paperJam economie & finances decembre 2011

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Décembre 2011 | économie & finance

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3 édito

Le mal luxembourgeois Marc Gerges, directeur des rédactions Maison Moderne

La démission annoncée du ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, serait-elle emblématique du mal luxembourgeois ? Un ministre qui dit avoir dépassé le stade de la flemme, qui dit vouloir laisser sa place à un « plus » jeune, mais qui, pour tirer sa révérence, énumère devant l’audience du paperJam Business Club sa « liste  de vœux ». Presque un inventaire à la Prévert, en guise d’épitaphe. Une liste qui pourrait aussi être interprétée comme un catalogue des frustrations qu’il a vécues au fil des dernières années. De manière très incisive, le ministre démissionnaire revendique la réforme du fonctionnement de la Tripartite, la suspension du paiement de la tranche indiciaire en 2012 et la révision du panier de l’indice des prix. Trois propositions majeures devant conférer à l’économie luxembourgeoise la compétitivité nécessaire dans un contexte international. Le tout en s’interrogeant sur la justesse des transferts sociaux qui avantagent actuellement « ceux qui ne sont pas victimes de la crise, au détriment de ceux qui ont perdu leur travail ». Des propos qui, tenus par un ministre encore en fonction, ont eu l’effet d’un pavé dans la mare. Changement de décor. La ministre de l’Éducation nationale, Mady Delvaux-Stehres, présente à quelque 600 enseignants du secondaire l’avant-projet de la réforme scolaire, devant moderniser la pratique de leur enseignement. Pendant des débats plus que houleux, les troisquarts des enseignants quittent la salle. Une façon de montrer non pas leur opposition à la réforme, mais tout simplement leur refus du changement. Car les revendications du personnel enseignant se limitent globalement à laisser en place le système actuel, indépendamment des inégalités produites par ce même système et de son inadéquation à préparer les élèves soit aux études universitaires, soit au monde du travail. « On ne va enlever rien à personne, personne ne devra se tuer au travail, nous devons juste nous adapter à la réalité », a sermonné Jeannot Krecké lors de son intervention au paperJam Business Club, avec un certain agacement. Cette phrase contient en effet toute la quintessence du mal luxembourgeois. Côté politique, les principaux partis présents à la Chambre des députés s’accordent à dire qu’il « faut faire quelque chose », que la menace du déficit budgétaire va croissant, que le système des pensions doit être réformé, que la compétitivité du Grand-Duché doit être assurée, qu’il faut… des réformes structurelles. Mais au lieu du vent de réformes et de la poli­ tique volontariste prônée par Jean-Claude Juncker dans son programme gouvernemental en juillet 2009, les discussions sont bloquées au niveau de la Tripartite qui, elle, reporte les décisions de réunion en réunion, depuis bientôt deux ans. À croire que les partis politiques au pouvoir ont peur de prendre leurs responsabilités, qu’ils préfèrent flatter voire soudoyer l’électeur au lieu de gouverner. Le malheur, c’est que l’électeur luxembourgeois moyen ne semble pas concerné par la crise à l’heure actuelle : près de 50 % des salariés luxembourgeois travaillent en effet dans la fonction publique ou un domaine assimilé. Et pourquoi changer quoi que ce soit quand tout va bien ? paperjam  | Décembre 2011 | économie & finance

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SUR LE FIL

Retrouvez, au fil du temps et de leur publication sur www.paperjam.lu, les principales informations économiques et financières du Luxembourg Entre le 21.10.2011 et le 16.11.2011

34 Cactus

Retour aux sources

paperJam.TV

« On Air » du temps Depuis le 15 novembre, paperJam.TV est une réalité. Un défi éditorial et technologique pour Maison Moderne, qui complète ainsi le mode de diffusion sur plusieurs canaux de sa marque phare paperJam.

44

En proposant un service de livraison à domicile, le groupe de distribution Cactus renoue avec les traditions qui étaient les siennes il y a plus d’un demi-siècle… Mais les enjeux économiques sont tout autres. Laurent Schonckert, directeur général du groupe, l’explique.

40 Politique et médias

Sacrée alliance Surprise dans le paysage médiatique luxembourgeois : le libéral Lëtzebuerger Journal acquiert 8 % du rouge Editpress et annonce un partenariat entre les deux groupes pour « garantir la pluralité et la liberté de la presse luxembourgeoise ».

Finance islamique

Des critiques à l’éthique : rimes riches Choc de cultures ? Entre peur irrationnelle et tentation de croire à la panacée, la finance islamique, au cœur de stratégies à enjeux, mérite une démythification.

50

Un prêcheur dans le désert Quand un ministre de l’Économie et du Commerce extérieur quitte un navire en pleine bourrasque de crise, cela fait jaser. Jeannot Krecké a annoncé sa démission prochaine et donné son « testament » politique. Il quittera bien le gouvernement en cours de route. À mi-mandat, quel est donc le bilan de cette équipe ?

54 Diversification économique

Finance et art : une stratégie nationale En se basant sur les acquis économiques luxembourgeois, acteurs publics et privés s’entendent pour développer un pool de valeur ajoutée autour de l’art et de la finance. Le port franc et Splitart en seront deux maillons cruciaux.

Krecké quitte Juncker-Asselborn II

Échange d’informations

Prudence et jurisprudence Le fisc français visait une holding luxembourgeoise. L’administration grand-ducale a essuyé un refus de la société. La Justice est saisie. Les Belges, eux, enquêtent sur les créateurs de sociétés fantômes.

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Coverstory

UNE NOUVELLE ÈRE

Xavier Bettel

« La Ville et l’État, pas ennemis » Élu triomphalement dans la capitale, le nouveau bourgmestre libéral se livre et présente les grandes lignes du programme de la coalition DP / Déi Gréng.

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CRP-Santé

La recherche clinique prend de l’ampleur En hissant ses compétences au plus haut niveau, le Luxembourg souhaite attirer les entreprises intéressées par la mise en place d’études cliniques, en prise directe avec le traitement des patients.

32 Médias

Allinbox : du contenu dans la boîte 38 Immobilier

La maison moyenne à un million 62 Procès Luxair

Nouveau siège social, nouveau branding, moyens financiers renforcés : La Luxembourgeoise devenue Lalux termine l’année sur les chapeaux de roues. La doyenne des compagnies d’assurance du pays tourne ainsi une page de son histoire. Dans l’élan, elle entend reconquérir une image dynamique et moderne. Avec éthique aussi, comme y tient Pit Hentgen, le président-directeur général de Lalux. La nouvelle base est à Leudelange, où bon nombre d’autres importantes sociétés ont choisi de s’établir, hors de la capitale.

Des questions lancinantes 77 Edonys

Une télévision sur la vigne et le vin

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SOMMAIRE Articles les plus lus sur www.paperjam.lu entre le 21 octobre et le 16 novembre 2011

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1

Jeannot Krecké vers la démission Article vu 2.703 fois

2

SÉRIE DIVERSIFICATION (19)

Juncker : « Un ministre ne pleurniche pas » Article vu 1.940 fois

Immobilier : pierre qui roule… La Place a dû construire sa position de leader mondial en matière de distribution transfrontalière de fonds investissant dans l’immobilier. Leurs promoteurs locaux n’entendent pourtant pas se reposer sur leurs lauriers alors que les nouvelles régulations vont entraîner des coûts supplémentaires.

3

Jeannot Krecké tire sa révérence

88

Article vu 1.819 fois

4

Jo Kox : « Le tourisme n’existe pas » Article vu 1.709 fois

5

Les gros salaires progressent deux fois plus vite Article vu 1.379 fois

SÉRIE START-UP (13) IBBL : maillon du tissu économique Integrated Biobank of Luxembourg, née en 2010, collecte et prépare les échantillons humains pour les sociétés de recherche médicale. Si l’investissement – public – de départ paraît conséquent, sa rentabilité dépendra aussi des entreprises que la start-up aura attirées au Grand-Duché.

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actualité Politique

Halte à l’immobilisme ! Le projet de budget 2012 a été l’objet de vives critiques lors de la table ronde organisée le 16 novembre par le paperJam Business Club et l’Economist Club. Le gouvernement est accusé de ne pas entreprendre les réformes qui fâchent. Nicolas Raulot (texte), David Laurent / Wide (photo)

La crise était omniprésente mercredi 16 novembre dans l’auditorium de la Banque de Luxembourg, à l’occasion de la table ronde organisée par le paperJam Business Club et l’Economist Club sur le bilan à mi-parcours du gouvernement JunckerAsselborn II. Tant Gilles Roth (CSV) et Claude Haagen (LSAP), pour les partis du gouvernement, que François Bausch (Déi Gréng) et Claude Meisch (DP) pour l’opposition, ont convenu que la situation économique ne s’améliorait guère malgré les espoirs du début de l’été. Ce sont les finances du pays qui inquiètent le plus, sur fond de crise de la dette en Europe et de doutes sur la solvabilité de certains pays (Grèce, Italie, Espagne, Portugal…). Le projet de budget 2012, déjà très critiqué par les milieux professionnels (Chambre de Commerce, Chambre des métiers), est dans le collimateur des partis d’opposition. « Le budget va dans la mauvaise direction. Pas une seule réforme structurelle n’est entreprise », a protesté le plus virulent des intervenants, Claude Meisch, président du DP et tout nouveau chef du groupe parlementaire du parti démocratique.

« Les recettes sont surestimées pour 2012, au vu de la révision à la baisse des perspectives de croissance. On ne fait rien du tout. Pourquoi le gouvernement ne revoit-il pas son budget ? », a-t-il ajouté.

Budget pas réaliste Dans son avis publié le 15 novembre, la Cour des Comptes estimait que le projet de budget se fondait sur des prévisions irréalistes. Alors que le gouvernement a établi ses projections budgétaires sur une croissance de 2 % pour 2012, le Statec ne table plus désormais que sur une hausse du PIB de 1 %, soit au même rythme que la moyenne des pays l’Union européenne. « Il faut absolument réviser les prévisions de recettes pour disposer d’une meilleure vue sur les dépenses et aboutir à un budget plus réaliste. Il faut rediscuter les frais de fonctionnement de l’État, entamer les réformes structurelles… Le défi sera d’autant plus difficile à relever qu’on repousse sans cesse les échéances », a ajouté François Bausch, président du groupe parlementaire Déi Gréng à la Chambre des députés et premier échevin de la Ville

de Luxembourg. « Il existe un problème sur le plan des dépenses. Il faudra probablement procéder à des ajustements aux mois de mai ou juin », a reconnu Claude Haagen, député socialiste, remplaçant au pied levé Lucien Lux, président du groupe parlementaire LSAP, qui s’était désisté quelques jours avant. Directement visé par les attaques, le député Gilles Roth, rapporteur du projet de loi, a semblé un peu à court d’arguments pour se défendre. Il a toutefois relativisé la gravité de la situation et l’impact de la crise : « Le Luxembourg reste l’un des trois pays de l’Union qui respecte les critères de Maastricht. Toutes les recettes fiscales ne sont pas liées à la croissance économique et à l’évolution des marchés boursiers. Seuls la taxe d’abonnement des fonds d’investissement et l’IRC (Impôt sur le Revenu des Collectivités) en seront vraiment affectés. » Cela n’a guère convaincu les représentants de l’opposition. Claude Meisch a mis en cause toute la politique gouvernementale, accusant la coalition CSV-LSAP, reconduite en 2009, d’être immobiliste et de manquer de courage politique. « Les trois dernières années ont été des années perdues, a-t-il insisté. En 2009, toute la population était

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15 actualité

Discours

Krecké allume encore le feu

Tout nouveau chef de file du DP à la Chambre, Claude Meisch s’est montré le plus virulent.

consciente de la gravité de la situation. On a discuté pendant un an de l’indexation des salaires alors que c’est un problème mineur. La Tripartite est un bienfait pour le pays. C’est un grand mérite de s’asseoir autour d’une table. Mais il ne faut pas se cacher derrière la Tripartite. Il faut gouverner. »

Marges de manœuvre réduites Gilles Roth a reconnu que les marges de manœuvre fiscales allaient se réduire sous l’impulsion de la Commission européenne, avec l’harmonisation des taux d’accises et la remise en cause des recettes fiscales liées à la TVA sur le commerce électronique à partir de 2015. « Nos niches de souveraineté vont tomber, en raison de l’harmonisation fiscale. Or, notre croissance devrait être inférieure l’année prochaine à la croissance allemande », a surenchéri François Bausch (Déi Gréng). Pour Claude Meisch, il y a urgence à réformer le système des pensions, déséquilibré par le vieillissement de la population et par le ralentissement de la croissance. « La réforme entreprise actuelle-

ment ne tiendra pas la route. Les deux partis du gouvernement ne sont pas d’accord. Pourquoi le gouvernement ne met-il pas un véritable projet de loi sur la table? » « Une réforme des pensions doit être réfléchie et bien expliquée, a tempéré Gilles Roth. Mais, à l’avenir, il faudra bien agir sur les gros blocs de transferts sociaux (pensions, prestations sociales). » Selon Claude Haagen, il faut aussi prendre garde à ce que la réforme des pensions n’aboutisse pas à un conflit entre jeunes et retraités, et préserver le modèle social luxembourgeois. Les participants à la table ronde ont convenu que l’avenir du Luxembourg passait par une adhésion plus forte de la population étrangère aux défis du pays. François Bausch a estimé qu’il fallait promouvoir le droit de vote des étrangers : « Il n’est pas normal que des gens travaillent dans le secteur privé, créent de la richesse au Luxembourg, mais soient dans le même temps dépourvus du droit de vote. Il existe un risque réel pour la cohésion sociale. » Le député vert a poursuivi : « On a totalement besoin de la main-d’œuvre étrangère. Sans elle, on peut mettre la clé sous la porte. Il faut le dire aux Luxembourgeois, ceux qui voudraient que rien ne change. »

Un an, presque jour pour jour, après avoir exprimé de manière spectaculaire un certain ras-le-bol (« Si j’étais honnête avec moi-même, je devrais démissionner ») et quelques jours après avoir en effet annoncé cette démission, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur était particulièrement attendu pour son discours de clôture de cette table ronde. Et comme espéré, c’est un Jeannot Krecké très offensif qui s’est exprimé dans une salle comble. « Et si, enfin, on avait un consensus dans ce pays ! », a-t-il clamé, appelant à la mise en œuvre de réformes urgentes, au premier rang desquelles celle de l’indexation automatique des salaires sur les prix. « Prenons la décision de dire : il n’y aura pas de tranche indiciaire, ni en février, ni en mars, ni en avril ! » Selon les calculs du Statec, la prochaine tranche indiciaire devrait pourtant intervenir lors des premiers mois de 2012, alors que les salaires ont déjà été augmentés de 2,5 % en octobre. Pour celui qui quittera le gouvernement le 1er février prochain, il faut aussi extraire les prix des carburants du panier de référence. Peutêtre de quoi rapprocher les positions des partenaires sociaux avant la réunion tripartite du 1er décembre. L’OGBL a toutefois vivement réagi, dès le lendemain, en s’étonnant que ce point de vue soit exprimé par un socialiste. Et Lucien Lux, président du groupe parlementaire LSAP, s’est désolidarisé du ministre. Selon Jeannot Krecké, il n’y a pourtant pas d’autre issue que cette réforme pour préserver la compétitivité des entreprises et du pays, surtout dans la perspective d’une explosion prochaine des cours de l’énergie. « Ce phénomène va se produire tôt ou tard en raison de la pénurie des matières premières énergétiques. Il a seulement été retardé par la panne de croissance. » Mais pour le ministre, l’avenir du pays passe davantage encore par son attrac­ tivité internationale et les services sur mesure rendus aux entreprises : « On ne fera plus la différence avec la fiscalité et les niches de souveraineté, a-t-il averti. C’est grâce à l’encadrement des entreprises que nous tirerons notre épingle du jeu et que nous assurerons notre avenir international. Misons sur les infrastructures. Soyons parmi les meilleurs ! » Jeannot Krecké juge néanmoins que le pays reste dans une situation acceptable, en comparaison de celle de la plupart des autres pays européens. « Il ne s’agit pas de tout arrêter. Nous devons seulement ralentir certaines évolutions. » N. R.

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Vito Cassone (Economist Club)

Jeannot Krecké (ministre de l’Économie et du Commerce extérieur) et Paul Helminger (Ville de Luxembourg)

Table ronde

Promesses tenues ? La table ronde « Juncker-Asselborn II : promesses tenues ? »,  organisée à la Banque de Luxembourg par le paperJam Business Club et l’Economist Club, a réuni près de 130 personnes. David Laurent / Wide (photos)

Luc Henzig (PwC) Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu

Joseph Jean Aghina (Abalone) et Daniel Lanners (Codex Events)

Robert Dennewald (Fedil)

Michel Brachmond (Chambre des Métiers)

Brigitte Dethier (ING Luxembourg)

Claudine Arendt (a+t Architecture)

Yves Hoffmann (Luxair Group)

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18 actualité

Politique

Un prêcheur dans le désert Quand Jeannot Krecké, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, annonce sa démission,  il en profite pour faire une mise au point sur la réalité économique du pays. Marc Gerges (texte), David Laurent / Wide (photo)

C’est comme une tragédie en cinq actes. Elle pourrait s’appeler « Un prêcheur dans le désert ». Et Jeannot Krecké est l’acteur principal de cette chronique d’une démission annoncée, dans un décor aux plateaux changeants. Acte 1 : le marché conclu avec le parti À l’issue des élections législatives de 2009, après d’âpres négociations entre CSV et LSAP sur fond de crise, la coalition gouvernementale est reconduite. Le socialiste Jeannot Krecké garde le portefeuille de l’Économie et du Commerce extérieur. Mais annonce à son parti qu’il ne se présentera plus aux élections par la suite. Au cours de son premier mandat, l’homme, jugé trop libéral dans son approche et ses propos, a été plusieurs fois contesté par l’aile gauche et syndicaliste de son parti. Mais il reste un des derniers poids lourds du LSAP dans une circonscription centre où le parti travailliste est en perte de vitesse, faute de combattants. Krecké conclut alors un marché avec son parti : il quittera son poste de ministre avant la fin de son mandat pour que son successeur ait le temps de se construire un profil, en vue de piloter la liste pour les élections de 2014. Quand il entame son (dernier) mandat ministériel, les conséquences de la crise font toujours rage. Les enjeux pour le gouvernement sont plus sociaux que compétitifs, les réunions tripartites rythmant la vie politique. Lui se concentre sur deux chevaux de bataille : la prospection à l’étranger, pour amener des entreprises à s’installer au Luxembourg, et le développement, entamé lors de la législature précédente, d’une plate-forme logistique au Grand-Duché. Parfois, on entend le ministre se lamenter sur la perte de compétitivité du Luxembourg, à cause d’une lourdeur administrative et d’une imperméabilité au changement, corroborée par la Tripartite. Acte 2 : la « flemme » du ministre Printemps 2010. Dans une interview accordée à paperJam, Jeannot Krecké, sous le titre « Les

gens ne comprennent pas toujours la gravité de la situation », livre des déclarations sans équivoque. « Je constate que tous les économistes qui se penchent sur la situation du Luxembourg sont d’accord pour dire qu’il y a un problème de compétitivité. Il faudrait peut-être enfin l’accepter ! » Ou encore « Mon propre parti s’est clairement positionné en faveur de l’indexation automatique. Je veux bien, mais je vois certains dangers et dérapages possibles dans les mois à venir. Alors, autant prendre des mesures en temps utile plutôt que d’attendre et d’aller dans le mur. Il en a été décidé autrement et je n’ai qu’à me plier à ce que mon parti a décidé. » Les syndicats s’agacent. Le ministre se retrouve isolé, au sein de son parti, mais aussi du gouvernement. Automne 2010. Lors d’une table ronde organisée par le paperJam Business Club et l’Economist Club, sur l’état des lieux de l’économie et la pérennité du modèle luxembourgeois après la crise, à un moment où l’on parle de relance, Jeannot Krecké sort les boulets. Remonté par les nombreux reproches quant à son bilan, décrié comme médiocre par l’audience, lassé par les critiques sur ses propos non suivis de faits, le ministre s’en prend à la lourdeur administrative et à l’attentisme du gouvernement. Pour conclure avec la phrase fatidique : « Si j’étais honnête avec moimême, je devrais démissionner. » La phrase qui fait mouche… Elle déclenche un débat, non pas sur le fond des reproches soulevés, mais sur la personne du ministre. Attaqué par l’opposition, pas vraiment ménagé par le partenaire de coalition CSV, il n’est soutenu que par une partie du patronat qui fait sienne son analyse. Cela ne le rend pas plus populaire au sein du LSAP : l’aile gauche, soutenue par l’OGBL, s’est repositionnée en force sur la toile de fond de crise. Jeannot Krecké est définitivement isolé au sein de son parti, et au sein du gouvernement. Depuis cette polémique, le ministre ne cache plus une certaine flemme. Mais il continue à parcourir le monde, multipliant les missions économiques à un rythme soutenu. Comme pour s’éloigner volontairement de la politique nationale et du

débat sur la « sortie de crise », qui fait rage sur la scène politique. Automne 2011, le résultat des élections communales, bien que mitigé, fait réapparaître les partis à gauche du LSAP. L’aile syndicaliste du parti en profite pour renforcer sa position au sein du parti ouvrier socialiste. Acte 3 : l’annonce précipitée Le temps de la décision est venu. Jeannot Krecké met quelques membres du gouvernement, dont le Premier ministre Jean-Claude Juncker, dans la confidence : il compte démissionner avec effet au 1er février 2012. Peu avant son départ en mission économique au Viêt-nam, il en informe aussi un cercle restreint de personnes, de son ministère et son parti. Mais alors que le ministre se trouve en Asie, une fuite atteint la presse. Dans l’urgence, Jeannot Krecké interrompt son voyage officiel et rentre à Luxembourg pour prendre position. Avant d’affronter les journalistes, il rencontre son personnel pour lui expliquer sa décision. Face aux micros, il refusera de parler de lassitude, ne mettant en avant que le marché conclu au début de son mandat et sa volonté de vivre, à 62 ans, une vie sans politique. Toutefois, certains éléments ne cadrent pas avec cette déclaration. Les plus perturbants viennent de Jean-Claude Juncker lui-même et du président du LSAP, Alex Bodry : tous deux confirment de manière alambiquée la démission du ministre de l’Économie avant que celui-ci se soit prononcé. Plus tard, le Premier ministre mouche ouver­ tement Jeannot Krecké, dénonçant son attitude « pleurnicharde ». Aucun soutien officiel n’est apporté au démissionnaire. Au contraire, le capitaine qui quitte le navire en pleine tempête est dénoncé par ses pairs. Il reste que ce départ semble arranger pas mal de monde. On peut même soupçonner le LSAP d’avoir précipité les choses en provoquant le fait accompli. Néanmoins, la fuite agace aussi un Premier ministre et le CSV, qui devront composer avec un nouveau membre du gouvernement issu du LSAP, et redoutent un virage à gauche du partenaire de coalition.

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Aucun soutien officiel ne lui est apporté : Jeannot Krecké est définitivement isolé...

Acte 4 : le testament de Jeannot Krecké Novembre 2011. À la tribune du paperJam Business Club, là où il avait un an auparavant avoué son impuissance au sein du gouvernement, Jeannot Krecké fait son « testament » politique. À l’issue de débats, qui ont vu les représentants des quatre partis principaux s’aligner sur les constats que 1. « Il faut faire quelque chose » et que 2. « Rien n’est fait », Jeannot Krecké remarque, de manière ironique, qu’il y a enfin consensus. Il recadre tout le monde avant l’échéance de début décembre : « Prenons des décisions dans la Tripartite ! », martèle-t-il. Il énumère trois voeux : la suspension du paiement de tranches indiciaires en 2012, la

sortie des produits pétroliers du panier de l’indice des prix et la réforme de la Tripartite, pour qu’elle puisse jouer son rôle au lieu d’être un instrument de blocage. L’homme qui part met ainsi à mal ses collègues au gouvernement et, surtout, son propre parti. Lequel, par la voix du président de son groupe parlementaire, Lucien Lux, se distancie immédiatement des propos du toujours ministre. L’OGBL se dit effaré, son président Jean-Claude Reding lâchant un cinglant « Krecké ferait mieux de se taire ». Seul le patronat applaudit, regrettant néanmoins, via le président de la Fedil, Robert Dennewald, qu’il n’y ait plus de pilote dans l’avion.

Acte 5 : la rupture Jeannot Krecké aime le spectaculaire et sait gérer les moments. Provocateur, il a, tout au long de sa carrière, assumé le conflit au sein de son parti. Aujourd’hui, il symbolise la rupture entre le monde des entreprises et le monde de la politique. La rupture entre l’inaction politique actuelle et la volonté du changement. La rupture avec une partie de la société luxembourgeoise, au vu des nombreux commentaires incendiaires que son intervention a provoqués sur les sites d’actualité. Une rupture avec lui-même ? Sa défaite politique personnelle est la preuve que la volonté seule ne suffit pas.

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Xavier Bettel

« La Ville et l’État, pas des frères ennemis »

Élu triomphalement dans la capitale, le nouveau bourgmestre libéral présente les grandes lignes du programme de la coalition DP / Déi Gréng, qui sera voté à la mi-décembre par le conseil communal. Frédérique Moser (interview), David Laurent (photo)

Monsieur Bettel, pensez-vous avoir été élu sur un programme ou avez-vous bénéficié d’une volonté de rupture avec l’ancienne génération ? « Si notre parti n’avait pas eu un bon programme et une forte équipe, nous serions allés dans l’opposition et nous n’aurions pas obtenu 10 sièges. Nous avons donc été désignés pour avoir le fauteuil de bourgmestre. Vous semblez vouloir relativiser votre victoire personnelle, très nette, sur votre prédécesseur libéral Paul Helminger ? « C’est tout de même lui qui était tête de liste, et si nous avons gagné cette élection, c’est grâce à son bon bilan. On a trop souvent tendance à désigner une seule personne quand on perd et dire que c’est grâce à tout le monde, quand on gagne. Les défaites aussi sont collectives. Par ailleurs, quand on regarde les votes de près, j’ai effectivement gagné 5.500 voix par rapport au dernier scrutin. C’est pour cela que l’on m’a confié cette mission. La volonté de changement chez les électeurs, on l’a observée dans les résultats, en général. Chez les Verts et les chrétiens-sociaux également, beaucoup de jeunes candidats ont fait un bon score ou ont été directement élus. L’électeur a voulu participer au renouvellement d’une certaine classe politique. De quel électorat parle-t-on ? Les étrangers ne se sont guère mobilisés… « Il est impossible d’avoir des chiffres précis, mais je suis convaincu que les étrangers votent comme les Luxembourgeois. Il n’y a pas de clivages jeunes / vieux, par exemple, ou quartier par quartier. Ainsi, je suis arrivé premier à la Fondation Pescatore ! Mais aussi à Bonnevoie, où résident beaucoup d’étrangers, tout comme à Cents, où la population est majoritairement luxembourgeoise. Il y a eu énormément de panachage, donc les électeurs ont surtout voté pour ‘leur tête’. De quoi mieux asseoir encore vos ambitions nationales ? « Si mon parti gagne les élections en 2014, je serai l’homme le plus heureux du parti. Mais j’adore cette ville ! Je veux qu’en 2017, l’électeur puisse dire ‘Bettel, il a bien bossé’ ou ‘Il n’a pas bien bossé’ et j’ai envie de remettre mon man-

dat en jeu, pour pouvoir, alors, fêter pleinement ma victoire ! Pour prendre vos fonctions à la fin novembre, vous abandonnez votre poste de président de fraction à la Chambre. Mais est-il raisonnable de rester député quand on est bourgmestre d’une capitale européenne ? « Tout dépend de ce que l’on fait en tant que bourgmestre. J’ai été échevin, avec un gros portefeuille, j’étais avocat et chef de groupe à la Chambre. On ne m’a jamais posé la question de savoir si ce cumul était concevable… J’ai décidé de me retirer du barreau, car je ne peux pas aller plaider à 8 h un braquage dans la Grand-Rue et à 10 h donner une conférence de presse sur la sécurité en ville. Vous dites ‘tout dépend ce que l’on fait en tant que bourgmestre’. Vous entendez déléguer au maximum ? « Non, je veux dire que l’on ne peut pas avoir une multitude de fonctions, telles que des présidences de syndicats intercommunaux, par exemple, à côté de celle de bourgmestre. D’un autre côté, si l’on a un bon collège, et, comme ici, une équipe de 300 personnes qui travaillent pour la commune, il y a encore de la place pour un mandat de député. C’est important de garder le contact avec les élus nationaux. Mais si je constate que c’est impossible, je reverrai ma décision… (Au moment où cette interview a été réalisée, M. Bettel n’avait pas encore annoncé qu’il prétendait à la présidence du parti libéral, ndlr.) Vous avez reconduit une coalition avec les Verts. Quels seront les axes forts de votre programme ? « La majorité sortante n’a pas été sanctionnée, au contraire, elle a été confortée. Pour moi, il n’y avait donc pas matière à de longues discussions. Dès le lendemain des élections, nous nous sommes attelés au travail avec les Verts. L’axe fort de notre programme sera assurément la question du logement. Je rencontre beaucoup de gens, que l’on ne peut qualifier de ‘cas sociaux’, qui n’ont plus la possibilité de vivre en ville. Mais que s’est-il passé pour en arriver là ? Cette situation, elle perdure depuis que les libéraux détiennent les clés de la capitale… « Nous ne sommes pas seuls compétents. La plupart des terrains appartiennent à des privés et

nous ne pouvons pas imposer de constructions. La Ville détient cependant de grands terrains, à Merl, à Gasperich, où nous allons créer de nouveaux quartiers. Nous envisageons, sur ces terrains, de mettre en place des systèmes de crédit-loyer pour les logements, afin que les familles puissent, à terme, réaliser des acquisitions. Combien de logements seront concernés par ce système ? « Je ne veux pas m’engager sur des chiffres, pour l’instant. Nous allons créer du loge-

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« En 2017, j’ai envie de remettre mon mandat en jeu »

Xavier Bettel (DP)

DP / Déi Gréng

Femmes de tête L’équipe resserrée autour de Xavier Bettel se compose de trois élus DP et deux Verts, soit également quatre femmes et… un homme. Xavier Bettel, bourgmestre (DP) Administration générale, communication interne et externe, développement urbain, tourisme et commerce – City Manager, sécurité, relations internationales, commission scolaire, intégration pour personnes à besoins spécifiques, politique d’intégration, fabriques d’église, Fondation Pescatore. François Bausch, 1er échevin (Déi Gréng) Mobilité en ville, finances, transports en commun, AVL et maintenance des véhicules. Lydie Polfer, échevin (DP) Affaires culturelles, développement urbain, biens et topographie.

ment social, du logement ‘abordable’ pour les familles, du logement pour les personnes âgées et les étudiants et du logement pour les handicapés ; sans faire de ghettos, mais plutôt dans une perspective de mixité sociale. Les projets de la Ville vont concurrencer directement ceux des promoteurs privés. Ce n’est pas très libéral, comme approche… « Oui, mais nous en arrivons à une telle situation, au niveau du logement, que l’on doit pouvoir permettre aux

gens de se loger. Je ne suis pas dans un système communiste, avec des prix dictés par l’État ! Mais nos actions vont peut-être inciter certaines personnes à lancer des terrains sur le marché, au lieu de continuer à spéculer. Je ne veux pas concurrencer les promoteurs mais, avec les moyens que nous avons et sur les terrains que nous possédons, je veux permettre aux familles des classes moyennes de s’installer en ville. Actuellement, certains prix sont totalement fous… 500.000 euros pour un 80 m2, ce n’est }  22

Simone Beissel, échevin (DP) Infrastructures et constructions nouvelles, incendies, sauvetages et ambulances, sports et loisirs. Viviane Loschetter, échevine (Déi Gréng) Action sociale, jeunesse, personnes âgées, logement, environnement. Colette Mart, échevin (DP) Éducation, égalité entre hommes et femmes.

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Photo  : Olivier Minaire (archives Delano)

François Bausch (Déi Gréng) conserve son poste de 1er échevin et garde la main sur les finances de la capitale.

{ pas possible ! Ce que je veux surtout éviter, c’est

que les gens aillent s’installer à l’étranger parce qu’ils ne peuvent pas acheter un logement en ville.

Un autre axe fort de votre programme, c’est la ‘transparence’. Un mot un peu vague, pour ne pas dire démagogique… « La transparence, cela veut simplement dire que si vous écrivez un courrier à la Ville, il sera inscrit dans un système de ‘tracking’. C’est-à-dire avec un numéro de référence, qui permettra de faire un suivi par internet et de savoir qui est la personne qui le traite. Ce n’est pas de la démagogie de permettre aux citoyens de savoir où en est leur dossier… Deuxième chose, les rapports des commissions seront publics et le site Internet de la Ville diffusera les conseils municipaux en live streaming. C’est cela, la transparence. Donner la présidence de commissions – celles de la sécurité et du règlement et celle de l’égalité des chances – à des conseillers de l’opposition, également… Quelle est la situation budgétaire de la Ville ? « Bonne. Je n’aime pas entrer plus avant dans les détails, car je remarque actuellement une tendance, au niveau financier, à pratiquer des politiques concurrentielles, une commune contre l’autre. Ce que je peux dire, c’est que le budget de la Ville avoisine les 600 millions d’euros ; des économies ont été réalisées ces dernières années et la dette par habitant est de zéro. C’est très rare. Quelle est votre stratégie pour maintenir cet équilibre ? « D’abord, conserver l’attractivité économique de la capitale pour assurer les rentrées financières. D’un autre côté, faire des dépenses prudentes. Et de ce côté-là, je peux être redouta-

ble, une vraie peste, selon certains ! Pas une facture ne sort de l’Hôtel de Ville sans que je l’aie avisée. Je crois aussi que certains projets ne sont pas nécessaires. Un vélodrome au centre-ville, pour moi, c’est non ! Tant que nous n’aurons pas assez d’argent pour aménager des écoles, on ne va pas faire un vélodrome. La création de centres commerciaux en périphérie – hors territoire communal – ne menace-t-elle pas les ressources de la capitale ? « Je ne suis pas pour les projets surdimensionnés, de type ‘Livange’. Ce n’est pas opportun. À Luxembourg-ville, nous avons 35.000 m2 de commerces, si à Livange on en construit 70.000 m2, on détruit le commerce. Nous avons deux grands pôles à développer au centre, Hamilius et la place de l’Étoile. Et ce, pour éviter que les gens aient à aller en périphérie pour faire leurs achats. Le nouveau système de stationnement gratuit, pendant 30 minutes, devrait faciliter les courses rapides au centre-ville. Ce n’est pas excessivement cher à mettre en place et M. Bausch devrait s’en occuper rapidement. Vous voulez que le chantier du tram aboutisse, mais vous êtes pour cela dépendant des décisions d’un gouvernement rouge / noir. Comment allez-vous vous faire entendre ? « Le tram,

j’en ai marre qu’on en parle. Je veux qu’on le fasse. Mais il ne sert à rien de faire un tram qui va de la gare au centre-ville. Pour cela, on a des bus. Le tram doit passer par Gasperich, Cessange, Hollerich jusqu’au Findel, en passant par le centre. Là, cela a un sens, avec des gares périphériques adaptées. Il nous faut un ensemble concret, qui se combine également avec le projet de funiculaire qui amène les gens du nord sous le Pont Rouge. Le collège échevinal doit appuyer de tout son poids pour faire avancer le dossier, en concertation avec les autorités nationales. Il faut arrêter de considérer que l’État et la Ville sont des frères ennemis. Nous devons travailler ensemble. Vous entendez également développer la collaboration entre le LCTO, l’Union Commerciale et le City Management. Ne craignez-vous pas de mettre la main dans un panier de crabes ? « Il faut absolument redéfinir les tâches des uns et des autres. Il s’agit de discuter rapidement, faire un tour de table, exposer les rancunes des uns et des autres, éventuellement, mais cesser ce dialogue de sourds. Je tiens à reprendre les choses en mains. Je vais expliquer à tous les partenaires comment je vois les choses. Il doit y avoir une plate-forme commune, avec des décisions prises au niveau du collège échevinal, pour que cela fonctionne bien. »

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sur le fil Retrouvez, au fil du temps et de leur publication sur www.paperjam.lu, les principales informations économiques et financières du Luxembourg. Entre le 20.10.2011 & le 16.11.2011

Orange Luxembourg

21 % de mieux en neuf mois Publié le 20.10.2011

Sur les neuf premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires téléphonie d’Orange Luxembourg a progressé de 21 % au Luxembourg par rapport à la même période de 2010, passant de 36,6 millions d’euros à 44,3 millions d’euros, contre 36,6 un an plus tôt. L’opérateur comptait 98.019 abonnés mobiles au 30 septembre 2011, contre 86.100 un an auparavant, et revendique un revenu mensuel moyen par client (Arpu) de 49 euros, contre 46,5 un an auparavant (+5,4 %). Livange

Retour à la case départ ! Publié le 21.10.2011

Le dossier du stade national de football de Livange a connu, ce vendredi, un nouveau rebondissement inattendu. Le bourgmestre de la commune de Roeser, Tom Jungen, a pro-

noncé l’interruption de la procédure de modification du plan d’aménagement général (PAG) nécessaire au développement du projet. Plus exactement, le conseil communal de Roeser n’a fait que suivre une initiative émanant du ministère de l’Intérieur et à la Grande Région. Des incertitudes juridiques ont été mises en avant. Elles concernent essentiellement les soupçons de conflit d’intêret visant l’échevine Pierrette Ferro-Ruckert, propriétaire de terrains visés par la modificarion du PAG dont elle a ellemême signé l’autorisation.

France dans le courant de l’année 2012. Property Partners Belgium est ainsi née à Bruxelles. « Il s’agit d’une filiale de Property Partners Group, nouvelle entité qui chapeautera les différentes structures présentes au Luxembourg, en Belgique et prochainement en France », a précisé Vincent Bechet, directeur general de Property Partners.

Banque privée

BGL joue la proximité Publié le 24.10.2011

Property Partners

Un bureau à Bruxelles Publié le 21.10.2011

La société luxembourgeoise Property Partners, spécialisée en courtage et conseil immobilier d’entreprise, s’ouvre à l’international. Désormais sortie du réseau Cushman & Wakefield, elle implante une filiale en Belgique et annonce aussi vouloir développer son activité sur la

BGL BNP Paribas joue la carte de la proximité pour développer sa clientèle résidente en banque privée. L’établissement a présenté sa stratégie ce lundi matin à la «  Villa  » du 10a, boulevard Royal, l’ancien siège de BNP Paribas et nouveau quartier général private banking en plein centre-ville. La banque a ouvert six nouveaux centres de banque privée sous l’enseigne « BGL BNP Paribas Wealth Manage-

Photo : BGL BNP Paribas

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ment », à Wiltz, Ettelbruck, Esch-sur-Alzette, Strassen, Luxembourg-gare et Luxembourg-ville (à la Villa). Ces centres doivent employer environ 45 personnes, mais les effectifs devraient être portés à 75 d’ici fin 2014. Selon la banque, cette montée en puissance devrait lui permettre de doubler dans le même temps son portefeuille de clients résidents en banque privée, de 4.000 à environ 8.000. Landsbanki

Inculpée d’escroquerie Publié le 24.10.2011

La banque islandaise Landsbanki, en liquidation après faillite, a fait des victimes. En France, des particuliers ont porté plainte. À Paris, le juge Van Ruymbeke a mis en examen la filiale luxembourgeoise pour escroquerie et, aussi, défaut d’agrément. La banque proposait aux particuliers d’hypothéquer leur maison en contrepartie de prêts avantageux. Le montage financier, complexe, aurait fait « plus de 400 victimes espagnoles, portugaises et françaises », selon Mes Édouard de Lamaze et Éric Morain, les avocats du chanteur Enrico Macias qui fait partie des victimes lésées. Au Grand-Duché, Landsbanki Luxembourg a déjà été

condamnée à rembourser ses créanciers présents lors de la liquidation. Dissous depuis décembre 2008, l’établissement, via le liquidateur, a dû remettre à la justice la liste des créanciers et des montants à payer. Ius Laboris

Lawyer’s European Network of the Year Publié le 24.10.2011

Ius Laboris, the world’s largest alliance of independent human resources law firms (respresented in Luxembourg by Castegnaro), has been named European Network of the Year at The Lawyer’s third annual European Awards, held in Geneva. Award winners are determined by a panel of judges, including managing partners at leading European private practice firms and in-house counsel at multinational companies. Chemolux Foetz

Emplois menacés Publié le 24.10.2011

L’entreprise Chemolux, installée à Foetz depuis près de 30 ans et reprise en 2007 par McBride, pourrait perdre jusqu’à 50 % de son effectif, à

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Trois questions à Gilles Schlesser

« L’innovation, un élément moteur »

cause de la défection de son principal client. Le site est spécialisé dans la fabrication de produits d’entretien et compte encore quelque 260 personnes. « La direction de Chemolux McBride a annoncé à son personnel que le plus grand client de l’entreprise, en l’occurrence Henkel, venait de rompre le contrat avec effet au 1er janvier 2012 », confirme un communiqué commun des syndicats OGBL et LCGB. La production chuterait ainsi de 55 %. « Si ce manque de production ne peut pas être remplacé par de nouvelles commandes, on risquera une diminution du personnel pouvant aller jusqu’à 140 personnes », poursuit le communiqué syndical. L’OGBL et le LCGB ont insisté sur la négociation d’un plan de maintien dans l’emploi (PME).

start-up actives dans les domaines des TIC, des sciences de la vie et des écotechnologies ont confronté leurs plans de développement à un jury d’experts et de capital risque. Six d’entre elles ont été retenues, parmi lesquelles les luxembourgeoises Mach-3D, Regify et TaDaweb (catégorie TIC) et CHS Devulcanisation (catégorie écotechnologies). Elles participeront donc à l’« European Venture Summit » qui se tiendra à Düsseldorf les 28 et 29 novembre 2011 et font également partie du processus de sélection des 25 participants à la finale qui se déroulera à Madrid en décembre prochain. www.e-unlimited.com/cevc

Civica European Venture Contest

La Voix

Quatre récompenses luxembourgeoises

Licenciements lancés

Publié le 24.10.2011

À l’occasion de l’édition 2011 du « Civica European Venture Contest », quatre entreprises luxembourgeoises ont été sélectionnées à l’issue des demi-finales qui se sont tenues au Luxembourg, organisées par Europe Unlimited et PwC Luxembourg. Plus de 25

Publié le 25.10.2011

Cette fois, les grandes manœuvres ont commencé à La Voix du Luxembourg, le quotidien francophone du groupe Saint-Paul dont la parution a été arrêtée le 30 septembre. Une douzaine de licenciements ont été annoncés dans des services hors de la rédaction (archives, cor-

rection, informatique ou mise en page), où les journalistes attendent d’être informés. Macarthur

ArcelorMittal bat en retraite Publié le 25.10.2011

Contre toute attente, ArcelorMittal renonce au dernier moment à l’acquisition de Macarthur Coal. Le groupe luxembourgeois de sidérurgie avait lancé une offre en juillet sur le groupe de charbon australien, en partenariat avec l’américain Peabody Energy. Dans un communiqué publié ce lundi, Aditya Mittal, directeur financier du groupe, persistait et signait à propos de cette offre de 4,9 millia­rds de dollars australiens (3,7 mil­­liards d’euros). Mais ce mardi, le groupe s’est brutalement retiré de l’opération et an­noncé qu’il quittera formellement la structure mise en place avec Peabody dans 90 jours : « En prenant cette décision, ArcelorMittal a décidé qu’il ne serait plus convenable d’allouer un capital important à l’acquisition d’une participation ne donnant pas le contrôle… Arcelor­Mittal est convaincue qu’il est plus convenable de concentrer ses capitaux sur d’autres secteurs de ses activités. » Suite en page

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Le directeur de Luxinnovation revient sur la place de l’innovation dans le paysage économique du Luxembourg.

Gilles Schlesser (Luxinnovation) : « Il faut faire en sorte que l’innovation soit la conséquence d’une bonne gestion et non plus le fruit du hasard. »

Interview par Vincent Ruck, publiée le 24.10.2011 Monsieur Schlesser, les entreprises au Luxembourg se sentent-elles concernées par l’innovation ? N’y a-t-il pas un syndrome du ‘pas pour nous’ ou du ‘nous sommes trop petits’ ? « L’innovation est devenue un concept ‘à la mode’ et une de nos missions est de démystifier cette notion et de fournir du contenu tangible aux entreprises afin que ce mot prenne tout son sens. Tout le monde s’accorde à dire que l’innovation est un élément moteur du développement économique. Les entreprises, peu importe la taille, peuvent se sentir concernées par l’innovation et même en profiter à condition de savoir comment la gérer. Innover, c’est se remettre en question, c’est vouloir s’améliorer et renouveler ses produits et ses services pour être plus compétitif. C’est une notion importante qui devrait être intégrée dans la stratégie de développement de chaque entreprise. Luxinnovation met justement en place des actions pour promouvoir l’innovation auprès des entreprises, en particulier des PME, et la Luxembourg Innovation Masterclass en est un exemple concret. N’est-il pas paradoxal de vouloir parler d’un management de l’innovation, alors même que de nombreuses personnes estiment que l’innovation est souvent issue d’erreurs, ou de tentatives désordonnées, mais fertiles ? « Il est en effet possible de trouver des exemples où la chance et la coïncidence ont mené vers des innovations. De grandes innovations ont vu le jour par le fruit du hasard et c’est très bien ainsi ! Mais on sait tous que la chance n’est pas toujours au rendezvous. Dans ce cas, que faire ? Nous incitons les entreprises à s’informer sur la gestion de l’innovation afin de contrer ce manque d’opportunités ‘fortuites’ et de faire en sorte que cette innovation soit alors la conséquence d’une bonne gestion et non plus le fruit du hasard. Les PME ont-elles des difficultés particulières à innover ? Comment peuvent-elles être soutenues ? « Cela paraît toujours plus compliqué pour elles, car rares sont les PME qui disposent de ressources suffisantes en interne pour développer leur propre service de recherche et développement. En fait, elles ont besoin de conseils spécifiques pour avancer et nous sommes là pour les accompagner. Plus de 60 % de nos clients sont des PME et nous constatons d’ailleurs que les PME sont très à l’écoute des attentes du marché et innovent plus activement. Elles s’intéressent aux innovations organisationnelles, tandis que les grandes entreprises ont plutôt tendance à se lancer dans l’innovation de produits et de procédés. »

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Suite de la page

Trois questions à Susanne Jaspers

« 90% de l’édition sans visibilité »

Photo : Jaspers / Binsfeld

La présidente de la Fédération luxembourgeoise des Éditeurs a démissionné, jugeant abusive la mainmise du ministère de la Culture et mauvaise la visibilité des éditeurs qui représentent la plus grosse part du marché.

Susanne Jaspers (Fédération luxembourgeoise des Éditeurs) : « Il faut recommencer à zéro et travailler ensemble, comme on le fait depuis 30 ans, pour l’intérêt général de la profession. »

Interview par Alain Ducat, publiée le 25.10.2011

Banques

Presse

Hausse minime de l’emploi

Le Journal prend 8 % d’Editpress

Publié le 25.10.2011

Publié le 25.10.2011

Selon les chiffres de la Banque centrale du Luxembourg, le taux d’emploi dans les banques résidentes augmente de 0,4 % au dernier trimestre et de 2,2 % en glissement annuel, une fois immunisé de la prise en charge des salaires des employés de Fastnet par Caceis. Le résultat reste toutefois surprenant alors que les annonces de plans sociaux se multiplient ces derniers mois: Argenta Bank Luxembourg (16 licenciements), KBL European Private Bankers (103), LBBW (103) et Banco Itaú (61). Le modèle bancaire lux­em­bour­ geois semble donc surnager dans un contexte de crise.

Le Lëtzebuerger Journal va déléguer ses fonctions commerciales et administratives au groupe Editpress (Tageblatt, Le Jeudi). L’impression à l’Imprimerie Centrale devrait également être remise en cause. Grâce à ces synergies, le quotidien du parti démocratique (DP) entend développer sa rédaction. (lire l’article en page 40)

IFSB et Sustain

Coopération stratégique

Madame Jaspers, quel est le contexte qui a mené à votre démission de la présidence de la Fédération luxembourgeoise des Éditeurs ? « La fédération représente les éditeurs, dans tous les genres, depuis 30 ans et ce bénévolement, même si nous recevons des subventions publiques. Nous sommes des habitués de la Foire de Francfort, qui est une vitrine pour tous les éditeurs et aussi pour la culture luxembourgeoise. Or, cette année, nous avons eu le sentiment d’être cantonnés à une place inacceptable. Il y a des éditeurs qui n’ont pas souhaité, et c’est leur droit, rejoindre notre fédération. Ils ont voulu être présents à la foire et c’est, là aussi, leur droit. Le hic, c’est que le gouvernement, le ministère de la Culture, a souhaité reprendre l’organisation d’un stand unique. Il y a eu des réunions mais sans nous, alors que nous étions intéressés par la formule. Au final, la fédération n’a pas eu son mot à dire, au prétexte que nous sommes aussi des éditeurs commerciaux et qu’il fallait promouvoir davantage le pays et sa culture. Nous représentons 90 % de la production nationale. Mais, sur le stand commun, nous avions nos livres sur trois étagères. Les autres avaient deux rangées rien que pour eux. Et j’ai eu l’impression de me trouver sur un stand où l’on vendait le Luxembourg touristique… Alors je l’ai dit, haut et fort.

Publié le 25.10.2011

L’IFSB, Institut de Formation Sectoriel du Bâtiment, et Sustain ont signé un partenariat de co­opération stratégique dans le cadre du développement de l’outil d’analyse de responsabilité sociétale CSR 26000 à tous les secteurs d’activité du pays. Il s’agit de permettre aux entreprises de développer une méthodologie novatrice leur permettant de définir des stratégies et plans d’action de responsabilité sociétale à forte valeur ajoutée éco­ nomique. Ce outil CSR 26000, basé sur l’ISO 26000, permet d’évaluer le positionnement spécifique de l’organisation auditée en proposant une librairie de meilleures pratiques fondées sur les lignes directrices de l’ISO 26000, d’un côté, et sur les regulations nationales et sectorielles, d’un autre côté.

Et vous avez le sentiment de n’avoir pas été entendue ? « C’est le moins que l’on puisse dire. Il semblait logique que chacun ait accès à une visibilité sur sa production. La Fédération des Éditeurs constitue un poids, économique et culturel, indéniable. On a vraiment l’impression de s’être fait confisquer cette légitimité, sans avoir l’occasion de nous justifier. Je me suis exprimée. Et, faute de réactions, j’ai démissionné de mon poste. Je ne vois pas comment il me serait possible de collaborer avec le ministère dans ces conditions. La preuve : ma lettre a été envoyée il y a une semaine. Et je n’ai pas encore eu de réaction officielle…

Immobilier de bureaux

Essouflement ? Publié le 25.10.2011

Le cabinet immobilier luxembourgeois CB Richard Ellis anticipe des perspectives qui « s’assombrissent » dans les prochains mois en matière d’immobilier de bureaux, en raison de la détérioration de l’environnement économique général. « Des répercussions sur le marché immobilier d’affaires au Luxembourg dans les prochains mois sont fort probables, mais la visibilité est insuffisante pour pouvoir les préciser à l’heure actuelle », tempère le communiqué de CBRE. La société anticipe une reprise des livraisons de nouveaux bâtiments en 2013, « si l’évolution économique ne doit pas essuyer un revers ». Banques

Profits en recul de 18 % Publié le 26.10.2011

Le résultat net du secteur bancaire luxembourgeois, communiqué par la CSSF, a atteint 2,647 milliards au troisième trimestre. Par rapport à la même période de l’année dernière, ces profits ont reculé de 17,8 %. En cause : les corrections de valeur sur la dette grecque que

les banques luxembourgeoises ont effectuées au 30 septembre. En revanche, les revenus récurrents des établissements de crédit luxembourgeois n’ont pas encore été affectés par cette crise de la dette, avec une hausse des revenus d’intérêts (+3,1 %) et de commissions (+11 %). Chômage

Encore en hausse Publié le 26.10.2011

Au 30 septembre, le nombre de chômeurs a été évalué provisoirement par le Comité de conjoncture à 14.634. Cela fait près de 500 personnes de plus qu’à la fin du mois d’août dernier. Le taux de chômage s’établit désormais à 5,9 %. La croissance du nombre de demandeurs d’emploi s’explique, en partie, par la comptabilisation, en septembre, des ex-salariés de Socimmo, entreprise du bâtiment déclarée en faillite. Selon les syndicats, sur les 466 salariés concernés par la faillite, 142 personnes restent encore à placer.

Ville de Luxembourg

Coalition DP-Déi Gréng confirmée Publié le 26.10.2011

Ce n’est pas une surprise, mais cela devient officiel : le nouveau bourgmestre de Luxembourgville, Xavier Bettel, sera à la tête d’une coalition DP-Déi Gréng. Le contenu de l’accord et la nouvelle majorité seront dévoilés lors d’une présentation officielle prévue avant la mi-novembre. Luxaviation

Aux commandes de FairJets Publié le 27.10.2011

La compagnie d’aviation d’affaires luxembourgeoise Luxaviation a annoncé sa prise de participation majoritaire dans la société allemande FairJets (basée à Paderborn), aboutissant à la création d’un groupe d’avi­ation d’affaires doté d’une flotte aérienne moderne de 17 jets. L’effectif des deux sociétés sera entièrement maintenu.

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Comment cela va-t-il se passer à présent ? « À vrai dire, je l’ignore. J’ai reçu le soutien de mes collègues, des membres du bureau et des réactions d’éditeurs de notre fédération. J’ai pris mes responsabilités et je pense être suivie sur le fond. Sur la forme, il faudra que la fédération remette une structure de décision en place. Mais avant tout, il faut une réaction de la part des autorités, une discussion sérieuse pour mettre les choses à plat. Recommencer à zéro. Et travailler ensemble, comme on le fait depuis 30 ans, pour l’intérêt général de la profession. »

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François Bausch (Déi Gréng) et Xavier Bettel (DP) vont piloter la coalition à Luxembourg-ville.

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28 actualité

paperJam.TV

Depuis le 15 novembre, 16 h, paperJam.TV est une réalité. Un défi éditorial et technologique pour Maison Moderne, qui complète ainsi le mode de diffusion sur plusieurs canaux de sa marque phare paperJam.

« On Air » du temps

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La rédaction (texte), Charles Caratini, Olivier Minaire (photos)

Mardi 15 septembre. 16 h. Le premier générique est lancé. paperJam.TV existe pour le public, qui découvre la nouveauté sur le canal 49 du bouquet Télé des P&T (qui compte quelque 20.000 ména­ges abonnés), ou en live streaming sur Internet, via l’accès www.paperJam.TV. Jingle. Jean-Michel Gaudron, à l’écran, salue les téléspectateurs, puis commence à donner les news. Dans les bureaux et les couloirs de Maison Moderne, maison mère de la nouvelle chaîne, on retient son souffle. Quelques invités, de la presse luxembourgeoise notamment, suivent l’apparition dans un silence religieux, depuis une salle de réunion devenue théâtre un jour de première. Le reste du personnel ou presque s’est rassemblé un peu plus loin, devant deux écrans. Les autres sont pour la plupart mobilisés en coulisses, dans le studio, au maquillage, pour l’accueil des invités. Et même au catering. Car, c’est dit, comme il y a embouteillage dans les locaux, on fera sauter quelques bouchons pour célébrer l’événement. Une vraie naissance… Au sortir de cette première demi-heure de programmes, avec deux invités en direct, Alain Berwick (RTL) et Pit Hentgen (Lalux), Aurélien Picca, le réalisateur, peut souffler : tout s’est (pratiquement) bien passé. « Quel stress ! La dernière répétition dans les conditions du live était nickel. Ici, évidemment, il a fallu jongler avec les petits impondérables techniques. » Pas vraiment le temps de savourer le moment présent, car le debriefing est déjà commencé pour faire en sorte de repérer ce qu’il est possible d’améliorer et de perfectionner.

Photo : Olivier Minaire

« Le bon moment pour le faire » Pour paperJam, en tous les cas, une nouvelle aventure commence. Car lancer une télévision lorsqu’on est un magazine print établi depuis 11 ans et reconnu comme un support de référence sur son segment, ne constitue pas, en tant que tel, une évolution naturelle et immédiate. Mais c’est justement parce que paperJam s’est, très vite dans son existence, positionné en tant que média économique et financier, et non comme un simple magazine, qu’il n’y a rien de surprenant à ce que ce pas soit désormais franchi. Et même si paperJam.TV a été conçue à partir d’une feuille blanche, le projet n’est pas pour autant parti de rien. « Dans l’esprit des gens, paperJam n’est plus seulement un magazine, mais bien

une marque média multicanaux qui occupe une place dans le quotidien de 40.000 à 50.000 personnes au Luxembourg et dans la Grande Région, explique Mike Koedinger, fondateur et CEO de Maison Moderne. L’émission de télévision correspond à ce besoin d’informer chaque jour de travail, du lundi au vendredi, mais aussi d’inscrire davantage encore paperJam comme une marque média. Dans une conversation télévisée, nous pourrons transmettre de l’expression corporelle et de l’émotion. Cela offre donc une dimension supplémentaire. » Depuis près de quatre ans, paperJam diffusait déjà régulièrement des interviews vidéo (plus de 800 au total) sur son site Internet. Il était temps de passer à l’étape « production pure ». paperJam. TV, aujourd’hui, constitue ce que Mike Koedinger appelle « un laboratoire médiatique » (lire la version intégrale de l’interview en page 66) Progressivement, paperJam.TV va prendre son rythme de croisière, dans le sillon tracé par le magazine print. « Nous partons sur une base modeste, mais ambitieuse quand même, souligne Jean-Michel Gaudron, directeur des rédactions paperJam et rédacteur en chef de paperJam.TV. Nous restons dans le contenu paperJam pour l’essentiel, avec une ligne éditoriale économique et financière qui peut aussi être décalée. L’objectif est évidemment de coller à l’actualité et d’apporter un traitement différent de cette information, un traitement plus proche, plus immédiat dans la diffusion. Mais un traitement professionnel, avec nos journalistes, pour un contenu maison. » Dans un premier temps, tous les jours ouvrables, paperJam.TV proposera entre 20 et 30 minutes de programmes originaux, produits dans le studio aménagé dans les locaux de Maison Moderne, à Bonnevoie. Un journal, présenté par M. Gaudron, et des interviews en direct sur le plateau, des reportages enregistrés, des chroniques, des rubriques régulières et... des publicités, rythmeront ce créneau qui sera ensuite repris en boucle jusqu’au lendemain. Pour compléter le tout, un écran partagé fait défiler les offres d’emploi de paperJam.jobs, ainsi que les flux d’informations (Bourse de Luxembourg, informations économiques, contenu de la newsletter et du site paperJam.lu). Progressivement, le programme sera étoffé, avec des retransmissions d’événements en live ou la diffusion de talk-shows. Print, web, TV : la gamme de diffusion est désormais complète pour paperJam. « Avec la démocratisation des moyens de production et de distribution, on ne peut plus se permettre de ne pas avoir de chaîne télévision », estime le producteur indépendant Fred Neuen, qui a accompagné la genèse du projet paperjam.TV en tant que consultant externe. }  30

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30 actualité

Philippe Baudet et Aurélien Picca à la technique, Jean-Michel Gaudron à l’écran : paperJam.TV est désormais une réalité.

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{ « C’est le bon moment pour le faire, renchérit

Photo : Charles Caratini

Photo : Olivier Minaire

Philippe Baudet, fondateur de PAD Media & Services, société spécialisée dans la mise en œuvre de solutions audiovisuelles, et partenaire du projet. Il y a deux ou trois ans, cela aurait été sans doute trop tôt. Et dans un an, il y aura sans doute beaucoup de monde sur le créneau. » Le concept de départ n’a rien, en lui-même, de révolutionnaire : partir de la qualité visuelle et éditoriale du support print paperJam pour, ensuite, l’adapter à l’audiovisuel, tout en mettant une petite touche ambitieuse supplémentaire via la présentation d’un journal quotidien. « Avec une TV, on communique évidemment différemment, note M. Neuen. Le rapport est plus direct, et donc plus émotionnel, entre Maison Moderne et son audience. Il nous sera ensuite possible, avec des logiciels précis d’analyse d’audience, de peaufiner le produit final et d’ajuster l’offre aux envies du spectateur. » Au moment où la lampe rouge « On Air » s’allume au-dessus de la porte des studios de paperjam.TV, c’est une véritable petite usine technologique qui se met en branle pour permettre d’assurer à la fois la retransmission en direct des émissions qui seront réalisées depuis Luxembourg-Bonnevoie, mais aussi leur mise à disposition en mode VOD (Video On Demand), afin de pouvoir les visionner à n’importe quel moment de la journée ou de la nuit. Télévision et Internet sont les deux premiers supports de diffusion de cette chaîne, en attendant une extension d’accès via iPhone et iPad.

« Fou, mais excitant » La mise en œuvre de la plate-forme technique s’est faite en collaboration avec l’Entreprise des P&T et Niche Guardian. Les premiers fournissent l’infrastructure de base d’hébergement et de diffusion, via l’utilisation du logiciel TVTools sur lequel l’opérateur historique s’appuie pour développer son offre Corporate TV. Les seconds apportent la solution Kiss, qui rendra possible l’accès aux programmes en mode VOD et l’extension de la diffusion du signal vers les terminaux mobiles iPhone et iPad. Derrière ses claviers et ses écrans, le réalisateur Aurélien Picca aimerait bien avoir

une paire d’yeux et quelques mains supplémentaires pour pouvoir tout mieux contrôler. « Il y a beaucoup de paramètres, de maillons dans la chaîne technique, de production et de diffusion. Tout doit fonctionner ! » Le défi est permanent et il a commencé dès le début de l’été, lorsqu’il a fallu tout créer et tout équiper. Là où il y avait un local vide, il y a désormais un studio équipé en moyens de diffusion HD. Sa mise en place a nécessité évidemment des aménagements, un renforcement des capacités informatiques, une supervision et même une imagination de tous les instants pour faire en

sorte que tout passe, avec la vitesse et la sécurité requises, sans perturber le travail habituel de tous les autres métiers de Maison Moderne, dont les activités n’ont pas diminué pour autant. Conrad Heron, manager IT chez Maison Moderne, lui, ne compte pas ses heures depuis trois mois. Et sa débauche d’énergie ne se calmera qu’avec un signal impeccable, un lancement réussi, des prompteurs qui ne lâchent pas le présentateur, une incrustation coordonnée des news de la rédaction sur l’écran partagé, jusqu’au générique de fin millimétré... avant que ne reparte la boucle sur le canal 49 de la Télé des P&T.

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31 actualité

Design

C’est au cœur même des locaux de Maison Moderne, à Bonnevoie, que le studio TV a été conçu, à partir d’une feuille blanche. Georges Zigrand (IntegratedPlace) est intervenu sur ce projet en tant que designer indépendant. « C’est la première fois que je me lançais dans la conception d’un studio TV, mais j’ai fait pas mal de scénographie et de projets d’expos et de musées un peu partout, à Londres par exemple. Ces expériences ont été intéressantes, mais ce qui est pertinent en matière de studio TV, c’est ce qu’on voit à l’écran. Bien sûr, il faut que le studio soit bien, qu’il ait une gueule. Mais le plus important, c’est ce qu’il y a à l’écran. Cela donne un cahier des charges très différent d’un autre projet. C’est très spécifique. » Dans un espace assez réduit, l’idée directrice a été de perturber l’échelle. « Beaucoup de choses se passent visuellement pour aboutir, grâce à des astuces, à un aspect plus large et plus grand. À l’écran, on n’a pas l’impression d’être dans une petite pièce, plutôt dans un espace aéré et large. Constitué de la répétition du logo paperJam, notre arrière-plan est statique, mais il devient un écran animé grâce à des jeux de lumière. »

Photo : Olivier Minaire

Photo : Charles Caratini

« L’important, c’est ce qu’on voit à l’écran »

Au générique de cette formidable aventure, il y a donc du monde. L’habillage visuel et sonore s’est appuyé sur une série de compétences, internes et externes, pour aménager l’espace, tirer des câbles, dessiner et créer le studio, parfaire l’isolation phonique, animer le logo de paperJam, apporter un éclairage dynamique dans une pièce à huis clos, créer des jingles, des transitions pour les espaces publicitaires, connecter et tester tous les réseaux, enregistrer des teasers (bandes annonces)… sans oublier le maquillage et le démaquillage des présentateurs et invités qui seront en plateau.

« Franchement, c’est un défi un peu fou, mais c’est très excitant, confie M. Picca. On sera en live pour la plus grosse partie de la boucle, ce qui est un choix éditorial, pour la spontanéité. C’est évidemment une difficulté technique supplémentaire, un travail sans filet, très rigoureux dans l’approche des personnes qui seront face caméra, notamment sur le respect strict du timing. » paperJam.TV diffusera aussi, après le journal et les invités de la rédaction, des reportages réalisés lors de workshops ou d’événements divers. Et, en attendant l’assurance technique de pouvoir retransmettre en direct des événements – comme

une table ronde ou un talk-show – depuis les endroits les plus divers – et pas nécessairement équipés en moyens de diffusion Internet suffisants –, lesdits événements feront l’objet d’une captation pour être intégrés dans la production mise en boîte à Bonnevoie. Vafa Moayed (Deloitte), Rachel Gaessler (Chambre de Commerce), Robert Dennewald (Fedil) ou encore Paul Hammelman (ACA) se sont succédé en plateau les jours suivants. La machine est lancée. paperJam.TV ne demande qu’à crever l’écran. Une nouvelle aventure médiatique commence.

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32 actualité Médias

Dans la boîte Allinbox cible une plate-forme pour une meilleure circulation des contenus IPTV  à travers l’Europe. Et un clearing des droits d’auteur. Jules Hoffmann

Bourrage papier Un lapsus calami, imputable à l’auteur de l’article, s’est malencontreusement glissé dans l’interview du recteur de l’Université du Luxembourg, Rolf Tarrach, parue dans l’édition de novembre de paperJam (pages 72 à 74). Le lauréat du prix Nobel de médecine 2011 est le biologiste d’origine luxembourgeoise Jules Hoffmann, et non pas Lucien Hoffmann, comme nous l’avons écrit. Ce dernier est chercheur au CRP Gabriel Lippmann.

BusinessMentoring

Saison 2 Mark Rigolle (Allinbox) : « Avec une plate-forme mutualisée, paneuropéenne et surtout indépendante, les opérateurs pourront accéder à des contenus et services performants. »

Sébastien Lambotte (texte), Frédéric Humblet (photo)

Le Grand-Duché compte un nouvel acteur dans le monde des médias. La société Allinbox entend être un intermédiaire entre les opérateurs pro­ posant des services d’IPTV – programmes télé distribués via des réseaux à large bande – et les détenteurs ou fournisseurs de contenus télévisés. « Nous nourrissons l’ambition de créer une plateforme indépendante paneuropéenne, explique Mark Rigolle, ancien responsable chez Belgacom et ex-CFO de SES, nouveau CEO d’Allinbox. Elle sera mutualisée et hébergera des contenus dont pourront profiter les opérateurs. » Car pour se faire une place sur un marché très concurrentiel, les acteurs de l’IPTV doivent proposer une offre ad hoc, comprenant des chaînes thématiques et un bon catalogue de vidéos à la demande (VOD). Demain, le gaming ou d’autres services apporteront une plus grande interactivité. « On dénombre quelque 70 opérateurs télé, rien que pour le Luxembourg. Leur taille, comme celle du marché, ne leur permet pas d’investir dans une structure à même d’héberger et de distribuer ces contenus. Avec une plate-forme mutualisée, ils pourront accéder à des contenus et services performants », poursuit M. Rigolle. Allinbox se pose donc en premier acteur européen indépendant du genre. Mais ce n’est pas tout. Le gouvernement luxembourgeois voit le pays en plaque tournante pour la

distribution de flux IT en Europe. La Commission européenne veut, elle, permettre une meilleure circulation des contenus. « Il faut savoir que, aujourd’hui, 5 à 7 % des Européens ne vivent pas dans leur pays d’origine. Grâce à cette plate-forme, un Anglais qui vit en Italie pourrait avoir la possibilité d’accéder à un contenu de son pays », explique Mark Rigolle. De quoi réjouir, par exemple, des amateurs de football loin de leur équipe favorite… Il faut d’abord inventorier les contenus existants et, surtout, identifier les détenteurs de leurs droits, afin de pouvoir réaliser un clearing en la matière. « Tout le monde pourrait y gagner. Le consommateur final en accédant au programme qu’il souhaite ; le détenteur des droits en distillant ses contenus avec plus de facilités, de manière transparente et vers un nombre plus important de téléspectateurs ; et les opérateurs, en proposant une gamme plus complète à leurs utilisateurs. » Allinbox, elle, y trouverait son compte en ponctionnant un pourcentage lié à la distribution des contenus et au clearing des droits. Derrière ce projet, on retrouve des spécialistes du secteur et de l’entrepreneuriat : Jean-Claude Bintz et Jérôme Grandidier (Telecom Luxembourg) détiennent chacun 33 % du capital, Norbert Becker (Atoz) et Mark Rigolle 16 % chacun et Steve Glangé, nommé project manager de Allinbox (2 %). Une levée de fonds de 25 millions d’euros est en cours et les fondateurs de la société espèrent pouvoir tester leur produit au deuxième semestre 2012.

La deuxième promotion du programme BusinessMentoring de la Chambre de Commerce a été présentée le 17 novembre, en présence de son parrain, Norbert Friob, multi-entrepreneur et président du groupe FNP, et de la ministre des Classes moyennes Françoise Hetto-Gaasch. Lancé en février 2010, ce programme a déjà permis à 45 entrepreneurs d’être suivis par quelque 25 mentors qui ont été cooptés au sein du réseau. www.businessmentoring.lu

Sustainability Day

Pour plus de durabilité Pour la deuxième année, PwC Luxembourg, en partenariat avec IMS Luxembourg et Sustain, propose, le 8 décembre, une matinée de conférence dédiée à la responsabilité sociétale des entreprises et à la gestion de l’impact environnemental. Cette plateforme de discussion intervient alors que le Luxembourg veut mettre en place une batterie d’aides pour promouvoir le développement durable en entreprise. Les thèmes traités lors de cette conféren­ce, à laquelle participera Claude Wiseler, ministre des Infrastructures et du Développement durable, relèveront des dernières évolutions en matière de responsabilité sociétale des entreprises sur le thème de l’évaluation, du déploiement et de la communication de la durabilité. Plus de 300 responsables d’entreprise, gestionnaires de fonds et décideurs publics de tous pays sont attendus à cet événement.

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34 actualité

Cactus

Retour aux sources En proposant un service de livraison à domicile, le groupe de distribution Cactus renoue avec les traditions qui étaient les siennes il y a plus d’un demi-siècle… Mais les enjeux économiques sont tout autres.

Jean-Michel Gaudron (texte), Luc Deflorenne (photo)

Alors que ses principaux concurrents Auchan (avec Auchan Drive), Cora (avec Corapido) et Delhaize (Delhaizedirect) ont choisi d’offrir à leurs clients la possibilité d’effectuer leurs courses en ligne et de venir les récupérer en magasin (Cora, Delhaize) ou sur un site « drive » dédié (Auchan) au moment de leur choix, le groupe de distribution Cactus a choisi d’innover sur le marché luxembourgeois en proposant un service de livraison à domicile. Lancé officiellement le 15 novembre, après un mois de tests auprès d’une cinquantaine de clients « bêta », Cactus@home constitue, pour l’enseigne historique luxembourgeoise, le compromis idéal en matière de développement de nouveaux services. « Nous avons évidemment réfléchi à l’opportunité de proposer également un service de type ‘drive’ ou ‘pick­ing’, explique Laurent Schonckert, le directeur général du groupe. Mais ces solutions nécessitaient une lourdeur d’investissement et de préparatifs. Là, nous disposons d’une flexibilité intéressante avec un budget de l’ordre de 250.000 euros, hors frais de personnel. Pour un système de type ‘drive’, nous aurions dû compter entre 2 et 4 millions d’euros. » En gestation depuis un bon moment, le projet a réellement pris corps au printemps dernier, sous la coordination du service Marketing en général et de Gilles Feipel en particulier. Mais il a concerné bien plus que ce seul volet marketing, puisqu’il a fallu également impliquer l’informatique, la logistique et l’entreposage. « Tous ces départements ont beaucoup œuvré », reconnaît M. Schonckert. Tout comme elles le faisaient dans le courant du 20e siècle, avant que les premiers supermarchés ne viennent s’installer dans le paysage de l’époque (le premier, établi à Bereldange, a vu le jour en 1967), des camionnettes à l’enseigne de Cactus vont donc sillonner le pays pour aller livrer directement leurs courses aux domiciles des clients qui auront au préalable passé commande sur Internet. Un premier parc de cinq camionnettes neuves a été déployé : des véhicules disposant de caissons réfri-

gérés pour le transport de produits surgelés, mais qui, dans le même temps, ont été bridés pour ne pas dépasser les 105 km / h et, ainsi, limiter les émissions de monoxyde de carbone. Les livraisons seront effectuées dans tout le pays, avec le choix de trois tranches horaires (midi, après-midi et soir) du lundi au samedi, sachant que toute commande passée avant 23 h est susceptible d’être livrée dès midi, en fonction de la localisation. Dans un premier temps, 3.000 références seront disponibles, exclusivement dans l’alimentation, les produits frais, les produits ménagers et d’hygiène et le surgelé, aux mêmes prix que dans les rayons des magasins. Une offre qui pourrait évidemment évoluer avec le temps. Un minimum de 50 euros sera exigé par commande et il n’en coûtera au final que 5 euros de frais de livraison. « Nous avons été assez surpris du montant moyen d’un panier, explique M. Schonckert. Les clients sur Internet sont de ‘bons’ acheteurs. »

Gros défi organisationnel Les premières projections tablent sur une moyenne d’une centaine de livraisons quotidiennes pour commencer, mais avec l’espoir de monter en régime avec une fourchette entre 200 et 250 li­vrai­ sons par jour. « On se fixe des objectifs, mais au final, c’est le client qui va s’approprier le service et dicter son succès », rappelle M. Schonckert, très satisfait des premiers résultats issus de la période de tests du service. Il faut dire aussi que la clientèle a massivement répondu présent à l’annonce de cette « période d’essai ». « Nous avons publié une annonce dans les journaux le 8 octobre, demandant aux gens de s’inscrire par e-mail s’ils voulaient faire partie des ‘clients tests’, explique Gilles Feipel. Le lundi matin, nous avions déjà plus de 500 candidatures. » Incontestablement, le lancement de ce service marque un tournant majeur dans la stratégie du groupe, qui a bien souvent préféré prendre son temps pour mettre en place et développer de nouveaux services. Certes, il y a tout juste neuf ans, Cactus avait été la première organisation du pays à

recevoir le certificat Luxembourg e-commerce Certified pour son site CD-Shop dédié à la vente de CD, DVD, vidéos CD-Rom et jeux pour consoles. Plus de 200.000 références étaient alors disponibles en ligne. Mais le service n’a jamais vraiment décollé et n’existe même plus aujourd’hui. A contrario, le groupe a attendu 2009 avant de lancer sa carte client, bien après tous ses autres concurrents. Un « retard » qui n’ pas empêché le succès d’être au rendez-vous, avec plus de 200.000 cartes actives. Aujourd’hui, Cactus n’est certes pas le premier à proposer un tel service de distribution à domicile, mais il est le premier acteur du secteur de la distribution à le faire au Grand-Duché. Dans les pays voisins, certains sont déjà actifs sur ce créneau, mais pas dans toutes les zones géographiques. « Pour être un distributeur moderne et complet, c’était un passage obligé, affirme M. Schonckert. Nous nous devons d’avoir une image dans l’air du temps, ce qui ne veut pas forcément dire que nous devons être précurseurs dans tout. Mais il était impératif pour nous d’être présents sur créneau-là. Et si nous avons pris notre temps, c’est que nous voulions le faire sans faute, ni faille. Il s’agit d’un gros défi organisationnel. Je me souviens des premiers lancements d’initiatives en matière de commerce électronique alimentaire dans le secteur il y a une dizaine d’années. Il y avait eu de grosses structures mises en place et cela n’avait pas marché. C’était trop tôt. Nous n’avons pas commis d’erreur en laissant passer ces 10 années. » Pas moins de 13 personnes ont spécialement été recrutées pour faire tourner ce service, sous l’encadrement d’un responsable « maison ». La moitié de cet effectif est dédié à la préparation des commandes et l’autre à la livraison. À terme, lorsque le service aura atteint son rythme de croisière, Cactus table sur une trentaine de personnes dédiées. En coulisse, un entrepôt de quelque 800 m2 a été dé­veloppé au sein même du grand dépôt de torréfaction de 4.500 m2 existant à Windhof. Tout est donc prêt pour le décollage de ce que Laurent Schonckert appelle le cinquième pilier (après les hypermarchés, les supermarchés, les marchés et

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35 actualité

« Les clients sur Internet sont de ‘bons’ acheteurs »

Laurent Schonckert (Cactus)

Services

En toute discrétion

les C-Shoppi). La dernière inconnue reste, évidemment, la façon dont la clientèle s’appuiera dessus, même si le directeur général estime que le moment de ce lancement était « opportun, car il rencontre l’adhésion de certaines couches de consommateurs pour ce type de services ».

1% du chiffre d’affaires Les prévisions tablent sur l’équivalent de 1 % du chiffre d’affaires du groupe réalisé par cette voie, soit l’équivalent de ce que réalise un magasin du créneau « Marché ». « C’est crédible et faisable », estime M. Schonckert, qui s’attend à ce que les utilisateurs de ce service soient autant des nouveaux clients que des clients existants. Pour 2011, Cactus mise sur un chiffre d’affaires global de 780 millions d’euros. Dans le même temps, Cactus continue de grandir « sur le terrain ». À Redange, fin novembre,

un nouveau supermarché de 4.500 m2 va ouvrir ses portes, un des plus gros du groupe. Puis à Windhof, un autre supermarché de 1.500 m2 arrivera en 2012. Le bâtiment accueillera également des bureaux où seront notamment logés les services RH et informatiques et des salles de formation. En 2013, ce sera l’ouverture de l’extension de la Belle Étoile, qui concernera une trentaine de boutiques supplémentaires. Et en 2014, l’arrivée espérée du nouveau complexe de 24.000 m2 à Esch/Lallange, qui a pris du retard pour des raisons administratives. Au total, plus de 200 millions d’euros ont été investis dans ces différents projets, avec des centaines de recrutements à la clé. « Crise ou pas crise, nous ne perdons pas de notre dynamisme, constate M. Schonckert. Avec le recul, nous constatons que nous avons plus ou moins été épargnés. Il n’y a pas eu d’effondrement, le niveau de consommation restant correct. »

Les enseignes de grande distribution Cora, Auchan et Delhaize ont, ces derniers mois, toutes lancé des services complémentaires, permettant aux clients de passer commande sur Internet. À la différence de Cactus@home, les produits commandés sont à retirer sur un site dédié (Auchan) ou en magasin. Difficile de mesurer le succès de ces initiatives, car seule Cora a accepté de communiquer sur ses chiffres. « Lancé en septembre 2010, notre service Corapido compte quelque 1.800 clients. Le chiffre d’affaires généré représente environ 1 % du total », explique Sébastien Ledig, responsable de ce service chez Cora (qui compte deux supermarchés, à Foetz et au centre City-Concorde de Bertrange). Pas d’information sur le nombre de clients ou le volume d’affaires, donc, concernant Auchan Drive. Le système, qui existait déjà en France depuis quelques années, a été lancé au Luxembourg en juin dernier, sous une forme un peu différente, puisque les courses commandées sont à retirer sur deux sites « drive » dédiés, à la Cloche d’Or et à Munsbach et non pas au Kirchberg, là où l’enseigne à l’oiseau rouge a établi son seul nid au GrandDuché (en attendant celui de Gasperich, dans quelques années). Le site de stock­ age se trouve à Munsbach et la création de 80 emplois avait été annoncée lors du lancement de ce service. Quant à Delhaize, son service DelhaizeDirect, lancé en décembre 2010, est disponible auprès de sept magasins (à Bertrange, Alzingen, Walferdange, Strassen, Belval, Pommerloch et Schmiede). Là non plus, l’enseigne n’a pas souhaité communiquer ses résultats chiffrés. J.- M. G.

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36 actualité Trois questions à Jo Kox

« Une image trompeuse » Selon le directeur administratif du Casino Luxembourg – Forum d’art contemporain, qui s’exprime en son nom propre, le pays accumule les erreurs en matière de nation branding et de marketing touristique.

Jo Kox : « J’ai tout simplement honte de voir une affiche comme la dernière campagne réalisée. »

Interview par Nicolas Raulot, publiée le 26.10.2011 Monsieur Kox, vous avez signé une Carte blanche sur RTL (« hot city, cool country ») à propos du nation branding et du marketing touristique au Luxembourg. Quel est le sens de votre message ? « Il faudrait définitivement arrêter de créer des visuels et des campagnes qui ne correspondent pas à la réalité. Le ministère du Tourisme et l’ONT (Office National du Tourisme) en sont les champions depuis 30 ans. J’ai longtemps participé à des groupes de travail. Vraiment, ils ne comprennent rien. J’ai tout simplement honte de voir une affiche comme la dernière campagne réalisée. Ils ne respectent même pas le travail des photographes. Ces associations réalisées à l’aide de Photoshop sont graves. Que peut-on dire de cette dernière campagne d’affichage ? « Visiblement, cette affiche servira à représenter le Luxembourg à l’étranger. Elle pourra être tirée en 10 x 10 mètres. Prennent-ils les touristes pour des imbéciles ? Je n’en sais rien. Je me pose juste une question : dans quel pays vivent-ils ? Je n’ai rien à faire d’une armure du Moyen-Âge. Autant avoir une photo du château de Vianden, car c’est un très beau monument. Je n’ai pas de problème non plus avec la photo d’une vache, car nous sommes un pays rural. Mais ils ne veulent froisser personne dans le domaine touristique et veulent toujours associer les différents éléments. Ici, il y a aussi un bout de Philharmonie pour faire plaisir aux ‘cultureux’, mais qui reconnaît cette colonnade à l’étranger ? La Philharmonie n’a pas le statut de la Tour Eiffel ou du Guggenheim à Bilbao. Tout est permis pour vendre. Le problème est que le Luxembourg se vend avec une image trompeuse, voire une image tronquée, jamais avec un visage réel. On n’a toujours rien compris. Que faut-il faire à votre avis ? «  Il se trouve que le Service Information et Presse du gouvernement réalise actuellement une enquête sur la question du nation branding, avec des représentants des ministères du Tourisme, de l’Économie et des Affaires étrangères. J’aimerais bien qu’ils réfléchissent publiquement sur ces questions et aussi peut-être qu’ils réalisent un concours ouvert. Il y a au moins 150 agences au Luxembourg ! Il faut aller chercher les idées chez elles sans leur donner un sujet prédéfini. Sinon, ils imposent leurs idées et on va retomber dans les mêmes travers. Ils croient que leurs idées sont les meilleures, mais je regrette, le tourisme n’existe pas. Comment voulezvous attirer une clientèle avec une affiche pareille ? Quel est le public cible ? Il n’y a aucun message clair. »

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Bettembourg

La tréfilerie dans le doute Publié le 27.10.2011

Selon l’OGBL, l’usine ArcelorMittal de Bettembourg serait démantelée en douce. Raymond Kapuscinsky, responsable de la section « transformation des métaux et garages » (TMG) a vu « des gros camions qui embarquaient des machines. Apparemment vers la Hongrie. D’autres machines étaient en cours de démontage. Et personne n’est au courant de rien ! » Sollicité par paperJam.lu, le porte-parole d’ArcelorMittal a précisé : « Quelques anciennes machines de Bettembourg ont été transportées vers une usine à Szentgotthárd (Hongrie) où nous produisons du fil d’acier pour armatures pneumatiques. La plupart de ces machines n’a jamais été utilisée à Bettembourg, mais avait été entreposée sur le site. »

société luxembourgeoise No-Nail Boxes pour la fourniture de caisses pliables en contreplaqué et acier. La commande, destinée au Service des essences des armées, porte sur un montant de 2 millions d’euros étalés sur quatre ans. Six types de caisses seront produites, devant permettre le transport de matériels, mais aussi le conditionnement et le transport de réservoirs souples, certains pouvant avoir une contenance de 300 m3. Relations publiques

Au cœur de la communication Publié le 27.10.2011

« Plus que jamais, avec le développement de nouveaux canaux de communication, il est important de réfléchir, de penser et d’entretenir la relation que l’on a avec ses publics », a expliqué Frédérique Theisen, présidente du Cercle national des relations publiques (Cenarp), lors de la fête organisée cette semaine à l’occasion des 25 ans de l’association. (voir aussi le reportage photo page 83)

Immobilier

Axa achète Stargate Publié le 27.10.2011

Axa Luxembourg / Axa Belgique a procédé à l’acquisition du projet immobilier Stargate, actuellement en cours de construction (place de l’Étoile / boulevard de la Foire), développé par les promoteurs Pylos Benelux et Dexia Banque Belgique. Dès l’été 2012, Axa occupera 65 % de ce bâtiment de 6.500 m2 et y implantera son nouveau siège principal pour ses activités luxembourgeoises. La commercialisation des 2.200 m2 restants sera assurée par le consultant Realcorp. L’actuel siège d’Axa, rue de la Chapelle, sera redéveloppé par Pylos Benelux / Deximmo en collaboration avec Jaspers-Eyers. Ce nouveau projet de 3.400 m² devrait voir le jour début 2014.

Tango

4.000 nouveaux clients Publié le 28.10.2011

Au troisième trimestre, l’opérateur de téléphonie mobile Tango indique avoir conquis 4.000 nouveaux clients mobiles pour atteindre un total de 260.000. L’opérateur profite notamment de la croissance des abonnements pour smartphones. Sur les neuf premiers mois de l’année, son chiffre d’affaires est en hausse de 6,9% à 79 millions d’euros, avec un revenu mensuel moyen par client (Arpu) qui progresse de plus de 12 % à 29,3 euros.

Numericable

L’Internet à 120 Mb Publié le 31.10.2011

Comme annoncé dans la dernière édition de paperJam, le câblo-opérateur Numericable Luxembourg lance son offre FiberBoost d’accès Internet à très haut débit pour tous à 120 Mb/s. L’offre est disponible dans les communes de Luxembourg, Differdange, Niederanven, Lorentzweiler, Strassen, Aspelt, Frisange, Leudelange, Livange, Bivange, Reckange / Mess, Roodt / Syre, Schuttrange, Roeser et Kockelscheuer. BNP Paribas

Des datacenters côté belge Publié le 31.10.2011

BNP Paribas va investir gros dans ses propres datacenters et a choisi d’installer ses infrastructures à quelques kilomètres, près de Bastogne, dans le… Luxembourg belge. Une décision qui a été opérée après une recherche de sites potentiels au niveau international… Le site de Bastogne, à quelques kilomètres de Wiltz, opéré par l’intercommunale Idelux, a séduit le groupe bancaire, qui y a acquis deux terrains d’environ 10 hectares. Et le projet est colossal : construire, en trois phases échelonnées sur 15 ans, un ensemble de sept bâtiments. Deux datacenters, de 7.000 m2 chacun, et un centre de logistique et d’administration de 1.200 m2 (70 personnes environ devraient s’y installer) constitueront la première phase, qui doit être opérationnelle en 2015. Deux autres paires de datacenters suivront. Suite en page

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No-Nail Boxes

L’armée française emballée Publié le 27.10.2011

L’armée française, déjà séduite en 2003, a une nouvelle fois placé sa confiance dans la

Photo : Jaspers-Eyers Architects

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plan K

Bienvenue chez l’Ambassadeur La Commission de Promotion des Vins & Crémants de Luxembourg a décerné à plusieurs restaurants le titre d’Ambassadeur Vins et Crémants de Luxembourg. Cette distinction fait de son titulaire un représentant officiel des vins et crémants luxembourgeois et atteste de son engagement à vous conseiller une large gamme de crus issus des vignobles de la Moselle luxembourgeoise. Laissez-vous guider par les conseils de votre hôte et découvrez les merveilleux vins et crémants luxembourgeois. Vous trouverez la liste des Ambassadeurs Vins et Crémants de Luxembourg sur www.vins-cremants.lu

Avec la participation de :

EuroToques

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38 actualité

Immobilier

Slumdog millionaire Le prix moyen d’une maison au Grand-Duché atteindra, selon Patrick Kersten, CEO d’AtHome, un million d’euros en 2020.  Rien ne semble freiner cette tendance, pas même une conjoncture empreinte d’incertitude.

Pierre Sorlut

La question hante les esprits et brûle les lèvres des déplacés professionnels au Luxembourg. Estce raisonnable d’acheter un bien immobilier en ce moment au Grand-Duché ? Difficile d’y répondre. Les paramètres à prendre en compte sont multiples. Outre les considérations propres à chacun, les indicateurs macroéconomiques, les perspectives nationales en termes de compétitivité et de démographie sont considérés. Bien sûr, aucune réponse certaine ne peut être apportée pour ce qui a trait à l’avenir. Patrick Kersten, CEO et fondateur d’AtHome, groupe gérant la plate-forme éponyme d’annonces immobilières, apporte néanmoins quelques éléments de réponse dans un « white paper » qui risque de faire plus de bruit que la célébration des 10 ans de sa société. Selon ses calculs, une maison au Grand-Duché coûtera, en 2020, en moyenne un million d’euros. Elle en vaut un peu moins de 600.000 aujourd’hui. Pas question, pour lui, de jeter un pavé dans la mare afin de se faire de la publicité gratuitement – même si cela l’arrangera bien in fine. Il s’est engagé, « à titre personnel », à produire une étude sérieuse et étayée. Et son avis sur la tendance que devrait suivre le prix des biens immobiliers résidentiels sur les 20 prochaines années se base sur le travail préparé par le Statec relatif aux évolutions de la population et des besoins en logement. L’institut national de la statistique y revenait sur ses hypothèses formulées en 2006. Elles prévoyaient qu’en 2020, le Luxembourg compterait 518.369 habitants. Or, en 2011, le Luxembourg en compte déjà 508.000. Le scénario haut envisagé il y a cinq ans est déjà dépassé. Aujourd’hui, l’étude mise à jour table sur 646.740 résidents en 2030. Elle prévoit également une progression du nombre de ménages de 40 % par rapport à 2010. La prédiction est alors mise en rapport avec les besoins de logements en 2030. L’auteur du rapport commentant les nouvelles prévisions démographiques, Patrick Kersten résume : « Le Luxembourg a gagné 150.000 habitants en 25 ans. Et selon le Statec, l’augmentation sera au moins similaire sur les 20 prochaines années.

D’un point de vue théorique, le besoin en logement va encore croître de manière exponentielle. »En effet, pour faire face à l’accroissement du nombre de ménages, de 81.702 unités en 2030 selon le scénario central du Statec, «il faudrait construire un peu plus de 4.000 logements nouveaux par an ». Les unités de remplacement, évaluées à 45.600, soit environ 2.280 annuellement, permettraient de partiellement honorer la demande de 129.000 loge­ ments nécessaires pour 2030. Il faudrait donc créer ex nihilo 4.170 nouvelles unités d’habitation tous les ans.

129.000 logements nécessaires pour 2030 Le CEO et fondateur de la plate-forme d’annonces immobilières a poussé un peu plus loin la problématique et a comparé l’évolution du prix des maisons sur les 20 dernières années. Selon des données, encore fournies par le Statec, les maisons construites après 1944 se vendaient en moyenne, en 1988, à 123.000 euros. Le chiffre est passé à 227.000 en 1998, puis à 550.000 en 2008. « En gros, durant ces années, le prix des maisons a doublé tous les dix ans. » Selon ses propres statistiques, collectées sur ses 10 années d’existence, AtHome, et plus exactement son CEO, constatent une progression annuelle de 4 %. Et l’échantillon est un peu particulier puisque les prix ont baissé en 2008 et 2009, fait rarissime au Grand-Duché. « Si on compare les deux scénarios, avec le scénario bas, nous arrivons au million d’euros en 2024. Selon le scénario haut se basant sur la performance des 20 dernières années, nous y serons d’ici 2020. » Aujour­d’hui le prix moyen d’une maison au Luxembourg s’établit à 606.000 euros selon AtHome, un peu en dessous des 600.000 euros selon les chiffres enregistrés par le Statec. Déjà dans un certain nombre de communes, le prix moyen affiché se rapproche du million. À Luxembourg-ville et dans la première couronne, la moyenne est de 850.000 euros. 50 % de l’offre se situe entre 700.000 et 1,1 million d’euros pour

des villes comme Niederanven, Strassen et Walfer­dange. Dans ces villes, le million symbolique sera atteint dans quatre ou cinq ans. Évidemment, et cela donnera une idée de la marge de négociation possible aux futurs acquéreurs, les biens se vendent, en moyenne et selon une étude du Statec, à des prix 10 % inférieurs à ceux demandés initialement. Mais ce n’est certainement pas la principale limite. L’une, volontairement écartée par les auteurs du rapport du Statec, est la condition de solvabilité des ménages. « Ils regardent la demande potentielle », souligne M. Kersten. Autrement dit, les auteurs ne se préoccupent pas de la croissance des salaires et par extension de l’économie ; soit le cadre dans lequel évolue le marché de l’immobilier résidentiel, régissant par définition l’offre et la demande. L’augmentation du nombre d’habitants a accompagné depuis 2000 une croissance économique exceptionnelle au Luxembourg. On pourrait croire que l’on déchante souvent les lendemains de fête. Mais Patrick Kersten ne doute pas que la population va continuer à croître et les prix de l’immobilier résidentiel à augmenter dans des proportions connues ces dernières années. Et les perspectives de progression des prix ne seront pas bridées par les banques. Raoul Stefanetti, head of credit and business coordination chez Dexia BIL, balaie d’un revers de la main toute méfiance à l’égard de ces chiffres. « Pour nous, le prix absolu importe peu. Il faut que le rapport charges sur revenus, en général un tiers, soit acceptable. Nous demandons également un ratio de fonds propres de 20 %. Ce sont les règles d’or. » Bien sûr, elles sont ajustées au cas par cas en fonction du métier de l’emprunteur et du bien, notamment de sa liquidité. Mais les fonctionnaires, nationaux comme européens, sont plutôt de bons clients. Le salaire doit être relativisé, l’inflation également. « Un des facteurs prépondérants », selon le banquier luxembourgeois. « Avec une inflation, un peu plus forte que ces dernières années, ce qui paraît plausible au regard de la conjoncture actuelle, une hausse annuelle des prix de l’immobilier de 6 % semble envisageable. À prix constants cependant, les montants paraissent élevés. »

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Photo : Luc Deflorenne (archives)

actualité

Du fait d’un besoin en logement croissant, des biens à la valeur intrinsèque limitée atteignent des prix faramineux.

Il est également intéressant de regarder l’attitude du gouvernement et des communes face à l’enjeu. En juin, Marco Schank, ministre du Logement, avait indiqué encourager ces dernières à bâtir. 103 communes se sont donc engagées à faire réaliser près de 48.000 nouvelles habitations. En sus, 12.000 logements supplémentaires devraient être construits grâce aux 800 hectares de terrain dégagés à cet effet. Car l’offre de terrains et ses conditions d’accès font aussi figure de facteur limitatif. « Souvent l’action du législateur a un effet inverse à ce qu’il souhaite faire initialement. Par exemple, limiter à dessein la taille des lots pour rendre la propriété accessible revient à augmenter le prix de l’are », analyse un professionnel qui a préféré taire son nom. Les baux emphytéotiques promus par le

gouvernement participent également à la hausse du foncier. Le ministère a pour mission d’assurer le logement à tout le monde. En restreignant le marché de la sorte, il permet aux moins dotés d’accéder au logement… et à d’autres de le payer plus cher.

Pas un montant farfelu « Seuls les promoteurs ont le pouvoir d’augmenter l’inventaire disponible, explique Patrick Kersten. À chaque nouvelle réforme, cela devient plus compliqué et plus lent. La complexité administrative augmente. » Cette tendance conduit à une professionnalisation du marché de la promotion. Et cela ne génère pas forcément d’augmentation de l’offre, et encore

moins d’acteurs spécialisés. Encore un paramètre, donc, qui pousse à croire en les pronostics du CEO d’AtHome. Prophétie auto-réalisatrice ? Dire que l’immobilier va devenir encore plus cher et plus vite met-il les futurs acquéreurs dans des dispositions favorables pour payer plus pour la même chose, le cas échéant ? Certainement. En tout cas, les professionnels du secteur ont tout intérêt à faire passer le mot. Et de ce point de vue, les banques, contraintes par des réglementations toujours plus exigeantes en termes de ratio de solvabilité, joueront leur rôle « purificateur ». Si besoin, dans leur intérêt, elles ne permettront pas d’endettement déraisonné. Pour l’heure, on peut raisonnablement envisager que, dès 2020, une bonne partie des résidents sera de facto potentiellement millionnaire.

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40 actualité

Politique et médias

Sacrée alliance Surprise dans le paysage médiatique luxembourgeois : le Lëtzebuerger Journal acquiert 8 % d’Editpress et annonce un partenariat entre les deux groupes de presse pour « garantir la pluralité et la liberté de la presse luxembourgeoise ». Autour de son nouveau directeur, Marc Hansen, le Journal a lancé, avec un cabinet de conseil allemand, un ambitieux projet pour se redynamiser et se positionner comme un vrai journal : indépendant du parti DP, mais libéral dans l’âme.

Marc Gerges (texte), Charles Caratini (photo)

Avec l’acquisition surprise de 8 % du capital d’Editpress, annoncée fin octobre, le Lëtzebuerger Journal a probablement joué une carte maîtresse. En apportant l’argent frais dont Editpress avait besoin, les libéraux du DP, propriétaires du journal, ne se sont pas seulement assuré un contrôle sur leur partenariat. Ils ont également mis un pied dans l’empire de presse qui édite Tageblatt, Le Jeudi et la Revue, ainsi que, avec des partenaires étrangers, L’essentiel et Le Quotidien. Pour autant, l’alliance entre le quotidien du parti libéral et le groupe appartenant au syndicat OGBL, interpelle. Si, d’un point de vue synergies, l’alliance fait sens (regroupement du pré-presse, des services marketing et des services administratifs, tout en garantissant une indépendance éditoriale des deux côtés), il n’en reste pas moins que ce partenariat est conclu entre les deux principaux antagonistes politiques du moment. Le Lëtzebuerger Journal est un peu au parti libéral ce que L’Humanité était au parti communiste français : une publication servant de relais pour prêcher la bonne parole. Mais lorsque les lecteurs hors parti font défaut et que ceux du parti sont devenus rares, il faut se réinventer. Le Journal, qui constitue aujourd’hui une exception dans le

paysage médiatique européen, a décidé de couper net avec la tradition et le passé. Né en 1948 de la fusion de l’Obermosel-Zeitung à tradition libérale et de l’Unio’n, organe de la résistance, le Lëtzebuerger Journal a accompagné dès ses débuts le mouvement libéral au Luxembourg. Lorsqu’en 1955 le DP vit le jour, le Journal fit en quelque sorte office de sage-femme. Aux mains du parti depuis lors, le Lëtzebuerger Journal est un pur survivant grâce à la législation luxembourgeoise sur l’aide à la presse : sans les quelque 500.000 euros annuels octroyés par l’État – une broutille par rapport à ce que récoltent pour leurs publications respectives les maisons d’édition Editpress (3,5 millions d’euros) et Saint-Paul (2,7 millions d’euros alors que La Voix vivait encore) – le Journal n’existerait plus.

L’Imprimerie Centrale touchée À ses heures de gloire, la feuille libérale tirait à quelque 10.000 exemplaires. Au fil de son histoire, le tirage a difficilement dépassé les 5.000 et, dernièrement, on est tombé sous les 2.500 exemplaires diffusés. La cassure a eu lieu après le départ en retraite du rédacteur en chef Rob Roemen.

C’est le parti lui-même qui a tiré la sonnette d’alarme. Sous la houlette du président du conseil d’administration du Journal, Norbert Becker, et des stratèges du DP, il a été décidé de passer outre les vieilles habitudes et coteries. Première victime, l’Imprimerie Centrale (IC), à la recherche d’un second souffle pour ses rota­ tives depuis qu’elle a perdu le contrat d’im­ pression du Journal Officiel des Communautés eu­ro­péennes. Aujourd’hui, hormis des commandes ponctuelles, elles ne roulent que pour le Journal, le Land et Zeitung vum Lëtzebuerger Vollék. Pas de quoi assurer une pérennité. À partir de l’automne 2012, ce sont les rotatives d’Editpress qui accueilleront le Journal. Deuxième victime, la vieille garde du DP qui avait l’habitude de considérer le Journal comme sa feuille de liaison – une raison d’ailleurs de l’échec du quotidien. L’équipe autour de Marc Hansen, ancien responsable de la communication du DP et fraîchement nommé directeur du Journal, a engagé une société de consultance allemande spécialisée dans les médias pour redéployer le journal. Le projet est ambitieux, à tel point que le parti a envoyé une circulaire à tous ses membres pour leur expliquer que leur quotidien allait devenir un vrai journal : indépendant du parti, mais libéral dans l’âme.

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Société de la Bourse de Luxembourg S.A.

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42 actualité Étude KPMG

Améliorer, plutôt que changer La traditionnelle étude sur les progiciels bancaires met en avant une volonté d’adapter l’existant aux nouvelles exigences de marché et réglementaires, plutôt que faire l’acquisition de nouvelles plates-formes.

Systèmes de gestion de la relation client Degré de satisfaction

Prévisions de changement

16 % Bas 64 % Plus de 5 ans

23 % Dans moins de 2 ans

Source : KPMG

36 % Élevé

32 % Inférieur à la moyenne

Près des deux tiers des banques interrogées n’envisagent pas de changer leur système de gestion de la relation client avant cinq ans au plus tôt. Il faut dire que plus de la moitié en sont satisfaites… 13 % Entre 2 et 5 ans

16 % Supérieur à la moyenne

Sébastien Lambotte

La nouvelle étude bisannuelle de KPMG Luxembourg relative aux logiciels bancaires utilisés sur la place financière s’est focalisée cette année sur les banques privées. Réalisée auprès de 63 banques de la Place, pour prendre le pouls du marché et pour mieux connaître les intentions des responsables informatiques au cœur des institutions financières, cette édition 2011 a été réalisée en partenariat avec KPMG Suisse. Cette étude a, tout d’abord, confirmé certaines tendances, inhérentes aux crises successives qu’a connues le secteur. La politique de maîtrise des coûts, appliquée depuis maintenant trois ans, n’a pas été sans effet pour le marché du logiciel bancaire. « Les investissements des banques dans leur département IT sont moins importants qu’il y a quelques années, au moment où la place a connu un développement significatif, explique Jean-Pascal Nepper, partner chez KPMG. Toutefois, on constate que le niveau des budgets informatiques des institutions au cœur de notre échantillon est resté globalement stable. » Au niveau des ressources humaines, 26 % des CIO interrogés pensent en revanche que leur équipe IT va s’élargir. Les logiciels bancaires et les investissements en la matière par les insti-

tutions de la Place doivent toutefois permettre de répondre à une série d’enjeux, notamment l’adaptation des applications informatiques aux nouvelles réglementations. D’autre part, on sait que les banques, dans un marché très concurrentiel, avec d’importantes pressions sur les marges, doivent adopter de nouveaux modèles économiques. À ce niveau aussi, des logiciels bancaires mieux adaptés peuvent contribuer à une amélioration des performances, des services, du suivi de la clientèle.

S’adapter aux nouveaux besoins Les investissements envisagés au Luxembourg concerneraient, avant toute chose, les outils liés au front office. À ce niveau, 23 % des institutions interrogées envisagent de se doter d’outils de gestion de la relation client (CRM) plus performants dans les deux ans à venir. « Les banques doivent désormais fidéliser la clientèle, en capter une nouvelle qui devra trouver un intérêt à confier son épargne à une banque luxembourgeoise. Pour cela, elles doivent se différencier, mais surtout mieux connaître leurs clients, assure M. Nepper. Ces outils, au

niveau du front office, sont donc stratégiques. » On notera toutefois, dans cette étude, que si les investissements restent constants, aucune des institutions interrogées n’envisage de changer son logiciel de core-banking dans les deux années à venir et seules 15 % l’envisagent dans un délai de deux à cinq ans. La majorité des systèmes en place le sont pourtant depuis neuf à 10 ans. « Pour répondre aux enjeux, qu’il s’agisse du reporting fiscal ou de la mise en conformité des logiciels par rapport aux nouvelles réglementations attendues, les banques vont préférer adapter les logiciels existants, en développant sans doute des systèmes périphériques, explique Vincent Koller, partner chez KPMG. L’enjeu, pour les éditeurs, est aujourd’hui de répondre à ces besoins sans entraîner des investissements conséquents qui se répercuteraient au niveau des tarifs appliqués à leurs clients. » L’étude révèle enfin qu’au Luxembourg, contrairement à la Suisse, il est encore très difficile d’externaliser le back office et les processus qui y sont liés. « Le problème est que le Luxembourg dispose d’une offre limitée en la matière. Les opérateurs sont rares et les acteurs du monde bancaire sont souvent trop petits pour qu’il y ait un intérêt réel à une telle externalisation, pour pouvoir bénéficier d’économies d’échelle liées à la mutualisation », explique M. Koller.

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43 actualité Office du Ducroire

Le parapluie qui protège de la tempête Fraîchement reconnu sur le plan international, l’Office du Ducroire fête, début décembre, ses 50 ans. Un demi-siècle consacré à aider les entreprises à diminuer leur exposition aux risques à l’exportation.

« Nous sommes un maillon important du commerce extérieur luxembourgeois » Étienne Reuter (Office du Ducroire)

Photo: Blitz (archives)

Frédéric Lambert

Porté sur les fonts baptismaux en 1961, l’Office du Ducroire s’apprête donc à fêter son 50e anniver­ saire. Une cérémonie marquera du reste l’événe­ ment début décembre. Désormais, l’établissement est régi par une loi datant de juillet 1995 et qui a affiné sa raison d’être. Ainsi, de « favoriser le commerce extérieur par l’octroi de garanties propres à diminuer les risques », le Ducroire a la mission plus largement définie de « favoriser les relations économiques et financières internationales du Luxembourg, principalement par l’acceptation de risques dans le domaine de l’exportation, de l’importation et des investissements internationaux ». « Célébrer nos 50 ans signifie que notre institution a rempli sa mission, affirme Étienne Reuter, premier conseiller au ministère des Finances et président de l’Office. Au fil du temps, nous sommes devenus un maillon important du commerce extérieur luxembourgeois. » Cet anniversaire intervient la même année que l’intégration du Ducroire au sein de l’Union de Berne, organisation internationale des assureurscrédit et d’assurance des investissements. Un signe supplémentaire de crédibilité sur le plan internatio­ nal. Sur un marché local pour le moins restreint,

les entreprises luxembourgeoises à la recherche de croissance n’ont souvent guère d’autre choix que d’aller voir de l’autre côté des frontières. C’est dans ce contexte de globalisation galopante que l’Office du Ducroire et ses instruments se sont plei­ nement développés, accompagnant la politique de diversification économique menée par le pays. « En 1961, nous sommes partis de rien, indique M. Reuter. Dès 1963, une étroite collaboration avec la Belgique et son Office National du Ducroire, par rapport auquel nous avons toujours été autonomes, nous a permis de grandir petit à petit. Fin des années 70, début des années 80, notre capital a été augmenté à deux reprises compte tenu des besoins de couverture supplémentaires, suite au développement et aux mouvements au niveau du commerce international. »

Risques accrus C’est à partir du milieu des années 90 qu’ont commencé à se faire ressentir les premiers effets de la mondialisation. « Pour les surmonter, nous avons accentué nos collaborations avec des assureurs-crédit français, anglais, allemand, finlandais, autrichien ou encore canadien. Ces nouvelles co­opérations nous ont permis de nous adapter aux

nouvelles exigences de l’Union européenne », indi­ que M. Reuter. De l’adaptation, il en faut également, aujour­ d’hui, en plein cœur de la crise. « Avec les difficultés rencontrées par les banques ou les problèmes liés aux dettes souveraines, les risques politiques ont augmenté, reconnaît Simone Joachim, secrétaire générale de l’Office du Ducroire. Nous rencontrons des risques accrus à l’exportation. Les retards de paiements sont plus nombreux, ce qui entraîne une hausse de nos indemnisations. Et puis, les assureurs-crédit privés ont eu du mal à assurer nos entreprises. Nous avons donc dû nous substituer au marché privé pour trouver des solutions. » L’incertitude permanente du climat actuel limite les projections à moyen et long termes « Il est très compliqué d’imaginer quel rôle nous allons jouer dans les 50 prochaines années, dit M. Reuter. Aujourd’hui, j’aimerais simplement que les entreprises luxembourgeoises se rendent compte des avantages qu’elles ont à travailler avec nous. Elles ne doivent pas hésiter à utiliser notre parapluie pour faire face à la tempête. Nous devons rester un filet de sécurité qui doit leur permettre de découvrir de nouveaux marchés à l’exportation. Nous voulons rester un guichet unique, le principal one-stop shop pour les exportateurs. »

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44 actualité

Finance islamique

Des critiques à l’éthique : rimes riches Entre peur irrationnelle et tentation de croire à la panacée, entre choc de cultures et amalgames,  le système de finance islamique mérite une démythification. Et une attention particulière vu ses enjeux. Alain Ducat (texte), Luc Deflorenne (photo)

Avant la crise, la finance islamique planétaire avait déjà un taux de progression annuel oscillant entre 15 et 20 %. Sa façon de voir la gestion du risque partagé notamment, ainsi que ses principes éthiques, la rendent d’autant plus attrayante a priori depuis les failles avérées du système classique et les scandales à la Madoff. Mais qui parlait de la finance islamique, ici, il y a quelques années ? Les outils de ce système qui voit la finance au travers d’un prisme moral nourri aux préceptes du Coran et de la charia, existaient pourtant depuis longtemps à Luxembourg, place pionnière. Ils avaient pignon sur rue, mais la rue était mal éclairée… Depuis, les lames de fond des crises financières mondiales ont jeté un tout autre éclairage et la finance islamique, alternative crédible, atteint les grands boulevards, se discute en colloques avertis et séduit jusqu’au sommet de l’État, qui en fait un outil de marketing. Tout récemment, le ministre des Finances Luc Frieden, en mission de promotion de la place financière en Asie, en a fait l’éloge devant un parterre officiel, à Kuala Lumpur en Malaisie. Pas un hasard : il y a trois ans, le gouvernement malaisien avait voulu lancer un fonds luxembourgeois investi en actions et en obligations islamiques d’un milliard de dollars, afin de le commercialiser dans le monde, mais ce fonds avait été liquidé quelques jours après son avènement, suite à un changement de gouvernement en Malaisie. La Malaisie, pays roi de cette finance alternative, qui est aussi le siège de l’Islamic Financial Services Board (IFSB), le régulateur de ces marchés… Luc Frieden, par son discours emblématique tout en louanges, confirmait la volonté affichée du gouvernement luxembourgeois de développer la finance islamique comme outil de diversification et d’internationalisation de la place financière. « La finance islamique est aujourd’hui une composante de plus en plus importante dans un portefeuille diversifié d’actifs », ajoutait-il.

Rien de bien neuf, au fond, sous le soleil, même d’Orient. Le Grand-Duché est aujourd’hui le premier centre européen pour les fonds d’investissement islamiques. Mais l’encours de ces fonds ne dépasse guère les 500 millions d’euros, soit seulement 0,02 % de l’encours total des fonds luxembourgeois. Et la finance islamique, produit de diversification bienvenu, semble aussi servir de produit d’appel pour lever des investissements, plus traditionnels le cas échéant, en provenance de pays émergents en Asie ou du Golfe (lire aussi page 48)

Dissiper la confusion, diffuser les atouts Et tout le monde l’a bien compris au Luxembourg. « Il y a un potentiel intéressant pour le Luxembourg, même s’il est évident que la finance islamique ne constitue pas la panacée, note JeanLuc Fisch, avocat et partner chez Allen & Overy, un cabinet où l’on se dit très attentif et présent sur ce type de marché, notamment en provenance du Moyen-Orient. On peut néanmoins prédire que, endéans les quatre ou cinq ans, ce marché prendra du volume. Il y a près de 30 ans que les premiers outils compatibles avec la finance islamique ont été mis sur le marché luxembourgeois mais on n’a guère parlé de tout cela, jusqu’il y a peu. C’est un peu comme quand on gonfle un ballon : il faut beaucoup de souffle et un peu de patience avant que le ballon prenne forme et volume. » Et c’est vrai que le Luxembourg, qui entend se positionner comme un domicile de choix pour les produits de finance islamique en Europe, peut déjà se prévaloir d’une longue expérience dans ce domaine. « En 1978 déjà, l’Islamic Banking System Holdings Limited Luxembourg devenait la première institution de finance islamique en Europe. Puis il y eut l’établissement, en 1982, de Takafol, première assurance islamique », rappelle Sufian Bataineh. Ce juriste jordanien, établi à Luxembourg depuis des

années, a, après un parcours dans des cabinets juridiques, fondé sa société de consultance, Dananeer. L’homme a notamment apporté son soutien au groupe de travail spécifique, créé sous l’égide du gouvernement luxembourgeois, dès 2008. La même année, l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement) mettait aussi une task force sur le chantier du développement de Luxembourg comme centre d’excellence pour les fonds « charia compliant ». Comme d’autres observateurs, M. Bataineh relève que le Luxembourg travaille bien en la matière, mais qu’il ne faut pas s’endormir. De fait, la Bourse de Luxembourg, qui a été la première en Europe à coter sur le marché des sukuks (obligations islamiques), en 2002, en est à 16 cotations, dont la valeur combinée peut être estimée à 7,3 milliards de dollars. À comparer avec la vingtaine de sukuks cotées à Londres, pesant quelque 11 milliards de dollars. Quant aux 45 fonds luxembourgeois conformes au droit musulman, ils représentent un faible pourcentage du marché global, estimé à plus de 800 milliards de dollars. « Le Luxembourg est néanmoins le premier pays européen dans la domiciliation de fonds islamiques », note M. Bataineh. Mais il y a des obstacles, certains plus visibles que d’autres. Irrationnels, impalpables. Culturels en somme… Car le musulman peut avoir mauvaise presse dans une communauté humaine atteinte du syndrome « nine eleven », a fortiori dans un pays de tradition catholique et où même la culture politique donne le meilleur rôle aux chrétiens depuis des lustres. « On parle d’abord de finance et d’éthique, relève Soufiane Bataineh. Les préceptes prônés par la finance islamique sont universels pour la plupart. » Il faut donc à la fois éviter le prosélytisme et la tentation de tenir la religion musulmane pour responsable… d’être a priori la seule croyance monothéiste à avoir mis en avant, sur le marché international, une telle vision de l’économie. « Il faut évidemment passer outre la barrière culturelle, complète Frank Mausen (Allen & Overy),

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avocat qui s’est spécialisé dans ce domaine financier. Le mélange religion et finance n’est pas nécessairement un acquis évident dans nos pays occidentaux. Ici, le modèle est certes islamique, mais il est surtout axé sur une responsabilité sociale, universelle. Voir à la première ligne d’un document juridique ‘in the name of Allah’ peut surprendre de prime abord. Cela étant, il ne faut pas avoir peur de la finance islamique. C’est une façon de voir la finance, eu égard à des règles, établies par la charia en l’occurrence, mais qui peuvent aussi s’appliquer, tout simplement, à la société en général. » À la scène bancaire locale aussi ? « Des collègues plaisantent en me demandant si on va financer la future grande mosquée de Luxembourg », glisse, en boutade, un cadre d’origine maghrébine employé dans une institution de la Place. Le trait est révélateur d’une certaine confusion née de

l’arrivée des investisseurs qataris dans le microcosme luxembourgeois. La relative concomitance entre les louanges de la finance islamique, la promotion du pays à l’étranger et l’annonce du rachat de la BIL et de KBL par des fonds souverains du Qatar, a pu troubler. « De prime abord, cela n’a rien à voir avec la finance islamique, commente M. Bataineh. Par contre, qu’il y ait un effet de la promotion de la Place à l’étranger et une suite aux contacts noués, c’est évident. Mais ici, on a un fonds souverain qui investit et diversifie sa mise de fonds, c’est tout. » Nul d’ailleurs n’imagine, ici, l’arrivée de guichets réservés à une clientèle islamique locale très peu présente, alors que ce phénomène existe dans certaines banques de la place londonienne, où un marché de everyday bank se destine à une communauté musulmane importante. En revanche, on peut penser que dans ces banques luxem- }  46

« Il faut bien maîtriser le contexte, politique, économique, social, des pays musulmans, sous peine de rater des opportunités » Sufian Bataineh (Dananeer)

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Les séminaires sur le sujet (ici, celui organisé par Unicredit, fin octobre) font recette : la finance islamique est dans l’air du temps.

{ bourgeoises passant aux mains d’investisseurs

du Golfe, de nouvelles orientations vont être suggérées, qu’une ouverture sera faite sur la spécialisation de gestion compatible avec la charia et que des actifs provenant d’autres coins du monde pourraient au moins y transiter. Plusieurs observateurs insistent sur le fait que ces investisseurs qataris sont musulmans mais pas des financiers islamiques. « Sur la quinzaine de banques du Qatar, seules deux sont de finance islamique », note-t-on. Les investisseurs en question ne sont d’ailleurs pas des banquiers de métier, ce qui ne garantit pas le blanc-seing de la CSSF. « Ce sont des gens riches qui préparent l’héritage familial. Mais racheter une banque pour faire un plaisir diplomatique ou un cadeau à son fils, ce n’est pas comme racheter un club de foot », avance un proche du dossier.

C’est aussi une question de marketing Globalement, sur la Place, on se garde autant des amalgames que de l’angélisme. Et puis il y a clairement la façon de présenter les choses. « C’est aussi une question de marketing », plaident en chœur des spécialistes du domaine. « Malgré tous ses efforts en ce sens, qui sont remarquables et plutôt efficaces, le Luxembourg n’est pas encore identifié d’une majorité d’investisseurs potentiels et de businessmen dans les pays musulmans, souligne Sufian Bataineh. Ces derniers choisissent encore volontiers des structures offshore via les Îles Caïmans, les Bermudes ou les Îles Vierges. » Le consultant craint que les différences culturelles se marquent encore chez les acteurs qui sont appelés à promouvoir le Luxembourg : « Il

Photo : Blitz

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faut bien maîtriser le contexte, politique, économique, social, des pays musulmans, sous peine de rater des opportunités et même de voir décroître la coopération économique. » Toute option diplomatique est à mesurer avec soin. « Par exemple, le Luxembourg a posé son ambassade à Abu Dhabi, en partant du principe que tout peut être contrôlé depuis les Émirats arabes unis. Je ne suis pas le seul à penser que le Luxembourg devrait aussi être présent à Ryad, au cœur de la puissance saoudienne. » Mais c’est une profession de foi que livre, avec enthousiasme et réalisme, Sufian Bataineh : « Il est en tout cas certain que, avec une bonne ouverture, un marketing intelligent et bien ciblé, la finance islamique apporte des challenges mais aussi des opportunités au Luxembourg. » Cette approche, il l’avait déjà développée, en 2008, dans un travail (co-écrit avec Carole Schmidt-Bataineh – Arendt & Medernach, Sufian Bataineh étant alors au cabinet Wildgen) qui avait obtenu le prix ALJB (Association luxembourgeoise des juristes en droit bancaire). Dans le jury, il y avait des avocats, des représentants de la CSSF, du Crédit Agricole, de la BCEE… Aujourd’hui, le Luxembourg pionnier a encore des terres à explorer. Et, au-delà des carcans culturels ou philosophiques, entre critique, éthique et finance islamique, l’enjeu est clair : que les rimes ne soient pas les seules à être les plus riches possibles. paperjam  | Décembre 2011 | économie & finance

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48 actualité Place financière

Au confluent de deux diversifications La stratégie luxembourgeoise veut à la fois promouvoir un savoir-faire applicable à la finance islamique  et élargir l’offre pour des investisseurs en quête de gestion de fonds et de services. Alain Ducat (texte), Luc Deflorenne (photo)

Quand, en 2008, le ministère des Finances a mis en place un groupe de travail sur la finance islamique, une véritable stratégie commune s’est tissée. « L’idée était de donner une visibilité nouvelle à un marché en pleine croissance, qui repose sur des principes éthiques et entre dans la famille des investis­ sements socialement responsables », note Anouk Agnes, chargée, au ministère des Finances, du développement de la Place financière et des institutions financières internationales, et active au sein de Luxembourg for Finance (LFF). Alors un mouvement collégial s’est mis en branle. À côté de la microfinance et du socialement responsable, la finance islamique figurait en toutes lettres dans la déclaration gouvernementale 2009-2014, au chapitre des priorités affichées pour soutenir la Place… Dans le rapport de septembre 2009 de sa « Madoff Task Force », l’Alfi (Association luxembourgeoise des fonds d’investissement) mettait en avant l’alternative « charia compliant » comme vecteur prioritaire de dévelop­ pement. « Nous avons ici le know-how, les outils, le cadre réglementaire, les autorités de contrôle, résume Anouk Agnes. La success story était sousjacente. Il faut valider. » Le Luxembourg, cinquième centre mondial pour les fonds islamiques, derrière la Malaisie, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite (tous d’importants centres régionaux) et les Îles Caïmans (qui attirent bon nombre d’amateurs d’offshore en provenance du continent américain), a encore de belles cartes à jouer. « La Grande-Bretagne et la France ont d’importantes communautés musulmanes locales à desservir, poursuit Mme Agnes. Par opposition, le Luxembourg, centre financier international, s’est positionné pour répondre aux besoins islamiques dans un contexte européen et mondial. » L’objectif est clair : varier l’offre et répondre à la demande énorme d’une clientèle fortunée, moyenorientale et asiatique notamment. Chacun repère volontiers ces clients cherchant à investir dans divers domaines, via des portefeuilles aux mains de gestionnaires avisés. « Même la Suisse nous les envoie », sourit l’un d’entre eux. « Les fonds promus par la finance islamique peuvent aussi intéresser des investisseurs en dehors du monde musulman, appuie Jean-Luc Fisch, partner chez Allen & Overy. Le socialement responsable est

très recherché, dans l’air du temps. » Certains ajoutent que des fonds « classiques » peuvent s’avérer charia compliant. Car il est d’abord question de superviser l’utilisation et la destination des investissements. « Un des soucis, c’est qu’il n’y a pas encore de standardisation dans les produits. On peut ainsi trouver plusieurs degrés de conformité aux différents charia boards. Certains sont plus conservateurs, d’autres plus libéraux », ajoute Me Fisch. En tout cas, le contexte est favorable. « Le gouvernement avec ses missions économiques ciblées, LFF, l’Alfi, la Banque centrale, l’ABBL, la CSSF, tout le monde agit dans le même sens », observe Frank Mausen, avocat spécialisé chez Allen & Overy. « Il y a eu des gestes forts. La BCL est devenue la première banque centrale européenne membre de l’Islamic Finance Services Board. Et, en mai dernier, le sommet IFSB tenu à Luxembourg était une première dans un pays non musulman. Ce n’est pas passé inaperçu. » De quoi ouvrir un chantier prioritaire. « Parmi d’autres, insiste Jean-Luc Fisch. Mais il faut être bien positionné sur ce marché, qui peut avoir des débouchés multiples, dans des pays musulmans et pour des capitaux issus de ces pays, pour les 80 mil­ lions de musulmans d’Europe, pour une série d’investisseurs de tous horizons aussi. »

Aller vers de nouveaux capitaux Pour ces juristes, « ce marché est une niche. D’autres pays sont dessus et le Grand-Duché s’est d’ailleurs inspiré de la réglementation française, qui a repris de l’avance. Mais s’il y a le double de sukuks cotées à Londres, il ne s’agit pas de concurrencer la City mais de continuer le positionnement de Luxembourg. » Et d’utiliser le marketing luxembourgeois pour aller là où il y a des capitaux, « notamment sur des marchés émergents, au Moyen-Orient, en Asie ou dans certaines républiques russes. On peut donc participer à la diversification du marché financier luxembourgeois et diversifier, aussi, l’origine des fonds que l’on a besoin de lever. » Depuis 2009, avec les besoins de renouveau induits par la crise, beaucoup de dossiers se montent. Certains sont dans le pipeline. Des cabinets spécialisés discutent avec des banques de la Place pour mettre sur le marché des vecteurs de titrisation. L’État luxembourgeois lui-même n’exclut

pas de prendre l’initiative. Une étude de faisabilité est en cours, pour une sukuk aux accents officiels. Il reste bien des balises à vérifier et franchir, mais on devrait y voir plus clair dans les premiers mois de 2012. L’enjeu ? Rien de moins que la première obligation islamique au monde à bénéficier d’un « triple A ». La prudence est de mise mais le jeu en vaut la chandelle… Faut-il être tenté d’arrondir encore les angles pour aider au passage des montages conformes aux préceptes du Coran ? Dès 2010, deux circulaires administratives (contributions directes et enre-

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« On est évidemment dans un domaine où l’on ne peut se satisfaire du statu quo. Mais on ne doit pas légiférer spécifiquement »

Jean-Luc Fisch (Allen & Overy), ici à gauche avec Frank Mausen

Principes

L’antispéculation

gistrement) précisaient le cadre d’appréciation des principales opérations de finance islamique, tout simplement en consacrant le principe de la neutralité fiscale. « C’était un message positif et rassurant, souligne Anouk Agnes. La clarification s’imposait, pour dire que l’on traite de manière équivalente une sukuk et une obligation classique par exemple. » Les investisseurs le comprennent de mieux en mieux. « Outre les cotées, il y a aussi des sukuks privées. Tout le marché de la Place n’est pas nécessairement visible, avance Jean-Luc Fisch. Le volet immobilier est intéressant aussi, avec des contrats

de type murabaha par exemple, une véritable structuration fiscale. On est évidemment dans un domaine où l’on ne peut se satisfaire du statu quo. Mais on ne doit pas légiférer spécifiquement. Ce qui existe permet d’agir dans la marge tout en restant dans un environnement sécurisé, de plus en plus exigeant au niveau des normes internationales. » L’industrie des fonds, avec un Luxembourg domicile de prédilection, a tout à gagner et le sait. Les banques, les assurances, les services, tous les métiers de la Place pourraient aussi être à la confluence de nouvelles opportunités.

L’intérêt de la finance islamique est, entre autres, de prohiber les intérêts… Le droit musulman bannit aussi la spé­ culation ou les investissements dans les secteurs jugés impurs (armes, jeux, pornographie…). La base n’est donc pas de fabriquer de l’argent mais de sou­ tenir la production et le commerce. Le réel démarrage date des années 1970, avec la création, notamment en Malaisie, de fonds d’entraide pour financer les pèle­rinages vers La Mecque. Les ban­ ques islamiques suivront, au Caire puis dans les pays du Golfe, créant de puis­ sants bastions à Dubaï, au Koweït ou à Bahreïn. Comme la perception de l’inté­ rêt est strictement prohibée, les banques génèrent leurs revenus par des systèmes de commissions ou en revendant très vite après l’achat des produits majorés, que les investisseurs paient par tranches à terme. Avec, dit-on, des marges comparables à celles de la finance conventionnelle… Les pétrodollars ont rapidement dopé le système financier islamique, les nouvelles fortunes cher­ chant à investir en accord avec leur foi. Les produits charia compliant se sont développés partout, comme les sukuks, des obligations adossées à des actifs. Dans ces montages financiers, le sous­ cripteur n’est pas censé disposer d’un droit de propriété sur le bien adossé. Pas de miracle donc : à l’instar des actions, les sukuks ne mettent pas à l’abri des entre­ prises en débâcle… La finance islamique joue sur le partage des risques, entre investisseurs et entrepreneurs. Dans une moucharaka, pertes et profits se divisent entre parties. Mais avec une mudarabah, l’entrepreneur, en cas d’échec, est cou­ vert par le capital apporté par les bailleurs de fonds… A. D.

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Échange d’informations fiscales

Jurisprudence à l’horizon Pour la première fois, un recours en annulation d’une injonction de production de documents adressée par l’administration  luxembourgeoise suite à une demande de renseignements en provenance des services fiscaux français, a été déposé.  Il pourrait conduire à une jurisprudence déterminante pour l’avenir de la coopération entre le Luxembourg et ses contreparties.

Pierre Sorlut

Alors que les déficits publics se creusent au gré des crises et des plans de sauvetage, la problématique de l’évasion fiscale s’invite fréquemment sur les tribunes politico-médiatiques. Un moyen de lutte est privilégié : l’échange d’informations fiscales. Loin de concerner les uniques particuliers, « l’optimisation fiscale », dit-on dans les milieux d’affaires pour ne pas choquer le public, est une pratique courante en Europe, puisqu’elle est permise par le droit européen ; à commencer par le régime fiscal commun applicable aux sociétés mères et filiales d’États membres différents. Mais elle est réglementée et la tendance va vers davantage de communication entre les juridictions concernées. Ainsi, en mai, une société de participation financière luxembourgeoise recevait une demande d’injonction de production de documents de la part de l’Administration des contributions directes luxembourgeoise, qui elle-même relayait une demande faite par la France, où réside une filiale de la holding luxembourgeoise. Jusque-là, rien d’anormal. De telles procédures sont effectuées à de maintes reprises tous les ans. Le rapport d’activité 2010 du fisc luxembourgeois fait état de 568 demandes d’examen, de renseignements et de prises de position traitées. En revanche, la nouveauté vient du fait que ladite soparfi a chargé ses avocats de contester la demande luxembourgeoise. Le cabinet en question, Sagnard & Associés, a formé un recours en annulation devant le tribunal administratif de Luxembourg. Il s’agit de la première procédure du genre. La décision finale fera donc jurisprudence. D’ici là, le parcours judiciaire devra lever nombre de doutes sur les modalités de coopération entre autorités fiscales dans le cadre des traités de non-double imposition intégrés au droit national par la loi du 31 mars 2010. Sont concernées, entre autres, les conventions fiscales signées avec le Royaume-Uni, la Belgique, le Qatar ou encore la France, conformes au modèle de l’OCDE,

pour que le Luxembourg ne figure plus sur la liste des paradis fiscaux. Et c’est l’administration fiscale française qui, dans le cadre de ses inspections routinières sur une société résidant sur son territoire, a enjoint sa contrepartie luxembourgeoise de lui donner des renseignements sur la structure faîtière, siégeant au Grand-Duché. Le fisc luxembourgeois s’est exécuté.

« Un copier-coller de la demande française » Trop vite selon Me Arnaud Sagnard, associé du cabinet éponyme dont il fut le fondateur en 2008. Il lui reproche, pour le compte de son client, de ne pas avoir diligenté une réelle analyse de la demande, notamment parce que la France n’avait pas épuisé les recours internes préalables. « Si la France souhaite obtenir des informations sur une société luxembourgeoise, dit-il, elle a les moyens de le faire directement par une demande non contraignante et contraignante. » En l’espèce, selon les avocats, la soparfi en question n’a reçu aucun courrier de la sorte. La direction fiscale française concernée a préféré utiliser le cadre de la convention de non-double imposition pour demander à la direction des contributions directes des informations sur la holding luxembourgeoise. Selon Me Sagnard, « une cellule spécifique a procédé à l’analyse, plutôt légère, puis transmis au bureau d’imposition qui a, à son tour, rédigé un courrier d’injonction de production de documents, typiquement un copier-coller de la demande française ». La direction de la holding se retrouve donc face à une demande dont elle ne connait pas l’analyse qui en a été faite côté luxembourgeois. Pas plus qu’elle ne sait quels ont été les documents produits par l’administration française et quelle communication y a été annexée. Le cabinet d’avocats invoque comme grief le fait de n’avoir reçu aucune copie. Un problème, selon Mélanie Sauvage, asso-

ciée du cabinet : « Ne pas avoir vu cette demande française nous empêche de la contester. Ce qui rend la défense de nos clients plus délicate. Cela ressemble à une procédure secrète. » Or, ces pratiques, si elles perdurent, constituent un cas d’espèce « qui mériteraient de se retrouver devant la Cour européenne des droits de l’homme », renchérit l’avocate. Le cabinet considère même que l’absence de motivation supposée, la largesse des renseignements demandés – « en gros, tout » – constituent une pêche aux informations, interdite par la loi. Dans un courrier annexé au texte portant approbation de la convention fiscale avec la France en matière d’échange de renseignements sur demande, Pascale Toussing, directrice adjointe de l’Administration des contributions directes précise que dans le cas d’échanges de renseignements sur demande, conformément à l’article 26 du modèle de convention fiscale de l’OCDE, « la référence aux renseignements ‘vraisemblablement pertinents’ a pour but d’assurer un échange de renseignements en matière fiscale qui soit le plus large possible, sans qu’il soit pour autant loisible aux États contractants ‘d’aller à la pêche aux renseignements’ ». En l’occurrence, les avocats jugent que le texte n’est pas respecté. Guy Heintz, directeur de l’Administration des contributions directes, ne partage évidemment pas cet avis : « Pour nous, toutes les conditions mentionnées dans le texte étaient remplies pour demander des informations complémentaires. Dans le cas contraire, nous retournons la lettre. La motivation est suffisamment justifiée ; pour nous au moins. » Or, l’administration française s’est fait retoquer à plusieurs reprises pour des procédures menées illégalement en France, parce qu’elle demandait des renseignements sur des sociétés dans le but d’obtenir des informations sur un autre contribuable qui y était lié. Me Sagnard évoque des perquisitions menées pour confondre un tiers. Il estime donc que « dans ce cas précis, si l’administration luxembourgeoise n’est pas assez vigilante, on peut très bien imaginer taper sur une société pour attraper un autre actionnaire ».

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Photo : Etienne Delorme (archives)

actualité

Le ministère des Finances devrait savoir en 2012 comment appliquer l’esprit de sa loi du 31 mars 2010 fixant les conditions de coopération entre autorités fiscales.

Il n’accuse pas non plus l’Administration des contributions directes de jouer le jeu des autorités fiscales étrangères, « elle se dit que s’il est vraiment résident, il n’y aura pas de problème ». Guy Heintz ajoute à ce titre que l’Administration des contributions défend la position du Luxembourg où, en théorie, aucune substance n’est demandée à une société. Dans la pratique, les autorités doivent souvent faire « valoir que la société est une résidente fiscale et qu’elle exerce telle ou telle activité ». Car les autorités étrangères regardent s’il y a juste une boîte aux lettres… L’agressivité des fiscs étrangers est en fait issue d’un décalage dans leur définition des holdings. Pour mieux s’en protéger, Arnaud Sagnard préconise un amendement de la loi afin de pouvoir respecter les droits de la défense, comme l’obtention des pièces contradictoires. « Pour moi,

la France aurait dû prouver, document à la clé, qu’elle avait effectué les demandes préalables. Dans l’absolu, n’importe quelle société luxembourgeoise peut recevoir une telle injonction. Derrière, il faut payer un avocat. Alors c’est peut-être bien pour le business des cabinets, mais certainement pas pour l’économie en général. »

Liberté, égalité, fiscalité Une jurisprudence devrait combler les lacunes de la loi du 31 mars 2010. Mais pour Guy Heintz, la demande de renseignements en question fut traitée en vertu de la loi du 15 mars 1979 concernant l’assistance administrative internationale en matière d’impôts directs. « Cela n’a rien de nouveau et cela ne peut pas faire de jurisprudence, car cela

concerne une ancienne procédure », dit-il. Les déclarations de revenus demandées concerneraient les années précédant l’application de la nouvelle loi. En tout cas, au moins partiellement puisque la demande de production du registre des actionnaires prouve le contraire, selon Me Sagnard. Il reste donc des zones d’ombre sur la forme du procès qui va se jouer au tribunal administratif le 11 janvier, comme décidé à l’audience de mise en l’état du 26 octobre. « C’est probablement sur la forme que cette affaire va être décidée, pas sur le fond », estime Guy Heintz. Arnaud Sagnard reste prudent sur l’issue du dossier. Il aimerait une jurisprudence sur le fond, mais selon lui, rien n’est gagné à ce propos. Le tribunal administratif ne serait, selon lui, pas forcément sensible au vice de procédure, et il s’attend davantage à un résultat positif en appel. Réponse en 2012.

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52 actualité Fraude transfrontalière

Au nom des paires et du fisc Beaucoup d’entrepreneurs belges ont aussi un pied au Luxembourg. Au royaume  des impôts, le soupçon les suit. Pas toujours à tort.

Photo : Council of Europe

L’administration du ministre des Finances belge Didier Reynders (au premier plan) passerait volontiers à la loupe des données luxembourgeoises.

Alain Ducat

Trier le bon grain entrepreneurial de l’ivraie fiscale. Un art transfrontalier ? Côté belge, les fonctionnaires des Finances tombent régulièrement sur la bosse d’entrepreneurs immatriculés au Luxembourg. Cela commence souvent, de fait, par des douaniers repérant une plaque jaune. S’il faut en croire des « victimes » des agents des contributions belges, il s’ensuit parfois des contrôles en série. « Depuis le début de l’année, j’en suis à deux contrôles des impôts et deux de la TVA, témoigne le patron d’une PME active dans la construction, qui opère en Belgique et au Luxembourg, via deux sociétés sœurs. Ils épluchent évidemment les données belges. Mais ils demandent systématiquement des compléments d’information sur les échanges entre nos sociétés luxembourgeoise et belge. On voit bien que ça les chatouille ! » « On sent une forme de frustration, complète le comptable de l’entrepreneur. Ils partent du principe qu’il y a sûrement une fraude dans l’histoire. Ridicule ! » C’est le genre de polémique qui ne date pas d’hier. Il est évident que, pour beaucoup d’entrepreneurs de Belgique, le voisinage du Luxem-

bourg, où l’on peut trouver des marchés et prospérer sous des cieux à l’imposition plus clémente, relève du pain bénit. Et, comme créer une société au Luxembourg n’a rien de compliqué et qu’il y a tout un business pour ça… Cela étant, avoir une paire d’activités conjointes n’a rien de suspect a priori. S’il y a activité et présence réelles au Luxembourg, il n’y a rien de répréhensible à ces petits montages transfrontaliers tout à fait communs.

Une méthodologie d’agents-enquêteurs Mais ce n’est pas toujours le cas. Et là aussi, il y a un business… Un sénateur socialiste belge, Ahmed Laaouej, a récemment interpellé le ministre des Finances Didier Reynders, à propos d’un véritable système, dévoilé par le rapport de quelques agents chevronnés du fisc. « Ces fonctionnaires ont remonté une pelote, de leur initiative, sur base de leurs dossiers. Ils ont mis au point une méthodologie, en croisant des fichiers, en enquêtant. Et ils ont mis au jour une fraude gigantesque : quelque 400 sociétés luxembourgeoises, de simples

boîtes aux lettres à l’évidence, sans aucune substance économique au Grand-Duché, établies au même endroit, par les mêmes facilitateurs. Imaginez plusieurs fiduciaires et domiciliataires agissant de la sorte ! On est là dans une fraude manifeste, à l’échelle industrielle. » Le sénateur, qui est aussi juriste, souhaite « arrêter l’hémorragie et permettre au Trésor belge de retrouver son dû. On peut remonter jusqu’à sept années en arrière. » Avec un potentiel de récupération de sommes non négligeables et sans aucun doute bienvenues dans les caisses de l’État belge, suppute l’élu. Son idée, qui n’a guère reçu d’écho officiel jusque-là, est de s’inspirer de la méthodologie expérimentée par ces agents-enquêteurs, pour établir un canevas utilisable par tous les services fiscaux du royaume. Les sources recommandées ? Les listings TVA, les fichiers d’immatriculation, des applications permettant d’identifier des personnes présentes dans plusieurs sociétés, le Mémorial luxembourgeois, des données recueillies par une veille informatique sur des sites divers… « La collaboration des administrations luxembourgeoises serait un plus », suggère un agent des contributions qui, comme d’autres, souhaite « davantage de marge de manœuvre et d’appréciation pour les agents, qui ont l’expérience de terrain. Ils pourraient être plus efficaces que le choix aléatoire d’une machine ». Pour l’instant, c’est en effet un logiciel, Mercurius, qui détecte des indices de fraude et désigne les cibles des dossiers à contrôler... Le débat n’est pas clos. « Il ne s’agit pas de jouer les chevaliers blancs, ni de tirer sur le système luxembourgeois, précise Ahmed Laaouej. Notre voisin n’a rien à gagner dans ces procédés qui ternissent son image. Mais il s’agit de justice fiscale. »

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54 actualité Diversification économique

Finance et art : une stratégie nationale En se basant sur les acquis économiques luxembourgeois, acteurs publics  et privés s’entendent pour développer un pool de valeur ajoutée autour de l’art et de la finance.  Le port franc et Splitart en seront deux maillons cruciaux. Pierre Sorlut (texte), Michel Zavagno (photo)

Paris tient son rang de capitale culturelle européenne. Milan est celle de la mode et Londres de l’art moderne. Ces statuts n’ont pas été conférés à ces villes en un coup de cuillère à pot, mais sont le fruit d’une construction économico-culturelle pluriséculaire. Au Luxembourg, un certain nombre d’acteurs, privés et publics, essaient d’accélérer le cours de l’Histoire ou, tout le moins, de créer l’étincelle visant à embraser un marché : celui de l’art et de la finance. A priori, le timing paraît pertinent. L’économie européenne dégringole dans le deuxième creux de la crise financière de 2008. Depuis trois ans, les gouvernements cherchent un second souffle, et notamment au Grand-Duché où la finance, premier secteur affecté, tient une place prépondérante dans la production de richesse nationale. Sans lui tourner le dos cependant. Le gouvernement prend le parti de se doter d’une autre corde à son arc de compétences financières. Et il le fait conformément aux tendances du moment. Les fonds investissant dans le tangible bénéficient d’une forte popularité, au vu de la volatilité affectant les marchés d’actions. Concernant ces nouvelles façons d’investir, la société de recherche sur les fonds d’investissement thématiques, Fine Art Wealth Management (FAWM), évalue les actifs sous gestion « dans les fonds d’art et passion à 800 millions de dollars » (594 millions d’euros).

À fonds les manettes La place financière ne part pas non plus de zéro. Elle est aussi, selon l’étude précédemment citée, le premier domicile offshore des véhicules d’investissement. Selon le commentaire de l’analyse, « le Luxembourg devient la juridiction émergente de choix pour beaucoup de nouveaux fonds passion et art. » Selon Randall Willette, fondateur et managing director de la société londonienne d’analyse, le Luxembourg est aidé par la directive Alternative Investment Fund Managers (AIFM) « qui a créé une véritable incertitude pour les fonds des juridictions non-UE ». La Place se voit donc accorder le béné-

fice du doute. Cela dit, Thierry Hoeltgen, associé chez Deloitte en charge du développement de l’activité art et finance tempère : « AIFM facilitera un peu les choses, mais nous pouvons déjà utiliser les fonds d’investissement spécialisés (FIS) tels quels », une structure juridique idoine pour loger des investissements alternatifs. Le directeur de FAWM ne tarit pas d’éloges sur le Grand-Duché, mais reste prudent sur le développement du marché : « Si les aptitudes du Luxembourg à la réactivité, à la flexibilité et à la stabilité participent à son attractivité en tant que centre d’excellence sur ce marché de niche, le futur à long terme des fonds de l’art (dans leur forme actuelle) demeure incertain. Ces derniers manquent de la taille et du volume requis pour un investissement alternatif mainstream. » Le Luxembourg pourrait également capitaliser sur d’autres changements notables du marché de l’art. Selon le rapport annuel d’Artprice, leader de l’information sur ledit marché, un électrochoc historique marque l’année 2011 : la Chine est désormais numéro 1 des ventes aux enchères de Fine Art. On ne l’ignore pas dans la capitale grandducale. Le sujet art et finance a été mis sur la table lors des quatrièmes dialogues culturels EUNIC (European Union National Institutes for Culture) - Chine. L’art est dans l’Empire du Milieu un investissement privilégié, parallèlement à une politique de soutien à la culture. Et le gouvernement peut compter sur son champion national de la logistique pour exploiter ce marché. La finance est donc associée à l’industrie. Cargolux entretien des relations privilégiées en Chine. Frank Reimen, CEO du transporteur aérien, confie qu’il est « convaincu que l’Asie [et en particulier la Chine] va connaître des taux de croissance soutenus durant les années à venir. C’est un marché important pour Cargolux. Des partenariats avec des compagnies chinoises ne sont jamais à écarter. L’Asie a, en 2010, représenté 45 % de nos revenus, 30 % en tonnage. » La logistique fait donc figure de carte maîtresse. L’aéroport du Findel compte parmi les cinq premières plates-formes européennes pour le fret aérien. Mais plutôt que de faire office de passeplats entre les différents marchés, l’ambition luxembourgeoise vise à produire une valeur ajoutée dans le processus d’échange de l’art.

Le premier maillon de la stratégie soufflée dès 2008 à l’oreille du gouvernement par le cabinet de conseil Deloitte, prend forme en la loi du 14 juillet 2011. Celle-ci permet la mise en place d’un régime de suspension temporaire de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et de frais douaniers. Elle prévoit aussi une exonération de ladite taxe relative aux opérations réalisées dans les entrepôts. Les prestations de services effectuées dans la zone franche

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À son poste d’administrateur délégué du port franc de Luxembourg, David Arendt liera son métier à sa passion.

point sur l’état d’avancement du dossier. « Nous sommes en train de déterminer le lieu et la surface avec l’aéroport de Luxembourg ». Une fois ces données déterminées, la chronophage procédure commodo incommodo sera enclenchée. Le vice-président sortant de Cargolux, et véritable trait d’union entre le transporteur et le bailleur d’espace, ne voit pas ce qui pourrait bloquer le processus et s’avoue « très pressé », puisque chaque jour de perdu est potentiellement une affaire de moins.

Environ 40 millions d’euros pour le freeport

bénéficieront de la même suspension de TVA. Natural Le Coultre (NLC), société suisse exploitant les ports francs de Genève, propriétaire de celui de Singapour et spécialisée dans l’entreposage et le transport d’art, financera la construction du bâtiment sécurisé où seront stockées les œuvres (entre autres). Yves Bouvier, son administrateur, explique : « Dans le domaine de l’art, peu de sociétés iraient mettre des budgets aussi signifi-

catifs dans ce genre de projet. Il faut prendre le risque d’un tel investissement. Avec notre système, les sociétés de transport d’art pourront travailler sans faire d’investissement. » Celui-ci se situerait entre 30 et 50 millions d’euros, en fonction de la parcelle choisie. La surface du bâtiment tournerait autour de 20.000 m2. David Arendt, administrateur délégué et directeur général de NLC, port franc de Luxembourg, fait le

Selon Alain Decrausaz, directeur général des Ports Francs de Genève, «la demande est importante ». D’ailleurs, pour lui, l’emplacement choisi par le transporteur et entreposeur d’art suisse est loin d’être anodin. « À ma connaissance, NLC s’est rapprochée du Luxembourg pour tirer parti des gros porteurs qui vont vers l’Asie. » L’activité devrait permettre la création d’une centaine d’emplois sur le site. NLC compte faire entre 15 et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires basé sur la location d’espace au sein du port franc. La société suisse louera elle-même une partie du lieu où elle offrira ses services de prise en charge des œuvres. Parmi ceux-ci, une assurance va apporter une couverture globale de plusieurs milliards d’euros. Ce qui donne une idée de la valeur des biens stockés. D’autres professions seraient concernées en immédiate périphérie, complète l’administrateur luxembourgeois, « la restauration, le conditionnement, l’emballage, la photographie, l’expertise… ». Thierry Hoeltgen, espère que des maisons d’enchères viendront s’installer. Hubert d’Ursel, président de Sotheby’s Belgique « n’a pas Luxembourg sur sa carte de développement », l’associé de Deloitte rêve-t-il peut-être d’accueillir à Luxembourg Beijing Poly International Auction, l’une des principales maisons de vente chinoise ? D’ailleurs, toute une activité connexe sera dynamisée. Les clients de NLC seront des transitaires, mais aussi potentiellement, des fonds, des banques, dépositaires ou privées, qui y conserveraient les sous-jacents tangibles, les œuvres d’art entre autres. David Arendt parle même d’un acteur de la place financière pour participer au }  56

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Thierry Hoeltgen (Deloitte) est impliqué dans la stratégie de diversification depuis ses origines. Il est « Monsieur art et finance » au Grand-Duché.

{ projet. « Le port franc, dit-il, prendrait une enver-

gure supérieure si cette participation se confirmait ». À Singapour, J.P. Morgan loue déjà un espace au freeport. Au Luxembourg, la société de promotion de fonds Elite Advisers a évoqué à plusieurs reprises la pertinence d’une telle zone, notamment pour le fonds dédié à l’art qu’ils ont dans les cartons. D’autres activités financières pourraient être développées depuis le projet, comme le conseil en investissement dans les œuvres d’art, le financement d’œuvres ou encore l’art lending. Et le transfert de propriété est autorisé dans la zone et peut être exploité. Selon la loi, les professionnels pourront réaliser des opérations d’achatvente sans préfinancement de la TVA et en évitant toute autre obligation déclarative relative à ladite taxe. C’est l’une des raisons d’être de la société Splitart, nouvellement née au Grand-Duché sous sa forme de société anonyme.

Une Bourse de l’art Elle remplira le rôle de front-office, complétant ainsi la partie back-office liée à la logistique et l’administration des œuvres d’art. Ce type de structure, assimilable à une Bourse de l’art, fait suite au lancement de l’Art Exchange à Paris en janvier 2011 qui avait elle-même été concomitante à l’émergence des « Bourses de l’art » en Chine. On en compte 36 en Chine, mais elles seraient en fait « davantage comparables à des fonds d’investissement », selon Catherine Kwai, d’une société de vente d’art de Hong Kong, citée dans The Art Newspaper. Le même média indique également que la plate-forme de trading d’art à Paris souffre d’un manque de confiance des utilisateurs et « qu’elle lutte pour faire des affaires ». La tâche ne sera pas aisée pour la start-up luxembourgeoise dirigée par Dror Chevion, un entrepreneur israélien. Le modèle d’affaires n’est pour l’instant pas communiqué par Splitart ellemême. Selon des sources concordantes, la société se spécialisera dans la titrisation d’œuvres d’art afin de rendre l’actif financier plus liquide, du moins en théorie. Selon Thierry Hoeltgen, la licence de professionnel du secteur financier

Photo : Luc Deflorenne (archives)

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(PSF) donnera droit de vendre partout en Europe, conformément à la réglementation MiFID. Mais « il s’agit d’une licence que les autorités n’ont pas l’habitude d’attribuer. Le projet est assez novateur. Il procède à une dématérialisation de l’art. Le dossier initial faisait 1.500 pages. Cela prend donc un peu de temps.» En tout cas, les professionnels proches de la stratégie font confiance au business model de Splitart puisque nombre d’entre eux en ont intégré l’actionnariat : Yves Bouvier (Natural Le Coultre), Thierry Hoeltgen, Maurice Lam (ancien managing partner chez Deloitte), Philippe Bruneton (ancien associé chez Deloitte, aujourd’hui CFO de Telecom Luxembourg) ou encore Olivier Maréchal (associé chez Deloitte). Dans une interview accordée à Boursica en octobre, Thierry Ehrmann, CEO d’Artprice, témoignait : « Nous avons différents partenaires internationaux issus du private banking et de la finance qui, avec nos données, préparent la titrisation sur des œuvres d’art (…) Les premiers tests marketing ont donné des résultats très positifs. La clientèle de la banque privée ou des family offices (plus de 30 millions de clients très haut de gamme dans le monde) a fait un très bon accueil à ce type d’actifs financiers. » Autour du 15e siècle, Florence est devenue capitale artistique grâce à la banque des Médicis qui a utilisé l’art comme levier de profit et contourné les lois de l’Église en matière de taux d’intérêt. Josée Hansen, journaliste spécialisée dans l’art au Lëtzebuerger Land, ne voit cette fois pas vraiment le culturel suivre le financier : « Les ministères à vocation économique ne donnent pas l’impression de beaucoup collaborer avec ses contreparties culturelles. » Mais créer de la richesse sera toujours ça de pris. paperjam  | Décembre 2011 | économie & finance

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Dans le viseur de la FIDH Publié le 02.11.2011

L’activité de la société luxem­ bourgeoise Socfinasia (détenue et administrée principalement par le groupe industriel français Bolloré et les familles de Ribes et Fabri) vient de faire l’objet d’une question parlementaire de la part des députés verts Henri Kox et Felix Braz à l’adresse de Jeannot Krecké, ministre de l’Économie et du Commerce extérieur. Elle fait suite à un rapport publié par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) qui évoque des violations mas­ sives des droits de l’homme dans plusieurs villages du Cam­ bodge où la société exploite des plantations de caoutchouc. Socfinasia est cotée en Bourse à Luxembourg et est reprise dans l’indice de référence LuxX. Elle n’a pas, pour l’heure, réagi officiellement à la publication de ce rapport. Répertoire

28.045 entreprises référencées Publié le 02.11.2011

La nouvelle version du réper­ toire des entreprises luxem­ bourgeoises vient de paraître. Publication annuelle incontour­ nable, elle recense, cette année, 28.045 entreprises. Les activités principales les plus courantes sont « Commerce ; réparation d’automobiles et de motocy­ cles » (avec 7.184 entreprises), « Activités spécialisées, scienti­ fiques et techniques » (5.220) et « Construction » (3.234).

ArcelorMittal

Ebitda en hausse Publié le 03.11.2011

ArcelorMittal a enregistré, au 3e trimestre 2011, un Ebitda (résul­ tat opérationnel) en hausse annuelle de 11,4 % à 2,4 mil­ liards de dollars. Sur les neuf premiers mois de l’année, ce même résultat opérationnel atteint 8,4 milliards de dollars (+25,9 %). Mais le résultat net a été divisé par deux, à 659 millions de dollars, contre 1,350 milliard sur la même période de l’année dernière. Au troisième trimestre, le groupe sidérurgiste a engagé un programme d’optimisation des actifs, qui se traduit par l’arrêt de plusieurs unités de production au Luxembourg, en Belgique et en France. Hormis Liège, aucune fermeture défini­ tive n’est prévue « à ce jour ». ArcelorMittal parle notamment d’une réduction durable des coûts sur une base annuelle de 3,8 milliards de dollars à la fin du troisième trimestre 2011 et indique être « en bonne voie » pour atteindre 4,8 milliards de dollars à la fin de 2012. « Je reste confiant dans le fait que l’Ebitda du groupe dépassera au second semestre de 2011 le niveau du second semestre de 2010 », a com­ menté Lakshmi Mittal, le CEO du groupe.

Le choix d’entreprendre Publié le 02.11.2011

Le Luxembourg offre des possi­ bilités d’épanouissement inté­ ressantes à celui qui désire entreprendre. Pour peu qu’il ait un projet innovant. C’était le thème d’une table ronde organi­ sée lundi par l’association Savoirs Partagés, en collabora­ tion avec paperJam. Ont parti­ cipé : Jean-Claude Bintz (Telecom Luxembourg), Marco

62 millions de dollars, contre 66 un an plus tôt. Le chiffre d’affaires a également progressé à 1,52 mil­ liard de dollars, contre 1,37 mil­ liard de dollars un an plus tôt. Comed

Deux «Titan Awards 2011 » Publié le 03.11.2011

L’agence Comed figure à deux reprises parmi les 10 lauréats mondiaux des « International Advertising Titan Awards 2011 », remis fin octobre à Miami. Réservé aux agences membres du réseau Transworld Adverti­ sing Agency Network (TAAN), ce concours a réuni 52 agences issues de 32 pays différents. Comed a été récompensée avec deux campagnes réalisées pour le journal L’essentiel : la campa­ gne « new look » de promotion du nouveau site lessentiel.lu et la campagne « 2 langues » élabo­ rée pour le lancement de la ver­ sion allemande du même site. www.titanawards.com BNP Paribas

Pertes confirmées

Réduction d’effectifs

Publié le 03.11.2011

Publié le 03.11.2011

Aperam a enregistré un résultat net en perte de 41 millions de dollars au troisième trimestre 2001. L’ancienne branche aciers inoxydables d’Arcelor­ Mittal, désormais autonome, avait publié un modeste gain de 2 millions de dollars au trimes­ tre précédent et une perte de 12 millions de dollars au troi­ sième trimestre 2010. L’Ebitda (ou résultat d’exploita­ tion), lui, est resté stable à

Baudouin Prot, PDG de BNP Paribas, a annoncé que le groupe bancaire procéderait à des allègements dans la masse salariale, à l’échelle mondiale. Un plan de réduction d’effectifs sur 10 ans sera détaillé à la minovembre. Rien ne permet de déterminer l’impact pour BGL à l’heure actuelle. Au Luxem­ bourg, le groupe est, avec quel­ que 4.100 salariés, le deuxième plus gros employeur privé du

Aperam Savoirs Partagés

Photo : David Laurent / Wide (archives)

sur le fil

Houwen (LuxCloud) et Jan Grimbrandt (Boson Energy). (lire l’article page 72)

Socfinasia

pays, derrière ArcelorMittal. Les derniers résultats financiers semestriels communiqués au Luxembourg étaient toujours en progression, avec un résultat net consolidé de 207,6 millions d’euros, des fonds propres pour 4,4 milliards d’euros et un ratio de solvabilité renforcé, attei­ gnant 27,1 %. Salaires

Inégalités dans les hausses Publié le 04.11.2011

Selon la dernière publication Econews de la Chambre des salariés, entre 1992 et 2010, les salaires luxembourgeois les plus élevés ont progressé presque deux fois plus vite que ceux les plus bas. Cette évolution tient à la spécialisa­ tion des métiers dans le secteur financier. Cette hausse des hauts salaires serait de 96 %, alors que les plus bas n’ont progressé, sur la même période, que de 54 %. « En 1992, le salaire le plus élevé considéré était 3,3 fois plus élevé que le salaire le plus bas considéré ; en 2010, ce rapport s’élève à 4,2 », indique l’étude de la CSL. Le salaire horaire moyen nominal a lui augmenté de 81 %. Cette tendance tient essentiel­ lement à la prégnance crois­ sante de la finance sur le produit intérieur brut luxem­ bourgeois, un secteur où les salaires les plus élevés dépas­ sent de loin le salaire médian.

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Ne pas suivre tous les effets de mode peut s’avérer judicieux

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62 actualité

Procès Luxair

Des questions lancinantes Les fautes de pilotage sont confirmées. D’autres erreurs sont en interrogation :  pourquoi une simple modification technique n’a-t-elle pas été faite par la maintenance ?

Marc Vandermeir (texte), Julien Becker (photo)

Le procès dit « Luxair » – relatif au crash du 6 novembre 2002, le seul qu’ait connu la compagnie aérienne nationale – s’est poursuivi, devant la 9e chambre du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, présidée par Prosper Klein. On y a entendu le commandant de bord, seul rescapé du drame avec un passager de nationalité française, d’anciens dirigeants de la société et des membres de son service technique. Les fautes de pilotage étant avérées par les rapports de deux experts, le fameux défaut – connu avant l’accident – d’un petit boîtier permettant de passer les hélices de « Flight Idle » (position de vol) à « Ground Idle » (position au sol pour un freinage maximal) est resté au cœur des débats. Et le président Klein continue à déplorer que le constructeur de l’avion, Fokker (tombé en faillite depuis), ne soit pas lui aussi au rang des prévenus. Ou alors le constructeur de ce petit boîtier, censé être pourvu d’une double sécurité : la première doit être désactivée manuellement par le pilote, la seconde, électrique, intervient après mais est inopérante pendant 16 secondes, à l’ouverture du train d’atterrissage… Comme le constructeur avait recommandé aux compagnies, dans un service bulletin de juin 1994, de procéder à une modification de ce boîtier de commande, c’est finalement tout autant vers le service de maintenance de Luxair que vers les pilotes que la lancinante question de responsabilité se pose, à de multiples reprises, au cours des débats. D’autant que la modification conseillée ne consistait qu’en une très petite intervention… Ainsi, un ancien employé – et spécialiste Fokker – du service maintenance de la compagnie est-il venu expliquer comment l’avertissement de l’avionneur avait, selon lui, été suivi chez Luxair. Il a parlé « d’un simple courrier » à propos duquel il n’avait pour seul pouvoir de suivi que d’alerter sa hiérarchie. L’homme a précisé qu’il avait adressé à quatre personnes (parmi lesquelles deux sont sur le banc des prévenus), en 1998, un

rapport soulignant les risques de cette lacune du fameux boîtier. Cela a d’ailleurs été confirmé par le responsable de la flotte Luxair de l’époque, qui a affirmé que tous les pilotes, les instructeurs et tous les mécaniciens en avaient été avisés. Plus que jamais, la question est donc de savoir pourquoi la hiérarchie n’a pas décidé de faire appliquer cette modification, qui n’était certes pas obligatoire à l’époque, mais qui l’est devenue depuis…

Un enregistrement révélateur Les questions des avocats aux deux experts, Richard Tavernier et Vincent Favé, n’ont, après ces témoignages, fait que confirmer les rapports d’expertise : l’avion n’a connu aucune panne, les pilotes avaient été prévenus du risque potentiel de la commande et il y a bien eu une succession de fautes de pilotage, 13 manquements ayant été relevés. Un témoin, pilote chez Luxair et cité par la défense du commandant de bord, a néanmoins tenté d’affirmer qu’il y a eu panne technique, parce que les manettes se seraient positionnées, seules, en « Ground Idle ». Témoignage convaincant ? Le cockpit voice recorder (CVR, enregistrement des bruits dans le cockpit) permet d’entendre un bruit que les experts identifient formellement comme le cliquetis produit par le déverrouillage de la sécurité manuelle, lors du changement de position des leviers de commande… La tension des audiences est montée d’un cran lors de l’audition de pilotes cités à la barre, par le parquet comme par la défense. Ils ont pris position en faveur de l’équipage du Fokker en considérant que le commandant – qui était aux commandes alors que c’est le copilote qui aurait dû l’être – n’a pas pu intentionnellement effectuer la manœuvre interdite (soit la thèse du commandant de bord). L’un deux, ancien membre du comité de l’association des pilotes, a considéré que l’avertissement émis par le constructeur n’était pas clair et que l’AOM, le manuel de l’avion

dont dispose chaque pilote, n’est finalement qu’une sorte d’indication qui peut ne pas être respectée en cas d’urgence. Cette sortie en a valu une autre, sous forme de très nette mise au point du président Klein : il a souligné que rien, a priori, dans le vol de ce 6 novembre, ne relevait de l’urgence ; tout était censé être, au contraire, parfaitement banal. Idem à propos des opérateurs de la tour de contrôle qui, après avoir informé l’équipage qu’il ne disposait pas de la visibilité minimale (300 mètres) nécessaire pour atterrir, lui ont dit que cette visibilité était atteinte. Mais c’est le commandant de bord qui décide in fine. Et l’avion avait à ce moment dépassé la balise ELU au-delà de laquelle il ne peut entamer sa procédure d’atterrissage. Un autre temps fort est intervenu lorsque le président Prosper Klein a demandé aux avocats leur avis sur le fait de diffuser, à huis clos ou non, le CVR à l’audience. Le président posait là une question de droit, puisque la convention de Chicago relative à l’aviation civile internationale interdit en principe de rendre ce contenu public. Le principe a déjà été transgressé à plusieurs reprises, dans le cadre d’enquêtes, de procès ou autres, pour plusieurs accidents aériens. Et, dans ce cas-ci, la transcription du CVR a été disponible dès 2003 sur le site Internet du gouvernement luxembourgeois… et l’est toujours. Néanmoins, le conseil du commandant Poekes, Me Pierret, a demandé le huis clos. Sans succès face aux arguments de Me Urbany, représentant la famille de l’une des 20 victimes du crash. Pour Me Urbany, le huis clos ne peut être autorisé qu’en cas d’atteinte aux bonnes mœurs, à l’ordre public ou à la sécurité nationale. Et, dit-il, « cet enregistrement doit être entendu, car il donne une idée bien précise de ce qui s’est passé à bord et de l’état d’esprit des pilotes. Leur attitude est importante en phase d’approche. Ce qu’on lit, ce n’est pas pareil. Il faut entendre le tout. Si nous n’avons pas ça, on ne sera pas complet. Si on doit plaider, on devra plaider sur des éléments qu’on ne pourra pas dire à haute voix à cause de la confidentialité d’une pièce. »

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Les pièces du dossier s’empilent. Mais une bande son en dit plus que bien des écrits.

L’avocat a, sur ce point, obtenu l’appui, plutôt déterminé, du procureur Serge Wagner, lequel a considéré que, « si l’on ne peut se servir de cette pièce, il faut tout annuler et je ne viens plus jusqu’à la fin du procès ».

Un commandant pas conscient Le procureur en a aussi appelé à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme pour renforcer sa position. Une position finalement approuvée par le tribunal au titre de nécessité pour « manifestation de la vérité ». La première audience

d’après congés de la Toussaint a donc été consacrée à l’audition de cet enregistrement, de très mauvaise qualité – il a fallu une seconde diffusion, en stéréo cette fois. Un moment fort, dans l’émotion que l’on devine. L’enregistrement révèle une ambiance très décontractée – le mot est faible, chacun en convient. Le son démontre aussi, pour les poignées de secondes précédant l’accident, l’enchaînement très rapide de manœuvres inappropriées… Les jours qui ont suivi ont vu le début des auditions des prévenus, à commencer par celle du commandant de bord. Celui-ci a exprimé ses regrets, après avoir en cours d’enquête émis des déclarations contradictoires. Le président n’a pas manqué de le souligner, tout en interpellant le pilote sur la

succession d’erreurs commises et sur ses propos, eux aussi très contradictoires, à la barre. Quant au déverrouillage de la manette mécanique permettant de passer en « Ground Idle », le commandant explique : «  Je n’ai pas compris que je faisais sauter ce verrou. Si cela a été fait, ce n’était pas intentionnel. Je ne l’ai pas fait de façon consciente. » Et le management de Luxair dans tout ça ? Christian Heinzmann, directeur général de la compagnie à l’époque du drame, a dit n’avoir eu connaissance du problème posé par le boîtier de sinistre mémoire, qu’après la tragédie. Il était arrivé chez Luxair en janvier 2001. L’homme, grave, a ajouté : « Si j’avais été au courant, j’aurais demandé que l’on fasse quelque chose. »

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Application pour manifestants

Photo : Zap

Développée par la société luxembourgeoise Zap, Protest4 rassemble chaque jour 2.500 membres de plus.

Une équipe de cinq personnes a travaillé sur le projet, dont trois programmeurs.

Par Nicolas Raulot, publié le 07.11.2011 Les manifestants et candidats à la révolution ont désormais leur application. Développée par la société luxembourgeoise Zap, spécialisée dans les médias sociaux et dirigée par Patric de Waha, Protest4 est disponible gratuitement depuis le 1er novembre. Elle a vu le jour suite aux révolutions arabes et au mouvement des « Indignés » qui se répand dans le monde comme une traînée de poudre, y compris aux ÉtatsUnis avec Occupy Wall Street (OWS). Sur la page d’accueil de Protest4, plusieurs options sont disponibles, comme « créer ou chercher une protestation », « identifier des manifestants », « vos protestations »… Les « protestataires » peuvent communiquer entre eux, publier des messages, des photos…

Fragmentation « Protest4 est une déclinaison de l’application Zapon (également développée par Zap et lancée il y a quelques semaines, ndlr.). Celle-ci permet d’échanger sur différents sujets en sortant de son réseau traditionnel d’amis », explique Jim Kent, responsable du développement des affaires chez Zap. Le média Protest4 peut être fragmenté en fonction des pays (Grèce, Égypte, Espagne, États-Unis…). Il permet de cibler un groupe de discussion sur des sujets précis, qui ne concernent pas forcément tous les membres de son réseau Facebook ou autres médias sociaux. « Par exemple, aux Philippines, les gens peuvent télécharger Protest4 et rejoindre un groupe pour discuter des prix de l’énergie, qui sont très élevés là-bas. Ensuite, ils peuvent y trouver les moyens de manifester et de coordonner leur action », poursuit-il. Une équipe de cinq personnes a travaillé sur le projet, dont trois programmeurs. Protest4 est utilisable de quatre manières différentes : sur iPhone, sur un smartphone Android, via Facebook et enfin par Protest4.org. L’application compte déjà plus de 10.000 utilisateurs. Elle rassemble 2.500 nouveaux membres chaque jour. Il existe donc également un marché orienté vers les manifestants et les révolutionnaires de tous pays. « L’application est gratuite, mais elle peut permettre aux annonceurs de cibler des marchés bien spécifiques et des publics bien identifiés en fonction de leurs centres d’intérêt ou de leurs motifs de mécontentement », indique Jim Kent.

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PME

L’accès au crédit se complique Publié le 04.11.2011

Les demandes de financement des PME aboutissent moins souvent au Luxembourg. C’est l’une des conclusions de l’enquête Access To Finance conduite en 2010 dans 20 pays européens et dont le Statec vient de publier les premiers résultats. « Seulement 58 % des demandes ont abouti complètement en 2010, contre 66 % en 2007. Pour les seuls emprunts adressés aux établissements de crédit, le Luxembourg voit aussi le taux d’échec grimper de 6 % en 2007 à 10,7 % en 2010 », détaille l’office statistique. Les raisons les plus souvent invoquées par les banques en cas de refus sont une insuffisance de garanties ou de fonds propres. Les demandes de financement ont pourtant été plus nombreuses en 2010 qu’en 2007. 44,5 % des PME ont recherché un financement en 2010, contre deux sur cinq (39,7 %) en 2007. Robert Dilts

« Le meilleur de chacun » Publié le 05.11.2011

Principal orateur de la « Leadership Academy » proposée par Femmes Leaders Luxembourg, Robert Dilts est un éminent spécialiste de la programmation neurolinguistique. Sa définition du leadership est simple : « C’est la capacité qu’a une personne à créer un monde auquel les gens désirent appartenir, pour lequel les personnes sont prêtes à apporter leur contribution, à donner le meilleur d’elles-mêmes. » Articulé autour du triptyque direction-stratégie-motivation, le leadership permet, selon M. Dilts, « de faire ressortir le meilleur de chaque personne. Réussir un projet, ce n’est donc pas qu’une question d’argent. En créant l’inspiration, grâce à un bon leadership, les gens donneront le meilleur d’eux-mêmes, même dans les périodes difficiles. » À chaque leader son propre type de leadership : « La caractéristique principale d’un bon leader est de croire en lui-même, en sa vision, en son équipe. Pour améliorer un leadership, il faut donc travailler sur des facteurs intrin-

Photo : 2011 SIP / Charles Caratini

Protest4

Signature, à Hanoi, du Memorandum of Understanding dans le domaine financier, en présence du grand-duc et du président vietnamien Truong Tan Sang, avec Marie-Josée Jacobs (ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire) et Bui Quang Vinh (ministre du Plan et de l’Investissement).

sèques au leader, mais aussi sur d’autres, plus extérieurs, comme ses compétences et ses actions. » Fonds d’investissement

En recul Publié le 07.11.2011

Au 30 septembre 2011, le patrimoine global net des OPC et des fonds d’investissement spécialisés communiqué par la CSSF s’est élevé à 2.032,08 milliards d’euros, en recul de 2,58 % sur un mois. En glissement annuel, le repli est de 2,48 %. La variation négative de 53,9 milliards est essentiellement due à l’impact défavorable des marchés financiers (pour 42,5 milliards). Les rachats, eux, n’ont pesé que pour 11,3 milliards. Dans le même temps, le nombre des OPC et fonds spéciaisés a augmenté de 17 unités à 3.816.

décisions quant à la gestion de l’asbl », explique ProActif. Exit, donc, Robert Weber : l’ex-président du LCGB, qui a démissionné de la tête du syndicat à la suite de cette affaire, est aussi désormais l’ex-président de ProActif. Ali Kaes, le député CSV qui était vice-président, disparaît également du casting. Norbert Conter, qui a notamment été le très influent leader de la SESM, le secteur métallurgie du syndicat chrétien, n’était plus actif au LCGB. Il reprend du service dans l’asbl née de son giron. Quant à Romain Schmit, l’ancien directeur général de ProActif, poussé vers la sortie pour s’être désolidarisé des propos de Robert Weber minimisant les problèmes de l’asbl, il revient aux affaires en prenant les fonctions d’administrateur délégué de la nouvelle structure.

ProActif

Norbert Conter aux commandes Publié le 07.11.2011

Ce lundi, l’assemblée générale de l’asbl ProActif a procédé au renouvellement complet de son conseil d’administration. On sait que l’asbl née à l’initiative du LCGB a été secouée par une affaire de comptabilité trouble et d’utilisation douteuse des deniers publics. Elle avait été révélée par un audit demandé par le ministère de l’Emploi et du Travail. Le nouveau président est Norbert Conter, épaulé par deux vice-présidents, Denis Felles et Roger Zwally. « Le nouveau conseil d’administration a fixé trois réunions au cours des deux semaines suivantes afin de permettre aux nouveaux administrateurs de cerner la problématique de l’initiative pour l’emploi et de prendre des

Visite officielle

Vietnam et autres ouvertures asiatiques Publié le 07.11.2011

Après la Chine et Singapour, une délégation officielle luxembourgeoise, emmenée par le grandduc Henri et un trio de ministres, est au Vietnam cette semaine. Les relations économiques sont aussi au menu. Un prochain séminaire, à Luxembourg, mettra le focus sur le Bangladesh. Parmi les actes officiels, la signature, à Hanoi, d’un memorandum of understanding relatif à la fourniture d’expertise et d’assistance technique au secteur financier, au développement des capacités et à la formation. Suite en page

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Trois questions à Mike Koedinger

« Gagner en expérience »

Photo : Olivier Minaire

Le CEO et fondateur de Maison Moderne présente le projet paperJam.TV, lancé le 15 novembre sur Internet et sur le canal 49 du bouquet des P&T.

Mike Koedinger (Maison Moderne) : « C’est une autre façon de voir l’information. »

Interview par Nicolas Raulot, publiée le 07.11.2011 Monsieur Koedinger, pourquoi lancer une chaîne de télé aujourd’hui ? Comment paperJam.TV s’inscrit-elle dans la stratégie de Maison Moderne ? « Nous avons déjà bien diversifié la marque paperJam, avec le site Internet paperJam.lu qui diffuse aujourd’hui une newsletter quotidienne, avec un business club, qui fait de la formation et de l’événementiel, ainsi que différents services comme paperJam.Jobs. paperJam n’est donc plus seulement un magazine, mais bien une marque média multicanaux qui occupe une place dans le quotidien de 40.000 à 50.000 per­ sonnes au Luxembourg et dans la Grande Région. Dans une conversation télévisée, nous pourrons transmettre de l’expression corporelle et de l’émotion. Cela offre donc une dimension supplémentaire. C’est une autre façon de voir l’information, pas seulement depuis son canapé à la maison. Pour nous, il s’agit aussi d’un laboratoire médiatique. Qu’entendez-vous par ‘laboratoire médiatique’ ? « Après trois ans de création vidéo, nous commençons réellement une production TV qui va nous permettre d’émettre depuis notre siège à Bonnevoie. Nous voulons d’abord gagner en expérience, en audience. Nous allons faire des émissions en studio, des émissions en direct à partir d’événements… Nous pouvons essayer des choses sans trop de pression, nous amuser aussi. Nous n’avons pas besoin de diffu­ ser 16 heures par jour. Le côté laboratoire, cela signifie une approche ‘learning by doing’, cela veut dire expérimenter sur des formats journalistiques, comprendre les sujets qui intéressent, les formats qui nous permettent de nous différencier. D’ici juillet, nous aurons gagné en expérience pour pro­ poser un programme beaucoup plus étoffé à partir de septembre 2012, début de la véritable première saison.

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Étude Deloitte

Pessimisme aussi au Luxembourg Publié le 08.11.2011

Selon une étude menée chaque année par le cabinet Deloitte, les ménages luxembourgeois ont l’intention de dépenser 923 euros en moyenne pour les fêtes de fin d’année. C’est 23 % de moins que l’an dernier, mais cela constitue tout de même le deuxième budget le plus élevé d’Europe, derrière celui de l’Irlande (943 euros). Les Luxembourgeois gardent néan­ moins un budget supérieur de 57 % à la moyenne européenne. L’enquête a été réalisée durant les deuxième et troisième semaines de septembre, auprès de quelque 500 personnes au Grand-Duché. Elle montre éga­ lement que les Luxembourgeois ont une vision assez négative de la conjoncture actuelle. Ils sont 60 % à penser que l’éco­ nomie est en récession en 2011. Ils sont par ailleurs deux fois plus nombreux que l’année dernière (58 % contre 37 %) à penser que leur pouvoir d’achat va baisser en 2012.

garanties de B1 à B2. La pers­ pective est également dégradée de stable à négative. « Cette dégradation fait suite aux performances moins bonnes que prévu de l’entreprise. La faiblesse de la demande d’acier inoxydable, la baisse des cours et le recul de l’utilisation des capacités ont affecté Aperam, notamment depuis juillet 2011 », commente l’agence de notation qui constate que la perfor­ mance opérationnelle de la société au cours des neuf pre­ miers mois de l’année souligne cette pression à la baisse. Mood’ys met également en avant un endettement excessif (1,04 milliard de dollars)

tion a été présenté ce mercredi matin, au Cercle Cité. (lire l’inter­ view du bourgmestre Xavier Bettel en page 20)

Grand-duc héritier

Assurances

« J’ouvre des portes »

Encaissement en baisse

Publié le 08.11.2011

Publié le 09.11.2011

Le prince Guillaume, grand-duc héritier, fête son 30e anniversaire le 11 novembre. L’occasion d’aller à la rencontre des médias luxembourgeois et de s’exprimer sur ses fonctions et, notamment, le rôle qui est le sien lors des missions économiques. (lire l’interview en page 80)

Selon le Commissariat aux Assurances, l’encaissement au troisième trimestre 2011 des entreprises d’assurances direc­ tes poursuit son mouvement de consolidation : toutes branches d’assurances confondues, les primes sont en diminution de 37,95 % par rapport au troi­ sième trimestre de 2010, tout en restant supérieures de 16,69 % à celles de la même période de 2009. Sur les neuf premiers mois de 2011, l’encais­ sement global recule de 40,76 %, les primes diminuant de 44,72 % en assurance vie et augmentant de 0,33 % dans les branches de l’assurance non-vie. www.commassu.lu

Aperam

Abaissée par Moody’s Publié le 08.11.2011

Mauvaise nouvelle pour Aperam. Moody’s dégrade les notes de crédit du spécialiste luxembour­ geois de l’acier inoxydable. La dette d’entreprise passe de Ba2 à Ba3, celle des obligations non

Ville de Luxembourg

La coalition a son programme Publié le 09.11.2011

Reconduite dans les urnes à Luxembourg-ville, la coalition sortante DP/Déi Gréng a signé pour un nouveau bail de six ans au Knuedler. L’accord de coali­

En route vers la démission Publié le 09.11.2011

Selon les informations de RTL. lu, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur Jeannot Krecké a évoqué sa démission avec Jean-Claude Juncker. Le Premier ministre a confirmé cette conversation, mais ajouté que la décision revenait au ministre LSAP. (lire l’article page 18 et notre éditorial)

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Photo : David Laurent / Wide

Le lancement d’une télé demande-t-il beaucoup de travail et de moyens ? « Nous lançons une chaîne de télé à partir d’un magazine qui a 11 ans d’expérience, avec une rédaction solide, un site web qui fonctionne, une bonne connaissance des acteurs économiques et politiques, une réputation qui nous ouvre des portes. On ne lance pas une chaîne de télé à partir de rien. Cela dit, aujourd’hui, c’est beaucoup plus simple de le faire qu’il y a seulement trois ans. La technique a beau­ coup évolué. Beaucoup moins de moyens sont néces­ saires, même si, pour un éditeur indépendant, cela représente tout de même un investissement important. »

Jeannot Krecké

Lire aussi le sujet complet page 28 Xavie Bettel, le nouveau bourgmestre de la Ville de Luxembourg. paperjam  | Décembre 2011 | économie & finance

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© photos: Photothèque de la Ville de Luxembourg, Archives Luxemburger Wort, Editions Guy Binsfeld et iStock


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CRP-Santé

La recherche clinique prend de l’ampleur En hissant ses compétences au plus haut niveau, le Luxembourg tente de se positionner pour attirer les entreprises  intéressées par la mise en place d’études cliniques, en prise directe avec le traitement des patients. Frédérique Moser (texte), Olivier Minaire (photos)

Le 26 octobre s’est tenue à Luxembourg la troisième « Journée de la recherche clinique », organisée par le Centre de Recherche Public (CRP) Santé. « Ce type de rencontre permet de réunir tous les acteurs clés de la médecine personnalisée et de communiquer également vers l’extérieur », explique le Dr Anna Chioti, responsable du Centre d’Investigation et d’Épidémiologie Clinique (CIEC) du CRP-Santé. Créé en 2008, le CIEC a pour mission de mettre en lumière les recherches cliniques menées au Luxembourg – elles l’étaient auparavant de façon disparate, dans les hôpitaux – afin de donner de la visibilité à ces recherches au niveau national, mais aussi aux niveaux européen et international. De quel type de projets s’agit-il ? « La recherche clinique est celle qui se déroule au chevet du patient », schématise le Dr Chioti. Dans des termes plus scientifiques, elle la présente comme « une activité médicale visant à améliorer la connaissance soit d’une maladie, soit d’une thérapeutique. En pharmacologie, la recherche clinique est dominée par les études du médicament administré à l’homme, dans le cadre des essais cliniques. Ces derniers constituent un processus clé dans le développement de nouveaux médicaments. » D’où un enjeu économique considérable pour les concepteurs de telles études, mais également pour les entreprises, essentiellement de l’industrie pharmaceutique, qui les commandent et en exploitent les résultats. Soucieux de se placer sur la carte, le Luxembourg a donc décidé, en 2008, de créer des synergies au niveau national et de valoriser les résultats, avec la création du CIEC. Le centre de compétences a commencé ses activités en reprenant la coordination de cinq projets en cours au Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL) et portant sur l’oncologie. « Nous avons mis en place une équipe dédiée et expérimentée qui s’est rapidement étoffée, explique le Dr Chioti. Peu à peu, nous sommes parvenus à gagner la confiance des investigateurs luxembourgeois, qu’il s’agisse des laboratoires ou des praticiens. Nous avons atteint le nombre de 49 études coordonnées par le CIEC, dont 18 nouvelles depuis le début de l’an-

née », énonce, avec satisfaction, la responsable. Elle admet toutefois que son équipe d’une dizaine de personnes a désormais atteint « un plafond ». « À l’avenir, nous aurons plus souvent recours à du personnel contractuel, qui travaillera projet par projet. » « L’un des avantages compétitifs de notre CRP, c’est qu’il abrite sous le même toit trois pôles de compétences : la recherche clinique, la recherche biomédicale de laboratoire et la recherche en santé publique, explique le Dr Jean-Claude Schmit, CEO du CRPSanté. C’est inédit et cela nous offre une interdisciplinarité essentielle, alors que dans d’autres pays, c’est souvent la bataille des instituts ! » Soutenu par une forte volonté des autorités publiques de développer cet axe de diversification économique, le CRP-Santé a connu une croissance exceptionnelle au cours de la dernière décennie : d’une soixantaine d’employés avec un budget de cinq millions d’euros, il est passé, 10 ans plus tard, à un effectif de 300 collaborateurs, avec un budget de 35 millions d’euros. « Il ne s’agit pas d’une croissance artificielle, mais d’une volonté réelle de la recherche médicale de se développer. Dès le départ, nous avons eu une réponse très forte de tous les acteurs et nous œuvrons à constituer un réseau de plus en plus performant », souligne-t-il.

Réseau en ligne Le CIEC vient d’ailleurs de lancer un portail internet, Luxclin.lu (Luxembourg Clinical Investigations Network), mis au point par la société belge Coligane. «  Il s’agit d’un projet-pilote qui nous place à la pointe dans ce domaine. Le portail comporte un accès public et un accès professionnel, qui permet une gestion optimale des études cliniques. Les patients volontaires peuvent s’y inscrire et participer ainsi à un protocole de recherche, très sécurisé, qui peut leur permettre d’accéder à des traitements ciblés et non encore disponibles dans les hôpitaux. Quant aux professionnels, ils peuvent y trouver les études en cours, se tenir informés voire trouver des contacts pour participer à l’une d’elle », se félicite le Dr Chioti. Autre réseau, autre dimension : le Luxembourg vient également, cette année, de se positionner au

niveau européen, en entrant dans le programme ECRIN (European Clinical Research Infrastructures Network), un réseau dédié à la santé publique et financé par le 7e programme-cadre de l’UE. « L’appartenance à un tel réseau nous permet d’identifier très rapidement des partenaires pour certains projets. Début 2012, un poste sera dédié à ces activités », annonce le Dr Chioti. Un enjeu essentiel pour le

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« Quand on parle de biotechnologies, on parle de très hauts risques financiers »

Dr Jean-Claude Schmit (CRP-Santé), avec, à gauche, le Dr Anna Chioti (CIEC)

Formation

Cursus médical

CIEC dont le budget dépend essentiellement (65 %) de ressources dites compétitives, c’est-à-dire provenant de financements par sélection de projets (comme ceux subsidiés par le Fonds National de la Recherche ou l’Union européenne), ou de prestations de services. Si l’oncologie reste l’un des domaines privilégiés par les grandes études, le Luxembourg se

positionne également très bien dans d’autres thématiques, comme les maladies infectieuses, la pneumologie, l’orthopédie ou le traitement du diabète. « Nous nous diversifions dans de nouvelles aires thérapeutiques, ce qui démontre bien le dynamisme créé depuis deux ans au Luxembourg », souligne la responsable du CIEC. Une vaste étude de médecine générale devrait ainsi être prochaine- }  70

Le projet de l’Université du Luxembourg de mettre en place un cursus de formation médicale peut-il contribuer au développement de la recherche clinique dans le pays ? Si le Dr Schmit salue l’initiative, il émet toutefois quelques réserves. « Cela vaut une réflexion mais ce ne sera pas facile, assure-t-il. Les trois premières années de médecine sont essentiellement consacrées à des cours de biologie et là, nous avons des compétences réelles au Luxembourg pour assurer cette formation. » Il en est de même pour la troisième phase du cursus d’études médicales, à savoir la spécialisation. Les hôpitaux luxembourgeois forment déjà des spécialistes étrangers et les structures sont en place. La phase délicate, c’est donc la deuxième, celle de la formation clinique. « Assurer des cours est une charge de travail très lourde, très prenante, et sur ce volet, la question des ressources disponibles reste à poser », selon le CEO du CRP-Santé. Pour lui, l’atout principal pour le développement de la recherche clinique est constitué par la mise en place de l’école doctorale en sciences, au sein de l’Université. « Nous sommes impliqués dans ce projet qui vise à former des docteurs en sciences et c’est important pour nous, car cela nous offre la possibilité de former des chercheurs dans les domaines de compétences qui nous intéressent. » F. M.

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Près de 50 études cliniques ont été menées depuis 2008.

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{ ment lancée au CRP-Santé, par une entreprise dont

l’identité demeure secrète. Dans ce secteur hautement concurrentiel, la discrétion est de mise… Une discrétion d’autant plus importante que la rapidité d’action est un allié stratégique. Et sur ce point, le Luxembourg a nombre d’atouts à faire valoir. Le plus connu, pas négligeable pour autant, est celui de la proximité des autorités et de la célérité du processus décisionnel. « Nous respectons les plus hautes normes éthiques, élaborées notamment au niveau européen, pour garantir la protection des patients et la gestion des données personnelles, précise le Dr Chioti. Mais là où le Luxembourg est très compétitif, c’est par sa rapidité et sa flexibilité. Pour lancer une recherche clinique, il faut un seul avis, celui du Comité National d’Ethique de Recherche, qui donne sa réponse en 10 à 14 jours, alors que dans d’autres pays, il faut parfois attendre jusqu’à six mois. »

« De l’argent qui a peur » Le Luxembourg présente également d’autres atouts propres au développement de la recherche clinique, souligne le Dr Schmit. « Il y a les avantages bien connus, comme la situation géographique, la neutralité et la stabilité politique du pays, la fiscalité favorable, les aides financières à l’innovation… Mais s’y trouvent également des compétences extrêmement pointues et reconnues internationalement. Nos laboratoires de neuro-oncologie (recherche sur le cancer du cerveau, ndlr.) et de protéomique clinique (analyse fine des protéines), ont ainsi des résultats exceptionnels. Il existe un potentiel économique très important dans le développement des tests diagnostic, qui permettent de mieux définir les familles et sous-familles de maladies et de cibler les traitements. » Mais le Luxembourg souffre de handicaps structurels qui freinent le décollage du secteur.

« Les entreprises pharmaceutiques et les firmes de recherche qui renoncent à s’implanter au Luxembourg évoquent souvent ‘l’absence de tissu académique valable’. C’est pourquoi je ne peux que saluer la création, au sein de l’Université du Luxembourg, de l’école doctorale en sciences », indique le directeur du CRP-Santé. Le pays pâtit d’un manque notable d’infrastructures adaptées à la recherche biomédicale mais aussi, et surtout, de sociétés spécialisées en venture capital. « C’est un point faible du Luxembourg. Quand on parle de biotechnologies, on parle de très hauts risques financiers. Souvent, les aventures tournent mal. En revanche, quand ça marche, ça marche très fort… Mais sur la Place, on ne trouve que de l’argent classique, c’est-à-dire de l’argent qui a peur », constate le Dr Schmit avec amertume. Un soupçon d’espoir cependant : les deux spinoff du CRP-Santé (ABL – Advanced Biological Laboratories et la plus récente, Complix Luxembourg) se développent sereinement. Quant à l’unique société de capital-risque établie au pays, Vesalius Biocapital – hébergée depuis 2010 dans les locaux du CRP-Santé –, elle vient de lancer son deuxième fonds d’investissement, à hauteur de 70 millions d’euros. Le ministère de l’Économie aurait également dans ses tiroirs un projet de fonds semi-privé dédié aux biotechnologies, mais il faudra sans doute attendre que la crise se soit éloignée du pays pour que ce projet indispensable soit mené à son terme. paperjam  | Décembre 2011 | économie & finance

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71 actualité Architecture

Six pour le Prix d’un Photo : Lukas Roth

SchemelWirtz Architectes et Diane Heirend & Philippe Schmit Architectes se partagent l’édition 2011 du Prix Luxembourgeois d’Architecture. Mais quatre autres projets ont également été primés.

A

Prix Luxembourgeois d’Architecture, 1er prix ex-aequo : Musée Villa Vauban à Luxembourg par Diane Heirend & Philippe Schmit Architectes

Prix spécial du jury : Kyosk au Parc Central, Luxembourg-Kirchberg, par Polaris Architects

Prix dans le domaine paysagisme : requalification du Parc Dräi Eechelen à Luxembourg par Michel Desvigne Paysagiste, Paris

Prix Luxembourgeois d’Architecture, 1er prix ex-aequo : château d’eau avec service incendie et service technique à Leudelange par SchemelWirtz Architectes

Prix dans le domaine ouvrages d’art & structures : gare BelvalUniversité à Esch-Belval par l’Atelier d’Architecture et de Design Jim Clemes

France Clarinval

Remis le 10 novembre devant plus de 400 personnes, la 6e édition du Prix Luxembourgeois d’Architecture a récompensé six projets parmi un total de 154 soumis au jury présidé par Kai-Uwe Bergmann (BIG Architects, Copenhague). Dans le domaine de l’architecture, représenté par 106 projets, le jury n’a pas pu trancher entre le château d’eau de Leudelange des architectes SchemelWirtz Architectes et l’extension de la Villa Vauban à Luxembourg de Diane

Domaine architecture d’intérieur : Musée ArcelorMittal à Luxembourg par Moreno Architecture & Associés

Heirend & Philippe Schmit Architectes. « Ces deux projets sont tellement différents par leur esthétique, leur ampleur, leur destination et leur budget qu’il nous a été impossible de les départager », a expliqué l’architecte danois. Témoin de l’évolution de notre environnement bâti et de nos modes de vie, ce Prix d’Architecture s’est ouvert, cette année, à d’autres domaines : l’architecture d’intérieur (lauréat : Moreno Architecture & Associés pour le Musée Arcelor­Mittal conçu au rez-de-chaussée de l’ancien siège de l’Arbed), le paysagisme (lauréat : l’architecte paysagiste

parisien Michel Desvigne pour la requalification du Parc Dräi Eechelen au Kirchberg) et les ouvrages d’art et structures (lauréat : l’Atelier d’Architecture et de Design Jim Clemes pour la gare Belval-Université à Esch-Belval). Enfin, le projet Kyosk, réalisé par Polaris Architects et commandé par le Fonds d’Urbanisation et d’Aménagement du Plateau de Kirchberg, a reçu le Prix spécial du jury (une autre nouveauté de cette édition 2011). L’ensemble des projets soumis est présenté dans une exposition ouverte jusqu’au 17 décembre à la Fondation de l’Architecture et de l’Ingénierie.

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72 actualité

Savoirs Partagés

Le choix courageux d’entreprendre Le Luxembourg offre des possibilités d’épanouissement intéressantes pour les entrepreneurs volontaires,  porteurs d’un projet innovant. Une table ronde a rassemblé de vivants exemples.

« Les investisseurs n’ont que rarement, eux-mêmes, le goût de l’entrepreneuriat »

Sébastien Lambotte (texte), Charles Caratini (photo)

L’entrepreneuriat au Luxembourg : une table ronde organisée le 30 octobre par l’association Savoirs Partagés avec paperJam, a rassemblé JeanClaude Bintz, Marco Houwen et Jan Grimbrandt. Trois hommes qui ont démontré leur faculté de développer une entreprise, avec des idées innovantes, de réelles ambitions et… du courage. « Un entrepreneur qui ne prend pas de risques n’en est pas vraiment un, introduit Jean-Claude Bintz, président de Telecom Luxembourg, co-fondateur et directeur de Sting et fondateur des opérateurs Vox et Tango. Pour entreprendre, il faut oser, car un jour ou l’autre, on est confronté à des problèmes, à des sueurs froides. Mais, avant toute chose, il faut être créatif. Avec une idée nouvelle, on pourra plus facilement convaincre des investisseurs ou un venture capitalist. » S’il y a sans doute des prédispositions liées à l’éducation, c’est d’abord le parcours de chacun qui mène à l’entrepreneuriat. « L’Internet et l’ICT ne faisaient pas spécialement partie de mes centres d’intérêt, reconnaît Marco Houwen, directeur général de LuxCloud et co-fondateur de Datacenter

Luxembourg. Et pourtant, après une expérience malheureuse, je me suis retrouvé avec les bonnes personnes et une réelle envie de créer. Nous avons développé les premières sociétés dans le business de l’Internet au Luxembourg. Après quoi, nous avons réfléchi à ce qui constituerait le changement majeur, dans le secteur, pour les années à venir. Et nous avons créé LuxCloud. »

Nourrir la culture de l’effort et de l’investissement Pour avancer, il faut s’entourer, et surtout être capable de se remettre en question. « Il faut pouvoir laisser aller les idées qui ne sont pas bonnes », poursuit M. Houwen. Pour l’entrepreneur, qui peut parfois, avec l’opiniâtreté requise, mener à bien plusieurs projets, le Luxembourg est un bon terreau. Jan Grimbrandt, président de Boson Energy – qui développe des process de transformation d’énergie fossile en énergie verte –, est même venu de Suède pour nourrir son business à partir du Grand-Duché. « Nous y avons trouvé un gouvernement compréhen-

Marco Houwen (LuxCloud)

sif, un environnement financier et légal intéressant, avec un intérêt pour la loi sur la propriété intellectuelle, mais aussi des compétences et un environnement culturel international », explique-t-il. La taille du pays permet de tisser un réseau rapidement. On peut aussi trouver des financements, même si, comme le regrette Marco Houwen, « les investisseurs n’ont que rarement, eux-mêmes, le goût de l’entrepreneuriat ». Lesdits investisseurs, souvent, manquent des compétences nécessaires à la compréhension d’un projet d’entreprise dans des secteurs comme le développement durable, les biotechnologies ou l’ICT. « C’est la raison pour laquelle je pense qu’il faut parfois aller chercher des fonds à l’étranger, où d’autres acteurs plus à même de comprendre certains projets et leurs enjeux sont prêts à investir », précise Jan Grimbrandt. Et le Luxembourg révèle aussi des faiblesses : l’esprit d’entrepreneuriat, dit-on, peine à s’y déployer pleinement. « Si nous n’avons pas encore de réelle culture de l’entrepreneuriat, c’est que les Luxembourgeois eux-mêmes ne sont pas des entrepreneurs », souligne Marco Houwen. Jean-Claude Bintz abonde dans ce sens. « Il y a une mentalité à changer. À ce niveau, le débat politique, notamment autour du statut de fonctionnaire de l’État, est extrêmement important », explique-t-il. C’est le goût du risque, plus que la complaisance dans ce qui est acquis, qu’il faut travailler, comme le sens de l’effort pour créer de la valeur ou pour simplement développer des idées. « Pour autant, il y a un réel intérêt à entreprendre au Luxembourg. S’il y a encore quelques freins, il y a du potentiel. On peut y faire grandir un projet et l’amener loin. »

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74 actualité Investissements

Divins diamants

Photo : Olivier Minaire

Photo : Charles Caratini (archives)

Elite Advisers lance un nouveau fonds spécialisé dédié aux pierres précieuses. Une réponse à l’incertitude et à la volatilité régnant sur les marchés financiers traditionnels.

Miriam Mascherin (Elite Advisers) : « 20 grammes d’or valent 890 dollars, un carat (soit 20 grammes) d’un diamant d’une qualité parfaite vaut 146.000 dollars. »

Par Pierre Sorlut, publié le 08.11.2011 Dixit Marilyn Monroe (qui a en fait repris une chanson initialement interprétée par Carol Channing), les diamants sont le meilleur ami des femmes. Le seront-ils des investisseurs avertis ? Elite Advisers va bientôt pouvoir répondre à la question puisque la société de promotion de fonds a lancé le troisième compartiment de sa Sicav « d’investissement passion ». Après les vins (Nobles Crus) puis les montres (Precious Time), la société luxembourgeoise se consacre dorénavant aux pierres précieuses, avec Divine Jewels. Michel Tamisier, co-fondateur d’Elite Advisers, justifie la classe d’actifs dans un contexte de crise : « En 2008, c’était la course à la complexité. Nous arrivons aujourd’hui avec des produits financiers plus simples, en principe décorrélés. »

En attendant l’art, les voitures et les chevaux… Les derniers développements géoéconomiques ne sont pas non plus anodins. La localisation des ressources énergétiques est aussi celle des capitaux investissables. « La demande provient essentiellement de Russie, du Moyen-Orient ou encore de Chine, indique le communiqué. Et en 2010, le secteur de la bijouterie pesait environ 65 milliards de dollars. » Les actifs en question sont des diamants, des pierres précieuses de couleur et des perles naturelles ; les bijoux anciens sont achetés sur les ventes aux enchères internationales. Miriam Mascherin, co-fondatrice, vante la densité de la valeur (refuge ?) d’une pierre – définitivement – précieuse. « 20 grammes d’or valent 890 dollars, un carat (soit 20 grammes) d’un diamant d’une qualité parfaite vaut 146.000 dollars. » Divine Jewels sera géré par Serge Fradkoff (ancien de Harry Winston, société spécialisée dans les pierres précieuses) et Éric Valdieu (transfuge de Christie’s), accompagnés d’un valorisateur, Raymond Sancroft (aussi ancien expert de chez Christie’s). Le fonds vise des individus fortunés, dorénavant cœurs de cible des business models bancaires locaux. Elite Advisers s’ancrera d’autant plus à l’avenir dans le modèle de développement de la place luxembourgeoise. Si elle entrepose aujourd’hui les sous-jacents aux Ports Francs de Genève, elle pourrait utiliser à terme celui de Luxembourg (dont les propriétaires sont les mêmes qu’à Genève et Singapour, Natural Le Coultre) pour ses futurs compartiments d’investis­ sement dans l’art, les voitures de collection et les chevaux.

« Nous avons enregistré une croissance dans tous nos métiers » Didier Mouget (PwC)

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Homep@ss

Pour les nouveaux arrivants Publié le 09.11.2011

La société AB-Lux, spécialisée dans les domaines de la relocation et de l’immobilier, vient de créer Homep@ss, un outil d’intégration et de motivation destiné aux DRH voulant offrir un accompagnement professionnel à leurs nouveaux arrivants, avec un budget minime. Il s’agit d’un chèque prépayé de bienvenue, modulable en fonction du degré d’assistance que l’entreprise veut procurer et qui s’inscrit dans les avantages en nature qu’une entreprise peut offrir à ses employés ou ses stagiaires. ICTLuxembourg

Fédérer les acteurs Publié le 09.11.2011

Ce mercredi, une nouvelle plateforme de coordination entre les fédérations du secteur des technologies de l’information et de la communication, portant le nom d’ICTLuxembourg, a été officiellement présentée par ses différents membres. Lancée sur une initiative de Fedil-ICT et de l’Apsi, elle rassemble déjà les principales organisations professionnelles du secteur (ABBL,

Association des PSF de Support, EuroCloud Luxembourg). « Au total, le secteur ICT au Luxembourg compte une quinzaine d’associations défendant des intérêts particuliers, a commenté Jean Diederich, président de l’Apsi. Nous avons ressenti le besoin et même la nécessité de mieux nous entendre, afin de développer des synergies pour défendre des intérêts communs. »

renforcé ses offres de services en fusions et acquisitions, en conseil en ressources humaines et dans les métiers de conseil liés à l’IT. La société est, en outre, devenue la première à offrir des services de conseils techniques et financiers intégrés dans le domaine du développement durable, suite au rachat de la société Progena. PwC Luxembourg anticipe, pour l’exercice en cours, une croissance de l’ordre de 5 %. Faillite de Landsbanki

PwC Luxembourg

Croissance et innovation Publié le 10.11.2011

PwC Luxembourg a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de 13 % au 30 juin 2011 à 263 millions d’euros. Une bonne santé qui s’accompagne d’une forte hausse des effectifs (plus de 500 recrutements, pour un total de plus de 2.100 salariés). « Nous avons enregistré une croissance dans tous nos métiers et dans toutes nos industries, indique Didier Mouget, managing partner de PwC Luxembourg. Et plus particulièrement dans le consulting dont le chiffre d’affaires a progressé de 30 % et le conseil fiscal dont la croissance a atteint 20 %. » Dans la branche Advisory, notamment, PwC a

Gain de cause pour les salariés Publié 11.11.2011

Le syndicat Aleba a obtenu gain de cause dans l’affaire Landsbanki. La Cour de Cassation du Luxembourg, après un arrêt de la Cour de Justice de l’UE, a confirmé le fait qu’un employeur en état de dissolution et de liquidation, résultant d’un jugement, est obligé de procéder à l’établissement d’un plan social chaque fois que les conditions du licenciement collectif sont établies. Après la faillite de Landsbanki en décembre 2008, ni la banque islandaise, ni le liquidateur, n’avaient accepté de négocier un plan social. 122 employés avaient perdu leur travail, sans indemnité. Suite en page

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75 actualité

European Employment Lawyers Association

L’Europe des avocats du droit du travail Le marché du travail devient européen. Entre les règles édictées par la Commission et les bouleversements amenés par les nouvelles technologies, des avocats spécialisés en droit du travail se sont regroupés au sein de l’EELA.

« Nous avons toujours beaucoup de travail, et cela indépendamment de la situation économique » Me Guy Castegnaro (Castegnaro, Cabinet d’Avocats)

Vincent Ruck (texte), Olivier Minaire (photo)

Maître Guy Castegnaro, avocat spécialisé en droit du travail, a été récemment élu président de l’EELA (European Employment Lawyers Association). Cette association, créée en 1998, regroupe environ 1.300 avocats européens spécialisés en droit social. Ses rôles sont variés. Comme toute association de professionnels, elle vise à réunir des spécialistes, pour leur permettre d’échanger leurs points de vue, mais également d’améliorer leur compréhension de la dimension sociale européenne, du modèle social européen. Elle est enfin un lieu qui permet de fortifier les liens entre confrères. Le rôle du président, élu pour deux ans, est de gérer et veiller au bon fonctionnement de l’association. Pour Me Castegnaro, « l’objet principal de l’EELA consiste à l’heure actuelle en l’organisation d’une conférence annuelle de deux jours, portant sur des sujets d’actualité en droit social européen. Elle accueille chaque année environ 500 avocats spécialisés en droit social. Ma mission est également de poursuivre des projets tels que l’organisation d’une deuxième conférence

annuelle, ainsi que le développement du nouveau site internet de l’EELA. » Élu trois fois membre du conseil d’administration, puis vice-président entre 2009 et 2011, le passage au statut de président semble naturel à l’avocat luxembourgeois : « Je connais l’association, je me sentais prêt à poser ma candidature pour en devenir le président. J’ai finalement été élu lors de la dernière réunion du conseil d’administration, qui a eu lieu à Dublin le 10 octobre 2011. »

Passage naturel Quel est donc l’intérêt d’une telle association, au-delà du networking qu’elle permet ? « Il s’agit de partager des informations et de l’expérience en matière de droit social… et surtout de droit social d’origine européenne, c’est-à-dire issu des directives. » Les sujets concernés sont variés, allant du transfert d’entreprise au licenciement collectif. Le fait est que la crise n’a pas affecté l’activité des avocats spécialisés en droit social. « Nous avons toujours beaucoup de travail, et cela

indépendamment de la situation économique. Lorsque tout va bien, on a besoin de nous pour préparer des contrats de travail ou pour gérer des fusions sur le plan du droit du travail. Lorsque les choses vont mal, on recourt aux avocats spécialisés en droit social pour préparer des licenciements collectifs ou individuels. » Le fait est que les litiges en droit du travail sont aujourd’hui plus nombreux, en plus d’être variés quant à leur objet. « On voit de plus en plus des sujets tels que la discrimination, le harcèlement sexuel ou moral, la liberté d’expression ou la protection de la vie privée sur le lieu de travail », détaille Me Castegnaro. La raison ? Les frictions entre une mondialisation du marché du travail – qui change les règles du jeu – et le droit social qui reste, – « comme souvent » –, en retard sur la pratique. Un exemple ? « Il suffit d’ailleurs de jeter un coup d’œil sur les législations actuelles en matière d’autorisation de travail pour travailleurs hautement qualifiés ou de représentation du personnel. Elles demeurent calquées sur des formes de travail qui n’existent quasiment plus. »

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76 actualité Table ronde

From local to global Le cycle d’événements 2011-2012 de l’asbl Savoirs Partagés a débuté le 30 octobre à l’Exit07 avec une table ronde dédiée à l’entrepreneuriat. Charles Caratini (photos)

Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu

Jan Grimbrandt (Boson Energy)

Jean-Claude Bintz (Telecom Luxembourg)

Jean-Michel Gaudron (paperJam)

Yacine Diallo (Savoirs Partagés)

Événement

Next Step Party Property Partners a profité de son traditionnel événement de la rentrée, le 20 octobre, pour annoncer l’ouverture de bureaux à l’étranger. Olivier Minaire (photos)

Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu

Silvano Vidale (Vidale Gloesener) et Gilles Prim (BCEE)

Viktor Vincent (mentaliste)

François Pfister (OPF), Gildas Royer (In Vino Gildas) et Pit Hentgen (La Luxembourgeoise)

Jean-François Kroonen (PwC) et Katia Scheidecker (Noble & Scheidecker)

Vincent Bechet (Property Partners)

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77 actualité Audiovisuel

Terre de sang Le sol luxembourgeois sied décidemment bien aux cépages. Edonys, la première chaîne de télévision  consacrée à la vigne et au vin, y prend racine. Diffusion prévue dès le printemps prochain.

« Nous pensions que la procédure irait plus vite » Julien Dumont (Media-Place Partners), ici à gauche avec Jean-Michel Peyronnet

Frédérique Moser (texte), Frédéric Humblet (photo)

L’aventure ressemblait à un pied de nez aux autorités françaises et à un CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) qualifié d’« excessivement hygiéniste ». Mais les fondateurs d’Edonys, télévision de la vigne et du vin, assurent qu’ils ont trouvé au Luxembourg un espace particulièrement propice au lancement de leur chaîne, et qu’il ne s’agit pas d’un choix par défaut (lire paperJam mai 2010). « Nous avons été très bien reçus par les autorités luxembourgeoises et nous avons été tout aussi impressionnés par les compétences technologiques que nous avons découvertes dans le pays », explique Julien Dumont, fondateur de la société audio­ visuelle française Media-Place Partners. Bien qu’aucun contrat ne soit encore signé, les investisseurs évoquent des « discussions avancées » avec l’Entreprise des P&T, en vue de diffuser la chaîne du vin dès le printemps 2012, à travers le bouquet TV de l’opérateur historique. L’aventure luxembourgeoise d’Edonys a commencé début 2010, lorsque les porteurs du projet se sont heurtés aux interprétations rigoristes, par le CSA, de la loi Evin qui interdit toute promotion de l’alcool. « Ce qui pose souci, selon lui, ce sont nos programmes de dégustation et ceux qui dévoilent les étiquettes des bouteilles. Or, comment voulez-vous parler de vins, sérieusement, en passant à côté ? », vitupère Jean-Michel Peyronnet, journaliste viticole et responsable éditorial de la chaîne. Une inter-

prétation des textes qui exaspère d’autant plus les fondateurs d’Edonys qu’un projet concurrent, en France, est parvenu à obtenir son conventionnement par le CSA. « Dans la filière viti-vinicole française, des programmes télévisés qui respectent la loi Evin, ça révulse ! », tempête le journaliste.

Une ou plusieurs sociétés ? Tandis qu’une bataille juridique se livre dans l’Hexagone, Media-Place Partners entame son implantation au Grand-Duché. Julien Dumont envisage même d’emménager prochainement dans le pays. À l’est, terre de vignobles, bien entendu ! «Nous avons déposé notre demande de concession en septembre 2010. Et nous l’avons obtenue en juillet dernier. Nous pensions que la procédure irait plus vite, mais les autorités luxembourgeoises ont pris le temps de bien analyser notre dossier, en raison, je pense, du tollé médiatique en France », explique-til. Monique Fritsch, du Service des Médias et des Communications, confirme l’aval du conseil de gouvernement du 1er juillet, mais « comme la concession ne peut être qu’accordée à une personne morale de droit luxembourgeois, la conclusion et la signature (…) ne peuvent intervenir qu’après la constitution d’une société », indique-t-elle. Une consti­tution qui est en cours et entend profiter des avantages offerts par la législation, notamment au niveau des droits de propriété intellectuelle.

Edonys, « chaîne luxembourgeoise à vocation internationale, diffusée en HD en langues française et anglaise », diffusera des programmes produits par des partenaires locaux, dans différents pays. « Notre budget initial table sur un investissement de 1,5 million d’euros la première année, avec 80.000 euros consacrés chaque mois aux contenus, livre M. Dumont. Nous entamons le recrutement de quatre ou cinq personnes, en espérant passer la barre des 10 employés d’ici la fin 2011. » Le business plan d’Edonys mise sur des recettes provenant de trois sources principales : les abonnements sur les bouquets payants (Edonys coûterait 3,90 euros par mois) à hauteur de 45 %, la publicité (45 %) et des sources diverses (10 %), comme la vente d’articles dans des émissions de télé-achat. Tandis que leurs conseillers bûchent sur le montage d’une ou plusieurs sociétés, MM. Dumont et Peyronnet battent la campagne pour trouver des partenaires locaux. Issus de la filière viti-vinicole, évidemment, mais aussi du monde des médias. Les contacts sont très avancés avec la société de production Empowebo. Son CEO, Bob Hochmuth (ancien d’Advantage et de New Media Lux), le confirme : « Nous sommes effectivement en contact avec Media-Place Partners, pour aider à la mise en place d’Edonys qui devrait démarrer ses émissions au printemps 2012. » Si, pour l’heure, la collaboration se limite à une mission de consultance, Empowebo pourrait apporter son savoir-faire en production audiovisuelle. Voire mettre des billes dans le projet. M. Hochmuth évite pour l’instant d’évoquer une prise de participation, sans exclure toutefois cette hypothèse. La structuration sociale d’Edonys étant annoncée dans les prochaines semaines, les faire-part ne devraient pas tarder à être expédiés.

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78 actualité

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CLC

La démission de Krecké étonne Publié le 11.11.2011

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Alors que ni la Fedil ni les organisations syndicales n’ont encore commenté l’annonce de la démission de Jeannot Krecké, la Confédération Luxembourgeoise du Commerce (CLC) vient de réagir pour s’étonner de ce départ, annoncé en pleine période de crise et en pleine Tripartite : « C’est avec un certain éton­ nement que la CLC prend note de la future démission de M. Jeannot Krecké de ses fonc­ tions de ministre de l’Économie. Nous regrettons qu’un homme politique, avec lequel la CLC a eu l’occasion de travailler de manière constructive et ouverte dans de nombreux dossiers, se retire de la vie poli­ tique, alors que les partenaires sociaux sont engagés à compo­ ser en tripartite une politique de défense de nos intérêts écono­ miques et sociaux au moment où l’Europe et notre pays traver­ sent un contexte économique et financier excessivement pré­ caire », commente l’organisation aujourd’hui présidée par Gary Kneip. « Nous ne pouvons qu’espérer que M. Jeannot Krecké main­ tiendra sa manière directe et pragmatique durant les derniè­ res semaines de son mandat, contribuant à rétablir la compé­ titivité ébranlée de nos entrepri­ ses, qui à l’avenir se verront exposées à une concurrence davantage plus rude de la part de nos voisins européens.»

récurrents sont en hausse de 3 % et l’Ebitda augmente de 3,7 % à 965,3 millions d’euros. Le résultat net part du groupe sur les neuf premiers mois, lui, est en hausse de 34,3 % à 446,7 millions d’euros. Tous les voyants sont au vert, puisque le carnet de commandes progresse à 7,1 milliards d’euros, soit 9% de mieux par rappor tà fin 2010. Au cours de ces neuf premiers mois, des renouvellements de contrats et des nouveaux contrats ont été signés à hauteur de 1,6 milliard d’euros. « Au troisième trimestre, SES a lancé avec succès quatre nou­ veaux satellites, un record pour le secteur, a rappelé Romain Bausch, president & CEO de SES. Les résultats financiers sont conformes aux prévisions de croissance du chiffre d’affai­ res et de l’Ebitda pour 2011.»

Cactus livre à la maison Publié le 11.11.2011

Le 15 novembre, l’enseigne de grande distribution luxembourgeoise Cactus deviendra la première du pays à proposer un nouveau service de livraison à domicile. Après un mois de tests auprès d’une cinquantaine de clients « bêta », Cactus@home constitue, pour le groupe, le compromis idéal en matière de développement de nouveaux services. (lire l’article page 34) Chambre de Commerce

Publié le 11.11.2011

+34 % pour le résultat net Publié le 11.11.2011

L’opérateur de satellites SES a réalisé, pour l’ensemble des neuf premiers mois de l’année, un chiffre d’affaires de 1,28 milliard d’euros. Les revenus

Romain Bausch (SES)

Commerce

Nouveau site Internet SES

« Les résultats financiers sont conformes aux prévisions de croissance »

Photo : Luc Deflorenne

sur le fil

La Chambre de Commerce vient de refaire son site Internet, désormais proposé en trois langues, pour proposer une convivialité accrue. Entièrement axée sur la gamme de services proposée par l’institution, l’architecture de ce nouveau site entend faciliter la recherche d’informations par une navigation plus

Laurent Schonckert, directeur général de Cactus

intuitive et un design plus allégé. « Il était grand temps de donner un sérieux coup de balai. Le site avait sept ans d’âge et ne cor­ respondait plus vraiment aux attentes de nos clients », indique Patrick Ernzer, le conseiller de la communication auprès de la Chambre de Commerce. Afin d’éviter les redondances, surtout avec d’autres sites traitant de la création et du développement d’entreprises, la Chambre de Commerce a décidé de collaborer étroitement avec le Portail Entrerprises du gouvernement luxembourgeois, en intégrant directement les informations du Portail Entreprises lorsque la thématique choisie par l’utilisateur le permet. www.cc.lu

Ricoh Luxembourg PSF

+12 % pour les bénéfices Publié le 14.11.2011

Ricoh Luxembourg PSF a réalisé, pour son exercice clos au 31 mars 2011, un chiffre d’affaires total de 13,25 millions d’euros (+3,4 %) et annonce des bénéfices en hausse de 12 %. « Ces résultats positifs permettent à Ricoh Luxembourg de se maintenir dans sa position de leader avec une part de mar­ ché de plus de 30 % dans le segment des multifonctions», indique le communiqué de la société. La hausse du chiffre d’affaires est expliquée par une augmentation dans la vente des nouveaux

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79 actualité Trois questions à Annemieke Garskamp (Steelcase)

«   Six employés sur dix souffrent »

appareils (+1 %), mais aussi par une hausse du chiffre d’affaires des services et des locations (+9,6 %). En outre, ces résultats sont aussi à rattacher à l’intégration de la branche luxembourgeoise d’Infotec Belgium qui a été comptabilisée sur un exercice complet, contre cinq mois lors de l’exercice précédent. Pour les trois premiers mois de l’exercice en cours, Ricoh Luxembourg annonce une croissance dans la quasi-totalité des segments du marché par rapport à 2010.

Juncker

« Un ministre ne pleurniche pas » Publié le 14.11.2011

Interrogé sur la démission surprise du le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jean-Claude Juncker répond dans une interview au Quoti­ dien : « Je m’entends bien avec Jeannot Krecké et je suis le premier à déplorer son départ, qui signifie pour le gouverne­ ment une perte de substance.» Le Premier ministre compare néanmoins Jeannot Krecké au ministre des Finances, en se montrant plutôt sévère avec son collaborateur socialiste : « Je pense qu’un ministre peut affirmer ses sentiments.

Photo : Steelcase

Photo : Étienne Delorme (archives)

Photo : Étienne Delorme (archives)

La consultante spécialisée dans l’aménagement des espaces de travail est intervenue à l’occasion d’une conférence organisée par l’IFMA et le POG sur le stress et le burnout au travail.

« Un ministre ne peut pas seulement afficher ses peines, il doit aussi être résistant à la souffrance »

Annemieke Garskamp (Steelcase) : « Se déconnecter est devenu un luxe et le temps libre est la nouvelle richesse. »

Jean-Claude Juncker (Premier ministre)

Interview par Jean-Michel Gaudron, publiée le 14.11.2011

Il y a des ministres qui ont des sentiments, mais qui ne les montrent jamais. Luc Frieden en est l’exemple classique. Un ministre ne peut pas seulement afficher ses peines, il doit aussi être résistant à la souffrance. » Et de poursuivre : « Sa fonction n’est pas seulement de recher­ cher la compassion, il ne doit pas être pleurnichard ; un ministre doit être capable d’agir. » Dans cette même interview, à une question qui fait le parallèle entre Le Quotidien, qui fête ses 10 ans, et l’euro, le Premier ministre répond par une boutade plutôt cynique en pleine crise de la dette : « On ne sait pas lequel des deux vivra le plus longtemps. » Esoface

Conseil vie en Belgique Publié le 14.11.2011

Le marché belge de l’assurance vie pèse lourd chez les courtiers et « bancassureurs » du Luxembourg. C’est pourquoi Esofac vient de lancer un nouveau service d’appui et de conseil dans la vente, en Belgique, d’assurances vie en libre prestation de services. Une démarche justifiée par le fait que le devoir de conseil d’un assureur vie ne se limite pas à la seule conclusion d’un contrat, mais subsiste durant toute son exécution.

Axoglia

À la recherche d’investisseurs Publié le 15.11.2011

La start-up Axoglia Therapeutics, spin-off de l’Université du Luxembourg et travaillant sur le traitement de la sclérose en plaques, éprouve de graves difficultés financières du fait d’une conjoncture difficile, et cherche un investisseur. La société avait reçu les honneurs du gratin économique local en étant primée en 2005 par le concours 1,2,3 Go, puis par la désignation de son directeur scientifique, Djalil Coowar en tant que lauréat du Creative Young Entrepreneur Luxembourg (CYEL) 2010. Axoglia est à la recherche d’une dizaine de millions d’euros afin de conduire les molécules sur lesquelles elle travaille dans une phase clinique plus avancée. M. Coowar n’ignore pas l’importance du moment. « Nous pre­ nons un virage décisif », indiquait-il en septembre. Son pendant financier à la direction de la spin-off, Jean-Paul Scheuren, s’avouait « moyennement opti­ miste » sur le proche futur de la société. À ce jour, la société est toujours opérationnelle. « Aucune démar­ che de mise en faillite n’a été effectuée », assure la direction de l’entreprise. Suite en page

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Madame Garskamp, quel est l’état des lieux et l’évolution récente en matière de burnout professionnel au Benelux ? « Il n’existe pas vraiment de chiffres spécifiques pour le Benelux. Mais il faut bien voir que dans ce monde globalisé, mobile 24 / 24 h et 7 / 7 jours, nous sommes toujours ‘en ligne’. Cela constitue probablement la plus grande pression exercée sur l’ensemble des travailleurs. Se déconnecter est devenu un luxe et le temps libre est la nouvelle richesse. Les recherches de la Global Organization for Stress montrent que le stress est une épidémie globale. Selon leurs chiffres, six employés sur dix au niveau mondial souffrent du stress au travail. Ressentez-vous une réelle prise de conscience de la part des entreprises pour faire évoluer les choses ? «Les organisations sont en effet de plus en plus conscientes de l’importance du bien-être des employés. Cela devient crucial pour un certain nombre de raisons, parmi lesquelles les implications de coût, ainsi que la nécessité d’attirer de nouveaux employés, à l’heure où le monde des affaires est plus compétitif que jamais. D’ailleurs, une autre étude mondiale, que nous avons menée cette année avec Corenet (association mondiale regroupant des professionnels de l’immobilier d’entre­ prise, de l’aménagement des espaces de travail, des prestataires de services et de promoteurs, ndlr.), le confirme : les principales motivations pour la mise en place d’initiatives touchant au bien-être des employés sont l’attraction des talents (36 %), la réduction des coûts (25 %) et l’amélioration de la productivité (18 %). Comment les aménagements de bureaux peuventils contribuer à réduire le mal-être des employés dans leur environnement de travail ? « La question du bien-être au travail est une des plus importantes, et c’est un regard global sur le bien-être qui doit être posé : le bien-être physique, émotionnel et cognitif des salariés. L’ergonomie est l’aspect le plus connu du bien-être physique. Mais peu importe combien les nouvelles technologies ont changé nos vies et notre façon de travailler : les gens ont encore besoin des gens. Le bien-être émotionnel est lié à notre sentiment de faire partie de l’équipe et de pouvoir interagir avec les autres. Le bien-être cognitif peut alors être abordé dans le lieu de travail, en fournissant du choix et du contrôle : un choix entre différentes zones et types de bureaux, qui vont de l’activité trépidante à la concen­ tration calme ; et le contrôle de choisir un emplacement dans le bureau qui s’adapte à la tâche. »

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80 actualité

Grand-duc héritier

Le prince Guillaume a fêté ses 30 ans le 11 novembre dernier. C’était l’occasion d’aller à la rencontre  des médias luxembourgeois et de s’exprimer sur ses fonctions. Notamment, le rôle qui est le sien  lors des missions économiques.

« J’ouvre des portes » « Je ne suis pas encore prêt pour être grand-duc »

Guillaume, grand-duc héritier

férentes entreprises luxembourgeoises intéressées de venir sur ces marchés. Nous organisons les missions économiques essentiellement en fonction des demandes de nos propres entreprises. Concernant la récente mission en Chine, par exemple, nous avions déjà reçu au préalable un certain nombre de sollicitations d’entreprises luxembourgeoises. Nous les avons étudiées et avons préparé ce déplacement en conséquence.

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Jean-Michel Gaudron (interview), Luc Deflorenne (photo)

Monseigneur, à l’occasion des missions économiques que vous présidez, comment percevezvous l’image du Luxembourg dans les pays où vous vous rendez ? « Je constate que l’on connaît le Luxembourg principalement pour son secteur financier, en tant que hub pour les fonds d’investissement en Europe. À mes yeux, il est donc important de continuer à promouvoir le pays et à expliquer, à l’extérieur, ce qu’est le Luxembourg, qui veut aussi développer son industrie et qui possède énormément d’atouts dans plusieurs secteurs. Je pense notamment à l’ICT, où nous avons créé une plate-forme remarquable ici, ou encore à la logistique. D’une manière générale, l’industrie reste un secteur important au Luxembourg. Ce que l’on sait du Luxembourg à l’étranger reste limité. D’où la nécessité d’y retourner régulièrement et de toucher le plus de personnes possible. Quel est votre rôle exact en tant que président des missions économiques ? Votre présence a-t-elle permis la concrétisation d’accords, que ce soit avec le Qatar, récemment, ou d’autres pays ? « Mon rôle est simplement d’ouvrir les portes, grâce aux bonnes relations que nous entrete-

nons, par exemple, avec les autres monarchies existantes. Ensuite, les négociations se font vraiment entre les ministres et les personnes directement concernées. J’ai ouvert des portes, c’est certain. Mais ce qui a permis ensuite aux entreprises de venir ici, c’est uniquement l’action des ministères. Nous avons une excellente équipe autour de nous, que ce soit au ministère de l’Économie ou celui des Finances. Ce sont des experts en leur matière et ils peuvent faire fructifier au mieux ces négociations. Vous n’intervenez donc jamais dans les négociations ? « Non. Dans le cadre de mes missions économiques, je reste complètement en dehors de la politique. Je suis là pour promouvoir les entreprises luxembourgeoises et pour être au service de l’économie luxembourgeoise, et non pas pour suivre une politique ou une autre. Comment se passe la préparation de ces missions économiques, avec les différents ministères ? « Dans beaucoup de cas, nous avons déjà des personnes sur le terrain, avec des bureaux qui connaissent la population et les entreprises locales et qui sont directement en contact avec les entreprises luxembourgeoises. Ils ont déjà en grande partie trouvé des partenaires pour les dif-

L’Europe traverse, actuellement, une période de remous autour de la dette grecque. Le modèle européen existant est parfois montré du doigt comme étant inadapté. Quelle place voyez-vous, aujourd’hui, pour le Luxembourg au sein de cette Union européenne ? « Quand on regarde l’Union des Schuman, Monnet et Gasperi, il s’agit d’une Union qui a permis la paix en Europe. Et ça, c’est quelque chose qui n’a pas de prix et qu’on leur doit. L’esprit européen, c’est cet esprit de solidarité qu’il y a toujours eu entre les différents États membres. Et c’est ce même esprit qu’il va toujours falloir maintenir dans le futur. Le Luxembourg doit lui aussi toujours rester dans cet esprit. Et c’est ce qu’il est d’ailleurs en train de faire. Si vous deviez accéder au trône demain, vous sentiriez-vous prêt à assumer cette fonction ? « Non, je ne suis pas encore prêt. Il me faudra encore plusieurs années d’apprentissage. Notamment dans les domaines de la connaissance. Mon père est un homme qui a une connaissance extraordinaire et donc une analyse mûre des événements, grâce à son expérience. C’est ce qui me manque et que seul le temps pourra vraiment accroître. » Retrouvez l’intégralité de cette interview sur www.paperjam.lu

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82 actualité Trois questions à Carlo Thelen

« Supprimer l’impôt de crise : une erreur »

Photo : Luc Deflorenne (archives)

Photo: David Laurent/Wide (archives)

Le chef économiste de la Chambre de Commerce estime que la suppression de l’impôt de crise envoie un mauvais message, en plus de coûter cher.

Carlo Thelen (Chambre de Commerce) : « Nous n’avons plus de munitions. »

Interview par Nicolas Raulot, publiée le 16.11.2011 Monsieur Thelen, vous vous opposez à la suppression de l’impôt de crise dans le cadre de votre critique du projet de budget 2012. Pourquoi ? « La suppression de l’impôt de crise ne nous plaît pas du tout. L’impôt de crise avait été introduit pour les années 2011 et 2012. Sa suppression dès 2012, décidée dans le cadre de négociations avec la CGFP (et étendue au secteur privé, ndlr.), va occasionner un manque à gagner de 90 millions d’euros pour l’État. C’est aussi une erreur sur le fond de prendre cette décision hors Tripartite. Il ne fallait pas supprimer cet impôt dit de crise, alors que la fameuse crise n’est pas terminée. C’est un mauvais message. Que reprochez-vous au gouvernement dans son projet de budget 2012 ? « La situation internationale s’est encore aggravée durant l’été. Au moment où le projet de loi budgétaire a été élaboré, nous n’en étions pas à ce stade. Mais d’un autre côté, aucun effort n’a été fait pour réduire les dépenses et procéder à des réformes structurelles, comme nous le réclamons depuis longtemps. Nous avions compris la politique contra-cyclique du gouvernement. Le problème est que l’économie ne s’est jamais vraiment redressée. Le gouvernement pensait que le Plan de conjoncture redynamiserait l’économie, mais cela n’a pas suffi en raison d’une situation internationale défavorable. Nous n’avons plus de munitions. Et les conséquences pour le Grand-Duché, qui est une économie très ouverte sur l’extérieur, risquent d’être graves. La situation du Luxembourg est néanmoins bien meilleure que celle des pays voisins. La notation du pays n’est pas remise en cause. La croissance reste honorable. Y a-t-il vraiment des raisons de s’alarmer ? « On disait cela aussi de l’Irlande juste avant la crise. Or, la structure de l’Irlande est un peu similaire à celle du Luxembourg, avec une place financière importante, et quelques niches avantageuses. Il est vrai que la place financière du Luxembourg est mieux diversifiée. Mais la situation peut évoluer rapidement. La Commission européenne et le Statec tablent désormais sur une croissance de 1 % seulement en 2012 au Luxembourg, soit un rythme similaire à celui de l’Union européenne. On ne peut pas contrôler la conjoncture, mais contrôlons au moins la structure ! Nous ne le faisons pas ! Nous ne suivons pas les recommandations de l’Union européenne. Nous sommes insouciants à l’égard de la situation internationale. Nous ne respectons pas nos propres engagements. Nous devons avoir un objectif ambitieux en matière de finances publiques et d’équilibre budgétaire. »

Frédéric Genet (SGBT)

Suite de la page

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Claude Meisch

Chef de fraction du DP Publié le 15.11.2011

Sans réelle surprise, c’est Claude Meisch qui va remplacer Xavier Bettel comme chef du groupe parlementaire DP à la Chambre des députés. Son prédecesseur est appelé à de hautes fonctions municipales puisqu’il deviendra bourgmestre de la Ville de Luxembourg en janvier prochain. Claude Meisch est bourgmestre de la commune de Differdange depuis 2002, député depuis 1999 et président du DP depuis octobre 2004. Il est très actif à la Chambre des députés et s’est montré particulièrement présent pendant la campagne des élections communales lors des débats sur l’implantation du stade national à Livange, ainsi qu’à propos des liens présumés entre le promoteur Flavio Becca, en charge du projet, et les milieux bancaire et politique du pays. Le député fêtera ses 40 ans le 27 novembre. À partir de 2013, Claude Meisch devrait, en outre, passer la main à Xavier Bettel à la présidence du parti.

longues et difficiles, une convention collective a enfin été signée au sein de la société Rotarex à Lintgen. La société, qui est spécialisée dans la fabrication de valves et de régulateurs, occupe plus de 500 salariés au Grand-Duché. Direction et syndicats étaient arrivés jusqu’au stade de l’Office national de conciliation et ont finalement trouvé un accord pour la période allant du 1er juillet 2010 au 31 décembre 2012. Parmi les décisions qui ont été prises : l’octroi d’une augmentation salariale de 35 euros par mois avec effet rétroactif au 1er juillet 2010 et une autre de 10 euros applicable rétroactivement au 1er janvier 2011. Une augmentation de la prime tournée a également été négociée. Elle s’élève à 10 centimes par heure à partir du 1er décembre prochain. Les partenaires sociaux se sont mis d’accord de n’entamer les négociations pour le renouvellement de la convention qu’après les vacances d’été 2012.

Rotarex

Société Générale

Conciliation réussie

Réduction d’effectifs

Publié le 16.11.2011

Publié le 16.11.2011

Au terme de discussions que les syndicats ont qualifiées de

La Société Générale a annoncé la suppression de plusieurs

centaines d’emplois au sein de son métier BFI (banque de financement et d’investissement), une des premières conséquences sociales de la crise de la dette qui fait rage dans la zone euro. Les activités en France et à l’étranger seraient concernées, même si le but serait d’éviter les départs contraints. La Société Générale emploie un total de 1.400 personnes au Luxembourg, dont 976 personnes pour Société Générale Bank & Trust (SGBT). Dans une interview accordée à paperJam.lu en septembre dernier, Frédéric Genet indiquait, face aux attaques spéculatives dont la banque était victime, qu’il n’y avait aucune inquiétude à avoir à propos de SGBT au Luxembourg, « même si les activités de marché du groupe sont réduites, pour faire face aux exigences de Bâle III, nouvelles règles de solvabilité bancaire. » « Nous sommes toujours en phase d’embauches. Notre DRH travaille actuellement sur 41 recrutements. Je suis serein et même très confiant pour l’avenir, rassurait l’administrateur délégué de SGBT. Nous avons massivement recruté ces dernières années, 54 personnes en 2009, 120 en 2010 et 160 en 2011. Nous ne sommes pas du tout dans une logique de licenciements.»

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83 actualité

Anniversaire

Les 10 ans de Dartalis C’est au Cercle Cité que la société de services informatiques  a choisi de souffler, le 20 octobre, ses 10 bougies. Henri Da Cruz (photos)

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Isaak Dayan (Dartalis)

Michael Maus (SecureIT)

Pascal Moncapjuzan (Nomura Bank)

Philippe Lux (EFA)

Benoît Bertin (Champ Cargosystems)

Anniversaire

Les 25 ans du Cenarp Le Cercle national des relations publiques a fêté son quart  de siècle d’existence au Kinneksbond de Mamer. Frédéric Humblet (photos)

Retrouvez toutes les photos sur www.paperjam.lu

Céline Della Siega-Vannier (Cactus) et Charles Nilles (Artaban)

Cathy Giorgetti (LCTO) et Vitor Bento (Fischer)

Danielle Schmit (Enovos International)

Audrey Alioua (Deloitte)

Frédérique Theisen (Rockhal / présidente Cenarp)

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84 actualité Événement

Islamic Finance Conference Unicredit Luxembourg a réuni, le 11 octobre, des spécialistes pour évoquer les enjeux et les opportunités de développer l’activité de fonds islamiques au Grand-Duché. Éric Chenal / Blitz (photos)

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Luc Frieden (ministre des Finances)

Yves Mersch (Banque Centrale du Luxembourg)

Jean-Jacques Rommes (ABBL), Carlo Vivaldi (UniCredit) et Patrizio Braccioni (UniCredit)

Christian Kremer (Clifford Chance Luxembourg), Fouad Rathle (Garanti Bank) et Danièle Berna-Ost (CSSF)

Jacques Santer (ministre d’État honoraire)

xxxxxx Jean-Jacques Rommes (ABBL)

Conférence

Turning Point Manifestation organisée au Centre Drosbach par PwC Luxembourg,  le 27 octobre, pour les professionnels des ressources humaines. Étienne Delorme (photos)

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Daniel Rodary (Biomimicry Europa)

Shi Na (Bank of China)

Marianne Reimann (IEE)

Rachid Ait Kaddi (Verizon)

Michiel Roumieux, Vinciane Istace, Christian Scharff et Nicolas Lefèvre (PwC Luxembourg)

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SÉRIE DIVERSIFICation (19) Chaque mois, paperJam analyse les axes de diversification de la place financière. Ce mois-ci : les fonds Real Estate

Pierre qui roule… Ces dix dernières années, la Place a dû construire sa position de leader mondial en matière de distribution transfrontalière de fonds investissant dans l’immobilier. Les promoteurs locaux n’entendent pourtant pas se reposer sur leurs lauriers alors que les nouvelles régulations vont entraîner des coûts supplémentaires. Pierre Sorlut (texte), Julien Becker (photos)

Les 22 et 23 novembre, l’Association luxembourgeoise des fonds d’investissement (Alfi) organisait sa conférence annuelle consacrée à l’alternatif. Le slogan « no plain vanilla », comme le contenu, avaient pour objectif de vanter des produits un peu plus complexes, mais non moins rémunérateurs que les fonds communs de placement (FCP), qui leur sont complémentaires. Et le marché des fonds alternatifs est « immense », dixit Jean-Marc Crépin, managing director en charge du bureau de Brown Brothers Harriman (BBH) à Luxembourg. Il a d’ailleurs présidé le workshop consacré aux fonds investissant dans l’immobilier. L’intéressé évalue l’univers de l’alternatif à quelque 4,26 trillions d’euros, chiffre tiré de la part (12,4 %) que les investisseurs institutionnels et fortunés lui allouent, dans l’investissement global, estimé à 34,5 trillions d’euros. Pour ce qui concerne les fonds immobiliers en Europe, la valeur de leurs actifs sous-jacents s’élève en septembre à 146 milliards d’euros. Les Real Estate Investment Trusts (REIT) américains représentent eux environ 367 milliards d’euros, tandis qu’en Asie, le marché s’éveille à peine. Il pèse pour l’heure 51 milliards d’euros. En Europe, la structure du marché est encore exploitable, puisque la tendance veut que les compagnies louent de plus en plus leurs espaces de

travail, à l’instar du marché américain, lui quasi saturé. Les immeubles deviendront de plus en plus gérés par des sociétés dont c’est le métier, comme Prupim, Jones Lang LaSalle ou Area Property Partners. Keith Burman, director chez State Street pour les solutions alternatives, et à ce titre responsable des services pour l’immobilier au Grand-Duché, voit en « la professionnalisation de la gestion de l’immobilier de bureaux un bon vecteur », le signe d’un potentiel à exploiter. Le besoin de financement des infrastructures publiques constitue une autre problématique, à l’heure où le déficit public européen est abyssal. Les rénovations d’hôpitaux ou de routes via des partenariats public-privé, encouragés par la Banque européenne d’investissement (BEI), siégeant à Luxembourg, constituent un potentiel indéniable, pour les investisseurs étrangers. « Là se tient une belle opportunité », insiste M. Burman.

À la croisée des chemins Et le Luxembourg se place à la croisée de ces marchés, plus ou moins matures, en tant que plateforme de distribution de fonds. « Ce qui est important, souligne M. Crépin, c’est le crossborder. » Luxembourg est devenue leader de la distribution transfrontalière. Keith Burman, qui occupe aussi

le poste de président du sous-comité Real Estate de l’Alfi, témoigne : « Il y a sept ans, la Place faisait partie des lieux possibles pour structurer l’investissement. Maintenant, il faut justifier pourquoi il ne passe pas par Luxembourg, le cas échéant ». En effet, une étude de l’Alfi, sur base de chiffres de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF), met en évidence la variété des origines des initiateurs des Real Estate Investment Funds (REIF) lancés au Grand-Duché. Alors qu’en 2002 ou en 2003, les initiateurs des fonds étaient issus d’un seul et même pays (respectivement le Royaume-Uni puis les États-Unis), depuis 2005, les États représentés se comptent par dizaines. De même, l’allocation géographique des investissements est elle aussi variée puisqu’elle concerne tous les continents, avec toutefois une large affectation sur le marché de l’Union europé­enne (69 %). Les véhicules luxembourgeois inves­tis­sent en moyenne dans cinq ou six pays. En termes de volumes, le Luxembourg compte aujourd’hui 212 fonds. Ils représentent plus de 23 milliards d’euros d’actifs. En matière de style d’investissement, 45 % des fonds visent le core, c’est-à-dire des immeubles de qualité supérieure, 36 % sont value-added, les gestionnaires modifient là légèrement les biens pour les revendre à profit, et 19 % adoptent un profil risque élevé, les opportunity. Soit des stratégies somme toute conservatrices. La caractéristique s’est d’ailleurs matérialisée

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Jean-Marc Crépin (Brown Brothers Harriman)

durant la baisse de la valeur des fonds immobiliers en 2009 (à l’image de la chute vertigineuse de 73 % de l’indice MSCI Real Estate World entre mai 2007 et mars 2009) durant laquelle les véhicules luxembourgeois n’ont été que modérément affectés. Entre 2008 et 2009 (les exercices comptables les plus comparables), la valeur des actifs sous gestion au Grand-Duché n’a perdu que 9,4 %. La spécialisation dans l’immobilier ne s’est pas improvisée. Elle est le fruit de plusieurs années de labeur. « Quelque chose qu’on ne fait pas du jour au lendemain, témoigne Keith Burman. C’est ce que nous avons construit. » Elle est dorénavant reconnue. Un sondage de l’Alfi publié en mai signale que plus de 80 % des sondés utilisateurs de la place financière sont très satisfaits des compétences des service providers. L’association des professionnels a même rédigé une charte des bonnes pratiques pour ses membres travaillant dans l’immobilier. 18 banques dépositaires, 19 administrateurs de fonds et 13 agents de transfert permettent aux investisseurs de faire jouer la concurrence et de trouver tous les services en un seul et même endroit. Jean-Marc Crépin s’en félicite : « C’est quelque chose qui n’existe pas dans tous les pays. » Mais il prévient : « Le risque est que la directive AIFM (régulation européenne en cours de mise en œuvre pour l’investissement alternatif, ndlr.) devienne tellement coûteuse pour le gestionnaire qu’il parte sur une île

Keith Burman (State Street)

dans le Pacifique. » Les croisés de l’investissement immobilier luxembourgeois n’entendent pas s’endormir sur leurs lauriers. « Nous ne considérons pas le travail fini », prévient Keith Burman, porte-étendard de l’Alfi, et la question du prix à payer pour s’assurer la sécurité se retrouve dans le débat sur la banque dépositaire autour de la transposition d’AIFMD.

Effet Madoff et Lehman La directive européenne aura un impact sur la transparence. Elle imposera aussi l’utilisation d’une banque dépositaire pour un certain nombre de fonds. Et la directive européenne n’est qu’un des défis qui se posent devant les professionnels des fonds de l’immobilier. La régulation américaine, le Dodd Frank Act et Fatca, les affectera à la marge. Les coûts de gestion augmenteront donc substantiellement, au risque d’amenuiser dangereusement le retour sur investissement. Jean-Marc Crépin insiste donc sur la nécessité de garder un maximum d’acteurs sur la Place, afin de lier l’innovation à la production. « Si la chaîne d’investissement est trop segmentée, les solutions innovantes sont plus difficilement trouvées, dit-il. De même, les dépositaires ne doivent pas seulement faire acte de présence parce que la régulation les

impose, il faut qu’elles justifient leur coût en améliorant la transparence, en offrant une vraie valeur. Les investisseurs commencent à visiter les intervenants pour voir comment ils travaillent. » La faillite de Lehman Brothers et le schéma de Ponzi de Madoff invitent les investisseurs à davantage de prudence. Une opportunité pour les places on shore. Le Luxembourg des fonds est à pied d’œuvre sur la transposition. « Si nous arrivons à transposer AIFMD de façon élégante et propre, nos produits pourront être exportés en Asie exactement de la même façon que les Ucits », pressent M. Crépin. Les coûts sont substantiellement supérieurs, mais « ils paient pour la standardisation, le contrôle et une deuxième paire d’yeux. Mais cette dépense réduit le risque et cela a un coût », conclut Keith Burman. There’s no free lunch, dit-on à l’envi dans les milieux financiers. Selon le proverbe, une pierre qui subirait trop de mouvements ne laisserait pas le temps à la végétation de prendre. Les professionnels des fonds, bien aidés par le législateur, ont su faire de la Place le leader sur le marché de la distribution transfrontalière de fonds investissant dans l’immobilier. Mais, face aux nouvelles régulations, il va leur falloir composer un savant dosage entre conservatisme, pour ne pas aliéner ce que les uns seraient venus chercher depuis 2000, et innovation, pour rester devant les compétiteurs en attirant un maximum de nouveaux promoteurs.

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SÉRIE start-up(13) Chaque mois, paperJam propose un gros plan sur une start-up luxembourgeoise qui sera peut-être un fleuron de l’économie de demain. Ce mois-ci : IBBL

Un maillon du tissu économique Integrated Biobank of Luxembourg, née en 2010, collecte et prépare les échantillons humains pour les sociétés  de recherche médicale. Si l’investissement – public – de départ paraît conséquent, sa rentabilité proviendra surtout  des entreprises que la start-up aura attirées au Grand-Duché. Pierre Sorlut (texte), Olivier Minaire (photo)

Depuis 2004, le gouvernement a fait des biotechnologies l’un de ses chevaux de bataille, le but étant de diversifier ses sources de revenus en se basant sur des ressources existantes. Mais pas question non plus de faire des investissements sans s’assurer, autant que faire se peut, d’engendrer un développement économique a posteriori. Or, la médecine moléculaire fait partie des créneaux dégagés par le ministère de l’Économie. Celle-ci vise à stratifier les patients pour leur administrer les traitements au plus près de leurs besoins, dans le cadre de la démocratisation de la médecine personnalisée. Un train que le gouvernement ne souhaiterait pas manquer. Il a donc investi 140 millions d’euros sur cinq ans dans des travaux de recherche publique, en direction du CRP Santé, de l’Université ou de la nouvelle biobanque, dénommée Integrated BioBank, Luxembourg (IBBL). Car dans le domaine du diagnostic moléculaire, les biomarqueurs découverts sont protégés par des droits de propriété intellectuelle. Le raisonnement économique sous-jacent est donc le suivant : il s’agit de mettre à disposition des sociétés de recherche médicale un capital de biomarqueurs aussi élevé que possible, afin que lesdites entreprises développent des traitements en se basant sur ces

échantillons, si possible en installant une filiale au Grand-Duché. Patrizia Luchetta, directrice pour les sciences et les technologies au ministère de l’Économie et du Commerce extérieur, précise : « Pas seulement soutenir au coup par coup les projets de recherche, mais aussi faire venir le business qu’il y a derrière. » L’IBBL travaille sur la recherche liée à trois fléaux au Grand-Duché : la maladie de Parkinson ; le cancer, l’une des principales causes de mortalité ; et le diabète type 2 (chez les adultes), largement répandu chez les Luxembourgeois, « problème de santé numéro un et priorité du gouvernement », selon Robert Phillips, CEO de l’IBBL.

Banque dépositaire et investissement L’IBBL n’a pas vocation à faire de la recherche, mais à conserver des échantillons. « Mais nous ne sommes pas seulement un marché de tissu,indique le Dr Phillips, nous rassemblons les données, nous préparons les échantillons, nous faisons des mesures pour les scientifiques (comme des séquences génétiques, ndlr.), nous dégageons des données sur des milliers d’échantillons... » L’IBBL n’est qu’un maillon d’une chaîne qu’on aimerait bien voir à Luxembourg, telle une banque dépositaire dans le secteur financier.

Il existe déjà des centaines de biobanques et l’IBBL n’est pas et n’a pas vocation à être la plus grande. Au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, des biobanques comptent plus de 3 millions d’échantillons. Robert Phillips espère que l’entité luxembourgeoise gérera, d’ici cinq ans, entre 500.000 et 600.000 échantillons. La concurrence est donc féroce et l’IBBL doit faire valoir une valeur ajoutée. « Les entreprises s’adressent à nous pour la qualité de notre travail, parce que nous proposons une gestion des coûts effective », estime Robert Phillips. La conformité avec des standards reconnus lui paraît également déterminante en tant que vecteur de différenciation. « Pour mettre un médicament en vente, la société doit pouvoir s’assurer que la qualité des données est fiable et que la biobanque qui lui les fournit remplit un certain nombre de critères fixés par les agences de régulation. » Pour l’instant, le carnet de commandes n’est pas encore plein et « l’essentiel des revenus de l’IBBL provient du gouvernement », témoigne le CEO. En réalité, l’entreprise ne se voue pas à la rentabilité. Avec un budget initial de 60 millions d’euros sur cinq ans, la biobanque, précise Patrizia Luchetta, « ne doit pas suivre un but lucratif ». La nature du business, consistant à stimuler la recherche et à stabiliser le système de santé luxembourgeois, limite les sources de revenus. Puisqu’il s’agit de santé publique, « certains projets marcheront, d’autres pas, explique Robert

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Pas vraiment un débutant Le docteur Robert Phillips, CEO de l’IBBL, ne vit pas au Luxembourg sa première expérience professionnelle et n’en est pas à non plus à son coup d’essai pour ce qui est de faire croître une jeune pousse… Abordant aujourd’hui son 74e hiver, le Canadien a débuté sa carrière dans la recherche en biologie moléculaire. En 1996, il a pris pied dans l’administration de la recherche. Il est alors devenu directeur de différents instituts. En 2010, Jeff Trent de Tgen, une association de recherche américaine à but non lucratif, l’a contacté. « On m’a alors proposé de devenir le CEO de l’IBBL. J’ai dit non », plaisante-t-il aujourd’hui. Il s’est ensuite ravisé après avoir entendu les arguments de Patrizia Luchetta. P. S.

Robert Phillips (Integrated Biobank of Luxembourg) : « Le 21e siècle sera celui de la biologie et de la biomédecine. »

autant de déficits regrettés par celui qui a pris les rênes de l’IBBL en 2010.

My SWOT FORCES

Faiblesses

Opportunités

Menaces

niche inoccupée

renommée à bâtir

pionnier dans l’adoption de la médecine personnalisée

concurrence des autres clusters

culture de service

complications dans la collecte de certains échantillons

développement du secteur biomédical au Luxembourg

nouvelles barrières légales

Phillips. C’est pourquoi nous aurons toujours besoin d’un soutien financier de l’État. » Il ajoute même ne pas connaître une seule biobanque profitable. L’entreprise commence néanmoins à se doter d’une certaine notoriété. « Nous générons quelques revenus, mais nous sommes toujours une start-up. » L’IBBL fait notamment affaire avec Wafergen, une société américaine mesurant l’activité des gènes. Robert Phillips parle même, avec prudence, « d’autres partenariats avec des compagnies pharmaceutiques et une société française de recherche clinique… mais rien n’est signé pour l’instant ».

Patrizia Luchetta confirme : « Des petites start-up ayant besoin de valider leurs technologies ont manifesté leur intérêt. » Le gouvernement suit de près le développement de la jeune pousse. Le Dr Phillips se dit même « impressionné par sa vision et son dévouement pour bâtir l’infrastructure. Mais il y a encore tant de choses à faire pour rattraper les meilleurs pays européens », tempère-t-il. L’absence d’une recherche biomédicale solide, de faculté de médecine, de registres électroniques de santé ou le nombre limité de scientifiques, de cliniciens et de praticiens médicaux sont

Coopération avec le Qatar Si l’investissement public peut paraître dérisoire comparé au budget de l’État (28 millions d’euros sur un budget de 12,7 milliards), le CEO voit « au Luxembourg des opportunités qui ne se présenteraient pas forcément ailleurs ». Tester et commercialiser un médicament est complexe et le Grand-Duché présente selon lui bien des avantages, à commencer par sa petite taille. « Le Luxembourg pourrait se constituer en leader pour lancer des médicaments dans les systèmes de soins », dit-il. Et pour le gouvernement, la question de la renommée internationale est importante. Une biobanque « permet de vendre le Luxembourg par la même occasion ». Lors d’un récent atelier sur le diabète, l’IBBL a travaillé avec des… Qataris. Eu égard au contexte de crise et à la crainte de voir l’industrie pharmaceutique moins investir dans la recherche, Robert Phillips comprend plutôt que les entreprises vont dépenser différemment et engager au coup par coup des firmes extérieures. « Il y a tout un tas d’opportunités. L’industrie va connaître une croissance exponentielle dans la prochaine décennie. Le 21e siècle sera celui de la biologie et de la biomédecine. »

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economist club Association sans but lucratif, l’Economist Club Luxembourg se veut un forum d’échanges,   un espace de débat entre économistes. Il est également appelé à prendre position et à faire connaître l’avis de ses membres sur des thèmes économiques d’actualité, en suscitant la discussion, tout en maintenant une certaine rigueur dans la démarche proposée.

Par Gabriel Bleser, membre de l’Economist Club Luxembourg

L’analyse économique en droit de la concurrence Le 12 octobre dernier, le projet de loi n° 5816, auquel le Conseil d’État avait refusé la dispense du second vote constitutionnel, a finalement été voté. Le nouveau Conseil de la concurrence (Conseil) sera désormais un organe collégial composé de quatre conseillers effectifs (permanents), à savoir un président et trois conseillers, ainsi que cinq conseillers suppléants. Le président du Conseil en assurera la direction et aura, comme par le passé, un rôle crucial à jouer. L’instruction des affaires sera confiée, pour chaque dossier, par le président du Conseil à l'un des trois conseillers désignés. Ce dernier devrait pouvoir bénéficier de l’assistance de fonctionnaires, notamment pour mener les enquêtes. La loi prévoit un cadre du personnel pour ces fonctionnaires qui effectueront le travail le plus important de toute affaire, à savoir l’enquête et l’instruction. La toute nouvelle autorité commencera avec de nouveaux collaborateurs puisque quasiment tout le personnel a / aura quitté les deux autorités actuelles.

L’importance du droit de la concurrence et la dimension économique de cet instrument de régulation restent malheureusement, sept ans après la mise en place d’autorités de concurrence à Luxembourg, peu connues. Au Luxembourg, on a du mal à distinguer une réelle politique de concurrence. Bien que l’on constate que les entreprises sont devenues très sensibles à la matière, il ne semble pas exister une réelle volonté de mettre en place une véritable politique de concurrence. La problématique des taxis, par exemple, connue depuis 2004, n’a toujours pas trouvé de solution… Le droit de la concurrence aura, espérons-le, une deuxième chance de démarrer à Luxembourg avec l’instauration d’une toute nouvelle autorité de concurrence qui sera opérationnelle quatre mois après la publication de la nouvelle loi votée le 12 octobre 2011. Le droit de la concurrence est un droit économique et l’apport de l’économiste est un complément indispensable pour les juristes, avocats et juges qui sont censés prendre des décisions en matière de concurrence. L’idée selon laquelle il existerait une relation entre structure de marché et pouvoir de marché (mesuré par l’indice de Lerner) trouve son fondement dans l’analyse néoclassique des structures de marché.

L’importance des économistes et de l’analyse économique est, entre autres, illustrée par le fait qu’en France, un économiste a été nommé conseiller à la Cour de cassation, afin de donner son avis sur des affaires de concurrence à trancher par ladite Cour. Les autorités de concurrence prestigieuses ont très souvent été et sont dirigées par des économistes : l’Office of Fair Trading en Angleterre, le Bundeskartellamt en Allemagne et la Commission européenne. Les affaires de concurrence, surtout dans le domaine d’abus de position dominante et de concentrations, requièrent une expertise économique solide. Il est difficilement imaginable qu’une autorité de concurrence sous-traite systématiquement cette analyse à des experts externes. En pratique, un problème auquel est confrontée l’autorité de concurrence luxembourgeoise vient du fait qu’il n’existe pas de cabinets de conseil économique spécialisés dans ce domaine. Lors­qu’il s’agit de mener des études ou enquêtes pour comprendre le fonctionnement des marchés, il est fait appel à des experts étrangers. Une des raisons de ce manque d’expertise réside tout simplement dans le fait qu’il y a peu d’affaires de concurrence traitées depuis 2004 avec des résultats concrets et que cette matière n’a pas encore atteint le degré de maturité suffi-

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Évolution des dossiers traités par les autorités anti-trust européennes.

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2009

2010

Jan.-Août 2011

Nombre total de dossiers dont le réseau européen de la concurrence a été informé

203

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– venant de la Commission européenne

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- venant des autorités nationales de la concurrence (ANC)

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Dossiers pour lesquels une décision a été soumise par les ANC au cours de la période de référence

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sant pour intéresser les conseillers économiques. Certains avaient essayé de développer celle-ci à Luxembourg en 2004, mais ils se sont vite aperçus qu’il n’y avait pas de business case pour un tel marché…. Une législation ayant adopté une approche économique. – Il est important de noter que, depuis le début des années 2000, la législation européenne en matière de concurrence, mais aussi les législations nationales, se sont éloignées d’une approche per se pour se rapprocher d’une rule of reason. Concrètement, cela signifie qu’un comportement n’est pas interdit par principe, mais que la licéité du comportement d’une entreprise résulte d’une analyse au cas par cas. Ainsi, des collaborations entre entreprises con­ currentes dans le domaine de la recherche et du développement ne sont pas systématiquement condamnées et interdites. Une entreprise pourra en principe toujours démontrer les gains d’efficacité dans l’intérêt des consommateurs en cas de collaboration entre entreprises concurrentes. Cependant, certaines formes de collaboration, comme une concertation de prix, une allocation ou une répartition des marchés, ou encore un abus d’une position dominante individuelle ou collective, ne pourraient jamais bénéficier d’une exemption ou être déclarées licites par rapport aux règles de concurrence.

L’analyse économique en matière d’abus de position dominante. – Il y a lieu de rappeler que la seule détention d’une position dominante sur un marché n’est pas interdite. Ce n’est que l’abus d’une telle position qui est interdit et qui pourra être sanctionné. Au Luxembourg, la majorité des affaires pendantes devant les deux autorités de concurrence actuelles concerne des abus de position dominante. De telles affaires sont difficiles à instruire et l’analyse économique y est cruciale. Afin d’établir une position dominante, l’autorité de concurrence doit définir le ou les marchés de produits / services concernés et le ou les marchés géographiques concernés. Pour ce faire, l’autorité de concurrence est guidée par des lignes directrices de la Commission européenne, mais une vraie analyse des marchés est nécessaire. L’autorité de concurrence luxembourgeoise a un désavantage majeur par rapport à tous ses autres homologues européens : elle n’a pas les informations et la connaissance des marchés, car il n’existe pas de contrôle des concentrations à Luxembourg. Sans vouloir plaider par principe pour l’introduction d’un tel contrôle à Luxembourg, il aurait valu la peine de creuser ceci sérieusement. En cas d’existence d’un contrôle des concentrations, les entreprises doivent obligatoirement fournir toutes leurs informations concernant leurs marchés et ceci très souvent avec l’aide de cabi-

nets de conseil économique. L’autorité de concurrence ne doit donc pas aller chercher ces informations. Elle doit certes les analyser, mais la compréhension du fonctionnement des marchés et par conséquent l’analyse des affaires d’abus de position dominante est facilité pour ces autorités. Les nouveaux pouvoirs de la nouvelle autorité de concurrence. – La nouvelle autorité de concurrence dispose aussi de nouveaux pouvoirs qui nécessitent des ressources et des compétences en matière d’analyse économique. Ainsi, il est prévu que le Conseil effectue des enquêtes sectorielles, délivre des avis et des études de marchés. Perspectives d’avenir. – S’il est vrai que le droit de la concurrence reste encore à un stade embryonnaire au Luxembourg et qu’il y a peu de contacts ou de collaborations entre juristes et économistes, l’Association luxembourgeoise pour l’étude du droit de la concurrence (www.luxcompetitionassociation.org) encourage une collaboration et un échange d’idées entre économistes et juristes afin de favoriser l’évolution de cette matière à Luxembourg.

Chaque mois, retrouvez dans nos colonnes, « Le Billet de l’Economist Club », sous la plume d’un des membres de l’Economist Club. www.ecl.lu

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CoversTory Une nouvelle ère

Nouveau siège social en dehors de Luxembourg-ville, nouveau branding, moyens financiers renforcés : La Luxembourgeoise termine l’année sur les chapeaux de roues. La doyenne des compagnies d’assurance du pays tourne ainsi une page de son histoire et entend profiter de l’élan pour reconquérir une image dynamique et moderne. Lalux le fera depuis la zone Am Bann de Leudelange, où bon nombre d’autres importantes sociétés de la capitale ont choisi de s’établir.

« LES BONNES MANIÈRES N’EXISTENT PLUS »

BC

Pit Hentgen, le président-directeur général  de la Luxembourgeoise, qui fêtera ses 10 années  de présidence au printemps prochain, regrette l’évolution  du climat des affaires de ces dernières années et aspire  à davantage d’éthique, de valeurs et de morale.

Jean-Michel Gaudron (interview), Andrés Lejona (photos)

Monsieur Hentgen, vous allez fêter, en avril prochain, vos 10 ans de présidence des assurances La Luxembourgeoise, aujourd’hui devenues Lalux. Comment jugez-vous la situation d’aujourd’hui par rapport à 2002 ? « Je ne veux pas être trop critique vis-à-vis de certaines périodes de notre développement passé. Nous avons toujours cherché à construire l’avenir et l’époque était différente. Nous avons énormément poussé au changement ces dernières années. Lorsque j’ai pris mes fonctions au printemps 2002, nous étions encore en plein dans les bouleversements qui ont fait suite aux événements du 11 septembre 2001. Et personne ne savait trop où cela allait nous conduire. Nous avions fait à l’époque, surtout mon père (Robert Hentgen, aujourd’hui  président de la Compagnie Financière La Luxembourgeoise, la structure faîtière, et président honoraire de la compagnie d’assurance, ndlr.) la comparaison avec le système financier des années 30 et la faillite du Credit-Anstalt en Autriche, pour illustrer le risque systémique.

Nous pouvons constater que, ces dernières années, les choses se sont normalisées relativement vite, abstraction faite des guerres et de tout ce qu’il est possible de penser de la politique américaine. Nous visons une période de stress, avec beaucoup de risques et peu de visibilité. Nous avons également eu beaucoup de discussions avec nos réassureurs. Il y a eu tout un processus de révision des risques que nous assurons. Nous sommes au commencement du développement d’une logique qui se concrétisera dans l’application de la directive Solvency II. Les notions de gestion des risques et de gouvernance ont fortement émergé ces dernières années. C’est là une évolution lourde, mais nécessaire, qui nous a évidemment beaucoup occupés. Où en êtes-vous justement dans la mise en œuvre de Solvency II ? « Nous avons surtout travaillé sur le 1er pilier, l’aspect quantitatif. Nous avons une bonne maîtrise du sujet et nous conservons un niveau de solvabilité confortable. Nous entrons maintenant dans la préparation du 2e pilier, où nous sommes encore un peu dans le flou, puisqu’il n’y a eu } 94

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« Nous avons énormément poussé au changement ces dernières années » Pit Hentgen

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{ que très peu de spécifications et de recommandations. Mais je ne veux pas

limiter les derniers développements à cela. Nous avons aussi entrepris beaucoup d’efforts dans la modernisation complète de notre gamme de produits et surtout sur un développement important de nos services d’assistance. C’est un domaine qui s’inscrit dans le prolongement naturel du service ‘assurance’ et qui garantit l’utilisation d’un bien ou la mobilité en cas de sinistre. Le marché aussi a beaucoup évolué dans ce domaine, mais nous avons redéfini notre ambition en cherchant à être les meilleurs constamment. Pas nécessairement les plus importants ou les plus grands, mais les meilleurs. C’est difficile à mesurer, mais nous sommes dans une démarche très structurée. Nous essayons de nous donner les moyens de l’élaboration d’une norme quantitative que nous avons définie sur base d’un large sondage mené auprès de la clientèle, afin de mesurer ses attentes et de transformer ces attentes en objectifs. Nous ne serons jamais au bout de nos efforts, mais nous avons une direction claire pour essayer d’atteindre cet objectif d’être les meilleurs… tout en ayant évidemment conscience que la concurrence nourrit les même ambitions. Nous bénéficions d’un excellent système de radar avec tous nos agents. Il ne se passe rien sur le marché sans que notre réseau ne nous communique tel ou tel changement de produit ou de tarif de la concurrence. Nous disposons de plus de 6.000 agents, c’est un pour moins de 100 personnes. Forcément, tout se sait et cela nous permet de rester constamment à l’écoute d’un marché qui est toujours plus concurrentiel.

Par simplification, nous entendons aussi extension importante des garanties pour aller de plus en plus vers le ‘all included’. Nous allons toujours plus loin dans nos couvertures et nous ajoutons des services de confort. Nous cherchons toujours, et bien plus que par le passé, à aller aux limites de ce qui est assurable.

Qui dit plus concurrentiel dit aussi plus difficile ? « Dans la couverture des grands risques, il y a une forte pression sur les prix. Pour ce qui est des risques privés, avec le développement d’Internet et peut-être aussi les changements de mentalités, les clients sont devenus plus exigeants et mieux informés. Subjectivement, je pense que, aujourd’hui, il faut faire davantage d’efforts pour conserver un client ou en acquérir de nouveaux. Nous avons lancé en 2009 un produit ‘package’ des principales assurances pour la clientèle privée, qui regroupe l’assurance automobile, la maison et la responsabilité civile, sous un seul chapeau, avec des facilités de paiement. Nous sommes pour le moment encore les seuls à offrir cela. Et c’est un très grand succès, car cela rend l’assurance plus simple.

En allant de Luxembourg-ville à Leudelange, vous vous rapprochez de la frontière. Faut-il y voir un symbole, voire un message subliminal, alors que La Luxembourgeoise a toujours eu une stratégie exclusivement locale ? « Non. Nous restons persuadés que le marché européen de l’assurance n’existe pas. C’est un marché qui reste fragmenté, puisqu’il faut toujours appliquer le droit du pays de résidence du preneur d’assurance. Il faut donc toujours agir de la même façon que si l’on était directement installé dans ce pays-là. Et vu du client, c’est la même chose, puisqu’on ne peut pas acheter une couverture d’assurance auprès d’une société qui n’est pas établie dans son pays de résidence. En assurance nonvie, certains ont franchi le pas et franchi les frontières en restant dans la

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Parcours

Directeur général à 36 ans Pit Hentgen aurait pu en 1985, sitôt diplômé en administration et en gestion, entrer à La Luxembourgeoise où son père, Robert, occupait la présidence. Mais il préféra se bâtir d’abord sa propre carrière. C’est à la BGL qu’il fera ses premières armes, dans les domaines du private banking et de l’asset management. Il y connut le krach d’octobre 1987 qui lui apporta évidemment son lot de stress et d’expériences. C’est en 1995, à peine âgé de 33 ans, qu’il choisit finalement de rejoindre La Luxembourgeoise, malgré une offre alléchante d’une autre banque de la Place. Il fut pris sous son aile par le directeur général de l’époque, Gabriel Deibener, qui lui prépara le terrain pour prendre sa succession. Une transition assurée en septembre 1998. C’est le 25 avril 2002 que M. Hentgen, alors âgé de 40 ans, est devenu le nouveau président-directeur général des sociétés d’assurance du groupe, en même temps qu’il présidait l’Association des Compagnies d’Assurances (il en est aujourd’hui viceprésident). Outre des mandats dans les sociétés liées au groupe (président du conseil d’administration de Pecoma International, membre des conseils de DKV Luxembourg et de BCEE Asset Management), il siège également à la Banque Centrale du Luxembourg, au groupe de presse Saint-Paul et chez BIP Investment Partners, mais aussi au Haut comité de la place financière (ex-Codeplafi) et à la Fondation de Luxembourg, dont il est un des administrateurs-fondateurs. J.-M. G.

région. C’est un long apprentissage. Il faudrait leur demander s’ils sont réellement contents de cette stratégie. Nous avons ici pensé que les capacités étaient très importantes et que nous étions en face de grands concurrents sur les marchés qui nous entourent. Nous ne pensons pas qu’il y a réellement beaucoup de place pour nous sur ces marchés-là. Ce que l’on peut imaginer, c’est accompagner un client que nous avons déjà ici et qui, pour une raison ou une autre, viendrait s’installer de l’autre côté de la frontière. Mais cela reste très limité. Et pourquoi n’avez-vous jamais été tenté par les activités en libre prestation de services en assurance vie ? « Cela nous causerait sans doute des difficultés en raison de la présence de notre actionnaire principal, la BCEE, c’est-à-dire, in fine, l’État luxembourgeois. Ce n’est pas la BCEE ou l’État qui nous empêchent formellement de le faire. C’est le fruit de notre propre réflexion en tant qu’actionnaire familial. Nous savons que, dans ce cas-là, nous serions une cible pour certains prédateurs. C’est toujours la prudence qui a dicté cette position.

Le fait, justement, d’avoir la BCEE comme actionnaire à 40 % ne constitue-t-il pas un facteur bloquant ? « Non. La BCEE est davantage un partenaire qui nous aide à nous développer sur le marché local, en particulier dans le domaine de l’assurance vie. Les gens, par ces temps de crise, nous voient comme inébranlables, du fait de la présence de la Spuerkeess dans notre capital. Nous avons en effet un capital très solide et même dans les pires scénarios que nous pouvons imaginer, nous n’avons pas besoin d’envisager de nouveaux apports en capitaux. Après l’entrée de la BCEE en 1989, nous avons toujours autofinancé notre croissance sans jamais avoir recours à une augmentation de capital. Du reste, depuis notre création, il y a presque 100 ans, nous n’avons jamais non plus fait appel à des fonds de nos actionnaires. Cette opération de 1989 était un peu spéciale, car la BCEE ne possédait pas d’activité en non-vie et son activité en vie était beaucoup plus faible que la nôtre. Ils ont fait un apport en capital plus acquérir cette participation de 40 %. Nous sommes donc très solides et nous n’avons aucun souci pour financer notre croissance. Il y a aussi, à l’inverse, une forte rétention des bénéfices qui rend cette croissance possible. }  96

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« Nous ne voulons pas nécessairement être les plus importants ou les plus grands, mais être les meilleurs » Pit Hentgen

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{ Y a-t-il encore de la place pour de la croissance sur un marché comme

le Luxembourg, forcément limité géographiquement ? « Dans la mesure où nous espérons que l’économie du pays, et donc la population, poursuivent leur croissance, ces deux facteurs combinés nous garantissent une certaine croissance aussi. De plus, nous bénéficions d’une certaine indexation du montant de nos produits. Les voitures ou les maisons sont toujours plus chères et la valeur assurée aussi. Tout cela pourrait être remis en question si les propositions patronales sur l’indexation devaient être acceptées dans la Tripartite. Mais même dans ce cas-là, les valeurs assurées et les garanties que nous proposerons augmenteront toujours. Nous aurons toujours une croissance naturelle, pour cela, je reste optimiste. J’ai davantage de soucis en ce qui concerne les placements financiers. Si nous avons su relativement bien éviter la bulle immobilière, avec ses répercussions sur le secteur financier, nous sommes fortement souscripteurs en dettes souveraines. Nous n’avons pas de dette grecque, mais si l’euro devait s’effondrer, nous serions évidemment directement touchés. Nous espérons donc que l’Europe aille de solution en solution pour faire en sorte de conserver un euro fort et éviter que la contagion de la crise grecque n’affecte d’autres pays. Pour nos clients, nous sommes encore un havre de sécurité et nous faisons tout pour le rester. Nous avons beaucoup de placements immobiliers et n’avons par ailleurs pas un seul centime à amortir sur nos obligations. La vigilance sera évidemment d’autant plus importante que par les temps tranquilles. Aujourd’hui, nous sommes davantage animés par une optique de conservation de capital. La croissance peut aussi passer par des acquisitions extérieures. En 2009, le portefeuille IARD (Incendie, Accidents et Risques Divers) de Fortis Assurance, qui était à vendre, a finalement été racheté par La Bâloise, alors que tout le monde s’attendait à ce que ce soit La Luxembourgeoise qui prenne le morceau eu égard aux longues années de relations avec le groupe Fortis. Comment analysez-vous cette situation, avec le recul ? « Tout s’est joué autour de questions de valeurs. Nous

avons en effet eu une relation avec Fortis sur une période de presque 40 ans sur le marché local, et plus de 60 ans sur un plan international, avec des relations personnelles à tous les niveaux. Mais en période de crise, tout a basculé et il n’en a plus été question. C’est ce mutisme, cette absence de la part du vendeur qui m’a le plus choqué, plutôt que le fait qu’un concurrent ait pu saisir sa chance. Je regrette la façon dont les affaires se font parfois de nos jours, par rapport au style appliqué par le passé. On a remarqué aussi le même phénomène au niveau de la réassurance. Nous avons finalement aussi décidé de recourir à un courtier, car nous jugeons que la valeur d’une relation n’est plus la même et qu’il faut devenir plus dur dans la gestion de ses partenariats. Ce n’est pas dans ma mentalité, mais c’est un constat. Nous avons évidemment dans nos équipes des gens pour tous les rôles qu’il faut, ce qui ne nous empêche évidemment pas d’appliquer les bonnes manières. Mais un comportement de gentleman, qui se base sur une parole donnée, a aujourd’hui une valeur qui peut paraître moindre. Je ne veux pas être trop affirmatif, car je me limite à certaines expériences, mais j’ai l’impression que le monde des affaires est plus dur. Si ce n’est pas écrit ou ce n’est pas signé, ça n’a pas de valeur. Les bonnes manières n’existent plus. Quel regard portez-vous, justement, sur la crise actuelle ? « Nous vivons une période historique, en ce sens que personne ne voit très bien comment le monde va se transformer. Il s’est déjà beaucoup transformé, au niveau des valeurs, vers plus d’individualisme ou d’égoïsme, avec, dans le même temps, une exigence de solidarité : on s’attend à ce que l’État providence soit là pour nous aider à faire face à toutes les situations. Je ne parle pas de détresse, mais de conserver le niveau de confort et de vie qui est le nôtre aujourd’hui. Mais nous restons méfiants et jaloux par rapport à tous les efforts demandés. J’avais l’espoir que nous reviendrions vers une certaine éthique, des valeurs de citoyenneté et de morale un peu plus traditionnelles. Je ne l’ai pas vraiment constaté ces dernières années. J’espère quand même qu’à moyen terme, nous reviendrons à ce qui est raisonnable et nous ferons en sorte que le premier objectif dans la vie ne soit plus d’être riche, mais d’être heureux. »

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Lalux à Leudelange

Chic et pas cher Jean-Michel Gaudron (texte), Andrés Lejona (photos)

En choisissant de s’établir à la périphérie de la capitale, la compagnie d’assurance a trouvé un compromis entre l’intérêt économique d’un site encore bon marché et la possibilité d’y développer un bâtiment de qualité pour les employés.

Établie à Luxembourg-ville depuis sa création, en 1920, La Luxembourgeoise vient de tourner une page de son histoire en quittant la capitale pour poser ses valises à Leudelange. Un choix qui ne s’est, en rien, décidé sur un coup de tête, et dont les racines remontent au années 90. À cette époque-là, déjà, la société se sentait à l’étroit dans ses bâtiments du Centre Hamilius au boulevard Royal. Un immeuble qui, plus le temps avançait, répondait de moins en moins aux standards d’un immeuble de bureaux moderne. « Pour rénover et nous donner un maximum de flexibilité, et ne serait-ce que pour climatiser, nous aurions dû quitter les lieux afin de réaliser une rénovation en profondeur. Des spécialistes en immobilier nous ont même dit que cela nous reviendrait plus cher que de démolir et de reconstruire à neuf », indique Pit Hentgen, président-directeur général de Lalux. Encore fallait-il trouver deux solutions à la problématique ainsi posée : comment vendre un immeuble qui n’est plus au goût du jour et où aller ensuite ? Dès la fin des années 90, La Luxembourgeoise a procédé à un screening dans un périmètre de 10-15 km autour de la ville, pour voir ce qu’il y avait comme espaces disponibles, sachant que l’option Kirchberg fut rapidement abandonnée. « Dans le secteur des assurances, le prestige joue moins que pour le secteur bancaire et le terrain y était extrêmement cher par rapport à l’utilité que nous attachions à l’emplacement », tranche M. Hentgen.

Une image à rajeunir En ce temps-là, la zone Am Bann de Leudelange n’était encore qu’une vaste étendue verte qui commençait à peine à caresser l’ambition de devenir la zone d’activités à succès que l’on sait. Toutes les autorisations n’étaient pas encore disponibles et les infrastructures pas encore commencées. Mais le site est géographiquement intéressant, que ce soit pour les employés et les clients, et La Luxembourgeoise se lance en procédant à l’acquisition d’un terrain de presque 1,5 ha. « Nous disposions ainsi d’une solution de repli, mais aucune décision n’avait encore été prise. » La décision ? Elle sera initiée par la Ville de Luxembourg, elle-même, qui décide de racheter l’ensemble des bâtiments de l’îlot Hamilius pour lancer un vaste projet immobilier de construction d’un centre commercial. Une aubaine, alors que la perspective d’une vente immobilière

« dans de bonnes conditions » était loin d’être garantie au gré des différentes crises qui ont secoué l’économie. « Dans le même temps, indique M. Hentgen, la Commune de Leudelange nous a rendus attentifs aux discussions qu’il y avait dans le contexte IVL (Integratives Verkehrs-und Landesentwicklungskonzept, concept intégré des transports et du développement spatial, nldr.) et d’aménagement du territoire, en nous expliquant que nous courions un certain risque à voir les règles du jeu modifiées. Il y avait donc une certaine urgence pour réaliser un projet permettant une valorisation maximale de notre terrain. » La concomitance de ces deux facteurs a alors décidé La Luxembourgeoise à céder ses deux immeubles en ville, sans rester en aucune façon impliquée dans le projet de réaménagement urbain développé autour du site Hamilius, et à lancer la construction d’un nouvel immeuble sur le terrain de Leudelange, pour en faire son nouveau siège social. Au terme d’un concours d’architectes, c’est finalement l’Atelier d’Architecture Jim Clemes qui a été retenu pour sa réalisation. Et quitte à procéder à un changement aussi important, autant en profiter pour revoir l’ensemble de l’image de la société et envisager aussi un nouveau branding. « Mon prédécesseur m’a dit, à l’occasion d’une visite de cet immeuble, que nous allions entrer dans une nouvelle ère, puisque nous quittions la ville après presque 100 ans d’existence, résume Pit Hentgen. On peut dire que le changement est important ! Nous avons énormément travaillé les dernières années sur nos produits et services, ainsi que sur notre façon de communiquer. Nous avons moins parlé de l’image et de la notoriété de La Luxembourgeoise, mais davantage orienté nos messages vers les produits, ciblant plutôt les jeunes et la tranche d’âge moyen. Malgré tout, des sondages réalisés avec l’Ilres ont montré que l’on nous associait toujours des valeurs de tradition, de savoir-faire et de solidité, ce qui est très bien, mais que cela se prolongeait vers une image un peu vieillissante. La perception de notre image était donc différente de ce que nous souhaitions. » Les différentes agences de communication consultées ont été unanimes sur la question : il fallait raccourcir le logo de la société en « Lalux », sans pour autant remettre en cause la raison sociale de la société. « Ce choix n’est évidemment pas simple à faire, car il ne faut pas se tromper, mais dans la mesure où tous ces professionnels de la communication étaient, chacun de leur côté, du même avis, cela était tout de même significatif. »

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« Dans ces locaux, nous disposons  d’une plus grande flexibilité  et d’une communication facilitée  par rapport à ce que nous avions en ville » Pit Hentgen

Cette décision a été d’autant plus facile à assimiler que les différents partenaires de La Luxembourgeoise, à commencer par son actionnaire de référence, la BCEE, avaient déjà pour habitude d’utiliser ce diminutif dans divers documents écrits. « Cette appellation était donc déjà en vigueur au niveau professionnel. Nous n’avons finalement fait que la formaliser pour l’utiliser de façon systématique. » Nouveau nom, nouveau logo et aussi nouvelle couleur, même si c’est un peu moins perceptible, la couleur orange ayant été légèrement modifiée. « Au final, ce fut un processus intense de réflexion sur nos valeurs, nos ambitions… »

Le choix architectural du nouveau bâtiment s’est, évidemment, inscrit dans ce même élan de changement. « L’architecte aussi nous a posé la question de savoir si nous changions d’immeuble uniquement pour déménager, ou bien si nous changions aussi notre façon de travailler. Dans ces nouveaux locaux, nous disposons d’une plus grande flexibilité, une communication fortement facilitée par rapport à l’immeuble plus cloisonné que nous avions en ville. Compte tenu de la beauté architecturale de cet immeuble, nous allons très certainement aussi attirer des gens de bonne qualité à l’avenir, intéressés } 100 à venir travailler chez nous. »

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« Nous n’avons pas fait du luxe,  financièrement parlant, mais nous avons un très beau résultat » Pit Hentgen

Leudelange

« On se sent chez nous »

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Adieu Luxembourg-ville, donc, et bonjour Leudelange. En cet automne 2011, le déménagement a été rondement mené, les bâtiments du centre-ville devant être vidés pour le 31 décembre. Bien sûr, la Ville de Luxembourg n’aurait pas vu d’un mauvais œil de pouvoir conserver sur son territoire une entreprise aussi symbolique du tissu économique national. Elle était même prête à accompagner la société dans la recherche de terrains et de locaux. « Mais nous avons pensé qu’il était mieux de faire du sur-mesure et d’envisager une nouvelle construction. » Du coup, à la place d’un immeuble étroit et tout en hauteur, comme au boulevard Royal, La Luxembourgeoise se retrouve avec un vaste complexe de cinq bâtiments (dont trois occupés en nom propre et deux autres sous-loués) de trois étages, reliés entre eux par un système de passerelles. « Je trouve personnellement intéressant d’avoir un immeuble qui n’est pas très haut, mais qui occupe beaucoup de terrain. Les chemins sont certes un peu plus longs, puisqu’on ne prend plus l’ascenseur. Mais d’un autre côté, on a automatiquement des cours intérieures et des alentours que nous n’avions pas en ville. Sur notre ancien site, nous sortions directement sur le trottoir du boule-

vard Royal, au niveau d’un arrêt de bus. Ici, on a de la verdure et la qualité de l’architecture est soulignée et renforcée par un aménagement très fin et très adapté à l’immeuble. »

100 millions d’investissement

Le hasard a parfois des clins d’œil amusants. Lorsqu’en 2000, les dirigeants de La Luxembourgeoise se sont rendus chez le notaire, pour y acter l’achat de leur terrain de 1,5 ha à Leudelange, ils y ont croisé, dans les couloirs, ceux du Foyer venant y faire de même avec un terrain presque deux fois plus grand. C’est ainsi qu’aujourd’hui, les deux géants luxembourgeois de l’assurance se retrouvent à quelques centaines de mètres de distance, à vol d’oiseau. Pour La Luxembourgeoise, ce déménagement est presque un retour aux sources. « Les actionnaires qui ont créé La Luxembourgeoise étaient pour la moitié issus de la région d’ici, du ban de la Mess et du ban de Roeser, dans une ceinture de 10 km commençant à Dippach et allant jusqu’à Weiler-la-Tour, rappelle Pit Hentgen. Tous appartenaient aux milieux politiques, mais venant de familles agricoles liées à la terre. À la limite, dans les toutes premières années d’existence de la société, on peut presque nous assimiler à une coopérative du milieu agricole plus qu’à une société d’assurance. On se sent chez nous. » Le site, qui a représenté un investissement global de quelque 100 millions d’euros, est composé de cinq bâtiments comme autant de doigts ouverts sur la nature en direction du village de Leudelange. Trois de ces bâtiments sont occupés par la Luxembourgeoise, les deux autres sont loués, notamment à des sociétés du groupe (Pecoma, Aprobat, DKV). L’ensemble de ces immeubles est relié aux habitations par un chemin qui traverse de grandes étendues de verdure. « Les gens qui veulent se promener pourront très bien emprunter ce chemin. Au-devant de nos bâtiments, il y aura des œuvres d’art qui seront parfaitement visibles depuis l’extérieur. Nous allons vraiment enrichir le paysage local. » J.-M. G.

Évidemment, la raison économique n’est pas à négliger, car les terrains à Leudelange sont largement plus abordables qu’en ville. « Nous avons payé environ 20.000 euros l’are. Au Kirchberg ou à Gasperich, cela nous aurait coûté 200.000 euros l’are… » Inutile d’en rajouter… D’autant plus qu’avec un niveau de loyers tournant autour de 21-23 euros du m2 (alors que dans certains quartiers de Luxembourg-ville, certaines sociétés paient parfois plus de 45 euros), le rendement de l’immeuble atteint entre 5,5 et 6 %. « Nous n’avons pas fait du luxe, financièrement parlant, mais nous avons un très beau résultat. » Le tout pour un investissement de quelque 100 millions d’euros, en (petite) partie couvert par la cession du site Hamilius } 102 pour 35 millions.

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découvrez

une nouvelle

région


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« Nous avons payé environ 20.000 euros l’are.  Au Kirchberg ou à Gasperich, cela nous aurait coûté 200.000 euros l’are » Pit Hentgen

Statuts

Capitaux propres renforcés

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Et comme, globalement, le personnel de Lalux a plutôt positivement perçu ce changement radical de décor, l’ensemble du projet est considéré comme une réussite par le président-directeur général du groupe. Avec un calcul, certes empirique, mais qui donne une certaine tendance : le chemin total parcouru par l’ensemble des collaborateurs pour se rendre sur leur lieu de travail a diminué de quelque 10 % avec cette relocalisation vers Leudelange. « Il y a bien sûr des regrets de ne plus pouvoir aller se promener en ville sur la pause de midi, quand il fait beau. Moi-même, je vais aussi le regretter. Mais quand on regarde l’immeuble étroit, sombre et bruyant que nous avions, nous avons beaucoup gagné avec un nouveau site confortable qui offre un grand nombre de facilités. Le fait, ici, que l’immeuble soit ouvert et lumineux fait que les gens se sentent subjectivement mieux, rien qu’en y étant ! Les problèmes de chauffage en hiver ou de climatisation en été, l’humidité ou encore le bruit que nous avions avant sont autant de facteurs qui influent

sur le stress au travail. » Ensuite, au-delà de ces aspects techniques, la société a souhaité développer une offre de services liés à l’infrastructure, qui lui permet de compenser tout ce qu’elle n’est plus capable d’offrir en n’étant plus localisée en plein centre-ville. Ont ainsi été établis un restaurant, un espace de détente, une salle de fitness, mais aussi une crèche. « Cela nous apporte une réelle crédibilité au niveau du soutien que nous apportons aux femmes pour leur permettre de continuer à travailler dans de bonnes conditions après une maternité. » À cela s’ajoute un coin brasserie, avec une sorte de petite terrasse intérieure, qui répond au besoin qui existait en ville, de prendre un café avant d’aller au travail le matin ou après la pause de midi. « Cet espace est très bien accueilli et nous y trouvons beaucoup de monde qui s’y côtoie le matin. Tout cela va contribuer à la construction d’un réel climat de communication qui sera grandement amélioré par rapport à l’ancien immeuble. »

Les statuts originels de La Luxembourgeoise n’ayant pas prévu le déménagement du siège social à l’extérieur de Luxembourg-ville, il a fallu une assemblée générale extraordinaire pour modifier lesdits statuts. Ce fut fait le 6 mai dernier, avec effet au 1er janvier 2012. « Nous n’étions alors pas encore certains de la date du déménagement, explique Pit Hentgen. Personnellement, je l’étais, mais mon père moins. Nous avons tout de même su tenir la date prévue. » Ce ne fut pas la seule décision prise lors de cette AG. À l’ordre du jour de cette réunion, présidée par Robert Hentgen, le père de Pit, figurait également le changement de dénomination de la société anonyme La Luxembourgeoise (la structure faîtière du groupe), rebaptisée Compagnie Financière La Luxembourgeoise, ainsi qu’une augmentation de capital par incorporation de 60 millions d’euros de réserves, portant les moyens propres du groupe à 100 millions d’euros. « Cela prouve la force du J.-M. G. groupe », note M. Hentgen.

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la Lorraine... Cosmopolite et transfrontalière, la Lorraine n’en finit pas de nous surprendre.

Loin, très loin de l’image d’antan…

Devenue symbole de la déconcentration culturelle avec lʼarrivée du Centre Pompidou-Metz en mai 2010, la Lorraine continue sa métamorphose, saisissant toutes les opportunités ; à commencer par sa position géographique. Véritable fenêtre ouverte sur l’Europe, elle n’a pas attendu de prendre en janvier 2010 et pour une durée de 2 ans, la présidence de la Grande Région (territoire transfrontalier constitué de la Lorraine, du Luxembourg, de la Sarre, de la RhénaniePalatinat, de la Wallonie, et de la Communauté française et germanophone de Belgique) pour vivre et travailler avec ses proches voisins. En effet, chaque jour près de 100 000 Lorrains passent une des trois frontières du territoire. Parmi eux, 80 000 travailleurs frontaliers gagnent le Luxembourg… De son côté, la Lorraine n’est pas en reste et voit les touristes frontaliers affluer, aussi bien sur les pistes vosgiennes que dans le tout récent complexe Center-Parcs. Une situation de fait, constituée d’échanges et d’initiatives, qu’il était temps d’organiser, de mettre en réseau. Ainsi est né le projet de construction d’une Région métropolitaine polycentrique transfrontalière. Une expression un peu technocratique de prime abord mais qui trouve pourtant des applications très concrètes, faisant de la Lorraine, un véritable laboratoire d’idées au service de la construction d’une « euro région ». Ainsi, en misant sur l’innovation, sur sa jeunesse et sur l’adéquation besoins/spécificités des territoires, la Lorraine entend bien développer une économie forte, une économie du XXIème siècle fondée sur une croissance intelligente, durable et inclusive. En fédérant et en laissant la place à chacun, grandes agglomérations comme espaces ruraux, la Lorraine donne le ton du renouveau en se lançant dans la construction dʼune petite Europe au cœur de la Grande.

( www.lorraine.eu

...une Grande Région


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Leudelange

Un Eldorado qui les méduse

har-

Alain Ducat (texte), Luc Deflorenne (photo)

Entre Luxembourg et Esch, la commune périphérique est stratégique et ses zones d’activité attirent des enseignes nationales phares. Au-delà des espaces conquis, reste à bouger et à gérer le trafic. Luxembourg à sept kilomètres. Esch-sur-Alzette à une dizaine. Leudelange a tout de la commune à la fois périphérique de la capitale nationale et stratégique dans l’ouverture vers la capitale du Sud. Entre ces deux pôles majeurs, Leudelange fait aimant, depuis des années, pour une vague d’investissements et d’entreprises les plus diverses. Elle attire et elle est l’attraction. Avec ses atouts, la modeste entité est devenue, mine de rien, un filon pour les chercheurs d’espace, au pays où le prix d’un terrain peut faire figure d’étalon or. Et depuis les pionniers de cette quête, arrivés il y a plus de 35 ans, la commune perçoit aussi les bénéfices des implantations multiples qui ont fait d’elle une « boomtown ». Il suffit de traverser le territoire communal, et surtout d’aviser les trois grandes zones d’activité qui en assurent la prospérité. Grasbësch, Poudrerie et, surtout, Am Bann regorgent de bâtiments industriels, administratifs, commerciaux, arborant les enseignes qui brillent dans l’économie nationale et, pour la plupart, en sont d’ailleurs des fleurons bien luxembourgeois. Et ce n’est pas fini. Lalux a rejoint le Foyer, Raiffeisen construit, la Loterie Nationale se déploie, des projets variés arrivent… Leudelange, un nouvel Eldorado ? La formule fait sourire Rob Roemen, le bourgmestre réélu qui attaque son troisième tour de piste à l’hôtel de ville. « Tout cela avait commencé bien avant moi, admet-il volontiers. Au Gras-

bësch, les premières grosses implantations remontent au milieu des années 1970. » La Provençale, ses bureaux, ses entrepôts et ses halles, font bloc. Et l’entreprise pionnière s’y agrandit encore, personnifiant la success story, série en cours.

Ne pas laisser la circulation en plan Leudelange et ses zones font le plein : alors que la commune compte environ 2.300 habitants, « elle n’est pas loin de compter trois fois plus d’emplois », calcule Rob Roemen. De fait, une fois l’installation de Raiffeisen (avec des bâtiments rutilants pour accueillir jusqu’à 350 collaborateurs) accomplie, dans les deux ans, la commune – sauf épiphénomène catastrophique ou déclin subit – aura dépassé les 7.000 emplois. Les raisons de ce succès sont plurielles. « Notre localisation est importante dans les choix des entreprises, d’autant que nous sommes sur un nœud de voies de communication », note le bourgmestre. Les autoroutes, avec deux sorties sur la commune et deux échangeurs vitaux – les Croix de Cessange et Gasperich – à portée de roue, le rail, tout contribue à désenclaver ce qui n’était jadis qu’un village.

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Photo : Laurent Antonelli / Blitz

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Il y aura bientôt trois fois plus d’emplois sur les zones de Leudelange (ici Am Bann) que d’habitants dans la commune.

Pourtant, la mobilité est sans doute le souci numéro un qu’il va falloir résoudre, vite. « Nous sommes dans la logique du DICI (développement intercommunal coordonné et interactif, ndlr.) autour de la capitale. Il faut appliquer un règlement de stationnement et réduire le trafic. La situation actuelle est problématique, pour les usagers des zones d’activité, où cela engorge. Et toutes les entreprises nous en parlent. Pour les habitants aussi, qui voient la localité traversée par des centaines de véhicules, lourds et légers, dans les deux sens. » Plus de 80 % des véhicules transitent en effet par l’agglomération… On l’a compris, la mobilité est et sera un chantier prioritaire, pour Leudelange, avec le ministère, avec les administrations… « Les réunions sont fréquentes et on a l’appui du ministre Wiseler, souligne Rob Roemen. Depuis six ans, on travaille sur des solutions de circulation. » L’éclaircie attendue peut venir d’un plan global, mis sur le métier par le bureau d’études Schroeder et Associés, et sur lequel le nouveau conseil communal de Leudelange aura à se prononcer, peut-être encore fin de cette année. Les axes de travail sont clairs : un accroissement de l’offre de transports publics, notamment favorisée par des bus roulant sur les couloirs prioritaires, via l’autoroute et la charnière Kockelscheuer – Cloche d’Or – Leudelange – Esch ; de nouveaux espaces de délestage périphérique, en particulier un P+R à côté de l’ancien château d’eau ; une fluidification du trafic, notamment grâce à un nouvel accès donnant sur la route de Cessange, voire une suppression du rond-point « Steinhäuser », entre la Poudrerie et Am Bann, pour revenir à un système de carrefour régulé par des feux, trancher la circulation en blocs, éviter l’engorgement dans le giratoire aux heures de pointe… et limiter les risques de camions finissant sur le flanc. Le mot qui revient aussi, surtout chez les Leudelangeois, c’est « contournement ». « C’est prévu par les Ponts et Chaussées, note Rob Roemen. Le tracé éviterait le transit par la localité et contribuerait à améliorer sécurité et fluidité », plaide-t-il. Il faudra voir les besoins et les possibilités, en regard des délais… et des budgets, de l’État et de la commune, appelés à se partager les coûts, sur les routes nationales et les nouvelles voies d’une part, sur les aménagements dans les zones d’autre part.

En tout cas, la volonté commune existe et le souhait est partagé. Les entreprises qui ont choisi les sites locaux s’en félicitent. « Nos attentes stratégiques sont pleinement rencontrées, note Patrick Mergen, directeur administratif de CK-Group-Charles Kieffer, entreprise installée dans la zone Am Bann. Avec les accès et la proximité de la ville et d’Esch, pour nos techniciens et commerciaux, c’est très central. Par contre, aujourd’hui, l’infrastructure urbaine n’est plus adaptée à la population actuelle de la zone. Des débats à ce sujet sont en cours et nous espérons une solution rapide. » Le son de cloche est le même un peu partout sur les zones. Qui n’ont rien perdu de leur attractivité pour autant et où les investissements, pour la plupart programmés depuis des années, continuent à se réaliser.

Esprit d’entreprise, architecture et environnement Un argument continue à peser : il y avait de l’espace disponible et à des prix en rien comparables à ceux de la ville voisine. « Des privés ont été visionnaires dans les années 1970 et 80, observe le bourgmestre. Ils avaient des terrains, ils ont rassemblé tout ça pour créer de vastes espaces à valoriser. Les prix n’ont grimpé que depuis une douzaine d’années. Certains ont fait de bonnes affaires… » L’esprit d’entreprise a fait le reste. Au Grasbësch, il y avait une menuiserie dans le temps. Des projets privés ont émergé au fil des ans, comme celui des transports Arthur Welter, permis par une initiative familiale et l’union de quatre propriétaires privés qui ont fait naître Am Bann, autorisée en son temps par le ministre Michel Wolter. La zone, créée dans le cadre de l’approbation du plan d’aménagement général (PAG) en 1974, n’a décollé qu’à partir de 1996 avec l’implantation des premières entreprises. Leudelange rassemble d’ailleurs, à bien y regarder, une grande majorité d’entreprises aux origines très ancrées au Luxembourg, et qui continuent à prospérer, à s’étendre parfois. À l’image de Giorgetti ou de CDC par exemple. Pas étonnant donc de voir, à la fois parce qu’elles avaient besoin } 106

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« Presque tout est vendu  et autorisé. Mais les entreprises  souhaitent une évolution  de la situation actuelle, pour  faciliter la mobilité de tous » Rob Roemen (bourgmestre de Leudelange)

Logements

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{ d’air pour grandir et parce qu’elles avaient acheté au

bon moment, des fleurons comme Foyer ou désormais Lalux, garnir la vitrine. Cela dit, même ING a un grand projet sur le secteur, mettant une touche d’orange international dans un tableau plutôt national. À ce propos, la Loterie Nationale fait partie des prochains heureux propriétaires sur Leudelange. « C’est l’Œuvre nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte qui a acquis le terrain, de 42 ares, en 2010. Et le nouveau bâtiment sera occupé par l’Œuvre et par la Loterie », précise Léon Losch, directeur de la Loterie. À côté d’environ 70 emplacements de parking, le bâtiment en cours de construction (la fin des travaux est prévue d’ici quelques semaines) totalisera une superficie de 4.500 m2 nets répartis sur six niveaux. Il sera notamment doté d’un amphithéâtre pour assurer les formations, d’une salle polyvalente avec une capacité d’accueil de quelque 100 personnes pour des événements… La Loterie a voulu du fonctionnel et du durable, avec un accent nettement mis sur la performance énergétique. « L’immeuble se retrouvera à la pointe du progrès et sera dans la classe énergétique B », ajoute M. Losch. C’est là, aussi, une autre facette de la vitrine leudelangeoise : les nouveaux arrivants rivalisent d’astuces architecturales et de conception inscrites dans l’environnement. Ce souci se retrouve, entre autres, dans les bâtiments de Lalux. Ou encore chez Raiffeisen. La banque luxembourgeoise investit 60 millions d’euros dans l’implantation de son siège Am Bann, plus de 11.000 m2 qui doivent s’ouvrir d’ici la fin de l’année 2013. « Ce n’est pas seulement la recherche d’une meilleure efficience qui est à l’origine de cette construction », a exprimé Guy Hoffmann, président du comité de direction de l’institution lors de la pose de la pre-

mière pierre, il y a quelques semaines. « Des considérations pratiques ont également joué un rôle fondamental. Car, parallèlement à la forte croissance des affaires, le nombre de collaborateurs de la banque a également augmenté de plus de 20 % au cours des cinq dernières années. »

Une vitrine, services compris Besoins de perspective, d’espace, de proximité, d’ouverture, de locaux durables et séduisants, font, ici encore, partie de l’arsenal stratégique mis en avant. La banque y ajoute une agence, une touche de service. Le secteur s’en trouve amélioré. Une amélioration qui s’accompagne d’infrastructures adaptées. La moindre d’entre elles n’est pas le ultra haut débit. Leudelange a été la première commune du pays à disposer d’un réseau de connexion 100 % fibre optique, permettant des vitesses de 100 Mbits / seconde. « On y tenait, à cette première », observe Rob Roemen. Développement communal, stratégie nationale, synergies, investissements et esprit d’entreprise, font décidément bon ménage à Leudelange. De quoi prolonger cette étonnante success story ? « Presque tout est vendu et autorisé, tempère le bourgmestre. Il reste encore quelques coins, pour des PME, des installations artisanales et quelques projets. Mais on arrive au bout des capacités. Et on est à saturation au niveau du trafic. La priorité est à résoudre ces problèmes de mobilité. » C’est le prix à payer pour que les entreprises, comme la population médusée par un tel développement, restent dans le filon de séduction des lieux.

Habiter sur place aussi Le nombre d’habitants, c’est un enjeu pour la petite commune en périphérie de la capitale, qui reste loin sous la mythique barre des 3.000 âmes. Loin ? Pas pour longtemps. « L’accroissement de l’offre de logements est une de nos priorités, opine le bourgmestre Rob Roemen. Nous devons donner la possibilité aux personnes qui travaillent dans nos zones d’activité d’habiter près de leur lieu de travail ou de pouvoir s’y rendre sans voiture personnelle. On insiste sur l’amélioration de la mobilité. On doit aussi proposer du logement. » Chantier en cours, puisque, sans renier la vocation agricole initiale, Leudelange joue l’élargissement du périmètre constructible, conforme au plan IVL (Integratives Verkehrs-und Landesent­ wicklungskonzept) et à ce titre validé par les autorités nationales. Dans ce cadre prédéfini, un projet majeur, porté par un promoteur privé, prévoit de 300 à 600 logements, en plusieurs phases, sur un lotissement stratégiquement implanté près de la gare. D’autres pistes, entre privés et intervention du Fonds du logement, se concrétisent : un lotissement d’une quarantaine d’habitations et, dans le centre, de quoi loger une centaine de nouveaux habitants. « L’objectif des 3.000 habitants sera vite atteint, conclut le bourgmestre. Il paraît que c’est un seuil en dessous duquel on ne peut fonctionner. On pourra donc le faire… » A. D.

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Outsiders Post-scriptum

Alain Ducat

Être ou ne pas être en ville, telle n’est sans doute plus la question. Pour une entreprise, le choix de s’installer ou de s’étendre se retrouve lié à tellement de critères, au-delà de la localisation pure, que des communes limitrophes peuvent parfaitement tirer leur épingle du jeu. Un jeu qui consiste à attirer de la valeur – mesurable par l’image et par les revenus de taxes notamment - et des emplois sur son sol. Pour y parvenir, il faut du temps, parfois, et une certaine vision, souvent. Il ne faut donc pas nécessairement être le plus important ou le plus grand pour devenir le meilleur. Ceci n’est qu’une paraphrase d’une des réflexions livrées par le président-directeur général de La Luxembourgeoise (désormais, Lalux), Pit Hentgen. Et elle s’applique autant à la compagnie d’assurance – qui n’est pas la plus glamour sur un plan international mais a su devenir incontournable dans son pays – qu’au lieu où celle-ci a choisi d’installer ses pénates, en tournant la page d’une histoire très liée au cœur de la capitale. Leudelange, coincée entre les deux villes phares – importantes, voire rivales –, Luxembourg et Esch, s’est fait un nom. Ce bout de pays rural et quelques propriétaires terriens ont eu le nez fin en misant sur des surfaces rassemblées pour former de vastes zones propices au développement. Leudelange ne sera jamais une ville – même si le fameux cap des 3.000 habitants est au bout de lotissements à venir –, mais ce village a conquis du monde. Un terrain jusqu’à 10 fois moins cher, il fallait au moins ça pour que de grands patrons luxembourgeois renoncent à leur fidélité envers les charmes de la ville. Sortir de l’enceinte ne faisait-il pas, aussi, courir le risque d’une relative perte de prestige ? Il fallait trouver d’autres attraits à la délocalisation. Et

réfléchir à ce que l’on est avant de savoir où l’on veut aller. Le Kirchberg est un plateau au sommet parfait pour de gros porteurs de l’économie globalisée inscrits dans une idée du développement européen. Mais une zone artisanale en bord d’autoroute pouvait devenir un écrin, servi sur un plateau d’argent et adapté à des pépites de l’entreprise nationale. Avec, en plus, une liberté architecturale et urbanistique, pour créer des espaces sur mesure, des bâtiments à l’image de leurs propriétaires et des lieux emblématiques d’une volonté durable, ce genre d’atouts peut faire d’un outsider un candidat très « in ». Mais si un statut se conquiert, il se maintient parfois de haute lutte. Car parmi les déjà anciens investisseurs de Leudelange, le ras-le-bol vrombit comme des moteurs en surrégime à l’heure de pointe. À l’instar de leurs confrères de Lalux, les gens du Groupe Foyer ont gagné la zone Am Bann. Terrain acquis en 1999, bâtiment fonctionnel finalisé au printemps 2006, emménagement médiatique, raisons stratégiques (regroupement sur un seul site, facilités d’accès, proximité des deux pôles économico-urbains, terrain permettant des extensions…) et projets d’avenir. Mais les choses ont changé en cinq ans. « La zone n’est plus adaptée au flux routier extrêmement important », témoigne Benoît Dourte, DRH du Foyer. Symbolique : il y a deux voies d’entrée, une seule pour la sortie. Et vu le contexte, on peut craindre, comme ce responsable qui n’est d’ailleurs pas le seul à penser ainsi, que « des sociétés fuient la zone pour des localisations mieux adaptées, plus accessibles et leur permettant un développement dans de bonnes conditions. » À Leudelange, comme ailleurs, les décisions politiques et administratives pourront trouver les solutions. Il y a quand même une certaine urgence. Après tout, derrière chaque favori, il y a toujours un outsider qui ne demande qu’à jouer le coup.

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e.lu

hom t a s u t c a c . www

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110

Index décideurs 173 personnalités ont été citées sur les 116 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

A

Agnes Anouk Ait Kaddi Rachid Alioua Audrey Arendt Claudine Arendt David

48 84 83 16 54

B

Bataineh Sufian 44 Baudet Philippe 28 Bausch François 14, 26, 76 Bechet Vincent 20, 50 Becker Norbert 24 Beissel Simone 76 Bento Vitor 40 Bergmann Kai-Uwe 20 Berna-Ost Daniele 83 Bertin Benoît 71 Berwick Alain 84 Bettel Xavier 74, 83, 84 Bintz Jean-Claude 26, 28, 50 Bleser Gabriel 68 Bodry Alex 20 Bouvier Yves 56 Braccioni Patrizio 72 Brachmond Michel 76 Braz Felix 38 Bruneton  Philippe 90 Burman Keith 18

B

Cassone Vito Castegnaro Guy Chevion Dror Chioti Anna Conter Norbert Crépin Jean-Marc

54 84 16 56 84 54

f

Feipel Gilles 98 Felles Denis 83 Ferro-Ruckert Pierrette 68 Fisch Jean-Luc 16, 83 Fradkoff Serge 18 Frieden Luc 16, 76 Fritsch Monique 74

g

Gaessler Rachel 80 Garskamp Annemieke 77 Gaudron Jean-Michel 54 Giorgetti Cathy 34 Grand-duc Henri 38 Grand-duc héritier Guillaume 34, 64 Grimbrandt Jan 24, 66

h

Haagen Claude 44 Hansen Josée 74 Hansen Marc 48 Heintz Guy 44 Heinzmann Christian 84 Helminger Paul 28, 77 Hentgen Pit 56, 76, 79 Hentgen Robert 72, 83 Henzig Luc 76 Heron Conrad 68 Hochmuth Bob 14 Hoeltgen Thierry 54 Hoffmann Yves 40 Houwen Marco 50, 74

i

Istace Vinciane

d

d’Ursel Hubert 86 Dayan Isaak 16 de Lamaze Edouard 76 de Waha Patric 25, 75 Decrausaz Alain 54 Deibener Gabriel 66, 68 Della Siega-Vannier Céline 86 Dennewald Robert 54, 83 Dethier Brigitte 24 Diallo Yacine 66 Diederich Jean 44 Dumont Julien 54

e

Ehrmann Thierry

93

l

Lam Maurice Lanners Daniel Ledig Sébastien Lefèvre Nicolas Losch Léon Loschetter Viviane Luchetta Patrizia Lux Lucien Lux Philippe

m

Macias Enrico Maréchal Olivier Mart Colette Mascherin Miriam Maus Michael Mausen Frank Meisch Claude Mergen Patrick Mersch Yves Mittal Aditya Mittal Lakshmi Moayed Vafa Moncapjuzan Pascal Morain Eric Mouget Didier

n

Na Shi Nepper Jean-Pascal Neuen Fred Nilles Charles

p  62

j

Jacobs Marie-Josée 66 Jaspers Susanne 16 Aghina Joseph Jean 20 Joachim Simone 66 Juncker Jean-Claude 36, 76 Jungen Tom 83

Peyronnet Jean-Michel Pfister François Phillips Robert Picca Aurélien Pierret Georges Polfer Lydie Prim Gilles Prot Baudoin

q

Quang Vinh Bui

k

Kaes Ali 82 Kapuscinsky Raymond 50 Kent Jim 93 Kersten Patrick 98 Klein Prosper 93 Koedinger Mike 16, 98 Koller Vincent 28 Kox Henri 88 Kox Jo 77 Krecké Jeannot 16, 54, 62 Kremer Christian 56 Kroonen Jean-François 72 Kwai Catherine 84

66 26 16 43 68 18 24 36, 66 64

74 38 62 28 66 42, 56 36 56 16 24 76 18 84 76 84

76 54 54 16

34 84 104 20 88 14 18 66

s

Sagnard Arnaud Sancroft Raymond Santer Jacques Sauvage Mélanie Schank Marco Scharff Christian Scheidecker Katia Schlesser Gilles Schmidt-Bataineh Carole Schmit Danielle Schmit Jean-Claude Schmit Romain Schonckert Laurent Stefanetti Raoul

t

Tamisier Michel Tan Sang Truong Theisen Frédérique Thelen Carlo Toussing Pascale Trent Jeff

28 104 62, 104 20 76 56

u

Urbany Pol

v

Valdieu Eric Van Ruymbeke Renaud Vidale Silvano Vincent Viktor Vivaldi Carlo

w

Weber Robert Willette Randall Winston Harry Wiseler Claude Wolter Michel

z

Zigrand Georges Zwally Roger

25 56 28 83 24 74 84 42 28 77 83 74 76 88

66

84 60 84 54 43

28 84 40 104 84

84 66

54

r

Rathle Fouad 83 Reimann Marianne 24 Reimen Frank 54 Reuter Etienne 20 Rodary Daniel 74 Roemen Rob 44, 83 Rommes Jean-Jacques 48 Roth Gilles 14 Roumieux Michiel 104 Royer Gildas 84

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111

Index entreprises 299 entreprises et organisations ont été citées sur les 116 pages de ce cahier « Économie & Finance ».

A

a+t Architecture 16 Abalone 16 ABBL 48, 74, 84 AB-Lux 74 ACA 93, 98 Administration des Ponts et Chaussées 104 Administration des contributions directes 50 Advanced Biological Laboratories 68 Advantage 77 Aleba 74 Alfi 48, 86 Allen & Overy 44, 48 Aperam 56, 68 Aprobat 93, 98 Apsi 74 ArcelorMittal 25, 36, 56 Area Property Partners 86 Arendt & Medernach 44 Argenta Bank Luxembourg 26 Armée française 36 Art Exchange 54 Artaban 83 Arthur Welter 104 Artprice 54 Association des PSF de support 74 Atelier d’Architecture et de Design Jim Clemes 71 AtHome 38, 53 Atoz 40 Auchan 34 Autosdiffusion Losch 8 Axa Belgique 36 Axa Luxembourg 36

B

Banco Itaú 26 Bank of China 84 Banque de Luxembourg 16, 61 Barreau de Luxembourg 20 BCEE 44, 65, 76, 93, 98 BCEE Asset Management 93, 98 BCL 26, 48, 84, 93, 98 BEI 86 Beijing Poly International Auction 54 BGL 56, 93, 98 BGL BNP Paribas 24 BIG Architects, Copenhague 71 Biomimicry Europa 84 BIP Investment Partners 93, 98 BNP Paribas 24, 36, 56 Bose 23 Boson Energy 56, 72, 76 Bourse de Luxembourg 28, 41, 56 Boursica 54 Brown Brothers Harriman 86 Bundeskartellamt 90 Business Initiative 109

c

Cabinet Sagnard 50 Caceis 26 Cactus 34, 83, 109 Cargolux 54 Castegnaro, Cabinet d’Avocats 24 Caves Bernard Massard 67 CB Richard Ellis 26 CBRE 26 CDC 104 Cenarp 36, 83 Centre d’Investigation et d’Epidémiologie Clinique 68 CGFP 82 Chambre de Commerce 14, 28, 82 Chambre des députés 20 Chambre des Métiers 14, 16 Chambre des Salariés 56 Champ Cargosystems 83 Chemolux 24 Chemolux Mc Bride 25 CHL 68 CHS Devulcanisation 25 City management 20 CK-Group 104 Clifford Chance Luxembourg 84 Codex Events 16 Coligane 68 Comed 56 Comité de conjoncture 26 Comité National d’Ethique de Recherche 68 Commissariat aux assurances 68 Commission de Promotion des Vins 37 Commission européenne 82, 90 Commune de Leudelange 104 Commune de Roeser 24 Commune de Strassen 24 Commune de Wiltz 24 Commune d’Ettelbruck 24 Compagnie de Banque Privée 40 Complix Luxembourg 68 Conseil d’Etat 90 Conseil de la concurrence 90 Conseil supérieur de l’audiovisuel 77 Cora 34 Corenet 79 Cour de Cassation du Luxembourg 74 Cour de Justice de l’UE 74 Cour des Comptes 14 Cour française de Cassation 90 Crédit Agricole 44 CRP Santé 68 CSSF 26, 44, 48, 66, 84 CSV 14, 18, 66 Cushman & Wakefield 24

D

Dananeer 44 Dartalis 83 Datacenter Luxembourg 72 Déi Gréng 14, 20, 26, 68, Delhaize 34 Deloitte 28, 54, 68, 83 Dexia Banque Belgique 36 Dexia BIL 38 Deximmo 36 Diane Heirend & Philippe Schmit Architectes 71 DKV Luxembourg 93, 98 Domaines de Vinsmoselle 85 DP 14, 20, 26, 40, 68

E

Economist Club 14, 16, 90 Editpress 26, 40 Edonys 77 EFA 83 Elite Advisers 54, 74 Empowebo 77 Enovos International 83 Entreprise des P&T 28, 77 EuroCloud Luxembourg 74 Europe Unlimited 25 European Employment Law Association 75 Exit07 76

F

i

ICTLuxembourg Idelux IEE Ifma IFSB IG Market Imprimerie Centrale In Vino Gildas ING ING Luxembourg Integrated BioBank Luxembourg IntegratedPlace Islamic Financial Services Board Ius laboris

j

J.P. Morgan Jaspers-Eyers Jones Lang LaSalle

74 36 84 79 26 73 26, 40 76 104 16 88 28 44 24

54 36 86

n

k

KBL European Private Bankers Kieffer KPMG Luxembourg KPMG Suisse

26 12 42 42

l

Garanti Bank 84 Global Organization for Stress 79 Goeres 6, 7 Gouvernement du Luxembourg 20 Groupe Bolloré 56 Groupe Saint-Paul 25, 40, 93, 98

L’essentiel 40, 56 L’Humanité 40 l’Unio’n 40 La Luxembourgeoise 76, 93, 98 La Provençale 104 La Voix du Luxembourg 25 Lalux 17, 28, 104 Landsbanki Luxembourg 24, 74 LBBW 26 LCGB 25, 66 LCTO 20, 83 Le Jeudi 26, 40 Le Quotidien 40 Lehman Brothers 86 lessentiel.lu 56 Lëtzebuerger Journal 26, 40 Lëtzebuerger Land 40, 54 Lorweb 81 Loterie Nationale 104 Louis Vuitton 116 LSAP 14, 18, 68 Luxair 62 Luxair Group 16 Luxaviation 26 LuxCloud 56, 72 Luxembourg for Finance 48 Luxembourg School of Finance 47 LuxGSM 2 Luxinnovation 25

H

m

FairJets 26 Fastnet 26 Fédération luxembourgeoise des Editeurs 26 Fedil 16, 18 Fedil-ICT 74 Felix Giorgetti 104 FIDH 56 Fine Art Wealth Management 54 Fischer 83 FNR 68 Fokker 62 Fondation de Luxembourg 93, 98 Fondation Pescatore 20 Foyer 93, 98, 104 Fuchs Finance & Associés 57

G

Haut comité de la place financière 93, 98 Henkel 25 Hermès 4, 5

Macarthur Coal Mach-3D Maison Moderne Mc Bride

Media-Place Partners 77 Mercedes 115 Michael Page 47 Michel Desvigne Paysagiste, Paris 71 Ministère de l’Economie et du Commerce extérieur 18, 36, 80 Ministère de l’Intérieur et à la Grande Région 24 Ministère des Affaires étrangères 36 Ministère des Finances 43, 48, 80 Ministère du Tourisme 36 Ministère du Travail et de l’Emploi 66 Moody’s 68 Moreno Architecture & Associés 71 MSCI 86 Mudam 84

25 25 66 24

Natural Le Coultre 54, 74 New Media Lux 77 Niche Guardian 28 Noble & Scheidecker 76 Nomura Bank 83 No-Nail Boxes 36 Numericable Luxembourg 36

o

Obermosel-Zeitung 40 OCDE 50 Œuvre nationale de Secours Grande-Duchesse Charlotte 104 Office du Ducroire 43 Office National du Tourisme 36 Office of Fair Trading 90 OGBL 14, 18, 25, 36, 40 OPF 76 Orange 58, 59 Orange Luxembourg 24

p

PAD Media & Services 28 paperJam 18, 28, 56, 76, 77 paperJam Business Club 14 paperjam.lu 36 paperjam.TV 28, 66 Peabody Energy 25 Pecoma International 93, 98 POG 79 Polaris Architects 71 Ponts et Chaussées 104 Ports francs de Genève 54, 74 ProActif 66 Progena 74 Property Partners 24, 76 Property Partners Belgium 24 Property Partners Group 24 Prupim 86 PwC 16, 25, 74, 76, 84, 88 Pylos Benelux 36

r

Raiffeisen Realcorp Reckinger Regify Région Lorraine Revue Rockhal RTL

104 36 27 25 101, 103 40 83 28

s

Savoirs Partagés 56, 72, 76 SchemelWirtz Architectes 71 Schroeder et Associés 104 SecureIT 83 Service des Médias et des Communications 77 Service Information et Presse 36 SESM 66 Socfinasia 56 Socimmo 26 Sotheby’s 54 Splitart 54 State Street 86 Statec 14, 38, 56, 66, 82 Steinhäuser 104 Sting 72 Sustain 26

t

TAAN 56 TaDaweb 25 Tageblatt 26, 40 Tango 10, 36, 72 Telecom Luxembourg 56, 72, 76 The Art Newspaper 54 Translational Genomics Research 88

u

UniCredit 84 Union commerciale 20 Union européenne 68 Université du Luxembourg 68

v

Verizon 84 Vesalius Biocapital 68 Vidale Gloesener 76 Ville de Luxemboug 16, 20, 24, 26, 68 Ville d’Esch-sur-Alzette 24 Villeroy & Boch 33 Vox 72

w

Wafergen

88

z

Zap 64, 66 Zeitung vum Lëtzebuerger Vollék 40

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112

Tableau de bord Retrouvez, chaque mois, quelques indicateurs clés, témoins de la santé de l’économie luxembourgeoise.

4

4%

3,5

Population

3,8%

76 ,8 7 %

2,7%

Populatione résident

56,8

2010

2,5

2011

511.800 154.000

Population résidente Frontaliers entrants Population « jours ouvrables »

290.500 221.300

Nombre de Luxembourgeois Nombre d'étrangers

665.800

371.000

Emploi intérieur total

Emploi et inflation

26,40%

Nombre s de salbaoruiérgeois lu x e m

Nombre de salariés non luxembourgeois Nombre de salariés luxembourgeois dont : dans le secteur protégé

236.453 100.104 43.045

Place financière

7

6 2, 30 %

43,20%

23,13%

2012

mbre de 0% Noluxembourgeois

Nombrers d'étrange

Frontaliersts entran

3

salariés Nombreuxdeembourgeois non-l

Source : Statec, septembre 2011

Produit intérieur brut

4,0

4.000

17.500

2.300

46.000

2.200

44.000

2.100

42.000

2.000

40.000

3.900

3,5 15.000 3,0

12.500 2,5

10.000

3.600

3.500

Ju in 20 Ju 10 ille t2 Ao 010 Se pt ût 2 em 0 br 10 e O 2 ct 01 o No bre 0 20 ve m 1 Dé bre 0 ce 20 m br 10 e 2 Ja nv 010 ier Fé 20 1 vr ier 1 2 M 011 ar s 20 Av 11 ril 20 M 11 ai 20 Ju 11 in 20 Ju 11 ille t2 0 11 Ao Se pt ût 2 em 01 1 br e 20 11

2,0

3.700

Ju ille t2 Se Ao 010 pt ût em 20 10 b O re 2 ct 01 o No br 0 ve e 2 0 m Dé br 10 ce e 2 0 m br 10 Ja e 20 nv 10 ie Fé r 20 vr 1 ier 1 M 201 ar s 1 2 Av 011 ril 20 M 11 ai 2 Ju 011 in Ju 201 ille 1 t2 Se Ao 011 pt ût em 20 11 b O re 2 ct ob 01 re 1 20 11

Taux d'inflation Taux de chômage Nombre de demandes d'emploi non satisfaites

Actifs nets des OPC luxembourgeois (en milliard d'euros) Nombre d'OPC luxembourgeois Emploi dans les établissements financiers (banques, PSF, sociétés de gestion)

Nombre de faillites (tribunal d'arrondissement de Luxembourg)

62

682

50

701

811

Nouvelles immatriculations de voitures particulières et voitures à usage mixte

3.832

43.778

Autorisations de bâtir (nombre de logements)

394

208

459

Septembre 2010 Janvier-septembre 2010

Total année 2010

Septembre 2010

Janvier-septembre 2010

Avril 2010

Mai 2010

Juin 2010

Septembre 2011 Janvier-septembre 2011

Total année 2011

Septembre 2011

Janvier-septembre 2011

Avril 2011

Mai 2011

Juin 2011

Production industrielle par jour ouvrable (Base 100 en 2005)

89,7

3.923

Production par jour ouvrable dans la construction (Base 100 en 2005)

76,7

117,7

76

112,4

Juillet 2010

Août 2010

Juillet 2011

Août 2011

89,2

701

43.532

305

Balance des paiements des services (en millions d'euros)

63,7

10.872

549

Balance des paiements des biens (en millions d'euros)

-2.226

Juillet 2010

Août 2010

1er semestre 2010

1er semestre 2010

Juillet 2011

Août 2011

1er semestre 2011

1er semestre 2011

62,4

11.991

273

-2.276

Source : Bareau du Luxembourg, Statec

5

Source : Statec, août 2011

6

Source : CSSF, septembre 2011

3.800

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114

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Décembre 2011 | économie & finance

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Dossier Management & stratégie Une crise chasse l’autre… et au milieu, les entreprises doivent savoir éviter les écueils pour survivre. Un exercice complexe qui nécessite un minimum d’organisation… Prochaine édition : 15 décembre 2011 Pour contacter la rédaction: press@paperjam.lu

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paperjam  | Décembre 2011 | économie & finance

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