Métropoles du Sud - Symposium 2015

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Métropoles du Sud

SY M PO SI UM 20 15

Agence Hessamfar & Vérons Agence PPA Architect ure, Bas Smets



INDEX ......................................................................

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05_ Introduction Alain Derey Stéphanie Jannin

09_ Métropoles du Sud Elodie Nourrigat

Guillaume Girod

15_ Hessamfar&Verons

Répondant : Guillaume Charles

35_ PPA Architecture

Répondant : Sarah Dominguez

49_ Bas Smets

Répondant : Camille Lau-Wen-tai

69_Association Métropoles du Sud Marion Moustey 73_ Clôture Jacques Brion –3–



Introduction .......................................................... Alain Derey Stéphanie Jannin

Alain Derey - Directeur de l’ENSAM Stéphanie Jannin - Première adjointe au maire, Déléguée à l’urbanisme et aménagement durable, Vice-présidente de Montpellier Méditerranée Métropole A lai n Derey

Mesdames, Messieurs, En qualité de directeur de l’école Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier le privilège me revient d’ouvrir ce symposium, c’est donc aussi pour moi l’occasion de vous souhaiter la bienvenue, et de vous remercier de consacrer du temps en fin de semaine pour participer à une journée de réflexion. Vous le savez, j’ai pris mes fonctions récemment, j’ai pourtant déjà le sentiment très agréable

que cette nouveauté s’estompe et que l’école d’architecture m’est familière. L’événement d’aujourd’hui participe de cette familiarité et me permet d’apprécier tout le dynamisme de l’établissement que je dirige. J’ai parlé d’événement mais je devrais dire, de manière plus juste qu’il s’agit d’un rendez-vous, le septième, si je ne me trompe pas, ce qui montre qu’on s’inscrit dans la volonté de pérenniser un mode d’enseignement qui se veut résolument ouvert sur l’extérieur. –5–


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On vous l’a précisé, le symposium s’inscrit dans une démarche pédagogique, il est un moment fort dans la formation des étudiants avec cette originalité pour une école d’un recours à une association d’anciens étudiants qui porte le symposium en lui donnant toute sa force.

Cela pourrait paraître quelque peu déroutant pour un directeur de voir le logo de son établissement simplement associé aux autres partenaires qui rendent possible l’événement. En fait quoi de plus positif que de proposer à une association des anciens étudiants de prolonger, en quelque sorte, leur présence au sein de l’établissement qui demeure ainsi toujours le leur. La filière de Master, Métropoles du Sud, apporte la preuve, s’il en était besoin, de l’intérêt de son existence, des problématiques qui sont en jeu et de son rôle pour faire reconnaître l’école d’architecture comme un lieu de réflexion avec lequel il faut compter. Je voulais insister sur ce point et souligner encore l’intérêt de provoquer une rencontre hors les murs, au cœur de la ville, au sein du Centre Régional de Documentation Pédagogique, d’ouvrir le débat à des personnalités extérieures que je me dois de remercier pour avoir accepté d’être présents et aussi d’être présentés par les étudiants eux-mêmes. Un bel exercice de style qui renforce la dimension pédagogique de la manifestation. Je veux saluer la représentante de la région 6 –6–

ainsi que la représentante de Monsieur le Maire, Madame Stéphanie Jannin, architecte et 1er adjoint au Maire, qui nous fait l’amitié d’être avec nous et qui va prendre la parole après moi. Je le disais, une opération au cœur de la formation, au cœur de la ville, et qui réunit des architectes, ceux qui sont encore en herbe, même si ce n’est pas tout à fait une métaphore urbaine, et ceux qui sont déjà engagés dans la vie professionnelle, mais aussi des chercheurs, des responsables politiques qui savent ce qu’est la responsabilité de l’architecte, son rôle essentiel dans la cité. Leur présence et leur parole sont indispensables auprès de nos étudiants. Merci infiniment de me donner cette magistrale démonstration d’une école qui manifeste une vraie dynamique, merci aux enseignants pour leur présence et plus particulièrement aux enseignants de la filière Métropoles du Sud. Je laisse le soin à Madame Elodie Nourrigat de remercier chaleureusement les différents partenaires qui accompagnent et rendent possible cette journée, je mentionnerai particulièrement l’Ordre Régional des Architectes et son Président Monsieur Philippe Cappelier. Je vous souhaite une excellente journée et d’excellents travaux.


SY m po s i um 2015 St épha nie Jannin

M. le Directeur de l’école d’architecture, mesdames et messieurs les enseignants, les architectes présents dans la salle, chères consœurs, chers confrères, chers étudiants, J’ai l’honneur aujourd’hui de représenter M. le Maire, que j’excuse et qui souhaitait être présent à vos côtés mais qui a été retenu à la dernière minute par d’autres obligations, lui qui a eu tant de plaisir à travailler à vos côtés lorsqu’il était adjoint à l’urbanisme de la ville de Montpellier pendant de nombreuses années. Je remercie bien sûr l’école d’architecture et toutes les personnes, enseignants et étudiants qui ont participés à l’organisation de cette rencontre. C’est un grand plaisir pour moi de participer au Symposium de l’année 2015 qui porte depuis sa première édition le nom de Métropoles du Sud, c’est dire s’il était visionnaire, car vous savez qu’aujourd’hui, depuis le 1er janvier 2015, l’agglomération de Montpellier est devenue Montpellier Méditerranée Métropoles. Contrairement aux autres grandes villes de France, ce passage ne s’est pas fait automatiquement par la loi mais a été le fruit d’une volonté politique affirmée, celle de Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de l’actuelle métropole. C’est un travail qui s’est fait en co-construction avec les 31 maires de l’agglomération, pas à pas dans l’objectif de poser les bases d’un territoire partagé, négocié et apaisé. 26 des 31 communes ont votés favorablement le passage en métropole, ce qui représente 415 000 habitants sur les 434 000 que compte l’agglomération. C’est un véritable plébiscite. A titre d’exemple, 99% des communes de la nouvelle métropole d’Aix-Marseille, qui a été acté automatiquement par la loi, se prononcent contre leur métropole et je vous laisse imaginer les blocages qui s’en suivront en termes d’aménagements du territoire. Cet apaisement entre les collectivités que nous vivons aujourd’hui est la condition nécessaire,

et j’ose dire suffisante, à voir l’émergence d’un projet urbain fort et ambitieux qui donnera la capacité à Montpellier à se positionner dans l’échiquier européen en tant que métropole méditerranéenne.

La création de cette métropole nécessite aujourd’hui de fixer un cap à travers une démarche d’aménagement du territoire qui je suis sûre vous intéressera. Cette démarche appelée ‘Montpellier territoire’ aura pour objectif de forger une vision métropolitaine dans laquelle projet urbain de la ville centre, projets communaux et projets intercommunaux interagissent. Et vous le savez, chez nous c’est nouveau. Tout cela en inscrivant les six piliers métropolitains stratégiques que sont la santé, le numérique, la culture, le tourisme, les sciences du vivant et l’agro-écologie, c’est-à-dire la place qu’occupera dans le futur l’agriculture dans nos paysages et notre économie. Cette vaste réflexion fera dans les prochains mois l’objet d’un débat compétitif fondateur où la réflexion de l’architecte et de l’urbaniste sera bien sûr centrale. Car être architecte c’est bien sûr un métier mais aussi une manière de penser, de regarder la société en général, et la vie en particulier. Etre architecte c’est avoir l’utopie que les hommes vivront mieux ensemble parce que l’environnement dans lequel ils évoluent est harmonieux. Etre architecte c’est mettre en musique les rêves des autres et pour cela peut être faut-il encore rêver un petit peu soi-même. Etre architecte c’est accepter de rester étudiant –7–


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toute sa vie, tout en transmettant et partageant son savoir. Et les enseignants présents doivent mesurer à quel point ils peuvent compter dans le parcours d’un étudiant, l’aider à se révéler et poser des graines qui germeront en lui demain ou peut-être dans 20 ans. Enfin être architecte c’est faire des choix et donc s’engager, au sens noble du terme, auprès d’un particulier qui va changer son cadre de vie, auprès d’une collectivité qui décide de bâtir des évènements pour tous, ou encore auprès des citoyens qui croient en eux pour changer des choses. Il n’y a pas d’un côté les architectes, les maîtres d’ouvrages, les chercheurs, les bureaux d’études, les paysagistes ou encore les politiques mais il y a bien une chaîne d’acteurs qui doivent œuvrer en harmonie pour ménager ou aménager notre territoire, à vous de choisir, qui ont la force de détenir, bien sûr, une connaissance, et peut être la faiblesse partagée d’être des amoureux de la ville. Il ne me reste donc plus qu’à souhaiter aux étudiants, qui sont très nombreux dans la salle, de trouver à un moment ou à un autre de leur parcours, la forme que prendra leur engagement citoyen d’être un architecte et par leur action contribuer à améliorer la société où nous vivons car elle compte sur vous. Je vous remercie.

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.......................................................... Présentation : Elodie Nourrigat Guillaume Girod Enseignants MDS: Jacques Brion Frederic Devaux Laurent Duport Anabelle Iszatt Jérôme Lafond Nicolas Lebunetel Luc Léotoing Sancie Matte Julie Morel Pierre Soto Laurent Viala Julien Wafflart

Elodie Nourrigat - Architecte & enseignante à l’ENSAM Guillaume Girod - Architecte & enseignant à l’ENSAM

El od i e N ou r rigat

Bonjour, C’est un grand plaisir de vous retrouver aujourd’hui pour la 7ème édition du Symposium Métropoles du Sud. L’organisation de ce symposium prend place au cœur de la pédagogie du domaine d’études Métropoles du Sud de l’école d’Architecture de Montpellier. La question du développement métropolitain des villes, est un des enjeux majeur pour

les architectes. Dès 2009, nous avons engagé des travaux dans cette volonté à la fois de compréhension, d’observation et d’expérimentation des phénomènes de métropolisation. Nous avons résolument fait le choix d’interroger la Métropole tout d’abord au regard de la spécificité territoriale en tant que volontés de penser l’architecture et la ville par la réintroduction et la reconnaissance de la spécificité, de la localité et de l’ancrage –9–


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territorial. La force de la métropole de demain sera dans sa capacité à affirmer sa spécificité par la reconnaissance de son propre territoire. Est également questionné l’apport massif des nouvelles technologies et leurs impacts sur la ville, en prenant en compte les nouveaux modes de gestion, de gouvernance et de constitution de la métropole. Ainsi ce qui est dénommée aujourd’hui comme « Smart City » nous semble être une réflexion nécessaire pour les architectes de demain, afin que cette nouvelle intelligence permette de construire une Métropole Sensible, où de nouvelles expériences partagées prendront place. Au travers de cela c’est bien la question du « Vivre Ensemble » dans une métropole contemporaine qui est posée. Nous ambitionnons une « Métropole innovante » sur les modes d’habiter et offrant des structures urbaine inédites. Les enjeux de l’espace public sont également au cœur des préoccupations. Car c’est là aussi que la constitution de spécificité est possible. C’est également Une « Métropole Sensorielle, humaine» où le « big data » vient au service des habitants, où la question du développement durable se traduit par une éthique d’inscription dans un territoire et non exclusivement part l’ajout prothèses techniques. Néanmoins, le rêve de la ville de demain commence par la construction de celle d’aujourd’hui. Ainsi, cet enseignement souhaite confronter chacun des étudiants à un certain cadre de réalité en les amenant à la construction leur propre pensée. C’est pourquoi, les sites d’expérimentations choisis oscillent entre des villes étrangères et un retour sur notre propre territoire. Nous avons travaillé sur Barcelone, Gènes, Valence, Istanbul, Pampelune, Evora, Montpellier et l’an prochain nous travaillerons sur Zagreb. Cette expérience passe aussi par la capacité à construire un débat en architecture. Ainsi, en plus du projet et dans le cadre du séminaire, les étudiants ont la responsabilité de l’organisation de cette journée de symposium. La construction 10–10–

d’un débat en tant que pédagogie nous semble être un outil essentiel à la formation d’architecte. Car notre rôle en tant qu’enseignants n’est pas simplement de leur transmettre des savoirs, mais surtourt de les préparer au plein exercice de leurs responsabilités en tant qu’acteur de la société.

Enfin ce qu’il nous tient particulièrement à cœur c’est de pouvoir faire les choses avec envie et plaisir. Aujourd’hui, c’est un plaisir partagé avec vous tous que d’accueillir, et d’écouter Joe Véron, Jean-Manuel Puig et Bas Smet. Je les remercie au nom de nous tous d’avoir accepté cette invitation. Mais c’est aussi pour nous l’équipe enseignante avec Jacques Brion, Laurent Duport, Pierre Soto, Annabelle Iszatt, Jérôme Lafond, Guillaume Girod, Frédéric Devaux, Luc Léotoing, Sancie Matte, Nicolas Lebunetel, Julie Morel, Laurent Viala, Julien Wafflart, un plaisir égoïste de voir l’aboutissement du travail des étudiants dans la réalisation de ce symposium. Je les remercie tous pour leur engagements et travail collectif, même si aujourd’hui vous ne verrez que certains d’entre eux qui vont se prêter au difficile exercice de l’animation de la journée et au rôle de répondant. C’est le plaisir de faire en sorte que l’Ensam sorte de ces murs et puisse être aujourd’hui ici au CRDP. Je remercie Alain Deray notre directeur de nous soutenir dans ce travail. Ceci ne serait pas possible non plus sans le soutien


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de nos partenaires, la Région Languedoc Roussillon , l’ordre des Architectes, Technal, Vinci Autoroute, le Géant des beaux Art, Art Hélios et Linéis Ainsi que les deux associations de l’école qui accompagnent cet évènement. Tout d’abord Archipel, la junior entreprise de l’école et l’association Focus, aujourd’hui présente pour les prises de photos. Ceci est important car l’engagement des étudiants dans l’école, mais aussi au-delà est une force de l’ENSAM. Je remercie ainsi l’association Métropoles du Sud portée par des anciens étudiants qui nous démontre que les architectes de demain ambitionnent une pratique bien plus solidaire pour notre belle profession. J’évoquerais juste enfin le plaisir de cette journée à venir que nous allons tous passer ensemble. Merci à tous pour votre présence, et je vous souhaite une très belle journée de symposium.

Guillaume Girod Le domaine Métropoles du Sud a pour objet de questionner l’architecture au travers de la métropole en interrogeant la notion de spécificité. Cette approche a l’ambition de fabriquer une pensée capable de se positionner en réaction à l’uniformisation des villes et de la création du village monde. Le domaine s’inscrit dans la démarche que les anthropologues qualifient de glocalité, comme la rencontre amoureuse du lieu, le local, et des enjeux, le global. L’ambition portée oscille entre ces deux ambitions et ne cherche pas la production de projet formaté et tristement contemporain. La tentation la plus dangereuse, ne ressembler à rien Albert Camus Elles ne sont pas méditerranéennes par défaut, même en Europe, mais bien des métropoles inscrites dans des histoires et des systèmes de pensée embrassant les mêmes ambitions. Elles partagent des caractéristiques, l’horizon de la mer, la topographie, le climat, un héritage millénaire, des situations extrêmes… Dans leurs énoncés elles réunissent de manière symbolique deux termes singuliers, qui se définissent pour partie par leur antagonisme, le nord pour le sud, et la ruralité pour la métropole. Un couple de jumeaux où le sujet qui nous réunit incarne les enjeux du siècle qui démarre sous nos yeux.Le sud est souvent décrit sur la base de cet antagonisme, il se qualifie par rapport au nord. Il est en réaction, plus indécis, plus flou, plus fou peut être. Le Nord se définit par luimême, il est cartésien, rassurant, magnétique même. On cherche toujours le nord une fois perdu … A l’inverse on recherche parfois le sud pour s’y perdre, y vivre une chevauché romanesque et romantique. Se construire dans l’altérité est une évidence pour le sud, les politiciens vertueux sont du nord, les mafieux –11–


M ét r opoles du S u d du sud, les pays riches tous sous les mêmes latitudes les pays pauvres partout ailleurs, les maçons sont du sud, les charpentiers du nord.

architectes, un territoire de questionnements et d’expérimentations étendues, aux frontières qu’il convient de définir ou à défaut et peut être avec plus de modestie d’esquisser. Le sud n’est pas un acte de naissance, c’est un extrait de voyage. Rudy Ricciotti

Le pôle Sud a été imaginé avant d’être découvert sur la base de la croyance que pour pondérer l’arctique au nord, il fallait nécessairement son opposé géographique. Le Sud comme un contrepoids. La métropole comme lieu de l’inévitable mutation mondiale face à l’exode rurale. Les métropoles du Sud portent avec elles cet univers onirique et bouillonant. Elles sont le lieu de toutes les projections, des craintes les plus sourdes aux ambitions les plus romantiques. Elles sont un formidables territoire d’exploration, un fantastique terrain de jeu. Elles embrassent les enjeux du siècle à venir. Elles n’ont pas la stabilité et l’homogénéité du nord, elles sont au contact de facteurs multilatéraux, économiques, sociaux, religieux, migratoires et environnementaux. Elles sont à la fois profondément archétypale et vigoureusement singulière. Elle parle de l’état du monde et de l’avenir qui l’attend. Elles représentent pour nous 12–12–

Les métropoles du Sud se définissent littéralement par leur position géographique, leur rapport aux tropiques avec pour horizon l’équateur. Elles englobent des réalités multiples, Gêne, Pampelune, Zagreb, Evora, Miami, Santiago du Chili, Shangai… Elles sont multiples et semblables, vertueuses de plus en plus, vicieuses toujours un peu. Les contours n’y sont pas nets. Le rapport à la lumière peut-être. Souvent violente, incisive, sans demi mesure ni distance. La pénombre y est rare, point de situation mitigée, l’ombre y est profonde comme un mécanisme de défense… On ne parle évidemment plus uniquement de lumière. Elles sont donc multiples. Capables d’accueillir et d’incarner tous les cultes, toutes les croyances, tous les totems. Chrétienne, juive et arabe en Europe pour la religion. Caucasienne, afro et latino en Amérique centrale pour les races comme dise sans pudeur les anglosaxons. Communiste, collectiviste et capitaliste en Asie. Elles n’ont finalement ni dieu ni maître . Elles sont paradoxalement en perpétuelle mutation et la trace visible de plusieurs séquences de l’humanité. Elles mutent désormais sans violence, sans haine c’est encore illusoire. Elles sont la partie la plus expressive du monde. Elles font face de manière physique au réchauffement climatique en voyant leurs cotes se modifier, à la mutation économique des « pays du sud », qui pour certains, rejoignent à grand pas la société de consommation et ses excès au bouleversement migratoire qui modifient en profondeur la sociologie des métropoles les entrainant inexorablement vers un multi


SY m po s i um 2015 culturalisme que l’humanité souhaite joyeuse. Elles sont de plain pied dans la question mondiale de la définition de l’identité soit par une posture de resistance soit par la capacité à mettre en place les outils du vivre ensemble. Elle sont au cœur du réacteur et surtout pas dans le confort. On ne saurait leur prédire un avenir c’est ce qui les rend fantastique. La question de la localite ne se situe pas dans un rapport d’asservissement et de pesanteur. Elle n’apparait pas comme un cadre rigide où le poids de l’histoire et de ses reflexes figent une situation jusqu’à la paralysie. L’émergence de la localité est bien l’ambition de rendre opérant un système de pensée prospectif capable de continuer à fabriquer l’histoire d’un territoire en se tournant vigoureusement vers l’avenir. La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n’est aux faits eux-mêmes, parce que, pour elle, se soumettre, ce serait cesser d’être. Henri Poincaré Le domaine Metropoles du Sud permet de proposer une vision de la métropole en s’affranchissant de reflexes identitaires qui fabriquent un non territoire faits d’objet isolés à la tentation néo régionaliste qui croyant activer les caractéristiques d’un lieu finissent par simplement lui faire perdre la mémoire. Il propose de situer la réflexion à l’horizon d’un monde globalisé en tentant d’embrasser l’une de ses multiples constituantes. Metropoles du Sud ne cherche pas à réduire sa réflexion par un maladroit raccourcit sémantique. Elle croit en la capacité collective de fabriquer une utopie. Un mathématicien dont je ne rappelle le nom définissant le réel comme étant la somme des imaginaires collectifs. L’ambition se situe très probablement au côté de cette pensée.

Elle permet à chacun de questionner la métropole au sein de sa propre histoire, de fabriquer une utopie et de croire dans la transformation du réel. Cette pédagogie permet aux étudiants d’explorer de nouveaux territoires géographiques et intellectuels. Les différentes villes étudiées ( ….) offrent l’opportunité d’appréhender un territoire lointain par le biais de l’analyse et des visites in situ. Cette attitude permet de mettre en perspective des certitudes naissantes, d’apprendre à voir vite, à ressentir et analyser un contexte avec des outils de plus en plus affutés. Le symposium accompagne cette démarche et met en avant la pensée en action de praticiens reconnus qui fabriquent ces nouvelles métropoles. La réflexion est associée à l’action, aux verbes et à la parole. Le symposium incarne dans ce monde rapide et iconographique le temps de la pensée et de sa restitution. Ecouter une journée entière des personnalités singulières est sans doute l’un des nouveaux défis pédagogiques. Le symposium participe à l’exploration de nouveau territoire, ici celui de la pensée, et est une formidable opportunité pour tous, au-delà des étudiants, d’apprécier les interventions de praticiens talentueux.

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Photos : 1 // Aérogare Low-cost - Bordeaux - 2010. 2 // 36 logements collectifs & locaux d’activités diverses - Floirac - 2013. 3 // Pôle éductaif et culturel - Pau - 2012/2013. 4 // Collège Marguerite de Navarre - Pau- 2014. 5 // Centre d’accueil d’urgence - Paris - 2013. 6 // Centre de formation des apprentis - Mont de Marsan - 2013.

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Agence Hessamfar & Vérons ..........................................................

Joe Vérons Marjane Hessamfar Architectes Bordeaux - France

R épon dant : Gu illau m e C h arl e s - é t u d i a nt à l’ E N S A M

Au cours de la première Guerre Mondiale, les Allemands s’étaient montrés tellement performants dans la fabrication de leurs sous-marins qu’en à peine six mois, la marine allemande avait décimé la marine anglaise. Pour faire face, il était urgent que les Anglais définissent leur stratégie de riposte. Mettre au point des solutions techniques pour construire davantage de sous-marin constituait une entreprise trop longue. Ce que la technique ne pouvait résoudre a dès lors été résolu par l’art. A

cette époque où les radars n’existaient pas, les torpilles étaient tirées à vue. Il s’agissait, pour cela, d’être en mesure de définir si le bateau adverse avançait ou reculait, d’en appréhender la taille et les caractéristiques formelles. C’est sur ces conditions que Sir Norman Wilkinson s’est appuyé pour faire appel à la « Gestalt theory », idée selon laquelle la mise en place d’un dispositif de brouillage visuel serait à même de corriger les capacités balistiques des torpilles allemandes. Sa technique du « Dazzle –15–


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Painting » consistait tout simplement à peindre les navires de manière à les déconstruire visuellement. Ainsi recouverts de bandes colorées, verticales et horizontales, jouant des effets de perspectives, les navires devenaient impossibles à appréhender, ni dans leurs véritables dimensions, ni dans leurs trajectoires.

une couche de béton extrêmement résistant, qui oscille entre 80cm et 1m d’épaisseur.

Cette technique extrêmement simple et extrêmement efficace nous a inspirés pour le projet d’aéroport low-cost que nous avons construits à Bordeaux en 2009. Ce projet est révélateur d’une nouvelle ère de l’architecture. Les belles années sont révolues, et les projets se doivent désormais d’être économiques. L’économie est devenue véritable qualité. Nous sommes ici dans un minimum d’architecture, ce qui ne signifie pas pour autant que l’architecture soit minimaliste. Après le degré zéro, quelle est la première étape de l’architecture ? Nous avons ici tenté de répondre à la question. Cet aéroport est une boîte, forme archétypale de l’architecture, et dont la façade traduit en architecture l’idée du « Dazzle Painting ». C’est l’idée d’un hangar en tenue de soirée. Les gens pensent souvent que les lignes obliques signifient quelque chose, qu’elles sont une inscription en hébreu, mais ces lignes ne signifient strictement rien. L’exercice consistait justement à ce que rien ne soit lisible.

Ce qui coûtait cher dans le bâtiment était donc son système de fondation : il fallait percer le tarmac avant de pouvoir fonder sur le terrain naturel. La seule manière de réduire les coûts était donc de réduire les fondations et d’utiliser le tarmac comme un « land green ». Le projet ne comprend qu’un seul élément fondé : une poutre en T. Les autres éléments, poteaux et pannes, reposent directement sur le tarmac. L’ensemble se conçoit comme une structure en parapluie. En réduisant par cinq le nombre de fondations, nous avons alors pu réaliser un bâtiment extrêmement compétitif.

Nous avons remporté le concours car notre projet était 25% moins cher que celui de notre concurrent. Non pas grâce à la simplicité de sa volumétrie, mais grâce à son positionnement sur le site. L’aéroport est posé sur un tarmac, soit 16–16–


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Je vais à présent vous présenter un projet que nous avons réalisé à Floirac. Il s’agit de notre premier projet d’habitat social. Marjan Hessamfar et moi-même avons toujours eu du mal à renoncer à l’idée selon laquelle l’architecture devait trouver une forme de partage avec le tout un chacun. Nous savons que l’architecture a du mal à séduire. Nous nous souvenons tous de la réaction de notre mère lorsqu’à vingt ans, nous lui présentions nos premiers projets.

Malgré tout l’amour qu’elle nous portait, il y avait dans ses yeux un certain désarroi. Elle ne comprenait pas l’architecture que nous lui présentions et ne s’y reconnaissait pas. Une fois devenus architectes, nous nous habituons à ce désarroi. Mais il ne faut pas pour autant renoncer à l’architecture. C’est pour cela que nous avons tenté d’engager à Floirac un dialogue avec les formes archétypales de l’architecture, c’està-dire avec des éléments qui appartiennent à la culture architecturale commune. Ce projet reprend la figure de l’immeuble et celle de la maison. En s’emboîtant, ces deux formes créent des individualités qui parlent à tout le monde. Mais l’architecture ne peut se satisfaire de la représentation. Il faut que l’idée puisse s’incarner spatialement.

L’architecture du logement est aujourd’hui très normative. Les marges de manœuvre pour les architectes sont très minces, et il faut rapidement déterminer quelle peut être notre valeur ajoutée. Nous avons ici compris que notre valeur ajoutée pourrait se porter sur les espaces extérieurs. Les dimensions des appartements – T2, T3, T4 – répondent à des logiques économiques. Les espaces extérieurs offrent cependant de plus grandes opportunités : plus de qualité, plus d’espace. Nous avons ici logé les espaces extérieurs dans les vides, les interstices, laissés entre les blocs bâtis. De la rue jusqu’à l’entrée des appartements, les habitant circulent à l’extérieur, dans les interstices, entre la figure de l’immeuble et celle de la maison. Il y a une continuité de circulation. Les terrasses sont généreuses, intimisées par des filets de camouflage, facilement appropriables. On donne là la possibilité aux habitants d’agrandir leur intérieur. Les plans des appartements sont quant à eux très simples. Les typologies s’empilent, et on trouve au dernier niveau une typologie spécifique qui s’apparente à une petite maison individuelle. Le rez-dechaussée se compose d’un poste de police, d’une boulangerie et de bureaux. Réaliser un projet de ce type demande un bailleur social extrêmement volontaire. Il doit agir comme un véritable partenaire. Nous avons construits à la même période un projet qui se situe à Pau, dans le quartier de l’Ousse des Bois. Pau est une ville très riche, mais on y trouve également des quartiers pauvres et largement stigmatisés. Le quartier Ousse des Bois est en ce sens tristement célèbre pour y voir bruler des voitures. Durant les élections municipales de 2008, ce quartier avait fait l’objet d’un important débat, et la maire élue, Martine Lignières-Cassou, en avait fait une priorité. Elle annonçait alors que durant sa mandature, elle allait tout changer. Et elle a effectivement tout changé. La durée d’une mandature ne permet cependant pas de faire –17–


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du projet urbain, trop long, trop complexe. Elle a donc lancé des projets immobiliers tout de suite, et le projet urbain viendrait par la suite. L’ensemble des bâtiments a été rénové avec précipitation, et à l’inverse des grands ensembles, les équipements ont été construits avant l’aménagement. En ce qui nous concerne, nous avons été lauréats d’un concours qui visait à la construction d’un pôle éducatif et culturel, regroupant une école élémentaire, une école primaire, une médiathèque, une crèche, un restaurant et une salle des fêtes.

Le projet s’articule autour d’une venelle qui devait se poursuivre dans le projet urbain. Mais l’urbain devant s’adapter au projet selon une toute autre temporalité, la venelle n’a jamais trouvé de prolongement. Elle s’arrête sur la parcelle du projet, et dessert essentiellement la salle des fêtes. Il nous semblait important ici d’appréhender les conditions permanentes de l’architecture. Nous souffrons toujours de réaliser une architecture qui doive vieillir, affronter le temps. Marjan et moi essayons d’intégrer la dimension temporelle de l’architecture dans nos projets, c’est-à-dire de penser ce qu’il reste de la forme d’un bâtiment une fois que ses fonctions ont évolué. Ce qui constitue la condition permanente d’une architecture est souvent sa structure. C’est elle qui incarne la puissance esthétique d’un bâtiment, celle qui traversera le temps. Cette sensibilité au temps vient surement du fait que nous intervenons essentiellement dans le cadre de rénovations ou de réhabilitations. Quand je 18–18–

projette un bâtiment, j’aime l’imaginer comme une future ruine. Nous sommes des bernardl’ermite de l’architecture. Nous fabriquons des coquilles qui, un jour, seront habitées par d’autres. La fonction d’un projet est importante, mais elle va changer. Cela implique que le projet doive se concevoir « autant que faire se peut ». Il s’agit d’une architecture du « mal foutu », comme l’a très bien théorisé Le Corbusier. Lorsque vous visitez Chandigarh, vous comprenez que le projet de Le Corbusier est éminemment réussi dans la mesure où il est aujourd’hui une magnifique ruine, à la beauté des temples grecs.

Cette architecture accepte les moisissures, les défauts. Les architectes d’aujourd’hui ont bien compris que le savoir-faire sur les chantiers avait disparu. Il faut donc inventer une esthétique qui accepte cela : c’est le mal fichu, le mal construit, qui malgré tout arrive à signifier quelque chose. Pour ce projet à l’Ousse des Bois, il a fallu lutter avec le maçon pour qu’il réalise du béton banché, lutter avec le menuisier pour qu’il accepte de réaliser les volets tels que nous les avions conçus. La beauté d’une architecture est proportionnelle au talent de nos alliés, les artisans. Pas de beauté sans artisan. Le projet fait dialoguer deux matières : le béton, qui parle de la structure, dessine les planchers, et les persiennes bois qui sont soit un portail, soit un brise-soleil ou encore une clôture. Nous sommes des architectes de la commande publique. Le concours est une manière très étrange de faire de l’architecture. C’est une réponse aveugle. Nous ne discutons ni avec le maître d’ouvrage,


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ni avec les futurs utilisateurs. Ca ne viendrait pourtant à l’idée de personne de faire appel à un architecte, de le mettre dans une pièce à côté, de lui envoyer une lettre et de lui demander de faire sa maison ; Mais c’est pourtant bien comme cela que nous produisons l’architecture publique aujourd’hui. Le programme du projet était ici clairement défini. Le R+1 devait être moins construit que le R+2, ce qui engendre un décalage des niveaux qu’il fallait absolument respecter, une forme élégante et complexe.

Nous retrouvons quelques similitudes entre ce projet et celui du collège Marguerite de Navarre, également construit à Pau. Le projet prend place au cœur de la ville, dans un contexte archétypal des établissements scolaires construits dans les années 1960-70 par la DDE : un bâtiment préfabriqué, posé dans l’ignorance du site ; une grande barre, orientée Nord/Sud, générant dans la ville un énorme vide. C’est ce vide que nous avons voulu remplir de manière à recréer un front urbain. Mais le programme ne nous l’autorisait pas. Nous devions uniquement détruire quelques éléments, en rénover d’autres et construire une extension de 3000m2 qui à elle seule ne permettait pas de combler le vide du site. Nous avons donc construit un bâtiment allongé, avec un parvis abrité en rezde-chaussée. C’est la casquette du parvis et le traitement de la grille de clôture qui permettent de créer les conditions d’une façade urbaine. On retrouve dans ce projet l’idée d’un dialogue entre deux matériaux : bois et béton. La couleur

noire est utilisée de manière à lisser les arrièreplans. La performance technique de ce projet réside dans la réalisation du porte-à-faux en béton post contraint, qui est généralement utilisé pour les ouvrages d’art. Ce porte-àfaux de sept mètres produit quelque chose de magnifique, un élément de lien entre le bâtiment existant et l’extension. Je vais à présent vous présenter le centre d’accueil d’urgence à Paris, qui permet d’accueillir tous les enfants maltraités, retirés par la DDAAS de leur famille. Les enfants, âgés de 0 à 18 ans, peuvent y être hébergés pour une durée maximale de un an. La difficulté majeure du projet tenait au fait que chaque niveau devait abriter une classe d’âge, et que la parcelle ne permettait pas de construire l’ensemble des surfaces demandées dans le programme. Nous avons donc conçu un projet en forme de terrasses permettant de multiplier les surfaces de jeu extérieures tout en optimisant l’ensoleillement du cœur de l’ilot. Chaque tranche d’âge a donc son espace extérieur de jeu sur son propre niveau. Le chantier s’est déroulé sur quatorze mois. Compte-tenue de cette faible durée, il était impossible de réaliser du béton coulé sur place. Nous avons donc construit le bâtiment en béton préfabriqué, dialoguant avec des éléments en aluminium.

A Mont de Marsan, nous avons réalisé un centre de formation pour apprentis qui devait accueillir un important panel de formations : cuisine, boucherie, chocolaterie, coiffeur, fleuriste etc. Le terrain se situaient en lisière –19–


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de ville, au bord d’une forêt classée Natura 2000. L’espace public qui préexistait au projet se limitait à quelques trottoirs que l’on empruntait en sortant du bus. Nous avions là l’occasion de travailler sur la notion de limite, et avons proposé un bâtiment-paysage, qui offrait la possibilité d’habiter la forêt tout en dégageant un espace public singulier. La toiture végétalisée du bâtiment permet de générer un paysage collinaire. On perçoit bien, en coupe, de quelle manière la toiture prend naissance sur le sol, s’élève comme un talus, et vient ouvrir le bâtiment vers le Sud. Nous avons composé avec le végétal de telle manière que le sol semble se dérober et laisser glisser sous lui tous les éléments du programme.

Mais cette composition avec le végétal tient aussi du choix des matériaux mis en œuvre. Comme nous nous situions en lisière de forêt, nous avons souhaité que le bâtiment puisse être réalisé avec un matériau du site : le pin des Landes. Cette proposition a dans un premier 20–20–

temps été refusée par la Chambre des métiers, notre maître d’ouvrage. Le pin des Landes est effectivement un bois sans grande valeur, essentiellement utilisé pour la fabrication de papier ou de palettes de transport. Pour l’utiliser en construction, nous trouver des solutions. Nous nous sommes appuyés sur l’expertise d’un pôle de compétitivité qui, dans les Landes, travaillait au développement du projet « ABOVE », c’est-à-dire « Bois Abouté Vert ». Si le pin des Landes est effectivement considéré comme un mauvais bois, c’est essentiellement parce que nous n’avons pas trouvé les techniques pour l’anoblir et corriger ses défauts. Les propriétés mécaniques du pin sont mauvaises. Certes. Il ne s’agira pas de l’utiliser pour des éléments de charpente. En revanche, en l’aboutant, c’est-àdire en le découpant en petites lamelles que l’on colle ensuite les unes aux autres, on parvient à réajuster ses capacités techniques. C’est précisément la technique que nous sommes parvenus à mettre en œuvre pour l’ensemble des vêtures et de la structure des façades du projet. Nous sommes parvenus à construire avec le pin des Landes pour le même prix qu’avec du mélèze qu’il aurait fallu importer de Russie. Cette démarche est cependant presque impossible au regard de ce qu’impose le Code des Marchés Publics, et elle n’est ici que le résultat de la bonne volonté d’une scierie. Il apparaît toujours assez évident en architecture de travailler avec les filières courtes, mais encore faut-il être capable de trouver les techniques juridiques pour le faire. Ce projet témoigne du fait que le travail de longue haleine des Régions au travers des pôles de compétitivité permet de créer des débouchés et d’ouvrir de nouveaux marchés. Je terminerai par un projet que nous avons mené de 2003 à 2005 avec la Faculté d’Architecture et de Paysage de Téhéran. Il faut imaginer l’Iran comme un grand désert entouré de montagnes. Au Nord, la mer Caspienne, à l’Ouest l’Irak. Même si les deux pays sont proches à les regarder sur une carte, la géographie des lieux


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en font des pays éloignés. L’Iran est un pays où il ne pleut jamais.

Cette civilisation trois fois millénaire s’est développée entre désert et montagne. Téhéran incarne une situation métropolitaine exacerbée. En 1945, dans Regards sur le monde actuel, Paul Valéry écrivait « le temps du monde fini commence ». Il exprimait ainsi que la conquête de l’Ouest était finie, et que le monde s’ouvrait vers une nouvelle ère. La ville de Téhéran illustre bien cette situation. Elle s’est étendue plus haut dans la montagne, plus bas dans le désert, jusqu’à complètement envahir son espace naturel. Elle a connu une véritable explosion démographique, passant de 100.000 habitants à la fin du 19° siècle à 12 millions aujourd’hui. Elle a parcouru en cinquante ans le chemin que nos villes traditionnelles parcourent en trois cents. Le rapport ville-campagne n’y existe plus. Les montagnes culminent à 3000m ; la ville est à 1500m d’altitude en son point le plus bas, et 2000m en son point le plus haut. La structuration sociale est très simple : les pauvres en bas, dans la pollution, les riches en haut.

Dans les années 1970, la ville de Téhéran faisait l’objet d’un projet de mise en place d’un système d’égouts. Mais le projet étant financé par le FMI et l’entente avec la ville n’étant pas parfaite, l’argent tardait à arriver au point que le projet en était resté à sa première phase. Le problème avec un projet d’égout est qu’il doit être un projet terminé pour être efficace. Avec moins de 250mm de précipitations annuelles, la seule eau dont dispose la ville est celle qu’elle peut extraire des nappes phréatiques. Le pays entier s’est construit à partir d’une technique d’extraction de l’eau au moyen de « ghanâts ». Il s’agit d’aqueducs souterrains, larges de 80cm et hauts d’1,2m, qui occupent toutes les zones habitées du pays. L’extraction de l’eau repose la une gestion des forces gravitaires. Captée en un point, elle jaillit alors 500m plus bas. Nous les occidentaux sommes un peuple d’arpenteurs. Les grecs ayant inventé la géométrie, nous sommes propriétaires d’un terrain lorsque nous pouvons le mesurer. En Iran, vous êtes propriétaire d’un terrain lorsque vous pouvez l’arroser, c’est-à-dire lorsque vous êtes en mesure de lui donner vie. Le terme de « paradis » vient d’ailleurs du grec « pardis », terme luimême perse qui caractérise l’endroit précis où l’eau jaillit des ghanâts. L’Iran est qualifié de civilisation des eaux cachées, et cette dimension est consubstantielle à la perse. Après un long travail de récolte de données, nous avons réalisé un plan localisant tous les ghanâts de la ville. De manière à optimiser son alimentation en eau, Téhéran a mise en place un certain nombre de barrages souterrains. Mais comme sous chaque maison ou bâtiment se situe une fosse septique et que les barrages ont conduit à faire monter le niveau de la nappe phréatique, nappe phréatique et fosses septiques aujourd’hui se rejoignent, au point que l’eau qui jaillit en partie basse de Téhéran est extrêmement polluée. Cette eau alimente les derniers terrains agricoles, et 80% des malades qui occupent les hôpitaux du Sud de la ville ont –21–


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développé des pathologies directement liées à la consommation des fruits et légumes.

Parallèlement à la structure des ghanâts se développe celle de djoubs. Le ghanât crée un oasis. De cet oasis partent un ensemble de canaux, les djoubs, qui distribuent l’eau dans toutes les maisons et participent à l’irrigation des arbres. Puis l’eau des djoubs passe dans les rivières urbaines qui traversent la ville. C’est à ces rivières que nous nous sommes intéressés. La ville s’est développée tellement vite qu’elle n’a pas eu le temps de les phagocyter. Elles apparaissent alors comme une immense offrande de la nature faite à la ville, la traversant de part en part à la manière d’un parc linéaire. Ces rivières sont d’une immense beauté, mais elles sont sales, polluées, infectées de rats, et constituent le lieu de refuge des émigrés afghans. Elles apparaissent comme l’envers de la ville, et notre travail consistait au contraire à en révéler le potentiel créatif. Nous avons choisi la rivière de Dar Ban au regard de ses caractéristiques urbaines : il s’agissait d’une rivière centrale, qui traversait tout le quartier historique. En Iran, les rivières portent plusieurs noms en fonction de leur localisation. En France, la Dordogne porte le même nom, de sa source à son embouchure. En Iran, le nom change en 22–22–

fonction des quartiers de la ville, de sorte que les habitants sont incapables de reconnaitre que la rivière le long de laquelle ils vont se promener le vendredi est la même que celle qui passe derrière leur maison. Se promener au bord de l’eau constitue en Iran une véritable distraction hebdomadaire. Notre projet revêtait une double dimension : d’une part de révéler le potentiel de cette rivière – un parc – et de l’autre révéler son potentiel environnemental. Nous avons proposé de créer des bassins de rétention et d’opérer à la distinction des eaux blanches, issues de la fonte des neiges, autorisées à traverser la ville, et des eaux noires, polluées, issues des ghanâts et des djoubs. En opérant à cette distinction des eaux, nous en arrivions à ce que la pollution soit égale à elle-même et non à sa capacité de nuisance. L’idée de parc linéaire reposait quant à elle sur l’idée d’une filtration de l’eau au moyen de bassins et de plantes. Par sa transformation, la rivière allait alors pouvoir induire des transformations urbaines beaucoup plus importantes, tout comme la construction d’une ligne de tramway induit une dynamique urbaine. Ces transformations seraient une place, un croisement de rue ou toute autre chose, en fonction du parcours singulier de la rivière. Je vous remercie.


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Question : Merci beaucoup pour cette présentation de vos réalisations. Je souhaiterais que vous abordiez quelque peu la question de vos outils de conception. Comment travaillezvous au sein de l’agence,

Joe Vérons : Je n’ai pas théorisé la méthode de conception de l’agence. Nous sommes deux, Marjan Hessamfar et moi-même. Le projet se construit d’abord par le dialogue. Nous ne sommes pas complémentaires, et sommes souvent en désaccord. Il nous faut donc à chaque fois trouver des solutions, faire naître le débat d’idées, construire le dialogue. C’est précisément cela l’architecture : parvenir à trouver une réponse intelligente à une question complexe. Et une réponse intelligente ne peut naître autrement que par le dialogue. L’architecte Pierre Lajus qui était venu au Symposium il y a quelques années avait eu cette phrase très juste : celle qu’en tant qu’architecte, il nous faut trouver des alliés. Nous ne pouvons faire d’architecture si nous n’avons au moins un allié à nos côtés : un maître d’ouvrage, une entreprise... L’architecture est un combat que l’on ne mène pas seul. L’architecte est la seule personne qui dans le projet, assume la responsabilité morale globale de l’œuvre. Si le projet est raté, le bureau de contrôle peut dire qu’il a bien fait son travail, l’entreprise peut également dire qu’elle a bien fait son travail, mais l’architecte, lui, ne peut pas tenir le même discours. Il porte la responsabilité globale du projet.

Question : On voit que la matérialité est une notion importante dans vos projets. A quel moment le choix du matériau intervient-il dans le processus de conception ? Y-a-t-il une volonté récurrente d’utiliser des matériaux locaux, comme pour le projet de Mont de Marsan ? Joe Vérons : Le projet du Centre de Formation des Apprentis est un projet éminemment esthétique, avec pour fil conducteur l’importance du rapport au site. Pour d’autres projets comme celui du pôle éducatif culturel, la matière que l’on traite est celle d’une architecture banale. Nous sommes dans un programme ordinaire, une architecture du quotidien, avec pour problématique essentielle celle de ses conditions permanentes. Je pense que tous les architectes se posent cette question au moment de la conception d’un projet : « le bâtiment doitil être un objet singulier, ou doit-il s’inscrire dans un grand tout ? ». Nous recherchons une forme de simplicité qui est celle du lieu de manière à ce que le bâtiment puisse trouver sa juste mesure. Je pense que l’architecture souffre aujourd’hui de devoir juxtaposer les projets originaux et singuliers le uns aux autres. J’essaie de faire de l’architecture comme si j’étais repu, comme si j’étais un vieux monsieur qui n’aurait aucun problème de commande ni de notoriété. Je pense à Le Corbusier devant construire Chandigarh. Imaginez… Il devait construire une ville ! Aujourd’hui, une université ; demain, des logements. Je pense que chaque projet doit être abordé dans cet état d’esprit de sorte à ce qu’il ne soit pas pris en otage par notre propre vanité ou par notre stratégie de communication. L’architecture est un art de la commande, nous le savons, mais il faut savoir s’en dégager, et faire de l’architecture comme un vieux monsieur rassasié.

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Question : Je souhaiterais revenir sur le projet du CFA. Pourquoi n’était-il pas possible d’utiliser le pin des Landes ? Joe Vérons : Nous nous sommes confrontés à deux problèmes : l’un technique, l’autre juridique. En théorie, tout le monde s’accorde sur le fait qu’il faut raccourcir les distances d’acheminement des matériaux, et qu’il est plus simple de travailler avec le bois qui se situe à proximité du projet. Mais il faut déjà que ce bois de proximité ait des caractéristiques techniques satisfaisantes. Ça, c’est le problème technique. Pour ce qui est du problème juridique, le Code des Marchés Publics qui se base sur une volonté de transparence et d’équité contraint la logique de localité. Il m’est impossible par exemple de lancer un appel d’offres dans lequel il serait demandé aux entreprises de construire en pin des Landes, puisque cela déterminerai immédiatement le choix d’une scierie, sans mise en concurrence. Il n’y a pas de moyen juridique pour contrecarrer cela. La seule issue réside dans la bonne volonté d’un maître d’ouvrage et d’une entreprise.

Question : Je souhaiterais vous interroger sur la problématique de la production de logements en France. Nous rencontrons actuellement cette difficulté qui tient au fait que les logements que nous produisons sont de plus en plus en décalage avec le besoin des familles et leurs possibilités financières. Le projet de logement 24–24–

que vous avez présenté proposait cependant de vraies solutions pour s’extraire des normes. Vous proposez une typologie qui permet de sortir de la simple cellule pour offrir un mieux-vivre. Quelles sont les pistes de solution que vous imagineriez pour baisser le coût de production des logements ? Joe Vérons : Ce qui est très étonnant en France, et malgré toutes les études qui ont été menées à ce sujet, c’est que nous ne comprenons pas pourquoi le prix des logements a augmenté. L’inflation en France est d’à peu près 2 points ; l’indice BT a quant à lui augmenté de 4,5 points en quinze ans. Il y a déjà là un énorme décrochage. L’aspect règlementaire a évolué, mais pas au point d’expliquer une telle augmentation des coûts. Un logement mieux isolé coûte certes plus cher, mais il est plus économique à l’entretien. En Allemagne, le gros-œuvre d’un bâtiment coûte 20% moins cher qu’en France, et je ne comprends pas pourquoi. Les études nous disent que la seule manière de réduire les coûts, c’est de réduire la durée des études. J’aimerai pouvoir vous donner une réponse, mais je n’en ai pas. Je ne sais pas comment les choses se passent à Montpellier, mais à Bordeaux, il n’y a pas de politique foncière. L’Etat s’est désengagé de la construction. De là, il devient très difficile de mener des opérations.


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Photos : 1 // Amiral Job - Toulouse - 2011. 2 // Espace Monestie - Plaisance du Touch - 2013. 3 // Extension d’une grange - Lesponne - 2010. 4 // 148 logements sociaux - Muret - 2013. 5 // 104 logements ZAC Monges - Cornebarrieu - 2014.

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Agence PPA Architecture ..........................................................

Olivier Companyo Jean-Manuel Puig Guillaume Pujol Charles Séguier Architectes Toulouse - France R épon dant: S arah Dom in g u e z - ét u d i a nt e à l’ E N S A M

Je souhaiterai tout d’abord remercier les étudiants pour leur invitation et les féliciter pour l’incroyable organisation de ce Symposium. Pour avoir participé à l’organisation d’évènements de ce type au sein de la Maison de l’Architecture Midi-Pyrénées, je sais à quel point il faut là travail et rigueur. Cette réussite est très encourageante pour la profession. L’agence PPA résulte de la fusion entre deux agences. Charles Séguier et Olivier Companyo avaient longtemps collaboré au sein de

notre agence Puig Pujol Architectures, avant de fonder leur propre structure, Ping-Pong Architectures. Nous occupions cependant les mêmes locaux, et il nous paraissait évident à terme de poursuivre notre collaboration au travers d’une structure commune. Je représente donc aujourd’hui l’agence PPA, réunissant Charles Séguier, Olivier Companyo, Guillaume Pujol et moi-même. Nous avons fait le choix de vous présenter quelques projets significatifs qui, je l’espère, sauront susciter des discussions autour de la thématique des Métropoles du Sud. –27–


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Le projet “Amiral Job”, situé dans le quartier des Sept Deniers à Toulouse, est un projet assez particulier tant par le programme qu’il mobilise que par le contexte dans lequel il s’inscrit. Le quartier des Sept Deniers est une entité spécifique, coupé du reste de la ville par la Garonne d’un côté, et la rocade de l’autre. De cette faiblesse, il en a fait une force : celle de fonctionner comme un véritable village, très actif avec de nombreuses associations. Ces associations se sont mobilisées avec force pour récupérer le bâtiment « Amiral Job », qui accueillait la célèbre papèterie Job avant son démantèlement. Aux Sept Deniers, il y a un attachement fort à ce site qui a longtemps fait vivre le quartier. Le démembrement de ce lieu chargé d’histoire a suscité d’importantes luttes sociales. Longtemps conservé en l’état de friche urbaine, le bâtiment a d’abord été investi par des tagueurs et divers mouvements alternatifs qui, d’une certaine manière, ont permis de prolonger l’occupation et une certaine attractivité du lieu. Suite à la pression des associations, la réhabilitation a été engagée et nous avons eu la chance d’être retenu pour le projet. Dès les premières études de diagnostic, nous nous sommes rendu compte que toute la structure en béton était carbonatée, au point qu’il était impossible de conserver la grande halle centrale. Les vapeurs que les procédés industriels de la papèterie dégageaient avaient très certainement endommagé les armatures métalliques des bétons. Cette donnée structurelle, impossible à déceler avant le diagnostic, remettait totalement en cause le programme initial. Avec un budget très limité, il nous fallait conserver et rénover ce qui pouvait rester de significatif du bâtiment “Amiral” en créant une piscine municipale, une école de musique professionnelle et une MJC de quartier. Les éléments de programme répondaient à des demandes des associations mais aucune réflexion n’avait été menée quant à l’articulation de ces différentes entités. Nous avons donc travaillé sur cette problématique en tant qu’élément constitutif du projet. Au delà de la juxtaposition des programmes, nous avons cherché à créer des interfaces en utilisant 28–28–

les distributions et donc proposer des lieux de rencontre entre les différents publics. Nous avons aussi valorisé les possibles mutualisations, par exemple, entre la MJC et l’école de musique, les espaces de répétition pouvaient être mutualisés. Nous avons donc ainsi créé l’opportunité de proposer la réalisation d’une véritable salle de spectacle, qui sert à la fois de salle de répétition pour l’école de musique, de salle de représentation pour la MJC, et qui est devenue une entité supplémentaire en tant que salle de spectacle autonome.

Nous n’avons pas cherché à faire une architecture. L’architecture était déjà présente. Nous cherchions en revanche à créer un lieu. Notre intervention reste discrète. On utilise le dispositif du monochrome blanc pour relier les éléments de patrimoine et contemporain. Conçus selon des logiques économiques, les procédés industriels, renvoient au caractère industriel du lieu. Le travail avec les associations s’est révélé extrêmement important. La première chose que nous avons faite était d’aller à la rencontre des associations pour travailler à l’élaboration d’un programme ouvert, généreux et complexe. Le projet s’est donc véritablement construit avec les utilisateurs. Cette démarche s’est révélée fondatrice. Nous essayons de partager la conception avec les utilisateurs et d’inclure la question de l’usage très en amont dans le


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processus de conception.

La notion d’espace public est ici constitutive du projet. Les espaces de distribution sont le prolongement de l’espace public. Nous l’avons conçu comme un espace neutre et appropriable de manière à ce qu’il puisse accueillir toutes les opportunités de manifestations. L’été, par exemple, il permet l’organisation de grandes fêtes pour l’école de musique et la MJC. L’école de musique en elle-même est simple, mais ses fonctions ont été étudiées avec précision. Chaque espace a été travaillé pour correspondre parfaitement à son usage. La neutralité de l’aménagement permet quant à elle une plus grande appropriation de la part des utilisateurs. Il est important de trouver la juste mesure des choses, quitte à paraître un peu pauvre ou trop neutre. La neutralité impose de ne pas surdéterminer un bâtiment que l’on ne construit pas pour nous, mais pour ses utilisateurs.

La piscine constitue un élément fort en terme de fonctionnement. Les aménagements d’une piscine génèrent souvent un inconfort à la fois acoustique et visuel. Nous avons ici cherché à la « purger » d’une surabondance de signaux colorés et avons travaillé sur la qualité de sa lumière naturelle. La façade patrimoniale, au Nord, amène une belle lumière, constante, tandis que sur la façade Sud, l’ombrière en métal perforé fait participer l’ensoleillement. Le soir venu, le bâtiment éclairé de l’intérieur a une présence forte et singulière dans la ville. Il est en fonctionnement 7 jours sur 7, de 8h à 22h, et plus tard encore les soirs de concerts. Nous l’avons construit avec un budget de 8 millions d’euros, ce qui correspond au budget moyen d’une piscine municipale de 25m. Ce travail, qui a duré plusieurs années, continue de structurer notre réflexion.

A 25 kilomètres de Toulouse, dans la petite commune de Plaisance-du-Touch, nous avons remporté un concours qui visait à la réalisation d’un équipement regroupant une salle des fêtes, une salle de spectacle, deux salles de cinéma ainsi qu’une brasserie, en prolongement d’un complexe existant qui accueillait un gymnase, une salle de sport et une salle de cinéma. Nous avons remporté ce concours en proposant quelque chose qui allait un peu plus loin que le programme demandé. Comme pour le projet Amiral Job, nous avons travaillé sur les interfaces entre les éléments de manière –29–


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à créer de véritables lieux de vie, des lieux de rencontre, d’intensité urbaine. Le projet se construit à partir de l’existant. Nous avons développé les différentes salles demandées par le programme selon un même gabarit, puis avons habillé l’ensemble d’une peau en aluminium pour constituer un tout. Depuis le parking qui préexistait à l’opération, on accède à l’équipement par un espace de distribution couvert, un “plus” du programme. Cet espace est pensé comme une pièce supplémentaire et fait référence à un hall d’hôtel particulier. Il est utilisé par l’ensemble des programmes, c’est dans cet espace que les gens attendent pour se rendre dans les salles de cinéma, c’est aussi le vestibule de la salle de concert, la terrasse de la brasserie. Il s’agit là d’un espace polyvalent qui peut autoriser une grande diversité de manifestations : un cinéma d’été avec projection extérieure, un vide grenier etc.

La salle de spectacle est conçue comme une grande boîte noire, simple et modulable. La salle des fêtes reprend exactement le même gabarit. Ces deux salles sont reliées par une cloison escamotable de manière à pouvoir n’en créer qu’une seule à l’occasion de grandes manifestations : festival de Jazz, cirque, et bientôt tournoi de boxe. Cette modularité fonctionne également pour les salles de sport, qui peuvent être subdivisées ou regroupées, le tout permettant de disposer d’un plateau de 2000 m2. Grace à la modularité, la maîtrise d’ouvrage dispose donc d’un mini parc des expositions qui n’était pas demandé au programme. Ils ont pu organiser un salon 30–30–

de l’art et de l’artisanat qui sera désormais reprogrammé tous les ans. Notre travail sur ce projet a été de faire émerger de nouvelles potentialités pour créer un bâtiment-outil pour la commune.

Je vais désormais vous présenter 3 projets de logements. Le premier se situe dans les Pyrénées, dans la vallée pastorale de Lesponne, site protégé qui nous a amené à travailler en étroite collaboration avec l’Architecte des Bâtiments de France. Un client privé, ancien entrepreneur du BTP et petit-fils de berger, avait rénové sa grange, seul, d’une manière très pertinente. Il souhaitait y voir construire une extension pour recevoir sa famille. Persuadé qu’il ne serait pas possible de construire à cet endroit quelque chose de contemporain, il nous avait demandé de concevoir une fausse vieille grange, construite avec des pierres de récupération. Cette démarche ne nous convenant pas, nous avons passé beaucoup de temps à échanger avec lui et à le convaincre que l’Architecte des Bâtiments de France pourrait devenir un allié pour le projet. Nous sommes allés le rencontrer avec un solide dossier de références, l’amenant à admettre que sous certaines conditions, une architecture contemporaine pouvait exister dans ce site protégé. Il n’était pas question de faire


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une architecture démonstrative. L’architecture principale était la grange et l’extension devait être une architecture d’accompagnement. Concevoir une extension, insérée dans un paysage exceptionnel, adossée à la forêt et ouverte sur la vallée. Il nous fallait également répondre aux besoins du propriétaire. En montagne, une grange, c’est un endroit pour s’abriter. On se protège de l’extérieur, les ouvertures sont petites et les vues filtrées. Le propriétaire souhaitait que l’extension permette une fusion avec le site. Nous avons donc incisé le terrain, récupéré les matériaux sur place, de manière à construire “dans” le paysage. L’extension bénéficiait ainsi de toutes les qualités de son environnement. Nous avons essayé de répondre à l’attente du pittoresque pyrénéen tout en construisant une démarche contemporaine.

Nous changeons désormais d’échelle avec le projet de logements que nous avons réalisé dans la commune de Muret, située à environ 20 kilomètres au Sud de Toulouse. La commune faisait l’objet d’un plan de renouvellement important dans les quartiers sociaux au Nord. Notre site d’intervention formait un grand triangle, occupé par un ensemble bâti de 170 logements, construit durant les années 60. Cet ensemble avait été construit avec intelligence autour d’un centre commercial qui avait du animer le quartier. Ce centre était malheureusement fermé depuis plusieurs années, privant le quartier de toute forme de dynamisme, et participant d’une dégradation de la qualité de vie qu’il pouvait offrir. Le bailleur social, Promologis, nous avait confié le projet de construction de nouveaux immeubles de

logements. Un bâtiment en copropriété était conservé, avec ses commerces en rez-dechaussée.

Pour répondre à la nécessité du phasage opérationnel, le choix a été fait de travailler avec la morphologie de bâtiment-Plot. Démolition du centre commercial central et remplacement par deux plots de logements, puis démolition des barres restantes et remplacement par quatre autre plots, de manière à ce que les habitants puissent être progressivement relogés. Il s’agissait pour nous de construire dans un parc paysager, servant de lien entre différentes entités avoisinantes : des résidences privées, de l’habitat pavillonnaire, mais également le centre-ville et des quartiers plus au Nord. Nous avons crée une place publique, animée par des commerces situés au rez-de-chaussée des plots attenants et qui accueille le marché. La question de la résidentialisation constituait un élément important à prendre en compte dans le projet. L’héritage des bâtiments des années 60 constituait sur ce point un véritable traumatisme pour les habitants, et nous savions que les dispositifs de résidentialisation, habituellement plébiscités par Promologis, constituaient ici un non-sens architectural et urbain. Il fallait trouver une solution intermédiaire, « pacifiée ». Nous avons proposé de créer un premier seuil au projet en créant tout autour une noue, franchissable par des passerelles pour accès au parc puis de distribuer tous les logements. Les immeubles étaient pourvus d’une petite cour permettant d’en négocier l’entrée. Les habitants –31–


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pouvaient là percevoir progressivement le changement d’échelle jusqu’à chez eux. Pas de changement brutal, mais au contraire une transition douce entre ce qui relève du public et du privé. Le projet a été élaboré avec la paysagiste Emma Blanc et l’on voit bien que le parc a ici autant d’importance que les constructions. Les bâtiments sont simples et rationnels. Les appartements sont disposés aux quatre angles du plot, bénéficiant tous d’une double orientation et de loggias préfabriquées de 9m2, qui constituent de véritables pièces extérieures. La compacité du bâti, traité en béton préfabriqué est économique et permet de très bonnes performances énergétiques. Pour ce qui est de la constitution du parc, nous ne souhaitions pas faire circuler des centaines de camion sur le site pour ramener de la terre végétale. Nous avons donc conservé tous les sols en place et avons re-fertilisé les terres. Nous avons mis en place des zones test pour tester les essences locales et avons construit le projet petit à petit, en fonction des éléments du contexte.

Promologis assure l’entretien de tous les espaces verts, taille les arbres et travaille en soustraction en fonction de la pousse des sujets. La densité du projet de reconstruction des 148 logements sur le site, nous a permis de libérer un hectare de réserve foncière. Et il est aujourd’hui question de construire de nouveaux plots en accession sociale sur cette emprise. En transformant l’image du quartier, il s’ouvre désormais à une plus grande mixité sociale.

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Je terminerai mon intervention en vous présentant une opération en cours. Le site se situe dans l’Ouest toulousain, à proximité de l’aéroport et des usines de construction de l’A380, dans une ZAC très qualitative aménagée par Bruno Fortier, en association avec Michel Desvignes, Bonnet-Bigarnet et Citéservices. Le projet est structuré à partir du paysage, soit une grande forêt existante, qui se voit complétée par un parc, qui lui-même sert de trame à l’aménagement des ilots. Joe Vérons parlait ce matin du devenir de ce qui est construit. Dans ce cas précisément, la qualité paysagère préexistait au projet. Nous avons donc remporté un concours qui prévoyait la construction d’un ilot de cents logements regroupant des collectifs et des maisons de ville. Nous n’étions pas convaincus par l’idée de construire des maisons de ville à cet endroit et avons donc proposé quelque chose de différent. Il fallait certes de l’individuel, car choisir d’habiter en ce lieu, c’était choisir d’habiter un logement individuel à la campagne. Nous avons prolongé le principe de la ZAC, en proposant trois clairières dans lesquelles nous avons implanté de petits ensembles de logements que nous avons appelé unités d’habitations. Ces unités regroupaient et combinaient cinq ou six logements. Le logement de base de trame carrée est entaillé pour créer une terrasse / jardin. Les unités d’habitation sont organisées dans le site en fonction des courbes de niveau, des orientations et des vues. Leur implantation détermine les cheminements piétons, venelles


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et placettes. Ces espaces de distribution et de vie participent à la volonté de se différencier du lotissement pavillonnaire. Cents maisons ont ainsi été créées, chacune avec son jardin, sa terrasse et son accès indépendant. Les murs de clôture font partie de la volumétrie en continuité avec le bâti, ils protègent des vues et intimisent les espaces privatifs des jardins. Deux des trois clairières ont actuellement été livrées, la troisième étant en attente de réalisation. Je vous remercie.

Jean-Manuel Puig : Il y a chez nous une volonté d’écrire le projet avant de le dessiner. Cela vient du fait que nous sommes quatre associés à l’agence, et que nous devons travailler en association. Nous avons également pu collaborer de manière fructueuse avec Jean Guervilly, Xaveer de Geyter, ou encore avec OMA. Nous avons donc appris à concevoir un projet partagé. Cela implique que le projet doive être pensé avant d’être dessiné. On s’aperçoit dans nos expériences du quotidien, avec les maîtres d’ouvrage ou les utilisateurs, que si l’on sur-dessine le projet, il n’est plus « leur » projet mais tend à devenir « notre » projet. Il s’agit de rester auteur tout en acceptant une certaine forme de neutralité. Il faut savoir s’arrêter, trouver la mesure, un équilibre. Notre travail ne cherche pas à imposer. Nous cherchons à être juste et si possible pertinent. Nous assumons le fait d’être des architectes régionaux qui travaillent sur des programmes ordinaires et produisent une architecture du quotidien. Question : Vos projets jouent souvent des effets de transparence et de lumière. S’agit-il d’une volonté esthétique de votre part ?

Question : Vous intervenez sur des projets de nature variée, aux échelles diverses, et vous avez insisté sur l’idée de créer de véritables lieux, sans créer d’architecture. Quel serait le fil conducteur de ces architectures discrètes ?

Jean-Manuel Puig : Non, il ne s’agit pas d’une volonté particulière. Comment faire de l’architecture sans travailler avec la lumière ou la matière ? Ces thématiques sont transversales à tous les projets, mais chaque projet a sa propre histoire.

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Joe Vérons disait plus tôt que l’architecture était la réponse intelligente à une question complexe. Il faut savoir être juste. J’aimerai faire une architecture comme s’il s’agissait de faire un outil. Une clé à molette ou un trombone sont des réponses simples d’une grande intelligence et cela leur donne une dimension esthétique intemporelle. Question : Sur l’opération de la ZAC de Monges, j’aurais aimé savoir de quelle manière vous avez géré la problématique de la voiture. Jean-Manuel Puig : Le principe est d’avoir une voie de desserte pensée comme une route de montagne à sens unique, qui dessert plusieurs petites poches de stationnement ombragées. La voiture est ainsi contenue. De ces stationnements on emprunte les venelles piétonnes qui desservent alors chaque logement. Nous avons travaillé les circulations piétonnes, en espérant créer des lieux de vie confortables et vivants.

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Photos : 1 // Tour & Taxis Park - Bruxelles - en cours. 2 // 55000 hectares pour la nature Bordeaux - en cours. 3 // Pearling Pathway - Muhharaq - 2014. 4 // Sunken garden - Londres - 2010.

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Bas Smets ..........................................................

Bas Smets

Architecte paysagiste Bruxelles - Belgique R épon dant : C amille L a w - We n - Ta i - é t u d iant e à l ’E N SA M

P A Y S A G ES Q u ’ e s t-c e qu ’u n pays a g e ? Comme nt e s t- i l co n çu ? Co mm ent e s t-il cons tr uit ? L ’ e x po sit io n expl o re la r e la tion e ntr e i m a g e et réal it é à t ra v e r s le pr oje t de p a ys a g e. À part ir d ’u ne le ctur e pr é cis e du te r rit o ire, l e pro j e t tr a ns for me le “ p a ys ” en “paysage”. Le “pa y s ” e s t la r é a l i té exist an t e et l e point de dé pa r t, ta n di s qu e l e “paysag e ” cons titue un e ns e m b l e c o mpréh en sible , r e pr é s e nté p a r u n e image. L e p r o jet d e paysage e s t r é a lis é à

tr a v e r s un pr o ce ssu s e n d e u x te mp s: le “pa y s a g e i ma g i né ” e t l e “ pa ysa g e r é a lis é ”. Le p a ys e st d ’ a bo r d tr a nsf o r mé e n “pa y s ag e i ma g i né ” d a ns u ne sé r i e de r e che r che s g r a phi q u e s q u i r é vè l e l a v oca tion d ’ u n l i e u d o nné . Ens uite , ce s i ma g e s p e r me tte nt d’e ng a g e r l a tr a nsf o r ma ti o n r é e l l e du te r r a i n é tu d i é , a b o u ti ssa nt à un “pa y s a g e r é a l i sé ” . La r é a l i té tr a ns for mé e pr o d u i t e l l e - mê me d e nouv e lle s p e r ce p ti o ns, cr é a nt u n pr oce s s us i nti me e ntr e i ma g e e t r é a l i té . –37–


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INV E N TI ON D U P A YSAGE L a no t io n d e “paysag e ” a é té inv e nté e p o u r n o m mer u n genr e pictur a l qui e s t a p p a r u au c o u rs d u XV e s iè cle da ns le s F l a n dres. C e s premiers “paysag e s ” s ont pe ints g r â ce à l ’in sert io n de fe nê tr e s , qui dé c o u pen t u n c ad re indé pe nda nt de la s c è n e représen t ée a u pr e mie r pla n, e t p e r m et t en t u n e vu e s ur le s a le ntour s . Ai n s i , l e c ad re c o n fè r e a u pa y s a g e une a u to no m ie, t an t d ans le conte nu que da n s l a fo rm e. L es pr e mie r s pa y s a g e s i l l u s tren t u n e réal it é idé a lis é e où tous l e s é l émen t s d u pays a g e s ont or donné s s e l o n l es règl es d e l a pe r s pe ctiv e . P A Y S VER S US P A YS AGE L e s tabl eau x d e pay s a g e s n’a s pir a ie nt nu l l e men t à l a rep r é s e nta tion de la r é a l i t é. L es pein t re s puis a ie nt le ur i ns p i rat io n d an s d es te x te s r e lig ie ux e t m yth ol o giqu es. On re ma r que d’a ille ur s q u e ces pein t res pe ig na ie nt s ur tout de s p aysages qu i n ’e x is ta ie nt pa s da ns l e u r pl at pays. Il a fal l u at t en d re le XVIII e s iè cle a va nt qu e l a n o t io n de “pa y s a g e ” ne s o i t ut il isée po u r n omme r le te r r itoir e e x i s ta n t . À part ir de ce mome nt, le te r r i toire est d éc ouv e r t e t dé cr it à tr avers l es n o t ions is s ue s de la p e i n tu re d e paysage . Ains i, le pa y s a g e n’ a pas d e réal it é phy s ique , c’e s t u n e r eprésen t at io n d’un te r r itoir e . La di f f é r en c e en t re “pay s ” e t “pa y s a g e ” e s t e ssen t iel l e : l e pa y s cons titue la r é a l i t é ph ysiqu e, l e pa y s a g e e n e s t u n e perc ept io n . Un pa y s a g e pe ut ê tr e dé f i ni c o m me u n e im ag e pa r ta g é e d’une p a r ti e d u t errit o ire.

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PAYS SAN S P A Y S A G E U ne te lle i ma g e co mmu ne f a i t d é f a u t e n Be lg ique . Le te r r i to i r e be l g e ne po ssè d e ni le pa ysa g e né e r l a nd a i s f a br i q u é p a r l’homme , ni l a to p o g r a p hi e p r o no ncé e de la Fr a nce e t d e l ’ A l l e ma g ne . Le pl a t pa y s ne g é nè r e p a s d ’ i ma g e s f o r te s de s e s pa ysa g e s e t, p a r co nsé q u e nt, n’a qu’une f a i bl e r é si sta nce f a ce à l’é ta le me nt u r b a i n, a u d é ve l o p p e me nt de s infr a s tr u ctu r e s e t à l ’ i nte nsi f i ca ti o n de l’a g ri cu l tu r e . U ne u r b a ni sa ti o n dis pe r s é e a ve c u ne d e nsi té qu a si me nt cons ta nte e n e st l a co nsé qu e nce . E n r a is on du pe u d ’ é l é me nts na tu r e l s dont e lle b é né f i ci e , l a Be l g i q u e , e t e n pa r tic u l i e r l a F l a nd r e , p e u t ê tr e qua lifié e d e “ p a ys sa ns pa ysa g e ” . C e qui e n f a i t, p a r e x ce l l e nce , u n la bor a toi r e d e p r o j e ts d e p a ysa g e .

TABLEAU DE P A Y S A G E E T P R O JE T DE PAYSAGE Le pr ojet d e pa ysa g e pe u t ê tr e cons idé r é co mme u n pr o l o ng e me nt de la dé co u ve r te d u p a ysa g e d a ns la pe intu r e . A l o r s q u e l a pe i ntu r e r e pr é s e nte u n pa ysa g e i d é a l i sé , l e pr oje t de p a ysa g e co nstr u i t ce tte ima g e s ur l e te r r i to i r e . Il e st né ce ssa i r e de dis ting u e r d e u x mo me nts d a ns l a cons tr uct i o n d ’ u n pr o j e t d e p a ysa g e : l a r e pr é s e nta ti o n d ’ u n te r r i to i r e d a ns u n “pa y s a g e i ma g i né ” e t sa co nstr u cti o n a me na nt a u “ pa ysa g e r é a l i sé ” .


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BB S 1 4 2 I B RUGES - KNO KKE AUT O ROUTE A 11 L e p r ojet d e l ’A 11 e s t un de s cinq g r a nd s pro jet s d ’in fr a s tr uctur e s e n F l a n dr e. D o u z e k il o mè tr e s d’a utor oute co m p l èt en t l e t rajet e ntr e le por t de Z e e b r uges et c el u i d ’ Anv e r s . Le tr a cé s ’ i n tè g re d an s l es polde r s , te r r itoir e g a g né su r l a mer par l’homme . T ous le s é l é m e n t s d u paysage ont é té a ppor té s p a r l ’ h o m me afin d e cr é e r un pa y s a g e f o n cti on n el , c apabl e de r e te nir l’e a u, de s ta bil iser l es d igue s e t d’a r r ê te r l e ve n t. L e pl at pays g é nè r e a ins i un p a ys a g e vert ic al .

C e p aysage c o n st ruit pe r me t pa r e x ce l l en c e u n e l ec t ur e de s é lé me nts q u i l e c o n st it u en t . Ce tte le ctur e de s i nte r ve n t io n s h u main es r é v è le nt tr ois typ o l o gies d e paysag e s : le ‘Pa y s a g e In f r a s tru c t u rel ’ m arqué pa r de g r a nde s i nte r ve n t io n s t el l es que le s ca na ux du X IX e sièc l e et l eur s a lig ne me nts e n p l u sieu rs ran gée s , le «Pa y s a g e L i n é a i r e’ représen t ant le s v oir ie s p r i m a i res et l eu rs pl anta tions s ur dig ue e t l e ‘ Paysage F ragme nta ir e ’ cons titué de h a i e s brise-ven t qui e ntour e nt de s f e r m e s iso l ées. Ch aq ue ty polog ie de p a ys a g e est d éc o mpos é e da ns s e s é l é m e n t s paysagers, r é s ulta nt e n un

ca ta log ue d ’ i nte r ve nti o ns po u r l e pa y s a g e de s p o l d e r s. La ca r to g r a phi e de s é léme nts str u ctu r a nts des tr ois ty pol o g i e s r é vè l e l e P a ysa g e Ex e mpla ir e d u te r r i to i r e , qu i d e vi e nt l a r é fé r e nce po u r cha q u e i nte r ve nti o n. Le pr oje t d e l ’ a u to r o u te r e p r e nd l e s é lé me nts ex i sta nts a f i n d ’ i nté g r e r l e s v oie s da ns l e u r p a ysa g e e nvi r o nna nt. Ains i, il ne s’ a g i t pa s d e ma sq u e r l’a utor oute , ma i s a u co ntr a i r e d e r e nfor ce r l e s tr o i s typo l o g i e s d e pa y s a g e s à tr a ve r s u ne su cce ssi o n d’inte r v e nti o ns, co mp l é ta nt ce l l e s q u i a v a ie nt cr é é l e s po l d e r s. Le pr oje t d i sti ng u e tr o i s sé q u e nce s de l’oue s t ve r s l ’ e st. Le p a ssa g e de l’a utoro u te à tr a ve r s u ne zo ne indus tr ie ll e d e vi e nt l ’ o ppo r tu ni té d e pla nte r d e s ha i e s br i se - ve nt a u to u r de s bâ tim e nts i nd u str i e l s. Là o ù a upa r a v a n t l e s ha i e s p r o té g e a i e nt le s fe r me s d u ve nt, a u j o u r d ’ hu i , e l l e s e mpê che nt l a vu e su r l e s ha ng a r s. La zone industr i e l l e e st a i nsi i nté g r é e da ns le P a ysa g e F r a g me nta i r e d e s fe r me s e n to u r é e s d ’ u ne vé g é ta ti o n de ns e .

Entr e le s d e u x ca na u x , l ’ a u to r o u te dé limite la zo ne po r tu a i r e d u p a ysa g e de s polde r s. Ce tte d é l i mi ta ti o n e st conç ue co mme u ne l o ng u e d i g u e , pla nté e d e pe u pl i e r s e t d e sa u l e s à l’ima g e d e s d i g u e s e x i sta nte s. V ue de pui s l e s p o l d e r s, l ’ a u to r o u te –39–


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r e n f o rc e ain si l e Pa y s a g e Liné a ir e . L ’ a u toro u t e t raverse e nfin le s polde r s a va n t d e se c o n n e cte r à une r oute n a ti o n al e. Cet t e d erniè r e , pla nté e d’un tr i p l e al ign em en t , ajoute un nouv e l a x e n o r d-su d au P aysage Infr a s tr uctur e l. A u tot al pl u s d e cinq mille a r br e s s e r o nt pl an t és. L e pr oje t r é intr oduit l ’ o r m e , arbre qu i avait dis pa r u à ca us e d e mal ad ies, ain si que d’a ncie nne s e s p è c es d e peu pl ier s d’une long é v ité p l u s i m po rt an t e. L o ca l i sat io n : F l an dr e occide nta le , B e l g i qu e P é r i o de: 2011 - 2017 (e n cons tr uction) M a î tr ise d ’o u vrage: C ons or tium V ia B r u g g e po u r Via-I n ves t A r ch i tec t e: Z w art s & J a ns ma

B B S 1 8 3 I B OR D EA UX 5 5 . 000 HA P OUR L A NAT U RE L a su perfic ie d e la Communa uté u r b a i n e d e B o rd eau x compr e nd 5 5 .0 0 0 h e cta res d o n t l a m oitié e s t compos é e d ’ e s pac es n at u rel s. L’é tude ‘5 5 .0 0 0 ha p o u r l a Nat u re’ qu estionne le r ôle de la n a tu r e d an s l es pro je ts mé tr opolita ins à tr a vers l es t rames v e r te s e t ble ue s .

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L’e s pa ce co mp r i s e ntr e l a G a r o nne e t l’O cé a n A tl a nti qu e e st co nsti tu é d ’ u n e ns e mble d e mi l i e u x na tu r e l s d o nt le pr inci pa l é l é me nt e st l ’ e a u , so u s toute s s e s f o r me s. S u r l e te r r i to i r e de la Cub , ce tte e a u ci r cu l e pa r l e bia is d’un r é se a u d e r u i sse a u x , j a l l e s e t e s te ys, r é g u l i è r e me nt e spa cé s e t pe r pend i cu l a i r e s a u f l e u ve . Ce s cour s d’e a u r e l i e nt e ntr e e u x l e s tr o i s g r a nde s str u ctu r e s g é o g r a p hi qu e s pa r a llè les a u f l e u ve : l e s pl a te a u x for e s tie r s, l e s te r r a sse s a l l u vi a l e s e t la pla ine f l u vi a l e . Le s pla t e a u x so nt e sse nti e l l e me nt occupé s pa r l a f o r ê t, q u i vi e nt a u conta ct d e l a p a r ti e o u e st e t no r d oue s t de l ’ a g g l o mé r a ti o n. A l ’ e st, l e s cote a ux ma r q u e nt l a p r é se nce d e s pla te a ux f o r e sti e r s j u sq u ’ a u co e u r de l’a g g l o mé r a ti o n. O n y tr o u ve l a plupa r t d e s g r a nd e s zo ne s d ’ a cti vi té é conomiq u e . La pla ine f l u vi a l e a ccu e i l l e l e s occupa tions les pl u s a nci e nne s, v ille hi sto r i q u e e t g r a nd s si te s indus tr iel s, ma i s a u ssi l e s pr i nci p a u x e s pa ce s ma r a î che r s e t zo ne s hu mi d e s. Inonda ble , e l l e se ca r a cté r i se p a r u ne for me pa r ce l l a i r e i ssu e d u d r a i na g e . Entr e ce s d e u x g r a nd e s e nti té s, se dé v e lopp e nt l e s te r r a sse s a l l u vi a l e s, s ite pr inci pa l d ’ e x te nsi o n d e l a vi l l e


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a u X X e sièc l e. En c ad ré a u nor d pa r de g r a n ds espac es agric ole s e t a u s ud pa r l e s vi g n o bl es, c et espa ce e s t occupé p o u r l ’essen t iel par de s qua r tie r s d ’ ha b i tat in d ivid u el a u s e in de s que ls r e s te n t d e n o m breux e s pa ce s de n a tu r e . E n s ’ a ppu yan t su r l es tr ois s tr uctur e s p a ys a gères paral l èl es a u fle uv e e t s ur le r é s e a u d ’affl u en t s qu i le s r e lie , l’é tude p r o p o se d e d ével o ppe r une tr a me , s u p p o rt d ’u n rappo rt r e nouv e lé e ntr e l a vi l l e et l a n at u re. S’a ffr a nchis s a nt d u s yst ème rad io c o nce ntr ique qui a p r é va l u d an s l e d év e loppe me nt de l ’ a g g l o mérat io n , el l e pe r me t de r e lie r l e s te r rit o ires en t re eux e t de pe r ce v oir

s a ns hié ra r chi e l e u r d i ve r si té . E n me tta nt e n va l e u r l e s d i f f é r e nts type s de milie ux na tu r e l s q u ’ e l l e g é nè r e a u s e in de s tissu s ha b i té s, i l se r a p o ssi bl e de modifier l e mo d e d e f a b r i ca ti o n d e l’e s pa ce ur b a i n e t d e f a i r e d e l a na tu r e s a tr a me p r i nci pa l e . Loca lis a tion: Bo r d e a u x , F r a nce Pé r iode : 20 1 2 - 2 0 1 4 M a îtr is e d ’ o u vr a g e : Co mmu na u té ur ba ine de Bo r d e a u x Equipe de co nce p ti o n: Bu r e a u Ba s Sme ts , mand a ta i r e e n colla bo r a ti o n a ve c T r a nsso l a r , l’AU C, O ff i ce KG DV S , N F U , V U B- E S S C, Ca fs a , La m s e t S é ba sti e n M a r o t

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B B S 1 8 5 I B R UX EL L ES P AR C D E TOUR & TA XIS L ’ a nc ien t errain indus tr ie l de 45 h e cta res d e To u r & Tax is e s t tr a ns for mé e n n ou veau qu art ier da ns le ce ntr e de B r u x e l l es au t o u r d ’un g r a nd pa r c de 12 h e cta res.

Il r é cupèr e l e s e a u x pl u vi a l e s e ntr e la pla ce Bo cksta e l e t l e ca na l . Le te r r a in a ctu e l a va i t é té a p l a ni e t impe r mé a bi l i sé pa r l ’ a ppo r t d e g r a vi e r s pour l’org a ni sa ti o n d ’ é vé ne me nts su r le s ite . Da ns un pr e mi e r te mp s, l a co u che s upé r ie ure d u te r r a i n e st d é ca p é e e t filtr é e e n d i f f é r e nts co mpo sa nts : te r r e v é g é ta le , sa bl e e t g r a vi e r s. S a ns a ppo r t de nouv e a u x ma té r i a u x , ce s d é b l a i s s ont utili sé s p o u r r e mo d e l e r l e si te à l’ima g e d ’ u n pa ysa g e va l l o nné . Le s e a ux pluvi a l e s so nt a i nsi r é cu pé r é e s a u niv e a u le p l u s b a s, e n d e sso u s d e d e u x g r a nde s p e l o u se s, d a ns d e u x b a ssi ns de r é te nti o n cr é é s a ve c l e s g r a vi e r s r é utilis é s . U ne f o i s l a to p o g r a p hi e modifié e , d e s a r br e s so nt p l a nté s su r le s cote a u x d u va l l o n.

L a l e c t u re d u t erritoir e a r é v é lé une h ydr o graph ie spéc i fique a utour de B r u x e l l es. L e t erritoir e n’e s t pa s c a r a c t érisé par une topog r a phie p r o no n c ée, d ’o ù r é s ulte une h ydr o graph ie ram ifié e dr a ina nt le s e a u x pl u vial es vers le fle uv e de la S e nn e . L a vil l e a pe r du s on fle uv e c e n tr al l o rs d e sa ca na lis a tion s ous l e c en t re-vil l e, ma is le s a fflue nts s o nt en c o re appare nts . H uit d’e ntr e e u x réc u pèren t au jour d’hui le s e a ux p l u vi a l es et rel ien t un g r a nd nombr e d ’ e s p a c es vert s en u n s y s tè me de pa r cs tr a ve r san t l e t erritoir e . Le s g r a nds p a r cs d e B ru xel l es cr é é s a u cour s du X IX e sièc l e ren fo rc e nt la topog r a phie d e c e s val l o n s sec o n da ir e s . L’e ns e mble d e s parc s et d es espa ce s v e r ts , r e lié s p a r l eu rs affl u en t s, offr e une nouv e lle i m a g e et révèl e l e P a y s a g e Ex e mpla ir e d u te rrit o ire bru xel l ois . L e s i te d e To u r & Taxis s e tr ouv e s ur le ve r s a nt o u est d e l a va llé e de la Se nne e t s ’ i nsc rit d an s c e sys tè me d’a fflue nts . 42–42–

Pa r la s ui te , l a pl a nta ti o n d e tr o i s mi l l e a r br e s pio nni e r s g a r a nti t u ne p r é se nce v é g é ta le d è s l ’ o u ve r tu r e d u p a r c. Pe nda nt l a co nstr u cti o n d e s b â ti me nts s ur le s it e , ce s a r br e s cr é e nt u n é cr a n v e r t tout e n a mé l i o r a nt l a q u a l i té du s ol. I l s pr é p a r e nt a i nsi l e te r r a i n pour le s a r br e s pl u s e x i g e a nts e t à cr ois s a nce p l u s l e nte , p l a nté s su r u ne tr a me plu s l a r g e . A pr è s l e cha nti e r d e s bâ time nt s, ce s a r br e s pi o nni e r s se r o nt é cla ir cis a f i n d e cr é e r d e s vu e s e t d e s pa s s a g e s .


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P a r l a réc u pérat io n de s ma té r ia ux s u r p lac e et l ’u sag e de s e s pè ce s p i o n ni ères, l e pro je t de v ie nt un vé r i ta bl e parc évo l u t if. L o c a l i s at io n : B ru xel l e s , Be lg ique P é r i o d e : 2012 - 2017 ( e n cons tr uction) M a î tr i se d ’o u vrage: P r oje t T&T

Q u e s ti o n : No u s avons compr is , que l a p h ot o graph ie aér ie nne e s t pour vo u s un o u t il c apable de r é v é le r le p a ys a g e. L ’u t il isez -v ous é g a le me nt p o u r travail l er à u ne é che lle plus m o de s te? P ar ail l eu rs, v otr e ma niè r e de r e p r é s e n t er l e pro jet , tr è s é pur é e e s te l l e l i ée à vo t re man ièr e de r a conte r le p a ys a g e ? Ba s S met s : L ’im age es t e ffe ctiv e me nt tr è s i m po rt an t e d ans ma pr a tique . Il s ’ a g i t d ’u n o u t il d e r e che r che tr è s p r é c i s , presqu e sc ie ntifique . Nous ne r e ch erc h o n s pas l’e s thé tique ma is p l u tô t u n e épu rat io n de l’ima g e , une é p u r a tio n c apabl e d e nous r e ns e ig ne r s u r l e s él ém en t s c ompos a nt cha que p a ys a g e. No u s t rava illons e n a mont s u r l e s vu es aérien n es , dé cor tiqua nt e t cl a s s a nt ain si l es él éme nts e n s tr a te s a f i n de c o m pren d re l’é coule me nt de l ’ e a u , les arbres, l es a r bus te s , le lie n e ntr e l es c o u rbes d e niv e a u e t le tr a cé vi a i r e . El l e n o u s o ffr e une le ctur e p r é c i e u se su r l aqu el l e s ’a ppuy e r . U ne f o i s s u r l e sit e, n o u s pouv ons v é r ifie r

ce s é lé me nts. S a ns ce l a , l ’ a ccu mu l a ti o n de s infor m a ti o ns r e nd l a l e ctu r e d u si te impos s ible. Ains i, la pho to g r a phi e a é r i e nne a i d e à compr e n d r e l a g r a nd e é che l l e mê me s i e lle n’e nl è ve p a s l a né ce ssi té d e tr a v a ille r i n si tu . A pl u s pe ti te é che l l e , a v e c le pr o j e t d u S u nke n G a r d e n pa r e x e mple : c’ e st u ne l e ctu r e d e l a te mpé r a tur e e t no n ce l l e d e l a vi l l e de Londr es qu e no u s a vo ns mi s e n e x e r g ue . A l ’ é che l l e d u j a r d i n, c’ e st u n monde e n so i t q u e no u s a vo ns cr é é . A l’é che lle du p a ysa g e , ce so nt d e s l i e ns a v e c le te rr i to i r e qu e no u s me tto ns e n pla ce . Plus l ’ é che l l e e st va ste , p l u s l e s conne x ions so nt né ce ssa i r e s.

Q ue s tion : V o u s co nstr u i se z e n qu e l q u e s or te le pa ysa g e . Co mme nt e nvi sa g e zv ous le r a p p o r t e x i sta nt e ntr e l e tr a va i l du pa y s a g i ste e t ce l u i d e l ’ a r chi te cte ? Ba s Sme t s : Le pa ysa g i ste d o i t cons tr uir e e nvi r o n 1 0 pr o j e ts po u r 1 pr oje t d’a rchi te cte . N o u s so mme s pa yé s a u pour ce nta g e co mme l e s a r chi te cte s. Ce pe nda nt, l e pa ysa g e co û te e n moy e nne 1 d i x i è me d u bâ ti me nt. De fa it, nous so mme s a me né s à tr a va i l l e r s ur plus d e p r o j e t e n mê me te mp s. Ce la e s t trè s pa ssi o nna nt ma i s pa r f o i s tr è s comple x e . T r a va i l l e r su r p l u si e u r s pr oje ts e n si mu l ta né né ce ssi te u ne mé thodolog i e , u ne phi l o so p hi e d e tr a v a il. Le p a ysa g e e st co mp a r a bl e à une cons tr u cti o n a ve c d e s ma té r i a u x v iv a nts . –43–


M ét r opoles du S u d

Qu e s t io n : P art an t du pos tula t que le s p r o je ts d e paysage s ’é ta blis s e nt s ur l a du rée, m et t ez -vous e n pla ce une m é tho d e spéc ifiqu e a fin de s uiv r e ce tte é vo l u t io n ? B a s Smet s : No u s fais ons ce que l’on p o u r r ait appel er d es ma nue l d’e ntr e tie n à l a fin d e c h aqu e pr oje t ce pe nda nt, c h a q u e mét h o d e e s t a da pté e e t s p é c i fiqu e à c h aqu e clie nt. Pr e nons l ’ e x e mpl e d u parc de Br ux e lle s , nous a vo n s pro po sé u n ac compa g ne me nt s ur l e l o ng t erme au c l ient a fin de dé cide r e n s e mbl e d e l ’évo l u tion du pa r c.

un pr ojet g l o ba l , i l f a u t p e nse r à pr é s e r v e r d e s zo ne s d e b i o d i ve r si té , de s zone s na tu r e l l e s. Il ne s’ a g i r a pl u s a lor s d’une d i cho to mi e e ntr e na tu r e l e t a r tific i e l ma i s i l y a u r a d e s zo ne s où l’on n ’ i nte r vi e nd r a pa s, d e s zo ne s inte r dite s à l ’ ho mme . Il f a u d r a a cce p te r que la pla nè te a i t é té pe nsé e d a ns sa g loba lité. Q ue s tion : M e r ci p o u r l a qu a l i té de v otr e i nte r ve nti o n qu i a su no u s montr e r d i f f é r e nte s mé tho d o l o g i e s a da pté e s à vo s é che l l e s d e tr a va i l . Le s ca r t e s hi sto r i q u e s e t l e tr a cé de s che mi ns a nci e ns p e u ve nt ê tr e u n s uppor t thé o r i qu e e t d o nne r d u se ns a ux pr oje ts co nte mpo r a i ns. E n f a i te sv ous us a ge d a ns vo tr e pr a ti q u e ? Ba s Sme ts : E vi d e mme nt. N o u s tr a v a illons su r l e s ca r te s Ca ssi ni e n Fr a nce , su r l e s ca r te s F e r r a r i s e n Be lg ique . N o tr e tr a va i l d e l e ctu r e ne s ’a ppliqu e p a s se u l e me nt à l ’ e x i sta nt, nous r e g a r d o ns é g a l e me nt ce s ca r te sci e t r e tr a nscr i vo ns l e s i nf o r ma ti o ns e n une s e ule ca r te . P o u r a l l e r p l u s l o i n, nous a nal yso ns é g a l e me nt l a p é d o l o g i e de ma niè re à a vo i r u ne vi si o n i nf r a r o u g e de la cr ou te te r r e str e .

Qu e s t io n : Vo t re pr é s e nta tion a mis e n e x ergu e u n e d u alité e ntr e pa y s a g e n a tu r e l l e et paysage cultur e l. Tr ouv e r l a ju s te m esu re en t re s e s de ux pa y s a g e s e s t- i l u n parad igm e conte mpor a in ? B a s Smet s : S i l ’o n r é flé chit à une te m p o ral it é basée s ur le long te r me , i l a p parait c o m me indé nia ble que la p l a n è t e fait part ie d’une or g a nis a tion d a ns sa gl o bal it é. Le r a ppor t e ntr e l i e u s a u vage et l ieu cultiv é e s t inv e r s é , c e q ui sera n at u rel da ns le futur , le s e r a c ar n o u s l ’au ront pr oté g é . Da ns 44–44–

Q ue s tion : M a q u e sti o n s’ o r i e nte a u to u r d’un pa r a d i g me su r l e q u e l s’ i nte r r o g e nt le s a r chi te cte s à sa vo i r l ’ a g r i cu l tu r e ur ba ine , d u pa ysa g e a g r i co l e a u r e g a r d du pa y s ag e u r b a i n. Inté g r e z- vo u s ce tte notion à vo tr e tr a va i l o u e st- ce u ne notion qui vo u s i nté r e sse ? Ba s Sme t s : La ma ni è r e d o nt e st tr a i té e l’a g r icult u r e u r b a i ne à l ’ he u r e a ctu e l l e n’e s t pa s sé r i e u se . F a i r e p o u sse r d e s lé g ume s su r u n to i t e st tr è s bi e n ma i s e lle ne r épo nd r a j a ma i s à u ne so l u ti o n g loba le . L’ é ca r t e ntr e l e d i sco u r s e t l a r é a lité e st bi e n tr o p g r a nd .


SY m po s i um 2015

Qu e s ti on : V o u s n e pen sez d o n c pa s qu’il y a ur a de c o n s tr uc t io n d e paysa g e a g r icole da ns l e s vi l l es, m êm e d an s le futur ? B a s S m et s : Éven t u elle me nt da ns le f u tu r . C’est u n e n otion r é cur r e nte a u jo u r d ’h u i c epen d ant l’a g r icultur e impose t ro p de contr a inte et s u p e r po sées au x l i mite s impos é e s p a r l e s t o it u res, c ela de v ie nt tr op c o m p l exe. No s pl u s g r a nds e nje ux r e s te n t d e gard er l ’ag r icultur e là où e l l e e st , d ’amél io rer nos fa ç ons de la c o n ce vo ir, d ’appo rt er de s s olutions à la c a m p a g n e avan t d e vouloir tr a ns for me r l e s p a rc s en c h amps. Qu e s ti on : No u s avo n s compr is , g r â ce à vo tr e i nt erven t io n , qu e la photog r a phie a é r i e n ne est po u r vo u s un outil ca pa ble d e r é vél er l e paysag e . L’utilis e z-v ous é g a l e men t po u r t ravai lle r à une é che lle p l u s m o d est e ? P ar a ille ur s , v otr e m a n i è r e d e représen t e r le pr oje t, tr è s é p u r é e est -el l e l iée à v otr e ma niè r e de r a c o n ter l e paysage ?

B a s S met s : L ’im age e s t e ffe ctiv e me nt tr è s i mpo rt an t e d ans ma pr a tique . Il s ’ a g it d ’u n o u t il de r e che r che tr è s p r é ci s , presqu e sc i e ntifique . Nous n e r e ch erc h o n s pas l’e s thé tique ma is p l u tô t u n e épu rat io n de l’ima g e , une é p u r a ti o n c apabl e d e nous r e ns e ig ne r s u r l e s él ém en t s c ompos a nt cha que p a ys a ge. No u s t ravaillons e n a mont

s ur le s v ue s a é r i e nne s, d é co r ti qu a nt e t cla s s a nt a i nsi l e s é l é me nts e n str a te s a fin de co mpr e nd r e l ’ é co u l e me nt d e l’e a u, le s a r br e s, l e s a r b u ste s, l e l i e n e ntr e le s c o u r be s d e ni ve a u e t l e tr a cé v ia ir e . Elle no u s o f f r e u ne l e ctu r e pr é cie us e su r l a q u e l l e s’ a p p u ye r . U ne fois s ur le si te , no u s po u vo ns vé r i f i e r ce s é lé me n ts. S a ns ce l a , l ’ a ccu mu l a ti o n de s infor ma ti o ns r e nd l a l e ctu r e d u si te impos s ible. Ains i, la p ho to g r a p hi e a é r i e nne a i d e à compr e nd r e l a g r a nd e é che l l e mê me s i e lle n’e nl è ve pa s l a né ce ssi té d e tr a v a ille r i n si tu . A p l u s p e ti te é che l l e , a v e c le pro j e t d u S u nke n G a r d e n pa r e x e mple : c’ e st u ne l e ctu r e d e l a te mpé r a tur e e t no n ce l l e d e l a vi l l e de Londr es q u e no u s a vo ns mi s e n e x e r g ue . A l ’ é che l l e d u j a r d i n, c’ e st u n monde e n so i t q u e no u s a vo ns cr é é . A l’é che lle du p a ysa g e , ce so nt d e s l i e ns a v e c le te r r i to i r e qu e no u s me tto ns e n pla ce . Plus l ’ é che l l e e st va ste , p l u s l e s conne x ions so nt né ce ssa i r e s. Q ue s tion : V o u s co nstr u i se z e n qu e l q u e s or te le pa ysa g e . Co mme nt e nvi sa g e zv ous le r a p p o r t e x i sta nt e ntr e l e tr a va i l du pa y s a g i ste e t ce l u i d e l ’ a r chi te cte ? Ba s Sme ts :Le p a ysa g i ste doit cons tr uir e e nvi r o n 1 0 pr o j e ts p o u r 1 pr oje t d’a rchi te cte . N o u s so mme s pa yé s a u pour ce n ta g e co mme l e s a r chi te cte s. Ce pe nda nt, l e p a ysa g e co û te e n moy e nne 1 d i x i è me d u bâ ti me nt. De fa it, nous so mme s a me né s à tr a va i l l e r s ur plus d e pr o j e t e n mê me te mp s. Ce la e s t trè s pa ssi o nna nt ma i s pa r f o i s tr è s comple x e . T r a va i l l e r su r p l u si e u r s pr oje ts e n si mu l ta né né ce ssi te u ne mé thodolog i e , u ne p hi l o so phi e d e tr a v a il. Le pa ysa g e e st co mpa r a b l e à une cons t r u cti o n a ve c d e s ma té r i a u x v iv a nts .

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M ét r opoles du S u d

Qu e s t io n : Vo u s appor te z une a tte ntion p a r ti c u l ière au x qu alité s v is ue lle s e t e s th é tiqu es qu e vo u s me tte z e n pla ce . Qu ’ e n est -il d e l ’en vir onne me nt s onor e q u e vou s c réez ?

cha que cl i e nt. P r e no ns l ’ e x e mp l e d u pa r c de Br u x e l l e s, no u s a vo ns pr o po sé un a ccomp a g ne me nt su r l e l o ng te r me a u clie nt a f i n d e d é ci d e r e nse mbl e d e l’é v olution d u pa r c.

B a s S met s : No u s a ppor tons de s r é p o nses sel o n l es é che lle s . Av e c l ’ a u toro u t e par exemple , il y a v a it de s n o r m e s d e bru it à n e pa s dé pa s s e r . Nous a vo n s t ravail l é avec de s a r chite cte s . No u s vo u l io n s savo i r s i la v é g é ta tion é ta i t su ffisamm en t e ffica ce . C e ne fût p a s l e c as, n o u s avons donc cr é e de s m u r s an t iso n o res i nté g r é s da ns le p a ys age. D an s l a petite é che lle , nous n o u s in t erro geo n s sur le s r e v ê te me nts . C ’ e s t u n e éc h el l e t actile qui e s t mis e e n e x e r g u e. P ar exem ple , pour le pa r c de B r u x e l l es, c e so n t d e g r a nde s pe lous e s q u i a bso rben t l es bruits .

Q ue s tion : V otr e pr ése nta ti o n a mi s e n e x e r g u e une dua l i té e ntr e p a ysa g e na tu r e l l e e t pa y s a g e cu l tu r e l . T r o u ve r l a j u ste me s ur e entr e se s d e u x p a ysa g e s e st- i l un pa r a di g me co nte mp o r a i n ?

Qu e s t io n : P a r ta n t d u po st u l at que le s pr oje ts d e p a ysage s’ét abl is s e nt s ur la dur é e , m e ttez -vo u s en pl a ce une mé thode s p é c i fiqu e afin de s uiv r e ce tte é vo l u t io n ? B a s S met s: No u s faiso n s c e que l’on pour r a it a p p e l er d es man u el d’e ntr e tie n à la fin d e ch aqu e pro jet c e pe nda nt, cha que m é tho d e est ad apt ée e t s pé cifique à 46–46–

Ba s Sme t s : Si l’on r é fl é chi t à u ne te mpo r a l i té b a sé e s ur le long te r me , i l a ppa r a i t co mme indé nia ble qu e l a p l a nè te f a i t p a r ti e d’une or ga ni sa ti o n d a ns sa g l o b a l i té . Le r a ppor t e ntr e l i e u sa u va g e e t l i e u cultiv é e s t i nve r sé , ce qu i se r a na tu r e l da ns le fu tu r , l e se r a ca r no u s l ’ a u r o nt pr oté g é . Da ns u n pr o j e t g l o ba l , i l fa ut pe ns e r à pr é se r ve r d e s zo ne s d e biodiv e r si té , d e s zo ne s na tu r e l l e s. Il ne s ’a g ir a p l u s a l o r s d ’ u ne d i cho to mi e e ntr e na tu r e l e t a r ti f i ci e l ma i s i l y a ur a de s zo ne s o ù l ’ o n n’ i nte r vi e nd r a pa s , de s zo ne s i nte r d i te s à l ’ ho mme . Il fa udr a a c ce pte r qu e l a p l a nè te a i t é té pe ns é e d a ns sa g l o b a l i té .


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Association Métropoles Du Sud .......................................................... Marion Moustey

Marion MOUSTEY - Architecte, présidente de l’association

Marion Moustey

L’association est a été créée en 2013 avec pour volonté de fédérer les diplômes du Domaine d’étude éponyme de l’école d’architecture de Montpellier. Il s’agit de la mise en place d’un réseau de compétence capable d’offrir de multiples collaborations. Elle doit être perçue comme un outil d’échange entre architectes, jeunes diplômes et étudiants afin de créer une cohérence dans le parcours d’architectes.

A ce jour, nous ne sommes pas moins de 300 diplômes exerçant dans différents secteurs de l’architecture que ce soit libéraux salarié, mo ou travaillant dans des institutions en France ou à l’étranger. Depuis 2013, nous sommes un soutient et un support logistique aux étudiants pour l’organisation du symposium. En 2014, l’association a mis en place différentes actions. Dans un premier temps, nous avons aidé, grâce à nos fonds propres à réduire le cout du voyage d’étude à Evora pour l’ensemble des étudiants du master métropoles du sud.Cette année nous –49–


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avons créé un annuaire regroupant l’ensemble des diplômes du Master depuis sa création. Ainsi chacun d’entre nous reçoit régulièrement des newsletters nous tenant informées des événements relatifs à l’association. Dans ce même esprit, un groupe linked in a été créé et j’invite chacun des diplômes à nous y rejoindre. Ces outils de communication forment la base de l’association. Le métier d’architecte vous le savez, est complexe et soumis à de nombreuses épreuves en ces temps difficiles. Un esprit d’entraide et de solidarité entre personne ayant suivi le même parcours n’est pas négligeable. Un site internet a également était créé : métropoles du sud .com. Vous y retrouverez, les éditions précédentes du symposium,tous les sites d’expérimentation visite depuis la création de métropoles du sud : Valence, Gènes, Istanbul Montpellier, Pampelune ou encore Evora. Une rubrique et après offre un espace de visibilité à travers un questionnaire et une brève présentation et j’invite encore une fois chacun des diplômes à y participer en nous envoyant un mail. Enfin, nous avons mis en place une bourse d’étude dotée de 8000€ ouverte à tous les anciens afin de soutenir les jeunes diplômes dans leur démarche de recherche en architecture. Parmi les candidatures, le jury à désigne celle qui avait l’aptitude la plus pertinente à proposer une hypothèse de travail fondé sur les orientations de l’association ainsi que sur sa capacité à produire une connaissance pertinente au regard de celle-ci.La lauréate de la BE MDS 2015 est Marine Pierson qui interrogera les gares et les lieux de mobilité en tant qu’articulation dans la ville. Cette thématique s’inscrit dans la continuité des études en s’orientant autour de la définition, de la caractérisation et de la mise en prospective des grandes villes relevant des dynamiques métropolitaines. J’invite ainsi Marine à monter sur scène afin de recevoir son prix et nous présenter son travail en devenir. Félicitation Marine et à tous à l’année prochaine pour la présentation du travail de Marine et 50–50–

l’annonce du futur lauréat.

Marine Pierson

Tout d’abord je tiens à remercier l’association Métropoles du Sud pour la confiance qu’elle m’accorde à travers l’attribution de cette bourse. Je l’aborde comme la continuité de mes parcours universitaire et professionnel qui reflètent l’idée que, selon moi, l’architecture et l’urbanisme sont des disciplines indissociables. Face aux phénomènes de métropolisation et aux enjeux posés par le développement durable, la question des mobilités à travers le sujet des gares au sens large fait partie d’une réflexion plus globale sur le fonctionnement des villes et de leurs connexions. J’ai donc pour objectif d’intégrer de nouveaux outils intellectuels et pratiques afin de réfléchir aux différentes échelles architecturales, urbaines et paysagères en saisissant leur complémentarité. Je compte principalement mettre à profit cette bourse pour voyager et étudier sur le terrain la place des gares dans la ville, notamment au Danemark lors d’un stage à l’agence COBE. Je souhaite enfin saisir cette opportunité qui m’est offerte pour promouvoir l’école d’Architecture de Montpellier et le Master Métropoles du Sud au cours duquel mes convictions en architecture et urbanisme se sont affinées. J’espère que mon travail sera à la hauteur des ambitions de l’association et vous donne rendez-­‐vous l’année prochaine pour faire le point sur ces travaux. Encore merci!


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Clôture .......................................................... .

Jacques BRION

Architecte & enseignant à l’ENSAM

Bonjour à tous et à toutes, Je ne vais pas être très long, vous savez tous que je ne suis pas très bavard. Aujourd’hui c’est un peu différent tout de même. Il me revient de faire la conclusion de cette 7ème Edition du Symposium Métropoles du Sud. Je tiens donc en premier lieu à remercier nos trois intervenants, Joé Vérons, Jean-Manuel Puig, et Bas Smets, d’avoir accepté l’invitation pour ce format un peu spécifique de symposium, organisé

par les étudiants de l’ENSAM dans le cadre d’une pédagogie que nous partageons avec un certain nombre d’enseignants. Remercier également l’ensemble de nos partenaires sans qui ce symposium ne pourrait se faire. Et bien évidemment remercier l’ENSAM et son directeur Alain Derey pour son soutien et sa confiance à la fois dans cet enseignement mais aussi dans le symposium.

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Aujourd’hui Marion Moustey a remis la première bourse d’études de l’association Métropoles du Sud qu’elle préside, à Marine Pierson. C’est pour moi, et pour l’ensemble des enseignants du domaine d’étude une véritable fierté et satisfaction de voir que ces jeunes diplômés se mobilisent pour construire ensemble leur parcours professionnel. Le travail que mène l’association pour valoriser chacun des anciens étudiants, pour offrir des opportunités telles que cette bourse d’étude est vraiment un engagement remarquable et singulier qu’il est important de souligner. Je félicite Marine Pierson, que j’ai par ailleurs eue comme étudiante, et c’est avec un grand plaisir que nous découvririons la restitution de son travail au prochain symposium.

Avant de poursuivre mes remerciements, comme vous le savez, à partir du mois de février, je vais mettre mes activités d’enseignant en retrait pour prendre la responsabilité de l’ensemble de la direction de la pédagogie et des études de l’école d’architecture. Il est un fait que cela va m’être un peu difficile de ne plus enseigner, mais j’espère y revenir plus tard. Il est nécessaire parfois de faire des choix pour mieux appréhender dans sa diversité la richesse de l’enseignement. Je crois qu’aujourd’hui l’ENSAM a une pédagogie de très grande qualité et il me semble qu’elle a le devoir et l’obligation de poursuivre son engagement en élevant encore son niveau afin de pleinement 54–54–

jouer un rôle important dans le réseau des écoles d’architecture à travers le monde. Il ne faut pas avoir peur de viser l’excellence, bien au contraire nous en avons les moyens et c’est aussi dans cette volonté de tirer le niveau vers le haut que chacun de nos diplômés n’en sera que plus valoriser. Nous leur donnons les moyens de devenir de véritable acteur de notre société. Autrement dis, ne jouons pas « petits bras !». Je voulais remercier pour toutes ces années passées, l’ensemble des enseignantes ; les enseignants historiques de Métropoles du Sud, les enseignants qui ne sont plus là, car ils ont changé de domaine d’étude, les enseignants qui sont encore là, mais aussi et c’est important les nouveaux qui viennent de nous rejoindre. C’est eux qui portent aussi l’avenir de ce domaine. Enfin, je tiens aussi à remercier l’ensemble des étudiants de Métropoles du Sud, et même si je ne le dis pas souvent, j’ai passé de bons moments avec eux, tant dans le studio où chaque année ce sont de très bons projets qui sortent. Peut-être certains de ces projets restent étonnants, hors normes et sûrement que je n’en verrai pas ailleurs, mais ils sont importants, car démontrent la capacité à porter des dimensions complexes de l’architecte. Ce fut aussi de bons moments lors de chacun de nos déplacements, à Gènes, Valence, Istanbul, Pampelune, Evora… Je les remercie donc pour cet engagement qu’ils portent et la présence aujourd’hui de certains d’entre eux, diplômés depuis plusieurs années, et un grand plaisir. Je vois des étudiants que j’ai eu il y a très longtemps en première année et aujourd’hui qui sont installés à leur compte. Alors, je remercie chacun d’entre eux qu’ils aient été avec moi en S2, en S5, en S9, en PFE. Je finirais juste en vous donnant rendez vous au symposium de l’année prochaine ! Où je viendrai bien sûr un peu voir ce qu’il se passe au cas où on est besoin de moi ! Je vous remercie à tous ! Au revoir !


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M ét r opoles du S u d

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SY m po s i um 2015

Ecole Nationale Supérieure d’ Architecture de Montpellier :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Etudiants de Master du domaine d’études

Métropoles du Sud

AGRED Maxime // ANDRIANTSIMALA Olivia // ARBAY Aysun // AUBREE Amandine // BARBERO Clementine // BEKAERT Emma // BONNE Johanna // BROWAEYS Marlou // BRYSIEWICZ Klaudia // BURGUET Jules // CAPELIER Emile // CHAPUIS Lucie // CHARLAIX Hubert // CHARLES Guilaume // CHIRET Vincent // CISTERNE Julie // CROS Cyril // DOMINGUEZ Sarah // DUCHEMAN Gilles // EL RHORFI Hanan // GARCIA Aude-Lise //GARRIGUES Lucie // GIRAUD Quentin // GODIN Guillaume // GRANIER Emilie // GUALANDI Elena // GUILLAUME Abel // HANAGATA Monami // HERNANDEZ ANGEL Mauricio // HERRY Thomas // KOPE Anna // KORSKA Katarzyna // JOLIY Roman // LARCHER SENAUD Camille // LAU WEN TAI Camille // LAUREY Alexis //LE GOFF Typhaine // LE JOLIFF Pierric // LLANOS Jordan // MAINIERI Lisa // MARQUET Pauline // MARTINEZ Denis // MAZERAT William // MERIGNY Sophie // MOILLET Julien // MOLINES Renaud // ORAVECZ Anastasia // O REILLY Eoran // PIERSON Charlotte // PIZOVIC Melissa // PLANCHARD Violaine // PRUDENT Marie Laure // PY Johan // RAVOIRE Guillaume // SAIDOU Clement // SCHWAB Maurice // SERRE Lisa // SHARP Jordan // STIPON Vincent // TAQUET Audrey // TECHER Sandrine // THEILLET Julien // VERGES Melina // ZOGRAFOS Antonia

Editeur : École Nationale Supérieure d’Architecture de

Montpellier

Photographies : leurs auteurs Couverture : GUALANDI Elena

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M ét r opoles du S u d

L’équipe pédagogique et les étudiants de Métropoles du Sud tiennent à remercier :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::

Pour la mise à disposition de la salle : La CRDP de Montpellier

Pour leur soutien : Le ministère de la Culture et de la Communication L’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier L’Ordre des Architectes La région Languedoc Roussillon Vinci Autoroutes Lineis Technal Arts Hélio L’Association Archipel - association de l’ENSAM L’Association Focus- association de l’ENSAM

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SY m po s i um 2015

Enseignants Métropoles du Sud :::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::::: Jacques BRION

Luc LEOTOING

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Frederic DEVAUX

Sancie MATTE

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Architecte Enseignante ENSA Montpellier

Laurent DUPORT

Julie MOREL

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Architecte Enseignante ENSA Montpellier

Guillaume GIROD

Elodie NOURRIGAT

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Architecte Enseignante ENSA Montpellier

Anabelle ISZATT

Pierre SOTO

Architecte Enseignante ENSA Montpellier

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Jérôme LAFOND

Laurent VIALA

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Géographe Enseignant ENSA Montpellier

Nicolas LEBUNETEL

Julien WAFFLART

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

Architecte Enseignant ENSA Montpellier

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