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Dossier Recherche Scientifique
Où en sommes-nous ?
En matière de mucoviscidose, des recherches sont menées sur différents fronts. Certaines s’intéressent au coeur même de la maladie : la cellule pulmonaire touchée par l’anomalie génétique. D’autres tentent de s’attaquer aux infections pulmonaires. Un médicament définitif n’est pas encore à l’ordre du jour. Mais il existe déjà quelques pistes particulièrement prometteuses.
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Réparer la protéine
Ils ne sont pas encore disponibles sur le marché belge, mais dans certains pays européens, on peut déjà se procurer l’Orkambi® et le Symkevi®. Ces médicaments appelés modulateur CFTR agissent sur cette protéine qui joue un rôle important dans les cellules pulmonaires, et qui, si elle fonctionne mal, provoque la mucoviscidose (voir infographie). Tant l’Orkambi® que le Symkevi® contiennent deux substances : la première permet à la protéine déviante de néanmoins atteindre la membrane de la cellule, la seconde favorise le fonctionnement de la protéine. Différentes firmes pharmaceutiques travaillent actuellement sur une version améliorée de ces substances afin de renforcer l’efficacité de médicaments existants. Vertex Pharmaceuticals (recherche de phase 3) est la firme la plus avancée dans ce domaine. Indépendamment l’un de l’autre, elle teste deux nouveaux produits sur les patients atteints de mucoviscidose. Les résultats de phase 2 sont déjà prometteurs : en fonction de la mutation qui touche les participants et du fait qu’ils ont pris ou pas du Symkevi®, l’apport des nouveaux composants a augmenté leur fonction pulmonaire de 10 à 14% ! Ils ont également rencontré moins de problèmes respiratoires. Les effets secondaires étaient légers, ce qui ouvre la porte à la poursuite de la recherche. Ces avancées représentent une véritable percée dans le traitement de la mucoviscidose, surtout chez les enfants traités depuis leur plus jeune âge avec ce nouveau médicament.
Libérer les voies respiratoires
Les cellules pulmonaires qui fonctionnent normalement produisent des particules de chlorure via le canal CFTR dans les voies respiratoires (voir infographique). Ces dernières attirent des particules de natrium présentes dans les poumons pour former du sel. Cela provoque un apport d’eau qui permet de maintenir l’hydratation des voies respiratoires. Chez les personnes atteintes de mucoviscidose, les canaux CFTR sont défectueux. Il existe une activité accrue des canaux sodium qui attirent les particules de sodium dans les voies respiratoires, ce qui augmente leur dessèchement. Différentes firmes pharmaceutiques étudient actuellement la manière dont on pourrait enrayer ce phénomène. Spyryx Biosciences a présenté de beaux résultats suite à une recherche de phase 2 avec la protéine expérimentale SPX-101. Chez les sujets ayant une fonction pulmonaire supérieure à 55%, après 28 jours de traitement, les chercheurs ont pu relever une augmentation de la capacité respiratoire de 8% en comparaison avec les patients ayant reçu un placebo.
Lutter contre les infections pulmonaires
Comme certaines bactéries sont particulièrement résistantes, il est important de continuer à investir dans de nouveaux traitements pour combattre les infections pulmonaires.
Dans notre organisme, les bactéries sont attaquées par des cellules guerrières. Le monoxyde d’azote (NO) est une substance qui se trouve à l’état naturel dans notre organisme. À faible concentration, elle renforce ces cellules guerrières et, à forte concentration, elle va même jusqu’à tuer les bactéries. Aux États-Unis (recherche de phase 2), on examine l’impact du NO sur des bactéries comme le Pseudomonas, le Staphylocoque et le Stenotrophomonas maltophilia chez les personnes atteintes de mucoviscidose. Lors de l’European Respiratory Congress de septembre dernier à Paris, une autre société pharmaceutique a présenté une première étude de laboratoire qui montre que le NO est efficace contre le Mycobacterium abscessus. Cette bactérie touche de plus en plus de personnes atteintes de mucoviscidose et provoque de graves lésions aux poumons. Cela augmente l’espoir de voir le NO agir efficacement contre des bactéries résistantes encore difficiles à combattre avec les antibiotiques classiques. Le SNSP113 pourrait représenter une autre arme dans ce combat. Les bactéries qui séjournent longtemps dans les poumons peuvent y former des biofilms, sorte de manteau protecteur qui empêche les antibiotiques d’atteindre les bactéries et les rend résistantes. Une étude de laboratoire a déjà montré que le glycopolymère SNSP113 (développé par Synspira, recherche de phase 2) est capable de briser ces microfilms pour que l’antibiotique redevienne efficace.
Prévenir les réactions d’inflammation dans les poumons
Chez les personnes atteintes de mucoviscidose, le système immunitaire ne parvient pas à tuer toutes les bactéries. Il réagit donc de manière de plus en plus forte, tellement forte que cela provoque des lésions dans les tissus pulmonaires. Si nous avions la capacité d’atténuer la réaction du système immunitaire, nous pourrions limiter les dégâts. Le système immunitaire ne peut toutefois être trop atténué, au risque d’offrir le champ libre aux microbes. Cet équilibre difficile fait actuellement l’objet d’une intense recherche. Les chercheurs examinent étroitement les ‘molécules de signalisation’, ces substances qui signalent la présence de microbes et alertent le système immunitaire. S’ils parviennent à affaiblir leur signal, le système immunitaire n’interviendra plus aussi rapidement à la moindre attaque. Différentes molécules sont actuellement développées afin de réduire partiellement l’action de ces molécules de signalisation.