MSF Infos - Avril 2017

Page 1

N° 189 - mars - avril 2017 - 2 € - J171 - ISSN 1146-2930

> DOSSIER

SYRIE : L’IMPASSE HUMANITAIRE

> À LA UNE

OUGANDA : VENIR EN AIDE AUX RÉFUGIÉS SUD-SOUDANAIS

www.msf.fr


SOMMAIRE À LA UNE

Ouganda : venir en aide aux réfugiés sud-soudanais

P4

COURRIER DES LECTEURS

> ÉDITO

Cette rubrique est la vôtre. N’hésitez pas à nous envoyer vos commentaires à donateurs@paris.msf.org ou à réagir sur notre page Facebook ou notre compte Twitter. Jonathan, jeune homme de 17 ans originaire du Nigeria, secouru en Méditerranée.

ACTUALITÉS

France : protéger les migrants les plus vulnérables En bref : Kenya, Soudan du Sud, Yémen

P 6 P7

PORTRAIT

Marie-Jo Michelet : une vie d’humanitaire

P8

DOSSIER

Syrie : l’impasse humanitaire

P9

MISSIONS

Cambodge : des soins gratuits contre l’hépatite C

P 15

ILLUSTRATIONS

Exposition : Itinéraires intérieurs

P 16

Béatrice. Insoutenable. Il a 17 ans. Comment se construire avec un fardeau si lourd, plus de parents et des tortures qui laissent des traces et des séquelles indélébiles ? Et pourtant la mort de sa maman a été le pire jour de sa vie. Merci de la qualité des secours en mer et du temps pris à recueillir de tels témoignages. On souhaite un peu de répit et de douceur à tous ces exilés qu’on refuse de voir, d’entendre, d’écouter et de connaître.

Les civils pris au piège à Taiz au Yémen. Annick. Merci pour ces infos. La guerre au Yémen n’est pas médiatisée. Par vos témoignages, vous nous donnez connaissance de ce qu’il s’y passe, pour que nous ne devenions pas indifférents. Médecins Sans Frontières

NOUS SOUTENIR AUTREMENT Fiscalité des dons 2017, quels changements ?

P 18

Entretien avec Eric, chef de mission au Yémen.

Marie-Christine. Respect pour ce chirurgien et tous les soignants qui aident dans de telles conditions les victimes de la guerre.

INFOS MÉDICALES

Contrefaçons et médicaments de mauvaise qualité : un problème majeur

3 mars 2017

P 19

DÉBATS HUMANITAIRES

Donald Trump rétablit la règle du «bâillon mondial».

Proposer l’avortement médicalisé sur nos terrains : entre nécessité et difficultés

P 20

VOUS AGISSEZ

P 22

ÉVÉNEMENTS

P 23

Eva. La liberté de choisir est importante, des gens se sont battus et d‘autres se battent toujours pour cela. Ne pas respecter le chemin qui a été parcouru pour en arriver là est juste insupportable et intolérable. 22 février 2017

Dans l’enfer de l’hiver

C

omme chaque année, le froid et ses conséquences sur les populations les plus vulnérables font la Une de l’actualité pour ensuite disparaître. Que ce soit en France ou en Europe, les réfugiés ont dû supporter des conditions de vie déplorables. Tandis que le centre humanitaire de la Chapelle, créé par la ville de Paris, était saturé et que les températures devenaient négatives, les forces de l’ordre réveillaient les migrants en pleine nuit et leur confisquaient leurs couvertures. Au début de l’année, nos équipes avaient dû prendre en charge plus de huit personnes atteintes d’hypothermie en une semaine. À Belgrade, en Serbie, où l’hiver a été particulièrement rude cette année, près de 1700 migrants ont trouvé refuge dans des bâtiments abandonnés par -20°C. Depuis quelques mois, les pays de la route des Balkans ont semblé chercher à se surpasser les uns les autres en proposant des mesures dissuasives de plus en plus sévères afin de stopper le flux de migrants. Ces décisions ont des conséquences dramatiques sur l’état de santé des personnes qui en sont victimes. L’hiver est un phénomène naturel hors de notre contrôle, mais le véritable problème provient de l’absence de volonté politique de subvenir aux besoins élémentaires de ces personnes vulnérables. Cela démontre l’échec de l’Union européenne, qui détourne le regard, ignorant le fait que ses politiques mal conçues n’ont ni mis un terme au flux de migrants, ni permis de mettre en place une voie d’accès sûre. Les migrants ont droit à un traitement digne et humain. Et pour le moment, ce traitement leur est refusé.

Encart MSF Fondation sur une partie de la diffusion

Retrouvez toute l’actualité de nos missions sur www.msf.fr Directeur de la publication : Dr Mego Terzian • Directeurs de la rédaction : M-C Brun, C. Magone • Ré d ac t ion : M . D ugoujon . C ont r ibut ion s : C. Béchereau • Graphisme et fabrication : tcgraphite • Imprimeur: Maury Imprimeur, 45300 Manchecourt • Photos : Couverture : Thomas Rassloff/EPA - P3 : MSF - P4,5 : Charlotte Morris P6 : MSF - P7 : Nicolas Peissel - MSF  - P8 : MSF - P9 : Karam Almasri - P10 : MSF - P12 : MSF - P13 : Charles Habib  - P15 : Dean Irvine - P16 : Bruno Fert, Bruno Fert - P17 : Bruno Fert - P18 : Bernard Pécoul - P19 : Laetitia Martin - P20 : Patrick Farrell - P22 : MSF - P23 :William Daniels, MSF - P24 : Shaista Aziz • Médecins Sans Frontières - 8, rue Saint-Sabin, 75544 Paris CEDEX 11 – Tél. : 01 40 21 27 27 •  N° de commission paritaire : 0618H83241

10-31-1282 Certifié PEFC

MSF S’ENGAGE À ÊTRE PLUS RESPONSABLE !

Ce produit est issu de forêts gérées durablement et de sources contrôlées.

Dès à présent, votre MSF infos vous sera envoyé dans un film plastique biodégradable.

pefc-france.org

2 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

Dr Mego Terzian Président de Médecins Sans Frontières

Agissez pour le recyclage des papiers avec Médecins Sans Frontières et Ecofolio

M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 3


> À LA UNE

> À LA UNE

Ouganda : venir en aide

aux réfugiés sud-soudanais

L’HISTOIRE DE MARY, 37 ANS, RÉFUGIÉE ORIGINAIRE DE LA RÉGION D’ÉQUATORIA, AU SOUDAN DU SUD

La guerre civile sud-soudanaise entre les forces du gouvernement et celles de l’opposition dure depuis plus de trois ans. À l’été 2016, un an après la signature d’un accord de paix, les combats ont repris de plus belle au Soudan du Sud, forçant des centaines de milliers de personnes à fuir vers l’Ouganda.

DES TÉMOIGNAGES D’UNE VIOLENCE EXTRÊME Certaines personnes arrivant dans le camp de Yumbe racontent avoir vu des proches se faire abattre devant eux, d’autres encore expliquent que leur mari a disparu au travail, très probablement enlevé par des hommes armés. Tous rapportent les mêmes histoires de pillages, de violences et de peur. « Ma mère s’est fait kidnapper et tuer à coup de couteau sur le chemin de la ferme. Mon père, lui, s’est fait tirer dessus à Juba », raconte Simon, un jeune réfugié nouvellement arrivé dans le camp. Beaucoup racontent ne pas avoir eu le temps de prendre leurs affaires ni d’attendre les membres de leur famille avant de fuir vers l’Ouganda, le plus souvent à pied. Certaines   Les équipes effectuent des consultations médicales personnes ont marché neuf jours d’affilée. « J’ai été auprès des personnes réfugiées. attaquée une première fois alors que je travaillais au champ. J’ai pu prendre la fuite et me mettre à l’abri. Environ un mois plus tard, ma voisine et moi sommes haque jour, près de 2 000 personnes arrivent revenues discrètement au village pour essayer de trouen Ouganda depuis le Soudan du Sud. Le gouvernement ougandais accueille les ver de la nourriture. Des hommes armés ont repéré ma voisine. Ils l’ont attaquée et violée. réfugiés sur un terrain près de la Elle a crié et fait du bruit, alors j’ai ville de Yumbe, dans un camp compris ce qui se passait. Je suis nommé « Bidi Bidi ». « Au départ, Au départ, les conditions restée au sol et ai rampé jusque dans les conditions de vie dans le camp de vie dans le camp la brousse. C’est la dernière fois que étaient épouvantables. Les gens se étaient épouvantables. ” j’ai vu ma maison », raconte à son retrouvaient là, en pleine brousse, tour Bista, originaire de la grande munis d’une couverture et de région d’Équatoria. Les hommes, quelques ustensiles de cuisine. Avec femmes et enfants qui arrivent, à présent, dans le l’arrivée de plusieurs acteurs humanitaires, la situation camp de Yumbe soufflent. Enfin, ils n’ont plus peur s’est améliorée et les gens commencent à revivre », de tomber entre les mains d’hommes armés. explique Enosh, directeur de la policlinique du camp.

C

4 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

Mary attend de savoir si sa fille de deux ans, Pita, doit être transférée de la policlinique de Bidi Bidi à l’hôpital le plus proche. Elle est en Ouganda depuis environ un mois. Sa fille a la diarrhée depuis plusieurs jours, des difficultés à uriner et ressent de fortes douleurs.

« L’aide que j’ai reçue en Ouganda m’aident à oublier la situation dramatique au Soudan du Sud. L’équipe nous a proposé des soins gratuitement. Ils nous ont d’abord envoyées à l’hôpital de Yumbe, où nous avons attendu quatre jours, mais le personnel n’a rien pu faire. Désormais, l’équipe médicale essaye de m’aider à emmener ma fille à l’hôpital d’Arua. J’espère qu’ils pourront faire quelque chose pour elle. » Il y a environ cinq semaines, Mary était au marché lorsqu’elle a été forcée de fuir le Soudan du

OFFRIR DES SOINS MÉDICAUX ET DE L’EAU AUX PERSONNES DÉPLACÉES Après avoir effectué plusieurs missions d’évaluation, les équipes, avec l’aide d’autres organisations humanitaires, ont ouvert une policlinique mobile dans le camp. Elles ont installé des toilettes et augmenté la quantité d’eau distribuée dans le camp en acheminant 66 000 litres d’eau par jour et en construisant des pompes à eau. « Toutes les organisations doivent faire face à cet afflux massif. Pour cela, nous avons surtout mis en place des actions d’approvisionnement en eau, latrines et services de santé basiques avec des

Sud. « J’étais partie faire quelques courses et vendre les légumes que je cultivais. Soudain, des hommes sont arrivés et ont mis le feu. Ils ont volé sur les étalages et attaqué les personnes présentes. Ils sont arrivés de partout, j’ai couru jusqu’à ma ferme aussi vite que j’ai pu. Lorsque je suis arrivée, ma ferme et ma maison avaient également été incendiées. J’ai pris mes quatre enfants et ma belle-mère et nous avons couru vers la brousse. Nous avons passé la nuit dans la brousse et entamé notre marche le jour suivant. Mes enfants étaient trop jeunes pour une telle marche. J’ai pu porter deux de mes enfants et ma belle-mère en a pris un troisième. Mon fils a dû marcher, mais ses jambes ont beaucoup enflé. Nous étions presque coincés et incapables de continuer lorsqu’un homme a eu pitié de mes enfants malades. Il a payé un taxi à moto pour nous permettre de rejoindre la frontière. S’il ne nous avait pas aidés, je ne pense pas que nous y serions parvenus. »

cliniques mobiles puis des cliniques qui sont devenues permanentes. Nous mettons actuellement en place un système de surveillance de la santé de ces populations sur l’ensemble du camp, de façon à pouvoir traiter de potentielles épidémies », explique Jean-Luc Anglade, le chef de mission. Un service d’hospitalisation et une maternité doivent ouvrir dans les semaines qui viennent. Les autres besoins médicaux et sanitaires restent relativement bien couverts mais subsiste une inquiétude quant à la capacité de réponse des organisations, l’afflux de réfugiés étant continu. La vigilance reste de vigueur.   M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 5


> ACTUALITÉS

> ACTUALITÉS

SOUDAN DU SUD

DES TAUX DE MALNUTRITION ALARMANTS DANS LE NORD

France, protéger les migrants les plus vulnérables

A

Le centre humanitaire de la Chapelle, dispositif de l’État et de la ville de Paris, a ouvert ses portes en novembre 2016. En deux mois, il a permis de mettre à l’abri plus de 3 000 personnes dans des structures d’accueil. Mais ses capacités d’hébergement ne suffisent pas et des centaines de migrants dorment dehors, exposés au froid et aux interventions policières.

H

assan vient d’Afghanistan. Il est arrivé à Paris début janvier. « Ma priorité c’est de trouver un lit pour dormir. Les 10 premiers jours, je n’avais rien. On a monté quatre parois et un toit avec des barrières. On a utilisé des vêtements et des couvertures. Quand tu dors dehors, la police intervient. Elle nous envoie des gaz lacrymogènes dans les yeux. Nous n’avons nulle part où aller. Il fait trop froid », explique-t-il. Les violences policières dont il a été victime ne sont pas un cas isolé. Les équipes médicales et les associations travaillant auprès des migrants ont été témoins d’actions de plus en plus systématiques menées par la police pour disperser les campements sans mise à l’abri des personnes. « En plein cœur de l’hiver, les pouvoirs publics devraient être en mesure de fournir des places d’hébergement à tous les migrants, en urgence. Au lieu de quoi les forces de l’ordre confisquent leurs couvertures ou les obligent à rester debout dans la file d’attente du centre humanitaire de la Chapelle pendant des heures, dans une tentative dérisoire de soustraire cette population en détresse à la vue 6 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

du public. Ce déni de réalité par la violence doit cesser », commente Corinne Torre, coordinatrice du programme auprès des migrants.

UNE CLINIQUE MOBILE ET UN HÉBERGEMENT DE SECOURS Depuis décembre dernier, MSF offre des consultations médicales dans une clinique mobile dans le quartier de la Chapelle à Paris. Face à la saturation du centre humanitaire et au froid persistant, MSF a décidé de mettre à l’abri les migrants les plus vulnérables, mineurs isolés et familles avec enfants, dans des chambres d’hôtels louées pour plusieurs jours. « Après huit ans de terrain à l’étranger, je suis revenue en France. C’est une situation absolument incroyable que j’ai découverte en arrivant à Paris. Je suis soulagée que MSF soit impliquée dans l’accompagnement des migrants en France, tout le monde semble unanime sur le fait qu’on doit continuer à faire quelque chose. C’est très bien. Heureusement que certains citoyens sont très impliqués et font beaucoup auprès de ces personnes qui dorment dehors », conclut Corinne Torre.

u Soudan du Sud, la poursuite des violences dans l’État d’Unité a un grave impact sur la population locale. Régulièrement obligée de fuir pour échapper aux combats, celle-ci lutte pour subvenir aux besoins de base. En janvier dernier, les équipes médicales ont constaté que 25% des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition aiguë dans le nord du comté de Mayendit, situé dans l’État d’Unité. « Cela signifie que le quart des enfants que nous avons reçus en consultation dans nos cliniques souffrent de malnutrition et que près d’un dixième sont sévèrement atteints, explique Nicolas Peissel, coordinateur du projet. Ces chiffres sont extrêmement inquiétants ». En réponse, le traitement de la malnutrition a été inclus dans les activités ambulatoires déjà mises en place dans la région. Les équipes s’inquiètent des conséquences de la saison sèche, période qui précède la récolte, susceptible de rendre encore plus difficile l’accès à la nourriture.

KENYA   SENSIBILISER AUX VIOLENCES SEXUELLES

Ý  Photo de l’exposition « N’excusez pas les abus ».

P

rès de la moitié des femmes kenyanes âgées de 15 à 49 ans ont déjà subi des violences physiques ou sexuelles. Dans le but d’informer la population sur ce type de violences et sur le droit des victimes,

Ý  Roda accompagne ses deux enfants atteints de malnutrition à la clinique.

CHIFFRE CLÉ

200 000

c’est le nombre de personnes qui vont de nouveau avoir accès aux soins avec la reprise de nos activités au sein de l’hôpital de Haydan, au Yémen, bombardé en octobre 2015.

une campagne de sensibilisation « N’excusez pas les abus » a été lancée. Celle-ci prend la forme d’une exposition photo, d’une chanson diffusée à la radio kényane et de plusieurs discussions autour des activités médicales offertes. « À Nairobi, il y a une forte densité de population au km2, un taux de chômage très élevé, une importante consommation d’alcool et de drogue…. Ces facteurs, cet environnement favorisent la violence et notamment la violence sexuelle », explique William Hennequin, chef de mission. Dans la capitale kényane, les équipes médicales gèrent deux cliniques pour les victimes, dans les quartiers de Kibera et Eastlands, où habitent plus de trois millions de personnes. Les patients y bénéficient de soins médicaux et de consultations psychologiques. Les activités incluent également le planning familial, la vaccination et un soutien psychosocial.  M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 7


> PORTRAIT

> DOSSIER

Marie-Jo Michelet, une vie d’humanitaire Marie-Jo est infirmière anesthésiste. Engagée depuis 30 ans à MSF, elle a passé 15 ans sur les terrains d’interventions auprès des populations les plus vulnérables. Retour sur son parcours. Dès ses premières missions, Marie-Jo est confrontée au danger. Elle parvient à entrer clandestinement en Afghanistan habillée en homme et entourée de Moudjahidines, via le Pakistan afin de rejoindre le dispensaire de MSF coincé dans les montagnes. Elle va ensuite enchaîner les missions sur le terrain notamment en zones de conflits : Mozambique, Angola, Cambodge, République démocratique du Congo. « Nous soignions les patients dans des zones non sécurisées, accessibles uniquement par voie clandestine, au milieu des combattants armés. C’était assez risqué », se souvient-elle.

UN ENGAGEMENT SANS FAILLE Marie-Jo a effectué 35 missions dans le monde entier avec la même détermination. Lorsqu’ils parlent d’elle, Ý  Marie-Jo au Yémen, en 2012. ses collègues louent son énergie incroyable, sa capacité à travailler sans relâche, prenant à peine le temps de manger. Infatigable, elle est toujours prête à soutenir n 1985, tandis qu’elle revient d’un an passé un collègue moins expérimenté qui a besoin de repos au Mali avec une petite association franou d’aide. Après toutes ces années, la motivation de çaise, Marie-Jo fait la connaissance d’une Marie-Jo reste intacte. Au sujet de sa dernière mission, infirmière MSF. « Ses récits et son enthousiasme au Yémen en 2015, elle explique : m’ont persuadée et j’ai donc poussé « malgré la charge de travail, la la porte du petit bureau du siège MSF ! », explique-t-elle. À cette Nous soignions les patients violence de la chirurgie de guerre, la douleur et les mutilations, j’ai parépoque, les défis rencontrés par dans des zones l’association sont nombreux. Les non sécurisées, (...) au milieu tagé des moments forts et précieux avec le personnel et les patients en patients affluent dans les centres des combattants armés. ” dépit de la barrière de la langue. Je de santé et les équipes doivent suis très heureuse d’avoir été à leurs faire preuve d’inventivité pour côtés en ces temps difficiles ». Marie-Jo exerce désormais pratiquer la médecine d’urgence. « Au-delà des sa profession en France. Elle ne compte cependant activités médicales, nous avions également la responpas arrêter les missions maintenant et espère pouvoir sabilité de témoigner des situations vécues par nos partir pendant encore plusieurs années. patients », raconte-t-elle.

E

8 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

SYRIE :

L’IMPASSE HUMANITAIRE Plus de 300 000 morts, 6,6 millions de déplacés internes et 4,8 millions de réfugiés*: tel est le bilan de six ans de guerre en Syrie. Depuis 2011, la situation du pays n’a cessé de se dégrader. L’aide humanitaire, incluant l’accès à la nourriture et aux fournitures médicales, demeure rare. La majorité des Syriens vit dans la peur, manque de tout et lutte pour survivre. Dans de nombreuses régions du pays, l’accès aux soins médicaux est presque impossible en raison de la détérioration du système de santé, du manque de médicaments et des bombardements fréquents sur les structures de soins. Pour des raisons de sécurité, nos équipes ne peuvent désormais pas se rendre dans certaines zones du pays. Cependant, elles mettent tout en œuvre pour soutenir les établissements médicaux sur place et apporter une assistance aux réfugiés dans les pays limitrophes et en Europe. * Source : Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR)

M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 9


> DOSSIER

> DOSSIER

De la difficulté d’intervenir en Syrie Malgré l’ampleur de la crise et des besoins, la présence de MSF et la mise en place d’activités médicales en Syrie sont fortement limitées, principalement en raison de l’insécurité, des attaques contre les structures médicales et des difficultés d’accès. Néanmoins, les équipes continuent d’intervenir directement dans certaines zones du pays et soutiennent des structures de santé dans les régions du pays où elles ne peuvent être présentes.

D

epuis le début du conflit, MSF a envoyé des tonnes de médicaments et de fournitures médicales en Syrie. Elle s’est vite rendue compte que c’était insuffisant face à l’ampleur des besoins et a étendu son soutien au personnel médical syrien. La capacité des équipes à mener des activités médicales TURQUIE

Alep Idlib K

A

R

SYRIE Damas I

LI

BA N

Hamah Homs

JORDANIE

de façon directe a, cependant, été assez vite limitée pour plusieurs raisons. Le niveau de violence rend l’environnement extrêmement dangereux pour tous. Les structures de santé ne sont pas des lieux sûrs, ni pour les blessés, ni pour le personnel médical, en raison des fréquents bombardements dont elles sont la cible. De plus, de vastes zones sont contrôlées par l’État islamique (EI). En janvier 2014, l’EI enlevait 13 personnels de MSF, dont cinq ont été retenus captifs pendant près de cinq mois, obligeant MSF à fermer quatre de ses hôpitaux et centres médicaux dans le nord. Les équipes ne peuvent pas travailler dans les zones contrôlées par ce groupe sans garantie claire de leur part que les patients et le personnel ne seront pas pris pour cible. MSF ne l’a, à ce jour, pas reçue. Enfin, en dépit de plusieurs demandes, le gouvernement syrien n’a toujours pas donné l’autorisation à MSF

1 0 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

À L’HÔPITAL MSF D’ATMEH*

LES HABITANTS D’ALEP EST PRIS AU PIÈGE Depuis la prise de contrôle de certains quartiers d’Alep Est par les opposants au régime en 2012, ces derniers n’ont cessé d’être bombardés. La population d’Alep Est, prise au piège, manque de tout. Les structures médicales restantes sont saturées de blessés et manquent de médicaments et de matériel. En juillet 2016, Alep Est se retrouve en état de siège. Les bombardements s’intensifient. Les messages d’appels à l’aide de la population et du personnel de santé sont nombreux. Le 13 décembre, la bataille d’Alep prend fin avec la capitulation des opposants au régime et la signature d’un cessez-le-feu qui prévoit l’évacuation des combattants et des civils de la ville.

6 000

Personnes admises en urgence

630

Actes de chirurgie

250

Admissions à l’hôpital

240

Patients transférés en Turquie * Au cours du premier semestre 2016

  Soins à un jeune patient brûlé à l’hôpital d’Atmeh.

de travailler dans les zones sous son contrôle. « À l’intérieur de la Syrie, nous devrions mener le plus grand programme d’aide médicale de l’histoire de MSF. Il est inacceptable que notre travail soit limité et rencontre tant de défis, mais nous nous efforçons de trouver de nouvelles façons de fournir une assistance médicale au cœur du pays », explique le Dr Mégo Terzian, président de MSF.

SOUTIEN AUX STRUCTURES DE SANTÉ Dans les gouvernorats d’Alep, Idlib et Hama, MSF apporte son soutien à 22 structures de santé dont le fonctionnement est assuré par divers réseaux ou groupes de

médecins syriens. L’aide consiste une équipe dirige une structure à fournir du matériel médical de 15 lits dédiée à la prise en charge et à couvrir les frais de fonctiondes « grands brûlés », composée nement des structures et le de personnel syrien. Elle constitue salaire du perle seul service sonnel. Sur les spécialisé pour À l’intérieur de la Syrie, 22 structures, les grands brûnous devrions mener le plus lé s e x i s t a nt 7 s o nt d e s grand programme d’aide hôpitaux, qui dans le nord du médicale de l’histoire de MSF. ” pays. L’ ét areprésentent 11 % de l’enblissement semble des hôpitaux en fonctionétait, en 2012, un centre de traunement répertoriés dans le nord matologie mais les besoins pour de la Syrie. le traitement des brûlures ayant été identifiés, les équipes ont décidé de proposer de nouveaux LE PROJET DE SOINS AUX soins : de la chirurgie permettant GRANDS BRÛLÉS D’ATMEH des greffes de peau, la pose de À Atmeh, dans le nord-ouest du pansements ainsi que de la phypays, dans le gouvernorat d’Idlib,

siothérapie. Elles traitent également les urgences et proposent des services de soutien en santé mentale et des consultations médicales. Elles ont également mis en place un système de référence pour transférer les patients nécessitant un traitement plus spécialisé en Turquie. Les équipes interviennent aussi dans 180 camps de déplacés accueillant environ 165 000 personnes autour la ville d’Atmeh et proposent des activités de vaccination, d’éducation sanitaire et de surveillance. Plus de 80 000 doses de vaccins ont été administrées aux enfants de moins de 3 ans tout au long du premier semestre 2016.

M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 1 1


> DOSSIER

> DOSSIER

QUELQUES DATES

MARS 2011

JUILLET 2011

Des manifestations pacifiques sont réprimées dans le sang par le gouvernement syrien.

La création de l’Armée syrienne libre (ASL) signe la fin d’une révolution pacifique.

FÉVRIER 2012 À MAI 2013 Deux groupes islamistes font leur apparition dans le conflit : le Front AlNosra, lié à Al-Qaida et le mouvement État islamique (EI ou Daesh), né d’une scission avec Al-Qaida.

Soutenir les personnes déplacées

Plus de 650 000 réfugiés syriens vivent actuellement en exil en Jordanie. À Amman, les équipes médicales proposent une offre de soins complète aux victimes de conflit considérées comme « nontraitables » dans leur pays d’origine, en raison de difficultés d’accès aux structures de soins adaptées ou de complexité technique. En 2016, 535 patients ont été admis, dont 239 Syriens. 1055 opérations chirurgicales ont également été effectuées.

Une offensive menée dans la banlieue de Damas avec des gaz toxiques par le gouvernement syrien fait de nombreux de morts.

Les équipes gèrent aussi un projet de soins de santé maternelle et infantile dans la ville d’Irbid, à une quinzaine de kilomètres de la frontière. Cette zone abrite des dizaines de milliers de réfugiés syriens, vivant à l’extérieur des camps de réfugiés, qui ont des difficultés à accéder aux soins dont ils ont besoin.

traitements pour les maladies chroniques, des soins de santé mentale et de santé maternelle, grâce à une maternité, dans le camp de Domiz, situé au Kurdistan irakien. Une équipe de psychologues et de psychiatres propose également des consultations en santé mentale dans les camps de Gawilan et Darashakran.

EN IRAK…

EN GRÈCE...

EN FRANCE…

L’Irak accueille environ 230 000 Syriens. Les programmes menés visent à fournir aux réfugiés des

Des activités ont été déployées à Samos, Athènes et Ioannina, près de la frontière albanaise, où se

À partir d’octobre 2015, les équipes ont effectué des consultations médicales et construit des latrines et des douches pour les personnes vivant dans la « jungle » de Calais, dans le nord de la France. À Grande-Synthe, situé à quelques kilomètres de Dunkerque, elles ont construit un nouveau camp afin de procurer des abris pour les familles, de plus en plus nombreuses sur le site. Avec le démantèlement de la « jungle », en octobre 2016, de nombreux réfugiés se sont retrouvés dans le nord de Paris.

HAMZA A FUI LA SYRIE AVEC SA MÈRE VERS LA TURQUIE

neuf enfants de deux à dix ans. C’était tellement difficile car nous n’étions pas en sécurité. Personne ne savait vraiment conduire le bateau. Nous étions responsables de nousmêmes et des enfants. Nos rêves méritent que l’on prenne des risques pour les réaliser. Je rêve de jouer dans la ligue européenne de basket-ball. Si je deviens entraîneur de basket, « Nous étions 35 passagers sur le bateau qui je voudrais emmener l’équipe syrienne nous a permis d’arriver en Grèce. Il y avait jusqu’au championnat du monde. » Ils ont passé un an là-bas avant de monter dans un bateau en direction de l’Europe. Après leur arrivée en Grèce, ils ont traversé la Macédoine, la Serbie, la Croatie et la Slovénie pour s’installer en Allemagne. Hamza a rejoint une équipe de basket-ball et étudie l’allemand en espérant pouvoir intégrer une université.

1 2 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

JANVIER 2014 La conférence Genève II pour la paix en Syrie ne mène à aucun accord.

MAI 2014 La ville de Homs, jusque-là contrôlée par les opposants au régime, est reprise par l’armée après un siège de deux ans. ●●●

trouvent des camps de personnes déplacées. Les équipes proposent essentiellement des soins de santé mentale et de l’appui juridique. La situation à Samos est très complexe. Les réfugiés continuent d’arriver sur l’île. Il y aurait environ 1 600 personnes dans un camp ayant une capacité de 600 personnes. Celles qui sont nouvellement arrivées manquent de logements adéquats et sont souvent oubliées. Depuis quelques mois, les populations vulnérables (familles, femmes enceintes, mineurs isolés) ont été mises à l’abri dans des chambres d’hôtel du centre-ville et bénéficient d’un suivi psychologique et médical.

Le nombre de personnes déplacées fuyant la Syrie ne cesse de s’accroître. Que ce soit dans les pays limitrophes ou en Europe, les équipes tentent d’apporter une assistance à ces femmes, ces enfants et ces hommes qui ont tout abandonné derrière eux. EN JORDANIE…

21 AOÛT 2013

> Pour en savoir plus, rendez-vous à la page 6.

HASSAN, 16 ANS, VIVAIT À DERAA EN SYRIE Face à l’intensification des combats, il a abandonné ses études pour rejoindre sa mère et sa petite sœur qui avaient déjà fui en Turquie où elles ont obtenu des papiers les autorisant à se rendre au Royaume-Uni. Après avoir traversé la Grèce, la Serbie, la Macédoine, la Hongrie et l’Allemagne, il a passé six mois dans la « jungle » de Calais avant de pouvoir enfin rejoindre sa famille au Royaume-Uni.

« Je me sentais tellement seul et désespéré, perdu au milieu de cette foule de gens déracinés, sans personne à mes côtés. Nous étions piégés dans ce camp, nous n’avions plus d’issues. Je me sentais désarmé, frustré et triste. J’avais atteint un tel degré de désespoir ! Je ne voulais plus vivre. Le Royaume-Uni était là, à deux pas. Mais on nous interdisait de passer la frontière. J’ai dû abandonner mes études en Syrie mais il y a plus de possibilités d’enseignement ici, au Royaume-Uni. Je veux continuer à étudier et obtenir un diplôme. J’espère qu’ils pourront bientôt traverser et retrouver leurs proches parce que personne ne peut vivre seul ou loin de sa famille. »

  Les équipes apportent une assistance aux réfugiés là où ils se trouvent. M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 1 3


> DOSSIER

QUELQUES DATES

JUIN 2014 Le groupe Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui va devenir l’EI, proclame un « califat » sur un vaste territoire qui balaie la frontière entre la Syrie et l’Irak. Il utilise les réseaux sociaux pour recruter de nouveaux combattants dans le monde entier.

> MISSIONS AOÛT 2014 Suite à l’assassinat de James Foley, les Etats-Unis effectuent des frappes aériennes sur des zones tenues par Daesh dans le cadre de la coalition internationale de lutte contre le califat.

SEPTEMBRE 2015 La Russie bombarde aveuglément les zones où se trouvent les mouvements d’opposition.

DÉCEMBRE 2016 L’armée syrienne reprend le contrôle de la zone est d’Alep. La population subit des bombardements quotidiens.

Cambodge : des soins gratuits contre l’hépatite C Selon l’Organisation mondiale de la Santé, entre 130 et 150 millions de personnes dans le monde souffrent d’une infection chronique de l’hépatite C. 700 000 d’entre elles meurent chaque année des suites de maladies hépatiques. Au Cambodge, cette infection touche entre 2% et 5% de la population.

Le personnel de santé syrien en danger Le ciblage des structures et du personnel de santé fait partie du conflit syrien depuis ses débuts. En 2015, 94 frappes aériennes ont été recensées contre 63 structures de santé soutenues par MSF et ont entraîné la mort de 23 membres du personnel médical.

L

e 15 février 2016, un bombardement aérien sur un hôpital soutenu par MSF à Ma’arat Al Numan, dans le gouvernorat d’Idlib, a entièrement détruit le bâtiment et fait 25 morts dont 5 enfants et 10 blessés. Les raids étaient conduits par les forces loyales au gouvernement syrien. Les destructions des structures hospitalières ont privé d’accès aux soins des centaines de milliers de personnes et tué des centaines de médecins et de soignants. Des milliers d’entre eux ont quitté le pays, de peur d’être la prochaine cible. Certains, toutefois, sont restés, craignant que leur départ ne condamne à mort les malades et blessés restés pris au piège dans leur propre pays. Par manque de ressources humaines, les médecins font face à une charge de travail énorme. « Certains jours, nous devons traiter 100 personnes à la fois. Nous

voyons les patients allongés à même le sol, hurlant de douleur, alors qu’il nous est tout simplement impossible d’aller vers les uns et les autres assez rapidement » affirme le Dr Ahmad, qui travaille dans un hôpital près de la ville de Jisr Al-Shughour, non loin de la frontière turque. « Nous endurons des journées extraordinairement difficiles. C’est comme si le régime souhaitait maximiser le nombre de victimes civiles. Et cela devient parfaitement clair lorsque l’on s’aperçoit combien les marchés, les boulangeries, les parcs et les hôpitaux sont visés. En Syrie, les endroits les plus dangereux sont devenus les hôpitaux et les ambulances… » Les personnels de santé doivent employer les grands moyens pour cacher leurs ambulances et structures médicales. « Nous en sommes réduits à dissimuler nos hôpitaux et couvrir nos ambulances de boue pour les camoufler » continue le Dr Ahmad. « L’immeuble abritant

1 4 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

cet hôpital était une usine de fromages, mais nous l’avons transformé en hôpital pleinement fonctionnel. Les conditions de travail ne sont certes pas idéales, mais nous faisons de notre mieux » continue-t-il. « En tant que docteurs, nous avons appris que nous ne pouvions plus travailler dans des hôpitaux “ normaux ” ou clairement identifiés. C’est tout simplement beaucoup trop dangereux. N’importe quel bâtiment ressemblant à un hôpital serait bombardé, poursuitil. Bien sûr, cela signifie que nos patients ne reçoivent plus des soins de qualité suffisante, car ces édifices n’ont pas été conçus pour servir d’hôpitaux. Et que nous manquons d’équipements essentiels ». Beaucoup de patients ne survivraient tout simplement pas s’ils devaient attendre d’être transportés jusqu’à la frontière turcosyrienne, notamment ceux souffrant de blessures de guerre. Et la frontière est de plus en plus difficile à passer. En dépit des conditions sordides dans lesquelles lui et ses collègues travaillent, le Dr Ahmad pense toutefois qu’il doit rester en Syrie. « Nous ne partirons jamais » affirme-t-il.

  Consultation à la clinique de Phnom Penh.

P

huong a 58 ans. Il y a cinq ans, un médecin au Vietnam lui diagnostiquait une hépatite C et lui prescrivait des médicaments pour son foie. La médecine ne pouvait soi-disant plus rien pour elle, ni au Vietnam ni dans son pays d’origine, le Cambodge. Aujourd’hui, Phuong espère obtenir un diagnostic plus précis grâce aux soins gratuits proposés par notre service, spécialisé dans le traitement de l’hépatite C à Phnom Penh. Auparavant, seuls ceux qui en avaient les moyens pouvaient se faire dépister et recevoir un traitement dans des établissements privés, à Phnom Penh ou à l’étranger. Depuis l’ouverture officielle du projet en septembre 2016, de nombreux Cambodgiens, comme

Phuong, occupent le couloir de ce service, qui fait également office de salle d’attente. Le programme de lutte contre l’hépatite  C, mené en partenariat avec le ministère de la Santé, vise à introduire un traitement du virus, intégrant des tests rapides, afin d’établir un diagnostic, et les médicaments les plus efficaces.

UN NOMBRE DE PATIENTS EN AUGMENTATION L’équipe reçoit environ cent personnes chaque jour. « Le manque de personnel, ainsi que l’incapacité d’établir des diagnostics rapides dans le pays ont entraîné une accumulation de patients au sein du service », précise le chef de mission Mickaël Le Paih. Le projet compte actuellement 3 200 patients sur

liste d’attente pour un diagnostic, alors qu’à la fin du mois de décembre 2016, seuls 307 patients étaient sous traitement et 183 sur liste d’attente. Phuong explique qu’elle a parcouru 70 kilomètres pour rejoindre Phnom Penh afin de se faire soigner. « Il s’agit des premiers soins gratuits contre l’hépatite C au Cambodge, les patients viennent de plus en plus des provinces », indique Mickaël Le Paih. La sensibilisation autour de cette maladie étant très faible, il est difficile de savoir exactement combien de personnes en sont atteintes. « Même si certains ont conscience de leur état, comme Phuong, la plupart n’ont tout simplement pas connaissance de cette maladie silencieuse et mortelle. »

M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 1 5


> ILLUSTRATIONS

> ILLUSTRATIONS

Yasmine 26 ans

Exposition : Itinéraires intérieurs, montrer des lieux de vie pour raconter le quotidien des populations migrantes

Leal, 7 ans, Raïs, 18 mois, Maya, 9 ans, et Hamza, 5 ans, Syriens.

Maya proteste. Elle dit qu’elle n’est pas heureuse ici, qu’elle voudrait retrouver son père, qu’elle préférait Homs où, au moins, elle avait une maison et ne dormait pas dans une tente. Yasmine a 26 ans et quatre enfants. Son mari était déjà en Allemagne depuis huit mois quand les combats se sont rapprochés de son quartier à Homs, en Syrie. Yasmine a vendu leur maison et elle est partie vers l’Europe avec ses quatre enfants. Elle semble heureuse d’être arrivée jusqu’en Grèce, même si elle ne sait ni quand ni comment ses enfants retrouveront leur papa. Ionnina, Grèce

Le photographe Bruno Fert, à l’origine de cette exposition, a choisi de parler des migrants en montrant leurs habitations en France et en Grèce. Ces abris, bien que provisoires, reflètent la singularité de ceux qui y logent. Ils racontent leur vie à un moment difficile et important de leur parcours. Aux images d’intérieurs viennent s’ajouter les portraits et les témoignages de leurs occupants.

Khalid, 44 ans

Originaire du Soudan, vivait au Soudan du Sud. Khalid était journaliste et animait une émission de radio.

Il fréquentait tout le monde : les Noirs, les Musulmans, les Chrétiens. Un jour, Khalid a compris qu’il était devenu impossible de fréquenter plusieurs communautés car « au Soudan les gens ne savent plus que se battre ou se défendre ». Alors il a émigré en Ukraine avec un visa, puis il est passé illégalement en France. Il voudrait y demander l’asile et apprendre le français. Khalid aimerait un jour écrire un scénario sur le voyage d’un migrant jusqu’à Calais. Mais pour l‘instant, « sa propre histoire lui suffit ». Calais, France 1 6 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

El Hatib, 68 ans Berger dans un village proche de Mossoul, en Irak.

La région où vivait El Hatib est aujourd’hui contrôlée par le groupe Etat islamique. En 1974, il a participé à un concours international de berger organisé en Irak. Il a obtenu la seconde place. Le gagnant était un berger anglais. Il pense donc que la Grande-Bretagne est un bon pays pour garder les moutons. El Hatib a déjà fait passer les sept membres de sa famille de l’autre côté de la Manche. Sa femme est même passée « en garantie », un tarif où le passeur assure l’arrivée à destination. Maintenant El Hatib voudrait bien passer lui aussi, car sa fille l’attend de l’autre côté pour célébrer son mariage. Grande-Synthe, France Retrouvez les prochaines étapes de l’exposition en France sur www.msf.fr/actualite/evenements M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 1 7


> INFOS MÉDICALES

FISCALITÉ DES DONS 2017, QUELS CHANGEMENTS ?

> Vous êtes nombreux à vous interroger sur les conséquences des nouvelles modalités déclaratives 2018, avec la mise en place du prélèvement à la source pour l’impôt sur le revenu. Comment mes dons 2017 seront-ils pris en compte avec ce nouveau mode de déclaration ?

/ CE QU’IL FAUT SAVOIR

« Le bénéfice des réductions et des crédits d’impôt au titre des dons aux associations acquis au titre de 2017 sera maintenu. Ceux-ci seront versés à la fin de l’été 2018 au moment du solde de l’impôt ». Extrait du site : www.economie.gouv.fr/prelevement-a-la-source > Concernant l’Impôt de Solidarité sur la Fortune, les modalités de calcul de l’assiette de l’ISF et le barème de cet impôt restent à ce jour inchangés. Les modalités déclaratives sont identiques : déclaration simplifiée pour les contribuables dont le patrimoine au 1er janvier 2017 est compris entre 1,3 M€ et 2,57 M€ ; déclaration spécifique ISF pour les patrimoines supérieurs à 2.57 M€.*

IMPÔT SUR LE REVENU

Association Médecins Sans Frontières

La Fondation Médecins Sans Frontières

75 % dans la limite de 531 €, puis 66 % dans la limite de 20 % du revenu imposable

66 % dans la limite de 20 % du revenu imposable.

Non concernée

75 % de votre don dans la limite de 66 666 € ou 45 000 € en cas d’investissement conjoint dans une PME.

ISF

* Sur la base des informations connues à ce jour.

Retrouvez-nous sur notre site pour évaluer vos déductions fiscales grâce à notre calculette en ligne :

fondation.msf.fr/isf

P

Pour plus d’informations, Catherine Béchereau, votre conseiller philanthropie Du lundi au vendredi de 9h à 18h, tél : 01 40 21 56 88 donateur@fondationmsf.fr

Contrefaçons et médicaments de mauvaise qualité : un problème majeur La contrefaçon de médicaments ainsi que la fabrication de faux médicaments représentent un réel danger pour la vie des patients dans les pays en développement. En Afrique sub-saharienne par exemple, un tiers des médicaments sont de mauvaise qualité.

D

ans les pays industrialisés, on estime à moins de 1% l’ensemble des médicaments mal fabriqués et des contrefaçons, ces derniers circulant grâce au commerce en ligne. C’est aux pays importateurs de procéder aux contrôles des médicaments. Or, dans de nombreux pays en développement, les autorités de réglementation n’ont pas toujours les moyens humains, financiers ou techniques pour contrôler la qualité des médicaments importés.

DES CAS PRIS EN CHARGE PAR LES ÉQUIPES En août 2015, dans le centre de santé d’Ariwara, en République démocratique du Congo, plus de 1 000 patients avaient été admis dans des établissements de santé gérés par les équipes médicales. Le personnel soignant avait tout d’abord suspecté une épidémie de méningite, mais l’analyse des échantillons de médicaments fréquemment prescrits dans la région a révélé que la toxine détectée dans les prélèvements des patients provenait de comprimés vendus localement. Ceux-ci contenaient en fait, un antipsycho* Organisation mondiale de la Santé

tique utilisé dans le traitement de la schizophrénie. Ce produit est connu pour provoquer de fortes contractions musculaires involontaires. « Ces contractions du visage, des yeux, de la langue, de la nuque et des bras sont rarement dangereuses, mais elles sont sources d’inquiétude, de panique et de honte pour les patients », ajoute le Dr Peyraud, à l’origine de cette révélation.

DES PISTES À EXPLORER « La multiplication des cas d’intoxication grave par des médicaments

falsifiés doit faire réagir les acteurs mondiaux de la santé publique et les inciter à veiller à ce que tous les patients, en particulier les plus vulnérables, se voient prescrire des médicaments appropriés et de bonne qualité et soient en mesure de se les procurer », explique le Dr Peyraud. Pays exportateurs, pays importateurs et OMS* ont donc chacun un rôle à jouer. En attendant, pour lutter contre ce phénomène, il est nécessaire d’améliorer l’accès à une information objective et vérif iée sur les producteurs de médicaments.

 Les équipes de la clinique d’Ituri ont reçu des patients intoxiqués par un médicament. M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 1 9


> DÉBATS HUMANITAIRES

> DÉBATS HUMANITAIRES

Proposer l’avortement médicalisé sur nos Les complications liées aux avortements pratiqués dans de mauvaises conditions comptent parmi les principales causes de mortalité maternelle dans le monde. Depuis 2004, MSF s’est engagée formellement à intégrer l’accès à l’interruption volontaire de grossesse dans les soins de santé maternelle qu’elle offre sur ses terrains d’intervention. Catrin Schulte-Hillen, conseillère sur les questions de santé reproductive à MSF et Veronica Ades, gynécologue obstétricienne, nous éclairent sur les enjeux de cette décision et les difficultés à la mettre pleinement en œuvre. Pourquoi MSF s’est-elle spécifiquement engagée à pratiquer l’interruption volontaire de grossesse sur ses terrains ? Catrin Schulte-Hillen  Dans les pays développés, le pourcentage d’avortements non-médicalisés est de 6 %, tandis qu’en Afrique et en Amérique Latine, il est respectivement de 97 % et de 95 %. En deux ans, en 2014 et 2015, les équipes MSF ont pris en charge plus de 20 000 femmes se présentant dans des structures de santé avec des complications liées à un avortement. 50 à 80 % de ces complications découlent d’avortements menés dans de mauvaises conditions et/ou par du personnel non-qualifié : hémorragies sévères, infections, péritonites entraînant des traumatismes, la stérilité, voire le décès. Depuis 2004, l’accès à l’avortement médicalisé fait officiellement partie des soins de santé maternelle devant être proposés dans les projets MSF. Le personnel de MSF a une triple responsabilité : respecter la raison pour laquelle la femme ou la jeune fille se présente, s’assurer qu’elle puisse discuter de son souhait d’avorter avec un professionnel de santé et prendre une décision en toute connaissance de cause et, enfin, dispenser des soins médicaux de qualité. 2 0 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

Veronica Ades  Lorsque les femmes sont en mesure de faire des choix pour elles-mêmes, elles sont en meilleure santé. Un grand nombre de femmes qui viennent pour avorter, ont en fait besoin de conseils et de soins. De nombreuses femmes choisissent finalement de ne pas avoir recours à l’avortement. Mais quel que soit le choix qu’elles font, il est important que le système de soins de santé ne les exclue pas.

L’avortement médicalisé est une nécessité médicale évidente et négligée. ” Catrin Schulte-Hillen

Qu’est-ce qui empêche les équipes MSF de proposer l’avortement médicalisé ? C.S-H  Les principales résistances sont internes. Les arguments souvent utilisés, à différents niveaux de l’institution : « il n’y a pas de besoins », « c’est trop compliqué », « ce n’est pas le rôle de MSF » ou encore « cela va mettre en danger la poursuite du projet », reflètent souvent un malaise, une réticence d’ordre personnel ou une méconnaissance du sujet. Dans la plupart des sociétés, l’avortement est entouré de normes sociales fortes. Il y a de façon générale un certain degré de résistance à pratiquer un avortement, voire même à en parler. Il s’agit donc de prendre en compte ces normes sociales, de créer un environnement qui permette aux

terrains : entre nécessité et difficultés soignants d’exprimer leurs convictions et leurs craintes pour que chacun trouve un équilibre entre opinions personnelles et responsabilité professionnelle. Les obstacles ne sont-ils pas surtout d’ordre légal ? C.S-H  Il faut se méfier de l’argument légal quand il est utilisé pour refuser la mise en œuvre de soins d’avortement médicalisé. Il cache une faible compréhension des dispositions légales existantes et place la nécessité médicale et le besoin exprimé par la personne au rang de considérations inférieures. L’avortement est totalement illégal dans 6 pays seulement, dont aucun ne se trouve en Afrique ou en Asie. Dans 97% des pays, l’avortement est autorisé lorsqu’il est nécessaire pour sauver la vie de la femme et, dans 60%, lorsqu’il est nécessaire pour en préserver la santé, y compris psychique. Enfin, plus de la moitié des pays du monde permettent également l’interruption des grossesses résultant d’un viol. V.A  Je suis allée au Soudan du Sud à deux reprises et une fois en Jordanie. Dans les deux contextes, les questions liées à l’avortement se sont posées de manières différentes. La ligne directrice est la suivante : les équipes pratiquent l’IVG tant que le contexte est suffisamment sûr pour la patiente et pour elles. Une autre condition de notre politique est que seul le personnel international doit pratiquer l’avortement, et personne d’autre. En Jordanie, le personnel international n’est pas autorisé à toucher les patients, du coup dans ce contexte c’est impossible. Au Soudan du Sud, en revanche, il y a une exception pour les cas où la vie de la femme est menacée. C.S-H  Ceci ne veut pas dire que le cadre juridique dans lequel nos équipes évoluent n’est pas restrictif et compliqué. D’ailleurs, si dans certains pays on peut constater une certaine indulgence législative, ceci n’exclut pas le risque de poursuites légales. Mais il faut mettre en perspective cette contrainte et la comparer au bénéfice potentiel pour les femmes. Il faut évaluer, dans chaque contexte, le cadre et les conditions

dans lesquels l’offre d’avortement médicalisé peut avoir lieu : l’interprétation et l’application des lois et directives, les usages, l’existence de structures pratiquant des avortements médicalisés et vers lesquelles il est possible d’orienter les femmes.

Lorsque les femmes sont en mesure de faire des choix pour elles-mêmes, elles sont en meilleure santé. ” Veronica Ades

Que faudrait-il améliorer au sein de notre organisation concernant la prise en charge de l’IVG ? V.A  En termes de recrutement, chaque membre du personnel, quelle que soit sa position, doit savoir que les équipes pratiquent l’avortement, car il pourrait travailler sur un projet de santé maternelle un jour. C’est le seul moment où vous pouvez aborder ce sujet. D’un point de vue de plaidoyer, nous devons recadrer la discussion, l’avortement ne devrait pas être mis à part et distingué de la santé maternelle. Il doit être normalisé et considéré comme un acte médical professionnel qui sauve des vies comme tant d’autres. Nous avons besoin de soutenir l’idée que l’ensemble de la santé reproductive des femmes est important. C.S-H  L’avortement médicalisé est une nécessité médicale évidente et négligée. Nous ne devons pas renoncer à nous attaquer à ce problème simplement parce que « c’est compliqué ». Il faut être prêt à accepter et à assumer des tensions et d’éventuelles répercussions, tout en travaillant à réduire les risques. La confidentialité est également primordiale pour protéger les femmes et les jeunes filles ayant choisi d’avorter. Enfin, il faut pouvoir communiquer sur le sujet de façon transparente, en expliquant notre mission médicale et les arguments qui nous poussent à offrir ces soins à des femmes qui nous les demandent. C’est souvent de notre capacité à créer un dialogue sur ces questions, avec le personnel médical, les autres professionnels de santé et les communautés, que dépend la possibilité d’un changement d’attitude. M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 2 1


> ÉVÉNEMENTS

> VOUS AGISSEZ !

Nos équipes de recruteurs de donateurs seront présentes dans toute la France pendant les trois prochains mois !

 Rose-Marie, Fabienne, Françoise et leur équipe de bénévoles.

Au cœur du service relations donateurs Rose-Marie, Fabienne et Françoise travaillent au service relations donateurs de MSF. Accompagnées par une équipe de bénévoles ultra-efficaces, elles sont quotidiennement à votre écoute pour répondre à vos questions et vous donner toutes les informations dont vous avez besoin. Plongée dans les coulisses de ce service indispensable. LES PREMIERS PAS CHEZ MSF… Fabienne : J’ai commencé à travailler pour MSF en 2004 à Port-au-Prince en Haïti où j’étais infirmière aux urgences du centre de traumatologie. Après être rentrée en France, j’en suis repartie pour une mission en Haïti après le tremblement de terre de 2010 où je gérais les ressources humaines sur place. Puis en 2011, j’ai travaillé à l’accueil au siège de MSF pour ensuite arriver au service relations donateurs. Rose-Marie : En 1992. Ce qui m’a attirée chez MSF, ce sont ses principes d’action qu’elle met un point d’honneur à respecter. Au-delà des activités médicales, elle a une mission de témoignage que je trouve forte et primordiale. POUR VOUS, EN QUOI CONSISTE LA RELATION DONATEURS ? Fabienne : La relation avec les donateurs ce sont des contacts permanents et des rencontres souvent très intéressantes. Pour moi, c’est leur transmettre mon attachement à MSF depuis toutes ces années et les convaincre de rester à nos côtés le plus longtemps possible. Françoise : Le lien avec nos donateurs est essentiel à la bonne marche de MSF. Il garantit la réussite de nos missions. Sans la générosité de ses donateurs, MSF ne pourrait pas mener ses interventions médicales en urgence et en toute indépendance, comme elle le fait. UN MOMENT MARQUANT ? Françoise : Je me souviens de l’élan de générosité suite au tsunami de 2004. J’ai été frappée par le nombre de dons que nous avons reçu. Lorsque nous avons stoppé l’appel aux dons et que nous en avons 2 2 M A R S - AV R I L 2 017 M S F IN FO S N ° 189

expliqué les raisons à nos donateurs, la très grande majorité d’entre eux ont compris notre décision et accepté d’affecter leurs dons à d’autres missions. Rose-Marie : L’Opération 1 Franc par jour. C’était une opération de collecte de dons complètement innovante. C’était génial d’assister à son lancement. Un autre moment marquant mais plus difficile cette fois, l’urgence au Rwanda. Nous avons tous assisté à l’horreur, la souffrance et la fuite de milliers de personnes. C’est une urgence qui a duré longtemps et qui a marqué mon esprit.

- À Paris, jusqu’à fin juillet - À Rouen, du 07 mars au 02 avril - Dans le Sud-Ouest, du 28 mars au 22 avril - À Strasbourg, du 24 avril au 28 mai - Dans le Sud-Est, du 08 mai au 04 juin - À Rennes du 05 juin au 09 juillet - En Bretagne du 19 juin au 16 juillet

Ouvrage photos

« République centrafricaine » de William Daniels

Un nouveau site pour La Fondation MSF !

Soutenez MSF autrement ! Vous êtes membres du programme Flying Blue de Air France-KLM ou du Programme Voyageur de la SNCF ? Soutenez MSF autrement, en faisant don et de vos points de fidélité. Avec vos Miles, nous réduisons significativement le coût du transport de nos équipes expatriées grâce à des billets d’avion gratuits. Quant à vos points du Programme Voyageur, ils sont transformés en dons pour financer nos actions. Depuis le début de cette opération, plus de 150 000 euros ont ainsi pu être reversés à MSF. > Pour faire don de vos Miles, rendez-vous sur le site www.airfrance.fr, rubrique Flying Blue > Pour faire don de vos points de fidélité Voyageur, rendez-vous sur : www.boutique-programme-voyageur.sncf.com

MERCI DE VOTRE SOUTIEN !

William Daniels est un photographe documentaire français. Son travail sur la Centrafrique a reçu plusieurs prix internationaux, tels que le World Press Photo, le Visa d’or humanitaire du festival Visa pour l’image, la bourse Getty et la bourse Tim Hetherington, sans lesquels il n’aurait pu achever ce projet. Dans son livre, il rassemble plusieurs photos prises entre 2013 et 2016 en République centrafricaine, un pays en sursis. Editions Clémentine de la Féronnière, Paris, 2017 Disponible sur boutique.msf.fr (à partir de mai 2017)

P

Venez découvrir notre Fondation et les projets innovants qu’elle soutient pour une médecine humanitaire toujours plus efficace sur le terrain, à travers des portraits, des témoignages de patients et de personnels de terrain…

fondation.msf.fr

M S F I NF OS N° 1 8 9 M A R S - AV R I L 2 0 1 7 2 3


NIGERIA

ÉTAT DE BORNO ENTRE SEPTEMBRE ET DÉCEMBRE 2016

40 000 RATIONS

DISTRIBUÉES PERMETTANT

2

CHACUNE DE NOURRIR

PENDANT 2 SEMAINES

1 FAMILLE DE 6 PERSONNES

MERCI POUR VOTRE

SOUTIEN

OUI, JE VEUX FAIRE   UN DON RÉGULIER DE : 1 euro par semaine

POIDS TOTAL 1490 T

=

1 RATION

MAÏS

HARICOTS HUILE

MANDAT DE PRÉLÈVEMENT SEPA EN FAVEUR DE MÉDECINS SANS FRONTIÈRES Association reconnue d’utilité publique - 8 rue Saint-Sabin 75011 PARIS • ICS : FR32ZZZ193046 Objet du mandat : soutien régulier aux actions de Médecins Sans Frontières Type d’encaissement : récurrent • Référence Unique du Mandat* :..................................................................................................... * Celle-ci me sera communiquée dès l’enregistrement de mon mandat.

(4,33 euros par mois)

VOS COORDONNÉES

5 euros par mois

N° : ........................ Rue : .............................................................................................................................................................................................................

10 euros par mois 15 euros par mois ..............

euros par mois

J171CMXX

Nom / Prénom : .......................................................................................................................................................................................................................... Code Postal : ................................................. Ville : ..................................................................................................................................................................

LES COORDONNÉES DE VOTRE COMPTE, joignez également un relevé d’identité bancaire (RIB)

F R IBAN (International Bank Account Number)

Fait à : . ...............................

(montant à votre convenance)

Signature :

(obligatoire)

le :........................................

En 2017, tout don versé à Médecins Sans Frontières ouvre droit à une réduction d’impôt de 75 %, dans la limite de 531 euros de don, 66 % au-delà.

BIC (Bank Identifier Code) En signant ce formulaire de mandat, vous autorisez Médecins Sans Frontières à envoyer des instructions à votre banque pour débiter votre compte, et votre banque à débiter votre compte conformément aux instructions de Médecins Sans Frontières. Le premier versement pourra avoir lieu au plus tôt 5 jours après signature du présent document. Vous bénéficiez du droit d’être remboursé par votre banque selon les conditions décrites dans la convention que vous avez passée avec elle. Toute demande éventuelle de remboursement devra être présentée dans les 8 semaines suivant la date de débit de votre compte pour un prélèvement autorisé, sans tarder et au plus tard dans les 13 mois en cas de prélèvement non autorisé. Vos droits concernant le présent mandat sont expliqués dans un document que vous pouvez obtenir auprès de votre banque.

Renvoyer ce bulletin daté et signé dans une enveloppe sans l’affranchir à Médecins Sans Frontières - Libre Réponse - Autorisation 78039 - 75533 Paris Cedex 11

www.1europarsemaine.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.