Michel NOËL
LA BEAT GENERATION Beatniks, Hippies and Free Love
Éditions Hic et Nunc
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Photo de couverture, le « Beat hotel » au n° 9 de la rue Gît-le-Coeur à Paris, 75006
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A mes amis atomisés et scintillants, éternels noctambules qui papillonnaient, virevoltant sous les étoiles, et qui brûlaient leurs ailes aux lumières caressantes de lunes parfumées, mystérieuses et joueuses, nos nuits étaient vibrantes et si belles...
Préface C'est en tant que rédacteur du portail Wikipédia France consacré à la littérature américaine et menant des recherches en anthropologie sociale et culturelle consacrées aux groupes et mouvements qualifiés de contre-culture que je publie ce corpus collaboratif plus spécifiquement consacré aux auteurs et acteurs du mouvement de la « Beat Generation » afin de le porter à la connaissance des lecteurs francophones (ou francophiles). L’édition papier de ce mémoire est doublée par une édition numérique qui actualise cette publication en fonction de l'avancement des recherches et de l'évolution de notre fond d'archives : https://issuu.com/micheln./docs/la_beat_generation_a358a78a75e33c Ce «partage des savoirs» entre chercheurs et lecteurs s'effectue sous la licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International (CC BY-NC-ND 4.0) enregistrée au nom de : michelnoel - ID : 13GArZwn6wBrtSsF4cYPhvt8xKknKEp92k https://cc.ascribe.io/app/pieces/17493 Cette catégorie de licence confirme la démarche collaborative qui est la mienne dans l'organisation et dans la quête des connaissances et autorise ainsi sans aucune restriction de droits d'auteur le partage libre et gratuit ainsi que l'utilisation des données contenues dans ce texte. Il importe cependant de respecter l'objectif de ce corpus qui est culturel et éducatif ce qui par conséquent exclu tout usage à des fins commerciales. Dès lors il suffit dans le cadre d'une utilisation ordinaire de tout ou partie des éléments de cette publication de simplement citer l'auteur, le titre de l'ouvrage, le numéro de la licence Creative Commons sous laquelle le texte est enregistré ainsi que de faire figurer le logo cidessous.
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Le 6 août 1945 décolle à l’aurore de la base américaine de Tinian, dans le Pacifique sud, le B-29 Enola Gay qui doit se diriger vers Honshu, principale île du Japon, et la ville d’Hiroshima. A 8h15, le bombardier libère la bombe de cinq tonnes de la soute du Boeing, plus de 250.000 personnes vont ainsi mourir, le 9 août 1945, une deuxième bombe atomique est lâchée sur la ville de Nagasaki... Ce cauchemar allait mondialement marquer son époque et toute une génération. En 1958 Gregory Corso écrit comme en écho son célèbre poème en forme de champignon atomique « BOMB » : O Bomb I love you I want to kiss your clank eat your boom You are a paean an acme of scream a lyric hat of Mister Thunder O resound thy tanky knees BOOM BOOM BOOM BOOM BOOM BOOM ye skies and BOOM ye suns BOOM BOOM ye moons ye stars BOOM nights ye BOOM ye days ye BOOM BOOM BOOM ye winds ye clouds ye rains go BANG ye lakes ye oceans BING Barracuda BOOM and cougar BOOM Ubangi BOOM orangutang BING BANG BONG BOOM bee bear baboon A l’apocalypse de la bombe atomique explosait soudain une autre bombe, pacifiste et littéraire celle-là, un mouvement de jeunes écrivains et poètes qui allait se faire connaître au monde entier sous le nom de Beat Generation. Madame Élisabeth Guigou, actuelle Présidente de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale écrivait en Décembre 2003 dans un numéro hors-série « Politique et Littérature » de la Revue des Anciens Élèves de l'E.N.A le texte qui suit et qu’elle m’autorise aimablement à reproduire in extenso dans cet ouvrage : [...] La Beat Generation est née dans les années 50 et a succédé à la Grande Génération des années 20, dont faisaient partie des écrivains tous très brillants mais si différents les uns des autres, comme Hemingway, Dos Passos, Faulkner, Steinbeck ou Fitzgerald. A l’instar de ceux que Gertrude Stein a décrit comme étant « une génération perdue », la Beat Generation était issue d’une guerre mondiale et représentait une forme de rébellion sociale. Toutefois, la comparaison entre ces deux générations ne peut pas être poussée trop loin. Une analyse approfondie montre que l’arrière plan historique et social des années 50 était constitué d’éléments entièrement nouveaux qui caractérisaient non seulement une nouvelle génération, mais aussi une nouvelle ère : celle de la bombe atomique. Avec la possibilité d’une destruction totale, il n’était plus possible de se référer aux valeurs traditionnelles. Certains des poètes et écrivains Beat, comme Kerouac, étaient encore jeunes à la fin de la seconde guerre mondiale, mais ont réalisé qu’un tel et énorme degré d’horreur n’avait jamais été atteint. C’était le temps de la crémation des juifs et de la destruction de cités entières, une époque qui a vu la mort instantanée de millions de femmes et d’enfants en un instant avec une seule bombe atomique. A la fin de la guerre, le monde a réalisé que des millions de personnes avaient aveuglément suivi Hitler dans sa mégalomanie. Le monde était à la merci d’un fou, car il avait acquis l’effrayant pouvoir de s’autodétruire. La civilisation de la bombe atomique avait plusieurs caractéristiques qui faisaient qu’un grand nombre de jeunes doutait des valeurs de la société dans laquelle ils 4
vivaient. Une course frénétique aux armements avait commencé et la guerre froide avait suivi de près la seconde guerre mondiale. Il semblait que le monde ne retrouverait plus jamais la paix. En tout état de cause, l’Amérique n’était plus capable de tenir les rênes de la paix. Pour maintenir le pouvoir déjà acquis, l’Amérique s’en remettait au général Mac Arthur qui prit les commandes des forces des Nations Unies en Corée. A partir de cet instant, on pouvait craindre une guerre universelle. Toute la psychologie des jeunes Américains s’en trouvait profondément bouleversée. Les attitudes morales devaient s’ajuster à la « civilisation cosmique ». Par ailleurs, l’Amérique était ébranlée par des scandales spécifiquement américains : la ségrégation raciale et le fait que la grande et puissante Amérique était incapable d’empêcher des millions d’êtres humains de mourir de faim. Dans son poème « America », Allen Ginsberg montrait la grandissante absurdité d’une civilisation toute entière : le matérialisme sans imagination, la monolithique conformité et le conformisme, le manque d’énergie du peuple américain, leur confiance aveugle en des valeurs « ridicules » qui les entraînait vers une destruction morale et une existence végétative. La Beat Generation est née de la crise causée par l’apparition de l’arme nucléaire. Elle était donc tenue d’être une génération de révolte sociale, de désaffiliation, qui devait soit détruire les valeurs traditionnelles soit les tourner en ridicule. La Beat Generation représente de ce fait un phénomène de société de premier plan […]
Jack Kerouac et Allen Ginsberg
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Un mouvement esthétique subversif Comme il est dit dans la préface, la Beat Generation est un mouvement littéraire, social et culturel né dans les années 1950, aux États-Unis. Le terme de « Beat Generation » fut employé pour la première fois en 1948 par Jack Kerouac pour décrire son cercle d'amis au romancier John Clellon Holmes (qui publiera plus tard le premier roman sur la Beat Generation, intitulé Go). Holmes définit le mouvement dans un article faisant office de manifeste esthétique, publié dans le New York Times le 16 novembre 1952 : « This is the Beat Generation »¹ . Howl d'Allen Ginsberg (1956), Sur la route de Jack Kerouac (1957) et Le Festin nu de William S. Burroughs (1959) sont les œuvres les plus marquantes de la littérature beat² . L'homosexualité affichée de certains membres de ce mouvement artistique fit scandale dans l'Amérique puritaine³,⁴. Howl et The Naked Lunch furent l'objet de procès en obscénité qui marquèrent la libération du monde de l'édition aux États-Unis avant de devenir des références pour le mouvement gay et la libération sexuelle de la génération suivante³ ,⁴. William Burroughs, Allen Ginsberg et Jack Kerouac sont les précurseurs du mode de vie de la jeunesse des années 1960, celle de la Beat Generation qui a ébranlé la société américaine dans ses certitudes. Elle a directement inspiré aussi bien les mouvements de mai 1968 que l'opposition à la guerre du Vietnam, ou les hippies de Berkeley et de Woodstock. Pourtant la Beat Generation a aussi contribué à enrichir le mythe américain. Sur la route, le roman le plus connu de Kerouac, est une ode aux grands espaces, à l'épopée vers l'ouest, à la découverte de mondes nouveaux ⁵. Alliant créativité débordante et fascination pour les milieux underground des villes des côtes Est et Ouest des ÉtatsUnis et tout l'art qui s'y crée (littérature, jazz, etc.), la Beat Generation témoigne également d'un attachement profond aux grands espaces, à la nature et aux spiritualités chamaniques dans lesquelles l'homme est partie intégrante du Cosmos. Origines du terme «beat» : cet adjectif proposé par Herbert Huncke avait initialement le sens de « fatigué, cassé », venant de l'argot américain. J. Kerouac y ajouta la connotation paradoxale de upbeat et beatific. Comme nous le verrons il se moquera ensuite souvent de l'appellation donnée au mouvement quand il dit: «I'm a Catholic, not a beatnik». Le sens premier fait donc référence à une génération perdue, fin de siècle même, beat signifiant cette fois pour John Clellon Holmes : «être à la rue, battu, écrasé, au bout du rouleau». Jack Kerouac, également surnommé par ses congénères le «charmeur de poules», s'explique lui-même sur le terme et le présente comme tiré d'une expression employée par les Noirs américains, dans le sud des États-Unis, faisant référence à la pauvreté, à l'écrasement⁶. Voici ce qu'il raconte dans un entretien avec Alfred G. Aranowitz extrait de la revue U.S. (traduit par Mary Beach in «Jack Kerouac, Carnets», L'Herne, 2009) : «Beat, ouais... j'm'souviens bien de tout ça. John Holmes et moi nous écoutions des disques de jazz, en picolant, tououuuu-te la journée... ouais, et nous parlions de la Génération Perdue. Et qu'est-ce que c'est que cette génération triste ? Alors nous avons pensé plusieurs dénominatifs et j'ai dit : Ah ! c'est une vraie BEAT GENERATION, et il le dit tout bas et il bondit... ça y est ! ça y est ! Vous voyez ! Et il rit à pleine gorge... Non, je me souviens, j'y suis ! Il fit AHHHHHH !!! Vous voyez... alors je l'ai noté dans «Sur la route» cette expression. Mais il fit connaître le terme Beat Generation avant même que «Sur la route» ne soit publié. Et il l'a même annoncé dans le New York Times, je me suis fâché, parce que l'article que John écrivit pour le New York Times était le plan de "The town and the City" (traduit en français sous le titre «Avant la route») et personne ne voulait 6
croire ou même considérer que c'était moi qui avait inventé le terme Beat Generation. Ginsberg prétend que c'est Herbert Edwin Huncke... beat... mais Huncke n'a pas dit BEAT GENERATION, il a dit tout simplement : BEAT... nous avons adopté ce mot... D'abord pour moi, ça voulait dire : PAUVRETÉ... dormir dans le métro, comme Huncke... tout n'était qu'illumination... oui, des idées lumineuses sur l'Apocalypse, sur tout... puis je suis allé à Lowell, en 1954, et j'ai pris une chambre sur Skid Row, près de la gare. Je faisais chaque jour vingt kilomètres à pied autour de la ville... puis je suis allé dans la vieille église où je fus confirmé, et je me suis agenouillé tout seul, TOUT SEUL... oui, dans l'église, dans le grand silence de l'église... et brusquement j'ai réalisé : BEAT !... beat veut dire béatitude, BÉATITUDE ! Ainsi pour Kerouac, d'origine franco-canadienne, la sonorité du mot est aussi à rapprocher du terme français «béat» : «It's a be-at, le beat à garder, le beat du cœur», puis il ajoute : «le tempo c'est le battement du cœur», le rapprochant d'une expression utilisée par le jazzman Charlie Parker ⁷, ⁸. Il fait aussi le lien au rythme en général : celui de la batterie, des pagayeurs dans leurs canoës, etc. Les influences : Un certain nombres d'écrivains ont influencé les thèmes ou le style des œuvres de la Beat Generation. Kerouac a lu Céline ⁹ qui a eu une grande influence sur lui, notamment par l'emploi de langage parlé et populaire et par le rythme narratif. Kerouac apprécie aussi Herman Melville, Henry Miller, Dylan Thomas ou encore Jean Genet et Arthur Rimbaud qu'il peut lire en version originale du fait de ses origines francophones du Canada. Ces écrivains ont en commun de placer le thème de la révolte face à la société conformiste au centre de leurs œuvres, thème qui sera cher aux écrivains de la Beat Generation. En 1970, Kerouac publie une biographie d'Arthur Rimbaud (Arthur Rimbaud, City Lights Books, 1970). Dans une lettre à un éditeur datée du 6 janvier 1966, Allen Ginsberg écrit à propos des influences de la Beat Generation : « Kerouac, Corso, Burroughs et moi avons comme source principale Shakespeare.[...] Gregory Corso et moi aimions Marlowe et Shelley — et moi Keats — et surtout Smart, Apollinaire, Blake, la poésie de Melville, Thomas Hardy. [...] Notre principale source pendant dix ans a été la prose de Melville, de Céline, de Genet et de Dostoïevski».¹⁰ Le groupe est d'abord un cercle d'amis, les membres originels de la Beat generation se rencontrèrent à New York : Jack Kerouac, Allen Ginsberg, William Burroughs (dans les années 1940), rejoints plus tard par Gregory Corso (en 1950). C'est à l'université de Columbia que Ginsberg et Kerouac se rencontrèrent, alors tous deux étudiants. Au cours des années 1950, le groupe s'était étendu à des figures de la scène de San Francisco : Kenneth Rexroth, Gary Snyder, Lawrence Ferlinghetti, Michael McClure, Philip Whalen et Lew Welch. Qualifier ce petit cercle d'aspirants écrivains, artistes, arnaqueurs et toxicomanes en tout genre de «Génération» fut une façon de revendiquer leur importance, leur représentativité, et surtout le début d'un nouveau mouvement (sur les traces de la Génération perdue). C'était le genre de bravade qui aurait pu n’être qu'illusion de grandeur, mais l'histoire montre que la Beat generation se permit d'être un véritable mouvement littéraire, social et culturel. Le nom précéda l'essence, renforçant la cristallisation des idées autour du concept. Les membres de la Beat generation furent des nouveaux bohèmes qui s'engagèrent dans une créativité vigoureuse et libertaire. Les écrivains Beat produisirent un corpus d'œuvres dominées par la spontanéité, un quasiautomatisme dans l'écriture, pour provoquer une prosodie libre et rythmée. Autour de ce noyau dur d'artistes gravitèrent des personnalités au parcours moins connu mais à l'apport tout aussi important : Lucien Carr (qui présenta Burroughs à Kerouac et Ginsberg et qui ira en prison pour le meurtre d'un professeur de gymnastique, entraînant Kerouac dans son sillage), Herbert Huncke (un truand toxicomane qui rencontra Burroughs en 1946),
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Hal Chase (un anthropologue de Denver qui présenta Neal Cassady au groupe en 1947). Cassady devint très proche de Kerouac et fut immortalisé dans le roman Sur la route sous les traits du personnage Dean Moriarty, un voyou avide de vie et d'expériences. Les femmes prirent aussi une place d'importance dans le cercle Beat : Joan Vollmer, Edie Parker. Leur appartement de l'Upper West Side de Manhattan devint rapidement le lieu de rencontres privilégié des Beats, Joan Vollmer étant elle-même une participante active des discussions enflammées qui s'y déroulaient. Des personnalités hétérogènes : les membres de la Beat Generation sont issus de milieux socio-culturels très différents. Jack Kerouac a grandi dans un milieu conservateur, pauvre et catholique alors qu'Allen Ginsberg appartenait à une famille cultivée engagée à gauche et d'ascendance juive (son père est professeur d'anglais et sa mère est militante communiste). Mais les trois personnages ont en commun de ne plus partager les idéaux collectifs des générations précédentes (communisme, libéralisme, anti-nazisme...). Leur contestation ne se fond pas dans un mouvement de pensée structuré mais se traduit plutôt par la recherche d'un individualisme volontaire, par le rejet des conventions sociales (prise de drogues, refus du travail régulier, de la famille, homosexualité). Les écrivains beats se caractérisent par un retrait de l'American way of life sans pour autant proposer une autre voie, même si le voyage, l'exploration de religions orientales ou les paradis artificiels sont des manières de refuser la société établie aux États-Unis. Les œuvres majeures de ces auteurs fondateurs sont le roman Sur la route de Jack Kerouac, le poème Howl d'Allen Ginsberg et le roman Le festin nu de William Burroughs. En 1950, Corso rencontre Ginsberg, qui fut très impressionné par la poésie qu'il avait écrite alors qu'il était emprisonné pour vol. Les années 1950 furent marquées par des influences réciproques entre écrivains new-yorkais et de San Francisco (Ginsberg, Corso, Cassady et Kerouac s'y installèrent même pour un temps). Ferlinghetti (qui dirigea la maison d'édition City Lights Press) prit une plus grande importance, ainsi que Rexroth (un poète issu du modernisme, plus âgé que les Beats, et qui exerça sur eux une profonde influence) dont l'appartement devint un point de rencontre obligé des discussions littéraires. Rexroth organisa la lecture de Six Gallery, où le poème Howl apparut pour la première fois. À la parution de Sur la route en 1957 (l'ébauche en a été faite en 1951), les excellentes critiques (notamment de la rubrique littéraire du New York Times) en firent un best-seller instantané. Cet événement entraîna la vague d'intérêt pour le mouvement Beat qui mit en lumière tous ses membres. Les œuvres beats peuvent aussi bien être de la poésie que de la prose. Les auteurs utilisent des techniques comme « l'écriture spontanée » ou la « littérature de l'instant » et le cut-up qui permettent de dynamiser le récit et de rendre par écrit les impressions ressenties lors de la prise de drogues (technique particulièrement visible dans Le Festin nu). La beat generation et le jazz : C'est Cassady qui fit entrer le jazz dans la scène Beat, avec son parlé relâché et spontané qui serait plus tard associé aux beatniks. Cassady n'était pas écrivain lorsqu'il intégra le groupe, mais il marqua fortement le groupe par son style que Kerouac citera plus tard comme influence majeure qui le mena à formaliser sa prose libre qu'il utilisa dans Sur la route (les autres influences majeures étant les solos jazz improvisés et le rock pré-hippie de The Temptations). Peu de temps avant sa mort, Jack Kerouac confiait que son ami Neal Cassady aurait pu devenir célèbre si une lettre que ce dernier lui avait adressée n'avait pas été égarée. Le courrier en question, quelques 16.000 mots rédigés sous l'influence des amphétamines en 1950, aurait inspiré l'écriture de « Sur la route ». Par chance la correspondance n'était pas définitivement perdue, juste rangée au mauvais endroit. Kerouac raconte dans The Paris Review en 1968, que son ami Allen Ginsberg l'avait prêtée à un ami qui l'aurait laissée échapper dans 8
l'eau, près de son habitation flottante. En vérité le poète avait souhaité la faire publier, et l'avait envoyée à la maison d'édition Golden Goose Press, à San Francisco. L'éditeur ne la consulta pas et le courrier n'allait être redécouvert que quelques années plus tard, par l’acheteur des manuscrits de la maison. S'étalant sur 18 pages, en simple interligne, il raconte sa visite, ivre, dans sa ville natale, où il vécut des expériences sexuelles, qu'il raconte à renfort de touches humoristiques. Selon les confessions de Jack Kerouac : « C'est une œuvre phare de la Beat Generation qui constitue le meilleur écrit que j'ai eu à lire dans ma vie». Meilleur que tout aux États-Unis. Du moins, assez pour que les Melville, Twain, Dreiser et Wolfe se retournent dans leur tombe ». Son biographe Dennis McNally estime quant à lui : « C'est d'une très grande valeur. Elle a beaucoup inspiré Jack Kerouac [...] par ce style d'écriture spontané qui venait directement du cerveau de Neal Cassady ». Last but not least le mot beatnik apparaît également le 2 avril 1955 sous la plume de Herb Caen dans le journal San Francisco Chronicle. Le mot beat désignait depuis le XIXème. siècle un vagabond du rail voyageant clandestinement à bord des wagons de marchandises. Peu à peu ce mot a pris le sens que lui ont donné les jazzmans noirs : beat en est venu à signifier une manière de traverser la vie. Être beat devint « être foutu, à bout de souffle, exténué ». Le « beat » (pulsation) est aussi le « rythme » en musique (jazz). Le terme beatnik, forgé à partir du mot beat et du nom du satellite russe Sputnik, était initialement péjoratif en cherchant à faire croire que les beats étaient une communauté de communistes illuminés en pleine période de maccarthysme. Jack Kerouac a toujours rejeté le terme de beatniks qui sera pourtant repris par une partie de la génération hippie. Les femmes de la Beat generation : Souvent laissée de côté dans l'histoire des premiers temps, Joan Vollmer (qui devint plus tard Mme Burroughs) fut sans équivoque présente dès le tout début de l'aventure. Elle est décrite comme une femme intelligente et intéressante, mais qui ne s'impliqua pas dans l'écriture. Par ailleurs, à l'inverse d'un homme comme Cassady, personne ne choisit d'écrire à son sujet. Elle n'est restée dans l'histoire que comme l'épouse que William Burroughs tua par accident d'une balle en pleine tête (en cherchant à rejouer le mythe de Guillaume Tell). Corso soutint que les femmes furent très présentes dans le cercle, mais qu'il fut très dur pour elles de revendiquer le style de vie bohème des beats : stigmatisées, vues comme folles, certaines furent éjectées du mouvement. Il raconta ainsi l'histoire de la jeune « Hope » qui fut la première mentor de Kerouac et Ginsberg dans leur intérêt pour le bouddhisme, leur faisant lire certains auteurs, dont Li Bai. Certaines parvinrent tout de même à se faire un nom au sein des Beats : Joyce Johnson, Hettie Jones, Diane DiPrima, Janine Pommy Vega, et Hedwig Gorski11. Notes et références ↑ (en) Article « This the Beat Generation » consultable en ligne [archive]. ↑ Charters (1992) The Portable Beat Reader ↑ a et b Ann Charters, introduction, Beat Down to Your Soul, Penguin Books (2001), ISBN 0-14-10-0151-8 p. XIX. ↑ a et b Ted Morgan, Literary Outlaw, Avon, New York, 1988. p. 347, Trade Paper edition, ISBN 0-380-70882-5 ↑ « La beat generation et son influence sur la société américaine » par Élisabeth Guigou, in La Revue des anciens élèves de l'École nationale d'administration, numéro hors-série, « Politique et littérature », décembre 2003, consultable en ligne [archive]. ↑ Kerouac répond en français lors d'une émission de télévision [archive] ↑ Alain Dister, La Beat Generation. La révolution hallucinée, Découvertes Gallimard, Paris, 1998, p. 51. 9
↑ Dans « Sur les origines d’une génération », paru dans Playboy en juin 1959, Kerouac explique qu’il ne faut pas comprendre le mot « beat » dans le sens d' « abattu », mais dans un sens positif, quasi religieux, proche du mot « enthousiasme », étymologiquement « touché par Dieu », c'est-à-dire dans un sens chrétien : « Je suis Beat, c’est-à-dire que je crois en la béatitude et que Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a sacrifié son fils unique. » ». ↑ « L'écrivain qui a eu sur lui [Kerouac] une influence déterminante, celui qu'il place audessus de tous, est Céline » écrit Michel Mohrt dans la préface à Sur la route, éd. consultée : Folio 2003, p. 9. ↑ Allen Ginsberg, Lettres choisies, 1943-1997, Gallimard, 2013, cité dans Les Lettres françaises, Connaissance d'Allen Ginsberg, Christophe Mercier, Nouvelle série n° 110, 05 décembre 2013. ↑ (en) Article « This the Beat Generation » consultable en ligne [archive] Bibliographie - (en) William Lawlor, Beat culture : lifestyles, icons, and impact, ABC-CLIO, 2005, 392 p. (ISBN 9781851094004) - (fr) Beat Generation, en collaboration avec William Burroughs, Allen Ginsberg et Brion Gysin, Flammarion, Mille et une pages, 2001, (ISBN 978-2080687821). - (fr) Les Écrivains de la Beat Generation, Jacqueline Starer, 2011, Éditions d'écarts, Dol-de-Bretagne France. - (fr) La Beat Generation, La révolution hallucinée, Alain Dister, Gallimard, coll. Découvertes n°334, 1997 (ISBN 978-2070534203) - (en) Dharma beat, revue sur Jack Kerouac, éditée par Attila Gyenis - (fr) Jacqueline Starer Les femmes de la beat generation et la poésie
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De Columbia University à la 42nd Street in the city of New York
William S. Burroughs Né le 5 février 1914 à Saint-Louis au 4664 de Pershing Avenue1 dans l'État du Missouri, mort dans sa propriété de Lawrence (Kansas) de complications liées à une crise cardiaque le 2 août 1997 (à 83 ans), est un romancier américain. Principalement connu pour ses romans hallucinés mêlant drogue, homosexualité et anticipation4, il est associé à la Beat Generation et à ses figures emblématiques : ses amis Jack Kerouac et Allen Ginsberg. On retient de lui son utilisation littéraire du cut-up, technique mise au point dans une petite chambre d'hôtel rue Gît-le-Cœur à Paris avec Brion Gysin : le cut-up consiste à créer un texte à partir d'autres fragments textuels de toute origine (littérature, articles de presse, catalogues de vente par correspondance...) découpés de manière régulière, et remontés selon une logique prédéfinie, afin de faire émerger l'implicite, l'inavoué des textes de départ. Associé aux routines (récurrences de fragments du texte) tout au long d'une œuvre, le cut-up a également pour objectif de briser la cohérence logique imposée au discours par l'emploi du langage, considéré comme structure structurante. L'impression de semi-chaos générée par les cut-ups et de déjà-vu initié par les routines permettent de se rapprocher, sur le plan formel, de la logique de perception d'un individu plongé dans un environnement dont il ne maîtrise par définition pas les stimuli. L'ensemble a pour ambition de faire faire à la littérature la même révolution que celle de la peinture lors du passage à l'abstrait. «Alors que Kerouac retourna vivre avec sa mère dans les années 1960 et épousa la sœur d’un ami d’enfance, et que Ginsberg régna pendant les années hippies, ce furent les années 1980 et 1990 […] qui allaient être l’ère de William Burroughs, le plus sombre des trois anges de la Beat Generation»5. Biographie William Seward Burroughs est né dans une famille bourgeoise. Il est le petit-fils de William Seward Burroughs l’inventeur de la première machine comptable et fondateur de la «Burroughs Adding Machine Company». Sa mère, Laura Lee Burroughs, est la fille d'un homme d'Église dont la famille se réclamait de l'ascendance de Robert E. Lee. Burroughs étudie la médecine à Vienne, expérience dont il garda toute sa vie un goût prononcé pour la chirurgie et les modifications du corps, la chimie du cerveau et les drogues. Il entre à l'université Harvard pour une licence de littérature anglaise dont il sort diplômé en 1936. Son expérience à Harvard est résumée au début de Junky : « J'ai détesté l'université et la ville dans laquelle je vivais. Tout en elle était mort. L'université était un faux décor anglais entre les mains de diplômés de faux collèges anglais. » En 1944, Burroughs est détective et travaille avec la pègre à New York, vit avec Joan Vollmer, une jeune femme brillante, passionnée de littérature et de philosophie, dans un appartement partagé avec Jack Kerouac et sa première femme Edie Parker. C'est à cette période, entre autres marquée par une affaire de meurtre dans laquelle sont impliqués des amis proches - l'affaire Kammerer-Carr relatée dans le roman coécrit avec Kerouac Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines - qu'il commence sa consommation d'héroïne et de morphine, jusqu'à son traitement à la méthadone à partir de 1980. Il épouse Joan deux ans plus tard, en1946, avec le projet de fonder une famille. Leur fils William S. Burroughs Jr. naît en 1947, au Texas. Le 6 septembre 1951, en voyage à Mexico, Burroughs, ivre, aurait accidentellement tué sa femme d'une balle en pleine tête6, alors qu'il essayait de reproduire la performance de Guillaume Tell qui fendit d'une flèche la pomme posée sur la tête de son fils. Burroughs est inculpé pour homicide involontaire. Il est arrêté et passe un court séjour en prison avant d'être relâché. Commencent alors des années d'errances : il 11
parcourt l'Amérique du Sud à la recherche d'une drogue hallucinogène du nom de yagé, puis l'Afrique du Nord, avant de s'installer dans le sillage de Paul Bowles à Tanger, au Maroc en 1954. Il sombre dans une totale déchéance, conséquence d'une consommation effrénée de drogues : « J’ai passé un mois dans une chambre de la Casbah en train de regarder la pointe de mes pieds [...] j’ai compris brusquement que je ne faisais rien. J’étais en train de mourir ». Parvenu «au terminus de la came », il écrit cependant un grand nombre de pages sous le titre provisoire «Interzone»7 et c'est J. Kerouac qui donnera plus tard le titre définitif « The Naked Lunch » à cet ouvrage. Il confesse dans Queer, roman écrit en 1953 mais qui ne sera publié qu'en 1985: « I am forced to the appalling conclusion that I would have never become a writer but for Joan’s death [...] so the death of Joan brought me into contact with the invader, the Ugly Spirit, and maneuvered me into a lifelong struggle, in which I had no choice except to write my way out ». (Queer, 1985, p. XXII). En 1956, il entame une première cure de désintoxication avec l'aide de John Dent8, un médecin londonien qui inventa la cure d'apomorphine9. À l'issue du traitement, il emménage au légendaire Beat hotel10 à Paris, où il accumule des masses de fragments de pages manuscrites. Avec l'aide de Ginsberg et Kerouac, il fait éditer Le Festin nu par Olympia Press. De leur côté, les fragments deviennent les trois épîtres d'une trilogie : La Machine molle, Le Ticket qui explosa et Nova express. Après sa sortie, le Festin nu est poursuivi pour obscénité par l'État du Massachusetts puis de nombreux autres. En 1966, la Cour Suprême du Massachusetts déclare finalement le livre «non obscène», ce qui ouvre la porte à d'autres travaux comme ceux d'Henry Miller (en particulier Tropique du Cancer). Burroughs part pour Londres en 1960, où il publie de nombreux petits textes dans des magazines underground, travaillant dans le même temps sur un projet qui est publié en trois parties : Les Garçons sauvages, Les cités de la nuit écarlate et Havre Des Saints. Il retourne à New York en 1974, où il devient professeur d'écriture pendant quelque temps, avant de réaliser que l'écriture ne peut être enseignée. Dans les années 1980, il entame une cure de désintoxication, s'installe à Lawrence en 1981 avec son dernier compagnon de vie et amant James Grauerholz, avec qui il forme un couple de 1974 à sa mort. Dans les années 1990, Burroughs a attiré de nombreux symboles de la culture pop. Il apparaît notamment dans le film Drugstore Cowboy de Gus Van Sant, et, sur le conseil d'Allen Ginsberg6, collabore avec Bob Wilson et Tom Waits pour donner naissance à la pièce Black Rider, jouée la première fois au Thalia Theatre de Hambourg le 30 mars 199011. Burroughs participera ensuite à des enregistrements de ses textes qui sortent chez Industrial Records, label de musique expérimentale et bruitiste de Londres : Throbbing Gristle pour le titre Nothing Here Now But The Recordings, Sonic Youth pour le titre Dead City Radio, Kurt Cobain pour le titre The Priest They Called Him ; R.E.M., Ministry, Bill Laswell, Parrhesia Sound System, entre autres. Décoré de l'ordre de Chevalier des Arts et Lettres en 1984, lors de son passage en France au Printemps de Bourges avec Brion Gysin, Burroughs est considéré comme un des écrivains les plus influents du XXe siècle. Un des Cahiers de l'Herne lui fut consacré par Dominique de Roux, qui avait été son premier éditeur chez Christian Bourgois. Œuvres (Traduites en français) - Junky - Le métro blanc - Les Lettres du Yage - Le Festin nu - La Machine molle¹² - Le Ticket qui explosa - Trilogie / Dead Fingers Talk 12
- Nova Express - Les Garçons sauvages - Un livre des morts - Œuvres Croisées - Les Cités de la nuit écarlate - Interzone - L'Ombre d'une chance - Mon éducation - Un livre des rêves (My Education : A Book of Dreams, 1995, traduit et paru en 2007 (Christian Bourgois éditeur, 2007) - Essais (2 volumes) - Queer - Entre chats - Lettres de Tanger à Allen Ginsberg - Takis (avec Gregory Corso et Pierre Restany) - Ah ! Pook est là et autres contes - L'Œuvre croisée (avec Brion Gysin) - Les Derniers Mots de Dutch Schultz (The Last Words of Dutch Schulz, 1969, traduction par Mary Beach et Claude Pélieu, paru chez Christian Bourgois éditeur, 1972) - Les Terres occidentales - Exterminateur - Révolution électronique - Lettres 1945-1959 - Le Porte-lame (Blade Runner : A Movie, 1979), traduit par Bernard Sigaud (Tristram, 2010) - Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines (avec Jack Kerouac) - Ultimes Paroles, traduction par Mona de Pracontal, Christian Bourgois éditeur Œuvres complètes originales - 1952 : Junky - 1952 : Queer - 1959 : The Naked Lunch - 1963 : Nova Express - 1967 : The Ticket That Exploded - 1968 : The Soft Machine - 1969 : The Wild Boys: A Book of the Dead - 1970 : The Last Words of Dutch Schultz: A Fiction in the Form of a Film Script - 1973 : Exterminator ! - 1975 : Port of Saints - 1979 : Blade Runner, A Movie - 1979 : Ah Pook is Here and Other Texts - 1980 : Cities of the Red Night - 1983 : The Place of Dead Roads - 1984 : The Burroughs File - 1986 : The Western Lands - 1988 : Interzone - 1991 : Ghost of a Chance - 1992 : Painting and Guns - 1994 : My Education: A Book of Dreams - 1997 : Last Words: The Final Journals of William Burroughs - 1998 : Word Virus: The William Burroughs Reader - 2001 : Naked Lunch: The Restored Text - 2003 : Junky: The Definitive Text of « Junk »
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Collaborations - 1960 : The Exterminator, avec Brion Gysin (Auerhaun Press) - 1960 : Minutes To Go, avec Brion Gysin, Sinclair Beiles et Gregory Corso. Two Cities Editions. - 1967 : Darayt, avec Lee Harwood (Lovebooks) - 1967 : So Who Owns Death TV?, avec Claude Pélieu & Carl Weissner (Beach Book Texts and Documents) - 1970 : The Job: Interviews with William Burroughs, avec Daniel Odier - 1970 : The Braille Film, avec Carl Weissner. (Nova Broadcast Press) - 1970 : Third Mind, avec Brion Gysin. - 1971 : Jack Kerouac, avec Claude Pélieu, Paris, L'Herne, 1970. (en Français) - 1973 : Brion Gysin: Let the Mice In, avec Brion Gysin et Ian Somerville (Something Else Press) - 1974 : The Book of Breething, avec Bob Gale - 1975 : Sidetripping, avec Charles Gatewood et Hunter S. Thompson (Strawberry Hill) - 1975 : Snack: Two Tape Transcripts, avec Eric Mottram (Aloes Books) - 1981 : A Report from the Bunker, avec Victor Bockris - 1985 : The Cat Inside, avec Brion Gysin (dessins) - 1989 : Tornado Alley, avec S. Clay Wilson - 2008 : And the Hippos Were Boiled in Their Tanks, avec Jack Kerouac¹³ (Grove Press) Essais - 1978 : Essais I, Christian Bourgois - 1978 : Essais II, Christian Bourgois - 1985 : The Adding Machine, Collected Essays, Calder Correspondances - 1953 : The Yage Letters (avec Allen Ginsberg), publié en français par les Éditions de L'Herne, 1967. - 1981 : Letters to Allen Ginsberg, 1953-1957. Full Court Press. - 1993 : The Letters Of William S. Burroughs 1945-1959 Enregistrements - 1965 : Call Me Burroughs (English Bookshop) - 1971 : Obsolète de Dashiell Hedayat. Shandar (LP, 1971) réédité par Mantra (cd, 1992) - 1975 : William S. Burroughs/John Giorno. Giorno Poetry Systems. - 1981 : You're The Guy I Want To Share My Money With (avec Laurie Anderson et John Giorno) Giorno Poetry Systems. - 1982 : Nothing Here Now but the Recordings. Industrial Records. - 1982 : Revolutions Per Minute (The Art Record). Ronald Feldmann Fine Arts. - 1982 : Old Lady Sloan. Fresh Sounds. - 1983 : Big Science (avec Laurie Anderson) - 1984 : Sharkey's Night, de Laurie Anderson, sur l'album Mister Heartbreak - 1985 : The Elvis of Letters (avec Gus Van Sant) - 1986 : Break Through in Grey Room (sub rosa) - 1986 : 'Home Of The Brave' (avec Laurie Anderson) - 1989 : Seven Souls de Material - 1992 : The 'Priest', They Called Him (avec Kurt Cobain à la guitare). TimKerr Records. - 1990 : Dead City Radio.Films Island Records, avec John Cale et Sonic Youth. - 1993 : Spare Ass Annie & Other Tales, avec Disposable Heroes of Hiphoprisy - 1993 : Just One Fix, de Ministry, sur l'album Psalm 69 - 1993 : reprise de T'Aint No Sin, (Walter Donaldson / Edgar Leslie), sur l'album The Black Rider de Tom Waits, 14
- 1994 : Words of Advice', de Material, sur l'album Hallucination Engine - 1996 : Star Me Kitten (avec R.E.M.), sur la B.O. Songs in the Key of X: Music from and Inspired by The X-Files - 1997 : What Keeps Mankind Alive, sur l'album September Songs: The Music of Kurt Weill' - 1999 : The Western Lands (avec Iggy Pop), sur l'album Hashisheen: The End of Law de Bill Laswell - 2006 : Dr Benway (du groupe Underwires) sur l'album In Your Room Again. - 2014 : Berlin / Cut-ups (de l'artiste électro T.O) album enregistré à Berlin d'après la technique du cut-up sonore, notamment sur le titre No Rain. Filmographie - 1963 : Towers Open Fire, écrit par William S. Burroughs. Coréalisé par Anthony Balch et William S. Burroughs. Avec William S. Burroughs. - 1963 : William Buys a Parrot, écrit par William S. Burroughs, et réalisé par Anthony Balch. - 1966 : Chappaqua, écrit et réalisé par Conrad Rooks, avec Allen Ginsberg et Ravi Shankar. - 1966 : The Cut Ups, adapté et réalisé par Anthony Balch. D'après une histoire de William S. Burroughs. Avec William S. Burroughs. - 1968 : Häxan, écrit et réalisé en 1922 par Benjamin Christensen. Version de 1968 narrée par William S. Burroughs. - 1969 : Cain's Film, écrit et réalisé par Jamie Wadhawan. Court-métrage anglais de 27 minutes avec Alexander Trocchi et William S. Burroughs. - 1970 : Prologue, coécrit et réalisé par Robin Spry. Avec Jean Genet, Allen Ginsberg et William S. Burroughs. - 1972 : Bill and Tony, réalisé par Antony Balch. Court-métrage avec Antony Balch et William S. Burroughs. - 1978 : Thot-Fal'N, court-métrage américain réalisé par Stan Brakhage. Avec Allen Ginsberg, Peter Orlovsky et William S. Burroughs. - 1978 : Fried Shoes Cooked Diamonds, avec Amiri Baraka, Allen Ginsberg, Timothy Leary et William S. Burroughs. - 1981 : Energy and How to Get It, réalisé par le photographe Robert Frank. - 1981 : Saturday Night Live du 7 novembre 1981. - 1982 : The Discipline of D.E., adapté et réalisé par Gus Van Sant. D'après une nouvelle de William S. Burroughs. - 1982 : Poetry in Motion, réalisé par Ron Mann. Avec Charles Bukowski, John Cage, Allen Ginsberg, John Giorno, Michael Ondaatje, Ed Sanders, Gary Snyder, Tom Waits, Anne Waldman et William S. Burroughs. - 1983 :Taking Tiger Mountain, long métrage de science-fiction réalisé par Tom Huckabee. D'après l'histoire Blade Runner, a Movie de William S. Burroughs. Avec Lou Montgomery et Bill Paxton. - 1983 : Pirate Tape, réalisé par Derek Jarman. Court-métrage anglais avec William S. Burroughs. - 1984 : Decoder, réalisé par Muscha. Histoire de Klaus Maeck. Avec William Rice et William S. Burroughs. - 1984 : It Don't Pay to Be an Honest Citizen, réalisé par Jacob Burckhardt, avec Allen Ginsberg, William Rice et William S. Burroughs. - 1985 : Burroughs, d'Howard Brookner. Documentaire sur la vie de William S. Burroughs. - 1985 : Ornette : Made In America, documentaire de Shirley Clarke, avec William S. Burroughs, Ornette Coleman, Brion Gysin et Eugene Tatum. - 1985 : What Happened to Kerouac ?, avec des images de Gregory Corso, Allen Ginsberg, Jan Kerouac, Jack Kerouac et William S. Burroughs. 15
- 1985 : Kerouac, the Movie. - 1986 : Home of the Brave, film de Laurie Anderson, écrit et réalisé par Laurie Anderson. - 1987 : The Beat Generation - An American Dream, réalisé par Janet Forman. - 1989 : Drugstore Cowboy, adapté et réalisé par Gus Van Sant. - 1989 : Bloodhounds of Broadway, coadapté et réalisé par Howard Brookner. - 1989 : Heavy Petting, documentaire d'avec Allen Ginsberg, Laurie Anderson et William S. Burroughs. - 1990 : Twister, de Michael Almereyda. Avec Harry Dean Stanton, Crispin Glover et William S. Burroughs. - 1990 : Thanksgiving Prayer, réalisé par Gus Van Sant. - 1990 : Laurie Anderson : Collected Videos. - 1991 : Wax, or the Discovery of Television Among the Bees, écrit et réalisé par David Blair. - 1991 : William S. Burroughs : Commissioner of Sewers, documentaire réalisé par Klaus Maeck. - 1992 : Naked Making Lunch, de Chris Rodley, avec David Cronenberg et William S. Burroughs. - 1993 : The Junky's Christmas, coréalisé par Nick Donkin et Melodie McDaniel, et adapté par William S. Burroughs et James Grauerholz. - 1993 : Disposable Heroes of Hyphoprisy : "A Junky Christmas" : Vidéoclip. - 1993 : Even Cowgirls Get The Blues, de Gus Van Sant. - 1994 : Ah, Pook Is Here, de Philip Hunt. - 1994 : Drug-Taking and the Arts, documentaire fictif de Storm Thorgerson. - 1994 : The Life and Times of Allen Ginsberg. - 1995 : The Music of Kurt Weill : September Songs. Documentaire - 1997 : Last Night On Earth, vidéoclip du groupe U2, tirée de l'album Pop Bibliographie sur Burroughs - (es) Servando Rocha, Nada es verdad, todo está permitido. El día que Kurt Cobain conoció a William Burroughs, Alpha Decay, 2014. - Barney Hoskyns, Tom Waits, une Biographie : Swordfishtrombones et chiens mouillés, Rivages, 2011, 456 p. (ISBN 978-2743624675) Notes et références [1] « ...je suis dans la maison du 4664 Pershing Avenue où je suis né », in Entre chats, édition française parue chez Christian Bourgois, p. 75 [2] Le journal Libération lui rend hommage le lendemain en lui consacrant sa une, un fusil à la main. [3] Le Festin nu, son livre le plus connu, a été traduit en France par Eric Kahane, traducteur de Lolita de Nabokov. [4] (fr) « biographie de William S. Burroughs », sur www.cafardcosmique.com [5] Citation extraite du livre Queer Beats de Regina Marler [6] Hoskyns 2011, p. 265 [7] « Short papers: "Fifty Years of Naked Lunch: from the Interzone to the Archive and back." - Academic Commons », sur academiccommons.columbia.edu [8] (fr) « Interzone Editions: publication de "Le Temps des naguals" », sur isabellebaudron.blog.lemonde.fr (consulté le 21 août 2010) [9] seule cure efficace en matière de désintoxication selon Burroughs [10] « Notice détaillée », sur sudoc.abes.fr, 2000 (consulté le 30 janvier 2016) [11] Hoskyns 2011, p. 270 [12] donna son nom au groupe progressif Soft Machine et aussi au groupe Matching Mole [13] Inspiré de Lucien Carr, rédigé en 1945 mais jamais publié : Burroughs prit comme pseudonyme Will Dennison, et Kerouac, Mike Ryko. 16
Liens externes - (en) Interzone.org. Réseau d'intelligence collective artistique et littéraire autour de William Burroughs et Brion Gysin.
Lucien Carr Né le 1er mars 1925 à New York - 28 janvier 2005 à Washington), 4e du nom, membre de la Beat Generation, est un éditeur chez United Press International. Biographie Fils de Marion Gratz et Russell Carr, les parents de celui que l'on surnomme affectueusement Lou divorcent en 1930, et Lucien et sa mère retournent à St. Louis, berceau familial1. Alors que Lucien a 14 ans, il rencontre David Kammerer, professeur d'anglais et de gymnastique à l'Université Washington de St. Louis. Kammerer connaît William S. Burroughs depuis les toutes premières classes2 - les trois familles sont issues de classe moyenne aisée, et reconnues en ville. Burroughs et Kammerer ont déjà voyagé ensemble, à Paris, et se connaissent bien3. À l'arrivée de Lucien, David est meneur d'une bande, et fait impression. Les études de Lucien à l'université Columbia, où il a déménagé avec sa mère, se terminèrent lors du meurtre de son prétendant, qui poursuivra Lucien jusqu'au point d'abandonner son travail à New York. La mère de Lucien, a toujours tenté sans succès de protéger son fils de la fréquentation de David Kammerer : lorsque Marion et son fils déménagent, David déménage lui aussi, et loue un appartement de la Morton Street dans Manhattan4. Compagnon de chambrée et amant d'Allen Ginsberg pendant ses études à l'Université Columbia, il rencontre également Jack Kerouac, en 1943, il présente Ginsberg à Jack, et les deux hommes à William Burroughs. Son rôle dans la Beat Generation est primordial : c'est lui qui introduit Ginsberg à Greenwich Village, dans la sphère intellectuelle de l'underground new-yorkais. Par l'entremise d'Edie Parker (1922–†1993), jeune femme originaire de Grosse Pointe dans le Michigan et future épouse de Kerouac, Lucien Carr et lui se rencontrent. Il présente Allen Ginsberg, autre figure emblématique de la Beat generation à Kerouac : Lucien et Jack ont une relation ambigüe, tour à tour amants puis amis, de manière irrégulière. C'est là qu'il rencontre William Burroughs, qui est à New York pour suivre un traitement psychanalytique après avoir quitté la Vienne nazie. La bande fréquente ainsi un appartement de la 11e rue, dans Greenwich Village, où se mêlent drogue, sexe, alcool et littérature5. Il apparaît sous différents pseudonymes dans les romans de Jack Kerouac ; il est "Sam Vedder" dans Les Souterrains, "Kenneth Wood" dans le roman Avant la route, et "Philip Tourian" dans Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines de Kerouac et William S. Burroughs. L'affaire Kammerer : Bisexuel, Lucien multiplie les conquêtes dans sa jeunesse, jusqu'à une relation inaboutie avec David Kammerer, lequel est fasciné par la personnalité égocentrique du jeune-homme, dont il s'efforce de rester le prétendant. Excédé, Lucien assassine David le 14 août 19446 : ce fait divers deviendra le sujet du roman à quatre mains Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines, publié en 2008 puis adapté au cinéma en 2013 par John Kokridas sous le titre Kill Your Darlings. Le conflit entre Lucien Carr et David Kammerrer trouve son origine dans la première rencontre entre Lucien qui a alors 11 ans, et David qui en a 25, à Saint-Louis dans l'Ėtat du Missouri en 19367. L'amitié entre les deux garçons dure, mais David est homosexuel et il ressort qu'il harcelait Lucien. Le 13 août 1944, Carr et Kerouac essaient de fuir les avances de Kammerer et ils décident de s'embarquer sur un bateau afin de voyager en France où la fin de la Deuxième Guerre mondiale est imminente. A la dernière minute leur 17
embarquement est refusé ; ils décident alors d'aller se saouler au West End, un bar où la bande se retrouve très régulièrement9 . C'est dans ce bar que Kammerer croise Lucien Carr. Après une soirée et une nuit passées à boire, les deux hommes vont se promener jusqu'au Parc Riverside10 non loin d'où habite Burroughs. Là, les avances insistantes de Kammerer mènent les deux hommes à se battre à mort. Carr plante un couteau dans la poitrine11 de D. Kammerer et le noie dans l'Hudson. Il avoue son crime à Burroughs, ami de Kammerer, qui lui conseille de solliciter l'aide de Godfrey Rockefeller, son oncle. Avec l'amant de Herbert Huncke Abe Green, Jack Kerouac cache les pièces à conviction, et ils se rendent ensuite au Museum of Modern Art12. Lucien Carr décidera finalement d'aller se confier à sa mère puis auprès de l'Attorney du District de New York. Le père de Kerouac refuse de payer les $100 de caution pour son fils, et c'est la famille d'Edie qui s'en charge. Reconnaissant, Jack et Edie cherchent à rembourser la dette dès la sortie de prison de Jack, puis se marient pour rester forts de la promesse faite aux parents d'Edie. Le mariage eut lieu dans l'hôtel de ville, sous l'œil de témoins membres de la police13. Le mariage fut annulé au bout de la première année. Pour ce meurtre, Lucien Carr a plaidé coupable d'homicide involontaire au premier degré. Il est condamné à une peine de vingt ans de prison le 9 octobre 1944, qu'il doit purger à Elmira, pénitencier de l'État de New York. Il sera mis en liberté conditionnelle en 1946. Columbia et les Beats Lucien garde de bons contacts avec chacune des personnes de son entourage de l'époque. C'est à l'université Columbia également que Lucien rencontre Allen : ils sont voisins de logement, et un jour Allen frappe à la porte de Lucien afin de savoir qui faisait entendre le morceau pour trio composé par Brahms. Devenus amis, Carr présente Allen à Edie Parker, et Carr présente Ginsberg à Jack Kerouac, jeune homme de 22 ans alors en fin de carrière dans la marine marchande, amoureux d'Edie14. Puis il présente Edie et Jack à William Burroughs. Ginsberg mit cette rencontre en mots, une fois la bande formée, avec Lucien pour centre : «Lou was the glue»15. Ginsberg appelle la bande «Le Cercle Libertin»16. Carr, Kerouac, Ginsberg et Burroughs explorent New York, des bas-fonds aux cafés et restaurants, rencontrant Herbert Huncke, dont Burroughs parle dans son premier roman Junky. Futur poète, Herbert, au moment de sa rencontre avec William, est un prostitué de Time Square qui fit connaître l'héroïne à Burroughs et le mot «beat» à Jack († en 1996). Lucien Carr introduisit Ginsberg à la poésie et lui fit découvrir l’histoire de la vie d'Arthur Rimbaud qui restera une influence majeure sur le travail de Jack et d'Allen. Lucien Carr fascinait Jack et Allen, qui le qualifièrent d'égotiste énergique de génie17. Vers 1944-1945, L. Carr parlait de ce qu'il appelait une Nouvelle Vision, une thèse inspirée de Ralph Waldo Emerson transcendentaliste et du mouvement littéraire et artistique du XIX° S. parisien «bohème». Jack Kerouac y fait directement allusion dans Sur la route, relatant la rébellion créative : L'expression de soi à nue est semence de créativité, la conscience de l'artiste est étendue grâce au bouleversement des sens, l'Art élude toute moralité conventionnelle19. Sortie de prison À sa sortie de prison, Carr travaille pour United Press, qui deviendra plus tard United Press International(1946). Il est témoin de mariage lors de l'union de Jack Kerouac et Joan Haverty en novembre 195020. Certaines sources mentionnent Carr comme celui qui a fourni le papier dans les stocks des bureaux de UP, papier sur lequel Jack a écrit le premier jet de Sur la route21. En 1956, il devient rédacteur en chef d'un journal du soir. Laissant derrière lui ses frasques juvéniles, il épouse Francesca von Hartz dite « Cessa » dont il a trois fils : l'écrivain Caleb, Simon et Ethan. Allen Ginsberg, qui a conservé de très bons termes avec Lucien au point de lui dédier Howl - dans une première 18
version du moins. Après l'affaire, Allen Ginsberg remaniera le texte, retirant l'hommage prévu dans Howl. La relation de Jack Kerouac et Carr s'est prolongée, pour ce qui est de partager des beuveries, critiquer, lire et relire les œuvres de son ami. Lucien Carr a connu une carrière longue de 47 ans au sein de UPI, qu'il suit jusqu'à l'âge de sa retraite en 1993. Il meurt d'un cancer des os au George Washington University Hospital de Washington, DC. Évocation Littéraire Dans son ouvrage biographique Mon éducation - Un livre des rêves, l'écrivain William S. Burroughs rêve de Lucien Carr : « Lucien mangeant du verre dans Bedford Street22... »23 Voir aussi Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines Kill Your Darlings À lire La postface de Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines par James W. Grauerholz, dernier compagnon de vie de William S. Burroughs (2008) Références 1. ↑ Lawlor, William, Beat Culture: Lifestyle, Icons and Impact, ABC-CLIO, 2005, p. 167 2. ↑ Cfr. Mon éducation, lors du rêve en Égypte ou à Tanger (Page 69 de l'édition francophone parue en 2007 chez Christian Bourgois éditeur) 3. ↑ Lawlor, Beat Culture, p. 46 4. ↑ Campbell, This is the Beat Generation, p. 13 5. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 55. 6. ↑ (en) Adams, Frank, « Columbia Student Kills Friend and Sinks Body in Hudson River » in The New York Times, August 17, 1944. 7. ↑ William S. Burroughs y est né le 5 février 1914 : lui et David sont amis depuis 1920 8. ↑ « Lucien Carr | Murderpedia, the encyclopedia of murderers » [archive], sur murderpedia.org (consulté le25 novembre 2015) 9. ↑ McNally, Desolate Angel, p. 69 ↑ Homberger : "Lucien Carr: fallen angel of the beat poets" ↑ Le couteau deviendra une hachette dans Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines ↑ Campbell, This is the Beat Generation, p. 30–31 ↑ Campbell, This is the Beat Generation, p. 33 ↑ Homberger, Eric, "Lucien Carr: fallen angel of the beat poets, later an unflappable news editor with United Press," The Guardian, February 9, 2005 ↑ « Lucien était notre colle » - cfr. Wilborn Hampton : “Lucien Carr, a Founder and a Muse of the Beat Generation, Dies at 79,”, article du New York Times du 30 janvier 2005. L'image du mot colle est mieux rendue par le mot « ciment » en français ↑ And the Hippos Were Boiled in Their Tanks [archive] ↑ Campbell, This is the Beat Generation, p. 23 ↑ Maher and Amram, Jack Kerouac, p. 117 ↑ Campbell, This is the Beat Generation, p. 26 ↑ McNally, Desolate Angel, p. 131 ↑ Hampton, Lucien Carr, a Founder and a Muse of the Beat Generation, Dies at 79 ↑ rue du quartier de Greenwich Village (à l'angle de Grove Street) 19
↑ trad. par Sylvie Durastanti, parue chez Christian Bourgois éditeur (2007) (ISBN 978-2267-01882-0) Bibliographie Hervé Quéméner et Patricia Dagier, Jack Kerouac, Breton d'Amérique, Le Télégramme Eds, 2009, 208 p.(ISBN 2848332166)
Neal Cassady Neal Cassady (Salt Lake City, 8 février 1926 San Miguel de Allende au Mexique, 4 février 1968) est un poète et écrivain américain, compagnon de route de Jack Kerouac sur lequel il a eu beaucoup d'influence1. Neal Cassady inspire à Kerouac le personnage de Dean Moriarty dans son livre Sur la route. Neal Cassady est une figure incontournable de la beat generation2 mais aussi du mouvement psychédélique des années 1960. Biographie Fils de Maud Jean Scheuer et de Neal Marshall Cassady, dont il est le 9ème enfant3, sa mère meurt alors qu’il n’a que dix ans, il est élevé par son père alcoolique à Denver, Colorado. Très tôt, il connaît une vie de délinquance aux côtés de son père puis seul, et fréquente les maisons de correction3. À 14 ans, il est arrêté une première fois pour vol à l'étalage, à 15 ans, pour vol de voiture ; puis en 1944, il purge une peine de onze mois de prison pour recel. C'est lors d'un séjour en maison de correction qu'il entretient une correspondance avec Hal Chase, un ami de Jack Kerouac et d'Allen Ginsberg. En 1947, Neal se rend à New York en compagnie de Lu Anne Henderson, une fille de seize ans épousée à sa sortie de prison en 1945, avec l'ambition d’apprendre la philosophie auprès d’Allen Ginsberg. Allen présente Neal à Jack Kerouac. Les trois jeunes gens partageront de longs moments ensemble où alcool, drogue et sexe feront bon ménage : cette période new-yorkaise se passe un an avant la période de Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines. C'est durant cette époque que Neal vit une liaison homosexuelle avec Allen Ginsberg4. Pour Kerouac, Neal est un personnage flamboyant de liberté, de sauvagerie et de soif de vivre. À travers le personnage de Moriarty, Kerouac le dépeint en jouisseur, affamé de femmes, de liberté et de voitures, possédant un certain magnétisme et perpétuellement à la recherche d'horizons nouveaux. Menteur, voleur, séducteur, N. Cassady est le type idéal pour la route d'après Kerouac, car « né sur la route, dans une bagnole alors que ses parents traversaient Salt Lake City en 1926 pour gagner Los Angeles ». N. Cassady est aussi doué d'une énergie inépuisable et de grandes capacités physiques puisqu'il bat à la course et en saut en hauteur Kerouac, pourtant bon sportif en football américain. Kerouac et Cassady feront plusieurs voyages à travers les États-Unis, parcourant de nombreuses villes et rencontrant de nombreuses personnes. Tout cela est en grande partie relaté dans Sur la route. Neal est un conducteur hors pair, et c'est sans encombre, torse nu et à pleine vitesse qu'il mènera Kerouac de Frisco (San Francisco) à New York et inversement allant de l'une à l'autre de ces deux villes sans faire la moindre pause, si ce n'est pour faire le plein. Mais au-delà du personnage même, c'est aussi la manière d'écrire de Neal qui influencera Kerouac pour son livre. Il écrit souvent des lettres dans un style spontané, instinctif, frénétique qui va largement inspirer le style de Kerouac. En 1948, il épouse Carolyn Robinson, et s'installe dans un ranch à Monte Sereno en Californie, près de San Francisco. Alors qu'il semble rangé, il quitte soudainement sa femme et sa fille Cathleen-Joanne qui vient de naître, pour repartir sur la 20
route en compagnie de son ex-femme Lu Anne Henderson, avec qui il renoue, de Kerouac et d'Allen Ginsberg. Il retourne à son foyer tout aussi brutalement en janvier 1949, après avoir plaqué Jack Kerouac et Lu Anne à San Francisco. Néanmoins, Neal Cassady ne se révèle pas un époux fidèle puisqu'il entretient une nouvelle relation avec Diane Hansen, une femme mariée en 1950. Malgré son travail à la Southern Pacific Railroad, il garde contact avec ses confrères beat même si au fil du temps leurs positions philosophiques divergent. En 1958, Neal, arrêté pour possession de marijuana dans une boîte de nuit, est envoyé en prison. Il en ressort en 1960, mais le jugeant incapable d'honorer ses engagements familiaux, Carolyn demande le divorce en 1963. Il s'installe alors dans un appartement avec Allen Ginsberg et Charles Plymell. C'est en 1962 qu'il rencontre Ken Kesey qui lui propose de tenir le volant du bus des Merry Pranksters pour un voyage hallucinatoire dans l'Amérique des années 1960 en pleine découverte de l'acide, drogue aux multiples visages. Toute cette période de sa vie a été relatée dans l'ouvrage de Tom Wolfe Acid test. De 1967 à 1968, Neal Cassady voyage beaucoup et de manière frénétique entre Mexico et New York. Le 3 février 1968, il participe à une fête de mariage à San Miguel de Allende, et après la fête, tente de rejoindre la ville prochaine en suivant la voie ferrée. Il fait froid ce soir-là et Neal n'est vêtu que d'un jean et d'un tee-shirt. Il est retrouvé le lendemain matin dans un profond coma, emmené dans un hôpital, où il décède quelques heures plus tard. Les causes de sa mort restent incertaines. Certains convives affirmèrent que Neal Cassady avait consommé de fortes doses de Secobarbital, un puissant barbiturique qui peut rapidement mener à l'overdose. Le froid est aussi cité comme une cause de son décès, et selon sa femme Carolyn, une déficience rénale. Quelques semaines avant sa mort, il rencontra Bukowski, à qui il avait demandé d'écrire « le chapitre final », ce que ce dernier fit en lui consacrant un texte dans le Journal d'un vieux dégueulasse. Cassady avait commencé une autobiographie, dont seule une ébauche put paraître de façon posthume en 1971 : The first third (publié en français en 1998 sous le titre de Première Jeunesse). Un film basé sur sa vie intitulé Neal Cassady est sorti en octobre 2007 aux États-Unis. Le roman Ballast de Jean-Jacques Bonvin est également directement inspiré par le personnage de Neal Cassady. Les éditions Finitude publient en 2014 Un truc très beau qui contient tout, le premier volume de la correspondance inédite de Neal Cassady (19441950), traduit par Fanny Wallendorf. Œuvres (en) : Pull My Daisy (1951) : recueil de poésie écrit avec Jack Kerouac. (en) : The First Third, 1951, roman autobiographique ; (en) : The First Third & Other Writings, City Lights, San Francisco, 1971, 157 p., (LCCN 74088229) ; (en) : As Ever : the Collected Correspondence of Allen Ginsberg and Neal Cassady (avec une préface de Caroline Cassady, une introduction de Barry Gifford, éditeur scientifique du texte, et une postface d'Allen Ginsberg), Creative Arts book, Berkeley, 1977, vi + 227 p., (ISBN 0-916870-08-1), (notice BnFno FRBNF35363103). (en) : Grace Beats Karma : Letters From Prison, 1958-60, Blast Books, New York, 1993, xiii + 223 p.,(ISBN 0-922233-08-X), (notice BnF no FRBNF36683276). — Recueil de poésie et de correspondance.
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(en) : Neal Cassady : Collected Letters : 1944-1967 (édité par Dave Moore, avec une introduction de Caroline Cassady), Penguin Group, New York, 2004, xxii + 490 p., (ISBN 0-1420-0217-8), (notice BNF - FRBNF39259517). — Lettres et essais. Œuvres traduites en français (fr) : Première jeunesse (traduit de l'américain par Gérard Guégan), éditions Flammarion, Paris, 1998,309 p., (ISBN 2-08-067482-X), (notice BnF no FRBNF36999938). Réédition en collection de poche : éditions 10/18, coll. « Domaine étranger » no 3193, Paris, 2000, 309 p., (ISBN 2-264-02952-8), (notice BnF no FRBNF37107642). Réédition enrichie : Neal Cassady (trad. Gérard Guégan), Première jeunesse, Belles Lettres,2015, 432 p. (ISBN 9782-251-21024-7) avec des récits, des lettres, des confessions et autres textes inachevés (coll. « Domaine étranger » no 23) (fr) : Un truc très beau qui contient tout - Correspondance inédite 1944-1950, traduit de l'américain par Fanny Wallendorf, Éditions Finitude, 2014. (fr) : Dingue de la vie et de toi et de tout - Correspondance inédite 1951-1968, traduit de l'américain par Fanny Wallendorf, Éditions Finitude, 2015. Bibliographie (en) : Carolyn Cassady, Heart Beat : My Life With Jack and Neal, Creative Arts Book Co., Berkeley, 1976,93 p., (ISBN 0916870030), (LCCN 76012732). (en) : William Plummer, `The Holy Goof : A Biography of Neal Cassady, éditions PrenticeHall, Englewood Cliffs, 1981, 162 p. + 16 p. de planches illustrées, (ISBN 0133926052), (notice BnF no FRBNF81005144). (en) : Carolyn Cassady, Off the Road : My Years With Cassady, Kerouac, and Ginsberg, W. Morrow, New York, 1990, 436 p. + 16 p. de planches illustrées, (ISBN 0688088910), (LCCN 90005588) ; (fr) : Sur ma route : ma vie avec Neal Cassady, Jack Kerouac, Allen Ginsberg et les autres (traduit de l'anglais par Martine Véron), éditions Denoël, coll. « Et d'ailleurs », Päris, 2000, 555 p. + 8 p. de planches illustrées, (ISBN 2-207-248631), (notice BnF no FRBNF37112085). Réédition en collection de poche : éditions 10/18, coll. « Domaine étranger » no 3442, Paris, 2002, (ISBN 2-264-034297), (notice BnFno FRBNF38825691). (fr) : Un truc très beau qui contient tout - Correspondance inédite 1944-1950, traduit de l'américain par Fanny Wallendorf, Éditions Finitude, 2014. (fr) : Dingue de la vie et de toi et de tout - Correspondance inédite 1951-1968, traduit de l'américain par Fanny Wallendorf, Éditions Finitude, 2015. Notes et références 1.↑ Kerouac était fasciné par un jeune homme au corps d'athlète, un escroc suicidaire qui rêvait de devenir poète et qui devint son double, son frère, sa muse : Neal Cassidy. JeanLuc Douin, « VISIONS DE CODY de Jack Kerouac », Le Monde,7 février 1997 2.↑ Nathalie Crom, « Un truc très beau qui contient tout », Télérama, 1er mars 2014 3.↑ a et b Guégan, 2015, 4è de couverture 4.↑ racontée dans la version non remaniée de Sur la route Liens externes : Neal Cassady sur jerryroad.over-blog.com
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John Clellon Holmes Holmes est un romancier, essayiste et poète américain1, né le 12 mars 1926 à Holyoke au Massachusetts1 et mort d'un cancer à l'âge de 62 ans le 30 mars 1988, à Middletown dans le Connecticut1. Il fut également enseignant à l’université de l’Arkansas1et anima à la fin de sa vie des conférences et ateliers à Yale et à l’université Brown1. Carrière C’était un ami proche des membres du mouvement littéraire Beat Generation, notamment Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Neal Cassady, Herbert Huncke et Bill Cannastra. Il fut le premier en 1952 à populariser le terme dans le grand public à travers son roman GO1 et l’article paru dans le New York Times quelque temps après sa publication, le 16 novembre, « This is the Beat Generation »2. De par son style littéraire moins expérimental et son mode de vie plus rangé, Holmes baptisé quelquefois « The Quiet Beat » n’a jamais été considéré comme un membre à part entière de la Beat Generation, lui-même ne le souhaitant pas. Il en fut toutefois le premier témoin lucide et actif. Souhaitant témoigner de l’importance des changements en cours dans la jeunesse américaine de l’après-guerre, il donna à la Beat Generation une visibilité1 et une dimension générationnelle avant même que ses principaux auteurs n’aient publié. Il en fut en quelque sorte le théoricien1. En 1958, Holmes publia un roman considéré comme capital sur le jazz, The Horn1. La même année, il publia un article « The Philosophy Of the Beat Generation ». Cet article reprend les idées de celui de 1952 quant à la signification sociétale de la Beat Generation vu comme le symptôme d’une évolution générationnelle plus large dans le contexte d’effondrement des valeurs de l’après-guerre. Il porte toutefois moins fortement l’accent qu’en 1952 sur la dimension religieuse voir mystique du mouvement, pour l’ancrer dans la contestation sociale. Une amitié ambivalente avec Jack Kerouac John Clellon Holmes rencontra Jack Kerouac en 1948 au cours d'une fête et devint son ami. Celui-ci l’introduisit alors auprès des autres membres de la Beat Generation dans sa période new-yorkaise. L’amitié qu’il entretint avec Kerouac ne se démentit jamais et il resta l’un des derniers avec Gary Snyder à entretenir des relations avec lui jusqu’à sa mort en 1969. Le mode de vie familiale de Holmes, comparativement beaucoup plus rangé, offrit souvent à Kerouac l’occasion d’une pause ou d’une retraite passagère. Le point de vue de Kerouac sur Holmes est toutefois assez nuancé quant à ses travaux. En tant qu’écrivain, il le considérait comme bien meilleur que la plupart des auteurs contemporains mais largement inférieur aux véritables écrivains beat et à fortiori à luimême. Sentiment qui fut renforcé par une certaine dose de jalousie, Holmes ayant publié GO au moment même où Sur la route était rejeté par tous les éditeurs. En de nombreuses occasions, il compare son travail à celui de Holmes pour montrer en quoi celui-ci restait éloigné de la spontanéité qu’il professait. C’est toutefois sur la vision de la Beat Generation que le différend était le plus profond. Dès 1952 et la publication de GO, Kerouac note que Holmes n’a pas saisi la dimension mystique du mouvement et qu’il s’en tient de ce fait à ses manifestations physiques et donc à ce qui pouvait passer pour un comportement anti-social. À la publication de l’article de 1958, Kerouac tenta de corriger cette image en publiant lui aussi un article intitulé « Contrecoup : la philosophie de la Beat Generation » dans la 23
revue Esquire, sans convaincre vraiment. Allen Ginsberg ayant rappelé les deux amis à l’ordre, l’opposition ne s’envenima pas en querelle personnelle, comme cela fut le cas avec un autre commentateur de la Beat Generation, Kenneth Rexroth. Kerouac conserva toutefois une certaine rancœur à l’égard de son ami, qu’il accusait d’avoir « récupéré » le mouvement. Bibliographie Les principaux romans de Holmes Go, The Horn et Nothing to Declare ne sont malheureusement pas disponibles en édition française. Go (en) (1952) The Horn (1958) The Philosophy of the Beat Generation (1958) Get Home Free (1964)1 Nothing More to Declare (1967)1 The Bowling Green Poems (1977)1 Death Drag: Selected Poems 1948-1979 (1979) Visitor: Jack Kerouac in Old Saybrook (1981) Gone in October: Last Reflections on Jack Kerouac (1985) Displaced Person: The Travel Essays (1987)1 Representative Men: The Biographical Essays (1988) Passionate Opinions: The Cultural Essays (1988) Dire Coasts: Poems (1988) Night Music: Selected Poems (1989) Références ↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j, k, l et m (en)John T. McQuiston, « John Clellon Holmes, 62, Novelist And Poet of the Beat Generation » [archive], sur nytimes.com, 31 mars 1988 (consulté le 13 juillet 2012) 2.↑ (en) John Clellon Holmes, « This Is The Beat Generation » [archive], sur faculty.mansfield.edu, 16 novembre 1952(consulté le 13 juillet 2012)
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Gregory Corso Gregory Nunzio Corso (New York, 26 mars 1930 - Minneapolis, 17 janvier 2001) est un poète américain. Il fut le quatrième membre majeur de la « Beat Generation », aux côtés de Jack Kerouac, d'Allen Ginsberg et de William Burroughs. Biographie Abandonné très tôt par sa mère, Gregory Corso est arrêté pour vol à l'âge de 16 ans, puis incarcéré à la Clinton State Prison pendant trois ans. C'est en prison qu'il découvre la littérature et les classiques, et qu'il commence à écrire de la poésie. Une fois libéré, en 1950, il rencontre Allen Ginsberg dans Greenwich Village. Ginsberg présente peu après le jeune Corso aux autres membres de la scène Beat et l'encourage dans sa vocation poétique. Il participe à la lecture publique à la Six gallery le 7 octobre 1955. Le premier recueil de Corso, The Vestal Lady on Brattle est publié en 1955. Le deuxième, Gasoline, paraît en 1958, alors que le poète vit à Paris, au célèbre "Beat Hotel"1. C’est également à Paris qu’il compose le recueil The Happy Birthday of Death (1960) et qu’est publié son unique roman, The American Express (1961), peu après suivi du recueil Long Live Man (1962). Sa vie chaotique et sa dépendance à l’héroïne expliquent en partie l’absence de publications dans les années qui suivent, mais Corso continue d’écrire et de participer à des lectures poétiques ; deux autres recueils paraissent dans les années 1970 et 1980, Elegiac Feelings American et Herald of the Autochthonic Spirit. En 1989, la publication de Mindfield : New and Selected Poems permet à un nouveau lectorat de découvrir son œuvre. Gregory Corso décède d'un cancer de la prostate le 17 janvier 2001. Ses cendres reposent désormais au Cimetière non-catholique de Rome, non loin de la tombe du poète Percy Bysshe Shelley. Évocation artistique : dans sa chanson de 1974, J'ai rêvé New York, l'écrivain et chanteur Yves Simon mentionne Gregory Corso. Œuvre, son premier recueil de poésie est publié à compte d'auteur en 1955 (avec l'aide d'amis de Harvard, où il a suivi des cours) : The Vestal Lady on Brattle and other poems toujours inédits en français. Cette première publication a lieu un an avant le premier recueil de poèmes de Ginsberg, et deux ans avant le Sur la route de Jack Kerouac. En 1958, Corso a étendu son répertoire poétique, qui est publié sous la référence numéro 8, de la série poétique « City Lights Pocket Poets » sous le titre Gasoline/Vestal Lady on Brattle. Commentaire Ted Morgan décrivait en ces termes la place de Corso dans le mouvement beat (dans Literary Outlaw, the Life and Times of William S. Burroughs, 1988) : « Si Ginsberg, Kerouac et Burroughs étaient les trois mousquetaires du mouvement, alors Corso était leur d'Artagnan, partenaire jeune, accepté et apprécié, mais pas tout à fait leur égal. Il n'avait pas été là dès le début, représenté par l'alliance des intellectuels de Columbia avec les branchés de Times Square. Il était un nouvel arrivant, bien que ses références fussent assez impressionnantes pour lui donner libre accès au premier cercle Beat... ».
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Publications Poésie The Vestal Lady on Brattle and Other Poems. Cambridge, Mass: Richard Brukenfeld, 1955.Gasoline. San Francisco: City Lights, 1958. The Happy Birthday of Death. New York: New Directions, 1960. Selected Poems. London: Eyre & Spottiswoode,1962. Long Live Man. New York: New Directions, 1962. Penguin Modern Poets 5, Gregory Corso, Ginsberg Harmondsworth: Penguin Books, 1963.
Lawrence
Ferlinghetti,
Allen
Elegiac Feelings America. New York: New Directions, 1970. Herald of the Autochthonic Spirit. New York: New Directions, 1981. Mindfield: New and Selected Poems. New York: Thunder’s Mouth, 1989 Roman et théâtre The American Express. Paris: Olympia Press, 1961. In This Hung-up Age. Encounter, Vol. xviii, No 1, London: Secker, 1962. Standing on a Street Corner. New York: Evergreen Review, Vol. 6, No. 23, 1962. That Little Black Door on the Left. Pardon Me Sir, But Is My Eye Hurting Your Elbow? New York : Gies, 1968. Correspondance An Accidental Autobiography, The Selected Letters of Gregory Corso, edited by Bill Morgan. New York: New Directions, 2003. Poèmes et recueils parus en français Deux poèmes traduits par Alain Bosquet, dans Trente-cinq jeunes poètes américains. Paris : Gallimard, 1960. Sentiments élégiaques américains : poèmes choisis, extraits de divers recueils (Gasoline, The Happy Birthday of Death, Long Live Man, Elegiac Feelings American), traduits par Pierre Joris. Paris : Christian Bourgois Editeur, 1977. Cinq poèmes, traduits par Blandine Longre, The Black Herald n°3. Paris : Black Herald Press, 2012. Le Joyeux Anniversaire de la mort, poèmes choisis, traduits par Blandine Longre. Paris : Black Herald Press, 20142. Citation Son premier poème remarqué et remarquable fut Bomb (structuré pour lui donner la forme d'un champignon atomique), http://www.litkicks.com/Texts/Bomb.html. L'agencement graphique qui renforce la signification littéraire du poème est tel qu'il apparaît dans l'original de Corso publié en 1958 par City Lights. Corso lu ce poème au New College à Oxford (Angleterre) en 1958. De nombreux étudiants membres de la Campagne pour le désarmement nucléaire étaient présents, et ils n'ont pas apprécié le ton humoristique et ambiguë de G.Corso qui a été chahuté. Allen Ginsberg a alors tenté d'expliquer ce que Corso essayait d'exprimer sans réussir pourtant à calmer les esprits et il a fini par traiter les étudiants de : « bande de connards ».
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Un second poème Marriage fut également salué (extrait) : But I should get married I should be good How nice it'd be to come home to her and sit by the fireplace and she in the kitchen aproned young and lovely wanting my baby and so happy about me she burns the roast beef and comes crying to me and I get up from my big papa chair saying Christmas teeth! Radiant brains! Apple deaf! God what a husband I'd make! Yes, I should get married! So much to do! like sneaking into Mr Jones' house late at night and cover his golf clubs with 1920 Norwegian books Like hanging a picture of Rimbaud on the lawnmower like pasting Tannu Tuva postage stamps all over the picket fence like when Mrs Kindhead comes to collect for the Community Chest grab her and tell her There are unfavorable omens in the sky! And when the mayor comes to get my vote tell him When are you going to stop people killing whales! And when the milkman comes leave him a note in the bottle Penguin dust, bring me penguin dust, I want penguin dust.
Liens externes : (en) Plusieurs poèmes en ligne sur le site de la Poetry Foundation (en) La tombe de Gregory Corso, à Rome (fr) Poèmes de Gregory Corso dans le numéro 3 de la revue de littérature The Black Herald, accompagnés de leur traduction en français, 2012 Notes et références ↑ Beat Hotel, Ginsberg, Burroughs et Corso à Paris, 1957-1963, Barry Miles, traduit de l’anglais par Alice Volatron. Marseille : Éditions le Mot et le Reste, 2011. ↑ http://blackheraldpress.wordpress.com/books/gregorycorso/ [archive]
Allen Ginsberg Né le 3 juin 1926 à Newark et mort le 5 avril 1997 à New York, Allen Ginsberg, est un poète américain, membre fondateur de la Beat Generation. Biographie Allen Ginsberg est le plus jeune fils de Louis Ginsberg, professeur d'anglais et poète, et de Naomi Levy Ginsberg, militante communiste. Son œuvre est marquée par le modernisme, les rythmes et cadences du jazz et de la pop, sa foi bouddhiste et hindouiste, son ascendance juive et son homosexualité. Il est l'artisan du rapprochement idéologique entre les beatniks des années 1950 et les hippies des années 1960, fédérant autour de lui des hommes comme Gregory Corso, Jack Kerouac, Neal Cassady, William Burroughs et plus tard Bob Dylan.
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Sa principale publication, Howl, un long poème en prose, est à sa sortie un scandale littéraire, en raison de son langage cru et explicite. Il est ainsi très rapidement condamné et retiré de la vente pour obscénité. Cette censure devient un emblème pour les défenseurs du premier amendement de la constitution américaine : elle sera levée après qu'un juge eut reconnu l'importance de l'œuvre pour son époque. Ginsberg, qui ne faisait pas mystère de ses idées libertaires et de son opposition à la politique américaine, est rapidement considéré par le FBI comme une menace contre la sécurité intérieure. En vertu de sa personnalité charismatique, Allen Ginsberg est d'ailleurs très souvent présent lors des manifestations : pacifistes contre la guerre du Vietnam, sociales contre les discriminations sexuelles, politiques avec les communistes, musicales en véhiculant une spiritualité orientale stimulée par les drogues. Il effectue de nombreux voyages sulfureux (au Mexique, en Inde, au Japon, en Chine, en Russie, à Cuba, au Maroc et en Tchécoslovaquie notamment) et est aussi proche de Timothy Leary et de Chögyam Trungpa Rinpoché, qui devient son guru à partir de 1970. Ginsberg est profondément influencé par un groupe de poètes Bengali de Kolkata connus sous le nom de Hungryalists. Ses autres publications majeures sont Kaddish, une méditation sur la mort de sa mère (Naomi Ginsberg) écrite sous amphétamines, et Hadda be Playin' on a Jukebox, un poème relatant les événements des années 1960 et 1970. Plutonian Ode est une charge contre l'armement nucléaire. Et Ginsberg est finaliste pour l'attribution du prix Pulitzer pour son livre Cosmopolitan Greetings : Poems 1986-1992. La poésie de Ginsberg - manifeste de la Beat Generation à elle seule - se caractérise par sa liberté de ton et son aspect volontiers décousu, lié à une écriture la plus spontanée possible afin de faire naître une prosodie toute particulière. Abordant de front la sexualité, les désillusions sociales américaines et les modifications de la conscience, elle a fortement influencé l'émergence des idées hippies. On lui attribue le slogan « flower Power », abondamment utilisé par la communauté Hippie. Son engagement inconditionnel en faveur de la liberté d'expression le conduit à manifester son soutien à l'Association nord-américaine pour l'amour entre les hommes et les garçons (NAMBLA), aux côtés de Harry Hay, pionnier de la défense des droits des homosexuels aux États-Unis, au moment où l'International Lesbian and Gay Association décide en 1994 d'exclure la NAMBLA de son sein. À ceux qui ne comprennent pas cette prise de position de Ginsberg, jugée choquante, Ginsberg explique alors que, parce que l'hystérie anti-pédérastie lui rappelait l'hystérie anti-homosexuelle, qu'il avait dû supporter dans sa jeunesse, il faisait le choix de défendre le droit de cette association à la libre expression. Il meurt le 5 avril 1997 à New York d'un cancer du foie. Œuvres - Howl and Other Poems (1956) (Howl et Kaddish) - Kaddish and Other Poems (1961) - Reality Sandwiches (1963) (Sandwichs de la réalité) - Planet News (1968) (Nouvelles de la planète) - The Gates of Wrath: Rhymed Poems 1948-1951 (1972) - The Fall of America: Poems of These States (1973) - Iron Horse (1974) - Mind Breaths (1978) - Plutonian Ode: Poems 1977-1980 (1982) - Collected Poems: 1947-1980 (1984) - White Shroud Poems: 1980-1985 (1986) (Linceul blanc) - Cosmopolitan Greetings Poems: 1986-1993 (1994) - Howl Annotated (1995) - Iluminated Poems (1996) 28
- Selected Poems : 1947-1995 (1996) - Death and Fame : Poems 1993-1997 (1999) Filmographie Documentaire - Scenes from Allen's Last Three Days on Earth as a Spirit (1997) Comme acteur - 1959 : Pull My Daisy : Allen - 1964 : Couch - 1966 : Chappaqua : Messiah - 1970 : Prologue - 1971 : Johnny Minotaur - 1973 : Global Groove (vidéo) - 1978 : Thot-Fal'N - 1978 : Renaldo and Clara : The Father - 1984 : It Don't Pay to Be an Honest Citizen - 1997 : Ballad of the Skeletons - 2000 : Twister: A Musical Catastrophe (vidéo) : He Dead Too Comme scénariste - 1969 : Me and My Brother - 1997 : Ballad of the Skeletons Comme compositeur - 1978 : Renaldo and Clara - 1997 : Ballad of the Skeletons - 1998 : Hustler for Life Représentations dans les arts - Allen Ginsberg est représenté par Jack Kerouac dans son roman Sur la route. - Dans I'm Not There, film consacré à la vie de Bob Dylan (2007), David Cross, interprétant le rôle d'Allen Ginsberg fait une courte apparition. - Howl, film américain de Rob Epstein et Jeffrey Friedman (2010), reprend l'histoire de l'éditeur du poète américain qui est poursuivi en justice à la suite de la publication du poème Howl considéré comme obscène. Peu connu à l'époque, l'auteur devient rapidement un des personnages marquants de la contre-culture américaine. L'acteur James Franco tient le rôle d'Allen Ginsberg. - Daniel Radcliffe, le héros des films Harry Potter, interprète Allen Ginsberg jeune dans Kill Your Darlings. Le film, sorti en 2013, raconte le rapprochement entre Ginsberg, Jack Kerouac et William Burroughs à la suite d'un meurtre en 1944¹ . - Le personnage d'Abraham « Abe » Greenberg, écrivain beatnik présent dans deux albums de la série Blacksad (Âme Rouge et Amarillo), est un hommage transparent à Allen Ginsberg² . - Ginsberg apparait sur l'album Combat Rock de The Clash avec la chanson Ghetto Defendant. Il a également brièvement tourné avec eux. À la fin de la chanson, on peut l'entendre réciter le Sūtra du Cœur.
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Bibliographie - Gilles Farcet, Allen Ginsberg : poète et bodhisattva Beat (avec une préface d'Alexandro Jodorowsky). Gordes : le Relié, 2004. 277 p., 23 cm. ISBN 2-914916-40-X. - (en) Allen Ginsberg's Life Notes et références [1] http://www.guardian.co.uk/film/2011/nov/30/daniel-radcliffe-allen-ginsberg-thriller [2] http://www.dargaud.com/blacksad/album-6449/amarillo/
Herbert Huncke Herbert Edwin Huncke (9 janvier 1915 – 8 août 1996) est une icône de la sous-culture de la beat generation. Écrivain, pionnier des droits homosexuels (il a participé à l’étude de la communauté gay avec Alfred Kinsey), toxicomane, criminel, Huncke a participé à de nombreux mouvements sociaux américains du XXe siècle. Premières années Né à Greenfield, dans le Massachusetts, il est dès ses débuts un homme de la rue, un laissé-pour-compte de l'éducation et un drogué. La vie d'Huncke est celle d'un « hobo », un sans domicile fixe, parcourant le pays d'un train à un autre, lié seulement à l'esprit d'entraide et de camaraderie entre sans abris. Bien qu'il regrette la disparition de tous liens familiaux, dans son autobiographie Guilty of Everything, il dit en avoir été empêché par sa longue peine de prison. Huncke quitte Chicago alors adolescent, peu après le divorce de ses parents. Mais, en dépit de son mode de vie, comme tous les autres membres de la beat generation, Huncke provient de la classe moyenne américaine. New York City & Times Square Huncke est arrivé à New York City en 1939. Il se fait déposer au coin de la 103e rue et de Broadway. Il demande à la personne qui l'y avait amené en stop comment trouver la 42e rue. « Vous suivez Broadway », lui est-il dit, « et vous trouverez la 42e rue ». Huncke, toujours bien habillé, s'achète une boutonnière pour son veston et se dirige donc vers la rue indiquée. Lors des dix années qui suivent, Huncke est un habitué du quartier, connu sous le nom de « maire de la 42e rue ». À ce stade, les lieux de prédilection de Huncke sont la donc la 42e Rue et Times Square, où il se mêle à des gens de toutes sortes y compris les prostituées (hommes et femmes) et les marins. Durant la Seconde Guerre mondiale, Huncke embarque dans l'United States Merchant Marine pour les ports d'Amérique du Sud, d'Afrique et d'Europe. Il débarque sur les plages de Normandie, trois jours après le débarquement. C'est à bord de ces navires que Huncke se serait accoutumé à la drogue, par l'usage de seringues mono-injection de morphine, nommées Syrettes, fournies par le médecin de bord. Quand il revient à New York, il retourne à la 42e rue, et c'est après un de ces voyages qu'il rencontre l'écrivain alors inconnu William S. Burroughs, qui vendait un pistolet mitrailleur et une boîte de « seringuettes » de morphine. Huncke se prend immédiatement d'antipathie pour Burroughs en croyant qu'il est « chaud », en argot, un agent de police infiltré ou du FBI. Après s'être assuré du contraire, il achète la morphine et, à la demande de Burroughs, lui en fait aussitôt une piqûre. Ainsi commence une longue carrière d'usage de drogues avec Burroughs, et Huncke devient un personnage de son premier roman, Junky (publié initialement sous le 30
pseudonyme de William Lee). Après que Huncke ait initié Burroughs à l'art de raconter des salades et à la morphine, ces deux éléments sont devenus centraux à l'écriture de Burroughs. Huncke est aussi un ami proche de Jeanne Adams Vollmer Burroughs, la concubine de William, partageant avec elle son addiction pour les amphétamines. À la fin des années 1940, Huncke est invité par les Burroughs au Texas afin de cultiver de la marijuana dans leur ferme. Huncke est alors un gigolo bisexuel, un drogué, voleur et cambrioleur. Son autobiographie, intitulée Coupable de tout, relative à ses décennies de 1940 à 1960, ne sera publiée que dans les années 1990. À la fin des années 1940, Huncke est recruté comme sujet de recherche d'Alfred Kinsey sur les habitudes sexuelles du mâle américain. Il est interviewé par Kinsey et recrute ses amis toxicomanes pour qu'ils y participent. Huncke est un écrivain, non publié, depuis son séjour à Chicago où il gravite dans les cercles littéraires et de musiciens. Dans le monde de la musique, Huncke visite tous les clubs de jazz et se lie à Billie Holiday, Charlie Parker et Dexter Gordon (avec qui il se fait une fois arrêter dans la 42e rue pour s'être introduit dans une voiture). Lorsqu'il rencontre Allen Ginsberg, Jack Kerouac et William Burroughs, ceux-ci sont déjà intéressés par l'écriture mais non publiés. Ils sont inspirés par les récits d'Huncke sur la 42erue, la vie criminelle, l'argot de la rue et sa vaste expérience en médicaments. Huncke leur raconte des histoires de la vie sur la 42e rue, sa vie d'errances avant New York et, complaisamment, les introduit à la drogue. En retour, Huncke est immortalisé dans le « Sur la route » de Kerouac, comme le personnage de Elmer Hassel. Bien que ce soit sa passion pour le vol, l'utilisation d'héroïne et le mode de vie hors la loi qui alimente ses activités quotidiennes il ne dénonce jamais ses amis quand il se fait attraper par la police. À la fin des années 1940, Allen Ginsberg, Jack Melody et "Detroit Redhead" retournent une voiture dans le Queens en essayant de renverser un policier motocycliste. Bien que Huncke n'était pas sur les lieux du crime, il est arrêté dans Manhattan et se voit condamné à une lourde peine de prison. "Quelqu'un devait s'y coller", dit-il quelques années plus tard. Carrière d'écrivain Huncke est lui-même un conteur naturel, un caractère unique, avec une approche de la vie paradoxalement honnête. Plus tard, après la formation de ce qu'on appelle le Beat Generation, les membres de la Beat l'ont encouragé à publier ses carnets, ce qu'il fait avec un succès limité en 1964 dans le Poet's press de Diane Di Prima. Dans Huncke's Journal, Huncke utilise le mot "Beat" pour décrire une personne vivant sans argent et peu de perspectives. Huncke est considéré comme ayant inventé l'expression qui a finalement décrit toute une génération. Jack Kerouac insiste plus tard sur le fait que "Beat" est dérivé de béatification, être souverainement heureux. Toutefois, on considère que cette définition est une défense du mode de vie "beat", qui était mal vu et offensait de nombreuses sensibilités américaines. Huncke meurt en 1996 à 81 ans. Il vivait depuis plusieurs années dans un appartement avec jardin, sur East7th Street près de l'avenue D à New York, soutenu financièrement dans sa vieillesse par ses amis, David Sands, Jérôme Poynton, Tim Moran, Gani Remorca, Raymond Foye et bien d'autres. Il passe ses dernières années à l'Hôtel Chelsea, son loyer étant payé par Jerry Garcia des The Grateful Dead, que Huncke n'a jamais rencontré. Œuvres - (en) Herbert Huncke (postface William S. Burroughs), Guilty of everything : the autobiography of Herbert Huncke, New York, Paragon House, 1990, 31
210 p. (ISBN 978-1-5577-8044-7, OCLC 20261471). - (en) Herbert Huncke (excerpt) et Raymond Foye (éditeur), Guilty of everything, Madras New York, Hanuman Books, 1987 (ISBN 978-0-9378-1508-3, OCLC 20392445). - (en) Herbert Huncke (préf. Allen Ginsberg), The evening sun turned crimson, Cherry Valley, NY, Cherry Valley Editions, 1980, 224 p. (ISBN 978-0-9161-5643-5, 978-0-9161-5644-2 et 978-0-9161-5645-9, OCLC 5171951). - Huncke's Journal (Poets Press, 1965). Out of Print. Edited by Diane DiPrima, foreword by Allen Ginsberg. - The Herbert Huncke Reader edited by Ben Schafer (New York: Morrow, 1997), (ISBN 978-0-688-15266-6). (Includes the complete texts of The Evening Sun Turned Crimson and Huncke's Journal). - Again–The Hospital (White Fields Press, Louisville, 1995). 1/50 copies. (Broadside; single sheet, measuring 12 by 22 inches, illustrated with a photograph of Huncke.) - Herbert E. Huncke 1915-1996 (New York: Jerry Poynton 1996). (Limited edition of 100 copies of the program for the Herbert Huncke memorial at Friends Meetinghouse, New York City. Includes original texts.) Œuvre traduite en français - Coupable de tout, Paris, Le Seuil, coll. « Fiction & Cie », 2009, 480 p. (ISBN 9782020990073) Bibliographie - (en) Ann Charters (ed.), The Portable Beat reader, New York, N.Y., U.S.A, Penguin Books, coll. « The Viking portable library », 1992, 645 p. (ISBN 978-0-1401-5102-2 et 978-0-6708-3885-1, OCLC 832316285) - (en) Frank McCourt, Teacher man, London, Fourth Estate, 2005 (ISBN 978-0-0071-73983, OCLC 61702102). - (en) Denis Mahoney, Richard L. Martin et Ron Whitehead (ed.), A Burroughs compendium : calling the toads, Watch Hill, R.I, Ring Tarigh, 1998, 107 p. (ISBN 978-0-9659-8260-3, OCLC 40347252).
Jack Kerouac Né le 12 mars 1922 à Lowell dans le Massachusetts, mort le 21 octobre 1969 à St. Petersburg en Floride, Jack Kerouac (Jean-Louis [Lebris de] Kérouac) est un écrivain et poète américain. Considéré aujourd'hui comme l'un des auteurs américains les plus importants du XXe siècle, il est même pour la communauté beatnik le « King of the Beats »1. Son style rythmé et immédiat, auquel il donne le nom de « prose spontanée », a inspiré de nombreux artistes et écrivains et en premier lieu les chanteurs américains Tom Waits2 et Bob Dylan3. Les œuvres les plus connues de Kerouac, Sur la route (considéré comme le manifeste de la Beat Generation), Les Clochards célestes, Big Sur ou Le Vagabond solitaire, narrent de manière romancée ses voyages à travers les États-Unis. Le genre cinématographique du road movie est directement influencé par ses techniques et par son mode de narration. Jack Kerouac a passé la majeure partie de sa vie partagé entre les grands espaces américains et l'appartement de sa mère. Ce paradoxe est à l'image de son mode de vie : confronté aux changements rapides de son époque, il a éprouvé de profondes difficultés à 32
trouver sa place dans le monde, ce qui l'a amené à rejeter les valeurs traditionnelles des années 1950, donnant ainsi naissance au mouvement beat. Ses écrits reflètent cette volonté de se libérer des conventions sociales étouffantes de son époque et de donner un sens à son existence. Un sens qu'il a cherché dans des drogues comme la marijuana et la benzédrine, dans l'alcool également, dans la religion et la spiritualité (notamment le bouddhisme), et dans une frénésie de voyages. « Jazz poet », comme il se définit lui-même, Kerouac vante les bienfaits de l'amour (la passion charnelle est pour lui « la porte du paradis »), proclame l'inutilité du conflit armé, quel qu'il soit, et considère que « seuls les gens amers dénigrent la vie ». Jack Kerouac et ses écrits sont vus comme précurseurs du mode de vie de la jeunesse des années 1960, celle de la Beat Generation, « qui a ébranlé la société américaine dans ses certitudes. Elle a directement inspiré aussi bien les mouvements de mai 1968 que l’opposition à la guerre du Viêt Nam, ou les hippies de Berkeley et Woodstock. Pourtant la Beat Generation a aussi contribué à enrichir le mythe américain. Sur la route, le roman le plus connu de Kerouac, est une ode aux grands espaces, à l’épopée vers l’ouest, à la découverte de mondes nouveaux4. » Biographie Né Jean-Louis (surnommé « Ti-Jean », soit en anglais « Jack ») Kérouac le 12 mars 1922 à Lowell (USA), de deux parents québécois : Léo-Alcide Kirouac (SaintHubert 1899-1946) et Gabrielle Lévesque (Kamouraska1875-1973), Jack Kerouac est issu d'une famille québécoise originaire de Bretagne et installée dans la ville textile de Lowell, dans le Massachusetts. Léo est patron et directeur d'une publication théâtrale de Lowell et Boston5. « Ti-Jean, n'oublie jamais que tu es breton », lui répète depuis son enfance son père Joe qui avait modifié son patronyme en « Kerouac » lors de son arrivée aux ÉtatsUnis, puis l'orthographiera « Keroack » par la suite. L'origine du patronyme « Kerouac » pris par le père, puis du nom « Lebris de Kérouac » pris par le fils, est restée énigmatique jusqu'à la fin des années 1990note 1. Imprimeur, son père est apparenté au frère MarieVictorin (Conrad Kirouac), écrivain et botaniste canadien. Sa mère, Gabrielle-Ange Lévesque (1895–1972), appelée aussi « Mémère » par l'écrivain, est cousine germaine du Premier Ministre québécois de 1976 à 1985, René Lévesque. Ses parents se sont mariés le 25 octobre 19156 à Saint-Louis-de-Gonzague (en) de Nashua. Jusqu'à l'âge de six ans, Jack Kerouac ne parle qu'une sorte de français canadien, le joual, et ce n'est qu'à l'école qu'il apprend l'anglais, comme seconde langue. À quatre ans, il assiste à la mort de son frère aîné Gérard, alors âgé de neuf ans, atteint d'une fièvre rhumatismale. Cette mort est comme « une plaie qui ne se refermera jamais »7 et qui, plus tard, le conduit à écrire Visions de Gérard en janvier 1956 (publié en 1963). Grâce à l'activité de son père, Jack Kerouac est introduit dans le milieu culturel et littéraire de la ville et à treize ans, il est à l'origine d'une chronique 8. Il assiste ainsi à plusieurs projections de films dans son cinéma local8. Il se lie d'amitié avec un employé de son père, Armand Gautier, qui lui apprend toutes les subtilités du bras de fer, discipline dans laquelle Kerouac excelle toute sa vie9. Il passe aussi des heures dans l'atelier d'imprimerie, apprenant à taper à la machine. Il acquiert ainsi une grande dextérité qui forme l'une des composantes principales de son œuvre et rend unique son écriture. En effet, Kerouac écrit rapidement, rédigeant souvent des chapitres entiers d'une seule traite et corrigeant peu ses brouillons. Le tapuscrit de Sur la route, écrit sur un seul rouleau de papier, témoigne de cette dextérité10,11. À neuf ans, Jack Kerouac entre à l'école publique anglophone Barlett. L'enfant a beaucoup de mal à communiquer en anglais et il ne devient bilingue qu'à l'âge de quinze ans. C'est durant cette période qu'il perd son diminutif de « Ti-Jean » pour le prénom plus américain de « Jack ». Cependant, en famille, les Kerouac continuent à parler français, 33
avec quelques mots bretons. En dépit de ce qu'avance l'un des biographes de l'écrivain, Gerald Nicosia, auteur de Memory babe, il est peu probable, selon Patricia Dagier et Hervé Quéméner, que les Kerouac parlent exclusivement breton, la pratique de la langue ayant disparu depuis quelques générations déjà10. À dix ans, ses parents déménagent pour le quartier de Pawtucketville12. Jack dispose d'une grande mémoire, mais il est également très doué pour le sport, le baseball et la course à pied avant tout. Son professeur d'anglais le déclare « brillant » et, à onze ans, Kerouac écrit un petit roman, dans la veine de Huckleberry Finn, intitulé Mike Explores the Merrimack13. La nuit cependant l'angoisse et, très tôt, Kerouac se réfugie dans l'écriture14. Dès onze ans, il produit des bandes dessinées humoristiques et des dessins note 2, pétri qu'il est des polars radiophoniques, dans lesquelles il prête vie au « Docteur Sax », qui est son double fabuleux, sans ses peurs nocturnes. Mais celles-ci s'accentuent à mesure que les affaires de son père périclitent. Ce dernier se met en effet à boire et à jouer. La famille déménage dès lors sans cesse, influençant considérablement ce qui devient plus tard le caractère itinérant de Kerouac14. Sa mère enfin se fâche avec Caroline, la sœur de Jack, qui se marie très jeune et quitte le domicile familial. À quatorze ans, Jack se retrouve seul à la maison. Il est adoré par sa mère. Il devient aussi un athlète accompli mais reste renfermé et introverti. Il a des rapports souvent conflictuels avec ses camarades de classe et de stade. À cet âge, Kerouac ambitionne d'écrire, ce qui provoque la risée de tous, alors qu'une carrière sportive s'ouvre à lui. Ses prouesses athlétiques font de lui une « star » de son équipe locale de football américain vers l’âge de 16ans15. Alors qu'il joue à Nashua, dans le New Hampshire, il est remarqué par un recruteur de l'université de Boston, Franck Leahy. Son père s'en mêle, comptant faire monter les tractations. Le jeune homme part finalement étudier à l'université Columbia, à New York16,8. Rencontres En 1939, Jack Kerouac entre donc à la prestigieuse université de Columbia. Il a dès son arrivée la secrète pensée de pouvoir, grâce au sport, accéder à un emploi de journaliste dans un quotidien new-yorkais. Il lit également beaucoup. L'écrivain Thomas Wolfe est son modèle à l'époque. Cependant, Jack ne peut être directement admis à l'université ; il doit en effet effectuer une année préparatoire au collège Horace Mann8, dans le nord de Manhattan, où il obtient de bons résultats scolaires, et se distingue surtout sur le terrain, si bien qu'il a droit à des articles dans des journaux locaux17, et est chroniqueur du New York World Telegram18. Il aide certains étudiants, et écrit pour le Horace Mann Quarterly en tant que « critique », titre qu'il ironise, ainsi que pour le Columbian Spectator. Il fréquente, par ses amis, le milieu des bourgeois juifs de la ville19. Il fait ainsi la connaissance du Londonien Seymour Wyse qui lui fait découvrir le jazz, musique qui est pour Jack une véritable révélation. Il fréquente les caves d'Harlem où se produisent les stars du jazz, C. Parker 3 et Dizzy Gillespie notamment, et en particulier son idole, Count Basie. Le jazz devient pour lui une religion. Il est « le premier à entrevoir comment le jazz peut influer sur la vie, être le moteur d'une écriture. Plus tard, il écrira comme on souffle dans un saxophone, d'une traite », expliquent Patricia Dagier et Hervé Quéméner19. Jack décide de créer une rubrique musicale dans le journal de son collège, The Scribbler’s. Il interviewe des jazzistes célèbres et fréquente assidûment les clubs improvisés, fume également sa première cigarette de marijuana, prélude à une longue descente dans la drogue et l'alcool20. À dix-huit ans, il entre vraiment à l'université Columbia. Il obtient une bourse grâce à son succès au football américain, mais lors d'une rencontre, il subit une fracture au tibia qui l'empêche de terminer la saison sportive. Forcé de se reposer, il lit abondamment et va au cinéma. Il écrit aussi et rêve de héros vagabonds en marge de la société. Kerouac goûte aussi à la drogue et à la prostitution ; selon Patricia Dagier et Hervé Quéméner,« on voit se mettre en place, alors qu'il vient d'avoir dix-huit ans, les anges et les démons de toute la vie de Kerouac »20. Il fréquente Mary Carney, avec qui il 34
entretient une relation platonique dont il tire le sujet de son œuvre Maggie Cassidy. Kerouac rencontre Sébastien Sampas, dit « Sammy », un Grec immigré avec qui il parle longuement de littérature et de religion et qui a une influence notable sur son écriture, d'après Ann Charters21. Jack et la Beat Generation Ne pouvant jouer au football en raison de sa blessure, Jack Kerouac décide de partir voyager à travers les États-Unis. Il achète donc un billet de Greyhound (le réseau d'autobus national), en direction du Sud. Cependant, il abandonne une fois parvenu à Washington et retourne à Lowell passer l'hiver 1941–1942. Il travaille comme pigiste au journal local, à la rubrique des sports, et fréquente les bars. Las de cette vie terne, Kerouac s'engage dans la marine marchande au printemps 1942 22. Il embarque ainsi à Boston sur le SS Dorchester, à destination de Mourmansk en mer Blanche soviétique. Kerouac croit ainsi renouer avec ses origines de marin breton, mais la traversée est décevante, hormis une escale au Groenland et une rencontre avec un Inuit dans un fjord. C'est au cours de cette période qu'il écrit son premier roman, The Sea Is My Brother (La Mer est mon frère). Le manuscrit de ce roman a longtemps été considéré comme perdu avant d'être trouvé par le beau-frère de Jack Kerouac et d'être édité en 2011 23. En décembre 1942, il est de retour à New York 24. Ayant signé un contrat d'engagement avec l'US Navy avant son départ, il doit effectuer un temps sur un navire militaire. Il simule la folie afin d'échapper à cette obligation et il passe ainsi quelques semaines en hôpital psychiatrique. Il est donc renvoyé de la marine pour cause d'« indifférence caractérisée »25. De retour à la vie civile, il dépense sa solde entière dans les bars et refuse de jouer dans l'équipe de l'université Columbia. Dès lors, tout espoir de vivre du sport s'évanouit et Kerouac entame sa descente dans le milieu interlope new-yorkais. Il consomme des drogues (la marijuana et la benzédrine) et fréquente des prostitués. Il participe aussi à des orgies homosexuelles. Cependant, il rencontre aussi des personnes qui marquent sa vie entière. Par l'entremise d'Edie Parker, jeune femme originaire de Grosse Pointe dans le Michigan qui deviendra son épouse, Kerouac fait la connaissance de Lucien Carr, qui le fascine. Celui-ci lui présente Allen Ginsberg, autre figure emblématique de la beat generation. Kerouac a avec ce dernier une relation ambiguë, tour à tour amants puis amis, de manière irrégulière. Il rencontre aussi un autre écrivain,William Burroughs, qui est à New York pour suivre un traitement psychanalytique après avoir quitté la Vienne nazie. La bande fréquente ainsi un appartement de la 11e rue, dans Greenwich Village, où se mêlent drogue, sexe, alcool et littérature26. Au printemps 1943, il s'engage de nouveau dans la marine marchande pour des missions périlleuses, sur le SS George Weems, qui relie Boston à Liverpool. L'idée lui vient alors de retrouver ses racines familiales et bretonnes. Entre ses voyages maritimes, Kerouac séjourne à New York avec ses amis de l'université Columbia. Il commence son premier roman, Avant la route (The Town and the City), publié en 1950, qui lui vaut une certaine reconnaissance en tant qu'écrivain. Ce roman, qui a demandé trois ans d'efforts, conserve une structure conventionnelle et raconte la vie d'un jeune homme dans une petite ville très semblable à Lowell et l'attrait qu'exerce sur lui la métropole new-yorkaise27. En août 1944, Jack Kerouac aide Lucien Carr à dissimuler les pièces à conviction de l'assassinat d'un professeur de gymnastique, David Kammerer, que ce dernier a tué à coups de couteau. Kerouac est inculpé de complicité et est placé en détention. Les parents d'Edie Parker paient sa caution à la seule condition que Jack épouse leur fille. Kerouac se marie donc à Edie Parker le 22 août 194428. Pour le journaliste David J. Krajicek, Kerouac aurait aidé Lucien Carr à dissimuler l'arme du crime uniquement29. Ils
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s'établissent non loin de Détroit, à Grosse Pointe. Kerouac travaille, grâce au père de sa femme, comme vérificateur de roulements à billes. Mais, secrètement, Kerouac continue à écrire et il entrevoit très vite que cette vie ne le comble pas et nuit même à sa créativité. Il retourne donc sans prévenir quiconque à New York au cours de l'hiver 1944–1945. Kerouac rejoint une petite communauté, rassemblant Allen Ginsberg, William Burroughs, Joan (une amie d'Edie Parker qui l'invite à la colocation), Haldon Chase (surnommé « Chad King » dans Sur la route) et Herbert Huncke, située dans la 115e rue, près d'Ozone Park 30. À 24 ans, Kerouac renoue avec une vie dissolue, fréquentant chaque nuit les bars de la ville, en compagnie de ses deux amis, Ginsberg et Burroughs qui sont homosexuels. Ils fréquentent aussi la pègre. L'état physique de Kerouac se dégrade à vue d'œil et, dès lors, il est incapable de faire du sport31. En 1946, son père, Léo, meurt d'un cancer du pancréas. Pour Hervé Quéméner et Patricia Dagier, Kerouac devient dès cette année «de plus en plus Kerouac», continuant de se nourrir de tonnes de livres. Ses écrits deviennent davantage autobiographiques, travaillant frénétiquement au tapuscrit de Sur la route4,32, à partir de ses nombreux carnets de notes préparatoires11. Il écrit en effet beaucoup durant cette période note 5. Cette «écriture introspective l'amène à s'interroger sur les fondements de son mal de vivre» et Kerouac se rend compte qu'il a «un désir subconscient d'échouer, une sorte de vœu de mort». Ses allées et venues au domicile de sa mère Gabrielle s'amplifient. À chaque contrariété, Kerouac consulte sa mère, ce qui a pu contribuer à l'empêcher de vivre avec une femme33. En compagnie de ses amis, Kerouac expérimente d'autres formes d'écritures. Avec William Burroughs, il teste l'écriture à quatre mains, dans Et les Hippopotames furent bouillis vifs dans leurs piscines alors qu'avec Haldon Chase, il stimule sa créativité en se concentrant sur les personnages, au point de les faire vivre en imagination, puis d'écrire dans la foulée (c'est la méthode de la « Prose Spontanée »). C'est d'ailleurs en raison de ce mode d'écriture que Kerouac rédige le manuscrit de Sur la route sur des rouleaux de papier reliés les uns aux autres par du scotch, atteignant des longueurs incroyables, près de 35 mètres34,11. Il voit aussi dans ces rouleaux le symbole de la route sans fin35. Sur la route En 1947, du fait de sa consommation effrénée de drogues, Kerouac fait une thrombophlébite. La communauté vit par et pour la drogue, au point que Burroughs falsifie les ordonnances des médecins pour obtenir de la morphine. Ce dernier et Joan, devenue sa femme, quittent la colocation pour le Texas. Kerouac rencontre grâce à Haldon Chase le jeune Neal Cassady, un maniaque de la vitesse et des automobiles qui lui narre ses péripéties lors de ses déplacements à travers le pays. Fasciné, Kerouac décide de partir à l'aventure. Le 17 juillet 1947, au petit matin, il marche pendant plusieurs kilomètres. Il compte se déplacer en auto-stop. Il se perd à la limite de l'État de New York et subit une pluie violente qui l'oblige à rebrousser chemin. Cet épisode forme l'incipit de son roman Sur la route. Il rentre chez sa mère qui lui donne de l'argent pour repartir, cette fois-ci par autobus, jusqu'à Chicago. Dès lors, l'aventure commence réellement. De lift enlift note 6, il rallie Davenport dans l'Iowa, puis les rives du Mississippi, puis enfin Des Moines. Un des lifts préféré de Kerouac, dont l'épisode est rapporté dans Sur la route, est celui mené sur la plate-forme d'un camion, au sein d'une communauté de trimardeurs 36 Kerouac arrive à Denver ; il y retrouve Haldon Chase, devenu chercheur universitaire. Il y retrouve aussi Neal Cassady et Allen Ginsberg qui sont amants. Voulant « poursuivre plus loin son étoile », il reprend la route pour San Francisco où il entre en contact avec Henri Cru, un Français rencontré à New York, qui lui propose de travailler avec lui dans un foyer 36
militaire pour recalés de l'immigration en attente de reconduite à la frontière. Kerouac y travaille quelques semaines mais abandonne au bout du compte. Il regagne Los Angeles et, dans le bus, tombe amoureux d'une Mexicaine, Béa Franco, avec qui il vit quelque temps. Puis, grâce à de l'argent envoyé par sa mère, il rallie Pittsburgh puis New York en autobus, en automne 1947. Il demeure peu de temps à New York car il décide de suivre Neal Cassady, au volant de sa voiture. Les deux hommes font des allers-retours à toute vitesse entre la Virginie et New York, puis, en janvier 1949, ils se rendent en Louisiane, à La Nouvelle-Orléans, rendre visite à William Burroughs37. Puis, avec Lu Anne, la femme de Neal, ils poursuivent leur route vers la Californie, ponctuée d'escales chez des amis. Grâce à l'argent inespéré d'une pension du Département des Anciens Combattants (pour avoir servi durant la guerre sur les navires de ravitaillement des troupes en Europe), Kerouac retourne à New York où il avance l'écriture de Sur la route. Il repart ensuite avec Neal, en Cadillac, pour Plymouth, Denver puis Chicago. Lors d'un rapide retour à New York en 1950, il apprend avec plaisir que son premier livre, Avant la route (The Town and the City), est publié. Ce premier ouvrage vaut à Kerouac quelques critiques favorables mais les tirages restent faibles. En 2007 des archives découvertes à la bibliothèque publique de New York par le journaliste Gabriel Anctil38,39 du quotidien québécois Le Devoir40 révèlent un manuscrit complet de 56 pages intitulé La nuit est ma femme rédigé entre février à mars 1951. Ce roman, constitué de courtes nouvelles de cinq ou six pages est entièrement écrit en français et prouve pour la première fois que Jack Kerouac âgé alors de 29 ans avait eu de très sérieuses ambitions de devenir, comme il le disait lui-même, un véritable écrivain Canadien français. Un an plus tard en 2008 Le Devoir exhumera à nouveau un court roman d’une cinquantaine de pages intitulé Sur le Chemin rédigé à Mexico en décembre 1952. Ces écrits en langue française sont publiés en 2016 sous le titre « La vie est d'hommage »41 aux éditions du Boréal de Montréal (Qc). À compter de cette date, et jusqu’en 1957, Kerouac est rejeté régulièrement par les maisons d'édition. Ses correspondances laissent sur ce point apparaître un réel découragement alors même que son existence prend une tournure de plus en plus chaotique (ses revenus sont très faibles et sa dépendance à l’alcool et aux amphétamines atteint un paroxysme). À plusieurs reprises, Kerouac envisage alors de cesser d’écrire42. Kerouac n'en perd pas pour autant l'énergie de travailler à un rythme frénétique. À l’exception du roman Les Clochards célestes et de Big Sur, la plupart de ses ouvrages majeurs sont écrits avant 1957. Fin 1950, il quitte de nouveau New York, pour le Mexique cette fois, avec Neal Cassady et Franck Jeffries. Ils y retrouvent William Burroughs qui a fui le Texas, pourchassé par la justice. Après quelques semaines, Kerouac rentre à New York et fait la connaissance de Joan Haverty, qui deviendra sa seconde femme. Le 16 février 1952 naît sa fille, Janet Michelle dite « Jan » (décédée en 1996). Kerouac ne la reconnaît pas, et ce jusqu'à sa mort43,44. Il quitte Mexico début septembre 1955 ; il y a « vécu un des moments les plus intenses de sa création poétique »45. Kerouac y écrit en effet Mexico City Blues qui paraît en 1959. De Los Angeles, il rejoint ensuite San Francisco en empruntant le « Fantôme de Minuit », un train mythique, très utilisé par les chômeurs de la crise de 1929. Lors de ce voyage, Kerouac rencontre le premier « clochard céleste » de ses aventures, épisode repris dans l'œuvre du même nom. Durant cette période, le tapuscrit de Sur la route, transmis pour lecture à partir de 1952, est rejeté par l'ensemble des éditeurs américains contactés. Il a été publié dans une version allégée en 1957. Toutefois, Kerouac bénéficie progressivement de l’intérêt médiatique pour les acteurs de la contre-culture gravitant autour du monde du jazz et de mouvements poétiques californiens et new-yorkais. Il apparaît ainsi sous le nom de « Pasternak » dans Go, publié par John Clellon Holmes en 1952, et participe en tant que 37
spectateur très actif à la lecture du 7 octobre 1955 qui propulse sur le devant de la scène ses amis poètes de la beat generation11. Kerouac est à San Francisco à l'automne 1955 ; il participe à l'un des moments fondateurs de la Beat Generation : la lecture publique à la Six Gallery du poème Howl d'Allen Ginsberg, considéré, avec Sur la route, comme l'un des manifestes du mouvement. Kerouac y fait la rencontre d'un personnage important dans sa vie : Gary Snyder, passionné de randonnées et de philosophie japonaise. « Ensemble, Jack et Gary vont inventer ce qui sera quelques années plus tard le mode de vie des hippies : un couchage dans le sac à dos, quelques maigres provisions, la toilette dans les torrents, la nudité en groupe et l'errance d'un lieu à un autre en toute liberté »46. En compagnie d'un libraire de Berkeley, John Montgomery, les deux hommes font une expédition à 3 600 mètres d'altitude, dans le parc national de Yosemite et jusqu'au pic Matterhorn. Kerouac s'initie à la méditation et aux haïkus, ces courts poèmes japonais qui évoquent un sentiment, une situation, une atmosphère47. La rencontre avec lui-même et avec la simplicité, l'absence d'excès et de drogues ou d'alcool fait que Kerouac se décide à commencer une « vie nouvelle ». Il voit dans les préceptes chinois et zen le refus de la société de consommation et ce qu'il nomme dans Les Clochards célestes (The Dharma Bums,1958), la « grande révolution des sacs à dos »48. Après cette excursion, fin 1955, il se rend en Caroline du Nord où vit sa mère, chez qui il passe quelque temps. Il écrit du 1er au 16 janvier 1956 un ouvrage autobiographique, centré sur l'histoire de son frère mort,Visions de Gérard, puis se rend dans l'État de Washington où Gary Snyder lui a trouvé un poste de garde forestier pendant la saison des feux de forêts, au pic Desolation note 8, dans l'actuel Parc national des North Cascades. Il commence le 25 juin, alors que Gary part pour le Japon pour plusieurs années, et demeure reclus dans une vigie durant 63 jours. L'expérience de garde forestier est pour lui un désastre, relatée dans Anges de la désolation. Il s'ennuie et souffre de solitude, expérience dont il tire le roman Le Vagabond solitaire. Kerouac met cependant fin à toutes ses bonnes résolutions inspirées par Gary Snyder. De retour à San Francisco, il apprend qu'il est de plus en plus lu par la jeune génération et que son nouvel opus, Sur la route, est en passe d'être édité49. La célébrité et la déchéance En 1957, son roman Sur la route est édité par Viking Press. Très vite, le succès du roman provoque des tensions entre Kerouac et ses amis note 9. Le succès est en effet immédiat, à tel point qu’en février 1957, le poète Kenneth Rexroth écrit à son sujet qu’il est « le plus célèbre auteur « inédit » en Amérique ». Kerouac obtient ainsi progressivement le soutien de deux figures importantes du monde des Lettres, Malcolm Cowley, éditeur chez Viking Press et cheville ouvrière de la génération perdue, et Kenneth Rexroth, moteur de la « Renaissance de San Francisco ». Cowley est à l’origine de la publication par Viking de Sur la route et il en orchestre le succès note 10. Dans Sur la route, Kerouac, qui a amassé une somme considérable de notes de voyages formant la matière première de ses futures œuvres, crée un genre nouveau, reflet du mode de vie prôné par la beat generation. La publication de Sur la route marque par ailleurs un tournant considérable dans la vie de Jack Kerouac, lui apportant la reconnaissance publique et un confort financier qu’il n’avait jamais connu, sans pour autant le rendre riche note 11. Elle est cependant à l’origine d’une formidable incompréhension entre Kerouac, son public et la critique. Le roman l’impose en effet comme porte-parole, si ce n’est comme chef de file, d’une génération qui a grandi dans l’après-guerre en rejetant les valeurs traditionnelles morales et religieuses américaines, la 38
beat generation ; Sur la route est « la bible du mouvement »50. Toutefois l’ouvrage apparaît davantage comme un témoignage, le livre d'une génération, que comme une œuvre littéraire majeure, jugement que partage d’ailleurs pleinement son éditeur. Ann Charters, qui s'est procurée le rapport de Malcolm Cowley favorable à la publication, relève ainsi toute l'ambivalence de son jugement dès l'origine : « Ce n'est pas un grand livre ni même un livre qu'on peut aimer, mais il est réel, honnête, fascinant, tout entier pour le plaisir, la voix d'une nouvelle génération »51. Il reste que les articles, études, analyses et même, du vivant de Kerouac, les thèses universitaires, abondent rapidement après la publication52. Dans Sur la route, le personnage principal, Sal, parcourt les États-Unis en auto-stop (et se rend également au Mexique) avec son ami Dean Moriarty, inspiré par Neal Cassady. Il noue des amitiés informelles, a des expériences amoureuses et des mésaventures. Le style de vie non-matérialiste des protagonistes (Kerouac décrit en effet ce roman comme étant : « the riotous odyssey of two American drop-outs, by the drop out who started it all ») (« L'odyssée turbulente de deux marginaux, racontée par le marginal qui a lancé l'aventure ») est à l'origine de nombreuses vocations parmi les écrivains américains et le transforme en mythe vivant. Selon la légende que Jack Kerouac a forgée lui-même, le roman est écrit en trois semaines, lors de longues sessions de prose spontanée alors qu'il est travaillé de 1948 à 1957 à partir de carnets qu'il a sur lui54. De retour de Mexico, le 5 septembre 1957, il apprend que son roman Sur la route est un franc succès. Il est « promu incarnation de la Beat Generation »par le New York Times55,56. Mais cette notoriété lui pèse et il boit davantage (près d'un litre de whisky par jour). Il s'éloigne aussi de ses amis écrivains comme Allen Ginsberg et, dans une moindre mesure, William Burroughs. Il reproche à Ginsberg de trop rechercher l'attention du public et de trahir l'esprit « beat ». Même lorsqu'il a besoin d'argent, il ne se tourne plus vers eux et ne répond plus aux invitations des médias. Il est également irrité par le développement d'un bouddhisme de mode, qu'il se sent en partie responsable d'avoir créé avec ses romans, et se déclare en réaction « fervent catholique »57. En février 1957, sur l'invitation de William Burroughs, Kerouac embarque sur un navire de transport à destination de Tanger, au Maroc. Il a l'intention de visiter ensuite l'Europe mais son séjour en Afrique se passe mal. Il rentre donc à Lowell, chez sa mère, et avec elle déménage plusieurs fois. Alcoolique notoire, Kerouac a des crises de delirium tremens que n'arrangent pas les virulentes critiques dont il est la cible : il est en effet publiquement exposé depuis la publication de Sur la route. Des écrivains portent de sévères critiques à l'encontre du style peu académique de Kerouac. Le premier, Truman Capote, déclare que ses textes étaient « tapés et non écrits ». Ce lien entre la méthode d’écriture de Kerouac, la Prose Spontanée, qu'il codifie, et la qualité stylistique de son écriture, blesse Kerouac, mais ne le perturbe pas. Ce dernier fait d’ailleurs souvent référence, avec une grande ironie, à la formule de T. Capote. Le journaliste et essayiste Donald Adams, du New York Times, n'est guère plus enthousiaste (même si son opinion évolue par la suite12) car il fustige surtout un manque de recherche et de finesse chez l’auteur. Il écrit ainsi, dans sa chronique littéraire « Speaking of Books » du 18 mai 1958 : « Relisant Sur la route et Les Souterrains de M. Kerouac, je n'arrive pas à me souvenir d'autre chose que d'un ivrogne de bar volubile et insistant, bavant dans votre oreille ». Les attaques personnelles sont également nombreuses55. D’un côté, il est dénoncé comme le chantre d’un groupe amoral sapant les bases de la civilisation. Norman Podhoretz, futur théoricien néo-conservateur, à l’époque encore influencé par le marxisme et ayant connu Kerouac à l'université Columbia, résume bien cette critique quand il écrit dans l’édition du printemps 1958 de Partisan Review : « la bohème des années 1950 est hostile à la civilisation ; elle vénère le primitivisme, l’instinct, l’énergie, le « sang » ». De l’autre côté, son apolitisme et son pacifisme revendiqués, son 39
goût de l’art pour l’art et son attachement à un certain imaginaire de l’homme américain sont rapidement critiqués par la plupart de ses soutiens initiaux qui attendent de lui une position plus engagée socialement et politiquement. Le poète Kenneth Rexroth déclare ainsi en 1958 que Kerouac est une sorte de « Tom Wolfe insignifiant » puis s’attaque très durement à lui à de nombreuses reprises. Allen Ginsberg, son ami du début, critique également Kerouac vers la fin de sa vie. Kerouac refuse en effet tout appartenance politique et regarde même avec une suspicion toute particulière l’anarchisme des intellectuels de la côte ouest liés à la Beat Generation, rappelant à chaque occasion : « Je n’ai rien à faire avec la politique, particulièrement avec celle de la gauche de la côte ouest...» (sic)58. Deux éléments viennent compliquer la situation. Tout d’abord, la personnalité de Kerouac lui attire l’inimitié de nombreux chefs de file de la gauche contestataire et de certains de ses amis. Ainsi en novembre 1958, au cours d’une conférence particulièrement houleuse à la Brandeis University, Kerouac est copieusement sifflé par le public, qu'il traite en retour de « communistes merdeux ». L'événement a un grand retentissement et nuit gravement à son image publique. Il s’en prend en outre violemment à James Wechsler, figure centrale de la gauche radicale américaine et éditeur au New York Post, qui devient de fait son ennemi déclaré59. Kerouac reconnaît lui-même dans ses lettres que la consommation abusive d’alcool a bien souvent aggravé la situation. Par ailleurs, fort de son succès d’édition, il souhaite publier les romans et poèmes écrits entre 1950 et 1957, principalement ceux de la Légende de Duluoz, textes pour la plupart beaucoup plus expérimentaux que Sur la route. Or, son éditeur, Viking, n’y est absolument pas favorable, préférant un retour à des formes narratives plus conventionnelles et à la fiction. Kerouac, de son côté, refuse toute modification de ses textes visant à les rendre plus accessibles. Certains écrits sont néanmoins retouchés ou rédigés dans un style plus accessible par Kerouac lui-même60. Seuls Les Souterrains, publiés dans la foulée de Sur la route, ne sont pas retouchés. Pour Les Clochards célestes, pourtant écrits à la demande de Cowley dans une forme narrative classique, Kerouac signale avoir dû payer de sa poche les remises en l’état du tapuscrit après correction par Viking61. À partir de 1959, l'éditeur Malcolm Cowley rejette tous les nouveaux manuscrits, si bien que Kerouac doit changer à plusieurs reprises d’éditeur, passant chez Avon, puis chez McGraw Hill ou encore chez F.S. Cudahy62. Dernières années La publication en 1959 des Clochards célestes renforce la défiance à son égard. Ce livre, écrit après la publication de Sur la route, dans un style volontairement plus conventionnel pour satisfaire ses éditeurs, est reçu comme une œuvre de commande par la critique qui, majoritairement, l'ignore. Seul l'écrivain Henry Miller défend activement l’ouvrage et son auteur. Mais il est surtout largement critiqué par les tenants du bouddhisme américain, qui voient en Kerouac un fidèle à cet enseignement fort peu convaincant. Alan Watts publie un article très critique avant même la publication des Clochards célestes sous le titre « Beat Zen, Square Zen and Zen », dans lequel il note que la formule de Kerouac « Je ne sais pas. Je m'en fiche. Et cela ne fait pas la moindre différence », renvoyant selon l'écrivain au précepte du « non-agir » (Wou-Tchen) zen, révèle en réalité « une agressivité (...) qui résonne d'une certaine auto-justification »63. Kerouac vit difficilement cet accueil alors même qu’il peine à défendre ses ouvrages plus anciens et sa poésie. L'écrivain se rend ensuite en Californie et, sur l'invitation d'un ami, passe quelque temps sur la côte Pacifique afin de faire le point, loin de la presse. La confrontation à l'élément maritime lui inspire un roman : Big Sur (qui comprend le long poème La Mer, Bruits de l'océan Pacifique à Big Sur), du nom de la plage au sud de San Francisco où il passe l'été 40
1960. De retour à New York, James Whechsler l'attaque vivement dans un livre intitulé Réflexion d’un éditeur en colère entre deux âges, lui reprochant son « irresponsabilité politique et [son] encombrement de la langue américaine avec la Poésie ». La publication de l’interview d'Al Aronowitz achève de ternir son image, tout en augmentant les tensions avec ses amis comme Allen Ginsberg ou Gregory Corso. À la publication de Big Sur, en 1962, le Times délivre une critique particulièrement virulente, s’en prenant non au texte en lui-même mais à l’auteur qualifié de « panthéiste en adoration » et ayant découvert la mort à 41 ans64. Toujours plus accablé par la célébrité, Kerouac, tant bien que mal, participe à des spectacles télévisés et enregistre même trois albums de textes lus note 13. Il prend par ailleurs position en faveur de la guerre du Viêt Nam et se déclare nationaliste et « proaméricain », et ce afin d'éviter toute identification au mouvement hippie, envers lequel il se montre toujours méfiant65. L'écriture de Kerouac se focalise dès lors sur son passé. Avec Visions de Gérard, publié en 1963, il s'interroge sur son frère mort alors qu'il était très jeune, le peignant même comme un saint. En juin 1965, il effectue un voyage en Europe, sur la trace de ses origines bretonnes, épisode qui donne naissance au roman Satori à Paris (1966)note 14. La recherche de cet ancêtre demeure en effet pour lui une lubie et Kerouac s'imagine beaucoup de choses à son sujet note 15. Il fait également la rencontre du chanteur breton Youenn Gwernig, récemment immigré aux États-Unis, avec lequel il se lie d'amitié note 16. La même année est publié l'un de ses premiers roman, Anges de la Désolation, datant de l'époque de Sur la route. En 1968, il met la dernière main à son roman Vanité de Duluoz, publié l'année même, et passe la fin de sa vie en compagnie de sa troisième femme Stella Sampras et de sa mère, seul, loin de ses amis de la Beat Generation, et dans une situation financière déplorable (à sa mort il léguera 91 dollars à ses héritiers). Son dernier roman, Pic, n'est publié qu'en 1971. Jack Kerouac meurt le 21 octobre 1969, à l'hôpital Saint-Anthony de St. Petersburg, Floride, à l'âge de 47 ans, d'hémorragie digestive, la « mort des alcooliques »66. Œuvre L’œuvre publiée de Jack Kerouac peut se diviser en cinq ensembles correspondant à des formats et des modes de production distincts note 17. Son proche ami, William Burroughs dit ainsi : « Kerouac était un écrivain, c’est-à-dire qu’il écrivait. Les romanciers cherchent à créer un univers dans lequel ils ont vécu, dans lequel ils aimeraient vivre. Pour écrire, ils doivent y aller, éprouver et subir toutes les conditions qu’ils n’ont pas imaginées. Quelquefois, et c’est le cas de Kerouac, l’effet produit par un écrivain est immédiat, comme si une génération entière attendait d’être écrite »67. Il est important de noter que Kerouac rejetait la séparation traditionnelle entre poésie d'une part et prose d'autre part, affirmant que la totalité de ses écrits relevait de cette dernière. Cette distinction semble néanmoins pertinente dans la mesure où elle fut retenue par ses éditeurs et qu'elle structure de fait son œuvre telle qu’elle est accessible aux lecteurs dans sa forme publiée. Jack Kerouac a également écrit des essais, des articles ; il a aussi donné des entretiens télévisés ou radiophoniques. Sa correspondance est également très importante. Enfin, la majorité de ses écrits sont en langue anglaise, mais quelques lettres adressées à sa mère et quelques prières (dont le Notre Père, sa prière préférée), des nouvelles et surtout un roman inachevé de 59 pages intitulé Old Bull in the Bowery, sont écrits en français. En 2007, on a découvert que Kerouac avait commencé à écrire On The Road en français, sa langue maternelle68. 41
Romans et nouvelles Écrits entre 1946 et 1969, les textes en prose de Kerouac sont appelés par lui les « romans à histoire vraie » ou « aventure narrative », l'auteur refusant la dénomination « roman » qui induisait à ses yeux une dimension scénaristique et imaginaire69. Ces ouvrages appartiennent presque tous au cycle autobiographique intitulé Légende de Duluoz, « Duluoz » étant le pseudonyme de Kerouac. Ce cycle a pour sujet central la vie de l’auteur et de ses proches sur une période allant de 1922 (époque qui est la trame du roman Visions de Gérard) à 1965 (avec Satori à Paris)70. Kerouac, dans la présentation de sa bibliographie ou dans ses échanges avec ses éditeurs, excluait généralement son premier roman publié, The Town and the City (rebaptisé par la suite pour des raisons commerciales Avant la route) de la Légende de Duluoz « Vanité de Duluoz » (titre original : Vanity of Duluoz : An Adventurous Education) alors même que le sujet et les protagonistes de ce récit l’intégraient pleinement dans sa chronologie biographique71. Ce roman diffère toutefois de son cycle autobiographique par le fait que Kerouac est encore nettement influencé par le style naturaliste de Thomas Wolfe et surtout par son intrigue partiellement imaginaire. En ce sens, la Légende de Duluoz se définit à la fois par une unité de sujet : la vie de l’auteur constituée en mythe, et de forme : l’utilisation de la prose spontanée surtout. Le dernier roman écrit par Kerouac et publié en 1971 de manière posthume. Pic marque une tentative de retour au roman de fiction, longtemps annoncée par l’auteur comme devant survenir au terme de la rédaction de son cycle biographique. De même, en 1999 sont publiés des textes de jeunesse compilés dans un recueil intitulé A Top and Underground. Il est probable que quelques textes en prose n’aient pas encore été publiés, certains manuscrits ayant été rejetés ou non terminés, comme ceux intitulés Memory Boy72, Zizi‘s Lament73, ou encore The Sea is my Brother. D’autres ont été perdus ou endommagés, comme Et les Hippopotames furent bouillis vifs dans leurs piscines74 par exemple. Ce texte, fruit d’une collaboration avec William Burroughs, traite du meurtre du professeur de gymnastique David Kammerer par Lucien Carr en 1946, qui s'est toujours opposé à des publications traitant de ce sujet. Kerouac finit toutefois par intégrer Et les Hippopotames furent bouillis vifs dans leurs piscines aux derniers chapitres de Vanité de Duluoz, et il servit de matériau à plusieurs reprises à William Burroughs. Penguin Books a publié le texte en octobre 2008. Deux inédits ont par ailleurs été édités par Pierre Guglielmina : Vraie Blonde et Vieil Ange de minuit, écrits à la fin des années 1950, découverts dans le catalogue d'une petite maison californienne3. Il faut aussi signaler la découverte de deux romans écrits en français, révélés par le journaliste québécois Gabriel Anctil, en 2007 et 2008, et intitulés La nuit est ma femme75, qui est constitué de courtes nouvelles et qui a été écrit en 1951, et Sur le chemin76, qui a été écrit en quelques jours en 1953. Les deux textes restent, encore à ce jour, inédits. Avant la publication de Sur la route un certain nombre d’extraits de textes de Kerouac furent publiés dans des revues littéraires à l’instigation de ses deux principaux soutiens dans le monde de l’édition, Malcolm Cowley et Keith Jennison77. Ces textes furent toutefois repris par la suite en tant que chapitres d’ouvrages publiés et ne constituent donc pas des œuvres indépendantes. Les principaux extraits écrits par Kerouac sont « Jazz Excerpts », publiés par la revue New World Writting en 1954. Ce texte fut le premier extrait publié par Kerouac après la publication de son roman Avant la route. Il attira l’attention de Donald Allen et permit de relancer chez Viking Press l’idée d’une publication de Sur la route roman rejeté par tous les éditeurs. « La fille Mexicaine », publié en 1955 dans Paris Review et repris dans l'anthologie The Best American Short Stories en 1956 est un extrait de Sur la Route. « Un voyage tourbillonnant dans le monde » est un autre extrait publié en juillet 1957dans le numéro 16 de la revue New Direction in Prose and Poetry. Enfin, « Neal and the tree stooges » est un extrait de Visions de Cody, publié dans New Edition numéro 2, en 1957 également78. Enfin, Kerouac a également écrit une pièce de théâtre, intitulée Beat Generation, jamais représentée et découverte par hasard par 42
Stephen Perrine, rédacteur en chef de Best Life. Elle se compose de trois actes et se concentre autour du personnage de Jack Duluoz, au milieu de personnages légendaires de la Beat Generation comme Allen Ginsberg et Neal Cassady79. Poésies et textes religieux En parallèle à son œuvre en prose, Kerouac a rédigé de nombreuses poésies. Il fut très tôt en contact avec les groupes dominants de la scène poétique américaine des années 1950 et 1960, comme l'« École de Black Mountain » représentée notamment par des auteurs comme Charles Olson, Robert Duncan et Robert Creeley), et comme la scène poétique de la « Renaissance de San Francisco » gravitant autour de Kenneth Rexroth (Michael McClure, Gary Snyder, Philip Whalen, Lawrence Ferlinghetti), enfin avec la scène new-yorkaise qui comptait nombre de ses amis (notamment Allen Ginsberg, Gregory Corso, Joyce Glassman)80. La première influence poétique de Jack est Walt Whitman, qu'il lit depuis l’âge de 18ans ; à cette époque, en 1940, il fonde une société avec des amis afin d’écrire des pièces, radiophoniques entre autres81. Sa poésie en fut largement influencée tant du point de vue du style que des sources d’inspiration. Elle se caractérise par l’utilisation de formes extrêmement libres, le recours à une syntaxe propre, à un vocabulaire et à des sujets crus, relevant parfois volontairement de l'obscénité ou du trivial, ainsi que par un rythme fondé sur la musique jazz, et que Kerouac nomme tour à tour « chorus » ou « blues »82. L’influence des travaux de Charles Olson et de ses amis poètes beat est sur ce point manifeste. Au contact de la poésie californienne, il évolua vers les formes et les thèmes poétiques bouddhistes, la Sūtra du Diamant l’ayant fortement impressionné83. Mais c’est le bouddhisme Zen et la forme du Haïku, découvert avec Gary Snyder et Lew Welch qui l’influença le plus fortement. Il écrivit avec ce dernier de nombreux poèmes courts publiés après la mort des deux auteurs, créant le genre des « haïkus américains », qui diffèrent selon lui du genre poétique japonais : « Le Haiku américain n'est pas exactement comme le japonais. Le Haïku japonais doit faire strictement 17 syllabes. Mais la structure des deux langages est si différente que je ne pense pas que le Haïku américain devrait s'inquiéter des pieds parce que le langage américain est quelque chose qui est toujours prêt à exploser »84. À partir d'une image originelle, qu'il nomme « jewel center » Kerouac écrit un haïku dans un état de « semi-transe », utilisant la technique, précisée par Ed White, du sketching : le haïku doit « esquisser » et suggérer une atmosphère en quelques mots. Son thème récurrent est l'image d'animaux évoluant dans l'immense nature85. Bien qu’un texte de Jack Kerouac, que Charles Olson jugea très positivement87, fût inclus dans l’anthologie The New American Poetry 1945-1960 publiée en 1960 par Donald Allen, son œuvre poétique ne reçut pas le même accueil que ses premiers romans publiés. Lawrence Ferlinghetti refusa ainsi à plusieurs reprises de publier Mexico City Blues qu’il considérait comme une forme de prose88. Quelques poèmes furent néanmoins publiés dans des revues à partir de 1957. En revanche, peu d’ouvrages furent imprimés et leurs tirages restèrent très inférieurs à ceux d'autres poèmes beat comme Howl et Kaddish d'Allen Ginsberg ou Coney Island of the Mind de Lawrence Ferlinghetti89. Les trois principaux recueils de poésie publiés du vivant de Jack Kerouac sont ainsi Mexico City Blues note 18, Le Livre de rêve et L’Écrit de l’Éternité d’Or. Le roman Big Sur contient en outre, dans sa dernière partie, un long poème sur la mer dont la rédaction est elle-même l’objet d’une partie du roman. La majorité des poèmes fut publiée de manière posthume et sont pour certains non traduits en français. Il s’agit parfois de compilations de textes n’ayant pas été conçues sous cette forme par l’auteur. En 1997 un recueil de réflexions rédigées entre 1953 et 1956 mais non publiées fut édité sous l’intitulé Some of the Dharma (Dharma dans l’édition Française). Il mélange essais, 43
poèmes, prières et réflexions diverses dans leur forme de rédaction initiale. Il est fortement marqué par un bouddhisme assez naïf et les difficultés existentielles de l’auteur90. Essais, articles et interviews À partir de 1957 et de la publication de Sur la route, la célébrité et le positionnement médiatique de Kerouac comme porte-parole d’une génération amenèrent certaines revues grand public ou littéraires à lui commander des articles originaux, des extraits ou des nouvelles encore non publiées. La plupart des nouvelles furent en effet éditées par la suite sous forme de recueils, certains du vivant de l’auteur comme Le Vagabond Solitaire (1960), d’autres après la disparition de l'écrivain, comme Vraie Blonde et Autres (1993), sous la direction éditoriale de John Sampa. Les articles permirent à Jack Kerouac d’exposer sa méthode d’écriture et plus généralement son rapport à la littérature, mais aussi ses positions politiques et sa vision de la beat generation, tels : « Croyance et technique pour la prose moderne »91 qui prend la forme d’une liste de principes (faisant écho à une lettre adressée à Arabelle Porter, éditrice de New World Writting, en réponse à des critiques après la publication de « Jazz Excerpts » en 1954) ou « Principes de la Prose Spontanée »92. La série d'articles « Non point Lion mais Agneau »93, « Contrecoup : la philosophie de la Beat generation »94 et « Sur les origines d’une génération »95 concernent la position de Kerouac vis-à-vis de la beat generation. Dans la plupart de ces articles, il tente de donner une signification spirituelle au mouvement beatnik et le restitue dans son contexte historique, soit dix années avant la publication à succès du roman fondateur Sur la Route. Il espérait ainsi contrecarrer l’image négative et délinquante associée aux beatniks, dont il rejetait la paternité. Plus profondément, il tentait aussi de prendre le contre-pied de certains auteurs, parmi lesquels son ami de longue date John Clellon Holmes, mais aussi Norman Mailer ou Kenneth Rexroth, qui souhaitaient positionner le mouvement sur un terrain politique ou dénonçaient au contraire sa superficialité et son égocentrisme96. Anne Charter signale à ce sujet qu’Allen Ginsberg lui conseilla de laisser « tomber les discours sur la beat génération (...) de laisser (...) Holmes broder là-dessus »97. Kerouac a également rédigé des chroniques comme celles, bimensuelles, pour la revue Escapade, la première en date d’avril 1959 consacrée à la naissance du be-bop, la dernière d’avril 196098. Kerouac écrivit en outre quelques notices autobiographiques (reprises pour la plupart en français dans Vraie Blonde et Autres et dans la préface de Vanité de Duluoz) et des entrées de dictionnaires. Il réalisa en 1959 la préface d’un ouvrage de photographies de son ami Robert Frank (The Americans), ainsi que le compte-rendu d’un voyage en Floride avec celui-ci pour le magazine Life. Ce texte ne fut pas publié de son vivant mais en janvier 1970 :Evergreen Review (no 74), le publia à titre posthume sous l’intitulé « On the road to Florida ». En 1959, Kerouac avait aussi réalisé une anthologie de la littérature de la Beat generation pour l’éditeur Avon Books. Sa publication devait être pluriannuelle et contenir pour sa première édition, entre autres, de nombreuses correspondances avec Neal Cassady, John Clellon Holmes, Philip Whalen, Gary Snyder, Allen Ginsberg et des textes de Gregory Corso ou Michael Mac Clure. Elle ne fut cependant jamais publiée par Avon Books, passé entre-temps sous le contrôle de W.R Hearst, peu favorable au projet. En 1960 Kerouac tenta sans succès de la faire publier par la maison d'édition de Lawrence Ferlinghetti, City Lights99. Kerouac participa également à quelques interviews. La plus connue est celle réalisée sur le plateau d'Al Aronowitz, pour le journal New York Post en 1959 et extraite d'une série de douze articles consacrés à la Beat génération, comportant notamment une interview de Neal Cassady. Elle fut publiée en 1970 par la revue US, The Paper Back Magazine (no 3), sous le titre « Feriez-vous une fugue pour devenir un beatnik si vous saviez que l’homme qui a écrit Sur la Route vit chez sa mère ?». Ce texte fut repris en français, en 1971, aux éditions de l’Herne, dans un carnet consacré à Jack Kerouac et édité par William Burroughs et Claude Pélieu100.
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Correspondance La correspondance de Jack Kerouac est extrêmement riche, tant par le nombre de lettres écrites que par la qualité de ses correspondants, qui regroupent toutes les figures de la Beat génération : en premier lieu William Burroughs et Allen Ginsberg, mais aussi John Clellon Holmes, Gregory Corso, Neal Cassady, ou encore Gary Snyder. Éditées par Ann Charters avec l’accord de l'écrivain, de sa famille et de ses correspondants, les lettres choisies ont été regroupées en deux volumes, l'un compilant la période 1940 à 1956 et l'autre celle allant de 1957 à 1969. Elles permettent d’éclairer, sous un angle parfois anecdotique, les relations entre les membres de la Beat génération et de comprendre le caractère dépressif et cyclothymique de Jack Kerouac. Elles portent aussi témoignage de son travail d’écrivain, tant dans la préparation de ses textes, souvent soumis au jugement de ses amis, que dans leur présentation et leur défense auprès des éditeurs et des critiques. Kerouac avait apporté un soin tout particulier à la conservation de ses correspondances et souhaitait vivement les voir publiées101. Disques et films Jack Kerouac donna de nombreuses lectures de ses textes et des textes de ses amis, bien qu’il reconnût volontiers être mal à l’aise dans cet exercice, d'autant plus qu’il le fit le plus souvent sous l’emprise de l’alcool. Le cycle de lectures réalisées au Village Vanguard en décembre 1957 et sa participation à l’émission de Steve Allen en 1958 sont parmi les plus connus. Des enregistrements de lectures sont aujourd’hui édités de manière posthume102,103. De son vivant, en mars 1958, Jack Kerouac réalisa un disque de lectures accompagné par Steve Allen au piano, intitulé Poetry for the Beat Generation (Hanover Record HML 5000). Blues and Haikus fut enregistré en 1958, en collaboration avec les saxophonistes Al Cohn et Zoot Sims ; Kerouac y récite de courts poèmes avec, en fond sonore, des solos improvisés de saxophone. Une lecture en solo Readings by Jack Kerouac on the Beat Generation fut enfin enregistrée en 1960. Les principaux morceaux ont été compilés dans une discographie : Kicks Joy Darkness, édité chez WMI, en 2006104. Jack Kerouac participa au scénario et à la réalisation d’un film expérimental de Robert Frank sur la Beat génération en 1959. Le scénario et le titre étaient initialement prévus pour une pièce de théâtre, mais seul le troisième acte, plus ou moins improvisé, fut utilisé pour le film. Il devait initialement s’appeler Beat Generation mais l’utilisation de ce titre par la Metro-Goldwyn-Mayer pour un film commercial contraignit Kerouac à le rebaptiser Pull My Daisy. Le film, produit par Charles F. Haas, est sorti en juillet 1959 aux États-Unis. Kerouac fut extrêmement contrarié de ne pas avoir été consulté par la MGM pour obtenir l'autorisation d'utiliser cette expression qu'il avait pourtant inventée. Il tenta d'engager un procès, en vain105. Le film fut diffusé en 1959 au Musée d’Art Moderne de New York et il reçut un certain succès. Le scénario fut publié en 1961 par Grove Press. Bien qu’il eût longtemps espéré pouvoir vendre les droits de Sur la route à Hollywood, notamment à Marlon Brando, le projet de Jack Kerouac n'aboutit pas. Francis Ford Coppola, détenteur des droits du roman, entreprit de l'adapter en 1994 et en aurait proposé la réalisation à Jean-Luc Godard, mais le projet échoua3. Une seule des œuvres de Kerouac fut finalement adaptée de son vivant au cinéma : Les Souterrains sous le titre Les Rats de caves, réalisé par Ranald MacDougall en 1960). Il existe cependant des projets d'adaptation des Clochards célestes et de Big Sur par la maison de production Kerouac Films106. Par ailleurs, 2012 vit la sortie de l'adaptation cinématographique de Sur la route (On the Road), réalisé par Walter Salles, avec dans les principaux rôles Sam Riley (Sal), Garrett Hedlund (Dean) et Kristen Stewart (Marylou)107.
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Écriture et thèmes La « prose spontanée » Doué d'une grande mémoire à tel point que ses amis le surnommaient « memory babe » (le « môme mémoire »), Kerouac possède un style d'écriture unique, fondé sur la vitesse de frappe à la machine, inspiré du rythme jazz. Il définit les principes de sa « prose spontanée » dans l'article « Essentials of Spontaneous Prose » de la façon suivante :« Pas de pause pour penser au mot juste mais l'accumulation enfantine et scatologique de mots concentrés »110. La spontanéité réside dans un rapport immédiat avec l'écrit :« tap from yourself the song of yourself, blow! -- now! -- your way is your only way -- ’good’ -- or ‘bad’ -- always honest, (‘ludicrous’) spontaneous, ‘confessional’ interesting, because not ‘crafted’ » explique-t-il111. Kerouac cherche à reproduire l'ambiance de ses voyages et de ses rencontres ; pour cela il se détourne des descriptions de la littérature conventionnelle, caractéristiques selon lui d'une « langue morte ». Son style lui est en partie inspiré par son amour des mouvements jazz et du Be Bop et de ses improvisations. Le manuscrit de Sur la route a été dactylographié d'un seul jet sur des feuilles de papier à calligraphie japonaise collées bout à bout avec du scotch tape et non sur un rouleau de papier à télétype. Kerouac explique plus tard qu'il détestait avoir à changer de feuille lorsqu'il se sentait inspiré, et qu'ainsi il pouvait presque écrire « les yeux fermés »112. En réalité, l'écriture de Kerouac est plus proche de la poésie, par son rythme évocateur (qu'il nomme la « Great Law of timing »), sa cadence proche de celle du jazz aussi. Kerouac explique ainsi son ambition : « Je vois à présent la Cathédrale de la Forme que cela représente, et je suis tellement content d'avoir appris tout seul (avec un peu d'aide de messieurs Joyce et Faulkner) à écrire la Prose Spontanée, de sorte que, même si la Légende [de Duluoz] court pour finir sur des millions de mots, ils seront tous spontanés et donc purs et donc intéressants et en même temps, ce qui me réjouit le plus : Rythmiques »113. Le jazz et le Be-bop ont fasciné très tôt Kerouac, qui s'en inspire pour écrire, la technique de la Prose Spontanée permettant une sorte de sorcellerie évocatoire comme celle du jazz. Alain Dister dit ainsi que Kerouac « se laisse prendre aux cliquetis de la machine comme un razzmatazz de batterie, [il] s'accorde au beat de la frappe, en rythme avec un jazz intérieur (la grande musique des mots, le swing des syllabes, le jazz des phrases) le beat, la pulsion même du roman »114. Kerouac et la Beat generation La contribution de Jack Kerouac à la naissance du mouvement littéraire et artistique de la Beat generation est capitale. Cependant, dans les années 1950, Kerouac ne se reconnaît plus dans cette philosophie de la vie qu'il a pourtant contribué à forger. D'une part, Kerouac propose son propre sens au terme « beat », forgé par John Clellon Holmes, qui en explicite la signification dans son article « This the Beat Generation », paru dans le New York Times de novembre 1952 115 : « être dans la rue, battu, écrasé, au bout du rouleau » note 19. Pour Kerouac, la sonorité du mot est à rapprocher du terme français « béat » : « It's a Be-At, le beat à garder, le beat du cœur », puis il ajoute : « C'est un Être à, le tempo à garder, le battement du cœur » », le rapprochant d'une expression utilisée par le jazzman Charlie Parker116, note 20. Kerouac voit en effet dans la Beat generation, et davantage à la fin de sa vie, un effort pour abandonner le confort matériel et pour se pénétrer de spiritualité ; le beatnik se devant de demeurer passif à la façon zen. Dans Vraie blonde, et autres, Kerouac explique ainsi l'origine de cette dimension mystique de la Beat generation : « À Lowell, je suis allé dans la vieille église où je fus confirmé et je me suis agenouillé (...), et brusquement j'ai compris : beat veut dire béatitude, béatitude ». Mais c'est surtout avec son roman Sur la route que Kerouac entre comme chef de file du mouvement de la Beat generation. En 2001, la rédaction de l’American Modern Library inclut en effet le roman comme 55e dans sa liste des 100 meilleurs romans 46
du XXe siècle en langue anglaise117. Le récit définit les éléments d'un renouveau spirituel, axé autour du voyage et de la rencontre avec l'autre. La débauche y est un thème central également ; l'écrivain y voit une des conditions de la liberté118. Porté par l’engouement du public pour la Beat génération et la mode beatnik, mais ayant échoué à s’imposer comme un auteur à part entière, Kerouac fut victime d’une surexposition médiatique dès 1957, mise en avant qu’il n’avait pas recherchée. Comme l'écrivait Kerouac lui-même à Holmes en 1962 avant la publication de Big Sur, faisant référence aux auteurs phares du mouvement beat : « Ils sont tous écœurés et fatigués de cette salade Beatnik »119. De plus, il se brouilla avec ses amis. La notoriété aidant, Kerouac continua néanmoins à pouvoir publier malgré des tirages de plus en plus faibles, ces derniers ouvrages devenant même nettement déficitaires. À la différence de certains autres membres de la Beat génération, tels Allen Ginsberg ou Gregory Corso, et de ses proches comme Gary Snyder ou Neal Cassady, Jack Kerouac ne participa pas au mouvement hippie. Il fut dès lors quasiment ignoré de la critique et perdit son audience médiatique et populaire auprès de la jeunesse, peinant même à faire réimprimer Sur la route. Dans les dernières années, Kerouac refuse d'être l'incarnation de la Beat generation, ne se reconnaissant ni dans le mouvement beatnik ni dans la norme sociale de l'époque. Kerouac se dit en effet « Bippie-in-the-Middle » et il en vient même, dans un élan nationaliste, à voir dans les hippies de dangereux communistes120. La quête spirituelle Admirateur d'Arthur Rimbaud (il a en effet rédigé une biographie du poète français), « L'homme aux semelles de vent » en qui il voit le premier « clochard céleste », Kerouac appelle à la redécouverte de la spiritualité et de la mystique, par la liberté de voyager. Fervent catholique (il dessinait des pietà dans ses journaux et écrivait des psaumes), l'écrivain a cependant trouvé, avec l'aide de Neal Cassady, dans le bouddhisme une philosophie de la quête de soi. Cette quête est en effet le thème central de la majorité de ses œuvres, même si c'est par la lecture de Thoreau, premier écrivain américain à s'intéresser aux enseignements spirituels de Shakyamuni, que Kerouac découvre les paroles du Bouddha. En 1953 Allen Ginsberg lui fait découvrir les Essais sur le bouddhisme zen de Daisetz Teitaro Suzuki121. Les Clochards célestes (The Dharma Bums), plus que tous ses autres écrits, fait l'apologie d'un style de vie inspiré par le bouddhisme Zen. Les voyageurs sont dépeints comme des moines itinérants recherchant la pureté et des expériences spirituelles pouvant mener à l'illumination. Dans son autre roman Le Vagabond solitaire, le personnage principal y entreprend, entre autres, une retraite solitaire de plusieurs mois en tant que guetteur de feux pour l'Office canadien des forêts (inspiré par la propre expérience de Kerouac dans un emploi semblable dans l'État de Washington), à la façon d'un ermite cherchant la purification. Ses romans permettent ainsi, selon les mots de Kerouac lui-même, de parcourir la « carte de la création »122. Les allusions et réflexions mystiques et théologiques123 sont très présentes dans l'œuvre de Kerouac, de manière syncrétiste cependant. Bien que Catholique, Kerouac parle de métempsycose, de koans zen, des cultes des Indiens d'Amérique, et d'animisme dans Big Sur notamment. Se définissant comme un « strange solitary crazy Catholic mystic », il compare son roman Sur la route à l'une des plus grandes œuvres de la quête spirituelle chrétienne, Pilgrim's Progress de John Bunyan (1678)124. Kerouac fait de Sur la route un récit initiatique qui s'ancre dans le mythe américain des grands espaces et de l'american way of life, avec une véritable volonté pour lui d'en décrire les rouages et la sociologie125.
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Musique et radio Le thème du voyage et le roman Sur la route ont influencé nombre d'auteurs et compositeurs comme Bob Dylan (On the Road Again en 1965, album Bringing It All Back Home), Canned Heat (On the Road Again en 1968, album Boogie with Canned Heat), Francis Cabrel (Les chemins de traverse, en 1979, album éponyme), Bernard Lavilliers (On the Road Again, en 1989, album du même nom), Gérald de Palmas (Sur la route, 1990, album La Dernière Année) ou encore Raphaël (Sur la route, 2003, album La Réalité). Bob Dylan est devenu fan de Kerouac dès 1959, à la lecture de Mexico City Blues, comme d'autres chanteurs tels : Jerry Garcia (fondateur de Grateful Dead), Tom Waits, Jim Jarmusch, Dennis Hopper, Thomas McGuane, Roy Harper, Ben Gibbard, Blake Schwarzenbach, Jim Morrison, Richard Hell mais aussi Bruce Springsteen, Janis Joplin ou encore Kurt Cobain3,126. Le titre du roman de Kerouac Satori à Paris a été récemment repris comme nom par un groupe de hip-hop. De même, le personnage principal de Sur la route, Dean Moriarty, a inspiré un groupe de country-blues international qui en a fait son nom. Michel Corringe a titré son album et écrit en 1975 une chanson en l'hommage de l'écrivain, Kerouac Jack qu'il nomme le « papa des beatniks »127. Jack Kerouac a par ailleurs donné son nom à la seconde scène du festival des Vieilles Charrues, se tenant chaque année à Carhaix-Plouguer dans le Finistère. Rendant hommages à son œuvre, en langue française, on peut citer également et de manière non-exhaustive : Valérie Lagrange la chanson Kerouac, le Québécois Sylvain Lelièvre avec Kerouac. France Culture a réalisé un feuilleton radiophonique de 20 épisodes de Sur la route, dans le cadre de l'émission Feuilleton, diffusé du lundi 25 avril au 20 mai 2005. Christine Bernard-Sugy a dirigé l'atelier de création alors qu'une nouvelle traduction a été réalisée par Catherine de Saint Phalle128. Littérature et cinéma Les écrits et le style de Kerouac ont profondément influencé la littérature américaine et mondiale. L'écrivain et reporter Hunter S. Thompson, créateur du « journalisme gonzo » et Barry Gifford, le premier biographe de Kerouac, auteur de Sailor et Lula sont ainsi des admirateurs de son œuvre. Thomas Pynchon, Tom Robbins (qui a écrit une pièce de théâtre intitulée Beat Angel et évoquant la vie de Kerouac129), Richard Brautigan, Ken Kesey, Tom Wolfe, le japonais Haruki Murakami sont également dans la continuité de son style littéraire. Pour l'écrivain Pradip Choudhuri, les auteurs Carl Weissner et Ango Laina en Allemagne, Gerard Belart en Hollande, Claude Pélieu, José Galdo et Sylvie Guibert en France, sur Pier Vittorio Tondelli en Italie, doivent beaucoup aux thèmes de la Beat generation dépeints par Kerouac130,131. Kerouac est par ailleurs une icône du monde cinématographique. Il a ainsi inspiré le style de Marlon Brando dans le film The Wild One (1953 et James Dean dans The Rebel without a Cause (1955, figurant des héros de la route, éprouvé par la vie et en lutte contre la société conformiste132. Heart Beat, un film de John Byrum, sorti en 1980, évoque la vie de Jack Kerouac, avec Nick Nolte dans le rôle de Neal Cassady et John Heard dans le rôle de l'écrivain voyageur. Le scénario est écrit par Carolyn Cassady133. De nombreux films mettent en scène le personnage de Jack Kerouac : Lives and Deaths of the Poets (2011) (joué par Benjamin Kingsland), Howl (2010) (Todd Rotondi), Neal Cassady (2007) (Glenn Fitzgerald), Luz del mundo (2007) (Will Estes), Beat Angel (2004) (Doug Phillips), Book of Blues (adaptation du roman du même nom, 2001) (Jack Graham), Beat (2000) (Daniel Martínez), The Source: The Story of the Beats and the Beat Generation (téléfilm de 1999) (Johnny Depp), The Fifties (téléfilm de 1997) (Fisher Stevens), On the Road (téléfilm de 1992) (Tom Kurlander) et Kerouac, the Movie (1985) 48
(Jack Coulter). Kerouac est aussi au centre de l'épisode no 40 intitulé Rebel Without a Clue (1990) de la série Code Quantum134. Le genre cinématographique du road movie moderne est directement né du roman Sur la route. D'après l'universitaire français spécialiste du road movie Stéphane Benaïm, le « cinéma de l'errance » américain, représenté en France par Agnès Varda, avec Sans toit ni loi, Raymond Depardon avec Une Femme en Afrique, ou encore Patrice Leconte avec Tandem, doit beaucoup à l'écriture beat de Kerouac et à ses thèmes de voyage135. Le film Into the Wild, de Sean Penn (2007), qui narre l'aventure solitaire de Christopher McCandless dans sa volonté de se détacher de la société de consommation peut également être lu comme une œuvre beat proche de Sur la route137. En 2012, Walter Salles réalise une adaptation de Sur la route avec Garrett Hedlund (Dean Moriarty), Sam Riley (Sal Paradise) et Kristen Stewart (Marylou). Une exposition intitulée « Sur la route de Jack Kerouac : L'épopée, de l'écrit à l'écran » (du 16 mai au 19 août 2012), au Musée des lettres et manuscrits de Paris, revient sur la genèse du roman et sur les différents projets d'adaptation cinématographique. L'exposition présente également le manuscrit original long de 36,50 mètres11. Hommages Une rue porte son nom à San Francisco (la Jack Kerouac Alley), et le bar le Vesuvio, réputé comme fréquenté par Jack Kerouac, est toujours en activité138. Un imposant parc thématique lui a été dédié au centre de la ville de Lowell dans le Massachusetts. On y retrouve des stèles de granit où sont gravés des extraits de ses romans139. Le Festival des Vieilles Charrues à Carhaix-Plouguer en Bretagne érige, chaque année en juillet, une scène qui porte son nom sur le site de Kerampuilh où se déroule l'événement140. Un monument à son nom a été érigé en 2000 au lieu-dit de « Kervoac » à Lanmeur, Bretagne. À noter qu'à Lanmeur, « Kervoac » se prononce « Kerouac », comme le nom de l'écrivain141. En 1974, la Jack Kerouac School of Disembodied Poetics est fondée en son honneur par Allen Ginsberg et Anne Waldman à l'université de Naropa, une institution bouddhiste privée à Boulder, dans le Colorado142. En 2007, Kerouac reçoit de manière posthume une distinction honoris causa par l'université de Lowell, dans le Massachusetts143. En 2010, la première édition d'un festival consacré à Jack Kerouac s'est déroulé le 27 mars en Bretagne à Lanmeur, commune d'origine de la famille Kerouac144. Œuvres Romans - Avant la route (The Town and the City) publié en 1950 (écrit de 1946 à 1948), La Table Ronde, Pet Vermillion, 1998, (ISBN 978-2-710-30765-5) - La nuit est ma femme, écrit en février-mars 1951 en joual (français québécois), 56 pages, inédit à ce jour - Sur la route (On the Road), publié en 1957 (écrit de 1948 à 1956), Gallimard, Folio, 1976, (ISBN 978-2-070-36766-5)et Sur la route : Le rouleau original, Gallimard, 2010 (texte original non censuré et non retravaillé, édition établie par Howard Cunnell) - Les Souterrains (The Subterraneans), publié en 1958 (écrit en octobre 1953), Gallimard, Folio, 1985, (ISBN 978-2-070-37690-2) - Les Clochards célestes (The Dharma Bums), publié en 1958, écrit en novembre 1957, Gallimard, Folio, 1974, (ISBN 978-2-070-36565-4) 49
- Docteur Sax (Doctor Sax), publié en 1959 (écrit en juillet 1952), Gallimard, Folio, 1994, (ISBN 978-2-070-38876-9) - Sur le chemin, écrit en décembre 1952 en joual (français québécois), 60 pages, inédit à ce jour - Maggie Cassidy (Maggie Cassidy), publié en 1959 (écrit en 1953), Gallimard, Folio, 1986, (ISBN 978-2-020-09302-6) - Tristessa (Tristessa), publié en 1960 (écrit de 1955 à 1956), McGraw-Hill Companies, 1990, (ISBN 978-0-070-34239-2) - Visions de Cody (Visions of Cody), publié en 1960 (écrit de 1951 à 1952), Christian Bourgois, 1993, (ISBN 978-2-267-01173-9) - Le Vagabond solitaire (Lonesome Traveler), publié en 1960 (écrit de 1958 à 1960), Gallimard, Folio, 1980, (ISBN 978-2-070-37187-7), précédé de Grand voyage en Europe - Big Sur (Big Sur), publié en 1962 (écrit en octobre 1961), Gallimard, Folio, 1979, (ISBN 978-2-070-37094-8) - Visions de Gérard (Visions of Gerard), publié en 1963 (écrit en janvier 1956), Gallimard, Monde entier, 1972, (ISBN 978-2-070-28144-2) - Anges de la Désolation (Desolation Angels), publié en 1965 (écrit de 1956 à 1961), traduction Pierre Guglielmina, Denoël, Romans Traduits, 1998, (ISBN 978-2-207-245323), premier titre en français : Les Anges vagabonds, Gallimard, Folio, 1973, (ISBN 978-2070-36457-2) - Satori à Paris (Satori in Paris), publié en 1966 (écrit en 1965), Gallimard, Folio, 1993, (ISBN 978-2-070-38599-7) - Vanité de Duluoz (Vanity of Duluoz), publié en 1968 (écrit en 1968), 10/18, 1995, (ISBN 978-2-264-02206-6) - Pic (Pic), publié en 1971 (écrit de 1951 à 1969), La Table Ronde, Miroir de la Terre, 1988, (ISBN 978-2-710-30347-3) - Vieil Ange de minuit Suivi de Cité Cité cité, Shakespeare et L'Outsider (Old Angel Midnight), traductionPierre Guglielmina Gallimard, Coll. Infini, 2001, (ISBN 2070747646) - Orphée à jour (Orpheus Emerged), nouvelle, précédée de récits écrits entre 1936 et 1943 et rassemblés sous le titre Atop an Underwood. L'ensemble, traduit par Pierre Guglielmina, est publié sous le titreUnderwood Memories - Jack Kerouac (trad. Pierre Guglielmina), Underwood Memories, Denoël, 2006, 432 p. (ISBN 2-207-25680-4) - Et les hippopotames ont bouilli vifs dans leurs piscines (And the Hippos Were Boiled in Their Tanks)(avecWilliam Burroughs), (écrit en 1944), Gallimard, 2012, (ISBN 978-2-07012455-8) - Vraie blonde, et autres (Good Blonde and Others), traduction Pierre Guglielmina, publié en 1993, Gallimard, Folio, 2003, (ISBN 978-2-070-30262-8) - La vie est dommage, recueil de textes en français, publié en 2016, Le Boréal, (ISBN 9782-7646-2431-9) Essais, poèmes et correspondances Beat Generation, avec Burroughs, Ginsberg et Gysin (ISBN 978-2080687821) (en) Wake Up. A life of the Buddha (54 à 55), in la revue bouddhiste Tricycle, présente une biographie de Siddhartha Gautama, Vicking Books, 2008, (ISBN 978-0670019571) Dharma, traduction Pierre Guglielmina Fayard, 1999, (ISBN 978-2213606125), recueil de notes accumulées entre 1953 et 1956, se présentant comme un fac-similé de tapuscrit, avec une mise en page originale Mexico City Blues publié en 1959 (écrit durant l’été 1955 en trois semaines à Mexico en compagnie deWilliam Burroughs), Points, Poésie, 2006, (ISBN 978-2757800287) Le Livre des rêves (Book of Dream) publié en 1960 (écrit entre 1952 et 1960 à partir de notes prises au réveil), Flammarion, 1977 50
L’Écrit de l'Éternité d'or (The Scripture of the Golden Eternity) (écrit en mai 1956 sur les conseils de Gary Snyder qui lui suggéra d’écrire une Sutra, et considéré comme un texte religieux par Kerouac), publié en 1960, éditions de La Différence, Coll. Minos, 2003, (ISBN 978-2729114749) (en) Scattered Poems publié en 1971, publié en France sous le titre Poèmes, Seghers, Poésie d'abord, 2002, (ISBN 978-2-232-12212-5) Le Livre des haïkus (The Book of the haikus), La Table Ronde, Divers, 2006, (ISBN 9782710327523) (en) Trip Trap. Haïku on the road publié en 1963 (avec Albert Saijo et Lew Welch), Grey Fox Press, 2001,(ISBN 978-0-912-51604-2) (en) Heaven and Other Poems, 1977, Grey Fox Press, 2001, (ISBN 978-0912516318) (en) San Francisco Blues, Penguin USA, 1995, (ISBN 978-0-146-00118-5) (en) Pomes Of All Sizes, City Lights Books, Pocket Poets, 1992, (ISBN 978-0872862692) Book of Blues, Denoël, 2000, (ISBN 978-0140587005), recueil de 8 longs poèmes ou « chorus » (en) Arthur Rimbaud, City Lights Books, 1970, (ISBN 978-0-872-86028-5) Livre des esquisses, La Table Ronde, 2010, (ISBN 978-2-710-33117-9) Réveille-toi. La vie du Bouddha, Gallimard, 2013, (ISBN 978-2-070-12486-2) Book of blues, traduction Pierre Guglielmina, Paris, Denoël, 2000, 283 p. (ISBN 2-20725035-0) Dharma, traduction Pierre Guglielmina Paris, Fayard, 2000, 419 p. (ISBN 2-213-60612-9) Lettres choisies. 1940-1956 (Selected letters. 1940-1956), trad. Pierre Guglielmina Paris, Gallimard, 2000, 563 p. (ISBN 2-070-74643-7) Lettres choisies. 1957-1969 (Selected letters. 1957-1969), traduction Pierre Guglielmina, Paris, Gallimard, 2007, 551 p. (ISBN 978-2-070-76663-5) Notes et références ↑ L'unique ancêtre des Kirouac en Nouvelle-France est Urbain-François Le Bihan de Kervoach, fils de notaire royal, né à Huelgoaten Bretagne. Il s'est identifié et a signé Maurice-Louis-Alexandre Le Bris de Kervoach, lors de son mariage avec Louise Bernier, le 22 octobre 1732, à Cap-Saint-Ignace, au Québec. Selon l'association des familles Kirouac, c'est la découverte au Québec de documents d'archives signés de ces deux noms qui a permis de résoudre l'énigme. De nouvelles recherches généalogiques ont permis à Patricia Dagier d'expliquer les raisons du changement de patronyme de l'ancêtre de Jack Kerouac et de mettre un terme à la confusion qui entourait cette question. Elles ont également expliqué le fait que Jack Kerouac, né et baptisé « Jean-Louis Kerouac », avait lui-même opté pour un changement de nom en déclarant s'appeler « Le Bris de Kerouac ». Cette information, jusqu'alors ignorée de la plupart de ses biographes, donne un éclairage nouveau sur l'écrivain et une partie de son œuvre et forme la trame de la biographie Jack Kerouac, Breton d'Amérique, de Patricia Dagier et Hervé Quéméner. ↑ Kerouac peint toute sa vie durant, voir « Les dessins de Kerouac », suraubry.free.fr ↑ Jack Kerouac consacre un grand nombre de poèmes à Charlie Parker, en particulier le 239e Chorus de Mexico City Blues. ↑ Le 22 mai 1951, l’écrivain explique dans une lettre à son ami Neal Cassady que « Du 2 avril au 22, j'ai écrit 125 000 mots d'un roman complet, une moyenne de 6 000 mots par jour, 12 000 le premier, 15 000 le dernier. (...) L'histoire traite de toi et de moi sur la route. (...) J'ai raconté toute la route à présent. Suis allé vite parce que la route va vite (...) écrit tout le truc sur un rouleau de papier de 36 mètres de long (du papier-calque...). Je l'ai fait passer dans la machine à écrire et en fait pas de paragraphes (...). Je l'ai déroulé sur le plancher et il ressemble à la route (...) ». ↑ Hervé Quéméner et Patricia Dagier parlent même de « graphomanie », ajoutant qu'il ne se sépare jamais de ses carnets dans lesquels il note tout. ↑ « Lift » désigne dans le jargon de la Beat Generation les phases d'autostop. 51
↑ Pour plus de détails sur les itinéraires de Kerouac, relatés dans ses divers romans, voir la (en)carte interactive de ses voyages [archive]. ↑ (en) Voir la page de Peter Hoffman [archive] qui présente des photographies du pic Desolation, avec des passages des romans Les Clochards célestes et de Anges de la Désolation. ↑ Dans certaines lettres d'avant 1957, Kerouac laisse exploser sa rancœur à l'égard de ses amis. Il écrit ainsi le 8 octobre 1952 à Allen Ginsberg : « Tu crois que je ne me rends pas compte à quel point tu es jaloux et comment toi et Holmes et Solomon vous donneriez votre bras droit pour être capable d'écrire Sur la route », dans Ann Charters, p. 347. ↑ Dans une lettre à Gary Snyder de mai 1956, Kerouac note ainsi, à propos d'un différend l'opposant à Rexroth : « je n'ai aucune raison de le détester plus que quelqu'un comme Malcom Cowley, mon père littéraire », dans Ann Charters,p. 535. ↑ La majeure partie de l'argent gagnée avec le publication de Sur la route a été investie dans l'achat d'une maison pour sa mère à Northport, État de New York, d'une valeur de 14 000 dollars payés en un an. ↑ Dans sa chronique du 26 octobre 1958, Adams modère ses propos et admet que « lorsque Kerouac se concentre, il peut décrire le monde de l'expérience physique mieux que quiconque depuis Ernest Hemingway ». ↑ Ces trois albums lus par Kerouac sont : Poetry For The Beat Generation (1959), avec Steve Allen au piano ; Blues and Haikus(1959), avec Al Cohn et Zoot Simset Readings by Jack Kerouac on the Beat Generation (1960). ↑ Le « satori » désigne l'illumination, en japonais ; Kerouac l'assimile à la recherche de son origine généalogique, but de son séjour breton. ↑ L'identité de son aïeul est enfin élucidée en 2000 : une dépêche de l'Agence FrancePresse [archive] annonce en effet le 11 février 2000 qu'Urbain-François Le Bihan de Kervoac, fils d'un notaire du Huelgoat, parti immigrer au Québec en 1725, est l'ancêtre de Jack Kerouac. ↑ Voir à ce propos l'interview de Youenn Gwernig à propos de Jack Kerouac :http://www.ina.fr/video/RXF10007542 [archive] ↑ Pour une liste des œuvres de Kerouac traduites en français, et des études sur l'auteur et ses écrits, voir Rod Anstee, Maurice Poteet et Hélène Bédard, « Bibliographie de Kerouac », Voix et Image, vol. 13, no 3, 1988,p. 426-434 (lire en ligne [archive][PDF]). ↑ (en) Extraits consultables en ligne [archive], sur googlebooks. ↑ John Clellon Holmes dit ainsi :« The origins of the word « beat » are obscure, but the meaning is only too clear to most Americans. More than mere weariness, it implies the feeling of having been used, of being raw. It involves a sort of nakedness of mind, and, ultimately, of soul ; a feeling of being reduced to the bedrock of consciousness. In short, it means being undramatically pushed up against the wall of oneself », dans « This the Beat Generation ». ↑ Dans « Sur les origines d’une génération », paru dans Playboy en juin 1959, Kerouac explique qu’il ne faut pas comprendre le mot « beat » dans le sens d'abattu, mais dans un sens positif, quasi religieux, proche du mot « enthousiasme », étymologiquement « touché par Dieu », c'est-à-dire dans un sens chrétien : « Je suis Beat, c’est-à-dire que je crois en la béatitude et que Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a sacrifié son fils unique ». Références ↑ (en) William E. Schmidt, « Beat Generation Elders Meet to Praise Kerouac » [archive],30 juillet 1982 (consulté le26 octobre 2011). ↑ (en) « Hobo sapiens » [archive], 10 avril 1999(consulté le 26 mars 2012) : 'It spoke to me', he says simply. 'I couldn't believe that somebody'd be making words that felt like music, that didn't have any music in it, but had music all over it.
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↑ a, b, c et d Pascal Dupont, « Les vies sabotées de Jack Kerouac »,lexpress.fr, 12 février 1998 (lire en ligne [archive]). ↑ Élisabeth Guigou, « La beat generation et son influence sur la société américaine », La revue des anciens élèves de l'École nationale d'administration, numéro hors-série, « Politique et littérature »,décembre 2003 (lire en ligne [archive]). ↑ Guglielmina 2006, p. 9 ↑ Hervé Quéméner et Patricia Dagier, p. 20-22. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 23. ↑ a, b, c et d Guglielmina 2006, p. 10 ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 24. ↑ a et b Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 25. ↑ a, b, c, d et e « Sur la route de Jack Kerouac : L'épopée, de l'écrit à l'écran » [archive], surmuseedeslettres.fr (consulté le25 juin 2012). ↑ Guglielmina 2006, p. 35 ↑ (en) R. J. Ellis, « Jack Kerouac » [archive], sur The Literary Encyclopedia (consulté le29 octobre 2011). ↑ a et b Hervé Quéméner et Patricia Dagier, p. 26. ↑ Guglielmina 2006, p. 10 et 11 ↑ Hervé Quéméner et Patricia Dagier, p. 27. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 37. ↑ Guglielmina 2006, p. 11 ↑ a et b Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 38. ↑ a et b Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 39. ↑ Ann Charters, Préface. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 53. ↑ « Un inédit de Jack Kerouac publié 40 ans après sa mort »,Libération, 25 novembre 2011 (lire en ligne [archive]) ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 105-107. ↑ Voir : Rodolphe Christin, « La piste de Jack Kerouac » [archive], sur larevuedesressources.org,7 janvier 2005 à propos des deux attitudes de Kerouac. Gerald Nicosia signale en effet que les services psychiatriques ont diagnostiqué une tendance psychotique, tendance acceptée par Kerouac comme le prouve sa lettre du 7 avril 1943 destinée à George J. Apostolos. Il évoque la complexité de son esprit divisé en deux parties, se définissant en outre par une énumération surprenante : « Arrière de football Amateur de putains - Buveur de bière - Roi de la plonge - Paquet de nerfs - Critique de jazz - Un moi qui appelle une Amérique puissante et coriace ; qui exige la compagnie de complices fougueux à sang chaud (...) ». ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 55. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 107-109. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 56. ↑ (en) David J. Krajicek, « Where Death Shaped the Beats », The NYT, 6 avril 2012. ↑ William Lawlor, p. 57. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 57. ↑ En 2010 la version originale de Sur la route. Le rouleau original, non censurée et non retravaillée paraît chez Gallimard, dans Marie Le Douaran,« Aux origines de la Route de Kerouac » [archive], sur lexpress.fr. ↑ Jack Kerouac cité par Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 58. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 141. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 50. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 71. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 75. ↑ « Gabriel Anctil » [archive], sur gabriel-anctil (consulté le31 janvier 2016)
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↑ Mathilde, « "Sur le chemin" un inédit de Jack Kerouac écrit en français », Le Monde,8 septembre 2008 (lire en ligne [archive]) ↑ « Wikiwix's cache », sur archive.wikiwix.com (consulté le31 janvier 2016) ↑ « La vie est d'hommage » [archive], sur www.editionsboreal.qc.ca ↑ Le 23 janvier 1955, après avoir fait le bilan amer du rejet de tous ses manuscrits par les maisons d'éditions susceptibles de publier ses textes, Kerouac écrit à Sterling Lord : « Je crois que le temps est venu pour moi de reprendre mes manuscrits et d'oublier l'idée de publier », in Ann Charters, p. 429. ↑ William Lawlor, p. 184. ↑ William Lawlor, p. 184-186. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 87. ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 89. ↑ « Sans aucun doute, le haïku fut pour Jack ce qui correspondait le plus étroitement à ses attentes de spontanéité, de fraîcheur et de simplicité dans le cadre de sa quête spirituelle » explique Bertrand Agostini, in préface du Livre des haïkus de Jack Kerouac, édition bilingue, La Table Ronde, 2006, (ISBN 271032752X). ↑ Cité par Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 92. ↑ Il faillit tomber dans la folie, d'après Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 95. ↑ Hendrik van Gorp et alii, Dictionnaire des termes littéraires, Champion Classiques, 2005, p. 62. ↑ Ann Charters, p. 34 et la note de bas de page. ↑ (en) Voir notamment l'exhaustive bibliographie critique [archive] sur Kerouac et ses ouvrages, établie par la bibliographe de la revue Literary Kicks, Sherri. ↑ (en) Christophe Dorny,« Kerouac : un manuscrit qui tient la route », plumemag.com,no 43, 2007 (lire en ligne [archive]). ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 140. ↑ a et b Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 142. ↑ (en) Gillbert Millstien, « Books of the Times », New York Times,5 septembre 1957, p. 27 (lire en ligne [archive] [PDF]). ↑ (en) « He became increasingly devoted to Catholicism » explique Levi Asher dans la revue littéraire américaine Literary Kicks [archive]. ↑ Lettre à Allen Ginsberg du 8 janvier 1958, dans Ann Charters,p. 129. ↑ Kerouac relate cet événement dans le détail dans une lettre du 6 novembre 1958 à John Montgomery, dans Ann Charters,p. 194. ↑ Une lettre à Sterling Lord en date du 4 mars 1957 résume sa position à ce sujet, avant même la publication de Sur la route : « Cette horrible entreprise de castration par Don Allen […] est une violation du caractère sacré de la prose », dans Ann Charters, p. 36. ↑ Un entretien filmé donné où Kerouac revient sur ce fait : « ils ont foutu 3 000 virgules ! […] ils ont trafiqué les phrases, tout — alors j'ai remis les choses en place, et ils m'ont envoyé une facture de 500 dollars ! », dans Burroughs, Kerouac, Pélieu, p. 37. ↑ Ann Charters, p. 37-38. ↑ L'article d'Alan Watts fut publié en même temps qu'un extrait desClochards célestes et que des textes de Philip Whalen et de Gary Snyder, dans le numéro d'été 1958 de Chicago Review, consultable en ligne [archive]. ↑ Lawrence Ferlinghetti écrit le 15 septembre 1962 une protestation au Times pour défendre Kerouac, lettre qui ne fut cependant jamais publiée, dans Ann Charters, p. 383. ↑ (en) Ted Berrigan, « The Art of Fiction », Paris Review, no 43,1968 (lire en ligne [archive] [PDF]). ↑ Hervé Quéméner, Patricia Dagier, p. 146. ↑ Burroughs, Kerouac, Pélieu, p. 3. ↑ Gabriel Anctil, « Les 50 ans d'On the Road - Kerouac voulait écrire en français » [archive], sur ledevoir.com, 2007.
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↑ « Je travaille furieusement sur une nouvelle aventure narrative (je n'écris pas de « romans », comme vous le savez) (...) » explique-t-il dans une note à Sterling Lord, enregistré le 31 mai 1957 et publiée dans Ann Charters, p. 68. ↑ Ann Charters, p. 69. ↑ « La Légende de Duluoz », à laquelle appartiennent tous mes livres à l'exception du premier roman naturaliste The Town and the City » dit-il dans sa lettre à Malcolm Cowley du 4 février 1957, publiée dans Ann Charters, p. 34. ↑ Jack Kerouac y fait allusion dans sa lettre à Patricia Macmanus du 15 octobre 1957, publiée dans Ann Charters, p. 92. ↑ Voir la lettre à Allen Ginsberg du 18 octobre 1957, publiée dans Ann Charters, p. 93. ↑ And the Hippos Were Boiled in Their Tanks ↑ Gabriel Anctil, « Les 50 ans d'On the Road - Kerouac voulait écrire en français », Le Devoir,5 septembre 2007 (lire en ligne [archive]). ↑ Gabriel Anctil, « Sur le chemin - Découverte d'un deuxième roman en français de Jack Kerouac », Le Devoir, 4 septembre 2008 (lire en ligne [archive]). ↑ « C'est Cowley qui m'a aidé, j'ai donc écrit à Cowley pour le remercier, et il a répondu en disant : « peut être qu'un éditeur prendra Sur la Route maintenant » explique Kerouac dans une lettre à M. Cowley du 23 août 1954, publiée dans Ann Charters, p. 399. ↑ Ann Charters, p. 400-402. ↑ Noël Blandin, « Découverte de Beat Generation, une pièce de théâtre inédite de Jack Kerouac »,republique-des-lettres, 23 mai 2005(lire en ligne [archive]). ↑ Jean Pouvelle (dir.) et Jean-Pierre Demarche (dir.), Guide de la littérature américaine des origines à nos jours, Paris, Ellipses, 2008,p. 113. ↑ Guglielmina 2006, p. 67 et 70 ↑ « Un blues est un poème complet écrit sur une page de carnet, de taille moyenne ou petite, de 15 à 20 lignes habituellement, connu sous le nom de chorus »commente Kerouac, dans Book of Blues, Denoël, 2000. ↑ Gary Snyder et Philip Whalenj ouèrent incontestablement un rôle important dans la découverte par Kerouac du bouddhisme, même s'il s'était déjà familiarisé avec les textes sacrés de cette religion dès 1954, notamment les Sūtras Mahayanna, sous l'impulsion de Malcolm Cowley. Voir notamment la lettre à Malcolm Cowley du 6 août 1954, publiée dans Ann Charters, p. 397. ↑ Jack Kerouac, dans American Haikus, Montclair, NJ, Caliban Press, 1986, non publié en français. ↑ William Lawlor, p. 176. ↑ Cités par Bertrand Agostini et Christiane Pajotin, in Jack Kerouac et le haïku, itinéraire dans l'errance, Paroles d'Aube, 1998,(ISBN 2-84384-003-1). ↑ Ann Charters mentionne une lettre de 1957 de Charles Olson :« vous considérant [...] comme un poète sur la base de cette pavane à la Major Hoople [...] c'est une forme serrée - délicieuse ». Kerouac selon ses propres termes avait « plastronné comme un dindon » à la réception de ce courrier, in lettre à Charles Olson 12 octobre 1957, publié dans Ann Charters, p. 92. ↑ Les relations avec Lawrence Ferlinghetti furent à ce sujet houleuses. Kerouac, ayant besoin de City Lights comme éditeur, resta toujours modéré dans ses échanges avec lui. Avec d'autres correspondants, il se montrait beaucoup plus critique, allant jusqu'à l'accuser, à mots à peine voilés, de plagiat : « (...) et voilà que paraissent ses nouveaux poèmes chez New Directions utilisant toutes mes images et mon style » proteste-t-il dans une lettre à Lawrence Ferlinghetti du 8 janvier 1958, publiée dans Ann Charters, p. 126. Voir aussi la lettre à Gary Snyder du 19 juin 1958, in Ann Charters, p. 161. ↑ Ann Charters, p. 163-165. ↑ (en) Paul Maher, Kerouac: The Definitive Biography, T. Trade Public , 2007, p. 292-293. ↑ Jack Kerouac, « Croyance et technique pour la prose moderne » (Belief and Technique For Modern Prose), in Evergreen Review, vol. 2, no 8, 1957, lire en ligne [archive]. 55
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↑ (en) Massud Farzan, The Bippie in the Middle. Jack Kerouac (1922-1969), London magazine, New Series, 9, no 11, 1970, p. 62-69, lire en ligne [archive]. ↑ Frédéric Lenoir, « Kerouac bouddhiste » [archive], sur lexpress.fr, 8 juin 2000. ↑ Jack Kerouac, Big Sur, p. 23. ↑ « Si comme moi vous avez des préoccupations d'ordre théologique » avoue-t-il, dans Jack Kerouac, Big Sur, p. 39. ↑ (en) Dick Staub, « Spiritual searchers nutty with independence:On the Road and Into the Wilddepict two adventurers seeking to set their souls free » [archive], sur National Catholic Reporter, 19 octobre 2007. ↑ Le traducteur Pierre Joris explique : « nous nous trouvons en face d'un homme extrêmement complexe et doué d'une sensibilité suprême qui lui a permis de devenir un des interprètes les plus éloquents de la condition d’homo americanus entre les années 1940 et 1960 », in préface à Mexico City blues, Christian Bourgois, 1995. ↑ (en) Maury Dean, Rock 'n' roll:Gold rush : a singles un-encyclopedia, Algora Publishing,1er juin 2003, 732 p., p. 218. ↑ « Site officiel de Michel Corringe » [archive], sur mcorringe.free.fr. ↑ « Catherine de Saint Phalle » [archive], sur France Culture. ↑ (en) page de la pièce de Tom Robbins [archive]. ↑ (en) W. Lawlor, Beat culture: lifestyles, icons, and impact, ABC-CLIO, 2005, p. 154-156. ↑ Pierre Anctil, Un Homme Grand : Jack Kerouac à la confluence des cultures, McGillQueen's Press - MQUP, 1990, p. 217. ↑ (en) William Lawlor, p. 173. ↑ (en) (en) Heart Beat (1980) [archive] sur l’Internet Movie Database. ↑ (en) (en) Jack Kerouac [archive] sur l’Internet Movie Database. ↑ Stéphane Benaïm, « De l'errance au road movie dans l'œuvre de Jim Jarmusch » [archive], sur kino-road.com (consulté le25 décembre 2011). ↑ (en) (en) Pull My Daisy (1959) [archive] sur l’Internet Movie Database. ↑ Florence Ben Sadoun, « Into the Wild : Critiques », Elle, no 3236,janvier 2008, p. 20 (lire en ligne [archive]). ↑ (en) Carl Nolte, « Kerouac Alley has face-lift » [archive], sur The San Francisco Chronicle,30 mars 2007 (consulté le25 décembre 2011). ↑ (en) « Jack Kerouac » [archive], sur nps.gov(consulté le 25 décembre 2011). ↑ (fr) « Site officiel des Vieilles Charrues » [archive]. ↑ « Plaque commémorative en l'honneur de Jack Kerouac à Lanmeur » [archive], sur genealogie.org (consulté le25 décembre 2011). ↑ (en) « Site officiel de la Jack Kerouac School of Disembodied Poetics » [archive], sur naropa.edu. ↑ (en) Sheila Eppolito, « We know Jack » [archive], sur uml.edu,2011. ↑ « Site officiel du festival Jack Kerouac » [archive], sur jackkerouac.fr. Annexes Bibliographie : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article. Hervé Quéméner et Patricia Dagier, Jack Kerouac, Breton d'Amérique, Le Télégramme Eds, 2009, 208 p. (ISBN 2-848-33216-6) Ann Charters (trad. Pierre Guglielmina), Jack Kerouac, lettres Choisies 1940-1956, Paris, Gallimard, coll. « Du Monde Entier », 2000, 560 p. (ISBN 2-070-74643-7) William Burroughs, Jack Kerouac et Claude Pélieu, Jack Kerouac, L'Herne, coll. « Carnets », 2009, 123 p. (ISBN 978-2-851-97904-9) (en) Jack Kerouac, Big Sur, Gallimard, coll. « Folio », 2009 (ISBN 978-2-070-37094-8) Jack Kerouac, Sur la route, Éditions Gallimard, coll. « Folio », 2008 (ISBN 978-2-07036766-5) Introduction « De Kerouac à Duluoz » par Yves Buin. (en) William Lawlor, Beat culture : lifestyles, icons, and impact,
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Peter Orlovsky Peter Orlovsky, né le 8 juillet 1933 à New York et mort le 30 mai 2010 à Williston dans le Vermont, est un poète américain, amant d'Allen Ginsberg et figure de la beat generation. Biographie Après avoir servi dans l'armée lors de la guerre de Corée, il est présenté en décembre 1954 à Ginsberg à San Francisco par le peintre Robert La Vigne. Il devient alors son amant et son secrétaire, le suivant dans tous ses voyages à travers le monde pendant plus de quarante ans. Bibliographie - Dear Allen, Ship will land Jan 23, 58 (1971) - Lepers Cry (1972) - Clean Asshole Poems & Smiling Vegetable Songs (1978) - Straight Hearts' Delight: Love Poems and Selected Letters (en collaboration avec Allen Ginsberg) (1980) - Dick Tracy's Gelber Hut (German translation) (1980) Sources - Ann Charters The Portable Beat Reader. Penguin Books. New York. 1992. ISBN 0-67083885-3
Carl Solomon Salomon est né dans le Bronx à New York City. La mort de son père en 1939 a eu un effet profondément négatif sur ses années de jeunesse. Solomon a dit plus tard de cette époque : « j'ai dérivé dans l'indiscipline et l'aventure intellectuelle qui est finalement devenu une confusion totale ». Diplômé du lycée à quinze ans, Salomon se rendit ensuite à La City College de New York (CCNY) pour une courte période avant de rejoindre la marine des États-Unis en 1944. Dans ses voyages à l'étranger, Solomon a découvert le surréalisme et le mouvement Dada à Paris, idées qui vont l'influencer et l'inspirer pour le reste de sa vie. A Paris, il avait assisté à une lecture de poésies d'Antonin Artaud dont les hurlements l'avaient impressionné. Il restera toujours un fervent disciple d'A. Artaud. C'est peu de temps après cette période que Carl Solomon a demandé à être interné, un geste qu'il a fait en tant que symbole de la fin du «dadaïsme». C'est dans la salle d'attente de l'hôpital psychiatrique de Greystone Parc dans le New Jersey qu'il rencontra Allen Ginsberg qui était là après avoir été admis en 1949, suite à son arrestation pour recel dans son appartement et dans le véhicule qu'il conduisait d'objet volés. C'est grâce à Ginsberg que Salomon gagnera sa renommée car plus tard Allen Ginsberg lui dédiera son poème «Howl» dans lequel il utilise l'expression «Je suis avec vous à Rockland» (I'm with you in Rockland), comme un refrain à chaque ligne de la troisième section du texte. La première partie du poème immortalise quelques-uns des exploits personnels de Salomon, comme par exemple la ligne où figure : "... qui ont jeté la salade de pommes de terre au conférenciers du CCNY sur le dadaïsme et par la suite se sont présentés sur les marches de granit de l'asile au crâne rasé et discours arlequin de suicide, exigeant une lobotomie immédiate". C'est par ailleurs sur l'insistance de Ginsberg que le premier roman de William S. Burroughs, « Junkie », a été publié par Ace Books. Le propriétaire de Ace Books, M. A. A. Wyn était l'oncle de Salomon, et il publiait des livres de poche populaires dans les années 1930 et 1940 connus sous le nom de Pulp Fiction. Carl
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Solomon a travaillé pour Ace Books et a été responsable de la Note éditoriale de la première impression de «Junkie», ainsi que celle de sa réimpression. L'un des textes le plus connu de Salomon est un récit sur l'asile: «Afterthoughts of a Shock Patient». Tiré directement de sa propre expérience, Carl Salomon y raconte les soins par électroconvulsivothérapie, traitement de choc utilisé pour soigner les patients dans des asiles. Il a été écrit en pensant particulièrement à Antonin Artaud qui lui aussi avait subi un traitement identique quand il avait été injustement interné par le gouvernement français. Ce texte a été inclus comme pièce annexe dans le fac-similé du 50e anniversaire de «Howl». À la fin des années 1960, Carl Solomon a publié deux recueils de poèmes en prose (type Bibliothèque bleue) chez Mary Beach Books, textes et documents et distribués par City Lights Books : Mishaps, Perhaps (1966) et More Mishaps (1968). Emergency Messages, publié en 1989, propose des sélections des deux livres, avec quelques-uns des autres écrits autobiographiques, critiques et poétiques de Salomon. Au cours de sa vie, Salomon était également un collaborateur régulier de New Directions Annual, American Book Review et de The New Leader.
Robert Frank Robert Frank est un photographe américain d'origine suisse, né le 9 novembre 1924 à Zurich (Suisse). Biographie Il est le fils d'Hermann Frank, décorateur d'origine allemande, et de Régina Zucker née dans une famille d'industriels. Robert a un frère, Manfred. En 1946, la famille Frank obtient la nationalité suisse. Ayant découvert la photographie dans sa douzième année, il entre, en 1941, en apprentissage chez Hermann Segesser : celui-ci lui fait découvrir Paul Klee. Robert Frank devient un photographe majeur des années 1950 et 1960, mais aussi un cinéaste indépendant engagé. Il voyage au Pérou en 1948. En 1954, il épouse Mary, et a avec elle deux enfants, Pablo et Andrea. Jusqu'en 1955, il expose souvent au musée d'art moderne de New York. Son œuvre la plus connue est son livre de photographies intitulé The Americans (Les Américains, 1958). Il adopte un point de vue ironique et extérieur sur la société américaine, et suit en 1955 et 1956 le trajet de la fameuse Route 66, parmi d'autres routes de l'ouest américain. Robert Frank a contribué au mouvement Beat, pratiquant la traversée des ÉtatsUnis ; Jack Kerouac a été l'un de ses compagnons de route lors d'un voyage en Floride en 1958. En 1960, il met son appareil Leica de côté et se consacre davantage aux films : Pull My Daisy (1959, sur les Beats) et Cocksucker Blues (1972, sur les Rolling Stones), Keep Busy (1975), Life Dances On (1979), Energy and How to Get it (1981) et This Song for Jack (1983). En 1987 sort son film Candy Mountain un superbe road-movie, quintessence de la culture américaine qui a toujours passionné Robert Frank. L'histoire est simple : « Les guitares d'Elmore Silk, sont des raretés qu'on s'arrache à prix d'or. Julius, un jeune homme qui se rêve rock star, est envoyé sur les routes à la recherche du mystérieux luthier ». Ce film est tourné entre New York et Cap Breton en Nouvelle-Écosse. Le leader des Clash, Joe Strummer y tient un rôle ainsi que Tom Waits et l'actrice Bulle Ogier. Julius est joué par l'acteur Kevin J.O'Connor. En 1969, il s'installe au bord de la mer avec une nouvelle compagne et s'éloigne de la photographie. En 1975, il enseigne en Californie. C'est alors sa mère qui s'occupe des quelques photos qu'il fait. Elle meurt en 1983 ; il retourne dès lors à Zurich. Dans les moments libres que lui laissent ses films, il s'essaie à de nouvelles expériences avec la photographie. 60
Principales expositions personnelles - 1951 : Ben Schultz, W. Eugene Smith, Robert Frank sont à la galerie Tibor de Nagy à New York. - 1961 : Robert Frank à Institut d'art de Chicago. - 1962 : Photographies de Harry Callahan et Robert Frank au musée d'art moderne de New York. - 1968 : musée de Philadelphie - 1976 : Robert Frank, Photo-Galerie, Kunsthaus de Zurich. - 1977 : Robert Frank, Galerie Yajima à Montréal. - 1978 : Robert Frank, photographies et films, 1945-1977, Photo-Galerie, National film Board of Canada, Ottawa. - Galerie d'art de Mary Porter Sesnon, université de Californie, Santa Cruz. - 1979 : Robert Frank, photographe, réalisateur, travaux de 1945-1979 au Long Beach Museum of Art (en), Californie. - 1980 : Fogg Art Museum à Boston. - 1981 : photographies et films, Blue Sky Galerie (en), Portland, Oregon. - 1986 : Robert Frank: New York to Nova Scotia, musée des beaux-arts de Houston, Houston, Texas. - 1994 : Robert Frank: Moving Out, National Gallery of Art, Washington, États-Unis. - 2009 : Robert Frank, un regard étranger, Paris / Les Américains, Jeu de paume, Paris Prix et récompenses - 1985, prix Erich Salomon - 1996, prix international de la Fondation Hasselblad - 2014, prix Haftmann, mention spéciale Liens externes - Robert Frank, un regard étranger Biographie détaillée dans le petit journal du Jeu de Paume - Robert Frank, le Miroir sans tain de la vie de tous les jours sur EspritsNomades.com - (en) Route 66 : Cruising the american dream, site illustré de photos tirées des Américains - (en) Catalogue des archives Robert Frank à la National Gallery of Art, Washington. - (en) Lens Culture Les Américains
Pull My Daisy Pull My Daisy est le premier film réalisé par le photographe et cinéaste Robert Frank en 1959. Le scénario, inspiré d'une soirée chez les Cassady, est un fragment d'une pièce inachevée. Le texte est écrit et lu en voix off par Jack Kerouac. Synopsis Un "documentaire spontané" sur la vie des beatniks qui décrit un moment de vie dans le Bowery des années 1960. A l'époque, le film s'écartait de toutes les règles du cinéma. Le film ne raconte aucune histoire particulière et ne transmet aucun message. Le narrateur du film est Jack Kerouac. « Pull My Daisy » has been described as a short cinematographic exhibition of Beat life in a Bowery 'pad' on New York's Lower East Side. Stuart Alexander Robert Frank, A Bibliography, Filmography, and Exhibition Chronology, 1947-1985 n°376.
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Fiche technique - Format : Noir et blanc - 16 mm¹ - Principal lieu de tournage : New York¹ Distribution - Delphine Seyrig : la femme de Milo - Jack Kerouac : voix du narrateur - Allen Ginsberg : Allen - Gregory Corso : Gregory - Larry Rivers : Milo - Peter Orlovsky : Peter - David Amram : Mezz McGillicuddy - Richard Bellamy : l'évêque - Alice Neel : sa mère - Sally Gross : sa sœur - Pablo Frank : Pablo Bibliographie - Barney Hoskyns, Tom Waits, une Biographie : Swordfishtrombones et chiens mouillés, Rivages, 2011, 456 p. (ISBN 978-2743624675) Notes et références [1] Hoskyns 2011, p. 248
Hôtel Chelsea (Chelsea Hotel) est un hôtel situé dans le quartier de Chelsea, dans l'arrondissement de Manhattan à New York, au 222 West de la 23e rue, entre la 7e et la 8e Avenue. Construit en 1883, l'hôtel est connu pour les artistes qui y séjournaient, parfois pendant plusieurs années. En 1883, le bâtiment de douze étages abritant le Chelsea Hotel est construit dans une rue située à l'époque dans le quartier des théâtres ; il est habité dès l'année suivante. C'est, à sa construction, l'immeuble le plus haut de New York1. C'est une des premières coopératives d'habitation privée, mais des difficultés économiques et le déplacement des théâtres entraînent sa banqueroute. En 1905, le bâtiment devient un hôtel qui héberge surtout des personnes pour des longs séjours. Il est, dès ses débuts, un important centre de la vie artistique new-yorkaise. Stanley Bard en devient, en 1955, le directeur, succédant à son père, à ce poste depuis 1939 2. L'hôtel est connu pour avoir hébergé gratuitement de nombreux artistes, parfois pendant plusieurs années. Miloš Forman y a logé ainsi à titre gracieux durant les deux années qui suivent son arrivée aux États-Unis, avant de connaître le succès3. En pleine vague hippie, Jean-Claude Carrière décrit ainsi l'hôtel où il arrive en 1968 pour y rejoindre Milos Forman :« Milos m'a demandé de le rejoindre au déjà légendaire Chelsea Hotel, où il m'a réservé une chambre. [...] Bâtiment ancien, en mauvais état, aux chambres cependant spacieuses. Les dessus de lit sont râpés, avec une odeur de poussière qui n'appartient qu'à cet hôtel. [...] Le Chelsea Hotel dégage une odeur très particulière, que les amateurs reconnaissent vite, une odeur d'usé, de presque moisi, de marécage urbain, pas forcément désagréable. Une absence d'air, peut-être ce qu'on appelle des remugles. [...] À chaque étage, en face de l'ascenseur, une ouverture obscure dans le mur. À l'intérieur, on distingue tout un entrelacement de câbles électriques de 62
couleur noire. En face de l'ouverture, sur le palier, un ventilateur tourne en permanence. Il est là pour rafraîchir les câbles, qui sans cela s'échaufferaient trop vite. À partir du printemps, quand on arrête le chauffage, on range aussi les ventilateurs. L'installation parait dater des années 1920, ou 1930. »4 Ses résidents d'alors, particulièrement pittoresques, sont aussi évoqués par Jean-Claude Carrière : « Le Chelsea attirait, comme une grotte féerique, des personnages venus de tous les mondes. Une femme réalisatrice, dont le nom m'a échappé, vivait au dernier étage dans un petit appartement où des serpents tropicaux se tordaient lentement dans des vitrines. Elle élevait aussi des iguanes et des varans, reptiles antiques appelés à la rescousse de la nouveauté. Nous y avons connu de doux retraités et des hurleurs, des prophètes, des silencieux, des anonymes parlant une langue inconnue et même un gourou indien à la barbe grise. »5 En 1977, l'Hôtel est inscrit au National Register of Historic Places. Premier à être inscrit par la ville de New York sur la liste des bâtiments pour leur intérêt historique et culturel. Le 18 juin 2007, Stanley Bard, âgé de 74 ans, est démis de ses fonctions de gérant de l'hôtel3. Sa famille, qui ne détient que 40 % des parts, est mise en minorité par les deux autres propriétaires, Marlene Krauss et David Elder, qui confient la gestion à la société BD Hôtels NY, L.L.C1. Le 4 août 2011, l'hôtel est temporairement fermé aux touristes et le personnel de nettoyage est licencié. L'intérieur du bâtiment est en état de délabrement et les résidents préfèrent payer leur loyer avec leurs œuvres artistiques. Cela signe certainement la fin de la période mythique du Chelsea Hotel6. En mai 2011, l'hôtel est vendu au promoteur immobilier Joseph Chetrit pour 80 millions de dollars (USD). Le 1er août 2011, l'hôtel cesse de prendre des réservations pour les clients afin de commencer les rénovations, mais les résidents de longue date demeurent dans l'édifice, certains d'entre eux étant protégés par la réglementation de l'État sur les locations. Des locataires, alléguant que les travaux de rénovation présentent des risques pour la santé, déposent des plaintes qui sont examinées par la ville, qui n'y trouve aucune violation majeure7,8. Les résidents du Chelsea Écrivains et intellectuels Mark Twain1, Herbert Huncke9, Jack Kerouac (qui y écrit Sur la route9), O. Henry, Dylan Thomas1, Arthur C. Clarke (qui y écrit 2001 : l'Odyssée de l'espace3), Paul Bowles, William S. Burroughs, Gregory Corso, Leonard Cohen, Arthur Miller, Quentin Crisp, Gore Vidal,Tennessee Williams1, Allen Ginsberg, Robert Hunter, Jack Gantos,Brendan Behan, Robert Oppenheimer, Simone de Beauvoir3, Jean-Paul Sartre3, Bill Landis, Thomas Wolfe, Charles Bukowski, , Catherine Weinzaep len, René Ricard et Claude Olievenstein. Acteurs et réalisateurs Stanley Kubrick, Shirley Clarke, Mitch Hedberg, Miloš Forman, Lillie Langtry, Ethan Hawke, Dennis Hopper, Eddie Izzard, Kevin O'Connor,Uma Thurman, Elliott Gould, Jane Fonda, Rebecca Miller qui y a grandi, Gaby Hoffmann et sa mère Viva, muse d'Andy Warhol et Edie Sedgwick, Kris Kristofferson. Musiciens The Libertines, Tom Waits, Patti Smith (qui y vécut avec Robert Mapplethorpe)10, Virgil Thomson, Dee Dee Ramone des Ramones, Henri Chopin, John Cale, Édith Piaf, Joni Mitchell, Bob Dylan (qui y écrit Sad Eyed Lady of the Lowlands), Janis Joplin, Jimi 63
Hendrix, Sid Vicious1, Richard Hell, Ryan Adams, Jobriath, Rufus Wainwright, Abdullah Ibrahim / Sathima Bea Benjamin, Leonard Cohen, Keren Ann, le groupe The Kills11 et Anthony Kiedis (des Red Hot Chili Peppers), les Pink Floyd, Joan Baez, Nico. Plasticiens Larry Rivers, Brett Whiteley, Christo, Arman, Richard Bernstein, Francesco Clemente, Philip Taaffe, Michele Zalopany, Ralph Gibson, Robert Mapplethorpe, Frida Kahlo, Diego Rivera, Robert Crumb, Jasper Johns,Claes Oldenburg, Vali Myers, Donald Baechler, Herbert Gentry, Willem De Kooning, John Dahlberg, Loïc Dorez12 et Henri Cartier-Bresson. Harry Smith est mort à l'hôtel. Le peintre Alphaeus Philemon Cole (en) y vécut 35 ans avant d'y mourir en 1988 à l'âge de 112 ans (il était à l'époque le doyen des États-Unis13). San Damon, descendu sous le nom de Faust, y joue une série de parties d'échecs contre Bobby Fischer(faits toujours niés par Damon, qui y laissa pourtant une de ses œuvres photographiques). Elizabeth Peyton fait sa première exposition dans l'une des chambres de l'hôtel. Les visiteurs doivent demander la clé à la réception. Certains de ces plasticiens y laissent des œuvres comme Un Déjeuner sur l'herbe pointilliste d'Alain Jacquet, Dutch Masters de Larry Rivers, un buste d'Harry Truman par Rene Shapshak, ainsi que des œuvres de Daniel Spoerri3. Autres Charles James, l'un des premiers grands couturiers américain y vit de 1964 jusqu'à sa mort d'une pneumonie en 1978 (14). Andy Warhol a dirigé le film The Chelsea Girls (1966)11, en choisissant de nombreuses actrices parmi les pensionnaires de l'hôtel, dont les Warhol Superstar, Edie Sedgwick, Viva (en), Larry Rivers, Isabelle Collin Dufresne (Ultra Violet), Mary Woronov, Holly Woodlawn, Andrea Feldman, Nico, Paul America et Brigid Berlin. Le metteur en scène Peter Brook3, Ruth Harkness, explorateur et naturaliste. Certains rescapés du Titanic y séjournèrent, l'hôtel étant situé près du dock où le paquebot devait accoster. Décès Dylan Thomas y meurt d'alcoolisme le 4 novembre 1953. Deux jours avant il déclare : « J'ai bu dix-huit whiskies de suite, je crois que c'est mon record »3. Charles R. Jackson, auteur de The Lost Weekend, s'y suicide le 21 septembre 1968. Nancy Spungen, compagne de Sid Vicious, y est assassinée à coups de couteau le 12 octobre 1978 dans la baignoire de la chambre 10011.
Hotel Chelsea et culture populaire Cinéma The Chelsea Girls (1966) d'Andy Warhol, avec les Warhol superstar 9 semaines 1/2 (1986) d'Adrian Lyne Sid & Nancy (1986) d'Alex Cox Léon (1994) de Luc Besson Party Monster: The Shockumentary (1996) Midnight In Chelsea (1997) dirigé par Mark Pellington, clip d'une chanson de Jon Bon Jovi Chelsea Walls (2001) d'Ethan Hawke
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Pie in the Sky the Brigid Berlin Story (2002) qui raconte les retrouvailles de Brigid Berlin et de Richard Bernstein à l'hôtel L'Interprète (2005) de Sydney Pollack Chelsea on the Rocks (2008) d'Abel Ferrara De nombreux épisodes de la série télévisée de PBS, An American Family tournés en 73. Musique (L'hôtel est cité dans de nombreuses chansons) : Sara de Bob Dylan, sur l'album Desire qui évoque « Staying up for days in the Chelsea Hotel, writing "Sad Eyed Lady of the Lowlands" for you ». Chelsea Morning de Joni Mitchell sur l'album Clouds15. Chelsea Clinton, la fille de Bill et Hillary Clinton a été nommée d'après cette chanson qui tire elle-même son nom de l'hôtel. Troubled Notes from the Hotel Chelsea de Joe Myers et Casebeer Hotel Chelsea Nights de Ryan Adams sur l'album Love Is Hell pt. 2 and Love Is Hell City Rain, City Streets de Ryan Adams sur l'album Love Is Hell Sex with Sun-Ra (Part I - Saturnalia) de Coil Chelsea Hotel de Dan Bern Dear Abbey de Kinky Friedman White China de Fever Marlene (le groupe a écrit et enregistré son second album lors d'un séjour de quatre nuits dans la chambre 219) Chelsea Burns et Song to Alice de Keren Ann sur l'album Nolita Chelsea Girls, de Nico, sur l'album Chelsea Girl Midnight in Chelsea de Jon Bon Jovi Ghosts de Lisa Bastoni Hi-Fi Popcorn de The Revs The Chelsea Hotel Oral Sex Song de Jeffrey Lewis (qui fait référence à la chanson de Leonard CohenChelsea Hotel #2) Third Week in the Chelsea de Jefferson Airplane sur l'album Bark (le guitariste Jorma Kaukonen y évoque ses sentiments alors qu'il se prépare à quitter le groupe) We Will Fall des Stooges sur l'album The Stooges Edie (Ciao Baby) de The Cult sur l'album Sonic Temple Crow de Jim Carroll Like a Drug I Never Did Before de Joey Ramone des Ramones sur l'album Don't Worry About Me Godspeed de Anberlin Chelsea de Counting Crows, chanson cachée de Across a Wire: Live in New York City Twenty-third Street de Bill Morrissey Chelsea Avenue de Patti Scialfa, sur l'album 23rd Street Lullaby La plupart des chansons du deuxième album de Rufus Wainwright, Poses, furent écrites lors de son séjour à l'hôtel durant l'été 1999 Chelsea Hotel #2 de Leonard Cohen, sur l'album New Skin for the Old Ceremony dans laquelle l'artiste parle de Janis Joplin, sa précédente amante. Lana Del Rey poste le 27 mars 2013 sur son compte YouTube une reprise de cette chanson16. Cette reprise témoigne de son attachement pour Janis Joplin et Leonard Cohen17; mais aussi pour les événements liés à l'hôtel, comme l'histoire d'amour tumultueuse entre Sid Vicious et Nancy Spungen, liaison déjà traité par Del Rey dans une de sa chanson Never Let Me Go18. L'hôtel est probablement évoqué dans la chanson de Grateful Dead Stella Blue (1970) de Robert Hunter et Jerry Garcia. Hunter logeait dans l'hôtel quand il écrivit cette chanson qui dit : « I've stayed in every blue-light cheap hotel. »19. The Libertines ont enregistré la plupart des Babyshambles Sessions lors de leur séjour à l'Hotel Chelsea en 2003. Pete Doherty donna les enregistrements à un fan après avoir 65
laissé un message pour que quelqu'un l'aide à mettre ses chansons gratuitement sur Internet. Littérature SEX de Madonna et Steven Meisel, Warner Books, 1992 Chelsea Hotel, Fifteen Years de Rita Barros, Camara Municipal de Lisboa, 1999 Chelsea Horror Hotel : A Novel de Dee Dee Ramone, Thunder's Mouth Press, 2001 Legends of the Chelsea Hotel, Ed Hamilton, Thunder's Mouth Press, 2007 Hotel Chelsea Atmosphere, Linda Troeller, Blurb, 2007 Netherland de Joseph O'Neill, Pantheon books, 2008 Just Kids, Patti Smith, 2010 Notes et références ↑ a, b, c, d, e et f (en) Change at the Chelsea, Shelter of the Arts [archive] - Lisa Chemberlain, The New York Times, 19 juin 2007 ↑ (en) Inside The Chelsea Hotel [archive] - The Sunday Times, 25 mars 2007 ↑ a, b, c, d, e, f, g et h Le Chelsea, c'est fini, Sylvain Cypel, Le Monde 2, 1er février 2008 ↑ Jean-Claude Carrière, Les années d'utopie. 1968-1969, éd. Pocket, p. 15 ↑ ibid, p. 41 ↑ (fr) [1] [archive]Fin de partie au Chelsea Hotel, Luis Lema, Le Temps, 6 août 2011 ↑ (en) Buckley, Cara, « A Last Night Among the Spirits at the Chelsea Hotel », The New York Times, 31 juillet 2011 (lire en ligne [archive]) ↑ Prendergast, Daniel and Connor, Tracy. "Chelsea Hotel demolition sparks Buildings Dept. probe after complaints from furious residents" [archive] New York Daily News (October 22, 2011) ↑ a et b (en) 10 great places to get on the road and feel the Beat [archive] - USA Today, 10 mars 2006 ↑ Patti Smith, Just Kids, 2010. ↑ a, b et c (en) The Kills Track Down Cursed Studio Gear For Dark New Album [archive] - MTV, 13 avril 2005 ↑ "Petites histoires New-Yorkaises", Isabelle Nivet, 22 juillet 2010, Le Télégramme. [archive] Expo. au Zebra Graphique Shop de Loïc Dorez sur ses travaux et l'univers en résidence du Chelsea Hotel, suite 603 ainsi que l'univers de Coney Island. ↑ (en) Alphaeus Cole, a Portraitist, 112 [archive] - Michael Kimmelman, The New York Times, 26 novembre 1988 ↑ Linda Watson, Vogue - La mode du siècle : Le style de chaque décennie, 100 ans de créateurs [« Vogue Twentieth Century Fashion - 100 years of style by decade and designer »], Éditions Hors Collection, 2000, 255 p. (ISBN 2-258-05491-5), « James, Charles », p. 161 ↑ « Une Bulgare au nom imprononçable, égarée à New York, s'était attachée à nous. Je suspectais Milos [ndlr : Milos Forman] de l'avoir accueillie dans son lit et il me rendait ce soupçon. Nous étions innocents l'un et l'autre. La Bulgare s'introduisit un matin dans ma chambre, en soudoyant un employé de l'hôtel. C'était ce qu'une chanson appelait un Chelsea Morning. Des filles, pour le simple plaisir, tentaient de séduire des mâles : je n'avais jamais connu ça. » — Jean-Claude Carrière, Les années d'utopie. 1968-1969, éd. Pocket, p. 41 ↑ https://youtube.com/devicesupport [archive], 17 avril 2015 (lire en ligne [archive]) ↑ « Lana Del Rey Checks In At ‘Chelsea Hotel No. 2’: Video » [archive] (consulté le 15 mai 2015) ↑ « Lana Del Rey – Never Let Me Go » [archive], sur Genius (consulté le 15 mai 2015) ↑ The Annotated "Stella Blue" [archive] 66
Paris, l'Europe et l'Afrique du nord Le Beat Hotel Petit hôtel de 42 chambres situé au 9, rue Gît-le-Cœur à Paris dans le Quartier latin, qui doit sa renommée, ainsi que son surnom (il n'avait d'ailleurs pas de nom) aux membres de la Beat generation qui y ont séjourné. Histoire C'était un hôtel « miteux », sans confort. Les fenêtres des chambres donnaient sur la cage d'escalier, il ne comptait qu'une seule baignoire au rez-de-chaussée, l'eau chaude n'était disponible que le mercredi, le jeudi et le samedi et les draps étaient changés une fois par mois. Il était dirigé, ainsi que le bistro du rez-de-chaussée, par M. et Mme Rachou depuis 1933, puis après la mort accidentelle de M. Rachou en 1957 par sa seule veuve jusqu'à sa fermeture en 1963. Mme Rachou, qui avait travaillé dans une pension fréquentée par Monet et Pissarro, voyait d'un bon œil les artistes qui fréquentaient son établissement et se faisait parfois payer en toiles et en manuscrits. Elle permettait même à ses pensionnaires de redécorer leur chambre à leur goût. C'est à cette époque que l'hôtel devient célèbre parmi la Beat generation. Allen Ginsberg et Peter Orlovsky y séjournèrent tout d'abord en 1957. Ils furent rejoints par Gregory Corso, Robin Cook, Harold Norse, Sinclair Beiles et William Burroughs. Ce dernier, arrivé de Tanger, y compile et complète son légendaire Festin nu et y rencontre Brion Gysin, marquant le début d'une longue collaboration. C'est là aussi que Burroughs rencontre son amant et « manager » Ian Sommerville, avec qui il expérimente sa technique du cut-up. Ginsberg y écrit son plus fameux poème, Kaddish. Aujourd'hui cet hôtel est devenu un établissement de luxe, le « Vieux Paris », où seule une plaque rappelle le lieu mythique des années 1950. 67
Bibliographie - The Beat Hotel Harold Chapman, gris banal, éditeur (1984) - The Beat Hotel: Ginsberg, Burroughs, and Corso in Paris, 1957-1963 Barry Miles (2001) (ISBN 1-903809-14-2)
Shakespeare and Company Librairie indépendante située dans le 5earrondissement de Paris. Shakespeare and Company sert à la fois de librairie et de bibliothèque spécialisée dans la littérature anglophone. L'étage sert aussi de refuge à des voyageurs (des « tumbleweeds »), hébergés en échange de quelques heures quotidiennes de travail dans la librairie¹. Le nom Shakespeare and Company vient d'une autre librairie, du même nom, fondée et dirigée autrefois par l'Américaine Sylvia Beach, située au 8 rue Dupuytren (de 1919 à 1921), puis au 12 rue de l'Odéon (de mai 1921 à 1941). Cette librairie fut considérée, pendant l'entre-deux-guerres comme le centre de la culture anglo-américaine à Paris. Elle était souvent visitée par des auteurs appartenant à la « Génération perdue », tels qu'Ernest Hemingway, Ezra Pound, F. Scott Fitzgerald, Gertrude Stein et James Joyce. Considéré comme étant de haute qualité, le contenu de la librairie reflétait les goûts littéraires de Sylvia Beach. Shakespeare and Company, tout comme ses habitués littéraires, sont continuellement mentionnés dans Paris est une fête d'Hemingway. Les clients pouvaient acheter ou emprunter des livres comme le controversé L'Amant de lady Chatterley de D. H. Lawrence, interdit en Angleterre et aux États-Unis. C'est Sylvia Beach qui a publié, en 1922, la première édition du livre de James Joyce, Ulysse qui a par la suite été interdit aux États-unis et en Angleterre. Shakespeare and Company publia plusieurs autres éditions d'Ulysse. En avril 1927, la librairie devient l'éditeur-distributeur de la revue d'avant-garde transition fondée entre autres par Eugene Jolas. La première Shakespeare and Company fut fermée en décembre 1941 à cause de l'occupation de la France par les puissances de l'Axe pendant la Seconde Guerre mondiale. Le magasin aurait été fermé parce que Sylvia Beach avait refusé de vendre le dernier exemplaire de Finnegans Wake de Joyce à un officier allemand. Le magasin de la rue de l'Odéon n'a jamais rouvert.
Shakespeare and Company, 37 rue de la Bûcherie, 75005 Paris (février 2012)
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George Whitman En 1951, une autre librairie anglophone fut ouverte à Paris, sous le nom de « Le Mistral », au 37 rue de la Bûcherie, par l'Américain George Whitman² . Le magasin devint rapidement un centre de la culture littéraire. C'est à la mort de Sylvia Beach en 1962, que le nom de la librairie fut changé en Shakespeare and Company. Dans les années 1950, beaucoup d'écrivains de la beat generation tels qu'Allen Ginsberg, Gregory Corso et William Burroughs y logèrent. La fille de Whitman, Sylvia, s'occupe maintenant de la tenue de la boutique, près de la place Saint-Michel et à deux pas de la Seine. George Whitman tient depuis cinquante ans ce qu'il appelle « une utopie socialiste se faisant passer pour une librairie ». Sa boutique a longtemps été un centre littéraire attirant des gens comme Henry Miller, Richard Wright, et William Burroughs. Plus important encore, George invite, depuis ses débuts, les gens à y vivre. Il affirme que plus de 40 000 personnes ont dormi à un moment ou à un autre dans un des treize lits parmi les livres. Tout ce qu'il vous demande, c'est de faire votre lit le matin, de donner un coup de main à la boutique et de lire un livre par jour. Cinq mois de vie ici m'ont inspiré mon propre ouvrage sur l'endroit³ . Jeremy Mercer's top 10 bookshops
Sylvia Whitman La fille de George Whitman, Sylvia, reprend la boutique en 2001 ⁴ . Elle a su donner un second souffle à la librairie en organisant plusieurs festivals culturels, qui remportent un franc succès. Par exemple, tous les deux ans depuis 2003 se tient le FestivalandCo qui fait se rencontrer à Paris les écrivains anglophones en vogue et à découvrir. La librairie est également devenue un asile pour les écrivains qui souhaitent rester pour quelques nuits. En contrepartie, il faut respecter certaines conditions : lire un livre par jour; aider deux heures à la boutique; pour finir, rédiger une page autobiographique en y joignant une photo. Sylvia Whitman dirige la librairie dans un souci de rencontre perpétuelle entre le livre et le lecteur. L'agencement de la boutique, les animations organisées, telles que la création en 2010 d'un prix littéraire Paris Literary Prize ou les lectures hebdomadaires, sont autant de moyens de favoriser cette rencontre. Hommages Références à la télévision et dans des films - Shakespeare and Company apparaît dans la troisième saison de Highlander comme une librairie parisienne tenue par Watcher Don Salzer. Dans la quatrième saison, l'Immortel Methos utilise une pièce cachée dans la cave de la librairie pour entreposer ses journaux anciens. - Shakespeare and Company apparaît dans la scène d'ouverture du film Before Sunset où le protagoniste Jesse Wallace est interrogé à propos de son livre. - George and Co, Portrait d'une librairie en vieil homme ⁵ est un portrait documentaire de 52 minutes sur la librairie, ses hôtes et son propriétaire, George Whitman. Il est réalisé par Gonzague Pichelin et Benjamin Sutherland. - Les expériences de Jeremy Mercer à Shakespeare & Company sont centrales dans son roman Time Was Soft There. - Shakespeare et Company apparaît dans le film Julie and Julia lorsque Julia Child cherche un livre de cuisine française écrit en anglais. - Shakespeare et Company apparaît dans le film Minuit à Paris de Woody Allen. - Shakespeare et Company apparaît dans l'émission The Late Late Show with Craig Ferguson diffusée en août 2011 sur CBS⁶ .
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Références dans la littérature - Le romancier français Yannick Haenel a fait de Shakespeare & Co un des principaux points du chute pour le protagoniste et narrateur de son roman Cercle, paru aux Éditions du Seuil en 2007. Notes et références [1] Hélène Franchineau, « Shakespeare and Co ou les dormeurs du livre », LEMONDE.FR, 2009 (consulté le 31 décembre 2010) [2] Nicolas Ungemuth, « La grande histoire d'une petite librairie », LeFigaro.fr, 2008 (consulté le 31 décembre 2010) [3] George Whitman has been running what he calls "a socialist utopia masquerading as a bookstore" for 50 years. His store has long been a literary hub, attracting the likes of Henry Miller, Richard Wright, and William Burroughs. More importantly, George has been inviting people to live in his shop from its very first days. There are now 13 beds among the books, and he says that more than 40,000 people have slept there at one time or another. All he asks is that you make your bed in the morning, help out in the shop, and read a book a day. After living here for five months, I was inspired to write my own book about the place. [4] Pour cette section voir : La librairie Shakespeare and Co de nos jours, sur L'Intermède [5] Portrait of a Bookstore as an Old Man (2003) sur IMDB [6] . Consulté le 21 mars 2012. Bibliographie - Sylvia Beach (trad. George Adam), Shakespeare & Company, Paris, Mercure de France, 2008, 246 p. (ISBN 978-2-7152-2851-1) 1re édition en 1960. Références - Hemingway at Shakespeare & Company, par John Affleck, sur Literary Traveler (anglais) - The Beats go on, par Alix Sharkey, le 3 mars 2002, sur The Observer (anglais)
Sylvia Beach Sylvia Beach, née le 14 mars 1887 à Baltimore, Maryland et morte le 5 octobre 1962 à Paris, était une libraire et éditrice américaine. Biographie Fille d'un pasteur, Sylvia Beach arrive à Paris en 1916, et devient la compagne de la libraire Adrienne Monnier. En 1919, elle ouvre sa propre librairie « Shakespeare and co » au 8, rue Dupuytren, laquelle déménagera en mai 1921 au 12 rue de l'Odéon (Paris 6e)1. Sa librairie accueille alors les intellectuels américains et anglo-saxons de Paris : Man Ray, Ezra Pound, Ernest Hemingway, mais aussi français : Valery Larbaud, André Gide, Paul Valéry, Jacques Lacan… En 1922, elle publie la version originale du roman de James Joyce, Ulysse dont Adrienne Monnier publiera la première traduction française en 1929. En 1941, elle refuse de vendre à un officier allemand le dernier exemplaire du roman de James Joyce, Finnegans Wake. En 1943 elle est internée en tant que citoyenne américaine avec d'autres compatriotes à Vittel. Elle est libérée sur l'intervention de Jacques Benoist-Méchin, membre du gouvernement de Vichy et ultra-collaborateur, qui avait été présenté à Beach et Monnier 70
lorsqu'il jouait dans l'orchestre de George Antheil, qui habitait au-dessus de la librairie. Adrienne Monnier dit de lui : « Aucun jeune homme ne fut autant que lui l’enfant de la maison [...] Je suis très fière de notre enfant. »2. Elle apparaît dans le documentaire de Jean-Marie Drot Les Heures chaudes de Montparnasse. Ernest Hemingway lui rend longuement hommage et lui consacre un chapitre entier dans Paris est une fête. Dans son livre Shakespeare & co, Sylvia Beach raconte ses souvenirs de cette période d'entre-deux-guerres. Bibliographie - Laure Murat, Passage de l'Odéon. Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris de l'entre-deux-guerres, Fayard, 2003 - Sylvia Beach, Shakespeare and Company, Mercure de France, Paris, 1960. - Adrienne Monnier, Les Gazettes, Gallimard, Paris, 1960 - Charles Glass, Les Américains à Paris. Vie et mort sous l'occupation nazie, Saint-Simon, 2010 Liens externes - (en) sur le site de l'université de Princeton - (en) Le Paris d'Hemingway et de Sylvia Beach Notes et références [1] Catherine Gonnard et Élisabeth Lebovici, Artistes/Femmes, femmes artistes, Éditions Hazan, Paris, 2007, page 37 avec une photo de Sylvia Beach sur le pas de sa librairie. [2] Adrienne Monnier, Les Gazettes, Gallimard, Paris, 1960
Shakespeare and company 8 rue dupuytren 75006 paris
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Robin Cook Robert, William, Arthur Cook dit Robin Cook est un écrivain britannique né le 12 juin 1931 à Londres et décédé dans la même ville le 30 juillet 1994¹. Biographie Fils de bonne famille (un magnat du textile), Cook passe sa petite enfance à Londres, puis dans le Kent pendant la guerre. Après un "bref" passage au Collège d'Eton, il fait son service militaire, puis travaille quelque temps dans l'entreprise familiale, comme vendeur de lingerie. Il passe les années 1950 successivement : à Paris au Beat hotel (où il côtoie William Burroughs et Allen Ginsberg) et danse dans les boites de la Rive gauche, à New York, où il se marie et monte un trafic de tableaux vers Amsterdam, en Espagne, où il séjourne en prison pour ses propos sur le général Francisco Franco dans un bar. À cause de l'écrivain de polars médicaux Robin Cook, il a dû adopter le pseudonyme de Derek Raymond pour le marché anglo-saxon. En France, il continua d'être édité sous son vrai nom, ce qui causa quelque confusion avec son homonyme. Après avoir bourlingué de par le monde et avoir exercé toute sorte de petits boulots2, il est décédé à son domicile à Kensal Green, dans le nord-ouest de Londres, le 30 juillet 1994. Son autobiographie,The Hidden Files, a été publiée en 1992. Elle est parue en français sous le titre Mémoire vive, Rivages/Écrits noirs, 1993. Citation « Le noir, c'est raconter la mort aux vivants ». Discographie Il existe un disque 33 tours intitulé Dora Suarez (Clawfist, 1993) où Robin Cook lit des extraits du roman éponyme sur une musique de James Johnston et Terry Edwards (du groupe Gallon Drunk). Documentaire Il existe un documentaire intitulé "Passages au noir" (La Huit Production, 1991) d'Agnès Bert dans lequel la cinéaste filme trois jours d'entretiens et de vie avec Robin Cook dans sa maison de l'Aveyron après la douloureuse expérience qu'il traversa en écrivant "J'étais Dora Suarez". Adaptations cinématographiques - 1985 : On ne meurt que deux fois de Jacques Deray, dialogues de Michel Audiard, avec Michel Serrault et Charlotte Rampling. - 1986 : Les mois d'avril sont meurtriers de Laurent Heynemann, scénario de Bertrand Tavernier, avec Jean-Pierre Marielle et Jean-Pierre Bisson. Références [1]http://archive.wikiwix.com/cache/?url=http%3A%2F%2Fwww.serpentstail.com %2Fauthor_bio%3Fid%3D10390 [2] Mémoire vive (autobiographie chez Rivages,1992) [3] La revue 813 no 100 (2007)
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Brion Gysin Brion Gysin était un artiste performer, un poète, un écrivain et un peintre britano-canadien né le 19 janvier 1916 à Taplow, Buckinghamshire et décédé le 13 juillet 1986 à Paris. Biographie Il est connu pour avoir découvert au Beat Hotel la technique du Cut-up en découpant au cutter des feuilles de papier journal qui se trouvaient en dessous de la feuille de dessin qu'il était en train de découper, procédé qui ne va pas sans rappeler Tristan Tzara. Il a partagé cette découverte avec son ami William S. Burroughs, qui en fit une grande utilisation. Gysin a aidé Burroughs à l'édition de plusieurs de ses romans, et a écrit un manuscrit pour une version cinématographique du "Festin Nu" (The Naked Lunch) mais qui n'a jamais été produite. Les deux ont collaboré sur un grand manuscrit pour Grove Press intitulée The Third Mind (Le Tiers Esprit) mais il s'est avéré qu'il serait impossible de l'éditer comme à l'origine envisagé. Le livre édité plus tard sous ce même titre inclut peu de ce matériel. Gysin a aussi développe le procédé qu'il a appelé "poèmes permutés", dans lesquels quelques mots ou une formule est répétée plusieurs fois, avec les mots réarrangés dans un ordre différent à chaque réitération. Le plus célèbre de ses poèmes permutés est la tautologie, "I am that I am" dont il a donné la permutation dans un ouvrage publié par Something Else Press aux États-Unis. Plusieurs de ces permutations ont été produites à l'aide d'un générateur aléatoire informatique programmé par Ian Sommerville. Il a également expérimenté avec la permutation d'enregistrements sur bande magnétique, en découpant et recollant ensemble les bruits d'un pistolet enregistrés à différentes amplitudes dans le studio de la BBC, produisant le "Pistol Poem". Cet enregistrement a été plus tard employé comme thème en 1960 pour la performance parisienne au " Domaine Poétique", où furent visibles et audibles les travaux expérimentaux de personnes comme Gysin, François Dufrêne, Bernard Heidsieck et Henri Chopin. On trouve des enregistrements de Brion Gysin chez Sub Rosa dans le CD lunapark 0,10. Il a travaillé intensivement avec le saxophoniste jazz Steve Lacy. En 1986, il a enregistré un album avec le musicien français Ramuntcho Matta. On l'y entend chanter et rapper ses propres textes sur des musiques composées par Ramuntcho Matta, avec la participation de Don Cherry,Elli Medeiros, Steve Lacy, Lizzy Mercier Descloux, Caroline Loeb etc. Cet album a été réédité en CD par Crammed Discs en 1993, sous le titre Self-Portrait Jumping. Au début des années 1960, il construit, avec Ian Sommerville, la Dreamachine, un dispositif censé être regardé avec les yeux fermés. Les revues d'avant-garde en France ont beaucoup publié Brion Gysin. En particulier, la revue Luna-Park a publié des dessins et textes de Brion Gysin dans sa première série comme dans la nouvelle série où ont paru des chapitres inédits en français de son livre, "The Last Museum" dans une traduction de Sylvie Durastanti. Son abondante œuvre graphique a été souvent exposée notamment au Musée d'art moderne de Bruxelles et à la Fondation nationale des arts graphiques et plastiques en 1980 (exposition Écritures) et en 1993 à la biennale de Lyon Et tous ils changent le monde (commissaire Marc Dachy) avec sa Dreamachine. Une biographie lui a été consacrée en 2005 chez Disinformation par John Geiger ainsi qu'une importante monographie en 2003 chez Thames and Hudson par José Ferez Kuri. Décoré de l'ordre de Chevalier des Arts et Lettres en 1985. 73
Décédé le 13 juillet 1986 dans son appartement à Paris (situé 135 rue Saint-Martin en face du Centre Pompidou qu'il a abondamment photographié et dont il a permuté les photographies), à la suite d'un cancer du poumon. Lors d'une émission de télévision en France, peu après le décès de Brion Gysin, William Burroughs a déclaré que Brion Gysin était le seul homme qu'il ait jamais respecté1.
Bibliographie - To Master A Long Goodnight - Let the Mice in - Minutes to Go (avec William S. Burroughs) - The Exterminator (avec William S. Burroughs) - The Process (Désert Dévorant, Flammarion) - The Third Mind (avec William S. Burroughs - Le Tiers Esprit, Flammarion) - The Last Museum (traductions dans la revue Luna-Park) - Here To Go (Entretiens avec Terry Wilson) Notes et références [1] Du côté de chez Fred, Antenne 2, 1990 Publications sur l'auteur - (en) Nothing Is True-Everything is Permitted: The Life of Brion Gysin, John Geiger, Red Wheel/Weiser, 2005 (ISBN 1609258711)
Le Cut-up Le cut-up (lit. le découpé) est une technique (ou un genre) littéraire, inventée par l'auteur et artiste Brion Gysin et le mathématicien anglais Ian Sommerville, et expérimentée par l'écrivain américain William S. Burroughs, où un texte original se trouve découpé en fragments aléatoires puis ceux-ci sont réarrangés pour produire un texte nouveau. Le cut-up est intimement lié au mode de vie et à la philosophie de la Beat Generation définie par William S. Burroughs et Jack Kerouac. Il tente de reproduire les visions dues aux hallucinogènes, les distorsions spatio-temporelles de la pensée sous influence toxique (phénomène de déjà-vu notamment). Esthétiquement, le cut-up se rapproche du pop-art, des happenings et du surréalisme d'après-guerre (Henri Michaux par exemple) et de sa quête d'exploration de l'inconscient. Philosophiquement, Burroughs y voit l'aboutissement du langage comme virus et l'écriture comme un lâcher prise de la conscience (il proclame : « language is a virus »). Il faut enfin différencier le cut-up, technique assumée et créatrice : - de fragments de textes d'autres auteurs parfois ajoutés aux portions découpées du texte original ; - de textes non originaux découpés puis réarrangés (collages) ; - du plagiat qui est le vol littéraire d'un texte appartenant à un autre auteur. Ce procédé est à mettre en relation avec le principe du détournement néo-dada que l'on retrouve dans les œuvres de Gil J Wolman et Guy Debord datant des années 1950/1960. Œuvres produites par cut-up - The Exterminator (1960) écrit avec Brion Gysin à Los Angeles. 74
- Minutes to go (1960) écrit avec Brion Gysin, Gregory Corso et Sinclaire Beiles à Paris. - The soft machine (1961) by William S. Burroughs - The Ticket That Exploded (1962) by William S. Burroughs - Nova Express (1964) by William S. Burroughs Liens externes et bibliographie - Origin and Theory of the Tape Cut-Ups by William S. Burroughs (dialogue de l'auteur sur sa technique,en anglais - Le Magazine Littéraire, avril 2014, n°542. Pp44-45
La Dreamachine (Originellement Dream Machine, c'est-à-dire Machine à Rêves en anglais) est un cylindre rotatif pourvu de fentes et d'une ampoule en son centre. La rotation du cylindre fait que la lumière émise par l'ampoule traverse les fentes à une fréquence particulière ayant la propriété de plonger le cerveau dans un état de détente et de procurer des visions à l'utilisateur, lorsque celui-ci regarde la Dreamachine les yeux fermés, à travers ses paupières. Invention La Dreamachine est une œuvre de l'artiste Brion Gysin et du scientifique Ian Sommerville. C'est une expérience que Brion Gysin vécut en 1958 qui l'amena à concevoir la Dreamachine. Il dit dans son journal à l'entrée du 21 décembre 1958 : « Had a transcendental storm of colour visions today in the bus going to Marseilles. We ran though a long avenue of trees and I close my eyes against the setting sun. An overwhelming flood of intensely bright colours exploded behind my eyelids: a multi-dimensional kaleidoscope whirling out through space. I was swept out of time. I was out in a world of infinite number. The vision stopped abruptly as we left the trees. » « J'ai eu un déchaînement transcendantal de visions colorées aujourd'hui, dans le bus, en allant à Marseille. Nous roulions sur une longue avenue bordée d'arbres et je fermais les yeux dans le soleil couchant quand un flot irrésistible de dessins de couleurs surnaturelles d'une intense luminosité explosa derrière mes paupières, un kaléidoscope multidimensionnel tourbillonnant à travers l'espace. Je fus balayé hors du temps. Je me trouvais dans un monde infini... La vision cessa brusquement quand nous quittâmes les arbres. » En 1960, Brion Gysin parle à son ami Ian Sommerville de la possibilité de reproduire le phénomène qui l'a conduit à avoir ces visions. Le 15 février 1960, Ian Sommerville lui répond et lui dit avoir confectionné une simple machine à impulsions lumineuses avec un cylindre de papier perforé et une plaque tournante de 78 tours par minute. Ils expérimentèrent plusieurs découpes pour la machine, que Gysin nomma alors Dreamachine. Les résultats de leurs expériences furent publiées dans le numéro 2 du magazine Olympia, en janvier 1962. Fonctionnement Dans sa forme originelle, une dreamachine est constituée d'un cylindre présentant des fentes sur ses côtés. Le cylindre est placé sur un phonographe qui tourne à 78 ou 45 tours par minute. Une ampoule est suspendue à l'intérieur du cylindre dont la vitesse de rotation 75
et le nombre de fentes font que la lumière émise traverse les fentes à une fréquence constante située entre 8 et 13 impulsions par seconde. Cette plage de fréquences correspond à celle des ondes alpha normalement présentes dans le cerveau lors de la relaxation. Utilisation Une Dreamachine se "regarde" avec les yeux fermés : les impulsions lumineuses stimulent le nerf optique et modifient la fréquence des impulsions électriques du cerveau. L'utilisateur peut alors voir apparaître des motifs de couleurs complexes, à la luminosité croissante, derrière ses paupières fermées. Ces motifs peuvent devenir des formes et des symboles tourbillonnants, jusqu'à ce que l'utilisateur se sente submergé de couleurs. Cette expérience peut être très intense, mais pour y mettre fin, l'utilisateur de la machine n'a qu'à rouvrir les yeux. Les Dreamachine peuvent s'avérer dangereuses chez les personnes atteintes d'épilepsie ou d'autres troubles nerveux. On pense qu'une personne adulte sur dix-mille est susceptible d'être atteinte d'une crise convulsive durant l'utilisation de la machine. Ce nombre est doublé en ce qui concerne les enfants1. Autres utilisations - Dans des œuvres d'art de Frederick Roland Emett. - Le groupe de rock aux influences latines The Mars Volta utilise une dreamachine durant ses concerts. Elle est située derrière le batteur. Références [1] Mark Allen : Décor by Timothy Leary dans The New York Times le 20 janvier 2005 Bibliographie sélectionnée - Dreamachine plans - created by Brion Gysin, 5th impression, Temple Press ltd., Brighton, 1994. - Brion Gysin : Tuning in to the Multimedia Age, Thames & Hudson, Londres, 2003. - Isabelle Aubert-Baudron, Le Temps des Naguals - Tome 1 : autour de Burroughs et Gysin, Interzone Editions, France, 1981-1997. - Paul Cecil, Flickers Of The Dreamachine, Temple Press ltd., Londres, 2003. - John Geiger, Chapel of the extreme experience - A short story of stroboscopic light and the dream machine, Skull Press, New York, 2003. - John Geiger, Nothing Is True Everything Is Permitted - The Life Of Brion Gysin, Disinformation, New York, 2005. - Gérard-Georges Lemaire, Le Colloque de Tanger Vol. 1, Christian Bourgois, Paris, 1976. - Gérard-Georges Lemaire, Le Colloque de Tanger Vol. 2, Christian Bourgois, Paris, 1979. - V. Vale et Andrea Juno, RE/Search #4/5, RE/Search Publications, San Francisco, 1982. - Thee Temple Ov Psychick Youth and The Hafler Trio present Brion Gysin's Dreamachine, Amsterdam, 1986.
Paul Bowles Paul Bowles, nom complet Paul Frederick Bowles (30 décembre 1910-18 novembre 1999) est un compositeur, écrivain, et voyageur américain. Il passa la majeure partie de sa vie au Maroc. 76
Biographie Paul Bowles naquit le 30 décembre 1910 à Jamaica (quartier de Long Island, dans la ville de New York). Sa mère lui fit lecture d'œuvres d'Edgar Allan Poe alors qu'il était encore enfant. Par la suite, il étudia à l'université de Virginie. En 1929, il abandonna ses études pour faire son premier voyage à Paris. En 1931, lors d'un autre séjour en France, il s'agrégea au cercle littéraire et artistique de Gertrude Stein et, sur son conseil, se rendit pour la première fois à Tanger en compagnie de son ami et professeur de musique, le compositeur Aaron Copland. Il retourna en Afrique du Nord dès l'année suivante, voyageant dans d'autres régions du Maroc, du Sahara et de l'Algérie. En 1938, il épousa Jane Bowles, née Auer, écrivain et dramaturge. Tout au long des années 1940, ils figurèrent parmi les personnalités littéraires marquantes de New York, Bowles travaillant par exemple comme critique musical au New York Herald Tribune sous la direction de Virgil Thomson. En 1947, Bowles partit s'établir définitivement à Tanger, où Jane Auer vint le rejoindre en 1949. Le couple devint rapidement incontournable dans le milieu des Européens et Américains établis à Tanger. Dès la fin des années 1940, ils y reçurent la visite de figures littéraires éminentes, parmi lesquelles Truman Capote,Tennessee Williams et Gore Vidal. Ils furent suivis, au cours des années 1950, par les auteurs de la beat generation, Allen Ginsberg et William S. Burroughs. À partir de son installation au Maroc, Bowles se consacra à l'écriture de romans, de nouvelles et de récits de voyages, écrivant également la musique pour neuf pièces représentées à l'École américaine de Tanger (American School of Tangier). Au début des années 1952, Bowles fit l'acquisition de Taprobane, petite île située sur la côte de l'actuel Sri Lanka, où il écrivit une grande partie de son roman The Spider's House, revenant à Tanger lors des mois les plus chauds. Après la mort de Jane Bowles en 1973 à Malaga (Espagne), Bowles continua de vivre à Tanger, écrivant et recevant ses visiteurs dans son modeste appartement. En 1995, Bowles retourna brièvement à New York pour un festival consacré à ses œuvres musicales, se tenant au Lincoln Center. À cette occasion, il participa également à un festival de sa musique au centre de Lincoln ainsi qu'à un colloque et à une entrevue tenue à la New School for Social Research (nouvelle école pour la recherche sociale). Paul Bowles est mort d'un arrêt cardiaque à l'hôpital italien de Tanger le 18 novembre 1999, à l'âge de 88 ans. Le lendemain, le New York Times publia une nécrologie occupant une page entière. Bien qu'ayant vécu au Maroc pendant 52 ans, Paul Bowles à Lakemont (en) (New York), à proximité de ses parents et grands-parents.
fut
inhumé
Œuvres Roman - 1949 : Un thé au Sahara (en) (The Sheltering Sky) – Adapté pour le cinéma en 1990 par Bernardo Bertolucci, sous le titre Un thé au Sahara, film dans lequel la narration fut confiée à Paul Bowles lui-même (dans la version anglophone). - 1952 : Après toi le déluge (Let It Come Down) - 1955 : La Maison de l'araignée (The Spider's House) - 1966 : La Jungle rouge (Up Above the World) - 1991 : Too Far from Home, inspiré de la vie du peintre Miquel Barceló 77
Nouvelles - 1987 : Le Scorpion (13 nouvelles) - 1987 : Réveillon à Tanger (15 nouvelles) - 1988 : Paroles malvenues (7 nouvelles) - 1988 : L'Écho (11 nouvelles) - 1989 : In absentia Récits - 1989 : Un thé sur la montagne (récits de voyages en Afrique du Nord et en Amérique du Sud) Yallah (1956). - 1963 : Leurs mains sont bleues (récits de voyages dans le Sud marocain, en Turquie, à Ceylan et en Amérique latine) - 1972 : Mémoires d'un nomade - 1982 : Des aires du temps (récit autobiographique) - 1990 : Journal tangérois (récit autobiographique) Poésie Trois volumes de poésie, dont Next to nothing (1981). Théâtre - 1946 : No exit de Jean-Paul Sartre, adaptation Paul Bowles, New York - 1966 : The Garden Autres Il traduisit des recueils de contes de la tradition orale marocaine collectés par Mohammed Mrabet, Driss Ben Hamed Charhadi (en) (Larbi Layachi), Abdeslam Boulaich (en) et Ahmed Yacoubi (en). Il traduisit également des œuvres de l'auteur marocain Mohamed Choukri, notamment Le Pain nu. En 1959, au cours d'un périple à travers le Maroc, Bowles consacra cinq semaines à des enregistrements sur la langue andalouse ainsi qu'à lamusique tribale traditionnelle des Berbères. Deux enregistrements ont été commercialisés et tous sont archivés à la Library of Congress («Bibliothèque du Congrès ») à Washington, DC. Biographie Robert Briatte : Paul Bowles. Paris, Plon, 1989 Liens externes - The Authorized Paul Bowles Web Site, Site officiel de Paul Bowles et Jane Bowles, avec biographies, bibliographies, galeries des photographies, musique, créé par ses héritiers. - Paul Bowles Collection, 1910-1999
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La scène de San Francisco Renaissance de San Francisco Le terme de Renaissance de San Francisco est employé pour désigner la période d'effervescence en matière de poésie que connut la ville de San Francisco, aux ÉtatsUnis, dans les années 1950. Certains artistes tels que Ralph J. Gleason ou Alan Watts définissent cependant cette Renaissance comme un phénomène plus global, littéraire, culturel et artistique. Les poètes Kenneth Rexroth et Madeline Gleason sont généralement considérés comme les fondateurs de cette Renaissance. Lecture publique à la Six gallery La Lecture publique à la Six gallery à San Francisco (3119 Fillmore Street) du 7 octobre 1955 est un événement littéraire important de la Beat generation et de la Renaissance de San Francisco. Déroulement La lecture publique eut lieu devant une centaine de personnes, elle fut présentée par le poète Kenneth Rexroth. Des poètes lurent certaines de leurs œuvres comme Allen Ginsberg déclamant pour la première fois en public son manifeste beat, Howl ainsi que Philip Lamantia (des poèmes de John Hoffman qui venait de mourir d'une overdose), Michael McClure (Point Lobos Animism et For the Death of 100 Whales), Gary Snyder (A Berry Feast), et Philip Whalen (Plus ça change). Lamantia fut le premier à monter sur scène. Neal Cassady, Gregory Corso et Jack Kerouac assistent à cet épisode marquant 79
de la Beat generation, ce dernier le relate dans son ouvrage Les Clochards célestes. Kerouac est invité à monter sur scène pour y lire un extrait d'un de ses ouvrages mais il refuse, n'appréciant pas de lire en public¹ . À l'issue de la manifestation, Lawrence Ferlinghetti propose à Ginsberg de publier Howl dans sa maison d'édition, City Lights Books. Cet événement est retracé dans le film Howl de Rob Epstein et Jeffrey Friedman sorti en 2010. Notes et références [1] Yves Buin, Kerouac, Folio biographies, p.166.
City Lights Booksellers & Publishers « City Lights » est le groupement d'une maison d'édition et d'une librairie de San Francisco (CA), spécialisé dans la littérature internationale, les arts et la diffusion d'idées politiques progressistes. « City Lights » abrite en son sein la fondation sans but lucratif « City Lights Foundation » qui publie une sélection de titres liés à la culture de San Francisco. « City Lights » a été fondé en 1953 par le poète Lawrence Ferlinghetti et Peter D. Martin qui quittera l'affaire deux ans plus tard. La notoriété de la maison d'édition et de la librairie à été définitivement établie suite au procès1 intenté à Ferlinghetti (défendu par l'avocat Albert Bendich2) par la ville de San Francisco pour obscénités, après qu'il a publié en 1956 le recueil intitulé « Howl et autres poèmes » d'Allen Ginsberg (City Lights, 1956). En 1971, Nancy Peters rejoint « City Lights » pour travailler en tant qu'éditrice. En plus de son travail éditorial elle coordonnait diverses organisations littéraires et communautaires afin d'organiser des lectures, des performances et des actions éducatives et sociales. En 1984 N. Peters a permis d'éviter à la maison d'édition une profonde crise financière en devenant copropriétaire et c'est en 1999 qu'avec Lawrence Ferlinghetti ils ont acheté le bâtiment situé au 261, Columbus Avenue qui abrite la librairie à la liaison de North Beach et de Chinatown. En 2007, après 23 ans en tant que directrice exécutive de « City Lights », elle démissionne de son poste mais reste au conseil d'administration de « City Lights » et à la Présidence de la « Fondation City Lights ». Création et premières années Le nom « City Lights » est à l'initiative de Peter D. Martin, qui dans les années 1940 avait déménagé de New York à San Francisco pour enseigner la sociologie. Le nom de « City Lights » a été utilisé pour la première fois en 1952 pour éditer un magazine publiant les premiers travaux d'auteurs majeurs de la Bay Area, tels que Philip Lamantia, Pauline Kael, Jack Spicer, Robert Duncan et Ferlinghetti lui-même sous le pseudonyme de « Lawrence Ferling ». Il est a noter que le choix du nom « City Lights » est un hommage au film de C. Chaplin réalisé en 1931 et diffusé en version française sous le titre de « Les lumières de la ville ». Un an plus tard Peter D. Martin utilisera ce nom pour créer la première librairie de « livre de poche » aux États-Unis ce qui à l'époque était une nouveauté et une idée audacieuse. Au départ il s'agissait juste d'une petite devanture située dans le bâtiment triangulaire Artigues (du nom de ses propriétaires) situé à 261, Columbus Avenue entre Pacific Avenue et Broadway à North Beach. Construit sur les ruines d'un ancien bâtiment détruit par le feu après le séisme de 1906 le bâtiment a été conçu par l'architecte Oliver Everett en 1907. Le bâtiment était initialement partagé avec un certain nombre d'autres magasins. La librairie «City Lights» a progressivement gagné de la surface en occupant d'autres magasins de l'immeuble dès que l'espace devenait vacant pour finalement occuper tout l'ensemble du bâtiment.
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En 1953, Ferlinghetti qui se promenait dans le quartier rencontra Peter D. Martin devant la librairie alors qu'il accrochait l'enseigne qui annonçait une librairie de «livre de poche» (Pocket Book Shop). Il s'est présenté comme étant un contributeur à la revue de Martin, (City Lights) et lui dit avoir toujours voulu posséder une librairie. Martin et lui ont alors convenu d'un partenariat chacun investissant 500 $. Peu de temps après l'ouverture de la librairie ils ont embauché Shig Murao comme commis. Murao a travaillé sans rémunération pendant les premières semaines puis a fini par devenir gérant du magasin. Shig Murao a été un élément clé de la librairie dont il était l'âme. En 1955, Martin a vendu sa part de l'entreprise à Ferlinghetti pour 1.000 $, puis a déménagé à New York pour ouvrir une librairie (New Yorker Bookstore ) spécialisée dans le cinéma, c'était la première fois que cette reconnaissance était accordée à une institution culturelle plutôt qu'à un immeuble. En 1971 Lawrence Ferlinghetti persuade Nancy Peters qui travaillait à la Bibliothèque du Congrès de le rejoindre, c'est ainsi qu'elle a commencé à travailler à temps plein à « City Lights ». Elle raconte : « Quand je suis entré à « City Lights » en 1971, et que j'ai commencé à travailler avec Lawrence, il était évident que la librairie était un lieu de «contre-culture» fréquenté par des personnes ayant des idées révolutionnaires et qui voulaient changer la société »3. Quand elle s'est installée dans les bureaux de la petite maison d'édition sur Filbert & Grant, les gens que Lawrence avait connus tout du long de la décennie des années 60 étaient là en permanence, comme Paul Krassner (magasine The Realist publié de 1958 à 1974), et Tim Leary qui collaboraient à des journaux alternatifs aux médias traditionnels. Ce fut une période de persécution car le FBI menait des opération d'infiltration au sein de ces media « underground ». En 1984, l'entreprise a connu une sérieuse crise financière et Nancy Peters est alors devenue coactionnaire de la société. L. Ferlinghetti ne manque jamais de souligner tout ce que lui doit « City Lights Booksellers & Publisers » pour sa survie et son succès qui n'a cessé d'être croissant. En 1999, N. Peters et Ferlinghetti se sont associés pour acheter le bâtiment de « City Lights Booksellers & Publishers ». Les années 2000 C'est en 2001 que le Conseil de Surveillance de San Francisco a classé City Lights Booksellers & Publishers «patrimoine historique» en raison, selon le propos du conseil : « du rôle majeur joué dans le développement littéraire et culturel de San Francisco et de la nation ». Le conseil a également reconnu la librairie comme : « Lieu réputé qui attire des milliers d'amateurs de livres de partout dans le monde en raison de sa forte influence dans le domaine artistique et de la culture alternative » et pour : « sa contribution significative au développement de la littérature après la seconde guerre mondiale », c'était la première fois qu'une telle reconnaissance était accordée à une institution culturelle plutôt qu'à un monument. Cependant le style du bâtiment, avec ses hautes fenêtres et sa mezzanine en fait un symbole architectural de la ville en raison de ses « caractéristiques distinctives typiques des petits bâtiments commerciaux construits après le séisme et l'incendie de 1906 ». Cette inscription au patrimoine de la librairie exige la préservation de certaines caractéristiques externes de l'immeuble et de ses environs immédiats. N. Peters déclare cependant en faisant référence aux entreprises de l'informatique et de l'internet qui envahissent le quartier : « le vieux San Francisco est tellement attaqué qu'il est sur le point de disparaître ». En 2003, le magasin avait 15 employés et N. Peters estimait les bénéfices de l'année à : « peut-être qu'à un millier de dollars... ». Après 23 ans en tant que directrice exécutive, elle à démissionné de son poste en 2007 et a été remplacée par Ellaine Katzenberger. Peters dit de son travail à « City Lights » : « Quand j'ai commencé à travailler ici, nous étions au milieu de la guerre du Vietnam, maintenant nous sommes en guerre avec l'Irak […] Cet endroit a été un phare, un lieu d'apprentissage et d'illumination ». 81
Aujourd'hui City Lights est une librairie généraliste, spécialisée dans la fiction, la poésie, les études culturelles, l'histoire mondiale et la politique. La librairie offre aux lecteurs sur trois étages, les nouvelles parutions et les livres de poche de tous les grands éditeurs, ainsi qu'une large sélection de titres de maisons d'édition plus confidentielles et d'éditeurs indépendants. City Lights est un membre de l'Association des libraires américains. Publications En 1955, «City Lights Publishers» (L. Ferlinghetti) édite le premier numéro de la série «Les poètes de poche» avec ses propres poèmes «Pictures of the Gone World». Cette édition est rapidement suivie par «Thirty Spanish Poems of Love and Exile» traduits par Kenneth Rexroth et «Poems of Humor & Protest» par Kenneth Patchen, mais c'est la publication du quatrième volume, «Howl and Other Poems» (1956) par Allen Ginsberg qui a attiré l'attention de la nation entière sur l'auteur et l'éditeur. Le numéro 1 du «City Lights Journal» a publié des poèmes des écrivains indiens du mouvement «Hungry Generation» lorsque le groupe fait face à une enquête policière à Calcutta, donnant ainsi une notoriété mondiale au groupe. En dehors des textes de Ginsberg, un certain nombre des premiers volumes de la collection « Pocket Poets » édités par Ferlinghetti ont atteint le statut de classiques comme ; True Minds de Marie Ponsot (1957), Here and Now de Denise Levertov (1958), Gasoline (1958) de Gregory Corso, Selected Poems de Robert Duncan (1959), Lunch Poems (1964) de Frank O'Hara, Selected Poems (1967) de Philip Lamantia, Poems to Fernando (1968) de Janine Pommy Vega, Golden Sardine (1969) de Bob Kaufman, and Revolutionary Letters (1971) de Diane di Prima. En 1967, la maison d'édition déménage au 1562, Grant Avenue. Dick McBride dirigea cette activité de l'entreprise avec son frère Bob McBride et Martin Broadley pendant plusieurs années. En 1971, Nancy Peters, que Ferlinghetti saluera plus tard comme : "l'un des meilleurs éditeurs littéraires du pays", rejoint «City Lights» en tant que corédacteur et éditeur. Au fil des ans, « City Lights » a publié un large éventail d'ouvrage de poésie et en prose, des livres de fiction et des documentaires, ainsi que des traductions. En plus des livres de la «Beat Generation», Ferlinghetti publie des œuvres littéraires d'auteurs comme Charles Bukowski, Georges Bataille, Rikki Ducornet, Paul Bowles, Sam Shepard, Andrei Voznesensky, Nathaniel Mackey, Alejandro Murguía, Pier Paolo Pasolini, Ernesto Cardenal, Daisy Zamora, Guillermo Gómez-Peña, Juan Goytisolo, Anne Waldman, André Breton, Kamau Daáood, Masha Tupitsyn, et Rebecca Brown. En 1965, « City Lights » a publié une anthologie de textes d'Antonin Artaud, édité par Jack Hirschman. Associé dès le départ au radicalisme politique et aux questions de justice sociale de gauche, City Lights a ces dernières années augmenté sa liste d'ouvrage politique en publiant des livres de Noam Chomsky, Michael Parenti, Howard Zinn, Cindy Sheehan, et Ward Churchill.
Howl Ferlinghetti avait entendu Ginsberg lire le poème Howl à la Six Gallery en 1955, le lendemain il proposa de le publier avec d'autres poèmes courts. William Carlos Williams une connaissance de longue date du New Jersey (d'où Ginsberg et lui étaient originaires) été recruté pour rédiger l'introduction de l'ouvrage. Lui-même verra un de ses premiers poèmes moderne "Kora in Hell" (1920) publié en 1957 dans la collection "Poètes de poche" (Pocket Poets), peut-être était-ce pour apporter une justification littéraire aux représentations de l'usage de drogues et de l'homosexualité qui 82
figurent dans Howl ? Avant la publication du poème, Ferlinghetti avait demandé et obtenu, l'assurance de l'American Civil Liberties Union que l'organisation le défendrait si il était poursuivi pour obscénité. Publié en Novembre 1956, Howl ne tarda pas à générer la controverse. En Mars 1957, un collecteur local des douanes Chester MacPhee saisit la cargaison d'une seconde impression du livre qui était en partance pour l'Angleterre pour cause «d'obscénité». Il a finalement dû renoncer à bloquer les livres lorsque les autorités fédérales ont refusé de confirmer la charge juridique retenue pour justifier la saisie de la cargaison. Mais les ennuis ne faisaient que commencer, en Juin de cette même année la police locale perquisitionnait les locaux de City Lights Bookstore et elle arrêtait le directeur de la librairie Shigeyoshi Murao avec comme chef d'accusation de vendre un livre obscène. Ferlinghetti, alors à Big Sur fit demi-tour pour San Francisco. Tous deux risquaient une amende de 500 $ et une peine de 6 mois d'emprisonnement (Ginsberg était à l'époque à Tanger et non accusé). L'ACLU paya une caution et désigna comme avocat de la défense Albert Bendich et elle obtint pro bono les services du célèbre avocat pénaliste J. W. Ehrlich. Le procès, présidé par le juge Clayton W. Horn, a duré du 16 Août au 3 Septembre 1957. Les charges retenues contre Murao ont été rejetées car il n'a pas pu être prouvé qu'il savait ce qui figurait dans le livre. Au cours du procès de Ferlinghetti, des écrivains et des professeurs respectés vinrent témoigner en faveur de la défense. Le juge Horn rendit finalement son verdict en déclarant que "Howl" n'avait rien d'obscène. La décision du juge Clayton W. Horn établi un précédent qui a ouvert la voie à la publication d'autres livres jusqu'ici interdits tels que ; « L'Amant de Lady Chatterley » de D. H. Lawrence et de « Tropic du Cancer » d'Henry Miller. L'intérêt des médias résultant de toute cette agitation juridique stimula l'intérêt des lecteurs du pays pour ce poème et dès 1958 il y avait 20.000 exemplaires imprimés. Aujourd'hui, il y en a plus d'un million. "Howl" à dans un sens mis en lumière « City Lights », lui conférant un prestige unique pour une si petite maison d'édition indépendante. Ginsberg a continué à publier ses livres majeurs de poésie chez « City Lights » pendant 25 ans. Même après la publication par Harper & Row de ses "Collected Poems" en 1980, il continuera son association avec « City Lights », qui lui servit comme base locale d'opérations pour le reste de sa vie.
Lawrence Ferlinghetti Lawrence Ferlinghetti (né le 24 mars 1919) est un poète américain, plus connu comme co-fondateur de la librairie City Lights Bookstore (en) et d'une maison d'édition du même nom qui a fait paraître les travaux littéraires des poètes de la Beat Generation, y compris Jack Kerouac et Allen Ginsberg. Biographie Ferlinghetti naît d'une famille d'immigrés juifs séfarades d'origine italo-portugaise à Yonkers (État de New York). Il y fréquente l'école de Mount Hermon et gagne le rang d'Eagle Scout. Plus tard, il poursuit ses études à l'université de Chapel Hill en Caroline du Nord, puis devient officier dans la marine des États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il obtient un diplôme de Master à l'université de Columbia et un doctorat de la Sorbonne. Alors qu'il est étudiant à Paris, il rencontre Kenneth Rexroth, qui plus tard le persuade d'aller à San Francisco pour profiter de la scène littéraire croissante dans la région. Entre 1951 et 1953 il enseigne le français, fait des critiques littéraires, 83
et peint. En 1953, Ferlinghetti et Peter D. Martin (en) ouvrent une librairie, qu'ils appellent « City Lights » d'après un magazine de cinéma que Martin a commencé. Deux ans plus tard, après que Martin a quitté San Francisco pour se rendre à New York, Ferlinghetti ouvre une maison d'édition spécialisée en poésie, et dont la publication la plus célèbre est Howl d'Allen Ginsberg. Pourtant, malgré l'excellence de cette œuvre, elle est confisquée et censurée par les autorités, et est le sujet d'un procès historique. Dans les années 60 et 70, il a entre autres œuvré pour la reconnaissance artistique de l'écrivain et poète Charles Bukowski. Ferlinghetti possède une propriété dans une région assez sauvage de la Californie côtière, Big Sur (cette région a également inspiré une partie de la poésie de Jack Kerouac). Il apprécie aller dans la nature, où il peut éprouver une spiritualité libérale. Ces aspects de son caractère l'ont poussé à se créer des amitiés avec plusieurs bouddhistes américains, dont Ginsberg et Gary Snyder. Politiquement, il s'est décrit en tant qu'anarchiste moral, engagé dans sa communauté, mais il a aussi constaté que, l'humanité n'est pas encore prête à vivre tout à fait en conformité avec l'anarchisme ; par conséquent, il préfère le genre de social-démocratie que l'on connaît dans les pays scandinaves. En 2009 Lawrence Ferlinghetti est devenu Membre Honoraire du mouvement artistique littéraire Immagine & Poesia, fondé à Turin, Italie1. 60 years of painting (60 ans de peinture) - l'exposition qui se tient en Italie (Rome, févrieravril et Reggio Calabria, mai-juillet 2010) - a témoigné de l'intérêt de Ferlinghetti pour le binôme « poésie - peinture », en dévoilant ses œuvres. La poésie de Ferlinghetti L'œuvre poétique la plus connue de Ferlinghetti est Coney Island of the Mind, qui a été traduite en neuf langues. En 1998 il est nommé Poet Laureate de San Francisco (un prix dont l'équivalent n'existe pas en français mais qui ressemble à une nomination à l'Académie française). Il continue aujourd'hui d'écrire de la poésie et participe toujours au fonctionnement de la librairie et de sa maison d'édition. Ne se contentant pas seulement de s'engager dans la littérature, Ferlinghetti continue aussi à peindre et ses tableaux sont souvent exposés dans les galeries et les musées à San Francisco et ailleurs. La poésie de Ferlinghetti aborde souvent la politique et les grands débats sociaux. Il essaie aussi de défier la perception courante du rôle de l'artiste dans le monde. Le groupe italien Timoria lui a consacré une chanson, intitulée Ferlinghetti Blues (de leur album El Topo Grand Hotel), et Ferlinghetti lui-même y a enregistré un de ses poèmes. Enregistrements sonores - 1958 : Poetry Readings In The Cellar ∫ Fantasy Records F-7002 - 1959 : Tentative Description Of A Dinner Given To Promote The Impeachment President Eisenhower, And Other Poems ∫ Fantasy Records F-7004 - 1961 : The Great Chinese Dragon And Other Poems ∫ Fantasy Records F-7010 - 1969 : Ferlinghetti ∫ Fantasy Records F-7014 (compilation ?) Publications - Pictures of the Gone World ; San Francisco: City Lights 1955 - A Coney Island of the Mind ; New York: New Directions 1958 - Her ; New York: New Directions 1960 - Routines ; New York: New Directions 1964 - An Eye on the World, Selected Poems ; MacGibbon & Kee 1967 - Back Roads to Far Places ; New York: New Directions 1971 - Open Eye, Open Heart ; New York: New Directions 1973 - Who Are We Now? ; New York: New Directions 1976 - Endless Life, Selected Poems ; New York: New Directions 1981 84
Of
- Over All the Obscene Boundaries,European Poems and Transitions ; New York: New Directions 1984 - When I Look at Pictures ; Peregrine Smith Books 1990 - A Far Rockaway of the Heart ; New York: New Directions 1997 - How to Paint Sunlight ; New York: New Directions 2001 - Americus Book I ; New York: New Directions 2004 - Poetry as Insurgent Art ; New York: New Directions 2007 En français - Amant des gares (poèmes directement écrits en français) ; Le Temps des cerises 1990 - Poète aveugle (traduit de l'américain par Marianne Costa), éd. Maëlstrom, en coédition avec Le Veilleur éditions, 2004. - Bookleg # 2: Démocratie totalitaire (traduit par M. Costa), éd. Maelström, 2005. - Breeding blues/Le blues de la reproduction (traduit de l'américain et adapté par Pierre Guéry, site internet des éditions Le Mort Qui Trompe, 2006 - A Coney Island of the Mind (tradu Marianne Costa) éd. maelstrÖm reEvolution, 2008. - Poésie Art de l'Insurrection (trad Marianne Costa) éd. maelstrÖm reEvolution, 2012 - La nuit mexicaine (traduit de l'américain par Daniel Blanchard) éd. L'une et l'autre, 2013 Bibliographie - Michael Skau, Constantly Risking Absurdity: The Writings of Lawrence Ferlinghetti, Whitson, 1989 - Neeli Cherkovski, Ferlinghetti: A Biography, Doubleday, 1979 - Larry R. Smith, L. Ferlinghetti: Poet-at-Large, Southern Illinois University Press, 1983 Notes et références [1] http://www.salottoletterario.it/foto_index/certificato_ferlinghetti.pdf
Shig Murao Shigeyoshi « Shig » Murao (8 Décembre, 1926 - 19 Octobre, 1999) est principalement connu comme le libraire de City Lights ayant été arrêté le 3 Juin 1957 pour avoir vendu à un policier en civil de San Francisco [1] le receuil de poèmes « Howl » d'Allen Ginsberg . A l'issu du procès concernant la publication et la vente du livre, Murao et Ferlinghetti sont innocentés, Howl étant déclaré par le juge comme protégé par le premier amendement de la constitution. Cette décision a ouvert la voie à la publication d'autres auteurs tels ; Henry Miller, D. H. Lawrence, William Burroughs, dont les écrits été jugés par la société puritaine comme pouvant offenser. [2] Murao et sa soeur jumelle Shizuko sont nés le 8 Décembre 1926, à Seattle, Washington. En 1942, après l'attaque de Pearl Harbor, Murao et sa famille sont internés au Minidoka War Relocation Center, en Idaho. Shigeyoshi Murao est ensuite entré au service de renseignement militaire en 1944 et après la guerre il a travaillé au Japon en tant qu'interprète ». [3] Ferlinghetti et Peter Martin, le co-fondateur de City Lights, ont embauché Murao comme commis peu de temps après l'ouverture du magasin en Juin 1953. Murao travailla ensuite sans rémunération pendant les premières semaines puis est nommé directeur de la librairie [4]. Le lieux a largement bénéficié de sa forte personnalité qui a contribué à l’ambiance de l’établissement [5]. « Shig » a assuré cette fonction de direction jusqu'en 1976 et il s’est constitué au fil du temps des amitiés avec plusieurs des icônes Beat, y compris avec Allen Ginsberg qui est 85
devenu un ami proche et qui aurait logé à l'appartement de « Shig » sur Grant Avenue lors d'une de ses visites dans la « Bay Area ». [6] A l'automne 1975 Murao subit une série d'attaques cérébrales. Quand il reprit son travail à la librairie Ferlinghetti souhaita apporter des aménagement dans la direction de la librairie. Murao refusa ces arrangement et quitta « City Lights Books Store » qui avait été toute sa vie. Murao et Ferlinghetti ne se sont jamais réconciliés. [7] Murao n'était pas proprement dit un poète cependant il a joué un rôle clef au sein de la scène Beat de San Francisco et il publiait même un fanzine appelé « Shig's Review ». [8]. Il comptait dans son cercle d'amis des auteurs comme Michael McClure, Gary Snyder, Richard Brautigan, et bien d'autres figures littéraires du mouvement « Beat » de l'époque. Les trois premiers numéros de la Revue de « Shig », ont été publié entre 1960 et 1969, ils étaient imprimés et reliés. Au début de 1983, Murao relança sa revue sous la forme d’un fanzine photocopié recueillant des poèmes, des photos, ou ses propres collages. Il les fabriquait dans un magasin de reprographie en vingt ou trente exemplaires puis il les agrafait en coin, mettait son « hanko » sur la couverture à l'encre rouge, et descendait au Café où il les distribuait à ses amis. Murao publia environ quatre vint numéro de son fanzine. [9] Dans les années 90 Murao s’installa dans une maison de vie assistée à Palo Alto en Californie où il recréa rapidement la vie qu’il menait à North Beach, visitant les cafés et les librairies dans son fauteuil roulant électrique. Après un accident avec son fauteuil roulant il parti cette-fois en convalescence dans un hôpital de Cupertino, (CA), où il mourut en 1999. Notes and références 1.Bill Morgan and Nancy Peters, Howl on Trial, City Lights Books, 2006, p. 2 2.Evelyn Nieves,"Ferlinghetti's City Lights, Still A Beacon at 50," Washington Post, 6/9/03 3.Reynolds, Richard (November 10, 2011). "Shig Murao: A Samurai Family (1920)". DiscoverNikkei.org. 4.Shawn Hubler, "City Lights Illuminates the Past," Los Angeles Times, 5/27/03 5.Bill Morgan, The Beat Generation in San Francisco, City Lights Books, 2003, p. 5 6.Gordon Ball, "'Howl' and Other Victories: A friend remembers City Lights' Shig Murao," San Francisco Chronicle, 11/28/99 7.Shawn Hubler 8.Gordon Ball 9.Shig's Review Liens externes Shig Murao : The Enigmatic Soul of City Lights and the San Francisco Beat Scene
(Bancroft Library) "Howl" and Other Victories: A Friend Remembers City Lights' Shig Murao "Murao is Missing" : Bookseller Left Out of 'Howl' Movie
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Le Vesuvio Café Le Vesuvio café est un bar historique de North Beach, San Francisco. Il est situé au numéro 255 Columbus Avenue, juste face à la célèbre librairie City Lights Bookstore. Le bâtiment a été conçu par l'architecte italien Italo Zanolini et terminé en 1916. Le bar a été fondée en 1948 par Henri Lenoir, et ce pourquoi il nous intéresse c'est qu'il a été fréquenté par un certain nombre de célébrités de la Beat Generation dont Jack Kerouac, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, et Neal Cassady, ainsi que d'autres personnalités culturelles notables tels que Dylan Thomas, Bob Dylan, Rodger Jacobs et Francis Ford Coppola. Dans les années 1970, le bar a été vendu par Lenoir à Ron Fein qui est mort en 1985, aujourd'hui il est toujours exploité par la famille Fein avec Janet Clyde, Christopher Clyde, et Leo Riegler. L'allée commune avec City Lights a été appelé à l'origine « Adler », puis elle a été rebaptisé « Jack Kerouac Alley » en 1988. Depuis sa rénovation en 2007 elle a été transformée en zone piétonnière.
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Herb Caen Herb Caen (3 avril 1916 – 1er février 1997)¹ est un lauréat du Prix Pulitzer qui a travaillé à San Francisco. Biographie Né à Sacramento en Californie, Caen a écrit pour le San Francisco Chronicle à partir de la fin des années 1930 et jusqu'à sa mort, avec une interruption de 1950 à 1958, période pendant laquelle il se mit au service du San Francisco Examiner. Sa série d'essais appelés Baghdad-by-the-Bay fut publiée en 1949. Notes et références [1] (en) G.Photographer, « Herb Caen », sur Find a Grave (consulté le 27 octobre 2015)
Michael McClure Michael McClure, né le 20 octobre 1932 à Marysville dans le Kansas, est un poète, un essayiste et un dramaturge américain. Biographie De son enfance passée dans le Kansas il retiendra une forte attirance pour les thèmes de la nature, de l'animalité, de la notion d'organisme vivant (il se destinait initialement au métier de naturaliste). Il remarque dans Scratch The Beat Surface : « L'humain qui refuse d'admettre qu'il est d'abord un animal est moins qu'un animal.» Lecteur de James Joyce, de T.S. Eliot, d'Ezra Pound, et d'abord attiré par la versification classique, Michael Mc Clure rencontre Allen Ginsberg, pendant ses années d'université à San Francisco. Leur amitié, d'abord fondée sur leurs différences de vues à propos de William Blake, se renforcera après une lecture commune de poèmes tenue en 1955 à la Six Gallery, à laquelle participèrent, outre Ginsberg, McClure, Gary Snyder, Philip Whalen et Ferlinghetti. Cette lecture publique est souvent considérée comme le début d'un type de littérature dite "beat", où dominent le sentiment d'une humanité destructrice de son propre environnement, l'angoisse de la perte du sens dans les sociétés technicistes, le choix d'une vie errante et la déstructuration du langage « normal » au profit des qualités musicales et rythmiques de la langue. En mai 1968, McClure accepte de rencontrer, par l'intermédiaire d'une amie commune, le frontman de The Doors, Jim Morrison. Le chanteur admire le "beat poet" depuis ses années de lycée mais, entre les deux hommes, le courant passe difficilement. Néanmoins, leur passion commune de la poésie les rapproche et McClure encouragera Morrison à publier ses poèmes. Cette rencontre constitue également l'occasion pour McClure de rencontrer les autres membres du groupe The Doors, en particulier l'organiste Ray Manzarek avec qui il se lie d'amitié. Depuis 1988, McClure et Manzarek présentent des spectacles où la virtuosité d'improvisation de l'organiste sert la lecture de ses œuvres par le poète.
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Philip Lamantia Philip Lamantia est un poète américain né le 23 octobre 1927 et mort le 7 mars 2005. Il est apparenté à la Beat generation. Biographie Philip Lamantia est né à San Francisco de parents originaires de Sicile. Il commence à écrire des poèmes et est remarqué par André Breton en 1943. Après la Seconde Guerre mondiale, il voyage à travers le monde, séjournant consécutivement au Mexique, au Maroc et en Europe. Puis il habite un temps avec les indiens Washo dans le Nevada avec lesquels il s'initie au peyotl. Le 7 octobre 1955 il participe à lalecture publique à la Six Gallery, à laquelle participèrent Allen Ginsberg, Michael McClure, Gary Snyder, Philip Whalen et Lawrence Ferlinghetti. À cette occasion il lut des poèmes de son ami John Hoffman, récemment décédé. Il est mort d'une crise cardiaque à son domicile de North Beach le 7 mars 2005. Dans les Anges de la Désolation, Lamantia est représenté sous les traits de David D'Angeli par Jack Kerouac. Dans Les Clochards célestes et Tristessa, il est Francis DaPavia. Dans les Anges de la Désolation, Lamantia est représenté sous les traits de David D'Angeli par Jack Kerouac. Dans Les Clochards célestes et Tristessa, il est Francis DaPavia. Bibliographie Ouvrages en anglais - Erotic Poems, 1946 - Ekstasis, 1959 - Narcotica, 1959 - Destroyed Works, 1962 - Touch of the Marvelous, 1966 - Selected Poems 1943-1966, 1967 - Blood of the Air, 1970 - Touch of the Marvelous. A New Edition, 1974 - Becoming Visible, 1981 - Meadowlark West, 1986 - Bed of Sphinxes : New and Selected Poems, 1943-1993, 1997 - Tau, 2008 Traductions éditées en français - Révélations d'un jeune surréaliste : Poèmes choisis 1943-1966, éditions Jacques Brémond; 1996 Publications sur l'auteur - (en) The Surrealistic Metaphor of Philip Lamantia, Kathryn Kaney Heath, Stetson University, 1976 - Lettre à Philip Lamantia, Jean-Jacques Celly, collection Petite Lettre, Éd. Jacques Brémond, 1992 - (en) Hypodermic Light: The Poetry Of Philip Lamantia And The Question Of Surrealism, Steven Frattali, Éd. Peter Lang, 2005, (ISBN 0820463744)
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Jack Micheline Jack Micheline (6 novembre 1929 - 27 février 1998), de son vrai nom Harold Martin Silver, est unpeintre et poète américain de la Région de la baie de San Francisco. Il s'apparente aux artistes de rue, écrivains underground et poètes « hors la loi ». Classé comme un des poètes les plus originaux de la Beat Generation, c'est un artiste novateur qui prit part au mouvement connu sous le nom de Renaissance de San Francisco dans les années 1950 et 1960 Biographie Né dans le Bronx à New York de descendance russe et roumaine1, Jack Micheline choisit son nom de plume en référence à l'écrivain Jack London et au nom de jeune fille de sa mère. Il s'installe à Greenwich Village dans les années 1950 et devient un poète de rue tout en dessinant sur des rythmes de blues de Harlem, de jazz et de world music. Il vit le plus souvent à la limite de la pauvreté, choisissant ses thèmes d'écriture parmi les prostituées, les drogués, les travailleurs et les laissés-pour-compte en général. Le poète Langston Hughes l'encourage à écrire2. En 1957, Troubadour Press publie son premier livre : River of Red Wine. Jack Kerouac en écrit la préface, et Dorothy Parker en fait la critique dans l'Esquire. Jack Micheline s'installe à San Francisco au début des années 1960, et n'en bougera plus. Il écrit un peu plus de vingt livres, parmi eux des exemplaires ronéotypés et des recueils destinés à être colportés. Poète en partie de la Beat Generation, Jack Micheline considère le mouvement Beat comme le produit du tourbillon des médias, et il n'aime pas être classé comme un « poète beat ». C'est aussi un peintre, travaillant d'une façon primaire et autodidacte à la gouache dans un style primitif qu'il ramène de Mexico. Il meurt en 1998 à San Francisco d'un infarctus alors qu'il voyage à bord d'un train du BART reliant San Francisco à Orinda3. L'Abandon et Planet Bookstore de San Francisco expose alors ses peintures murales jusqu'à sa fermeture. Et immédiatement, son fils crée un site internet : The Jack Micheline Foundation. Vie privée Jack Micheline s'est marié deux fois : à Pat Cherkin au début des années 1960, et, plus tard, à Marian "Mimi" Redding. Il a eu un fils Vincent, né en 1963, de son premier mariage et deux petits-enfants, Dustin Silvaer et Nicole Silvaer (respectivement fils et fille de Vincent). Extraits de Sad for an Unbrave World, Jack Micheline⁴ I never wanted to be a poet. I just wanted to be a human being. Anyone who wants to be a poet is out of his mind. Either you are one or you are not. Most poets are not poets. To be a real artist is a unique and valuable asset to this planet.
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Œuvres publiées - River of Red Wine (1958), traduit par Lucien Suel, Un fleuve de vin rouge (avec une préface de Jack Kerouac), Station Underground d'Emerveillement Littéraire, Ligny-lez-Aires, 2010. - Tell your mama you want to be free, and other poemsongs (1969); Dead Sea Fleet Editions. - Last House in America (1976); Second Coming Press. - North of Manhattan: Collected Poems, Ballads, and Songs (1976); Manroot. - Skinny Dynamite and Other Stories (1980); Second Coming Press. - River of Red Wine and Other Poems (1986); Water Row Press. - Imaginary Conversation with Jack Kerouac (1989); Zeitgeist Press. - Outlaw of the Lowest Plant (1993); Zeitgeist Press. - Ragged Lion (1999); Vagabond Press. - Sixty-Seven Poems for Downtrodden Saints (1997); FMSBW. 2e édition enrichie (1999). - To be a poet is to be: Poetry (2000); Implosion Press. - One of a Kind (2008); Ugly Duckling Presse. Bibliographie - Alan Kaufman The outlaw bible of American poetry, Thunder's Mouth Press, 1999, 685 p. (lire en ligne) Références [1] Biographie de Jack Micheline [2] Texte de Levi Asher sur www.beatmuseum.org [3] A.D. Winans Remembers Jack Micheline / Empty Mirror Magazine of the Arts [4] www.beatmuseum.org
Harold Norse Harold Norse est un écrivain américain né le 6 juillet 1916 à New York et mort le 8 juin 2009 à San Francisco. Biographie Harold Norse vécut hors des États-Unis de 1954 à 1969, d'abord en Italie jusqu'en 1959 où il découvrit la pratique de la méditation bouddhiste. Il séjourna au Beat Hotel, rue Gîtle-Cœur à Paris avec d'autres membres de la Beat generation comme Allen Ginsberg, William Burroughs ou Gregory Corso, il expérimente alors la technique du cutup. Il retourne s'installer aux États-Unis en 1969, à San Francisco, où il prend part aux revendications pour les droits civiques des homosexuels. Publications - The Undersea Mountain, Swallow Press, Denver, Colorado, 1953 - Karma Circuit, Nothing Doing in London Londres, 1966 - The Dancing Beasts, Macmillan & Co., New York, 1962 - Hotel Nirvana: Selected Poems, 1953-1973, City Lights, San Francisco, 1974 - I See America Daily, Mother's Hen, Berkeley 1974 - Carnivorous Saint: Gay Poems, 1941-1976, Gay Sunshine, San Francisco 1977 - Mysteries of Magritte, Atticus, San Diego, 1984 - The Love Poems (1940-1985), Crossing Press, Trumansburg, New York, 1986 - Memoirs of a Bastard Angel, William Morrow and Company, New York, 1989 91
- The American Idiom: A Correspondence, with William Carlos Williams, San Francisco: Bright Tyger Press, 1990 - Fly like a bat out of hell : the letters of Harold Norse and Charles Bukowski, Thunder's Mouth Press, New York, 2002 - In the Hub of the Fiery Force, Collected Poems of Harold Norse 1934-2003, Thunder's Mouth Press, New York, 2003 Traductions en français - Mémoires d'un ange bâtard, 50 ans de vie littéraire et érotique., éditions du Rocher, 1991.
Philip Whalen Philip Whalen, né le 20 octobre 1923 à Portland dans l'Oregon et mort le 26 juin 2002 à San Francisco. Biographie Après avoir participé à la Seconde Guerre mondiale, Philip Whalen entre au Reed College dans le cadre de la loi G.I. Bill, il y rencontre le poète beat Gary Snyder et Lew Welch avec qui il se lie d’amitié en 1951. Quatre ans plus tard, le 13 octobre 1955, il fait partie de la fameuse lecture de la Six Gallery où Allen Ginsberg, Gary Snyder, Philip Lamantia, Lawrence Ferlinghetti et Michael McClure lisent leurs œuvres devant un public survolté. Jack Kerouac évoquera cette date comme celle de la "renaissance de la poésie à San Francisco "1 Fervent adepte du bouddhisme zen, Philip Whalen est ordonné moine (unsui) au San Francisco Zen Center en 1973. Philip Whalen est représenté sous les traits du personnage de Ben Fagan dans Big Sur de Kerouac et celui de Warren Coughlin dans Les Clochards célestes, du même auteur. Bibliographie - The Calendar: A Book of Poems (Éd. Reed College, 1951) - Canoeing up Cabarga Creek: Buddhist Poems 1955-1986 (Parallax Press, 1995) - Two Novels (Zephyr Press, 1986) - Off the Wall: Interviews with Philip Whalen (FourSeasons Foundation, 1978) - Enough Said: 1974-1979 (Grey Fox Press, 1980) - Heavy Breathing: Poems, 1967-1980 (Four Seasons Foundation, 1983). Publications sur Philip Whalen - Continuous Flame: A Tribute to Philip Whalen, Michael Rothenberg, Suzi Winson, Fish Drum, 2004 - 152 pages, (ISBN 1929495072) Notes et références [1] Barney Hoskyns Beneath the diamond sky,Haight-Ashbury 19651970 Simon Schuster Editions, New-York 1997
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Kenneth Rexroth Kenneth Rexroth (22 décembre 1905 - 6 juin 1982), poète libertaire américain qui fut l'un des premiers auteurs de son pays à s'intéresser à la tradition poétique japonaise, comme les haïkus et des poèmes chinois. Biographie Il fut une des figures de proue de la « Renaissance poétique de San Francisco », et eut une influence reconnue sur la Beat generation, bien qu’il fut critique des évolutions du mouvement et chercha à s’en distancer, repoussant son assimilation au mouvement. L'œuvre de Rexroth (qui comprend de la poésie, mais aussi des essais et des publications journalistiques) reflète un intérêt et une préoccupation constante pour la vie politique, culturelle, sociale, ainsi que pour l’écologie. Le ton habituel des vers de Rexroth peut les rapprocher de ceux de son poète préféré, Du Fu : tantôt révolté par les inégalités qui gangrènent le monde, tantôt émerveillé par le simple fait d’exister ; mais toujours sage et profondément humaniste. Il fut un anarchiste engagé, qui se tourna par la suite vers le socialisme et le syndicalisme. Rexroth est né à South Bend dans l’Indiana, en 1905. Il perdit très tôt sa mère Delia, morte en 1916. Son adolescence fut partagée entre des études d’art et de petits boulots. Il épousa une illustratrice de Chicago, Andree Dutcher, et ils parcoururent la côte Ouest américaine pour leur lune de miel. Le couple eut deux filles, Mary et Katherine. Andree mourut de complications liées à son épilepsie en 1940, cette seconde perte acheva de marquer profondément la poésie de Rexroth, qui ne cessera d’aborder leurs décès via des vers méditatifs et poignants. Rexroth était un autodidacte très instruit, qui relisait chaque année l’Encyclopedia Brittanica, comme on lit un roman. Chacun de ses écrits recèle de références à des thèmes aussi divers que l’anarchie politique, la peinture, la religion, la littérature Chinoise, la philosophie, etc. On retient aussi de son œuvre The Love Poems of Marichiko, que Rexroth affirma avoir traduit d’un poète antique Japonais (mystification littéraire proche de celle qu’utilisa Pierre Louÿs pour ses Chansons de Bilitis). Lorsqu’il avoua avoir écrit ces poèmes, Rexroth n’en fut pas méprisé mais bien au contraire plus que jamais reconnu pour son talent et l’incroyable étendue de son répertoire poétique, ainsi capable de faire naître de profonds sentiments en se glissant dans la peau d’une poétesse d’un autre temps et d’une autre culture. Kenneth Rexroth mourut le 6 juin 1982 à Montecito, en Californie.
Extrait : Requiem pour les morts d'Espagne Les vastes constellations géométriques d’hiver Se lèvent au-dessus de la Sierra Nevada, Je marche sous les étoiles, les pieds sur la courbure connue de la terre. Je suis des yeux les clignotants d’un avion, Rouges et verts, qui s’enfonce grondant vers les Hyades. La note des moteurs monte, aiguë, faible, Inaudible enfin, puis les lumières se perdent Dans la brume au sud-est, aux pieds d’Orion. 93
Comme le bruit s’éloigne, le froid me saisit et la pensée Qui s’empare de moi me soulève le coeur. Je vois l’Espagne Sous le ciel noir battu de vent, la neige qui tournoie légèrement, Scintille et se déplace au-dessus des terres blafardes, Et des hommes qui attendent, transis, blottis les uns contre les autres, Un avion inconnu passant au-dessus de leurs têtes. L’appareil Dans la brume survole les lignes ennemies vers le sud-est, Des étincelles sous sa carlingue près de l’horizon. Quand elles s’effacent la terre frissonne Et le ronronnement faiblit. Les hommes se détendent un instant Et redeviennent nerveux dès qu’ils se reprennent à penser. Je vois les livres avortés, les expériences abandonnées, Les tableaux arrêtés, les vies interrompues, Que l’on descend dans les fosses recouvertes du drapeau rouge. Je vois les cerveaux gris, vifs, brisés et maculés de sang, Que l’on descend chacun dans son obscurité, inutiles sous la terre. Seul sur une colline de San Francisco, un cauchemar Tout à coup m’envahit et des cadavres Surgis de l’autre côté du monde se pressent contre moi. Alors, doux au début, riche et puissant ensuite, J’entends le chant d’une jeune femme. Les émigrants du coin de la rue veillent Le corps de leur fils aîné, renversé par un camion sans chauffeur Qui a dévalé la côte et l’a tué sur le coup. Les voix l’une après l’autre se joignent au chant. Orion traverse le méridien vers l’ouest, Rigel, Bellatrix, Bételgeuse, défilent en ordre, La grande nébuleuse miroite dans ses reins. Kenneth Rexroth, 1937, tiré de In What Hour (1940). Version française in « Les Constellations d'hiver », traduit de l'américain par Joël Cornuault (Librairie La Brèche, 1999). Bibliographie - Eloge de Kenneth Rexroth, de Ken Knabb, Atelier de création libertaire, 1997. Œuvres - The dragon and the unicorn (1952) - One hundred poems from the Japanese (1955) - One hundred poems from the Chinese (1956) - In defense of the earth; poems (1956) - Poems from the Greek anthology (1962) - Natural numbers; new and selected poems (1963) - The homestead called Damascus (1963) - The collected shorter poems (1966) - The heart's garden, the garden's heart (1968) - The collected longer poems (1968) - With eye and ear (1970) - L'automne en Californie, poèmes traduits et présentés par Joël Cornuault, Fédérop (1994) - Les constellations d'hiver, poèmes traduits par Joël Cornuault, Librairie La Brèche (1999) 94
- Les classiques revisités - Le San Francisco de Kenneth Rexroth, chroniques traduites de l'américain et présentées par Joël Cornuault, revue « Plein Chant » numéro 63, été 1997. - Huit poèmes pour la musique d'Ornette Coleman ; deux poèmes pour Brew et Dick, traduits par Joël Cornuault, revue « Europe », octobre 1997.
Gary Snyder Gary Sherman Snyder est un poète, traducteur, penseur et militant anarchiste1 américain né le 8 mai 1930 à San Francisco. Héritier de la pensée de Thoreau, c'est une figure importante au sein des mouvements de la Beat Generation, des hippies, de l'écologie profonde, du biorégionalisme et un acteur reconnu dans la propagation du bouddhisme zen aux États-Unis. Il a publié plus de 25 livres entre 1959 et 2007 (poésie, essais, récits de voyage) et est traduit en plus de 20 langues. Il a obtenu le prix Pulitzer en 1975 pour son recueil poétique Turtle Island. En 1952, il rencontre Alan Watts, Kenneth Rexroth etAllen Ginsberg, et participe à la San Francisco Renaissance. En 1956, il émigre au Japon, où il réside dans des temples bouddhistes de la secte Rinzai Zen et traduit des textes religieux anciens pour le compte du First Zen Institute of America. En 1967 il participe au Human Be-In de San Francisco (naissance du mouvement hippie) et fonde un ashram avec Nanao Sakaki sur l'île volcanique de Suwanose au sud du Japon. En 1969, il revient aux États-Unis et achète des terres avec Allen Ginsberg à North San Juan dans la Sierra Nevada, où il s'intéresse aux cultures amérindiennes. C'est dans cette communauté rurale qu'il bâtit sa maison Kitkitdizze et le zendo Ring of Bone. Dès lors, il développe et met en pratique ses concepts de « ré-habitation » du territoire et de « biorégionalisme ». Biographie 1930-1941 : Enfance à Lake City (État de Washington) 1930 : Gary Sherman Snyder, fils de Harold et Lois Hennessy Snyder, est né le 8 mai à San Francisco. Ses parents sont d'origine allemande, écossaise, irlandaise et anglaise. En 1932, il a deux ans lorsque son père acquiert une ferme laitière à Lake City (État de Washington) avec l'espoir d'assurer la subsistance de la famille. Quelques mois plus tard, sa sœur Anthéa voit le jour. Il participe très tôt aux tâches de la ferme (élevage de bovins et de poulets) et rencontre fréquemment les indiens de la tribu Salish qui leur échangent des biens. Il dira plus tard : « les Salishs connaissaient mieux que quiconque la région que nous habitions… mes parents n'avaient qu'une connaissance limitée d'un certain type de savoir. Je percevais une subtilité et une complexité dans ces forêts qui allaient bien audelà de quelques termes… ». 1939 : à la suite d'un accident, il sera immobilisé plusieurs mois dans son lit. Pendant cette période, les membres de sa famille lui apportent beaucoup de livres de la Seattle Public Library. Il s'en souvient ainsi : « c'est à ce moment que j'ai réellement appris à lire et dès lors, je suis devenu vorace. À la fin de ces quatre mois, j'avais lu plus de livres que la plupart des autres gens à l'âge de 18 ans et je ne me suis pas arrêté là… ». 1941 : Ses parents divorcent. La mère élève les enfants.
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1942-1951 : alpinisme, littérature et anthropologie à Portland (Oregon) 1942 : À douze ans, il emménage à Portland, avec sa sœur et sa mère, alors journaliste de presse. Il commence ses études primaires à la Lincoln High School et manifeste un intérêt marqué pour les amérindiens 1943 : Il s'inscrit à la Wilderness Society et participe à un camp d'été pour jeunes à Spirit Lake 1944 : En été, il participe une nouvelle fois au camp de Spirit Lake. 1945 : À quinze ans, il rédige ses premiers poèmes et fait sa première ascension du volcan mont Saint Helens. Il participe une dernière fois au camp de Spirit Lake. 1946 : Il intègre le renommé club d'alpinisme Portland Mazamas et gravit plusieurs sommets de la chaîne des Cascades. Pour payer ses études, il travaille en été pour la United Press et le journal Oregonian. 1947 : Il termine ses études à la Lincoln High School. En été, il randonne dans le sud de la chaîne des Cascades et fait sa première ascension du mont Rainier. En automne, il commence des études d'anthropologie et de littérature au Reed College à Portland, Oregon, rencontre Carl Proujan et partage une maison avec Lew Welch et Philip Whalen. Il s'aménage une chambre spartiate dans la chaufferie et manifeste rapidement un aura très fort pour les participants aux nombreuses réunions de littérature et de politique qui auront lieu dans cette maison. 1948 : En été, il rejoint New York en auto-stop et embarque sur un navire marchand vers la Colombie et le Venezuela. Il en débarque plus tard à Los Angeles, rend visite à son père à San Francisco et rentre à Portland. 1949 : En été, il travaille pour le US Forest Service à Columbia National Forest, d'abord comme bûcheron puis il est assigné à la préparation des provisions pour les guetteurs d'incendie. 1950 : À vingt ans, il publie ses premiers poèmes dans la revue d'étudiants Janus. Il se marie avec Alison Gass et organise une lecture de William Carlos Williams au Reed College. En été, il travaille pour le US Park Service sur les fouilles archéologiques de Old Fort Vancouver. 1951 : Il obtient son diplôme d'anthropologie et de littérature avec une thèse senior The Dimensions of a Haïda Myth. Il obtient une bourse d'étude en anthropologie à l'université d'Indiana à Bloomington. En été, il randonne dans les Olympic Mountains et travaille comme bûcheron à la Warm Springs Lumber Company, Oregon. C'est là qu'il rédigera son poème "The Berry Feast". À la fin de l'été, il rejoint Philip Whalen à San Francisco et c'est à ce moment que les graines de sa passion pour la poésie et le bouddhisme seront plantées. Il s'y achètera le livre Manual of Zen Buddhism (Daisetz Teitaro Suzuki) et, le lisant pendant qu'il fait de l'auto-stop pour Bloomington, sa prise de conscience est telle, qu'il sait déjà qu'il ne pourra y étudier plus qu'un semestre. Il dira plus tard « je devais absolument partir à San Francisco pour me noyer ou nager en tant que poète ». 1952-1955 : cultures orientales et initiation au zen à San Francisco (Californie) 1952 : Il s'inscrit au US Forest Service sur la liste d'attente des guetteurs d'incendie, en demandant à être placé dans l'observatoire le plus haut, le plus solitaire et le plus difficile d'accès de la chaîne des Cascades. Au mois de mars, il quitte l'université pour retourner à San Francisco et il s'y établit dans un appartement qu'il partage avec Philip Whalen. Ils s'initient tous deux au zazen, en autodidactes. Il justifiera cette destination comme suit : « toute chose vivante a besoin d'un habitat, une combinaison de chaleur et d'humidité 96
spécifique pour se développer… San Francisco était l'unique ville à m'offrir cela ». En été, il travaille comme guetteur d'incendies sur Crater Mountain/Mount Baker National Forest. Isolé plusieurs mois au sommet d'une montagne, dans un observatoire rudimentaire, il passe son temps à méditer, lire et faire de la calligraphie pour préparer le voyage au Japon qu'il a déjà décidé de faire un jour. À son retour en ville, il divorce de Alison Gass. En automne, il commence des études en langues et cultures orientales à l' université de Berkeley. 1953 : En été, il retravaille comme guetteur d'incendies, mais sur Sourdough Mountain / Mount Baker National Forest. Il y écrit Myths & Texts. Le 20 août, il écrit dans son journal : « Forêt égale céréale, paysage égale tourisme, public égale argent ». Philip Whalen, sans doute motivé par la précédente expérience de son ami s'engage lui aussi comme guetteur mais à l'observatoire de Sauk. Ils communiqueront par radio pendant leur séjour. En automne, il s'établit à côté de l'université de Berkeley, dans un cabanon. Il rencontre Lawrence Ferlinghetti et Kenneth Rexroth, chez qui, sur Potrero Hill à San Francisco, il participera régulièrement à des réunions politiques et des lectures de poésie. Kenneth Rexroth l'introduira progressivement au groupe de poètes de la Beat Generation, constitué à Greenwich Village (New York) et étendu progressivement à North Beach (San Francisco) et Venice West (Los Angeles). 1954 : En été, il travaille comme bûcheron pour la Warm Springs Lumber Company (Oregon). 1955 : En été, il travaille comme aménageur de chemins à Piute Creek dans le parc national de Yosemite, en Californie. Il s'inspire de cette expérience pour écrire Riprap. Il randonne de façon extensive dans les Minarets et le bassin supérieur de la Kern River. En automne, il traduit brillamment les poèmes du poète chinois Han-Shan (ère Chang) sous les conseils de son professeur avisé Chen Shih-Hsiang. Il s'inscrit à l'American Academy of Asian Studies et y rencontre son professeur Alan Watts. Kenneth Rexroth le présente à Allen Ginsberg et Jack Kerouac, lequel s'inspirera de leur ascension du Pic Matterhorn au Parc national de Yosemite pour écrire The Dharma Bums dans lequel Gary Snyder y figurera sous le nom de Japhy Ryder. Le 7 octobre 1955, à la Six Gallery de San Francisco, il récite The Berry Feast avec Allen Ginsberg qui scandera The Howl en compagnie des poètes Kenneth Rexroth, Philip Whalen, Michael McClure et Philip Lamantia. Dans la salle, on retrouve aussi : Peter Orlovsky, Jack Kerouac, Lawrence Ferlinghetti, Lew Welch et Neal Cassady. Cet événement marque le début de qu'on appelle la San Francisco Renaissance. Cette même année, il se retrouve fiché sur la liste noire du US Forest Service pour affiliations gauchistes remontant à ses études au Reed College. 1956-1968 : pratique du zen au Japon et voyages en Asie 1956 : Au début de l'année, il emménage à Corte Madera, Mill Valley, Californie dans une cabane qu'il baptise Marin-An, terme japonais pour « ermitage du bosquet au chevaux ». Jack Kerouac l'y rejoindra au mois de mars 1956. Gary Snyder souhaite y développer son idée de "Bikkhu Hostels", un lieu d'accueil pour les poètes et moines errants. Puis, il se retire brièvement chez un ami de son ex-femme à Nooksack Valley, Washington. Le 8 avril, il commence l'écriture de sa longue séquence de poèmes Mountains and Rivers Without an End qu'il terminera et publiera 40 années plus tard. Le 5 mai, il part pour la Japon et réside au temple Shokoku-Ji de la secte rinzai zen pour suivre les enseignements du maître Miura Isshu Roshi. Pour subvenir à ses besoins, il traduit des textes bouddhiques anciens avec le Dr. Burton Watson pour le compte du First Zen Institute of America, dirigé par Ruth Fuller-Sasaki, belle-mère d'Alan Watts, qui le guide dans ses nombreuses démarches à Kyoto. En été, il effectuera plusieurs ascensions et randonnées avec des amis dans les Alpes japonaises. En hiver, il s'établit et étudie à Tokyo. Cultive une passion pour la sculpture du bois. 97
1957 : Au mois d'août, il embarque sur le navire Sappa Creek et travaille 8 mois dans la salle des machines. Il visite le golfe Persique, l'Italie, la Turquie, les îles d'Okinawa, Wake, Guam, Ceylan, Samoa et Hawaii. 1958 : Au mois d'avril, il débarque du navire aux États-Unis et retourne vivre dans la cabane Marin-An avec Lew Welch. Il fait de nombreuses contributions à la scène littéraire Beat. Il n'apprécie guère l'évolution prise par la Beat Generation qui, à ses yeux, n'a plus grand chose à voir avec Allen Ginsberg ou Jack Kerouac. À cette période, la police commence à mettre la pression sur les Beats. Pendant une randonnée dans la Sierra Nevada, il marchera plus de 120 miles et gravira les monts Tyndall et Whitney. 1959 : Au mois de février, il revient au Japon avec la poète américaine Joanne Kyger et ils s'établissent à Kyoto. Il réside au temple Daitoku-Ji de la secte rinzai zen et suit les enseignements du maître Oda Sesso Roshi. Publication de Riprap, imprimé à Kyoto par Cid Corman 1960 : Au mois de février, il se marie avec Joanne Kyger à Kyoto. Publication de Myths & Texts et d'un compte-rendu Spring Sesshin at Shokoku-Ji dans The World of Zen (ed. Nancy Wilson Ross) 1962 : Début janvier, il débarque en Inde avec Joanne Kyger et visitent Calcutta, Bodh Gaya et le Népal. En février, ils visitent Bénarès, le Taj Mahal et résident plus longuement dans l'ashram de Swami Shivananda avec Allen Ginsberg et Peter Orlovsky qui les y ont rejoints. En mars, ils visitent tous ensemble Dehli, Jaipur, Pathankot et rencontrent le dalaï-lama à Dharamshala, à qui Allen Ginsberg propose de prendre du LSD. En avril, ils rencontrent plusieurs yogis ascètes dans des grottes, donnent des lectures de leur poésie à Bombay et repartent en bateau pour Saïgon puis Hong Kong. À la mi-mai, ils sont de retour à Kyoto. Publication de sa lettre Now India dans la [http ://www.evergreenreview.com/archives.htmEvergreen Review] 1963 : Il reçoit la visite de Allen Ginsberg à Kyoto, et fait la rencontre du poète japonais Nanao Sakaki, fondateur de la Bum Academy 1964 : Au printemps, il revient à San Francisco et obtient un poste de professeur d'anglais à l'université de Berkeley. Il donne une lecture de poésie avec Philip Whalen et Lew Welch au Free Way Reading de San Francisco. En été, il randonne dans le Bubbs Country dans la Sierra Nevada en Californie. En automne, il donne des cours de poésie à l'université de Californie à Berkeley. L'enseignement lui plaît mais c'est, à son goût, trop verbal. Il divorce de Joanne Kyger 1965 : En été, il participe à la Berkeley Poetry Conference avec Robert Duncan, Charles Olson, Jack Spicer, James Koller, Lew Welch et Allen Ginsberg. Avec ce dernier, il fait un long voyage en Colombie-Britannique et y font l'ascension du pic Glacier. Avec Allen Ginsberg et Philip Whalen ils font la première marche circulaire (selon les traditions hindoues et tibétaines) autour du mont Tamalpais. En automne, il part s'établir à Kyoto dans une petite maison côté d'un monastère. Il s'initie, sur l'île d'Hokkaido, au Shugendo / Yamabushi (animisme japonais). Publication de Riprap and Cold Mountain Poems et Six Sections from Mountains and Rivers Without an End 1966 : À Kyoto, il rencontre sa future femme Masa Uheara et reçoit la visite de Philip Whalen qui vient s'y établir. Publication de A Range of Poems 1967 : Il retourne brièvement à San Francisco pour participer au festival Human Be-In le 14 janvier (début du mouvement Hippie), y chante des mantras avec Allen Ginsberg, Michael McClure, Timothy Leary, et Jerry Rubin. En février, il est de retour au Japon et, en été, crée le Banyan Ahram avecNanao Sakaki, Franco Beltrametti et des vétérans japonais de la Seconde Guerre mondiale sur la petite île volcanique de Suwanose dans l'archipel des Ryuku. Il s'y marie avec Masa Uheara au sommet du 98
volcan. En hiver, il retourne à Kyoto et réside une nouvelle fois au temple Daitoku-Ji pour suivre les enseignementsrinzai zen du maître Nakamura Sojun Roshi. Publication de The Back Country 1968 : Son fils Kaï naît à Kyoto au mois d'avril. En automne, il revient avec sa femme et son fils aux États-Unis et reçoit le prix Levinson Prize for Poetry, ainsi qu'une bourse du Guggenheim Fellowship. Au mois de décembre, son père décède. 1969-2007 : pratiques biorégionales à San Juan Ridge (Californie) 1969 : Son deuxième fils Gen nait aux États-Unis. Il achète des terres avec Allen Ginsberg au nord de la Sierra Nevada, dans la vallée de la rivière Yuba. En été, il randonne avec Nanao Sakaki dans la High Sierra. Il rencontre plusieurs activistes et écologistes américains et distribue son poème Smokey the Bear Sutra à la Sierra Club Wilderness Conference à San Francisco. Ses projets futurs sont « la ré-habitation de l'île de la Tortue » et « l'écologie révolutionnaire ». Publication de Regarding Wave et Earth House Hold 1970 : Il est décidé d'établir sa nouvelle base sur ses terres de San Juan Ridge, près de Nevada City (Californie), pour commencer une vie « de chasse et de récolte » au sens propre et figuré. Il y construit, avec l'aide de ses amis, sa maison qu'il baptisera Kitkitdizze, nom Wintun d'une plante locale. Son plan s'inspire d'une typologie amérindienne et elle fera l'objet d'un article dans une célèbre revue de construction américaine 1972 : En été, il participe à la conférence des Nations Unies sur l'environnement en Suède et se lie d'amitié avec Arne Naess, fondateur du mouvement de l'écologie profonde qui fonde ses pensées sur la philosophie développée par Baruch Spinoza. En automne, il voyage dans l'île japonaise de Hokkaidō, étudie les animaux sauvages et fait l'ascension de plusieurs sommets dans la chaîne de montagnes du Daisetsu 1973 : Invité par Allen Ginsberg, directeur du Naropa Institute, il y donne des cours avec Anne Waldman,Diane Di Prima et Michael McClure. Publication de The Fudo Trilogy 1974 : Il est nommé membre du California Arts Council par le sénateur Jerry Brown. Il y sera très actif pendant 6 ans. Publication de Turtle Island 1975 : Il reçoit le prix Pulitzer de poésie pour Turtle Island. Première rencontre MLA sur la poésie de Gary Snyder à San Francisco. Avec l'aide de Robert Baker Aitken, fondateur de la Diamond Sangha, il crée une communauté locale de bouddhisme Mahayana Ring of Bone (d'après le titre d'un poème de Lew Welch), qui se réunira régulièrement dans sa grange. Il fait son premier don aux archives de l'université de UC Davis 1981 : En été, il fait un voyage familial au Japon et, en automne, part découvrir l'Australie avec Nanao Sakaki et y faire des lectures de poèmes 1982 : Au printemps, il organise, avec Robert Aitken et Georges Soule, une conférence sur l'écologie profonde au Zen Center de Los Angeles et y invite Arne Naess, Bill Devall et Georges Sessions. En été, il construit le zendo de la communauté (sangha) Ring of Bone. En automne, il donne des lectures en Suède, Écosse et Angleterre 1984 : Il est invité en Chine par la Writer's Union avec Allen Ginsberg, Toni Morrison et Maxine H. Kingston 1986 : Il est engagé par l'université UC Davis comme professeur en poésie ethnique, écriture créative et littérature. Publication de Left Out In the Rain : New Poems 1947-1985 1987 : Il est introduit à l'American Academy of Art & Letters et fait un voyage dans la Brooks Range en Alaska. Il y rencontre les indiens Inupiak 1989 : Il reçoit le prix Fred S. Cody Memorial Award et divorce de Masa Uheara
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1990 : À la suite de la San Juan Ridge Tay Payers Association et du Ridge Study Groupe, il fonde l'organisation de développement biorégional [http ://www.yubawatershedinstitute.org/ Yuba Watershed Institute] et donne des lectures publiques à Taïwan. Publication de The Practice of the Wild 1991 : Il se marie avec Carole Koda, une écrivaine, mère de deux enfants Mika et Robin. En automne, ils partent en voyage au Japon et y rejoignent Nanao Sakaki. 1992 : Il voyage au Ladakh et donne des lectures publiques en Espagne. Il crée la conférence d'écriture créative The Art of the Wild. Publication de No Nature : New and Selected Poems 1993 : Il est introduit à l'American Academy of Arts & Sciences et crée le programme d'éducation nationale Nature and Culture 1995 : Il donne des lectures en Irlande. En automne, lui, Carole Koda et sa fille Mika, partent au Népal et randonne jusqu'au camp de base de l'Everest : Sagarmantha. Publication de A Place in Space : Ethics, Aesthetics and Watersheds : New and Selected Prose 1996 : Il étudie les peintures rupestres dans les grottes de Lascaux en France. Publication de Mountains and Rivers Without an End 1997 : Reçoit les prix Bollingen Prize for Poetry et John Hay Award for Nature Writing 1998 : Est invité au Japon pour recevoir le prix Bukkyo Dendo Kyokai (société pour la propagation du bouddhisme) et donne des lectures en Grèce et en Tchécoslovaquie. Il reçoit aussi le prix Lannan Award et une bourse du Lila Wallace's Reader's Digest (société d'encouragement pour la littérature et l'éducation dans les régions rurales de la Sierra Nevada). 1999 : [http ://www.lannan.org/lf/rc/event/gary-snyder/ Lecture, conversation et interview] (audio en anglais) avec Wendell Berry et Jack Shoemaker. Publication de The Gary Snyder Reader : Prose, Poetry and Translations 2000 : Il est nommé Faculty Research Lecturer par l'université de Californie à Davis 2001 : Il reçoit le prix Gold Medal for Excellence in the Human and Social Sciences de la part de la California State Library 2002 : Il quitte son poste de professeur à l'université de Californie à Davis et donne des lectures en France et au Japon. Publication de The High Sierra of California et Lookout : A Selection of Writing 2003 : Au mois de novembre, il est invité à Matsuyama City au Japon pour recevoir le Masaoka Shiki International Haiku Grand Prize de la Ehime Cultural Foundation. Œuvres Poésie (en français) - L'arrière-pays suivi de Amérique : île-tortue, édition bilingue, P.J. Oswald, 1977, traduction et préface de Brice Matthieussent - Premier chant du chaman et autres poèmes, Éditions de la Différence, coll. Orphée, 1992 - La Pratique Sauvage, Éditions du Rocher, 1999 - Sept poèmes traduits par Jacques Roubaud dans Traduire, journal, Éd. Nous, 2000 - Montagnes et rivières sans fin, Éditions du Rocher, 2002
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Poésie (en anglais) - Riprap, Kyoto : Origin Press, 1959 - Myths & Texts, New York : Totem Press / Corinth Books, 1960; Londres, Centaur, 1960 - Riprap and Cold Mountain Poems, San Francisco : Four Seasons Foundation, 1965; Shoemaker & Hoard, 2003 - Six Sections from Mountains and Rivers Without End, San Francisco : Four Seasons Foundation, 1965; Londres, Fulcrum Press, 1967 - A Range of Poems, Londres, Fulcrum Press, 1966 - The Back Country, Londres, Fulcrum Press, 1967; New York, New Directions, 1968 - Regarding Wave, Iowa City : Windhover Press, 1969; New York : New Directions, 1970; Londres, Fulcrum Press 1972 - Manzanita, Bolinas : Four Seasons Foundation, 1972 - The Fudo Trilogy, Berkeley : Shaman Drum, 1973 - Turtle Island, New York : New Directions, 1974 - Songs for Gaïa, Copper Canyon Press, 1979 - Axe Handles, San Francisco : North Point Press, 1983; Shoemaker & Hoard, 2005 - Left Out In the Rain : New Poems 1947-1985, San Francisco : North Point Press, 1986; Shoemaker & Hoard, 2006 - No Nature : New and Selected Poems, New York : Pantheon, 1992 - North Pacific Land & Waters : A Further Six Sections, Waldron Island : Brooding Heron Press, 1993 - Mountains and Rivers Without an End, Counterpoint Press, 1997 - Lookout : A Selection of Writing, New Directions, 2002 - Danger on Peaks, Shoemaker & Hoard, 2005 Essais (en français) - Le retour des tribus : Notes techniques et interrogations pour les autres révolutionnaires Dharma (Earth House Hold : Technical Notes & Queries for Fellow Dharma Revolutionaries), Éditions Christian Bourgois, 1972. Traduction de Jacques François. Essais (en anglais) - Buddhist Anarchism, Journal for the Protection of All Beings, n°1, 1961. - Earth House Hold : Technical Notes & Queries for Fellow Dharma Revolutionaries, New York : New Directions, 1969; Londres, Cape, 1970 - The Old Ways : Six Essays, San Francisco : City Lights, 1977 - He Who Hunted Birds in His Father's Village : The Dimensions of a Haida Myth, Bolinas : Grey Fox, 1979; Shoemaker & Hoard, 2007 - The Real Work : Interviews & Talks 1964-1979 edited by William Scott McLean, New York : New Directions, 1980 - Coming into the Watershed, Pantheon, 1994 - The Rediscovery of Turtle Island, dans Deep Eology for the 20th Century, Georges Sessions, Shambhala, 1995 - The Practice of the Wild, San Fran : North Point Press, 1990; Shoemaker & Hoard, 2003 - A Place in Space : Ethics, Aesthetics and Watersheds : New and Selected Prose, Counterpoint Press, 1996 - Back on the Fire : Essays, Shoemaker & Hoard, 2007 Récits de voyage (en anglais) - Passage Through India, Grey Fox Press, 1983; Shoemaker & Hoard, expanded & illustrated edition, 2007 - The High Sierra of California', Heyday Books, 2002/2005
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Anthologie (en anglais) - The Gary Snyder Reader : Prose, Poetry, and Translations, Counterpoint Press, 2000 Films documentaires - 1 (film documentaire, Richard O. Moore, NET-TV, 60ies) - 1 (film documentaire, BBC-TV) - 2 (films documentaires, PBS-TV) - Suwanose : The Fourth World (film documentaire, Japon, 1976) Ressources et critiques sur Gary Snyder - Singing The Dyads : The Chinese Landscape Scroll and Gary Snyder's Mountains and Rivers Without End (Anthony Hunt, 1999) Publications - The Tribal Dharma : An Essay on the Work of Gary Snyder (Kenneth White, 1975) - Chronologie des écrivains Beats (Jacqueline Starer, 1977) - Gary Snyder (Katherine McNeill, Phoenix, 1983) - Gary Snyder's Vision : Poetry and the Real Work (Charles Molesworth, University of Missouri Press, 1983) - Gary Snyder and the American Unconscious (Tim Dean, St Martin's Press, 1991) - Gary Snyder : Dimensions of a Life (John Halper, Sierra Club Books, 1991) - Journeys Towards the Original Mind : Long Poems of Gary Snyder (Robert Schuler, Peter Lang, 1994) - A Place for Wayfaring : the Poetry and Prose of Gary Snyder (Patrick D. Murphy, Oregon State University Press, 2000) - Poets on the Peaks : Gary Snyder, Philip Whalen and Jack Kerouac (John Suiter, Counterpoint Press, 2002) - Beat Generation (G. G. Lemaire, éd Al Dante, 2004) - Gary Snyder and the Pacific Rim (Timothy Gray, Iowa University Press, 2006) - The Etiquette of Freedom, avec Jim Harrison (2010) documentaire et livre (Counterpoint, 2010) - (en) Gary Snyder: Buddhist Anarchism (1961), in Robert Graham, Anarchism : A Documentary History of Libertarian Ideas, The Emergence of the New Anarchism (1939 to 1977), volume II, Black Rose Books, 2009, pp. 240-423. Notes et références [1] Edouard Waintrop, Sur la route de Kerouac - Conversation avec Gary Snyder,70 ans, un des «Clochards célestes» du pape de la Beat Generation, biorégionaliste et anarchiste zen, Libération, 11 avril 2002.
Lew Welch Lewis Barret Welch Jr., dit Lew Welch est un poète américain à Phoenix, Arizona le 16 août 1926 et serait mort en 1971 à Nevada City, Californie.
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Biographie Installé avec ses parents en Californie, Lew Welch entre au Reed College en 1948 et y rencontre Gary Snyder et Philip Whalen. Il en sort diplômé en 1950 grâce à une thèse sur Gertrude Stein. En 1971, alors qu'il résidait chez Gary Snyder, il se serait suicidé. Son corps n'a jamais été retrouvé. Lew Welch est le personnage de David Wain dansBig Sur de Jack Kerouac. 102
Bibliographie - How I Work as a Poet (1973) - Selected Poems, préface de Gary Snyder (1976) - On Bread and Poetry: A Panel Discussion Between Gary Snyder, Lew Welch and Philip Whalen (1977) - I, Leo: An Unfinished Novel (1977) - Ring of Bone: Collected Poems (1979) - I Remain - The Letters of Lew Welch & the Correspondence of His Friends (Volume 1: 1949-1960) (1980) - I Remain - The Letters of Lew Welch & the Correspondence of His Friends (Volume 2: 1960-1971) (1980) - How I Read Gertrude Stein (1995)
Richard Brautigan (30 janvier 1935 - 14 septembre 1984) Issu d'un milieu social défavorisé de la côté Ouest, Brautigan trouve sa raison d'être dans l'écriture et rejoint le mouvement littéraire de San Francisco en 1956. Il y fréquente les artistes de la Beat Generation et participe à de nombreux évènements de la Contre-culture. En 1967, durant le Summer of Love, il est révélé au monde par son best-seller La pêche à la truite en Amérique et est surnommé le « dernier des Beats ». Ses écrits suivants auront moins de succès et dès les années 1970, il tombe progressivement dans l'anonymat et l'alcoolisme. Il met fin à ses jours en septembre 1984. Son dernier roman Cahier d'un retour de Troie sera publié 10 ans plus tard en France. Enfance Lulu Mary "Mary Lou" Kehoe et Bernard F. Brautigan, les parents de Richard Brautigan, se marient le 18 juillet 1927 à Tacoma dans l'État de Washington, au nord de la côte Ouest américaine1. Après sept ans de vie commune, ils se séparent en avril 1934. Dans ses mémoires, You Can't Catch Death, Ianthe, la fille unique de Brautigan, rapporte ce témoignage de Mary Lou : « Je l'ai quitté [Bernard] avec tout ce que je possédais dans un sac en papier. Je ne savais pas que j'étais enceinteN 1. » Richard Gary Brautigan naît le 30 janvier 1935 à Tacoma. Bernard Brautigan apparaît sur son acte de naissance comme étant le père. Il est cependant difficile de savoir si Bernard fut informé de ce fait. Mary Lou affirme ne lui avoir jamais dit et Bernard, interviewé à la suite du suicide de Brautigan, s'indigne de n'avoir jamais su la chose.« Je ne sais rien de lui excepté qu'il a le même nom de famille que moi. Pourquoi ont-ils attendu cinquante ans pour me dire que j'avais un fils2,N 2 ? » D'ailleurs, il est enrôlé dans l'armée américaine le 4 mai 1942 et indique sur son statut marital "divorcé, sans enfants"1. Paradoxalement, à sa fille Ianthe et à un de ses meilleurs amis Keith Abbott (et futur biographe), Brautigan raconte avoir rencontré deux fois son père durant son enfance3,4. L'enfance de Brautigan est marquée par la pauvreté, les déménagements, les abandons et les mauvais traitements dus à ses multiples beaux-pères. Il grandit jusqu'à l'âge de 8 ans à Tacoma. Mary Lou et le jeune Brautigan emménagent avec Arthur M. Titland, un camionneur. Le 1er mai 1939, Barbara Jo Titland voit le jour. C'est le deuxième enfant de Mary Lou et 103
Arthur Titland en est le père officiel. En 1943, Arthur Titland part faire son service militaire dans la marine de guerre des États-Unis, en pleine Seconde Guerre mondiale1. De son côté, Mary Lou épouse Robert Geoffrey "Tex" Porterfield le 20 janvier 1943. Cette nouvelle relation fait déménager toute la famille à Eugene dans l'Oregon entre 1943 et 1944. Porterfield y travaille en tant que cuisiner. Richard passe sa scolarité en portant le nom de famille de son beau-père "Porterfield" et ne retrouve son véritable nom de famille qu'en 1953, juste avant son diplôme de fin d'études secondaires. Le 1er avril 1945, Mary Lou met au monde Sandra Jean Porterfield. C'est la deuxième demi-sœur de Brautigan alors âgé de 10 ans. La vie du couple est houleuse, faite de violence domestique et de précarité. Après plusieurs séparations, ils divorcent en juillet 19501. La famille de Brautigan vit de l'aide sociale. À l'école, il est vu comme un marginal du fait de sa pauvreté. Leurs difficultés financières amènent également Brautigan à pêcher et chasser pour leur subsistance. Il exerçait divers petits boulots également (recyclage de bouteilles consignées, vente de vers de terre, tonte de pelouse)5. Bien plus tard, son roman Mémoires sauvés du vent (1982) évoque cette période. La mère de Brautigan se marie avec William Folston en juin 1950, un mois avant son divorce officiel de Robert Porterfield6. Adolescence et début dans l'écriture Brautigan passe sa scolarité à Woodrow Wilson Junior High School puis à Eugene High School entre 1950 et 1953. C'est durant l'année 1952 que Richard retrouve son nom d'origine. À partir de cette date, il n'utilisera plus le nom "Porterfield" mais celui de "Brautigan". Cette même année, il publie son premier poème "The Light" dans le journal de son High School. Il ne participe à aucune activité extrascolaire, ni aucun club d'étudiant. Il est décrit comme un type très grand, discret et solitaire7. Une enseignante en langue anglaise, Juliet Gibson8, aurait familiarisé Brautigan à la poésie d'Emily Dickinson et de William Carlos Williams. Ces deux écrivains auront une influence notable dans le style de Brautigan. Ses premiers poèmes sont notamment encouragés par Peter Webster, son meilleur ami. « Déjà à l'époque, c'était un grand poète et j'aimais le son de sa voix5,N 3. » La famille Webster représentait un refuge pour Brautigan qui fuyait la violence et l'incompréhension de son foyer. Barbara Titland, demi-sœur de Brautigan, explique : « Mes parents le harcelaient. Ils n'ont jamais écouté ce qu'il écrivait et n'ont pas compris l'importance qu'avait l'écriture pour luiN 4,9. » C'est d'ailleurs à Edna Webster, la mère de Peter, que Brautigan confie ses écrits de jeunesse avant de quitter Eugene pour San Francisco. Le 9 juin 1953, Brautigan obtient son diplôme de fin d'études secondaires et est déterminé à devenir écrivain. Dès lors, son objectif est de rejoindre la Beat Generation à San Francisco, le centre de la révolution littéraire de l'époque. En attendant, il travaille épisodiquement pour l'Eugene Fruit Growers Association, une usine conditionnant des 104
haricots verts et trouve quelques autres petits boulots10. Durant ces années, il écrit constamment et plusieurs de ses poèmes sont publiés. En novembre 1955, Brautigan confie à Edna Webster plusieurs manuscrits et des effets personnels. Ces écrits, ainsi que d'autres qui viendront les rejoindre, constitueront le recueil Edna Webster Collection of Undiscovered Writings. Séjour à l'asile de Salem Le 14 décembre 1955, Brautigan pénètre dans le poste de police d'Eugène, déclare qu'il va commettre un délit puis brise une vitre avec une pierre et demande à être enfermé. Il est arrêté et jugé pour désordre public11. Il est condamné à 10 jours de prison et à 25 dollars d'amende. Les motivations de ce geste sont plurielles. Certains évoquent le fait que les conditions de vie de Brautigan étaient tellement misérables qu'il aurait commis ce geste pour des raisons alimentaires3. On rapporte aussi que ses parents le croyaient fou et envisageaient de le faire interner5. Brautigan aurait également mal supporté la culpabilité liée à ses sentiments pour Linda Webster, âgée de 14 ans à l'époque5. Le 24 décembre 1955, après sept jours de prison, Brautigan est transféré à l'Oregon State Hospital pour une période d'« observation et de traitement ». Il est diagnostiqué schizophrène paranoïaque et subit douze séries d'électro-chocs. Durant son hospitalisation, il prend conscience de la gravité de ses actes et met tout en œuvre pour devenir le patient modèle et sortir au plus vite de l'hôpital. Il écrit à Edna et Linda Webster pour les rassurer sur sa santé mentale. Il correspond avec D. Vincent Smith en vue de faire publier son roman "The God of the Martians" (encore inédit à ce jour). Brautigan s'écrit également à lui-même pour vérifier qu'il ne perd pas la mémoire à cause du traitement6. Le 19 février 1956, Brautigan est relâché de l'hôpital. Son séjour aura duré trois mois. Il quitte définitivement l'Oregon, laissant sans nouvelles sa famille. Sa mère avoua ne pas s'être soucié de son devenir dès lors. « Quand vous savez que votre enfant est célèbre, vous ne vous en faites pas pour lui, non12, N5 ? » Seules Barbara et Sandra, ses demi-sœurs, tentèrent de garder le contact, sans succès jusqu'au 18 juillet 1970, où Brautigan leur signifia une fin de non-recevoir, N6. San Francisco 1956-1967 En automne 1956, Brautigan déménage à San Francisco. Il tente d'intégrer le milieu littéraire et y rencontre le mouvement Beat. Il gagne sa vie grâce à divers jobs, tel que la livraison de télégrammes pour Western-Union. Sans domicile fixe, il dort dans des terminaux de bus, des voitures ou des hôtels bon marché. Brautigan fréquente "The Place" sur Grant Avenue et en particulier ses "Blabbermouth Night", un concours hebdomadaire autour d'une lecture publique organisé par John Alley Ryan et John Gibbons Langan. On le croise aussi au Vesuvio, un bar très populaire de North Beach, et au Co-Existence Bagel Shop6. Pierre Delattre, jeune ministre protestant, dirige la mission « Bread and Wine » qui offre le couvert aux nécessiteux et diverses actions sociales. Cette mission devient le point de ralliement de la contre-culture et du Dharma Committee qui rassemble Joanne Kyger, Philip Whalen et Robert Duncan. Brautigan les 105
rejoint pour des lectures de poésie et des repas gratuits au même titre que Bob Kaufman ou Gary Snyder13. Le 8 juin 1957, il épouse Virginia Dionne Adler. Ils vivent à North Beach et Virginia subvient aux besoins du foyer grâce à son travail de secrétariat. Brautigan, libéré des contingences matérielles, se consacre entièrement à l'écriture. En automne 1957, l'anthologie "Four New Poets" est publié, faisant apparaître quatre poèmes de Brautigan chez Inferno Press. Au même titre que Martin Hoberman, Carl Larsen, and James M. Singer. C'est la première fois que Brautigan apparaît dans un livre. En mai 1958, (en)The Return of the Rivers est publié par Inferno Press. Ce poème est imprimé sur une double page, dans une couverture noire et est considéré comme le premier livre de Brautigan. Les 100 exemplaires produits sont tous signés de la main de Brautigan. Cette même année voit la publication chez White Rabbit Press de The Galilee Hitch-Hiker dont le leitmotiv est une représentation fictive de Charles Baudelaire. Suivi de Lay the Marble Tea en 1959 et de The Octopus Frontier, un recueil de 22 poèmes en 19606. Le 25 mars 1960, sa fille unique Ianthe Elizabeth Brautigan naît. L'été 1961, Brautigan fait du camping en famille dans l'Idaho et débute l'écriture de son futur best-seller, La Pêche à la truite en Amérique14. À Noël 1962, Brautigan et sa femme se séparent et il faudra attendre février 1970 pour le divorce officiel. Virginia part vivre à Hawaii fin 1975. Le premier roman publié de Brautigan, Un général sudiste de Big Sur (1964), est un échec commercial. Grove Press est échaudé et refuse de publier les trois romans suivants (La Pêche à la truite en Amérique, Sucre de pastèque et L'Avortement). Le contrat qui liait Brautigan et Grove Press est rompu en 1966. Brautigan se trouve à nouveau sans revenus autre que les ventes de ses recueils de poèmes mais il persévère dans son désir de devenir un écrivain lu et reconnu. Il participe à de nombreuses lectures publiques et à des rencontres artistiques qui rythmaient la vie de San Francisco. Brautigan apparaît notamment sur la célèbre photographie de Larry Keenan The Last Gathering of Beat Poets & Artists, City Lights BooksN 7 qui tente de regrouper devant la librairie les artistes Beat de 1965 à San Francisco. Sur cette photographie, on peut voir Brautigan au deuxième rang, portant un chapeau blanc. Tandis que le mouvement Hippie prend son ampleur à San Francisco, Brautigan se rapproche en 1966 des Diggers, un groupe d'anarchistes militants du quartier de HaightAshbury dont il partage l'idéalisme hippie et les causes. Il admire particulièrement leurs actions envers les nécessiteux et leurs soupes populaires. Il déménage à Geary Street et devient le voisin d'Erik Weber, un ami et photographe qui réalisera la plupart des portraits promotionnels de Brautigan. En 1966-1967, Brautigan est nommé poète à résidence au California Institute of Technology. Il participe également à plusieurs événements organisés par les Diggers, travaille à la Communication Company, leur imprimerie artisanale de propagande, et distribue des tracts dans les rues, notamment à Haight Street. Il apparaît toujours lors de diverses lectures publiques de ses écrits. The Communication Company édite un poème de Brautigan intitulé (en) All Watched Over by Machines of Loving Grace.
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Le succès de « La Pêche à la truite en Amérique ». La Pêche à la truite en Amérique est publié en 1967 chez Four Seasons Foundation, dirigé par Donald Allen. La presse critique et le public acclament ce livre15. Brautigan multiplie les lectures publiques et les colloques à travers le pays. L'année suivante, Four Seasons sort Sucre de pastèque et (en)The Pill versus The Springhill Mine Disaster, un recueil de la plupart de ses précédents poèmes édités. Please Plant This Book est publié également par Graham Mackintosh. Il s'agit d'un ensemble de huit poèmes imprimés sur les sachets de graines, distribué gratuitement dans la rue. Prévenu du succès de Brautigan sur la côte Ouest par l'intermédiaire de Kurt Vonnegut, le New Yorkais George T. Delacorte rachète les droits de La Pêche à la truite en Amérique, The Pill versus The Springhill Mine Disaster,In Watermelon Sugar à Four Seasons Foundation et compile les trois livres en un volume qui est vendu à 300 000 exemplaires l'année de sa publication14. Plusieurs nouvelles de Brautigan paraissent dans les magazines Rolling Stone, Vogue et Playboy. Delacorte publie le nouveau recueil de poèmes de Brautigan titré Rommel Drives On Deep Into Egypt en 197016. LIFE magazine fait paraître en août 1970 un article dédié à Brautigan : Gentle Poet of the Young: A Cult Grows around Richard Brautigan de John Stickney. Initialement prévu sous le label Zapple Records, un enregistrement de plusieurs poèmes et courts écrits Listening to Richard Brautigan lu par Brautigan chez Harvest Records, une annexe britannique de Capital Records. Les prises sonores eurent lieu aux studios Golden State Recorders ainsi que dans l'appartement de Brautigan, sur Geary Street16. Les éditions Simon and Schuster publient The Revenge of the Lawn: Stories 19621970 et L'Avortement au début des années 1970. Brautigan est au sommet du succès et les années qui s'annoncent verront le déclin irrémédiable de cette popularité. Bolinas En décembre 1971, Brautigan achète une maison de style Arts & Crafts à bardeaux du début du XXe siècle faisant face à l'océan, dans la ville de Bolinas, une localité juste au nord de San Francisco. Cette demeure a été décrite comme hantée par le fantôme d'une servante chinoise qui se serait suicidée et aurait été enterrée sur la propriété. C'est dans le salon de cette maison que Brautigan mettra fin à ses jours, treize ans plus tard. À Bolinas, on retrouve une communauté d'artistes, d'écrivains et d'éditeurs tels que Donald Allen, Bill Berkson, Ted Berrigan, Jim Carroll, Robert Creeley, Lawrence Ferlinghetti, Bobbie Louise Hawkins, Joanne Kyger, Thomas McGuane, David Meltzer, Daniel Moore, Alice Notley, Nancy Peters, Aram Saroyan et Philip Whalen. L’État de Washington décerne un prix de littérature à Brautigan pour son recueil de nouvelles : La Vengeance de la pelouse en avril 1972. 107
Brautigan écrit Le Monstre des Hawkline en 1972 à Pine Creek, dans le Montana, à l’occasion de son premier voyage dans cet État. Il y fait la rencontre d'une communauté d'artistes surnommée le « Montana gang », comprenant des écrivains et des acteurs, tous plus ou moins voisins. Les éditions du Seuil publient la première traduction française de Brautigan : L'Avortement, en 1973. Les grands espaces du Montana 1974 est l'année de la publication de Le Monstre des Hawkline ((en) The Hawkline Monster: A Gothic Western) et de la première traduction en français de La Pêche à la truite en Amérique et de Sucre de pastèque aux éditions Bourgois. Brautigan achète aussi un ranch à Pine Creek, dans le Montana pour avoir un pied à terre dans la région. Cette propriété de 42 acres est constituée d’une maison et d’une grange dans laquelle est aménagée une salle d’écriture avec vue sur les montagnes d’Absaroka. Il y retrouve le « Montana gang » et compte parmi ses voisins William J. Hjortsberg (futur biographe), Jim Harrison, Peter Fonda et sa femme Becky, Jeff Bridges, Warren Oates, le cinéaste Sam Peckinpah16. Willard et ses trophées de bowling ((en) Willard and His Bowling Trophies: A Perverse Mystery) est publié en 1975. À San Francisco, les travaux bruyants sur le tunnel de Geary font quitter Geary Street à Brautigan qui déménage à Union Street. Sa passion pour le Japon De janvier à juillet 1976, Brautigan visite le Japon pour la première fois. Il est installé au Keio Plaza Hotel de Tokyo. Durant ces sept mois, il écrit le matériel que l'on retrouve dans Journal japonais et dans Tokyo-Montana Express. Il rencontre également Akiko Nishizawa Yoshimura qu'il épousera l'année suivante. Au Japon, il trouve la célébrité qui s'étiole en Amérique et Brautigan est un grand admirateur de certains écrivains japonais. Dès lors, Brautigan voyage régulièrement au Japon plusieurs mois par an.
Cette même année 1976, deux livres de Brautigan sont publiés : (en) Loading Mercury With a Pitchfork, un recueil de poèmes, ainsi que Retombées de sombrero ((en) Sombrero Fallout: A Japanese Novel). 1977 voit la publication d'un nouveau roman parodique : Un privé à Babylone ((en) Dreaming of Babylon), reprenant les canons des romans noirs autour d'un narrateur Antihéros. Le 1er décembre 1977, Brautigan épouse Akiko Nishizawa Yoshimura à Richmond en Californie. Un nouveau recueil de poèmes profondément teinté par le Japon est publié en 1978 : Journal japonais ((en) June 30th, June 30th). C'est en décembre 1979 que Brautigan et Akiko se séparent pour finalement divorcer en 1980 17. Les livres de Brautigan ne reçoivent plus un accueil chaleureux du public et son œuvre est progressivement ignorée. Dans ce contexte peu favorable, Brautigan publie Tokyo108
Montana Express et reprend ses efforts promotionnels en participant à des lectures publiques et des actions diverses pour faire connaître son nouvel ouvrage. Sa fille, Ianthe Brautigan, épouse Paul Swensen septembre 1981. Brautigan n'approuve pas ce mariage, estimant sa fille trop jeune pour un tel engagement18 (Ianthe avait alors 21 ans). Pour la publication de Mémoires sauvées du vent ((en) So The Wind Won't Blow It All Away), Brautigan poursuit ses actions marketing et ses voyages aux États-Unis, en Europe et au Japon, mais le roman passe inaperçu et est vendu à seulement 15 000 exemplaires. Il écrit son dernier roman, An Unfortunate Woman, qui ne connaîtra qu'une publication posthume. Son suicide à Bolinas Le 25 octobre 1984, après un long moment sans nouvelles de Brautigan, on part à sa recherche et découvre son corps dans sa maison de Bolinas, une blessure par balle à la tête. On trouve également un revolver Smith & Wesson de calibre 44 avec une unique douille dans le barillet. L'état de décomposition laisse à penser qu'il était mort depuis plusieurs semaines. La nouvelle du suicide de Brautigan fait le tour du monde et suscite de vives réactions de la part de ses amis et de ses lecteurs. C'est le 14 septembre 1984 que Brautigan laisse ses derniers signes de vie. Il aurait été vu par plusieurs personnes au restaurant japonais Cho-Cho de San Francisco17. Très alcoolisé, il rentre chez lui à Bolinas en fin de soirée. Marcia Clay dit l'avoir eu au téléphone peu après 23h. Brautigan prétexte de devoir raccrocher pour retrouver un écrit qu'il voulait lire à Marcia et cesse de répondre au téléphone malgré les multiples rappels de Marcia. Dès ce moment, seul le répondeur réceptionne les appels et plus personne n'a de nouvelles de Brautigan. La question de la préméditation est posée. De notoriété publique, Brautigan pouvait se montrer profondément déprimé et parlait à mots plus ou moins voilés de suicide depuis bien longtemps3. Brautigan se définissait essentiellement par son métier d'écrivain ; or la baisse des ventes de ses livres et l’abandon progressif du public l’entraînait sur le chemin de l’alcoolisme et de l’auto-destruction. Dans ses mémoires En marge, Jim Harrison rapporte une discussion durant laquelle Brautigan déclara qu’il ne s’ôterait pas la vie tant qu’il serait capable d’écrire et tant que sa fille Ianthe dépendrait de lui. Harrison se pose également la question de l’œuf et de la poule : Brautigan était-il un « écrivain poussé au suicide ou un suicidaire devenu écrivain19 ? » Le corps de Brautigan fut incinéré et ses cendres reposent dans une urne chez Ianthe Brautigan. Elle avait l'intention de l'enterrer dans un cimetière sur le littoral californien (probablement Bodega Calvary Cemetery17) mais ne sachant quelle épitaphe graver dans le marbre, elle ne put se résoudre à inhumer les cendres de son père dans le cimetière20.
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Romans Un général sudiste de Big Sur, 1975 ((en) A Confederate General From Big Sur, Grove Press, 1964) La Pêche à la truite en Amérique, 1974 ((en) Trout Fishing in America, Four Seasons Foundation, 1967) écrit en été 1961. premier livre de Brautigan publié en France Sucre de pastèque, 1974 ((en) In Watermelon Sugar, Four Seasons Foundation, 1968) écrit entre le 13 mai et le 19 juillet 1964 L'Avortement, 1973 ((en) The Abortion: An Historical Romance, Simon and Schuster, 1971) Le Monstre des Hawkline, 1976 ((en) The Hawkline Monster: A Gothic Western, Simon and Schuster, 1974) Willard et ses trophées de bowling, 1978 ((en) Willard and His Bowling Trophies: A Perverse Mystery, Simon and Schuster, 1975) Retombées de sombrero, 1980 ((en) Sombrero Fallout: A Japanese Novel, Simon and Schuster, 1976) Un privé à Babylone, 1981 ((en) Dreaming of Babylon: A Private Eye Novel 1942, Delacorte Press/Seymour Lawrence, 1977) Tokyo-Montana Express, 1981 ((en) The Tokyo-Montana Express, Targ Editions puis Delacorte Press/Seymour Lawrence, 1980) Ce livre est parfois considéré comme un recueil de nouvelles Mémoires sauvés du vent, 1983 ((en) So the wind Won't blow it away, Delacorte Press/Seymour Lawrence,1982) Cahier d'un retour de Troie, 1994 ((en) An Unfortunate Woman: A Journey, St. Martins Press, 2000) Écrit en été 1982. Première publication en langue française Recueil de nouvelles La vengeance de la pelouse, 1983 (Revenge of the lawn, Simon and Schuster, 1970) Poésie The return of the rivers, Inferno Press, 1957 The Galilee Hitch-Hiker, White Rabbit Press, 1958 poème en 8 parties Lay the Marble Tea, Carp Press, 1959 recueil de 24 poèmes The Octopus Frontier, Carp Press, 1960 recueil de 22 poèmes All Watched Over by Machines of Loving Grace, The Communication Company, 1967 recueil de 32 poèmes, tous republiés dans The pill... Please Plant This Book, Graham Mackintosh, 1968 Recueil de 8 poèmes imprimés sur 8 sachets de graines. Distribué gratuitement dans les rues de San Francisco par les Diggers The Pill versus the Springhill Mine Disaster, Four Seasons Foundation, 1968 110
recueil de 98 poèmes issus de livres The Return of the Rivers, The Galilee HitchHiker, Lay the Marble Tea, The Octopus Frontier et All Watched Over by Machines of Loving Grace Rommel Drives on Deep into Egypt, Delacorte Press/Seymour Lawrence, 1970 recueil de 85 poèmes Loading Mercury with a Pitchfork, Simon and Schuster, 1971 Une Tortue à Son Balcon, 1989 premier recueil de traduction française. Sélection de poèmes issus de The Pill..., Rommel Drives... etLoading Mercury... Tu Es Si Belle Qu'il Se Met à Pleuvoir, 1990 deuxième recueil de traduction française. Sélection de poèmes issus de The Pill..., Rommel Drives... et Loading Mercury... Il Pleut en Amour, 1991 compilation des deux volumes Une Tortue à Son Balcon et Tu Es Si Belle... Journal Japonais, 1992, June 30th, Delacorte Press/Seymour Lawrence, 1978) Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus, 2003 The Edna Webster Collection of Undiscovered Writings, Mariner/Houghton Mifflin, 1999) Publication posthume de poèmes inédits Analyse de l'œuvre Brautigan emprunte à tous les genres de la littérature américaine (le western, le polar, le récit de souvenirs) pour mieux les faire imploser, les divertir de leur cours. Son écriture, celle d'un grand styliste et ré-inventeur de la langue américaine, procède par images et digressions perpétuelles, pareille au détective de Un privé à Babylone (traduit en France par l'universitaire Marc Chénetier, qui contribua à le faire découvrir chez l'éditeur Christian Bourgois) toujours distrait de son enquête par son rêve de Babylone. Influences reçues Parmi les influences notables de Brautigan comptent les poètes Emily Dickinson et William Carlos Williams. Découverts durant ses études secondaires8, « Dickinson le marque par sa personnalité de poète en tant qu'excentrique étranger écrivant des télégrammes depuis une réalité parallèle et Williams par son insistance à rejeter les formes poétiques dépassées pour écrire dans un langage vulgaire sur des sujets qui ont un impact immédiat sur le lecteur »6,N 8. Accueil et critique Un emblème de la contre-culture hippie Après la publication de plusieurs poèmes et d'un premier roman qui resteront dans un relatif anonymat, La Pêche à la truite en Amérique paraît en 1967, coïncidant avec l'apogée du Summer of Love à San Francisco. La presse présente Brautigan comme la nouvelle voix rafraîchissante de la littérature américaine, ainsi que son deuxième roman comme un des premiers succès populaires du roman postmoderne 21 et un incontournable de la culture hippie22. Un an après La Pêche à la truite en Amérique est publié Sucre de pastèque (1968). Ce troisième roman est considéré par Michael McClure comme le « plus parfait » de 111
Brautigan23. Newton Smith y voit aussi son « plus sérieux » et une parabole de la vie au XXe siècle 9. Dans une chronique de ce nouveau livre, Lew Welch, poète de la Beat Generation, présente Brautigan comme un « vrai écrivain, un inventeur de forme littéraire, un homme de la rue et un être humain de premier ordre »N 10 et envisage qu'à l'avenir, on écrira des « Brautigans » au même titre qu'on écrit des romans24. L'engouement du public de la Côte Ouest pour les livres de Brautigan arrive aux oreilles de Seymour Lawrence, éditeur new-yorkais aux éditions Delacorte, par l'intermédiaire de Kurt Vonnegut. Lawrence rachète les droits deThe Pill versus the Springhill Mine Desaster, La Pêche à la truite en Amérique et Sucre de pastèque pour publier une collection des trois livres. En un an, 300 000 exemplaires sont vendus25. Le succès national est suivi au début des années 1970 de traductions en 27 langues de La Pêche à la truite en Amérique26. Brautigan est catapulté vers une notoriété internationale et désigné par les critiques comme un éminent représentant de cette contre-culture émergente, au même titre que Ginsberg et Ferlinghetti27. Le « bébé jeté avec l'eau du bain » Dans les années 1970, il s'essaie à divers genres littéraires et publie plusieurs romans et recueils de poèmes. Mais son succès aura été fugace. « À la fin des années 1960, écrit son ami l'écrivain Thomas McGuane, il a été le bébé jeté avec l'eau du bain. C'était un type gentil, perturbé, bizarre28. » Et l'éditeur Lawrence Ferlinghetti de dire : « En tant qu'éditeur, j'attendais toujours que Richard grandisse, comme écrivain. Il me semble qu'il était essentiellement un naïf, et je ne crois pas qu'il cultivait cette puérilité, elle lui venait naturellement. Il était bien plus en phase avec les truites qu'avec les gens en Amérique29. » Délaissé par les critiques et les lecteurs, Brautigan voit sa popularité s'effondrer en Amérique.
Dès L'Avortement en 1971, les critiques ne retrouvent plus ni la qualité30 ni l'originalité31 de ses premiers romans et sont déçus par le manque d'évolution de Brautigan32. « Nous sommes tous d'accord sur le fait que Brautigan sait écrire et écrit d'ailleurs très bien; seulement, il serait temps qu'il écrive à la hauteur de son talent33 ». D'autres vont plus loin et iront jusqu'à s'étonner de l'engouement que la jeunesse a connu pour Brautigan34. On lui reproche une écriture fantasque, dépassée et ne lui reconnaissent ni profondeur, ni qualité littéraire35. En apparence peu travaillés, les textes de Brautigan sont faciles à lire, dans un vocabulaire simple et un phrasé sans complexité. Des critiques estiment son écriture digne d'un enfant36 et pensent que ses romans ont été « écrit en aussi peu de temps qu'il n'en faut pour les lire37 ». Un nouveau regard sur son œuvre Toutefois son œuvre reste appréciée en Europe et au Japon. « Longtemps, la critique littéraire n'a vu dans l'œuvre de Brautigan que le charme et la douceur, la fraîcheur et la drôlerie. C'était faire peu de cas de la profonde tristesse qui hante ces écrits et devait mener leur auteur à l'épuisement et à sa perte38. » 112
The Brautigan Library La bibliothèque Brautigan a été hébergée à Burlington, dans le Vermont jusqu’en 1995, sa principale particularité est d'accueillir uniquement des manuscrits refusés par les éditeurs. On y utilise des pots de mayonnaise en guise de presse-livres, en hommage à La Pêche à la truite en Amérique, qui se termine par le mot « mayonnaise ». De plus, le système de classification utilisé dans cette bibliothèque est le Mayonnaise system, inspiré par la classification de la bibliothèque imaginée par Brautigan dans son livre L'Avortement : les livres sont classés dans des catégories telles que l'amour, le futur, l'aventure et tout le reste. Ensuite la bibliothèque Brautigan fut déplacée à proximité, à la Fletcher Free Library jusqu’en 2005. Il était alors question que la San Francisco Public Library accueille la Brautigan Library mais ce projet n’a finalement jamais été concrétisé. En 2010 un accord a été conclu entre Lanthe Brautigan, la fille de Brautigan, et le musée historique de Vancouver, Washington, de Clark County pour déplacer la bibliothèque dans ce musée. Œuvres textuelles inspirées par Brautigan Bruno Boeglin, 2003, Brautigan ou la vallée du Paradis, une pièce de théâtre d'après l'œuvre de Richard Brautigan. Nicolas Dumontheuil s'inspire librement du Monstre des Hawkline de Brautigan, dans une bande dessinée en 3 tomes, Big Foot, publiée entre 2007 et 2008. Dumontheuil adopte un ton humoristique pour ce western qui reprend la thématique, la fantaisie et plusieurs personnages du roman originel39. Banlieue de Babylone, sous-titré Richard Brautigan's friends (Gros Textes, 2010), réunit des nouvelles et des poèmes en hommage à l'auteur américain. Éric Plamondon publie en 2012 Mayonnaise, le deuxième volume de sa trilogie 198440, qui met en regard la vie du narrateur (Gabriel Rivages) et celle de Brautigan. Le titre fait écho au mot final de La pêche à la truite en Amérique et la structure du livre est faite de courts chapitres rappelant l'écriture fragmentaire de Brautigan41. Thomas B. Reverdy publie en 2013 Les Évaporés dans lequel Richard B., détective privé californien, accompagne son amie Yukiko au Japon, à la recherche de son père disparu. L’œuvre contient des extraits de poèmes de Brautigan et de nombreuses analogies avec la vie et l’œuvre de l'auteur. Gaëtane Laurent-Darbon et Pierre Ménard coordonnent Lendemains de fête : projet collectif texte/image autour de la nouvelle Qu'est-ce que tu vas faire de 390 photos d'arbres de Noël ? de Brautigan, avec des textes de François Bon, Mathieu Brosseau, Mitch Cullin, Jean-Marc Flahaut, Arnaud Maïsetti, Pierre Ménard, Eric Pessan, Thomas B. Reverdy, Joachim Séné, Pascal Simon, Lucien Suel, et Thomas Vinau, édité par Publie.net, 2015.
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Œuvres musicales Mathias Malzieu, écrivain et leader du groupe de rock français Dionysos, est un grand admirateur de Brautigan42. Sur l'album Western sous la neige (2002), une des chansons est titrée Tokyo Montana en hommage au roman Tokyo-Montana Express de Brautigan. Sur le DVD musical de Cali Plein de vie (2004) se trouve le court-métrage à Brautigan mettant en scène Cali et Mathias Malzieu. Ils lisent quelques poèmes tirés du recueil bilingue Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus, et on entend également la voix de Daniel Presley (producteur ayant collaboré avec les deux artistes) récitant les textes en américain. Traducteurs de Brautigan en français Michel Doury - La Pêche à la truite en Amérique (traduction originale) - Sucre de pastèque (traduction originale) - Un général sudiste de Big Sur (traduction originale) Michel Doury et Lorraine de Valdène - Le Monstre des Hawkline Marie-Christine Agosto - La Vengeance de la pelouse Georges Renard - L'Avortement Robert Pépin - Willard et ses trophées de bowling - Retombées de sombrero - Tokyo-Montana Express Marc Chenetier - Un privé à Babylone - Mémoires sauvés du vent - Cahier d'un retour de Troie - La Pêche à la truite en Amérique (nouvelle traduction de 1994) - Sucre de pastèque (nouvelle traduction de 1994) - Un général sudiste de Big Sur (nouvelle traduction de 1994) - Frédéric Lasaygues - Une tortue à son balcon Nicolas Richard - Tu es si belle qu'il se met à pleuvoir - Journal japonais Thierry Beauchamp et Romain Rabier - Pourquoi les poètes inconnus restent inconnus
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Bibliographie Ouvrages Jean-Bernard Basse, Poétique du vide et fragmentation de l’écriture chez Richard Brautigan, L'Harmattan,coll. « L'Aire anglophone », 2000 (en) Ianthe Brautigan, You Can't Catch Death: A Daughter's Memoir, St. Martin's Press, 2000 (ISBN 031225296X) (en)William Hjortsberg, Jubilee Hitchhiker: The Life and Times of Richard Brautigan, Counterpoint, 2012(ISBN 9781582437903) Keith Abbott, Brautigan, un rêveur à Babylone, L'incertain, 1992 (ISBN 9782906843172) Marie-Christine Agosto, Richard Brautigan, les fleurs de néant, Belin, 1999 (ISBN 2701124999) (en)Marc Chenetier, Richard Brautigan (Contemporary writers), Methuen Publishing Ltd, 1983 (ISBN 0416329608) Marc Chenetier, Brautigan sauvé du vent, L'incertain, 1992 (ISBN 2906843245) Marc Chenetier et Philippe Squarzoni, Portrait en pin, en sucre de pastèque et en pierres, de Richard Brautigan, Les rêveurs, 2008 (ISBN 2912747406) Thierry Sechan, Tombeau de Brautigan, L'incertain, 1994 (ISBN 2906843474) Thierry Sechan, À la recherche de Richard Brautigan, Castor Astral, 2003 (ISBN 2859205233) (en)John F. Barber, Richard Brautigan: An Annotated Bibliography, Mcfarland & Co Inc Pub, 1990(ISBN 0899505252) (en)John F. Barber, Richard Brautigan: Essays on the Writings And Life, McFarland & Company, 2006(ISBN 0786425253) (en)Terrence Malley, Richard Brautigan, Warner Books, 1972 (ISBN 0446689424) Presse (en)LIFE no 69, John Stickney, Gentle Poet of the Young: A Cult Grows around Richard Brautigan, 14 août 1970 (en) Rolling Stone, Lawrence Wright, The Life and Death of Richard Brautigan, 11 avril 1985 (en)Washington Post, Jennifer Foote, An Author's Long Descent. Richard Brautigan: The Troubled Cult Hero and His Path to Suicide, 23 janvier 1985 (en)The Register-Guard Bob Keefer et Quil Dawning, Beauty, Pain and Watermelon Sugar, 30 janvier 2000 Don Bishoff, Author's Life Was Shaped in Eugene, 25 août 1993 (en) Rosebud, Deanna Hershiser, From a Damselfly's Notebook, octobre 2011 En anglais The Brautigan Bibliography and Archive, site très complet The Richard Brautigan Archive, autre site d'archive, non officiel Un fan club forums de discussion
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En français Bibliographie de Richard Brautigan et chronique par Phil Fax sur le site de la Nouvelle revue moderne. Un article et entretien avec son traducteur et ami Marc Chénetier dans le Matricule des Anges. Notes et références Notes
↑ « I left him [Bernard] with everything I owned in a paper sack. I didn't even know that I was pregnant » ↑ « I don't know nothing about him. He's got the same last name, but why would they wait 45 to 50 years to tell me I've got a son. » ↑ « He was a good poet ever then and I loved the sound of his voice. » ↑ « My folks rode him a lot. They never listened to what he was writing. They didn't understand his writing was important to him. », Barbara Jo Titland ↑ « When you know your child is famous, you don't worry, do you? » ↑ « Dear Sandra, I appreciate your feelings toward me but many years have passed and all I can do is wish you a happy and rewarding life. I am sorry if this seems blunt and I am sorry if it causes you any pain. Again: thank you for your interest in me and I wish you good luck. Best wishes. Richard » ↑ Les autres artistes présents sur la photographie sont : Robert La Vigne, Shig Murao, Larry Fagin, Leland Meyezove, Lew Welch,Peter Orlovsky, David Meltzer, Michael McClure, Allen Ginsberg, Daniel Langton, Steve, Gary Goodrow, Nemi Frost, Stella Levy, Lawrence Ferlinghetti ↑ « Dickinson with her persona of the poet as an eccentric outsider writing telegrams from a parallel universe and Williams with his insistence on forgoing outdated poetic forms to write in vernacular about subjects that had an immediate impact on readers. » ↑ In Watermelon Sugar (1967), Brautigan's third and most serious novel, his parable for survival in the 20th century, is the story of a successful commune called «iDEATH» whose inhabitants survive in passive unity while a group of rebels live violently and end up dying in a mass suicide. The book can be seen as a metafiction about the act of writing and reflects Brautigan's interest in Eastern religions ». ↑ « a real writer, an inventor of Form, Man of the street, and first-rate human being. »
Références
↑ a, b, c et d (en) BRAUTIGAN.net, Chronology 1930s-1940sConsulter le site [archive] ↑ Detroit Free Press 29 October 1984 ↑ a, b et c Brautigan 2000 ↑ Abbott 1992 116
↑ a, b, c et d (en)The Register-Guard, Bob Keefer et Quil Dawning, Beauty, Pain and Watermelon Sugar, 30 janvier 2000 ↑ a, b, c, d et e (en) BRAUTIGAN.net, 1950s Chronology Consulter le site [archive] ↑ Brautigan 2000, p. 198 ↑ a et b (en)The Register-Guard, Don Bishoff, Author's Life Was Shaped in Eugene, 25 août 1993 ↑ (en) Rolling Stone, Lawrence Wright, The Life and Death of Richard Brautigan, 11 avril 1985 ↑ Brautigan 2000, p. 161 ↑ The Register-Guard, 15 Dec. 1955 ↑ (en)Washington Post, Jennifer Foote, An Author's Long Descent. Richard Brautigan: The Troubled Cult Hero and His Path to Suicide, 23 janvier 1985 ↑ Bill Morgan, The beat generation in San Francisco, p. 65-66 ↑ a et b (en)BRAUTIGAN.net, 1960s Chronology Consulter le site [archive] ↑ Barber 2006 ↑ a, b et c (en)BRAUTIGAN.net, 1970s Chronology Consulter le site [archive] ↑ a, b, c et d (en)BRAUTIGAN.net, 1980s Chronologiquement le site [archive] ↑ Brautigan 2000, p. 65 ↑ Jim Harrison, Off to the side, a memoir, 2003, page 59 ↑ Brautigan 2000, p. 134-135 ↑ Newton Smith, Brautigan, Richard dans l'Encyclopedia of American Literature, Ed. Steven R. Serafin, New York Continuum Publishing Co., 1999 ↑ John Montgomery, Los Angeles Free Press, 8 décembre 1967 ↑ Michael McClure, Ninety-one Things about Richard Brautigan, dans Lighting the Corners: On Art, Nature, and the Visionary, University of New Mexico Press, 1993 ↑ Lew Welsh, Brautigan's Moth Balanced on an Apple, San Francisco Chronicle, 15 décembre 1968 ↑http://www.brautigan.net/collections.html#collections1 [archive] ↑ 27 langues McDonell, Terry. "Fish This." Editor's Notes. Sports Afield 215(3), avril 1999 ↑ Barry Silesky, Trout Fishing in America, City Lights Journal, 1963 ↑ Associated Press News, Brautigan Death, 27 October 1984 ↑ Peter Manso et Michael McClure, Brautigan's Wake, Vanity Fair, mai 1985 ↑ Amy Lippman, New Brautigan: A Silly Pretension, San Francisco Chronicle, 2 septembre 1982 ↑ Oswell Blakeston, Richard Brautigan, Books & Bokkmen, mars 1973 ↑ Maurice Wiggen, Aspects of Americans, The Sunday Times (de Londres), 28 janvier 1973 ↑ Joe Wagner, Magazine Sunday Advocate, 24 octobre 1982, p.15 ↑ Anthony Thwaite, Girl Who Stayed Behind, Observer (de Londres), 4 février 1973, p. 36 ↑ Susan Hill, Americas, The Listener (de Londres), 25 janvier 1973 ↑ Anonyme, Brautigan, Richard, Choice, janvier 1978
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↑ Clarence Peterson, More Than Meets the Eye, Chicago Tribune Book World, 30 mai 1971 ↑ Agosto 1999, p. 7 ↑ Big Foot de Dumontheuil, Futuropolis, Article en ligne [archive] ↑ Chantal Guy, Mayonnaise: comme une balle en plein cœur, La Presse.ca, Article en ligne [archive] ↑ Interview de Éric Plamondon par Bernard Strainchamps, De nombreux lecteurs ont envie d'être déroutés, ont envie de partir à l'aventure, dans quelque chose de différent, Feedbooks, Article en ligne [archive] ↑ Stéphane C. Jonathan, Dionysos redécolle, www.SudOuest.fr, Article en ligne [archive]
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Les écrivaines de la Beat Generation Carolyn Cassady Carolyn Cassady, née Carolyn Robinson le 28 avril 1923 à Lansing (Michigan), et morte le 20 septembre 2013¹ , est une écrivain américaine. Biographie Femme de Neal Cassady et ayant eu une liaison amoureuse avec Jack Kerouac, elle est notamment l'auteur de deux ouvrages sur leur vie et celle d'autres figures de la « Beat Generation » comme Allen Ginsberg. Elle est le modèle du personnage de « Camille » dans le roman Sur la route de Kerouac² . Bibliographie - (en) : Carolyn Cassady, Heart Beat : My Life With Jack and Neal, Creative Arts Book Co., Berkeley, 1976, 93 p., (ISBN 0916870030), (LCCN 76012732). - (en) : Carolyn Cassady, Off the Road : My Years With Cassady, Kerouac, and Ginsberg, W. Morrow, New York, 1990, 436 p. + 16 p. de planches illustrées, (ISBN 0688088910), (LCCN 90005588) ; - (fr) : Sur ma route : ma vie avec Neal Cassady, Jack Kerouac, Allen Ginsberg et les autres (traduit de l'anglais par Martine Véron), éditions Denoël, coll. « Et d'ailleurs », Paris, 2000, 555 p. + 8 p. de planches illustrées, (ISBN 2-207-24863-1). Editions 10/18, coll. « Domaine étranger » no 3442, Paris, 2002, (ISBN 2-264-03429-7). Notes et références [1] http://brianhassett.com/ [2] Jean-François Duval, Kerouac et la beat génération, PUF, 2012, (ISBN 2130592953)
Hedwig Gorski née le 18 juillet 1949 à Trenton dans l'État du New Jersey est un poète et une artiste d'avant-garde américaine qui revendique une esthétique futuriste. Ses divers moyens d'expressions poétiques sont variés, poésie orale, texte et illustration, radio et médias ; Hedwig Gorski est un poète pionnier, qui a ouvert de nouvelles voies ; comme le slam, reconnu désormais comme genre poétique ; le concept de Poésieperformance, au début des années 1980 aux États-Unis. Biographie Hedwig Gorski a défini sa vie comme celle d'une « nomade slave » de par son histoire familiale et de son goût du voyage. Née dans le New Jersey où ses parents ont immigré de la lointaine Pologne, de la région de Galicie ; de cet endroit qui est devenu territoire de l'Ukraine après la guerre, là ou sa tante et sa grand-mère ont été assassinées1 par des ukrainiens, durant les massacres endémiques de Polonais2. Son père rejoint à l'âge de 14 ans la résistance polonaise, puis les rangs de l'armée américaine. Il arrive avec sa famille aux États-Unis à La Nouvelle Orléans en Louisiane sous les ordres du général Sturgis1. À Napoleonville il exerce le métier d'électricien avant de se fixer lui, et les siens dans le New Jersey. Hedwig Gorski obtient un BFA en peinture du Nova Scotia College of Art and Design University (NSCAD) au Canada ; elle s'établit ensuite avec son premier mari à Austin (Texas)3. 119
La période underground Hedwig Gorski en 1973 à La Nouvelle-Orléans, réalise des illustrations pour le journal underground NOLA Express. Hedwig Gorski et Charles Bukowski sont parmi les contributeurs les plus notoires de ce journal. Performances Lorsque Bob Holman entendit une cassette audio d'Hedwig Gorski avec l'East Band d'Eden, il en fit part au poète Michael Vecchio et convint que c'était la meilleure poésie et le groupe de musique qu'il ait jamais entendu. Écrivains et programmeurs radio furent intrigués par l'association du genre poétique avec la musique. Très peu d'artistes en effet comprenaient alors ce genre de poésie orale telle que la pratiquait Hedwig Gorski. Elle n'a jamais écrit des poèmes pour la publication et une exposition médiatique. La critique lui reprocha un soi-disant mépris pour la poésie édité et les magazines littéraires, voyant là un refus d'entrer dans le marché de l'édition pour d'obscures raisons financières. Hedwig Gorski adopta une tout autre attitude qui passa pour rebelle à l'égard de l'establishment. Universités Hedwig Gorski obtient un doctorat en création littéraire de l'université de Louisiane à Lafayette en 200014. En 2003-04, elle donne des conférences sur la littérature minoritaire américaine à l'Université de Wrocław en Pologne comme « Fulbright Fellow » et durant cinq mois voyage à divers endroits, y compris en Ukraine. Dans les coulisses d'un concert de Bob Dylan à Prague, Hedwig Gorski rencontre Václav Havel5. Elle a fait une apparition au Café Krzystofore à Cracovie en 2004 pour le service culturel de l'ambassade des ÉtatsUnis et l'Institut français de Cracovie6. Après l'obtention de son doctorat Hedwig Gorski se tourne vers l'écriture de la poésie pour la publication imprimée. Son plus récent manuscrit est finaliste en 2011 au National Poetry de Princeton, New Jersey.
Diane di Prima Biographie Diane Di Prima est une poétesse américaine née le 6 août 1934 à New York. Elle est considérée comme la femme la plus importante de la Beat generation. Dès son plus jeune âge, Diane Di Prima décide de consacrer sa vie à la poésie. Elle fonde une maison d'édition, The Poet press avec son mari Alan Marlowe qui publie des poètes beat comme Gregory Corso et Herbert Huncke, puis cofonde un magazine poétique avec Amiri Baraka, The Floating Bear qui existera pendant dix ans et qu'elle éditera seule pour une large part. Elle quitte New York pour rencontrer Timothy Leary, parcourt les États-Unis à bord de son camion Volkswagen puis s'installe à San Francisco avec ses cinq enfants et étudie le bouddhisme, le sanscrit, le gnosticisme et l'alchimie. Elle s’intéresse à la magie1. Publications - This Kind of Bird Flies Backward, Totem Press, 1957 - Various Fables from Various Places, G.P. Putman, 1960 - Dinners and Nightmares, Corinth Press, 1961 - The New Handbook of Heaven, Auerhahn Press, 1962 - The Man Condemned To Death, 1963 - Poets Vaudeville, Feed Folly Press, 1964 120
- Seven Love Poems for The Middle Latin, Poets Press, 1965 - Haïku, Love Press, 1966 - New Mexico Poem, Poets Press, 1967 - Earthsong, Poets Press, 1967 - Hotel Albert, Poets Press, 1968 - War Poems, Poets Press, 1968 - L.A. Odyssey, Poets Press, 1969 - Memoirs of a Beatnik, Olympia Press, 1969 - The Book of Hours, Brownstone Press, 1970 - Kerhonkson Journal, Oyez Press, 1971 - Revolutionary Letters, City Lights Books, 1971 - The Calculus of Variation, Eidolon Éditions, 1972 - The Floating Bear, Laurence McGilvery, 1973 - Loba (Part I), Capra Press, 1973 - Freddie Poems, Eidolon Éditions, 1974 - Selected Poems : 1956-1975, North Atlantic Books, 1975 - Loba (Part II), Eidolon Éditions, 1976 - The Loba as Eve, The Phoenix Book Shop, 1977 - Loba (Parts I-VIII), Wingbow Press, 1978 - Memoirs of a Beatnik (réédition), Last Gasp Press, 1988 - The Mysteries of Vision, Am Here Books, 1988 - Wyoming Series, Eidolon Éditions, 1988 - Pieces of a Song : Selected Poems, City Lights Books, 1990 - Seminary Poems, Floating Island, 1991 - The Mask Is the Path of the Star, Thinker Review International, 1993 - Zip Code, Coffeehouse Press, 1994 - Recollections of My Life as a Woman, Viking Press, 2001 - Towers Down (avec Clive Matson), Eidolon Editions, 2002 - The Ones I Used to Laugh With,Habenicht Press, 2003 - TimeBomb, Eidolon Editions, 2006 Traductions françaises - Mémoires d'une beatnik, Ramsay, 2004 Filmographie - The Poetry Deal: A Film with Diane di Prima, de Melanie La Rosa. Notes et références [1] Diane di Prima in conversation with David Hadbawnik
Joyce Johnson Joyce Johnson, née le 27 septembre 1935 à New York, est une écrivaine américaine. Biographie Joyce Johnson eut une relation avec Jack Kerouac depuis janvier 1957 qui dura jusqu'en 1958, période de publication de Sur la route qui rendit célèbre son auteur. Elle fait partie des Beat women. Elle remporte le National Book Critics Award pour son autobiographie Minor Characters en 1983 et le O. Henry Award en1987 pour sa nouvelle The Children's Wing parue dans Harper's Magazine en juillet 1986. Son fils, Daniel Pinchbeck (en), est écrivain.
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Bibliographie - Come and join the dance, Atheneum, 1962 (sous le nom de Joyce Glassman) - Bad connections, Putnam, 1978 - In the Night Café, Fontana, 1990 - What Lisa knew: the truths and lies of the Steinberg case. Kensington, 1991 - Minor Characters: a young woman's coming-of-age in the beat orbit of Jack Kerouac. Penguin, 1999 - Door Wide Open: A Beat Love Affair in Letters, 1957-1958, Viking (correspondance avec Jack Kerouac), 2000 - Missing Men: A Memoir, Viking, 2004 Traductions en français - Personnages secondaires, S. Messinger, 1984 et 10/18, 1997 - Le Café de la nuit, S. Messinger, 1989
Hettie Jones (de son vrai nom Hettie Cohen) est un auteur américain né à New York en 1934. Bibliographie Hettie Jones étudie les Arts à l'université de Virginie puis de Columbia. De retour à New York, elle s'installe à Greenwich Village et fréquente les écrivains de la Beat generation, comme Allen Ginsberg, Jack Kerouac, Frank O'Hara, Joel Oppenheimer, et Charles Olson. Elle rencontre Leroi Jones (Amiri Baraka) à la faveur de son travail pour la revue The Record Changer, qu'elle épouse dans un temple bouddhiste en 1958. Elle participe à la rédaction de plusieurs revues littéraires, dont Yugen, fondée avec son mari et qui permet à de jeunes auteurs de publier leurs travaux. Son premier recueil de poésie a reçu le Norma Farber First Book Award. Publications - The Trees Stand Shining, Poetry of the North American Indians,1971. - Coyote Tales, 1972. - Longhouse Winter, 1972. - Big Star Fallin' Mama, Five Women in Black Music, 1974. - Living With Wolves, 1975. - Forever Young, Forever Free, 1976. - How to Eat your ABCs : A Book About Vitamins, 1976. - Mustang Country, 1976. - You Light Up My Life, 1976. - I Hate to Talk About Your Mother, 1979. - In Search of the Castaways, 1979. - Promises in the Dark, 1979. - Having Been Her, 1981. - Missing Sweet Rose, 1984. - How I Became Hettie Jones, a Memoir, 1990. - Drive: Poems, 1998. - All Told, 2003. - No Woman, No Cry (avec Rita Marley), 2004 - From Midnight to Dawn, The Last Tracks of the Underground Railroad (avec Jacqueline Tobin), 2007. - Doing 70, 2007 122
Publications sur l'auteure - (en) Girls Who Wore Black: Women Writing the Beat Generation, Ronna C. Johnson et Nancy McCampbell Grace, Rutgers University Press, 2002 (ISBN 0813530652) - (en) Breaking the Rule of Cool : Interviewing and Reading Women Beat Writers, Nancy M. Grace et Ronna C. Johnson, Univ. Press of Mississippi, 2004, p.155-180 (ISBN 1578066549) - (en) Dancing to Their Own Beat: Life Writing of Carolyn Cassady, Hettie Jones, Joyce Johnson, and Diane Di Prima, Tina Zigon, Texas State University-San Marcos, 2005.
Janine Pommy Vega Janine Pommy Vega est née le 5 février 1942 à Jersey City et décédée le 23 décembre 2010 à Willow, hameau près de Woodstock (New York)1 est une poètesse américaine. Biographie Janine Pommy Vega, née Telkowski-Pommy, d'ascendance polonaise et allemande2, grandit à Union City, dans le New Jersey. À l'âge de seize ans, inspirée par le roman de Jack Kerouac, Sur la route, elle part pour Manhattan avec une amie Barbara prendre part au mouvement Beat. Elle rencontre Gregory Corso au Cedar Bar puis Allen Ginsberg et Peter Orlovsky avec lequel elle a une liaison3. Elle trouve un emploi de serveuse au Café Bizarre4. Le mois de décembre 1962, elle rencontre son futur mari, le peintre péruvien Fernando Vega. Ils se marient en Israël, puis voyagent ensuite à travers l'Europe, à Paris et en Espagne5. Après la mort par overdose de celui-ci à Ibiza en 19656, elle retourne à New York, puis en Californie7. Son premier livre, Poems to Fernando est publié par City Lights en 1968. Au début des années 1970 Janine Pommy Vega vit comme une ermite, sur la Isla del Sol situé prés du Lac Titicaca à la frontière de la Bolivie et du Pérou. De cet exil forcé sortirent, en 1974 Journal of a Hermit et en 1976, Morning Passage. Dans les années qui suivent son retour aux États-Unis, Janine Pommy Vega publie plus d'une douzaine de livres, dont en 1997, Tracking the Serpent: Journeys to Four Continents, une auto-biographie. Son dernier livre de poèmes est The Green Piano. New Poems en 2005. Depuis les années 1970, elle travaille comme éducatrice dans les écoles, initiant ses élèves aux arts, et dans les prisons grâce à l'organisation « Incisions/Arts » qu'elle dirigeait. Elle faisait également partie du « Prison Writing Comittee » du Pen club. C'est dans ce domaine, une pionnière du mouvement pour les femmes : elle se dépense sans compter pour améliorer la vie, les conditions de détention des femmes en prison et leur réinsertion. Elle a passé plus de 25 ans à aider les personnes derrière les barreaux8 Janine Pommy Vega a voyagé de part en part sur le continent américain, dans toute l'Europe et au Moyen-Orient ; la plupart du temps seule. Elle a des amis partout, les regardant tous avec le même naturel, avec amour et compassion. Depuis 2006, elle vivait à Willow, un petit hameau près de Woodstock. Elle partagea ses onze dernières années avec le poète Andy Clausen, prenant soin de son jardin quand elle ne parcourait pas le monde pour y donner sa poésie engagée et magnétique. Janine Pommy Vega a continué d'écrire, de donner des lectures, et de combattre pour les droits de l'homme jusqu'à sa mort.
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Œuvres - Poems to Fernando, San Francisco, City Lights Books, 1968. - Journal of a Hermit, New York, Cherry Valley Editions, 1974. - Morning passage, New York, Telephone Books, 1976 - Here at the Door, Brooklyn, NY, Zone Press, 1978. - The Bard Owl, New York, Kulchur Press, 1980. - Apex of The Earth's Way, Buffalo, NY, White Pine Press, Maloney, Ed., 1984. - Drunk on a Glacier, Talking to Flies, Santa Fé Tooth of Time Books, 1988. - Skywriting, San Francisco, City Lights Books, 1988. - Candles Burn in Memory Town. Poems from Both Sides of the Wall, New York, 1989. - Island of the Sun, Green River, Longhouse Arnold, 1991 - Threading the Maze, Old Bridge New-Jersey, Cloud Mountain, 1992. - Red Bracelets, Chester, NY, Heaven Bone Press, 1993 - The Road to Your House Is A Mountain Road, Arcidosso – Italie, Landes-Levi, 1995. - Tracking the serpent: journeys to four continents, City Lights Books, 1997, 192 p. (ISBN 9780872863279, lire en ligne) - Mad dogs of Trieste: new & selected poems, David R. Godine Publisher, 2000, 272 p. (ISBN 1-57423-127-8, lire en ligne) - The Walker, Woodstock, NY, Mirabito, 2003. - The green piano. New poems, David R. Godine Publisher, 2005, 144 p. (ISBN 1-57423207-X, lire en ligne) - Estamos Aquí. Poems by Migrant Farmworkers, (avec Bob Holman et Sylvia Kelly) YBK Publishers, 2007, 116 p. Bibliographie - Alan Kaufman The outlaw bible of American poetry, Thunder's Mouth Press, 1999, 685 p. (lire en ligne) - Brenda Knight Women of the Beat generation. The writers, artists, and muses at the heart of revolution, Conari Press, 1998, 366 p. (ISBN 1-573-24061-3) Références [1] Watershed Post, 29/12/2010, Poet Janine Pommy Vega dies [2] Biographie sur ww.bookrags.com [3] The Telegraph/Books Obituaries/14 janvier 2011 [4] Bill Morgan The beat generation in New York. A walking tour of Jack Kerouac's city, City Lights Books, 1997, p. 83 [5] Notice biographique sur ww.ulsterpublishing.com [6] Tracking the Serpent, p. 8 : « One night I dreamed Fernando was looking at me out of one of his paintings, as if from a mirror. Suddendly I was walking down a block in Union City, looking for him ; I turned a corner and was in Paris, then Ibiza. I sat down in a cafe and felt him sitting with me at the same table, but I could not see him. In the morning a telegram came: "Fernando is dead". I didn't believe it. ». [7] Renee Samuels Conversation with Janine Pommy Vega, Catskill Mountain Foundation [8] WGXC Newsroom Liens externes - Janine Pommy Vega sur IMDb Documentaire (2003) : As We Cover the Streets - Manuscrits à l'université du Delaware - Hommages par Pierre Joris : comprend le poème ouvrant le premier livre de Janine Pommy Vega Poems to Fernando (City Lights Books, 1968), et un poème-hommage de Valery Oişteanu : The Drum Circle for Janine Pommy Vega. - (fr) Cuisine en temps de guerre. Poème traduction de Jacqueline Starer 124
Œuvres représentatives Howl Poème d'Allen Ginsberg paru dans son recueil de poème de 1956 intitulé Howl and Other Poems. Ce poème est considéré comme l'une des œuvres majeures de la Beat Generation, avec Sur la route de Jack Kerouac (1957), Gasoline de Gregory Corso (1958) et Le Festin nu de William S. Burroughs (1959). Genèse du poème et réception, «Howl»a été écrit en 1955 pour être récité lors de la lecture publique à la Six gallery de San Francisco, mais il a ensuite été publié par le poète Lawrence Ferlinghetti chez City Lights Books. Le poème a été qualifié d'« obscène » et Ferlinghetti fut arrêté et inculpé pour sa publication. Le 3 octobre 1957, le juge Clayton W. Horn rendit un arrêt affirmant le contraire, ce qui permit à Howl de continuer à être diffusé et de devenir le poème le plus réputé de la Beat Generation1. La lecture du poème à la Six gallery est racontée par Jack Kerouac dans son roman Les Clochards célestes, ou Ginsberg apparaît sous le nom de Alvah Goldbook. Howl J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre, initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne, qui pauvreté et haillons, et œil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz, qui ont passé à travers des universités avec des yeux radieux froids hallucinant l’Arkansas et des tragédies à la Blake parmi les érudits de la guerre, qui ont été expulsés des académies pour folie et pour publication d’odes obscènes sur les fenêtres du crâne, qui se sont blottis en sous-vêtements dans des chambres pas rasés brûlant leur argent dans des corbeilles à papier et écoutant la Terreur à travers le mur, qui furent arrêtés dans leurs barbes pubiennes en revenant de Laredo avec une ceinture de marijuana pour New York, qui s’enchaînèrent sur les rames de métro pour le voyage sans fin de Battery au Bronx pleins de benzédrine, jusqu’à ce que le bruit des roues et des enfants les firent redescendre tremblants, débris de bouche et mornes cerveaux cognés toute brillance écoulée dans un éclairage lugubre de zoo, qui parlèrent sans discontinuer pendant soixante-dix heures du parc à la piaule au bar à l'asile au musée au pont de Brooklyn, un bataillon perdu de platoniques maniaques du dialogues sautant les pentes en bas des escaliers de secours en bas des rebords de fenêtre en bas de l'Empire State hors de la Lune, blablateurs hurlant vomissant des murmures des faits des souvenirs des anecdotes des orgasmes visuels et des traumatismes des hôpitaux et des prisons et des guerres (Extraits)
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Postérité La période de la vie de Ginsberg durant laquelle il rédige Howl a fait l'objet d'un film biographique américain,Howl, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman (scénario et réalisation), sorti en 2010, où Allen Ginsberg est incarné à l'écran par l'acteur James Franco. Ce film relate la saga judiciaire à propos du poème de Ginsberg qui en donne une brillante lecture. Notes et références : [1] (en) Morgan, Bill and Joyce Peters. Howl on Trial. (2006) p. XIII.
Sur la route Titre original On the Road est le plus connu des romans de Jack Kerouac, publié en 1957. Résumé Le roman raconte de manière quasi autobiographique les aventures de l'auteur (nommé Sal Paradise dans le livre) et d'un compagnon de route, Neal Cassady (nommé Dean Moriarty dans le roman). On y croise également Allen Ginsberg (Carlo Marx) et William Burroughs (Old Bull Lee). Sur la route fut l'un des romans fondateurs de ce que Kerouac nomma lui-même la « Beat Generation ». Toutefois le terme de Beat Generation fut avant tout un raccourci commode qui permit aux médias d'instituer en mouvement littéraire ce qui était surtout la conjonction d'individus singuliers : même s'ils partagent un goût pour la prose spontanée et le surréalisme, l'écriture de Jack Kerouac ne ressemble pas à celle d'Allen Ginsberg, et celle de Ginsberg est elle-même éloignée de celle de William Burroughs. Personnages Kerouac s'est souvent inspiré de sa famille et ses amis pour ses personnages¹ ,² . Rédaction Ce livre a été écrit d'un seul jet, en trois semaines (du 2 au 22 avril 1951), sur un rouleau de papier de 36,50 mètres de long, dans de longues sessions de prose spontanée et enfiévrée ; il crée ainsi un style d'écriture totalement personnel, en partie inspiré par son amour du mouvement jazz Be Bop, de ses fulgurances et de ses improvisations. Ce manuscrit a été dactylographié sur des feuilles de papier à calligraphie japonaise, collées bout à bout et non sur un rouleau de papier à télétype. Ce manuscrit original a été vendu aux enchères 2,2 millions de dollars en 2001. Son rythme de travail effréné a valu le mot célèbre de Truman Capote : « Cela n'est pas écrire, c'est dactylographier. » Les éditeurs, toutefois, refusèrent massivement cette première rédaction, se demandant ce qu'il y avait à faire avec ce texte très difficile à suivre, présenté sur un rouleau cylindrique, et écrit de façon non conventionnelle (pas de paragraphes, pas de retours à la ligne, pas de chapitres...). Kerouac dut travailler son récit durant six ans avant qu'un éditeur consente à l'accepter. En 2001, la rédaction du American Modern Library inclut Sur la route dans sa liste des cent meilleurs romans du XXe siècle en langue anglaise. En 2007, à l'occasion du 50e anniversaire de sa publication, la version originelle du manuscrit a été publiée, sous le titre On the Road: The Original Scroll. La même année ont été découverts plusieurs manuscrits originaux inédits de Kerouac, dont une ébauche d'On The Road, datée du 19 janvier 1951 (soit plusieurs mois avant la version en anglais), rédigée en français, sa langue maternelle — également utilisée pour deux de ses romans 126
et quelques nouvelles également inédits3. En fait, la composition de Sur la route a duré de 1948 (année de ses premières « notes de voyage » et de la première mention du titre)… à 19574. C'est, en effet, lorsqu'un éditeur new-yorkais accepta enfin de publier ce texte réputé « impubliable » que Kérouac, de guerre lasse, accepta les propositions d'édulcoration — voire.. de censure — concernant les passages les plus sulfureux aux yeux de cette Amérique puritaine, engluée en plein MacCarthysme : ceux sur les drogues, le sexe et la mort, notamment. Le succès de ce livre, une décennie après sa rédaction, signa finalement la fin de Jack Kerouac, initiant une dépression à laquelle il ne survécut pas. Il s'éloigne de ses amis écrivains beat comme Allen Ginsberg. Il reproche à Ginsberg de trop rechercher l'attention du public et de trahir l'esprit beat. Il est entre autres irrité par le développement d'un bouddhisme de mode, dont il est en partie responsable. En mai 2001, Christie’s présente lors d'une vente aux enchères à New-York le tapuscrit de Sur la route, qui est vendu au prix de 2,5 millions de dollars à Jim Irsay, amateur de rock et propriétaire de l’équipe de football les Colts d’Indianapolis5. À l’occasion du 50e anniversaire de la publication initiale, les éditions américaines Viking décident de publier le tapuscrit original en 2007 sous le titre On the Road: The Original Scroll. Les éditions Gallimard font de même en 2010, pour la version française, sous le titre Sur la route - le rouleau original5. Adaptations au cinéma Francis Ford Coppola possède les droits d'adaptation cinématographique de Sur la route depuis 1968, le scénario fut écrit par Russell Banks mais le tournage prévu à l'automne 2001 n'a jamais commencé. Il coproduit le film Sur la route réalisé par Walter Salles, avec Garrett Hedlund (Dean Moriarty), Sam Riley (Sal Paradise) et Kristen Stewart (Marylou), sorti le 23 mai 2012 lors de sa présentation en compétition au 65e Festival de Cannes. Une exposition intitulée « Sur la route de Jack Kerouac : L'épopée, de l'écrit à l'écran » (du 16 mai au 19 août 2012), au Musée des lettres et manuscrits de Paris, revient sur la genèse du roman et sur les différents projets d'adaptation cinématographique. L'exposition présente également le manuscrit original long de 36,50 mètres5. À la télévision Sur la route et Kerouac lui-même sont en trame de fond du scénario d'un épisode de la série télévisée Code Quantum (Saison 3, épisode 9 : "Rebel without a clue"). Sans être une adaptation, l'auteur et son roman y sont sujets à plusieurs apparitions et mentions, illustrant le thème de l'épisode où se joue l'avenir d'une jeune fille de 18 ans, subjugée par ce roman, qui a pris la route avec une troupe de motards. À la radio En 2005, Radio France a adapté Sur la route en feuilleton radiophonique. Fiche technique du feuilleton : - Adaptation et Traduction : Catherine de Saint Phalle - Réalisation : Christine Bernard-Sugy - Distribution : - Jacques Gamblin : narrateur (Jack Kerouac/Sal Paradise) - Patrick Catalifo : Dean Moriarty - Quentin Baillot : Sal Paradise - épisodes : 20 épisodes de 20 minutes - 1re diffusion : avril et mai 2005 sur France Culture
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Références [1] Sandison, Daivd. Jeck Kerouac: An Illustrated Biography. Chicago. Chicago Review Press. 1999 [2] Who's Who: A Guide to Kerouac's Characters [3] « Les 50 ans d'On the Road — Kerouac voulait écrire en français », Le Devoir. [4] Jean-François Duval, Kerouac et la beat génération, Presses Universitaires de France, 2012, 328 p. (ISBN 2130592953) [5] « Sur la route de Jack Kerouac : L'épopée, de l'écrit à l'écran », sur museedeslettres.fr (consulté le 25 juin 2012). Bibliographie - (en) Robert Holton, "On the Road": Kerouac's Ragged American Journey, Twayne Publishers, New York, 1999, 137 p. (ISBN 0-8057-1692-0) - (en) Tim Hunt, Kerouac's Crooked Road: Development of a Fiction, University of California Press, Berkeley (Cal.) ; Los Angeles ; Londres, 1996 (1re éd. 1981), 262 p. (ISBN 0-520-20756-4) - (en) Paul Maher, Jr, Jack Kerouac's American Journey: The Real Life Odyssey of "On the Road", Thunder's Mouth Press, New York, 2007, 296 p.(ISBN 978-1-560-25991-6) - (en) Omar Swartz, The View From "On the Road": The Rhetorical Vision of Jack Kerouac, Southern Illinois University Press, Carbondale (Ill.) ; Edwardsville (Ill.), 2001, 130 p. (ISBN 0-8093-2384-2)
Big Sur Big Sur, du nom de la partie de la côte californienne du même nom, est un roman de l'écrivain américain d'origine franco-canadienne Jack Kerouac, et publié en 1962. Le héros, Jack Duluoz, est Kerouac lui-même, qui a décidé, fatigué par sa vie de débauche, de se réfugier au bord de la mer, à Big Sur, dans une cabane isolée. Il manque de devenir fou, en dépit de quelques moments de bonheur et de solitude créatrice. Il décide donc de revenir à San Francisco et de reprendre sa vie de beatnik. Les personnages de Big Sur font référence à des personnages réels : Big Sur a été adapté au cinéma par Michael Polish, sorti en avant-première aux USA en janvier 2013¹ . Notes et références [1] Article sur Francetv de janvier 2013. Bibliographie - Big Sur, Gallimard, Folio, 1979, (ISBN 978-2-07-037094-8).
Le Festin Nu Le Festin Nu (titre original : Naked Lunch) est un roman de l'écrivain américain William Burroughs publié pour la première fois à Paris en 1959. Ce texte a longtemps été assimilé à un texte beat, puisque Burroughs était ami avec Allen Ginsberg et Kerouac. Cependant, Burroughs a toujours refusé cette comparaison, et on remarque que son œuvre n'a rien à voir avec la Beat Generation.
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Le livre a été composé entre 1954 et 1957 par Burroughs, qui résidait alors à Tanger1, au Maroc. Écrit largement sous l'influence de drogues hallucinogènes, d'héroïne et de cocaïne, la première mouture du Festin nu se présente sous la forme de notes éparses informes et obscènes, réarrangées parfois par la technique du cut-up (reformulation physique des chapitres après les avoir découpés, mélangés, et recollés ; dans une procédure inédite que l'on peut apparenter aux transes créatrices des surréalistes). Burroughs mêle drogue, politique, homosexualité, hallucinations, délire paranoïaque dans une danse de mots et de verbigérations déchaînés et puissants, cette forme délirante se voyant scandée par une sorte de satire sociale nébuleuse directement issue des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Le manuscrit composé d'un assemblage de pages sous le titre "Interzone"2 est d'abord lu à Tanger par Ginsberg et Kerouac. Mais c'est seulement en 1959, au n° 9 de la Rue Gît-leCœur au "Beat Hotel"3 que Burroughs, Ginsberg et Kerouac assembleront et remanieront le texte sans en altérer la substance aussi nocive qu'entêtante. L’éditeur Maurice Girodias juge en effet la prose de Burroughs "éblouissante" mais exige que le texte soit sérieusement remanié afin de le rendre publiable . C'est d'ailleurs J. Kerouac qui donnera le titre définitif « The Naked Lunch » à cet ouvrage. D'abord publié en France par Olympia Press4, le Festin nu touche l'Amérique en 1962. Il y est très rapidement interdit pour près de 10 ans, tombant sous les lois sur l'obscénité (qui concernèrent aussi Henry Miller et son Tropique du Cancer) dans un procès qui, lorsque ses attendus furent cassés, servit la cause de la lutte contre la censure aux ÉtatsUnis. Le Festin nu se veut une descente cauchemardesque dans l'esprit d'un junkie, transcendant la forme classique du roman en le déstructurant, maltraitant la forme et le fond, donnant chair à ses divagations "morphinisées" dans des allégories oscillant de la science-fiction à la tragédie, parlant de modifications corporelles, d'orgies homosexuelles, de complots et de créatures angoissantes, dans un pays étrange, lieu de toutes les folies, nommé : Interzone. Certains analystes littéraires sont arrivés à la conclusion que les personnages du livre sont en fait des explorations de toutes les facettes de William Lee, lui-même étant une facette de William S. Burroughs. Cette interprétation donne une nouvelle vision lors de la lecture de l'ouvrage. Le Festin nu reste probablement l'œuvre la plus représentative des mondes parallèles angoissants et distordus dans lesquels il plonge ses obsessions aussi bien que son lecteur. Frank Zappa a offert une lecture de l’extrait Le Trou du cul parlant lors de la Nova Convention le samedi 2 Décembre 1978 à New York, avouant juste avant de commencer qu’il a toujours dit ne pas être passionné de lecture, mais être admirateur du roman. Adaptation cinématographique David Cronenberg en tira une adaptation cinématographique (très libre) en 1991. Notes et références [1] « Patrick Hubner, « The Tangerine Dream : la Cité de l'entre deux mondes ». », sur babel.revues.org, 1er février 2015 (consulté le 30 janvier 2016) [2] « Short papers : "Fifty Years of Naked Lunch : from the Interzone to the Archive… and back." - Academic Commons », sur academiccommons.columbia.edu (consulté le 30 janvier 2016) [3] « Catalogue SUDOC », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le 30 janvier 2016) [4] « Columbia University Libraries Online Exhibitions | "Naked Lunch" : the First Fifty Years », sur exhibitions.cul.columbia.edu (consulté le 30 janvier 2016)
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Les Lettres du yage Est un récit constitué de divers textes et de la correspondance entre Allen Ginsberg et William Burroughs, lorsque ce dernier entreprend une expédition de sept mois en Amérique du Sud pour y trouver le yage (ou ayahuasca), légendaire drogue hallucinogène d'Amazonie. Bien que la plupart des lettres datent de 1953, le récit ne paraît que tardivement, en 1963, avant de voir son contenu et sa forme évoluer à travers deux éditions révisées en 1975 et 1988¹ . Notes et références [1] Harris Olivier, "Introduction", Les Lettres du Yage, William S. Burroughs, éditions Christian Bourgois, 2008, pour la traduction française.
A. Ginsberg
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G. Corso
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L. Carr, A. Ginsberg
NY Times, édition du Vendredi 18 août 1944
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Carolyn Cassady, nĂŠe Carolyn Robinson
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J. Kerouac, P. Orlovsky, W. Burroughs
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P. Bowles, A. Ginsberg, W. Burroughs, G. Corso, I. Sommerville
B. Gysin, W. Burroughs
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D, Woodard, W. Burroughs C. Salomon, P. Smith, A. Ginsberg, W. Burroughs
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J. Kerouac, N. Cassady, A. Ginsberg, R. La Vigne, L. Ferlinghetti
Howl in The Pocket Poets Series
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Jack Kerouac
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Un des rares ouvrages des années 1960 publié en France et consacré au mouvement « Beatnik ». La revue littéraire Les Lettres Nouvelles a été fondée en 1953 par Maurice NADEAU et Maurice SAILLET.
LES LETTRES NOUVELLES N° 4 : BEATNIKS ET JEUNES ECRIVAINS AMERICAINS
Editions René Julliard Parution : 01/01/1960 (Archives Michel NOËL)
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… et se dressèrent réincarnés dans les vêtements fantômes du jazz à l' ombre des trompes d'or de l' orchestre et jouèrent la souffrance de l'esprit nu de l'Amérique pour l'amour dans un eli eli lamma sabacthani cri de saxophone qui fit trembler les villes jusqu'à leur dernière radio avec le cœur absolu du poème de la vie arraché à leurs propres corps bon à manger pour un millénaire... (Howl et autres poèmes d’Allen Ginsberg)
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SOMMAIRE
Préface................................................................ p.3 Un mouvement esthétique subversif................... p.6 De Columbia University à la 42nd Street............ p.11 Paris, l'Europe et l'Afrique du nord.................…. p.67 La scène de San Francisco............................…. p.79 Les écrivaines de la Beat Generation...........….. p.119 Œuvres représentatives................................…. p.125
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Vous pouvez approfondir la lecture de ce corpus en accédant à l’ensemble foisonnant des informations actualisées référencées dans cet ouvrage sous forme d’hyperliens en consultant l’édition électronique de ce texte sur internet : https://issuu.com/micheln./docs/la_beat_generation_a358a78a75e33c
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ISBN n° 978-2-7466-9219
Éditions Hic et Nunc Mél : easycool@torbox3uiot6wchz.onion Prix : 10,00 €
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