Opéraction : mieux te connaître pour mieux agir

Geneviève Dufour, B. Éd. Illustrations de Dominique Pelletier

Trousse de connaissance de soi et d’analyse des comportements Pourquoi un jeune se met-il à crier lorsqu’il est contrarié ? Pourquoi un autre s’isole-t-il du groupe lorsqu’il est anxieux ? Et pourquoi a-t-il tant de difficultés à se faire des amis ? OpérAction est un outil d’intervention simple et concret permettant à l’enfant d’analyser ses comportements et de prendre conscience de ses pensées, émotions, paroles et sensations physiques dans certaines situations conflictuelles ou difficiles.

Les utilisations de la trousse OpérAction sont multiples. Les enseignants, les intervenants et les parents peuvent s’en servir pour : » aider un enfant à verbaliser ce qu’il pense ou ce qu’il ressent;

Mieux te connaître

pour mieux agir

» modifier un comportement indésirable; » renforcer les bons comportements; » soutenir le développement d’habiletés sociales; » aider le jeune à se responsabiliser; » préparer l’enfant à faire face à une situation anxiogène; » aider un jeune à s’autoévaluer et à réaliser des prises de conscience personnelles; » favoriser l’alliance thérapeutique.

En plus de favoriser la création d’un climat de confiance et d’ouverture entre le jeune et l’adulte, cet outil attrayant peut également être employé dans l’élaboration d’un plan d’intervention ou simplement pour illustrer les situations problématiques et les pistes de solutions envisagées.

Geneviève Dufour est spécialiste en activités cliniques au Centre jeunesse de Québec-Institut universitaire. Elle a été éducatrice auprès des jeunes et de leurs familles pendant plus de 10 ans et elle est actuellement étudiante à la maîtrise en psychoéducation à l’UQTR.

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La trousse comprend : 1 affiche modèle cartonnée (15 X 21”), 1 guide d’accompagnement de 24 pages ainsi que 3 fiches reproductibles.

Éditions Midi trente www.miditrente.ca

ISBN 978-2-923827-24-7

Trousse de connaissance de soi et d’analyse des comportements

[ 8 à 14 ans ]

Mode dâ&#x20AC;&#x2122;emploi

Avant tout Avant de vous asseoir avec un enfant pour remplir les fiches OpérAction, vous devez tout d’abord prendre le temps de vous poser quelques questions. Quel est l’objectif visé ? Quel serait le meilleur moment pour intervenir ? À quel endroit ? Vais-je pouvoir réutiliser le contenu ? Est-ce que je prévois faire cette activité à plus d’une reprise ? Il est par la suite essentiel de vous assurer que le climat soit agréable. Vous ne devriez pas, par exemple, faire cette activité tout de suite après une crise. L’enfant risquerait d’associer cette activité à une punition. Il est aussi indispensable que l’enfant soit volontaire et disposé à faire cette activité avec vous. Il est nécessaire d’ailleurs de laisser beaucoup de place à l’enfant. Posez-lui des questions, montrez que vous êtes un accompagnateur souhaitant vraiment l’aider, mais ne répondez jamais à sa place. En ce sens, n’oubliez pas qu’il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises réponses de l’enfant : on s’intéresse ici à ses perceptions et à son vécu. Vous pourriez être surpris des capacités de l’enfant à trouver des bonnes solutions par lui-même; il faut donc lui laisser l’espace pour le faire. Il est aussi très important avant l’activité de bien évaluer la « stratégie d’utilisation » de l’outil. Par exemple, pour un enfant qui manifeste fréquemment des comportements inappropriés en classe, il pourrait être plus efficace de faire l’exercice en ciblant un bon comportement plutôt qu’un comportement à proscrire. L’objectif serait alors de renforcer ce bon comportement et d’aider l’enfant à en réaliser les impacts positifs sur lui et sur les autres. Vous pourriez ensuite lui suggérer, par exemple, de reproduire ce comportement trois fois par semaine. L’enfant recevant régulièrement des réactions positives de son entourage tendra possiblement à diminuer de luimême les comportements inappropriés. Dans la mesure du possible, tentez de prendre une entente avec l’enfant en regard de la réalisation du plan d’action. Ce dernier devra s’effectuer dans un court laps de temps, par exemple sur une période de deux semaines. Comme parent ou intervenant, vous aurez la responsabilité d’assurer un suivi et d’accompagner l’enfant dans sa démarche (par exemple en félicitant l’enfant si ce dernier tente d’utiliser un nouveau comportement auprès de ses pairs). Finalement, il serait important de vous informer des réactions de l’enfant à la suite de la réalisation de cette activité. Vous pourriez lui demander s’il a apprécié l’activité, ce qu’il a appris et s’il aimerait la répéter à un autre moment ou pour une autre situation.

Contenu de la trousse La trousse contient trois éléments distincts : une affiche modèle en couleur, une fiche d’autoévaluation (version garçon, version fille) et une fiche de plan d’action.

L’affiche modèle en couleur doit être placée bien en vue afin de pouvoir y référer aisément. En plus d’illustrer la démarche concrètement, celle-ci contient plusieurs suggestions de questions que vous pouvez lire avec l’enfant pour compléter ensuite les fiches d’autoévaluation et de plan d’action. Son contenu est expliqué en détails à la page suivante.

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Opéraction

| guide d’accompagnement

Vous trouverez également aux pages 19 et 21 deux fiches vierges, une pour les garçons et une pour les filles. Ce sont les fiches d’autoévaluation. À la page 23 se trouve enfin une fiche de plan d’action. Vous pouvez reproduire ces trois fiches vierges à votre guise. Elles vous seront utiles pour écrire (ou dessiner) les réponses que fournira l’enfant aux différentes questions. Si vous le souhaitez, vous pouvez inscrire le nom de l’enfant et la date de l’activité sur chacune des fiches : cela vous sera utile pour réinvestir le contenu de l’activité par la suite. [Les fiches reproductibles sont également disponibles pour téléchargement à l’adresse suivante : www.miditrente.ca/Fiches/Operaction.html] Contenu détaillé de l'affiche modèle

Situation : Description de l’événement vécu par l’enfant et du contexte dans lequel cet événement s’est produit. La situation peut être positive ou négative. Il peut s’agir par exemple d’un accident, d’une situation répétitive ou d’un conflit. En changeant le temps de verbe des questions, il est possible d’aborder une situation passée, une situation présente ou une situation à venir.

»

Comportements : Réactions de l’enfant liées à la situation, ses comportements directement observables, ceux que l’enfant utilise pour répondre à ses besoins et pour s’adapter aux situations vécues. Ces comportements peuvent être positifs ou négatifs. Exemples : J’ai frappé un ami; j’ai crié; j’ai fait des grimaces lorsqu’on m’a demandé quelque chose; je n’ai pas répondu lorsque quelqu’un m’a parlé; je me suis levé huit fois à l’heure du coucher; j’ai partagé un jouet avec un ami; j’ai aidé mon petit frère à chercher un objet.

Exemples : Je suis tombé sur la glace; mon frère est très malade; mon ami est déménagé; mes parents divorcent; il y a une tempête de neige; c’est ma fête la semaine prochaine; j’ai eu un échec en mathématique.

» Conséquences : Résultante du comportement adopté par l’enfant. Il peut être question ici des impacts sur l’environnement, chez les autres et chez l’enfant luimême. Encore une fois, les résultats peuvent être positifs ou négatifs et notez qu’ils ne sont pas toujours observables puisqu’ils peuvent être d’ordre psychologique, émotif et physique. Exemples : Les autres me rejettent. (Un enfant qui dérange continuellement en classe peut en venir à se faire rejeter par les autres; cela peut avoir un impact sur l’estime personnelle de l’enfant. Il s’agit d’une conséquence psychologique et émotive. Cependant, la conséquence directe et observable est le rejet des pairs.) L’enseignante a souligné mes efforts en classe. Cet exemple est positif et va possiblement motiver le jeune à réutiliser les comportements pour recevoir ce type d’encouragement. Cela pourrait aussi avoir comme conséquence que le jeune apprécie l’école davantage.

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Paroles

Mots et expressions utilisés par l’enfant. Puisque la communication n’est pas uniquement verbale, il est aussi pertinent de connaître le ton de voix utilisé. Il chuchotait ? Il parlait très fort ?

Opinion ou croyance de l’enfant en regard de la situation vécue. Vous observerez que les premières pensées sont souvent plus émotives. Par exemple, un enfant qui vit plusieurs échecs peut penser, chaque fois qu’il reçoit une mauvaise note, qu’il est vraiment incompétent. Il peut même se dire : à quoi bon étudier puisque de toute façon je suis incapable de m’améliorer ? Avec un peu de recul, l’enfant peut avoir des pensées plus nuancées. L’enfant peut se dire que dans certaines matières, ça va mieux ! Par le questionnement, l’intervenant peut tenter de semer le doute quant aux pensées qu’entretient l’enfant. On doit essayer d’amener l’enfant à avoir des pensées un peu plus réalistes.

Pensées

Sensations corporelles ressenties par l’enfant avant, pendant ou après une situation. Ces sensations physiques peuvent être d’intensité variable. Exemples : J’ai les mains moites; j’ai mal au ventre; j’ai le vertige; mes mâchoires sont crispées; je me sens excité; j’ai chaud; mes muscles sont détendus.

Sensations physiques

Ces sensations physiques sont souvent un signal d’alarme ou des signes annonciateurs d’un comportement. Par exemple, si on observe qu’un enfant commence à rougir et qu’il est plus tendu physiquement, l’étape suivante pourrait être l’explosion de colère. Aider l’enfant à mieux nommer ses sensations physiques permettra peut-être à ce dernier et à l’intervenant d’agir en prévention, c’est-à-dire avant qu’un comportement ne se produise.

Réactions subites se produisant à la suite d’un stimulus. Elles sont étroitement liées aux pensées et aux sensations physiques. Il est plus facile de les cerner en donnant des exemples à l’enfant : « Ressens-tu de la colère ? De la joie ? De la tristesse ? De la peur ? De la surprise ? De l’étonnement ? »

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Émotions

Opéraction

plan d'action

| guide d’accompagnement

Une fois toutes les informations consignées sur la fiche d’autoévaluation, vous pourrez aider l’enfant à résumer ses apprentissages et à élaborer son plan d’action. Voilà une excellente manière d’ancrer ses nouveaux apprentissages dans son quotidien. Le plan d’action doit correspondre à ce que l’enfant veut faire à la suite de cet exercice. Cela ne doit pas être trop compliqué. Il est préférable de faire de petits changements graduels et concrets plutôt que de viser de grands changements qui seront difficilement atteignables. Par exemple, au lieu de dire « Je resterai poli avec les autres lorsque je serai fâché », il serait préférable d’indiquer : « J’essaierai de prendre deux grandes respirations avant de parler ». Le plan doit être écrit de manière à ce que le jeune comprenne bien ce qui est attendu de lui. Une bonne façon de s’en assurer est de laisser le jeune l’écrire dans ses mots à lui.

, Ce que j ai appris : Inscrire ce que l’enfant a appris de plus important. S’il devait résumer ses apprentissages, que retiendrait-il ? Ce que je vais continuer de faire : Il est essentiel de miser sur les forces de l’enfant et sur ce qu’il fait déjà de bien. Que peut-il reproduire ou conserver ? Ce que je vais essayer de changer : Que veut-il essayer de faire de nouveau ? Quand et comment ? Tentera-t-il un nouveau comportement dans un contexte précis ? Par exemple, ira-t-il voir un adulte lorsqu’il éprouvera les sensations physiques qu’il a identifiées comme étant des signaux d’alarme ? Ce que nous pouvons faire pour t'accompagner : Il s’agit de ce que nous pouvons faire concrètement pour soutenir et encourager l’enfant au quotidien.

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Démarche proposée Votre premier rôle en tant qu’accompagnateur est la planification et l’organisation de l’activité. Vous devez vous assurer de connaître l’enfant et de l’avoir observé dans des contextes précis (en classe, avec un groupe de pairs, avec sa fratrie, etc.), car il peut arriver que l’enfant vive des difficultés dans un ou plusieurs contextes. Il sera important de savoir pourquoi. Il est donc essentiel d’avoir des informations précises quant au contexte, à la fréquence et à la gravité des comportements. Par la suite, il vous sera plus facile de déterminer l’objectif visé par cette activité. Une fois cette planification faite, voici les étapes à suivre pour effectuer l’activité : Étape 1

En premier lieu il est essentiel, afin de vous assurer de la participation active de l’enfant, de prendre le temps de lui expliquer à quoi sert l’affiche et quel est le but de l’activité. Exemple : « Cette activité t’aidera à mieux comprendre ce que tu vis dans certaines situations (que ce soit positif ou négatif) et à avoir davantage de contrôle sur tes comportements lorsque tu seras de nouveau confronté à cette situation. »

Vous pouvez vous prendre en exemple afin de bien lui faire comprendre comment fonctionne l’affiche. Vous pouvez également utiliser l’exemple fictif suivant :

Situation : Je suis Monsieur Polisson et j’ai

Ce que j’ai appris : Je ne suis plus certain que Madame Rigolote aime recevoir des tartes, puisqu’elle refuse de faire une sortie avec moi.

beaucoup de difficulté à garder mes amis. Hier, Madame Rigolote a refusé de venir au cinéma avec moi. Je ne comprends pas pourquoi.

Ce que je vais continuer de faire :

Comportement : Je lance souvent des tartes

J’aimerais continuer à lancer des tartes à la crème dans d’autres contextes. Par exemple, je pourrais préparer un spectacle comique où il serait prévu et correct de le faire.

à la crème à mes amis.

Conséquence : Madame Rigolote refuse

d’aller au cinéma avec moi.

Ce que je vais essayer de changer :

Paroles : Juste avant de m’élancer, je crie

Je ne vais plus en lancer à mes amis lorsqu’ils ne s’y attendent pas.

« Ha ! Ha ! »

Pensées : Je crois que mes amis aiment recevoir des tartes à la crème dans le visage. Particulièrement Madame Rigolote ! J’aurais dû lui en lancer davantage, puisqu’elle semble apprécier cela.

Ce que nous pouvons faire pour t’accompagner : Vous pouvez me rappeler

que c’est mieux de ne plus lancer de tartes au visage de mes amis et m’aider à préparer un spectacle comique !

Sensations physiques : Juste avant de

lancer ma tarte à Madame Rigolote, j’étais énervé et j’avais très chaud. Émotions : Je crois que je ressens de la joie.

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