Délégation académique à l'action culturelle "Color block"

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DÉLÉGATION ACADÉMIQUE À L'ACTION CULTURELLE ESPACE CULTUREL - LA MOTTE SERVOLEX LA CONCIERGERIE ART CONTEMPORAIN

“Color Block “ 14 MARS au 17 MAI 2013 DOSSIER PÉDAGOGIQUE

HELENE JOLLY PROFESSEUR RELAIS DAAC Helene.Jolly1@ac-grenoble.fr


1 - LA CONCIERGERIE La conciergerie est une salle d’exposition orientée vers la jeune création. Dédiée à l’art contemporain en général, elle présente des expositions individuelles ou collectives. Les expositions de groupe sont soit des rassemblements d’œuvres choisies et issues de collections ou de fonds régionaux d’art contemporain (LES FRACS), soit des présentations d’œuvres d’artistes ayant répondu à un appel par le commissaire d’exposition à créer sur un thème donné, soit encore plusieurs artistes rassemblés en une seule dénomination.

2- L'EXPOSITION L'exposition Color Block est constituée d'un ensemble d'œuvres que Serge Héliès a choisi dans la collection privée de Jean-Marc et Claudine Salomon. Faire une sélection dans une collection, c'est prélever un échantillon d'œuvres qui ont été achetées sur des critères propres à Jean-Marc et Claudine Salomon. Ce n'est pas une exposition prêtée par une institution. Les goûts et la vision de l'Art des Salomon s'y révèlent en se conjuguant aux choix du commissaire qui s'est fait sur un coup de cœur : "Spunt out Simpson" de James Hopkins. Ce qui a attiré l'attention de Serge Héliès, c'est l'impact coloré de cette œuvre. Elle donnera le ton à l'ensemble et déterminera le titre de l'exposition. La couleur présente dans une grande partie des œuvres provient d'objets aux couleurs soutenues, saturées qui nous renvoient au fac-similé d'un sac fashion, aux vêtements de mode ou au nuancier pantone qui sert à l'impression de toutes les images qui envahissent notre champ de vision. Et lorsque c'est bien de la peinture qui est déposée sur un support, on est à mille lieux de la couleur en "peinture" comme dans les glacis d'un Turner ou dans un monochrome de Rothko. C'est une couleur synthétique ou de synthèse. Directement empruntée à l'univers de la communication et du marketing, elle fait à elle seule image. Elle est sans nuance mais festive et percutante de prime abord. Color Block est un titre choisi à dessein puisqu'il est issu du vocabulaire de la mode et signifie : manière d'entrechoquer les couleurs entre elles. Ainsi les Arts plastiques côtoient les Arts appliqués au travers de la mode mais pas seulement. En effet, c'est la porosité des limites entre les différentes catégories de l'Art qui est mise en scène dans le jeu des questions qui se tissent d'une œuvre à l'autre. De l'art brut à l'art populaire, du cirque à la performance, de l'image plane à la sculpture, du mot à l'image, de la manufacture d'un objet à sa récupération, ce sont tous les domaines de l'Art qui sont convoqués, interrogés et mis en cause. Au spectateur de cheminer, et de construire son parcours.


Annelise Coste

Née dans la région marseillaise elle a fait son apprentissage à l'école des beaux-arts de Marseille, elle s'est installée ensuite à Zurich où elle a suivi les cours de la Hochschule für Gestaltung und Kunst. Elle partage son temps entre cette ville et Palma de Majorque. La pratique d'Annelise Coste oscille entre révolte et utopie. Elle s'exprime par le dessin, le graffiti et la sculpture. Dans son œuvre, l’écriture dialogue avec le dessin en se matérialisant grâce à la peinture en spray ou à l’aérographe. Des sortes de poèmes, des notes, des slogans, des citations, des fragments de phrases ou des extraits de romans sont ainsi entremêlés sur un grand papier à dessin ou à même le mur. Le graphisme est fin et parfois tremblé. Il crée un univers intimiste, faussement enfantin mais non dénué d'une violence d'adolescente. Le texte est à mi-chemin entre le pense-bête et le journal intime. Annelise Coste bouscule les conventions picturales par cette sorte de maniérisme (dans le bon sens du terme) minimaliste. Le noir profond rivalise avec des couleurs brutes loin de tout impressionnisme. Annelise Coste reprend l'outil du Street artiste : la bombe, ainsi que l'écriture. Une écriture simple et lisible - à l'opposé du graphe mais dégageant une énergie singulière. Son œuvre semble frappée d'alalie (impossibilité de s'exprimer par la parole). On dirait que quelqu'un cherche à formuler une parole sans y parvenir, et tourne compulsivement autour du problème sans pouvoir l'énoncer. Sur ces grands papiers la parole empêchée reprend le même refrain, efface, recommence. Les dépôts d’écritures deviennent des palimpsestes : les mots s’y déposent comme les indices d'une mémoire disséminée ou d'une identité perdue.

Annelise COSTE, "Sheshe", 2005, 130 x 95 cm, aérographe sur papier

Dans ces œuvres, c'est la trace du geste qui retient des signes. La feuille de papier n'est pas un simple support. Elle est véritablement l’espace que les lignes en fins treillis aident à déployer et dans lequel rien n'est prévisible. Tout flotte à la dérive au sein même de la maîtrise. Le regard coule sur les surfaces en les rendant présentes.


Annelise Coste laisse surgir une ambiguïté reconnue comme telle. Notamment dans les peintures : Monochrome au pouce (everest) et Monochrome au pouce (pink, pink pink), exécutées au spray, qui donnent à voir deux couleurs franches – le bleu et le rose – corrompues par la présence d'une trace noire surgissant à l'intérieur même des tableaux. Cette trace noire qui semble être le pouce de l'artiste rend visible ce qui est ordinairement dissimulé : le geste créatif comme source initiale de toute création.

Mots clés : Graffiti, rapport texte/image/son, la question du dessin comme trace, le rythme, Art Brut, l'agrandissement, le féminin, le détournement ( du graffiti) et l'emprunt, le minimalisme, le palimpseste

Le graffiti dans la rue et au musée : Nous savons depuis Marcel Duchamp et ces ready-mades que les conditions d’existence de l’œuvre d’art lui préexistent et fondent le système de sa réception et de sa transmission. Ainsi, un travail à la bombe aérosol sur toile exposée en galerie et le travail à la bombe aérosol par la même personne sur un mur « non autorisé » peuvent être considérés successivement comme « art » ou « vandalisme. » Les acteurs et artistes du mouvement graffiti l’ont bien compris et cherchent à jouer sur plusieurs espaces de réception (la rue, l’atelier, le lieu culturel). Travailler sur les espaces, c’est interroger les modes de réception et de catégorisation, aussi bien la plastique esthétiquement correcte de la ville policée, que le cadre patrimonial du musée.


HISTOIRE DES ARTS Lycée : 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, réalités, imaginaires » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leurs rapports avec le réel et l’imaginaire, le vrai, le faux, l’incertain. ( identité, univers adolescent, enfantin ou folie?) Pistes d’étude : * L’art et le réel : citation, observation, mimétisme, représentation, enregistrement( le dessin enregistre la trace de la main et du corps à cause du format ainsi qu'un rythme), stylisation, etc. Réel, fictif.

2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL Thématique « Arts et idéologies » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art comme lieu d’expression d’un pouvoir ou d’un contre-pouvoir et ouvre à l’étude des langages, des significations et des messages politiques. Pistes d’étude : * L’art et la contestation sociale et culturelle : formes (placards, satires, caricatures, pamphlets, manifestes, docu-fiction, chansons engagées, tags, graffs=elle reprend le dessin du graffiti mais le détourne comme une pratique traditionnelle) ; tactiques (signification oblique, codée, cryptée, ironique, satirique, comique, etc.) ; postures (critique, ironie, propagande, etc.).

3. CHAMP SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE Thématique « Arts, contraintes, réalisations » Définition: Cette thématique permet de souligner les contraintes qui conditionnent la création, la réalisation et la diffusion de l’oeuvre d’art. Pistes d’étude: * L’art et les étapes de la création (palimpsestes, esquisses, essais, brouillons, repentirs, adaptations, variantes, work in progress, etc.). Thématique « Arts, informations, communications » Définition : Cette thématique invite à replacer l’oeuvre d’art dans la circulation des échanges symboliques et à interroger ses rapports avec le monde de l’information. Pistes d’étude: * L’art et l’utilisation des techniques d’information et de communication (le télégraphe, les écrans, la photocopie, internet, etc.). L’art et ses relations avec les médias. Techniques de communication. Médias, journaux, télécommunications. Code, émetteur, récepteur.

Collège : Arts/rupture/continuité → Dialogue des arts : citations et références, croisements, correspondances, synesthésies, analogies, transpositions, parangons

Arts plastiques pour les primaires : Récupérer les listes de courses des parents, ou les cahiers de brouillon, les prendre en photos, les vidéoprojeter sur un grand support et les tracer à l'encre.


Communiqué de presse Annelise Coste La vie sur terre « Parce que l'idée même de temps/espace nous échappe tant et tant de-ci de-là par-delà bien et mal des images par millier fleurissent. Afin de rendre possible des éclaircissements de sens les plus affinés nous nous laissons entraîner dans ce que nous nommons communément la fuite en avant. Et c'est tant mieux. Qu'en serait-il d'un monde qui d'en haut se regarderait, qui par peur de représailles et de lendemain se contenterait dans toute sa superbe d'allier ignoble et ignorance et négation de ce qui fait son bonheur même, naissance d'un faon, nouvelle cuisine, réévaluation des salaires, tous, bouquets satellite, miel d'abeilles, murmures et va et vient incessants entre protestation et régulation d'un marché capable de tout mais si inhabilité à percevoir lueur d'espoir chuchotée ou chansonnette inventée de toutes pièces au quatre coins d'un monde où oui l'histoire se répète car la dynastie se garantit des équilibres pauvres riches mais pas de l'implosion des concepts qui fusent hihi. Il n'est pas sans dire que peu d'entre nous commencent à considérer leur corporalité même comme le moyen le plus sûr d'atteindre les sommets du plein sourire. Les caractéristiques qui constituent l'être humain demeurent à découvrir voire indécelables cependant l'on voit bien qu'il est puissant et ce même individu, décède, un jour ou l'autre, sans compter. Frémissement voire sueurs froides pour la plupart d'entre nous comment ne pas. D'autres s'essaient à la dissuasion par la fabrication sans cesse renouvelée d'instruments qui allègent. Mais ce pour un temps. Et puis voilà. Vous voyez où je veux en venir : l'esprit libère. En cela, j'appelle tous ceux et celles qui par mégarde ou mépris auraient délaissé pour un temps ou pour toujours les chemins tortueux. Il nous apparaît clairement que les outils à notre portée et ceux de demain font et feront ce que nous faisons et feront avec ou sans eux. Ouiouioui. Ainsi à trop voir les effets secondaires on oublie le temps qu'il fait. L'explosion démographique est une chance à saisir pour nous tous, elle ne peut que nous réjouir du potentiel qu'elle comporte de verve artistique qu'elle recèle et d'éclats impérieux d'unions irrépressibles car mue par le même mot dans toutes les langues : imaginary us. Faire don de soi un peu ou beaucoup contient l'irrésistible envie de faire énigme ensemble. L'assouplissement s'impose à nous de la même façon que les élargissements favorisent par ricochet l'immanence transcendée. Et malgré les difficultés des gouvernements en place et ceux à venir tout laisse à présager des jours meilleurs car : - Les inerties sont de courte durée, la structure s'épuise, le futur se conjugue dans tous les temps - Les morts nous parlent et nous les entendons L'irrelevance des généralités s'observe tout particulièrement dans combien d'une seconde à l'autre d'un regard à l'autre peuvent s'inverser moi et toi toi et moi et toi et moi et le monde et tout et tout mais jamais rien. Misons donc sur l'acuité de nos propres pupilles ; enchantées elle le sont.» Anne-Lise Coste,septembre 2007 http://www.galerieartconcept.com/newsletter/news16.htm Sources : http://www.fracdespaysdelaloire.com/?archives/2008/instantane-69-anne-lise-coste.html http://www.paris-art.com/graff/Le%20vicomte%20pourfendu/Le%20vicomte%20pourfendu/7754.html http://annelisecoste.com/


GUY LIMONE

"Parmi les personnes nées en 1957 dans le monde, environ 430/1000 sont déjà mortes", 2005, 3 x 500 x 2 cm, figurines plastiques. A propose de Guy Limone par Pierre-Evariste Douaire Guy Limone est peintre, mais il a troqué sa palette contre des figurines, des étiquettes et des tubes fluos. Il fait de la peinture comme un artiste statisticien, abstrait et minimaliste. C’est avec humour qu’il détourne les outils forgés par les avant-gardes du 20ème siècle, comme le monochrome ou le tube fluo de Dan Flavin. En homme intègre et sincère, il souligne les absurdités, combat les inégalités, en utilisant toujours le décalage. Qualifié “d’artiste des statistiques”, Guy Limone est entré en art par l’intermédiaire de l’énumération. Posées en rang d’oignons, de minuscules figurines peintes à la main se retrouvent alignées sur les murs des galeries. Limone donne forme à des données chiffrées et baptise le résultat d’un titre à rallonge : « En l’an 2000 neuf êtres humains sur mille seront français (1993) », « On estime que chaque jour 326 femmes et 1097 hommes sont assassinés (2004) ». A travers son travail sur les statistiques, les Tapisseries et les tubes fluos, Guy Limone utilise les énumérations comme autant de citations. Limone en artiste taxinomiste, classe, range patiemment toutes sortes d'images et de données. En obsessionnel de la couleur, il photographie et collecte des images pour créer des collections éphémères. Il construit le monde plus qu’il ne le regarde. Il modélise ses contemporains, il les réduit en vignettes et en figurines. Flâneur autant que glaneur, il collecte des images, des informations, des statistiques pour nous renvoyer une


image du monde fragmentée mais pas parcellaire. Artiste du constat mais pas de la résignation, il scrute notre société, révèle ses dysfonctionnements et dénonce ses travers. Il matérialise des frontières sociales, économiques, culturelles à l’aide de figurines posées en file indienne. Les statistiques qu’il exploite sont des constats d’échecs. Elles révèlent un monde plus préoccupé par l’enregistrement des souffrances humaines que prompt à les résoudre.

Titre œuvre 1 : "Paris - Jaune, 2006 ; Miami - Jaune, 2005 ; Tokyo - Jaune, 2003 ; Nouvelle Calédonie - Jaune, 2004 ; Marseille - Jaune, 2006 ; Genève - Jaune, 2003 - 2004 Fès - Jaune, 2000 ; Los Angeles - Jaune", 2005 courtesy Galerie Emmanuel Perrotin Phot Titre œuvre 2 : Red Tapestry’,1998 Titre œuvre 3 : "Jamaa Al Fnaa square, Marrakech, dark purple" / "Place Jamaa Al Fnaa, Marrakech, violette foncée" 2008 Diasec, wood, metal / Diasec, bois, métal, 68 inches diametre x 9 3/4 inches / 175 cm diametre x 25 cm unique

"Parmi les personnes nées en 1957 dans le monde, environ 430/1000 sont déjà mortes" L'utilisation de petits personnages est devenu la signature artistique de Guy Limone même si son œuvre ne se résume pas à l'utilisation exclusive de ces figurines. Ces petits personnages, à l’échelle 1/87e, sont destinés usuellement à donner l’échelle des maquettes d’architecte ou à agrémenter des environnements paysagés pour les modèles réduits (trains électriques, scènes militaires, etc.). La multiplicité et la très grande variété de ces figurines ont poussé Guy Limone à se les approprier et les détourner de leurs destinations initiales pour les mettre au service d’un propos artistique. La très grande diversité des figurines (type, costume, action, instrument tenu, etc.) ainsi que leur positionnement installent des différences dans cette uniformité colorée. Les êtres humains sont là dans toute leur variété : âge, sexe, occupation. Il dessine, en les disposant côte à côte, une ligne qui s'offre à nous comme un horizon. C'est une manière très subtile de nous inclure à son œuvre. En l'occurrence de nous renvoyer à notre propre fin. Si les données statistiques ont le défaut de tout uniformiser, on ne peut pas ignorer que notre propre mort partage cette "vertu". On peut alors considérer cette œuvre comme une version contemporaine des danses macabres moyenâgeuses . Ces personnages miniatures ont pour rôle habituel de rendre crédibles les reproductions de mondes en réduction, les maquettes, dans lesquelles on les dispose. Les représentations, ludiques ou fonctionnelles, se veulent réalistes sans être artistiques. Guy Limone ne déroge pas à la tradition, il la décale : à partir de


ses assemblages de petites figurines il nous donne à voir, et à comprendre, le monde dans lequel nous vivons, non à partir de la vision de l’espace mais en s’appuyant sur l’abstraction de chiffres. Sans avoir lu le titre de l’œuvre, on ne saisit pas la raison de ces assemblages de personnages de couleurs différentes sur un fil horizontal de plus ou moins cinq mètres. Les intitulés sont des extraits de données statistiques concernant la population mondiale, « En 2008 les Blancs représentent 12,8% de la population mondiale », ou des individus d’un pays : « 160 américains sur 1000 possèdent un passeport » ou « 18% des grecs sont obèses ». Si le titre et ses affirmations statistiques nous introduisent au principe générateur de l’œuvre, l’expérience visuelle réelle de celle-ci nous donne à réfléchir. Les nombres schématisent tandis que l'œuvre valorise les différences et les dissemblances. Elle donne une présence concrète à l’abstraction des chiffres. En la donnant à voir sans ostentation, la concrétisation plastique renforce le drame de la disparition ( en nous renvoyant par ce biais à la nôtre) contenue dans l’énonciation. La plasticité se fait politique, elle matérialise un au-delà des mots. Au sujet de la couleur, Guy Limone nous dit : « La couleur est ma règle de base ». Il se considère avant tout comme peintre, même si son travail n'utilise que très rarement les mediums habituels de la peinture. Ici, c'est à dessein que certaines figurines ne sont pas peintes puisqu'elles représentent les personnes décédées en 1954. Cette œuvre est évolutuive et demanderait dans l'absolue à être réactualisée à chaque exposition. Maquette est un terme emprunté au domaine des beaux-arts ; il est dérivé de l’italien macchietta, une petite tache, diminutif de l’italien macchia, tache, issu du latin macula. La maquette donne à voir en réduction un décor de théâtre, un bâtiment, l’étendue d’un paysage, quelque chose qui constitue une totalité mais dans un petit espace. Il s’agit là aussi d’une des fonctions des arts figuratifs, de la peinture, en particulier du Moyen-âge au XX siècle. Les artistes ont souvent satisfait leurs commanditaires ou leurs amateurs en représentant une large portion de mondes réels ou imaginaires dans un petit espace. Danses macabres : Cette forme d'expression est le résultat d'une prise de conscience et d'une réflexion sur la vie et la mort, dans une période où celle-ci est devenue plus présente et plus traumatisante, guerre de Cent ans, famines. ( Quelques références : La Danse macabre de Saint-Saëns est jouée par un piano mécanique dans la « Règle du jeu », film de Jean Renoir. Une Danse macabre sarcastique en forme de défilé de mode ecclésiastique apparaît dans Fellini Roma par Federico Fellini, les dernières scènes du film Le Septième Sceau de Ingmar Bergman dépeignent une sorte de Danse macabre, Dance Of Death de Iron Maiden…) Le titre : Donner un titre n'est jamais anodin puisqu'il renferme en lui un acte qui consiste à nommer une chose lui conférant ainsi un mode d'existence. Plusieurs postures artistiques sont possibles : - donner un titre littéral : ainsi aucune indication particulière n'est donnée au spectateur affirmant qu'il n'y a rien d'autre à voir que ce qui est. - il en va de même pour les œuvres intitulées "Sans titre", l'artiste n'ajoute aucune informations - le titre narratif : il nous renvoie à une autre dimension de l'œuvre qui nous encourage à dériver vers l'interprétation, nous tissons des liens de reconnaissances entre l'œuvre et son titre pour "raconter son histoire" - le décalage : il permet d'ouvrir l'œuvre à une autre dimension, nous entrons dans un champ dans lequel plusieurs univers peuvent coïncider alors que d'ordinaire c'est impossible ( le surréalisme, Wim Delvoye, Shepard Fairey..)


HISTOIRE DES ARTS Lycée 2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL Définition : Cette thématique invite à souligner les rapports entre l’art et la mémoire. Elle invite à explorer l’oeuvre d’art comme recueil de l’expérience humaine et acte de témoignage. * L’art et la commémoration : hommage à un grand homme, un héros, un groupe (portraits cinématographiques, littéraires, théâtraux ; hymnes, requiems, dédicaces), une cause, un évènement. Les genres commémoratifs (éloge, oraison, discours, fête commémorative, panégyrique, monument aux morts, tombeau, etc.) et les lieux de conservation (mémorial, musée, etc.). Mémoires, souvenirs. Hommages, oublis, effacements,

3. CHAMP SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE Thématique « Arts, sciences et techniques » Définition : Cette thématique invite à souligner les relations entre l’art, la science et la technique, et leurs incidences sur la création. * L’art et la démarche scientifique et/ou technique : processus de conception, de réalisation, d’expérimentation. Les concepts scientifiques et l’art (transpositions, analogies, convergences, créations, etc.). Concept, connaissance.

Collège : Arts, espace et temps : Evocation, temps, espace : vanités, finitude, âges de la vie, unités et mesures Place du corps de l'homme dans le monde : Petitesse/grandeur

Arts plastiques pour les primaires : Récupérer des jouets de formes humaines et les utiliser comme élément modulaire pour confectionner une sculpture à l'échelle humaine dont la forme sera déterminée après une réflexion menée avec les élèves sur les questions d'humanité, d'universalité ( = éducation civique) sources : http://www.perrotin.com/artiste-Guy_Limone-5.html http://www.lacritique.org/article-guy-limone-figures-d-espace-publique http://www.paris-art.com/galerie-photo/%C3%87a%20tourne%20!/%C3%87a%20tourne%20!/2674.html


WIM DELVOYE

“Etui pour une Mobylette ” 2004, 70 x 175 x 115 cm, aluminium laqué, feutre, mobylette Peugeot Vogue

Wim Delvoye est un artiste plasticien belge, né à Wervik (Flandre-Occidentale) le 14 janvier 1965. Il vit et travaille à Gand. Vie et œuvre Wim Delvoye s'est fait connaître avec son installation Cloaca (présentée pour la première fois en 2000 au musée Mukha d'Anvers), dite « machine à caca » : avec l'apparent sérieux d'un laboratoire scientifique, la machine de Delvoye reproduit le processus de la digestion ; on entre des aliments et, en bout de chaîne, sortent des excréments. Cloaca fonctionne véritablement. Depuis, Wim Delvoye a proposé au public des œuvres sans lien formel avec Cloaca, mais ouvrant la porte à toutes sortes de réflexions par la juxtaposition d'univers contradictoires. Il fait partie d'une génération d'artistes et chorégraphes flamands – Jan Fabre, Alain Platel, Jan Lauwers, Luc Tuymans, Panamarenko ou Anne Teresa De Keersmaeker – qui ont révolutionné l'art contemporain. Les mélanges constants osés par Delvoye confrontent le trivial au religieux ou au politique. Delvoye se veut d'abord un artiste régionaliste, un artiste « ethnique » explorant les présupposés de sa propre culture.


Parmi ses œuvres          

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Shovels (1989) : une pelle de maçon peinte aux armes de quelque prince, télescopant deux univers sans grands liens tels que la maçonnerie et l'ancien régime Mosaïques (1990) : des carreaux de céramique, représentant la propreté, sont décorés avec des motifs à base d'étrons. La série « Bétonneuses » (1990) : des engins de chantier reproduits à l'échelle 1/1 en bois orné, à la manière du mobilier ecclésiastique Eddy et Christophe, etc. (~ 1995 et suivantes) : de nombreux cochons vivants tatoués « Nichoirs » (1998) : une série de nids artificiels pour oiseaux décorés avec des accessoires sadomasochistes Trophy (1999) : des animaux taxidermisés sont mis en scène de manière à gagner une certaine forme d'humanité, par exemple un cerf et une biche copulant dans la position dite « du missionnaire » « Map », série de cartes d'atlas réalisées à l'acrylique selon sa propre interprétation. Les formes des pays et les noms y sont tous inventés Finale (1989-1990) : des vitraux médiévaux qui racontent des matchs de football… La série de photos « Marble floor » (1999) : vu de loin, ce sont des sols en marbre ; de près, les éléments de motif sont des tranches de jambon La série « Cloaca » : Cloaca Original (2000), Cloaca New & Improved (2001), Cloaca Turbo (2003), Cloaca Quattro (2004), Cloaca n° 5 (2005), Personal Cloaca (2006), Super Cloaca (2007), Cloaca Travel Kit (2009) « 9 muses » (2001) : série de vitraux réalisés avec des radiographies aux rayons X, elles-mêmes « X », puisqu'il s'agit de scènes sexuelles. Tim Steiner, l'homme tatoué (2008) : Tim (31 ans en 2008) est tatoué dans le dos. Le tatouage de Tim a été vendu en septembre 2008, 150 000 €. L'acheteur a notamment acquis le droit d'exposer l'œuvre 3 à 4 semaines par an et de récupérer le tatouage à la mort de Tim Sélection d'expositions : Castello di Rivoli, Turin (1991), Documenta X (1992), Gallery Sonnabend New York (1998), Reina Sofia, Madrid (2000), Centre Pompidou, Paris (2000), Migros Museum, Zurich (2001), New Museum, New York (2002), The Barbican, Londres (2002), Palais de Tokyo, Paris (2003), PS1Contemporary Arts Center, New York (2006), KW- Contemporary Arts Center, Berlin (2007), Chanel Arts Mobile, Shanghai (2008), CCA Wattis, San Francisco (2008), Biennale de Venise (2009), Biennale de Moscou (2009), Musée Rodin, Paris (2010), Knocking on Heaven's door, Bozar, Bruxelles (2011).

Héritage/ détournement/ filiation : De Duchamp, Wim Delvoye hérite le geste inaugural de faire entrer aux musée des objets inattendus, et par définition exclus de l’univers artistique . Delvoye utilise toutes les ressources de l’artisanat et de la science, depuis le vitrail jusqu’à la chimie en passant par la mosaïque, le tatouage, la porcelaine et la radiographie. Delvoye parle d'émulsion et non pas de mélange pour définir son travail (les ingrédients conservent leur qualité propre) en faisant coexister les objets industriels et la pratique artisanale dans le but de renvoyer dos à dos des valeurs qu'apparemment tout oppose. Mais si la mobylette bleue peut renvoyer à la roue de bicyclette de Duchamp, la transformation que Delvoye lui fait subir va dans un sens précisément inverse à l’opération du ready-made, lequel considère l’objet industriel pour son absence d’ambition artistique, et cultive une indifférence


de principe à l’égard de ses éventuelles qualités esthétiques. La mobylette dans son étui comme les pelles de chantier peintes façon héraldique, au contraire, sont convoquées comme produits d’une double technique : technique industrielle du côté de la forme de l’objet, et peinture ornementale du côté des armoiries qui le recouvrent ou laquage glacé de l'étui – et esthétisent l’objet, dans le registre d’une culture ancienne, et partagée. De cette rencontre, surgit une dissonance : le luxueux étui protège la mobylette triviale. L’œuvre invite le spectateur à réviser les critères au nom desquels il maintient tel ou tel objet dans des catégories esthétiques étanches… La peinture joue ici doublement : dans sa matérialité, à travers le caractère bien fait, décoratif, mais aussi en tant que référence à notre patrimoine culturel. Les objets de Wim Delvoye tirent donc leur force d’une sorte de surcharge culturelle. Mix-média ou l'héritage Pop : Wim Delvoye n’est en cela pas si loin de l’artiste chasseur de mythes tel que le définissait Richard Hamilton en 1961 dans son article « pour le plus beau des arts, essayez le POP » : « la culture populaire a dérobé aux beaux arts leur rôle de création de mythe (…) L’odalisque de la peinture trouve son équivalent contemporain le plus proche dans la playmate du mois , le poster détachable de Playboy. Les stylistes de carrosserie automobile ont assimilé le symbolisme de l’âge de l’espace mieux que n’importe quel artiste (…) Pour ne pas perdre sa vocation ancienne, l’artiste devra peut être piller les arts populaires pour retrouver les images qui constituent son héritage légitime. » Ces œuvres mettent en doute les frontières qui séparent l’art de toutes les pratiques culturelles, artisanales, scientifiques, commerciales. Il y a chez lui un échange permanent des règnes, une perturbation systématique des rapports entre les images, les objets, et les mots – une représentation d’objets à lire, sur le mode de la condensation, du déplacement ou de la déliaison. Le travail de Wim Delvoye est souvent provocateur. Avec une ironie subversive, Delvoye confond objets de décoration et de la vie quotidienne pour déclencher une réflexion sur les valeurs normalisées de notre société de consommation.

Pneus sculptés, 2009 December, 2001

Caterpillar, 2002

Cloaca, 2000


Cochons tatoués

Marbel floor, 1999

Shovels, 1989

St Stephanus as the Goal Keeper

Mots clés : L'inerte et le vivant, le corps comme support de l'œuvre, le ready-made, l'artisanat, la manufacture, le trivial et le sacré, l'excrément, la sexualité, le noble et le vulgaire, le bon et le mauvais goût, l'Art et ses circuits, la communication, réinvestissement du Pop Art

HISTOIRE DES ARTS Lycée 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, réalités, imaginaires » Thématique « Arts et sacré » Définition: Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leur relation au sacré, aux croyances, à la spiritualité. Pistes d’étude: * L’art et le divin : sa manifestation (représenter, raconter, montrer, évoquer, etc.) ; sa contestation. L’expression du sentiment religieux (recueillement, adoration, communion, émotion, extase, etc.) et sa transmission. Idole, images, reliques. Thématique « Arts, sociétés, cultures » Définition : Cette thématique invite à souligner les liens que les oeuvres d’art tissent avec les sociétés et les cultures qui les ont produites. Pistes d’étude: * L’art et les identités culturelles : diversité (paysages, lieux, mentalités, traditions populaires), cohésion (usages, coutumes, pratiques quotidiennes, chansons, légendes, etc.). ; particularismes (arts vernaculaires, régionalismes, folklores, minorités, diasporas, ghettos, etc.) Universalité de l’art, diversité des cultures. Altérité, dialogue. Thématique : « Arts, corps, expressions » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art comme lieux et supports d’expressions en lien avec le corps. * Le corps et l’expression créatrice : matière et support (maquillages, tatouages,…)


3. CHAMP SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE Thématique « Arts, sciences et techniques » Définition : Cette thématique invite à souligner les relations entre l’art, la science et la technique, et leurs incidences sur la création. Pistes d’étude : La technique comme motif d’inspiration (éloge du progrès, dénonciation de l’entropie, etc.). Les figures, thèmes et mythes de l’univers technique et scientifique (l’automate, la machine, le robot, l’ingénieur, le savant, etc.) Concept, connaissance. Représentations de la technique et de la science. Thématique « Arts, informations, communications » Définition : Cette thématique invite à replacer l’oeuvre d’art dans la circulation des échanges symboliques et à interroger ses rapports avec le monde de l’information. Pistes d’étude: * L’art, l’information et la communication : concepts (code, émetteur, récepteur, rhétorique, sémiotique, effets, etc.) ; genres patrimoniaux (vitraux médiévaux, gazettes, almanachs, placards, dazibao, réclames, etc.) et contemporains (affiches publicitaires et politiques ; médias écrits ; cinéma documentaire, reportages radiophoniques télévisuels ou cinématographiques, etc.). Techniques de communication. Médias, télécommunications. Code, émetteur, récepteur. Mécanisation, reproduction technique ; Messages. Fonctions de l’art.

4. CHAMP ESTHETIQUE Thématique « Arts, goût, esthétiques » Définition : Cette thématique invite à interroger l’oeuvre d’art dans la diversité de ses valeurs et de ses approches. Pistes d’étude ; * L’art et ses codes : normes esthétiques, éthiques et sociales (licence, étiquette, canon, bienséance, tabou, etc.) ; termes axiologiques (grâce, brio, élégance, sobriété, tempérance, noblesse, vulgarité, sublime, etc.) ; Universalité/ diversité du « beau » élitiste/ populaire, noble/ vulgaire. /« bon goût »/ « mauvais goût ». « Distinction ». /Règles, normes, interdits, transgressions. /Théories

Collège : Arts, créations, cultures : Traditions →traditions populaires, régionales. Formes populaires → parodies, savoir-faire, programmation, codification, symboles Arts, techniques, expressions : Prouesse technique → automates, robots

Arts, ruptures, continuités : Tradition → avant-gardes/ emprunts, échos, citations, renaissances, poncifs, clichés, lieux communs, stéréotypes, reprises, remake, adaptation…

Arts plastiques pour les primaires : Travailler sur le champ des contraires, collecter des objets et des images représentatifs de chacun. Trouver des moyens plastiques pour qu'ils se "contaminent", qu'ils se rencontrent, qu'ils se mélangent.

Sources : http://www.wimdelvoye.be/ http://www.mac lyon.com/static/mac/contenu/fichiers/divers/delvoye/rub2/1/rub1_2.html


BARRY McGEE

Sans titre, 2011, 206 x 150 cm, peinture sur panneaux, 20 éléments


À propos de Barry McGee Barry McGee est un street-artiste de la côte Ouest des Etats Unis. Barry McGee est né en 1966 en Californie, où il continue de vivre et de travailler. En 1991, il a reçu un diplôme en peinture et gravure du San Francisco Art Institute. Ses dessins, peintures et techniques mixtes, ses installations puisent leur inspiration dans la culture urbaine contemporaine. Ils intègrent des éléments variés, bouteilles d'alcool vides, canettes de bière, bombes aérosols, clés et chutes de bois ou de métal. McGee est aussi un artiste de graffiti, travaillant dans les rues des villes américaines depuis les années 1980, où il est connu sous le nom de "Twist". Il considère le graffiti comme une méthode essentielle de communication, celle qui lui permet de rester en contact avec un public plus diversifié que celui qui fréquente les espaces traditionnels de la galerie ou du musée. Mc Gee a mis au point un motif récurrent qui est devenu sa signature : un homme avec les yeux tombants, rappelant les sans-abris et les clochards. Son travail est visible au Walker Art Center, Minneapolis, San Francisco Museum of Modern Art, UCLA Hammer Museum de Los Angeles, ainsi que dans les rues et sur les trains partout aux ÉtatsUnis. Lui et sa fille, Asha, vivent à San Francisco. Sans titre" (2005), acrylique sur des bouteilles en verre avec fil

Au sujet de son œuvre : La forme : L'œuvre de McGee semble de prime abord hétéroclite. Elle peut présenter de modestes dessins griffonnés sur des bouts de papier épars représentants des personnages mythiques de ses débuts en passant par des peintures géométriques et abstraites.

Le graffiti tient bien évidemment une place de choix dans sa pratique. Ce qui n'empêche pas l'artiste de travailler l'image photographique, la gravure, l'installation et la sculpture. Ses mannequins aux bras armés de bombes aérosols sont autant de signatures immédiatement reconnues par les habitants de San Francisco.


Barry McGee crée des assemblages faits de peintures, de photographies ou de dessins enchevêtrés en masse, comme si chaque œuvre était intrusive l’une envers l’autre, ne sachant pas trouver sa place dans cette cacophonie visuelle.

Une technique de présentation, en accumulation, qui lui fut inspirée par la façon dont sont présentés les ex-votos dans les églises à SaoPaulo, par l’esthétique du cut-up et par le mouvement du Tramp art. Dans ses displays, des figures humaines sont mixées à des peintures abstraites aux motifs géométriques de style Op art, comme ces successions infinies de cubes colorés nommés «carrelage Escher » — inventés par l’artiste néerlandais Maurits Cornelis Escher. Les personnages de Barry McGee ne sont pas inquiétants mais inquiets, à l’air mélancolique, aux têtes qui s’affaissent sur des corps timides. Est-ce un écho à l’état dans lequel Barry peint ? «Parfois quand je peins, je pleure tellement que je peux à peine finir ce que j’entreprends ».

Le fond : La production de Barry McGee est souvent considérée comme étant une vision pessimiste d’un monde urbain où l’homme ne réussirait pas à trouver sa place. Un univers de « maux urbains, de stimulations excessives, de frustrations, de dépendances et d’efforts pour résister aux bombardements incessants de la publicité ». A la mainmise sur le paysage urbain par les commerces et les grandes compagnies via la publicité, Barry McGee préfère créer « la magie d’un graffiti qui apparaît dans la nuit, tel un panneau d’affichage sans publicités ». A ses débuts, en 1984, Barry dit s’être retrouvé « au carrefour de certaines influences comme le punk-rock, la musique hardcore ou simplement des gens qui se mettaient à créer par eux-mêmes. Il y avait beaucoup de groupes qui collaient constamment des affiches dans les rues». Pour lui, la destruction et le chaos « sont les seules choses qui peuvent encore secouer le public et le réveiller de ses rituels de travail et de consommation ». Barry McGee dit aimer cette forme de « communication lo-fi » (contraire de hi-fi = qualité du son électro-accoustique) qu’est le graffiti, et que cela lui « procure une joie incroyable de travailler intensément sur quelque chose pour ensuite le voir détruit en un battement de cil. » Une rétrospective a eu lieu au Berkeley Art Museum en août 2012. Elle fut vécue comme une immersion totale dans le processus créatif d’un des artistes les plus influents du milieu. Avec des restitutions de Mission District, son quartier de coeur, McGee a proposé un voyage à travers une oeuvre teintée d’humour noir et de questionnements sur l’empreinte d’un capitalisme oppressant.


cut-up : Les pratiques de collage-montage ont été, dans la littérature et les arts du XXe siècle, l’un des moyens d’exprimer le chaos, le mouvant et l’instable. La pratique du collage-montage est l’une des expressions privilégiées de cette présence d’un désordre, d’un imprévisible ou d’un ordre bousculé par l’aléatoire ; elle est l’un des modèles esthétiques privilégiés du XXe siècle. Depuis les papiers collés des cubistes et les premiers films narratifs, collage et montage tentent soit d’intégrer un peu de cet aléatoire qui menace l’harmonie du monde ou en tout cas fonde un autre type d’harmonie (par exemple les fragments de journaux de Braque ou Picasso, les collages de Max Ernst…), soit de l’ordonner (en montage cinématographique notamment). Ces pratiques, qui font date dans l’histoire du collage-montage, visent à faire basculer le texte du côté du mouvant, de l’informe, afin de montrer les effets du « langage-virus » formaté, mais aussi de libérer ce dernier en lui inoculant une sorte de « vaccin ». Tramp art : Littéralement, Tramp Art signifie : l’art des vagabonds. Bien que son origine demeure quelque peu nébuleuse, le " tramp art " semble dériver de la sculpture à l’entaille. C’est essentiellement un art de récupération, qui permettait de fabriquer divers objets utilitaires avec des boîtes de cigares, dont le bois mince et facile à travailler se trouvait en abondance. Parmi les créations les plus courantes on trouve des coffrets à bijoux ou à correspondance, des boîtes à couture, des pharmacies, des encadrements, des supports à plantes… Op Art : "Op art" est l’abréviation d’ "art optique", en d’autres termes, l’Op art est une tendance artistique qui joue avec la perception visuelle de l’observateur. L’Op art apparaît au milieu des années 50 et reprend à son compte des expérimentations les plus importantes de l’orphisme, du futurisme et du mouvement de Stijl. Dans la démarche Op art, l’illusion optique est rendue par la répétition de champs de couleur uniformes calculés avec rigidité mais qui s’harmonisent. L’illusion est provoquée par l’enchaînement ciblé des éléments graphiques et par l’exploitation des lois propres à la couleur telles que le contraste simultané. La désignation Op art est véritablement instaurée depuis 1965 à l’issue de l’exposition du MoMA "The Responsive Eye". Les principaux représentants de l’Op art sont : Victor Vasarely, Bridget Riley, Jésus Soto, Cruz Diez, Julio Leparque et Youri Messen-Jaschin. Street Art : Issu d’une société « d’individualisme de masse », au sens où la décrit Pierre Gascar, le street art nait de la volonté d’expression d’une génération pour laquelle se rendre visible au plus grand nombre, laisser sa signature visuelle, quitte à s’affranchir des lois et des règles communes, c’est exister, c’est – paradoxalement – faire société. À l’opposé de la philosophie de Gilles Deleuze ou Jean-Paul Sartre dans laquelle la dimension subversive de l’individualisme émancipateur se construit en écho à un marxisme qui pense le collectif, la « boîte à outils idéologique » du Street art est plutôt à chercher du côté de l’ultralibéralisme. En ce sens, c’est un art majeur des XX e et XXIe siècles qui reflète parfaitement l’esprit de son temps. Le reproche habituel de l’art contemporain à l’art populaire, est son manque de créativité une fois la phase d’émergence passée. Selon cette conception à l’opposé du mimétisme, l’art devrait être « original », au point d’instaurer la « rupture », ce qui est devenu aujourd’hui paradoxalement un mode de reconnaissance officielle. L’imitation et la répétition constituent une des bases d’un art populaire : d’un côté en s’inspirant de la vie quotidienne ou en récupérant ses éléments (rythme, esthétiques, mouvements, matériaux) et d’un autre côté en suscitant des phénomènes esthétiques. Le recyclage ensuite par l’industrie de la culture, de la mode et de la publicité n’empêche pas la forme graffiti d’évoluer.(Steven Hull, McGee, Shepard Fairey, Hopkins, Limone qui ont une pratique qui relève de l'art populaire.)


HISTOIRE DES ARTS Lycée 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, sociétés, cultures » Définition : Cette thématique invite à souligner les liens que les oeuvres d’art tissent avec les sociétés et les cultures qui les ont produites. Pistes d’étude: * L’art et l’appartenance (corps, communautés, religions, classes sociales, etc.), langages et expressions symboliques (costumes d’apparat religieux, civils, militaires ; blasons, emblèmes, allégories ; étendards, drapeaux, trophées, hymnes nationaux, chants patriotiques, etc.); Identité culturelle.

2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL Thématique « Arts et économie » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leur rapport au contexte économique de production et de réception. Pistes d’étude : * L’art et le marché (cote, galeries, salons, marchands d’art, collectionneurs, investisseurs, etc.) et les contraintes économiques (protection des artistes, droits d’auteurs, propriété intellectuelle, destinataires, etc.). * L’artiste et la société: représentations, normes, interdictions, comportements, pratiques, statuts (courtisan, protégé, banni, excommunié, maudit, etc.), modes de vie (vie de bohème, saltimbanques, divas, stars, etc.) Argent. Circulation, marchandise, consommation. Discours, messages, critiques, etc. Thématique « Arts et idéologies » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art comme lieu d’expression d’un pouvoir ou d’un contre-pouvoir et ouvre à l’étude des langages, des significations et des messages politiques. * L’art et la contestation sociale et culturelle : formes (placards, satires, caricatures, graffs, etc.) ; tactiques (signification oblique, codée, cryptée, satirique.) ; postures (critique, ironie, propagande, etc.). Engagement. Doctrine, système. Censure. Symboles, langages, discours, tactiques, etc.

Collège Arts, créations, cultures :

Formes populaires → bricolage, détournement, programmation,

codification, symboles Arts, état, pouvoir : représentation et mise en scène du pouvoir ou en opposition → propagande/ œuvre engagée/contestation


SHEPARD FAIREY

"Peace Bomber", 2008

"Close Knit", 2009

Shepard Fairey (Obey), né en 1970 à Charleston en Caroline du Sud, est l’un des artistes américains les plus connus du mouvement street art. Issu de la scène du skateboard, il s'est d'abord fait connaître dans les années 90, en disséminant ses autocollants et posters géants dans toutes les villes des États-Unis. Chacun de ses collages est inspiré des codes visuels de la publicité, de la propagande politique et de l’industrie musicale ; codes dont il se joue allègrement en appelant à la désobéissance visuelle. En utilisant dans ses œuvre, le slogan « The Medium is the Message » emprunté à Marshall McLuhan, Fairey est devenu l'un des artistes les plus connus des années 2000. Son travail a acquis sa pleine célébrité lors de la campagne présidentielle américaine de 2008, avec la création du poster HOPE de Barack Obama qui deviendra une image-icône de la campagne. Son travail est présent dans les collections du Smithsonian, du Los Angeles County Museum of Art, du Musée d'Art Moderne de New York et du Victoria and Albert Museum de Londres. Sa première rétrospective muséale « Supply & Demand » (du même nom que son livre) a eu lieu à l’Institute of Contemporary Art de Boston, en 2009. Une grande majorité des posters réalisés et collés dans la rue par Shepard Fairey sont publiés dans son livre "Supply & Demand" publié en 2009.


OBEY GIANT : « L’immense pouvoir d’une image dans la rue »

L’histoire débute ainsi : Shepard Fairey et d’autres étudiants de la Rhode Island School of Design s’amusent à créer une série d’autocollants et d’affiches à l’effigie du catcheur André Roussimoff, surnommé «André the Giant». Ce qui ne devait rester qu’une private joke va se propager à travers le monde, devenant l’un des symboles forts de la contre-culture et de la communauté DIY (Do it yourself) propre au skate et au punk rock. En 1998, Fairey, menacé de poursuites pour l’utilisation de la marque déposée « André the Giant», doit changer de visuel et de nom. Obey Giant est né. Le géant, encore plus graphique et subversif et doté d’un sous-titre Obey (l’impératif «obéis»), rappelle non sans ironie un certain Big Brother is watching you. Il s'inspire directement du film « They Live » de John Carpenter. Le réalisateur décrit un univers qui fait écho à toutes les obsessions de Fairey : un monde où les masses sont soumises à une dictature invisible. Les murs de la ville sont recouverts de slogans et d’injonctions à l’obéissance qui agissent comme des messages subliminaux. « C’est la première œuvre qui a vraiment compté. Celle pour laquelle il y a eu un avant et un après. Ce panneau a provoqué tellement de choses, il a été tellement vu... Les gens se demandaient s’il y avait un acte politique derrière. Tout le monde s’interrogeait. C’est là que je me suis rendu compte du poids qu’avait une image dans la rue, dès lors que ce n’est pas une pub. J’ai mesuré l’immense pouvoir que c’était. ». Au même moment, Shepard découvre Marshall McLuhan, sociologue canadien, expert en communication des médias et se reconnaît dans le slogan : « Le médium est le message. »

Des pochettes d’album à la campagne démocrate En 2003, il co-fonde avec sa femme Amanda Ayala, le Studio Number One (design graphique). Puis la ligne de vêtements Obey et le magazine Swindle. Derrière Obey se cache ainsi une industrie bien huilée, basée sur un street marketing activiste et une identité visuelle forte - une esthétique aux tons rouge, noir et crème qui rappelle la propagande soviétique reconnaissable par tous. En 2008, l’artiste a des milliers d’affiches à son actif. Il a conçu les pochettes de disques de « Monkey Business », des Black Eyed Peas, de « Zeitgeist » des Smashing Pumpkins ou de « Whiskey on a Sunday » de Flogging Molly. Il réalise aussi l’affiche du biopic « Walk the Line ». Mais c’est avec l’affiche d’Obama qu’il devient mondialement connu. « Zeitgeist » des Smashing Pumpkins.


Obama : « C’est un privilège pour moi »

Il imagine d’abord un poster représentant le visage du candidat avec le slogan « Progress » . Mais l’équipe de campagne le contacte pour lui demander de réaliser une autre version, avec « Hope », plus en phase selon eux avec le message de campagne : « Parfois, on croit que j’ai été engagé par son équipe de campagne, mais non. Je l’ai fait parce que c'était simplement celui qui me semblait le mieux défendre mes valeurs. » L’image devient rapidement une icône. Au lendemain de sa victoire, Obama lui écrit : « Je veux vous remercier d’avoir utilisé votre talent au service de ma campagne. Vos messages politiques ont encouragé les Américains à croire qu’ils pouvaient changer le statu quo. Vos images ont un effet profond sur les gens, qu’elles soient vues dans une galerie ou sur un panneau indicateur. C’est un privilège pour moi d’avoir été l’objet de votre travail d’artiste et une fierté d’avoir eu votre soutien. » « J’ai trouvé ça progressiste », commente Fairey. « C’est polémique : honorer le street art pour le président des Etats-Unis, car ça reste un acte illégal, souvent conçu comme du vandalisme. »

Controverses autour de la propriété intellectuelle d'une image En 2009, après diverses recherches sur l'origine de la photographie qui a servi au travail de l'affichiste, on a conclu que l'affiche HOPE était une réappropriation d'une photographie prise en avril 2006 par Mannie Garcia, alors en contrat freelance avec l'Associated Press (AP), qui réclame des droits d'auteur à travers une compensation financière. Garcia affirme cependant qu'il est le seul détenteur des droits à l'image et il a déclaré être fier que sa photographie ait inspiré Shepard Fairey. Fairey pense que son travail en l'espèce tombe dans la catégorie de l'usage raisonnable (Fair use). Les avocats des deux parties ont négocié un règlement amiable, mais Fairey a engagé une poursuite fédérale contre l'Associated Press pour obtenir un jugement déclaratoire indiquant que son usage de la photographie relevait du fair use et pas du copyright. " Le street art est un moyen de participer au dialogue. Dans la rue, tout le monde peut prendre la parole. Au final, peu importe ce qui s’est passé avec Obama. Peu importe que je sois content ou pas. La seule


chose qui importe c’est qu’un graphisme, une simple image a fait la différence. La leçon va au-delà du fait d’avoir à voter ou non. Ce qui compte, c’est d’utiliser les outils qu’on a pour imposer son point de vue. » « Si je suis repris, ce sera la prison ferme » Dans la foulée de l’élection, le portrait d’Obama inspire à Time Magazine une variation du travail de Shepard Fairey pour son numéro sur Obama, « personnage de l’année ». Fairey est désormais un artiste « mondialement reconnu ». L’année suivante, l’Institut d’art contemporain de Boston lui offre sa première rétrospective. Mais le Californien est arrêté alors qu’il se rend à l’exposition. « Je collais des autocollants. Ça a été assez grave. Ils ont présenté 34 chefs d’inculpation. Je risquais jusqu’à huit ans de prison. J’ai finalement écopé d’une peine avec sursis. Je sors tout juste de ma période de probation. Mais si je suis repris, ce sera la prison ferme. » Fairey a déjà connu seize arrestations, mais Boston l’échaude pour de bon. « Ça fait partie du street art, mais je n’aime pas ça. J’essaie maintenant de bien mesurer les risques que je prends. » Businessman et infatigable colleur Aujourd’hui, à 40 ans passés, la vie de Shepard Fairey se partage entre business (des pochoirs à la vente de produits dérivés), sa famille et la réalisation d’immenses fresques à travers le monde. « Depuis Boston, je me concentre sur des choses plus substantielles. » Dernièrement, il organisait une expo à Copenhague, et profitait de son séjour pour réaliser sept fresques en sept jours.


"Close Knit" et "Bomber Peace" Close Knit est une œuvre de 2009, mesurant 152,5 x 111 cm. Elle mélange différentes techniques : de la peinture sur toile, de la sérigraphie, de la peinture au spray et du collage. Si l'on observe bien le support de cette œuvre, on remarque son épaisseur et l'entremêlement de plusieurs motifs. Ceux-ci sont à la fois des motifs de tapisseries récupérées et collées sur un épais papier. Elles sont juxtaposées à des morceaux de papiers journal. Par-dessus cette couche, d'autres motifs sont créés à l'aide de pochoirs. Enfin, les deux jeunes filles au fouloir, semblent avoir été sérigraphiées en noir et orange. Cette superposition de couches confèrent à l'œuvre une dimension de palimpseste qui n'est pas sans rappeler les affiches décollées des décollagistes. D'une bonne taille, elle est encadrée et protégée d'un grand verre. De prime abord, il semble déconcertant qu'une œuvre de Street Art soit présentée de manière aussi traditionnelle dans un lieu d'exposition contemporain reconnu par l'institution. Cela prouve néanmoins deux choses : d'une part que Shepard Fairey connait parfaitement les rouages du milieu de l'art et sait se les approprier, d'autres part que les institutions et les collectionneurs le considèrent comme un artiste contemporain à part entière. A propos de "Close Knit" Shepard Fairey tient les propos suivants : « J'ai choisi d'illustrer cette image de deux filles en train de tricoter parce que je pense qu'il capte vraiment l'idée que l'apprentissage de l'art dans les écoles, c'est plus que des dessins au crayon, il s'agit de créativité, quelque chose qui transcende toutes les frontières de classe et de race. Je pense que la joie de faire quelque chose est universelle, et c'est une opportunité que chaque enfant devrait avoir. " Il est prévu que les bénéfices générés par la vente soient reversés à la Fondation des arts de Rush Philanthropic. Le titre de l'œuvre signifie "être ensemble". Il énonce clairement la démarche conceptuelle de Shepard Fairey qui se sert de ses affiches en réintégrant une grammaire graphique issue de l'univers communicationnel. La démarche artistique de Fairey relève de l'Art contextuel tel que le défini P. Ardenne. Fairey use, utilise et détourne les codes de communication au service d'un Art engagé, un Art qui débute dans la rue, se partage avec tous, cherche à faire réagir le public mais fini exposé chez les plus grands collectionneurs (même si chacun d'entre nous peut acheter le "dérivé" de l'original pour 50 dollars sur internet). Bomber peace (le bombardier de la paix) présente les mêmes caractéristiques plastiques que « Close Knit », avec néanmoins un enchevêtrement de motifs plus élaborés évoquant des ornements arabisants. Shepard Fairey condense en une image plusieurs signes issus de registres contradictoires : un symbole universel de la paix (le peace and love), un avion de guerre et les formes ornementales issues de la culture musulmane. Les décollagistes : « Mon concept fut de prouver qu’une nouvelle race d’artistes non techniciens pouvait exister » (Jacques Villeglé). Dans les années 60, les décollagistes sont les auteurs d’un geste remarquable parmi ceux des nouveaux réalistes. Raymond HAINS, Jacques VILLEGLE et François DUFRENE qui sont les principaux représentants font de la "Peinture sans peinture…" Ils travaillent dans la rue à partir de panneaux publicitaires. Ils collectent, collectionnent et prélèvent des affiches publicitaires entre autre. Ils les transforment en effectuant des opérations de lacération, d'arrachage, de juxtapositions, de stratifications, de frottement, d'effacement, de froissement et de recouvrement jusqu’à la désintégration. Leur démarche consiste à démasquer les méthodes hypocrites de la publicité. ART CONTEXTUEL Sous le label d'art "contextuel", on entendra l'ensemble des formes d'expression artistique qui diffèrent de l'œuvre d'art traditionnellement comprise: art d'intervention et art engagé de caractère activiste (happenings en espace public, "manœuvres"), art investissant le paysage ou l'espace urbain (land art, street art, performance…), esthétiques dites participatives ou actives dans le champ de l'économie, de la mode et des médias. P. Ardenne


L'artiste contextuel : place la réalité avant le simulacre, et l'ordre des choses avant celui des apparences. Le "contexte", consigne le lexique, désigne l'"ensemble des circonstances dans lesquelles s'insère un fait". Un art dit "contextuel", à cette aune, opte pour la mise en rapport directe de l'œuvre et du réel, sans intermédiaire, l'œuvre s'y configurant en fonction de son espace d'émergence et des conditions spécifiques le qualifiant. L'artiste contextuel, agissant hors des cadres de la permission institutionnelle, s'empare des lieux, se les accapare, en fait ses territoires. Sa condition revendiquée d'artiste, en revanche, repose sur l'expression d'un refus partiel de la société telle quelle, sur l'expression d'une imperfection ou d'une perfectibilité, en conséquence sur le vœu implicite d'une réforme dont l'art peut être un des vecteurs efficaces. (Idem) Art/Société/Langage : La société, c'est de la vie, c'est également du langage, une langue vivante apprise, parlée, transmise et protégée. En cette société, l'art, de même, est une des formes de la langue parlée par le corps social: langage d'adhésion ou d'assujettissement dans les sociétés archaïques ou totalitaires (l'artiste y recycle le "texte" de la société, il souscrit à son code symbolique dominant), langage de la génération ou la rénovation dans les sociétés révolutionnaires (il y invente ou y met en valeur des signes inouïs ou jusqu'alors tenus à l'écart du code). Le "texte" que produit l'art contextuel, en l'occurrence, n'est pas de nature radiative. Plutôt, il s'avère de nature corrective, dans le sens d'une intégration visant ce qu'on a pu appeler en d'autres lieux un "meilleurisme". L'artiste contextuel, à la fois, incarne "association" et "dissociation". Les formules qu'il propose à la société, du coup, se révélant d'une double espèce contradictoire: formules d'implication, mais aussi de nature critique: formules d'adhésion mais aussi de défi. Plus que d'opposition, il faut parler de position en porte-à-faux, et plus que de subversion, d'une transgression à des fins de positivité. Parti du "texte" social, l'artiste contextuel ne réécrit pas ce dernier dans son entier. Il en corrige quelques phrases, çà et là (Shepard Fairey). Il s'agit moins d'imposer des formes stricto sensu, formes nouvelles ou pas, que réélaborer ce texte surchargé de ratures historiques que constitue toute société (Annelise Coste) (Idem) http://www2.cfwb.be/lartmeme/no014/pages/page1.htm

HISTOIRE DES ARTS Lycée : 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, sociétés, cultures » Définition : Cette thématique invite à souligner les liens que les oeuvres d’art tissent avec les sociétés et les cultures qui les ont produites. Pistes d’étude: * L’art et les autres : regards croisés (exotisme, ethnocentrisme, chauvinisme, etc.) ; échanges (dialogues, mixités, croisements) ; métissages. Histoire des sociétés, ethnologie, etc.

2. CHAMP HISTORIQUE ET SOCIAL Thématique « Arts et économie » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leur rapport au contexte économique de production et de réception. Pistes d’étude : * L’art et le marché (cote, salles de vente, galeries, salons, marchands d’art, collectionneurs, investisseurs, etc.) et les contraintes économiques (commanditaires publics ou privés, mécénat, acte de commande privée ou publique, protection des artistes, droits d’auteurs, propriété intellectuelle, destinataires, etc.). * L’art et ses discours : éloge, critique ou contestation des normes et des pratiques socio-économiques. Argent. Circulation, marchandise, consommation. Acteurs, auteurs, artistes. Discours, messages, critiques. Thématique « Arts et idéologies » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art comme lieu d’expression d’un pouvoir ou d’un contre-pouvoir et ouvre à l’étude des langages, des significations et des messages politiques.


Pistes d’étude : * L’art et les formes d’expression du pouvoir : l’art au service de l’identité nationale (hymnes patriotiques, architectures civile et militaire, récits d’écrivains engagés) et du discours dominant (exaltation, slogans, pompe, cérémonies officielles ; trucages, maquillages, mensonges, effacements, etc.); les lieux de pouvoir ; les langages symboliques (emblèmes, allégories, etc.). * L’art et les stratégies de domination du pouvoir : l’art régalien (monarchie, empire), l’art totalitaire (soviétique, nazi). Les actes de classification (l’art « dégénéré »), de censure (mises à l’index, liste noire, « enfer de la bibliothèque nationale ») et de destruction (autodafés), etc. * L’art et la contestation sociale et culturelle : formes (placards, satires, caricatures, pamphlets, manifestes, docu-fiction, chansons engagées, tags, graffs, etc.) ; tactiques (signification oblique, codée, cryptée, ironique, satirique, comique, etc.) ; postures (critique, ironie, propagande, etc.). Message, propagande. Engagement. Doctrine, système. Censure. Symboles, langages, discours, tactiques, etc.

4. CHAMP ESTHETIQUE Thématique « Arts, artistes, critiques, publics » Définition : Cette thématique invite à replacer les oeuvres d’art dans leur contexte de production et de réception et éclaire les relations qui unissent les différents acteurs du champ de la création artistique. Pistes d’étude: * L’art et ses lieux d’exposition et de diffusion dédiés, détournés, ouverts, fermés, prestigieux, banals et leur impact sur la création et la réception (spectacles de rue, foires, cirques ; musées, biennales, galeries) ; les institutions muséales comme discours de la société sur l’oeuvre d’art (exposition, célébration, diffusion, vulgarisation, démocratisation, etc.). Figures de l’artiste./Critiques, théoriciens, historiens de l’art, musicologues, esthéticiens/Histoire de la réception/Publics/Patrimoine, conservation, lieux de diffusion. Thématique « Arts, goût, esthétiques » Définition : Cette thématique invite à interroger l’oeuvre d’art dans la diversité de ses valeurs et de ses approches. Pistes d’étude * L’art et ses codes : normes esthétiques, éthiques et sociales (licence, étiquette, canon, bienséance, tabou, etc.) ; termes axiologiques (grâce, brio, élégance, sobriété, tempérance, noblesse, vulgarité, sublime, etc.) ; les notions d’oeuvre, de chef d’oeuvre, de « grand oeuvre ».Universalité/ diversité du « beau » élitiste/ populaire, noble/ vulgaire. /« bon goût »/ « mauvais goût ». « Distinction ». /Règles, normes, interdits, transgressions. /Théories esthétiques, etc.

Collège : Arts, ruptures, continuités : Tradition →avant-gardes/ emprunts, échos, citations, renaissances, poncifs, clichés, lieux communs, stéréotypes, reprises, remake Dialogue des arts → citations et références, croisements, correspondances, synesthésies, analogies, transpositions, parangons Arts, état, pouvoir : Pouvoir →représentation et mise en scène du pouvoir ou en opposition : propagande/ œuvre engagée/contestation Etat → héros, nation, emblèmes, codes symboliques, hymnes Mémoire → témoignages, histoire collective : témoignages, récits

Arts plastiques pour les primaires : Comme pour Delvoye travailler sur la récupération d'images à fort potentiel symbolique mais sur des registres d'opposition, essayer par une technique graphique de les conjuguer en une seule image. Autre piste : Réaliser des pochoir à partir de formes ornementales simplifiées et créer une image collective avec plusieurs passages (superposition des motifs)


STEVEN HULL

"You, Me, Destiny", 2000, femme : 213 x 101 / homme : 250 x 101, technique mixte sur toile, 8 pièces Entre bas-relief et peinture, entre représentation et abstraction, entre aspect festif et mortuaire, l'œuvre de Hull marie les contraires. Composée de 8 parties, elle fonctionne à la manière de deux corps disloqués qui semblent représenter un couple face à sa destinée. Les motifs floraux piqués dans la mousse polyuréthane évoquent une nature qui s'invite soit comme l'allégorie d'un jardin (d'Eden bien sûr, perdu évidemment), soit comme les fleurs déposées sur une tombe. Hull glisse dans le registre de la Vanité, renforcée par l'usage de masques de carnavals qui prennent l'aspect de masque mortuaires. Le côté Kitsch est affiché et assumé de fait.


Biographie né en1967 à Lakewood, California. Vit et travaille à Oakland et Los Angeles Expositions récentes : 2011 - Rosamund Felsen Gallery, Santa Monica, CA. 2012 - "Waiting for the Love Boat," Rosamund Felsen Gallery, Santa Monica, CA. Expositions collectives : 2010 - "Collection 3," La Fondation pour l'art Contemporain Claudine et Jean Claude Salomon, Alex, HauteSavoie, France. 2011 - "Sculpture Gardens", Las Cienegas Projects, Los Angeles, CA "The Optimist's Parking Lot", Beacon Arts Building, Los Angeles, CA. "Hanging Gardens," Beacon Arts Building, Los Angeles, CA Au sujet de son œuvre : Steven Hull est un praticien multi-facettes et une importante figure de l'art en Californie. Son intérêt pour le mélange des arts et ses techniques diverses l'a amené à entreprendre des projets variés en collaboration avec d'autres artistes, musiciens ou écrivains. Ces travaux sont en outre illustrés par le projet fondé à l'espace Las Cienegas de Los Angeles qui dispose d'un programme de conservation mettant l'accent sur l'expérimentation et la participation communautaire.

Dans sa pratique, Hull explore les différents liens entre peinture et sculpture, faisant apparaître une image plate ou tri-dimensionnelle. Il produit aussi des séries de peintures géométriques, quasi hypnotiques, nous conduisant à interpréter des formes et des lignes qui vibrent, palpitent et jaillissent dans toutes les directions, donnant à la peinture une dimension active et multi-dimensionnelle. Pour son exposition à la galerie Rosamund Felsen en 2009, il transforme tout l'espace en un paysage fantastique. Les visions qui peuplent ce paysage de sculptures et de peintures nouvelles donnent lieu à des représentations qui nous montrent tout autant des hommes cagoulés que des chevaliers vêtus de tenues criardes, des femmes nues, un homme rose tatoué ou encore un crâne d'or géant de "Salvador Dali"… D'une salle à l'autre, les peintures vives et colorées de Hull sont accompagnées par de grandes platesformes décorées sur lesquelles prennent place ses personnages constituant ainsi une représentation unique de mondes incroyables et fantaisistes. Dans ces espaces, nous sommes guidés par des trains surréalistes qui serpentent pour nous dévoiler les panoramas nés de l'imagination de Hull.


L'univers de Hull emprunte ses formes à plusieurs domaines de l'Art et courants artistiques :

- le surréalisme en reprenant à son compte la technique du cadavre-exquis et en fabricant des objets aussi insolites qu'un train hybride en forme d'œil ; - l'Op-Art et ses motifs géométriques aux couleurs vibratiles ; - l'Art populaire : le carnaval et le cirque sont omniprésents, à la fois comme des creusets dans lesquels Hull puise ses représentations mais aussi comme possibilités de mises en scène spectaculaires à l'ambiance joyeuse, étrange voire troublante de foire. Le tatouage, la bande-dessinée, le graffiti sont aussi des modes d'expressions convoqués par l'artiste ; - le cubisme et les Arts premiers : notamment en réinterprétant des masques ; - l'Art brut : il affiche une fascination marquée par le monde de l'enfance (ses fantasmagories, ses représentations littéraires, plastiques…). Son fils est une de ses sources principales d'inspiration…

La cacophonie visuelle est de mise dans l'œuvre de Hull lorsqu'il met en scène son histoire personnelle à la manière d'un cadavre exquis entremêlant ses voyages dans les musées aux déambulations dans le magasin de jouets avec son fils. Comme un musée d'histoire naturelle qui présente sous un même toit : des objets culturels du Pacifique Sud, des fossiles, et une boutique de cadeaux ; les dioramas de Hull font fusionner des "détritus culturels" avec une iconographie de boîtes empilées. Ils pourraient être considérés comme une tentative de confinement, mais ils sont plus susceptibles de représenter des événements qui n'ont pas encore eu lieu.


Steven Hull est connu pour la conception et la mise en œuvre de grands projets auxquels de nombreux artistes collaborent. Ab Ovo est un exemple de ce type de projet communautaire dans lequel Steven Hull parvient à puiser dans les recoins psychologiques les plus sombres d'une dizaine d'artistes pour créer des récits visuels autant que littéraires. Il a été présenté à l'ARENA 1 à Santa Monica en 2006. Inspiré par ses deux enfants, Hull met à contribution dix-neuf artistes en arts visuels, dont Bruce Yonemoto, Mike Kelley, Glenn Ligon, Jim Shaw, Martha Rosler, Mary Kelly et Inka Essenhigh. Tous ont reçu le MMPI2TM (Minnesota multi phasique Personality Inventory) et s'y soumettent. Le test, mis au point il y a 60 ans, reste le moyen le plus largement utilisé par le système juridique américain pour évaluer le profil psychologique d'un individu ayant ou sollicitant la garde d'un enfant. Les essais ont produit des profils de personnalité qui ont été proposés au hasard et de façon anonyme à 19 écrivains, dont Benjamin Weissman, Leslie Davis et Trinie Dalton. Les écrivains, à leur tour, ont été invités à créer des histoires basées sur les profils dégagés. Les histoires ont ensuite été illustrées par un deuxième groupe de 19 artistes dont Kelly Barrie, Paul Noble, Ivan Morley, Kaz Oshiro, Ion Birch, Paul Mac Carthy et Marnie Weber. L'installation en galerie présente les illustrations, une piste audio des auteurs lisant leurs histoires, et une table de pique-nique conçue par Dewey Ambrosino autour de laquelle les spectateurs peuvent s'asseoir pendant qu'ils parcourent les résultats des tests. L'ensemble est publié dans un livre sous le titre "Catalogue Raisonné : Ab Ovo".

Hull choisit à dessein les formes artistiques les moins prestigieuses pour ne pas sacrifier sa reconnaissance à une quelconque convention. Il sait, dans ses projets communautaires, faire se rencontrer un public populaire avec celui plus « hype » de l'art contemporain. En célébrant l'effacement des frontières entre les disciplines, "le projet" apporte une excitation, une énergie collaborative au lieu qui l'accueille, notamment à la galerie.


L'Art: le kitsch. Par JC Pinson. Apparu en Bavière vers 1870, le mot qualifie, péjorativement, tout ce qui ressortit à un goût sentimental et complaisant, façonné à des fins mercantiles par l'industrie culturelle. Impliquant un jugement dépréciatif, la notion suppose, dans le champ de l'art, l'opposition d'un Grand art et d'un art de pacotille. Mais le kitsch ne concerne pas le seul domaine de l'art. La notion s'applique aussi à des façons d'être et des formes de vie. Parce qu'il a partie liée avec le fascisme doux de la société de consommation, avec le mensonge embellissant des images dont elle nous abreuve, le kitsch doit être combattu. Pas d'art véritable, de ce point de vue, qui ne soit iconoclaste. Mais s'il veut faire entrevoir, hors de l'horizon censément indépassable de la raison économique, la possibilité et la réalité d'autres formes de vie, il faut à l'art inventer des images et des fictions où puisse reprendre sens l'idée d'un monde à nouveau habitable. Telle est alors la difficulté d'une poétique de l'« idylle » : comment peut-elle demeurer critique autrement dit ne pas céder au kitsch - dans l'instant où elle tâche de faire signe vers un possible réenchantement de l'existence et du monde ? (http://www.roseaupensant.fr/pages/video/l-art/video.html)

HISTOIRE DES ARTS Lycée : 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, réalités, imaginaires » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leurs rapports avec le réel et l’imaginaire, le vrai, le faux, l’incertain. Pistes d’étude : * L’art et l’imaginaire : inventions artistiques (transpositions et récits de rêves, de cauchemars, créatures, personnages et motifs fictifs, univers légendaires, fantastiques mythologiques, fabuleux, etc.) ; mondes utopiques (sociétés et cités idéales, etc.). Réalisme/ onirisme.

4. CHAMP ESTHETIQUE Thématique « Arts, goût, esthétiques » Définition : Cette thématique invite à interroger l’oeuvre d’art dans la diversité de ses valeurs et de ses approches. * L’art et ses codes : normes esthétiques, éthiques et sociales (licence, étiquette, canon, bienséance, tabou, etc.) ; termes axiologiques (grâce, brio, élégance, sobriété, tempérance, noblesse, vulgarité, sublime, etc.) ; les notions d’oeuvre, de chef d’oeuvre, de « grand oeuvre ».Universalité/ diversité du « beau » élitiste/ populaire, noble/ vulgaire. /« bon goût »/ « mauvais goût ». « Distinction ». /Règles, normes, interdits, transgressions. /Théories esthétiques, etc.

Collège : Arts, créations, cultures : Formes populaires → improvisation, bricolage, détournement, parodies, savoirfaire programmation, codification, symboles Arts, ruptures, continuités : Dialogue des arts → citations et références, croisements, correspondances, synesthésies, analogies, transpositions, parangons

Arts plastiques pour les primaires : Inventer un couple parentale ou une famille recomposée à partir d'éléments hétéroclites ( images et objets + liant colle/mousse/pâte à sel/pistolet à colle). C'est le mode de présentation (l'accrochage des éléments regroupés) qui donnera sa cohérence aux personnages.


OLIVIER HERRING

"Sublimation", 2000/01, vidéo et "Video sketch n°1-4", 2002, vidéo


Ses débuts : Oliver Herring a commencé sa carrière d'art comme peintre avec des travaux colorés et expressifs. Ses premières oeuvres sont des sculptures faites de mylar, un matériau transparent et réfléchissant. Herring tricote le ruban adhésif transparent incolore en forme de figures humaines, de vêtements et de meubles. Le mode de présentation choisi donne l'impression que ces pièces ont une histoire, qu'elles ont vécu.

Untitled (Flowers for Ethyl Eichelberger), mylar tricot, dimensions variables Dans les années 1990, Oliver Herring a été l'un des premiers artistes à s'exprimer exclusivement par l'intermédiaire du tricot. Untitled fait partie d'un projet de mémorial permanent appelé Flowers for Ethyl Eichelberger (1991-1994). Ces sculptures en forme de manteaux ont été tricotées à la main en utilisant des bandes de mylar recouverts d'argent, prélevées par découpage sur des sacs de luxe. Ces vêtements glamour, dont le genre sexuel reste incertain, ressemblent à des accessoires de théâtre ou de cirque. Ils se réfèrent à la figure singulière du comédien, dramaturge camp et drag queen Ethyl Eichelberger - qui s'est suicidé en 1991 après avoir lutté contre le SIDA. La pratique du tricot, qui marque le passage du temps, s'est imposée comme un geste approprié pour rendre hommage à cette figure unique et bien-aimée. Herring revendique cette œuvre comme une forme de militantisme lié à la lutte contre le sida.

La photo-sculpture hyperréaliste : Depuis plusieurs années, il compose des séries de photo-sculptures hyperréalistes. Il photographie systématiquement une personne sous tous les angles possibles, puis coupe et colle les photos sur un mannequin. l'implication du corps de l'artiste dans la réalisation de ses pièces est une donnée récurrente du travail : Herring n'a pas peur de la fatigue et de l'épuisement, il les recherche. Dans ces séries de sculptures Oliver Herring marche sur les traces de Victor Burgin qui recouvrait les lattes de son plancher de photos à l'échelle 1/1 du sol choisi. On peut penser aussi au travail de Cyril Hatt qui compose des objets en trois dimensions avec les photographies jointoyées de ces mêmes objets. Le collage des photos sert de matière première pour reformer l'objet. Une boucle s'ouvre, celle de la représentation.


Art-vidéo Performance : Cloué à son fauteuil, tricotant pendant des heurs son mylar, Herring divague, médite et rêve de s'envoler. Il prend alors la caméra et se filme en en stop motion en train de bondir hors de lui dans un vol de fantastique et saccadé. Dans la scène suivante, il a de longs cheveux blancs, et continue de voler dans les airs. Dans les spectacles participatifs, ses amis et des inconnus le remplacent pour jouer dans les vidéos toujours tournées en stop-motion. C'est davantage le processus qui intéresse Herring, l'expérience partagée, que le rendu. Ce qui peut expliquer la mauvaise qualité de certaines vidéos. Hareng n'aime pas le terme d'acte ou acteur parce qu'il pense que les gens contribuent tout autant que lui à son œuvre qui devient une sorte d'art participatif. Hareng dit : « Je ne pense pas que des gens avec qui je travaille sont modèles ou acteurs. Ce sont des gens qui sont prêts à sacrifier leur temps pour moi. " Il est une sorte de catalyseur.

L'une de ses expériences les plus célèbres est de faire cracher du colorant alimentaire à des inconnus qui s'habillent d'une chemise blanche, un pantalon noir et soufflent le colorant en l'air lequel retombe sur leurs visages. Cela pouvait durer des heures, les participants épuisés sont finalement photographiés par Herring. Les photographies sont présentées côte à côte sur écran pour donner la possibilité aux spectateurs de les comparer.

«La plupart du temps, je n'ai aucune idée de qui, ni de combien de personnes se présenteront, ni de leur sexe, ni de leur race, et quelles sont leurs attentes. Le plus dur, c'est de travailler à établir un minimum de confiance, surtout avec des étrangers. Il y a un niveau d'attente auquel il peut être très difficile de répondre. L'idée est de faire une vidéo, qui peut signifier beaucoup de choses différentes. "


À partir de 2002 Herring a organisé une série de manifestations artistiques participatives improvisées connues sous le nom de TASK parties. TASK partie : C'est une série d'événements improvisés dans les villes à travers le monde. Le premier événement a eu lieu à Londres en 2002. D'autres ont suivi à Washington, Toronto, Seattle, Philadelphie, et San Francisco, en partenariat avec les musées d'art. Dans une Task partie typique, un nombre limité de participants est invité à effectuer des tâches qu'ils interprètent selon ce qui est écrit sur les bouts de papier qu'ils ont tirés au sort. Une fois cette première opération terminée, ils écrivent une nouvelle tâche pour les autres, et en tirent une nouvelle pour euxmêmes. L'infrastructure de l'événement est simple et identique : une zone désignée (habituellement, mais pas nécessairement fabriquée à partir de papier de construction), une variété d'accessoires et de matériaux (carton, sacs en plastique, des crayons, des tableaux accrochés pellicule, bande , marqueurs, échelles ...) et la participation des personnes qui acceptent de suivre les règles simples de tirage au sort, écritures et interprétations personnelles des tâches. Son œuvre protocolaire est à rapproché de Lygia Clark et Erwin Murm. Cette structure participative crée des possibilités presque illimitées pour un groupe de personnes d'interagir entre eux et avec leur environnement. En théorie, tout devient possible. La conception continue et l'interprétation des tâches est chaotique. Il s'agit d'un environnement complexe et changeant, de personnes qui se connectent les unes aux autres par le biais de ce qui les entoure. C'est aussi un moyen donné aux participants d'exprimer et de tester leurs propres idées sans craindre ni l'échec, ni le succès (une TÂCHE est toujours ce qu'elle est). Débarrassés de tout a priori, les participants n'ont qu'à faire ce qui doit être fait sans que des problèmes de propriété, de logistique ou de conservation des œuvre se posent. Le scénario de TASK dépend de la capacité des participants à créer quelque chose à partir de matériaux peu coûteux. On peut qualifier Herring d'artiste conceptuel post-minimaliste car il donne à des gens extérieurs au monde de l'art les moyens de prendre part à ses performances. Herring cherche une expression de soi en facilitant l'expression de soi chez les autres. Le souvenir de Joseph Beuys n'est pas loin, qui nous rappelle que l'artiste est d'abord un guérisseur, pas un producteur de bibelots ou d'objets design. Quelques sources : http://en.wikipedia.org/wiki/Oliver_Herring http://2009.labiennaledelyon.com/artcontemporain2009/ledition-de-la-biennale_dart_contemporain/ artistes.html?art_id=38 http://oliverherringtask.wordpress.com/

HISTOIRE DES ARTS Lycée : 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, sociétés, cultures » Définition : Cette thématique invite à souligner les liens que les oeuvres d’art tissent avec les sociétés et les cultures qui les ont produites. Pistes d’étude: * L’art et les autres : regards croisés (exotisme, ethnocentrisme, chauvinisme, etc.) ; échanges (dialogues, mixités, croisements) ; métissages. Histoire des sociétés, ethnologie, etc. Thématique : « Arts, corps, expressions » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art comme lieux et supports d’expressions en lien avec le corps.


Pistes d’étude: * Le corps, présentation (discipliné/ libéré ; singulier/ collectif, abstrait/ concret ; spiritualisé/charnel ; prosaïque/ sublime ; platonique/ érotique ; complet/ en détail ; blasonné/ en pied) et représentation (anatomies ; standards, modèles, canons ; déstructurations, défigurations). * Le corps et l’expression créatrice : instrument (voix, danse, geste, cris, souffles, etc.), sens (rythme, poésie, symbole), matière et support (maquillages, tatouages, peintures rituelles, transformations physiques, prothèses, piercings ; masques, costumes, vêtements, etc.), acte (geste, outil, rythme, instruments, manipulations, postures, théâtralité). Mouvement, espace, surfaces. Emotion, humeur. Thématique « Arts, mémoires, témoignages, engagements » Définition : Cette thématique invite à souligner les rapports entre l’art et la mémoire. Elle invite à explorer l’oeuvre d’art comme recueil de l’expérience humaine et acte de témoignage. Pistes d’étude : * L’art et la commémoration : hommage à un grand homme, un héros, un groupe (portraits cinématographiques, littéraires, théâtraux ; hymnes, requiems, dédicaces), Mémoires, souvenirs. Hommages, oublis, effacements, réhabilitations. Prises de position, expression publique.

4. CHAMP ESTHETIQUE Thématique « Arts, artistes, critiques, publics » Définition : Cette thématique invite à replacer les oeuvres d’art dans leur contexte de production et de réception et éclaire les relations qui unissent les différents acteurs du champ de la création artistique. Pistes d’étude: * L’art et ses lieux d’exposition et de diffusion dédiés, détournés, ouverts, fermés, prestigieux, banals et leur impact sur la création et la réception (spectacles de rue, foires, cirques ; musées, biennales, galeries ; salles de cinéma, de théâtre, de concert ; bibliothèques, médiathèques, etc.) . Thématique « Arts, goût, esthétiques » Définition : Cette thématique invite à interroger l’oeuvre d’art dans la diversité de ses valeurs et de ses approches. Pistes d’étude ; * L’art et ses classifications : catégories (mouvements, genres, types, etc.) ; découpages (baroque/ classique, ancien / moderne/ post – moderne, etc.); évolutions, relectures, etc.

Collège: Arts, ruptures, continuités : Dialogue des arts →citations et références, croisements, correspondances, synesthésies, analogies, transpositions, parangons

Arts plastiques pour les primaires : Dans un chapeau mettre des vignettes de reproductions d'œuvres d'art représentant 2 à 3 personnages. Mettre à disposition papiers couleurs, ciseaux, agrafes, scotch. Les élèves doivent tirer au sort une œuvre et disposent d'une minute devant la caméra pour improviser autour de cette œuvre.


JAMES HOPKINS

"Spun out Simpsons", 2003, 148x140x170,5 cm, acrylique, plastique

Britannique, James Hopkins est né en 1976 et diplômé des Beaux Arts du Goldsmiths College de Londres. les installations que propose l’artiste sont d’une grande variété formelle: objets poussés au paroxysme de leur équilibre, jeu de miroirs et de formes, sculptures extraites de livres ou corps nus issus du vide entre deux branches d’arbres… Toutes ses oeuvres ont pour point commun de chercher à repousser les limites de notre perception quotidienne. Sur un mode esthétique quasi aseptisé Hopkins aborde des questions qui tournent autour de l'absurdité de la vie, du rêve d’évasion, du rapport Nature & Culture, de la technique et de la vanité. Ces concepts sont mis au service d’un détournement du sens.


James Hopkins utilise des moyens rationnels pour créer un art qui trompe les attentes logiques du spectateur. Il transforme avec malice des objets du quotidien en y introduisant de légères altérations qui provoquent un dysfonctionnement leur conférant un caractère improbable et déroutant. Le spectateur est contraint de prendre des postures (torsion du buste, petit pas de côté, tête penchée) qui en fait le personnage comique d’une farce. Il bascule du registre émotionnel du retour à l’enfance à l’angoisse existentielle. James Hopkins se réapproprie les éléments les plus basiques et représentatifs de sa culture pour les transformer comme le rocking chair de grand-mère, la bouteille de brandy de grand-père, Mickey Mouse et autres seaux de bacs à sable ou à champagne. Ces objets, libérés de leur fonction première, permettent au spectateur de questionner son environnement et, dans le même mouvement, son rapport à un art qui devient ici un interlocuteur à part entière. Le sérieux et le poids des connaissances se voient souvent ponctués d’un sourire quasi-instinctif venu dédramatiser le rapport entre le spectateur et l’oeuvre. Nostalgie et engagement artistique se mêlent en effet chez James Hopkins comme un socle stable et sain à l’expression d’une sensibilité qu’on perçoit dans les interstices de son travail; là où il nous fait rire ou sourire, c’est aussi là qu’il nous touche le plus.

Eye Glass, 2006

Rocking Chair (balanced), 2007

Dans Rocking Chair, c'est un l'effet d'arrêt sur image qui fonctionne puisque le fauteuil à bascule est immobilisé à un point d'équilibre critique, juste avant une chute que l'on imagine inéluctable.


Avec Bottle and Skull, 2012 James Hopkins remet au goût du jour deux traditions picturales de la Renaissance: la vanité (nature morte symbolisant la brièveté de la vie, composée presque systématiquement d'un crâne humain) et l'anamorphose (représentation volontairement distordue qui prend un aspect réaliste seulement lorsqu'elle est vue sous un certain angle ou au travers d'un système optique). Cette réactualisation de la vanité et de l'anamorphose vise à nous inviter à y regarder à deux fois, à attirer l'attention sur la fiabilité de la vue. Ce sens, particulièrement requis dans le domaine de l'art — les arts visuels —, apparaît tantôt comme gage de véracité, («Je (ne) crois (que) ce que je vois»), tantôt comme un traître. Immergé dans l'ère du tout-image, notre œil se fait bien berner. Il n'y a en effet parfois qu'un cil entre voir, et avoir des visions…

Acid Rain, 2006, Serre et miroirs, 195 x 195 x 255 cm

In my dream there were three different doors, 2006

Mirage in Mind, 2004

Wasted Youth 16 mars-13 mai 2006

Ainsi se créent des états suspendus de la perception visuelle, ce qui confère aux objets une profondeur dont ils sont ordinairement dépourvus. Par exemple : la représentation de la famille Simpson est composée de pièces de plastique colorées et éclatées, qui ne forment une image que lorsqu'elles sont vues sous un angle précis. Dans "Spunt out Simpsons" James Hopkins nous propose une vision morcelée et parcellaire de la famille américaine. Les Simpsons sont des personnages de fictions issus d'un dessin animé qui est une critique mordante des Etats-Unis. L'aspect lisse du plastique (matériaux pauvre) évoque le jouet bon marché alors qu'il est posé sur un socle et protégé d'une vitrine comme un objet précieux ou fragile. Les pièces ont été découpées et thermoformées. La sculpture nous présente des éléments apparemment hétéroclites, courbes, allongés et distendus. Le titre a plusieurs sens : faire durer, ou designer le sentiment de faire n'importe quoi quand on est sous l'effet de stupéfiants. Evidemment, lorsqu'on est familier de la série et après avoir tourner à plusieurs reprises autour de l'œuvre en cherchant le point de vue grâce auquel l'œuvre retrouve "sa bonne forme" en vain, on penche pour la deuxième signification. James Hopkins crée une œuvre devant laquelle on peine à reconstituer la forme, à nous d'accepter de ne pas y parvenir et de faire l'expérience que notre perception est par avance construite agissant ici comme un filtre qui nous pousse à vouloir reconstruire l'image.


HISTOIRE DES ARTS Lycée : 1. CHAMP ANTHROPOLOGIQUE Thématique « Arts, réalités, imaginaires » Définition : Cette thématique invite à interroger les oeuvres d’art dans leurs rapports avec le réel et l’imaginaire, le vrai, le faux, l’incertain. Pistes d’étude : * L’art et le réel : citation, observation, mimétisme, représentation, enregistrement, stylisation, etc. Réel, fictif. * L’art et le vrai : aspects du vrai, aspects mensongers, trompe-l’oeil, tromperie, illusion, etc Rêve, psychanalyse.

3. CHAMP SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE Thématique « Arts, informations, communications » Définition : Cette thématique invite à replacer l’oeuvre d’art dans la circulation des échanges symboliques et à interroger ses rapports avec le monde de l’information. * L’art et ses fonctions : émouvoir, exprimer, plaire, enseigner (dulce/ utile ; placere/ docere), attester, témoigner, convaincre, informer, galvaniser, tromper, choquer, etc. Messages. Fonctions de l’art.

Collège : Arts, espaces, temps : Évocation, temps, espace → vitesse, durée, répétition/ perspectives, profondeur de champ/ unités, mesures, âges de la vie, époques, âge d’or/ clôture, finitude, mélancolie, nostalgie, vanités, Thanatos/ ouvert, infini, euphorie, Éros…



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