rubedo 1er chapitre

Page 1

Prologue

Paris, 14 juillet 1789.

U

armés de piques, outils et bâtons, desscend la rue principale du faubourg Saint-Antoine. La rumeur qui courut une bonne partie de la nuit se révéla à l’aube sans fondement : aucune trace des prétendus quinze mille soldats du Royal-croate massacrant les Parisiens révoltés. La voie est libre, les ouvriers se dirigent vers la Bastille. Ils chantent à tue-tête : « Ah ! ça ira, ça ira, ça ira. Les aristocrates à la Lanterne ! Ah ! ça ira, ça ira, ça ira. Les aristocrates on les aura… » Une autre chanson vient couvrir ce refrain. « Dansons la carmagnole, vive le son, vive le son. Dansons la carma­gnole, vive le son du canon… » Glapissant et vociférant, une bande d’hommes, de femmes et d’enfants, les bras chargés d’objets liturgiques constellés d’or et de pierreries, jaillissent d’une église en flammes. Le visage en larmes, le curé des lieux court après les voleurs, les suppliant de ne pas provoquer l’ire divine, de ne pas damner leurs âmes pour quelques richesses dérisoires. Il s’emmêle les pieds dans sa soutane et agrippe la robe d’une femme. Elle hurle. Son compagnon se retourne ; en deux pas, il atteint le prêtre et le frappe à la tête avec un lourd chandelier d’argent. Le religieux tombe sur les marches. Pendant ce temps, l’incendie gagne la charpente de l’église. Dans un grand fracas, une partie du toit de l’édifice s’effondre, entraînant dans sa chute un large pan de la façade avant. Des morceaux de pierres de taille viennent frapper le curé qui essaie de se remettre sur ses pieds. Son crâne heurte le parvis. Le corps est agité de soubresauts n groupe d’ouvriers du meuble,


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
rubedo 1er chapitre by MNÉMOS - Issuu