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autour du monde
N°18 - 4,90 € février 2011
s o d a s e d g a le m ! t n e g u o b i u q
[Dossier Presse]
|édito| Liberté d’expression surveillée ? à l’heure où les peuples du monde arabe se soulèvent les uns après les autres, le mot liberté prend toute sa force. En France, la première des libertés, celle de s’exprimer, est considérée comme un droit fondamental, défini dans le Déclaration de l’homme et du citoyen en 1789 et renforcée par la Déclaration universelle prononcée par 50 états en 1948. De ce droit, découlent la liberté d’informer et la liberté de la presse. Pourtant, depuis quelques années, la France dégringole dans le classement établi par l’association Reporters sans frontières. L’Hexagone, qui figurait en 11e place des pays respectueux de la liberté d’information en 2002 (sur 178), est aujourd’hui 44e après plusieurs tentatives de pressions sur des journalistes. Ajoutez à cela l’autocensure que l’on constate dans la plupart des médias... En effet, la crainte de s’attirer les foudres des puissants agit comme un adoucissant : les propos sont plus doux, plus lisses, plus brillants ! Nous sommes dans une ère du politiquement correct, dans laquelle on évite de froisser… Dans ce numéro de Sept autour du monde, nous avons réalisé un dossier spécial vous encourageant à créer votre journal. Alors souvenez-vous : en tant que journaliste, même jeune, vous avez des devoirs, celui notamment de vérifier vos sources et de ne pas confondre information et injure gratuite. Mais la liberté d’expression est aussi un droit. Alors, tous à vos stylos et ordinateurs. Prenez la parole ! L’information vous appartient… Mathilde Bréchet, rédactrice en chef
ez is, retrouv Chaque mo es de jeun et le portrait es ns au sein d leurs actio es èg ll ns, MJC, co s associatio le i s s u rs... Mais a eb ou quartie lo g , des Zellidja u a , aventures ls eu s ui partent trot ters q ! e nd bout du mo
[informations] Le documentaire Pollen | Mauvaise pub | Handivalides association | Plastique : Le poison des mers | Une tribu amazonienne filmée pour être sauvée | Mesurer les requins baleine |
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[décryptage] Wikileaks Le 26 juillet 2010, le site Wikileaks a publié des milliers de documents confidentiels, émanant des services secrets américains. Le débat commence : Peut-on tout dévoiler ?
[Défi] Le tour du monde de PlanetSolar Chaque mois, retrouvez l’équipe et le parcours du plus grand bateau solaire
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[globetrotters]
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à 19 ans Maëlle a sillonné pendant trois mois la République du Malawi en Afrique. Elle a découvert un peuple d’agriculteur, au grand coeur.
[métier]
Delphine est rédactrice en chef adjointe du magazine VLM. Il appartient à l’association AFM qui lutte contre les maladies neuromusculaires et organise notamment le Téléthon.
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[livres] 2
Pierrot Lunaire | Brume | Jerôme K. Jerôme Bloche | Marzi | Guide des Juniors sportifs. Olivier Boutet, Le manchot p.6 2
The
(7) Files
[les dossiers de 7]
15 Comme chaque année en mars, le CLEMI organise la semaine de la presse et des médias à l’école. Vous pouvez tous participer ! Sept autour du monde, partenaire depuis trois ans de l’événement, vous propose de rejoindre la tribu des journalistes en créant vous aussi votre journal ! Au collège, au lycée, dans votre quartier ou pour votre ville, tout est possible. Voici quelques astuces pour arriver ! Dossier réalisé en partenariat avec Jets d’encre
Au sommaire
| D N U O R G P U | 34 generation
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- La naissance de Sept autour du monde, depuis la conférence de rédaction jusqu’à l’impression. - Les questions avant de se lancer - Former son équipe de choc - Quel sera mon lecteur ? Choisir une ligne éditoriale et un ton - Comment financer son journal ? - La maquette, carte d’identité d’un magazine - Se lancer ! Le numéro zéro et les suivants - Les droits et les devoirs du journaliste jeune - Place à la rédaction : genres journalistiques et techniques pour Accrocher son lecteur - Le rôle de l’image dans la presse
[bouge-toi !]
Anna, jeune journaliste engagée
Anna Lentzner, 18 ans, nous raconte son expérience de rédactrice en chef de Prométhée, journal engagé du lycée Racine à Paris.
Flower Power !
Clic dan Cla s la c, re boît quin e !
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Notre futur dépend d’une histoire d’amour entre les fleurs et les animaux ou insectes pollinisateurs… Ainsi commence le nouveau documentaire présenté par Disneynature, un label créé en 2008. Au moyen d’images époustouflantes, le réalisateur américain Louie Schwartzberg nous raconte les techniques de séduction des fleurs, dont les couleurs, parfums et nectars attirent les papillons, bourdons, abeilles, colibris ou chauves-souris. En butinant, ces animaux transportent le pollen de fleur en fleur, favorisant leur reproduction. On estime qu’un tiers de nos fruits et légumes provient de cet incroyable échange. Louie Schwartzberg filme les fleurs en accéléré, 24 heures sur 24, depuis trente ans. Dans ce documentaire, il nous apprend à aimer les pollinisateurs et à les protéger. Beaucoup sont en effet en danger… Alors plantons des fleurs ! Faisons de nos jardins et balcons des petits coins de paradis pour ces anges -gardiens butineurs. Sortie le 16 mars !
Le requin baleine fait partie des géants de cette planète dont l’existence est menacée. Partant du constat que pour protéger une espèce il faut d’abord tout connaître d’elle, des chercheurs australiens ont imaginé un appareil photo futuriste permettant de mesurer l’animal. Muni d’émetteurs lasers, celui-ci permet de projeter des points sur la queue et la gueule du poisson et ainsi, de calculer sa taille avec plus de précision qu’un mètre de couturière ! Le requin baleine est le plus grand poisson vivant sur terre. Il peut atteindre 18 à 20 mètres de long. Totalement inoffensif, il se nourrit principalement de plancton comme sa cousine mammifère la baleine. Il vit dans les eaux tropicales, mais migrent à la recherche de nourriture. C’est au cours de ce voyage que les menaces surviennent : pêche, filets, pollution…
Environ 100.000 requins de différentes espèces ont été aperçus au large des côtes de la Floride, aux EtatsUnis, au début du mois de février. C’est un phénomène naturel - les requins migrent vers des eaux chaudes à cette période de l’année - mais néanmoins impressionnant !
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© Gleison Miranda/FUNAI/Survival
Des images pour la liberté
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Ils ne seraient plus qu’une poignée, quelques Indiens isolés fuyant les forestiers illégaux du Pérou. Ils sont les rescapés d’une tribu indigène, qui comptait quelques 300 personnes il y a plusieurs dizaines d’années. Et pour la première fois, ces hommes, femmes et enfants qui vivent coupés du monde dans la forêt amazonienne, ont été filmés depuis un avion. Le but n’était pas de les effrayer, d’exploiter leur image ou de prendre contact avec eux. Surtout pas ! Un simple rhume suffirait à les tuer. Cette vidéo avait pour but de prouver leur existence et de faire valoir leurs droits. Jusque là, les autorités brésiliennes et péruviennes niaient leur présence, acceptant de fait que les bûcherons clandestins de la région les chassent de leur territoire. Pour les protéger, l’association Survival, qui soutient les peuples indigènes du monde, a diffusé très largement cette vidéo. On peut y voir des hommes peints en rouge, regarder, intrigués, ce drôle d’engin qui passe au-dessus de leurs cabanes tressées. Opération réussie : le gouvernement brésilien vient d’annoncer des mesures pour protéger les différentes tribus isolées d’Amazonie.
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La Méditerranée est contaminée par 250 milliards de micro fragments de plastique. Fines particules de sacs, bidons, déchets en tout genre qui flottent et dérivent au gré des courants… Ce constat vient de l’Expédition MED (Méditerranée en Danger), menée par des scientifiques et environnementalistes européens. En juillet dernier, ils ont effectué des prélèvements de micro plastiques dans celle qui est désormais la mer la plus polluée du monde. Les résultats sont dramatiques : notre chère Méditerranée est une soupe de plastique ! Or, ces micro fragments sont ingérés par le plancton, les poissons, puis les tortues, mammifères, oiseaux et l’homme. On estime que ces déchets peu digestes entraînent la mort de 100 000 Pou rd animaux chaque année. Pas besoin de leu éco rp uvr long discours : DISONS HALTE AU é Mé titi ir l’a dite on PLASTIQUE ! 1 sso r
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www.survivalfrance.org
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le tour du monde de
Panama
Cartagena
Océan Pacifique
îles Galapagos
Nous suivons le parcours de PlanetSolar, le plus grand bateau solaire au monde, parti de Monaco à la fin du mois de septembre. Après quinze jours de repos, l’équipage s’apprête à reprendre son tour du monde. Raphaël Domjan quitte sa Suisse natale et reprend l’avion pour rejoindre PlanetSolar en Colombie.
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Vendredi 7 janvier 2011 Il ne reste que 24 heures avant de reprendre la route pour traverser le canal de Panama. On aurait rêvé voir PlanetSolar affronter le détroit de Magellan, mais ce sera peut-être pour un autre tour du monde ! En attendant, l’équipe du catamaran solaire a choisi la voie de l’efficacité. Patrick Marchesseau, le skipper et Christian Oechsenbein, responsable de la gestion de l’énergie à bord, rejoignent le bateau en fin de journée, prêts à en découdre avec le Pacifique.
Mardi 11 janvier 2011 Le reste de l’équipage rejoint le bateau à Colon, à l’entrée du canal de Panama. Ils ont tous conscience qu’ils vont vivre un instant historique. Pour la première fois, un bateau solaire parti d’Europe va pénétrer dans l’Océan Pacifique. A plus de huit nœuds, PlanetSolar traverse le lac artificiel de Gatun et franchit durant trois jours les différentes écluses qui le mènent vers l’autre moitié du monde.
Samedi 15 janvier 2011 PlanetSolar prend son départ dans l’océan Pacifique, direction : les îles Galapagos ! A bord, ils embarquent deux mois de nourriture et un maximum d’eau douce. Le navire solaire s’élance sur une mer calme et sous un soleil éclatant. Il va descendre à présent vers l’équateur et profiter d’un maximum d’ensoleillement. Sur leur route, ils croisent malheureusement d’énormes bancs constitués de déchets flottants. Ils libèrent ainsi une pauvre tortue, empêtrée depuis plusieurs jours apparemment dans ce dépotoir à la dérive. Mercredi 19 janvier 2011 Raphaël fête son 39ème anniversaire à bord. Après sept années, il fait le bilan de cette extraordinaire expérience et remercie tous ses proches et son équipe, qui lui ont permis de réaliser ce rêve extraordinaire.
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Qui Que Quiz ? Les premiers hommes à avoir accompli un tour du monde en bateau sont des membres du voyage de Fernand de Magellan en 1522. Ces expéditions portent le nom particulier de circumnavigations. Combien d’années ce premier tour du monde a-t-il duré ? A/ 30 ans B/ 9 ans C/ 3 ans La réponse, p. 46
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Sans lui et son incroyable ténacité, jamais PlanetSolar n’aurait pu voir le jour. Le navire progresse dans une atmosphère très lourde, avec 90 % de taux d’humidité relative et de fortes pluies orageuses. Malgré tout, les batteries contiennent encore suffisamment d’énergie pour continuer à faire avancer le navire. Raphaël, en observant les cartes, retrouve le nom d’un sommet de la cordillère des Andes, le Chimborazo. Il avait tenté de l’escalader, il y a douze ans, avec une équipe suisse. Arrivés à 6.000 mètres d’altitude, ils avaient renoncé à leur montée pour porter secours à un alpiniste américain. Il était loin d’imaginer, lorsqu’il observait l’océan pacifique, si lointain, qu’un jour il repasserait par là à bord d’un navire solaire. Lundi 24 janvier 2011 Au petit matin, PlanetSolar a franchi l’équateur. Il passe ainsi de l’hiver à l’été et bénéficiera désormais d’un meilleur ensoleillement. Les pensées de Raphaël vont vers son ami japonais, Kenichi Horie. Il y a quinze ans, celui-ci a franchi cette même ligne symbolique à bord d’un petit bateau solaire construit en aluminium recyclé. Il avait traversé le Pacifique en partant de Salinas, en Equateur, jusqu’à Tokyo, soit 16.000 kilomètres parcourus en 148 jours.
Mardi 25 janvier 2011 Après 17 jours de navigation, PlanetSolar parvient aux îles Galapagos, cet archipel volcanique qui est devenu un parc naturel universellement reconnu. Ces îles font partie à présent du patrimoine mondial de l’Unesco. C’est ici, il y a deux cents ans, que Charles Darwin a étudié les différentes espèces d’oiseaux, à partir desquelles il a élaboré sa théorie sur l’évolution et la sélection naturelle ! Comme pour fêter cette rencontre inattendue, des phoques se sont installés sur les flotteurs du catamaran solaire ! Durant les quelques jours passés dans l’archipel, l’équipe de PlanetSolar donne de nombreuses conférences et organise plusieurs visites à bord. Le public est enchanté et émerveillé de pouvoir admirer ce navire révolutionnaire. Les
techniciens en profitent pour changer quelques pièces des moteurs électriques et pour peaufiner le navire en vue de la partie la plus longue de sa traversée. Lundi 7 février 2011 Quinze journées de rêve dans l’archipel équatorien s’achèvent par un départ émouvant. PlanetSolar s’élance vers l’inconnu, en direction des îles Marquises, 6.000 kilomètres plus loin. Encore un nouveau défi pour notre bateau solaire…
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Le 26 juillet 2010, le site WikiLeaks a publié des milliers de documents confidentiels, émanant des services secrets américains. Cet événement unique dans l’histoire des médias a provoqué un débat au sein des rédactions occidentales. Fallait-il, ou non, publier ces informations ? Quel était le but réel recherché par Julian Assange, son directeur, et ses équipes de collaborateurs ? Quelle est la responsabilité du journaliste par rapport à ses sources d’informations ? Vaste débat que nous allons tenter de décrypter.
Wikileaks :
Liberté de la presse ou dérapage de la libre expression ? 10
Confidentialité : les fonctionnaires ou les cadres de certaines entreprises sont tenus à la discrétion sur les informations auxquelles ils ont accès. S’ils ne respectent pas cette règle, ils peuvent être condamnés pour rupture de la clause de confidentialité ou même pour espionnage. SIPRNET : Secret Internet Protocol Router Network – Réseau des serveurs internet des services secrets. 600.000 personnes avaient accès au réseau SIPRNET, ce qui est beaucoup trop pour un réseau “secret”.
Le soldat Bradley Manning est un sous-officier spécialiste du renseignement militaire, intégré au sein de l’état-major américain à Bagdad. A ce titre, il a accès au réseau SIPRNet, système reliant les différents réseaux des ministères de la Défense et des Affaires étrangères. Bradley a plusieurs problèmes avec sa hiérarchie. D’une part, il est homosexuel, ce qui est mal accepté dans l’armée américaine. D’autre part, il est souvent trop bavard pour un sousofficier des renseignements. On l’a déjà réprimandé une première fois pour avoir posté des vidéos “sensibles” (révélant des informations militaires confidentielles) sur You Tube. Ses officiers supérieurs l’ont d’ailleurs rétrogradé au rang de simple soldat après une dernière altercation avec un camarade. Frustré et sur le point de démissionner, Bradley Manning est en poste en Irak depuis huit mois lorsqu’il entre en contact avec un pirate informatique, appelé Adrian Lamo. Ce hacker est devenu célèbre en “craquant” les réseaux informatiques de Yahoo et de Microsoft. Après 18 mois de prison, Adrian Lamo s’est “repenti” et a conclu un accord avec la Justice américaine pour rentrer dans le droit chemin. Mais en mai 2010, Bradley Manning révèle à Lamo qu’il est sur le point d’envoyer des documents secrets au site WikiLeaks. L’ex-pirate informatique, qui ne veut plus d’ennuis avec la Justice, décide d’en informer le FBI, mais les fichiers sont déjà partis. Le premier document transmis est une vidéo, filmée en juillet 2007 à Bagdad, montrant une attaque aérienne sur un groupe d’hommes portant des armes. Ils sont abattus par un hélicoptère les surveillant. Une camionnette arrive ensuite et tente d’emporter le seul survivant de la fusillade. Les soldats demandent alors l’autorisation de tirer sur le véhicule. Tous les hommes à l’extérieur sont tués et deux enfants, se trouvant à l’intérieur, sont grièvement blessés. On apprendra par la suite que deux de ces victimes étaient en réalité des journalistes travaillant pour l’agence de presse Reuters. Apparemment, les
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soldats ont pris pour une arme la caméra vidéo que l’assistant du correspondant irakien portait. C’est l’horreur de cette vidéo, intitulée “meurtre collatéral”, qui a motivé la trahison du soldat Bradley Manning. Dans la foulée, il a fourni 260.000 pages de documents confidentiels² à WikiLeaks. WikiLeaks, un site de protestation Wilileaks est un site Internet, créé sur les principes de fonctionnement du site Wikipédia. Dans ce mode de fonctionnement, tout le monde a le droit de participer à l’élaboration du contenu du site, par des contributions non-rémunérées, mais aussi de corriger les erreurs contenues dans les pages du site. Julian Assange et les autres créateurs du site ont voulu créer un lieu de liberté où toutes les informations classées “secrètes” par les gouvernements ou les grandes compagnies internationales pourraient être mises à la connaissance du grand public. WikiLeaks voulait ainsi forcer les gouvernements à devenir “transparents”.
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Julian Assange est un informaticien, âgé de 39 ans. Il a travaillé plusieurs années sur la conception de logiciels “libres”, destinés à être échangés gratuitement entre internautes. Progressivement, Julian Assange constate que les grandes puissances, financières ou étatiques, disposent d’un grand nombre d’informations sur les citoyens, depuis leur numéro de sécurité sociale jusqu’aux codes d’accès de leurs comptes personnels. En revanche, la population possède très peu de moyens de contrôle sur ses dirigeants. C’est ainsi que Julian Assange participe à la création du site WikiLeaks (leaks signifiant “fuites” en anglais). Le site entend rendre publics un certain nombre de secrets bien gardés. Mais à cause des dérapages légaux constatés sur le site et de l’impossibilité de contrôler les contributions, WikiLeaks a été exclu de la communauté des sites collaboratifs libres. Reste à comprendre l’attitude de Julian Assange et découvrir le but qu’il poursuit. Les différents documents qui sont diffusés sur ce site indépendant depuis la fin 2006 sont des documents officiels publiés sans autorisation. WikiLeaks a notamment publié une liste de 1.600 clients américains possédant un compte bancaire aux îles Caïmans. Transparence ou dénonciation ? S’opposant à la conclusion d’un accord favorable à la lutte contre la contrefaçon, qui mettait en cause la diffusion des logiciels libres, le site a publié des documents de travail élaborés par différents pays et fait échouer la négociation en cours. Etait-ce pour protéger la liberté d’expression ou préserver les intérêts de la communauté de développeurs à laquelle appartient Julian Assange ? Peu avant le krach boursier de 2009, le site a découvert des mouvements de fonds suspects au sein d’une grande banque islandaise. C’est également ce site qui a dévoilé
39 ans. Julian Assange, ? on m Ange ou dé
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Prenez la parole : CRéEZ VOTRE JOURNAL ! Chaque année, depuis 22 ans, le CLEMI organise la Semaine de la presse et des médias dans l’école. Objectif de cette opération : étudier les différents journaux, magazines, émissions de télévision et radios, pour comprendre le système des médias, former son jugement critique et développer le goût pour l’actualité.
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n mars 2011, ce ne sont pas moins de 1885 médias qui participent à cette semaine spéciale presse, permettant aux 15 049 établissements scolaires inscrits de les découvrir et de les décortiquer. Sept autour du monde est partenaire de cet événement depuis trois ans. Et cette année encore, plus de 3 000 collèges ont demandé à nous connaître ! Pour fêter cela, nous vous
proposons un dossier spécial “Créez votre journal !” Ce dossier a été réalisé en collaboration avec Jets d’encre, association qui consacre son activité à la reconnaissance et à la défense des journaux réalisés par les jeunes de 12 à 25 ans. www.jetsdencre.asso.fr www.creerunjournallyceen.fr www.clemi.fr
fruit du travail monde est le du ur to e de au pt Le Se ivée, soucieus uipe très mot tre éq e no tit de pe es e ss un he d’ cteurs les ric le s se x à eu rir br uv m de no faire déco atives positives iti in s le et e planèt elle aventure ! jeunes. c’est une nouv o, ér m ur nu ue n de Sept auto Pour chaq es de la créatio ap ét en s e le bl ez ta vr Décou es sur la is les idées jeté s du monde, depu ction, jusqu’à l’impression de da ré e in de az conférence rrivée du mag primeur et l’a pages chez l’im aux lettres ! dans votre boîte
étape N°1
Avant de commencer, posez-vous les bonnes questions ! - Qui sommes-nous ? - Que voulons-nous faire ? - Quel sera notre message ? - De quels moyens techniques et humains disposons-nous ? Les réponses que vous apporterez et les choix que vous ferez détermineront l’identité de votre journal. Rappelez-vous, il faut être raisonnable, mais savoir aussi laissez libre cours à son originalité !
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Une équipe de choc Le magazine Sept autour du monde est réalisé par une petite (mais costaude !) équipe. Mathilde Bréchet est la rédactrice en chef. Miguel Ramis est le directeur artistique. Ensemble, ils jouent les chefs d’orchestre. Ils définissent les sujets à venir, réfléchissent à la future mise en page et distribuent les rôles à chaque membre de l’ équipe. Claire Goujon est journaliste. Spécialisée dans les Sciences, elle est en charge du grand dossier écolo. Eva Jérôme est maquettiste et illustratrice. Elle coule textes et photos et complète avec des dessins de presse. Et puis il y a nos partenaires : les Juniors associations, les boursiers Zellidja, l’association Planète Sciences…
Créez votre journal !
s i a m , i u O lequel ? Choisir son équipe de choc Des amis veulent vivre cette aventure à vos côtés ? Parfait. C’est même indispensable car la création et la réalisation d’un journal est un travail d’équipe. Dès le début, attribuez des fonctions bien définies à chaque rédacteur, en fonction de leurs talents. Le plus doué en dessin endossera le rôle de dessinateur de presse, le roi de la photo et de la retouche sera sans chargé de l’iconographie, le passionné de sport, sera le chef de rubrique du même nom… Entretenez la motivation des membres de l’équipe car créer un journal demande du temps et du sérieux. Selon la capacité de travail des uns et des autres, vous choisirez de paraître toutes les semaines,
y pensez. mois que vous s ur ie us pl ilà Vo parole, de e de prendre la vi en ez av us Vo r des sujets , d’échanger su er im pr ex us vo uchent… ssent et vous to re té in us vo i qu nal dans votre s créer un jour pa ne oi qu ur Po onter un tel ou quartier ? M e cé ly , ge llè co la ténacité. du travail et de de an m de et oj pr ssionnant que t tellement pa es fi dé le s ai M se laissent les jeunes qui nt so x eu br m no ? Chers urquoi pas vous po , rs lo A . er nt te petit devenir, voici un tre journalistes en r vo us aider à crée manuel pour vo journal !
tous les mois, tous les deux mois... Un conseil : mieux vaut un magazine qui contient peu de pages, mais paraît régulièrement. Votre mission : distraire, informer et fidéliser votre lecteur !
Quel type de journal ? Au collège, le directeur de publication du journal doit être une personne majeure (principal du collège, professeur, parent d’élève…) ; au lycée, ce rôle peut être assuré par un lycéen majeur ou mineur (en ce cas, avec l’autorisation de ses parents). Le choix du directeur de publication, qui est le responsable de l’intégralité du journal et qui est le seul fondé à en relire le contenu avant diffusion, est donc
très important : en fonction de la personne choisie, la rédaction aura plus ou moins d’indépendance. Autre possibilité : créer un journal dans son quartier, avec l’aide de la mairie, d’un centre social ou d’une MJC (maison de la jeunesse et de la culture). Dans ce cas, la ligne éditoriale sera définie en accord avec votre partenaire. Comme dans toute association, il faudra faire des compromis ! Enfin, certains journaux sont réalisés de A à Z par les jeunes. Cette indépendance totale implique de disposer de sources solides et variées de financement.
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étape N°2
Portrait robot de votre lecteur
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Réunion au sommet. En début de mois, toute l’équipe se réunit pour une conférence de rédaction. Objectif : définir les sujets d’articles pour le prochain numéro de Sept. Autour de la table, les idées s’échangent. Les rédacteurs proposent des sujets qui leur paraissent intéressants. Progressivement, en fonction de l’actualité et de notre ligne éditoriale, nous définissons une liste de news, nous choisissons la Junior association dont nous ferons le portrait, le type de métier qui sera traité, les livres à chroniquer… Le choix du dossier, lui, a été fait dès le début de l’année. En effet, nous définissons cinq à six sujets d’avance, car ceux-ci demandent beaucoup de travail de recherche. Une heure plus tard, la réunion se termine. Mathilde, rédactrice en chef, peaufine le “chemin de fer” (plan du magazine), qu’elle transmettra à tous.
C’est peut-être LA question la plus importante de toutes. En effet, dès que vous aurez décrit votre lecteur “type”, vous pourrez décliner toutes les autres questions. Si vous souhaitez vous adresser aux élèves de votre collège par exemple, vous choisirez des thèmes d’article qui intéressent et concernent cette population : vie de l’établissement, musique, mode, thèmes d’actualité… Votre maquette utilisera des codes graphiques que ce lectorat peut comprendre et aimer. Vous déciderez peutêtre de paraître toutes les trois semaines, soit environ deux fois entre chaque période de vacances scolaires et vous choisirez un format de magazine pratique pour glisser dans une sacoche de cours…
La ligne éditoriale Cette expression signifie l’identité du journal, les choix et le traitement des sujets. En clair : ce que vous voulez dire et comment
Imaginez
votre journal !
vous souhaitez le dire. En effet, un même sujet peut être traité de manières très différentes par deux journaux. Par exemple un quotidien d’information, parlant d’une marée noire, exposera les faits, interviewera des biologistes, des environnementalistes, le pétrolier, pour dresser un bilan de la situation. Un journal plus militant privilégiera sans doute un reportage sur place et présentera des associations de nettoyage des rivages, incitant ainsi le lecteur à se révolter lui aussi et éventuellement à agir. Un journal, c’est un peu comme une personne : elle change chaque jour de vêtements (différentes maquettes), mais garde toujours son caractère (ligne éditoriale) !
questions vrac toutes les en s sé po es êt eure est Vous-vous r journal. L’h tu fu e tr vo isément ce concernant définir très préc de e nu ve t s de sujets maintenan ard”. Quels type an “c e tr vo ra nd donner à que contie l ton allez-vous ue Q r ? te ai tr s seront ses allez-vous son titre, quelle ra se l ue Q ? s ant de se vos article toute bataille, av ur po e m m Co ? rubriques plan ! lancer, il faut un
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Le choix du titre est essentiel. Il doit incarner l’esprit du journal et donner envie au lecteur de vous lire. Alors creusez-vous les méninges !
Un titre, un ton, des rubriques Un journal est un ensemble où tous les éléments doivent être cohérents. Le choix du titre va forcément de pair avec la ligne éditoriale, mais aussi avec le ton que vous souhaitez donner à vos articles. Sera-t-il informatif et sérieux, humoristique, voire sarcastique ? Il est d’ailleurs possible de panacher, en ayant une ou deux rubriques un peu plus loufoques que le reste du journal.
La création des rubriques est très importante. Ce sont elles qui structurent votre support. Bien travaillées, elles deviendront de véritables rendez-vous qu’attendront vos lecteurs.
Bien entendu, il est difficile de penser à tout… Faites-vous confiance ! Votre journal prendra forme et mûrira au fil des numéros.
journaliste engagée
Anna Lentzner, 18 ans, nous raconte son expérience de rédactrice en chef de Prométhée, journal engagé du lycée Racine à Paris. Mais son aventure journalistique ne s’arrête pas là ! Anna, désormais à la fac, est actuellement en pleine création d’un magazine étudiant. Elle est également une membre active de l’association Jets d’encre, qui défend et promeut la presse lycéenne.
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Moqueur et décalé Notre magazine Prométhée a été créé pendant le mouvement de mobilisation contre le CPE en 2005 (1). Dès le début, c’était un journal engagé qui s’affichait politiquement de gauche. Je suis arrivée trois ans après sa création. J’étais alors en seconde et j’avais très envie de faire partie de la relève. Prométhée paraissait deux ou trois fois par an. Les sujets étaient variés, toujours engagés, parlant de politique intérieure et internationale, avec des articles de fond sur les FARC en Colombie (2) par exemple ou les lycéens sans papiers… Ces sujets me passionnaient, mais ils n’intéressaient pas vraiment nos lecteurs ! À l’époque, nous n’étions pas très à l’écoute des élèves de notre lycée, qui eux, auraient préféré qu’on parle de la vie de notre établissement…
à l’origine, le magazine avait tout d’une publication amateur. Nous n’avions pas de véritables rubriques et aucun des membres de l’équipe n’avait de rôle bien défini. Chacun proposait les sujets qui l’intéressaient et nous essayions ensuite de tout caser dans la maquette, avec quelques dessins pour égayer. Bien sûr, par la suite, nous nous sommes mieux organisés. Nous parlions toujours d’actualité (le portrait d’Aung San Suu Kyi, femme politique birmane, le sommet de la terre à Copenhague…), mais nous avions aussi des brèves (articles courts), une nouvelle, une rubrique musique et des chroniques de films. Enfin, le journal se terminait par une parodie d’horoscope et des sudokus impossibles à résoudre. Ainsi, nous répondions à la demande générale des élèves, tout en gardant notre côté moqueur et décalé !
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Anna, jeune
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Ecrire n’était pas truc !
|UPGROUND| generation
Lorsque je suis passée en 1ère, nous n’étions plus que deux à la rédaction. Je n’avais pas envie de laisser tomber notre journal. J’étais très attachée à Prométhée et nous avions trop lutté contre l’administration pour abandonner la bataille comme ça ! J’ai donc repris les rennes. Nous avons fait une première réunion de rédaction avec les volontaires et nous avons constitué une équipe de huit personnes, dont cinq vraiment investies. Sans le dire tout à fait, j’avais le rôle de rédactrice en chef : je m’occupais de répondre aux mails, de relancer chacun pour les articles, d’animer les réunions, de refaire entièrement la maquette (que nos prédécesseurs avaient oublié de nous laisser en quittant le lycée)… C’est d’ailleurs comme ça que je me suis retrouvée à travailler toute la nuit du 24 décembre pour boucler le journal ! C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à vraiment aimer ce que je faisais. A l’origine, j’ai intégré la rédaction de Prométhée pour le côté convivial, l’ambiance de groupe… Mais écrire n’était pas encore mon truc. Mes deux premiers articles, sur le recyclage des sapins de noël et sur la condition de la femme, étaient d’ailleurs totalement nuls ! Et puis je me suis mise à écrire sur les sujets qui m’intéressaient, politiques et engagés. J’ai alors appris à prendre position et à argumenter par le biais d’un article. Et j’ai adoré !
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Proviseur dans le collimateur Les prises de position de Prométhée nous ont d’ailleurs valu pas mal de problèmes avec l’administration de notre lycée. Tout a commencé avec un article dans lequel nous citions le proviseur adjoint. Celui-ci a très peu apprécié d’apparaître nommément et a exigé que nous rayions son nom sur tous les exemplaires imprimés (300 tout de même !). à l’époque, nous ne savions pas que les jeunes journalistes aussi ont des droits. Alors nous nous sommes exécutés. Ce n’est que plus tard que nous avons fait connaissance de l’association Jets d’encre, qui justement informe et protège les journalistes jeunes. Ils nous ont expliqué qu’en cas de conflit de ce genre, le mieux était de dialoguer et d’expliquer au proviseur de l’établissement
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CPE signifie "Contrat de première embauche". Proposé par le gouvernement en 2005, il a rencontré une vive opposition de la part des étudiants, lycéens et syndicats de salariés qui considéraient qu'il favorisait le licenciement du salarié. Suite à la mobilisation forte, il a été abrogé en 2008.
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(2) Les FARC, Forces armées révolutionnaires de Colombie, sont une guerrilla d'environ 17 000 hommes, qui sèment la terreur dans le pays. Ils sont très connus pour leurs prises d'otages et notamment celui très médiatique de l'ex députée et sénatrice Ingrid Bétancourt.
Quizdes médias
Le voca
Comme toutes les tribus, les “journaleux” ont un langage bien à eux. Légende, chapô, édito, angle, accroche… Vous connaissez la plupart de ces mots ou venez de les apprendre dans notre dossier. Mais connaissez-vous les drôles de termes ci-dessous ? 1/ Le mot “Canard” est un mot familier pour désigner un journal. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Canard enchaîné, journal satirique français, s’appelle ainsi. Mais au XVIe siècle, le mot canard signifiait autre chose : a/ Une personne qui n’avait pas peur de se mouiller. b/ Un voyageur. c/ Une fausse nouvelle, que l’on colportait. 2/ La signature d’un BAT fait partie des toutes dernières étapes dans la conception d’un journal ou magazine. Que signifie cet acronyme (mot constitué d’initiales) ? a/ Bienvenue à tous. b/ Bon à tirer. c/ Bêtises à trier.
3/ Pendant la conférence de rédaction, le
rédacteur en chef donne ses instructions aux rédacteurs. Il leur demande notamment de tenir compte du nombre de feuillets qu’il a défini. Le feuillet est une unité de mesure. Mais à quoi sert-elle ? a/ à déterminer la longeurd’un article. b/ à mesurer le temps de séchage d’une feuille de papier. c/ à définir le nombre de page d’un prochain journal ou magazine.
4/ La gazette est un mot souvent utilisé pour parler d’un journal confidentiel. Plus péjoratif encore : la feuille de chou. Mais le mot gazette a une origine historique. Laquelle ? a/ Gazette était le nom du livre préféré de Marie -Antoinette. b/ C’était le nom du chat du célèbre reporter Albert Londres. c/ C’était le nom du premier journal crée en France.
5/ On appelle “ours”, un pavé de texte dans lequel on trouve les mentions légales d’un journal : adresse, coordonnées du directeur et du rédacteur en chef, membre de l’équipe, nom et adresse de l’imprimeur… Mais d’où vient ce nom ? a/ C’était le surnom donné aux imprimeurs, qui, à l’époque, étaient les seuls responsables de la publication et devaient y faire figurer son nom. b/ Cela signifiait Organisation unique des rédacteurs de scoops, groupe très influent au XIXe siècle. c/ C’était un hommage à l’un des grands prédateurs des forêts, l’ours.
Réponses :
Réponse C : Un canard était une fausse nouvelle, un bruit, un canular, que l’on colportait. Réponse B : Bon à tirer : l’imprimeur envoie une sortie papier au rédacteur en chef qui la signe avec la mention bon à tirer, soit bon à imprimer. Réponse A :Le feuillet permet de déterminer la longueur d’un article. Un feuillet est composé de 1 500 signes (lettres, ponctuations) espaces compris. Réponse C : La Gazette fut le premier journal créé en France, en 1631 par Théophraste Renaudot, médecin de Louis XIII. Loin des journaux indépendants d’aujourd’hui, il était totalement dévoué au roi. Réponse A : L’ours était le surnom donné aux imprimeurs au XIXe siècle à cause de leurs mouvements patauds lorsqu’ils pressaient le papier pour l’encrer. A l’époque, seuls les imprimeurs avaient l’obligation d’indiquer leurs coordonnées dans le journal imprimé.
Maëlle, au cœur ! e u q i r f de l’A
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à 19 ans, Maëlle a sillonné la République du Malawi, petit pays d’Afrique australe, frontalier de la Tanzanie, du Mozambique et de la Zambie. Un voyage fabuleux de trois mois, pendant lequel la jeune fille a découvert l’immense cœur des Malawites et comprit ce qui faisait battre le sien.
Le Malawi, où est-ce ? La question revenait souvent lorsque je parlais de mon projet de voyage. Fraîchement revenue de Bolivie, je me voyais repartir sur les routes du monde, toujours seule, toujours avec mon sac sur le dos, toujours avec cette même soif de rencontres et toujours avec cette même fondation, Zellidja, qui me proposait une seconde bourse de voyage. Ainsi, le 31 mai 2010, je dis au revoir à mes proches et partis de mon village auvergnat, en auto-stop tout d’abord, puis en avion, en bus, et enfin à pied, sur les routes et chemins du Malawi. Ce petit pays d’Afrique australe, coincé entre la Tanzanie, la Zambie et le Mozambique est peu connu en France, excepté par les passionnés de poissons, car son lac, le troisième plus grand d’Afrique, possède des espèces uniques tel le chambo. Je n’appris d’ailleurs son existence qu’en lisant le magazine Zellidja, chronique de voyageurs qui est publié par une dizaine de jeunes lauréats de la fondation depuis environ un an. Seul trois pays n’avaient encore jamais été explorés par des boursiers : le Bhoutan, le sultanat de Brunei et le
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Malawi. J’avais abandonné mon envie d’Afrique pour mon premier voyage car ce continent me faisait autant peur qu’il m’attirait, mais cette année, je ne pouvais résister à l’exploration d’un de ses pays.
Au fil de mes pas Je suis restée trois mois dans ce pays et pour la plupart de mes déplacements, j’utilisais la base de tout être humain : mes jambes ! Pas après pas, j’ai traversé le Malawi, chemin faisant. à vrai dire, ce pays, étroit mais allongé, est relativement petit (environ un sixième de la France). Au fur et à mesure, j’ai arpenté le pays, très peuplé au Sud, mais où la brousse et les baobabs dominent au centre. Le Nord, quant à lui, est très différent. La langue parlée devient le chitumbuka (chichewa dans le reste du pays) et certaines traditions sont différentes… Cette région est séparée de la région du sud et du centre par une immense forêt que l’on me défendit de traverser à pied : “Personne n’y habite !” m’a-t-on dit. à travers la
"J’ai eu la possibilité de m’arrêter dans chaque village qui passait et de sortir des villes où la vie est complètement différente."
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fenêtre du camion qui me permit de traverser, j’aperçus néanmoins des visages d’enfants qui regardaient les véhicules passer : peut-être, une façon d’apercevoir l’extérieur de cette immense étendue de végétation. J’ai eu la possibilité de m’arrêter dans chaque village où je passais et de sortir des villes où la vie est complètement différente. Je parcourais peut-être trente kilomètres par jour. Souvent, un cycliste s’arrêtait et me laissait monter sur son porte-bagages. Ensuite, la discussion s’engageait et je me retrouvais souvent invitée chez mon chauffeur, le soir, pour une nuit ou plus, selon les affinités et le temps dont je disposais. Dans les villes, je profitais de la présence de missions religieuses ou de contacts que j’avais
préalablement acquis à l’aide d’Internet pour rester un peu plus longtemps (4 à 5 jours environ). Ainsi, je pouvais me reposer, laver mes vêtements et rencontrer des gens pour le sujet d’étude que j’avais choisis pour ce voyage : l’agriculture.
Une vie malawite Toute la maisonnée se lève avec le soleil à cinq heures, puis les enfants préparent le petit-déjeuner et passent le balai. Chacun fait chauffer son eau sur le feu, transvase le tout dans une bassine et part prendre sa douche derrière une palissade de paille. Chacun se met ensuite rapidement en route, vers l’école, vers son lieu de travail ou le plus souvent vers les champs. L’agriculture tient une grande place dans la vie économique de ce pays pauvre. Chaque famille possède un peu de terre, qu’il cultive à la main. Houe, machette, arrosoir et beaucoup de travail permettent de faire pousser des haricots rouges, des cacahuètes, du maïs… Ce dernier permet de fabriquer le plat principal du pays : le nsima. “Si nous n’avons pas mangé un nsima, nous ne considérons pas avoir mangé”, m’expliqua un de mes hôtes. La recette est simple : de la farine de maïs, de l’eau, un feu et de la force dans le bras pour que le mélange devienne une pâte consistante. Elle est ensuite mangée, accompagné de légumes, de poissons ou, plus rarement, de viande. Le tout est plutôt bon.
Mon sujet d’étude : l’agriculture faut de la force il a, m si n le er ar Pour prép dans les bras !
Je marchais certes, mais un de mes buts principaux était de découvrir ce pays à travers son agriculture. Le Malawi est, comme de nombreux pays africains, très fortement rural et agricole. Près de 80 % de ses habitants vivent du travail
de la terre. La production est variée : le maïs et le tabac sont les plus importants, mais le coton, le thé, le café et toute une série de fruits et légumes (carottes, choux, tomates, bananes, papayes, mangues…) sont également cultivés. Rencontrer des agriculteurs fut relativement délicat : en effet, au Malawi, une personne à la peau blanche est considérée comme une personne riche qui ne peut donc pas faire le travail ingrat de l’agriculteur. La grande majorité de mes explications sur la France restait veine. Pour cette raison, je me suis tournée vers les grandes cultures qui rapportent de l’argent au pays (tabac, thé, café), mais aussi les associations et le Ministère de l’agriculture, qui aident les agriculteurs à produire davantage. Malgré tout, j’ai réussi à profiter au maximum de mes quelques rencontres avec de réelles familles paysannes qui mangent uniquement ce qu’elles produisent. Depuis quelques années, la production agricole du pays est autosuffisante, essentiellement grâce aux subventions accordées par le gouvernement. Elles sont distribuées au moyen de coupons donnés à certains agriculteurs et qui leur permettent d’acheter des engrais et des semences à bas prix. Cependant, tout ceci ouvre le pays aux multinationales de l’agro-alimentaire, ce qui peut entraîner une dépendance du pays face aux prix des marchés mondiaux (achat d’engrais, semences stériles…). Les paysans malawites restent jusqu’à présent encore assez autonomes dans leur production (production de graines pour replanter l’année suivante). Ces projets de subventions, ont favorisé la croissance du pays, mais l’ensemble est difficilement viable (à cause des hausses des prix sur le marché mondial). Lors de mon voyage, cette réalité m’a rarement été montrée. Les habitants du Malawi, qui ont connu une grave famine en 2001, ne voulaient pas montrer les défaillances de leur pays à une étrangère comme moi. Au contraire, ils voulaient exposer leur développement économique au monde. Le changement de drapeau national en est d’ailleurs une preuve concrète : le soleil levant est devenu un grand soleil blanc central, montrant cette croissance.
Seule sur la route Voyager seule fut bien plus un avantage qu’un inconvénient : j’ai pu marcher au gré de mes envies, prendre l’itinéraire qui bon me semblait et surtout, cela m’aidait pour mes rencontres. Une personne seule peut monter sur un porte-
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Delphine Alibert possède un BTS communication. Elle a ensuite grimpé les échelons. De nombreux chemins conduisent au journalisme. Le plus important est d’acquérir une solide culture générale. Certains choisiront des filières universitaires telles que Sciences politiques, Histoire, Economie... qui ouvrent d’autres portes si vous changez d’avis au cours de votre scolarité. Il existe des DUT, IUT ou Bac +5 reconnus par la profession et plusieurs universités proposent des cursus communication et métiers de l’information (Paris 4, Strasbourg 3, Aix-Marseille 2, Grenoble 3, Paris 2, Bordeaux). Enfin, vous pouvez intégrer une école de journalisme. Privilégiez celles dont le diplôme est reconnu par l’Etat. La plupart proposent des cursus en quatre à cinq ans ou des formations en alternance. Cette dernière solution est idéale pour les étudiants ayant déjà quelques années d’études derrière eux. Elle permet de mettre un pied dans la vie active et d’expérimenter, sur le terrain, les métiers de l’information. Plus d’infos : www.cidj.com
Delphine Alibert est rédactrice en chef adjointe de VLM (Vaincre les myopathies*). Ce magazine est diffusé par l’AFM, Association Française contre les Myopathies, créée en 1958 et qui organise, entre autres, le Téléthon. Delphine travaille depuis treize ans à l’AFM. En charge de la communication, elle a demandé, voilà deux ans, à prendre les rennes du magazine VLM. “Ce métier de rédactrice en chef adjointe me plaît énormément car j’ai un œil sur tout. J’écris certains articles, je répartis les tâches entre les pigistes, je corrige et parfois réécris leurs papiers, je choisis les images, je suis en contact avec le corps médical, avec l’agence chargée de la maquette…”
Et puis, VLM n’est pas n’importe quel magazine. “Nous défendons une cause importante à travers VLM, qui est d’ailleurs très attendu des lecteurs, précise Delphine. Je dois avouer que lorsqu’on reçoit le magazine fraîchement imprimé, on se sent fier et utile.” Le rôle de VLM est en effet d’informer et de guider dans leur quotidien les malades et leur famille. “Notre magazine traite principalement de recherche médicale, explique la jeune femme. Ce sont des sujets pointus, que nous devons vulgariser pour que nos lecteurs les comprennent. Nous publions également des sujets pratiques qui permettent de mieux vivre la maladie, comme des tests de fauteuil, de destinations de vacances ou une rubrique “Vos droits”, qui aide les malades dans leurs démarches.” VLM rempli ainsi l’une des trois missions de l’association AFM : guérir les personnes atteintes de maladies neuromusculaires, les aider et communiquer afin qu’elles sortent de l’oubli et deviennent actrices de leur prise en charge. “Grâce à ce magazine et des brochures d’informations, nous informons aussi les médecins non spécialisés dans ces maladies rares, ajoute Delphine. Confrontés à de telles pathologies, ils seront mieux à même de les détecter.” Delphine Alibert travaille au siège de l’AFM à Evry, en région parisienne. Elle coordonne une petite équipe de quatre à cinq journalistes pigistes scientifiques. “Tout commence par un comité de rédaction, décrit-elle. Au cours de cette réunion, à laquelle assistent la présidente de l’AFM, la rédactrice en chef et les responsables de chaque direction, je propose un sommaire. Commence alors un échange très enrichissant où chacun réagit, donne des idées d’angles et de sujets.” Sortie de la réunion, Delphine se transforme en chef d’orchestre.
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Elle contacte les pigistes et les informe de leurs nouvelles missions : types d’articles, longueur, contacts pour les interviews… Remise des copies trois semaines plus tard ! Après validation des textes par les interviewés, les articles passent par les mains de Delphine avant d’être validés par la rédactrice en chef et par la présidente pour certains articles comme le dossier. “N’étant pas de formation scientifique, je suis un bon cobaye, s’amuse la jeune femme. Si je comprends chaque ligne d’un article, c’est que le lecteur pourra lui aussi comprendre.” Vient ensuite la mise en page du magazine. Delphine choisit illustrations et photos dans la médiathèque de l’AFM, puis les envoie à l’agence en charge de la maquette. “C’est une agence parisienne, qui réalise depuis trois ans notre mise en page, explique -t-elle. C’est une maquette moderne, dynamique, attractive, ce qui me semble très important quand on parle de sujet aussi sérieux et compliqués. Pour cette même raison, nous tâchons d’avoir, dans chaque numéro, des reportages qui donnent un côté humain et vivant. ” être au service de son lecteur est, semble-t-il, une priorité pour Delphine Alibert et toute l’équipe du VLM. D’ailleurs, s’il fallait donner un conseil à des journalistes jeunes, voici de que la jeune femme répondrais. “Soyez toujours à l’écoute de votre lecteur ; soyez rigoureux car vos écrits ont un impact et soyez très organisés. Réaliser un magazine est une suite d’étapes : rédaction, maquette, impression, routage… Si un maillon casse, c’est toute la chaîne qui déraille !” * les myopathies sont un sous-groupe de la famille des maladies neuro-musculaires qui atteignent le tissus musculaire.
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Le cercle des démons
Marzi, petite Polonaise
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Marzi est une petite fille Polonaise, née dans les années 70. Elle décrit avec ses yeux d’enfant les changements radicaux qui s’opèrent dans son pays, depuis l’effondrement du monde communiste. Elle tente de comprendre cette “liberté” que son peuple a acquise depuis la chute du mur de Berlin. Pour elle, celle-ci se manifeste en bouleversant son quotidien : les magasins se remplissent de produits nouveaux, à l’école plus personne ne porte l’uniforme, la prière a remplacé le sport du matin, on n’est plus obligé d’apprendre le Russe. Marzi est à la fois fascinée et apeurée par ce nouveau monde. Libre ne veut pas forcément dire facile… Marzi, tome 6, Tout va mieux Dessin : Savoia Scénario : Sowa Ed. Dupuis 48 pages. 1,95 €
Les premières bulles aux dessins sombres et nerveux surprennent tout d’abord. Et puis rapidement, la magie opère et l’on est captivé. Cette bande-dessinée format manga nous emmène dans les Alpes suisses, dans un pensionnat pour enfants de familles fortunées. Depuis des générations, la vie des élèves est régie par un système de castes, “les cercles”, dont les membres se donnent des noms de démons et sèment la terreur auprès des autres pensionnaires. Et bien entendu, les professeurs ne savent rien de ces cercles… Au cœur de cette atmosphère singulière, Anna, une jeune et fragile pensionnaire, reçoit tous les soirs la visite de Pierrot. Qui est-il ? Elle est la seule à pouvoir le voir… Pierrot Lunaire, tome 1 Antoine Dodé Ed. Ankama 240 pages. 13,90 €
Elémentaire Monsieur Bloche Jérôme K. Jérôme Bloche est un jeune détective privé. “K., c’est pour Kamikaze ?” s’amuse un policier qu’il rencontre. Jérôme est en effet du genre tête de mule et tête brûlée. Sous ses airs de boyscout habillé en impair, le jeune homme n’a pas froid aux yeux. Quel plaisir de le retrouver dans ces nouvelles aventures ! Parti secourir une vieille dame tombée dans un escalier, le détective se trouve menotté par le GIGN, sur les dents depuis l’évasion de l’Ennemi public numéro 1. En effet, la vieille dame à qui Jérôme rendait visite sans la connaître, n’est autre que la mère de ce prisonnier évadé… Ajoutez à cela un magot caché depuis des années, d’anciens associés un peu nerveux et vous obtiendrez une BD-polar à dévorer sans modération ! Jérôme K. Jérôme Bloche – tome 22, Mathias Dessin et scénario de Dodier Ed. Dupuis 48 pages. 11,95 €
Jouez-la comme Beckham
Planète dans la brume Cet ouvrage est une sorte de plaidoyer, à plusieurs voix, pour la nature. Il est composé de 19 histoires complètes réalisées par des auteurs de bandes dessinées aux styles très variés. Scénettes optimistes aux couleurs chatoyantes, projections pessimistes aux accents apocalyptiques, chacun, à sa manière, nous entraîne dans son univers et nous délivre son message. Alors bien entendu, il y en a pour tous les goûts et certaines histoires vous plairont plus que d’autres. Saluons néanmoins cet ouvrage engagé, dont une partie des bénéfices sera reversée à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
Beaucoup de Juniors Associations sportives pratiquent des sports alternatifs, souvent urbains, tels que le parkour, l’accro basket, le dirt, le skate, le hip-hop, le futsal ou encore le break dance. La spécificité de ces sports a amené le Réseau National des Juniors Associations à créer un guide spécialement destiné aux jeunes pratiquants. Créé pour les jeunes, ce guide de 32 pages, riche de témoignages, donne des exemples d’initiatives et des conseils pratiques pour créer son association. Préfacé par l’un des fondateurs du collectif Yamakasi, il s’efforce de baliser toutes les démarches nécessaires, depuis l’élaboration du projet, jusqu’à la mise en place de votre JA. Et pour ceux qui hésitent encore, des quiz décalés vous permettront de bien cerner vos motivations. Junior sportifs, jouons l’associatif ! Réseau national des Junior association Ufolep 32 pages. www.juniorassociation.org
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Brume, petites histoires pour l’environnement Collectif CFSL. Ink Ed. Ankama 304 pages. 19,90 €
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Qui Que Quiz ? Actuellement, les machines à papier les plus modernes permettent de réaliser autant de kilomètres de papier qu’un Paris -Varsovie aller-retour chaque jour. A quoi cela correspond-t-il ?
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A/ 1 200 km B/ 3 200 km C/ 5 200 km La réponse, p. 46
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