
6 minute read
Apprendre|Densifier. Et après?
Le Brabant wallon se densifie de plus en plus. Une politique qui ne fait plus débat vu les enjeux à venir. Reste que les conséquences et les contraintes liées à cette densification semblent peu prises en compte. Tant par les communes que les promoteurs ou la Wallonie qui délaissent les mesures d’accompagnement devant permettre permettre de construire des villes agréables à vivre. De quoi aller droit dans le mur ?
Texte : Xavier Attout - Photos : Asymétrie
Advertisement
phase 2. Cela n’a pas été le cas. D’autres problèmes de
mobilité sont toutefois apparus. »
Le Brabant wallon traine en fait comme un boulet son étalement urbain. Outre le cout à la collectivité, il génère d’importants problèmes de mobilité
puisque la voiture est un moyen de déplacement
inévitable. Densifier les zones situées à proximité
des centres urbains ne fait de plus que rajouter un élément à une somme déjà bien fournie. « Le réseau de voiries du Brabant wallon n’a pas été conçu
pour accepter autant de voitures, fait remarquer
Jean-Marc Jadot, directeur des routes du Brabant
wallon. Les autorités ont beaucoup de difficultés à se projeter dans l’avenir. Certains projets ont peu de conséquences de manière individuelle mais sont
néfastes quand ils sont pris dans leur ensemble. Sans
parler que les adaptations du réseau routier vont bien
moins vite que les projets immobiliers. Nous allons donc clairement vers de grands problèmes de mobilité
à l’avenir. » Et Pierre Vanderstraeten d’ajouter :
« L’aménagement du Brabant wallon s’est en fait
réalisé à l’envers. On essaye d’ajouter des lignes de
transport aujourd’hui car des promoteurs se montrent intéressés par des projets. Or, il aurait fallu ne pas être
dans la réaction. »
0 1 05
km
Densité de population dans les communes du Brabant wallon en 2018
0 1 05
km Source : le Brabant wallon
Densité (hab/km 2 )
120-199 200-399 400-799 800-1199 1200-1500
Légende de la photo en quelques lignes. Légende de la photo en quelques lignes ou plus.

La quête de valeur ajoutée
Pour accompagner cette densification, des
solutions existent pourtant. Elles sont d’ailleurs
déjà déployées dans certaines villes étrangères.
Le maintien voire l’amélioration de la qualité de vie y étant au centre de toutes les réflexions. Des
éléments qui font actuellement le plus souvent
défaut. « Pour l’heure, il est vrai que la densification
entraine des nuisances, que ce soit en termes de
qualité de vie ou de mobilité, reconnait Christophe Hanin. Il faut y remédier. Cela passe notamment
par des plans de mobilité et des aménagements
spécifiques. Car, aujourd’hui, les infrastructures ne
suivent pas. » Pour y parvenir, la maitrise du foncier semble inéluctable, histoire de pouvoir résister aux pressions des investisseurs. « Il est bien plus
facile d’améliorer la qualité de vie quand les pouvoirs
publics ont la maitrise du foncier, reconnait Pierre Vanderstraeten. Les charges d’urbanisme ne sont pas 0 1 05
km
« WATERLOO A DÉJÀ FAIT SA PART DE TRAVAIL »
Le niveau de densification à atteindre fait aujourd’hui encore débat. Si pour l’urbaniste Pierre Vanderstraeten, la densification du Brabant wallon est encore trop faible, le son de cloche est bien différent dans des communes comme La Hulpe, Rixensart ou Waterloo. Cette dernière freine d’ailleurs des quatre fers chaque fois qu’un promoteur pointe le
bout du nez. « Densifier le territoire wallon est une évidence, lance la bourgmestre de Waterloo, Florence Reuter. Mais il faut arrêter de densifier là où ce n’est pas nécessaire. Et, pour ma part, j’estime que Waterloo a déjà fait sa part du travail. Nous avons 1 400 habitants/km 2 alors que la moyenne du Brabant wallon avoisine les 400 habitants/km 2 . Il est encore possible
de densifier dans le centre-ville, là où il est possible de combiner logement et modes doux. Pour le reste, chez nous, les problèmes de mobilité sont trop importants pour continuer en ce sens. Et ce, malgré les offres alternatives que nous mettons en place. Ma vraie crainte est que, à terme, les habitants fuient Waterloo, l’air y devenant irrespirable vu les problèmes de mobilité. »
interview

« Cerner les besoins réels du quartier » Serge Peeters, président de la Chambre des urbanistes

Propos recueillis par X. A.
Mêler qualité de vie et densification semble être le véritable enjeu.
Construire les projets avec les riverains est essentiel. Car les premières réactions sont toujours négatives quand ils voient de nouvelles constructions arriver dans leur environnement. Christophe Hanin, échevin de l’Urbanisme de Rixensart
suffisantes. » D’autant qu’aujourd’hui le contrôle ou la vérification sur le terrain de la bonne application des charges semble faire défaut. « C’est un autre problème, qui est le plus souvent dû à un manque d’effectifs dans les services urbanisme », regrette Yves Hanin. Ajoutons que les communes n’accompagnent pas toujours non plus ces nouveaux quartiers par des travaux ad hoc. Le problème semble donc relativement large. « Or, avoir à l’esprit que la densification doit créer de la valeur ajoutée pour les habitants – tant les nouveaux que les anciens – est capital, estime Pierre Vanderstraeten. Sans cela, cela n’ira pas. De la valeur ajoutée, cela se traduit par des espaces verts, des zones libres de toute construction, des commerces, des crèches, des écoles. Il est important que le quartier soit agréable à vivre et non uniquement centré sur les voitures. Il faut aussi penser à l’occupation des rez-de-chaussée et aux espaces publics. Les rendre agréables et vivables est essentiel. Tout comme le fait de créer des services et des équipements accessibles, de manière à faciliter le quotidien des citoyens. Les promoteurs ne peuvent pas ne penser qu’à l’argent que va procurer cette densification. »
Pour aller plus loin Un Midi de l’urbanisme est organisé sur le sujet le 20 mars de 12h à 14h à la Ferme du Biéreau, à Louvain-la-Neuve.
Comment peut-on mieux gérer la densification du territoire ? Quand un nouveau projet arrive, la première chose à se demander est de connaitre quels sont les besoins réels de ce quartier. Que puis-je apporter de neuf pour améliorer la qualité de vie de l’ensemble des habitants, les nouveaux et les anciens ? Compléter le tissu existant est la base. Pour y parvenir, il faut multiplier les mesures d’accompagnement, de vivre ensemble et de participation citoyenne. Les communes et les services du fonctionnaire délégué ont un rôle essentiel à jouer en ce sens.
Les conséquences de la densification sont-elles suffisamment prises en compte par les communes ? Clairement, non. Lors des négociations des demandes de projet, elles ne sont pas outillées pour pouvoir éviter les problèmes de cette densification, notamment en matière de retombées sur la circulation ou d’équipements. Il n’y a pas non plus suffisamment de suivi a posteriori, une fois que le projet est terminé.
La mobilité reste le point noir… Les impacts sur la mobilité sont souvent sousestimés car, lors d’un projet, l’étude de mobilité s’intéresse uniquement au nouveau quartier. Les conséquences ne sont pas prises dans un contexte suffisamment large. Aménager des routes et l’un ou l’autre carrefour n’est pas suffisant.
Quelles pistes de solution peut-on alors dégager ? En Brabant wallon, vu l’étalement urbain et la densité encore trop faible, la moyenne des véhicules par ménage tournera toujours autour de deux unités. Il faut donc trouver des solutions à partir de ce constat. Ces problèmes de mobilité doivent être contournés en multipliant les fonctions dans les centres urbains. Cela passe par davantage de mixité. Le Brabant wallon est encore beaucoup trop résidentiel à certains endroits. Il faudra accepter que des entreprises ou des commerces s’implantent à proximité d’habitations.