

Borna Coric (1996), honoré par l’ATP Star of Tomorrow Award

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En manque de famille, cette génération s’est soudée sur le circuit Junior et, de l’avis de tous, l’émulation serait féconde et apaisée. Si Borna Coric s’était autoproclamé, avant de se rétracter, « le meilleur de sa génération », la compétition reste très ouverte entre eux. « La route est encore longue et la transition entre les juniors et les pro n’est pas facile », s’inquiète Jared Donaldson (USA, 9 octobre 1996, 159e).

Même pour les premiers couteaux du circuit Juniors. Gianluigi Quinzi (ITA, 1er février 1996, 339e), vainqueur de Wimbledon en 2013, peut en témoigner : « De bons résultats sur le circuit junior offrent des opportunités en termes d’expérience, de sponsors mais aussi pas mal de pression à un jeune âge (médias, public). Personnellement, je n’ai reçu aucune aide particulière de ma fédération (invitation, convocation en Coupe Davis) contrairement à mes acolytes en juniors. En 2014, j’ai dû passer mon liceo scientifico (l’équivalent du bac S) dans une école publique et je n’ai pu honorer la wild-card obtenue à Wimbledon suite à mon titre en 2013. » Jared Donaldson, natif de Rhode Island, est parti en Argentine à l’âge de 14 ans pour faire ses gammes sur les terrains en terre : « Je voulais améliorer des aspects très précis de mon jeu. Quand vous vous concentrez sur le circuit junior, votre programme est dicté par une notion de temps, vous devez être prêt pour le prochain tournoi comme il y en a peu en juniors. En jouant principalement des Futures (3e division en tennis), je pouvais arrêter ma programmation en fonction des axes à améliorer. » Elias Ymer porte les espoirs d’une ancienne nation-star du tennis, la Suède. Sa trajectoire est similaire : ce puncheur, fan de Mohammed Ali, a rejoint Barcelone en début d’année pour s’entraîner avec Galo Blanco en compagnie d’un autre rookie ambitieux, Karen Khachanov (RUS, 21 mai 1996, 214e). Compétitif sur le circuit junior, Elias attendait son heure : « J’ai toujours eu un jeu solide et complet.

Si vous regardez mes tableaux en Grand Chelem Junior, j’ai perdu contre les joueurs qu’on retrouve aujourd’hui proches du top 100. » Vainqueur de Kyrgios et de Chung cette année, il s’étonne du défi physique et mental que constitue le circuit ATP : « Un gars comme David Ferrer (défaite 6-3, 6-4, à Barcelone après avoir mené 4-0

journaldutennis juin 2015

Afp

Quentin Halys, futur grand du tennis français ?

dans le 2e set), vous lui donnez le petit doigt, il vous dévore le bras entier.

J’essaie d’être calme et constant mais l’engagement physique est beaucoup plus important chez les pros. » Car si les attentes sont grandes autour de cette génération complétée par Omar Jasika (AUS, 18 mai 1997, 386e), Quentin Halys (FRA, 26 octobre 1996, 304e), les inconnues sont multiples et bien malins ceux qui arriveraient à prédire les futurs top 20. Nicolas Coutelot, entraîneur jusqu’à mi-avril du jeune espoir Corentin Moutet (FRA, 19 avril 1999, 814e), remarque : « Cela faisait un moment que l’on n’avait pas vu une telle densité. Je trouve qu’on s’enflamme un peu. Coric, quand je le vois jouer, je ne remarque aucun coup fort et je ne l’imagine pas devenir un très grand. On parle aussi de Zverev sauf qu’il n’est ‘‘que’’ 120e mondial. Actuellement — et dans un futur proche —, je n’en vois pas un qui pourrait prendre la place d’un des trois premiers. »

Des jeunes peuvent en cacher d’autres

Et alors qu’on s’enthousiasme pour cette génération bénie, une autre pointe le bout de son nez emmenée par le Brésilien Orlando Luz (8 février 1998, 545e), le Français Corentin Moutet, l’armada sud-coréenne composée de Seong Chan Hong (30 juin 1997), Yunseong Chung (27 mars 1998), DuckHee Lee (29 mai 1998) et enfin par la nouvelle vague américaine, Frances Tiafoe (20 janvier 1998, 292e), Stefan Kozlov (1er février 1998, 439e) et Taylor Fritz (28 octobre 1997, 823e). « Cette nouvelle génération de joueurs américains risque de faire parler d’elle rapidement, prédit d’ailleurs Stefan Kozlov, finaliste au Challenger de Sacramento en octobre dernier. à l’avenir, je la vois bien jouer les tout premiers rôles en Grand Chelem ». Il faut que jeunesse se passe, dit l’expression. Certains sur le circuit aimeraient bien qu’elle passe juste son tour.

La majorité d’abord !

Pour éviter que ses meilleurs espoirs se crament trop rapidement, l’ITF et la WTA restreignent jusqu’à leurs 18 ans le nombre de tournois que peuvent jouer les jeunes pousses du tennis mondial. Les trajectoires avortées de Capriati ou même d’Hingis ont fait du tort au tennis féminin. N’empêche, les filles ont toujours performé plus tôt que les garçons sur le circuit principal.

En 2011, Donna Vekic (CRO, 28 juin 1996, 170e) jouait déjà les terreurs sur le circuit ITF avant d’atteindre sa première finale sur le circuit principal à Tachkent en 2012. La Suissesse Belinda Bencic (10 mars 1997, 33e) a atteint les quarts de finale à l’US Open en 2014. L’année dernière toujours, Taylor Townsend (USA, 16 avril 1996, 130e) et Ana Konjuh (CRO, 27 décembre 1997, 87e), qui disputaient à l’Helvète les plus hauts accessits en juniors, ont animé respectivement Roland-Garros et Wimbledon, en s’invitant au troisième tour. 2015 pourrait être l’année des Katerina Siniakova (RTC, 10 mai 1996, 66e), Elizaveta Kulichkova (RUS, 12 avril 1996, 110e), Louisa Chirico (USA, 16 mai 1996, 112e), Océane Dodin (FRA, 24 octobre 1996, 137e), Jelena Ostapenko (LET, 8 juin 1997, 152e), Sara Sorribes Tormo (ESP, 8 octobre 1996, 156e), Beatriz Haddad Maia (BRE, 30 mai 1996, 167e),Françoise Abanda (CAN, 5 février 1997, 246e), Paula Badosa Gibert (ESP, 15 novembre 1997, 273e) et autre Cicci Bellis (USA, 8 avril 1999, 171e). à noter que la première joueuse née en 2000 (Claire Liu, 25 mai 2000) pointe au 827e rang mondial, soit 676 places derrière Kimiko Date, de 30 ans son aînée…

ROLAND-GARROS /

Texte de

Florent Oumehdi

Photos

AFP

LES DATAS DU TOURNOI Pour aller encore plus loin que les scores en cinq sets, Journal du Tennis a décortiqué les stats, pour poser un œuf tout neuf sur la vie chiffrée du tournoi de la porte d’Auteuil. Le compte est bon ?

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1. MAUVAISES TÊTES (Depuis l’instauration des 32 têtes de série en 2002)

Pourtant nouvellement protégées, les têtes de série sont mises à rude épreuve lors de l’instauration des 32 têtes de série en 2002. 29 (sur 64, hommes et femmes confondus) d’entre elles chutent avant le 3e tour. Le record sera égalé en 2004. Depuis 2002, 21 (21,69) têtes de série tombent, en moyenne, avant le 3e tour chez les hommes (10,77/an soit 140 depuis 2002) et chez les femmes (10,92/an soit 142 depuis 2002). L’année dernière, pour la première fois depuis 1968, le tournoi féminin a été amputé de ses deux premières têtes de série dès le 3e tour après les défaites de Li Na et de Serena Williams. Chez les hommes, il faut remonter à 2000 lorsque Pete Sampras avait perdu au 1er tour contre Mark Philippoussis et Andre Agassi au 2e contre Karol Kucera.

DAMES

Depuis 2002, les têtes de série n°4 et n°7 n’ont jamais perdu avant le 3e tour. La tête de série n°1, elle, tombe tous les 10 ans (en 2004 et 2014) avant le 3e tour. Les têtes de série n°3 (en 2006) et n°14 (2009) n’ont perdu qu’une fois avant les 32e.

Sur ces 13 années, les têtes de série n°24 (2014, 2013, 2012, 2010, 2008, 2005, 2004, 2002) et n°32 (2014, 2012, 2011, 2010, 2007, 2004, 2003, 2002) sont les moins « fiables ».

Elles ont perdu à 8 reprises avant le 3e tour.

Séries en cours : les têtes de série n°16, n°24 et n°30 perdent systématiquement avant le 3e tour depuis 2012.

La pire série : de 2002 à 2006, la tête de série n°28 a perdu 5 fois d’affilée avant les 32e. En 2006, les 1/8e de finale sont composés exclusivement de têtes de série.

MESSIEURS

Depuis 2002, seule la tête de série n°1 n’a jamais perdu avant les 32e. Logique. Derrière, les têtes de série n°4 et n°14 (+2003) n’ont pas perdu avant le 3e tour depuis 2004.

N°26 pas fiable La pire série : de 2007 à 2011, la tête de série n°27 a perdu 5 fois d’affilée avant les 32e.

Depuis, elle n’a jamais plus perdu à ce stade de la compétition.

Sur ces 13 années, la tête de série n°26 est la moins « fiable ». Elle a perdu à 9 reprises (2014, 2012, 2011, 2010, 2009, 2007, 2006, 2005, 2002) avant le 3e tour.

Les journées noires. En 2002, les 28 et 29 mai, 21 têtes de série mordent la terre ocre de Roland Garros. Les 26 et 27 mai 2004, elles sont 19 à plier bagages. En 2007, les 30 et 31 mai marquent les défaites de 16 têtes de série.

La date. 2006, on commence à jouer le dimanche à Roland Garros.

2. TERRAINS MINéS

Terrible n°6 Contrairement aux croyances populaires qui feraient du court n°13 le cimetière tout désigné pour les têtes de série, aucune d’entre elles n’a perdu depuis 2002. Normal… Aucune tête de série n’a jamais été programmée sur ce terrain.

Classement des terrains par le nombre de défaites des têtes de série sur les 2 premiers tours (depuis 2002) : Court n°6 : 39 défaites Court n°3 : 35 défaites Court Suzanne Lenglen : 32 défaites Court n°7 : 31 défaites Court n°1 : 27 défaites Court n°2 : 24 défaites Courts Philippe Chatrier et 17 : 22 défaites Court n°5 : 15 défaites Court n°16 : 12 défaites Court n°4 : 6 défaites Court n°8 : 5 défaites Court n°10 : 4 défaites Court n°14 : 3 défaites Courts n°9 et n°11 : 2 défaites Court n°15 : 1 défaite

3. DES HAUTS ET DES BAS (depuis l’ère open et 1968) Chez les dames, on a plus de chances de gagner le tournoi lorsque l’on est placé dans la partie basse du tableau (28/47 soit 60%).

Chez les hommes, prime aux joueurs du haut du tableau (30/47 soit 64%).

Aucune défaite recensée en 12 (une tête programmée en 2007) et 13 (voir plus loin) et une quantité négligeable sur les terrains de 8 à 15 qui s’explique par le peu de matches programmés sur ces terrains qui accueillent dès le vendredi les doubles et les tournois juniors.

Alors que la plupart des matches programmés sur ce terrain concernent des têtes de série, le Philippe Chatrier est loin d’être un tombeau pour les têtes de série. L’écart de niveau entre les têtes de série les plus fortes et leurs adversaires des premiers tours peut expliquer cet état de fait.

Cité par Julien Pichené et Christophe Thoreau dans leur ouvrage Dico culture illustré de Roland Garros, Jimmy Connors aurait dit, en 1983, au sujet du court n°2, connu, comme à Wimbledon, pour être un mouroir pour les têtes de série : « Pas question de me faire jouer là-dessus ».

Lendl (1992), Muster (1999) et Kuerten (2005) y ont tous chuté. Le Suzanne Lenglen serait lui trop froid pour Henri Leconte (« on n’y sent pas les gens ») et trop lent pour Pete Sampras.

Le chiffre, 7. Andy Roddick est tombé sur le Suzanne Lenglen lors de ses 7 dernières participations (2004, 2005, 2006, 2007, 2009, 2010, 2012) à Roland Garros.

Les maux d’Andy. L’histoire entre Andy Roddick et le court dessiné par Claude Girardet n’avait

rien du roman-photo sirupeux et le vainqueur de l’US Open 2004 l’a toujours fait savoir. En 2012, évoquant sa nouvelle programmation sur le Lenglen, l’Américain ironise : « Je ne suis pas surpris. Ils sont constants. En fait, j’aurais été surpris de ne pas être sur ce court ». En 2010, après sa défaite contre Gabashvili au 3e tour, c’est plutôt le dépit qui l’emporte : « Je ne fais même pas de demande officielle pour jouer sur un autre court car ils connaissent très bien ma préférence (…). N’en faisons pas une polémique, c’est comme ça, je n’ai jamais bien joué sur le Lenglen ». En 2009, il perd en 1/8e contre Gaël Monfils à la tombée de la nuit : « Mais c’est nuageux, je ne peux pas voir la balle ». En 2006 après une nouvelle défaite prématurée, le vainqueur de l’US Open 2002 résume : « Je pourrais répéter au mot près ce que j’ai dit l’année dernière, cela marche aussi pour cette défaite ».

4. FORTES TÊTES

Depuis 1968, la tête de série n°1 l’emporte plus d’une fois sur 3 (36%, 17/47) dans le tableau féminin, ratio qui s’explique par les dominations des Evert, Navratilova et Graf dans les années 1970 et 1980 et au début des années 1990. Chez les hommes, ce ratio tombe à 1/5 (22%, 13/47).

Jeux interdits. En 1978, Bjorn Borg remporte le tournoi en ne perdant que 32 jeux. Roscoe Tanner lui en chipera douze en 1/8e. Le max.

Depuis 1968, la tête de série la plus haute à n’avoir jamais gagné le tournoi est la n°11 chez les hommes et la n°8 chez les dames. La tête de série victorieuse la moins haute est la n°20 chez les hommes (Albert Costa) et la n°17 chez les dames (Francesca Schiavone). 3 joueurs non tête de série ont gagné Roland Garros : Mats Wilander en 1982, Gustavo Kuerten en 1997 et Gaston Gaudio en 2004. Cet exploit n’a jamais été réalisé chez les dames.

2012 : battu au 1er tour par Nicolas Mahut 2011 : battu au 3e tour par Temuraz Gabashvili 2009 : battu en 1/8e par Gaël Monfils 2007 : battu au 1er tour par Igor Andreev 2006 : battu au 1er tour par Alberto Martin 2005 : battu au 2e tour par Jose Acasuso 2004 : battu au 2e tour par Olivier Mutis

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ROLAND-GARROS /

5. SEULEMENT SUR INVITATION MESSIEURS

Depuis que les invitations sont « visibles » sur les tableaux officiels (elles existent depuis 1975) en 1985, plus de 2 invités sur 3 (68%) ont perdu au 1er tour, 1 sur 5 (21%) au 2e tour, 7% au 3e tour et 3% en 1/8e.

Leconte !

Henri Leconte sait honorer ses invitations : en 1990, Riton atteint les ¼ de finales et en 1992 les ½ finales. Malheureusement, sa 3e et dernière invitation pour ses adieux se solde par une défaite au 1er tour en 1995.

Les dates. En 2007, le tournoi n’a distribué que 7 invitations. Idem en 1985 et 1993. Il en distribue 8 habituellement. Roland Garros lance un partenariat d’échange d’invitations avec l’Open d’Australie en 2001 et avec l’US Open en 2008.

Fallait pas les inviter ! En 1993, 2000 et 2003, tous les invités perdent au premier tour.

En 1987, 1992, 1997 et 1998, toutes les invitations sont distribuées à des Français.

Invités d’honneur. Quatre anciens vainqueurs ont déjà eu une wild card : Guillermo Vilas (1989), Sergi Bruguera (2000), Michael Chang (2003), Gustavo Kuerten (2008).

DAMES

Depuis que les invitations sont « visibles » sur les tableaux officiels (elles existent depuis 1975) en 1988, plus de 2 invitées sur 3 (68%) ont perdu au 1er tour, 1 sur 4 (26%) au 2e tour, 4% au 3e tour.

Cocorico, mais avec le contingent français d’invitées, pas besoin de claironner : Mary Pierce est la joueuse invitée qui est allée le plus loin dans le tableau. En 2002, elle atteint les ¼ de finale.

Pierce !

Les dates. En 1993 et 1994, le tournoi n’a distribué que 7 invitations.

Jelena Dokic est la première joueuse « étrangère » à avoir été invitée par le tournoi en 1999.

Invitées d’honneur. Trois anciennes vainqueurs ont déjà eu une wild card pour le tableau principal : Mary Pierce (2002), Iva Majoli (2002), Martina Navratilova (2004).

Fallait pas les inviter ! En 2003 (comme chez les hommes), toutes les invitées perdent au premier tour.

Le point avec Jacques Dorfmann, l’homme aux 15 000 matches et juge-arbitre du tournoi de 1969 à 1973 et de 1976 à 1987.

Sur le nombre de d’invitations : « ça a toujours été 8 invitations dans le tableau principal et autant en qualifs. Peut-être qu’on a juste oublié de les noter sur le tableau ! C’est l’ATP qui a décidé l’instauration de ces wild card qui étaient, à l’époque, accordées à n’importe qui. Dans certains tournois, il est même arrivé que le prof du club en ait une. Par contre, je me suis bagarré avec Jean-Paul Loth pour essayer de faire bénéficier de WC des joueurs étrangers.

Je suis même allé voir Philippe Chatrier pour lui dire : « ce n’est pas le tournoi de la direction technique, ni même celui de la FFT, c’est un tournoi du Grand Chelem, il est normal que les invitations soient ouvertes à tous ! »

Les conseils de François Jauffret « J’ai gagné énormément de matchs en 5 sets mais ceux de Roland Garros, lors des Internationaux de France, je ne m’en souviens plus ! En y repensant, plusieurs facteurs peuvent expliquer cette réussite. D’abord, ces 4 remontées l’ont été contre des joueurs qui étaient sur le papier moins forts que moi. J’étais aussi plutôt lent à l’allumage et, à l’époque, durant les Internationaux de France, il n’y avait pas de courts d’entraînement, seulement un mur. J’y allais de temps en temps pour m’échauffer mais je pense que je n’étais pas suffisamment préparé et concentré. Cependant j’avais une confiance totale en ma condition physique, j’aurais pu faire 6 ou 7 sets. Plus j’étais dans le match, plus mon jeu gagnait en consistance. Surtout que je partais du principe qu’un match n’était jamais fini. Là où j’ai raté le coche, c’est en 1976 contre Bjorn Borg. J’ai été mené 2 sets à rien avant d’égaliser à 2 sets partout. A 5/3 pour lui, j’aligne 3 jeux de rang pour servir pour le match. J’ai alors eu la peur de ma vie et j’ai perdu 10/8. Alors est-ce que c’est l’âge ?

Le public, qui scandait mon nom ? Toujours est-il que je n’aurais jamais dû perdre. Même Borg le pensait ! »

6. À QUI PERD GAGNE Idée reçue : « perdre en ayant gagné les 2 premiers sets, ça n’arrive qu’aux Français » ?

Force est de constater que… ça peut leur arriver. Depuis 1968, sur les 227 remontées de 2 sets à 0 (dont 3 abandons au 5e set, la victoire de Goven sur Belkin en 1969 4/6 5/7 3/0 abandon n’est pas comptée par contre) que l’on dénombre, 33 ont été subies par un Français…

Pour schématiser, 1 remontée sur 7 concerne un Français (Fabrice Santoro, Richard Gasquet, Gaël Monfils, Julien Varlet, Michaël Llodra, Stéphane Huet 2 fois, Jo-Wilfried Tsonga et Yannick Noah une fois). En 1968, le qualifié Yves Christiaen est le premier joueur français de l’ère Open à laisser filer un avantage de 2 sets contre le Sud-Africain Terry Ryan au 2e tour.

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Pour leur défense, les joueurs français remontent régulièrement un tel handicap.

Depuis l’ère Open, c’est arrivé 25 fois. Le champion national est François Jauffret qui a réussi cette performance à 4 reprises : en 1968 (contre Wislaw Gasiorek), 1975 (contre Kjell Johansson), 1976 (contre Alvaro Betancur) et en 1977 (contre Frank Gebert). et j’ai perdu 10/8. Alors est-ce que c’est l’âge ? Le public, qui scandait mon nom ? Toujours est-il que je n’aurais jamais dû perdre. Même Borg le pensait ! »

Depuis 1968, aucune remontée n’a eu lieu lors des demi-finales, tandis que ce phénomène est arrivé à 4 reprises en finale. Dans un peu moins de la moitié des cas (47%, 107 fois), ce retournement de situation a lieu au 1er tour (50 fois au 2e tour, 37 fois soit 1/6 au 3e tour, 20 soit 1/11 fois en 8e. On compte 9 retournements de situation en ¼).

En 1973 (les 2 premiers tours se jouaient alors en 2 sets gagnants) et 1988, aucune remontée n’est comptabilisée. Par contre en 1989, pas moins de 8 remontées et 28 matches en 5 sets électrisent le public. Les années fastes : 1976 et 1992 avec 10 remontées.

7. Histoires Wawrinka, impair et gagne. Si le Suisse des années paires peut perdre au premier tour comme en 2014, le Suisse des années impaires est lent au démarrage mais retourne souvent des situations bien compromises. En 2007 (contre Ramirez-Hidalgo), en 2011 (contre JoWilfried Tsonga) et en 2013 (contre Richard Gasquet), Stan a attendu le 3e set pour se réveiller. Attention à lui en 2015.

Costa, le galérien. En 2003, Albert Costa, tenant du titre, s’accroche à son titre jusqu’en demi-finale. Pour cela, il remonte un handicap de deux sets à rien à 3 reprises (contre Sergio Roitman au 1er tour, Nicolas Lapentti au 3e, et Tommy Robredo en quart). Justement, Tommy Robredo en 2013 renaît du côté de la Porte d’Auteuil et joue au phœnix à 3 reprises (contre Igor Sijsling au 2e tour, Gaël Monfils au 3e et Nicolas Almagro en 1/8e). En 1979, Gene Mayer bat Yannick Noah au 1er tour et Brian Gottfried au 3e en remportant les 3 derniers sets tout comme Ronald Agenor en 1994 contre Lionel Barthez (1er tour) et David Prinosil (2e tour). En 2007, Jonas Björkman court après le score comme il danse avec les stars et réussit la même performance à deux reprises (contre Luczak au 1er tour et Ivo Karlovic au 2e). Tout comme Henman en 2002 contre… Deux Français (Cyril Saulnier au 1er tour et Michaël Llodra en 1/8e).

Esca-Motta. Casio Motta, joueur brésilien des années 1980, devait apprécier les terrains de Roland Garros. 40% de ses 23 matchs joués Porte d’Auteuil (soit 9) sont allés jusqu’au 5e set. Par 3 fois, le natif de Sao Paulo a dilapidé un avantage de 2 sets (en 1984 contre Jose Higueras, en 1986 contre Henri Leconte et en 1989 contre Jérôme Potier).

Il a aussi réussi à remonter ce handicap à 2 reprises (en 1982 contre Stanislav Birner et en 1985 contre Karel Novacek) L’arroseur arrosé. Harold Solomon est remonté de deux sets à rien à 4 reprises à Roland Garros : en 1972 contre Guillermo Vilas (qui sortait des qualifications), en 1975 contre Brian Gottfried, en 1976 contre Kim Warwick et en 1979 contre Stan Smith. Malheureusement pour lui, pour son avant-dernier Roland Garros, en 1982, il subit la même mésaventure contre Peter McNamara au 2e tour.

Histoire de tricycle. En 1968, Nicola Spear bat Daniel Contet 6/0 6/0 6/0. En 1987, Karel Novacek (Tchécoslovaquie) bat Eduardo Bengoechea 6-0, 6-0, 6-0. Plus récemment, Sergi Bruguera étrille sur le même score Thierry Champion en 1993.

8. LUTTES FINALES La finale de l’année dernière opposant Maria Sharapova à Simona Halep était la première à se jouer en 3 sets depuis 2001 (Capriati bat Clijsters). Depuis 1968, 3 finales féminines sur 5 se terminent en 2 sets. Il faut remonter à 2004 pour trouver la trace d’une finale jouée en 5 sets (Gaudio bat Coria). Depuis 1968, environ 2/5e des finales se terminent en 3 sets (20/47), 2/5e en 4 sets (19/47) et un peu moins de 1/5e en 5 sets (8/47).

En 1968, le tableau féminin de 128 entrées compte 31 bye et 29 forfaits (12 au 1er tour et 17 au 2e). Il passe à 64 joueuses de 1969 à 1980 (sauf en 1972 mais sur les 128 entrées, on compte 72 « bye »). En 1981 et 1982, 128 entrées mais encore 32 « bye ». Ce n’est qu’en 1983 que 128 joueuses prennent effectivement part au tournoi. Cette année-là, pas moins de 56 américaines squattent le tableau.

En 1976, le tournoi féminin ne compte que 2 têtes de série. Dans les premières années « professionnelles » du tournoi, de nombreux forfaits s’expliquent par les tensions entre l’International Tennis Lawn Federation (sport amateur pour schématiser) et les deux entités plus « professionnalisantes », la National Tennis League (NTL) et surtout le World Championship Tennis (WCT) de Lamar Hunt.

Ce conflit a culminé entre janvier et juillet 1972 lorsque le WCT a interdit à tous ses tennismen sous contrat de prendre part aux compétitions organisées par l’ITLF dont Roland Garros et Wimbledon 1972. Résultat : 48 « bye » sur 128 dans le tableau masculin et 72 sur 128 du côté des dames.

Flaine Tennis

V

Les dates En 1968, un quart des inscrits manque à l’appel.

On compte 64 forfaits dans les deux tableaux tandis que 13 joueuses avancent jusqu’en seizième de finale sans être jamais entrées sur le court. Jacques Dorfmann se souvient : « Un certain nombre de joueurs pensait que Paris était à feu et à sang et a donc renoncé à venir ! »

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COACHING /

Textes de

Florent Oumehdi

Serial loser Vinco ergo sum (je gagne donc je suis), c’est le cogito cartésien à la sauce tennistique.

Sauf que lorsqu’une série de défaites pollue son esprit, le tennisman oublie bien souvent qui il est et ce qu’il sait faire.

L

Makis Chamalidis, psychologue du sport, a souvent travaillé sur ces décélérations de performances : « Plusieurs défaites de suite, ce n’est pas un drame en soi si on peut en tirer quelque chose de positif. Quand on vit cette série de défaites, on s’enfonce dans un trou parce qu’on ne voit pas d’où ça vient, on ne comprend pas et c’est là que l’entourage du joueur est défié. » Le tennis, ce sport de murs psychologiques contre lesquels viennent s’écraser les heures d’entraînement et les plus hautes aspirations, ne pardonne pas.

L’histoire de Vince Spadea est connue. Entre fin 1999 et 2000, le joueur américain devient l’homme contre lequel il ne faut pas perdre, enchaînant la bagatelle de 21 défaites. Le record (20) de Gary Donnelly, établi en 1987, est battu. Lorsqu’il fait tomber le Britannique Greg Rusedski sur le gazon de Wimbledon, la presse anglaise s’en donne à cœur joie pour molester son joueur et par la même occasion Spadea, « L’homme qui ne pouvait pas gagner », « Le plus grand looser de l’histoire » ou « Ce qui se fait de pire en tennis ».

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Cédric Pioline : « S’il est un rouage fragile chez un joueur de tennis, c’est bien sa confiance »

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Don Emmert / Afp

e trou. La série de contre-performances. La spirale de défaites. Les expressions ne manquent pas pour désigner ce que l’on appelle plus communément le « passage à vide », même si aucun terme psychologique n’embrasse cette réalité particulière. Du joueur amateur aux meilleurs mondiaux, tous ont déjà traversé ces zones de grandes turbulences vécues comme des mauvais rêves. Aujourd’hui Ernests Gulbis (une victoire pour 11 défaites en 2015 après Rome) ou Eugénie Bouchard (6 défaites d’affilée jusqu’à Rome) aimeraient bien se réveiller en vainqueurs, comme en 2014.

Ces passages à vide, ces trous d’air centrifuges, Nicolas Coutelot les connaît bien. Entre janvier et avril 2001, l’ex-87e mondial enchaîne six défaites au 1er tour des qualifications de tournois ATP. Entre Roland-Garros 2002 et 2003, il ne compte que trois victoires sur le circuit principal : « J’étais top 100, je touchais au but de ma vie, mais j’étais triste quand j’entrais sur le terrain alors que tout allait bien à-côté. Il y a des moments où le corps et la tête lâchent.

Et quand la tête dit stop, on ne peut plus gagner un match ».

Nicolas Coutelot

« J’étais top 100, je touchais au but de ma vie, mais j’étais triste quand j’entrais sur le terrain.

Et quand la tête dit stop, on ne peut plus gagner un match »

journaldutennis juin 2015

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COACHING Le tribut économique d’une telle désolation tennistique — dans un sport où chaque victoire est synonyme de meilleur prize money — la presse et les rumeurs de vestiaires sont de lourds paramètres à gérer : « Je savais que je perdais beaucoup de matches, mais j’ignorais que la presse suivait ce genre de séries et que j’étais proche de faire tomber ce record » avoue, dans Break Point, The secret diary of a Pro Tennis Player, l’ex-top 20, qui atteindra son meilleur classement en 2005. « L’autre souci, c’est que souvent la déception est telle que l’on n’a pas la lucidité d’analyser ce qu’il s’est passé, précise Makis Chamalidis. Les attitudes sont alors clivées : ‘‘Je perds donc je suis nul’’ ou ‘‘Je gagne donc je suis top’’. Il n’y a pas de nuance, ni d’analyse à froid pour tirer un enseignement, une conclusion et étoffer son bagage mental ». « S’il est un rouage fragile chez un joueur de tennis, c’est bien sa confiance.

Chaque élément qui peut venir la renforcer est un pas de plus vers la victoire », résume Cédric Pioline. Si le joueur français n’a pas connu de série de défaites significative, il confesse, dans son autobiographie Le tennis m’a sauvé, au sujet de ses neuf finales perdues d’affilée : « Il y a des maladies que l’on ne détecte pas tout de suite, hélas. Sans qu’on le sache, le mal fait son œuvre. Et lorsqu’on l’identifie, il est souvent trop tard ou alors la guérison s’annonce longue et difficile ». à chacun sa croix dit l’expression. à chacun sa solution aussi. Sophrologie et simulation de remise de trophée avec une assiette en guise de coupe pour Pioline, application à l’entraînement, changement d’entraîneur ou préparateur mental pour d’autres. « Il faut restituer le passage à vide du sportif dans une perspective dynamique, en tentant d’en identifier les déclencheurs, insiste Elise Anckaert, psychologue clinicienne à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance. Cette série de défaites est-elle due à un trop-plein de compétitions ? A un excès de contrôle du corps et de ses émotions aboutissant à une perte de sensations ? Intervient-elle après une blessure ? » Autant de causes qui diffèrent d’un joueur à l’autre.

Libérer ses peurs Après son interminable série, Vince Spadea s’adjoint les services du Dr. John F Murray pour « libérer ses peurs et enrayer progressivement la spirale de défaites, explique l’Américain. Lors de nos sessions quotidiennes, le Docteur Murray insistait sur ma quête d’excellence plus que sur la recherche de la victoire à tout prix. La pression s’est envolée et mon talent s’est manifesté de nouveau tandis que je retrouvais ma confiance, ma concentration, ma passion et mon désir d’atteindre le Top ». « Avec le recul, c’est un phénomène qui me semble récurrent dans toutes les carrières. Qui va, qui vient. Il n’y a pas de recette miracle, il faut continuer à s’entraîner », philosophe Nicolas Coutelot. Pour lui, le verrou a sauté lors d’une rencontre, après une injonction de son préparateur mental de l’époque, JeanPhilippe Vaillant. « Je suis sorti du match (perdu, ndlr) et je me suis dit : ça y est, c’est bon. » Quelques prophylaxies se dégagent (voir encadré) mais aucun médicament miracle encore... Sûr que Gulbis et Bouchard seraient prêts à mettre quelques dollars pour en financer la recherche.

Makis CHAMALIDIS, psychologue du sport et auteur de Champion dans la tête : « L’une des qualités essentielles à tout bon joueur de tennis est l’honnêteté dans l’analyse du combat : je ne cherche pas des prétextes et des excuses, j’essaie d’être le plus objectif possible et j’écoute aussi les gens à qui je fais confiance. à un moment, on peut rejeter la faute sur les autres, sur la réussite de l’adversaire, sur l’arbitre, sur l’injustice mais aussi sur l’entraîneur qui n’arrive pas à mobiliser. Mais le joueur doit aussi apprendre à se regarder dans le miroir. Estce que j’ai fait le job ? Ai-je appliqué les consignes du coach ? Quand on perd, il faut s’organiser. Cela passe-t-il par la vidéo, révélatrice de ce qui a été fait ou non ? Par les statistiques ? Par l’établissement d’un memo listant les choses à ne plus faire en match ? L’entraîneur utilise souvent ces outils mais le joueur peut y être réticent. Malheureusement. » Lise Anckaert, psychologue clinicienne à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance : « Lorsque l’accompagnement psychologique et la préparation mentale ne fonctionnent plus, l’une des voies possibles est de ne plus parler et de revenir au corps, pour retrouver le lâcher prise et la fluidité, des sensations. Il faut privilégier une approche plus instinctive. Le corps du tennisman peut ainsi parler en autonomie. »

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Romeo Gacad / Afp

SUR LE DIVAN

LE CAUCHEMAR SPADEA

Entre octobre 1999 (et sa défaite en 1/8e de finale à l’US Open contre Lleyton Hewitt) et juillet 2000, Vince Spadea enchaîne 21 défaites d’affilée, soit 44 sets perdus pour 9 gagnés. Pour sa défense, ses trois défaites à la World Team Cup lui sont comptabilisées. Gary Donnelly, lui, a perdu 20 matches de rang entre novembre 1986 et septembre 1987, soit 44 sets concédés pour 7 gagnés.

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COLLECTION 2015

STOREROLANDGARROS.COM

Guga time /

Propos recueillis par

Guillaume Willecoq

Photos

Yasuyoshi Chiba Jacques Demarthon / Afp

« Ce cœur était ma manière de remercier les gens de leur soutien et du moment si fort que nous étions en train de vivre »

« Il ne m’arrivait jamais grand-chose de logique à Roland-Garros » Avant « Rafa », il y avait « Guga ». Moins implacable que l’actuel roi de Roland-Garros mais plus prodigue en émotions fortes, le Brésilien Gustavo Kuerten a fait chavirer Paris au tournant du millénaire.

Le champion 1997, 2000 et 2001 du tournoi ouvre son cœur.

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Pour le grand public, la découverte a lieu trois ans plus tard, quand vous gagnez le tournoi en tant que 66e mondial…

G. K. : En fait, Roland-Garros ne m’a réservé

que des bonnes choses. C’est sans doute ce qui explique que je m’y sentais capable de renverser des montagnes. Je me suis toujours amusé à Paris. Ma première petite amie était une Française, et elle était avec moi pendant ce tournoi 1997. Personne ne m’attendait et je voyais que mon histoire plaisait aux gens, qu’ils étaient réceptifs à mon jeu, à ce que j’exprimais sur le court…

Je partageais quelque chose avec eux et c’était l’essentiel. Après, les victoires se sont enchaînées, jusqu’à la finale contre Bruguera… La finale de Roland-Garros, whaou ! Mais je n’étais pas du genre à être paralysé par le stress avant un match… ou à tout remettre en question après une défaite.

Et j’ai gardé ce détachement jusqu’à la fin.

C’est après que j’ai eu tendance à le perdre un temps.

C’est-à-dire ?

G. K. : Plus que la victoire en soi, il faut

intégrer ses conséquences. Quand j’ai gagné à Paris, ç’a été un vrai carnaval au Brésil. Personne n’y connaissait rien au tennis mais tout le monde fêtait ma victoire. J’aurais pu arrêter illico ma carrière, ma place au Hall of Fame du pays était acquise ! Au premier abord, cette ferveur était géniale. Mais après, j’ai réalisé ce que signifiait ce statut d’idole nationale… Tout à coup, mes résultats impactaient la vie de plein d’autres personnes que moi. J’étais en situation de procurer du plaisir ou de la peine aux gens selon mes résultats. Ce n’est pas simple de faire abstraction de ça et de retrouver le relâchement, le plaisir simple de jouer pour soi.

C’est ce que votre deuxième titre parisien vous a permis d’accomplir ?

G. K. : C’est un long processus mais quelque

Quel est votre premier souvenir de Roland-Garros ?

Gustavo Kuerten : « C’est moi au téléphone (sourire). En 1994, j’étais venu en Europe pour une tournée de deux mois. Je n’avais pas l’habitude de voyager aussi loin, aussi longtemps. à Roland-Garros, j’ai gagné le double juniors. Et j’ai passé ma semaine à embêter les gens de l’organisation pour pouvoir téléphoner chez moi tous les soirs.

Normalement, ça ne se faisait pas. Pourtant, ils ont accepté… et en faisant ça ils m’ont beaucoup aidé. J’ai été touché de les voir aussi gentils, compréhensifs. Sans ce contact quotidien avec ma famille, je ne sais pas si j’aurais conservé ma motivation toute la semaine.

part oui, c’est en gagnant à nouveau ici que je suis arrivé au bout. Personne n’avait compris ma défaite contre Medvedev l’année d’avant, une grosse surprise. Là, je partageais le statut de favori avec Magnus Norman. Et c’est moi qui ai le mieux géré notre finale, malgré une fin de match folle (il l’a emporté à sa onzième balle de match, ndlr)... Je suis passé par toutes les émotions dans cette fin de tournoi. Il y avait déjà eu la demie contre Juan Carlos Ferrero, où j’étais à deux jeux de la défaite au quatrième set…

Sur terre, Ferrero est l’adversaire le plus fort que j’ai croisé. On a eu quelques gros matches tous les deux, en particulier cette première demie à Roland-Garros. Après ça, on sentait à chaque fois qu’il y avait une attente forte autour de nos rencontres. Tout le monde pensait qu’une grande rivalité était née... (Songeur) Comme quoi il faut toujours savourer chaque victoire comme si c’était la dernière.

En 2001, vous triomphez une troisième fois, battant Alex Corretja en finale. Mais ce qui reste, c’est le huitième contre Michael Russell, gagné en sauvant une balle de match et conclu par un cœur tracé par terre, dans lequel vous vous allongez…

G. K. : Il n’y avait rien de prémédité làdedans, mais c’est probablement le moment qui a le plus marqué les gens. Et à vrai dire, pour moi aussi, c’est le plus beau moment de ma carrière. Ce n’était pas une finale mais, au niveau des émotions, c’est insurpassable. Ma connexion avec le public de Roland-Garros était tellement forte…

« Il faut toujours savourer chaque victoire comme si c’était la dernière »

Ce cœur était ma manière de remercier les gens de leur soutien et du moment si fort que nous étions en train de vivre. Ce matchlà, logiquement, j’aurais dû le perdre. Mais il ne m’arrivait jamais grand-chose de logique à Roland-Garros (sourire)…

D’où le fait de rééditer ce cœur après la finale ?

G. K. : Je l’ai refait car le titre découlait

directement de ce huitième. Contre Russell, je me voyais déjà éliminé. Certains de mes coups sur cette interminable balle de match étaient à quitte ou double… Et trois sets plus tard, le match gagné, j’étais persuadé que plus personne ne pourrait m’arrêter. Je suis passé par des états très opposés en peu de temps. Sur la finale… Il y a eu deux matches en un. Dans le premier, j’étais en difficulté. Alex était un peu au-dessus dans les deux premiers sets. Il a une balle de break à 5-5 dans le deuxième, où son revers sort d’un rien dans le couloir… Mais j’ai réussi à gagner ce set et un autre match a commencé. Il ne pouvait plus rien m’arriver, et Alex n’y était plus. Quelque chose était cassé en lui, et moi j’ai pu vivre un moment rare : jouer en profitant du moment. En tennis, on dit toujours qu’il ne faut pas regarder au-delà du point suivant. Là, je pouvais lever la tête. J’allais gagner RolandGarros.

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Guga time /

Michael Russell : « Je suis un tout petit peu entré dans l’histoire du tennis »

Paris est le seul Grand Chelem dont vous ayez atteint les demi-finales.

C’est un regret ?

G. K. : Un regret dans

le sens où, sans les blessures, je pense sincèrement que j’étais en train de devenir aussi bon sur dur que sur terre.

C’était le dernier stade d’évolution de mon jeu.

Techniquement, j’avais beaucoup d’armes et j’avais appris à m’en servir de façon agressive. Quand je gagne le Masters en 2000, sur moquette, je passe plus d’aces que Pete Sampras en demies !

Un an plus tôt, il me collait 6-1, 6-2, en match de poule... Ces annéeslà, 2000, 2001, j’avais énormément progressé sur surfaces rapides.

J’aurais aimé avoir l’occasion de le prouver en Australie ou à l’US Open. Mais c’est comme ça.

Que retenez-vous des divers champions croisés durant votre carrière ?

G. K. : Pete (Sampras) était le plus fort de

tous : sur surface rapide, c’était à la fois le plus grand des challenges, mais aussi le plus frustrant tant vous pouviez ne pas toucher la balle sur son service. Il exigeait de vous un sang-froid unique. Andre (Agassi) était différent : il engageait plus un rapport de force. J’adorais ça. C’était le joueur idéal pour se jauger. En sortant d’un match contre lui, vous saviez réellement ce que vous valiez. Marat (Safin) m’a marqué aussi. Il était tellement talentueux… Et puis Evgueni (Kafelnikov), bien sûr : à chaque fois que je l’ai joué à Roland-Garros, j’ai gagné le tournoi ensuite. C’était mon porte-bonheur !

Après, je pourrais parler de Federer, que j’ai vu passer de talent prometteur à plus grand joueur de son temps, ou de Nadal, que

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j’aurais aimé affronter à mon top à RolandGarros… Mais je n’aurais pas grand-chose de neuf à apporter. Si, j’ai été impressionné par Nicolas Almagro : je l’ai joué à RolandGarros en 2004, l’année où je bats Roger…

Un bras fabuleux et une présence physique énorme. J’aurais cru qu’il deviendrait un prétendant au titre. »

En 2001, cet Américain inconnu crée la sensation en se procurant une balle de match contre Kuerten en huitième de finale. Avant de flancher 3-6, 4-6, 7-6, 6-3, 6-1. Il raconte : « C’est l’événement principal de ma carrière. Pour les gens, je suis resté l’homme qui a failli battre Kuerten : ‘‘Ah oui, Russell, la balle de match, le cœur de Guga !’’ Pour moi aussi, c’est un souvenir fou. Je sortais des qualifications et, en entrant sur le court, mon but était surtout de ne pas me prendre trois fois 6-0. Et finalement il s’est passé tout autre chose… Quand j’y repense, je me rends compte à quel point c’était inattendu. Alors, oui, si j’avais concrétisé cette balle de match, si j’avais battu Kuerten, si… Ç’aurait été différent, c’est sûr. Il y aurait eu un autre nom au palmarès de Roland-Garros, et à titre personnel j’aurais fait un quart de finale en Grand Chelem. Mais à ce compte-là, on refait tous les matches et des carrières entières. Moi, je suis très heureux de la mienne. Quelque part, je suis un tout petit peu entré dans l’histoire du tennis…

Il y a quelques années, j’ai revu « Guga » à Newport : je jouais le tournoi, tandis qu’il était intronisé au Hall of Fame. Et il avait parlé de moi dans son discours.

Mon nom, dans un discours, cité au Hall of Fame... Alors non, aucun regret.

Définitivement. »

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Fulgurances Texte de Florent Oumehdi Photos : Kenzo Tribouillard, Thomas Coex / Afp

La marche

des héros L’espoir fait vivre, dit-on. à Roland-Garros, l’espoir permet aussi aux Petits Poucets Tricolores de dézinguer régulièrement les ogres de la terre battue.

Virginie Razzano a fait tomber Serena Williams.

L

a terre de Roland-Garros, terreau des plus beaux exploits ? Ils sont des dizaines de Français à y croire chaque année lorsqu’à la déception d’un tirage au sort malheureux succède l’espoir d’une performance de premier choix. Mais les sentiers de la gloire ne s’ouvrent pas si facilement pour ces hérauts du tennis français qui aimeraient se réinventer, sur un match, héros d’une nation.

Il est près de 21 heures ce mardi 29 mai 2012 quand Virginie Razzano, qui tient en haleine depuis plus de trois heures des millions de téléspectateurs, réalise l’impensable. Face à elle, le tennis version Colosse de Rhodes de Serena Williams, invaincue sur terre battue, s’érode définitivement. « Ça fait trois jours que je ne me couche pas avant une heure du matin et que je tourne dans mon lit en préparant ce match, avouait la Nîmoise à la suite de son exploit. J’avais les dents qui s’aiguisaient. Je ne vous cache pas que quand j’ai vu le tirage, je l’avais amer. Mais je me suis dit : tu vas rentrer sur le court pour la battre. »

à Roland-Garros, les roseaux tricolores sont parfois plus solides que les chênes cyclopéens du bois de Boulogne. En 2011, sur le court numéro 2, Stéphane Robert, humilié et offensé dans les deux premiers sets, déroute le demi-finaliste de l’édition précédente, Tomas Berdych. Amateur des romans de Dostoïevski, le joueur français, poussé au crime par l’ambiance survoltée, châtie l’inconstance du Slave dans les trois sets suivants. « L’ambiance a été exceptionnelle ce jour-là. Comme moi, les spectateurs ont cru de plus en plus à la victoire au fur et à mesure de ma remontée.

J’ai senti qu’il y avait un coup à jouer. Le public a alors chaviré. Pendant le cinquième set, j’ai essayé de rester calme afin de ne pas être pris par les émotions devant l’euphorie des spectateurs. »

QUAND HAEHNEL éreinte AGASSI Car de l’euphorie, du bruit, de la fureur, il en faut pour dynamiter ses héros d’enfance.

En 2004, Jérôme Haehnel, qui sort d’une défaite au premier tour d’un Future, joue

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de malchance au tirage. « Agassi était la seule tête de série que je voulais éviter, car je m’étais dit que j’aurais beaucoup de pression face à lui. » Le 24 mai, la pression s’est envolée tout comme les espoirs de l’Américain dans le tournoi pour ce qui reste « un bon souvenir » pour le Français. « Quoi de plus seul qu’un héros ? » écrivait Boris Vian, dans L’Herbe Rouge en 1950.

Sur la terre de la même couleur, dans ces joutes où David rêve de dérouiller Goliath, les héros sont rarement seuls. Le 29 mai 2008, sur le court numéro 2, c’est un autre David, Nalbandian (numéro 7 mondial), que joue Jérémy Chardy. Dans les deux premiers sets, l’intensité robotisée de l’Argentin submerge le 145e joueur mondial avant que le Français n’entre dans la « zone » et n’enlève les trois sets suivants dans une clameur ininterrompue. « Nalbandian devait se dire que j’étais en chaleur, que ça allait finir par passer. Sauf que non. à la fin, c’était plein, plein. Grosse ambiance. Au début du cinquième, les gens ont chanté La Marseillaise. C’était n’importe quoi ».

journaldutennis juin 2015

approche différente. Je connaissais bien Nalbandian, j’avais déjà eu l’occasion de le jouer et de le battre. J’avais lu quelque chose dans son jeu. Dans ma tête, j’étais plus fort que lui. »

Jérôme Haenel se paie Agassi.

Santoro croqua Safin

JE NE SUIS PAS UN HéROS…

N’importe quoi, c’est ce qu’a fait faire Fabrice Santoro à Marat Safin, en 2001. Car dans cette galerie de portraits, il y a aussi les héros « mais pas trop », lorsque les challengers sont presque favoris, comme le sémillant Français au jeu hétéromorphe, qui profite de son statut de bête noire du Russe, numéro deux mondial et bon vivant, pour le renvoyer à ses apéros. « Il disait souvent à l’époque qu’il n’arrivait jamais à me battre et ne cachait pas sa nervosité quand il s’agissait de jouer contre moi. »

Enfin, comment ne pas leur rendre hommage ? Il y a ceux qu’on a oubliés, ceux qui sont tombés avec les honneurs et qui n’ont pas goûté à cette reconnaissance, ceux qui sont passés tout près, trop près pour que la blessure ouverte par les regrets ne se referme complètement et que prime la satisfaction d’avoir réalisé un grand match. Car à Roland-Garros les demihéros n’existent pas et il suffit de quelques centimètres pour se retrouver pauvre hère.

Andy Roddick + terre battue + court Suzanne-Lenglen : l’addition a toujours été prometteuse pour ses adversaires et salée pour l’Américain à Roland-Garros. En 2004, Olivier Mutis cuisine le numéro 2 mondial et lui donne une bonne indigestion à grands coups d’amorties et de changements de rythme. « Quand le tableau est sorti, on s’était dit avec mon coach que jouer les Américains sur terre battue, c’était pas trop mal. Roddick n’en était pas encore à détester cette surface comme après, mais on pensait qu’il y avait un petit coup à jouer. » Sur ces routes parallèles, loin des fastes chimériques des sommets de l’ATP ou de la WTA, les exploits ont un goût d’éphémère.

Parfois confirmés, ils extirpent des limbes du circuit les ferronniers les plus méritants qui goûtent à leur quart d’heure de célébrité warholien avant de repartir ferrailler la semaine suivante sur le circuit secondaire. « Après le match, j’ai joué le jeu des médias, je suis passé sur tous les plateaux télé et radio, j’ai voulu faire plaisir à tout le monde ; je savais aussi que ce n’était pas l’idéal pour la suite du tournoi mais la situation était exceptionnelle, se rappelle Stéphane Robert. J’ai certainement gagné un peu plus de respect vis à vis de mes pairs et on m’a aussi arrêté dans la rue : une personne m’avait reconnu et félicité, la seule et unique fois de ma carrière ! ». Même son de cloche chez Jérôme Haehnel : « Dans les tournois qui ont suivi, les gens m’en ont parlé. On me reconnaissait un peu partout alors que, quand on est engagés sur des challengers pendant quatre à cinq ans, personne ne sait qui vous êtes. »

Quand, en 1993, Léa Ghirardi, 19 ans et seulement trois matches au compteur sur le circuit, apprend qu’elle doit jouer au premier tour Conchita Martinez, tête de série numéro 4 et vainqueur à Houston et à Rome, elle ne peut s’empêcher « d’être déçue sur le moment » et de partir « chez le coiffeur pour se faire une natte ». 22 ans plus tard, la défaite concédée au finish (7-5, 3-6, 6-4) ne lui a laissé que peu de souvenirs : « je me souviens juste avoir raté un revers assez facile sur une balle de 3-1 en ma faveur dans le 3e set. Un point qui a pesé jusqu’à la fin de la rencontre. » Désormais entraîneur en Italie, elle repense à ce match avec philosophie : « Bien sûr que j’ai eu des regrets. Pour mon premier Roland-Garros, j’ai été à deux doigts d’éliminer la joueuse du moment sur terre. Sûrement m’a-t-il manqué un peu d’expérience. J’ai pensé peut-être trop vite que je pouvais gagner. » Nicolas Coutelot a tout connu sur les terrains de la porte d’Auteuil. Les joies d’un troisième tour en 2001 après une période de vaches maigres mais aussi la plus grosse déception de sa carrière. En 2002, au deuxième tour, il laisse échapper un avantage de deux sets à un et break dans le quatrième contre le torero des courts, JuanCarlos Ferrero, incertain jusqu’à la veille mais qui tracera son chemin jusqu’en finale. « C’est la défaite qui m’a le plus touché dans ma carrière, confesse-t-il. J’y ai cru. Perdre à Roland-Garros, quand on est Français et spécialiste de la terre battue... C’étaient les défaites qui me faisaient le plus mal dans l’année. » Mais en 2003, il prend sa revanche sur le sort et emballe le cinquième set de son match contre David Nalbandian, tête de série 8. « Le match contre Ferrero m’a certainement aidé mais c’était encore une

Une confiance que partage Cyril Saulnier avant son premier tour en 2004. Lorsque le Toulonnais apprend qu’il joue Tim Henman, il ne peut s’empêcher de voir « une bonne occase ». Sauf que dans ce Roland-Garros aux accents argentins, le Britannique se fraye un chemin jusqu’en demi-finale. La défaite en cinq sets, après avoir mené deux sets à rien en devient-elle plus rageante ? « On se pose toujours des questions. Il fait un bon tournoi, je suis tout près de la battre. Tu te projettes un petit peu, tu te dis que ça aurait pu être toi. Mais bon, c’est comme ça. »

Avec des « si »…

Et les conditionnels, les « si » et les interrogations nourrissent encore certains imaginaires fertiles : et si Arnaud Clément, en 1999, et Paul-Henri Mathieu, en 2002, avaient porté l’estocade finale à Andre Agassi ? Et si Caroline Garcia avait fait fructifier son avantage d’un set à zéro et 4-1 contre Maria Sharapova en 2011 ?

Olivier Patience aurait-il connu les joies du dernier carré s’il avait battu Novak Djokovic en 2007 ? Sans parler des Caujolle (contre Connors en 1980), Kauffmann (3 balles de match contre Sampras en 2001) ou Clément, encore (4 balles de match contre Alex Corretja en 2002).

Alors, régulièrement depuis la création du tournoi, cette armée de l’ombre et ces héros maudits accrochent la lumière et s’approchent de très près de l’Olympe tennistique. En 2013, ils s’étaient fait discrets (aucune victoire de Français contre des têtes de série du côté des garçons). Pour mieux nous faire rêver en 2015 ?

LA STAT Depuis 1968, 48 Français non têtes de série en ont déjà fait tomber une. Dans 22 cas sur 48 (46%), l’auteur de l’exploit l’a confirmé au tour suivant, une bonne moyenne. Chez les femmes, elles sont 27 Françaises non têtes de série à avoir fait tomber une tête de série depuis 1968.

CULTURE DOUBLE Propos recueillis par Emmanuel Rupied Photo de Miguel Medina / Afp Édouard Roger-Vasselin : -Né le 28/11/1983 -Passé professionnel en 2002 -Droitier, revers à deux mains

Principaux faits d’armes : 2014 : Victoire à Roland Garros en double (avec Julien Benneteau) 2014 : Finale du Masters 1000 de Shanghai en double (perdue contre les frères Bryan) 2013 : Victoires en double à Tokyo, Atlanta et Newport 2013 : finale du Delray Beach à Las Vegas en simple (perdue face E. Gulbis)

« Avec Julien,

on en impose sur les tournois ! » Victorieux en double la saison dernière à Roland-Garros avec son compatriote et ami Julien Benneteau, le désormais 10e joueur de double mondial Édouard Roger-Vasselin revient sur la plus grande victoire de sa carrière et sur son avenir dans la discipline. Édouard, vous avez déclaré forfait à Bordeaux. Comment vous sentez-vous ?

Édouard Roger-Vasselin : « (dubitatif)

Une douleur à une hanche se réveille par intermittence. Je n’ai pas pu jouer à Bordeaux (11 au 17 mai, ndlr) et je n’irai pas à Nice (17 au 24 mai, ndlr). Je me prépare pour Roland-Garros. Je n’ai pas pu jouer à fond depuis six mois et, malgré tout, j’ai poursuivi ma saison, à moitié blessé : une semaine sur deux, ça ne va pas. À chaque fois que je crois être enfin guéri, je subis une rechute. J’espère que ça va s’arranger…

à l’heure de retrouver Roland-Garros, où vous avez gagné l’an dernier, c’est l’impaience qui domine ?

É. R.-V. : J’ai hâte de revenir dans le stade et de retrouver le terrain, oui ! Ça va faire quelque chose, parce que Julien et moi ne nous sommes pas vraiment rendu compte sur le moment de l’ampleur de l’événement, de ce qu’on avait réalisé en remportant le titre en double. Quand le tournoi va commencer, quand on verra le monde qu’il y a dans les tribunes, on en prendra pleinement conscience : on est les tenants du titre ! L’année dernière, c’était un moment magique de jouer sur le Central avec toute la famille près de nous. Le moment que je retiens, c’est cette Marseillaise qu’on a chantée, le Trophée dans les mains, et le public qui s’est joint à nous. Ce fut un moment fort.

Maintenant, qu’est-ce qui peut nous arriver ?

On l’a fait.

30

Vous aviez imaginé une telle réussite en double ?

Vous pensez à la Coupe Davis ?

É. R.-V. : Gagner Roland ? Non, pas

É. R.-V. : Oui, parce que les places sont dures à prendre en simple. Les joueurs actuels sont aussi bons en simple qu’en double. Il faut donc être polyvalent, pour pouvoir jouer éventuellement le simple le dernier jour. Pour être appelé en Coupe Davis, il faut garder un bon classement en simple.

forcément. Le fait que j’aie gagné des places en simple m’a permis de jouer plus de gros tournois en simple et, par conséquent, en double aussi. Ça m’a permis d’engranger pas mal de points et de monter au classement assez vite. Et puis auparavant, quand je regardais le niveau des autres joueurs, je n’avais rien à leur envier. À part les frères Bryan qui sont au-dessus du lot, je me disais que si je m’entraînais un petit peu en double et que je réalisais une saison où je jouais les gros tournois, il n’y avait pas de raison que je ne me retrouve pas à leur niveau. Je ne vais pas dire que c’était prévu, mais je savais bien qu’au fond, il y avait moyen de faire quelque chose.

Les choses ont-elles changé après cette victoire ?

É. R.-V. : Avec Julien Benneteau, on en

impose sur les tournois ! Après cette victoire, on a senti de la crainte, du respect et, en même temps, nos adversaires avaient envie de se taper les “petits Français” de Roland. Ça nous a donné une confiance énorme, on a pu jouer relâché par la suite.

On s’est qualifiés pour le Masters, donc on n’avait plus de pression. À la fin de la saison 2014, on était la troisième meilleure équipe du monde, c’est magnifique.

Cette année, en Australie, on était tête de série n° 2. On imposait le respect.

Après, Julien s’est blessé et on n’a pas pu beaucoup jouer, mais notre objectif est bien de gagner un autre tournoi du Grand Chelem et de signer d’autres jolies performances.

À court terme, quelle est votre priorité ?

É. R.-V. : Ça va dépendre de mon état physique. La priorité, c’est le simple, car c’est plus kiffant. Le double vient en complément. On paie un peu le fait d’enchaîner les matches en simple et en double toutes les semaines. À l’avenir, Julien et moi n’allons jouer que les gros tournois dans cette spécialité (les tournois du Grand Chelem et les Masters 1000, ndlr).

Et, à long terme, si vous deviez vous investir dans le double, comment imagineriez-vous votre duo ?

É. R.-V. : Si je m’y engage, ça sera avec quelqu’un que je connais parfaitement et en qui j’ai entièrement confiance. C’est-à-dire un ami et pas un joueur que je ne connais pas. Et de préférence, un joueur français, ça sera plus simple. »

journaldutennis juin 2015

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Tête d’affiche Texte de Myrtille Rambion - Photo Dani Pozo / AFP

Chez Serena, tout n’est pas (q

Dani Pozo / AFP

Emilie Loit : « Ce que j’aime dans le revers de Serena, c’est ses préparations précoces. La balle est à peine partie de la raquette qu’elle a déjà orienté les épaules ! » Serena Williams, la guerrière. Serena Williams, la lionne. Serena Williams, la mentale. Tout cela est vrai.

Mais si la clé du succès de la n° 1 mondiale, c’était finalement son tennis ? Décryptage.

À

force de louer son mental hors norme, ne serait-on pas en train de minimiser les exploits de Serena Williams ?

Sérieusement. Si à 33 ans, la cadette des Williams est toujours n° 1 mondiale, compte à son actif 19 titres du Grand Chelem et fait figure de favorite cette année encore à Roland-Garros, même sur cette surface ocre qui n’est pourtant pas celle où elle excelle

32

naturellement, cela ne peut pas être « juste » une question de motivation et de dispositions psychologiques au-dessus des autres. Au-delà, il y a, forcément, aussi un tennis hors norme. Que l’on a peut-être un peu trop tendance à passer sous silence, tant la personnalité de l’Américaine suffit à elle seule à attirer les spotlights. La question mérite en tout cas d’être posée : le tennis de Serena Williams est-il sous-estimé ? « Oui, je le pense vraiment, confirme en mode

“cash” son coach Patrick Mouratoglou. Elle a un jeu qui est très complet. Serena, c’est beaucoup plus que juste une joueuse ultra-puissante. Si elle a la carrière qu’elle a, c’est parce qu’elle a beaucoup, beaucoup d’options dans son tennis et une vraie lecture du jeu. » Rendons donc à Serena ce qui revient à Serena. Avec l’aide d’Émilie Loit, l’ancienne joueuse devenue la reine du décryptage sur Eurosport.

ue) dans le mental !

Arme n° 1 : son service « Elle a un service parfait, analyse Émilie Loit.

Alors de temps en temps, quand elle a moins le rythme, elle a un lancer légèrement plus laborieux qui s’enraye, mais globalement, c’est un service extraordinaire. » Mais encore ? Au niveau de la vitesse ? Des zones qu’elle peut trouver ?

De la variété dans les effets ? « Tout », résume l’ancienne 27e mondiale. Après, pour mettre la vitesse, évidemment avec la puissance et le haut du corps qu’elle a… Mais techniquement, le geste est magnifique. » Et drôlement efficace.

La preuve ? En 2012 à Wimbledon, il avait permis à Serena Williams d’établir le nouveau record du nombre d’aces dans un même match du tableau féminin (24) et de terminer « meilleure serveuse » du tournoi, hommes et femmes confondus, avec un total de 102 aces !

Arme n° 2 : son coup droit « Auparavant, c’était déjà monstrueux, attention, on parle d’excellence !, souligne Émilie Loit, mais là où je trouve Serena incroyable, c’est qu’elle a progressé en coup droit. Cela m’a frappée en début de saison à l’Open d’Australie : pendant tout le tournoi, ce coup était tout simplement incroyable. Plus performant et plus régulier qu’avant. Maintenant, elle est capable de le lifter un peu plus, de mettre davantage de volume dans sa frappe et, à la fois, d’y mettre toujours de la vitesse et de la force. » Et de varier beaucoup plus les angles avec ce coup, en se permettant même d’ajouter avec gourmandise à sa panoplie de championne des courts croisés

imparables. « Cela vient aussi de son coup droit qui a plus d’effet, confirme Émilie Loit. Avant, elle en avait un qui était un peu plus à plat. Or, quand tu as un coup droit à plat, tu ne peux pas trouver les angles courts croisés. Elle jouait un peu “boum boum” dans l’axe, c’était déjà très impressionnant mais, là, avec une action de poignet plus importante, elle trouve des zones sortantes et c’est imparable. En plus, avec sa puissance, il suffit qu’elle se procure une balle courte et, en ouvrant comme ça des angles, c’est injouable ! »

Arme n° 3 : son revers « Ce que j’aime dans le revers de Serena, s’enthousiasme Émilie Loit, c’est ses préparations précoces, qui ont toujours été son dada. Je me souviens des vidéos d’elle petite, que j’ai vues sur Internet, avec son père qui la faisait travailler.

La balle est à peine partie de la raquette qu’elle a déjà orienté les épaules ! Voilà, c’est ça, son revers. » Sans oublier la puissance, là aussi, forcément. « Elle est capable de faire le point avec son revers aussi. Le long de la ligne, il est monstrueux ! » Et puis, dans ce compartiment aussi, Serena Williams n’a eu de cesse de faire évoluer son jeu, pour progresser. « Exactement comme avec son coup droit, elle trouve plus d’angles qu’avant avec son revers, même courts croisés, avec une action du poignet gauche plus importante, détaille Émilie Loit. Elle a plus d’intentions de jeu qu’avant. Avant, c’était un peu “je frappe fort et je passe par la puissance”, désormais, elle est capable de passer à la fois par la puissance dans l’axe, au centre, et à la fois

de trouver les angles que ce soit en coup droit ou en revers. Autant dire que là, elle possède un jeu ultra-complet ! »

Arme n° 4 : son œil « Serena a un œil incroyable. Elle possède un sens de l’anticipation fabuleux et cela compense un peu ses faiblesses physiques – enfin “faiblesses”, c’est un peu dur à ce niveaulà, mais disons ses “lacunes”. Si vous l’observez bien, vous vous rendrez compte que quand elle joue par exemple une certaine zone croisée, elle sait à peu près où son adversaire va remettre la balle : à chaque fois, vous constaterez qu’elle a un sens de l’anticipation et une lecture du jeu incroyables. » Qui dit bon œil, dit souvent bonne main, pour surprendre encore plus la joueuse de l’autre côté du filet. « Ça, c’est quelque chose qu’elle peut sûrement encore améliorer, commente Émilie Loit, mais à mon avis, elle doit déjà le travailler dans les carrés de service à l’entraînement. Je pense qu’elle se trouve dans une phase de stabilisation. » Pour résumer, en termes de jeu, Serena Williams a actuellement « atteint le top du top, analyse Émilie Loit. Son tennis, c’est quand même une pure merveille ! Quand elle a commencé, elle frappait un peu de toutes ses forces, et puis elle s’est rendu compte que ça aurait plus tard ses limites. Alors, comme tous les grands champions, elle a continué, et elle continue encore, à faire évoluer son jeu. Et si son physique la laisse en paix, je la vois bien gagner encore plein de Grand Chelem. Oui, plein ! »

L’association de l’Américaine avec l’entraîneur

sur le cas Serena. Au moment où débute leur

français Patrick Mouratoglou a été une

association, Serena n’est plus classée « que »

bénédiction pour son palmarès. Tout a

n°5 mondiale, mais elle pèse déjà treize titres

commencé par une défaite. Aussi insensée

du Grand Chelem.

qu’inattendue. On est au premier tour de

Depuis cet été 2012, elle a reconquis haut la

Roland-Garros 2012 et Serena Williams va

main le fauteuil de la reine du tennis féminin et

finir par s’incliner face à Virginie Razzano, 111e

ajouté six titres majeurs à son extraordinaire

joueuse mondiale (4-6, 7-6, 6-3). L’Américaine

palmarès. Evert et Navratilova, avec leur dix-

ne va pas bien du tout et elle va faire alors

huit titres du Grand Chelem ? Déposées en

appel à Patrick Mouratoglou. Elle qui n’a

route, merci. Graf et ses vingt-deux ? C’est

jamais confié les rênes de son entraînement

évidemment l’objectif commun du duo franco-

qu’à son père se lance là dans une aventure

américain. Dans l’autobiographie qu’il vient de

nouvelle.

publier (1), Patrick Mouratoglou bénéficie d’un

Le coach français, directeur de l’académie

vibrant hommage rendu par la championne

qui porte son nom à une trentaine de

en préface. Ne manquerait plus que le vrai

kilomètres de Paris, est alors l’entraîneur

Grand Chelem pour couronner le tout. Ça

de Grigor Dimitrov mais rapidement il ne

passera forcément par un triomphe à Paris,

pourra tout concilier et se penchera à 100 %

trois ans après l’échec que l’on sait. - J.Re. (1) Le Coach, éditions Arthaud

Scott Barbour /

Saint-Patrick prié par elle

journaldutennis juin 2015

33

Tête d’affiche Texte de Myrtille Rambion - Photo Pascal Guyot / Afp

Simona Halep : l’an II

Un an après sa finale à Roland-Garros, où en est Simona Halep ? La Roumaine a éclos aux yeux du grand public, gagné sa place sur les sommets du tennis féminin et montré qu’il fallait compter sur elle comme rivale de Serena Williams. Le Graal n’est pas encore atteint mais, en pratiquement 365 jours, la native de Constanta a travaillé, progressé et encore ajouté des couleurs à sa palette.

ENCORE PERFECTIBLE

ENCORE PLUS DE CONSTANCE

« Halep, c’est une machine à balles !, analyse Marion Bartoli. Elle commet très peu de fautes directes, colle très bien à sa ligne, se déplace bien mais sans perdre beaucoup de terrain. » À croire que Simona Halep a définitivement adopté comme livre de chevet L’importance d’être constant d’Oscar Wilde. « Ce n’est pas une fille qui va vous mettre que des coups gagnants ou vous envoyer des services à plus de 190 km/h, poursuit la championne de Wimbledon 2013, mais elle a un jeu et un rythme de base très solides. » Un jeu de contreuse, mais pas seulement, qui s’est encore bonifié depuis sa finale perdue à la porte d’Auteuil. « Aujourd’hui, apprécie Marion Bartoli, elle arrive à être en contre, certes, mais elle prend la balle tôt et redirige donc très bien le jeu. Et ce qui, pour moi, la place au niveau où elle est actuellement, c’est sa faculté à enchaîner les matches et avoir très, très peu de baisses de performance. » Car il ne faut pas s’y tromper : Simona Halep est un petit gabarit (1,68m, 60 kg), mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle est une joueuse sans physique. À l’instar des toutes meilleures, la Roumaine s’est entourée pour cela d’un staff très pointu avec lequel elle voyage à l’année.

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Et ça, c’est aussi la chance des grandes ! « Effectivement, confirme Virginia Ruzici, Simona possède beaucoup d’armes mais il faut dire qu’elle ne les utilise pas toutes : j’aimerais personnellement bien la voir utiliser plus l’amortie, plus le slice, plus les montées au filet. » Et elle n’est pas la seule observatrice avisée du jeu à pencher en ce sens. « Simona Halep frappe plus fort dans la balle que d’autres filles de son gabarit, ajoute ainsi Martina Navratilova, elle la prend plus tôt et recherche davantage l’agression, mais elle délaisse encore le filet un peu trop à certaines occasions. Au lieu de venir au filet et de jouer une volée gagnante, elle évite encore d’y monter. Je pense que c’est quelque chose qu’on va la voir faire de plus en plus, elle va devenir plus offensive et être meilleure au filet : c’est dans ce domaine qu’elle peut encore s’améliorer le plus. » Dès lors, cela risque de faire encore plus mal aux adversaires.

ENCORE PLUS FORTE SUR TERRE ENCORE PLUS CONNUE Le jeu de Simona Halep est redoutable sur n’importe quelle surface. Mais sur terre battue, il sait l’être encore un peu plus. Surtout à l’heure où les vraies spécialistes de l’ocre – à l’instar des Espagnoles ou des Italiennes il n’y a encore pas si longtemps – ont disparu des radars pour laisser place à des cylindrées tout-terrain. « Simona apporte de la variété dans les échanges et la recherche de la construction du point, analyse la championne roumaine de Roland-Garros 1978, Virginia Ruzici, aujourd’hui agent de la n°2 mondiale.

Et surtout, Simona, spécialement sur terre battue, a un déplacement impeccable, très naturel, avec des glissades parfaites. » Maria Sharapova, pas passée loin du tout de la défaite en finale porte d’Auteuil l’an dernier, peut en témoigner…

En Roumanie, c’est la folie. « Avec Simona, et aussi les bons résultats des autres filles, il faut bien le dire, précise Virginia Ruzici, comme Begu, Niculescu, Dulgheru… le tennis est aujourd’hui le sport n°1 dans le pays. » Et la finaliste de Roland-Garros 2014 est une vedette, reconnue dans la rue et célébrée.

Ce qui, une fois la nouveauté gérée, lui a aussi permis de gagner en force mentale. La pression maximale, elle connaît. Même celle de se voir affichée en une des gazettes de son pays, qui spéculent sur son supposé mariage.

Si ça, ce n’est pas la preuve d’un changement de statut…

« simona Halep, c’est une machine à balles ! »

journaldutennis juin 2015

VIVEZ ROLAND-GARROS AU PIED DE LA TOUR EIFFEL

DU 24 MAI AU 7 JUIN 2015 DE 12H À 19H REGARDEZ LES MATCHS SUR ÉCRAN GÉANT JOUEZ SUR UN COURT EN TERRE BATTUE

©FFT

ACCÈS LIBRE

Bleues de France Texte de Julien Reboullet

Quatre filles dans le vent Mesdemoiselles Cornet, Garcia, Mladenovic et Dodin seront peut-être les meilleurs atouts du tennis français cette année à Roland-Garros.

B

ien sûr il ne faut pas balayer d’un revers une éventuelle récidive pour Pauline Parmentier, meilleure Française à Roland-Garros l’an passé. Wild card, la Nordiste avait enchaîné les « perfs » pour rallier la deuxième semaine où Garbiñe Muguruza avait mis un terme à sa belle aventure en huitièmes de finale.

Mais c’est peut-être davantage vers quatre autres joueuses que se tourneront les espoirs français au coup d’envoi du tournoi. Les trois meilleures ; selon le classement WTA (Alizé Cornet, Caroline Garcia, Kristina Mladenovic) et la petite jeune qui monte (Océane Dodin).

Passage en revue…

Alizé Cornet 28e joueuse mondiale - 25 ans - 11e Roland-Garros Meilleur parcours : 3e tour en 2008 et en 2013

EXPéRIENCE ET TéNACITé Déjà dix ans qu’Alizé Cornet foule les courts de la porte d’Auteuil fin mai.

Un peu moins début juin, mais ça ne saurait tarder. à 15 ans, la Niçoise avait défié Amélie Mauresmo en personne au deuxième tour en 2005.

Elle avoue qu’elle croyait même pouvoir gagner ce jour-là contre la numéro trois mondiale (défaite 6-0, 6-2). Fraîcheur, quand tu nous tiens !

Alizé Cornet n’a pas toujours été aussi insouciante et confiante qu’à cette époque. Une formidable saison 2008 la conduira aux portes du top 10 à dix-neuf ans à peine (11e en février 2009) mais elle mettra ensuite cinq ans à retrouver le chemin des grands succès. Le temps de digérer cette progression express mais aussi peut-être un peu les deux balles de match manquées à l’Open d’Australie 2009 contre la numéro trois mondiale de l’époque, Dinara Safina, qui lui auraient ouvert pour la première fois les portes des quarts de finale en Grand Chelem. Un stade après lequel

elle court toujours dans les tournois majeurs.Mais la Française s’est enfin remise à battre des top 10 l’an passé, et notamment trois fois Serena Williams en personne, dont cette victoire inoubliable à Wimbledon (1-6, 6-3, 6-4 au troisième tour). Formidablement accrocheuse, capable de tenir des heures sur le court, il ne lui reste plus qu’à réussir à gagner vite dans les premiers tours en Grand Chelem (elle travaille dur pour s’épargner les prolongations, avec un jeu qu’elle essaye de rendre plus agressif) pour pouvoir ensuite laisser parler tout son tennis et pourquoi pas s’inviter enfin en deuxième semaine à Roland-Garros. Sa toute récente victoire sur Simona Halep à Madrid prouve une nouvelle fois qu’elle peut couper les grosses têtes sur toutes les surfaces.

Caroline Garcia 30e joueuse mondiale - 21 ans - 5e Roland-Garros Meilleur parcours : 2e tour en 2011 et 2013

AUDACE ET PALETTE Personne n’a pu oublier que Caroline Garcia, à 17 ans, était en train d’écraser Maria Sharapova au deuxième tour à Roland-Garros 2011, avant d’être rattrapée par l’enjeu, par la réalité et par la Russe (3-6, 6-4, 6-0). La Lyonnaise mena 6-3, 4-1 en surclassant la grande Maria, ce qui avait fait commettre à Andy Murray un tweet dans lequel l’écossais prédisait qu’un jour, cette fille-là, mon vieux, elle serait number one ! On n’y est pas encore, mais Murray n’est pas le seul à penser le plus grand bien de Caroline Garcia. Non seulement elle pratique un jeu audacieux, avec des prises de balle rarement effectuées à deux mètres derrière sa ligne, mais elle dispose aussi d’une

palette technique très complète qui lui permet de remporter pas mal de points gratuits (grâce à son service) ou courts (grâce à son coup droit, principalement, et son attirance pour le filet). Physiquement, Garcia affiche aussi toutes les qualités (explosivité, couverture de terrain, entre autres) qui devraient lui permettre un jour d’intégrer le top 10 mondial.

Ne reste plus qu’à mettre de l’ordre dans tout ça afin de pratiquer son meilleur tennis aux meilleurs moments. Elle a déjà prouvé que la pression inhérente aux enjeux nationaux ne la dérangeait pas. Brillante en Fed Cup, elle devrait donc pouvoir donner son maximum à Roland-Garros. En 2015, elle a déjà atteint deux finales (Acapulco, Monterrey). Elle a aussi battu trois fois Ana Ivanovic, qui n’est autre que celle qui l’avait stoppée nette l’an passé aux Internationaux de France. Et, à Madrid, elle est à nouveau passée à deux doigts de faire tomber Maria Sharapova (6-2, 4-6, 7-5). Ça va bien sûr finir par passer.

Vous prenez soin de votre corps Anita de votre poitrine

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Kristina Mladenovic 53e joueuse mondiale - 22 ans - 7e Roland-Garros Meilleur parcours : 3e tour en 2014

CONFIANCE ET SERVICE C’est d’abord en double que Kristina Mladenovic a atteint le top 10 mondial et sa pratique intense et efficace de la spécialité ne peut évidemment pas lui faire de mal pour son niveau en simple. Voilà une grande fille qui envoie du lourd et qui n’aime rien tant que les grandes circonstances. Elle adore jouer à Paris. En 2013, invitée par les organisateurs de l’Open GDFSuez disputé à Paris-Coubertin, « Kiki » avait traversé le tableau jusqu’au dernier carré, éliminant au passage Julia Görges, Yanina Wickmayer et, surtout, Petra Kvitova, alors 8e joueuse mondiale. L’année suivante, au même endroit, elle sortait encore une grosse tête, Simona Halep, 10e. Et à Roland-Garros nous direz-vous ? En 2009, elle vient tout juste de fêter ses seize ans, mais sa jeunesse ne l’empêche pas de se battre comme une lionne face à Magdalena Rybarikova, alors 53e joueuse mondiale, au cours d’un premier tour qu’elle finira par perdre de justesse (6-1, 2-6, 8-6).

Deux semaines plus tard, elle remporta le tournoi juniors, en battant Daria Gavrilova en finale.

L’an dernier, elle ne s’est pas gênée pour éjecter d’entrée Li Na (7-5, 3-6, 6-1), numéro deux mondiale, championne de RolandGarros 2011 et qui pouvait encore nourrir l’espoir fou d’un Grand Chelem puisqu’elle avait lancé son année 2014 en remportant l’Open d’Australie (finalement, elle prendra sa retraite l’été suivant…). Ne reste plus à Kristina Mladenovic qu’à rallier enfin la deuxième semaine pour que son histoire d’amour avec Roland la comble. Extrêmement confiante en ses capacités d’y parvenir, capable il y a quelques semaines de dominer Garbiñe Muguruza sur la terre de Marrakech, elle n’a plus qu’à tracer sa route sur la terre parisienne.

Océane Dodin 137e joueuse mondiale - 18 ans 1er Roland-Garros

FRAÎCHEUR ET EXPLOSIVITé Voilà une joueuse vraiment pas comme les autres. Amateurs de rallyes, de longues batailles du fond, de courses effrénées et de lift à gogo, passez votre chemin ! Océane Dodin frappe. Fort. à plat.

La plupart du temps, elle ne réclame pas d’accusé de réception. Elle envoie, c’est tout.

Il y a un an, cette Nordiste élancée (1,83m ; 60 kg) n’apparaissait qu’aux environs du 800e rang mondial. Elle s’est alors mise à enchaîner finales et titres sur les circuits inférieurs pour intégrer le top 200 avant la fin de l’année. Aujourd’hui 137e, elle n’a pas déjà tout fait exploser sur le circuit principal, qu’elle ne fréquente encore que très rarement. Ça n’empêche qu’il ne faudra surtout pas rater

son entame aux Internationaux de France cette année. Sa qualité de frappe de balle n’a, selon les spécialistes du tennis féminin, pas vraiment d’égal. Ça sort bien plus vite de sa raquette que de celle de Serena Williams, affirment même certains. Une question de rythme, notamment.

Fred, son papa, expliquait en janvier dernier dans L’équipe comment sa fille avait commencé le tennis à deux ans et demi et quel chemin il lui avait fait suivre : « Il fallait déterminer très tôt l’identité de son jeu.

J’ai donc observé l’évolution du tennis moderne et le tennis pratiqué par les meilleures. Très vite, on a travaillé l’œil, la vitesse gestuelle et le timing. (…)Dès le début, la priorité, c’était la qualité de frappe et le développement de sa motricité. L’apprentissage de la technique n’intervient que dans un second temps. » Au dernier Open d’Australie, la nouvelle bombe du tennis français avait menacé Karolina Pliskova (aujourd’hui 12e) au deuxième tour (7-5, 5-7, 6-4). Et à Roland-Garros, ça va donner quoi ?

Photos : Ella

Ling / Backpage Images Ltd / Dppi Media, Ian Walton / Getty Images Europe / Getty Images/Afp, Michal Cizek / Afp, J.M Emportes / Only France

Partenaire féminin du tableau dames

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FFT / Propos recueillis par Clément Balta - Photo FFT

« De la créativité et de l’audace » Voilà presque deux ans jour pour jour qu’Arnaud Di Pasquale est directeur technique national (DTN).

L’occasion de faire le point sur la politique sportive fédérale, marquée notamment par le transfert prochain du Centre national d’entraînement (CNE).

Réforme des moins de 12 ans, mise en place de deux Parcours d’Excellence Sportive (PES) distincts entre filles et garçons, nouveau CNE… L’actualité de la DTN est particulièrement riche à l’entame de ce Roland-Garros 2015.

Arnaud Di Pasquale : « Commençons par les plus jeunes.

Galaxie Tennis est une réussite. Amorcée en octobre dernier, cette réforme a permis de remettre le jeu au cœur de l’apprentissage.

L’enfant redécouvre le plaisir d’apprendre le tennis, avec une bonne approche de la compétition. Pour ce qui est du PES, on voulait éviter de calquer le haut niveau féminin sur le masculin. En distinguant les deux parcours, on prend clairement en compte les spécificités de tous les publics. À la rentrée, le PES filles s’articulera autour du centre national de stage, au Creps de Boulouris et du nouveau CNE. Celui des garçons sera lui composé de trois étapes : un centre unique pour les moins de 15 ans au Creps de Poitiers, puis l’Insep et le CNE.

Boulouris est donc devenu un centre national de stage, et ce depuis la rentrée 2014.

Pourquoi ce changement ?

A. D. : Un centre national de stages – par rapport à une section – nous a semblé plus pertinent pour le moment. En effet, si les conditions sont réunies pour progresser vers le haut niveau, nous

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devions prendre en considération les projets parallèles de proximité.

Il existe ainsi beaucoup de Parcours associés pour des filles âgées entre 9 et 14 ans, qu’on voit régulièrement lors de sessions de stages. Ces parcours fonctionnent aussi chez les garçons. Je suis convaincu qu’aujourd’hui, on ne peut pas modéliser sur un seul schéma. Il y a plusieurs voies pour y arriver. L’idée, pour les moins de 15 ans, c’est justement de brasser, de détecter, de révéler les potentiels de chacun. Mais, passé cet âge charnière, on ne peut pas donner sa chance à tout le monde sans perdre en qualité. Le projet doit s’affirmer, la mentalité doit être au rendez-vous. C’est aussi une problématique culturelle. En France, on doit avoir cette folie de croire qu’on peut gagner un Grand Chelem. Et pour ça, il faut être accompagné. Il faut savoir “fabriquer” un champion et mettre nos jeunes dans les meilleures conditions.

Une ambition justement portée par le tout nouveau CNE, qui ouvrira ses portes en septembre.

A. D. : Il constitue un moteur essentiel pour rester attractif envers le monde professionnel et faire avancer nos espoirs les plus prometteurs. Sa capacité d’accueil est plus importante et il bénéficie d’outils plus performants : cryothérapie, hypoxie, piscine de rééducation, espace physique très spacieux, service médical de

journaldutennis juin 2015

T E A M

D A N I E L

T E N N I S

« L’idée pour les moins de 15 ans, c’est de brasser, de détecter, de révéler les potentiels de chacun (…) Il faut savoir fabriquer un champion et mettre nos jeunes dans les meilleures conditions »

Un dernier mot sur les perspectives françaises à Roland-Garros ?

A. D. : Chez les hommes, ça peut être l’année de Monfils. C’est une

des premières fois qu’il aborde le tournoi avec autant de matches.

La difficulté va être, pour lui qui aime arriver sans pression, de gérer cet état de forme. Simon reste le premier Français au classement et Gasquet revient fort après sa blessure au dos. On a plus d’interrogations sur Tsonga. Côté féminin, les perspectives sont très intéressantes, avec de jeunes joueuses qui ne sont pas allées au bout de leur potentiel. Alizé Cornet en tête, qui a prouvé qu’elle peut battre les meilleures, mais aussi Caroline Garcia et Kristina Mladenovic, qui ont montré en Fed Cup qu’elles étaient de sacrées joueuses d’équipe. Et puis il y a Océane Dodin et sa frappe de balle unique. Elle a le potentiel pour gagner un Grand Chelem.

Il nous faut de grands champions pour créer une aspiration, décomplexer les autres. Je parlais de culture : il faut forcer le destin, ne pas attendre les bras croisés. Voilà trente ans qu’on n’a pas gagné de Grand Chelem en simple Messieurs. On doit se remettre en cause, avoir le courage de changer les choses. La performance, c’est la créativité et l’audace. »

journaldutennis juin 2015

E T U D E S

Villeneuve Loubet - Côte d’Azur

N°1 ETUDES / N°2 COMPORTEMENT / N°3 TENNIS

TENNIS ETUDES :

BOURSE POSSIBLE

selon attitude et niveaux scolaires/sportifs 24 places Maxi (Suivi personnalisé) Etudes de la 6ème à la Terminale (CNED + Professeurs SPORTS ETUDES CONCEPT) DISCIPLINE / RIGUEUR / ÉDUCATION / FORMATION = RÉUSSITE DU PROJET

FORMATION APRÈS BAC

Préparation diplômes SAT/TOEFL pour Université Américaine ou préparation au passage du MONITORAT POURSUIVRE ÉTUDES ET TENNIS DE HAUT NIVEAU AUX USA (Obtention de Bourses selon résultats)

DES PARCOURS SPORTIFS ET PROFESSIONNELS À SUCCÈS POUR DE NOMBREUX ANCIENS ÉLÈVES DU TEAM DISTINCTIONS / HONNEURS / DIPLOMES = LA VRAIE FIERTÉ DU TEAM

STAGES :

ENFANTS et ADULTES (à partir de 5ans jusqu’aux vétérans) Du débutant aux joueurs de Compétitions (FORMULES ADAPTÉES) A chaque Vacances Scolaires

L’ÉQUIPE

Coach Daniel CONTET s 28 ans d’éxpérience Joueur de Haut Niveau s Ex Joueur de Coupe Davis s Ex N°3 Français s 35 ans d’expérience de Coaching

s s s s

Daniel CONTET Virginie BAZIN Christophe DEBROUSSE Thomas ALBANEL

DES RÉSULTATS s s s s s

Champions de France Champions du Brésil Champion du Monde Sportifs universitaires de haut Niveau En 10 ans : 40 élèves placés en Université Américaine

TC la Vanade - Rte de Grasse - 06270 Villeneuve-Loubet Tel. +33 (0)4 92 13 06 88 team-daniel.contet@wanadoo.fr www.tennis-tdc.com Team Daniel Contet

150511-TYPON-TDC-2015-111x165.indd 1

pointe… Mon objectif est de développer un travail de recherche et développement sur tout le domaine de la récupération. Je veux que le futur CNE soit un centre de référence, au-delà même du tennis. Question jeu, il y a cette halle extraordinaire de six courts à l’armature colossale, sans poteau ni colonne. Et un court technologique, avec une salle vidéo dédiée à l’analyse, permettant de disséquer chaque coup en fonction des besoins, d’avoir toutes les stats possibles en instantané. C’est un lieu magique.

C O N T E T

11/05/2015 09:53:0

Club-house à l’ash tennis, on joue !

Le 23 mai sera organisée pour la troisième année consécutive une animationdécouverte du tennis au city-stade du quartier Edmond Rostand au Haillan.

Destinée aux jeunes de moins de 18 ans, cette initiation au tennis sera délivrée aux participants par des éducateurs sportifs du club de l’ASH Tennis, organisateur de l’événement avec Aquer’s, l’association du quartier. Pour la première fois, un cycle de 4 cours de tennis sera proposé à la suite de cette journée à la fin du mois de mai ainsi qu’en juin. Par ailleurs, l’ASH organisera au même moment, et jusqu’au 13 juin, l’Open du Haillan. Le tournoi accueillera plus de 400 participants, hommes et femmes. Les inscriptions sont ouvertes.

Renseignements : www.ei.applipub-fft.fr

« Guga » sort son autobiographie !

Depuis le 13 mai, l’autobiographie de l’ancienne légende du tennis Gustavo Kuerten intitulée Guga, un Brésilien, une passion française est disponible à la vente. Le triple vainqueur de Roland-Garros revient sur les difficultés familiales qu’il a connues étant enfant, mais aussi sur son évolution en tant que joueur. Le natif de Florianopolis raconte aussi sa passion pour la France ainsi que ses coups d’éclat porte d’Auteuil.

Renseignements : www.talentsport.fr

Du padel à Roland-Garros

Entré dans le giron de la Fédération française de tennis en 2014, le padel connaît une ascension importante. Dérivé du tennis, ce sport de raquettes se joue uniquement en double sur une surface de 10 m de large sur 20 m de long encadrée de murs et de grillages. Cette année, un terrain éphémère sera provisoirement installé dans l’enceinte de RolandGarros, au sein de l’espace Tennis Club, situé derrière le court SuzanneLenglen. À partir du 24 mai, les visiteurs ayant réservé au préalable pourront venir y jouer. Des démonstrations seront en outre régulièrement proposées.

Renseignements : www.fft.fr

Un stage de tennis en haute altitude

Cet été, le Flaine Tennis Camp organise des stages intensifs d’une à deux semaines à Flaine, en HauteSavoie. Destiné aux joueurs de 7 à 17 ans, ce camp est l’occasion pour les participants de profiter de l’expertise de pros lors d’ateliers techniques, de s’exercer durant des situations de jeu précises, mais aussi de participer à des tournois en simple et en double chaque semaine. D’autres activités sportives (tir à l’arc, escalade, piscine, golf…) seront en outre proposées durant le stage. Les tennismen en herbe auront aussi l’occasion, pour ceux qui le veulent, de prendre des cours d’anglais.

Renseignements : www.flainetennis.com

Un dico qui a du punch !

Depuis le 18 mai, Le dico bien frappé du tennis, écrit par Laurent Chiambretto, est disponible à la vente. Le deuxième ouvrage de cet ancien professeur de tennis est la suite logique de son premier tome intitulé Top 5 Tennis. Destiné à l’amateur éclairé comme au néophyte, l’auteur aborde sur un ton décalé 50 nouvelles anecdotes sur les joueurs et les joueuses d’aujourd’hui.

Auxquelles viennent s’ajouter 50 définitions loufoques autour de la petite balle jaune.

Renseignements : Le dico bien frappé du tennis, Laurent Chiambretto, aux éditions Manokan, 11,90 euros

Eurosport innove pour Roland-Garros

Du 24 mai au 7 juin prochain, Eurosport diffusera l’intégralité du tournoi Roland-Garros avec une exclusivité sur les matches de 11 heures à 15 heures les neuf premiers jours. L’occasion pour la chaîne d’innover : pour la première fois, les 16 courts du tournoi seront filmés en simultané et pourront être visionnés sur Eurosport Player. Une caméra « géranium » sera installée au milieu des pots de fleurs près du court. Déjà utilisé sur les autres Majeurs, elle permet une proximité inédite avec les joueurs.

Côté coulisses, une émission intitulée « Le Coach » sera développée quotidiennement et mettra en scène l’entraîneur de Serena Williams, Patrick Mouratoglou qui interviendra sur des aspects techniques des participants par le biais d’un système high-tech basé sur la réalité augmentée.

Renseignements : www.eurosport.fr

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les essentiels de kate shopping - Textes de Catherine Tisseron

LACOSTE

Premier modèle pliable de la collection, la L778S est résolument Lacoste, avec son logo croco en PVC sur les deux branches et un détail original : le logo Lacoste gravé à l’intérieur du pont métallique. Le soleil arrive, ayez-la dans votre poche !

Prix : 140 € Renseignements : www.lacoste.com

YONEX

La nouvelle chaussure Yonex SHT Pro, portée par Stan Wawrinka, vaut aussi bien pour l’entraînement que pour la performance. Avec ses technologies de pointe, elle assure un grand confort d’accueil et un maintien à la fois ferme et confortable pour une tenue parfaite dans tous les changements de direction sur terre battue.

Prix : 129 € Renseignements : www.yonex.fr

HEAD

Donnez davantage de punch à votre jeu.

Puissante, agressive et dynamique, la raquette Instinct Graphene XT recommandée par Maria Sharapova combine à la perfection une puissance facile avec une excellente maniabilité.

ANITA

Fibre synthétique haute technologie, confectionnée en polyester ou en polyamide.

Les filaments (fils sans fin) sont transformés en un fil d’une finesse extrême. Le vent et la pluie pénètrent difficilement cette matière, tandis que la transpiration s’évapore aisément.

Les tissus sont légers, souples, résistants et thermorégulateurs.

Prix : 59,95 € (soutien-gorge), 26,95 € (shorty).

Renseignements : www.anita.com

Prix : 189,95 € Renseignements : www. head.com/tennis

ROLAND-GARROS

Serviette de couleur unie pour tous les fans de tennis et fervents spectateurs du tournoi de Roland-Garros. Deux produits en un avec cette serviette unie présentée dans une trousse.

LACOSTE

Maille ultra-souple, col polo zippé, manches courtes en mesh technique, cette robe Lacoste Sport affiche un style élégant.

Prix : 120 € Renseignements : www.lacoste.com/fr

UNIQLO

Prix : 35 €

Cette tenue rappelle l’ocre de la terre battue des courts de Roland-Garros ; et il est accentué de noir pour exprimer la force. Ce modèle comporte de nombreuses zones d’aération en résille composée de mailles de plusieurs tailles.

Renseignements :

Prix : 39,90 € (short), 39,90 € (polo)

www.storerolandgarros.com

Renseignements : www.uniqlo.com

LOTTO

La chaussure Raptor Evo est la dernièrenée de la ligne Raptor et la plus aboutie : elle bénéficie d’un élément élastique positionné dans la zone du talon, d’une semelle intérieure Ortholite® et de la technologie ReactiveArch qui consiste en une semelle.

Prix : 140 € Renseignements : 0800 0607 9 900

LE COQ SPORTIF

Le polo de Richard Gasquet est conçu en interlock effet piqué hautement performant ce qui permet d’évacuer la transpiration et de favoriser la régulation thermique.

La construction de la maille mixe deux fils polyester, chacun ayant sa vocation.

Prix : 75 € Renseignements : www.lecoqsportif.com

RMC LA SEULE RADIO SPORT K AVEC SARAH (P%5IT 2%3

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DeBonneville - Orlandini

ROLAND S O R R A G

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C’EST LÀ QUE ÇA SE PASSE INTERNET / MOBILES / TABLETTES