Vendredi 19 août 2016 // No 285 // 7e année
PHARMAS Médecins sous perfusion P. 4
CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch
LOURDES Miracles à gogos P. 5
BILAN Ce que l’été a été P. 6
DRAME Un Pokémon sous sa burqa P. 17 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA
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C ’ E S T P A S P O U R D I R E !
Jeux de vilains Laurent Flutsch
F
évrier 2014. Oubliées, les critiques sur la corruption, la chasse aux pauvres, le désastre écologique, la mainmise de Poutine : les Jeux de Sotchi commencent. Place donc au spectacle, au sport et à la course aux médailles. Les médias animent la fête, les athlètes se mesurent, les sponsors pavoisent, les Ueli Maurer et autres Philippe Leuba vont sur place, empressés et fiérots, poser pour la photo. Après quoi le CIO proclame que les Jeux ont été une grande et belle réussite. Juillet 2016. Le rapport de l’expert indépendant Richard H. McLaren révèle des tricheries systématiques et massives à Sotchi, un dopage d’Etat, des organes de contrôle déficients, voire complices. Des dizaines de spectaculaires performances et de glorieuses médailles sont réduites en flan moisi, les classements sont faux, tout est sapé et salopé. Août 2016. A Rio de Janeiro, les médias animent la fête, les athlètes se mesurent, les sponsors pavoisent, etc. Sous peu, le CIO se félicitera de cette grande et belle réussite. Et ainsi de suite. Avant même que soient révélés les fraudes et autres scandales de ces Jeux-là, on sait qu’ils n’auront guère promu la renommée d’une ville jadis associée, pour le citoyen lambada, aux joies du carnaval et aux plages de rêve : grâce aux Jeux, le monde entier sait désormais que Rio est un redoutable coupe-gorge et que sa baie déborde d’immondices toxiques. Nonobstant, il se trouve des agités pour fomenter une candidature suisse au grand bastringue olympique, en promettant monts et merveilles. Entonnant l’habituel refrain, ils parlent de fantastique gain d’image, de bond économique, de manne touristique. Peut-être même y croient-ils sincèrement : c’est que la honte est vite passée, et que de Berlin à Pékin, d’Albertville à Athènes ou de Salt Lake City à Sotchi, tout le monde est gagnant au concours olympique d’amnésie.
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QUELLE SEMAINE!
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AFFAIRES EN COURT
J’ai rarement Bussat ! Dans la très droite ligne de l’initiative visant à interdire la dissimulation de son faciès, une association, poétiquement baptisée Les Déburqadères, est sur le point de voir le jour. Présidée par Annemarie Python et popularisée par Christine Bussat, elle vise à « contrer l’islamisation » de la Suisse par deux moyens : l’interdiction du port de la burqa et le renvoi des musulmans dans leurs pays (comme le suggère l’idée de débarcadère). Mais à quoi bon interdire à une personne de s’habiller comme bon lui semble quand de toute manière l’objectif est de la mettre dans le premier charter ? Si l’argument est branlant, il offre aux femmes une vraie alternative : se couvrir soit d’un grand drap noir, soit de ridicule avec Annemarie et Christine. Ça tient moins chaud, et il paraît que ça ne tue pas.
Tête-à-queue (de cheval) « Je me suis planté » : l’ineffable conseiller d’Etat valaisan Oskar Freysinger l’a enfin admis (bien obligé), il a eu tort de bombarder Jean-Marie Cleusix à la tête du Service cantonal de l’enseignement voici deux ans. Deux ans durant lesquels il a pourtant justifié son choix avec force et constance, défendant son protégé contre vents, marées, scandales fiscaux et colère des enseignants. Au soulagement général, ledit Cleusix a dû démissionner le 27 juillet. Deux ans pour comprendre une de ses propres âneries : Freysinger est en net progrès.
Maman d’égarement Dans un article consacré aux résultats des athlètes suisses aux JO de Rio, une journaliste du Temps (15.8.16) a choisi de préciser que nous devions notre première médaille à « une mère de famille de 47 ans ». Cancellara, alors même qu’il est père de famille, est sobrement appelé « le Bernois ». Reste à espérer que Heidi Diethelm Gerber, notre médaillée en tir au pistolet à 25 mètres, n’en tienne pas rigueur à la journaliste.
Taux planqué Conséquence des taux négatifs imposés par la BNS, plusieurs banques ont annoncé vouloir taxer les épargnants pour se refaire. Du coup, ceux-ci se hâtent de retirer leur précieux magot et de le planquer chez eux. Une aubaine pour les cambrioleurs ? Peut-être : mais eux au moins devront travailler un peu pour mettre la main sur votre pognon…
LE CHIFFRE
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C’est le nombre de fois que l’Helvète moyen a voyagé en train en 2015. Ce qui vaut à la Suisse d’être championne d’Europe de l’usage des transports publics, et de ne céder la médaille d’or mondiale qu’aux Japonais (72 trajets). Avec 2277 km avalés sur les rails, le Suisse prouve qu’il ne craint ni les augmentations de tarifs décidées par la direction des CFF, ni les cinglés armés d’un couteau Vigousse vendredi 19 août 2016
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FAITS DIVERS ET VARIÉS
FAITS DIVERS ET VARIÉS
Des cadeaux pas toujours déclarés PLACEBO Durant l’été, l’industrie pharmaceutique a dû appliquer son code de conduite sur les faveurs accordées aux médecins et aux hôpitaux. Une transparence qui laisse d’énormes zones grises.
Ecole privée de crédit L’ARGENT DU LEURRE Une pseudo-université de Verbier a si bien vendu son image qu’elle a séduit dans le Jura. Pierre Kohler, jeune retraité actif de la politique, se targue de toujours se battre pour l’intérêt public. Il a annoncé il y a quelques mois avoir investi 10 millions de francs en vieille ville de Porrentruy pour un magnifique bâtiment, la droguerie Worni. La Swiss School of Economics (SSE) devrait occuper les lieux dès l’année prochaine.
Cette école privée, née à Verbier, se
Selon un article de l’hebdomadaire alémanique Beobachter du 5 août, le docteur Matti Aapro apparaît en tête des bénéficiaires des « cadeaux » du groupe Novartis, dont une partie via Sandoz, ce qui revient au même. Pour une fois qu’un Romand décrochait une médaille d’or nationale, nous devions lui poser les questions auxquelles il n’avait pas répondu dans le Beobachter.
Matti Aapro, spécialiste du cancer
à la clinique Genolier et doyen du Genolier Cancer Centre, l’a fait rapidement, juste avant de s’envoler pour un congrès en Afrique du Sud. Et il le reconnaît volontiers, il a besoin de la généreuse manne de l’industrie pharmaceutique, pas seulement de celle de Novartis, mais de toutes celles qui développent des nouvelles molécules. En 2015, l’oncologue a ainsi touché 97 215 francs du géant bâlois pour ses services et conseils, dont le tiers, soit 32 281 francs, pour des voyages et autres frais d’hébergement. Surpris par la précision du chiffre, il confirme néanmoins : « C’est vrai, mais lors de ces déplacements, j’ai eu à discuter de divers sujets concernant la cancérologie. » On s’en doutait un peu. Matti Aapro précise que les deux tiers de
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la somme sont destinés à l’organisation de conférences, « en Corée, par exemple, cela coûte très cher ». Pour lui, parler de cadeaux est erroné : « Si je participe à une réunion pour discuter du développement d’une nouvelle molécule, j’agis comme consultant. » Il doit préparer sa conférence en amont, voyager, participer aux réunions et digérer le tout. Un vrai travail, donc. Il l’assure, « en Suisse, il existe un code qui régit le remboursement de ces frais, il prescrit les vols en classe économique par exemple ».
Et Matti Aapro est résolument pour
la transparence : « C’est pour cela que mon nom apparaît. Sinon j’aurais pu me cacher derrière un paravent… » Depuis l’an dernier, l’industrie pharmaceutique s’engage à publier la liste de ses dons, selon un code de conduite interne à la branche. Mais pour savoir si un médecin généraliste figure parmi les récipiendaires, il faudra consulter les sites internet des 59 fabricants qui ont joué, un peu, le jeu de la transparence. Et encore, la moitié des toubibs ont choisi l’anonymat. Ainsi, en 2015, la pharma a distribué plus de 134 millions aux médecins, aux sociétés médicales et aux
hôpitaux. Le Matin Dimanche (14.8), qui a épluché les mêmes données que le Beobachter, a axé son article sur les dons aux cinq hôpitaux universitaires de Suisse. L’article relève que cette volonté de transparence affichée par
GROS CACHET MATIN, MIDI ET SOIR les pharmas laisse encore une énorme zone grise. L’Hôpital de l’Ile à Berne, par exemple, arrive en tête avec 2,01 millions reçus des groupes suisses. Mais aussi presque 3 millions de francs de la part de la filiale luxembourgeoise de Novartis, qui ne sont pas déclarés puisque destinés à la recherche et au développement. Au total, l’Hôpital de l’Ile aurait reçu plus de 15 millions de francs de l’industrie pharmaceutique. Au premier semestre, le prix des médicaments pris en charge par l’assurance de base en Suisse a augmenté de 5 %, ce qui annonce des hausses conséquentes de primes pour l’automne. Mais les pharmas le jurent, c’est la faute au franc fort, n’empêche que ce n’est pas un cadeau. Jean-Luc Wenger
veut de niveau universitaire en économie et en finance. Il faut certes débourser 50 000 francs pour envisager un master, mais Verbier et Porrentruy les valent bien. Et puis l’établissement aurait des conventions avec des universités à Taïwan, au Vietnam et au Portugal. Le conseil de fondation a séduit deux anciens ministres jurassiens : Pierre Kohler, bien sûr, et Philippe Receveur. Mais comme l’a révélé Le Temps (27.7), l’école s’est un brin survendue. Elle a clairement usurpé le soutien financier, dans sa publicité, du Canton du Valais. Or elle n’est pas reconnue par l’Etat. Pas plus qu’elle n’est accréditée par Swissuniversities, l’association qui regroupe les hautes écoles universitaires du pays.
Jusqu’à la parution de l’enquête du
Temps, la SSE vantait sur son site internet un campus de six hôtels. Les cinq-étoiles mentionnés ne semblaient pas avoir entendu parler de cette formation haut de gamme et seuls deux hôtels ont jusqu’ici accueilli la vingtaine d’étudiants. A la rentrée, les cours devraient se dérouler au centre sportif de la station. Pour le clinquant, on attendra l’ouverture du site de Porrentruy. J.-L. W.
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Industrie Lourdes PAQUETS CATHOS En cette semaine de l’Assomption, les processions et autres rites voués à la mère de Jésus ont battu leur plein. Notamment à Lourdes, où l’on ne prend pas la Vierge à la légère. Célébrée lundi dernier, l’Assomption (en gros, la montée de la Vierge au ciel) fait partie des multiples simagrées catholiques sans aucun fondement biblique : la croyance n’est apparue qu’au IVe ou au Ve siècle. Inscrite dans la liturgie dès le VIIIe siècle, elle fut sanctifiée par le Vatican en 1950 : « Nous prononçons, déclarons et définissons comme un dogme divinement révélé que l’Immaculée Mère de Dieu, la Vierge Marie, après avoir achevé le cours de sa vie
terrestre, fut élevée corps et âme à la gloire céleste », décréta alors Pie XII, sérieux comme un pape. Ce lundi 15 août donc, environ 25 000 fidèles s’entassaient dans la bourgade pyrénéenne de Lourdes, haut lieu du culte à la Vierge, de la superstition de bazar et de la bondieuserie de pacotille. Une clientèle massive et fidèle, une industrie prospère, des profits juteux : miracle !
Aqueux leu leu Suite aux affabulations de la jeune Bernadette Soubirous en 1858, Lourdes est devenue l’un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés du monde, avec pas moins de 6 millions de visiteurs par an. Dont 60 000 malades et éclopés espérant une guérison par les actions conjuguées de la Sainte Vierge et de la flotte locale. Lourdes est l’avatar ultime d’une antique tradition païenne : les sanctuaires des eaux guérisseuses abondaient en effet dans le monde gallo-romain, attirant des pèlerins qui misaient moins sur les vertus curatives des sources que sur le secours des divinités censées les habiter. A Yverdon, aux sources de la Seine et en bien d’autres lieux, les foules venaient prier, boire et barboter, non sans déposer des milliers d’offrandes et d’ex-voto. Lesquels figuraient parfois des organes malades, ou alors invoquaient l’intervention salutaire du dieu ou de la déesse du coin. Les ex-voto qui de nos jours s’amassent à Lourdes sont tout à fait semblables : seul a changé le nom de la divinité. Comme quoi le catholicisme, paradoxalement, est un excellent agent conservateur du paganisme.
Agent liquide L’eau de Lourdes est au bigot ce que le houblon est au supporter de foot bavarois : un principe essentiel. Aussi l’élixir magique est-il vendu dans le monde entier, sous des formes variées. Entre des dizaines d’autres supermarchés de la superstition, le site articlesreligieux-lourdes.com propose ainsi le bidon de 2 litres pour 21 euros (ça fait cher le litre, mais l’estagnon de 10 litres ne coûte que 67 euros). S’y ajoutent les fioles, en plastique ou en verre, souvent en forme de Madone ou de croix. Et aussi les brumatisateurs, les médailles renfermant quelques millilitres de sainte flotte, ou encore les sachets de « bonbons à l’eau de Lourdes » (7,25 euros les 100 grammes). Au-delà des produits aqueux, les boutiques de Lourdes vendent de la bondieuserie à tire-larigot et des grigris à
gogo. Citons « l’huile sacrée » à usage externe en formules multiples, contre le mauvais œil, pour le désenvoûtement, pour la purification, pour renforcer l’efficacité des prières ou pour l’intercession de sainte Rita dans les cas de « causes impossibles ». Il s’agit en fait d’huile d’olive vierge (forcément), vendue 12,20 euros les 50 millilitres, soit 244 euros le litre : sacré coup !
Mentionnons encore les savons, les
sels de bain et les tisanes « de protection », les breloques et les innombrables talismans aux pouvoirs mirifiques. Le tout montre à quel point religion et superstition se confondent. Et si l’Eglise condamnait naguère la sorcellerie au bûcher, elle ne rechigne pas aujourd’hui à jouer avec les amulettes.
Pas de miracles Depuis 1920, une commission de médecins est chargée par l’Eglise d’étudier chaque guérison revendiquée comme « miraculeuse » à Lourdes. Curieusement, le nombre des miracles a connu une baisse très sensible depuis lors, et la tendance s’est encore accentuée à partir des années 1960, quand ladite commission est devenue internationale. Globalement, on constate aussi une diminution des miracles certifiés, parallèlement aux progrès de la médicine.
Il faut admettre que le Vatican, par
souci de crédibilité, exige désormais une validation rigoureuse, scientifique et indépendante des guérisons miraculeuses. Ce qui n’empêche pas les instances catholiques, à Lourdes notamment, de vanter et de vendre complaisamment la thérapie divine. De fait, 69 miracles ont été officiellement enregistrés par l’Eglise depuis la fondation du sanctuaire en 1858. Une bonne partie d’entre eux a été enregistrée anciennement, sans examen médical sérieux. La dernière guérison miraculeuse en date a été authentifiée par la commission internationale en 2009. Or il suffit de quelques notions en statistique et en probabilités pour constater qu’il ne se passe rien de particulier
à Lourdes. En effet, la guérison totalement inexplicable de patients diagnostiqués incurables survient aussi ailleurs, notamment en milieu hospitalier. Publiée en 1993, une vaste synthèse scientifique a ainsi recensé tous les cas de « rémission spontanée » à l’hôpital sur une période de 128 ans. En adoptant les mêmes critères d’analyse que la commission médicale internationale de Lourdes, ces guérisons mystérieuses touchent 1 patient sur 333 333. Autrement dit, si les rémissions en question avaient été annoncées à Lourdes, elles auraient été validées comme des miracles. Or à Lourdes, justement, l’Eglise admet officiellement 69 guérisons miraculeuses sur un siècle et demi, pour des centaines de millions de pèlerins. En appliquant là encore les mêmes paramètres statistiques et cliniques que pour le milieu hospitalier, on aboutit à une conclusion parfaitement claire : Dieu fait peut-être des miracles et c’est bien aimable à lui, mais il n’en fait pas plus à Lourdes qu’ailleurs. Laurent Flutsch Brendan o’Regan et Caryle Hischberg, Spontaneous Remission, 1993.
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FAITS DIVERS ET VARIÉS
Tu veux mes photos ?
RATTRAPAGE Pour ne pas se griller à la rentrée en révélant par mégarde, au détour d’une phrase prononcée sans réfléchir, qu’on n’a absolument rien suivi de ce qui a bien pu se passer dans le monde depuis le 30 juin, voici un petit guide de conversation à l’usage de ceux qui comptent montrer, lundi au boulot, qu’ils savent de quoi ils parlent.
CLIC-CLAQUES Alors, ces vacances ? Entre ceux qui ont mitraillé et ceux qui ont contemplé, y aurait pas photo.
Leurre d’été SPORT
On ne dit plus foot, ni surtout fotte, mais « foutchebol ». Depuis le 10 juillet, les Portugais sont champions d’Europe, et plus seulement de tuning. A ceux qui se demandaient pourquoi leur concierge (ou leur assureur, leur concessionnaire, leur coiffeuse, leur banquier, etc.) les regardait avec cet air satisfait et condescendant, eh bien voilà, c’est pour ça. Attitude : sportive ; coups de boule et tirage de maillot. Mémo : 8e de finale, c’est déjà magnifique pour un pays qui ne fait même pas partie de l’Europe
TERRORISME
De ce côté-ci, c’est un peu le championnat des bonnes idées. Inutile, donc, de se rappeler en détail qui, de Mohamed Lahouaiej Bouhlel ou d’Abdel Malik Petitjean, a ouvert le feu sur des homosexuels ou appuyé sur la pédale du gros camion. Inutile, aussi, de mémoriser le nombre de morts et de blessés, ou de relayer les hashtags à tour de bras. Armés de cette certitude qu’on n’est qu’au début de nos peines, mieux vaut se tourner résolument vers l’avenir. Une posture PUB
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ludique est encouragée : « Alors, prochain attentat ? Un magasin de jouets ? 27 morts, toi tu dis ? Allez, t’as raison, 3 contre 1 pour le Liechtenstein ! » Attitude : la peur et la solidarité ont fait leur temps. On la joue décomplexé et pragmatique. Mémo : depuis le 14 juillet, les amalgames sont de nouveau autorisés.
LE BRAS DE FER CLINTON-TRUMP
Nos deux affreux, occupés qu’ils sont à bétonner leur chemin vers la Maison-Blanche tout en maintenant sous l’eau la tête de l’autre, ne se sont même pas aperçus qu’entre juillet et août, plus personne ne les regardait faire. D’où leur air étrangement fatigué, en cette période de rentrée des classes. Une chose, pourtant, est désormais acquise : les EtatsUnis seront gouvernés par une pute à frange. Reste à savoir laquelle. Attitude : résignation stoïque ponctuée d’attaques de panique. Mémo : c’est pas chez nous.
POKÉMON GO
Là, c’est un peu plus délicat. Il faut savoir que le phénomène existe, mais sans jamais s’y intéresser. On peut
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FAITS DIVERS ET VARIÉS
retenir en substance qu’une partie non négligeable de la population mondiale a renoncé à sa vie privée et à sa dignité pour mettre la main sur Roucool. Pour donner une idée de l’ampleur des dégâts, même Michaël Youn et Arthur ont jugé le phénomène déplorable. Attitude : dédain/consternation. Pour en savoir plus : Le Matin, n’importe quel numéro et n’importe quelle page depuis début juillet. Ou le grand dossier de L’Illustré (3.8.16).
L’ORIENT (MOYEN, PROCHE, ET TOUT CE QUI SE TROUVE À L’EST DE GLARIS)
Très clairement, la situation est un peu la même qu’avant les vacances. Impossible d’avancer quoi que ce soit de perspicace : les intellectuels ont essayé, c’était pas beau à voir. En l’état actuel des choses, autant ne pas trop creuser : peaufiner un air tout à la fois circonspect et entendu, à présenter aux quelques téméraires qui vous entreprendraient sur le sujet. Attitude : à tenter, le « ah, Erdogan, rah là là, Al-Assad, mais mais mais mais mais… Et Mario Fehr, tssssss ! » entrecoupé de hochements de tête
(de gauche à droite uniquement). C’est technique, mais ça peut s’avérer payant. Mémo : une fois le Califat réalisé, il n’y aura plus de différence entre ici et là-bas, et on aura alors bien le temps de saisir en détail tous les tenants et aboutissants.
INTRAMUROS
Au cours de la période estivale, la Suisse a également connu son lot de péripéties. Presque un attentat terroriste à Saint-Gall, mais en fait non. Le Tour de France a presque failli s’appeler « le Tour de France avec une petite boucle en Suisse », mais en fait non, et Richard Chassot a failli racheter le salon morgien Arvinis. Mais en fait non, pas non plus. Attitude : la même que depuis 1291. Mémo : il ne se passe peut-être rien, mais au moins, on est tranquilles. Séverine André
Comme si la rentrée n’était pas déjà un événement assez pénible en soi, il faut encore se taper les photos de vacances des collègues. Au pire, vous aurez droit au diaporama complet avec dips de carotte et céleri ; au mieux, vous aurez juste à cacher des dizaines d’albums insignifiants sur Facebook. Mais quel mal ronge tous ces mordus du cliché intempestif ? Que ne peuvent-ils simplement profiter de leurs vacances, au lieu de sortir leur objectif ou leur stupide Samsung à tout bout de champ, dans le seul but d’infliger leurs orteils mal cadrés et des monceaux de ruines boliviennes à leurs malheureux congénères ?
LE PETIT OISEAU VA RENTRER On croit rêver. Ils ont le Grand Canyon sous les yeux, un coucher de soleil majestueux, des chutes d’eau vertigineuses, un petit village mignon comme tout, et que font-ils ? Ils prennent des photos. Comme si l’instant présent ne suffisait pas, il leur faut à tout prix ruiner toute forme d’expérience vécue et réelle pour en faire un vulgaire simulacre numérique. Irrécupérables touristes. Sauf que pas si vite. Leur a-t-on seulement demandé leur avis, aux touristes ? Sont-ils stupides au point de
foutre en l’air leurs vacances chèrement payées juste pour en faire des souvenirs ? Et ne pas prendre de photos permet-il vraiment de profiter davantage du moment présent ? Pour la première fois, des scientifiques ont tenté d’en avoir le cœur net, et leurs résultats apportent quelques nuances intéressantes. Dans une série d’expériences, quelque 2000 personnes devaient prendre part à diverses activités : visite d’un musée, balade touristique dans un bus, safari virtuel, dîner dans un restaurant… A chaque fois, un groupe était autorisé, et même encouragé à prendre des photos, tandis qu’un autre groupe était privé de cette possibilité. Au terme de ces bons moments, on demandait aux participants d’évaluer à quel point ils les avaient appréciés. De manière systématique, et contrairement à ce que
croient beaucoup d’esprits chagrins, prendre des photos rendait les expériences plus plaisantes.
Pourquoi ? Les auteurs de l’étude expliquent que prendre des photos n’est pas un acte séparé de l’appréciation du moment présent. Au contraire, la photographie permet de se sentir plus impliqué et actif, en un mot immergé dans l’expérience vécue. Le seul fait d’envisager de prendre des photos rend plus attentif aux détails et à la beauté du décor, et permet du coup de mieux les apprécier. Mais ces résultats sont à double tranchant : s’il faut prendre des photos pour augmenter son immersion dans telle ou telle expérience, c’est qu’on s’emmerde quand même un peu à la base. De fait, quand une expérience était suffisamment passionnante en tant que telle,
prendre des photos ne changeait rien aux résultats. D’autre part, prendre des photos lors d’expériences négatives (un décor pourri, un resto dégueu, une rue infecte) les rendait encore moins plaisantes que si on ne prenait pas de photos…
Bref, ne soyons pas si sévères avec les
touristes (et les collègues). Somme toute, s’ils prennent toutes ces photos, c’est simplement pour rendre leurs vacances un peu moins chiantes. Il faut juste leur expliquer poliment que ça ne marche que pour eux. Sebastian Dieguez
« How taking photos increases enjoyment of experiences », K. Diehl et al., Journal of Personality and Social Psychology, vol. 111, pp. 119-140, 2016.
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Sortie début septembre 272 pages, format 12x18 cm.
L’actu à l’imparfait du subjectif Dans les pages de Vigousse, la chronique « Le fin mot de l’Histoire » ne recule devant rien pour prendre du recul. Reliant une actualité quelconque à un passé choisi et vice versa, elle fait preuve d’une grande rigueur scientifique, d’une objectivité scrupuleuse, d’un souci constant de l’authenticité historique et d’une mauvaise foi crasse. Plus de 60 nouvelles chroniques signées Laurent Flutsch et dans lesquelles tous les faits historiques sont certifiés rigoureusement authentiques, sauf certains.
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DUR D'OSEILLE
Gratuit, tu parles !
LE COURRIER
VENDEURS DE VENT Facebook vient de réaliser un bénéfice historique. D’où vient l’argent, puisque le site n’est pas payant ? Des consommateurs, évidemment, et ils ne s’en rendent pas compte. En ce moment l’économie mondiale montre davantage de zones ombragées qu’ensoleillées. Quand une entreprise éclate de santé, on est stupéfait et on s’interroge aussi bien sur la splendeur de ses résultats que sur la pertinence de ce qu’elle propose. Facebook est l’exemple type de ce genre d’éclats. Durant les six premiers mois de l’année 2016, son chiffre d’affaires a progressé de 4,2 milliards de dollars pour atteindre 11,8 milliards. Soit une augmentation de 55,8 %. Le bénéfice, lui, a explosé de 189 % par rapport à l’année précédente.
C’est absolument incroyable quand
on se rend compte qu’une telle entreprise ne produit rien ni n’offre aucun service rétribué. Elle met en échec la pensée économique classique qui, entre autres, calcule des prix de revient, parle du rapport de l’homme à la machine, fixe des prix concurrentiels et organise des flux de production. Rien de tout cela n’a cours dans cette entreprise. Facebook ne vend rien à ses « clients » puisque ceux-ci s’inscrivent et emploient gratuitement ce
réseau. Le rendement de la société est assuré par un tiers payant qui n’est autre que la publicité. Elle verse à elle seule 4/5 des revenus
LE MUR DE LA TONTE pour cibler 1,7 milliard d’utilisateurs qui ont confié de bonne grâce tous les détails de leur mode de vie. A partir de là, les as du marketing peuvent parfaitement cerner leurs proies. Ces informations ont une telle valeur qu’elles font les choux gras de Facebook. L’utilisateur ne paie rien, quand l’annonceur paie les yeux de la tête pour atteindre ses potentiels consommateurs. Reste à savoir comment ce bailleur de fonds, si généreux, génère suffisamment de pognon pour se payer l’accès précis à son acheteur. Là on retombe sur le bon vieux modèle du prix de revient auquel on rajoute un pourcentage dédié à ce qu’on appelle la communication digitale. Ainsi le tiers payant n’est en fait qu’un intermédiaire qui pompe
dans la poche des consommateurs qui, eux, paient leurs produits un peu plus cher pour jouir de la gratuité de Facebook. La boucle est bouclée, comme en chimie ; rien ne se crée, rien ne se perd. On a juste ici affaire à un circuit un peu plus long. Il faut prendre garde à ce genre de miracle économique. Facebook n’a, mis à part son système informatique innovant et performant, aucun outil de production ou de gestion de contenu. 14 495 personnes travaillent à son service et cette société est capitalisée à 15 fois son chiffre d’affaires. En comparaison, l’horloger Swatch emploie 35 000 personnes et n’est capitalisé qu’à deux fois son chiffre d’affaires, tout en produisant des objets bien tangibles, précis, beaux et utiles.
La nouvelle économie ne serait-elle pas bâtie comme un simple château de cartes qui pourrait s’écrouler à la première prise de conscience sérieuse de ce que nous payons pour mieux nous attraper ? André Draguignan* *chef d’entreprise connu de la rédaction
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L’humour enfin à la portée de tous
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DU CHIEUR A Loïc Schouller Vous avez un massage
Cher Monsieur Schouller, Je me permets de vous écrire pour vous faire part de ma candidature spontanée au poste de « fille ». Je vous ai découvert dans Le Matin du samedi 13 août. Une révélation ! Dans le journal en question, on apprenait qu’à tout juste 18 ans, vous deveniez propriétaire du lupanar L’Orchidée, dans le canton du Jura. N’écoutant que votre passion, vous avez délaissé votre apprentissage d’électricien pour vous mettre à votre compte. Or j’ai envie, moi aussi, de me mettre à votre compte. Mon dossier est solide. Déjà, je suis une fille. Ce qui n’est pas le cas, j’en suis sûre, de toutes vos employées. Je suis motorisée et j’aime les produits locaux ; rien de tel qu’une saucisse aux noisettes suivie de crème double ! Comme toutes les femmes, j’apprécie qu’un homme supervise mon travail. Et si je considère que mon corps appartient à la gent masculine, il suffirait d’un signe de votre part pour qu’il ne soit qu’à vous et aux innombrables clients français qui viennent faire en Suisse ce que leur gouvernement réprouve. Loïc, laissez-moi vous appeler Loïc, vous êtes un homme de cœur et de principes : pour sauver une prostituée endettée, vous n’avez pas hésité à braquer un tabac.
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QUELLE SEMAINE!
t ayo ez P h c e ille ent v En v et Na
Hasard ou destin, vous profitez de l’article du Matin pour faire savoir que vous cherchez une petite amie. Bientôt, vous croulerez sous le courrier : je ne suis évidemment pas la seule, entre la Roumanie et votre village de Boncourt, à rêver d’un vrai mac. Séverine André
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BIEN PROFOND DANS L'ACTU
L’honnête homme au cerveau trop acide
Pitch
Terrorisé par la crainte LES ANGOISSES DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : je frémis à chaque nouvel incident sanglant dans la peur qu’il s’agisse d’une attaque djihadiste.
13 août. Terrible nouvelle. Un forcené a foncé dans la foule d’une rue piétonne au volant d’un tracteur tondeuse lancé à toute allure (environ 15 km/h). Il a réussi à déchiqueter les pieds de huit personnes avant de finir sa course folle contre un réverbère et d’avoir le crâne défoncé par le choc. La Suisse vit désormais dans la peur. 14 août. La police a pu établir que
l’incident d’hier n’était pas lié au terrorisme. Le conducteur de la tondeuse aurait fait un malaise cardiaque et était sans connaissance au moment où il fauchait les innocentes victimes. Quel soulagement !
15 août. Un affreux drame secoue le
pays. Un homme a allumé une tronçonneuse dans un téléphérique et découpé sauvagement les 15 voyageurs qui s’y trouvaient avant de se trancher le cou avec son engin. Cette fois-ci, c’est vraiment parti ! Nous sommes en guerre !
16 août. L’enquête a pu établir que le
« tronçonneur diabolique », comme le surnomme désormais la presse, souffrait en réalité de troubles mentaux.
Les psychiatres pensent qu’au moment des faits, ce bûcheron de profession traversait une phase hallucinatoire qui l’a fait prendre les touristes pour des arbres. J’aime mieux ça !
17 août. Commotion nationale ! Un
terroriste a fourni aux enfants d’une école primaire des boules à eau remplies d’acide puis les a encouragés pendant la récréation à se les lancer au cours d’une joyeuse bataille. Plus de 30 bambins ont été brûlés à des degrés divers. Les plus chétifs ont même été dissous entièrement. L’attaque n’a pas encore été revendiquée, mais tous les regards sont tournés avec angoisse en direction de l’organisation Etat islamique.
18 août. Après vérification, il apparaît qu’il ne s’agissait pas d’un terroriste, mais d’un voisin excédé par le bruit des enfants qui a été pris d’un coup de folie. On respire. 19 août. Branle-bas de combat ! La Suisse entière est sur la brèche après l’attaque inouïe d’un loup solitaire qui a balancé un piano sur des passants depuis la fenêtre d’un magasin
de musique situé au 10e étage d’un immeuble commercial. Croyant d’abord à un accident stupide, les témoins accourus pour porter secours aux blessés ont alors été écrabouillés par un deuxième piano. En tout, ce ne sont pas moins de cinq pianos, droits et à queue, qui ont ainsi été défenestrés, tuant 56 personnes.
21 août. Journée de deuil dans la Confédération. Un assaillant a écorché vifs 86 usagers de l’ascenseur d’une tour de bureaux au moyen d’un épluche-légumes bien affûté. Il a ensuite été abattu par la police, non sans avoir auparavant grièvement épluché trois gendarmes. La vie ne sera plus jamais la même.
20 août. Le procureur a pu établir que celui qu’on appelle maintenant le « mélomane du meurtre » a agi pour des motifs personnels. Quitté par sa petite amie pianiste, il avait résolu de se venger en la réduisant en bouillie au moyen de son instrument de prédilection, dans une rue où elle passait tous les jours à heure fixe. Il s’agit donc d’un crime passionnel ayant malencontreusement occasionné des dizaines de victimes collatérales. La tension est retombée d’un cran.
22 août. Une lettre laissée par « le bourreau à l’économe sanglant » indique qu’il s’agissait d’un bête suicide by cop. Me voilà rassuré. Un fatigué de la vie qui emporte des quidams dans son suicide, c’est la fatalité. C’est triste mais on n’y peut rien. Je suis prêt à tout supporter du moment que ce n’est pas du terrorisme. Car le terrorisme est une atteinte insoutenable à nos valeurs et à notre mode de vie ! Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine
ÉCRIVAINS ZINZINS Depuis qu’Amazon propose à tout un chacun de s’autopublier, internet déborde d’ouvrages délirants qui n’auraient pas pu voir le jour chez un éditeur classique. Cette semaine, étudions l’œuvre de Russell Symonds, savant bricoleur, yogi de la frustration sexuelle et pertinent analyste des contacts avec les extraterrestres.
Commençons par souligner l’honnêteté irréprochable de Russell Symonds. Certes, comme beaucoup d’autres fous de l’autopublication, il abuse de la traduction automatique de ses livres. Mais lui au moins il l’avoue en préambule : « Ce livre a été traduit de l’Anglais, donc des mots et des phrases ne peut pas correspondre à l’intention initiale ou de la signification de l’auteur. Grammaire peut également ne pas être à la hauteur. » Toutefois, ce n’est pas parce que ses livres sont en charabia qu’ils sont gratuits : le lecteur est prié de payer 2,99 euros pour financer les importantes recherches de Symonds. Si c’est pour une bonne cause…
Symonds, qui s’est rebaptisé Yogi
Shaktivirya, raconte son histoire dans Comment Surmonter l’Anxiété et la Dépression sans Médicaments. On y apprend que dès sa jeunesse, il a souffert de « palpitations cardiaques, l’insomnie, les troubles mentaux, les pensées horribles », « les attaques d’anxiété graves, extrêmement perturbant le vertige, horrible agoraphobie », « la solitude, l’acné sévère, la perte de poids mystérieux ». Il évoque aussi « quelque chose de semblable au syndrome d’Asperger ». Comme les traitements n’ont aucun effet, que les médecins et les religions ne peuvent rien pour lui, il va s’intéresser à sa nutrition. Après divers tâtonnements, il découvre l’eau ionisée, et là, c’est la révélation, il est guéri. En résumé : l’eau ionisée se présentant en grappes de 5 molécules au lieu de 12 pour l’eau normale, elle irrigue mieux son cerveau qui ainsi en devient moins acide. Evidemment, ça change tout. Jusque-là, on ne peut que se réjouir pour lui. Le problème, c’est que Symonds se met alors en tête qu’il est un grand savant qui doit partager Vigousse vendredi 19 août 2016
ses trouvailles avec la Terre entière. Et ici débute sa riche carrière de fou littéraire. Fier de ses dents, il commet Comment Guérir la Carie Dentaire Avec la Diète Paléolithique, dans lequel il s’enthousiasme : « Ce livre est basé sur ma propre expérience (…) à guérir mes propres cavités sans jamais avoir à interagir avec un dentiste. » Malheureusement, impossible de constater le résultat : sur les rares photos existantes de l’auteur, il a tou-
LES AIGRIS RESTENT jours la bouche fermée. Même quand il sourit. Tout devient prétexte à partager ses connaissances. Comme il reconnaît que ses problèmes de santé ont été désastreux pour rencontrer des filles, et que les rares tentatives de drague qu’il a effectuées se sont soldées par de cuisants échecs (son seul sujet de conversation étant son régime alimentaire), il pond Le Célibat et la Transmutation des L’Énergie Sexuelle pour une Méditation plus Profonde. S’inspirant de spiritualité orientale, cet opuscule tient encore plus ou moins la route (soyons indulgents).
Ça se gâte sérieusement lorsque
Symonds commence à reprendre des théories de charlatans New Age mêlées à des articles scientifiques mal digérés. Ce qui débouche sur Respirianisme, l’Eau Ionisée et la Nourriture Pranique, dans lequel il prône de se nourrir uniquement d’air (il avoue qu’il n’y parvient pas encore mais que ça ne saurait tarder) : « Respirianisme succès qui est vraiment très rare est le résultat de la formation des énergies de l’astral (ou
Russell Symonds réalise lui-même les peintures qui ornent les couvertures de ses livres. Franchement, c’est pas mal si on compare aux autres fous littéraires. matière sombre) et les cellules du corps de la physique (matière baryonique) corps sur de nombreuses années (ou la durée de vie ?) Pour obtenir la nourriture directement à partir de l’énergie quantique. » C’est parti ensuite pour la roue libre totale. Dans Messagers de la Paix Notre Contact avec les Etres des Etoiles, il examine avec minutie si les témoignages de rencontres avec les extraterrestres sont crédibles. Au sujet du Suisse Billy Meier, qui depuis les
années 1960 photographie des enjoliveurs et des moules à gâteau qu’il fait passer pour des soucoupes volantes, il conclut à la véracité des clichés. En effet, Meier ayant perdu un bras dans un accident de voiture, il serait beaucoup trop ardu pour lui de truquer des photos, sans compter qu’il n’avait pas d’ordinateur ni de Photoshop à l’époque. Ça se tient. Actuellement, Russel Symonds expérimente avec les fantômes, avec qui il a de charmantes conversations en rêve, qu’il raconte dans La Réalité Scientifiquement Prouvée de la Vie Après la Mort. Il essaie aussi de les contacter grâce à des bricolages de son cru, comme une lampe à plasma décorative couplée à une radio. Mais, avoue-t-il dans Canalisation et Médiumnité de Bachar, Leslie Flint et Xavier, ça ne marche pas super bien car « le plasma à l’intérieur d’une lampe à plasma n’est pas assez biologique pour permettre une telle communication avec l’esprit ». C’est vrai, on a tendance à l’oublier. Pas découragé pour autant, Symonds met au point un autre dispositif, « une sorte de récipient rempli d’une solution acide et de laine d’acier comme représentation très grossière d’un cerveau », le tout relié à un amplificateur. Chou blanc à nouveau : il n’entend pas un seul « spiritueux ». Ce qu’il y a de vraiment bien, c’est qu’il admette ainsi ses échecs. Cette désarmante honnêteté ne confère que plus de valeur à ses délires et donne envie de l’encourager à poursuivre ses travaux si fondamentaux pour le salut de l’Humanité. En tout cas, lui a l’air de vraiment bien s’amuser. Stéphane Babey Vigousse vendredi 19 août 2016
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CULTURE
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CULTURE
Des védés
Des films
Des spectacles
Un livre
Une expo
Faux cadavre et faux papiers
Plaies et gosses
On s’marre et ça repart !
Suisse fiction
Epouvantails à nigauds
A ceux qui pensent que la Suisse n’est pas un terreau fertile pour la science-fiction, les Editions Hélice Hélas apportent un cinglant démenti avec le recueil Futurs insolites, dans lequel quatorze auteurs présentent des nouvelles inspirées par les spécificités helvétiques. Comme dans toute anthologie, c’est inégal, mais avec un niveau de qualité en général très élevé. Le suicide assisté est au centre de pas moins de trois récits. Dans SuisseID, Vincent Gerber brosse le portrait désopilant d’une euthanasie devenue produit de consommation courante, avec tous les problèmes de service après-vente que cela engendre. Quant à Denis Roditi, il imagine dans Exit une émission de téléréalité dans laquelle les candidats à la mort rivalisent de pathos pour émouvoir le public. Dans un autre registre, Gulzar Joby trousse avec La Vallée perdue un fort joli conte sur l’avenir de l’agriculture de montagne, qui perdure grâce à l’exploitation pour les travaux pénibles de géants conçus en laboratoire par l’Institut de gigantisme de Lausanne, ce qui engendre un nouveau sous-prolétariat réduit en esclavage. Dans Rhodanisch Elektrik AG, Adrien Bürki s’intéresse aux problématiques énergétiques, avec un barrage qui assèche le Léman et engloutit le Valais sous les eaux.
Petit village situé au-dessus de La Chaux-de-Fonds, Les Planchettes compte 220 habitants. Mais depuis le 18 juin, la population a passé subitement à 300 personnes. Et les nouveaux arrivants font peur, ou plutôt devraient chasser les moineaux et attraper les nigauds. S’il s’agit du titre de la balade de deux heures, il n’en est rien : la plupart des épouvantails présents tout au long du chemin font sourire ou réfléchir. Cette œuvre collective, au long d’un sentier de cinq kilomètres, se prolonge jusqu’à la mi-octobre. L’initiatrice, Marianne Guignard Fromont, est ravie : « Nous avons eu environ 800 visiteurs chaque semaine. Les gens reviennent en famille ou avec des amis. » Pour elle, chaque œuvre correspond à son créateur, chacune possède sa propre histoire.
Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne
L’homme qui n’a jamais existé, Ronald Neame, 1956, ESC, Vf et Vost, DVD, 103 min. PUB
Pour ceux qui franchissent la ligne blanche ! Tôle froissée et cœur en miettes. Diane Kramer s’est éteinte le jour où son fils a fait une mauvaise rencontre au coin d’une rue avec une Mercedes de couleur moka. Le conducteur est parti, le fiston piéton y est resté. Depuis, Diane tourne en rond, alimentant le moteur d’une haine qui monte gentiment les tours. Son mari voudrait aller de l’avant, regarder dans le rétro est sa raison de vivre. Encore. Obsédée, elle a mis un détective privé sur le coup pour répertorier toutes les Mercedes moka de la région. Que fera-t-elle quand elle sera sûre d’avoir retrouvé le conducteur fautif ? Cette question est l’essence même du deuxième long métrage du Valaisan Frédéric Mermoud qui retrouve ici une de ses… Complices, Emmanuelle Devos. De tous les plans, l’actrice est l’atout majeur de Moka, film tourné sur les bords du Léman, entre Lausanne et Evian, qui, à l’intrigue « policière » – une blonde peut en
BROUILLON DE CULTURE À BON PORT Auvernier, sur les
Av. du Chablais 21 - 1008 Prilly Restauration tous les jours dès 5h 021 624 08 08 Fermé le dimanche Av. du Chablais 21 • 1008 Prilly
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rives du lac de Neuchâtel, accueille la 8e édition de son festival de jazz. Les pieds dans l’eau, les oreilles frémissent dans ce cadre idyllique. A écouter notamment : Grégoire Maret le vendredi 26, Youssouf Karembe et Lisa Simone le samedi 27 ou Stéphane Belmondo le dimanche 28 août. www.auvernierjazz.ch
VERBE HAUT Le rappeur jurassien Sim’s est un poète écorché. Mais s’il s’insurge, dénonce les maux d’une certaine droite, il sait aussi slammer quelques lueurs d’espoir. A écouter samedi 20 août dans la vieille ville de La Neuveville (BE). www.sims-lesite.ch
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cacher une autre –, préfère le portrait de femme en deuil et carbure à l’atmosphère.
Pour ceux qui n’ont pas la vie rose. Petite fille de Manille, Blanka, 11 ans, se débrouille comme elle peut, chaparde, mendie. Orpheline au sourire et à la voix d’ange, elle partage quelques mètres carrés de pavés avec un vieux musicien aveugle, mais c’est sur d’autres trottoirs que certains voudraient la mettre… Petit film tout simple, Blanka, réalisé avec tact et superbement éclairé, touche au cœur. Adoptez-la ! Pour ceux qui se mettent au vert. Un
Pikachu jaune ? Rien à cirer ! Faut dire que Peter – tiens, encore un orphelin – a un autre « joujou » sous la main, une grosse boule de poils toute verte. Pas un ami imaginaire, un vrai dragon. Difficile d’être vert de rage devant ce remake de Peter et Elliott le dragon. Le conte (raconté par papy Redford tout de même !),
À QUOI SARINE ? En écho à l’histoire du centre de Payerne, le Musée de l’Abbatiale réunit six artistes venus des deux côtés de la Sarine. L’exposition, baptisée Tran6ion (Transition. Avec un 6 qui fait le « zi ». Ça fonctionne presque. La preuve : quand on le sait, on comprend tout de suite), présente autant des gravures que des peintures ou des photographies d’artistes contemporains. Jusqu’au 11 décembre, www.abbatiale-payerne.ch PLAN-PAN Quartier général, centre d’art contemporain à La Chaux-deFonds, vernit vendredi 19 août une exposition collective sur l’animalité en général et le dieu Pan en particulier. Dix jeunes artistes se sont donc plongés dans la mythologie grecque pour aborder des thèmes contemporains. www.q-g.ch
plaidoyer pour la différence, ne vole personne. Bertrand Lesarmes Moka, de Frédéric Mermoud (1 h 29) ; Blanka, de Kohki Hasei (1 h 15) ; Peter et Elliott le dragon, de David Lowery (1 h 43). Tous en salles.
VILLAGE IVRE En Valais, St-Pierrede-Clages organise une nouvelle fois sa Fête du livre. Bouquinistes et chineurs s’y rencontrent du 26 au 28 août au milieu des vignes. Expositions, balades littéraires ou concours d’orthographe, l’écrit prend la parole. www.village-du-livre.ch
Fini les bouchons, les mômes qui râlent sur le siège arrière, le serveur qui fait la gueule et les transats tous occupés au bord de la piscine. Périlleux, l’exercice consiste désormais à remettre en route « le » zygomatique. Le bon, le grand, celui qui, partant de l’os molaire pour s’insinuer jusqu’à la commissure des lèvres, participe à la réalisation du… du quoi ? Du sourire, gagné ! Pas facile, ce d’autant que le petit, sale type !, provoque justement l’effet contraire. Donc méfiance. Une fois le zinzin réactivé, disons dès le retour à une vie consommable, ne reste plus qu’à lui trouver quelque utilité. Là, c’est fastoche, il suffit de baisser les yeux, direction l’affiche toute en couleurs de la rentrée façon Boulimie. Quatre spectacles en tout et rien de moins entre le 2 septembre et le 1er octobre. Dans l’ordre Les indécis – Le ticket (2 au 10 septembre) de et avec Nicolas Haut et Marc-André Müller, une pièce dans laquelle on nous promet que « rien n’est à sa place mais qui a sa place » dans une programmation tout entière réservée à… au rire, encore gagné ! Suivront Joseph Gorgoni – De A à Zouc (13-17), vingt ans de Marie-Thérèse Porchet sans jupe ni sac à main ni perruque, Tiguidou (20-24), l’extraordinaire performance à découvrir (absolument) ou à revoir (c’est encore mieux) de Brigitte Rosset, et pour terminer Lionel Fresard – MolièreMontfaucon 1-1 (27-1er octobre), le parcours atypique d’un bistrotier de village et joueur de foot sur les scènes de théâtres d’ici et d’ailleurs. Largement de quoi oublier les tracas de l’été. Roger Jaunin
FLUX MIGRATEUR Jusqu’au
4 septembre, les photographies de Betrand Lauprêtre prennent leurs quartiers à la galerie L’Essor, au Sentier. Dans une première série d’images, « la lumière des paysages, triturée par l’imagination et la moulinette de la technologie numérique, se transforme en reflets qui sont autant de doubles sens ». Mais pas de panique : une seconde série de photos présente des oiseaux tout ce qu’il y a de plus premier degré. Flux et Autour de la mangeoire, www.lessor.ch
Théâtre Boulimie, Lausanne. Réservation immédiate sur le site www.theatreboulimie.com ou au 021 312 97 00 (dès le 24 août).
Les histoires ayant trait à l’espace ne manquent pas non
plus à l’appel, avec notamment Vreneli de Julien ChatillonFauchez, qui interroge la notion de neutralité à l’échelle de la galaxie, ou encore Là où croît le pays d’Anthony Vallat, dont la Suisse recréée artificiellement dans le vide intersidéral n’est pas sans évoquer le Cycle de la Culture de Iain M. Banks. Point commun de toutes les nouvelles : à travers le prisme de l’anticipation, c’est bien entendu de la Suisse contemporaine qu’elles nous parlent. Et à ce titre, elles sont à même de réjouir les amateurs de SF, mais aussi les lecteurs appréciant la satire politique et sociétale. Stéphane Babey
Au vu du succès, les propositions d’épouvantails affluent
pour une prochaine édition. Les Planchottiers ont joué le jeu et sont, eux aussi, très contents. Entre une création reposante baptisée Farniente et Les Maisons du Bonheur, on trouve un étonnant personnage nommé Vigousse. Assis sur un cornichon géant, l’homme de bois a le visage tout tordu. Mais rien à voir avec l’idée qu’auraient pu se faire les deux conceptrices d’un collaborateur du petit satirique romand. Elles ont choisi cet adjectif uniquement pour sa vivacité. Ouf ! En première mondiale (certainement), les organisateurs proposent le samedi 10 septembre dès 18 heures une nouvelle performance commune : la création d’épouvantails à base de… cervelas. Jean-Luc Wenger
WƌŽůŽŶŐĠ ũƵƐƋƵ͛ĂƵ ϭϱ ŽĐƚŽďƌĞ
Futurs insolites, anthologie dirigée par Elena Avdija et JeanFrançois Thomas, Hélice Hélas, 380 pages.
EŽĐƚƵƌŶĞ ϭϬ ƐĞƉƚĞŵďƌĞ ĚğƐ ϭϴŚ
Sentier chasse-moineaux et attrape-nigauds, Les Planchettes, jusqu’au 15 octobre. www.les-planchettes.ch PUB
Un festival
De la musique et de l’herbe Du gazon, des arbres, des transats, des bières artisanales et de la musique expérimentale : le festival multisite Les Digitales propose pour la douzième année consécutive cette recette imparable, et qui plus est gratuite (sauf bien entendu en ce qui concerne les boissons). Les éditions de Lausanne et Porrentruy ont eu lieu samedi passé, mais il est encore possible de prendre part à celles de Berne et de Paradiso (TI) le 20 août, de Zurich le 21 août, et enfin de Fribourg et de La Chauxde-Fonds le 27 août. La programmation (différente dans chaque lieu) est éclectique, comme on dit quand on ne connaît pas la moitié des groupes présents, mais à coup sûr pleine de
promesses. Parmi nos chouchous, citons les fabuleux Aeroflot (à Zurich et La Tchaux) et l’intrigant OgreFantôme (Berne). De toute façon, on se rend aux Digitales avant tout pour le plaisir de la découverte, le cheveux au vent et les doigts de pied caressés par des brins d’herbe. S. Ba. Programme complet sur www.lesdigitales.ch Image @: Mibé
Les histoires qui sont à la fois vraies ET incroyables ont toujours eu le don de titiller notre imagination. C’est le cas ici avec un épisode oublié de la Seconde Guerre mondiale. Lors de la planification de l’invasion de la Sicile, les services secrets britanniques tentent de trouver un subterfuge pour convaincre les nazis que l’attaque prévue aura plutôt lieu en Grèce. Pour cela, ils trouvent un corps noyé, le garnissent de faux papiers ainsi que de plans crédibles censés convaincre les Allemands. Le cadavre est ensuite placé sur une plage espagnole afin de moins éveiller les soupçons. Mais Hitler & Cie ne sont pas totalement stupides et dépêchent un de leurs meilleurs hommes pour enquêter. Sans dévoiler la fin, on peut avancer avec certitude qu’il s’agit ici de l’un des meilleurs polars de guerre jamais tournés, illuminé par l’excellence de Clifton Webb, acteur oublié qu’on avait déjà adoré en amoureux transi de Laura d’Otto Preminger. Un bijou ! Michael Frei,
À VOUS DE VOIR La vie, un jeu d’enfant ? Pas pour un fils au mauvais endroit (Moka), une gamine des rues (Blanka) ou un petit gars qu’on empêche de jouer avec son animal de compagnie (Peter et Elliott le dragon) !
Tél. 027 306 61 13 www www--village village--du du--livre.ch Vigousse vendredi 19 août 2016
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REBUTS DE PRESSE
Sponsors à bord Régulièrement invité dans les pages « Opinions » du quotidien 24 heures, le directeur du Centre patronal vaudois, Christophe Reymond, a passé une partie de son été avec des membres de la rédaction. Le Tages-Anzeiger du 5 août n’a pas manqué cette incursion patronale dans un article titré : « Quand les sponsors remplacent les éditeurs ». Appartenant au groupe Tamedia, tout comme 24 heures et tant d’autres, le quotidien zurichois pose la même question que Vigousse (10.6) sur le mélange entre rédactionnel et communication commerciale. Les sponsors, en l’occurrence, sont le consulat de Russie à Lausanne ; la Fondation Paulsen ; le Centre patronal ; les Retraites Populaires et l’ECA, l’Etablissement cantonal d’assurance. Les deux derniers étant des institutions paraétatiques. Frederik Paulsen, lui, est consul honoraire de Russie en Suisse et dirige le groupe pharmaceutique Ferring, à Saint-Prex. La société du généreux mécène emploierait 5500 personnes dans le monde, dont 650 en Suisse (Vigousse, 29.4). Pour sa série d’été dans le Grand Nord, 24 heures a donc envoyé toute sa rédaction en Russie. Chaque équipe de journalistes se voyait accompagnée d’un invité – parfois directement lié aux bailleurs de fonds – durant une semaine. Le Tages-Anzeiger relève que Paulsen et le Centre patronal ont offert 170 000 francs pour l’expédition. Dûment signalés par les logos des entreprises, ces reportages montraient également l’invité sur les photos de l’équipe. Bon, pourquoi pas ? Mais le Tagi note que Christophe Reymond a eu l’honneur d’être publié dans les colonnes de 24 heures. Thierry Meyer, le rédacteur en chef, n’y voit aucun problème. Il cite d’autres exemples de partenariat comme celui, réussi, pour les 250 ans du journal. Il omet juste son rôle dans le fiasco intégral de l’opération « Champions ! », grandiose fête ratée à la gloire du CIO (Vigousse, 12.2). Un raout qui s’est soldé par un découvert de plus d’un million, à charge de la Commune et du Canton. Malgré son indépendance éditoriale revendiquée, 24 heures a oublié d’enquêter sur les causes de ce désastre. On ne va quand même pas se fâcher avec ses partenaires. Jean-Luc Wenger
Le strip de Bénédicte
Terrorisme hyperbolique Suite à l’attaque dans le train à Salez (SG), 24 heures a sorti les grands moyens lundi 15 août avec ce titre ronflant sur cinq colonnes à la une : « Attentat ou folie ? La Suisse est entrée dans l’ère de la terreur ». On ne peut qu’abonder : la Suisse est en effet entrée dans une ère de terreur médiatique, où des journaux sont prêts à tout pour faire vendre, quitte à entretenir euxmêmes la psychose des lecteurs. Et ça fait vraiment très peur. S. Ba.
Just an illusion Les personnes concernées pas la maladie mentale, personnellement ou dans leur entourage, ont dû vibrer en regardant le « 19:30 » du lundi 15.7 (RTS Un). Enfin un espoir de guérison ! Il s’agirait d’utiliser les illusions d’optique de l’artiste Youri Messen-Jaschin (dont les Lausannois connaissent bien les costumes hauts en couleurs) afin de « décrypter les mécanismes encore obscurs de certaines maladies psychiatriques ». Et pourquoi pas ? Certes, l’étude n’en est qu’à mi-parcours, les résultats sont inconnus, et aucun patient ne sera testé. Mais sans promesses extravagantes et irresponsables, que deviendraient l’art, la science et le journalisme ? Pour une fois que les trois sont en parfaite symbiose, on ne va pas chercher la petite bête… S. D.
LE CAHIER DES SPORTS DANGER ! Cristiano Ronaldo a soulevé une énième fois les bras au ciel, Chris Froome paradé tout de jaune vêtu en remontant les Champs-Elysées, Andy Murray retrouvé le pied jardinier sur le gazon pelé de Wimbledon, Michael Phelps et Usain Bolt ont poursuivi leurs moissons de médailles. En y réfléchissant bien, il ne s’est rien passé. Rien, en tout cas, qui sorte de l’ordinaire, du prévisible, sinon du déjà vu, du déjà vécu. La faute à qui ? Au soleil ou à cet irrépressible besoin de « débrancher », sans forcément écouter France Gall ? La faute à ce trop-plein d’images, de comptes rendus et de statistiques qui à longueur de semaines et de mois envahissent nos petits écrans et les pages de nos quotidiens ? La faute à nous qui en réclamons toujours plus, comme si tout cela avait une quelconque – et réelle – importance ? Ne rien faire, jeter la zapette à la poubelle et se laisser dorer la couenne une boisson fraîche à portée de main, voilà ce qui s’appellerait passer un bel été. Et dire que pendant ce temps-là il s’en trouve pour escalader des cols à vélo, courir après un ballon, s’esquinter le dos une raquette en main(s) ou aligner à l’infini les tours de pistes. Des fous, des malades shootés à l’adrénaline, des gens pas normaux, des forcenés que pourtant on laisse en liberté. Personnellement, rien que cet été, j’en ai compté des centaines. Des jaunes, des bleus, des bariolés, des en short, des en cyclistes, des avec chaussures, des sans, des avec des rames et même une, toute jolie, en jupette et sur des rollers. Je les ai vus, de mes yeux vus, toutes et tous, des grands, des petits, des rondouillards, des squelettiques. Ils existent, ils sont légion, nous envahissent, nous submergent et bientôt, au prochain été sans doute, imposeront leur loi à nous autres les vrais juilletistes et autres vrais aoûtiens. Mais que diable fait la police ? Et ce sera tout pour cette rentrée.
MAG
VOIX
Sebastian Dieguez
HISTOIRE
Huit répliques de Michel Audiard aujourd’hui incompréhensibles Le célèbre dialoguiste a un long palmarès de phrases culte à son actif. Mais on se souvient moins de certaines répliques qui n’ont pas très bien vieilli. Quelques exemples :
OFF
« Mes chers petits, aujourd’hui je vais vous raconter l’histoire terrifiante de… LA RENTRÉE ! »
SCIENCE
Découverte : les gens pourraient s’influencer les uns les autres, des fois C’est une découverte majeure qui vient d’être publiée dans le prestigieux International Journal of Science : parfois, des gens, ou des choses, ou des événements, pourraient avoir une certaine influence sur d’autres gens (mais pas toujours). Jusqu’à présent, on pensait que rien n’avait d’influence sur rien, sauf des fois. En réalité, ce serait tout l’inverse. L’expérience a consisté à montrer des images et faire entendre des phrases à des êtres humains. Il s’est avéré que ceux-ci réagissaient de diverses manières aux stimuli qui leurs étaient présentés : parfois ils riaient, d’autres fois ils s’ennuyaient, certaines fois ils soupiraient, mais pas toujours, ça dépendait des fois. « Cette découverte peut expliquer notre réaction face au terrorisme », analyse un expert des réseaux sociaux et du monde arabe. Pour autant, les chercheurs se veulent prudents : « Ça ne marche pas à tous les coups, mais des fois oui. » Gageons que cette étude aura une influence sur certains de ceux qui en prendront connaissance, mais probablement pas tous.
« Ben alors, t’as plus d’arbustes ? » On peine aujourd’hui à comprendre le sens de cette répartie de Louis La Sardine prononcée dans Le taré du Tartare (1962), lors d’une pathétique poursuite en Citroën 2 CV. « Mets-en moi douze de côté, ça m’en fera une de plus qu’onze. » En plein braquage, cette vanne a également laissé perplexe le guichetier de Banque ou banqueroute (1959). « Eh l’autre là, tu vas me mazouter la doublure encore longtemps ? » Les historiens sont divisés sur la signification de cette expression, mais on pense que Michel Audiard était un peu fatigué au 37e jour du tournage de Beignes à Trouville (1965). « Je rêve ou ils ont tous la tirelire dans le lavabo dans ce bled ? » Le contexte de Quelle garce ! (1968) ne permet guère d’éclairer cette fulgurance méconnue de Jean Gabin. « Ah ça ! J’te voyais pas t’encroûter dans la péninsule du bidet comme ça. » Par moments, on pourrait croire que l’auteur se foutait quand même un peu de la gueule du monde, surtout dans le dispensable Incognito à Chicago (1972). « Tambour, moi ? Eh, tambour demain ho ! » C’est la seule occurrence du mot « tambour » connue dans l’œuvre d’Audiard, ce qui laisse penser à certains experts qu’il s’agirait du résultat d’un pari stupide. « Si c’est une salade niçoise que tu cherches, t’es au mauvais endroit mon pote. » L’intrigue de Deux abrutis à Nice (1956), qui se déroule entièrement à Nice, rend cette réplique particulièrement étrange. « Je te dis que ça, et encore, en pantoufles. » Pour son unique film en tant que réalisateur, Jean Lefebvre a consacré une centaine de plans à montrer les sabots que portent tous les personnages de Flingues en soldes (1969), ce qui rend la plupart de dialogues, dont cette citation, parfaitement incompréhensibles.
À LA LOUCHE Recyclage L’avion Solar
Dignité De retour de
Drame Le concours du plus gros mangeur de Cénovis fait 12 morts.
Révélation Le mixologiste n’était qu’un simple barman.
Psychologie Marcher
réclame d’être moins proche de la fin de l’alphabet.
Impulse sera entièrement fondu afin d’en faire des milliers de petites statuettes de Bertrand Piccard.
les mains dans le dos augmenterait le QI de 25 %.
vacances, le pasteur Fatzer entame une grève de la faim de quatre jours pour protester contre ses frais de roaming.
Société La génération Y
Roger Jaunin
ATS-UNIS : La science ayant refusé son don, Donald Trump lègue son cerveau à un cirque – JO : De l’eau de piscine olympique retrouvée dans du glyphosa Vigousse vendredi 19 août 2016
Vigousse vendredi 19 août 2016
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{
B É B E RT D E
PLONK & REPLONK
}
LA SUITE AU PROCHAIN NUMÉRO
Beau, bon, Bolt
Elle a dit
la semaine prochaine Au moins, avec lui tout est clair : Usain Bolt « ne doute jamais ». C’est lui qui le dit, et s’il s’en trouvait un, ou une, pour en douter, l’homme le plus rapide du monde aurait tôt fait de lui rappeler qu’il appartient désormais à la race des « immortels ». Après lui, ceux que l’on qualifie de « champions », de « géants » ou de « légendes » peuvent aller se rhabiller : Usain, quasiment deux mètres sous la toise, les dépasse d’une tête qu’il a suffisamment bien faite pour avoir compris très vite tous les avantages qu’il pouvait tirer d’un physique à faire rêver non seulement les midinettes mais également le monde de la mode, les sponsors en tout genre, accessoirement les organisateurs de meetings.
Aux dernières nouvelles, et après l’obtention du titre d’« homme le plus sexy du monde » décerné par le magazine Glam’, sa propre ligne de vêtements pour ados (Bolt Seduction) et son Eau d’Usain lui assureraient d’ores et déjà, en plus d’une fortune Vigousse vendredi 19 août 2016
(ou du moins ça se pourrait bien)
« Veuillez vous faire descendre à gauche dans le sens de la marche. » estimée à quelque chose comme 300 millions, une confortable retraite. Lui n’en fait pas une affaire : son truc, c’est de courir, sur 100 et 200 mètres, et de collectionner les médailles. En or, « les seules qui comptent », souligne-t-il. Si tout se passe comme prévu, il quittera Rio la neuvième du genre autour du cou. C’est beaucoup, ça n’est même jamais arrivé depuis de Coubertin ; c’est dire si à 30 ans l’ex-joueur de cricket reconverti en sprinter a oublié les coups de ceinture « sur le corps, jamais au visage » que lui infligeait son père,
selon, précise-t-il, une pratique généralisée en Jamaïque. Mieux, il en rit. Après tout, sa mère ne l’a- t-elle pas enfanté avec une jambe, la gauche, plus courte que l’autre ?
Toujours selon ses compatriotes pour lesquels il s’agit là d’un péché et qui ne cessent de le comparer à Tiger Woods, Usain Bolt serait, entre autres, « victime du syndrome de la femme blanche ». Sa fiancée, une styliste d’origine yougoslave, dit de lui qu’« il est le plus droit des hommes ». Reste à savoir sur quelle distance. Roger Jaunin
Regula Schmidt-Müller, contrôleuse CFF
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