N° 198 I Juin 2019 I 2€ I J192 I ISSN 1146-2930
GRAND ANGLE
Après la catastrophe, le temps des secours
ÉDITO SOMMAIRE Dr Mego Terzian Président de Médecins Sans Frontières
« L’accès à des médicaments adaptés, un luxe hors de portée pour de trop nombreux malades. » « Dans les années 1990, la frustration et le désarroi de nos équipes sur le terrain étaient à la hauteur de leur incapacité à fournir des traitements adéquats aux personnes mourant sous leurs yeux parce que les médicaments étaient hors de portée, inefficaces, toxiques – ou simplement parce qu’ils n’existaient pas. Il fallait faire quelque chose ! C’est ainsi que nous avons créé en 1999 la Campagne d’Accès aux Médicaments essentiels (CAME), qui, depuis 20 ans, se bat pour que les malades du monde entier aient accès à des médicaments adaptés. En s’attaquant au manque de recherche, aux politiques restrictives de propriété intellectuelle, au prix des médicaments, la CAME a remporté de nombreux succès qui ont directement bénéficié aux personnes infectées par le VIH, atteintes par la maladie du sommeil, la tuberculose ou le paludisme. Aujourd’hui, les inégalités d’accès aux soins face aux maladies chroniques ou aux cancers deviennent criants, et les politiques qui mettent le profit avant la vie humaine n’épargnent pas les pays dits “ riches ” : il nous faudra, avec la CAME, continuer d’inventer des formes de mobilisation adaptées à ces nouveaux défis. »
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
REGARD
Lutter contre l’épidémie de rougeole.
Nonjabulo Madida, 28 ans.
EN APARTÉ
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GRAND ANGLE
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LE LAB
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Après la catastrophe, le temps des secours.
MSF ECare : mieux diagnostiquer les maladies infantiles.
EN QUESTION
Retour sur l’expérience rwandaise de MSF.
Encart comptes 2018 EncartLes VPC coûts de création, production et envoi du journal MSF infos s’élèvent à 0,46 €.
Directeur de la publication : Dr Mego Terzian • Directeurs de la rédaction : Anne-Lise Sirvain, Claire Magone • Rédaction : Margaux Dugoujon • Création : Anne-Sophie et Caroline Bérard • Graphisme et Fabrication : tcgraphite • Imprimeur : SIB Imprimerie, Zone industrielle de la Liane, B.P. 343, 62 205 Boulogne-sur-Mer Cedex • Photos : Couverture : Brian Sokol / Panos Pictures - P2 : Natacha Buhler / MSF - MSF - Diana Zeyneb Alhindawi - Jelle Krings - MSF - Stefan Pleger - P3 : Narcisse Mukembe Muzabula/MSF - MSF - P4 : MSF - P5 : Luca Sola - P6 : Dieter Telemans - Pablo Garrigos / MSF P7 : MoJelle Krings - P8 : MSF - P10 : Florian SERIEX/MSF - P11 : MSF - P12 : Yann Merlin/SOS MEDITERRANEE - 8, rue Saint-Sabin, 75544 Paris CEDEX 11 – Tél. : 01 40 21 27 27 • N° de commission paritaire : 0623H83241 2 I MSF INFOS I Juin Juillet 2019 2017
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Certifié PEFC pefc-france.org
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Lutter contre l’épidémie de rougeole 1
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L’alerte donnée en mars 2018
Des épidémies récurrentes
La vaccination pour endiguer l’épidémie
L’épidémie de rougeole a été déclarée dans différentes zones de santé de l’ancienne province du Katanga. Au fil des mois, l’épidémie s’est propagée et en décembre 2018, toutes les zones de santé de la région avaient déclaré des cas suspects ou confirmés. Les besoins sanitaires étaient déjà immenses sur ce grand territoire où des populations sont dispersées dans des villages reculés et difficiles d’accès.
Depuis 2011, l’ancienne province du Katanga connaît de fortes épidémies de rougeole tous les deux ou trois ans. Le ministère de la Santé fait face à plusieurs contraintes, dont le manque de médicaments dans les zones de santé dû à l’absence d’électricité qui alimente les réfrigérateurs pour les vaccins, et les problèmes d’accès aux communautés... Résultat, la couverture de la vaccination de routine est insuffisante dans beaucoup d’endroits et les épidémies sont récurrentes.
Pour qu’une population soit protégée contre la rougeole, 90 à 95 % des personnes doivent être vaccinées. En vaccinant les populations dès que des cas de rougeole sont rapportés, notre objectif est double : éviter que d’autres enfants dans la région contractent la maladie, et arrêter la propagation de la maladie.
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L’intervention de nos équipes
Des taux de mortalité élevés
Élargir l’accès aux soins pédiatriques
Au vu de l’ampleur de l’épidémie, des équipes d’urgence ont été déployées fin novembre 2018 dans trois zones de santé difficiles d’accès car situées à plus de quatre jours de route de la ville principale de Lubumbashi. Les équipes ont rapidement organisé une campagne de vaccination à Malemba-Nkulu, une zone de santé extrêmement touchée par la rougeole. Elles y ont recensé 400 cas par semaine lors de leur arrivée. 64 000 enfants y ont été vaccinés.
Les informations recueillies auprès des communautés locales font apparaître un taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans extrêmement élevé dans certaines régions du Haut-Lomami. Des enfants en bas âge meurent dans leur communauté sans que les décès ne soient toujours rapportés. Faute d’accès à des soins de base, les enfants habitant dans des zones reculées arrivent dans un état critique à l’hôpital.
Un enfant infecté par la rougeole court le risque de développer d’autres maladies graves, comme la malnutrition sévère ou des infections des voies respiratoires. De plus, dans cette région, les enfants souffrent souvent de paludisme. Les équipes ont donc axé leur intervention sur la prise en charge pédiatrique globale plutôt que sur l’organisation d’une campagne de vaccination qui aurait demandé plusieurs semaines de préparation et d’énormes moyens logistiques.
Tanzanie
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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Tanganika Haut-Lomami
Kitenge
Province de l’Ex-Katanga Malemba-Nkulu
Projets MSF
Mukanga Lualaba
Haut-Katanga Kolwezi
Angola
Campagne de vaccination
Zambie
Prise en charge des enfants souffrant de la rougeole
LUBUMBASHI
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GRAND ANGLE Une femme devant une route détruite dans le centre du Mozambique, après le passage du cyclone Idai.
APRÈS LA CATASTROPHE, LE TEMPS DES SECOURS Tsunamis, typhons, inondations, tremblements de terre : les catastrophes dites « naturelles » peuvent affecter la vie de dizaines de milliers de personnes et nécessiter le déploiement en urgence d’une aide extérieure quand les structures locales sont débordées. Mais toutes les catastrophes n’ont pas le même impact, et la capacité d’une ONG à se rendre utile aux populations varie en fonction des contextes.
LES ACTEURS LOCAUX, EN PREMIÈRE LIGNE DES SECOURS D’URGENCE Population errant dans les décombres, bras tendus implorant des secours : la mise en scène médiatique des catastrophes naturelles présente souvent des victimes impuissantes, dépassées par le désastre, attendant d’être assistées. Dans la réalité, la solidarité de voisinage joue un rôle crucial dans les premières heures de la catastrophe où il s’agit avant tout de trouver les survivants. Ana Nery, coordinatrice médicale dépêchée au Mozambique après le passage du cyclone Idai, raconte ainsi l’histoire de Chipendo, infirmier dans le centre de santé local d’une petite ville submergée par les inondations : « Il n’a pas dû son salut à une
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opération exaltante en hélicoptère mais à des pêcheurs courageux qui se sont servi d’un tronc d’arbre comme d’un canoë et sont venus à son secours après qu’il ait passé deux jours, sans nourriture, agrippé à une branche, en risquant leur propre vie dans des courants très forts. » Outre les opérations de recherche et de sauvetage des survivants, le rétablissement des moyens de communication et des voies d’approvisionnement sont également des enjeux prioritaires, qui conditionnent l’efficacité et le déploiement des secours ultérieurs. Ces opérations sont souvent menées par des civils, acteurs de la sécurité sur place. Les équipes des ONG se concentrent quant à elles sur la préparation de la mission exploratoire qui leur permettra d’évaluer la nature et l’ampleur des problèmes auxquels les populations font face, les actions prioritaires à mettre en place,
« La mise en scène médiatique des catastrophes naturelles présente souvent des victimes impuissantes, dépassées par le désastre, attendant d’être assistées. Dans la réalité, la solidarité de voisinage joue un rôle crucial dans les premières heures de la catastrophe où il s’agit avant tout de trouver les survivants. »
100 tonnes
de matériel médical et non médical peuvent être expédiées en 24 heures par MSF Logistique.
En 48 à 72h un hôpital gonflable peut être généralement acheminé sur des zones de conflit ou sur une région touchée par une catastrophe naturelle.
« Quand les services de santé ont été directement affectés par la catastrophe, leur rétablissement est une priorité d’intervention. »
et de commencer à déployer les secours. « L’évaluation des besoins est facilitée par le fait d’avoir déjà des équipes sur place, comme cela a été le cas au Mozambique où nous menions déjà des actions en faveur des personnes atteintes par le VIH/Sida et la tuberculose, explique Olivier Brandner, responsable logistique au département des Urgences de MSF. Dès la réouverture de l’aéroport de Beira, l’une des villes les plus touchées par le cyclone, on a pu envoyer une équipe d’urgence depuis la capitale, qui a pu commencer l’évaluation des besoins et mettre en place un circuit d’approvisionnement ».
DES BESOINS À GÉOMÉTRIE VARIABLE L’impact direct de la catastrophe sur la population varie en fonction de la nature du désastre : les tsunamis peuvent entraîner beaucoup de morts mais peu de blessés, comme cela fut le cas
avec celui qui frappa notamment l’Indonésie et le Sri Lanka en 2005 et fit plus de 200 000 morts. Dans ce contexte, la valeur ajoutée de MSF a surtout consisté à distribuer des biens de première nécessité aux survivants (tentes, couvertures, ustensiles de cuisines ou kits d’hygiène). Certains tremblements de terre, comme au Pakistan en 2005 ou en Haïti en 2010 peuvent en revanche provoquer un grand nombre de blessés, écrasés par l’effondrement d’habitations souvent précaires. Une des priorités pour MSF est alors de déployer des unités médicales afin de mener des interventions chirurgicales, notamment dans le cas où les capacités sanitaires locales ont, elles aussi, été affectées par la catastrophe. À la suite du séisme en Haïti, qui fit des millions de sans-abris et plusieurs centaines de milliers de morts et de blessés le 12 janvier 2010, les équipes ont installé, dès le surlendemain de la catastrophe, trois blocs chirurgicaux pour effectuer des opérations. Les premiers soins ont été prodigués directement dans la rue durant les 48 premières heures. L’envoi d’un hôpital gonflable a permis d’opérer les blessés graves dans des conditions optimales à partir du treizième jour, le temps nécessaire pour son acheminement et son installation. Quand les services de santé ont été directement affectés par la catastrophe, leur rétablissement est une priorité d’intervention fréquente pour MSF : la mise en place d’équipes ambulatoires permet d’aller dans les endroits les plus reculés et difficiles d’accès pour offrir des consultations médicales, et assurer les références des plus malades, ou des femmes enceintes à l’hôpital le plus proche.
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LE CHOLÉRA EST UNE INFECTION ENTÉRIQUE AIGUË PROVOQUÉE PAR L’INGESTION D’UNE BACTÉRIE LORS D’UNE CONTAMINATION FÉCALE DES ALIMENTS OU DE L’EAU. PRISE EN CHARGE SUFFISAMMENT TÔT, LA MALADIE PEUT ÊTRE FACILEMENT TRAITÉE PAR RÉHYDRATATION, ORALE OU PAR VOIE INTRAVEINEUSE POUR LES CAS SÉVÈRES.
Adriana* est infirmière et vit au Mozambique. Elle a réchappé avec son fils au passage du cyclone Idai, mais son mari a péri. À la suite de cette tragédie, elle a décidé de rejoindre les équipes MSF pour aider les personnes vulnérables touchées comme elle par les destructions : « Ma maison était détruite, mon mari n’était plus là, ma vie avait complètement changé en une nuit. Un matin, j’ai réalisé ce qui m’arrivait : j’étais sans emploi, seule, avec trois enfants. Je devais me battre. »
*le prénom a été modifié
Un hélicoptère de secours se pose dans des conditions météorologiques difficiles au Malawi en 2015.
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GRAND ANGLE PRÉVENIR LES ÉPIDÉMIES Après une catastrophe naturelle, la précarité des conditions de vie et la destruction des structures sanitaires favorisent l’émergence d’épidémies. « La promiscuité est propice à l’apparition de certaines épidémies, surtout au sein de populations qui n’ont pas été suffisamment vaccinées. Les abris précaires fragilisent les plus vulnérables face aux intempéries, aux moustiques, ou au manque d’eau potable. Tous ces facteurs les exposent notamment à la rougeole, aux diarrhées, aux infections respiratoires, au paludisme ou encore à la malnutrition. Ces maladies, qui peuvent se combiner, menacent la survie des plus faibles à savoir les enfants de moins de cinq ans, les personnes malades, les femmes enceintes et les personnes âgées », explique Eric Pfeiffer, responsable logistique à MSF.
Au Mozambique, par exemple, à la suite du cyclone Idai, une grande partie de la population touchée n’a plus eu accès à l’eau potable en quantité suffisante. Le choléra, endémique dans ce pays, s’est alors propagé. En coordination avec les autorités locales et les autres acteurs internationaux, les équipes MSF ont mis en place des centres de prise en charge pour les malades. Elles ont également installé de nouvelles unités de traitement de l’eau, qui, grâce à un système d’ultra filtration, permet de retirer de l’eau toutes les bactéries dont le choléra.
GERT VERDONCK, COORDINATEUR D’URGENCE MSF
Plus d’infos sur www.msf.fr
« Étant donné le volume d’eau qui s’est abattu sur Beira lorsque le cyclone Idai est passé et vu l’étendue des destructions, il n’est pas étonnant que des maladies liées à l’eau apparaissent ou qu’elles se propagent, comme le choléra, endémique au Mozambique. »
EN BREF Libye
Le Tribunal Administratif de Paris a rejeté en mai 2019 la demande de suspension, émise par sept organisations dont MSF, de la livraison de six bateaux commandés par le Ministère des Armées français pour les offrir aux garde-côtes libyens. Cette ordonnance du tribunal laisse donc libre cours à une décision du gouvernement français qui vise à renforcer l’interception par les garde-côtes libyens des réfugiés et des migrants en mer Méditerranée, et à les renvoyer et à les maintenir en Libye à n’importe quel prix et en violation du droit international. 6 I MSF INFOS I Juin 2019
« La promiscuité est propice à l’apparition de certaines épidémies, surtout au sein de populations qui n’ont pas été suffisamment vaccinées. Les abris précaires fragilisent les plus vulnérables face aux intempéries, aux moustiques, ou au manque d’eau potable. »
Une travailleuse communautaire MSF, évacue un enfant suspecté d’être atteint de pneumonie d’un bidonville de Beira, où MSF assure des cliniques mobiles depuis le passage du cyclone Idai au Mozambique.
Soudan du Sud Dans la région du Haut-Nil située dans le nord-est du pays, les populations sont affectées par des épidémies récurrentes et des épisodes de violence. L’hôpital MSF d’Ulang est le seul à proposer des soins de santé spécialisés aux 100 000 personnes vivant dans la zone. En plus de prendre en charge les grossesses compliquées, les équipes soignent les personnes atteintes de paludisme sévère ainsi que les victimes de violence.
Fondation MSF
La Fondation MSF, dédiée à l’innovation médicale, a reçu une bourse de Google dans le cadre de la compétition « AI Global Impact Challenge », qui récompense les projets basés sur l’intelligence artificielle susceptibles d’avoir un impact positif sur des problématiques sociales. Ce prix d’un montant de 1,3 million de dollars lui permettra d’accélérer le développement d’une nouvelle application gratuite pour smartphone conçue pour aider les médecins et les cliniciens à diagnostiquer la résistance aux antibiotiques dans les milieux à faibles ressources.
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enfants ont été traités, dans l’hôpital MSF d’Am Timan au Tchad, pour des formes sévères de rougeole pendant les trois premiers mois de 2019.
MYANMAR LES ÉQUIPES PORTENT ASSISTANCE AUX NAGAS, UNE COMMUNAUTÉ VIVANT À CHEVAL SUR LA FRONTIÈRE AVEC L’INDE. EN RAISON DU RELIEF MONTAGNEUX ET DE L’ÉLOIGNEMENT DES VILLAGES, CES HABITANTS DES COMMUNAUTÉS RURALES PEUVENT DIFFICILEMENT ACCÉDER AUX SOINS DE BASE ET SE RETROUVENT PARFOIS COUPÉS DU MONDE PENDANT PLUSIEURS MOIS. MSF TRAVAILLE DANS CETTE ZONE DEPUIS 2016 OÙ ELLE FOURNIT DES SOINS DE SANTÉ PRIMAIRES, ORGANISE LES RÉFÉRENCES HOSPITALIÈRES ET DISPENSE UNE FORMATION SANITAIRE DANS 15 VILLAGES DE LA MUNICIPALITÉ DE LAHE.
REGARD
« Le nombre de pilules que vous prenez dépend de facteurs comme le poids. Le mien était de 70 kg à l’époque, ce qui signifie 22 comprimés le matin et 6 le soir. Au cours du premier mois, les pilules ont provoqué des vomissements constants. Je vomissais pendant que je prenais les médicaments. J’attendais cinq minutes, puis je recommençais. Le traitement reste un problème majeur et le fardeau de la pilule en est une raison. »
Nonjabulo Madida, 28 ans Nonjabulo Madida, patiente sud-africaine, souffre d’une tuberculose multirésistante depuis 2015. Elle a dû suivre un traitement pendant deux ans.
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LE LAB
À VOIX HAUTE « Nous sommes extrêmement attristés par ces attaques contre nos structures médicales. Au regard de ces deux incidents violents, nous n’avons pas d’autre choix que de suspendre nos activités jusqu’à nouvel ordre. » Hugues Robert, responsable des programmes d’urgence au sujet de deux attaques de centre de traitement Ebola en République démocratique du Congo.
« PARFOIS, IL FAUT CESSER LES ACTIVITÉS, ET VOUS AVEZ EU RAISON, MÊME SI C’EST AU DÉTRIMENT DES PATIENTS ET DE LEUR FAMILLE. » Marie
« CET ARRÊT DES ACTIVITÉS TOMBE ALORS QUE L’ÉPIDÉMIE N’EST TOUJOURS PAS MAITRÎSÉE. LES ORGANISATIONS N’ARRIVERONT À RIEN SI ELLES CONTINUENT D’ÊTRE EMPÊCHÉES DE LA SORTE. » Edith
« Pensées pour tous ces médecins qui se battent contre cette maladie dans des conditions de sécurité plus qu’incertaines. Pensées aussi pour les patients qui sont les premières victimes de ces attaques. » Louis
« Que les politiciens s’impliquent avec les leaders locaux pour trouver une solution car la situation risque de se compliquer. La propagation est très rapide. Courage à toute l’équipe. » Valentin
Cette rubrique est la vôtre ! Réagissez et partagez votre point de vue. Prochaine thématique : Le Ministère des Armées français offre six bateaux aux garde-côtes libyens favorisant ainsi une politique anti-migratoire répressive et en violation du droit international.
Écrivez-nous : msfinfos@paris.msf.org Suivez-nous : 8 I MSF INFOS I Juin 2019
Anja Gao, médecin
« Notre objectif est de leur faire comprendre que certains enfants peuvent être traités sans antibiotique. » « Les outils dont nous disposions jusqu’à présent étaient faits par des docteurs pour des docteurs. Pour un personnel moins bien formé, ils étaient inaccessibles. C’est en voyant ces lacunes que nous avons décidé de réfléchir à une nouvelle génération d’aides à la décision qui soient un peu plus adaptées aux contextes dans lesquels nous intervenons. Notre premier objectif était de pouvoir apporter un diagnostic aux patients venant pour une consultation ambulatoire. Nous avons donc travaillé avec des pédiatres en suivant leur processus de décision étape par étape pour pouvoir ensuite guider les infirmiers et s’assurer qu’on leur donne les moyens d’identifier d’abord les patients ayant une pathologie sévère qu’il faudra référer puis identifier, parmi les patients non sévères, ceux qui risquent de développer des maladies bactériennes qu’il faudra également traiter. Notre second objectif est de leur faire comprendre que certains des enfants examinés peuvent être traités sans antibiotique. Nous avons testé la tablette ECare pour la première fois en République centrafricaine où nous avons formé 24 infirmiers et assistants de santé communautaires. Leurs retours sont très positifs. Ils ont mis en avant la facilité d’appropriation et d’utilisation. La tablette leur donne une plus grande confiance en eux lors de la consultation. »
MSF ECARE : MIEUX DIAGNOSTIQUER LES MALADIES INFANTILES La problématique
Le principe de MSF ECare Les tablettes ECare sont des appareils simples d’utilisation qui permettent d’accompagner les soignants travaillant dans les centres de santé primaire pour établir leur diagnostic. En plus d’améliorer la qualité des soins fournis et la formation du personnel, MSF ECare permet de prescrire la quantité d’antibiotiques nécessaire à la guérison de l’enfant, établie en fonction de son poids et de ses symptômes recensés, évitant ainsi l’antibiorésistance. La tablette ne nécessite pas l’utilisation d’internet et est adaptable à diverses contraintes du terrain. MSF ECare est actuellement en cours de déploiement à Moissala au Tchad dans deux centres de santé où MSF fournit gratuitement des soins.
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MSF ECare Traiter le prochain patient
…
Plus de la moitié des décès des enfants de moins de 5 ans pourraient être évités puisqu’ils sont liés à des maladies traitables (pneumonie, rougeole…). Ces décès se produisent souvent dans des endroits où les médecins manquent et où les soins de santé primaires sont confiés à des infirmiers ou des agents de santé communautaires insuffisamment formés ou ne disposant pas d’outils de diagnostic adaptés. Les maladies ne sont alors pas détectées ou mal traitées. On constate en plus une prescription inutile d’antibiotiques qui sont un facteur important de développement de résistance, mettant en danger les capacité des traitements à moyen et long terme.
PRÉSENTATION CLINIQUE Symptômes principaux Fièvres (température reportée supérieure à 37,5°C)
Le soignant liste les différents symptômes. Le patient à ausculter est un jeune garçon de 12 ans qui tousse et a une forte fièvre.
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Traiter le prochain enfant
Non Rougeole actuellement, ou durant les 3 derniers mois?
Oui
Non Toux ou difficulté respiratoire ?
Oui
Non Diarrhées (≥ 3 selles liquides par jour) ?
Oui
Non Douleurs abdominales ou inguinales
MSF ECare Traiter le prochain patient
CLASSIFICATION ATTEINTE
La pathologie dont souffre l’enfant est identifiée.
MSF ECare
Oui
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Et :
■ Pneumonie
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MSF ECare Traiter le prochain patient
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Beaucoup de centres de santé sont situés dans des zones rurales isolées.
TRAITEMENT POUR LA PNEUMONIE
MSF ECare propose un traitement pour le malade.
Donner de l’Amoxicilline 50mg/kg, 2 fois par jour, pendant 5 jours Pour cet(te) enfant (Poids : 35,6 kg), donner : • OU 2,0 comprimés d’Amoxicilline 250 mg. • OU 1,0 comprimé d’Amoxicilline 500 mg. • OU 20,0 ml de sirop d’Amoxicilline 125 mg/5ml.
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Le jeune patient repart avec la dose exacte de médicaments dont il a besoin pour guérir. Les cas les plus graves sont transférés dans l’hôpital le plus proche. Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 9
EN APARTÉ
Legs Soutenir MSF Exposition et donations autrement Gaza : population Le don d’actions, un autre moyen de nous soutenir ?
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Elle apporte un regard sur la « Grande Marche du retour », ce mouvement de protestation qui rythme la vie des Gazaouis depuis plus d’un an. Médecins Sans Frontières, présente dans la bande de Gaza depuis 2000, a renforcé ses opérations pour prendre en charge un grand nombre de blessés. Les photographes Laurence Geai, Heidi Levine, Khalil Hamra, et Mohammed Abed al-Baba ont capturé le quotidien de ces Gazaouis.
Bayeux Du 7 octobre au 3 novembre 2019 Lieu : Chapelle de la Tapisserie de Bayeux - 13B Rue de Nesmond, 14 400 Bayeux Ouvert tous les jours de 10h00 à 12h30 et de 14h00 à 18h00 Entrée libre Lancée en mars 2014, la plateforme a déjà reversé plus de 800 000 euros aux associations partenaires grâce aux 22,5 millions dons faits par ses 313 000 utilisateurs ! À partir de cet été, vous pourrez retrouver régulièrement Médecins Sans Frontières sur Goodeed. Grâce au simple visionnage d’une publicité, vous contribuerez gratuitement au financement de projets de MSF à travers le monde : lutte contre la malnutrition au Niger, hospitalisation d’enfants au Liban, nuits d’hébergement pour les mineurs non-accompagnés en France ou encore équipement d’un bloc chirurgical destiné à soigner des patientes atteintes du cancer du col de l’utérus au Malawi.
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Catherine.bechereau@paris.msf.org
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Dans le cadre du festival de Bayeux, qui rend hommage aux journalistes exerçant leur métier dans des conditions périlleuses afin de transmettre au public une information libre, MSF présente son exposition collective « Gaza : population hors d’état ».
Informations pratiques :
Votre contact : Catherine Béchereau Responsable Fidélisation et Philanthropie
hors d’état
MSF déménage ! Cet été, MSF quittera ses locaux situés dans le quartier de la Bastille à Paris. Les équipes MSF, aujourd’hui dispersées sur 5 sites différents, seront réunies dans un seul et même bâtiment. Cela permettra d’améliorer l’efficacité opérationnelle de nos équipes. Notre service donateurs restera joignable au 01 40 21 27 27 pour répondre à toutes vos questions. Cependant, lors du déménagement, dont la date reste à préciser, le service sera perturbé le temps d’une journée. Si vous n’arrivez pas à nous contacter à ce moment-là, laissez un message, nous ne manquerons pas de vous rappeler.
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EN QUESTION
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RETOUR SUR L’EXPÉRIENCE RWANDAISE DE MSF
Jean-Hervé Bradol, directeur d’études au Centre de Réflexion sur l’Action et les Savoirs Humanitaires « On n’arrête pas un génocide avec des médecins. »
Le 6 avril 1994, le président Juvénal Habyarimana est assassiné à Kigali. Les massacres de rwandais tutsis et de membres de l’opposition commencent le soir même. Comment les équipes MSF perçoivent les choses à ce moment-là ? Elles avaient déjà assisté à d’importants épisodes de violences les mois précédents et s’étaient préparées, avec d’autres acteurs de la santé, à recevoir un grand nombre de blessés. Peu à peu, les équipes comprennent que les massacres sont généralisés même si certaines localités, Butare par exemple, tentent de résister à la pression génocidaire. Elles constatent que les blessés tutsis sont achevés dans les hôpitaux comme dans l’ensemble des lieux publics où ils se réfugient.
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Les travailleurs humanitaires deviennent les témoins de massacres à grande échelle. Est-ce la première fois ? Quand l’association a-t-elle pris la parole ? À cette échelle, certainement. Avant 1994, les humanitaires travaillent généralement à distance des lieux où les massacres sont perpétrés et ils sont rarement témoins oculaires des tueries. Les exécuteurs restent le plus souvent anonymes, ce qui n’est pas le cas ici. Il s’agit alors d’une expérience extrême et quasi-inédite pour MSF : la présence d’humanitaires au moment où s’effectue le tri entre ceux qui allaient mourir et ceux qui seraient épargnés. Plusieurs épisodes dramatiques dont celui de l’hôpital universitaire de Butare vont entraîner une prise de parole de MSF.
À la fin du mois d’avril, des miliciens, des militaires et des responsables politiques sont envoyés de Kigali à Butare. Ils y exécutent l’ensemble des blessés de l’hôpital et tout notre personnel national tutsi. Des dirigeants de MSF, notamment Reginald Moreels, Président de MSF en Belgique à cette époque, font leurs premières déclarations publiques caractérisant l’événement comme un génocide et réclamant une intervention militaire internationale pour y mettre fin. Le 18 juin, il dit : « On n’arrête pas un génocide avec des médecins. »
Comment a évolué l’association à la suite de son expérience des violences extrêmes au Rwanda et dans les pays limitrophes ? Au second semestre 1994, MSF déplore la reconstruction de l’administration génocidaire dans les camps de réfugiés au Zaïre (aujourd’hui République démocratique du Congo) et en Tanzanie où la nourriture est détournée à grande échelle. D’un point de vue opérationnel et technique, les équipes ne sont pas assez bien préparées pour faire face à ces situations. Le constat du manque de compétences et de capacités des organisations de secours pour faire face aux crises qui marquent les années 1990 fait à l’époque l’objet d’un large consensus. Les enseignements tirés de l’expérience rwandaise entraînent alors le développement d’un système nouveau, avec notamment l’adoption d’un code de conduite commun, issu du mouvement Croix-Rouge, qui s’est répandu à l’ensemble des organismes d’aide et des ONG qui travaillaient dans ces situations de conflit.
boutique.msf.fr Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr I 11
Mer Méditerranée Ce petit garçon et sa mère font partie des 30 000 personnes secourues par l’Aquarius en mer Méditerranée depuis 2016 avant que le navire ne soit contraint de mettre fin à sa mission de sauvetage.
OUI, JE VEUX FAIRE UN DON RÉGULIER DE : 7 EUROS PAR MOIS 10 EUROS PAR MOIS (2,5 euros par mois après réduction fiscale)
MANDAT DE PRÉLÈVEMENT SEPA EN FAVEUR DE MÉDECINS SANS FRONTIÈRES
Association reconnue d’utilité publique - 8 rue Saint-Sabin 75011 PARIS • ICS : FR32ZZZ193046 Objet du mandat : soutien régulier aux actions de Médecins Sans Frontières Type d’encaissement : récurrent • Référence Unique du Mandat*. * Celle-ci me sera communiquée dès l’enregistrement de mon mandat.
VOS COORDONNÉES J192CMXX Nom / Prénom : ..................................................................................................................................................................................................................................................................................... N° : ........................ Rue : .........................................................................................................................................................................................................................................................................
15 EUROS PAR MOIS
Code Postal : ................................................. Ville : ............................................................................................................................................................................................................................
20 EUROS PAR MOIS
LES COORDONNÉES DE VOTRE COMPTE.
.............. EUROS PAR MOIS (montant à votre convenance)
En 2019, tout don versé à Médecins Sans Frontières ouvre droit à une réduction d’impôt de 75 %, dans la limite de 546 euros de don, 66 % au-delà. Renvoyez ce bulletin daté et signé dans une enveloppe sans l’affranchir à Médecins Sans Frontières - 8 rue Saint Sabin - 75011 Paris
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BIC (Bank Identifier Code)
Fait à : .........................................
Signature :
Le : ................................................
(obligatoire)
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