MNHA - Catalogue Robert Brandy face à lui-même

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ROBERT BRANDY

Mon Cher Robert1 Bernard Ceysson

1. Cf. Ceysson, Bernard, « Mon cher Robert », rev. et augm., in: Robert Brandy. Ancestor of Future, Beranard Ceysson et al., cat. expo. Galerie Ceysson & Bénétière: 24.11.2018-02.02.2019, Koerich: Ceysson & Bénétière, 2018, s.p.

De grands doutes m’assaillent quant à ton identité. Es-tu Robert Brandy ? Es-tu Bolitho Blane ? Es-tu l’archiviste intègre, scrupuleux, pointilleux à l’excès, des faits et gestes de cet insolite individu, sorte d’Arthur Cravan qui ne se serait pas attardé auprès des dadaïstes ? Bolitho Blane - ou son confident, un certain Brandy, son Watson ? - à son tour, a-t-il adapté leur dilection pour le mensonge, le travesti fumiste, la propagation, nous dirions aujourd’hui de fake news aux légendes trépidantes du petit Buffalo, du petit chasseur de la Pampa, du petit détective, ou de cet inspecteur Allan Dickson, tous enfants d’Arnould Galopin ou de cet Arsène Lupin, figure prémonitoire de chevaleresques et séduisants détectives et autres flics, tous sapés comme Simon Templar, Brett Sinclair ou le Phantom. Ceux-là aimaient les voitures, les courses folles, etc. Tiens, tiens ? Oublions l’inspecteur Clouseau et guettons Bond, James Bond !

Ce sont, cependant, les artistes abstraits de l’ère greenbergienne qui, sans pathos, après l’apostrophe d’Adorno, après Newman, Rothko, Still, Pollock – lequel à tenter de la faire revenir la Figure – qui ont su le mieux nous faire ressentir tout simplement notre solitude sur cette « Waste Land »

La peinture n’est peut-être qu’une couverture pour un inattendu aventurier qu’oublient de surveiller les « services » des grandes puissances empêtrés dans les affaires qu’ils ont montées pour se faire valoir. C’est pourquoi peindre, ce ne sera jamais tabasser qui manif’dans les manifs. La peinture est toujours un alibi, pour ceux qui la font, ceux qui la vendent, l’achètent ou la commentent. Elle leur permet de feindre une attention factice, parfois bien jouée, parfois très mal jouée, au quotidien de notre petit pois, notre patatoïde Terre, pour que l’actualité du reste du légume leur foute la paix. Certains, dont on ne sait s’ils sont des agents doubles ou des lobbyistes improvisés, s’emploient à alimenter l’agitation du petit pois que l’espèce y survivant grignote comme les lapins le font des carottes lesquelles, une fois bouffées, ils continuent, les lapins, de ronger dans le vide parce qu’ils rongent comme les Shadocks pompent, comme nous donc l’humanité, nous pompons, nous meublons le temps de notre vécu. Nous, les êtres humains, dits humains, au sens de Jean Pic, de Jean-Jacques Rousseau ou de Kant, nous passons le temps passant qui se passerait bien de nous. Mais, les trois-là, susnommés, et toute une floppée, une palanquée, d’incertains malfrats quidams un peu ou très autoproclamés philosophes, nous ont bien bananés comme ce Descartes, un peu soldat. Il a imaginé, se chauffant et s’emmerdant, dans son poêle, que nous « étions » ! Parce que, paraît-il, nous pensions. Le 8


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