1. COMMENT UNE INITIATIVE A PETITE ECHELLE EST DEVENUE UN MOUVEMENT INTERNATIONAL? 1.1 | IL ETAIT UNE FOIS …
Au début des années 1970, le Biafra - région de l’actuel Nigeria - est le théâtre d’une effroyable guerre civile qui voit une partie de sa population privée volontairement d’aide alimentaire. Des médecins français, qui assistent la Croix-Rouge sur le terrain, vont alors être les témoins de cette catastrophe humanitaire. La neutralité de la Croix Rouge leur interdit toutefois de dénoncer cette situation. Une tragédie similaire se joue au Pakistan oriental - l’actuel Bangladesh - à la même époque. En 1970, le pays est ravagé par un cyclone qui fera des centaines de milliers de victimes. Face à la négligence des autorités gouvernementales, dix millions de Pakistanais sont contraints de se réfugier en Inde. L’aide des Nations Unies se révélera également tardive et insuffisante. Le journal médical Tonus décide alors de lancer un appel à la mobilisation des médecins français pour aller secourir ces millions de personnes en danger. En 1971, journalistes et médecins sont ainsi les premiers à participer activement à la création de Médecins Sans Frontières, en France. Cette organisation d’aide médicale humanitaire entend se doter d’une plus grande liberté d’action et dénoncer publiquement certaines situations. En 1980, une branche belge de Médecins Sans Frontières voit le jour à l’initiative d’un groupe de médecins. C’est à partir d’un minuscule bureau de la Chaussée de Waterloo, à Bruxelles, que l’organisation enverra son premier expatrié en mission dans des camps de réfugiés en Thaïlande.
1.2 | LE DEVELOPPEMENT DE MSF
L’organisation ne tarde pas à se développer. De nouvelles missions s’ouvrent successivement au Tchad, au Mali et en Éthiopie. La poignée de pionniers va, peu à peu, se transformer en un vaste mouvement. Ainsi, en 1988, lorsque l’Arménie est frappée par un violent séisme, MSF est l’une des premières organisations à se rendre sur le terrain pour tenter de répondre aux besoins immenses de la population. Il s’agit du premier accès concédé par l’ex-Union soviétique à des travailleurs humanitaires étrangers. En 1989, la chute du mur de Berlin contribuant à la réouverture des frontières avec le bloc de l’Est, en plein délitement, l’aide de MSF ne se concentrera désormais plus sur les seuls pays en développement. De nouvelles missions voient le jour en Europe de l’Est. Au siège de Bruxelles, un département axé sur l’aide d’urgence vient compléter les activités courantes développées au sein des missions. Il s’agit pour MSF de réagir plus rapidement et plus efficacement aux situations d’urgence humanitaire. Des bureaux de MSF voient aussi le jour dans différents pays. Ils sont chargés des activités d’information et de sensibilisation ainsi que de la collecte de fonds et du recrutement. Les activités médicales sont axées à la fois sur la prévention et le traitement, et sur les urgences comme sur les projets à long terme. MSF est également active dans le domaine de l’aide alimentaire, de l’hygiène et de l’assainissement et de l’assistance COMMENT UNE INITIATIVE A PETITE ECHELLE EST DEVENUE UN MOUVEMENT INTERNATIONAL 1
psychosociale. Lorsque le contexte le permet, les équipes travaillent en étroite collaboration avec les gouvernements et les organisations locales, afin de renforcer les structures médicales existantes dans le pays. 1.3 | VIOLATIONS DU DROIT HUMANITAIRE
Dans les années qui suivent, les collaborateurs de MSF vont être les témoins de la politique d’épuration ethnique menée en ex-Yougoslavie, du génocide rwandais, de la politique irakienne d’extermination des Kurdes, etc. Autant d’atrocités qui conduisent MSF à prendre la parole, à plusieurs reprises, afin de dénoncer publiquement de tels agissements et de rappeler à la communauté internationale ses responsabilités. MSF estime de son devoir, dans le cadre de sa mission, de dénoncer publiquement les crises médicales humanitaires et les graves violations des droits de l’homme dans les régions où l’organisation est présente. Elle entend ainsi ouvrir les yeux de la communauté internationale sur ce qui se passe réellement dans certains contextes et, si possible, améliorer les conditions de vie des populations locales. En 1995, lors de la réunion internationale de Chantilly, en France, MSF réaffirme que le plaidoyer et le témoignage feront explicitement partie de son mandat.
1.4 | PRIX NOBEL
Au cours des années 1990, MSF connaît un développement considérable. Cet essor est assorti d’attentes grandissantes vis-à-vis de l’organisation. Il exige davantage de professionnalisme dans le domaine du recrutement, de la préparation et de l’accompagnement des collaborateurs de terrain. En octobre 1999, MSF voit ses efforts couronnés par le Prix Nobel de la Paix. Cette distinction ne récompense pas uniquement son action dans le domaine médical, mais aussi, et surtout, son plaidoyer et son témoignage en faveur des populations en danger. Le montant du prix est affecté à l’organisation d’une campagne internationale d’accès aux médicaments pour les populations les plus pauvres du monde.
1.5 | AU 21e SIECLE
Au début du troisième millénaire, les organisations humanitaires font face à des missions de grande envergure. Aux interventions dans les zones de conflit et aux crises humanitaires viennent s’ajouter de nombreux autres défis pour MSF: populations exclues des soins de santé, ravages causés par le sida, résurgence des épidémies de tuberculose et de malaria, effondrement des systèmes publics de soins de santé, pénurie de médicaments, etc. Face à ces nouveaux défis, MSF doit absolument préserver son caractère unique et rester une organisation active au sein même de la société, qui, par le biais d’actions humanitaires et médicales mais aussi par le témoignage, oeuvre en faveur d’une aide médicale humanitaire neutre et indépendante pour les populations en danger.
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2. LA CHARTE DE MEDECINS SANS FRONTIERES La Charte de Médecins Sans Frontières s’articule autour d’une idée centrale: le droit de tout individu à bénéficier d’une aide humanitaire. MSF estime donc qu’il est de son devoir de porter secours aux victimes de guerres et de crises. La Charte de Médecins Sans Frontières souligne, en outre, le caractère neutre, impartial et indépendant de l’organisation. TOUS LES MEDECINS SANS FRONTIERES ADHERENT AUX PRINCIPES SUIVANTS:
• Les Médecins Sans Frontières apportent leurs secours aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de situation de belligérance, sans aucune discrimination de race, de religion, de philosophie ou de politique. • Oeuvrant dans la neutralité et en toute impartialité, les MSF revendiquent, au nom de l’éthique médicale universelle et du droit à l’assistance humanitaire, la liberté pleine et entière de l’exercice de leur fonction. • Ils s’engagent à respecter les principes déontologiques de leur profession et à maintenir une totale indépendance à l’égard du pouvoir, ainsi que de toute force politique, économique ou religieuse. • Volontaires, ils mesurent les risques et les périls des missions qu’ils accomplissent et ne réclameront, pour eux ou leurs ayants droit, aucune compensation autre que celles que l’association sera en mesure de leur fournir.
LA CHARTE DE MEDECINS SANS FRONTIERES
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3. STRUCTURE ET ORGANISATION 3.1 | LA STRUCTURE INTERNATIONALE LE RESEAU INTERNATIONAL
MSF est connue aux quatre coins du monde sous le nom de Médecins Sans Frontières (MSF). Il s’agit d’un réseau de dix-neuf sections nationales intégrées. Ces dix-neuf sections souscrivent à la Charte (voir page 5) qui décrit les principes de départ de l’action de MSF. Les sections collaborent de manière intensive dans les domaines de la communication, de la formation, de la logistique, de la collecte de fonds et du recrutement des ressources humaines. Les projets humanitaires reposent, eux aussi, sur une collaboration étroite. Face aux institutions et aux organismes internationaux, comme l’Union européenne ou les Nations Unies, MSF se présente comme un seul et unique mouvement. DE MONTREAL A HONG KONG
Cinq sections assurent elles-mêmes la mise en œuvre de projets humanitaires, d’où leur nom de ‘centre opérationnel’. Il s’agit de la Belgique, des Pays-Bas, de la France, de l’Espagne et de la Suisse. Les quatorze autres bureaux - les ‘sections partenaires’ - se concentrent principalement sur la récolte de fonds, le recrutement, l’information et les contacts avec les médias et la presse à l’échelon national. Il s’agit de l’Allemagne, de l’Australie, de l’Autriche, du Canada, du Danemark, des États-Unis, de la Grèce, de Hong Kong, de l’Italie, du Japon, du Luxembourg, de la Norvège, du Royaume-Uni et de la Suède. Le siège du ‘Bureau international’ est basé à Genève. Il assure la coordination de la coopération et représente MSF. Il possède une antenne à New York et une autre à Bruxelles. LE CONSEIL INTERNATIONAL
Chaque section est indépendante et possède son propre statut juridique et sa propre structure organisationnelle et de financement, régis par la législation nationale. Les quatorze sections partenaires ont, chacune, un lien particulier avec l’un des cinq centres opérationnels. Les sections non-opérationnelles du Danemark, de Hong Kong, d’Italie, du Luxembourg, de Norvège et de Suède sont ainsi rattachées au centre opérationnel de Bruxelles. Un Conseil international examine régulièrement les orientations stratégiques de l’action de MSF et les questions d’actualité qui concernent la coopération internationale. Il réunit les présidents de toutes les sections de MSF. 3.2 | LE CENTRE OPERATIONNEL DE MSF-BELGIQUE
Le siège de la section belge de MSF est établi à Bruxelles. Ce centre opérationnel se compose d’une direction générale (dont dépend également un centre de recherche et de lobbying), d’un département des opérations, de cinq départements d’appui et d’un auditeur interne. LE DIRECTEUR GENERAL est responsable des contacts externes et définit la politique
générale des projets de MSF. De par sa position d’acteur humanitaire, MSF est régulièrement appelée à prendre position sur des thèmes humanitaires.
STRUCTURE ET ORGANISATION
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LE CENTRE DE RECHERCHE de MSF suit attentivement la réalité opérationnelle et
humanitaire, catalyse les efforts de réflexion de l’organisation et fait connaître notre expérience et nos positions auprès d’autres organisations et des autorités. LE DEPARTEMENT DES OPERATIONS se compose de différentes équipes, chacune en charge
du suivi d’une région spécifique du monde. Il est responsable de la conception, de la mise en oeuvre et de l’évaluation de toutes les missions. Outre les projets d’urgence, il coordonne également les actions à plus long terme. Ce département gère également les fonds institutionnels. LES CINQ DEPARTEMENTS D’APPUI: • LE DEPARTEMENT MEDICAL se compose de spécialistes ayant pour domaines
d’expertise, entre autres, la médecine, la santé publique, l’assistance psychosociale, la nutrition, l’hygiène, l’eau et l’assainissement, certaines maladies spécifiques comme le sida ou la tuberculose, la vaccination et le travail de laboratoire. Ces experts offrent un appui technique direct aux missions, organisent des formations et décident des grandes lignes d’action de MSF dans le domaine médical. Ce département est également responsable des contacts avec les spécialistes médicaux et les institutions. • LE DEPARTEMENT DE LA LOGISTIQUE est en charge du transport, des technologies de l’information et de la communication, de la télécommunication, de la construction, de l’assistance technique et de la réhabilitation. Ce département est également responsable des rapports avec les experts et les organismes logistiques externes et de l’organisation de certaines formations. MSF Supply est une société coopérative créée en 1989. Centrale d’approvisionnement de MSF, elle a pour mission d’acheter et de fournir dans des délais très courts du matériel et des médicaments en grandes quantités. L’entreprise assure la livraison du matériel et des médicaments sur le terrain. MSF Supply se charge également du conditionnement, du dédouanement des marchandises et de la préparation des kits d’urgence. Elle met également en œuvre un système d’assurance-qualité pour le matériel humanitaire et les médicaments. • LE DEPARTEMENT DES RESSOURCES HUMAINES est responsable du recrutement des volontaires qui partent en mission sur le terrain et des personnes qui travaillent au siège. Ce département assure aussi la formation technique, la formation en gestion ainsi que l’accompagnement personnel des volontaires. • LE DEPARTEMENT DES FINANCES est responsable du suivi financier, de la comptabilité et des systèmes informatiques comptables. La prospection auprès des institutions figure aussi parmi ses attributions: relations avec les institutions et les bailleurs de fonds en vue du développement de nouveaux projets. • LE DEPARTEMENT DE LA COMMUNICATION fixe la politique de communication externe afin de faire connaître les actions de MSF auprès du grand public et de témoigner sur le sort des populations en danger. Le département de la communication s’occupe également de la collecte de fonds privés qui garantissent l’indépendance de MSF. Enfin, MSF s’est également dotée d’un auditeur interne, chargé d’examiner, en toute indépendance, les systèmes de contrôle interne et d’évaluer l’efficacité et l’exactitude des informations.
STRUCTURE ET ORGANISATION
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© Remco Bohle- Bunia RD CONGO
© Dieter Telemans - Birak TCHAD
4. LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 4.1 | LE DEMARRAGE D’UN PROJET
En principe, MSF démarre un projet d’aide humanitaire de sa propre initiative. Cette décision résulte cependant souvent d’une concertation préalable avec des organisations ou les autorités locales d’un pays donné. Il arrive aussi qu’un gouvernement ou une organisation internationale, comme le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCNUR), demande officiellement un soutien à MSF. Dans un premier temps, en vue de déterminer les besoins médicaux immédiats dans une région, un petit groupe de collaborateurs expérimentés réalisent une mission exploratoire. En concertation avec des experts locaux, ils rédigent une première proposition d’aide humanitaire, qui expose la manière dont ils envisagent de mettre en oeuvre une assistance. Les conclusions de la mission exploratoire influencent considérablement la décision finale de lancer - ou non - un projet. Il importe de déterminer avec précision quelles sont les populations qui ont besoin de notre aide, ce qui dépend de très nombreux critères. Quels sont les besoins médicaux directs ? Craignons-nous une extension d’un conflit et, dès lors, estimons-nous notre présence nécessaire ? D’autres organisations humanitaires sont-elles déjà sur le terrain ? La région est-elle suffisamment sûre et accessible ? Pouvons-nous espérer collaborer avec des organisations ou des autorités locales ? L’indépendance de notre organisation est-elle garantie ? Mais, avant tout, nous nous demandons si l’intervention envisagée implique effectivement d’apporter des secours “aux populations en détresse, aux victimes de catastrophes d’origine naturelle ou humaine, de situation de belligérance”. Ce point de la charte est un critère déterminant.
4.2 | LA GESTION D’UN PROJET
Dans chaque mission, le chef de mission et son équipe sont responsables du bon déroulement des opérations. Ils font le point sur la situation et les besoins humanitaires sur le terrain et, sur cette base, précisent les objectifs et la méthode de travail. Ces questions sont souvent examinées en concertation avec les autorités nationales et locales. Les projets humanitaires sont souvent mis en oeuvre dans plusieurs régions d’un même pays. Sur chaque site, le coordinateur de terrain assure la coordination de l’équipe constituée d’expatriés et de personnel national. Le coordinateur de projet est responsable devant le chef de mission, qui est, à son tour, supervisé par le département des opérations (voir page 7), à Bruxelles. Le centre opérationnel de Bruxelles met en œuvre des projets dans une quarantaine de pays[1]. Au total, tous les centres opérationnels de MSF sont actifs dans plus de septante pays. Le rapport d’activités international fournit un aperçu de ces projets. Ce rapport international est disponible sur simple demande auprès du siège de Bruxelles. Il peut aussi être consulté sur notre site Internet: www.msf.be.
[1] Ce chiffre peut varier d’un mois à l’autre. LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 7
4.3 | CONTEXTES D’INTERVENTION CONFLITS
Pour assurer la prise en charge la plus appropriée possible des blessés de guerre, MSF envoie, sur les territoires en conflit, des équipes composées de chirurgiens, d’anesthésistes, de personnel infirmier et de logisticiens. Il s’agit souvent d’interventions difficiles et dangereuses. Les zones de conflit manquent souvent cruellement de moyens de transport, de moyens de communication et de matériel médical. Les parties belligérantes n’accordent, par ailleurs, bien souvent pas la priorité à la sécurité et à l’aide humanitaire en faveur des populations locales. Travailler dans les zones de conflit exige, dès lors, une sélection rigoureuse de l’équipe d’intervention et une flexibilité logistique maximale. Réaliser une intervention chirurgicale exige des conditions minimales en termes de capacité hospitalière et d’hygiène. Divers volets sont ici absolument indispensables: le stockage et la distribution de matériel médical et de médicaments, la désinfection des locaux et des instruments, l’installation et l’entretien des blocs opératoires ou, encore, la formation du personnel humanitaire. Les équipes sont également responsables de l’assistance médicale générale et l’aide alimentaire aux personnes déplacées. Exemple: en juillet 2006, lors du conflit qui opposait le Liban à Israël, MSF s’est immédiatement rendue dans la zone de conflit. L’organisation s’est concentrée, avant tout, sur l’aide humanitaire, le soutien aux structures médicales locales et l’accès aux populations prises au piège dans les zones de combat et ayant besoin d’une aide. Suite au cessez-le-feu, intervenu à la mi-août, MSF a commencé à évaluer les besoins dans les régions jusque-là inaccessibles, l’aide médicale et le soutien aux réfugiés rentrant dans leur pays ainsi qu’aux communautés qui les avaient accueillis et l’approvisionnement des structures médicales dans les régions les plus touchées. Une fois cette phase d’urgence terminée et lorsque la reconstruction était en marche, MSF a alors décidé de mettre fin à ses activités dans le pays. CATASTROPHES NATURELLES
Les catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, les cyclones, les inondations ou les éruptions volcaniques font souvent un grand nombre de victimes en un laps de temps très court. De tels cataclysmes entraînent également, souvent, une désorganisation des services de secours. Réagir instantanément, en déployant les moyens appropriés, est indispensable et exige une organisation logistique efficace. Pour ce faire, MSF a mis au point des kits d’urgence, prêts à l’emploi, contenant du matériel standardisé. Les stocks de kits d’urgence sont continuellement renouvelés. Des guides pratiques permettent, en outre, au personnel humanitaire d’être prêt à intervenir dès l’arrivée sur le site. L’identification préalable d’une série de zones à risque, et la constitution de stocks d’urgence à l’échelon local, contribuent également beaucoup à raccourcir les temps de réaction. Exemple: quelques jours seulement après le gigantesque tsunami du 26 décembre 2004, qui a dévasté de vastes régions du Sud-Est asiatique, des équipes de MSF étaient déjà à pied d’œuvre pour offrir aux populations une aide médicale, des vivres, de l’eau, des abris et autres biens de première nécessité. MSF a envoyé plus de 200 collaborateurs sur le terrain, qui ont concentré leurs efforts sur les villages les plus touchés du Sri Lanka et d’Indonésie, tout en menant des activités à plus petite échelle en Thaïlande, en Malaisie et en Inde. Il est cependant rapidement apparu que les besoins médicaux étaient, en fin de compte, limités. MSF a alors estimé qu’elle devait LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 8
surtout s’employer à identifier les besoins jusqu’ici négligés. En Thaïlande, MSF a ainsi concentré son attention sur les travailleurs immigrés d’origine birmane. Au Sri Lanka, touché de plein fouet par le tsunami, MSF a commencé par apporter une aide médicale et distribuer des vivres et des secours. Notre intervention visait surtout la province d’Aceh en Indonésie, où un grand nombre de membres du personnel soignant avait péri et où les infrastructures étaient complètement détruites. Les programmes vont de l’aide d’urgence à la chirurgie, et du soutien psychologique à la reconstruction des structures médicales. LES REFUGIES ET LES PERSONNES DEPLACEES
Les conflits et la famine sont souvent à l’origine de flux massifs de populations. Aux quatre coins du monde, des dizaines de millions de personnes ont quitté leur pays pour se réfugier en lieu sûr (réfugiés), ont été chassées de chez elles ou sont en fuite dans leur propre pays (personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays). Les réfugiés à la recherche d’un asile dans un autre pays ont le plus souvent abandonné tout ce qu’ils avaient. Ils s’installent là où ils peuvent et se mettent à la recherche de points d’eau et de nourriture. Les infrastructures locales se trouvent ainsi “sursollicitées”, d’où des tensions dans le pays d’accueil. Au cours de ces dix dernières années, MSF a mis au point une approche pour la prise en charge médicale et logistique des réfugiés et des personnes déplacées. En collaboration avec l’organisation d’aide aux réfugiés des Nations Unies, le HCNUR, qui gère habituellement les camps de personnes déplacées, MSF se charge des soins médicaux et de l’aide alimentaire, ainsi que des campagnes de vaccination et des installations sanitaires. Exemple: Fin 2003, la communauté internationale commence enfin à prendre conscience de l’urgence humanitaire au Darfour, province de l’ouest du Soudan. Vers la moitié de l’année 2005, les tensions et la violence persistant dans la région, deux millions de personnes vont fuir. Parmi celles-ci, quelque 200.000 personnes trouvent refuge au Tchad voisin. Début 2007, les conditions de vie de la population ne se sont guères améliorées. Des centaines de milliers de personnes vivent encore dans des camps de déplacés, où l’assistance leur permet tout juste de survivre. Partout où MSF assure une aide médicale, les équipes prennent en charge un grand nombre de personnes directement victimes de la violence. Les viols et autres agressions sexuelles sont monnaie courante. MSF assure des soins médicaux, une aide alimentaire et l’approvisionnement en eau potable. Confrontées au manque de sécurité, nos équipes ont du mal à assurer une aide médicale de grande envergure au Darfour. EPIDEMIES ET ENDEMIES
Jamais notre planète n’a été à ce point confrontée à de nouvelles maladies ou à la résurgence de maladies qui avaient disparu. Le choléra, la diphtérie, le virus Ebola, la fièvre jaune, la méningite ou la polio frappent à nouveau. Les pays pauvres, dont le secteur des soins de santé est souvent confronté à un manque de moyens financiers, ne sont souvent pas en mesure d’y réagir rapidement et efficacement. En tant qu’organisation médicale, MSF peut s’appuyer sur un groupe de médecins et d’infirmiers spécialisés, prêt à partir en mission sur-le-champ. Il s’agit d’experts spécialisés notamment dans l’organisation de campagnes de vaccination préventives mais aussi dans la prise en charge et le traitement des personnes déjà infectées. Exemple: en 2006, MSF doit faire face à une épidémie de choléra d’une ampleur sans LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 9
précédent en Angola. Au moins seize provinces sont touchées en l’espace de quelques mois seulement et plus de 50.000 malades sont recensés, dont près de la moitié dans la seule capitale, Luanda. MSF intervient en ouvrant 10 centres de traitement du choléra à Luanda. Au plus fort de l’épidémie, nos équipes accueillent chaque jour jusqu’à 400 patients. Environ 15 à 20 centres de traitement supplémentaires sont aménagés dans d’autres provinces. Outre le traitement des patients, la réponse de MSF est également axée sur l’amélioration des installations d’eau et d’assainissement. Depuis plusieurs années, la lutte contre le VIH/sida figure parmi les grands objectifs opérationnels de Médecins Sans Frontières. En sa qualité de première organisation humanitaire médicale au monde, MSF ne peut rester indifférente à la propagation de ce fléau, qui représente aujourd’hui un des principaux obstacles au développement de nombreux pays, surtout en Afrique. MSF continue de développer ses projets de lutte contre le sida en ciblant prioritairement les pays enregistrant une prévalence élevée du VIH/sida et où la maladie reste l’une des principales causes de mortalité. En plus des activités de prévention (information|sensibilisation, distribution de préservatifs, etc.), MSF se bat aussi pour améliorer l’accès aux soins (tests de dépistage de la séropositivité, prévention de la transmission mère-enfant, traitement des maladies et infections opportunistes et accès aux antirétroviraux capables de freiner l’évolution de la maladie). Selon le pays et le contexte,
les patients sont pris en charge directement dans les centres de soins de santé de MSF ou référés vers des centres de santé ou des hôpitaux bénéficiant de l’appui technique (comme la formation de personnel médical) et logistique (approvisionnement en médicaments, notamment en antirétroviraux) de MSF.
En collaboration avec des groupes locaux d’activistes, MSF effectue aussi un travail de lobbying auprès des autorités, afin de sensibiliser à la problématique du sida et à la nécessité d’améliorer les soins prodigués aux personnes vivant avec le virus. La campagne d’accès aux médicaments essentiels joue un rôle crucial dans l’approvisionnement en médicaments de qualité à un prix abordable. Enfin, parallèlement à son action sur le terrain, MSF investit dans la recherche contre le sida. Exemple: cela fait maintenant des années que MSF se bat pour améliorer la qualité de vie des nombreux patients atteints du sida au Kenya. Des équipes de travailleurs de santé offrent des soins à domicile dans les bidonvilles et travaillent dans les hôpitaux et les centres de santé. MSF s’occupe du soutien psychologique et social. L’organisation travaille également au sein des structures du Ministère de la santé publique, et assure des formations, des activités de supervision et l’approvisionnement en médicaments. AIDE ALIMENTAIRE
Selon les statistiques des Nations Unies, 17.000 enfants meurent chaque jour des conséquences de la famine et de la baisse des défenses immunitaires qui en résulte. MSF s’est donné pour mission de soigner les enfants souffrant de malnutrition aiguë. Ces programmes nutritionnels s’inscrivent dans les interventions d’urgence, et sont souvent mis en oeuvre dans des situations de conflits et d’exode. Ces programmes visent à faire baisser les taux de morbidité et de mortalité liés à la sous-alimentation aiguë. Le soutien de MSF est axé sur les différentes phases de la problématique (de la pénurie alimentaire à la famine) et se veut à la fois préventif et réactif. MSF se concentre sur l’aide LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 10
médicale urgente et le soutien nutritionnel aux personnes qui en ont le plus besoin comme les enfants, les femmes enceintes, les femmes allaitantes et les personnes atteintes d’une maladie aiguë ou chronique. MSF fait aussi campagne en faveur de l’aide alimentaire, par exemple lorsque nos équipes craignent l’aggravation d’une crise. Même si MSF assure parfois des distributions ciblées de vivres, il est exceptionnel qu’elle organise des distributions d’aliments à grande échelle, puisque cette tâche est généralement assurée par un des organismes des Nations Unies, plus précisément le Programme alimentaire mondial (PAM). Exemple: en 2006, la Corne de l’Afrique (une région qui comprend l’Ethiopie, le nord du Kenya et la Somalie) est frappée par une nouvelle vague de sécheresse. Au printemps 2006, cela fait déjà près de trois ans qu’il n’a pratiquement plus plu au nord du Kenya. Les champs sont complètement dévastés, et presque toutes les bêtes sont mortes. La population manque donc de tout. La terre est tellement sèche qu’il n’est plus possible de la cultiver. MSF décide donc d’ouvrir dans la région des centres nutritionnels pour enfants souffrant de malnutrition. POST-CONFLIT
Parallèlement à ses interventions médicales d’urgence, MSF s’engage également à plus long terme dans les pays où des conflits viennent de terminer. Comme MSF est présente dans la plupart des zones de conflit du monde, son action se poursuit aussi lorsque les affrontements ont cessé, du moins tant que la population reste extrêmement vulnérable. Dans certains contextes, la situation, déjà difficile, des populations locales est encore aggravée par des déplacements volontaires ou forcés, par le retour des réfugiés dans leur pays. L’aide de MSF a pour but d’assurer l’accès des populations les plus vulnérables à des soins de qualité (y compris dans des centres médicaux et des hôpitaux) au cours de la période de post-conflit, l’objectif ultime étant de confier, par la suite, le projet à d’autres acteurs ou d’y mettre fin. Exemple: même si la guerre civile sanglante qui fait rage au Liberia est terminée et qu’un gouvernement de transition est au pouvoir depuis 2003, la plupart des Libériens vivent encore dans une situation très précaire. La pénurie de personnel médical, surtout dans les campagnes, a privé de nombreuses personnes d’un accès aux soins de santé de base. De nombreux Libériens souffrent donc de maladies évitables, tandis que la santé des mères et des enfants laisse souvent à désirer. Au Libéria, les efforts de MSF se concentrent surtout sur l’amélioration de l’accès aux soins médicaux de première et de deuxième ligne. ACCES AUX SOINS DE SANTE
La problématique de l’accès aux soins de santé reste une priorité pour MSF. En Europe, les efforts de MSF se concentrent surtout sur les demandeurs d’asile et les immigrés, qui doivent faire face à un contexte d’hostilité croissante à leur égard. La grande majorité d’entre eux n’ont pas accès aux soins de santé primaire et vivent dans des conditions indignes de celles que connaissent les pays européens. Outre l’accès aux soins médicaux, MSF met l’accent sur le témoignage et sur les activités de lobbying, l’objectif étant de faire évoluer les mentalités et de réaliser d’éventuelles avancées sur le plan législatif. LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 11
MSF mène également des projets en faveur des groupes de personnes exclues comme les sans-abri, les victimes de violence (y compris les violences sexuelles), les immigrés et les travailleurs clandestins dans les bidonvilles urbains des pays pauvres. Ici aussi, MSF assure les soins de santé primaire et souvent, aussi, un soutien psychosocial. Dans les régions rurales, la lutte pour l’accès aux soins de santé de base concerne surtout les zones de conflit et de post- conflit (voir page 13). Lorsque le contexte est plus stable, l’attention de MSF se porte sur certaines maladies spécifiques. Dans ce cas, MSF effectue aussi souvent un travail de lobbying afin de modifier les protocoles thérapeutiques ou d’en introduire de nouveaux. Exemple: la malaria est la première cause de mortalité en Côte d’ivoire (ouest de l’Afrique). Depuis 2004, MSF offre à ses patients le traitement actuellement le plus efficace contre cette maladie: la thérapie combinée à base d’artémisinine (ACT). En septembre 2005, le Ministère de la santé publique ivoirien a signé un nouveau protocole de traitement mais, jusqu’à ce jour, aucune mesure pratique n’a encore été prise en vue de son application. Grâce à son travail de lobbying, MSF entend mettre en exergue les avantages de ce nouveau protocole, l’objectif étant de convaincre le Ministère de la santé publique de passer aux ACT. PROBLEMATIQUES SPECIFIQUES
Dans les différents contextes d’aide et d’intervention (épidémies, réfugiés, déplacés…), MSF prête aussi attention à des problématiques spécifiques qui transparaissent, d’une façon ou d’une autre, au niveau de ses projets. Il arrive aussi qu’un projet distinct soit mis en place concernant, notamment la santé mentale, les soins de santé pour les femmes ou encore l’accès aux médicaments essentiels. Exemple: après le séisme qui a frappé le Pakistan, le 8 octobre 2005, MSF a envoyé des psychologues sur le terrain en vue d’assurer le suivi des personnes traumatisées. Des séances individuelles mais aussi des groupes de parole ont été organisés au sein des communautés locales ainsi que dans le cadre de visites dans les écoles. 4.4 | MSF ET L’AIDE HUMANITAIRE D’URGENCE
Au printemps 1991, la guerre du Golfe a provoqué l’exode massif de près de deux millions de Kurdes vers la Turquie et en Iran. Des flux tout aussi importants de réfugiés se sont produits les années suivantes en Somalie, en ex-Yougoslavie, au Myanmar et au Tadjikistan, en Afrique centrale et au Kosovo. Des déplacements de populations semblables vont se répéter tout au long des années 1990. A cette crise des réfugiés viennent s’ajouter d’autres problématiques qui vont frapper le monde entier: les famines et les épidémies, mais aussi les catastrophes naturelles et les inondations qui peuvent faire, en quelques minutes seulement, des dizaines de milliers de victimes. Toutes les urgences ne peuvent être classées dans une seule et même catégorie. Dans certains cas, l’urgence résulte d’un regain de tensions dans des pays en proie à une instabilité chronique. Les travailleurs humanitaires se consacrent alors surtout à ce que nous appelons dans notre jargon "l’emergency preparedness". Il s’agit, en fait, de se tenir prêts pour pouvoir intervenir en cas de crise. Une autre forme d’urgence est motivée par les catastrophes soudaines et imprévisibles. Dans ce cas de figure, nous parlons "d’emergency response", c’est-à-dire d’une intervention immédiate sur le terrain. LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 12
L’ampleur, la fréquence et le caractère soudain de telles situations d’urgence mettent à rude épreuve la capacité logistique et organisationnelle de MSF. À chacune de ces crises, nous devons pouvoir acheminer des vivres, de l’eau, des installations sanitaires, des abris et une aide médicale dans de très brefs délais. Or, nous travaillons dans des régions quasi inaccessibles et dans des circonstances extrêmement difficiles. La vie des victimes dépend de la rapidité et de l’efficacité de nos interventions d’urgence. COMMENT MSF SE PRÉPARE AUX URGENCES ?
Pour être parfaitement préparée, MSF veille à disposer en permanence d’un personnel en nombre suffisant et correctement formé, capable d’intervenir sur-lechamp. L’organisation veille également à disposer de stocks appropriés et de moyens logistiques et financiers suffisants. MOYENS FINANCIERS
Les urgences sont, dans un premier temps, financées par les fonds propres de MSF, c’est-à-dire les fonds qui ne sont pas préalablement affectés à un projet précis. Si MSF est déjà active dans le pays touché, l’intervention s’en trouvera grandement facilitée. Dans certains cas, MSF utilise, cependant, les fonds reçus des autorités ou d’autres organisations, spécialement destinés à des interventions dans des pays ou des projets spécifiques ‘fonds liés’. L’organisation peut aussi en appeler à la générosité du grand public ou utiliser les fonds versés spontanément par les donateurs dans notre fonds d’urgence (voir plus loin). Ces démarches ont l’avantage de doter MSF de fonds suffisants lui permettant de travailler en toute indépendance. PERSONNEL
MSF a commencé à travailler avec des équipes d’urgence au début des années nonante. Ces équipes se composent de personnes issues de diverses disciplines (médical, paramédical, logistique...), toutes spécialisées dans les situations d’urgence. Disponibles dans de très brefs délais, ces équipes sont envoyées sur le terrain dans les premiers jours d’une crise et seront donc parmi les premiers acteurs à intervenir. Une mission exploratoire réalisera une première évaluation de la situation et déterminera ainsi sa gravité, le matériel nécessaire, les effectifs à envoyer, le budget à prévoir, le lieu adéquat pour faire atterrir un avion-cargo, etc. Outre l’organisation des procédures d’urgence et la formation de personnel, l’équipe d’urgence suit de près l’évolution de la situation dans les pays instables, et aide les collaborateurs de MSF présents sur le terrain à se préparer le plus efficacement possible à de nouvelles crises. APPROVISIONNEMENT
Au fil des années, MSF s’est spécialisée dans les interventions de crise, ce qui lui a permis d’accumuler l’expertise nécessaire. Les kits d’urgence standardisés comptent parmi les principaux outils à la disposition de l’organisation dans de tels contextes. Selon la situation, ils se composent de médicaments, de vivres ou de matériel de survie. Pour faire face à une inondation, MSF enverra, par exemple, des générateurs et des bâches en plastique destinées à construire des abris sur les lieux de la catastrophe. L’accessibilité d’une région et la nature de la catastrophe déterminent, en fin de compte, si les secours seront achetés directement sur place ou s’ils devront être acheminés par camion, bateau ou par avion-cargo.
LES MISSIONS SUR LE TERRAIN 13
Pour permettre un approvisionnement en grandes quantités, MSF a créé MSF Supply (voir page 7), une centrale (d’approvisionnement) responsable des achats, du contrôle de la qualité et du transport des secours d’urgence. La création de cette société s’est révélée nécessaire car aucune autre entreprise européenne n’était en mesure de livrer de si grosses quantités dans des délais aussi courts. LA FIN D’UNE INTERVENTION
Même si la transition crise-normalisation se fait le plus souvent de manière progressive, la phase de réhabilitation démarre, en fait, dès l’instant où les taux élevés de mortalité et de morbidité ont pu être contrôlés et que les besoins de base (eau, nourriture, toit, etc.) sont couverts. Au cours de cette phase, les programmes humanitaires sont réexaminés et réorientés en fonction de l’évolution des besoins. Dans certains cas, MSF restera sur place plusieurs mois ou plusieurs années de manière à maintenir une assistance; dans d’autres cas, elle décidera de mettre progressivement fin à certains projets. Un projet choléra ou un projet de vaccination se termine dès que l’épidémie a pu être endiguée. Dans d’autres situations encore, des projets pourront être transférés aux autorités (Ministère de la santé publique), à d’autres organisations humanitaires spécialisées dans la reconstruction ou l’aide à long terme, ou encore à des partenaires locaux.
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5. LES PROJETS BELGES DE MSF Dans nos sociétés occidentales, MSF est, de plus en plus souvent, confrontée aux conséquences de la dégradation du climat social. Il s’agit d’une situation qui conduit inévitablement à l’exclusion. La Belgique n’est pas épargnée par ce phénomène, même si elle figure, depuis plusieurs années, au palmarès des dix pays offrant la meilleure qualité de vie. En Belgique, les activités de Médecins Sans Frontières ont donc pour bénéficiaires les groupes qui n’ont pas accès aux structures de santé et les personnes qui, en raison de leur situation (demandeurs d’asile, sans papiers, sans-abri) sont confrontées à des problèmes spécifiques. MSF gère actuellement deux projets en Belgique. 5.1 | PROJET ‘ACCES AUX SOINS DE SANTE’
Les sans papiers ou les personnes dont la demande d’asile est en cours d’examen ont théoriquement accès aux soins de santé. Malheureusement, force est de constater que, dans la pratique, les choses ne sont pas si évidentes: la complexité, la diversité et le coût des procédures nécessaires pour bénéficier d’une intervention du CPAS, le manque d’information aux patients, etc. sont autant de problèmes auxquels il faut se confronter. L’accès aux soins de santé n’est alors possible que lorsqu’un intermédiaire fait le lien entre les différentes instances (CPAS, médecins, hôpitaux...) pour mettre en ordre le dossier administratif. Par le biais du projet ‘Accès aux soins de santé’, MSF entend assurer durablement l’accès au système de soins de santé, en offrant, à tous, des soins de santé de première ligne (médecine générale). MSF organise des consultations gratuites à Bruxelles et à Anvers, qui intègrent toujours un volet médical, un volet psychologique et un volet social. À son arrivée à la consultation, le patient est reçu par une assistante sociale qui ouvre son dossier. Les données y figurant sont strictement confidentielles et ont pour seul but de garantir le transfert du patient vers l’administration ou les services médicaux appropriés. L’assistant social essaie également de prendre en charge les éventuels frais médicaux du patient. Un généraliste examine les patients qui ne peuvent pas être transférés immédiatement et prend toutes les mesures nécessaires (transfert vers un spécialiste, examens médicaux, hospitalisation, etc.). Le médecin peut également aiguiller le patient vers un psychologue MSF. Ces contacts directs et l’expertise ainsi accumulée aident MSF à mieux cerner les difficultés auxquelles ces personnes sont souvent confrontées. L’organisation peut ainsi interpeller les autorités compétentes et lancer un plaidoyer en faveur de solutions à long terme.
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5.2 | PROTECTION MEDICALE EN BELGIQUE
Grâce à la banque de données Ithaca, MSF peut transmettre, aux pays d’origines, des informations sur la situation médicale et sociale de patients souffrant de maladies graves. Les instances ou la personne concernée peuvent ainsi envisager un retour dans le pays d’origine ou demander une prolongation du permis de séjour ou encore une autorisation de séjour. Ce choix peut également être déterminé par l’existence ou l’absence d’un traitement médical approprié et de soins nécessaires dans le pays d’origine. MSF veille à actualiser cette base de données et garantit la précision et le caractère impartial des informations, de façon à ce que la décision d’un retour volontaire ou d’une demande de prolongation du séjour ou du permis de séjour soit prise en parfaite connaissance de cause.
5.3 | DIVERS
Le centre Elisa, où MSF effectuait des dépistages anonymes et gratuits de la séropositivité a été transféré à l’hôpital Saint-Pierre, à Bruxelles et au Helpcenter-Elisa d’Anvers. MSF continue, par ailleurs, à soutenir l’asbl Mpore, désormais indépendante. Il s’agit d’un organisme d’aide psychologique aux victimes du génocide rwandais.
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6. TRAVAILLER POUR MSF Partir en mission avec MSF ne s’improvise pas. Un départ doit être préparé minutieusement. Outre le fait de posséder les compétences professionnelles requises, il faut témoigner d’un engagement sincère et manifeste pour les populations en danger, dans le respect des principes fondamentaux de la Charte de MSF. Pour mener à bien les opérations, MSF est en permanence à la recherche de candidats appropriés. 6.1 | PROFILS RECHERCHES
Médecins Sans Frontières est une organisation médicale. Il est donc logique qu’environ 60% des expatriés qui partent en mission aient un profil (para-)médical: il s’agit de médecins, d’infirmiers, de sages-femmes, de pharmaciens, de psychologues, de chirurgiens, d’anesthésistes, etc. Les 40 autres pour cent se composent de collaborateurs logistiques, de responsables financiers et de personnel administratif, ou encore de personnes ayant une tâche spécifique (eau, installations sanitaires et hygiène). Les postes de laborantin, de travailleur social ou d’économiste de la santé sont des postes plus rares.
6.2 | CRITERES D’EMBAUCHE
QUALIFICATIONS Le personnel médical et paramédical doit être en possession d’un diplôme reconnu, le plus souvent complété par une formation en médecine tropicale. Les collaborateurs logistiques doivent pouvoir apporter la preuve de la maîtrise de domaines techniques particuliers (mécanique, électricité, construction, informatique, etc.), assortie de compétences organisationnelles et pratiques. L’accent est habituellement mis sur la polyvalence, mais certains projets exigent néanmoins des compétences spécifiques. Les administrateurs ne sont pas tenus d’être en possession d’un diplôme spécifique mais ils doivent faire preuve d’esprit d’analyse, et être en mesure de gérer et d’établir parfaitement les priorités. Les responsables financiers ont le plus souvent un diplôme en gestion d’entreprise ou en sciences économiques.
Outre les exigences de MSF, les autorités du pays de la mission peuvent également exiger que les expatriés soient en possession d’un diplôme universitaire ou de l’enseignement supérieur. Cette exigence est alors en rapport avec la délivrance du permis de séjour. EXPERIENCE Une expérience professionnelle préalable est une condition nécessaire, qui témoigne d’un niveau suffisant de compétences pratiques et d’une certaine maturité. Il en va de la crédibilité nécessaire vis-à-vis des interlocuteurs locaux. L’expérience exigée varie selon le profil du candidat et de la fonction proposée, mais est généralement d’un à deux ans. CONNAISSANCES LINGUISTIQUES Les candidats recrutés par le siège de Bruxelles parlent couramment le français et l’anglais, qui sont les deux langues les plus souvent utilisées dans les missions. La connaissance du portugais ou de l’espagnol est un réel atout. L’arabe, le chinois ou le russe peuvent également s’avérer utiles. CONNAISSANCES INFORMATIQUES Les projets MSF étant largement informatisés (rapports divers, analyses statistiques, gestion des stocks, comptabilité et gestion financière, etc.), une bonne
connaissance des logiciels Word et Excel est, en principe, exigée. Selon la fonction, d’autres compétences informatiques spécifiques pourront être demandées.
TRAVAILLER POUR MSF 17
CONDITION PHYSIQUE Les conditions météorologiques et les conditions de vie dans les missions (climat, alimentation, hygiène, etc.) peuvent être très difficiles: une bonne condition
physique, attestée par un certificat d’aptitude physique est donc nécessaire. 6.3 | TRAVAILLER AVEC LE PERSONNEL LOCAL
Dans la plupart des missions, MSF peut s’appuyer sur un personnel local de qualité. Ces personnes ont, bien entendu, une parfaite connaissance de leur propre pays et du contexte et sont particulièrement bien placées pour conseiller ou diriger une équipe locale. Certains membres du personnel local travaillent déjà depuis des années pour MSF et sont, en quelque sorte, la mémoire vivante de l’organisation. Ils apportent un équilibre au sein de l’équipe par leur connaissance des us et coutumes locales, et savent bien comment leurs compatriotes fonctionnent.
6.4 | INTERESSE(E) ?
MSF ne serait rien sans les hommes et les femmes qui en font partie. Si vous désirez travailler pour MSF, n’hésitez pas à participer à une de nos soirées d’information. Ces séances ont lieu tous les deuxièmes mardis du mois en néerlandais et tous les deuxièmes mercredi du mois en français. Elles commencent à 18 heures et se déroulent dans les bureaux de MSF: rue Dupré 94 - 1090 Jette.
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7. NOUS NE SOMMES RIEN SANS VOTRE SOUTIEN Prodiguer une assistance médicale coûte beaucoup d’argent. Acheminer des médicaments et du matériel, engager des médecins, des infirmiers et autres travailleurs humanitaires, aménager des camps de réfugiés, etc. impliquent des coûts importants. MSF s’appuie sur une solide base financière, assurée par les dons privés, mais aussi sur l’aide des gouvernements, des organisations internationales, des entreprises ou encore des fondations. Les donateurs ne retirent aucun avantage politique, financier ou économique direct de leur générosité. Les quelque 360.000 donateurs belges qui nous soutiennent sont d’une importance cruciale. Non seulement parce qu’ils nous donnent l’argent dont nous avons besoin pour notre travail humanitaire mais aussi parce qu’ils garantissent ainsi notre indépendance d’action. L’organisation met un point d’honneur à affecter un maximum de ressources au bénéfice direct des actions d’aide humanitaire sur le terrain. QUAND MSF RECOIT 100€
[moyenne sur trois ans]
1,80 €
→ FINANCENT LES ACTIONS DE SENSIBILISATION
4,81 €
→ COUVRENT LES FRAIS DE FONCTIONNEMENT DU BUREAU DE BRUXELLES
2,59 €
→ SERVENT AUX ACTIVITES GENERATRICES DE FONDS
90,80 €
→ SONT UTILISES POUR METTRE EN OEUVRE NOS INTERVENTIONS HUMANITAIRES AUX 4 COINS DU MONDE
Un ‘fonds d’aide d’urgence’ permet à MSF d’intervenir directement lorsque la situation l’exige. Il peut s’agir de victimes d’une catastrophe naturelle fortement médiatisée ou au contraire, de celles dont on ne parle pas assez. En alimentant ce fonds, nos sympathisants soutiennent nos interventions d’urgence et nous offrent, en même temps, l’occasion de poursuivre notre aide humanitaire dans le monde entier. Les personnes qui souhaitent nous aider peuvent choisir le moyen qui leur convient le mieux.
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SOUTIEN PONCTUEL
Vous pouvez opter pour un versement sur le numéro de compte général de MSF: 000-0000060-60 ou un don sécurisé en ligne via notre site internet www.msf.be. En tant que donateur et sympathisant, MSF vous tient régulièrement informé des actions que nous mettons en oeuvre grâce à vous et de la façon exacte dont nous utilisons votre soutien financier (les comptes de l’association sont systématiquement publiés après notre assemblée générale en juin). SOUTIEN REGULIER
MSF a mis au point différentes formules vous permettant de nous aider régulièrement par le biais d’un ordre permanent. En nous versant chaque mois un montant nous permettant d’aider les plus démunis, vous nous permettez de bénéficier de votre soutien tout au long de l’année. Nous économisons ainsi de l’argent et affectons davantage de moyens à l’aide directe aux populations en danger. EVENEMENTS PARTICULIERS
Chaque année offre son lot d’occasions de faire la fête en famille ou entre amis. Une naissance, une communion, un anniversaire, un mariage, un départ à la retraite, etc. sont autant d’étapes dans la vie qui méritent bien une petite fête. Depuis des années, MSF est contactée par des personnes qui souhaitent donner une dimension humanitaire à leur fête, et faire un geste en faveur des personnes plus démunies. Le message que ces personnes souhaitent faire passer est clair: “Cette fois-ci, si vous voulez me faire plaisir, faites un don au profit de MSF”. Vous pouvez aussi organiser un événement spécial au profit de MSF au niveau de votre club sportif ou de l’association de parents, ou si vous pensez que votre entreprise est en mesure de mobiliser son personnel. Des événements plus douloureux et tristes, comme un décès, peuvent également être une occasion de faire un geste au profit de MSF (ni fleurs ni couronnes, simplement un don à MSF). Si vous le souhaitez, nous pouvons également vous proposer une brochure d’information sur les aspects pratiques d’un legs ou d’une donation au profit de MSF. La brochure est disponible chez votre notaire ou sur demande auprès de MSF. Une de ces formules vous intéresse ? N’hésitez pas à prendre contact avec nous. Vous pouvez appeler notre service donateurs au numéro 02/474.74.76. Vous pouvez aussi envoyer un mail à l’adresse: donateur@msf.be. Si le montant total annuel de vos dons (qu’il s’agisse d’un versement unique ou d’un soutien régulier) dépasse les 30 euros; vous recevrez automatiquement une attestation fiscale dans le courant du mois de mars de l’année suivante.
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