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Yhabril, objectif lune

YHABRIL

OBJECTIF LUNE

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Texte Mia Pérou Photos Yhabril

Prendre des risques pour immortaliser ce moment magique. Celui à 2000 mètres d'altitude, quand la lune semble mordre l’objectif. Tel est le Graal de Yhabril, éternel perfectionniste et amoureux de la montagne. Qu’il vente, pleuve, neige ou fasse nuit, le photographe de Bilbao se fond sur les versants, planqué derrière son appareil. Un humble artiste, prolongeant ses rêves, boîtiers en mains et baskets aux pieds. “Pour être honnête, je n'aime pas trop parler de mes réalisations et de mon travail. Ce serait donc formidable si vous me présentiez en disant ce que vous pensez de mon travail”. Finalement, après un riche échange, quoi de mieux que de laisser ses mots refléter son travail ? Rencontre.

Peux tu nous parler un peu de toi ?

Je me définis comme chaotique mais méticuleux dans mon travail. "il y a une méthode dans ma folie" au travail... Je ne peux pas concevoir l'expression artistique sans cette dualité, l'une se nourrit de l'autre. En tant que personne, je me considère comme quelqu'un de compliqué, un manuel d'instruction serait nécessaire pour bien me comprendre...

Quels sont les moments-clés de ta carrière ?

J'ai remporté quelques prix internationaux importants, mais je pense que la plus grande réussite d'un photographe est son propre portfolio. Je dirais donc qu’un moment clé fut la création de mon site web remplis d’images dont je suis fier.

Comment as-tu commencé la photographie ?

C’est entré dans ma vie soudainement. Tout a commencé il y a 10 ans, lorsque j'ai créé mon compte Instagram. J'ai commencé à me passionner pour les mentions et les concours en prenant des photos avec mon téléphone, et peu de temps après, un ami m’a passé son appareil photo. Je le remercie encore ! J'ai appris les bases avec. Après j’ai récupéré celui de mon beau-père. En 2015, j’achetais mon reflex. Puis tout s'est enchaîné, comme dans un rêve. Et j’y suis encore plongé à ce jour.

En 2021, tu as écrit dans le livre Redbull Photography ne pas vivre de la photo ; cela a-t-il changé depuis ?

Si être un "professionnel", c'est avoir la photographie comme seule source de revenus, oui, je n’en vivais pas. J’ai reçu quelques revenus de la photo pendant 6 ans avant de gagner le concours. En ce moment, je vis le rêve de travailler uniquement comme photographe et créateur de contenu. En ce sens, je suppose que les prix m'ont aidés.

Plein air, sport, nature, animaux et même surnaturel : quel est ton style ?

La photographie surnaturelle ! J'adore cette définition ! (rires). Plus sérieusement, j’essaye de forger mon propre style. Le plus grand compliment qu'un photographe puisse recevoir est : " l'autre jour, j'ai vu une photo sur Internet et j'ai su que c'était la tienne ". Cela signifie que l'on a réussi à développer un style unique. Je travaille beaucoup sur la lumière. Vous pouvez être très bon dans la composition, la gestion des paramètres, etc, mais si toutes vos photos sont prises à 12h, votre portfolio sera sans relief.

JE ME DÉFINIS COMME CHAOTIQUE MAIS MÉTICULEUX DANS MON TRAVAIL. "IL Y A UNE MÉTHODE DANS MA FOLIE"

LA PHOTOGRAPHIE SURNATURELLE ! J'ADORE CETTE DÉFINITION !

JE N'ACCEPTAIS TOUT SIMPLEMENT PAS CES TRAVAUX : J'AI BESOIN D'ÊTRE 100% LIBRE

Quelles sont tes inspirations ?

Mes propres rêves, la beauté de la nature, la passion pour les sports. Une autre source inépuisable d'inspiration est les réseaux sociaux, ils m'ont aidé à analyser le travail des photographes que j'admire pour "éduquer l'œil". Si vous aimez le travail de quelqu'un, suivez-le sans hésitation, car cela ne peut que vous faire grandir et apprendre. C’est essentiel : si vous pensez que vous savez tout, ce sera votre mort en tant que photographe. Et bien sûr, je suis ravi de voir une fraction de seconde de temps figée pour l'éternité dans l'une de mes photos.

Peux-tu détailler ton processus créatif et ta façon de travailler ?

L'idée d'une photo peut provenir de plusieurs sources, la principale étant la vie quotidienne en montagne et l'exploration du terrain. Il faut insister, être non-conformiste, perfectionniste. Il faut être patient et passer un accord avec la nature en lui donnant le temps dont elle a besoin pour dessiner cette atmosphère que vous rêvez. C’est un travail quotidien, 24/24. Vous ne pouvez pas quantifier les heures qu'il faut pour préparer une photo, elles sont infinies.

Tu travailles également avec des marques : qu'est-ce que cela sinifie pour toi ? Perds-tu une partie de votre liberté artistique?

Aujourd'hui, j’ai la chance d’avoir les marques qui connaissent mon travail, la plupart d'entre elles ont confiance en moi. Mais lorsque vous débutez dans ce domaine, votre liberté artistique est réduite. C'est l'une des raisons pour lesquelles je n'ai pas réussi à vivre de la photographie auparavant, je n'acceptais tout simplement pas ces travaux : j'ai besoin d'être 100% libre.

Qu'est-ce qu'une bonne image ?

Celle qui est différente, qui n'a pas été vue auparavant. Quand l'auteur a réussi à lui donner sa signature (que ce soit dans la composition, la technique photographique ou l'édition). Aujourd’hui, les gens s'inscrivent à des cours de photographie devenant, dans de nombreux cas, un clone de la personne qui enseigne, oubliant de développer leur propre style. Je pense que c'est une grosse erreur et souvent un gaspillage de talent.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaiterait se lancer ?

Partir à l'aventure ! Toujours chercher de nouveaux endroits et de nouveaux angles. Et commencer à regarder le monde d'un point de vue photographique. Ensuite, je leur dirais d'être eux-mêmes et de travailler dur pour définir leur propre style. C’est l’une des clés pour se démarquer, à une époque où tout le monde a un appareil photo. Il faut suivre vos rêves, au moins essayer. Le plus grand risque est de vivre malheureux.

IL FAUT ÊTRE PATIENT ET PASSER UN ACCORD AVEC LA NATURE

YHABRIL yhabril.com

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