Suivez votre instinct

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Long-métrage français Durée : 01h40min Sortie Nationale:23 août 2000

Synopsis : En 1794, sous le régime de la Terreur, le marquis de Sade retourne en prison. L'écrivain libertin, considéré comme un homme très immoral et indigne de la société, est enfermé dans la clinique de Picpus, une fausse maison de santé où les aristocrates et les affairistes sauvent leur tête en vidant leurs poches. Alors qu'il est désargenté, Sade doit sa survie à sa maîtresse Marie-Constance Quesnet. Mais dans cet univers rempli d'aimables femmes, Sade ne tarde pas a recréer son théâtre en expérimentant les limites de la liberté.

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Daniel Auteuil : « Sade était un homme épris de liberté » En incarnant « Sade », dans un film de Benoît Jacquot, Daniel Auteuil réhabilite le fameux marquis, célèbre pour ses écrits sulfureux, en lui donnant le visage d'un combattant de la liberté contre le régime de la Terreur. Propos recueillis par Alain Grasset | 23.08.2000 APRÈS « la Fille sur le pont » et « la Veuve de Saint-Pierre », deux films tournés sous la direction de Patrice Leconte, Daniel Auteuil revient à l'affiche avec « Sade », la nouvelle réalisation de Benoît Jacquot, qui sort cet aprèsmidi dans plus de 200 salles de l'Hexagone, dont plus d'une trentaine sur Paris périphérie. Un film français très attendu, après le succès de « Harry un ami qui vous veut du bien ». L'acteur incarne le Divin Marquis, pendant une courte période de sa vie, au moment où il a été embastillé par Robespierre. Dans ce film, qui sera présenté hors compétition au Festival de Venise, Marianne Denicourt, la compagne de Daniel Auteuil, incarne la fidèle MarieConstance Quesnet, qui défendra l'écrivain jusqu'à la fin de sa vie. Les deux acteurs jouaient déjà ensemble, au printemps dernier, dans « la Chambre bleue », la pièce de théâtre de David Hare. Entretien. Votre mère, dit-on, a été très surprise de vous voir dans le rôle de Sade. Et vous ? Daniel Auteuil. Pas trop ! Vous savez, chacun fantasme sur ce type-là. Si on y pense trop, ça devient impossible à faire. Il y a l'homme politique, le philosophe, le libertin, le prisonnier qui a quand même passé plus de trente ans en prison. Dans le film de Benoît Jacquot, il s'agissait d'essayer de tirer quelques aspects humains d'un type qui ne l'était pas. C'est ce qui m'a intéressé. Il vous a fallu ensuite entrer dans la peau du marquis ? J'ai simplement cherché à mieux le comprendre. J'ai lu quelques biographies et j'ai beaucoup été aidé par sa correspondance. Elle m'a permis de connaître ses préoccupations pratiques, comme par exemple, la nourriture, le linge, la santé, etc. J'ai aussi compris que Sade était très à l'aise dans son personnage d'auteur maudit et martyr. Au fond, ce qui m'a poussé dans le film, c'était de montrer cet homme épris de la liberté à tout prix, et surtout cette espèce d'énergie qu'il a mise au service de son oeuvre et de sa vie. Car, franchement, l'oeuvre de Sade est quasi irreprésentable à l'écran.

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Avec « Sade », c'est la première fois que vous tournez sous la direction de Benoît Jacquot... Oui. Je ne le connaissais pas du tout. Je l'ai rencontré grâce à Marianne (Denicourt), qui avait déjà travaillé avec lui sur un autre film. Quand le producteur Patrick Godeau a eu l'idée de se lancer dans ce film, il a forcément songé à Benoît. Je crois qu'il portait ce sujet en lui depuis très longtemps. Du coup, cela permet d'éviter plein d'écueils et beaucoup de clichés. Sade, c'est en effet le genre de personnage qui peut vous entraîner droit dans le mur. Comment s'est passé le tournage avec Marianne Denicourt, votre compagne, qui incarne une jeune femme qui fait tout pour sauver Sade ? Avec Marianne, c'est la troisième fois qu'on tourne ensemble, après « Passage à l'acte » de Francis Girod (en 1996) et « The Lost Son » de Chris Menges (en 1998). Ce sont des expériences ponctuelles qui nous ont bien amusés. Travailler avec la femme qu'on aime, c'est un exercice que j'aime bien pratiquer. Et puis, travailler ensemble au cinéma, c'est une bonne façon pour qu'on nous fiche la paix dans notre vie privée. Avec Gérard Depardieu, vous tournez actuellement « le Placard », la nouvelle comédie de Francis Veber. Comment va-t-il après son opération ? Il est en pleine forme. C'est une tornade ! Etre sur un plateau avec Gérard, c'est vraiment ce qu'il faut souhaiter à tous les acteurs et à tous les réalisateurs. Je n'avais plus tourné avec lui depuis « Jean de Florette », le film de Claude Berri, il y a bientôt quinze ans. Quel bonheur ! Le Parisien Cet article a été publié dans la rubrique Spectacles

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Benoît Jacquot révèle un nouveau Sade pas sadique. Le cinéaste a donné au divin marquis le visage de Daniel Auteuil Benoît Jacquot révèle un nouveau Sade pas sadique. Le cinéaste a donné au divin marquis le visage de Daniel Auteuil. PASCAL GAVILLETI sort de Sade et s'attelle déjà à La Tosca. Réalisateur infatigable, Benoît Jacquot enchaîne les tournages sans jamais s'arrêter. Samedi dernier, il a fait un saut de quelques heures à Cointrin, entre deux avions. Après avoir assuré la promo de son Sade en Belgique, il s'envolait pour Londres où il doit tourner La Tosca avec Angela Gheorgiu dans le rôle titre, Roberto Alagna et Ruggero Raimondi.Jacquot commence par sourire lorsqu'on lui apprend que son film sort à Genève le même jour que Baise-moi. «C'est curieux comme les coïncidences nous poursuivent: les deux films sont produits par deux frères.» Puis le cinéaste en vient à Sade. «Le personnage m'intéresse depuis longtemps», affirme-t-il. «Sa place en tant qu'écrivain me passionne. Je dirais même qu'elle me concerne. La première fois que je l'ai lu, c'était dans une traduction anglaise. Mais ce que j'ai découvert en tournant ce film, c'est que paradoxalement, Sade n'est pas un personnage de... Sade. C'est comme si on fait la différence entre sadique et sadien. Sade serait le premier des sadiens. Mais il n'est jamais sadique. Pour moi, cette idée est l'un des nerfs du film.»Sadique et sadienBenoît Jacquot continue en soupirant. «Mais Sade n'est pas lu. Pour une raison simple: ce qu'il met en jeu ne se représente plus. Souvent, des lecteurs veulent s'y plonger pour s'émoustiller. Ils s'arrêtent très vite, par ennui et éventuellement par dégoût. Ce phénomène est décelable chez d'autres écrivains. Qui a réellement lu Proust ou Joyce? Peu de monde. Il faut du temps et de la force pour se lancer dans de telles aventures. Autant faire la traversée de l'Amazonie. Pour moi, ces trois auteurs appartiennent à une même famille, un peu maudite. Sauf que la langue de Sade est très réglée et singulière. Il travaille le français jusqu'à l'épuisement.» Son goût pour l'oeuvre du divin marquis, Jacquot n'a pas cherché à la communiquer à ses comédiens. «Au contraire. Je leur ai surtout recommandé de ne pas lire Sade. Afin qu'ils vivent ce qu'ils jouent, qu'ils soient de plain-pied avec le spectateur. Sinon, les acteurs seraient partis avec des idées toutes faites sur le sujet.» En revanche, Daniel Auteuil s'est immédiatement imposé à Jacquot. «Le choix s'est fait tout de suite, avec évidence. Pour certains autres, ça a été plus dur. Le personnage de Grégoire Colin, qui a 23 ans, avait par exemple été écrit pour un comédien de plus de 40 ans

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Une sorte d'envers d'Auteuil, si vous voulez. Mais nous ne trouvions pas, je n'étais pas convaincu par les acteurs que je voyais. Alors j'ai compris qu'il fallait repenser ce personnage et en faire une réduction de Sade, à tous égards, en âge et le reste. Sauf que lui, c'est un sadique et pas un sadien!»Révélation féminineA propos de la révélation du film, Isild Le Besco, qui joue la jeune Emilie de Lancris avec un naturel confondant, Jacquot est catégorique. «Pour ce rôle, j'ai dû voir trois comédiennes. Puis quelqu'un m'a parlé d'un court-métrage, La puce, avec cette jeune actrice. En la voyant, j'ai instantanément compris que c'était elle. L'ensemble du casting m'a du reste posé peu de problèmes. Je n'ai pas dû affronter le genre de dilemme que j'avais à régler sur Pas de scandale, notamment, où il y avait trois têtes d'affiche (Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Vincent Lindon, n.d.l.r.). Dans Sade, Auteil domine, en termes de générique, et les autres viennent après. Il n'y a jamais eu de malentendu entre lui et moi. Heureusement, car sinon, le film était fichu et ses directions faussées. Mais c'est l'inverse qui a fini par se produire. Je mettais en scène Auteuil autant qu'il me mettait en scène.»Fredaines pénitentiaires à PicpusBenoît Jacquot ne fait pas dans la paillette et encore moins dans la cuisse légère. Loin des récits de fesses habituels ­ croustillants peut-être mais toujours anecdotiques ­ le cinéaste présente un Sade fatigué, accablé par la solitude et le désir de rester lui-même. Il traite le philosophe par le biais de l'histoire. Et l'éclaire d'une lumière glauque, celle de la Terreur durant la Révolution. Ainsi, tout commence dans une prison. Sade y est enfermé avec tout ce que Paris compte de souffreteux et d'indésirables. Dehors, Robespierre dicte ses lois et guillotine à la chaîne. Bientôt, l'écrivain est transféré à Picpus, établissement pénitentiaire destiné à l'aristocratie. Cette nouvelle cage a plus de charme que l'ancienne. Une jeune pucelle, quelques dames de bonne compagnie et des nobles peu farouches y attendent la mort ou l'exil. Un petit monde que Sade saura divertir et bousculer. Jusqu'à ce que les cadavres des guillotinés s'entassent devant leurs fenêtres.Plus que le portrait d'un philosophe, «Sade» est d'abord celui d'une société à l'agonie. Comme à son habitude, Benoît Jacquot s'attarde sur les visages, multiplie les gros plans comme autant de signes d'un désastre à venir. C'est sans doute la grande force de ce film. Quant au personnage de Sade lui-même, on déplorera qu'il soit si professoral et rigide. On l'aurait voulu brillant, à défaut d'être fringant. ARTICLE - 23/08/2000

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A PROPOS DE SADE

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Cette compilation de textes a été réalisée par l’équipe documentation de LA MAISON DE L’IMAGE à Aubenas à l’occasion des RENCONTRES DES CINEMAS D’EUROPE 2011

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