21 Septembre - Journée internationale de la Paix
L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement
3,20 euros / N° 614 / Septembre 2016
En marche pour la paix Terrorisme
Nice, Paris, Bagdad, Munich,… de quoi le terrorisme est-il le nom ? (P.8/9)
Irak/ Grande-Bretagne Le rapport qui accuse Tony Blair (P.22)
Thêatre
Dossier : Les objectifs de développement durable (P.11-16)
Le petit poilu illustré (P.22)
REGARD SUR...
Commémoration du 1er bombardement atomique à Hiroshima - Paris - Place de la République - 6 août
Manifestation d’ouverture du Forum social mondial Montréal - 9 août
Enfants, artistes et accompagnateurs avec quelques unes des oeuvres réalisées le 28 juillet, dans une salle municipale de Vinça (66). 2
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
Arrivée de la Marche de la Paix devant le Palais des Papes - Avignon (84) - 14 juillet
Protestation à Penmarc’h (29) contre le tir d’un missile nucléaire M51 - 12 juin
l’Édito
Sommaire Planète Paix n° 614 - Septembre 2016
6
(R)Éveiller les consciences
Actualité
Journée internationale de la paix
P.6
L
Ensemble marchons pour la paix le Samedi 24 Septembre 21 Septembre
P.7
La paix célébrée de partout Terrorisme
P.8/9
Nice, Paris, Bagdad, Munich,… de quoi le terrorisme est-il le nom ?
11
dossier
Les objectifs de développement durable Développement
P.12/13
Des OMD aux ODD
PARTENARIAT
P.14
De la prévention face aux migrations forcées AFRIQUE DE L’OUEST
P.15
Le paradis des Grands Lacs, l’enfer des Génocides
Giselle El Raheb
‘‘ Avec des armes,
vous pouvez tuer des terroristes. Avec l’éducation,
18
vous pouvez tuer
mondialiser la paix
Turquie
P.18
Après le coup d’État militaire Italie
P.19
le terrorisme. ’’ Malala
La grande Marche Pérouse Assise Irak / Grande-Bretagne
P.20
Le rapport qui accuse Tony Blair oTan
P.21
à l’offensive toute !
22
culture
THÊATRE
P.22
Le petit poilu illustré C215
P.23
Des pochoirs et une colombe pour la paix
Mensuel édité par le mouvement de la paix
9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org
Directeur de la publication : Guillaume du Souich Rédacteur en chef : Pierre Villard Secrétaire de rédaction : Alexandre Dicko Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert Comité de rédaction : Raoul Alonso, Nicole Bouexel, Alexandre Dicko, Nadia DornyBennad, Guillaume du Souich, Giselle El Raheb, Annie Frison, Jeannick Leprêtre, Nicolas Pitsos, Roland Nivet, Pierre Villard, Jean-Paul Vienne. Photos et illustrations : Tous droits réservés - Onu Ont participé à ce numéro : Giselle El Raheb, Roland Nivet, Pierre Villard, Alexandre Dicko, K et F, Marzia Ronconi, Annie Frison, Dave Webb, Nicolas Lavallée, Jeannick Leprêtre, Raoul Alonso. Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél. 01 40 12 09 12 ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0317G85601 Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé
’Homme marche pour éloigner ses peurs, rêver son avenir. Notre humanité n’a de sens que dans le regard de l’Autre, mon frère si semblable et si différent. L’attitude de l’Europe face à l’exode des réfugiés s’apparente à celle adoptée durant l’afflux des espagnols, chassés par la guerre ou la misère, et nous ramène à un moment douloureux de l’histoire, la guerre civile qui a ravagé l’Espagne de 1936 à 1939. Nombreux sont les hommes, les femmes et les enfants qui n’ont eu d’autres ressources, pour sauver leurs vies, que de passer la frontière française. Ils ont été plus de 150 000 pendant la guerre elle-même et près de 500 000 au début 1939, lors de la Retirada, quand l’armée républicaine espagnole a été contrainte de battre en retraite. Un regroupement de réfugiés sans eau, sans électricité, sans sanitaires est semblable aux camps de rétention et de concentration du tragique exode des espagnols. La jungle de Calais est un camp de déportation moderne où disparaissent les enfants. Les bateaux en Méditerranée sont les actuels boat people du Vietnam et du Laos. La construction européenne doit être basée sur la paix entre les peuples. Au contraire, c’est l’OTAN qui donne le ton. A quand la réduction des crédits alloués à l’armement afin d’augmenter le budget de l’enseignement et de la recherche ? Les peuples rêvent de justice, de démocratie, de paix, d’idéal fraternel et solidaire. Les mouvements sociaux ont montré en France que ces rêves n’étaient pas oubliés. Pas de paix durable entre les peuples sans éducation à la culture de paix. Malala, prix Nobel de la Paix a bien raison lorsqu’elle affirme « Avec des armes, vous pouvez tuer des terroristes. Avec l’éducation, vous pouvez tuer le terrorisme ». Mais pour cela il est nécessaire que les gouvernements mettent la priorité de leurs actions au service de cette éducation essentielle. La culture pacifiste doit devenir une urgence quotidienne en tous lieux sur la planète. C’est le sens donné aux Marches pour la Paix, initiées par le Mouvement de la Paix, le 24 septembre 2016 dans quatorze grandes villes françaises. Alors, marchons pour éveiller les consciences, pour rêver d’un monde meilleur. Marchons ensemble pour nous connaître, pour nos différences et nos dissonances. Mais marchons !
Bon d’abonnement à Planète Paix page 17 N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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Poème Courrier des lecteurs
Décider de « s’entre-vivre » Commémorer, faire mémoire, ce n’est pas seulement « se souvenir », c’est essayer de tirer leçon des erreurs (et des horreurs !) passées pour ne pas les renouveler. Au lendemain de celles de Verdun, d’Hiroshima et Nagasaki, et à la veille du 21 septembre, je livre à Planète Paix ma réflexion sur « On a gagné la guerre ». Elle veut dire quoi cette glorieuse déclaration ? La guerre serait-elle un jeu de société, un sport collectif… où il y aurait effectivement, mais de manière normalement pacifique, des gagnants et des perdants ? Dans une guerre il n’y a pas de gagnants ! Ceux qui se disent vainqueurs héritent, comme les vaincus, de morts civils et militaires, de blessés dans leur corps, dans leur tête, dans leur cœur, de veuves et d’orphelins, de villes détruites, d’hôpitaux surchargés et de cimetières à perte de vue. C’est vraiment autre chose que « la victoire en chantant » qui faisait le titre d’un hymne guerrier qu’on apprenait autrefois (car j’espère que ce n’est plus le cas) dans nos écoles de la République. Chanter quoi après la victoire ? Des chants funèbres… parce que, comme nous en avertissait déjà la chanson « La République nous appelle / Sachons vaincre et
Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.
sachons mourir / un Français doit vivre pour elle / pour elle un Français doit mourir ». (Avec en plus un « bis » pour les deux derniers vers au cas où on n’aurait pas bien compris… Bel avenir en perspective ! Le 29 mai, j’ai regardé à la télévision la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun. Quand j’ai entendu un orchestre de musiciens allemands (parmi lesquels peut-être des petits fils de « vaincus » de 14 -18), jouer « la Marseillaise », je n’ai pas pu m’empêcher de murmurer à la suite de Jacques Prévert, « Quelle connerie la guerre ». Il y a 100 ans les massacres de Verdun ont fauché plus de 300 000 jeunes vies françaises et allemandes parmi des millions d’autres dans les quatre années de la « grande guerre ». Envoyé au front à 20 ans en 1917, mon père pensait, comme les autres rescapés, qu’elle serait la « der des ders ». Un siècle plus tard, partout dans le monde on continue de s’entretuer. Il serait tout de même grand temps qu’on décide enfin de « s’entre-vivre », non ? Claude Simon (14) Une autre lecture de « This is my land » J’avais lu la critique de ce documentaire par Nicolas Lavallée dans le n°610 de Planète Paix. L’ayant relu après avoir vu le film, je souhaite faire quelques remarques. Si je reprends certaines formulations ou exemples tirés du film, il me semble que Nicolas cède à
cette tendance majeure des médias : l’établissement d’une équidistance ou fausse symétrie entre Israël et la Palestine. Ainsi cite-t-il des réactions de rejet réciproque d’enfants israélien et palestinien ou encore accuse-t-il les « classes dirigeantes [des deux entités, qui] trouvent dans ce conflit leur raison d’être ». A oublier la réalité d’un État occupant et d’un pays occupé, on risque fort de passer à côté de l’objet même du documentaire qui est à mon sens : comment l’étude de l’histoire régionale, au travers de situations concrètes vécues par les élèves, permet-elle d’appréhender le conflit ? On ne peut donc entretenir l’illusion exprimée dans la conclusion de l’article : « on attend le happy end ». Celui-ci ne peut exister dans la situation d’injustice que connaissent les Palestiniens, occupés, colonisés et réprimés par Israël. De mon point de vue, ce documentaire revêt un double intérêt. Il nous immerge dans le « conflit », terme critiquable, en tout cas, ce n’est pas la guerre. Ainsi, on constate que les écoles israéliennes ou mixtes sont confortables et dotées d’outils modernes, celles de Palestine sont vétustes, visiblement sans chauffage ni électricité. La problématique de la terre est exposée avec un contraste saisissant, si Dieu l’a donnée au peuple juif (école Talmud Torah) c’est de leurs ancêtres que les Palestiniens la tiennent (école mixte). Et un élève palestinien de Ramallah évoque le temps où « les vrais Juifs, les Juifs d’avant, ils vivaient avec nous ».
L’histoire n’est pas évacuée en Israël, bien que souvent confondue avec la religion : en tout cas, celle du peuple palestinien est passée sous silence, voire déformée quand est niée l’expulsion de 48 au profit d’un « départ volontaire ». La Shoah, par contre, est largement évoquée bien que sortie de son contexte et devenue l’« icône antihistorique » (Shlomo Sand) pour maintenir la victimisation et justifier la politique sécuritaire. Une véritable déformation de l’histoire peut faire dire aux jeunes Israéliens que « ce sont les Arabes qui ont tué les 6 millions de Juifs » explique une experte israélienne. Dans les écoles palestiniennes, l’accent est mis sur la connaissance du droit (au camp de réfugiés de Balata), par l’étude de la Déclaration universelle des droits de l’homme, celle de la Convention des droits de l’enfant, également sur la situation d’oppression. L’enseignant de Ramallah fait appel à l’« imagination » de ses élèves par des cours interactifs. Son message tend nettement à insuffler aux enfants l’esprit de résistance par la valeur de l’éducation, leur enseignant la fierté d’être un peuple. Privilégiant la pluralité des points de vue, la réalisatrice incite à comprendre en quoi l’école reflète la complexité de la situation et contribue à entretenir le mur de séparation... N’en sera-t-il pas ainsi tant qu’un règlement politique n’assurera pas aux Palestiniens la souveraineté de leur territoire ?
Régine Scaps (14)
Le Mouvement de la Paix à la Fête de l’Humanité Les 09, 10 et 11 septembre prochains au parc départemental Georges-Valbon de la Courneuve, les pacifistes pourront se retrouver au stand situé sur l’avenue Olympe de Gouges. Au moment ou la terreur et la barbarie frappent aux quatre coins du monde, qui appelle chaque jour au repli sur soi et à des mesures liberticides et discriminatoires. Il faut redonner un sens aux valeurs de Liberté, d’Égalité et de Fraternité et faire reculer la haine et le racisme pour se retrouver, participer aux débats tout en prenant un verre et/ou déguster un repas. • Samedi à 15h30 - Débat n°1 : « Dans le climat actuel, quelles réponses face au terrorisme ? Pour assurer la sécurité des citoyens, les solutions proposées sont-elles efficaces ? » • Dimanche 11h - Débat n°2 : « Assistons-nous à une seconde Guerre Froide ? Quelles évolutions pour l’OTAN ? » 4
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
REPÈRES ... Livre
Livre
‘‘DAECH Histoire, enjeux et pratiques de l’État islamique’’
‘‘L’Homme Qui … 100 rêveries illustrées’’
Kader A. Abderrahim Éditions Eyrolles - 192 pages - 10 €
Pascal Colrat Riveneuve Éditions, 2016 200 pages - 15 €
L’« État islamique » -dit « Daech »- ne quitte plus la Une de l’actualité internationale et nationale des nombreux pays concernés par les attaques et la menace terroristes, déroutant les opinions. Histoire -séculaire- de l’islamisme, genèse du terrorisme djihadiste depuis les années 1980, fulgurante montée en puissance de l’EI à partir du Moyen-Orient, figures phares, dates majeures, données chiffrées, enjeux géopolitiques et militaires, stratégie : les clés et repères pour appréhender le phénomène en connaissance de cause.
L’homme qui ne voyait pas l’essentiel, L’homme qui pour mieux se connaître traversait les miroirs, L’homme qui parlait à son enfance, L’homme qui collait des fenêtres sur les murs... Autant de micro-histoires tendres, parfois drôles ou plus métaphysiques, qui posent un regard sur le monde, l’univers, la nature humaine et ses profondeurs. Loin du bruit et de la fureur du moment, ces dessins légendés sont une invitation à prendre le temps de regarder le monde différemment. Une tentative de réponse rêvée.
Livre ‘‘L’Amérique qui vient’’ Christophe Deroubaix - Éditions de l’Atelier - 160 pages, 15 €
Connaît-on bien l’Amérique d’aujourd’hui ? Et celle de demain ? Saviez-vous qu’il n’y a jamais eu aussi peu d’armes en circulation aux États-Unis ? Saviez-vous que le SMIC est passé à 15 dollars de l’heure à Seattle, dans les États de Californie et de New York ? Saviez-vous que dans le comté de Dallas, la shérife élue, Lupe Valdez, est une femme latino-américaine, fille de travailleurs immigrés mexicains, démocrate et lesbienne ? Aux antipodes des raccourcis médiatiques et des clichés souvent pessimistes sur l’Amérique, Christophe Deroubaix observe et travaille depuis vingt ans sur les États-Unis. Il nous surprend par son analyse. Il nous raconte comment la société américaine est en train de changer en profondeur, offrant une vision inattendue des États-Unis et de ses évolutions prochaines. En lisant son livre, on comprend que la société américaine n’est pas celle que l’on croit : éternellement pro-armes, anti-avortement, religieuse, pro-peine de mort, anti-gouvernement, anti-impôts, mal à l’aise avec la diversité, si ce n’est carrément raciste. Contrairement à ce qui transparaît dans les traitements médiatiques obnubilés par sa figure populiste, nationaliste et xénophobe, on comprend que Donald Trump représente l’Amérique d’hier, une Amérique blanche conservatrice minoritaire aux États-Unis. L’Amérique qui vient est jeune, métissée et progressiste. Elle est en train de bouleverser en profondeur le visage de l’Amérique.
IMAGE DU MOIS
C’est une première ! Une équipe de réfugiés a participé aux Jeux olympiques 2016 de Rio. C’est une initiative sans précédent qui constitue un message fort de soutien et d’espoir pour les réfugiés dans le monde entier. Cette délégation était composée de 2 syriens, 2 congolais, 5 soudanais et d’un éthiopien. Autant de peuples qui vivent des heures si noires et qui ont besoin du soutien de la communauté internationale. N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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ACTUALITÉ Journée internationale de la paix
Marchons pour la Paix
«
Nous sommes convaincus que lorsque la guerre se développe, que les dépenses militaires augmentent et que la paix est menacée il est nécessaire d’agir ». C’est à partir de cette conviction que plus de 50 organisations au plan national et plus de 500 citoyens de tous les Marche pour la Paix à Rennes en 2016 départements de France lancent un appel à marcher pour la paix dans 14 villes de En septembre, France le samedi 24 septembre 2016 comme une des contributions à la journée internationale de la paix on marche pour célébrée partout dans le monde le 21 septembre. Cette conviction trouve ses fondements dans les la paix ! Issues réalités de la situation nationale et internationale actuelle dont la gravité est soulignée par des perd’un collectif très sonnes très différentes. Ainsi dans une déclaration commune le pape François et le Patriarche Cyrille divers, des marches le 12 janvier 2016 ont exhorté « tous les chrétiens et tous les croyants en Dieu à prier avec ferveur le permettront aux Dieu Créateur du monde et Provident, pour qu’il protège sa création de la destruction et ne percitoyens d’exprimer mette pas une nouvelle guerre mondiale ». Georges Corm, économiste et historien pour sa part achève ensemble la volonté son livre « Pour une lecture profane des conflits » par ces termes : « Le droit international à double de vivre en paix vitesse et les manipulations dont il fait l’objet... constituent une recette… pour enflammer plus dans un monde de encore les esprits. C’est le nouveau chemin de la guerre généralisée qui nous attend demain si l’on Solidarité, de Justice, n’y prend pas garde ».
de Fraternité. Après les évènements de cet été, c’est un acte d’intelligence pour tracer les chemins de la Paix. EN SAVOIR PLUS • www.mvtpaix.org • www.21septembre.org 6
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
Une pratique non-violente Les marches sont depuis longtemps un moyen d’expression non-violente qu’ont utilisé Mandela, Gandhi et Martin Luther King. Ce dernier dans le cadre de la marche sur Washington pour l’égalité des droits des noirs américains en août 1963 déclarait: « une nation qui continue au fil des ans à dépenser davantage pour ses moyens militaires que pour ses programmes de promotion sociale se rapproche de la mort spirituelle». Cette réflexion est d’une brulante actualité et l’appel pour les marches du 24 Septembre exprime cette inquiétude lorsqu’il indique : « Nous sommes révoltés face à l’augmentation incessante des dépenses militaires qui sont passées de 1144 milliards de dollars en 2001 à 1773 en 2015 ».
Des succès historiques Les acteurs de paix ont organisé de nombreuses marches qui ont abouti à des succès notoires contre les Euromissiles, contre les missiles Hades sur la plateau d’Albion, contre les essais nucléaires contribuant à obtenir un traité d’interdiction globale des essais nucléaires. Ces marches ont souvent été le moyen de personnes ayant des sensibilités différentes d’être au coude à coude pour clamer des aspirations communes. C’est aussi la volonté des signataires de cet appel lorsqu’elles soulignent « qu’aucune de nos différences de convictions, d’appartenance ou de sensibilités philosophiques, politiques, religieuses, syndicales ou autres ne doit faire obstacle à l’expression de notre aspiration commune à vivre ensemble en paix dans la solidarité, la justice et la fraternité ». Allant plus loin et reconnaissant l’utilité et l’importance de l’expression propre de toutes les sensibilités le courrier adressé par le Mouvement de la Paix, en tant que coordonnateur, à toutes les organisations invite les organisations signataires à s’exprimer ellesmêmes avec leur propre sensibilité et leurs propres mots. Ces expressions autonomes sont nécessaires car ces marches loin d’être une initiative ponctuelle s’avèrent être un moment utile dans un processus visant à développer dans notre pays réflexions, débats et actions face à une situation dangereuse pour la paix. Les marches du 24 septembre peuvent y contribuer et permettre à chacun d’exprimer ses propres exigences et dans le même temps d’apporter sa pierre à la recherche d’alternatives pour la paix. Une occasion à ne pas manquer. Roland Nivet
Marches pour la Paix* Samedi 24 septembre 2016 : Gap : 14h30 - Esplanade de la Paix. Grenoble : 10h30 - Place de Lavalette. Lyon : 15h - Berges du Rhône. Marseille : 15h - Vieux-Port. Rennes : 14h30 - Esplanade Charles-de-Gaulle. Paris : 15h - Place de la Republique Dimanche 25 septembre Blois : 8h - Stade municipal Allées Jean Leroi. * Les informations concernant les autres marches devaient encore être validées par les collectifs d’organisations. Merci de vous rapprocher de vos quotidiens régionaux ou des organisateurs.
21 septembre
La paix célébrée de partout Le 21 septembre est un moment qui permet à l’ensemble du mouvement pacifiste, mais aussi à tout citoyen, de se réunir autour d’une date pour mieux agir encore vers un monde exempt de guerres, d’inégalités et d’injustices. Florilège d’initiatives. Manosque (04) 20 septembre à 18h, Maison des associations, Bd du Temps Perdu, Projection du film « Retour d’Algérie » d’Emmanuel Audrain, suivi d’un débat avec Gérard Le Cardinal « Guerre d’Algérie 1954-1962 - Témoignage d’un appelé ». Organisé par le Comité de Manosque du Mouvement de la Paix en partenariat avec 4acg.
du Vieux Port, distribution de fanions de la paix, animations… 12h30 : Estaque au quai Mistral, animations culturelles : académie du chant populaire, l’harmonie de l’Estaque, Festival international de la caricature. 11h16h : Embarquement des passagers pour une sortie en mer (quai Espace Mistral). Organisée par les Comités des Boûches du Rhône du Mouvement de la Paix, la CCAS,…
Embrun (05) 21 septembre, Journée consacrée à l’enfance et la paix. Organisé par Un jour la Paix.
Caen (14) 21 septembre à 15h, 4 heures pour la Paix au Mémorial de Caen. Organisé par le Comité de Calvados du Mouvement de la Paix et Le Mémorial de Caen.
Laragne - Montéglin (05) Du 19 au 26 septembre Pavoisement de la Rue de la Paix par la municipalité. 21 septembre à 21h au Cinéma le Hublot, projection de « This is my land ». Organisé par le Comité de Laragne/Vallée du Buëch du Mouvement de la Paix. Gap (05) 21 septembre à 18h, Rassemblement Esplanade de la Paix. Organisé par le Comité du Gapençais du Buëch du Mouvement de la Paix. 21 septembre, Journée éducative et d’engagement citoyen au Lycée des Métiers Sévigné. Veynes (05) 20 septembre à 21h au Cinéma les Variétés, projection de « This is my land ». Organisé par le Comité Buëch-Dévoluy du Mouvement de la Paix. Cannes (06) 21 septembre à 19h30, Concert des Chorales « La Viva » et « Silence ». Organisé par le Comité des Alpes maritimes du Mouvement de la Paix et La Compagnie Junior. Bouches du Rhône (13) Dimanche 25 septembre, les Voiles de la Paix voguent à Marseille, Istres, Port-de- Bouc, Martigues. 9h30 départ des Voiles, pavoisées de drapeaux Paix, des ports de l’Estaque, Frioul, Pointe-Rouge, Roucas Blanc…, 10h : Prise de parole devant la mairie centrale de Marseille. Départ des Voiles de la Paix
La Rochelle (17) 21 septembre, Exposition « Les étoiles noires » et Table ronde sur les discriminations de 9h à 17h avec les lycéens de La Rochelle sur le thème des discriminations. Organisation : ville de La Rochelle, Club Unesco de la Rochelle, Actions solidaire, Ligue de l’enseignement, Avenir en héritage, LDH17 et le Mouvement de la paix 17 Brive-la-Gaillarde (19) Du 20 au 30 septembre, Exposition consacrée à Albert Jacquard « Albert Jacquard dans l’histoire » à la Médiathèque. Organisé par le Comité de Corrèze du Mouvement de la Paix. Jugeals-Nazareth (19) 21 septembre, Cérémonie de plantation de l’arbre de la Paix, un Ginkgo Biloba. Organisée par la municipalité, les enfants des écoles et le Comité de Corrèze du Mouvement de la Paix. Besançon (25) 21 septembre de 15h à 22h30, Exposition « Femmes ambassadrices de paix » et projection de « Il m’a appelée Malala » et « Germaine Tillion par elle-même ». Conférence– débat « Défendre la paix, de l’arbitrage à la culture de paix» avec Hélène Langevin-Joliot, physicienne, fille de Irène et Frédéric Joliot-Curie, petite-fille de Marie Curie.
Saint Martin d’Hères (38) Du 21 au 23 septembre, Représentation théâtrale « Avant Lysistrata » d’Aristophane par la Compagnie « Droguerie Moderne », au Centre Culturel René Proby. Organisé par le Comité de Saint Martin d’Hères du Mouvement de la Paix. Mont-de-Marsan (40) 21 septembre à 20h, projection de « This is my land », suivie d’un débat au cinéma Le Royal. Organisée par le Comité des Landes du Mouvement de la Paix. Paris (75) Dimanche 18 septembre à 10h départ quai François Mauriac, 10h30 Débat « Sécurité et commerce des armes : qui gagne quoi ? » avec Nils Andersson, éditeur et analyste politique, Patrice Bouveret, Directeur de l’Observatoire des Armements, Hervé Baylac, Secrétaire général de la Fédération Nationale des Travailleurs de l’Etat, FNTECGT, 13h repas. 21 septembre de 10h à 17h, des activités pédagogiques seront proposées aux enfants pour la Journée Internationale de la Paix. Unesco 7 place de Fontenoy, 75 Paris. Organisée par les Comités parisiens du Mouvement de la Paix. Villejuif (94) 23 septembre, Ciné/Soirée débat « This is my land », Maison pour tous Gérard Philipe, 118 rue Youri Gagarine. Organisé par le Comité de Villejuif du Mouvement de la Paix et l’Association France Palestine Solidarité.
ONU. Le 16 septembre à 9h, le Secrétaire général des Nations Unies célébrera la Journée internationale de la paix dans le Jardin de la paix au Siège de l’ONU en faisant sonner la Cloche de la paix et en observant une minute de silence. La Section de l’action éducative des Nations Unies organisera, de 9h30 à 12h30, une vidéoconférence à laquelle participeront des étudiants du monde entier. N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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ACTUALITÉ Terrorisme
Nice, Paris, Bagdad, Munich,… de quoi le terrorisme est-il le « Savoir méditer
la tête. Réfléchir, c’est essayer, une
La militarisation des relations internationales
et réfléchir afin de ne pas subir cette pluie d’informations nous tombant sur
fois que l’on a pu contextualiser, de comprendre, de voir quel peut être le sens, quelles peuvent être les perspectives. Encore une fois, pour moi, la ligne de force d’une sagesse moderne serait la compréhension »1.
EN SAVOIR PLUS • Bibliographie des livres des auteurs cités et des articles parus dans l’Humanité et Libération : www.mvtpaix.org/wordpress/ bibliographie/ 8
C
omprendre, réfléchir ensemble c’est ce qui nous a motivé pour partager avec nos lecteurs des analyses d’universitaires et d’intellectuels qui apportent, à travers des éclairages pluriels, des éléments de compréhension des causes du développement du terrorisme. Ces causes tiennent à la géopolitique et aux guerres, à l’évolution des sociétés dans le cadre de la mondialisation capitaliste, à des facteurs internes aux sociétés et à l’impact de ces facteurs sur les comportements des individus.
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
Pour Rachid Boudjedra, écrivain algérien auteur du « FIS de la haine », « au milieu des années 1980, l’armée américaine va s’installer en Afghanistan pour chasser les talibans. Rambo est arrivé ! Mais, après trente ans de guerre, le résultat américain est égal à zéro. Et c’est de l’Afghanistan, des talibans et avec les dollars saoudiens que les terroristes algériens, formés à tuer à Kaboul et à Peshawar, ont déferlé sur l’Algérie dès le début des années 1990. L’Algérie a été ainsi le premier pays à être le laboratoire de la CIA et du roi d’Arabie pour mettre à l’épreuve cette arme nouvelle, le terrorisme islamiste. L’Algérie, durant dix ans, a été le premier pays à être dévasté par le terrorisme, dans l’indifférence des puissances occidentales, la France à leur tête… Aujourd’hui, c’est Nice, Paris, Bagdad, Alep… Munich qui souffrent de ce cancer effrayant… Nous sommes choqués. Nous sommes compatissants. Nous sommes solidaires. Mais nous sommes lucides aussi ! Parce que nous disons que l’Occident avec son Otan, sa CIA et ses États-Unis, a semé et sème les guerres partout et depuis toujours. Et il ne fait que récolter une énorme tempête. Ce sont les pouvoirs politiques occidentaux qui sont -
d’abord - responsables des massacres odieux que vivent leurs citoyens». L’Afghanistan fut effectivement le premier terrain d’application du concept de guerre à la terreur lancé par les néoconservateurs après le 11 Septembre, concept dont Alain Chouet2 dénonce les conséquences incalculables car « au nom de ‘‘la guerre à la terreur’’ et puisque la terreur n’est pas localisable, l’armée américaine et ses alliés de l’OTAN se sont répandus dans une bonne partie du monde musulman, en Somalie, en Irak ». D’une manière plus globale Dominique De Villepin3 estime que « L’État Islamique, c’est l’enfant monstrueux de la politique occidentale. A chaque fois qu’on fait une guerre il s’agit d’en recommencer une autre pour réparer notre incompétence et notre incapacité à régler les problèmes». Dans Médiapart le juge antiterroriste Marc Trévidic souligne que : « L’Arabie saoudite est l’un des vecteurs de propagation du wahhabisme, qui prône un islam radical, mais elle est aussi notre alliée. Nous lui vendons des armes. Nous lui achetons du pétrole. L’Occident, pour des raisons mercantiles, soutient des alliés dangereux. Et nous en payons le prix. C’est nous qui avons fabriqué l’islamisme ». Dans ce contexte le pape François alerte sur le fait que « des puissants ne veulent pas de la paix car ils vivent de la guerre, quelques puissants tirent leurs ressources de la production d’armes. C’est l’industrie de la mort ». Ainsi il permet d’ouvrir une transition vers Georges Corm4 pour qui «la fin du XXème siècle et le début du XXIème siècle ouvrent une époque historique caractérisée par la montée des injustices socio-économiques à l’échelle mondiale, des souffrances dévastatrices causées par les occupations militaires ou l’encouragement à la désintégration d’États». Il faut, pour lui, rechercher les causes « dans les phénomènes de puissance, d’expansion, de conquête, de déstructuration sociale que l’association du néolibéralisme et du néo-conservatisme produit partout » A. Chouet souligne pour sa part un aspect éclairant des relations entre les USA et l’Arabie Saoudite en rappelant « qu’ en février 1945 de retour de la conférence de Yalta et trois mois avant son décès, le président américain Roosevelt et Ibn Saoud5 en mer rouge à bord du cuirassé Quincy ont conclu un pacte d’assistance à la famille Saoud en échange
nom ? Les monuments du monde entier s’illuminent en hommage à Nice- A Newcastle
du monopole de l’exploitation du pétrole sur l’ensemble du territoire de l’Arabie Saoudite via la société ARAMCO (Arabian American Oil Company) pour 60 ans et renouvelé en 2005 pour la 60 ans. Cette alliance est d’autant plus précieuse pour les Américains que, outre les intérêts financiers partagés, l’influence des Saoud dans le monde musulman constitue un excellent contre-feu face aux dérives sociales, libérales, nationalistes, tiers-mondistes qui pourraient aboutir ici ou là à des contestations de l’hégémonie économique américaine ».
La crise politique et sociale en France Pour Gilles Kepel6 après la marche des beurs de 1983 l’évolution des banlieues est marquée par une crise de la représentation politique du fait de l’absence de réponses politiques conséquentes aux revendications d’intégration, de promotion, de non-discrimination portées par cette marche. Cela explique en partie qu’après les émeutes de 2005, et faute de perspectives, une partie de la jeunesse sera captée et instrumentalisée par les mouvements islamistes. Pour G. Kepel cette récupération est d’autant plus facile que les solidarités tissées par le mouvement social et ouvrier, les syndicats et le Pcf se sont délitées fortement alors que « la dégradation de l’emploi consécutive à la crise financière touche les quartiers populaires, où de 2008 à 2012 le taux de chômage des hommes y augmente de 49 %, celui des femmes de 55 % ». On peut ajouter que les politiques d’austérité ont accéléré le processus.
Les éléments psychiatriques Or, quand les conséquences des guerres et de la crise financière, sociale et politique s’imbriquent avec les facteurs personnels et psychiatriques, le chemin peut s’ouvrir vers le crime et les assassinats individuels ou de masse d’une partie infime du corps social mais
avec des conséquences gravissimes. Ainsi Boris Cyrulnick7 indique que « quand on coule, on s’accroche à tout ce qui flotte. C’est dans le chaos que poussent les héros. Les meneurs d’âmes vous indiquent le chemin, la cause du mal et les moyens de s’en sortir. Dans des conditions dramatiques, un grand nombre de jeunes deviennent ainsi des armes consentantes. Ce ne sont que des pantins déculturés. Que le cerveau soit altéré par une maladie ou par un appauvrissement du milieu culturel, les effets relationnels sont les mêmes. Incapables de ne pas passer à l’acte, ils ne parviennent pas à prendre le recul nécessaire à la réflexion. Ils sont ainsi des proies faciles pour un chef totalitaire qui cherche à imposer sa loi. Il suffit de leur faire croire qu’ils seront héroïsés et vivront auprès de Dieu après leur mort. C’est ainsi qu’on fabrique des gogos armés ». Or, l’évolution de la société contribue à un isolement grandissant des individus qui sont, à travers le développement foudroyant d’Internet, la proie facile des chanteurs de rêves. D’autant, dit M. Trévidic, que « ce qui les attire avant tout, c’est de laisser leur vie et leurs emmerdes derrière eux… Aujourd’hui, c’est facile, un avion pour la Turquie coûte 230 euros. Au jeune qui n’a rien à faire, rien à bouffer, ces chanteurs de rèves lui offrent un beau pick-up, une belle kalach’ et un peu d’argent. Il n’a pas besoin d’avoir lu le Coran pour dire oui ! » Pour François Berardi8 l’adoration pour la compétition, principe exalté par les sociétés capitalistes, crée tellement de frustrations qu’elle engendre la violence comme dernier recours pour exister. Ainsi Éric Harris, l’un des auteurs du massacre de Colombine, écrit dans son journal intime « vous m’avez toujours traité comme un con, je ne parviens pas à être le “gagnant” que je devrais être, alors je vais disparaître, mais avant, je ferai quelque chose
qui fera de moi le vainqueur d’un moment ». Bien sûr, ces facteurs psychiatriques ne peuvent effacer le fait, comme le dit Bruno9 Guigue, que « le terrorisme est une entreprise politique, et s’il fournit à des individus désaxés le moyen d’exhaler leur mal-être, c’est parce que l’organisation préexiste à cette piétaille ». Enfin M. Trévidic et G. Kepel indiquent qu’avec la désintégration d’Al Quaïda un nouveau type de terrorisme a fait son apparition au mode opératoire plus simple et faisant appel au crime sous n’importe quelle forme y compris individuel. Le résultat combiné de tous ces facteurs c’est la situation actuelle avec l’émergence de Daesh et plusieurs milliers de jeunes européens partis en Syrie. Cette brève analyse, à laquelle il faudrait ajouter les analyses approfondies de Pierre Jean Luizard dans son livre « le piège Daesch » montre une diversité de causes et appelle donc des solutions qui ne peuvent être militaires, car comme le dit A. Chouet « pour assécher le vivier du terrorisme il faut des mesures sociales, économiques, éducatives, culturelles, politiques et diplomatiques d’envergure ». Roland Nivet 1
Citation d’Edgar Morin.
2
Diplômé de l’École des langues orientales, Ex-chef
de service au sein des services secrets français(DGSE) 3
Ancien ministre des affaires étrangères.
4
Professeur à l’Université Saint Joseph de Beyrouth-
économiste et historien-spécialiste du Proche Orient. ex ministre des finances au Liban. 5
1er roi d’Arabie saoudite.
6
Spécialiste de l’islam et du monde arabe. Animateur
du séminaire « violence et dogme » à sciences po Paris. 7 8
Psychiatre et psychanalyste. Philosophe italien auteur de « Tueries : forcenés et
suicidaires à l’ère du capitalisme absolu ». 9
Ancien sous-préfet, essayiste et analyste politique. N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
9
Au jour le jour Yémen : Une guerre qui n’a que trop duré
La guerre au Yémen qui oppose les forces pro-Hadi, soutenues par une coalition arabe sous commandement saoudien, aux houthistes, chiites accusés de liens avec l’Iran et alliés à des forces restées fidèles à l’exprésident Ali Abdallah Saleh a d’ores et déjà fait plus de 6 600 morts et 30 000 blessés et l’exode forcé de plus de 2,8 millions de personnes depuis l’intervention de la coalition arabe en mars 2015. Mais alors qu’un accord de Paix était sur le point d’être conclu, les Nations Unies ont annoncé la suspension des négociations et ont exigé la création d’une organisation chargée d’enquêter sur la violation des droits de l’Homme au Yémen. En dépit des négociations qui ont été suspendues, l’émissaire de Paix détaché auprès de l’ONU, Ismail Ould Cheikh Ahmed, refuse catégoriquement de parler d’échec alors même que sur le terrain les combats font rage, notamment non loin de Sanaa, capitale yéménite depuis 2014. Selon l’UNICEF au cours de la dernière année, quelque 2 300
enfants ont souffert en raison du climat de cruauté qui règne. Le conflit accroît la pauvreté et les privations, emprisonnant les enfants dans un cercle vicieux de violence, de mariages précoces, de pertes et d’incertitude. John Kerry, secrétaire d’État américain, a annoncé une nouvelle initiative de paix tout en rappelant que, selon un rapport de l’ONU, 620 enfants ont péri et 758 ont été estropiés depuis juillet 2015. « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » (Extrait de l’Acte constitutif de l’UNESCO).
Le Burkini, un faux débat
Après la diffusion de photos montrant des policiers obligeant une femme sur la plage de Nice à ôter son Burkini, plusieurs associations féministes se sont offusquées pour défendre les femmes visées par ces mesures. En s’attaquant directement aux femmes voilées, la société française se trompe de cible. L’on ne peut également écarter
que cela fait suite à l’attentat meurtrier du 14 juillet qui a ensanglanté la ville de Nice et qui a coûté la vie à 85 personnes. Alors même qu’en Allemagne le port du Burkini ne pose aucun problème, le débat sur l’interdiction du Burkini, ce vêtement de bain couvrant l’intégralité du corps, continue d’agiter l’opinion publique. L’ancien leader de mai 68 Daniel Cohn-Bendit a rappelé des exemples récents de femmes voilées dans l’actualité, et saluées par la communauté internationale ; Kimia Alizadeh, une iranienne médaillée de bronze aux JO de Rio en Taekwondo, et qui portait un voile/foulard/hijab pour la compétition, ou encore Malala Yousafzai, prix Nobel de la paix, militante féministe et porteuse du voile. Il y a des problèmes, mais ce n’est pas un Burkini qui crée les problèmes. Le problème est de savoir comment aider les femmes musulmanes dans leur combat pour renverser la vapeur.
Turquie/Syrie, un combat qui en cache un autre Alors que la coalition internationale poursuit ses bombardements sur les territoires contrôlés par le groupe paramilitaire terroriste prétendument État Islamique (EI), le Président turc Recep Tayyip Erdogan a pris la décision d’intervenir en Syrie.
Il n’intervient pas pour détruire l’’EIsuite aux attentats qui ont ensanglanté la Turquie mais bel et bien pour contrer l’avancée des Kurdes. La ville de Jarablos se trouve sur le territoire contrôlé par Daech en Syrie prise en tenaille entre les deux régions kurdes d’Afrin et de Kobané. Les Kurdes qui se battent sans relâche ont finalement réussi à freiner l’avancée de l’État Islamique. Pour le gouvernement Turc, cette jonction qui créerait un territoire d’un seul tenant entre les mains des Kurdes de Syrie n’est pas concevable, car cette jonction signifierait qu’il n’y aurait plus la possibilité d’un passage direct entre la Turquie
et la Syrie. C’est pourquoi Erdogan attaque les troupes kurdes combattant les troupes de Daech tout en prétextant combattre l’État Islamique. On est donc dans un labyrinthe d’une extrême complexité. La politique d’Erdogan est une politique extrêmement rapide et vive qui passe d’une alliance circonstancielle à une autre de façon à conserver la main quelles que soient les difficultés. Pour lui, la seule chose non négociable, ce sont les Kurdes de Syrie qui ont partie liée avec les Kurdes turcs.
ça se passe près de chez vous • Provence Alpes Côte d’Azur Stage de formation à la Culture de la Paix du 11 au 13 novembre, à destination des animateurs des comités du Mouvement de la Paix, dans le cadre du programme régional de formation des bénévoles. 11 novembre : participation aux cérémonies pacifistes de ChâteauArnoux (04) en partenariat avec la Libre Pensée. 12 et 13 novembre : formation des bénévoles a Gîte de Trescléoux (05). Éducation aux techniques de communication, éducation à la culture de la paix en milieu scolaire, appropriation de la Culture de la Paix par les adhérents du Mouvement de la Paix. Organisé par la coordination PACA du Mouvement de la Paix Informations : 04 91 91 47 00 / paca@mvtpaix.org 10
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• Lissac sur Couze (19) Dimanche 9 octobre à 9h, 14ème Trail de la Paix. Organisé par le comité Corrèze du Mouvement de la Paix : http://traildelapaix19.over-blog.com/ • Rennes (35) Du 1 au 29 septembre, Exposition « Quartiers en Paix » par Joël Lacire Maison des Associations, 6 cours des Alliés. Organisé par le comité de Rennes du Mouvement de la Paix : rennes@mvtpaix.org • Angers (49) Mardi 13 septembre à 19h, Projection « Les jours heureux ». Organisé par le Comité du Maine-et-Loire du Mouvement de la Paix : mouvementdelapaixangers@sfr.fr
DOSSIER
les objectifs de développement durable
• Développement
Des OMD aux ODD • PARTENARIAT
De la prévention face aux migrations forcées • AFRIQUE DE L’OUEST
Le paradis des Grands Lacs, l’enfer des Génocides
A l’échéance de 2015, le bilan de réalisation des « 8 Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) », montre nettement qu’ils étaient loin d’être atteints. Un chantier s’est ouvert à l’ONU pour aller plus avant, améliorer les domaines concernés et mettre à jour les objectifs sur la question vitale du Développement Durable. La place de la Culture à rentrer dans les objectifs fut l’objet d’âpres discussions. L’Unesco et les Ong internationales de la Culture, dont l’AIEP (association internationale des éducateurs à la paix) pour la Culture de la Paix, appuyèrent. Enfin à l’unanimité, les 193 États membres de l’ONU ont adopté en septembre 2015, les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD), d’ici à 2030. Comme l’a écrit M. Ban Ki-moon « Ils sont universels et s’appliquent à tous les pays. Et ils sont indispensables à la Paix. ». C’est pour cela qu’ils sont le thème retenu pour le 21 Septembre de cette année : « Les objectifs de développement durable : les piliers de la Paix ». Les promoteurs de la Culture de la Paix et de la non-violence se retrouvent parfaitement dans l’ensemble. Et en particulier, l’objectif n°16 se décline en 12 alinéas. N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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DOSSIER
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Développement
Des OMD aux ODD En 2000, l’ONU adoptait les OMD : Objectifs du millénaire pour le développement. Huit objectifs pour 2015 venus rendre concrète la Déclaration du millénaire de l’Organisation des Nations Unies. Quinze ans plus tard, constatant les avancées et les manques, les États publient les OOD : Objectifs de développement durable.
EN SAVOIR PLUS • https://sustainabledevelopment. un.org/content/documents/10729 Rapport%20ODD%20France.pdf 12
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P
our le nouveau millénaire, les États membres de l’Organisation des Nations Unies ont considéré devoir s’engager pour le développement humain en se fixant des objectifs mesurables. Ces objectifs recouvraient de grands enjeux humanitaires. Si l’ONU a bien été créée pour fin mettre au fléau de la guerre, son action se situe principalement ailleurs, et notamment dans la prévention des conflits par l’action sur tout ce qui peut prévenir les situations violentes. De là est né le concept de culture de la paix. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2000, Année internationale pour la culture de la paix, ont été adoptés les Objectifs du millénaire pour le développement. Ils étaient à atteindre en 2015. Vaste programme, sans doute difficilement réalisable au vu de la hauteur des ambitions : la réduction de l’extrême pauvreté et de la mortalité infantile, la lutte contre plusieurs épidémies dont le SIDA, l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes, et l’application du développement durable…
Quel bilan des OMD ? Le bilan de 15 années d’objectifs du millénaire est à la fois très positif et insuffisant. Prenons l’exemple de la lutte contre l’extrême pauvreté : si des progrès significatifs ont pu être réalisé en faveur de la sécurité alimentaire1 en Amérique Latine et dans les Caraïbes, les progrès restent faibles en Afrique, notamment subsaharienne où près d’un habitant sur quatre souffre toujours de faim. La planète dans son ensemble doit relever de nouveaux défis, comme le changement climatique et la dégradation de l’environnement. Aussi, en septembre 2015, forts de ces constats non atteints dans leur totalité et conscient de la dynamique enclenchée - notamment grâce à l’implication des sociétés civiles - les États membres de l’ONU ont souscrit un nouvel accord. De nouveaux objectifs de développement durable (ODD) ont été fixés. Ils sont aux nombre de 17. Parce que ces préoccupations sont mondiales, les ODD sont valables pour tous les pays et tous les citoyens. Les ODM ont servi de fil conducteur pour le Sud (pays considé-
rés pauvres), soutenu par le Nord (pays considérés comme riches), via les réductions de dettes, le commerce et l’aide, mais la lecture de la relation NordSud classique n’est plus de mise. En outre, les ODD sont plus ambitieux. Ils n’entendent pas réduire de moitié la pauvreté, mais bien l’éradiquer. Et ils mettent l’accent sur la durabilité pour que nos descendants puissent vivre sur une planète saine. Ils visent également à réduire les inégalités au sein des États et entre États, atteindre l’égalité entre hommes et femmes, améliorer la gestion de l’eau et de l’énergie et à agir vite contre le changement climatique.
Une nouveauté essentielle Le programme d’objectifs de développement durable s’intitule « Transformer notre monde : le programme de développement durable à l’horizon 2030 ». Les 17 ODD sont ainsi déclinés en 169 objectifs, par lesquels l’ONU entend rendre le monde meilleur d’ici à 2030. On retrouve 5 grandes thématiques : l’humain, la planète, la prospérité, la paix et le partenariat. Cela correspond au besoin de vivre dans la dignité, de protéger la planète, d’offrir à chacun une vie riche et épanouissante, dans une société sans angoisse ni violence où se construit une nouvelle solidarité mondiale dans laquelle chacun fait en sorte de ne laisser personne à la traîne. On peut se questionner sur la faisabilité d’une telle ambition et notamment sur le nombre de ces objectifs. Les ODD prennent en compte la complexité du monde. De même que la Culture de la Paix ne se conçoit pas comme une opposition à la guerre, mais comme un ensemble de valeurs, d’attitudes et de comportements, destinés à agir sur les causes des guerres et des violences, les ODD prennent de la hauteur et de l’ampleur dans ce qui constitue le développement. Ils incluent les droits de l’homme, la paix et la sécurité, le respect de l’État de droit et la bonne gouvernance. Fait également nouveau et exceptionnel, le fait que les ODD soient liés entre eux, comme l’a souligné Ban Ki-moon2 dans son appel à se mobiliser pour le 21 septembre, lancé depuis le siège des Nations Unies New-York à 100 jours de la Journée internationale
dé v el o ppe m en t de la Paix. Le trait d’union est la paix. Par exemple, pour éradiquer la pauvreté (ODD1) ou la faim (ODD2), tous les autres ODD sont indispensables. Les ODD, aussi divers soientils, constituent un seul et même programme d’actions pour un monde viable, pour les générations actuelles et à venir.
Le coût des ODD
dura b le
de pouvoir les « différencier ». En effet, des chiffres généraux sur l’accès à l’enseignement ne sont pas très éloquents. Il faut voir comment s’effectue la répartition : entre les garçons et les filles, la ville et la campagne, entre riches et pauvres. Savoir que la population rurale est à la traîne, permet de rectifier la politique en conséquence.
Par exemple, les vêtements de Zara et H & M proviennent majoritairement de l’étranger (Bangladesh, Éthiopie, etc.), où les conditions de travail ne sont pas toujours très honorables. Opter pour des énergies vertes ou moins utiliser la voiture constitue aussi une option. Si l’implication personnelle est importante, elle ne saurait cependant être le seul levier car elle
Concernant le traitement des données, on parle d’une véritable « révolution ». Par rapport au début des OMD en 2000, les ordinateurs sont beaucoup plus puissants et les programmes plus efficaces. Se forger une idée des tendances en temps réel doit être possible. C’est beaucoup de travail pour les statisticiens des organisations de l’ONU comme le PAM (aide alimentaire), l’OMS (santé), l’UNICEF (enfants) et l’UNEP (environnement), mais c’est une bonne chose pour adapter facilement la politique aux tendances.
s’apparente un peu trop souvent à de la culpabilisation, alors que dans le même temps des pratiques industrielles ou étatiques viennent réduire à néant ces mêmes efforts individuels.
La réalisation de ces objectifs coûterait entre 3.300 et 4.500 milliards de dollars (entre 3 000 et 4 100 milliards d’euros) par an, estiment les analystes, soit l’équivalent du budget fédéral des États-Unis pour 2016. Cela apparaît comme une somme colossale. Aujourd’hui, le budget de développement mondial est de 135 milliards de dollars. C’est un montant record, bien que beaucoup de pays n’atteignent pas 0,7 % de leur RNB3, comme la plupart s’y étaient pourtant engagés.
Une ambition mesurée Beaucoup se demandent légitimement si l’ONU n’est pas allée trop loin ? Les ODD sont ambitieux. Ils constituent une forme de rêve collectif, incluant des ambitions nobles, pour rendre le monde meilleur. Mais ils se donnent le moyen d’y arriver. Prenons l’ODD16 concernant la paix et les droits. Il va de soi qu’Israël et la Palestine concrétiseront leur ambition de paix différemment, que les régimes dictatoriaux qui souscrivent aux ODD ne changeront pas d’emblée leurs manières de faire. Mais les ODD les y encouragent. Tous les pays sont impliqués dans un processus au sein duquel les ODD peuvent porter leurs fruits, même dans les pays les plus difficiles. La « philosophie de croissance économique » ne va pas changer subitement pour correspondre aux impératifs écologiques planétaires. Mais les ODD mettent un processus en marche. Bien qu’il ne soit pas contraignant, cet agenda est porteur d’une force morale à laquelle tous les pays ont souscrit. En outre, plusieurs engagements des ODD réfèrent à des engagements internationaux déjà conclus par ailleurs, qui sont juridiquement contraignants. On peut citer par exemple les Conventions de l’OIT sur le ‘travail décent’ dont traite l’ODD 8.
Mesurer le suivi des avancées L’ONU a prévu de mettre en place 300 indicateurs afin de suivre l’avancée des objectifs de développement durable. Non inscrit à l’ordre du jour de la conférence des Nations Unies de septembre, de nouvelles réunions se sont tenues depuis à cet effet car disposer de données fiables est essentiel afin de connaître les tendances mondiales. L’important est également
Des objectifs universels Les ODD sont identiques pour tous les pays. Mais le contexte diffère d’un pays à l’autre. Ainsi, l’action en République Démocratique du Congo est beaucoup plus centrée sur la pauvreté et la faim qu’en Belgique. Chaque pays doit définir comment atteindre les ODD. En juillet, s’est tenu à New-York un Forum politique de Haut niveau au cours duquel la France s’est portée volontaire pour présenter une revue nationale de sa mise en œuvre de l’Agenda 2030. Ainsi, le 20 juillet, Mme Ségolène Royal y a présenté un document de 54 pages. Le ministère affirme que les contributions de ces ateliers ont permis d’enrichir le document de travail alors présenté qui s’est transformé en rapport sur la mise en œuvre par la France des Objectifs du développement durable. Les ODD s’adressent aussi au citoyen à titre individuel. Surtout l’ODD12 (consommation et production durables) qui se situe à l’échelle du citoyen. En optant pour des choix conscients, on peut, en tant qu’individu, obliger les entreprises à travailler de manière plus durable.
Du concept aux actes Avec les Objectifs de Développement Durable, l’ONU prend en compte l’irréversibilité des interconnexions des activités humaines. Elle démontre que les actions des uns dépendent et ont un effet sur celle des autres. C’est particulièrement vrai pour tout ce qui touche à la paix. Combien de conflits, à peine terminés, sont déjà prétexte au suivant ? Si l’institution internationale démontre également là toute son utilité, il serait sans doute naïf de penser que tout est terminé. Au contraire, gagner la mise en œuvre des objectifs de développement durable est un défi majeur qui doit aujourd’hui mobiliser toutes les intelligences des sociétés humaines. Construire le développement de manière durable et partagée, sans vainqueur ni vaincu, n’est-il pas le meilleur moyen de prévenir les engrenages qui conduisent aux violences et aux guerres ? C’est tout l’enjeu de la Culture de la Paix dont les ODD viennent renforcer la crédibilité. On peut considérer que l’ONU est passée du concept aux actes. Pierre Villard 1
Le nombre de personnes vivant avec moins d’un
1,25 dollars par jour est passé de 1 926 millions en 1990 à 836 milli ons en 2015 2
Voir Planète Paix n°613
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Revenu national brut
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DOSSIER
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PARTENARIAT
De la prévention face aux migrations forcées
Un cimetière flottant à la mémoire des Syriens morts en Méditerranée
Le seuil de 60 millions de personnes déracinées a été franchi en 2015. Les ODD sont une réponse à cette réalité sociale. Le débat autour des migrations ne peut plus être esquivé et ne resurgir qu’à l’aune de crises humanitaires sous l’effet de l’émotion et du prisme déformant d’une actualité portée par l’instantané. 14
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
D
u Brexit à l’arrangement entre l’Union européenne et la Turquie, en passant par l’intention du Kenya de fermer Dadaab, les attentats extrémistes inspirés ou orchestrés par l’autoproclamé État islamique et la politique de repli sur soi et d’exclusion promue par le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine Donald Trump, tout contribue à un climat qui favorise l’action individuelle des États afin de fermer la porte aux réfugiés et aux migrants, plutôt que de répondre à leurs besoins. C’est préjudiciable pour la mise en application et la réussite des ODD, et plus précisément de l’OOD n°17. Cela n’augure rien de bon pour ceux qui espèrent que la prochaine réunion de haut niveau des Nations Unies pour gérer les mouvements massifs des réfugiés et des migrants et le Sommet des dirigeants sur les réfugiés, convoqué par le président américain Barack Obama donneront lieu à des engagements concrets en faveur d’un partage des responsabilités relatives à la question des réfugiés. Cela donne également peu d’espoir de voir les pays s’appuyer sur leurs objectifs de développement pour s’occuper en priorité des plus vulnérables. Le principe de solidarité s’effrite face à la réalité. Les États Européens sont peu disposés à partager le poids de l’accueil, surtout supporté en Europe par l’Italie et la Grèce. La proposition de la Commission d’un système de quotas de demandeurs d’asile par pays illustre à merveille le court-termisme de politiques destinées à ne traiter la question migratoire que dans l’urgence, et qui s’oppose farouchement à l’Objectif du Développement Durable n°17. La question est, au-delà du volet sécuritaire et de l’accueil en France des réfugiés, d’aider sur le long terme les pays d’origine de ces migrants. Les migrations sont
presque toujours subies. Le Niger par exemple est un pays de tous les défis. Le Sahel est une zone géographique qui est la plus touchée par la désertification, mais aussi par les problèmes d’inondations, la plus touchée par les problèmes de terrorisme, par la démographie. Bien que les Objectifs du Développement Durable soient ambitieux, ils n’accordent paradoxalement aucune place à la question des réfugiés de manière explicite alors même que cette question est criante d’actualités. Il y a matière à questionnement. Les migrations sont des conséquences. Il n’y a pas un problème de migrants. Il y a des pays en guerre et des pays en développement où les menaces de perte de vie provoquées par la guerre ou la famine poussent à la migration. Il faut donc repartir de ces objectifs de développement durable qui sont les réponses aux causes des migrations. Selon un tout dernier Rapport statistique publié aujourd’hui par le Haut Commissariat aux Réfugiés, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés. Les guerres et la persécution ont généré un nombre de personnes déracinées sans précédent. Selon ce rapport intitulé Tendances mondiales, quelque 24 personnes en moyenne ont été forcées de fuir chaque minute en 2015, soit quatre fois plus que dix ans plus tôt quand six personnes fuyaient toutes les 60 secondes. Le rapport détaillé, explique que le déplacement forcé dans le monde entier sur la base de statistiques fournies par des gouvernements et des organisations partenaires ainsi que selon des informations internes au HCR, détermine un total de 65,3 millions de personnes qui étaient déracinées à la fin 2015, comparativement à 59,5 millions seulement 12 mois plus tôt. Le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés Filippo Grandi a ainsi déclaré : « Un nombre terrifiant de réfugiés et de migrants décèdent en mer chaque année ; à terre, les personnes fuyant la guerre ne peuvent poursuivre leur voyage car les frontières sont fermées. ». C’est la première fois depuis la création du HCR que le seuil de 60 millions est franchi. Alexandre Dicko 1
Le plus grand camp de réfugiés du pays
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AFRIQUE DE L’OUEST
Le paradis des Grands Lacs, l’enfer des Génocides K. et F. vivent au Kivu en RDC1. Invités en France comme délégués du Mouvement de la Paix des Grands Lacs africains2, Marzia Ronconi les a rencontrés. Ils font le point sur l’environnement et la qualité de vie au Nord-est du pays dans une région qui subit conflits et violences armées depuis plusieurs décennies. En lien direct avec les ODD.
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lanète Paix : Pensez-vous qu’en RDC la nature et l’environnement sont respectés ?
K et F : Oui et non. Oui au niveau individuel. Les personnes tiennent à leur propre jardin. Non au niveau plus général, de l’État, car en matière de protection et de respect de l’environnement le travail est réalisé par les ONG.
PP : Existe-il des programmes de recyclage des déchets ? K et F : Non, nous ne recyclons rien. En réalité je ne connais qu’une association de femmes veuves, à Goma, qui pour s’autofinancer, recycle des sacs dans l’objectif de les revendre comme sacs à main.
PP : Existe-il des zones protégées en RDC ? K et F : Oui, il y a des parcs naturels. Par exemple à Goma, il y a le Parc National de Virunga. Mais la protection de la faune est privilégiée au détriment de la flore. La déforestation est une réalité car les gens ont besoin de charbon pour cuisiner. Pendant que les ONG essayent désespérément de sensibiliser la population, l’armée qui devrait s’occuper de la protection des zones protégées s’en désintéresse totalement. Les soldats sont les premiers à couper les arbres dans les zones qu’ils devraient protéger.
PP : Et au niveau énergétique ? K et F : L’électricité est un luxe concédé à une minorité. A Goma, 2 à 3 heures par semaine. Elle est d’origine hydraulique car l’utilisation de panneaux solaires dépend unique-
Groupes armés en RDC - Photo Sylvain Liechti
ment des capacités financières des individus. La majorité des panneaux solaires proviennent de Chine et ont une courte durée de vie.
se trouvant à environ 3 mètres de profondeur est facile à trouver et à exploiter. De plus il ne nécessite pas de travaux de nettoyage.
PP : Et en matière d’eau potable ?
PP : Votre pays est aussi riche en or et en diamants.
K et F : A Goma, l’eau potable provient des lacs, mais la distribution n’est pas équitable. Seulement trois familles sur dix ont un robinet dans leur maison et assez souvent la distribution de l’eau est coupée. Cette eau est salée. Elle est traitée, mais elle garde un goût de sel, auquel nous nous sommes habitués. Dans les villages de montagne la situation est meilleure car l’eau provient de sources naturelles montagneuses.
PP : En parlant des ressources minières, qu’en est- il du coltan ? K et F : Ce minerai est très demandé au niveau mondial car il sert à fabriquer les batteries des téléphones, ordinateurs, tablettes, etc. L’extraction de ce minéral abondant n’est régulée par aucune loi. C’est l’anarchie. D’autant que les mines sont à ciel ouvert, car le coltan
K et F : Il y a pour ces minéraux des lois pour garantir une subdivision équitable des mines entre les différentes entreprises. Mais elles ne sont pas appliquées dans les villages contrôlés par les milices ou l’armée.
PP : Est-ce qu’il y a beaucoup de conflits liés à la terre ? K et F : Oui car les enjeux financiers sont énormes. Les tribunaux ont affaire quotidiennement avec les disputes foncières. Notre région pourrait être le paradis, ce qui nous manque c’est la paix. Entretien réalisé par Marzia Ronconi 1
République démocratique du Congo
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Burundi, Rwanda et RDC N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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RÉFÉRENCE
Les Objectifs de développement durable (ODD) Fin septembre 2015 les États membres de l’ONU ont défini 17 objectifs de développement durable (ODD) pour améliorer le monde d’ici 2030. Les 15 premiers correspondent aux 3 piliers du développement durable : social, écologique et économique. Les 2 derniers façonnent le cadre indispensable : paix et sécurité, et partenariat. Aujourd’hui, nombre d’habitants des pays en développement vivent avec moins de 1,25 dollar par jour. L’objectif est de réduire la pauvreté de moitié au niveau national d’ici 2030, l’éradication mondiale étant le but ultime. Filles et garçons doivent pouvoir aller librement à l’école primaire et secondaire et poursuivre leurs études. L’enseignement technique, professionnel et universitaire doit être librement accessible, quel que soit le sexe ou l’origine. L’énergie doit être produite et utilisée plus efficacement. Tout le monde doit avoir accès à une énergie moderne, abordable et durable. Les sources renouvelables doivent gagner en importance. L’inégalité (au sein des pays et entre eux) doit être combattue, par une progression plus rapide des bas salaires et une participation accrue des pays en développement à la prise de décision des institutions économiques et financières internationales. Le changement climatique concerne chaque pays, sur chaque continent. Les responsables politiques doivent prévoir des mesures d’adaptation et les citoyens y être sensibilisés. L’ONU veut rendre les nations vulnérables plus résistantes aux catastrophes naturelles. Paix et sécurité - aussi juridique - sont essentielles pour un monde meilleur. L’objectif inclut la protection des enfants contre les abus et mauvais traitements et la lutte contre la corruption. Les gens ont droit à une administration compétente et honnête à tous les niveaux. 16
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
Tout le monde doit avoir accès à une alimentation abordable. Les nouvelles techniques agricoles permettront de cultiver des aliments sains et de qualité, de manière durable, et de garantir la sécurité alimentaire. L’inégalité entre les sexes (plafond de verre, écart salarial et violence sexiste) doit être éradiquée. Les femmes, comme les hommes, ont droit à une bonne santé et à être informés sur la sexualité et la reproduction. La croissance économique revêt avant tout de l’importance pour les pays les moins avancés. Des conditions de travail sûres et décentes pour hommes, femmes et jeunes, et la protection des droits du travail peuvent y contribuer. L’ONU veut abolir l’esclavage, le travail forcé et le travail des enfants. La croissance économique ne peut nuire à l’environnement.
La mortalité infantile et maternelle doit diminuer, tout comme la consommation d’alcool et de drogues. Il faut informer sur les maladies contagieuses, pour lutter contre leur propagation. Les maladies mentales et la diminution des victimes de la route sont deux autres points d’attention de l’ONU. Tout le monde a droit à l’eau potable et à des équipements sanitaires. La qualité de l’eau doit être améliorée, par la réduction de la pollution, l’arrêt des rejets de produits chimiques et la diminution de moitié des eaux usées. Il faut remédier à la pénurie d’eau. L’infrastructure durable est le fondement d’une économie forte et du bien-être social. Une industrie innovante et l’Internet pour tous sont deux autres éléments essentiels.
Le logement de l’avenir doit tenir compte d’une population en expansion, d’où le choix de modes de construction sûrs, propres, durables. Des zones d’habitat plus verdoyantes et de bons transports publics, permettant de réduire la pollution routière, sont deux autres cibles.
Notre société de consommation produit beaucoup de déchets. La gestion durable et l’utilisation efficace des matières premières sont indispensables. La population mondiale doit être sensibilisée à un mode de vie plus vert. Il faut réduire le gaspillage alimentaire et la production de déchets.
Mers et océans sont menacés et doivent être protégés. Surpêche, déchets et pêche illégale, contraires à une politique durable, ne bénéficieront plus de subsides.
Les écosystèmes terrestres (forêts, marais et montagnes) doivent être protégés. La conservation de la biodiversité est prioritaire, tout comme la restauration des zones naturelles touchées.
L’ONU prône une coopération accrue entre entreprises, gouvernements, citoyens et organisations, mais aussi entre tous les acteurs. Technologies, partage des connaissances, échanges commerciaux, finances et données sont autant d’aspects essentiels. La coopération est la clé pour le développement de la croissance durable.
On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît
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MONDIALISER LA PAIX Turquie
Après le coup d’État militaire La situation en Turquie est grave et inquiétante. Il est difficile de se forger une opinion sur les évènements. Des informations contradictoires
L
e coup d’État militaire du 15 juillet a manqué. Il avait été préparé pour le 1er août, date annuelle de la réunion du conseil national de l’armée. Il fut mis en place plus rapidement et ne fut pas, cette foisci, soutenu par la population1. Même le HDP2, ce grand parti d’opposition progressiste qui défend notamment la cause kurde, s’est immédiatement solidarisé avec les autorités du pays, tout en rejetant la purge phénoménale en cours et la sombre dictature qu’elle laisse présager. Le Président Recep Tayyip Erdoğan a pris le contrôle total du Parlement, il va poursuivre avec les Universités, la justice… et il sait qu’il sera sans doute réélu lors
nous parviennent. La situation internationale avec des positions aussi ambiguës sur les rapports entre la
Européenne, Israël,
États-Unis ne présage rien de bon.
Le 5 juin, Recep Tayyip Erdoğan a déclaré « Une femme qui rejette la maternité (…) quand bien même elle réussit sa vie professionnelle, est incomplète, inachevée ». 18
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
Avec le coup d’État, la présence de 50 bombes thermonucléaires (le plus grand stock d’armes nucléaires de l’OTAN4) sur la base d’Incirlik, située à 110 km de la Syrie, constitue une nouvelle situation d’instabilité et de risque potentiel pour le monde. N’est-il pas temps que les États-Unis rapatrient ces armes sur leur territoire ? N’est-ce pas une preuve supplémentaire du danger monstrueux que font courir ces armes à la sécurité internationale ? La base turque, pendant les heures d’instabilité qui ont suivi le coup d’État, fut en proie à un certain désordre et la sécurité portée au niveau d’alerte le plus élevé utilisé normalement en cas d’attaque terroriste imminente. La politique étrangère de la Turquie semble déboussolée. Erdoğan se tourne vers la Russie et entretient des relations amicales avec Israël. En même temps deux bateaux turcs chargés de 10 milliards de dollars de vivres se dirigent vers Gaza ! La Turquie accueille 3 millions de syriens mais l’accord avec la Grèce n’est toujours pas mis en place et l’Union Européenne ne délivre pas de visa aux turcs.
Empêcher les pleins pouvoirs
Turquie et l’Union
la Russie ou les
Une politique étrangère déboussolée
d’élections anticipées éventuelles. Le bilan mi-août, est pourtant sinistre : limogeage de soixante à quatre-vingt mille personnes, militaires, fonctionnaires principalement dans la justice, mutés ou mis au placard, journalistes, arrestation de nombreuses personnes de la société civile3 avec tortures et sévices. La presse est muselée, les manifestations sont désormais interdites et les droits de l’homme, et notamment des femmes, mis à mal. Même si Erdoğan se définit comme un islamiste politique plus modéré que son rival Fetullah Gülen, émigré aux États-Unis, dont le parti plus réactionnaire cherche un retour aux traditions ancestrales, il est facile de comprendre que les droits des femmes vont être revus à la baisse. Sa femme n’a-t-elle pas dit, au printemps dernier, que le harem était une bonne école pour la femme.
Comment réagir pour que la Turquie puisse enfin (re)devenir un État démocratique avec une séparation du clergé et de l’État ? Comment apporter notre solidarité à toutes celles et ceux qui luttent pour éviter Erdoğan ne s’arroge les pleins pouvoirs ? Tel est l’espoir qui doit animer les pacifistes pour que l’instabilité régionale ne s’aggrave pas. Annie Frison 1
La population opposée à un gouvernement islamique, sou-
tint les coups d’État en 1971 et en 1980. 2
Parti démocratique des peuples.
3
Orhan Kemal Cengiz, avocat, journaliste, défenseur des droits
de l’homme à Genève, et sa femme, journaliste, sont arrêtés le 21 juillet à l’aéroport Ataturk d’Istanbul. Elle fut relâchée quelques heures après. Il est toujours emprisonné. 4
Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (voir dossier Pla-
nète Paix n°613).
MONDIALISER LA PAIX Italie
La grande Marche Pérouse Assise
L
La Marche pour la paix Pérouse Assise est une initiative du mouvement pacifiste italien. Elle a lieu tous les deux ou trois ans et se déroule sur une distance d’environ 24 km, de la ville de Pérouse jusqu’à Assise.
EN SAVOIR PLUS • www.perlapace.it/
a première marche entre Pérouse et Assise a eu lieu le 24 Septembre 1961 grâce à l’initiative du philosophe non-violent Aldo Capitini, l’un des premiers à développer en Italie les théories sur la non-violence de Gandhi. Cette première marche voulait être un cortège pour la paix et la non-violence et affirmer « la paix et la fraternité entre les peuples ». C’est la première fois que le drapeau arc-en-ciel avec le mot PACE (paix) en blanc fut utilisé comme symbole d’opposition nonviolente contre toutes les guerres. À partir de 1988, l’organisation de la marche a été confiée à des communautés et associations italiennes qui ont constitué en 1996 la Tavola della Pace (Table de la Paix). La dernière marche « En route pour la paix et la fraternité», a eu lieu en 2014 avec la participation de plus de 150 000 personnes selon Flavio Lotti, le coordinateur de la Tavola della Pace. Cette année une nouvelle Marche Pérouse - Assise pour la paix et la fraternité, aura lieu le 9 Octobre 2016 sous l’intitulé le “chemin de la nonviolence”. Cette Marche pour la Paix semble être la plus grande et plus ancienne manifestation populaire pour la paix en Europe. Son histoire se mêle avec tous les principaux événements internationaux des 50 dernières années. En même temps, elle contribue à dessiner un autre horizon à travers des moments de réflexion et d’élaboration, de grandes assemblées internationales et des programmes éducatifs qui préparent la marche durant les deux années qui la précèdent. Pour 2016 la thématique est centrée sur l’éducation et le rôle de l’école comme l’indiquent les extraits ci-après de l’Appel pour la Marche : Rien ne
se fait au hasard. Dans la mesure où la plupart des violences d’aujourd’hui sont le résultat de nos choix, économiques et sociaux, collectifs et individuels, nous avons le pouvoir et, par conséquent, le devoir, de créer la paix en éliminant les causes de ces violences. Le défi de la paix est immense, mais il est à portée de main. Si tout le monde fait sa part, nous allons gagner ! Mais seulement si vous participez, parce que, comme a dit Capitini : ‘‘l’isolement ne résout pas les problèmes.’’ Flavio Lotti a, dans le cadre de la priorité à l’éducation, souligné comment la prochaine Marche Pérouse - Assise sera la marche des écoles et de tous les gens qui, à l’intérieur et à l’extérieur de l’école, travaillent tous les jours pour favoriser la croissance d’une nouvelle culture capable de s’opposer à la violence, l’arrogance et l’égoïsme. L’école est pour lui le laboratoire idéal pour rechercher, développer et tester cette nouvelle culture en favorisant la croissance de la capacité des nouvelles générations qui n’ont jamais connu la guerre d’imaginer la paix, de la désirer, de la défendre et de la construire dans les lieux où elle n’existe pas. La marche Pérouse - Assise est une opportunité pour se réunir et pour élever nos voix tous ensemble afin de se faire entendre. Dans des temps ardus où la solidarité manque, où la peur voudrait régner, s’exprimeront des exigences, dans lesquelles il faut continuer à croire, et qu’il faut continuer à défendre : la paix et le respect de tous les droits de l’homme, ici comme ailleurs. Marzia Ronconi
Une délégation de pacifistes de France participera à la marche Pérouse Assise le dimanche 9 octobre. Pour toute information, contacter le Mouvement de la Paix - Tél. 01 40 12 09 12 Courriel : national@mvtpaix.org ou Marzia Ronconi : rennes.mouvementpaix@gmail.com N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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MONDIALISER LA PAIX Irak/Grande- Bretagne
Le rapport qui accuse Tony Blair Publié le 6 juillet dernier, le rapport de la commission d’enquête britannique sur la Guerre en Irak est sévère avec Tony Blair, le 1er ministre de l’époque. Selon des témoins il aurait tout fait pour que la guerre ait lieu, tentant de rallier à lui les pays européens face à la France. Dave Webb, président de la CND1, nous livre sa réaction. EN SAVOIR PLUS • www.cnduk.org 20
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P
lanète Paix : Le rapport de la commission d’enquête pointe les responsabilités de Tony Blair. Quelle est votre appréciation ?
l’attaque et l’occupation de l’Irak, qui ont abouti à des centaines de milliers de morts et des souffrances humaines indicibles.
Dave Webb : Le rapport Chilcot fournit un compte rendu précis et percutant sur la façon dont la Grande-Bretagne a été impliquée dans la guerre en Irak. Maintenant, nous avons enfin la confirmation officielle de ce que nous avons toujours su - que Tony Blair a délibérément exagéré la menace posée par Saddam Hussein et nous a emmenés à la guerre sur la base de mensonges, de tromperie et une violation du droit international. Ce rapport donne raison, à posteriori, aux millions de personnes qui ont défilé et fait campagne contre la guerre. Il a existé grâce à une campagne incessante pour que Tony rende des comptes à la justice.
PP : Que compte faire la CND suite à ces révélations ? Une action en justice est-elle possible ?
PP : Que pensez-vous des regrets exprimés par Tony Blair suite à la publication de ce rapport ? D.W : Tony Blair a rejeté les critiques de la Commission d’enquête de sa décision de nous conduire à la guerre, et son expression de « tristesse, regret et excuses pour quelques erreurs » sonne creux à la lumière des conclusions accablantes du rapport. Chilcot a montré que Blair et Bush ont décidé de déclarer la guerre à l’Irak, puis ont recherché tout ce qui pourrait être utilisé comme preuve pour justifier leur action. En février 2003, plus de 2 millions de personnes ont participé à la plus grande manifestation anti-guerre jamais vue à Londres. Selon l’universitaire français Dominique Reynié2, entre le 3 janvier et le 12 avril 2003, 36 millions de personnes à travers le monde ont participé à près de 3.000 manifestations anti-guerre - le plus grand événement de protestation dans l’histoire humaine. Cependant, ces protestations ont été ignorées. L’illégalité de la guerre a été écartée, et les responsables des mensonges ont continué à les utiliser pour justifier
D.W : Le rapport ne se prononce pas sur la légalité de la guerre, considérant que cela relève d’un « tribunal dûment constitué et internationalement reconnu ». C’est clairement ce qui est nécessaire. L’affirmation par le gouvernement Blair que la résolution 1441 du Conseil de sécurité de l’ONU lui permettait d’utiliser légalement la force armée contre l’Irak a été contestée devant la Haute Cour par la CND à l’époque. Notre équipe juridique a déclaré que le Royaume-Uni serait en violation du droit international s’il entrait en guerre en Irak. Mais malheureusement, la Cour s’est déclarée non-compétente pour interpréter le droit international, et a dit que le faire serait préjudiciable à l’intérêt public, aux relations internationales, à la politique de sécurité nationale et de défense. La CND maintient sa position d’alors : de partout où des individus, quel que soit leur niveau de responsabilité, sont jugés responsables de crimes, ils doivent faire face à la puissance de la loi. Personne n’est exemptée de la justice. Le rapport montre que Tony Blair devrait être renvoyé devant la Cour pénale internationale3 et accusé de crimes contre l’humanité. Notre gouvernement le doit aux familles de ceux qui en ont payé le prix fort ; elle le doit aux soldats envoyés pour combattre dans une guerre illégale ; elle le doit aux Irakiens innocents qui ont perdu leur vie et aux millions de personnes qui ont souffert et souffrent encore depuis. Entretien réalisé par Pierre Villard 1
Campaign for nuclear disarmament, organisation pacifiste
britannique très impliquée contre la guerre en Irak. 2
Professeur à Sciences-Po, engagé au sein du parti « Les Ré-
publicains ». 3
Le Royaume-Uni adhère à la CPI, les États-Unis non.
MONDIALISER LA PAIX Otan
à l’offensive toute ! Le déploiement de bataillons dans les pays baltes et en Pologne est l’une des décisions majeures du sommet de l’Otan1 tenu à Varsovie en juillet. Sans doute plus grave est la logique offensive dans laquelle l’alliance s’engouffre en lien avec l’Union européenne.
A
lors qu’au lendemain de la Guerre froide et jusque dans les années 2000, la logique de l’Otan était celle de la projection de la stabilité hors sol (dans les Balkans, en Afghanistan), l’Alliance est à nouveau entrée dans une logique de guerre silencieuse comme cela l’a été pendant la Guerre Froide. Son rapprochement avec l’Union européenne est flagrant. Le secrétaire général de l’Alliance Jens Stoltenberg, le président du Conseil européen Donald Tusk et le président de la Commission européenne Jean-Claude Junker, ont déclaré que : « Face aux défis sans précédents venant de l’Est et du Sud, le moment est venu de conférer au partenariat stratégique Otan-UE un nouvel élan et une nouvelle teneur ». L’Otan accuse Moscou d’« actions agressives, déstabilisation de l’Ukraine, violation des droits humains en Crimée, activités militaires provocatrices aux frontières de l’Otan en Baltique et mer Noire et dans la Méditerranée orientale en soutien du régime syrien, volonté démontrée d’obtenir des objectifs politiques par la menace et l’utilisation de la force, et une rhétorique nucléaire agressive ». Face à tout cela, l’Otan « répond » en renforçant ses forces nucléaires en Europe sous prétexte de la « dissuasion », et sa « présence avancée dans la partie orientale de l’Alliance » par un déploiement militaire au bord de la Russie. C’est une véritable déclaration de guerre. De son côté, la Russie n’est pas sans tort, mais cela ne justifie ni les gesticulations politiques (réunion à Varsovie) ni les provocations militaires (déploiement de forces de combats à proximité du territoire russe).
Des moyens renforcés En plus de sa contribution au sein de l’alliance atlantique, Washington va dépêcher en 2017 une brigade blindée de 4.200 hommes de son quartier général situé en Pologne. Et c’est
loin d’être fini, au risque de faire croître une situation déjà sous tension, l’Otan a donné un coup d’envoi à la construction d’un bouclier anti-missile en Europe. La France va participer modestement à la soi-disant sécurisation de ces pays en envoyant, en 2017, 150 hommes en Estonie auprès des 500 Britanniques qui devraient être déployés là-bas, puis en 2018 en Lituanie, cette fois-ci auprès d’unités allemandes. Enfin, cet été la France a pris son tour de garde au-dessus de la Baltique pour faire respecter l’espace aérien des pays baltes avec ses Mirage 2000 dans le cadre de l’Otan. Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’Alliance, a par ailleurs déclaré que les bases de l’Otan, en Espagne, en Turquie et en Roumanie sont en mesure de fonctionner sous le commandement de l’organisation. Rappelons que l’Otan englobe 3 des 5 puissances nucléaires membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et chapeaute les forces armées britanniques et françaises depuis 1974. De plus, les États-Unis sont le seul État nucléaire qui stationne des armes nucléaires sur le territoire
d’autres États. Aucun autre État nucléarisé ne s’est octroyé ce privilège qui constitue une situation d’exception violant l’esprit du Traité de non-prolifération Nucléaire (TNP).
Amabilités réciproques Les décisions du sommet de Varsovie font repenser au contexte de la Guerre Froide. Les relations bilatérales russo-américaines sont de plus en plus tendues. Deux responsables russes ont été expulsés après l’attaque perpétrée en juin 2016 d’un diplomate américain à Moscou. La réponse diplomatique ne s’est pas fait attendre, deux responsables diplomatiques de l’ambassade américaine à Moscou ont été expulsées à leur tour, considérées persona non grata pour des activités incompatibles avec le « statut diplomatique ». Alexandre Dicko 1
Voir Planète Paix n°613
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
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CULTURE THÊATRE
Le petit poilu illustré Présent au Festival d’Avignon, Planète Paix a glané de bons spectacles que nous vous ferons partager au cours des mois à venir. Nous commençons par la compagnie Dhang Dhang pour une histoire de la Grande Guerre racontée aux plus jeunes. Une pièce à la fois burlesque et émouvante.
EN SAVOIR PLUS • Retrouvez toutes les dates sur le site de la Compagnie Dhang Dhang www.dhangdhang.com/ • https://vimeo.com/121180755 22
N° 614 - Septembre 2016 - Planète PAIX
I
ls sont deux acteurs, Alexandre Letondeur et Romain Puyuelo, pour ce spectacle familial tout public. Paul et Fernand sont deux poilus. Avant la guerre, ils sont artistes de cabaret. Aujourd’hui, ils reviennent de l’au-delà pour témoigner. Ils ont choisi la manière ludique mais respectent la rigueur historique. C’est l’originalité et le défi de cette création qui s’appuie sur l’humanité née des tranchées. Et qui de mieux que deux clowns pour nous parler d’humanité et d’absurdité ? « Pour parler d’absurdité, la guerre est un bon terrain » indique Alexandre Letondeur, auteur du texte. Il poursuit « Je me suis inspiré des journaux des tranchées. Ces derniers nous montrent que l’humour des Poilus leur fut d’un incroyable secours pour survivre ». Des ces tranchées naissent des scènes cocasses, ubuesques et pleine d’humanité. « Notre axe dramaturgique ? Parler de la guerre comme le faisaient les Poilus entre eux, avec un certain recul, et se servir de cette élégance potache pour mieux dire l’indicible » précise l’auteur.
Un univers visuel, sonore Le spectacle est une rencontre, celle de deux soldats en capotes et godillots dans une chambre d’enfant... Tout au long du spectacle, les objets venant du passé s’associent aux jouets présents dans la chambre pour raconter la même histoire. Le contraste des matières et des accessoires, casques en fer, jouets en bois,... participe à la composition des images. Pour mieux servir le propos historique et faire voyager l’imaginaire des plus jeunes sans altérer la vérité, on utilise différentes formes théâtrales, marionnettes, ombres chinoises. Le jeu des acteurs est très physique. Visuel, il emprunte des techniques au théâtre burlesque, à la bande mimée, au masque ou au duo clownesque. La guerre, c’est aussi le son. Des bombes sur le front aux chansons populaires de l’arrière, les techniques modernes et traditionnelles se mélangent. Les instruments populaires, comme l’accordéon et la trompette, et les chansons d’époque redonnent le vibrato d’antan. La musique classique rend la « grandeur » des batailles tandis que des musiques électroniques retranscrivent les conditions extrêmes du poilu dans sa tranchée. Ainsi la Rengaine des obus succède au Rap des tranchées.
Un spectacle pédagogique « Le Petit Poilu illustré » est un album de sou-
venirs. Il marque une volonté de mémoire. Paul et Ferdinand y déroulent un fil chronologique où tout ce qu’ils racontent est authentique. Les acteurs évoluent dans de véritables costumes et objets d’époque. Alors que le dernier poilu nous a quittés en 2011, l’auteur a conçu cette pièce comme un acte de sensibilisation des plus jeunes à cette période de l’histoire qui s’éloigne petit à petit. Conçu pour les plus jeunes, dès 6 ans, ce spectacle s’adresse cependant à tous. Chacun s’y impliquera selon son propre degré de lecture. Là où l’accessoire restera un jouet pour l’enfant, il portera une tout autre symbolique pour l’adulte. L’émotion l’emportera pour les parents au moment où les enfants éclateront de rire. La compréhension et l’intérêt des plus jeunes sont facilités par un spectacle en séquences. Chaque thème abordé est conçu comme un numéro. On peut y voir une bataille en bande mimée, l’occupation des tranchées avec des marionnettes, un duo clownesque à la caserne, l’assaut commenté comme un match de sport. Le spectacle a reçu le Label « Centenaire » de la Mission Centenaire 14-18. Il a été présenté au Festival d’Avignon en 2015 et 2016. Avec « Le petit poilu illustré » Paul et Ferdinand tournent les pages de l’Histoire et revivent pour nous leur quotidien. Ils nous amusent afin que nous ne les oubliions pas. Pierre Villard
CULTURE C215
Des pochoirs et une colombe pour la paix Christian Guémy, alias C215, est pochoiriste-graffeur. Dans les rues d’Ivry, de Gaza, Grenoble, Paris ou ailleurs, il distille ses portraits humanistes. A 42 ans, le jeune papa a décidé
«
d’embellir la vi(ll)e. Couleurs et messages d’un artiste engagé pour la fraternité… et la paix !
Mes œuvres placent des invisibles au rang des célébrités. À travers ces visages, je souhaite que les passants se confrontent à leur propre humanité ». Christian Guémy, alias C215, est un « graffeur », un « street-artiste », qui utilise des bombes de couleurs pour que les murs, les poubelles, les rideaux de magasins, les armoires électriques gardent une trace des vies de la rue. Et de leurs drames… Avec ses armes pacifiques, Christian Guémy parcourt le monde, de Bondy où il est né à Gaza, où il a peint des colombes, des chats, des enfants, des sourires, des espoirs. à 42 ans, le jeune homme s’est fait une place dans le milieu branché du street-art. Dans cet art de rue qui cultive le côté underground, libertaire et irrécupérable, il est difficile de conserver son indépendance lorsque le succès commence à vous solliciter en permanence. Mais l’homme n’est pas dupe : « Vous êtes nombreux à me réclamer un
dessin spécifique «pour Nice», écrit-il sur sa page facebook au lendemain de l’attentat du 14 juillet. Je n’en ferai pas, du moins pas tout de suite, préférant évoquer la paix et l’amour d’une manière plus générale. Je l’ai dit en d’autres circonstances je ne suis pas nécrologue, je préfère, face à la mort, patienter et faire « mémoire », c’est à dire après quelques temps remémorer, donc lutter contre l’oubli, plutôt que de me fendre d’une oeuvre à chaud pour participer au concert de dessins re-publiés de manière virale sur vos pages et celles des grands journaux. (…). Mon seul message est simple par ailleurs : Ne cédez pas à la haine. Il nous faut au contraire donner bien plus d’amour et de paix alentour. Je n’ai rien de plus à dire ». Ne rien dire mais peindre pour éviter l’oubli, pour que l’oubli ne prenne pas la place du souvenir. Depuis 2015, C215 est devenu comme une réaction humaniste à cette violence urbaine qui terrorise nos rues. Le visage d’Ahmed
Merabet, assassiné lors de l’attentat contre Charlie Hebdo, continue de regarder la vie de la rue où il est tombé. Et cette colombe qu’il a offerte pour la Journée Internationale de la Paix… Comme Ernest Pignon-Ernest, qu’il considère comme le premier street-artiste français, Christian Guémy est un admirateur du Caravage, ce maître de la mise en scène en clair-obscur et des peintures tragiques comme la vie. Le natif de Bondy installé à Vitry-sur-Seine dont il a fait une des capitales européennes du street-art, le dit lui-même : « Là où je peins, ça pue la pisse »… Ses dessins au pochoir arpentent les rues depuis une dizaine d’années, 2006 pour être précis : « pour oublier qui j’étais, la société dans laquelle j’évoluais, mais aussi pour des questions pratiques et de rapidité d’exécution ; enfin et surtout pour laisser des signes de ma présence à ma fille de 3 ans », confiaitil dans Le Monde. Quant à son statut d’artiste engagé, il le revendique : « La société bourgeoise s’oriente vers le populisme, le parti Les Républicains est prêt à franchir le pas d’une alliance avec le FN ; artistes et intellectuels se roulent dans la farine du pouvoir, expliquait-il dans Libération. En 2017, je crains que le climat politique change beaucoup pour les artistes. » Nicolas Lavallée
EN EN SAVOIR SAVOIR PLUS PLUS C215 à l’œuvre - Palestine
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