L'Auvergne, en routes

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L’AUVERGNE EN ROUTES Une collection originale de Christian Izalguier

éditions

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talique


de France p respect de l’héritage du passé. L’association s’est judicieusement découvert un slogan : « Vivons l’exception », dans lequel la notion de vie s’impose tout autant que l’exception environnementale ou architecturale du site. Relancer et promouvoir un produit local de tradition, faire découvrir une cuisine de terroir à l’abri de murs séculaires, ouvrir dans son atelier un stage de peinture sur émaux, animer des rencontres autour de la vigne, faire déjeuner ses invités en terrasse après une nuit passée en chambre d’hôte, c’est aussi cela le label de qualité des Plus Beaux Villages, pour lesquels l’association affiche une ambition suprême : en faire des lieux d’art de vivre et de culture.

F terre, elles réunirent plusieurs dizaines d’artistes, d’artisans, d’artisans d’art venus faire partager leurs créations dans un secteur symbole de tradition et de renouveau du village de France.

Le club auvergnat Inégalement répartis sur l’ensemble des quatre départements auvergnats, les 11 Plus Beaux Villages de la région affichent chacun une personnalité très marquée ; l’un par son passé prestigieux, l’autre par une production traditionnelle, un autre par la présence d’une abbaye, un autre encore par un personnage historique.

Et ce ne sont pas là que de belles intentions ! La fine fleur des villages français multiplie les initiatives vers une dynamique d’accueil et donc de développement toujours plus forte. C’est le principe des séjours à thème par exemple. Présentés sur le site internet de l’association et commercialisés par un tour-opérateur partenaire, ils vont permettre à la clientèle française et étrangère de suivre des cours de cuisine, des stages d’artisanat, de s’initier à la pétanque, de profiter d’une visite privée du village… L’événementiel rythme aussi le calendrier du groupement grâce en particulier à deux rendez-vous majeurs autour du terroir et de l’artisanat français. La Lorraine accueille ainsi chaque printemps le marché aux vins des Plus Beaux Villages : une formidable opportunité promotionnelle des vignobles de France auprès de nos voisins européens ! Quant aux Journées artisanales organisées en 2009, au cœur du Rouergue, dans les murs de la bastide de Sauve-

Du haut Cantal théâtral et grandiose aux douces vallées de l’Allier ou de l’Alagnon, de la généreuse Limagne bourbonnaise à l’inquiétante austérité des hauts plateaux du Velay, l’élite des villages auvergnats mérite plus qu’un simple pèlerinage en ses murs. Au fil de la visite, chacun va vous dévoiler ses richesses de vie. Le joyau du Bourbonnais, c’est Charroux ; l’ancienne ville franche affiche aujourd’hui une renommée internationale grâce à une spécialité ancestrale : sa moutarde est toujours élaborée à l’ancienne à partir des vins du terroir de Saint-Pourçain et réveille le goût jusqu’au Japon. Aux portes de Clermont-Ferrand, Saint-Saturnin réussit le tour de force de réunir sur son sol deux incontournables édifices du patrimoine auvergnat ; son église figure parmi les églises majeures de l’art roman auvergnat tandis que – 87 –


son imposant château, autrefois possession des seigneurs de Latour d’Auvergne, reçut en toute logique Catherine de Médicis et son fils Charles IX. Un peu plus au sud, voici Montpeyroux, aux allures de village andalou, agglutiné autour de son donjon. Sa carrière d’arkose et son vignoble ont assuré l’essor du bourg. Après plusieurs décennies d’éclipse, la vigne accomplit un véritable retour en force. Porte d’entrée du Livradois-Forez, balcon avec vue imprenable sur les monts Dore et la Limagne, Usson, ancienne forteresse détruite par Richelieu, vit encore du souvenir de la reine Margot, à la personnalité pour le moins très contrastée. Mais le bourg abrite aussi un couple de graphistes émailleurs de talent. Au bord de la Couze, près d’Issoire, s’étire le village de Saint-Floret, dont on remarque aussitôt le vieux pont, garni d’un oratoire, et en surplomb le donjon, principal vestige de l’ancien château. Ici, la une du terroir est entre autres occupée par un trufficulteur. En suivant l’autoroute A75, en direction de Montpellier, la Haute-Loire nous invite à emprunter la vallée de l’Alagnon pour y découvrir Blesle. L’ancienne « bonne ville d’Auvergne », longtemps placée sous la protection d’une abbaye de bénédictines, est une ruche de produits artisanaux, parmi lesquels une bière brassée localement. À deux pas de Brioude s’étire doucement la « vallée de Dieu », occupée par la Sénouire, affluent de l’Allier, et par Lavaudieu, dont l’abbaye fut emplie des prières des religieuses bénédictines jusqu’à la Révolution. Les maisons sont encore dans leur jus agricole et vigneron. Le miel produit ici est réputé tandis que le monastère reste source – 88 –

de vie artistique dès les premiers jours de l’été. Bien plus à l’est, la jeune Loire s’offre son premier château en faisant émerger de ses gorges les ruines wagnériennes d’Arlempdes. Ici, festival de théâtre, vol en montgolfière et, sur un plan plus terre à terre, domaine de prédilection du premier légume sec bénéficiaire de l’AOC : la célèbre lentille verte du Puy. Enfin, Pradelles, à cheval sur le Velay, le Gévaudan et le haut Vivarais, est précisément la cité du cheval de trait, mais cette ancienne place forte est riche de son histoire de ville-étape commerciale pour les marchands de la route du sel, religieuse pour les pèlerins de la voie Régordane, devenue de nos jours halte touristique pour les adeptes du fameux chemin de Stevenson et de son inséparable ânesse, Modestine. C’est au pied des monts du Cantal que sont posées les deux perles cantaliennes des Plus Beaux Villages de France. Salers est superbe à la fois dans sa majesté et sa beauté figée. On parcourt cet écrin presque religieusement dans une atmosphère historiquement décalée. C’est le village du goût aux déclinaisons multiples et de l’artisanat précieux. Plus discret, le village de Tournemire est avant tout celui du château d’Anjony, un des plus médiatiques d’Auvergne. On s’y rend comme en pèlerinage tant le site est emblématique de l’histoire et de la géographie de la Haute-Auvergne. Voilà, le rideau se lève sur un magnifique parcours, reflet d’une Auvergne multiple, à voir et surtout à vivre, au gré de vos envies.



La moindre maison ancienne abrite une Êchoppe, un atelier d’artisan.

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Les Plus Beaux Villages de France

Charroux Murmures de pierres Ancienne ville fortifiée au Moyen Âge, dotée de privilèges et de sa propre administration, Charroux conserve de magnifiques traces de son passé à la fois marchand et intellectuel. Il faut visiter la cour des Dames, le lieu le plus ancien de la ville, la maison du prince de Condé, l’église médiévale Saint-Jean-Baptiste, les portes d’Orient et de l’Horloge, la halle du XIXe… Le musée de Charroux et de son canton est à lui seul le plus riche des parcours historiques et humains sur la ville.

Bruits de fêtes Le printemps s’ouvre avec l’énorme foire à la brocante, le dernier dimanche d’avril. C’est la première grande brocante de l’année en France et la plus importante du département. 350 exposants et 35 000 visiteurs sur une seule journée. Un événement forcément très attendu et très couru. En août a lieu la Fête des artistes et des artisans. En novembre, la Fête de la soupe, dont le concept a fait école depuis. Rendez-vous festif et populaire autour du plat du pauvre au cours duquel le public achète son bol artisanal à 8 euros et s’en va à travers le village goûter à des soupes complètement originales. Une recette éprouvée.

Point info antenne touristique 03140 Charroux Tél. : 04 70 56 87 71 www.charroux.com – 91 –

Le safran de Charroux : laissez-vous surprendre ! Parmi les multiples pouvoirs de séduction de Charroux, il y a cette surprenante juxtaposition de spécialités hautement traditionnelles et de productions révélées plus récemment. Voici que l’indétrônable moutarde de Charroux à la forte renommée se trouve depuis peu taquinée sur son propre territoire par le safran de Charroux, dont le lancement est le fruit d’une initiative pour le moins audacieuse. Les hasards de l’Histoire font bien les choses en ce village au passé citadin, car c’est précisément en franchissant la porte d’Orient pour pénétrer dans les « faubourgs » par la rue de la Boucherie que l’on accède à la boutique de Pascale et Bruno, un petit cocon amoureusement décoré, entièrement dédié à cette épice, le safran qui, pour le profane, dégage souvent un parfum d’Orient. Une impression pas totalement dénuée de tout fondement, comme le confirme Bruno, avec sa verve et sa passion sans retenue pour ce crocus aux accents si particuliers : « Souvenons-nous qu’avant la Première Guerre mondiale, la France exportait son safran vers de lointains pays, en raison de ses pouvoirs colorants sur le textile. À votre avis, l’étoffe des saris portés par les femmes indiennes était colorée à partir de quelle teinture ? »


La route des Villes d’eaux du

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e n’est qu’au tournant des années 2000 que le thermalisme a commencé de gommer l’image surannée de la cure et du séjour médicalisé pour oser un rapprochement avec un monde jusquelà tenu soigneusement à l’écart : celui du tourisme. Un projet d’envergure, car face à un thermalisme classique en voie d’essoufflement, il a fallu ni plus ni moins bâtir une offre entièrement nouvelle, bien qu’indirectement reliée à la précédente, grâce à l’omniprésence d’un élément naturel : l’eau et ses vertus. Tout cela pour attirer au cœur des villes d’eaux une clientèle plus jeune, plus actuelle, plus active, en proie à des rythmes de vie et à des besoins inconnus du temps des curistes de la Belle Époque.

d’eaux, fondé sur l’émergence d’un produit touristique entièrement repensé à base d’ingrédients déjà reconnus sur place, conforté par des campagnes promotionnelles et pour lequel la route s’est imposée comme un relais commercial entre les voyagistes et les prestataires des stations concernées engagés dans des projets de développement.

Ce fut la voie du bien-être et de la remise en forme qui guida les choix de reconversion et donc d’investissements souvent colossaux pour lesquels collectivités locales, prestataires touristiques, responsables d’établissements thermaux furent et sont encore aux avant-postes.

L’indispensable dose de culture et de patrimoine

Restait à donner du contenu et du sens à cette attractivité moderne. Les cités thermales auvergnates ont su, en misant sur leurs richesses patrimoniales et leur environnement d’exception mais aussi sur leurs équipements d’accueil, de culture et d’animation préexistants, surfer sur le marché en pleine ébullition du loisir et du bien-être.

L’Auvergne, terre d’élection du thermalisme, ne pouvait rester à l’écart de cette évolution vers un tourisme innovant. Située au cœur d’un immense territoire, le Massif central, réputé de tout temps pour les qualités thérapeutiques de ses eaux, elle a parfaitement su réactualiser son offre car elle s’en est tout simplement donné les moyens. La création en 1998 de la route des Villes d’eaux fut sans conteste une étape décisive en fédérant, autour d’un organisme unique un ensemble de stations thermales de grande notoriété décidées à devenir de nouvelles destinations touristiques.

L’intérêt majeur de la route des Villes d’eaux du Massif central est bien de regrouper, sur l’Auvergne et les régions limitrophes, un ensemble de cités thermales dont l’exceptionnelle richesse patrimoniale fut la conséquence directe de la grande vogue des cures thermales. Néanmoins, et l’Auvergne est à ce titre un parfait condensé de cette diversité, chaque ville affiche un patrimoine historique (hôtels, villas, thermes, casinos, théâtres, buvettes…), des richesses naturelles (parcs, jardins, allées, sources…), une culture et finalement une atmosphère qui lui sont propres et que les responsables locaux s’attachent à valoriser comme compléments à leurs nouvelles formules d’accueil.

Les objectifs furent on ne peut plus clairs : un complet bouleversement de la perception de l’image des villes

Le touriste pourra ainsi choisir entre le Bourbonnais des bocages, symbolisé par Bourbon-l’Archambault et ses

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Massif central p thermes ornés de plafonds à caissons et de céramiques polychromes, Vichy et son unique concentration de trésors d’architecture Belle Époque, Saint-Nectaire, connu pour son fromage de montagne éponyme et son église romane, Châtelguyon et ses thermes majestueux, Chaudes-Aigues et son grand écran de plateaux, de lacs et de gorges. Et tous ces décors reprennent vie ! Entre visites guidées, balades ludiques, fêtes Belle Époque, on découvre l’histoire de Bourbon en calèche, on profite d’un concert dans le parc de Châtelguyon, on renoue avec le passé prestigieux de Vichy lors des fêtes Napoléon III, on se confronte à la rude existence des hauts plateaux à Chaudes-Aigues. C’en est fini des ternes séjours des curistes d’antan !

Sain de corps et d’esprit Le cadre est donc là, propice à un vrai ressourcement ; reste à plonger dans l’univers de la relaxation corporelle, source de sérénité intérieure, agrémentée ou non de l’effort physique, car le ticket « sport/remise en forme » est le plus souvent joué par la clientèle. On ne compte plus les formules « week-end en liberté » ou « courts séjours »

imaginées par les villes d’eaux qui toutes, à des degrés divers cependant, misent sur la carte « sport/détente/ remise en forme ». Et là, chacun y va de ses choix en toute souplesse, depuis les seniors actifs jusqu’aux cadres urbains en quête de loisirs novateurs et aux familles plus traditionnelles, toujours attirées par le grand « Massif à la fois central et reposant ». Sur cet échiquier du bien-être, thermoludisme et spas sont les formules gagnantes. Avec Royatonic, Vichy Spa les Célestins, Caleden à Chaudes-Aigues ou encore l’espace Aquadétente à Saint-Nectaire, l’Auvergne dispose d’équipements phares, générateurs d’un tourisme différent et cependant très accessibles. À l’heure où les stations de ski auvergnates sont tributaires des caprices du climat, la région a peut-être trouvé là une source de renouveau.

Le groupement Thermhôtel « Bien-être et bons hôtels » vous propose une belle sélection de produits de remise en forme dans les villes d’eaux d’Auvergne et du Massif central. Tous les renseignements sur www.thermhotel.com. Retrouvez de nombreuses informations sur les séjours bien-être et le patrimoine des 17 stations de la route des Villes d’eaux sur le site Internet www.villesdeaux.com. Route des Villes d’eaux du Massif central - 8, avenue Anatole-France - 63130 Royat. Tél. : 04 73 34 72 80 - E-mail : info@borvo.com – 63 –


Un des phares culturels de la ville : l’opéra de Vichy.

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La route des Villes d’eaux du Massif central

Vichy l’impériale Reine des villes d’eaux, Vichy le fut incontestablement, surtout au début du XX e siècle, âge d’or de l’empire colonial français où l’on voyait déambuler dans la ville une riche clientèle venant des quatre coins du monde. Ici aussi, le thermalisme est entré en désuétude, mais Vichy a su surfer sur des courants plus porteurs en devenant un lieu d’excellence du « prendre soin de soi ». Malgré cela, la seconde ville de l’Allier préserve un charme indéniable, un art de vivre qui lui est propre ; elle est devenue pour le Grand Clermont ce que Deauville est à Paris. On y vient le dimanche faire ses emplettes un peu superflues auprès des boutiques branchées, nichées dans les anciens passages ; on s’attarde pour voir et être vu aux immenses terrasses des brasseries ; on passe sans transition de la dernière exposition à voir aux délices des parcs ombragés et plus que centenaires. La ville est un triptyque d’abord construit sur les soins thermaux. Louis XIII s’y était déjà intéressé, Napoléon Ier également avant que Napoléon III en fasse la capitale incontestée du thermalisme, un héritage que viennent réanimer chaque année les grandes Fêtes Napoléon III. De cet âge d’or nous est resté un florilège d’édifices tous aussi remarquables tels que le Grand Établissement thermal, le Grand Casino, les différents parcs, chalets et galeries Napoléon III, le pavillon de la source des Célestins, les grands hôtels de prestige et cet exubérant foisonnement des villas de tout style. Alors que la vie thermale s’éteint doucement, le sport prend le relais avec l’aménagement dans les années 1960 du lac d’Allier, lieu de prédilection des loisirs nautiques, et d’un vaste complexe omnisports sur les rives de Bellerive. La culture enfin éclaire et fait rayonner Vichy. Le palais des Congrès, l’opéra et son musée, qui ont succédé au Grand Casino, le centre culturel Valery-Larbaud, la médiathèque, le pôle universitaire situé dans les anciens bains Lardy sont des foyers de développement sur lesquels viennent se greffer à l’année rencontres, congrès, séminaires. – 65 –

Ces trois volets de dynamisme ne font qu’un et ont permis au Vichy moderne de trouver sa quatrième voie avec le renouveau thermal symbolisé par les thermes des Dômes et, surtout, le Vichy Thermal Spa les Célestins, l’univers haut de gamme des soins corporels.

Office de tourisme de Vichy 03200 Vichy Tél. : 04 70 98 71 94 www.vichy-tourisme.com Chaque année, le faste impérial revit lors des fêtes Napoléon III.


Le degré supérieur de l’eau Voici le symbole même du thermalisme actif des années 2000, dopé par des formules alliant le meilleur de la tradition et de l’innovation ; un thermalisme définitivement lavé de ces images de cures imposées et ennuyeuses ; un thermalisme vers lequel on vient plus par choix personnel, animé du désir de préserver cet irremplaçable patrimoine qu’est la santé. Plantés au cœur du Vichy de la Belle Époque, de cette ville sacrée reine des villes d’eaux, lancée au XIXe siècle par Napoléon III et déjà assidûment fréquentée bien avant lui par Mme de Sévigné, les thermes Callou signent par leur architecture audacieuse le tournant de la modernité.

Le pôle thermal vichyssois est aujourd’hui un énorme complexe dédié à la remise en santé aussi bien qu’à la remise en forme et largement ouvert sur le bien-être et l’esthétique. Réunissant sur un même site trois unités à l’architecture très typée (style palace années 1930 pour le Vichy Spa Hôtel les Célestins, architecture néomauresque pour les thermes des Dômes, lignes contemporaines pour les thermes Callou), l’ensemble joue par ailleurs la carte du tourisme thermal. Chaque établissement de soins dispose en effet d’une liaison directe, souvent par le biais d’une passerelle, avec un hôtel-restaurant partenaire, concrétisant ainsi la formule du séjour-santé associé au séjour-découverte de la ville et de ses environs.

Ce réseau artériel en surface entre les trois composantes thermales trouve, de façon assez spectaculaire et inattendue, son équivalent sous terre. Là, on découvre un impressionnant maillage de canalisations thermales courant sur plusieurs kilomètres qui nous ramène tout naturellement à la source de la renommée locale : l’eau.

e Dans les locaux de l’Institut des laboratoires Vichy, un mur d’écrans rappelle au visiteur l’origine naturelle de l’eau thermale, née au cœur même des volcans d’Auvergne et dont le lent cheminement jusqu’à Vichy, dans les profondeurs du sol de Limagne, lui assure à la fois la protection de sa pureté et surtout sa richesse exceptionnelle en sels minéraux et oligoéléments.

L’eau aux mille bienfaits

Ce parcours en milieu protégé confère à l’eau de Vichy de multiples propriétés dont les effets sont vérifiés depuis des siècles et dont la portée thérapeutique se révèle incroyablement diversifiée. Voici une eau dont les bienfaits sont ressentis à la fois sur le plan intérieur et extérieur. Depuis toujours, on vient ici soigner les troubles digestifs, gastriques ou intestinaux grâce aux fameuses « cures de boisson ». Une spécialité qui s’est élargie à bien d’autres affections telles que l’insuffisance rénale, le cholestérol ou les méfaits d’une alimentation trop acide. L’eau de Vichy, en tant que boisson, est également reconnue pour ses pouvoirs apaisants et réhydratant. Sur le plan externe, c’est la peau qui en est

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La route des Villes d’eaux du Massif central Le spa les Célestins : une des adresses les plus select du bien-être en France.

l’une des premières bénéficiaires, grâce au pouvoir adoucissant et aux propriétés anti-inflammatoires de l’eau. La rhumatologie reste, quant à elle, un des domaines de prédilection du traitement, plus spécialement les arthroses et lombalgies, grâce au procédé des « illutations », qui ne sont autres que des enveloppements à base de boues thermales obtenues par maturation des eaux mélangées à un kaolin extrait localement.

Thermalisme nouvelle génération Figurant parmi les stations thermales européennes les plus réputées et les plus prestigieuses, Vichy a pu, durant une longue période transitoire qui suivit la haute époque des cures, souffrir de cette image surannée des villes d’eaux. Et cependant, en dépassant très largement le stade médical de son offre de soins, la ville a su donner l’exemple d’une reconversion et d’une diversification parmi les plus remarquées, tout en restant fidèle à un savoir-faire ancien revisité que symbolise si bien la douche originale dite « à quatre mains » et qui assure le succès des tendances actuelles.

Par son environnement naturel soigneusement entretenu, par sa réputation de ville sportive acquise au prix de multiples investissements, par le niveau de sa saison culturelle, la station affiche un dynamisme réel qu’elle met aussi au service de ce que l’homme possède de plus précieux : son capital santé. Le complexe thermal est aujourd’hui engagé dans une démarche de prise en charge globale de la santé de l’individu qui se démarque par trois points forts : la qualité reconnue des eaux, le sérieux des équipes professionnelles et la personnalisation des parcours de soins. Vichy ne prend jamais la santé à la légère, même en s’attaquant à des troubles aussi répandus que l’excès de poids. Le programme « Maigrir à Vichy » par exemple, mené par le centre nutritionnel et parfaitement intégré dans le plan national « Nutrition/Santé », offre la prise en charge la plus complète possible, alliant notamment l’équilibre de l’alimentation et la remise en activité physique progressive mais aussi des soins thermaux, des ateliers de thérapie comportementale, des conférences spécialisées, jusqu’à des menus diététiques en pension

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La Route romane en Auvergne

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a Route romane en Auvergne rassemble sur son parcours l’élite de l’architecture religieuse romane auvergnate. Or, ce circuit de découverte à la fois artistique et historique, représentatif d’un tourisme culturel de proximité, n’est certainement pas le fruit du hasard. Il irrigue en effet une partie de cette province, historiquement baptisée Basse-Auvergne, recoupant essentiellement la moitié sud du Puy-de-Dôme, en empiétant quelque peu sur la Haute-Loire voisine des environs de Brioude. Un territoire qui, en même temps que l’an 1000 se lève sur le destin des hommes de l’époque, voit éclore sur son sol une floraison d’édifices, symboles de la pureté de l’art roman. Cette fièvre architecturale et religieuse fait de la Basse-Auvergne une des régions de France parmi les plus riches et les plus enrichissantes en matière de patrimoine roman.

La signature de l’homme Chaque église, maillon de cette chaîne touristique, est évidemment singulière. Elle se démarque de ses voisines par son histoire, les raisons de son édification, son emplacement, son rayonnement mais aussi par son ornementation intérieure, tant au regard de la sculpture que de la peinture murale.

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L’approche scientifique de ces détails exige souvent un commentaire approprié de la part d’un spécialiste ou le recours à une documentation ciblée. Il existe toutefois une unité artistique et architecturale indéniable que l’œil, même profane, ne pourra manquer de déceler à travers les visites successives. Le style roman auvergnat se distingue par des décors très épurés, des lignes massives, une répartition harmonieuse des différents éléments, conférant à la fois puissance et solidité aux édifices qui en sont l’expression. Une sérénité parfois accentuée par les paysages naturels qui environnent le monument. Souvent dictée par la configuration bâtie ou naturelle du lieu d’implantation, par la durée relativement courte des campagnes de construction ou simplement par des impératifs d’ordre économique, cette simplicité toute en élégance et en harmonie est la marque de style du roman en BasseAuvergne. En outre, à chaque contemplation, une évidence s’imposera, même au visiteur le plus boulimique et le moins averti. Chaque monument reste, par ses dimensions, ses décors intérieurs et extérieurs et, tout bonnement, par ses composantes architecturales, au premier rang desquelles les impressionnantes voûtes ou les chapiteaux sculptés, un éternel hommage au savoir-faire de l’homme autour de ce qui reste un de ses plus précieux auxiliaires pour affronter l’usure du temps : la pierre.


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p La route, axe structurel de la connaissance de l’art roman La promotion et la vulgarisation auprès d’un large public des richesses romanes auvergnates par le biais d’une route à thème ne sont que l’un des axes de la stratégie de sensibilisation publique au patrimoine religieux auvergnat qu’entend développer l’association Terres romanes d’Auvergne. Celle-ci existe depuis plus de douze ans et a su, au fil du temps et de la consécration de ses activités, attirer à elle près d’une dizaine de communes, chacune haut lieu d’une architecture romane. Une bonne partie d’entre elles s’égrènent le long de ce grand val d’Allier, véritable colonne vertébrale de l’Auvergne (Lavaudieu, Brioude, Auzon, Mailhat-Lamontgie, Blesle, Issoire, Saint-Saturnin) ; les autres se blottissent au pied des monts Dore (Saint-Nectaire, Orcival) ou du puy de Dôme (NotreDame-du-Port à Clermont-Ferrand). Si la recherche d’une synergie et d’une meilleure efficacité dans la divulgation de la connaissance du patrimoine reste le pivot de ce groupement, son souci de faire partager au plus grand nombre un domaine jusque-là réservé à quelques connais-

seurs demeure exemplaire. C’est dans cet esprit qu’a été conceptualisée une vaste programmation à la fois culturelle et touristique, intitulée « Saison romane » et qui, du printemps à l’automne, sous forme de visites guidées, de spectacles, de concerts, de conférences pédagogiques, d’ateliers-découverte, d’excursions en campagne romane, apporte au public de multiples créneaux de curiosité. Les membres de Terres romanes d’Auvergne s’appuient également sur une structure pérenne en termes de documentation, de recherche et d’information auprès du public qui n’est autre que le Centre d’art roman Georges-Duby, installé à Issoire dans les salles de l’ancien monastère qui, au Moyen Âge, était relié à la célèbre abbatiale. Ce centre entretient à l’année un foisonnement d’animations sous forme d’expositions, de projections, de conférences, de visites commentées destinées à l’élargissement de la culture romane. Voici donc un domaine de connaissances soigneusement entretenu au plan régional. Pour l’heure, commencez par savourer la majesté de chaque étape en composant librement votre itinéraire à la rencontre de quelques beaux témoignages du génie humain.

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Le rÊsultat lumineux d’un imposant programme de restauration.


La Route romane en Auvergne

La basilique Notre-Damedu-Port de Clermont-Ferrand (fin XIe-début XIIe siècle)

Situation Juchée sur la butte clermontoise, la fière cathédrale de Clermont, drapée dans sa majesté de lave noire, ne saurait éclipser du paysage historique local la basilique Notre-Dame-du-Port, installée au centre de ce quartier dit du « Port » et dont l’étymologie peine encore à être dévoilée, même si l’interprétation la plus couramment admise entend s’appuyer sur le terme latin portus pour désigner cet endroit de la ville où les marchandises étaient apportées, puis entreposées, et enfin commercialisées. Véritable cocon de silence et de recueillement au cœur de la trépidante capitale auvergnate, Notre-Dame-du-Port, classée au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1998, a fait l’objet de toutes les attentions de la part des autorités culturelles, qui sont à l’origine d’une lourde campagne de restauration menée à partir de 2007. Le point d’orgue de cette remise en état ayant été marqué par la réinstallation en l’église de la statue de Notre-Dame du Port, annonçant simultanément la réouverture de l’édifice aux fidèles et aux visiteurs.

À découvrir L’extérieur se signale par un bel étagement du chevet montrant de fines mosaïques ; ce dernier constituant un exemple accompli de l’art roman auvergnat. Le portail sud quant à lui exhibe un décor parfaitement représentatif de certaines scènes telles que le baptême du Christ ou l’adoration des Mages.

La sculpture intérieure, essentiellement celle des chapiteaux historiés, reste la richesse majeure de ce monument. On y relève toute l’habileté et le soin que les sculpteurs de l’époque ont mis à rendre explicite l’ensemble des scènes auprès d’un public souvent étranger à la culture livresque. Sous la main des artisans artistes d’alors, certaines séquences telles que le péché originel, le combat des vices et des vertus ou d’autres passages importants inspirés de la Bible acquièrent une autre portée et une autre symbolique historique et culturelle.


Un chapiteau prenant pour thème l’avarice, l’avare étant figuré ici avec sa bourse autour du cou. –6–


La Route romane en Auvergne

La basilique Notre-Dame d’Orcival (milieu XIIe siècle)

Situation À l’ombre des monts Dore et des monts Dôme, la basilique NotreDame d’Orcival est littéralement enchâssée dans le petit village de montagne qui vit sous son aile depuis des siècles. Dans ce frais vallon où coule le Sioulet, l’église veille comme un berger sur ce troupeau de vieilles maisons alors que la lauze recouvre de ses épaisses écailles les toitures de cet ensemble parfaitement homogène. L’édifice est presque né de la montagne environnante puisqu’il a fallu, pour le construire, entailler la roche avoisinante, réaliser d’énormes travaux de terrassement et même détourner un ruisseau.

À découvrir Voici un lieu de culte marial réputé depuis le XIe siècle alors qu’une église située à l’autre bout du village accueillait déjà une statue de la Vierge. La basilique, édifiée au XIIe siècle, reçut aussitôt l’illustre statue, toujours présente dans le chœur de l’édifice. À l’issue de son cheminement de lumière jusqu’à l’autel, le visiteur va découvrir la Vierge d’Orcival, revêtue d’un parement d’orfèvrerie (c’est la seule en Auvergne) et surtout magnifiquement conservée, ayant été soigneusement cachée durant la période révolutionnaire. Autre particularité liée à la présence de la Vierge : l’adoration que lui ont vouée au fil des siècles prisonniers et déportés, venus la remercier une fois leur liberté recouvrée en apportant ici chaînes, boulets, menottes et autres fers, justifiant l’appellation de « NotreDame de la Délivrance » donnée à la célèbre statue et celle de « Notre-Dame des Fers » attribuée à la basilique. Quelques éléments de cette tradition sont encore visibles sur l’édifice.

Enfin, si les caractéristiques architecturales de Notre-Dame d’Orcival sont communes aux autres églises romanes, elle n’en présente pas moins une particularité qui est celle d’avoir conservé sa tour de clocher d’origine.

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Sortez des sentiers battus et prenez des routes à thème, pour découvrir l’Auvergne autrement.

Routes principales Routes secondaires

La route des Moulins d’Auvergne La Route romane en Auvergne La route des Villes d’eaux du Massif central Les Plus Beaux Villages de France La route historique des Châteaux d’Auvergne

La route de la Bête du Gévaudan La route des Métiers en Livradois-Forez La route des Églises peintes en Bourbonnais La route des Curiosités des gorges de l’Allier Le circuit des Jardins du Massif central La route de l’Archange, itinéraire culturel des chemins de saint Michel

Textes de Christian Izalguier auvergne collection

www.auvergne-collection.com

Photos de Joël Damase, Jérôme Chabanne, Luc Olivier, Hervé Monestier

Prix : 28 E


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