Mauvaise graine # 27

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L’ÉDITODU VIKING

À l’heure où Bill Clinton range piteusement sa quéquette dans son caleçon étoilé et présente piteusement ses excuses aux siens, à ses collaborateurs et supporters et à la nation américaine, voire au monde entier, tandis que celui-ci se délecte ou s’offusque de l’étalage de sa vie privée, et à lui-même, en tentant de se donner bonne conscience par l’entremise de “ grooms épistolaires ” - et plus exactement de membres du clergé - le monde continue tant bien que mal de tourner. Remis donc des frasques sexuelles de Clinton et de la chute de la maison russe, nous pouvons revenir à nos moutons, nos favoris, et reprendre le cours de nos activités normales, après cette bévue qui nous a valu de vous envoyer Mauvaise Graine n° 26 quelque peu en retard, nous vous prions encore une fois de nous pardonner. Nos frasques sexuels, ou plus exactement fantasmes, à nous aussi, vous surprendront peut-être, mais ce ne sont que des fantasmes, et dans ce numéro d’octobre, nous allons tenter de vous donner un toute autre aperçu de ce que nous aimons, mais en douceur, il ne faudrait surtout pas, à l’instar de l’apnée, refaire surface, après cette plongée dans le monde glauque et sordide, et pourtant ô combien excitant et épatant du SM, sans prendre nos précautions : vous martyriser, oui ! Mais vous perdre, ça jamais, ah, non,

jamais ! ! ! Le monde continue donc de tourner et Mauvaise Graine d’être, mais l’évolution de cette revue est inhérente à son existence même et si elle reste une revue bilingue, je ne vois pour ma part plus trop de raison de traduire les bla-bla que nous vous offrons en son début et en sa fin... Je suis un peu dur avec nousmêmes, et je suis sûr que nul ne m’en tiendra rigueur, mais les questionnaires que vous nous avez renvoyés, et vous avez été si peu nombreux, me laissent croire que vous attendez toujours plus de nous. Mauvaise Graine évolue donc encore, en s’intéressant donc plus à l’actualité et un peu moins à son nombril, toujours autant aux genres littéraires qui lui sont chers, aux auteurs, qui eux seront plus que jamais traduits en anglais, et de façon plus pertinente, qu’il s’agisse de nos auteurs “ maisons ”, ou de nouvelles têtes. Le net, reste parmi nous, toujours introduit par Bruno. Et comme à son habitude, MMrgane nous offrira sa présence ponctuellement ; mais toujours aussi claquante. Voilà en quelques lignes ce que nous pouvions dire sur ce que vous allez découvrir tout au long de cette année. Alors bonne lecture à toutes et à tous, et à bientôt.

Walter

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LE PORTRAIT “ On n’en finit pas de blesser ses doigts sur les arêtes acérées du stylo. On sue en s’arrachant de son crâne des caillasses de gros sentiments, des rochers de lieux communs. Puis doucement la lime fignole les mots, les phrases ; on a secoué le tamis pour récupérer des poussières d’instants. On est joyeux, le voilà enfin ce maudit texte de mes deux, peaufiner, bichonner, c’est le plus beau...Y a pas à dire... On y a mis quoi, là dedans, Un fouillis de soi ; des restes de bonheur ; des souvenirs de poivrots ; des ballades avec des ombres qui, parfois, nous tiennent la main ; les bizarreries du monde que l’on a cru bouffer ,un jour, il y a longtemps. On s’en remet jamais de cette naissance si hasardeuse, si intelligente puisque la vie nous pousse elle-même vers la FIN. On s’arrange en attendant, avec les embrouilles et les joies que l’on se fabrique, avec d’autres qui savent sourire, qui savent accueillir plus barjots qu’eux mêmes. La curiosité n’est pas un vilain défaut. L’étonnements de l’écrit ; toujours prêt à embarquer sur le rafiot de la révolte et nous dans nos petits canoës indiens pour élargir le sillage, on tachera de pas jeter l’ancre trop tôt. Ici, au dehors, les oiseaux piaillent, un vrai capharnaüm à piafs, ils nous préparent des nichées d’oisillons grelottants, affamés des rêves d’Icare. Les chats regardent tout ça d’un drôle d’œil. C’est la vie... ”

Petit clin d’œil revuistique de Bruno qui ne connut volontairement qu’un seul numéro et un tirage limité : familial. C’est donc en ces termes que Bruno pourrait se présenter, mais il serait cependant bien venu que je ne me borne pas seulement à vous faire découvrir l’auteur par l’auteur mais vous dire également le plaisir que nous avons à le recevoir pour la seconde fois déjà dans nos pages. Il y a de cela quelques temps déjà, Bruno m’envoyait un texte, depuis, ce sont des dizaines reçus et pour la plupart publiés dans MG. Bruno Tomera, c’est un éternel enfant, un libertaire un peu fou qui croit encore pouvoir révolutionner le monde et soulever les prolétaires ; et tout ça est bien attendrissant. L’image incarné du jeune révolté, passionné, romantique mais qui n’a plus que faire de la romance, c’est bel et bien lui. Ses textes se situent là où d’autres pourraient se perdre dans l’humanitaire dégoulinant et poisseux ; lui parvient à nous faire admettre que le monde est pourri mais que de garder un petit rayon de soleil dans le coin de son cœur et de penser à ses potes, c’est un cocktail pour être heureux. La vie est peutêtre chienne, Lydie en était une est pourtant quelle belle aventure ! Bruno, c’est tout ça à la fois, la rancœur de n’être pas plus estimé par les grands, la douleur de trimer pour en crever, mais c’est aussi savoir en rire et l’écrire pour mieux s’en abstraire et être heureux.

Ouverture de “ À la tienne ! mon vieux ”.

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Walter, et Bruno Tomera

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BRUNO TOMERA

Fardée d’écueils des marées déniaisées Elle balance névrotique Ses seins épileptiques Ses seins sacrilèges en sortilège Reggae. Insouciante nymphette blanche, Tête entrelacée d’acide luminosité, convulsée Sur des Uts salés. Fraîche anoxie, Alourdie d’air, suffoquée, L’emplit de vive vie. Les cheveux s’envolent Guirlandes lianes Blondes et folles Pieds nus sursautés Staccato rythmé De gazelle constellation effrayée Par le chasseur Rasta ravi Broyant méthodique Des vibrations Basses uniques A coup de bonheur d’autres corps Qui se déhanchent entre la vie et la mort Et nymphette blanche danse et jouit Et crie - OUI...Oui... Entre, entre... Entre, la vie.

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Painted with the reefs of the de-fooled tides She balances neurotically Her epileptic breasts Her sacrilege breasts like a Reggae spell. Carefree white nymphet, Her head interlaced with acid, convulsed lightness On salted C’s. Cool anoxia, Loaded down with air, suffocated, Fill her with lively life. The hair flies away Garlands lianas. Blondes and foolish Bare feet jump Rhythmic staccato Of a constellation of gazelle frightened By the delighted Rasta hunter Methodically crushing Vibrations unique Basses With strikes of happiness some other bodies Sway their hips between life and death And white nymphet dances and comes And shouts out - YES...Yes... Enters, enters... Life, enters.

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BRUNO TOMERA Graffiti de chiotte “ Welcome staphylocoques ” Je suis le mac d’un claque sordide Casse toi mec ou tu te claques J’éclate ta tête à claques BANG - fumée grise amère acide Maquille ce teint livide Mates La mort dans le bouge Le rouge De ton sang sur le carrelage blanc S’écoule par les lézardes du sol Comme des abîmes assoiffés De liqueur sanguine imprégnée de phénol Graffiti de chiotte “ Welcome staphylocoques ” Dominique réajuste sa petite culotte Et voit indifférente par la lunette Disparaître la poisseuse capote Étrangère à ce Niagara délétère Dominique songe aux arbitraires Additions du fric Crachées en nausées Des passes vite trépassées Qui pile et face se jouent vers l’espoir clinique Compte à rebours de l’ultime mutation TCHAC - Qui tranchera court cette dérision Une âme de fille dans le corps d’un garçon Graffiti de chiotte “ Welcome staphylocoques ” Je suis le mac à Dominique Braque archi toc de ce mec micmac Plus Blue Bell que Linda Evangelista Sûr on ira craquer nos thunes Dans les îles sous le vent Fidji ou Caïmans Comme un vieux couple sur le retour De nos chiennes vies écrasées sur le bitume Sans regret d’aimer ce cœur mâle Gainé de résille autour SOLEIL oui au couchant Si la came et la morale Nous crament pas avant Graffiti de chiotte “ Bye Bye staphylocoques ”.

Bog’s graffiti “ Welcome staphylococcus ” I am the ponce of a sordid knocking-shop Fuck off man or you are dead I’ll smash your stupid face BANG - acid bitter grey smoke Veils this livid shade Watch Death in move In red Of your blood on the white tiling Flows through the cracks of the floor Like abysses thirsty Of bloody liquors soaked with phenol Bog’s graffiti “ Welcome staphylococcus ” Dominique straighten out her panty And see indifferent through the hole The sticky condom disappear Foreigner to this pernicious Niagara Dominique thinks of the arbitrary Sums of cash Spit in nausea Of the goes quickly passed out That heads and tails are plaid to the clinical hope Count down of the ultimate mutilation TCHAC - That will cut short this nonsense The soul of a girl in the body of a boy Bog’s graffiti “ Welcome staphylococcus ” I’m Dominique’s ponce Real out barmy of this fussy guy More Blue Bell than Linda Evangelista Sure, we’ll go spare our dosh In the Leeward Isles Fiji or Caimans Like an old couple over the hill Of our bitchy lives crushed by the bitumen With no regrets of loving this male heart Covered round with netting SUN yes at dusk If dope and morals Don’t catch us before Bog’s graffiti “ Bye Bye staphylococcus ”.

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BRUNO TOMERA VOYAGE

JOURNEY

Les étoiles s’écroulent et fuient sous l’océan. Sur un chalutier raclant le fond des misères Mes bras se sont ouverts en un filet dérivant Amassant des émotions simples et ordinaires Que je hurlerais à la criée du théâtre humanitaire.

The stars crash down and run away in the ocean. On a trawler dragging the bottom of miseries My arms open up like a fishing net Gathering simple and common emotions That i would shout out at the humanitarian theatre auction.

Comme une raie Manta qui confond l’eau et le vent Je danse dans l’imaginaire et secoue mes nageoires ailées Sur les oraisons de ce siècle écaillé Couvrant de vase un peu plus l’épave des hommes.

Like a Manta fish that mistakes water and wind I dance in the fancy and shake my winged fins On the orations of this scaled century Covering with mud a little bit more the wreckage of the men.

Un poisson lune gobe mes points cardinaux Et la solitude dissout mon sextant de sable Dans la procession des courants. Il n’est jamais de retour La vie s’épuise à tant de détours.

A moon fish swallows my cardinals And loneliness dissolves my sand sextant In the streams parade It’s never back Life gets wrecked of so many twists and turns.

Doux mensonge du ciel sombre et de l’onde Qui éloigne les horizons. Se croire arrivé déjà l’on se trompe. Il nous faut d’autres songes Pour toujours continuer.

Sweet lies of the dark sky and the shore That sets the horizons apart. Acting as if we’re already to it, we’re already wrong We need other dreams To always carry on.

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BRUNO TOMERA L’ÉCLAT D’EN RIRE

STRENGTH TO LAUGH

Intermédiaire Entre naissance et mort Je vis... La belle affaire Traînant la pourriture de ce corps Inexorable poursuite vers l’oubli D’où je viens ? Où je vais ?... Je m’en fous Faut faire avec cette histoire de fous.

Middle Between birth and death I live... Big deal Pulling the rot of this body Inexorable run to forgetting Where do I come from ? Where I’m going ? I don’t give a damn You have to do with this damn life.

Cheminement fatal fatalisant l’abîme Tragédie lyrique de l’absence de l’autre Juste un malheur de plus à philosopher

Fatal walk fatalising the abyss Lyric tragedy of the absence of the other Just one more pain to philosophise

Que cette mort c’est pas encore la notre That this death is not our yet S’occuper quotidien, se rassurer là... Juste un peu de temps encore à se demander Ce qu’on fout là.

To be busy daily, to reassure oneself here Just a little more time wondering What the hell we’re doing here.

- “ Mais petit t’as rien compris ” - “ But kid, you didn’t catch it ” - “ Tant mieux. De ça, De mieux s’en foutre. Tout ça, ce n’est que du foutre Qui a explosé là... Et ne me prend pas la tête à savoir pourquoi. ”.

- “ Better. That is, Best not to care. All this is only discharge That splashed here... And don’t be like a pain trying to know why. ”

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BRUNO TOMERA Regarde le temps qui digère les mémoires Dans le cul de sac des nostalgies. Les souvenirs inquiets suspendus Au clochers des fêtes saintes Où Jésus se grimait d’oraisons, Sagement assis près de l’autel, Sacrifiés au rite ésotérique, Nous attendons la fin de l’ennuyeuse Contemplation. Nous courrions ensuite aux nouvelles des Bonbons Et le sucré donnait la Une, Bouleversant et pareil, les jambes de miel Des filles, cœur et corps intimidés. Savourions festival des premiers émois L’imperceptible puissance du monde Qui nous déroutait des études verticales Et nous consumait d’un feu prometteur De cruels et généreux brasiers, Plus tard annonçait la ruse et l’hypocrisie Quand les jeux de la vie se règlent en habitude, Quand le rêve s’assoupit nul et non advenu. Écrire, il est temps, de dire, de faire, Peut-être encore tout refaire. Plus Géronimo que général Custer. Mourir pour de la frime D’une flèche dans le dos Tirée par un traître loupiot Et s’éveiller héros Aux pieds de Chantal tendresse, Squaw brunette à fausses tresses. Bras d’honneur à la tête de mort, Majeur levé, vieux copains... De nos illusions aux coups de poing Des épiques batailles sur les vagues terrains, Nous serons serons Gosses encore Au gré sans borne des chemins. Que nos différentes errances Soient la victoire de notre enfance.

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Look at the time digesting memories In the bottom end of nostalgia. The worried remembrances hung To the church towers of the Bank Holidays Where Jesus made himself up with orations Wisely sit down by the altar, Sacrificed to the esoteric rites, We’re waiting for the end of the boring Contemplation. We were running then to the sweets news And the sweetness gave the Head Lines, Moving and same, the honey legs Of the girls, heart and body intimidated. Savoured the festival of the first emotions The imperceptible power of the world That disturbed us from the vertical studies And consumed us with a promising fire Of cruel and generous pyres, Later announced cunning and hypocrisy When the life games are dealt with habit, When the dream falls asleep nil and not befallen. To write, it’s time, to tell, to do, Maybe to do all again still. More Geronimo than general Cluster. Dying for showing off From an arrow in the back Dragged by a traitor kid And to awake hero At Tender Chantal’s feet, Brownish fake braid hair squaw. V-signing death head, Two fingers up, old mates... From our illusions to the fist kicks Epic battles on the no-man’s lands, We will will be Kids again To the edgeless limits of the paths That our different wanderings Be the victory of our childhood.

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BRUNO TOMERA GERDA

GERDA

Gerda ouvre son trois quart sous les étoiles peintes en aluminium c’est le clou du claque bar avec comme musiciens les gueulantes frustrées des hommes.

Gerda opens up her three-quarter coat under the grey-painted stars she’s the star turn of the evening at the slap bar with the frustrated shouts of men as musicians.

Gerda éventre des comptines de J. Joplin entre deux Martini Gin sans vice elle se hisse sur le podium championne incontestée du pauvre stadium.

Gerda rips off J. Joplin’s rhymes between to Martini with Gin without any vice she gets on up the scene undisputed champion of the poor stadium.

Sous les étoiles en aluminium Gerda savante artiste balance son corps exhibitionniste. Maboule je flanche pour la blanche chair de poule que mon œil goulu deux mille ASA impressionne.

Under the aluminium stars Gerda scholarly artist moves her exhibitionist body. As a fool I’m turned on by the white gooseflesh that my greedy eye two thousand ASA impress.

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BRUNO TOMERA LYDIE LYDIE Cette gouine voulait m’endoffer Les pupilles souriantes comme deux aimants attirants Accentuaient la blancheur de ses yeux Elle harnachait à ses hanches roses Les lanières d’un gode d’ébène luisant Avec cette patiente dextérité de l’expérience Avec ce détachement BCBG Qui fait de l’extraordinaire Une habitude de plus Blasée. Je travaillais smicard dans cette banlieue Lyonnaise 8 heures de carcan surnageant plancton perdu Au milieu d’un océan d’huile hydraulique Le dos voûté sous les vachardes angoisses existentielles D’un chef évadé depuis ses premiers émois pubères Vers un autre espace temps. Peur de l’ANPE de crever anonyme Affamé parmi les indifférents Peur et Espoir ces notions là Vous font atteindre des sommets de négation de soi. Je fis connaissance de Lydie étudiante en économie Future fourgueuse d’euphories coûteuses et inutiles Au cours d’une conférence où l’orateur Semblait de beaucoup préférer les rondeurs des filles Que les contours de son propres discours Ma quête intellectuelle n’ayant plus en ces temps de limite Je brossais les pompes des Christs de salons Sollers de sanitaire Francis Bacon des gribouillages en bâtiment Le moindre binoclard langage ardu Me couvrait Saint Martin d’un fichu des connaissances Postulant je briguais une chaire dans le cénacle des clairvoyances.

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This dyke wanted to fuck me Like two appealing magnet her cheerful pupil Increased the whiteness of her eyes She harnessed the laces of a gleaming dildo in ebony at her hips With this patient dexterity of experiment With this preppy disregard That makes of the extraordinary One more habit Blasé. I used to work as a monkey in this Lyonnaise Suburb 8 hours of yoke, a lost plankton floating In the middle of an ocean of oil My back bent under the nasty existential stress Of a boss escaped to another time space Since his first teen emotions. Fearing the job centre and anonymous death Hungry man amongst the indifferent ones Fear and Hope, these notions make You reach heights of self negation. I met Lydie studying economics Future flogger of expensive and useless euphoria In a meeting where the speaker Seemed to prefer much more the forms of the girls Than his speech’s My intellectual quest had no more limit in these times I used to lick drawing room Christ’s boots cabinet Sollers Francis Bacon doodles in building The slightest specs one tough speaking Covered saint Martin for me with a knowledge scarf Applicant I aspired to a chair in the perceptiveness circle.

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BRUNO TOMERA Invité dans une soirée Où l’illusionnisme apparaît être le but définitif de l’humanité Entre Vodka jus de fruit et stroboscopique musique Devant ce style Chic et Toc un rien révolté Transmis par des générations d’explorations bourgeoises Lydie me rentra pour ainsi dire dedans Féline griffes acérées dents Hollywoodiennes Vampirella de l’ère libérale L’aisance de ceux qui n’ont rien à redouter de la vie Des destinées mystères de la génétique et du pognon Faites exclusives pour le matérialisme le plus cannibale. Que pouvait-elle me trouver ? Les ongles sales qu’elle prenait pour un vernis Gemey Tignasse laquée à l’huile de vidange Un plouc rude et néanmoins malléable Un prochain salarié des entreprises Emmaüs. En cale sèche sentimentale depuis mon arrivée lyonnaise Lydie représentait un formidable catalyseur Des frustrations passées présentes à venir Je perdais l’équilibre à escalader cette montagne De suffisance et de chair presque mature Je me déflorais l’imagination dans le précipice de son chemisier Fille immense réfrigérateur Où s’entassaient les mets de mes envies les plus folles. Ses collègues apprentis mafieux Envolés vers d’autres contrées alcoolisées Installés nababs sur un sofa moelleux Lydie dissertait les yeux révulsés sur des jouissances inconnues J’étais partant déjà essoufflé dans les startings blocks La nuit jubilait paranoïaque à se découvrir d’autres galaxies. Quelques parades conventionnelles plus loin Nus et convaincants nous entamions le sacre du printemps Nul doute Nijinsky aurait apprécié cette Bacchanale.

Invited at a party Where conjuring seems to be the definitive aim of human kind Between Vodka and fruit juice and stroboscopic music In front this Chic and Fake style a little revolted Transmitted by generations of bourgeois explorations Lydie nearly bumped into me Feline sharp claws Hollywoodian teeth Liberal era vampire The easiness of those who have nothing to fear from life Destinies mysteries of the genetics and cash Done exclusively for the most cannibal materialism. What could she find in me ? The dirty nails she thought was a Gemey varnish Hair sprayed with oil from a sewage A rough but easy handing folk A nearly Emmaüs ltd employee Sentimentally vacant since my Lyonnaise arrival Lydie was a wonderful catalyst Of the past present future frustrations I was loosing grip by climbing this moutain Of bumptiousness and flesh nearly mature I deflowered my imagination in the gap of her shirt Huge fridge girl Where the dishes of my craziest wishes piled up. Her mates apprentices in the mafia Flown away to some other alcoholic countries Nabobs installed on a smooth sofa Lydie was held forth on unknown joys her eyes rolled upwards i was ready already breathless in the marks The paranoid night gloated discovering herself some new galaxies Some conventional parades further Naked and convincing we started the Rite Of Srping No doubt Nijinsky would have liked this Bacchanalia.

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BRUNO TOMERA Lydie harpie en sueur Dégoulinant le Bloody Mary par tous les pores de sa peau Me toisa et dans un râle convulsif cria - Je vais me farcir le prolétariat. Fonça dare dare vers un tiroir sans secret Une thèse à enrichir ? Un doctorat à étoffer ? Rien d’original sous la grisaille Longtemps qu’il se faisait farcir le prolétariat Par toutes les entrées d’usines et les cours de la bourse. Strip tease inverse langoureuse elle ajusta le pipeau Avec la grâce machiavélique d’un tortionnaire paternaliste. Y en avait marre Tel un nucléon dans la seconde du Big Bang j’étais sur elle Et lui balançait un gaufre d’anthologie Un million d’années de coups de pied au cul des guerres de cent ans De trente de la défloraison des Amériques de successions De sécessions de sévices de souffrances La commune en passant par l’Holocauste Les Bosnies les Ruanda les Algéries Toutes ces boucheries qui ne sont plus que des anecdotes Et celle à naître Moi gueulant Du Chili au Groenland tous ces êtres filous jamais responsables Investis patentés d’une mission divine ou nationale De mort lente ou rapide sous couvert De conjonctures de croyances et autres fariboles magiques. Tous les loqueteux liquidés au nom de la Déesse sanguinaire Miss Profit Les gémissements des miséreux ne nous étoufferont jamais Tu parles J’en chialais

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Lydie sweating harpy Bloody Mary dripping from every pore Eyed me scornfully and in a convulsive groan yielded - I’m gonna have the proletarian. Rushed down to a secretless drawer A thesis to fulfil ? A doctorate to thicken ? Nothing original under the greyness Long ago the proletarian was had By all the manufactory clocking in and legal tender. Inverted strip tease languorously she adjusted the pipe With the Machiavellian grace of a paternalist torturer. Enough was enough Like a nucleon at the Big Bang T-Time I was on her. And thrown her a shit loads of anthology A million years of kicks in the ass of war of one hundred year Of thirty of defloration of America’s of successions Of secession of cruelties of sufferings The Commune by the Holocaust Bosnia’s Rwanda’s Algeria’s All these slaughters that are now just anecdotes And the ones to come I, screaming From Chile to Greenland all this chicky people never responsible Thoroughgoing fuckers invested with a divine or national mission With slow or quick sentences to death under cover Of conjunctures beliefs and other magic lies All the poppers ruined in the name of the blood taking Goddess Miss Profit Their moaning will never soothe us Fuck it I bloody cried for it

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BRUNO TOMERA Elle valdingua dans les bibelots surfaits les fausses antiquailles Geignantes affalée une main sur sa joue le trombone en l’air Je décidais de m’éparpiller vers ma banlieue de traîne patins Un nouveau chapitre s’écrivait Obstinément dans le petit matin. Aujourd’hui je pousse un môme vers son devenir Lui même me tirant dans les tours de roue du landau Vers le néant Sa mère à la poigne des femmes de bon sens inné Sauvageonne habillée de douceur Elle a assez de certitudes pour trois J’enterre des rêves j’en exhume d’autres Une vie normale... Quelquefois quand le ciel est trop lourd à porter En souriant je pense à Lydie A cheval sur le monde croqueuse de vide. On a de ces nostalgies, parfois... Allez salut.

She went crashing down the overrated bibelots the fake antiques Moaning slumped one of her hand on her cheek her butts up I decided to fuck off back to my tramp suburb Another chapter was being written at dawn, stubbornly. Now, I push a kid to his future Himself dragging me in the wheel rolling of the pram To nothingness His mother has the sensible women’s firm handedness Wild stock dressed with sweetness She’s got enough certainties for three I bury dreams and exhume others A normal life... Sometimes when the sky is too heavy to carry Smiling, I think of Lydie Ridding the world emptiness digger Sometimes, you’ve got such nostalgia... Bye then.

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BRUNO TOMERA HORIZONS

HORIZONS

Les nuages alezans trottent Sur les pâturages nécropoles Et pleurent des larmes de grès Dans les espaces clos du silence Mon cœur essuie dans cette course La bave des sacrifices l’écume des labeurs Et conjure au jour déclinant L’offrande du repos apaisant Tout bouscule l’ordre de la mort Si confuse si abstraite Comme une négation de plus à notre unique existence Et mes jambes trop maigres Me portent incrédule vers l’effroi Du dernier refuge Ou la main humaine pourtant tue sans trembler Et mes prières sont vaines Étouffées par le calvaire des hennissements raides et cassés Puis leurs pattes poussiéreuses en soubresaut S’infiltrent dans mes éponges asthmatiques Mes pas s’acoquinent alors aux empreintes des chevaux Qui vont dans l’hiver chercher fortune Près des rivières d’étoiles glacées Et ma chevelure se fond dans leurs crinières décolorées Et nous galopons vers quelques libertés.

The sorrel clouds trot On the necropolis fields And cry sandstone tears In the shut spaces of silence In this lap my heart wipes off The spit of sacrifices the foam of the labours And conjures to the declining day The offer of the cooling rest Everything knocks down the tidiness of death So confused so abstract Like one more negation to our existence And my too meagre legs Take me - incredulous - to the dread Of the last home Where the human hand yet kill without shaking And my prayers are vain Muffled by the sore trial of the rigid and broken neighs Then their dusty legs seep in My asthmatic sponges in a sudden start My steps team up with the horses foot steps That goes look for wealth in wintertime By the rivers of frozen stars And my hair merges in their faded manes And we gallop to some freedoms.

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BRUNO TOMERA ART DU VOULOIR VIVANT

ART OF THE LIVING WILL

(une touche de dérision).

(a touch of derision)

Une cigarette et le temps inerte pour compagnon Cette cellule ressemble absence à une identité de photomaton Où sifflent ultra sons échos des murs Les rumeurs intérieures souvent inédites Des espoirs qui gravats s’effritent Sur mon bocal cervical et s’offrent en pâture Aux pinceaux des sentiments D’un peintre un peu fou Qui de moi se moque surtout Esquissant labyrinthe diverses teintes Relationnelles du vide affectifs survenu En pulsations psychotiques chromatiques enfin atteintes Et contraire - fort et démuni s’engloutissent dans l’astreinte Du mouvement à ce moment lent Ébauche achevée pourtant jamais terminée intitulée : Art du vouloir vivant.

A cigarette and the inert time for companion this cellar looks like absence a picture of photo machine Where ultra sounds whistle echoes of the wall The inner rumours often unseen Hopes like rubbles crumble away On my cervical jar and offer themselves to The brushes of the feelings Of a foolish painter Who mocks on me mostly Sketching - labyrinth - different relational Shades of the affective blank that happened Through chromatic psychotic pulses reached at last And inverse - strong and destitute - get engulfed in the constraint Of the movement at this one slow moment Achieved yet never ended sketch titled : Art of the living Will.

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BRUNO TOMERA

J’AIME LA VIE...

I LOVE LIFE...

Petite blonde, elle était bien mignonne cette psychologue, vingt cinq ans à tout casser. Elle critiquait mon personnage et mon manque de volonté au cours de cet entretien organisé par l’ANPE pour un stage de reconversion vers je ne sais quel hypothétique débouché à l’emploi, emploi mot magique et purificateur ergoté par tous les Merlins, enchanteurs des basses classes comme si crever de quotidien et d’humiliations dans des emplois sordides pouvaient remplir les fissures de cette satanée vie. Oui, elle était bien mignonne, j’admirais cette bouche magnifique, ces dents faites pour croquer toutes les pommes du diables, ces lèvres veloutées comme un coulis de framboise. C’était pitié que d’une telle bouche puisse sortir un chapelet de conneries si conventionnelles et entendues. Dans ce théâtre à huis clos chacun tenait son rôle, moi le paumé à intégrer dans une autre misère et elle pourfendeuse de feignants et d’assistés de toutes sortes. Elle m’incendiait de sottises libérales : prise en charge de soi-même, se forger une âme de gagnant, je me voyais bien conquérir le monde en bleu de travail au SMIC sans trop ouvrir mon clapet à revendications.

Little blonde girl, she quite pretty this psychologist, twenty five at the most. She was criticising me and my lack of will along this interview organised by the job centre for a vocational training course to some hypothetical employment, job magical purifying word quibbled about by all the Merlins, low classes wizards as if kicking the bucket from the daily things and humiliations in sordid jobs could fill up the cracks of this bloody life. Yes, she was quite pretty, I admired this beautiful mouth, these teeth made for biting in every devil’s apples, these lips as velvety as a raspberry swirl. It was so pitiful that from such a mouth, such a string of conventional and knowing bullshits could get off. In this theatre in camera each one had their role, I, the drop-out to integrate into another pain and, she, the destroyeress of wastes and assisted of all sorts. She was telling me off, pouring down all the liberal nonsense : self-take caring, gaining a winner spirit, I already could see myself conquering the world in a grease monkey suit with minimum wage without not opening too much my claims gasbag

Je somnolais aux sons de ces Blablas en fantasmant sur cette divine bouche. Avait-elle entre midi et deux après un Mac Donald dégoulinant, retrouvé un jeune homme carriériste, un vainqueur comme elle, qui savait lui apporter les satisfactions d’une vie pleine de promesses, le confort, l’argent sauveur ; un jeune homme sûr de lui en habit d’esbroufe genre trois pièces pour épater les cons, qui pouvait marcher sur la tronche de ses collègues en toute bonne conscience et écouter tinter les cloches de l’ambition le revolver dans une main et un portable dans l’autre, héros imberbe d’un clip publicitaire pour after shave putride.

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I was half-asleep listening to her waffle fantasising on this divine mouth. Had she, between luncheon and two o’clock, after a dripping Mac Donald’s sandwich, met a young golden man, a winner like her, who could bring her the satisfactions of a life full of promises, the comfort, the saving money ; a self-confident young man dressed as a big talker three pieces style to stagger assholes, who could step on the face of his colleagues in good consciousness and listen to the ambition bells ringing, a revolver in one hand and a mobile in the other, hairless hero in an advert for a putrid after shave lotion.

MAUVAISEGRAINE #27


BRUNO TOMERA

Ils avaient bien dû se palucher comme deux loups Madelinistes affamés en s’arrachant des couinements d’aise ces deux décalcomanies de l’époque virtuelle et lézardée, des bécots bien salés, bien baveux, les mains au panier, dans la culotte DIM aux merveilleuses teintes acidulées... Merde, alors... elle lui a peut-être tété le gland à ce bienheureux, la bouche en O, les doigts qui couraient sur les burnes et peut-être qu’à l’heure où elle me saoulait de fadaises économiques, les spermatozoïdes cavalaient encore dans sa bouche, s’incrustaient dans la moindre carie de ses molaires, organisaient un gymkhana, jouaient au toboggan dans le fond de sa gorge pour crever stupides dans les sucs digestifs de son estomac, tous cons de louper l’ovule, un rendez-vous pour rien. Bernique. J’en jouissait jusqu’à l’écoeurement, plus moyen de me retenir, je larguais ma purée dans mon froc et dégueulais les petits blancs acides du matin sur son bureau, dans mon dossier. J’étais vert, elle aussi. - Mais... Mais vous êtes ignoble, igno... Foutez le camp, dehors, je vous annule, salaud... C’était râpé pour ma future entrée dans le monde besogneux, ce monde n’avait pas besoin de moi, c’était conclu. Un peu foireux, j’économisais sur la branlette du soir, la vie est positive, parfois. Encore quelques années à ramer dans le rien... Vivement la retraite.

They must have fingered each other like two hungry Madelinist wolves wrested ease squealing those two decalcomania of the virtual and crackled era, salted, dribbling kisses, hands on butts, in the DIM pants with marvellous acidulated shades... Shit !... perhaps she had suck at this blessed one’s glans, her mouth in O shape, her fingers running on his balls, and maybe that at the time she was boring me to death with her economical bullshits, the spermatozoids were still running across her mouth, getting stuck in the least hole of her molars, organising a rally, playing toboggan in the depths of her throat to stupidly die in the gastric juices of her stomach, all fools to miss the ovule, a rendezvous for nothing. Nothing doing ! I came off to disgust, no way to control myself, I poured my purée in my pants and puked the morning white wine little glasses on her desk, in my file. I was mad, so was she. - But... But you’re disgusting, disg... Fuck off, out, I dismiss you, bastard... It was missed for my future entrance in the labour world, this world had no need of me, that was sure. A bit sicky, I economised on the evening wank, sometimes, life’s positive. A few more years rowing in nothingness. Roll on retirement.

Translated from French by Walter Ruhlmann

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NOTES Les

Rencontres

littéraires

et

organisent

leur

artistiques

l’Île

des

31ème

(poésie ?

et

que notre distance géographique - Gironde, et internationaux, signés

poètes c’est une revue belge - soit la seule pour la plupart Jacques Danois.

concours cause du manque d’intérêt que je S’adresser au 5, impasse Bardos nouvelles ? lui porte. Comme dans son n° 262, 33800 Bordeaux. France.

pluridisciplinaire ?)

du

1er les articles fouillés sont loin de

décembre 1998 au 31 mai 1999. pouvoir me garder éveillé, même J’aime recevoir des services de Vous

pouvez

demander

les s’ils sont bien écrits et dignes des presse de grandes pointures. Ainsi,

conditions de participations et/ou le plus grands critiques. J’aimerais Pierre Vaast m’envoie ce mois-ci programme soit à P. Jolas 18, rue

avoir l’occasion d’assister à leurs quelques petites annonces à insérer

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revuistique

de

son c’est bien pour cette raison que Les

plus que précieuses il y a de cela 2

directeur, et pour cause : Michel dossiers d’Aquitaine ont décidé ans ; ainsi que deux ouvrages Prades et ses collaborateurs ont d’en profiter, et ils ont bien raison. scolaires : Les outils d’analyse toujours le bon mot, comme le bon Cette

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choix, n’hésitant pas à publier de la indépendante

“ au

d’édition littéraire : parfum

80

outils

pour

de commenter les textes au bac et Je

prose, comme dans le dernier n°81, liberté ” (sic.), nous et vous fait lis, j’étudie, j’écris des textes dans lequel Christian Chambon et savoir qu’ils sont les éditeurs d’un poétiques, un cahier de travaux Jean-Pierre Ghio sont excellents ; guide

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SURF Il est des films que l’on va voir parce que la critique est bonne et que les médias en font l’éloge ; d’autres qu’il faut voir parce qu’ils sont d’une importance considérable, qu’il représente quelque chose pour nous, tous ou chacun. L’histoire de ce film, je ne la connais pas, il me semble à première vue, que le réalisateur et scénariste a voulu aller plus loin encore que ce qu’il avait fait par le passé. Le film dont je parle c’est Il faut sauver le soldat Ryan, Save Private Ryan en anglais, de Steven Spielberg. Nombreux sont ceux qui auront eu de la peine en regardant les premières minutes, si longues, de ce film que d’aucuns voudraient grandiose. Il n’en est rien. Les scènes de boucheries du débarquement - le moment où tous ces beaux américains, anglais et canadiens, et les autres... musclés, arrivent sur les plages de Normandie et se font aligner par les soldats du Reich déjà en pleine décomposition - sont bien trop disproportionnées à ce qui fait suite, trop de trop et trop de trop peu ; c’est alors le prétexte pour filmer des bras qui tombent, des ventres ouverts, des crânes qui explosent sous l’impact des balles de 20 mm. Ce qui donne à ce film une réelle qualité, une mise en scène de la guerre fameuse et que nul n’avait encore réussi à ce jour. Une fois l’hémoglobine avalée, le film n’a plus aucun intérêt et les partisans de l’américanisme poisseux et dégoulinant de bons sentiments mielleux seront ravis. Puisque la fin du film est évidente, au moment où le Capitaine Miller, qu’incarne Tom Hanks, mourant, mais dont l’honneur sauf par la réussite de sa mission (sauver Ryan, le vrai héros du film, alias Matt Dylon) veut faire la moral de l’histoire, il susurre à l’oreille de son protégé : “ Mérite-le ”. Mérite quoi ? Retourner dans un pays qui a fait tué des dizaines d’hommes pour n’en sauver qu’un ? La vrai question que pose Spielberg au travers de ses personnages c’est : “ était-ce réellement nécessaire de sauver l’Europe au prix de milliers d’américains et assimilés du joug des nationaux socialistes ? ” Et bien merci Spielberg, tes soldats nous ont ensuite apporté leur lot de hamburgers, de plan Marshall, de sale modèle à reproduire, y compris des films aussi nases que le tien. Et comme nous sommes à l’heure de l’internet, il est de nombreux sites retraçant “ making-of ” du film et autres états d’âme (et fric !) des acteurs. Alors, pour tous ceux qui en ont les moyens et l’envie, je leur conseille malgré tout d’aller voir ce film, puis de se repasser en vidéo Le jour le plus long, puis d’aller surfer sur http://countdown.8i.com pour se faire leur propre idée du film. J’étais à la sortie nationale, avec Bruno, la salle était comble, mon envie de dire flûte aux ricains aussi ! Walter

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LE MOIS PROCHAIN DANS MAUVAISEGRAINE…

MAUVAISE GRAINE - REVUE MENSUELLE ET BILINGUE DE LITTÉRATURE TENDANCE UNDERGROUND - N°27 OCTOBRE 1998 - ISSN : 1365 5418 - DÉPÔT LÉGAL : À PARUTION - IMPRIMERIE SPÉCIALE DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : WALTER RUHLMANN - ASSISTÉ DE MMRGANE ET DE BRUNO BERNARD © MAUVAISE GRAINE & LES AUTEURS, OCTOBRE 1998 ADRESSE

FRANCE

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mgraine@mygale.org www.mygale.org/~mgraine

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ABONNEMENT POUR UN AN (12 NUMÉROS)FRANCE : 150 FF - ÉTRANGER : 200 FF INDIVIDUELLEMENT, LE NUMÉROFRANCE : 15 FF ÉTRANGER : 20 FF RÈGLEMENT PAR CHÈQUE OU MANDAT POUR LA FRANCEPAR MANDAT INTERNATIONAL POUR L’ÉTRANGER

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