LA VIE ET LA MORT LES DIEUX ET LES HOMMES
FR
La forêt des témoins Répandus comme des arbres dans une forêt, les témoignages peuvent être entendus en divers endroits. Les Anversois donnent une opinion personnelle sur ce qui peut se passer après la mort. Ils ne sont liés à aucune culture ou religion particulière. Témoignages néerlandais: Stijn Punt, Jamuna Mampaey, Evans Eguavoen, Teutë Kllokoqi, Nadine Iarchy, Patricia Lopez, Ramona Verma, Bobette Ngiedi Lelo, George Nuku (anglais), Sona Shah (anglais) Concept: Isabelle van den Broeke et Chris De Lauwer Réalisation et production: BAI – MAS – Tempora, 2010
LA VIE ET LA MORT - LES DIEUX ET LES HOMMES -
D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Les mythes et les religions, les philosophies et les sciences tentent depuis des siècles de répondre à ces questions. Chaque culture tente de comprendre, d’expliquer, de donner un sens. Leurs réponses sont souvent disparates, mais montrent néanmoins des similitudes. Ainsi associentelles fréquemment la mort avec une vie nouvelle. Les objets d’art et rituels, les récits et la musique reflètent la diversité du sens et le besoin intense de rites. À Anvers aussi, creuset de cultures, les grandes questions et leurs réponses s’expriment dans toutes les langues.
1
OCÉANIE - p. 44 AFRIQUE - p. 22 -
EGYPTE - p. 4 -
2
ASIE - p. 75 -
ASIE - p. 58 -
JUDAÏSME
SM E NI CH RIS TIA
AM
ISL
RELIGIONS DU LIVRE - p. 94 -
HUMANISME LAÏQUE - p. 128 -
3
EGYPTE
4
L'EGYPTE ANCIENNE - LA VIE APRÈS LA MORT Pour les anciens Égyptiens, la mort était un passage ; au-delà les attendait un monde où ils espéraient pouvoir séjourner auprès des dieux, notamment Amon-Rê, Dieusoleil et Osiris, le maître du royaume des morts. Les défunts commençaient un long et périlleux périple dans le monde inférieur, le Douât. Afin de les aider à accomplir ce voyage, le Livre des Morts était déposé dans leur tombe, accompagné de nourriture et d’un mobilier funéraire, gage d’une belle vie dans l’au-delà. Longtemps encore après leur décès, la famille visitait l’antichambre du tombeau pour y déposer des vivres et prier. L’entretien des tombes – surtout celle de l’élite – avait beaucoup d’importance. Les pharaons furent d’abord inhumés à l’intérieur et sous les grandes pyramides, et plus tard dans les réseaux de galeries creusées dans des parois rocheuses. Cette tradition a donné lieu à la construction d’immenses nécropoles, notamment dans la Vallée des Rois.
5
Une vision du monde: l'harmonie dans la nature
Derrière la mythologie égyptienne et les nombreux dieux se trame une forte croyance en l’harmonie de la nature. De la même façon que le Nil avait engendré des îles, le Noun ou l’océan primitif avait un jour engendré la Butte originelle. C’est sur celle-ci qu’étaient apparus les hommes, les plantes et les dieux. Mais le nouveau monde pouvait toujours retourner au chaos primitif. Tout d’abord, il y eut le dieu-soleil. De ses enfants et petits-enfants naquirent les dieux Osiris, Isis, Seth et Nephthys. Ces dieux et les hommes vivaient ensemble sur la terre jusqu’à ce que les hommes s’insurgent. Chez les dieux, Seth assassina Osiris mais Osiris ressuscita avec l’aide d’Isis, à la fois sa sœur et son épouse. Triomphateur de la mort, il devint le maître du royaume des morts, où les âmes défuntes renaissent à la vie. Rétablir l’harmonie sur terre fut la première grande mission du pharaon et des prêtres. Et il en resta ainsi pendant des générations.
Osiris, le maître du royaume des morts En Egypte, le maître du Royaume des Morts était le Dieu Osiris. On lui reconnaissait donc le pouvoir de faire revivre les humains, les végétaux et les animaux. Osiris était à la fois le frère et l’époux d’Isis, et le père d’Horus. On utilisait souvent une momie pour le représenter.
6
– EGYPTE –
1 Sarcophage en bois de Nesi-Khonsou
Momie
Thèbes, rive gauche du Nil 21ème dynastie (env. 1000 av. J.-C.) Bois de figuier sycomore, peinture, vernis et or en feuilles Don de L. Meeùs, 1888 MAS (AV.1888.001a)
Thèbes, rive gauche du Nil Antérieur à la 21e dynastie (avant 1070 av. J.-C.) Lin, ossements et crâne de femme Don de L. Meeùs, 1888 MAS (AV.1888.001b)
La momie et le sarcophage Ce sarcophage attribué à Nesi-Khonsou a été offert au Musée d’Antiquités d’Anvers en 1888 par le liquoriste Louis Meeùs. Il provient peut-être de la nécropole secrète des prêtres de la 21ème dynastie (1070-945 av. J.-C.) de Deir el-Bahari. L’examen radiographique a révélé que les ossements et le crâne de la momie étaient plus anciens que le sarcophage. La momie se trouve donc dans un sarcophage qui ne lui était probablement pas destiné.
Egyptomanie à Anvers Interviews avec J. Buermans (cimetière Schoonselhof) et R. Lorentsen (Zoo Anversois). Production: T8 et MAS, 2011
Chanteuse d’Amon-Ré La chanteuse Nesi-Khonsou jouait un rôle dans le culte du Dieu-soleil Amon-Rê. Son sarcophage en bois est un véritable « produit de série » ; le type même de sarcophages sur lequel on ne gravait le nom du défunt qu’au moment du rite funéraire – et parfois jamais. Ce sarcophage est enluminé de nombreux passages et illustrations du Livre des Morts. Ceux-ci devaient aider l’âme du défunt à trouver son chemin vers le Royaume d’Osiris. C’est là que devait arriver la momie, alimentée et nourrie lors du voyage, pour ressusciter.
– LA VIE APRÈS LA MORT –
7
Statuettes en bronze
2 Chat de Bastêt
6 Loutre
Abydos (?) Pharaonique tardif jusqu’à la période ptolémaïque (712 - 30 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.114)
Memphis Pharaonique tardif jusqu’à la période ptolémaïque (712 - 30 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.068)
3 Faucon paré de la Double Couronne de Haute et Basse-Egypte
7 Représentation de Thot en babouin
Memphis Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.022)
4 Faucon Memphis Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Bronze et or MAS (AV.1879.001.004)
5 Taureau Apis au galop Memphis 26e dynastie (?) (664-395 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.076)
8
Saqqarah Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.063)
8 Scorpion Memphis Ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.071)
9 Musaraigne Memphis Pharaonique tardif jusqu’à la période ptolémaïque (712 - 30 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.080)
– EGYPTE –
Amulettes Les innombrables amulettes découvertes lors des fouilles montrent que les Égyptiens faisaient tout pour se protéger du mauvais sort. Beaucoup de ces amulettes représentent des dieux, d'autres animaux dotés d'attributs divins, des objets d'usage courant, des symboles de fécondité... Souvent, des amulettes de ce genre étaient intercalées entre les bandelettes de momification. Le scarabée du cœur symbolisait la vie après la mort. Positionné sur le cœur du défunt, ce scarabée lui insufflait l'énergie vitale utile pour le séjour dans le monde inférieur. L’œil d’Horus est une des amulettes les plus connues. Elle avait le pouvoir de conjurer le mauvais sort et de guérir.
10 Amulettes Saqqarah, Athribis, Zagazig, Memphis, Bubastis Troisième période intermédiaire jusqu’à la période ptolémaïque (1070 à 30 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.2012-157-182-241239-242-238-185-181-229-228)
11 Thot Saqqarah Période Saïte ou postérieure (664-525 av. J.-C. ou plus tard) Faïence MAS (AV.1879.001.237)
12 Dieu Thot debout Memphis Ptolémaïque ou période romaine (332 av. J.-C.-395 apr. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.243)
13 Isis en position assise allaitant son enfant Athribis Ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.246)
14 Différentes amulettes Memphis, Saqqarah, Athribis Période ramesside jusqu’à la période ptolémaïque (1307 à 30 av. J.-C.) Faïence, serpentine MAS (AV. 1879.001.164-187-373-183)
15 Statuettes érotique Saqqarah, Memphis Ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.261 et 193)
– LA VIE APRÈS LA MORT –
9
Le scarabée bousier : une amulette et un sceau Les amulettes de scarabéidés représentent un scarabée stercoraire. Les Égyptiens croyaient en effet, pour une raison qu'on ne s'explique pas, que ce coléoptère naissait dans les balles de fumier – un engrais. Aussi le scarabée était-il un symbole du renouveau. De plus, à l’instar dieu du soleil qui poussait le soleil le long de la voûte céleste, le scarabée poussait une balle de fumier. Les scarabéidés étaient utilisés pour les sceaux. Derrière, on retrouvait une inscription en hiéroglyphes.
16 Amulettes de scarabéidés
19 Amulettes d’animaux
Égypte (origine précise inconnue) Deuxième période intermédiaire jusqu’à la période ptolémaïque (1640 à 30 av. J.-C.) Stéatite, faïence MAS (AV.6421, AV. 4765.01-29, 4765.15-29, AV. 1923.010.043.18-22, 06-22, 13-22)
Saqqara Troisième période intermédiaire jusqu’à la période ptolémaïque (1070 à 30 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.234-179-799-449197-387-209 et AV.4764.56-3/6)
17 Amulettes différentes Memphis ou Égypte (origine précise inconnue) Période Amarnienne jusqu’à la période ptolémaïque (1400 à 30 av. J.-C.) Cornaline, faïence MAS (AV.1879.001.404-471, AV.4752.01-25, AV.4749.1-3 ; 2-3 ; 3-3, AV.4711)
18 Grand scarabée du cœur (talisman funéraire) Memphis Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Stéatite ou émail vert MAS (AV.1879.001.369)
∂
10
– EGYPTE –
Des stèles en guise d’épitaphes
Les stèles, en pierre ou en bois, comportent souvent une représentation du défunt entouré de sa famille. On exposait la stèle dans la tombe ou la plaçait dans un temple en souvenir de la vie du défunt.
20 Stèle de Seneb
23 Les époux : madame est debout, monsieur est assis
Abydos Moyen Empire, 13e dynastie (1783-1640 av. J.-C.) Peinture sur pierre calcaire MAS (AV.1879.001.262)
Les personnages illustrés sont le « ministre des finances » Seneb et son épouse Renseneb accroupie et assise devant un autel.
21 Stèle illustrée de trois personnages Abydos 26e dynastie (664-395 av. J.-C.) Pierre calcaire MAS (AV.1879.001.263)
Le texte figurant sur cette stèle était une prière au Dieu Rê, « le Grand Dieu, seigneur du Ciel qui habite l’Horizon ».
22 Stèle de Sa-âmon Abydos Moyen Empire (2030-1640 av. J.-C.) Peinture sur pierre calcaire MAS (AV.1879.001.264)
Le défunt Sa-âmon assis sur une chaise. La fleur de lotus sur l’autel était le symbole de la résurrection.
Abydos Moyen Empire, 13e dynastie (1783-1640 av. J.-C.) Pierre calcaire dont certaines parties peintes (récentes) MAS (AV.1879.001.287)
24 Fragment d’une statue de femme Saqqarah 26e dynastie (664-395 av. J.-C.) Diorite MAS (AV.1879.001.284)
25 Statue stéléphore Thèbes Nouvel Empire, au milieu de la 18e dynastie (env. 1500-1400 av. J.-C.) Diorite MAS (AV.1879.001.283)
Un stéléphore représente une personne agenouillée tenant une stèle.
26 Manche de sistre Memphis Troisième période intermédiaire ou pharaonique tardif (1070-712 ou 712-332 av. J.-C.)
– LA VIE APRÈS LA MORT –
11
Bronze MAS (AV.1879.001.054)
29 Stèle double face de Paser
Un sistre est un instrument de percussion en forme de « U ».
Tanis Nouvel Empire, 19e dynastie (1307-1196 av. J.-C.) Pierre calcaire fine ou poterie MAS (AV.1879.001.440)
27 Statue d’homme debout avec emblème (sistre d’Hathor)
Sous Seti I et Ramses II, Paser était le chef de l’administration. Il devint plus tard le grand prêtre du Dieu solaire Amon-Ré.
Abydos Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Serpentinite, traces de dorure Donation d’ A. Kuster, 1924 MAS (AV.1924.001.001)
La tête et le corps de cette statue sont restés longtemps séparés. Ils n’ont pu être réuni qu’il y a 35 ans.
28 Faucon-Akhôm Gizeh Pharaonique tardif ou ptolémaïque (712-332 ou 332-30 av. J.-C.) Bois, pigment et stuc MAS (AV.1879.001.276)
30 Stèle du taureau Apis Saqqarah Troisième période intermédiaire ou pharaonique tardif (1070-712 ou 712-332 av. J.-C.) Peinture sur pierre calcaire MAS (AV.1879.001.457)
On pensait que les taureaux “parfaits” étaient l’incarnation du dieu-taureau Apis. Ils habitaient dans un temple et étaient momifiés après leur mort.
Le terrifiant instant où tout se sépare En Égypte, la mort était un moment de fracture ; ce qui avait formé un tout jusque là menaçait de se désagréger. Selon les croyances égyptiennes, l’homme se composait d’un corps physique et d’une âme elle-même composée de deux entités. Comme cette dernière menaçait de s’échapper du corps physique, on procédait à la momification pour l’y « emprisonner ». Chez les Égyptiens, l’âme était faite du bâ, la conscience et le principe dictant le caractère de l’individu, et du kâ, son énergie vitale, d’où la raison d’être des vivres qu’on lui destinait. Par ailleurs, pour empêcher que le défunt ou la défunte ne quitte le sarcophage, on surmontait ce dernier d’une statue.
∂ 12
– EGYPTE –
Le chaos dans le monde des dieux
Le monde des dieux Égyptiens était très peuplé et peut être assez difficile à cerner. On ne peut pas vraiment dire qu’ait existé, du temps des pharaons, un panthéon commun à toute la nation tel que celui des Grecs ou des Romains. A quelques exceptions près, les dieux étaient liés à une région voire même un lieu. Ce n’est finalement qu'assez tard que l’on éprouva le besoin de structurer davantage le monde des dieux. C’est ainsi qu’apparurent des triades nationales telles qu’Amon-Mout-Khonsou ou Osiris-Isis-Horus.
Rendre au pharaon ce qui lui appartient Ces statuettes en bronze sont la fierté de la collection égyptienne anversoise. Elles représentent des dieux, des hommes, des animaux et des créatures mihumaines mi-animales. En échange de ces offrandes, les hommes espéraient que les dieux interviendraient en leur faveur. Toutes les classes sociales pratiquaient ces offrandes. Souvent, les statuettes mentionnaient le donateur et le dieu invoqué : Osiris était très sollicité mais Isis-mère et Horus-l'enfant l’étaient aussi. Elles invoquaient également des saints-protecteurs comme Imhotep, l’architecte de la première pyramide et un guide religieux.
31 Neith et deux variantes d'Harpocrate
33 Mout assis
Athribis Pharaonique tardif jusqu’à la période gréco-romaine (712 av. J.-C. jusqu'à 395 apr. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.056)
32 Neith debout portant la couronne de la Basse-Egypte Région d’Abydos Pharaonique tardif jusqu’à la période ptolémaïque (712 à 30 av. J.-C.) Bronze incrusté d’or ou d’électron MAS (AV.1879.001.119)
Memphis Troisième période intermédiaire ou postérieure (à partir de 1070 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.060)
34 Horus assis Abydos Ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.100)
– LA VIE APRÈS LA MORT –
13
35 Osiris-Iâh assis portant sur la tête un croissant de lune et un disque lunaire Thèbes 26e dynastie ou plus tard (664-525 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.035)
36 Osiris debout Memphis Pharaonique tardif jusqu’à la période gréco-romaine (712 av. J.-C. jusqu'à 395 apr. J.-C.) Bronze MAS (AV.1897.001.091)
37 Isis assise tenant Horus sur ses genoux Athribis Troisième période intermédiaire (1070 à 332 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.002)
38 Osiris debout Thèbes 26e dynastie (664-525 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.023)
39 Néferhotep, fils d’Hathor, en position debout Saqqarah Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.124) 14
40 Néferhotep, fils d’Hathor, en position debout Memphis 22e-23e dynastie (945-715 av. J.-C.) Bronze incrusté d’or ou d’électron MAS (AV.1879.001.013)
41 Homme à tête d’ibis représentant Thot Saqqarah 22e-23e dynastie (945-712 av. J.-C.) Bronze et incrustations d’or MAS (AV.1879.001.019)
42 Thot-Iâh assis Memphis Période Saïte ou ptolémaïque (664-30 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.018)
43 Bastet (?) debout représentée en lion Boubastis 30e dynastie jusqu’à la période ptolémaïque (380 à 30 av. J.-C.) Bronze incrusté d’or ou d’électron MAS (AV.1879.001.126)
44 Anubis debout dans un corps d’homme à tête de chacal Saqqarah Troisième période intermédiaire (1070-712 av. J.-C.) Bronze incrusté d’or ou d’électron MAS (AV.1879.001.113)
– EGYPTE –
45 Ptah debout tenant l’Ouas (sceptre) et le signe Ankh Memphis Troisième période intermédiaire (1070 à 332 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.117)
47 Imhotep assis Memphis Saïte tardif (664-525 av. J.-C.) Bronze MAS (AV.1879.001.040)
46 Ptâh assis Athribis Troisième période intermédiaire (1070-712 av. J.-C.) Bronze incrusté d’or ou d’électron MAS (AV.1879.001.053)
La collection Allemant L’interprète, précepteur et négociant d’art français Eugène Allemant travaillait en Egypte. Il y constitua une collection d’antiquités égyptiennes, surtout de statuettes en bronze. Il proposa ces statuettes à la Ville d’Anvers pour 75 000 francs en 1878. En fin de compte, la note s’éleva à 22 000 francs seulement, la moitié payée par l’Etat belge. La collection (462 pièces) fut d’abord reprise dans les collections du Steen, plus tard du Vleeshuis. Sauf mention contraire expresse, tous les objets exposés proviennent de cette collection.
∂ – LA VIE APRÈS LA MORT –
15
Un guide de voyage: le Livre des Morts
Le terme contemporain Livre des Morts désigne un recueil de textes, dont certains passages choisis étaient sélectionnés pour le mobilier funéraire. Ils indiquaient au défunt le chemin à suivre vers l'autre monde et expliquaient comment se protéger des esprits malfaisants et autres calamités. Les passages du Livre des Morts étaient souvent accompagnés d'illustrations. En règle générale, les Livres des Morts étaient transcrits sur du papyrus. On retrouva cependant des passages sur les bandelettes de momification pendant la période gréco-romaine.
48 Ibis momifié Saqqarah Période gréco-romaine (332 av. J.-C.-395 apr. J.-C.) Papyrus enduit de colle et gesso (cartonnage), bandelettes en lin, ossements d’ibis (Threskiornis Aethiopica L.) MAS (AV.1879.001.260)
Les pièces en tissu illustrent le dieu Thot portant une couronne hemhem et un babouin.
49 Quatre fragments du Livre des Morts sur bandelette de momification
50 Deux fragments du livre de « ce qui se trouve dans le monde inférieur » 21e dynastie (?) (1070-945 av. J.-C.) Papyrus et encre Legs du baron Charles J. Stier d'Aertselaer, 1847 Replica de la Bibliothèque du Patrimoine H. Conscience K.9376
Le lien entre le défunt et le soleil est frappant, de même que le trait de « ligne claire » du dessin.
Memphis Ptolémaïque (332-30 av. J.-C.) Lin et filasse MAS (AV.4943.1-2 et AV.4943.2-2 et AV.4946.1-2 et AV.4946.2-2)
16
– EGYPTE –
La pesée du cœur A la fin de son périple dans le monde inférieur (le Douât), le défunt rencontrait le dieu à tête de chacal Anubis, qui le conduisait à une balance pour procéder à la pesée de son cœur. Le Dieu Osiris et le Dieu Thot étaient aussi présents à cet instant, et ce dernier actait le résultat. Lorsque ses péchés ne pesaient pas trop lourd, le défunt était autorisé à accéder, après avoir franchi une quinzaine de portes, à un au-delà paradisiaque.
Pesée du cœur et barque solaire Ce papyrus montre le défunt faisant des sacrifices. Il montre également la pesée du cœur en présence des dieux Thot et Osiris. La barque solaire y figure également. La nuit, cette barque emmène le soleil vers le royaume des morts. Le défunt espérait que la « balance du cœur » pencherait en sa faveur. Le cas échéant, il serait autorisé à rejoindre le royaume des morts d'Osiris et peutêtre à accompagner le soleil lors de son voyage diurne.
51 Pied momifié Haute-Egypte Nouvel Empire/Pharaonique tardif ? (1550-1070/712-332 av. J.-C. ?) Papier, lin et encre Don d'E. Odeurs, 1921 MAS (AV.1921.009.001)
∂ – LA VIE APRÈS LA MORT –
17
Momification
Pour que l'âme survive, il fallait que le corps reste intact. C'est pourquoi les Égyptiens embaumaient les corps et retardaient leur putréfaction en ôtant les viscères. Toutefois, considéré comme le siège de l'âme, le cœur n'était pas prélevé du corps. Cette modification intervenait à partir de la quatrième dynastie aux alentours de 2500 avant Jésus-Christ. Près de 3000 ans plus tard, à l'arrivée des chrétiens et lorsque l'Égypte fut envahie par les Arabes au VIIe siècle, cette pratique fut abandonnée.
52 Ensemble complet de canopes d’Horemakhet (Horus-dans-l’Horizon) Saqqarah (lieu d’achat), peut-être Gizeh 26e dynastie (?) (664-395 av. J.-C.) Pierre calcaire MAS (AV.1879.001.153 à 156)
Des viscères dans des vases Au cours de la momification, les poumons, le foie, estomac et les intestins étaient prélevés du corps, puis séchés et saumurés. On les conservait dans des vases appelés canopes. Quatre vases formaient une série de canopes complète: le couvercle du premier représentait une tête humaine et celui des suivants, la tête d’un singe, d’un chacal et d’un faucon. Ils étaient à l’effigie des quatre fils protecteurs du dieu Horus. On trouve rarement des ensembles de canopes complets en dehors de l'Égypte.
Horus, un dieu aux multiples facettes. Le dieu Horus était capable de prendre de multiples apparences. Il était le dieu du ciel et de la guerre et protégeait du mauvais sort. C'est d'ailleurs pourquoi l’œil d’Horus – l’oudjat – se retrouve sur de nombreuses amulettes. Horus-Enfant - que les Grecs appelaient Harpocrate - symbolisait le soleil levant. Il était le fils d'Isis et d'Osiris.
∂
18
– EGYPTE –
Les oushebtis
C’est au cours du Moyen Empire qu'apparaissent les oushebtis, un mot qui, littéralement, signifie « répondeur ». On trouvait ces figurines dans le mobilier funéraire. Elles portaient le plus souvent une inscription avec le nom et parfois les fonctions du défunt dans la vie terrestre. Ces figurines sont réputées exécuter toutes sortes de tâches à la place du défunt dans l'au-delà. Dans les tombes des défunts les plus nantis, on en trouvait jusqu'à 400: une pour chaque jour. Certaines étaient parfois des « oushebtis contremaîtres » ; elles surveillaient et commandaient les autres. Moyen Empire : environ 2030-1640 av. J.-C..
53 Oushebti
56 Oushebti de Penamon
Origine inconnue Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.4713)
Origine inconnue Période rammesside (1307-1070 av. J.-C.) Pierre grise Donation de P. Michaux (?) MAS (AV.2008.008)
54 Oushebti de Djed-khonsou-iouf-ankh
57 Oushebti de Pediese
Thèbes (?) 21e dynastie (1070-945 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.4745)
55 Oushebti de Néferkasokar Saqqarah Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.253)
Égypte (origine précise inconnue) Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Grès (?) Donation P. Michaux, 1935 MAS (AV.1935.013.003)
58 Oushebti contremaître Thèbes 21e dynastie (1070-945 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1926.001.016)
– LA VIE APRÈS LA MORT –
19
59 Oushebti de Oueren
64 Oushebti
Benha Nouvel Empire (1550-1070 av. J.-C.) Pierre calcaire MAS (AV.1879.001.275)
Basse-Egypte Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.256)
60 Oushebti
65 Oushebti
Origine inconnue Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence Donation P. Michaux, 1926 MAS (AV.1926.001.017)
Basse-Egypte Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.254)
61 Oushebti de Psammétique Saqqarah 27e dynastie (525-404 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.258)
62 Oushebti de Khaemkhonsou Basse-Egypte 26e dynastie (664-525 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.257)
66 Oushebti Gizeh (?) Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.249)
67 Oushebti Basse-Egypte 30ème dynastie ou ultérieure (380-30 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.1879.001.255)
63 Oushebti Origine inconnue Pharaonique tardif (712-332 av. J.-C.) Faïence MAS (AV.4715)
∂ 20
– EGYPTE –
68 Rayons X Ossements et crâne de femme. Photos réalisées en 1974 par la service medico-social de la Ville d'Anvers.
21
AFRIQUE
22 22
L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE - DE L’ART RICHE DE SENS Ces objets d’art africains traduisent la vision cyclique de nombreux peuples vivant proches de la nature : tout y est cyclique. Songeons aux phases de la lune, aux saisons... L’art africain revêt ainsi une signification rituelle, celle de faire vivre les mythes de la création, d’assurer la fertilité des récoltes et de commémorer la mémoire des ancêtres. Dans leur conception, une force relie intimement un monde visible en un monde invisible. Cette anima – esprit ou âme – « habite » les êtres vivants, les forces de la nature et les éléments inanimés (tels que les pierres) ou même les paroles. La fécondité et la naissance, la vie et la mort, et bien d’autres aspects de la vie dépendent des esprits. La communication entre les hommes, entre les vivants et les morts, est obtenue par le biais de sacrifices, ou dans le cadre de divinations, de danses rituelles et de cérémonies initiatiques. La diffusion de la religion islamique et chrétienne en Afrique a parfois engendré des conflits ou des amalgames avec la croyance traditionnelle en le monde des ancêtres et des esprits. Aujourd’hui, certains peuples conjuguent sans difficulté des cultes d’origines diverses.
23
Fécondité, naissance et mariage
Avoir beaucoup d’enfants est le souhait de nombreux couples africains. À l’inverse, toute personne n’ayant pas de descendance ne pourra se hisser au rang d’esprit d’ancêtre et se retrouve ainsi au bas de l’échelle sociale. Car une famille sans enfant est une branche morte de l’arbre généalogique. La fertilité du couple, le désir de fonder une famille nombreuse et de réussir son mariage demeurent des thèmes récurrents dans les objets rituels. L’épouse, grâce à son statut de mère fertile, tient le premier rôle de la vie sociale. Dans le culte de la fécondité, les statues maternelles représentent le pouvoir d’engendrer la vie, le propre de la fondatrice du clan, à savoir la mère-ancêtre. De nombreuses statues reflètent aussi les anciens idéaux de beauté. Il s’agit, entre autres, de dents limées et de coiffures sophistiquées, mais aussi de scarifications dont certaines pouvaient avoir jusqu’à un centimètre d’épaisseur. Celles-ci n’embellissaient pas seulement les femmes, elles prouvaient également leur courage face à la souffrance endurée pour les obtenir. Une femme belle était prédestinée à un mari exemplaire ou à porter des enfants. Les embellissements corporels renseignaient, du reste, sur son groupe ethnique ou son rang social.
1 Poupée de fécondité (mwana hiti) Zaramo, Tanzanie 20e siècle Bois Donation de M.L. Felix, 1987 MAS (AE.1987.0004)
2 Poupée de fécondité (akua-ba)
L’enfant en bois La poupée du peuple Zaramo, phalloïde et dotée de seins, s’appelle une mwana hiti, c’est-à-dire un "enfant en bois". On l’utilisait traditionnellement lors de l’éducation sexuelle des jeunes filles et la déposait dans le lit
24
lors de la nuit de noces. Les femmes n’ayant pas encore eu d’enfant sollicitaient ses vertus. Aujourd’hui, ces poupées sont également sculptées pour les touristes.
Ashanti, Akan, Ghana Bois Milieu du 20e siècle Achat à la Galerie « À la Reine Margot », 1962 MAS (AE.1962.0052)
– AFRIQUE –
L’enfant d’Akua Jusqu’à il y a peu, les jeunes femmes des peuples Akan portaient des poupées en bois pour tomber enceinte ou lorsqu’elles l’étaient. Ces poupées de fécondité rappelaient la légende d’une femme sans enfant appelée Akua. On raconte qu’en portant une poupée en bois sur le dos, elle tomba enceinte et eut une ravissante petite fille. L’akua-ba, littéralement 'l’enfant d’Akua', était choyée et habillée comme une enfant vivante même si elle était représentée comme une adulte.
3 Poupée rituelle Bamana, Mali Début du 20e siècle Cire, argile et ossements (?) Achat L. Vandevelde, 1977 MAS (AE.1977.0003)
5 Statue de maternité (wenyi ou gihalu giwenyi) Mbala, République Démocratique du Congo Fin du 19e siècle Bois et pigment rouge Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0520)
Cette statue fut utilisée lors de l’investiture de pouvoirs d’un chef.
6 Mère assise portant son enfant (pfemba) Peuples Kongo : Yombe, République du Congo Fin du 19e siècle Bois, perles, verre à glace, métal et pyrogravure Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0555)
4 Buste féminin
Cette statue fut peut-être utilisée dans un culte de la fécondité.
Luluwa, République Démocratique du Congo Fin du 19e – début du 20e siècle Bois et patine d’huile Achat P.J. Vandenhoute, 1960 MAS (AE.1960.0014)
Les statues de maternité
Fécondité et protection Pour protéger la vie qui s’épanouit, le peuple Luluwa utilisait des sculptures féminines montées sur une broche ; celles-ci servaient dans le cadre d’un culte de la fécondité, protégeaient les femmes enceintes et les nouveau-nés. Un ancêtre pouvait ainsi se réincarner dans l’enfant. Les sculptures étaient fixées au vêtement ou placées à portée du berceau. Elles étaient régulièrement frictionnées à l’huile de palme.
Au 19ème siècle, les statues de maternité jouaient un rôle rituel chez les peuples Yombe et Mbala. On ne retrouve plus la fonction exacte ni la signification de ces statues. La figure maternelle en tant que « celle qui donne la vie » était un symbole pour le rôle du chef. Elle préservait la fertilité des couples, des troupeaux et des cultures.
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
25
7 Buste de mère et son enfant (massue de danse)
vers et la complémentarité de l’homme (à droite) et de la femme (à gauche), celle de la force et de la faiblesse.
Kuyu, République du Congo Début du 20e siècle Bois et pigment Achat P. Vérité, 1956 MAS (AE.1956.0014.0003)
10 Statue de femme debout
8 Statue de femme debout (nkisi) Peuples Kongo, République Dém. du Congo/République du Congo/Angola Fin du 19e - début du 20e siècle Bois et métal Donation de L. Franck, 1920 MAS (AE.0609)
9 Fragment d’une statue masculine Tabwa, République Démocratique du Congo Fin du 19e – début du 20e siècle Bois Achat Pères blancs d’Afrique, Anvers, 1961 MAS (AE.1961.0062.0003)
11 Statue de femme debout Alangwa, Côte d’Ivoire 20e siècle Bois Donation des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1994 MAS (AE.1994.0003.0001)
12 Statue d’un époux céleste (blôlô bian)
Les cornes de céphalophe sur la poitrine symbolisent les matières vouées à accroître le pouvoir surnaturel de la statue.
De puissantes statues Les statues d’ancêtres masculines incarnaient elles aussi la fécondité. Chargées de pouvoirs surnaturels, elles protégeaient la communauté. Ce fragment provient probablement d’une statue ayant autrefois appartenu à un chef Tabwa. La cannelure verticale sur le corps de la statue, une scarification, partage le corps en deux moitiés symétriques. Celle-ci symbolise la dualité de l’uni26
Songye, République Démocratique du Congo 19e siècle Bois, patine à l'huile et cauri Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0744)
Baoulé, Côte d’Ivoire 20e siècle Bois Donation des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1994 MAS (AE.1994.0003.0002)
Les époux célestes Chez les Baoulé, les déboires conjugaux et la stérilité étaient dus à la jalousie des esprits de la nature ou d’un « époux » céleste. Car tout couple avait son pendant céleste. Pour s’assurer de sa bienveillance à son égard, l’époux ou l’épouse céleste se voyait offrir une jolie statue. Dans leur vie onirique, les Baoulé avaient des rapports sexuels avec les statues.
– AFRIQUE –
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
27
Un moment charnière : quand l’enfant devient adulte
Dans la vie de beaucoup de peuples africains, l’initiation – et le rituel qui l’accompagne – constitue un moment charnière. En effet, après avoir été initiés dans l’isolement, les garçons et les filles deviennent des membres à part entière de leur communauté. Selon la tradition, l’initiation se déroulait dans des campements à l’extérieur des villages. Pendant cette période d’isolement, les anciens transmettaient aux jeunes leur « science ésotérique ». Ces derniers étaient initiés à certaines pratiques, aux mythes et aux choses de la sexualité. Le rituel de transition s’accompagnait parfois d’une circoncision. L’initiation menait à une seconde naissance. Après une mort symbolique, les jeunes accédaient au statut d’homme ou de femme à part entière. La période d’apprentissage se clôturait souvent par des cérémonies masquées, lors desquelles l’initié intégrait la communauté. La durée des rituels initiatiques et l’âge de l’initiation varient de peuple en peuple. Les très longs rituels d’initiation dans l’isolement sont aujourd’hui relativement rares. Par ailleurs, pour des raisons d’hygiène, les parents préfèrent aujourd’hui faire circoncire leur enfant à l’hôpital ou dans un dispensaire.
13 Masque (nwantantay)
Sa symbolique était enseignée aux hommes et aux femmes durant leur initiation.
Bwa, village Boni, Burkina Faso 20e siècle Bois, pigment, kaolin et résine Achat L. Vandevelde, 2001 Ex-collection E. Storrer, Zurich MAS (AE.2001.0029.0001)
Le masque dit « à planche » Ce masque à planche du peuple Bwa était utilisé lors des rituels initiatiques, agricoles et funéraires.
28
Le X est la scarification que l’on pratiquait sur le front des initiés. Le croissant sur la planche représente la lune ; les cercles symbolisent les sources intarissables que les premiers ancêtres avaient découvertes ; le contraste entre le noir et le blanc symbolise la dualité entre l’ignorance et la connaissance.
– AFRIQUE –
14 Masque-heaume pour l’initiation des jeunes filles
16 Masque d’initiation (n'khanda) pour les garçons
Peuples Mende et Vaï, Sierra Léone/ Liberia Milieu du 20e siècle Bois Donation de L. Kegel, 1959 MAS (AE.1959.0056.0007)
Yaka, République Démocratique du Congo Début du 20e siècle Bois, raphia et pigments Achat Breckpot, 1930 MAS (AE.0516)
Les membres de la société féminine Bundu ou Sande portaient ce masque lors d’importantes cérémonies funéraires.
Masques d’initiation pour les garçons
Masque d’initiation pour les filles Ce masque-heaume était – ce qui est très inhabituel en Afrique – porté par une femme. On l’utilisait lors de l’initiation des jeunes filles, plus particulièrement les rituels d’excision, et lors des cérémonies funéraires des membres de la société des femmes Bundu. Un menton saillant, un front haut et une coiffure sophistiquée étaient les idéaux de beauté des peuples Mende et Vaï. Les anneaux de cou épais – un signe de richesse – symbolisaient la métamorphose des chenilles en papillon et les rides de l’eau. Le « tout premier masque » émergea en effet de l’eau.
15 Masque d’initiation (n'khanda) pour les garçons Peuple Yaka, République Démocratique du Congo Début du 20e siècle Bois, raphia et pigments Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0518)
Les masques du peuple Yaka apparaissaient au village au terme des rituels d’initiation des garçons. Ils incarnaient les ancêtres. Après la danse, les masques perdaient leur pouvoir et étaient détruits ou vendus. Les fondements de la symbolique utilisée sont le mythe de la création et la fécondité du couple, des troupeaux et des cultures. Le rouge symbolise le soleil et le monde des hommes ; le blanc, la lune et la dimension féminine. Le caractère phallique du nez symbolise la fécondation de la terre par le soleil.
17 Panneau d’initiation (n’khanda), soldat Nkanu, République Démocratique du Congo Début du 20e siècle Bois, pigment, cuir Donation de la Congrégation des frères de N.D. de Lourdes, Oostakker, 2016 MAS (MAS.0170.049)
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
29
18 Panneau d’initiation à tête de perroquet (kakungu) Nkanu, République Démocratique du Congo 20e siècle Bois et pigment Echange Nouvelle Afrique, 1961 MAS (AE.1961.0077)
19 Statue de femme portant une fillette sur le dos Zombo ou Yaka, République Démocratique du Congo Début du 20e siècle Bois et charges magiques Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0521)
Cette statue fut employée au cours de rituels initiatiques
20 Tambour à fente de divination Zombo, République Démocratique du Congo Début du 20e siècle Bois, fibres et charges magiques Donation des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 2006 Ancienne collection P. Dartevelle MAS (AE.2006.0019.0001)
30
– AFRIQUE –
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
31
Entre la vie et l’au-delà, la mort
Selon les croyances traditionnelles africaines, la vie et la mort sont indissociables l’une de l’autre. Les membres de la famille, qu’ils soient morts ou vifs, restaient soudés. La mort est le moment de transition de la vie à l’au-delà, le moment où l’on espère obtenir le statut d’esprit d’ancêtre respecté. Pourtant, cela ne sera pas le cas de chacun. Plusieurs conditions doivent en effet être remplies : avoir eu des enfants, avoir vécu une vie exemplaire et ne pas être décédé dans des circonstances « douteuses ». Seule la mort de personnes âgées et ayant eu une descendance nombreuse est, en règle générale, considérée comme normale. Si la mort « frappe » à un âge moins avancé, un fait de sorcellerie, de magie ou le courroux des esprits du monde supérieur sera suspecté. Par ailleurs, seule l’enveloppe charnelle meurt ; l’âme, en tant que vecteur de la vie, connaîtra quant à elle une nouvelle vie dans le monde des ancêtres. La cérémonie funéraire est donc vouée à son acceptation dans leur monde. Si des erreurs sont commises lors du rituel, l’âme continuera à errer dans le village avec toutes les conséquences que cela suppose pour les proches parents… Les masques établissent un trait d’union indispensable entre la vie terrestre et la vie dans l’au-delà. Au cours des commémorations d’ancêtres, ils sont réputés accompagner les âmes vers leur lieu de repos éternel.
21 Statue de pendue et de pendu (ofika)
sentent des pendus ayant transgressé les lois de la société initiatique Lilwa. La société en question remplissait des fonctions éducatives, politiques, judiciaires et rituelles. Celle-ci était très hiérarchisée et le silence absolu était de rigueur quant aux initiations. Ces sculptures incarnaient l’exemple de conduite à suivre.
Mbole, République Démocratique du Congo Fin du 19e – début du 20e siècle Bois, caolin et pigment Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0673 et AE. 0672)
Condamnés à mort Ces statues du peuple Mbole repré32
Les colons belges se méfiaient de cette société et surveillaient de près ses agissements.
– AFRIQUE –
22 Masque
Mbole, République Démocratique du Congo Fin du 19e – début du 20e siècle Bois Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE. 3528)
23 Masque Muyombo Pende, République Démocratique du Congo Début du 20e siècle Bois, pigment, raphia Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0554)
24 Masque de danse Kanaga Dogon, Mali 20e siècle Bois, pigment, résine et fer Achat W. Mestach, 1961 MAS (AE.1961.0067)
Aujourd’hui, les Dogons organisent ces danses toute l’année pour les touristes et portent ce type de masque à ces occasions.
Les masques, traits d’union entre la vie et la mort Ce masque Kanaga du peuple Dogon était utilisé par la communauté Awa. Il entrait en scène lors de commémorations des morts et contribuait à la sacralisation des âmes comme esprits d’ancêtre. La partie supérieure en forme de Croix de Lorraine a plusieurs significations: pour le quidam partiellement initié, elle représente un animal, mais pour l’initié membre à part entière de la société Awa, elle représente le démiurge « embrassant » la terre et le ciel.
Film: DOGON (Mali)
• Danseurs kanaga et rituel funéraire © C. Beckwith & A. Fisher, Photokunst
• Masques et séances de danse © Sancta Media Montage et production : T8 (Druez, Van den Broeke, De Bleser), 2011
25 Masque-heaume Bamileke, Cameroun Début du 20e siècle Bois Achat Morlet, 1955 Ancienne collection André Derain MAS (AE.1955.0025)
26 Masque (kifwebe) Songye ou Luba, République Démocratique du Congo Fin du 19e – début du 20e siècle Bois, pigment Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0334)
27 Masque-heaume Ejagham, région de la Cross River, frontière nigériane-camerounaise 19e - 20e siècle Bois, peau de bête et cheveux humains Donation de G. Vanhoestraeten, 1980 MAS (AE.1980.0040.0001)
Commémorations des ancêtres Les peuples Ejagham sont connus dans le monde entier pour leurs masques recouverts de peau de bête.
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
33
Ces masques étaient utilisés lors des cérémonies d’initiation et les cérémonies funéraires des personnages éminents. Cet exemplaire est doté de vrais cheveux humains et l’on peut y voir des motifs de scarification; les fausses dents ont disparu. Le masque Bamileke recouvrait toute la tête et le visage du danseur disparaissait derrière une voilette. On sortait ce masque au cours des commémorations d’ancêtres éminents et de danses de la fécondité.
28 Gardien de reliquaire Kota, Gabon Fin du 19e – début du 20e siècle Bois et métal (laiton, cuivre) Achat H. Pareyn, 1928 MAS (AE.0913)
De la proximité avec les morts Autrefois, les membres du peuple Kota plaçaient les dépouilles mortelles de membres respectés du clan dans les arbres, où elles se faisaient dévorer par les insectes. Les crânes et ossements subsistants étaient placés dans une manne sur laquelle on fixait des « gardiens de reliquaire » symbolisant la mort.
29 Masque de malade (idiok ekpo) Ibibio, Nigeria Milieu du 20e siècle Bois Achat L. Kegel, 1959 MAS (AE.1959.0055.0037)
Le masque vous avait prévenu ! La société Ekpo du peuple Ibibio utilise deux modèles de masque, mais ceux-ci ne sont jamais portés en même temps. Les « beaux » masques représentent des morts ayant trouvé la paix ; les masques « hideux », comme celui-ci, représentent des âmes d’ancêtres errantes. Le masque au visage mutilé – conséquence d’une maladie qui affecte le nez et la bouche – représente une personne qui n’a pas vécu selon les normes ou décédée. Il met en garde: qui ne suit pas le droit chemin tombe malade !
Pour honorer la mémoire de ces ancêtres et s’attirer leur bienveillance, les initiés apportaient régulièrement des offrandes à ces crânes. La colonisation et l’évangélisation provoquèrent la disparition de ce culte.
34
– AFRIQUE –
30 Statuettes de jumeaux (ere ibeji) Yoruba, Nigeria 20e siècle Bois, pigment et perles Achat L. Kegel, 1959 MAS (AE. 1959.55.15-16; AE. 1959.55.17-18)
Les esprits des jumeaux Beaucoup de jumeaux naissaient chez les Yoruba. Mais ils mourraient généralement en bas âge, soit trop jeunes pour être accueillis dans le monde des ancêtres. Pour éviter que leurs âmes errantes ne causent du tort à la communauté, une statuette représentant un adulte debout était sculptée pour chaque enfant mort. Des statues que l’on cirait et nourrissait. Ce faisant, les jumeaux étaient maintenus en vie, et l’on évitait les accidents.
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
35
Des objets comme messagers
Nous ne présentons ici qu’une infime partie des innombrables objets de culte dont s’armaient beaucoup de peuples africains pour se protéger des forces occultes. Ces objets rituels permettaient de capter les messages des esprits et ancêtres dans l’au-delà. Nous ne savons pas précisément comment ces objets étaient utilisés ou ce qu’ils impliquaient – soit parce que plus personne ne connaît les rituels, soit parce que l’objet passa dans le réseau commercial sans que l’on sût d’abord à quoi il servait. Les devins recourent à des accessoires de divination pour connaître la raison des revers de fortune et pour résoudre les problèmes. En interrogeant les forces occultes de la réalité transcendante, ils parviennent à déterminer la raison de la contrariété des esprits et la façon de les apaiser. Certaines sculptures sont elles-mêmes habitées par des esprits. Elles constituent un trait d’union entre l’homme et l’occulte. Afin d’amadouer les esprits, on aspergeait ces sculptures d’œufs, de nourriture et du sang d’animaux sacrifiés. L’amalgame de ces « ingrédients » formait une « gangue » granuleuse en séchant.
31 Deux statuettes rares en fer forgé. Kuba/Bushoong, République Démocratique du Congo 17e - 18e siècle (?) Fer et poudre de bois rouge Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0773 et AE.0774)
Selon les légendes Kuba, elles ont été forgées par le prince Myeel, excellent forgeron et fils d'un roi du 17e siècle. Les forgerons et le pouvoir royal entretenaient aussi des liens étroits en d’autres endroits d’Afrique centrale. L'explication réside dans le caractère « magique » de l’art de la forge et de la fonderie. En effet, ces deux arts néces36
sitent l’emploi des quatre éléments de la nature que sont l’eau, le feu, la terre et l’air. Mais aussi tout simplement parce que les forgerons frappaient des outils indispensables à la société.
32 Masque sumonté d’une coiffe de plumes Peuples Kongo: Vili, République Démocratique du Congo/République du Congo 20e siècle Bois, plumes, perles, bouton en plastique, textile et corne Legs A. Van Deuren-Van Remoortere, 2003 MAS (AE.2003.0010.0017)
– AFRIQUE –
33 Mortier pour le tabac ou le chanvre (?)
35 Boîte de divination à souris (gbéklé sè)
Luluwa, République Démocratique du Congo 19e siècle Bois et cuir Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.1177 1/-2/2)
Peuple Baoulé, Côte d’Ivoire Début du 20e siècle Bois, fer-blanc, cuir et corde Acquis par P.J. Vandenhoute lors de l’expédition en Côte d’Ivoire en 1939 MAS (AE.1955.0030.0027)
Il s’agissait peut-être d’un objet de prestige d’un chef. Le chanvre était utilisé à la fin du 19ème siècle pour la divination et la justice.
34 Oracle à frottement (itombwa) Peuples Kuba/Bushoong, République Démocratique du Congo Fin du 19e – début du 20e siècle Bois Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0223)
Un chien clairvoyant Les animaux sont des messagers entre l’homme et le monde occulte. Un devin Kuba utilisait cet oracle frotte-bois représentant un chien de chasse pour entrer en contact avec les esprits. Fort de son flair, le quadrupède était son assistant idéal. Au cours de la divination, le devin frottait un petit cône (manquant) sur le dos de l’animal. Si le petit cône restait collé, la réponse des esprits était connue.
Des souris pour la divination Pour interroger les esprits, les Baoulé se servaient d’une boîte de divination à souris. Celle-ci se composait d'un récipient disposé sur un socle ouvert doté d’une ouverture en dessous. Le devin plaçait des baguettes dans le récipient avant d'y ajouter du riz. En se faufilant à l’intérieur par l'orifice, les souris bouleversaient l'ordre des baguettes. Leur nouvel agencement contenait l’oracle. Comme les souris vivent à même le sol, elles ont forcément un contact étroit avec les esprits de la terre et des ancêtres, d'où leurs prédispositions pour la divination.
36 Statue mi-animale mi-humaine Baoulé, Côte d’Ivoire 20e siècle Bois et matières sacrificielles Achat Ch. Ratton, 1962 MAS (AE.1962.0048.0001)
Cette statue fut utilisée dans le culte de divination Bra.
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
37
37 Coupe en forme de cariatide Mbuun, République Démocratique du Congo 19e - 20e siècle Bois Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0281)
38 Trompe représentant un personnage stylisé anthropomorphe Pere ou Nande, République Démocratique du Congo 20e siècle (?) Bois Achat W. Mestach, 1956 MAS (AE.1956.0024)
39 Statue de pouvoir (nkisi nkozo), petit chien Peuples Kongo : Yombe, République du Congo 19e siècle Bois, métal, miroir, brin d'herbe, hampes de roseau, poudre à canon, cauri, raphia, textile, résine, ossement, corne d'antilope, main de singe, peau d'animaux, kaolin et poudre de bois rouge Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0621)
Les hampes de roseau entres les pattes et sur le dos de l’animal ont été remplis de poudre à canon. Cette arme "nocturne" était censée anéantir les sorcières.
38
40 Statue de pouvoir (nkisi), homme assis Peuples Kongo, République Démocratique du Congo/République du Congo Fin 19e - début du 20e siècle Bois, textile, fibre, miroir, corne, os, résine, griffe et pigment Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0612)
41 Statue de pouvoir (nkisi nkondi) Peuples Kongo, République Démocratique du Congo/République du Congo/ Angola Fin 19e - début du 20e siècle Bois, métal et textile Achat Jacobs, 1942 MAS (AE.1942.0002.0002)
42 Statue de pouvoir (nkishi) Songye, République Démocratique du Congo 19e siècle Bois, fourrure animal, peau de reptiles, corne, raphia, fibres, fer, cuivre et perles de verre Legs P. Osterrieth, 1940 MAS (AE.1940.0001.0047)
Dans cette statue Songye au visage effrayant et aux yeux exorbités, les ingrédients magique étaient enfouis à hauteur de l’abdomen, les avant-bras et la corne. Le couvre-chef, le collier de perles et l'ample pagne en raphia sont typiques des tenues vestimentaires des chefs du 19e siècle.
– AFRIQUE –
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
39
Le royaume Luba
Le royaume central du Luba s’est formé au 17e siècle. La légende raconte qu’un beau chasseur noir, le prince Mbidi Kiluwe, combattit et vainquit le seigneur ivre à peau rouge nom de Nkongolo Mwamba, et mit ainsi fin à son régime sanguinaire. Le héros installa un nouvel ordre social basé sur la monarchie sacrée. Tous les successeurs du premier roi Luba descendirent de ce chasseur et souverain mythique, dont ils tenaient leur pouvoir. Petit à petit, l'influence de la Cour centralisée des Luba s’etenit sur les peuples voisins. Dans les territoires conquis par les Luba, les chefs reproduisaient leur structure hiérarchique et leurs signes honorifiques. Ces signes sont des parures de tête, des lances, des sceptres, des haches de parade, des chaises, des supports pour arcs et flèches. Certains de ces attributs de chef, comme des armes de cérémonies ou sceptres, étaient exhibés en public. D'autres, comme des chaises ou porte-arc, étaient soigneusement conservés et jalousement gardés dans un endroit secret. Pour éviter qu’on les dérobât, mais également pour protéger le commun des mortels de leurs roudoutables pouvoirs.
43 Femme agenouillée avec une coupe (mboko) en main
statues de femme agenouillée tenant une calebasse remplissaient un rôle important lors du sacre des rois et des chefs ainsi que lors des rituels divinatoire. Ces porteuses de coupe étaient remplies d'argile blanche et d'autres objets de pouvoir.
Luba, République Démocratique du Congo 20e siècle Bois, fer et cuivre Donation W. Jambers, 1958 MAS (AE.1958.0015.0001)
44 Support pour arc et flèches
Porteuse de coupe Les forces surnaturelles du chef Luba devaient être protégées dans l'intérêt même de ses sujets. C'est pourquoi il s'entourait de devins et de spécialistes des rituels. Les
40
Luba, République Démocratique du Congo 19e siècle Bois, patine et métal Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0722)
– AFRIQUE –
La ramification en forme de trident rappelle les supports métalliques moins richement décorés, sur lesquels les chasseurs déposaient leurs arcs et leurs flèches. Les supports en bois pour arc et flèches, finement décorés, étaient des instruments hautement sacrés de pouvoir et de suprématie pour les Luba. Ils rappelaient en effet le fondateur du royaume, le mythique chasseur Mbidi Kiluwe. Une femme, gardienne des signes honorifiques, conservait ces objets dans le plus grand secret dans la résidence royale. Ils étaient régulièrement enduits d'huile, en signe d'offrandes.
45 Statue d’un ancêtre (lusingiti) Hemba, clan Niembo, République Démocratique du Congo 19e siècle Bois et patine Achat Charles Leirens, 1931. Ex-collection : Bela Hein et H. Pareyn MAS (AE.0864)
Un ancêtre bienveillant Cette remarquable statue est l'oeuvre des Hemba, les voisins orientaux et culturellement proches des Luba. Ils étaient connus pour la qualité de leurs statuettes représentant leurs chefs. Ces sculptures (singiti) commémorent les ancêtres de certains clans Hemba. Cette statue représente un chef historique important du clan Niembo. Elle servait au culte des ancêtres qui confirmait l'origine commune du clan, et donc sa cohésion. Elle matérialisait par ailleurs la puissance des
seigneurs. Le chef la recevait de son prédécesseur, en même temps que les autres objets rituels. Le personnage de l’ancêtre porte une barbe en collier et une coiffure tressée en forme de croix, deux signes distinctifs de la noblesse. Ses yeux clos sont dirigés vers un autre monde, depuis lequel il veille sur ses descendants. Ses mains sont posées à hauteur de son abdomen légèrement enflé et au nombril saillant. Ce geste renvoie à l’idée de "nombril de l'humanité", qui souligne le lien entre les ancêtres et les vivants. Cette statue d'ancêtre (lusingiti) est le fleuron des collections africaines du MAS. Son histoire est assez particulière. Ce chef-d'oeuvre Hemba fut acquis par la ville d'Anvers en 1931, pour une somme considérable. En 1937 et 1938, elle occupa une place essentielle dans la saisissante exposition « Les arts plastique du Congo belge » tenue dans la salle des fêtes d'Anvers. D’autant plus que l’organisateur, le professeur belge Frans Olbrechts, l’avait choisie comme élément principal de l'affiche. On ne compte plus, depuis lors, le nombre des ses apparitions dans les arts et la littérature. En 1952, André Malraux, écrivain et critique d’art français, la reprenait dans son essai "Le Musée imaginaire de la sculpture mondiale", traitant des principales sculptures de l'histoire mondiale. La statue a également été exposée lors de l'Exposition Universelle de Bruxelles en 1958.
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
41
46 Pair de pendentifs amulettes
les femmes détiennent le secret de l'autorité dans leur poitrine. La coiffure soignée de cette femme et ses scarifications, empreintes d’un haut niveau de réalisme, renseignent sur son statut ou ses origines nobles.
Luba, République Démocratique du Congo 19e siècle Ivoire, perles et cuir Achat H. Pareyn, 1920 MAS (AE.0793 et 0794)
Ces pendentifs Luba étaient surtout utilisés au 19e siècle. Ces petits objets personnels, très intimes, étaient portés à même le corps ou au poignet avec des perles et d'autres objets protecteurs, en mémoire et en l'honneur de proches défunts. Cette paire d’amulettes très rare, rappelle des ancêtres jumeaux. Le motif à cercles pointillés sur le buste symbolise la vie et la continuité.
47 Canne cérémonielle d'un chef (kibango) Luba, République Démocratique du Congo Fin 19e siècle Bois, patine et métal Achat Nieuw Afrika, 1961 MAS (AE.1961.0062.0002)
Les rois Luba faisaient affichaient ostensiblement leur autorité par le biais de sceptres artistiques hérités de leurs prédécesseurs. Ces symboles d'autorité étaient chargés de pouvoir sacré par des spécialistes du rituel. Les personnages féminins souvent présents sur le pommeau du sceptre sont à l’ effigie de fondatrices de certaines lignées royales. Leur posture – leurs main soint posées sur leur poitrines – est une référence à la croyance des Luba selon laquelle
42
– AFRIQUE –
– L’EXPÉRIENCE DES ANCÊTRES EN AFRIQUE –
43
OCÉANIE
44
44
PAS DE VIE SANS LA MORT - RITUELS FUNÉRAIRES EN MÉLANÉSIE Dans les îles de la Mélanésie, d’innombrables cultes des ancêtres ont existé pendant des siècles. La communication avec les ancêtres avait lieu au sein et tout autour des maisons d’hommes et par le biais de sanctuaires. Leurs âmes étaient présentes dans les sculptures et les peintures. Le contact avec les esprits, une affaire d’hommes, était important pour le bien-être et la pérennité de la communauté. Les rituels funéraires aidaient les défunts lors du voyage qui les conduisaient dans l’au-delà et leur permettaient d’acquérir le statut d’ancêtre. Ils étaient également destinés à canaliser la force vitale libérée et potentiellement dangereuse pour l’entourage. Cette force était ainsi transmise, entre autres, aux cultures, mais aussi aux garçons lors des cérémonies d’initiation par lesquelles ils entraient dans les sociétés masculines. De nombreux aspects du culte des ancêtres se sont perdus par les effets du commerce, de la colonisation, de l’évangélisation et de la guerre. Des efforts locaux ont cependant permis de maintenir ces traditions, voire de les raviver, car parfois les nouvelles générations s’investissent dans la conservation de leur patrimoine. 45
Asmat
Selon le mythe fondateur de la population Asmat, qui vit dans le sud-ouest de la Nouvelle-Guinée, Fumeripits créa l’homme à partir de statues en bois qu’il avait lui-même sculptées. Il les plaça dans la maison d’hommes et les anima par un roulement de tambour. Avant l’évangélisation, tout village Asmat avait au moins une maison d’hommes. Dans ce lieu sacré, les hommes de la population Asmat conservaient des objets sacrés tels que des statues d’ancêtres et des crânes décorés. Des sculptures d’ancêtres étaient réalisées pour les fêtes des Morts, dans le cadre desquelles des expéditions de chasseurs de têtes et des initiations de garçons avaient lieu. Après le décès de personnages importants, les Asmat allaient chasser des têtes pour venger la mort et récupérer de la force vitale chez les ennemis. À cause de l’évangélisation et la colonisation, les pratiques de chasses de têtes disparaissaient. La tradition de sculptures était également compromise, mais sous l’impulsion de missionnaires et de l’UNESCO, elle revivait dans les années 70. Les formes étaient adaptées pour le commerce d’objets d’art.
1 Poteau des ancêtres (bisj) Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Avant 1970 Bois et pigment Achat J. Hoogerbrugge, 1970 MAS (AE.1970.0039.0031)
La racine aérienne, protubérante, représente le phallus de la figure supérieure, un symbole du renouveau de la force vitale.
Poteau des ancêtres (bisj) Lors de la fête des morts, le poteau des ancêtres (bisj) était disposé devant la maison d’hommes. On les fabriquait à partir de palétuviers 46
abattus dans la mangrove et les rapportait au village à bord d'une pirogue, comme s’il s’agissait d’un ennemi dont on avait chassé la tête. De petits poteaux comme ceux-ci demeuraient dans la maison d’hommes. On réalisait parfois une pirogue dans la partie inférieure d’un poteau. Après la chasse de têtes, le mort entreprenait le voyage en pirogue jusqu’à la mer, le monde des morts. Les poteaux bisj étaient abandonnés dans la forêt pour pourrir sous des sagoutiers. Ces palmiers, qui produisaient l’aliment de base, absorbaient ainsi la force vitale contenue dans les poteaux et redonnaient la vie.
– OCÉANIE –
2 Statue « genou-coude » Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Avant 1970 Bois et pigment Achat J. Hoogerbrugge, 1970 MAS (AE.1970.0039.0002)
Dans le mythe de la création, le créateur Fumeripits anime ces statues par un roulement de tambour, en brisant le lien entre le genou et le coude.
Symboles de chasseurs de têtes Les sculptures du peuple Asmat figurent des ancêtres et des symboles de chasseurs de tête. Ces derniers sont souvent des animaux, notamment la roussette ou le kangourou arboricole. Comme ils cueillent les fruits des cimes, ces derniers sont assimilés à des chasseurs de têtes. La posture genou-coude ou fœtale de certaines figures rappelle la mante religieuse, qui dévore la tête du mâle après la copulation. Soit le symbole du rapport entre la vie et la mort, entre la reproduction, la force vitale et la chasse de têtes.
3 Crâne d’ancêtre Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Première moitié du 20ème siècle Crâne, fourrure, ossements, larmes de Job (graines de coix) et cire Achat F. Coppens, 2005 MAS (AE.2005.0032.0001)
Des crânes aimés Le peuple Asmat accordait un soin particulier aux crânes des défunts. Parfois, ils les portaient autour du
cou ou utilisaient un crâne comme une espèce d’appuie-tête. Ce qui leur valait la protection de l’ancêtre. Les crânes des hommes importants étaient conservés dans la maison d’hommes. Les guerriers vaillants recevaient une parure de tête en fourrure de kangourou arboricole et une parure nasale. Les crânes des ennemis dont on avait chassé la tête étaient eux aussi conservés. Comme les colons néerlandais s’opposaient à la chasse de têtes, on réalisa des têtes en bois pour les cérémonies. Mais aussi pour les collectionneurs.
Initiation Lors de leur initiation, les garçons participaient à leur première chasse de têtes. Ceci leur permettait de récupérer le nom et la force vitale de l’ennemi étêté. L’initiation était aussi une renaissance symbolique. le garçon voyageait en pirogue à l’ouest avec le crâne, en direction de la mer et du soleil couchant. (ajouter monde des morts) Là, il était submergé dans le monde des ancêtres. Plus tard, la tête coupée était suspendue tout près des arbres fruitiers, afin de garantir une bonne récolte.
4 Tête en bois Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Avant 1970 Bois et cordage Achat J. Hoogerbrugge, 1970 MAS (AE.1970.0039.0052)
– PAS DE VIE SANS LA MORT –
47
5 Tête en bois dans un filet d’emport Peuple Asmat (?), Golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié ou milieu du 20ème siècle Bois, fibres et pigment Achat J. Vanderstraeten, 1975 Prêt du Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC), Tervuren EO.1975.68.16.
6 Tambour sablier Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Avant 1970 Bois et peau de bête Achat J. Hoogerbrugge, 1970 MAS (AE.1970.0039.0013)
Il est probable que la tête figurant sur ce bouclier représente une raie. Les deux motifs en symétrie orthogonale sont probablement/possiblement des roussettes. Les formes en doublecœur symbolisent les ancêtres.
8 Poignard Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Avant 1970 Os maxillaire de crocodile, cordage, plumes de casoar et larmes de Job (graines de coix) Achat J. Hoogerbrugge, 1970 MAS (AE.1970.0039.0044)
Le son de ces tambours personnifie les voix d’ancêtres mythiques.
7 Bouclier Peuple Asmat, Papouasie occidentale, Indonésie Première moitié du 20ème siècle Bois et pigment Échange de l’Institut royal des Tropiques (KIT), Amsterdam 1957 MAS (AE.1957.0034.0006)
Boucliers Les boucliers étaient faits pour la cérémonie des boucliers qui précédait l’expédition des chasseurs de tête. Ils constituaient de puissantes armes psychologiques. Les motifs repoussaient des esprits maléfiques, effrayaient l’ennemi ou le paralysaient. Ils étaient également dressés à l’entrée de la maison d’hommes pour repousser les intrus et les esprits. 48
– OCÉANIE –
Malanggan : honorer les ancêtres, renouveler la force vitale
Le culte malanggan se pratiquait dans le nord de la Nouvelle-Irlande. Ce culte des ancêtres et la commémoration des morts étaient célébrés lors du décès de grands personnages et servaient à canaliser la force vitale ainsi libérée du corps. Au cours d’une première phase, le corps était exposé dans une enceinte près du cimetière. Un an durant, les hommes s’y réunissaient pour consommer les légumes et les fruits du jardin du mort. Lors de la cérémonie festive clôturant cette période, sa maison et son jardin étaient détruits. Par suite, la force de vie, potentiellement violente, était libérée du corps et « recueillie » dans les statues réalisées et érigées dans l’enceinte. Le plus souvent, les cérémonies funéraires s’accompagnaient de l'initiation des garçons, une initiation par laquelle ils intégraient la société des hommes. Au cours de la dernière phase, les sculptures étaient amenées au cimetière, où une mise à mort symbolique les attendait. Ensuite, elles étaient déposées dans la forêt pour pourrir et rendre leur force vitale à la terre. Mais dès la fin du 19ème siècle, elles étaient aussi récoltées par des marchands européens.
Les plus anciennes collections En 1643 déjà, l’explorateur néerlandais Abel Jansz. Tasman mentionne le culte malanggan. Les plus anciennes collections de masques et statues furent surtout constituées par des marchands allemands entre 1900 et 1914. Les objets que vous voyez exposés datent cette époque. Les arts malanggan prospèrent en raison des nouveaux contacts établis, grâce à l’introduction de nouvelles marchandises : textile, clous, peinture bleue…. La Deuxième Guerre mondiale perturba considérablement la production. Des sculptures malanggan sont encore réalisées dans des milieux catholiques aujourd’hui, et évidemment pour la vente.
– PAS DE VIE SANS LA MORT –
49
9 Couple ancestral (totok)
11 Masque matua
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Env. 1900 Bois, coquillage et pigment Achat Van Herck, 1953; ancienne collection Jan De Schuyter MAS (AE.1953.0006.0001; AE.1953.0006.0002)
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Env. 1900 Bois, fibre, coquillage et pigment Don de C. Hemeleers, 1925 MAS (AE.0085)
Ce couple ancestral témoigne aussi des influences européennes. Ces statues étaient peut-être destinées aux touristes.
Pouvoirs ancestraux Les sculptures malanggan représentent des personnages anthropomorphiques et zoomorphiques. Elles personnifient des êtres mythiques et des ancêtres. Leurs orbites oculaires sont serties de l’operculum (‘petit couvercle’) de la coquille d’une limace de mer, ce qui procure un regard perçant aux personnages. Toutes les statues sont chargées de pouvoirs ancestraux. Ces pouvoirs se manifestent par les motifs ornementaux et les animaux symbolisant une certaine descendance. Le personnage à tête d’oiseau est probablement un tel symbole de ligne généalogique. La décoration complexe au-dessus de la tête symbolise la croissance et la fertilité.
10 Tête d’oiseau
Masques Au cours des cérémonies du culte malanggan, les hommes portaient des masques. Les femmes et les enfants étaient autorisés à assister à l’événement. Ensuite, les masques étaient conservés dans des maisons de masques. Les danseurs masqués incarnaient les ancêtres. Ils jouaient des rôles spécifiques dans le culte malanggan, notamment celui de collecter des fonds pour la fête et de clôturer une phase du culte par une cérémonie. Les masques et leurs matériaux accroissaient le prestige de la famille du défunt. Les danseurs masqués font encore leur apparition lors de fêtes religieuses et profanes. Des matériaux nouveaux et des couleurs vives sont utilisés pour la décoration du masque.
12 Masque de hibou
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Fin du 19ème siècle Bois, fibre, coquillage et pigment Achat L. Bretschneider, 1955 MAS (AE.1955.0039.0002)
Cette tête était autrefois solidaire d’un corps en tissu d’écorce, la couche fibreuse finement battue entre l'écorce et le tronc d'un arbre. 50
Le porteur du masque parcourait tout le village et le cimetière pour briser les tabous maintenus pendant le processus de deuil.
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Env. 1900 Bois, pigment, rotin, liber, coquillage et pulpe de roseaux Don de C. Hemeleers, 1925 MAS (AE.0086)
– OCÉANIE –
Les joncs séchés imitent les plumettes de la tête d’un hibou.
15 Masque tatanua ou miteno
Masque heaume et masque de hibou
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Avant 1905 Bois, pigment, aubier, coton, lin et coquillage Achat A. Elias, 1950; transfert Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH), Bruxelles Prêt du Musée royal d’Afrique centrale (MRAC), Tervuren EO.1979.1.1371
Le masque heaume tatanua réfère à la force vitale libérée du corps à la mort et personnifie l’idéal de beauté masculine. Ces masques représentent des ancêtres ; ils portent d’ailleurs leurs noms. Le masque de hibou était porté lors de l’initiation des garçons qui avait lieu dans le cadre du culte malanggan. Les danseurs masqués représentaient la virilité et la fertilité du village. Leurs chorégraphies imitaient les battements d’ailes de la chouette.
La parure de tête du masque représente la coiffe que portaient les hommes en deuil.
13 Masque
16 Tambour à friction livika
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Env. 1900 Bois, pigment, cheveu, coton, liber, fibre et coquillage Don de C. Hemeleers, 1925 MAS (AE.0089)
Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée 19ème siècle Bois Ancienne collection Müller-Vanisterbeek; achat A. Beer, 1936; transfert Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH) Bruxelles Prêt du Musée royal d’Afrique centrale (MRAC), Tervuren EO.1979.1.1374
14 Masque heaume tatanua Nord de la Nouvelle-Irlande, Papouasie-Nouvelle-Guinée Fin du 19ème siècle Bois, pigment, stuc, aubier, coton, lin et coquillage Achat Toussaint, 1946 Prêt du Musée royal de l’Afrique centrale (MRAC), Tervuren EO.1979.1.1370
Le son de cette percussion ressemblait au cri d’un oiseau. Pour cacher l’origine du son, le musicien se cachait.
La parure de tête du masque représente la coiffe que portaient les hommes en deuil.
– PAS DE VIE SANS LA MORT –
51
Les ancêtres et les esprits du clan dans le golfe de Papouasie Les styles sculpturaux des groupes de population du golfe de Papouasie dans le sud de Papouasie-Nouvelle-Guinée étaient différents, mais apparentés. Ils réalisaient des objets dans le cadre du culte des ancêtres et l'initiation, et les gardaient dans des maisons d'hommes. Ces maisons longues étaient compartimentées ; chaque compartiment tenait lieu de « dortoir » pour un père et ses fils. On y conservait les objets familiaux sacrés: chaque famille avait ses propres esprits, que les sculptures personnifiaient. Après la Seconde Guerre mondiale, cette tradition sculpturale fut gravement menacée: d’une part, par l’évangélisation, et d’autre part, lesdits « cultes du cargo » qui envahissaient la région. Ils sont tous basé sur la croyance que les ancêtres apporteront le progrès et la prospérité sous forme de cargaisons - des marchandises occidentales, généralement amenées par bateau ou par avion. Tom Kabu, le dirigeant d’un Culte du Cargo local, incita ainsi la population à détruire ses objets de culte et à s’adapter à l’économie occidentale. Depuis les années 1970, diverses communautés mettent sur pied des projets visant à renouer avec la tradition et ses formes artistiques.
17 Figure-planche d’ancêtre bioma Fleuve Era, golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Bois (écorce) et pigment Don de J. Henau, 1990 MAS (AE.1990.0028)
18 Panneau Gope
La figure-planche bioma Des figures-planches en bois ou en aubier représentent des ancêtres du clan. Elles étaient la propriété de quelques membres de la société des hommes et alignées le long des murs des compartiments des maisons d'hommes. En tant qu’intermédiaires entre les hommes et les esprits mythiques, elles jouaient un rôle dans 52
les rituels mis en œuvre pour que la chasse soit fructueuse. L'ensemble de la performance rappelle un squelette.
Golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Bois et pigment Don des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1994 MAS (AE.1994.0006)
Panneaux Gope Les panneaux Gope étaient des objets sacrés, auxquels on attribuait un nom et qui se transmettaient de père en fils. A l’origine, elles
– OCÉANIE –
étaient conservées dans la maison d’hommes, dans un sanctuaire consacré à la santé, la fertilité et la prospérité de la famille.
d’Histoire (MRAH), Bruxelles Prêts du Musée royal d’Afrique centrale (MRAC), Tervuren EO.1967.63.2178 et EO.1979.1.1202
Le nombril proéminent symbolise le lien avec les ancêtres. Dans les panneaux plus récents, destinés au commerce, celui-ci fait défaut. Serait-ce parce qu’aucun esprit n’y a plus rien à faire ?
Sur la plage, ces masques effrayaient les petits garçons. Ils protégeaient les jardins et les vergers.
19 Rhombe de cérémonie Golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Bois et pigment Don des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1994 MAS (AE.1994.0007)
Ce bois fait un bourdonnement quand il tourne, ce qui interprète la voix des ancêtres.
20 Ceinture d’hommes Peuple Kerewa (?) Golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Ecorce d'arbre et calcaire Don Dauncey, 1937 MAS (AE.3512)
21 Masques Kovave, dont l'un (à droite) représente un crocodile. District d’Elema, golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Rotin et aubier Achat A. Beer, 1947 et Achat A. Elias, 1950; transfert Musées royaux d’Art et
22 Masque Kanipu Fleuve Era, golfe de Papouasie, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20e siècle Rotin, plumes et raphia Don des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1990 MAS (AE.1990.0048.0006)
Le masque kanipu interdisait la consommation des noix de coco. Car celles-ci étaient exigées pour les cérémonies d’initiation.
Masques du golfe de Papouasie Des danses du masque accompagnaient les diverses phases de l’initiation des hommes. Lors de l'initiation, des jeunes initiés portaient tant les petits masques kovave que le grand masque kanipu. Les femmes et les enfants avaient le droit d’être présents lors des danses. Les masques chassaient les gens à proximité d’arbres fruitiers ou de cocotiers. Les masques kovave représentaient les esprits des bois. Ils terrorisaient les gens près de la plage et à côté des jardins ; à la fin de l’initiation, les esprits retournent dans la forêt. Les masques étaient brûlés.
– PAS DE VIE SANS LA MORT –
53
23 Têtes en bois
25 Crâne surmodelé
Golfe de Papouasie, PapouasieNouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Bois, fibres et pigment Don de L. Thilly, 1978 Prêt du Musée royal d’Afrique centrale (MRAC), Tervuren EO.1978.62.4, EO.1978.62.6, EO.1978.62.7
Peuple Iatmul Centre du fleuve Sepik, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Crâne, argile, matériaux végétaux, cheveux humains et nacre Echange J. Schwob, 1955 MAS (AE.1955.0018.0005)
Ces têtes en bois du golfe de Papouasie sont très rares.
24 Support à crânes Peuple Iatmul, Centre du fleuve Sepik, Papouasie-Nouvelle-Guinée Première moitié du 20ème siècle Rotin, gaine de cocotier, bambou et pigment Achat Raw Material Processing Company, 1963 MAS (AE.1963.0013)
Support de crânes surmodelés
Fragments de film • Montage photo des maisons des hommes, photos prises par le Dr. F. Füllerborn, lors de l'expédition de 1909-1910 © Museum für Völkerkunde, Hambourg. • ‘Cannibal Tours', Dennis o'Rourke, 1988 © Dennis o'Rourke, coproduction Institut de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Montage et production : Tempora et MAS, 2011
Le peuple Iatmul de l’intérieur de la Nouvelle-Guinée gardait des crânes surmodelés sur un support à l’intérieur de la maison d’hommes ou face à l’entrée de leur maison, et plus précisément, des crânes surmodelés en argile, à l’effigie du visage du mort. Il fallait, pour ce faire, exhumer les crânes de personnes importantes et les nettoyer. La peinture était révélatrice de son rang social. Parmi les crânes sur le support figuraient également celles d’ennemis. Parfois, les crânes surmodelés recevaient des vivres en guise d’offrande, un moyen de s'attirer leur protection et leurs faveurs. 54
– OCÉANIE –
– PAS DE VIE SANS LA MORT –
55
OCÉANIE Kopiraet / Droit d’auteur
Les îles de Vanuatu, les anciennes Nouvelles-Hébrides, sont connues pour leurs tambours à fente monumentales et leurs fougères sculptées. Les tambours ont été et sont encore utilisés dans les rituels d'initiation au sein de la société gradée masculine (Mange) et sont un symbole pour le leadership compétitif traditionnel. Les principaux chefs de village, Big Men, avaient des droits d'auteur sur certains motifs. Traditionnellement, les sculptures et les tambours sont abandonnés après utilisation sur le site rituel (nasara) au plus profond de la forêt. Peu à peu, ils s'enfoncent dans le sol et meurent d'une " mort silencieuse ". Des années 1960 aux années 1970, après l'indépendance, les formes d'art traditionnel ont repris. Le chef Tain Mal et son fils Tofor de Fanla ont lancé une entreprise lucrative. Plusieurs de leurs tambours à fente se sont retrouvés dans les musées ethnographiques du monde entier.
56
– OCËANIE –
26 Trois tambours à fente (atingting) Ambrym Nord, Vanuatu, Mélanésie. 1960-1970 Bois Don C. Spinelli, 2014 MAS (MAS.0128.001-003)
Ces trois tambours à fente ont probablement été conçues par Tofor, et exécutées par son sculpteur Tin Meleun. Les tambours ont été collectés sur place par le donateur dans les années 1970.
27 Sculpture (bwerang) Ambrym Nord, Vanuatu, Mélanésie. 20ème siècle Fougère arborescente, traces de peinture Achat G. Ghesquière, 1972 MAS (AE.1972.0003.0003.0001)
Les bwerang étaient un symbole du statut de leur propriétaire et sa position au sein de la société des hommes compétitifs. Chaque degré avait ses propres insignes et motifs spécifiques.
28 Tambour à fente (atingting)
Les artisans d'aujourd'hui ont largement oublié l’art d’évider le tambour pour ainsi le transformer dans un instrument de musique. Pour eux, l'effet visuel et artistique des têtes est particulièrement important.
29 Big Man Tofor de Fanla Vanuatu, Mélanésie Fin des années 1960 © Photo : Kal Muller
Tofor a vendu et donné des tambours à fente à des marchands d'art et des musées. Le président français De Gaulle et la reine britannique Elisabeth II en ont également reçu un exemplaire en cadeau d'affaires. Vanuatu était un condominium franco-anglais à l'époque. Ici, il termine la peinture d'un tambour.
30 Festival de danse 'Back to my Roots' Halhal Fantor Ambrym Nord 2009 © Photo : Hugo DeBlock
Ambrym Nord, Vanuatu, Mélanésie. 1960-1970 Bois Achat P. Schandevyl, 1977 MAS (AE.1977.0053)
∂ – KOPIRAET / DROIT D’AUTEUR –
57
ASIE
58
58
KARMA ET RÉINCARNATION - DANS LES RELIGIONS INDIENNES L’Inde est le berceau de trois religions très anciennes: l'hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme. Toutes trois nourrissent une croyance en la réincarnation : après la mort, l'âme du mort se réincarne dans un autre corps. Le karma, la somme des actes posés dans les vies précédentes, détermine la qualité de la nouvelle existence; une loi de la nature. Il n'y a donc pas de dieu ou de juge pour juger. Atteindre la délivrance et échapper au cycle des réincarnations est, partant, l'objectif suprême. Les hindous vénèrent beaucoup de dieux, mais tous personnifient les aspects d'une seule et même force, celle de l'âme cosmique (brahman). Pour eux, la délivrance (moksha) signifie que l’âme individuelle (atman) ne fait plus qu'un avec l'âme cosmique. Pour que ce soit le cas, il convient de suivre la voie du yoga et de la méditation. A défaut, la solution est de se vouer entièrement à une seule divinité personnelle représentant le plus haut idéal à atteindre. Les jaïns et les bouddhistes ne croient pas en l’existence d’un démiurge. Ils suivent en cela les maîtres qui prêchent la délivrance. Tous ceux qui comprennent leur explication assez scientifique du karma et du cycle des réincarnations, et s’engagent la voie morale adéquate ne seront plus réincarnés. 59
La déesse-mère
La déesse-mère Mahadevi, source de vie et de fertilité, est vénérée sur tout le territoire indien. Son culte remonte est très ancien et indigène, et ses nombreuses représentations montrent l’idéal de la beauté indienne: poitrine opulente, ventre rond, hanches larges et taille fine. Mahadevi est également vénérée comme partenaire des dieux. Elle change de nom dans ce cas et s’appelle Shakti: la force et l’énergie féminine. Tout comme le dieu Shiva, Mahadevi peut apparaître sous des jours effrayants, notamment en tant que Kâlî ou Durga. Ces apparitions ont une fonction protectrice.
1 Nymphe des forêts (yakshi) Inde du Nord 200-100 avant J.-C. Poterie Donation de la Fondation des Antiquaires d’Anvers, 2001 MAS (AE.2001.0038)
La représentation de la déesse-mère Mahadevi rappelle celle des yakshi, esprits de la nature féminins.
2 Gaja-Lakshmi Inde du Nord Période Gupta, 500-600 Poterie Achat de Marcel Nies, 2007 MAS (AE.2007.0023.0001)
Deux éléphants arrosent la déesse du bonheur d’eau purificatrice.
60
3 Mahisasura Mardini, tueuse du démon buffle Inde Début du 19e siècle Bronze Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1990 MAS (AE.1990.0032.0010)
4 Chamunda Tamil Nadu, Inde du Sud Env. 1200 Granite Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1992 MAS (AE.1992.0022)
Chamunda ou l'incarnation de l'effroi Chamunda est l’épouse de Shiva représentée sous un jour hideux. Elle trucide les démons Chanda et Munda à l’aide d’un trident. Elle prend l’apparence d’une jeune déesse
– ASIE –
bien portante exhibant une chevelure enflammée et de longues canines. Un petit corps d’enfant est lové dans le lobe de son oreille droite. Des cordons de serpents entourent ses seins et des crânes constituent les « perles » de son collier. La toute-puissance et la colère de Chamunda sont pourtant aimées ; elle combat le mal. La raison de son indispensable et hideuse apparence, aussi.
5 Ganesha Java, Indonésie 12e siècle Pierre de lave grise Achat de Walter Tamm, 1963 MAS (AE.1963.0062.0001)
Ganesha, le maître de la fortune Ganesha, le dieu à tête d’éléphant, est extrêmement populaire. Il est surtout vénéré parce qu’il évince les obstacles. Il apporte la sagesse et la chance. D’où le culte que lui vouent notamment les nouveaux chefs d’entreprise. Les attributs de Ganesha sont toujours un collier de prière, un aiguillon à éléphant et un bol de friandises. Une de ses défenses est cassée, perdue au cours d’un combat. Un collectionneur trop zélé a restauré la défense de cette statue.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
61
Shiva, un dieu destructeur et créateur
Le dieu hindou Shiva est tant celui qui détruit que celui recrée le monde. Il réunit toutes les polarités, tous les principes contraires, pour former le tout : le masculin et le féminin, l’amour et la haine, jouissance et l’abstinence, la création et la destruction, la vie et la mort. En témoignent ses nombreux noms et apparences. Sa nature double ressort surtout de la puissante danse qu’il exécute systématiquement au terme de chaque période de l’univers. Depuis un cercle de feu, il détruit le monde, mais en reforme un autre à partir de l’énergie qu’il contient. Dans sa chevelure, il emprisonne l’eau du Gange, le fleuve sacré, une source de vie. Shiva est représenté comme un jeune homme amène aux cheveux longs hérissés. Ses nombreux bras témoignent de sa puissance surnaturelle. On le représente également en colère ou comme un ascète. Mais sa forme la plus adorée est celle du lingam ou fallus, symbole de puissance et de fertilité. 6 Naga-lingam
8 Mukha-lingam
Maharashtra, India 19e siècle Bronze Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1990 MAS (AE.1990.0032.0008)
Inde du Nord Style post-Gupta, env. 800 Grès Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1990 MAS (AE.1990.0032.0020)
Les serpents (naga) symbolisent la fertilité et l’érotisme.
Mukha-lingam, visage et fallus
7 Svayambhu-lingam Inde du Nord Milieu du 20e siècle Pierre Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1990 MAS (AE.1990.0049.0001)
Ce galet phalloïde (svayam-bhu, ce qui veut dire « auto-engendré ») n’est pas un artefact, il a été longuement roulé sur le lit d’un fleuve. 62
Le lingam ou fallus est la plus ancienne représentation de Shiva. Le sexe masculin symbolise la fertilité et la puissance. Il est souvent dressé sur un bassin, une source de vitalité symbolisant le sexe féminin ou yoni. Les lingams sont décorés de fleurs et de fruits, et arrosés de lait et de miel. Cette statue de temple – qui représente en même temps l’axis mundi – présente un sommet arrondi et le visage de Shiva (mukha). Le visage et le sexe conjuguent la dimension spirituelle et la dimension corporelle.
– ASIE –
9 Shiva Chandrashekhara
11 Shiva-Bhiksatana
Inde du Sud Période Chola, 12e siècle Bronze Achat de Marcel Nies, 2004 MAS (AE.2004.0048.0001)
Inde du Sud 19e siècle Bois Achat de Galerie Dorekens, 1960 MAS (AE.1960.0028.0001)
Sur cette statue de procession, on voit la lune (chandra) briller dans la coiffe (shekhar) de Shiva.
Ce relief représente Shiva rôdant, sous un jour effroyable.
10 Shiva Virabhadra Inde 19e siècle Bronze Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1990 MAS (AE.1990.0032.0006)
Sati et l’immolation de la veuve Jadis, les femmes hindoues se faisaient immoler vives lors de la crémation de leur époux. Ce relief en bronze explique cette pratique. Lorsqu’il apparaît sous son jour le plus effrayant, Shiva porte des armes blanches, un bouclier et une couronne de têtes décollées. En bas à gauche, nous apercevons son épouse Sati, et à droite, son père Daksha à tête de bélier. La scène représente le mythe où Shiva décapite Daksha et où par suite, Sati consternée plonge dans les flammes et meurt.
12 Brahma Inde de l’Est Période Pala, 11e siècle Basalte Achat de Marcel Nies, 2005 MAS (AE.2005.0037.0001)
Brahma, le démiurge Brahma est le démiurge ou l’architecte de l’univers. Conjointement avec Shiva et Vishnou, il constitue une trinité. Ensemble, ils représentent le processus cosmique de la création, de la préservation et de la destruction. Brahma possède quatre têtes symbolisant les quatre livres sacrés, les Védas. Il tient un sceptre, une cuillère sacrificielle carrée, un collier de prière et une jarre d’eau. Il est assis sur un lotus et sa monture est une oie.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
63
Vishnou, le gardien
Le dieu hindou Vishnou est le gardien de l’humanité. Il est le défenseur du bien contre le mal et possède le pouvoir de faire durer l’univers. Lorsque l’équilibre du monde est perturbé, il intervient sur la terre pour la protéger de la ruine. Vishnou prend maintes apparences. Dans le Bhagavad-Gitâ, prenant la forme de l’avatar Krishna, il expose les devoirs des hindous. Il enseigne que les hommes ne doivent pas craindre la mort, car seul le corps meurt, pas l'esprit. Il les appelle à poser des actes désintéressés et lui vouer leur amour. Vishnou est une divinité douce. Sa peau est bleue, il porte une haute couronne et ses quatre mains présentent quatre éléments capitaux : une roue représentant le disque solaire, une conque marine, une fleur de lotus et une massue de combat. Son épouse, Lakshmi, est la déesse de la richesse et de la chance. 13 Vishnou
• Matsya, l’avatar poisson et le mythe du déluge • Kurma, l’avatar tortue et la baratte de l’océan (recto) • Varaha, l’avatar sanglier et le sauvetage de la terre mère (verso en facsimilé) • Narasimha, l’homme-lion • Vamana, le nain • Rama, le héros de l’épopée de Ramayana • Krishna, le bouvier • Kalkin, le cavalier, le prochain avatar
Bangladesh Période Pala, 12e siècle Basalte Achat de A. Haeck, 2004 MAS (AE.2004.0013.0001)
Vishnou parcourt l’univers de bout en bout en trois pas. En bas sont illustrées les déesses Lakshmi et Sarasvatî.
14 Série de miniatures représentant des avatars de Vishnou Rajasthan, Inde 19e siècle Peinture sur papier Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 2002 Achat de Theo Van der Veken, 2002 MAS (AE.2002.0019.0001, AE.2002.0018.0001 jusqu’à 0005, AE.2002.0019.0002 inclus) 64
Avatars Vishnou est souvent représenté par dix de ses incarnations ou avatars. En sanskrit, le mot « avatar » exprime l’idée de « descente ». Chaque fois que le monde est en danger, Vishnou s’incarne sur la terre dans un héros ou un animal pour maintenir l'ordre. Il s’est déjà incarné neuf fois et s’incarnera encore une dixième. Certains lui prêtent d’autres avatars.
– ASIE –
Dans cette série de miniatures, le sixième (Parasurama) et le neuvième (Bouddha) avatars font défaut. Les avatars les plus connus sont Krishna et Rama.
15 Rouleau de temple montrant Krishna Nathdvara Rajasthan, Inde Début du 20e siècle Gouache sur toile Achat de All India Handicrafts Board MAS (AE.1964.0021.0006)
Au centre, Krishna soulevant le Mont Govardhana. Tout autour, les 24 fêtes célébrées en l’honneur de Krishna.
Krishna, le bouvier Krishna comme séduisant bouvier est une divinité très populaire. De nombreux mythes et histoires s'étendent sur ses tendre et petite enfances. Adolescent, on le voit jouer de la flûte et aussi folâtrer et danser avec des filles de vachers. Leur passion symbolise le désir de Dieu et leur ronde, leur réunion avec l’âme universelle.
16 Matsya, premier avatar de Vishnou
17 Narasimha, avatar homme-lion de Vishnou Inde du Nord Période Gupta, 400-600 Grès Achat de Marcel Nies, 2007 MAS (AE.2007.0023.0002)
Cette pierre rouge a beaucoup été utilisée pour la construction des forts et des palais. Elle colore également les façades du MAS, du reste.
18 Trois tiroirs : Produits contemporains illustrées de dieux Inde 2009 Donation Chris De Lauwer MAS (MAS.0257.001 jusqu'a 008)
Les Dieux à l’eau de rose Les hindous vivent avec et entre les dieux et les héros qu’ils vénèrent aussi « en les faisant vivre ». Les enfants sont bercés par les mythes : les légendes et les illustrations sont mises en scène dans les BD, les films et les séries à l’eau de rose contemporaines. Elles sont aussi populaires en occident comme image de produits commerciaux, par exemple.
Inde Deuxième moitié du 19e siècle Bois Achat de Galerie Dorekens, 1960 MAS (AE.1960.0028.0002)
Sur ce relief de char de procession, Vishnou prend la forme d’un poisson.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
65
Films • Rath Yatra, festival en honneur du dieu Hindou Krishna Organisé par le mouvement ISKCON Hare Krishna et la Ville d’ Anvers. Anvers, 19e juin 2010
• Ganesh Caturthi, festival en honneur du dieu Hindou Ganesha. Organisé par la communauté Indienne et la Ville d’ Anvers. Anvers, septembre 2009 Production et montage : FilmNatie, Belgique
66
– ASIE –
– KARMA ET RÉINCARNATION –
67
Jaïnisme : préserver la vie à tout prix
Le jaïnisme est l’une des plus anciennes religions de l’Inde. Elle se rapproche de l’animisme : tout ce qui vit dans la nature a une âme. Pour les jaïns, en dehors des hommes, des animaux et des plantes, les quatre éléments – la terre, l’eau, le feu et l’air – sont eux aussi des êtres vivants. Il ne faut donc pas leur faire de mal à eux non plus. On peut le dire, les jaïns sont des êtres absolument pacifiques et des défenseurs inconditionnels de l’écologie. Les jaïns suivent l’exemple des 24 jinas, qui ont pu s’affranchir du cycle des réincarnations. Leur doctrine décrit très précisément la façon dont l’âme habite le corps et comment, en menant une vie ascétique, les hommes peuvent purifier leur âme pour atteindre, après la mort, la délivrance, gage de bonheur éternel. Le jaïnisme interdit toutes les professions qui causent du tort à l’environnement. Les Jaïns sont surtout connus comme diamantaires. Une activité qui a conduit plusieurs de familles jaïnes indiennes en Amérique du Nord et en Europe, y compris à Anvers.
Les 24 jinas Les jaïns vénèrent les 24 jinas, des princes qui ont troqué leur vie de faste contre une vie de moine nomade. Après de longs jeûnes et méditations, ils sont parvenus à l’omniscience et à gagner la délivrance après la mort: ils ne se sont pas réincarnés. Jina signifie “triomphateur de l’esprit”, en fait. On appelle également les jinas tirthankaras (bâtisseurs de ponts). Ils aident les gens à franchir le fossé entre la vie et la mort. La plupart des jinas ont vécu à une époque très lointaine. Les deux derniers, Parshva et Mahavira sont des personnages historiques ayant vécu, respectivement, au 9ème et 6ème siècle de notre ère. Mahavira est considéré comme le fondateur du jaïnisme mais n’a, en fait, fait que réformer une doctrine déjà très ancienne à l’époque. Les jaïns conçoivent le temps comme une roue dont la marche s’inverse cycliquement. Elle fait se succéder des ères de prospérité et de récession. A chaque ère, les 24 jinas apparaissent pour faire de grandes révélations.
68
– ASIE –
19 Trois jinas en position debout
22 Parshva
Gujarat, Inde du Nord Daté de 1447 Bronze Achat de Ronny De Jonghe, 2004 MAS (AE.2004.0047.0001)
Uttar-Pradesh, Inde du Nord 10e siècle Grès Achat de Marcel Nies, 1997 MAS (AE.1997.0021)
Les jinas sont souvent nus. Lire aussi: libre des choses de ce monde. Ces statuettes sont le plus souvent des donations à un temple.
Un serpent mythique à sept têtes protège Parshva contre les pluies diluviennes lorsqu’il est en méditation.
20 Parshvanath tritirthi Rajasthan, Inde Daté de 1063 Bronze Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1998 MAS (AE.1998.0046)
Du côté de Parshva, deux autres jinas, deux serviteurs et deux dieux protecteurs (yaksha et yakshi)
21 Samovasarana, prédication de Mahavira Rajasthan, Inde Fin du 18e siècle Gouache sur toile Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1997 MAS (AE.1997.0029)
Parshva et compagnie Dans l’art, tous les jinas sont identiques. Ils sont synonymes de perfection. Mais chaque jina a un emblème qui lui est propre, que l’on voit le plus souvent apparaître au niveau du socle de la statue. Parshva, le 23ème tirthankara, est reconnaissable grâce à un attribut: le cobra. Dans les œuvres de d’art, les jinas ont toujours une coiffure frisée et de longs lobes d’oreille. Leurs yeux sont grand ouverts et ils portent un bijou représentant une fleur ou losangique à hauteur de la poitrine. Ils méditent tantôt en position debout, tantôt en position assise.
Mahavira prêche pour les moines et les nonnes, les laïcs et les laïques. Les animaux tout autour de lui sont assis paisiblement à côté de leur proie.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
69
Un univers ternaire
Selon le jaïnisme, l’univers est un espace éternel, infini et vide intégrant, en son centre, un univers habité de structure ternaire: un monde supérieur peuplé d’êtres divins, un monde intermédiaire peuplé d’hommes, d’animaux et de végétaux, un monde inférieur peuplé d’êtres démoniaques. Au-dessus de ce monde ternaire se situe le monde des âmes délivrées; il a la forme d’un croissant de lune. Les êtres vivants, et même les dieux, sont mortels, promis à une réincarnation sans fin dans l’un de ces trois mondes. L’endroit et le moment dépendent de leur karma. Chaque fois que quelqu’un pense, dit ou fait quelque chose, des particules entachent la pureté virginale de son âme. Plus une pensée ou un acte est violent, plus la quantité d’impuretés à venir souiller l’âme est grande. Et plus l’âme est impure, plus le monde et la forme de vie dans lesquels elle se réincarnera sera primitive. Ainsi le veut le cycle des réincarnations. L’ascèse purifie l’âme jusqu’à l’immaculation. Telle est la seule manière de la faire échapper au cycle des réincarnations. Seul un homme peut atteindre ce stade.
Le monde intermédiaire
23 Lokapurusha, l’homme cosmique Inde de l’Ouest 16e siècle Gouache sur papier MAS (AE.2004.0046.0001)
Ce cosmogramme représente les trois mondes: supérieur, intermédiaire et inférieur.
24 Adhai-dvipa pata, cosmogramme incluant le monde intermédiaire. Rajasthan, Inde 16e-17e siècles Gouache sur toile Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1991 MAS (AE.1991.0035) 70
Le monde intermédiaire est celui des hommes et des animaux. Le disque central représente l’île du Pommier Rose avec, en son centre, le Mont Meru. Celui-ci est entouré d’océans et de continents orbiculaires. Les lignes jaunes sont des chaînes de montagnes dont jaillissent des fleuves de couleur gris-bleu. Les deux fleuves en forme de cornes en dessous du massif de l’Himalaya, sont l’Indus et le Gange. Entre eux, nous avons l’Inde. La seule région depuis laquelle les hommes peuvent atteindre la délivrance est celle-ci.
– ASIE –
25 Supplices dans les enfers jaïns
27 Support de manuscrit
Inde 19e siècle Gouache sur papier Achat de B.N. Aryan MAS (AE.2002.0020.0001 et AE.2002.0020.0002)
Inde 19e siècle Canvas sur carton Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1991 MAS (AE.1997.0061.0001)
26 Pages du Kalpa Sūtra
Les huit signes auspicieux: swastika, boîte, bijou pectoral, trône, miroir, jarre, deux poissons et un nœud sans fin.
Inde du Nord 1450-1500 Gouache sur papier Achat de Alfred Jacobsen, 2001 MAS (AE.2001.0041.0001 et AE.2001.0041.0002)
Sur le premier manuscrit figure Adinath, lors de son couronnement ; sur le second, Mahâvîra. Le croissant de lune blanc sur lequel il est assis symbolise la délivrance.
Manuscrits et swastikas Les temples jaïns possèdent un trésor de manuscrits, des pages oblongues tenues ensemble entre deux planchettes. Elles étaient souvent aérées à l’aide de miniatures. De semblables garnitures figurent également sur le support du manuscrit dans lequel les pages étaient insérées lors de la lecture.
28 Reliure Rajasthan, Inde 19e siècle Bois peint Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1997 MAS (AE.1997.0061.0002)
On y voit les quatorze rêves prémonitoires que fit la mère de Mahâvîra tandis qu’elle portait l’enfant.
Les illustrations souvent représentées étaient les huit signes auspicieux, dont la swastika. Ce très ancien signe auspicieux indien représente, chez les jaïns, les quatre formes de la réincarnation : l'homme, l’animal, les dieux ou les démons.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
71
Moines et laïques
Les jaïns délivrent leur âme par les connaissances adéquates, la bonne croyance et l’exemplarité du comportement: ce sont les trois joyaux. Ils respectent aussi cinq préceptes: ne pas tuer, ne pas voler, ne pas mentir, ne pas se montrer impudent et ne pas s’attacher à la matérialité. Pour les jaïns laïcs, ces préceptes ne sont pas impératifs : ils les suivent donc en leur âme et conscience. Ils évitent surtout de prendre volontairement la vie à un être vivant. C’est en quoi ils s’interdisent l’abattage des arbres et des animaux, et la pêche. Les jaïns ne mangent ni viande, ni poisson, ni œufs, et pas non plus de plantes tubéreuses, tant elles contiennent des éléments vivants. Pour atteindre la délivrance, les jaïns doivent d’abord devenir moine ou nonne. Ces hommes suivent la règle jusqu’à l’extrême. Ils évitent également de tuer involontairement. Ils portent un voile à hauteur de la bouche pour éviter d’inhaler des insectes. Partout où ils marchent, ils évincent délicatement tous les animalcules de leur passage à l’aide d’une brosse. Ils ne possèdent rien, sont nomades et ne cuisinent pas. Le jeûne est la meilleure manière de préserver des vies et de purifier leur âme.
29 Siddhapratima, silhouette de l’ame delivrée
30 Image de temple d’un maître d’ouvrage-donateur
Inde 20e siècle Bronze Acquis in situ par Chris De Lauwer, 2010 MAS (MAS.0019.0001)
Gujerat, Inde du Nord 12e siècle Marbre Achat de Marcel Nies, 2000 MAS (AE.2000.0206)
Les bailleurs de fonds pour la construction d’un temple étaient représentés sur le mur du temple.
72
– ASIE –
Toile du pèlerin
31 6 Shatrunjaya tirthapata Gujarat, Inde du Nord 1800 Gouache sur toile Achat de Lempertz, 1997 MAS (AE.1997.0060)
Cette image cartographique montre le lieu de pèlerinage jaïniste sur le Mont Shatrunjaya à Palitana, dans le Gujarat.
6
Cette toile du pèlerin montre le temple du Mont Shatrunjaya. Le temple central est dédié à Adinath, le premier jina. Un sentier tortueux, bondé de pèlerins, conduit au sommet du mont. Les écailles colorées indiquent que ce terrain, peuplé de moines et d’animaux, est accidenté. Dans l’hémisphère blanc, en haut, un moine mort. Il est mort ici en jeûne et a atteint le monde des âmes délivrées, représenté par un croissant de lune ou un parapluie inversé blanc doré.
Pensées associées à un objet d'art
En souvenir de Chris De Lauwer, curatrice et conservatrice de la collection Asie au MAS de 2011 à 2018. Chris De Lauwer (Kanpur, Inde 1955 - Anvers 2018) était une autorité dans le domaine de l'étude du jaïnisme, ce qui lui avait valu l'immense respect de la communauté jaïne à Anvers. Elle a eu le privilège de réaliser des visites guidées dans le temple jaïn à Wilrijk. Chris y participait à tous les rituels et toutes les festivités, qu'elle a également documentés avec précision. Le complexe des temples sur le mont Shatrunjaya à Palitana (État du Gujarat, en Inde) occupe une place importante dans la tradition jaïne. Chris a visité ce lieu de pèlerinage en 1986, en compagnie de son époux, Jan Van Alphen, ancien conservateur Asie et directeur du musée ethnographique d’Anvers, et de leur fils âgé de deux ans à l'époque. En 2014, Chris s'est à nouveau rendue sur la montagne avec une équipe de tournage. À la demande du MAS et avec le soutien de la communauté jaïne d'Anvers (Jain Cultural Centre Antwerp), elle a réalisé le reportage diffusé ici. La peinture sur rouleau, représentant le sanctuaire et ses nombreux temples selon la perspective à vol d'oiseau, constitue une belle métaphore de la vie et de la carrière professionnelle de Chris : l'ascension laborieuse du chemin sinueux et escarpé, la pureté des nombreux temples de marbre blanc, le désir de purification et l'obtention d'un bon karma, la recherche de l'équanimité et de la compassion pour toutes les formes de vie... Ce sont autant d'idéaux qui guidaient Chris en silence. La peinture illustre le lien étroit qui unissait Chris à la religion jaïne, son passé universitaire et elle témoigne également de sa contribution très personnelle au fonctionnement muséal du MAS. L’œuvre a en outre une signification particulière pour la famille que Chris a laissée derrière elle. Pour de plus amples informations : Chris DE LAUWER dans : « Steps to Liberation. 2500 years of Jain Art and Religion », Jan Van Alphen, (ed.), Musée d’ethnographique, Anvers, 2000, p. 128-131
∂ – KARMA ET RÉINCARNATION –
73
32 Voile se portant devant la bouche, et balais Inde 20e siècle Coton, bois Donation Lalit Kumar, 2000 MAS (AE.2000.0596, AE.2000.0578)
34 Chasse-mouches Inde 20e siècle Argent et queue de yak Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 2001 MAS (AE.2001.0021.0005)
Lors de l’adoration des statues, le chassemouches est agité en signe de respect.
33 Tour Samovasaran
35 Siddhachakra, le cercle du délivré
Inde 20e siècle Argent, bronze et verre à glace Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 2001 MAS (AE.2001.0021.0001.1-2/2)
Au cours des rituels, les jaïns se miroitent littéralement l’idéal du jina.
La prière quotidienne
Inde de l’Ouest 18e siècle Gouache sur coton Achat de Paul De Smedt, 2001 MAS (AE.2001.0022)
Ce yantra constitue un aide-mémoire pour la prière quotidienne.
Un jaïn médite chaque jour 48 minutes. Il ne prie pas pour un dieu, mais cinq êtres humains suprêmes. La prière lui rappelle que seul l’homme peut gagner la délivrance. La prière dit: "Gloire aux omniscients. Gloire aux âmes délivrées. Gloire aux guides des moines. Gloire aux maîtres de la doctrine. Gloire à tous les moines jaïns de ce monde." Ce mantra magique figure souvent dans un yantra représentant une fleur de lotus ouverte.
74
– ASIE –
Film • Les Jaïns à Anvers ; la construction et l’inauguration du temple Jaïn. Wilrijk, 2010 Production et montage: © FilmNatie (Renaat Lambeets, Kristel Dotremont, Dirk Dumon) en collaboration avec Chris De Lauwer
La communauté jaïne d’Anvers On recense environ 400 familles jaïnes à Anvers. Celles-ci proviennent de l’état fédéré du Gujarat, dans l’ouest de l’Inde. Il s’agit, pour la plupart, de familles de diamantaires. Près de nonante pour cent des diamantaires indiens sont jaïns. Leur part dans le secteur dépasse pour l’heure celle de la communauté juive.
Pour montrer qu’ils ne sont pas attachés aux biens matériels, les jaïnistes effectuent régulièrement des donations, notamment à des œuvres caritatives pour la création d’un refuge pour animaux ou la construction de temples. L’impressionnant temple jaïn de Wilrijk a été financé par des dons de la communauté. Au temple, les fidèles travaillent au salut de leur âme. Ils méditent et se miroitent l’idéal des jinas. Il n’y a pas de jour de culte collectif fixe en semaine. En revanche, les jours fériés, si ! Parmi les fêtes jaïnes les plus importantes figure celle de Paryushana. Un moment privilégié pour réfléchir sur soi, jeûner et demander pardon pour le mal que l’on a fait à ses prochains, délibérément ou contre son gré.
∂ 36 Le jeu des serpents et échelles Inde 2006 Peinture sur papier Donation Ratna Nidhi Charitable Trust, 2007 MAS (AE.2007.0016.0002)
Le texte et les images se réfèrent aux règles de conduite du Jaïnisme.
Serpents et échelles
les échelles. Les joueurs lancent à tour de rôle un dé et essaient d'atteindre la case du haut le plus rapidement possible. Toute personne qui croise une échelle est autorisée à grimper. À la tête d'un serpent, vous tombez à la queue. Dans la variante monastère, les échelles font référence aux bonnes actions, les serpents aux mauvaises actions. Le vainqueur vient béatement dans le monde du ciel.
Il s'agit d'un ancien jeu de fête. Un plateau de jeu avec une centaine de carrés montre les serpents et – KARMA ET RÉINCARNATION –
75
Le bouddhisme, le chemin menant au nirvana
Le bouddhisme doit son nom à un prince indien du nom de Siddhârta Gautama, que ses disciples appelleront plus tard Bouddha, c’est-à-dire l’« éveillé » ou l’« éclairé ». Ce prince, qui vivait au sixième siècle avant Jésus-Christ, se rebella contre le système des castes, l’idolâtrie et les pratiques sacrificielles de son époque. Il se mit en quête d’une façon d’échapper à la souffrance et du cycle des réincarnations. Au terme de très longues méditations, le Bouddha comprend que les principales causes de la souffrance sont la passion et le désir. Parce qu’accorder de l'importance aux choses matérielles conduit à la réincarnation, la voie du bouddhiste doit donc être celle du renoncement et une quête de la paix intérieure. C’est le moyen d’avoir une influence positive sur son karma, qui accompagne toute âme au fil de ses réincarnations. Une pratique correcte de la méditation et de la concentration permet d’atteindre l’éveil, l’illumination. Une fois que l’éveil est atteint, après la mort, le bouddhiste accède au nirvana, le néant infini d’où il échappe au cycle des réincarnations. Une fois qu’il a atteint le nirvana, le bouddhiste ne se réincarne donc plus. Le bouddhisme est la religion la plus répandue en Asie. Son influence sur l’art et la culture y fut et reste considérable.
Le Bouddha historique Siddhârta Gautama naquit en 566 avant Jésus-Christ. En tant que fils d’un roi du nord-est de l’Inde, il menait une existence princière. Une existence qu’il trouva rapidement vide de sens et d'intérêt. La légende raconte que quatre rencontres bouleversèrent son existence. Tout d’abord, celle d’un vieil homme, puis celles d’un mourant et d’un mort dont les souffrances le touchent profondément. Et enfin, une quatrième, celle d’un ascète. Après cette dernière, il quitta le palais et renonça au faste de son existence pour se consacrer au renoncement et à la méditation. Au terme de six années de pratique, il atteignit l’illumination soit le plus haut degré de conscience. Lorsqu'il mourut à l'âge de 80 ans, il accéda au nirvana. 76
– ASIE –
Le Bouddha est toujours représenté en position assise en méditation, couché ou debout. Il porte un habit de moine, a toujours une épaule à nu et présente certaines caractéristiques récurrentes : des lobes d’oreille allongés, une mèche de cheveux entre les yeux, de petites boucles et une ushnisa (protubérance crânienne). Chaque statue exécute un geste symbolique. Le plus connu d’entre eux étant l’Abhaya-Mudra, un geste rassurant signifiant « n’aie crainte ».
37 Bouddha Sâkyamuni
39 Le nirvana du Bouddha
Nagappattinam, Inde du Sud Période Vijayanagar, 14e siècle Bronze Achat de Marcel Nies, 2001 MAS (AE.2001.0001.0001.1-2/2)
Inde de l’Est Débuts de la période Pala, env. 800 Granit Donation des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1995 MAS (AE.1995.0002.0002)
Selon cette variante stylistique, la flamme remplace l’ushnisa (protubérance crânienne) symbolisant la connaissance suprahumaine du Bouddha.
Des disciples entourent le Bouddha mourant. Chose frappante, un des personnages tourne le dos au public.
38 Bouddha Sâkyamuni Inde de l’Est Période Pala, 11e-12e siècles Donation des Amis du Musée Ethnographique d’Anvers, 1994 MAS (AE.1994.0009)
À gauche et à droite de la tête du Bouddha figure un stûpa, monument funéraire et symbole du nirvana.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
77
Philosophie ou religion ?
On distinguera deux grands courants dans le bouddhisme : le Hinayana ou « petit véhicule » et le Mahayana ou « grand véhicule ». Les disciples du bouddhisme Hinayana considèrent le bouddha comme un guide. Ils suivent son exemple et aspirent à atteindre leur propre nirvana par l’étude et la méditation en tant qu’individu. Peu y parviennent. Les disciples du bouddhisme Mahayana considèrent le bouddha comme une divinité apparaissant régulièrement sur terre pour aider les êtres vivants. Par opposition aux disciples du bouddhisme Hinayana, ils souhaitent que l’humanité toute entière atteigne l'illumination et considèrent le bouddhisme comme une religion. Ils vénèrent plusieurs bouddhas et également des bodhisattvas, c'est-à-dire, des saints qui ont atteint l’illumination, mais refusent leur nirvana par compassion car ils veulent aider tous ceux qui ne l’ont pas encore atteinte à parcourir le chemin qui y conduit. Le plus connu est Avalokiteshvara, le compatissant. Les bodhisattvas sont représentés en habits princiers parés de bijoux. Les plus anciennes pièces viennent de Gandhara, l’actuel Pakistan. Alexandre Le Grand parcourut cette région, d’où les caractéristiques stylistiques grecques telles que les sandales et les habits drapés.
40 Bouddha Sakyamuni couronné Mandalay, Myanmar (Birmanie) Env. 1850 Bois, laque, feuilles d’or et verre Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1984 MAS (AE.1984.0013.0001)
Les flammes au niveau des bras matérialisent la connaissance spirituelle du Bouddha.
78
Un Bouddha paré de bijoux Ce Bouddha en méditation laqué or n’affiche pas la sobriété que la tradition lui voudrait. Il est, au contraire, paré de signes extérieurs de richesse, d’une couronne et de nombreux bijoux. Cette pratique est devenue très populaire au 18e siècle en Birmanie et en Thaïlande. Elle met l’accent sur les origines princières du Bouddha. Le Bouddha touche la terre d’une main. Ainsi se rappelle-t-il à elle, témoignant des mérites accumulés dans ses vies antérieures.
– ASIE –
41 Guan Yin
MAS (AE.1977.0026.1, 2, 3, 4, 5, 6, 11, 14, 29, 43, 45, 52)
Chine 14e siècle Polychromie sur bois Donation de M. Vanden Bosch, 1957 MAS (AE.1957.0011.0001)
1. La reine Maya rêve d'un éléphant blanc, soit le présage qu’elle va enfanter le Bouddha. 2. La naissance du prince Siddhârta Gautama, celui que l’on appellera Bouddha. 3. L’éducation du prince à qui l’on apprend à monter à cheval et tirer à l'arc. 4. Le prince rencontre un vieil homme, un mourant, un mort et un ascète. 5. Le prince Gautama quitte le palais à la recherche de la vérité. Dans la forêt, il atteint l’illumination. 6. Le bouddha se trouve au milieu. A sa gauche figure un livre avec ses enseignements ; à droite un mandala. 7. Le temps fort de la méditation: de l’extrémité des doigts du méditant sortent des faisceaux de lumière, lesquels forment une pleine lune blanche, symbole de la vacuité. Le vide où tout prend forme. 8. Le méditant est entouré de cercles dorés sur lesquels figurent des mantras. La force de ces formules évince les sources de déconcentration survenant lors de la méditation. 9. Du cœur du méditant jaillit un faisceau lumineux dans lequel apparaît le Vairocana quadricéphale. 10. De la région précordiale du méditant se dégage une lumière blanche chargée des symboles. Le faisceau lumineux multicolore représente Vairocana. 11. Dans les faisceaux lumineux au-dessus de la tête du méditant apparaissent les cinq bouddhas célestes. 12. Le méditant a atteint l’illumination, le stade le plus élevé de la conscience, c’est-à-dire, la vacuité – le vide et en même temps la source et la finalité de toute chose.
Le Guan Yin est une forme chinoise populaire du bodhisattva Avalokiteshvara, le compatissant.
42 Bodhisattva Maitreya, le bouddha futur Gandhara, Afghanistan-Pakistan 100-300 avant av. J.-C. Ardoise Achat de Marcel Nies, 2002 MAS (AE.2002.0009.0001)
Dans le futur, le bouddha Maitreya reviendra enseigner la doctrine oubliée au monde.
43 Bodhisattva Maitreya, le bouddha futur Anuradhapura, Sri Lanka 600-800 Bronze, traces de dorure Achat de Marcel Nies, 2004 MAS (AE.2004.0002.0001)
Ce petit chef-d’œuvre a été trouvé à Bornéo, la preuve que l’on exportait déjà de l’art bouddhiste vers le sud-est de l’Asie au 7e siècle.
44 Une série de peintures du mandala de Sarvavid Vairocan Wanximiao, Jehol (Rehe), Chine Deuxième moitié du 18e siècle Gouache sur papier Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1977
– KARMA ET RÉINCARNATION –
79
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Aide à la méditation Ces miniatures proviennent d’une série de 54. Ensemble, elles constituent un fil conducteur lors de la méditation sur un mandala, la représentation du cosmos dans laquelle le bouddha céleste Vairocana occupe une place centrale. Les illustrations montrent ce que celui qui médite développe en pensée. Il se concentre tout d’abord sur la vie du Bouddha, apaise l’agitation de son esprit troublé par les pensées et parvient à la tranquillité. Ensuite, il visualise étape par étape les différentes facettes du divin. En atteignant des niveaux de conscience supérieurs, il finit par unifier sa conscience avec celle de Vairocana. Un processus de méditation est rarement illustré, pour ainsi dire jamais. Ce qui rend cette série résolument exceptionnelle, littéralement. Le missionnaire de Scheut flamand Rafaël Verbois la rapporta de Mongolie orientale en 1923.
80
– ASIE –
Le Bouddhisme au Japon
45 Kannon Bosatsu
Les neuf contemplations sur l’impureté du corps
Japon 16e-17e siècles Bois et peinture d’or Achat de Georges Giroux, 1917 MAS (AE.4822)
La première peinture représente une femme en habit de fête, puis la dissolution de son corps mort. En fin de compte, il ne reste plus rien. Le message est : le corps n'est qu'une coquille temporaire, seul l'esprit reste et renaît sous une nouvelle forme. Avec les versets chinois, ces illustrations soutenaient la méditation des moines qui voulaient dissiper leurs désirs terrestres.
Cette figure princière est assise sur un trône de lotus, le signe qu’il s’agit d’un dieu. Il tient un rouleau d’écritures dans sa main gauche.
Accompagnateur d'enfants décédés Le Kannon Bosatsu est la version japonaise de l’Avalokiteshvara, le bodhisattva de la compassion. Depuis le 16e siècle, on le rencontre notamment sous la forme de Jizô, une divinité très populaire au Japon. Il est tout particulièrement sollicité par les femmes enceintes et les voyageurs, qui lui demandent sa protection. Jizô est également l’accompagnateur des âmes des enfants morts en couches: il les aide à trouver le chemin du royaume des morts et à trouver une meilleure forme de réincarnation.
Ce chef-d'œuvre est l'un des plus anciens du genre. Il manque la septième figure.
46 Neuf méditations sur de l'impureté du corps Kinugasa Morishige, Japon 1670-1680 Papier Legs de Max Elskamp MAS (AE.4552.1-20/20)
Traduction du chinois par Charles Willemen. – KARMA ET RÉINCARNATION –
81
Première contemplation
et bleue. Soudain du sang purulent coule. Il fait pourrir ses intestines.
« Sa couleur habituelle avait pâli pendant sa maladie et son corps odorant, comme s’il s’était endormi, a l’air de quelqu’un qui vient de mourir. Les proches et les amis de jadis sont restés et sont encore ici, mais où son âme s’est-elle envolée le soir?
Le monde est changeant et apparaît est disparaît comme le soleil. Le corps est impur. Cela devient évident en cet instant. D’ici parents et amis ont disparu dans le néant. Les rafales sifflantes du vent et la brise fraîche semblent réclamer des vêtements. »
Récemment décédée
On voit des fleurs qui tout à coup se fanent au troisième mois du printemps. La feuille d’une vie tombe facilement à un moment en automne. L’âge avancé et la jeunesse n’ont au fond pas de frontières précises. Il est difficile d’échapper, rapidement ou lentement, à ce qui vient après ou avant. »
Deuxième contemplation Le ventre enflé
« Le nom de celle qui vient de mourir et qui a le ventre enflé est difficile à donner. Il n’apparaît qu’après sept jours. Son visage rose devient livide et perd sa beauté. D’abord tombent ses cheveux noirs qui se nouent aux racines de l’herbe. Ses six intestines pourrissent dans ce qui reste du cercueil, et ses quatre membres, enflés et droits, sont couchés sur la plaine ouverte. Le silence règne sur la plaine ouverte. Personne ne l’accompagne. Seule, elle suit le chemin qui mène à l’empire des morts. C’est là que se trouve son âme. »
Troisième contemplation Souillée de sang
« Ses os brisés et sa chair déchirée, elle séjourne sur le Mang du Nord. Son apparence s’est inconcevablement modifiée. Sa peau pourrie s’en est allée en lambeaux et a pris une couleur pourpre 82
Quatrième contemplation En désarroi
« Même lavé par les eaux de la mer, comment pourrait-ce être pur, lorsqu’on considère son désarroi? Des vers blancs fourmillent ténébreusement dans son corps. Comme les mouches bourdonnantes pullullent sur sa chair! Le vent porte la puanteur à deux ou trois lieues à la ronde et la lune éclaire son cadavre nu pendant quatre à cinq veillées. Que les os nouveaux et anciens sont tristes auprès des broussailles! Au fil des années on ne connaît (plus) leurs noms. »
Cinquième contemplation Dévorée
« Il n’y a que peu de gens sur la grande pleine. Qu’y a-t-il? On ne peut chasser les bêtes sauvages qui se battent pour son cadavre. Le matin on voit la forme du ventre enflé et pourrissant. Le soir on entend le hurlement des tigres et des loups qui le dévorent. Des chiens affamés aboyant et ravagent la terre remblayée. Des oiseaux avides se rassemblent après avoir quitté les bois de leurs villages. Les grand espoirs de la vie présente sont un rêve parmi les rêves. Ne devrait-on pas en avoir honte? »
– ASIE –
Sixième contemplation Bleu-noirâtre
« Quelle tristesse règne auprès des vieilles tombes entassées! Toute couleur a disparu, mais les articulations sont encore jointes. Quand l’année est jeune, les restes de la chair se trouvent sur l’herbe printanière. Comme la peau qui reste est bleu-noirâtre dans le vent du soir! Aux endroits délavés pas les pluies incessantes de l’automne, les os sont peu à peu mis à nu. Quand enfin le soleil du matin luira, il percera les crânes. Ces éléments en font des choses sauvages. Hélas! Elles se sont abîmées dans les Sources Jaunes pour plusieurs kalpas (éons). »
Septième contemplation
Les os blancs encore joints (la peinture est manquante) « Avant qu’un fondement ne se désagrège, il est fort pourri, mais quand les cinq membres sont opposés les un aux autres, ils ruinent ce corps. Une cruche à vin, vide et cassée, se trouve encore à côté de l’oreiller, et ses vêtements usé, à peine rangés tombent en poussière. Jadis elle fut une femme au visage rose qui s’était rendue à la cour impériale. Maintenant elle est une personne aux os blancs sur la plaine ouverte. Pendant que les nuages et la pluie cachent la lune au-dessus de la plaine, on veille toute la nuit en pleurant auprès de l’esprit de son cadavre. »
abandonnés de-ci de-là, on ne les trouve qu’avec difficulté, même en les cherchant. Les ongles et les cheveux, qui s’en sont détachés, remplissent la grande plaine, et le crâne pourrit au bout d’un écueil. Ils pourrissent des années durant les soirs orageux, quand des nuages menacent à l’ouest. Par temps de tempête, quand il fait sombre à l’est, ils s’anéantissent partout. Tout à coup ils deviennent de la terre sur la plaine de la Porte du Dragon. On ne sait plus à qui, infâme ou honoré, le cercueil appartenait jadis. »
Neuvième contemplation Les vieilles tombes
« De par nature, les cinq agrégats peuvent tous être vides, pendant leur décadence et à leur fin, toute sa vie on aime cette personne. Restant auprès du tumulus. L’âme mystérieuse vole dans le clair de lune nocturne, et après avoir quitté le cadavre, l’âme ignorante murmure dans le vent d’automne. Le nom reste, sans forme, au bord des collines couvertes de pins. Les os se réduisent en cendre dans le marais herbeux. Les inscriptions sur les stèles sont effacées et vagues. Auprès des tombes des anciens des larmes rougissent (les yeux). »
Huitième contemplation Les os éparpillés
« Quoique ses os soient solitaires et éparpillés, ils sont finalement liés par les herbes rampantes. Eparpillés et – KARMA ET RÉINCARNATION –
83
Le bouddhisme au Tibet
Le bouddhisme tibétain reconnaît un nombre considérable de dieux et démons. Il recourt aussi largement à l’usage d'objets rituels et de dévotion. Les maîtres spirituels jouent, quant à eux, un rôle fondamental. Ils initient les moines et leur apprennent à réciter les mantras, à pratiquer le yoga et à mettre en pratique les techniques de méditation. Ce qui leur permet d’atteindre rapidement l’illumination et le nirvâna. Il faudra à peu près mille ans après la mort du bouddha pour que le bouddhisme Mahayana indien parvienne jusqu’au Tibet, une forme de bouddhisme profondément influencée par l'hindouisme et ses nombreux dieux, et aussi le tantrisme, ésotérique par essence. Au Tibet, le Mahayana subissait, en plus, les influences de la croyance populaire et de la religion Bön teintée de chamanisme. D’où la complexité du bouddhisme tibétain. Jusqu'à son incorporation par la Chine en 1959, le Tibet était une théocratie : le Dalaï Lama y régnait en tant que leader laïc et religieux. Il est considéré comme une apparence terrestre du bodhisattva Avalokiteshvara, le dieu de la compassion.
47 Stûpa votif Tibet, Chine 19e siècle Bronze et feuilles d’or Achat de Victor Servranckx, 1962 MAS (AE.1962.0021)
Le stûpa Le stûpa est un monument funéraire. Il symbolise le nirvana de Bouddha. Jadis, les restes calcinés
84
de personnes incinérées importantes étaient conservés dans un tumulus. L’axe qui parcourt l’hémisphère de part en part est surmonté d’ombrelles. Cette forme symbolise la structure de l’univers, avec en son centre, l’axis mundi ou axe du monde. L’architecture des pagodes, des temples bouddhistes en Extrême-Orient, est souvent dérivée de celle du stûpa.
– ASIE –
48 Palden Lhamo Tibet, Chine 18e siècle Bronze Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0043)
La déesse hindoue Kâlî, que l’on connaît dans le bouddhisme comme dharmapala, gardien de la doctrine.
51 Yamantaka, le triomphateur de Yama, le démon de la mort Tibet, Chine 19e siècle Bronze Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0025.1-10/10)
49 Naro dakini, divinité protectrice et personnification de la sagesse Chine Période Yongle, 1403-1424 Bronze doré Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0001)
La seule version connue de ce dakini fabriquée dans les ateliers impériaux Yongle. Les Dakinis sont des médiatrices.
50 Bouddha kapala Chine Période Xuande, 1426-1435 Bronze doré Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0030)
Plusieurs des bronzes visibles au MAS, dont celui-ci, confinent au sommet des techniques de l’art du bronze sino-tibétain à partir de la période Ming (15e siècle).
– KARMA ET RÉINCARNATION –
85
Le bijou dans le lotus
Le bouddhisme tibétain utilise intensément des formules et des diagrammes magiques, c’est-à-dire des mantras et des yantras. Lors des rituels, des gestuelles et objets symboliques permettent d’atteindre rapidement l’éveil. Le mantra le plus connu est « Om mani padme hum », « le bijou dans le lotus ». On le voit écrit partout et les Tibétains le récitent en permanence. Ainsi espèrent-ils un meilleur karma et une meilleure réincarnation. L’art tibétain sert le plus souvent de support à la méditation pour la méditation lors de laquelle les moines sont amenés à pénétrer dans l’essence des divinités. Ce qui leur permet de comprendre tant la nature du monde que la leur. Les peintures sur rouleau et les statues en bronze montrent un univers divin étendu. Les créatures divines sont perceptibles à trois niveaux. Le plus haut d’entre eux est inaccessible et symbolisé par l’Adi Bouddha, le Bouddha primitif. Le second est uniquement perceptible par le truchement de la méditation: on y trouve cinq royaumes célestes habités par les Dhyâni-Bouddhas ou « bouddhas de méditation » et les bodhisattvas. Le troisième monde est la terre, où les bouddhas revêtent une apparence humaine, comme ce fut le cas du Bouddha historique. 52 Namasangiti Thangka
ment pour leur transport. Ce sont des aides à la méditation.
Tashilumpo, Tibet, Chine 1780 Peinture sur toile avec encadrement en brocart Achat de Vloors-Bruynseels, 1953 MAS (AE.1953.0005.0016)
Namasamgiti-Mañjuśrī est le bodhisattva de la sagesse. Il est la pierre angulaire entre les cinq bouddhas célestes, des bouddhas uniquement perceptibles par la méditation. En dessous, nous apercevons les trois bouddhas sous leur aspect humain: le bouddha du passé, le bouddha du présent et le bouddha du futur. Autour d’eux, seize bodhisattvas ou bouddhas célestes. En bas, les trois dharmapalas, les gardiens de la doctrine.
Les Thangkas sont le plus souvent en coton avec un encadrement en brocart. Un petit rideau de soie enroulable protège l’image sainte.
Les Thangkas Les Thangkas ornent les murs du temple mais ils s’enroulent facile86
– ASIE –
53 Avalokiteshvara Mahakarunika, le grand compatissant Tibet, Chine 18e siècle Bronze Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0024.1-6/6)
55 Sitatara, la Tara blanche Tibet, Chine 18e siècle Bronze Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0032.1-2/2)
Fort de ses onze têtes, ce bodhisattva rayonne sa compassion tous azimuts.
Ce bodhisattva de la compassion féminin comporte sept yeux au niveau de la tête, des paumes de main et de la plante de pieds.
54 Mahakala, le grand noir
56 Syamatara, la Tara verte
Tibet, Chine 18e siècle Bronze doré Achat Galerie 43, 1966 MAS (AE.1966.0029.1-3/3)
Tibet, Chine Deuxième moitié du 18e siècle Bronze Legs de Jean-Pierre Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0019)
Le dieu hindou Shiva, que l’on connaît dans le bouddhisme comme dharmapala, gardien de la doctrine.
Les taras, des bodhisattvas féminins, habitent dans un royaume céleste et sont toujours disposés à aider les hommes.
Bronze magistral
57 Tour du Bardo
Les statues en bronze souvent dorées à la gloire des dieux tibétains sont une aide à la méditation. Elles protègent et enlèvent la crainte de la mort. Avec leurs nombreux bras et jambes, calottes et boîtes crâniennes, elles sont en même temps terrifiantes. Elles piétinent les corps symbolisant l’ignorance, la source de tous les maux. Les dieux auxiliaires, souvent en position d’accouplement, résolvent toutes les contradictions et font voir au croyant l’unité de toute chose.
Népal 19e siècle Peinture sur toile Achat de Grimbers, 1973 MAS (AE.1973.0023.0001 à 0003 inclus)
Une représentation des visions perçues lors des quatre premières semaines suivant la mort.
Le Bardo: un intermède entre la mort et la réincarnation Selon le Bardo Thödöl, le ‘livre des morts’ tibétain, l’esprit entreprend un voyage de sept semaines entre la mort et la réincarnation. Une période de transition que l’on appelle Bardo. Pour rassurer le mourant, le moine lit la description de ce voyage.
– KARMA ET RÉINCARNATION –
87
Les quatre premiers jours, le défunt entend encore, mais ne peut plus agir. Ensuite, pendant les 14 jours suivants, il rencontrera 58 dieux monstrueux et 42 dieux pacifiques. Les 31 jours suivants, il apercevra une lumière blanche et le monde dans lequel il se réincarnera.
58 Tour du Bardo Népal 19e siècle Peinture sur toile Donation de Pia Van der Wee, 1974 MAS (AE.1974.0044.0001 et 0002)
Ce thangka ou peinture sur rouleau montre l’évolution d’un embryon humain, depuis la conception jusqu’à la naissance. Ce support est encore utilisé de nos jours pour l’enseignement de la médecine traditionnelle tibétaine. Cet exemplaire est récent, mais le contenu y figurant date du 17e siècle. Le développement du corps et de l’âme du fœtus dure 38 semaines. A chaque stade est associé un animal: le poisson, la tortue (reptilien), le porc (mammifère).
Les visions que l’on a lors des trois dernières semaines avant la réincarnation.
60 Sceptre-diamant ou foudre (vajra)
Tours et visions Cette représentation du Bardo est unique en raison de sa structure tridimensionnelle. Les deux tours constituent des mandalas - des représentations du cosmos - dotés de portes orientées vers les quatre aires de vent. Les illustrations montrent les visions que le défunt perçoit au cours de la période de transition.
59 Thangka d’embryologie Tibet, Chine 20e siècle Peinture sur toile et poudre de bronze Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 1995 MAS (AE.1995.0010.0003)
À gauche en haut, le Bouddha de médecine explique les livres médicaux.
88
L’embryon : savoir ancien, points de vue modernes
Tibet, Chine 1920-1928 Cuivre Donation de M. Verbois, 1977 MAS (AE.1977.0027.0016)
Instruments rituels Les principaux instruments rituels du bouddhisme tibétain sont la cloche et le vajra (sceptre-diamant). Les moines l’utilisent, les dieux l’ont pour attribut. La cloche ronde (ghanta) représente le principe féminin, le son pur de la doctrine, la sagesse, le but. Elle accompagne le vajra, le principe masculin immuable symbolisant la voie en même temps que le moyen. Ensemble, ils conduisent à l’éveil et l’illumination: la voie et le but forment un tout.
– ASIE –
61 Clochette (ghanta) Tibet, Chine 19e siècle Cuivre Donation de M. Vanden Bosch, 1957 MAS (AE.1957.0015.0014)
62 Dague rituelle (phurbu) Tibet, Chine 20e siècle Cuivre Donation de M. Vanden Bosch, 1956 MAS (AE.1955.0044.0004)
Le phurbu pétrifie les démons, les ennemis de la foi.
63 Couronne de Lama Tibet, Chine Premier moitié du 19e siècle Carton, pigment, coton Donation Lieve Verleye-De Meester, 1993 MAS (AE.1993.0017.0013)
Couronne de Lama Au cours des offices importants, les prêtres tibétains portent une couronne à cinq feuilles. Sur chacune d’entre elles figure un des cinq Bouddhas célestes. Ceux-ci procèdent d’un seul bouddha primordial et représentent des princes en méditation. À chacun d’entre eux sont assignés un nom, une couleur, une aire de vent et un symbole. De gauche à droite: Ratnasambhava (jaune, sud, terre), Akshobhya (bleu, est, eau), Vairocana (blanc, centre, éther), Amitabha (rouge, ouest, feu) et Amoghasiddhi (vert, nord, air).
64 Thangka illustrant la Roue de la Vie bouddhique Tibet, Chine 19e siècle Peinture sur toile Donation de P.A. de Weerdt, 1976 MAS (AE.1976.0009.0004)
La roue de la vie On voit souvent une représentation du cycle des réincarnations suspendue dans les temples tibétains. Cette roue est tenue par Yama, le dieu de la mort. Au centre, un porc, un serpent et un coq représentent la cupidité, de la haine et de l’ignorance, des vices qui conduisent à la réincarnation. Entre les rais se dessinent les six royaumes dans lesquels la réincarnation est possible, savoir celui des dieux, des demi-dieux, des esprits affamés, des créatures infernales, des animaux, et enfin, celui des hommes. Au bord figurent les douze facteurs engendrant les interminables réincarnations.
65 Crâne-patère rituel Tibet, Chine 19e siècle Calotte crânienne, cuivre, laiton et turquoise Achat de J. Scheins, 1960 MAS (AE.1960.0013.0001.1-3/3)
Un crâne comme bol de sacrifice Au Tibet, le corps est sans valeur s’il ne contient pas l’esprit. D’où l’« inhumation en plein air », lors de laquelle on débite le corps avant de le déposer en altitude dans la montagne, pour qu’il serve de nourriture aux
– KARMA ET RÉINCARNATION –
89
vautours. Les crânes dépouillés de leur chair servent de patères rituelles et de tambours, les tibias et les fémurs, de flûtes. Dans les cérémonies spéciales, les prêtres portent de superbes tabliers ornés d’ossements humains. Ces pratiques et objets contiennent en soi le symbole du passé et de la mort en tant qu’opportunité de mener une nouvelle et meilleure vie spirituelle.
66 Tambour en forme de diabolo (Damaru)
Tibet, Chine 19e siècle Bois, argent, cuivre et pierre Donation de M. Vanden Bosch, 1957 MAS (AE.1957.0004.0009)
La rotation du moulin permet de démultiplier le nombre de prières: quelques instants passés à les actionner remplacent des centaines de prières.
70 Rouleaux de prières
Tibet, Chine 19e siècle Calotte crânienne et peau de chèvre Achat de J. Scheins, 1960 MAS (AE.1960.0013.0002)
Tibet, Chine 19e siècle Papier Donation de G. Bellemans, 1959 MAS (AE.1959.0034)
67 Tablier d’ossements et bracelets Tibet, Chine 19e siècle Ossements et textile Achat de M.L.J. Lemaire, 1965 MAS (AE.1965.0021.1-3/3, AE.1998.0530)
Des divinités bouddhiques ont été gravées sur le tablier d’ossements. Conjointement avec le porteur du tablier, elles constituent un mandala.
68 Chapelet tibétain Tibet, Chine 19e siècle Ossement et fil de coton Donation de P.A. de Weerdt MAS (AE.1976.0009.0013)
Le cordon compte 108 perles, le nombre du tout. Répéter 108 fois donne aux mots ou aux formules leur plus grand pouvoir. 90
69 Moulin à prières
71 Drapeau de prières Tibet, Chine 19e siècle Textile Donation C. Troch, 1973 MAS (AE.1973.0016.0006)
Des prières au gré du vent Le moulin à prières s’actionne dans le sens de la cloche en de nombreuses occasions: tout en marchant, lors d’une visite au temple ou d’un pèlerinage, etc. Le cylindre contient des rouleaux imprimés ou gravés de mantras. En tournant, le mantra est récité et monte dans les airs. Chaque fois que le rouleau a effectué une rotation complète, toutes les prières ont, en quelque sorte, été récitées. On voit également partout des drapeaux de prières sur lesquels sont
– ASIE –
imprimés un mantra ou un 'cheval de vœu' ou des 'chevaux de vent', lesquels emmènent les prières aux dieux.
72 Reliquaire Tibet, Chine 19e siècle Cuivre doré et argile Donation J.P. Esman, 2002 MAS (AE.2002.0002.0046)
Ce moulage votif en argile (tsa-tsa) se porte en guise d’amulette protectrice (gau).
73 Tambour à manche et baguette Tibet, Chine 20e siècle Bois, fer et cuir Aankoop J. Schijns, 1960 MAS (AE.1960.0020.0002.1-2/2)
74 Cymbales Tibet, Chine 20e siècle Laiton Achat de M.R. Aryal, 1980 MAS (AE.1980.0027.0001.1-2/2)
75 Masque et costume de la danse du Cham Mongolie 20e siècle Textile et papier mâché Donation des Amis du Musée Ethnographique d'Anvers, 2000 MAS (AE.2002.0599 à 0606 inclus)
Danse Cham Les moines tibétains et mongols dansent le Cham dans ce costume de masque. À l'origine, il s'agissait d'un rituel chamanique qui chassait les mauvais esprits et faisait appel aux esprits protecteurs. Plus tard, la danse a également symbolisé la victoire du bouddhisme sur la religion Bön locale. Maintenant, c'est un rituel de purification pendant la fête du Nouvel An. Le masque à tête de taureau est le dieu de la mort Yama Dharmaraja, qui décide où se réincarnent les morts. Son troisième œil est celui de la conscience intérieure.
76 Trompettes télescopiques Tibet, Chine 20e siècle Cuivre Antérieurement dans le Musée Vleeshuis, Anvers MAS (AE.1962.0022.0001 et 0002)
Films: • La création et la destruction d’un mandala de sable. Une exercice sur la fugacité. Les moines Tibetains du cloître Ganden Shartse Sockpa Khangsten, Inde. Eeklo, 25-29 octobre 2010 • Interprétation de la danse Cham à Tibet Lama Karta et les moines Tibetains du cloître Sonada, Inde. Knokke, 23 août 2008
– KARMA ET RÉINCARNATION –
91
77 Bouddha Shakyamuni selon le modèle des statues de temple en style Sukhothai (XIVe siècle) Thaïlande 2000-2012 Bronze
Cette image représente un moment important dans la vie de Bouddha. Il est assis en position de méditation avec les deux mains sur ses genoux, mais laisse sa main droite glisser vers l'avant pour toucher la terre. Ainsi, il appelle la terre comme témoin de sa victoire sur Mara. Ce démon a essayé de faire sortir Bouddha de sa concentration. Bouddha reste imperturbable et atteint l'illumination, la plus haute forme de conscience.
92
Cette attitude est appelée bhumisparsha (toucher la terre). Les caractéristiques corporelles les plus importantes du Bouddha historique sont : de longs lobes d'oreilles, de petites boucles, une élévation du crâne, trois petits plis dans le cou, une robe de moine bien ajustée qui laisse l'épaule droite exposée. La flamme stylisée sur sa couronne et l'extrémité du vêtement sur l'épaule gauche sont typiques des statues thaïlandaises.
Regardez ou touchez l'image et asseyez-vous dans la même position. Fermez les yeux. Pouvez-vous énumérer les caractéristiques du corps de Bouddha ?
– ASIE –
– KARMA ET RÉINCARNATION –
93
RELIGIONS DU LIVRE
94
94
JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM - SUR LA VIE ET LA MORT Judaïsme, christianisme et islam sont des religions du Livre. Dans la Torah, la Bible et le Coran, Dieu se manifeste à l'homme. Les commandements de Dieu déterminent ce qu'est une vie bonne ou juste et les rites funéraires assurent le passage vers la vie éternelle après la mort. La résurrection de tous les morts aura lieu à la fin des temps. Dieu les jugera alors aux actes qu'ils ont accomplis pendant leur vie. Si le jugement est favorable, ils seront admis dans Son harmonie pour l'éternité. C'est le paradis. Sinon ils en seront exclus, c’est l'enfer. La façon dont les croyants ont représenté et représentent encore tout cela varie beaucoup d'une religion à l'autre et dépend des nombreux courants religieux, de l'époque et de l'interprétation personnelle. Un croyant s'en fera une image concrète. Tandis que, pour un autre, cela dépasse l'imagination. Les objets et les rites présentés ici datent de plusieurs siècles. Certains ont aujourd'hui une signification plus spirituelle que littérale. Jérusalem, la ville sainte pour les trois religions, occupe une place centrale : en raison des événements saints qui s'y sont produits et des édifices qui les évoquent. La Jérusalem céleste symbolise l'espoir d'une vie éternelle.
95
La vie : faire le bien
« Gagner sa place au paradis » : cette expression indique que de belles choses nous attendent après notre existence humaine éphémère. Et que cela se mérite. Les juifs, les chrétiens et les musulmans se fient à un Dieu unique qui leur prescrit ce qui est bon et juste. L'obéissance aux lois de Dieu sera récompensée par la vie éternelle au paradis. Aller à l'encontre de la volonté de Dieu est un péché. Adam et Ève qui ont désobéi à Dieu représentent le péché originel de l'homme. Abraham prêt à sacrifier son fils à la demande de Dieu symbolise l'obéissance mais également la confiance en Dieu. L'homme a rassemblé les lois de Dieu dans des aperçus pratiques. Les juifs suivent 613 mitswot ou lois. Les plus célèbres sont les Dix Commandements ou les Tables de la Loi que Moïse a reçus de Dieu, YHWH. Les chrétiens les suivent également, ainsi que les sept œuvres de miséricorde et les sacrements. Les musulmans s'en tiennent aux cinq piliers, des actions rituelles importantes qui soutiennent les lois saintes d'Allah.
Suivez - dans le sens des aiguilles d’une montre la 1ère terrasse de la présentation: 'la vie' dans le judaïsme, le christianisme et l'islam
Jérusalem La vie éternelle La mort : passage La vie
96
– RELIGIONS DU LIVRE –
|
|
DIEU EN TANT QUE LUMIÈRE ÉTERNELLE
LIVRE SAINT, PAROLE DE DIEU
Dieu est éternel et omniprésent. Il est difficile, voire impossible, d'appréhender ou de visualiser le spirituel et le non-matériel. Chaque religion ou chaque courant au sein d'une même religion le fait différemment. Les juifs, les chrétiens et les musulmans représentent tous la présence divine intangible sous forme de lumière. Cette lumière n'est pas seulement lumière, elle l'apporte aussi en chassant les ténèbres. Au sens propre comme au figuré. La lumière divine est présente dans les synagogues, les églises et les mosquées : devant l'Arche contenant les rouleaux de la Torah, devant le tabernacle renfermant les hosties consacrées, près de la niche de prière (mihrab) et ailleurs dans la mosquée. Voyez les objets:
La Torah, la Bible et le Coran sont des livres sacrés : c'est la version écrite de ce que Dieu en personne a révélé à l'homme. C'est ce que les juifs, les chrétiens et les musulmans croient et ce qui organise leur vie. Leur livre saint offre un cadre, contient des commandements et guide leur vie. Aujourd'hui, il est également lu en version numérique et sur applis. De nombreuses histoires emblématiques de la culture occidentale, mais aussi d'innombrables expressions dans notre langue proviennent de la Bible : Adam et Ève, le sacrifice d'Abraham, Moïse dans le désert, un paradis sur terre… Elles illustrent l'impact et l'influence de ce livre sacré sur notre vie quotidienne et sur la pensée. Même pour les noncroyants.
|1 | 20 | 41
Voyez les objets:
| 2, 3, 4 | 24, 27 | 42, 44
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
97
|1 Lampe - ner tamid: lumière éternelle Pays-Bas ou Belgique, 1906 Cuivre tourné, coulé et battu Inscription : « En souvenir à ma chère mère / albert soesman / avril 1906 » Joods Historisch Museum (Musée de l'histoire juive), Amsterdam (M009995)
La ner tamid est accrochée dans la synagogue devant l'Arche contenant les rouleaux de la Torah. Elle renvoie au saint chandelier (menorah) qui se trouvait à Jérusalem dans le Temple, mais surtout à la présence éternelle de Dieu. Lisez plus p. 97
|2 La Sainte Parole de Dieu : la Torah avec les livres de la Genèse (Bereshit), de l'Exode (Shemot), du Lévitique (Wayikra), des Nombres (Bemidbar) et du Deutéronome (Devarim)
(hébreu/néerlandais) Amsterdam, 2007 Édition de la communauté israélite néerlandaise : le Pentateuque avec Haftarot Prêt de la communauté juive Shomre Hadas, Anvers
Torah signifie « instruction » ou « loi ». Avec le livre des Prophètes (Neviim) et le livre des Psaumes et des Proverbes (Ketoubim), elle forme le Tanakh. Elle résume les commandements formant le fondement de la législation religieuse (halakha) et de la vie, auxquels les juifs doivent se soumettre. En plus du Tanakh, les juifs s'appuient sur le Talmud qui comprend des commentaires, des explications ou des interprétations du Tanakh. Lisez plus p. 97 La Torah est ouverte tour à tour aux chapitres suivants : 98
• Genèse 3 : le péché d'Adam et Ève et leur expulsion du paradis • Genèse 22 : le sacrifice d'Isaac par Abraham • Exode 20-21 : Moïse recevant les Dix Commandements sur le mont Sinaï
|3 Manteau de Torah
XXe siècle Papier, bois, textile, métal argenté MAS (MAS.0258)
Le rouleau de la Torah - écrit à la main sur du parchemin - est fixé sur deux morceaux de bois ou « arbres de la vie » (eitz chaim) : tout ce qu'ils contiennent concerne la vie même. La Torah, enroulée, est rangée dans un manteau en velours et conservée dans l'Arche sainte dans la synagogue. Pour la lecture, le rouleau est posé sur un lutrin surélevé. Lisez plus p. 97
|4
Des croyant juifs parlent de l'importance de la Torah
La parole à: Jacob Friedrich, Hermine Milgram-Weinreb Anvers, 2014/2018 MAS (MAS.0184.001, MAS.0184.016)
Lisez plus p. 97
|5 Adam et Ève et l'Arbre de la connaissance du bien et du mal Anvers, 2018 (d’après l’oreiller original du Joods Historisch Museum Amsterdam, Alsace, XVIIIe siècle, M000998) Coton
A droite et à gauche de l'arbre se trouve le nom ( אדםAdam) et ( וחוהEve). Lisez plus p. 102
– RELIGIONS DU LIVRE –
|6 Le sacrifice d'Isaac par Abraham
1700 Pierre taillée Joods Historisch Museum (Musée de l'histoire juive), Amsterdam (M000634)
Le deuxième jour du nouvel an juif (Roch Hachana), on lit l'histoire d'Abraham et de son fils Isaac. Après l'intervention de Dieu, Abraham sacrifie un bélier au lieu de son fils. L'inscription en hébreu signifie : la ligature d'Isaac. Lisez plus p. 102
|7 Corne de bélier (chofar) XXIe siècle Corne MAS (MAS.0254)
On souffle dans le chofar lors des fêtes importantes comme le nouvel an juif, lorsque Dieu juge le monde. Ou bien lors de la semaine qui suit le jour du Grand Pardon (Yom Kippour), lorsque l'on se repentit et que tous les péchés sont absous. La corne de bélier fait référence au bélier sacrifié à la place d'Isaac. Lisez plus p. 102
|8 Moïse présentant les Dix Commandements Marc Chagall France, 1966 Lithographie sur papier (en alternance avec une reproduction, pour des raisons de conservation) MAS 0140.001
Sur le mont Sinaï, Moïse a reçu de Dieu (YHWH, je suis celui qui suis) les Dix Commandements, gravés sur deux tablettes en pierre. Lisez plus p. 109 Le chandelier (menorah) sur la lithographie renvoie à l'obligation de respecter le jour de repos hebdomadaire (shabbat). Il est devenu le principal symbole du judaïsme. Les Dix Commandements (ou Paroles, ou Lois) traduit de la Torah, Exode 20 1. Je suis le Seigneur, ton Dieu. 2. Tu n'auras pas d'autres dieux que moi. 3. Tu n'invoqueras pas le nom de l'Eternel en vain. 4. Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. 5. Tu honoreras ton père et ta mère. 6. Tu ne tueras pas. 7. Tu ne commettras pas l'adultère. 8. Tu ne voleras pas. 9. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. 10. Tu ne convoiteras rien.
|9 Carte postale représentant le mont Sinaï
XXe siècle MAS (AE.1998.1825.D)
Lisez plus p. 109
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
99
La vie telle qu'elle est : 248 commandements + 365 interdits = 613 règles (mitswot) En plus des Dix Commandements, la Torah comporte de nombreuses prescriptions permettant de mener une vie juste et pieuse. Celles-ci portent sur presque tout : la nourriture kasher, le port de vêtements de prière appropriés, le nombre et les heures des prières, la fixation de fragments de la Torah aux linteaux des portes, le respect du shabbat, la célébration des fêtes comme Pessa'h, le fait de souffler dans une corne de bélier, la prononciation des implorations…
| 10 Plat de Pessa'h rappelant l'esclavage et la fuite d'Égypte
Anvers, 2010 Métal et bois MAS (MAS.0038.001)
Pessa'h : « L’an prochain à Jérusalem ! ». Pessa'h est la plus importante fête juive. Elle rappelle l'exode hors d'Égypte par les Hébreux, sous la conduite de Moïse, et la traversée vers le pays de Canaan, la Terre promise. Le premier soir de la fête, lors du séder, le plat de Pessa'h est rempli d'aliments symboliques : Des herbes amers = esclavage en Égypte Des légumes = printemps De la pomme, des noix, du vin rouge et de la cannelle = le mortier que les esclaves employaient sur les chantiers de construction en Égypte Le pain azyme, « matsa » = la fuite précipitée hors d'Égypte Un petit gigot rôti = le sang de l'agneau répandu sur les linteaux de porte Un œuf dur = nouveau départ 100
La soirée du séder se conclut toujours par ces mots : « L'an prochain à Jérusalem ! » Cette imploration fait référence au temps où les juifs se rendaient en pèlerinage au temple de Jérusalem. Depuis sa destruction en 70 apr. J.-C., ce n'est plus possible. Ce vœu montre combien la nostalgie du temple et de Jérusalem est forte.
| 11 Verre à kiddouch représentant le Mur occidental 2000 env. Métal Prêt de Diane Keyser
Lors de l'ouverture du shabbat ou d'une fête, on récite une prière, une imploration (kiddouch) au-dessus d'une coupe ou d'un verre de vin. Cet exemplaire représentant le Mur occidental perpétue le souvenir de Jérusalem.
| 12 Tsedaka ou la charité juive : boîte de dons pour l'aumône (kupa ou pushke) Anvers, début du XXe siècle Cuivre Prêt de la communauté juive de rite séfarade, Anvers
Lisez plus p. 109
| 13 Boîtiers métalliques pour parchemins à fixer aux montants des portes (mezouza) XXe siècle Métal Prêt d'Aaron Malinksy
Les mezouzas contiennent deux textes de la Torah et sont fixés aux montants des portes. Ils sont ornés
– RELIGIONS DU LIVRE –
d'une lettre du mot Chadach, le ToutPuissant, le gardien des portes d'Israël. Jérusalem est représentée sur l'une des mezouzas.
| 14 Manteau de prière (talit) XXe siècle MAS (MAS.0043.002)
| 15 Franges de prière (tsitsith) XXIe siècle Textile MAS (MAS.0043.005)
Les franges de prière comptent cinq nœuds auxquels pendent huit fils. Si l'on ajoute la valeur numérique du mort tsitsith (600), on obtient 613. Elles rappellent donc aux croyants les 613 règles de vie (mitswot).
| 16 Phylactères (tefillin) XXe siècle Cuir noir verni, coton, parchemin MAS (MAS.0043.001)
Les brides et les boîtes contenant des textes de la Torah sont fixées au front et au bras gauche lors de la prière du matin. Elles évoquent les prescriptions de la Torah.
| 17 Calotte (kippa)
XXe siècle MAS (MAS.0043.003)
On se couvre la tête par respect pour Dieu.
| 18 - AU MUR Voile devant l'Arche (parochet) Sont montrés en alternance : * Voile blanc représentant les Tables de la Loi et les colonnes du Temple Anvers, ca. 1900 Velours/coton brodé de fil d'or Avec texte de don : « Des frères Diamant d'Anvers en souvenir des victimes de la Shoah » Prêt de la communauté juive Shomre Hadas, Anvers * Voile bordeaux représentant l'Arche de l'Alliance portable Anvers, 1893 Velours brodé de fil d'or Le texte signifie: 'Don des dames de la hevra kaddisha, 1893' Prêt de la communauté juive Shomre Hadas, Anvers
L'Arche de l'Alliance (aron habrit) était l'objet le plus saint du judaïsme : un coffre portable contenant les deux tables en pierre sur lesquelles étaient gravés les Dix Commandements, symbolisant l'alliance de Dieu et de l'homme. Par la suite, l'Arche jouissait d'une place centrale dans le premier Temple de Jérusalem jusqu'à sa destruction. Un voile protégeait l'Arche. En souvenir, dans les synagogues, un voile en velours est accroché devant l'Arche (aron hakodesh ou pièce sacrée), la niche où sont gardés les rouleaux de la Torah. Il est souvent magnifiquement décoré avec des symboles faisant référence au Temple disparu et à son Arche de l’Alliance.
| 19 Un jeune juif parlant de sa vision sur la vie et la mort Anvers, 2018
La parole à : David Grunfeld – JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
101
|
|
LE BIEN ET LE MAL, LES OBÉISSANTS ET LES DÉSOBÉISSANTS Deux histoires emblématiques de la Torah, de la Bible et du Coran illustrent le dilemme de l'homme : le choix difficile entre le bien et le mal. Ou la décision d'obéir ou non à la volonté de Dieu.
en opposition à Adam et Ève (en hébreu : Chavah, en arabe : Hawa): l'être non obéissant, le péché (la chute), le mal
Le sacrifice d'Abraham : l'être obéissant, le bien
L'histoire d'Adam et Ève (leurs L'histoire dramatique d'Abraham/ noms signifient « être humain » et Ibrahim qui est prêt à sacrifier son « (celle qui donne la) vie ») symbo- fils Isaac/Ismaël à la demande de lise l'idée du péché : l'être humain Dieu constitue la preuve ultime de qui désobéit à Dieu. Dans le para- son obéissance et de sa soumisdis sur terre, ils mangent le fruit sion à Dieu et de sa confiance en de l'Arbre de la connaissance du lui. Dieu fait montre d'une infinie bien et du mal, en dépit de l'inter- bonté. Par l'intermédiaire de l'ange diction que Dieu leur a faite. Leur Gabriel/Djibril, il arrête la main désobéissance marque le premier d'Abraham juste à temps. péché de l'histoire et devient le pé- Les juifs, les chrétiens et les musulché originel de l'homme, qui cède mans considèrent Abraham comme sans cesse aux interdits. Cela est leur ancêtre. C'est pourquoi ces resymbolisé par le serpent. ligions sont également dites abraLe pécheur est chassé du paradis hamiques. sur terre. Voyez les objets:
102
| 5, 6, 7 | 28, 29, 30 | 45, 46
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 20 Lampe de Dieu : lumière éternelle Belgique, XIXe siècle Argent MAS (AV.1916.002.028)
La lampe de dévotion qui brûle éternellement est accrochée dans l'église devant le tabernacle. C'est en effet dans cette niche fermée que sont rangées les hosties consacrées ou bénies ; ce morceau de pain est, selon les chrétiens, le corps du Christ. S'il n'y a pas d'hosties dans le tabernacle, la lampe n'est pas allumée. Lisez plus p. 97
| 21 Fragment de retable représentant la Sainte Trinité Pays-Bas septentrionaux, 1545-1555 Bois de chêne MAS (AV.5617.1-3)
Un des points centraux de la foi chrétienne est la croyance en un seul Dieu. Celui-ci se compose de trois personnes divines : le Père toutpuissant, le Fils et le Saint-Esprit. Ce dernier est représenté par une colombe. Il éclaire et conforte le croyant au cours de sa vie.
| 22 La colombe symbolisant le Saint-Esprit Probablement Anvers, XVIIe-XVIIIe siècle Bois, peinture MAS (AV.2008.001.042)
| 23 L'œil divin : Dieu me voit, Ici on ne jure pas XIXe - XXe siècles Impression bois sur papier MAS (AF.01029)
La trinité divine – Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit – est représentée ici, sur cette gravure de dévotion catholique, sous la forme d'une instance stricte qui surveille toujours et en tout lieu ce que les gens font et disent. Dans l'iconographie catholique, Dieu le Père est souvent représenté sous forme humaine : un vieil homme barbu. Dans la tradition juive, protestante et musulmane, on le représente beaucoup moins, voire pas du tout.
| 24 La Sainte Parole de Dieu : la bible chrétienne Rotterdam/Anvers, 2004 La nouvelle traduction de la Bible (Fondation et communauté néerlandaises et flamandes pour la Bible) Anvers, Hoger Instituut voor Godsdienstwetenschappen (Institut supérieur des sciences religieuses) (TPC: LZ 117/132b)
Le mot bible vient du terme grec qui désigne les « livres ». La Bible chrétienne comprend deux parties : • L'Ancien Testament repose sur l'Ancienne Alliance entre Dieu et l'homme : Moïse reçoit les Dix Commandements de Dieu, après l’accord préalable conclu entre Dieu et Abraham. Cette partie est commune aux chrétiens et aux juifs. C'est la raison pour laquelle on l'appelle également « La Bible hébraïque ou juive ».
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
103
• Le Nouveau Testament traite de la Nouvelle Alliance entre Dieu et l'homme : l'homme est absous de son péché originel par la crucifixion de Jésus. La description de la vie de Jésus y occupe une place centrale : c'est la bonne nouvelle ou l'évangile, écrit par Matthieu, Marc, Luc et Jean. Lisez plus p. 97 La bible chrétienne est ouverte tour à tour aux chapitres suivants :
ce que nous devons savoir et faire pour assurer le salut ». Cela prenait la forme de questions-réponses à des fins éducatives : le catéchisme malinois. Aujourd'hui, les écoles suivent des programmes qui accompagnent les enfants dans leur développement religieux et philosophique.
| 27
Des croyants chrétiens parlent de l'importance de la Bible
• Genèse 3 : la chute d'Adam et Ève et leur expulsion du paradis • Genèse 22 : le sacrifice d'Isaac par Abraham • Rois 3 : l'Arche et le Temple à Jérusalem • Jean 19 : la crucifixion de Jésus
La parole à: Ilse Dupont et Johan Visser Anvers, 2014/2018 MAS (MAS.0184.005, MAS.0184.008)
| 25 Lutrin pour la Bible
| 28 Adam et Ève, le serpent et le fruit défendu
Pays-Bas (Belgique ou Pays-Bas), XVIIe siècle Bronze MAS (AV.1816)
Allemagne, deuxième moitié du XVIe siècle Plaque de poêle en fer MAS (AV.2260)
Par respect pour Dieu, la Bible est toujours posée en hauteur lors de la lecture pendant les cérémonies religieuses.
Pour le christianisme, la désobéissance d'Adam et Ève constitue le péché originel : le péché enraciné dans l'homme. La crucifixion de Jésus délivre ou libère l'homme des conséquences de ce péché (la chute) : la punition éternelle et l'expulsion du paradis. C'est le sacrifice de Jésus qui permet à l'homme d'espérer retrouver le paradis céleste.
| 26 Catéchisme scolaire malinois (version néerlandophone) Bruges, 1952 Anvers, Hoger Instituut voor Godsdienstwetenschappen (Institut supérieur des sciences religieuses)
Lisez plus p. 97
Lisez plus p. 102
Jusqu'à il y a cinquante ans, l'enseignement religieux mettait l'accent sur la connaissance du dogme catholique « parce qu'il nous enseigne
104
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 29 Notre-Dame et l'enfant sur un globe terrestre : Marie piétine le mal Anvers, XVIIIe siècle Terre cuite, argent, peinture MAS (AV.5544)
Parmi tous les saints chrétiens, Marie est la plus importante – surtout pour les catholiques et les orthodoxes. Elle montre aux humains comment vivre dans le bien. En tant que mère de Dieu, elle intercède entre Dieu et l'homme. Marie est née libérée du péché originel : elle piétine le mal, symbolisé par le serpent qui a tenté Adam et Ève au paradis terrestre et les a amenés à pécher. Marie est l'opposée d'Ève. Lisez plus p. 102
| 30 Le sacrifice d'Isaac par Abraham Belgique, XVIIe siècle Relief en buis MAS (AV.0903) - don de G.H. Key-Adriaenssens
Lisez plus p. 102
| 31 Christ sur la croix Europe, XIXe siècle Bois, os MAS (VM.2004.0689.001)
La croix sur laquelle Jésus est mort est devenue le symbole du christianisme. Elle est représentée avec ou sans le Christ et existe sous de nombreuses formes, selon le courant chrétien et l'accent que l'on souhaite placer : croix latine, grecque, de Jérusalem…
| 32 Christ sur la pierre froide Belgique, XVIe siècle Élément de retable en bois de poirier, peinture, fer MAS (AF.04315)
Le Christ souffrant se repose, pendant son Calvaire au Mont Golgotha. Souffrances de Jésus et crucifixion : la rédemption La passion de Jésus ou le récit de ses souffrances et sa mort se déroulent à Jérusalem. Après la Dernière Cène avec ses apôtres, il prie sur le Mont des Oliviers où son apôtre Judas le trahit. Le Christ est supplicié et crucifié sur le Mont Golgotha. La crucifixion de Jésus délivre l'homme des conséquences du péché (la chute): l'expulsion à jamais du paradis. C'est le sacrifice de Jésus qui permet à l'homme d'espérer retrouver le paradis céleste. Sa résurrection est la victoire ultime sur la mort. C'est cela qui est commémoré chaque année à Pâques, la plus grande fête chrétienne.
| 33 - AU MUR Retable d'Averbode : la déploration de Jésus Sculpteur : Jacob van Cothem, peintre inconnu Anvers, 1514 Chêne, peinture à l'huile MAS (AV.0887)
Ce retable est un chef-d'œuvre de l'art flamand. Il représente la crucifixion du Christ, sa déploration et sa résurrection. Le sacrifice de Jésus délivre l'humanité des conséquences du péché originel et noue une nouvelle alliance entre Dieu et les croyants.
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
105
| 34 Moïse recevant les Dix Commandements
| 35 Les sept œuvres de miséricorde
Rotterdam, XVIIIe siècle Terre cuite MAS (AV.7834.03-17)
Moïse reçoit de Dieu les Dix Commandements, comme cela est décrit dans la Bible. Ce récit a été représenté maintes fois, comme sur ce carreau de mur. Les Dix Commandements ont également été versifiés afin de mieux les retenir. Lisez plus p. 109 Les Dix Commandements : la version chrétienne catholique 1. Un seul Dieu tu adoreras. 2. Son saint nom tu respecteras. 3. Le jour du Seigneur garderas.
Joseph-Ernest Buschmann XIXe siècle Impression bois sur papier MAS (MFA.1956.116.1580 ou MFA.1956.116.1581)
Cette impression de masse bon marché montre sous forme de bande dessinée les « œuvres de miséricorde » que le Christ impose aux croyants pour faire du bien. Les protestants les appellent les « œuvres de gratitude » : on les accomplit parce qu'elles sont « bonnes », par gratitude pour tout ce que l'on a. Lisez plus p. 109 Aider fois 7 … le chiffre 7 n'est pas le fruit du hasard : il symbolise la complétude
6. La pureté observeras.
Pour les chrétiens, aider son prochain - l'aide aux indigents - permet de mener une vie juste. Ceci permet également une place au paradis. Jésus lui-même l’a enseigné:
7. Le bien d'autrui tu ne prendras.
1. Donner à manger aux affamés
8. La médisance tu banniras.
2. Donner à boire à ceux qui ont soif
9. En pensées et désirs, veilleras à rester pur entièrement.
3. Accueillir les étrangers
4. Tes père et mère honoreras. 5. Meurtre et scandale éviteras.
10. Bien d'autrui ne convoiteras.
4. Vêtir ceux qui sont nus 5. Rendre visite aux malades
Les Dix Commandements : la version chrétienne protestante
6. Rendre visite aux prisonniers
Les protestants suivent les commandements juifs (p. 99) et y ajoutent un commandement : « Tu ne feras aucune image ».
Et depuis 2016, il existe une 8e œuvre : la sauvegarde de la création.
106
7. Enterrer les morts
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 36 Miséricorde : jetons pour les pauvres et donnant droit à un pain, de la tourbe, du saindoux, un enterrement, de l'argent Anvers, XVIe et XVIIe siècles Cuivre, laiton ou plomb MAS I Collection Vleeshuis MAS (numéros d'inventaire multiples p. ex. AF.04756)
Ces jetons étaient distribués, par exemple lors de l'enterrement d'un bienfaiteur. Les pauvres pouvaient acheter du pain ou d’autres bien avec. Le bienfaiteur obtenait en échange des remerciements et des prières, comme l'indique une inscription : ‘Bidt voor de zielen’ (Priez pour les âmes). Lisez plus p. 109
| 37 Robe de baptême Belgique, 1900 env. Exposées en alternance : 1. coton, dentelle, plastique 2. coton, dentelle, nacre MAS (VM.2009.101.044 / VM.1991.059.001)
Les sacrements sont des gestes rituels saints qui amènent le croyant plus près de Dieu. Les catholiques en ont sept (le baptême, la confirmation, l’eucharistie, la réconciliation, l’onction des malades, le mariage, l’ordination), les protestants deux : le baptême et la sainte Cène. Le baptême purifie le croyant du péché originel et des éventuels autres péchés. À notre époque, cela signifie surtout d'être accueilli dans la communauté religieuse. Pour l'occasion, le bébé porte un beau costume ou une belle robe.
| 38 Boîte à hosties à transporter ou pyxide (catholique) Europe, 1400-1425 Cuivre MAS (AV.1779)
L'eucharistie (littéralement « offrande », mais aussi « action de grâce ») est, avec le baptême le sacrement le plus important. Les croyants commémorent et reproduisent la crucifixion du Christ, qui a commencé par la Dernière Cène. Pour les catholiques le vin sanctifié par le prêtre devient le sang du Christ, et l'hostie consacrée devient son corps brisé. Cette hostie est conservée dans un contenant spécial appelé ciboire. Ce type de boîte à hosties servait lors des déplacements, par exemple pour la visite des malades à domicile. C'est ce que l'on peut voir, par exemple, dans la présentation multimédia sur la Confrérie du Jugement de de Quatorze Jours: voyez | 63
| 39 Ensemble pour célébrer la sainte Cène (protestant) : deux gobelets, deux assiettes Début du XXe siècle, étain Prêt de l'église protestante d'Anvers-Sud De Wijngaard cruche Strasbourg, début du XXe siècle, étain MAS (AV.1951.004.056) - don de A. Nottebohm
En célébrant ensemble la sainte Cène, les protestants commémorent le dernier repas et le sacrifice de Jésus. Le pain rompu est distribué sur un plat et le vin est bu aux gobelets.
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
107
| 40 Un croyant chrétien parlant de sa vision sur la vie et la mort Anvers, 2018
La parole à : Eline Vandendriessche
108
– RELIGIONS DU LIVRE –
| DIX COMMANDEMENTS, DIX RÈGLES F ONDAMENTALES Les Dix Commandements réunissent les règles auxquelles l'homme doit se conformer selon les trois religions du Livre. Ils ont une forte valeur symbolique, même pour les non-croyants. Sujets de nombreuses illustrations, aussi bien dans l'art que dans la culture populaire, ils ont façonné la pensée. À l'origine, il s'agissait des règles de vie transmises par Dieu à son peuple, par le truchement de Moïse sur le mont Sinaï. Elles étaient gravées dans deux tablettes de pierre. Elles se rapportent à Dieu, à la relation entre Dieu et l'homme, à la relation entre les hommes et à l’être intérieur. Alors qu'ils étaient, à l'origine, une convention entre Dieu et le peuple juif, les Dix Commandements ont été repris et adaptés par les chrétiens et les musulmans. Voyez les objets:
| 8, 9 | 34 | p. 111
| AIDER SON PROCHAIN La « sécurité sociale » qui permet à l'État de venir en aide aux nécessiteux est une évidence dans notre société belge. C'est une solidarité neutre, indépendante de la charité religieuse. Mais elle trouve ses racines dans cette vertu, dans cette charité. Pour les trois religions du Livre, l'aide aux indigents est une valeur importante : la tsedaka pour les juifs, les œuvres de miséricorde ou de gratitude pour les chrétiens et la zakat pour les musulmans. L'aumône est également utile à celui qui la donne, car il « gagne sa place au paradis ». Il s’agit de faire de bonnes œuvres ou de les financer : proposer des repas ou des colis alimentaires, accueillir des réfugiés et des sansabri, collecter de vieux vêtements, assurer les soins aux malades ou des soins palliatifs, rendre visite aux prisonniers, participer à des enterrements ou des deuils… Voyez les objets:
| 12, 59 | 35, 36 | 50, 51
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
109
| 41 Lanterne : lumière éternelle Arabie saoudite, XIXe siècle Fer-blanc Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), Pays-Bas (RV-1973-17) Dans la mosquée, les lampes renvoient à Dieu, comme décrit dans le verset de la Lumière (sourate 24:35) : « Dieu est la lumière des cieux et de la terre. Sa lumière est semblable à une niche dans laquelle se trouve une lampe. La lampe est placée dans un cristal. Le cristal est pareil à un astre brillant qu'allume un arbre béni un olivier qui n'est ni d'orient ni d'occident Dont l'huile pourrait presque éclairer sans que le feu ne la touche. Lumière sur lumière. »
Les musulmans utilisent également les traditions (hadith) pour guider leur existence. Un hadith rassemble les actes et les paroles du prophète, mais aussi des interprétations ou des explications des textes du Coran. Lisez plus p. 97 Le Coran est tour à tour ouvert sur les chapitres suivants : • Sourate 53 (Les étoiles/al-Najm), versets 7-18 : voyage dans les cieux du prophète Mahomet • Sourate 2 (La vache/al-Baqara), versets 35-38 : Adam et Ève au paradis • Sourate 37 (Les rangées/al-Sâffât), versets 101-111 : le sacrifice d'Ismaël par Ibrahim • Sourate 36 (Les lettres arabes/ Yasin), versets 78-79 : le jour de la résurrection
Lisez plus p. 97
| 43 Support ou pupitre (kursi) pour la lecture du Coran
| 42 La Sainte Parole de Dieu : Le Noble Coran
Origine et datation inconnues Bois MAS (AE.2008.0007.0004)
(arabe/néerlandais) La Haye, 2000 Une édition du centre culturel islamique des Pays-Bas Prêt d'Iqbal Qureshi
Par respect pour Dieu et pour le Coran, le livre est toujours posé en hauteur lors de la lecture
Le Coran (al Qoer'a- n) – qui signifie en arabe « livre », « récitation », « élocution » – est le texte sacré des musulmans. Il contient la révélation de Dieu (Allah) que reçoit le prophète Mahomet de l'archange Djibril (Gabriel) à partir de 610 env. Le Coran compte 114 sourates ou chapitres contenant des instructions pour les croyants ainsi que des récits. 110
| 44 Des croyants musulmans parlent de l'importance du Coran La parole à: Omar Nahas, Sevda Karaaslan et Ahmed Azzouz Anvers, 2014/2018 MAS (MAS.0184.012, MAS.0184.011, MAS.0184.010)
Lisez plus p. 97
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 45 Adam et Ève au paradis XXe siècle Gravure sur papier (en alternance avec une reproduction, pour des raisons de conservation) MAS (AE.1973.0030.0013)
Lisez plus p. 102
| 46 L'ange Djibril (Gabriel) empêche le sacrifice d'Ismaël par Ibrahim (Abraham) XXe siècle Gravure sur papier (en alternance avec une reproduction, pour des raisons de conservation) MAS (AE.1973.0030.0014)
Lisez plus p. 102 Les cinq piliers de l'islam La foi d'un musulman repose sur cinq piliers, des gestes rituels qui traduisent sa foi : 1. la profession ou l'attestation de foi (chahada) 2. les prières rituelles (salat) 3. l'aumône aux nécessiteux (zakat) 4. le jeûne du mois de ramadan (saoum) 5. le pèlerinage à La Mecque (hadj) Un musulman qui respecte ces obligations est obéissant envers Dieu et pacifique. Le mot « islam » signifie aussi bien « soumission » que « paix ». Ces piliers sont des règles très importantes. Le Coran compte encore bien d'autres commandements et interdictions qui déterminent fortement la vie quotidienne du musulman.
Quelques commandements et interdits du Coran : sourate 6 (les bestiaux) versets 151-152 1. N'associez rien à Dieu. 2. Soyez bienfaisants envers vos parents. 3. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. 4. N'approchez pas des turpitudes, aussi bien extérieurement qu'intérieurement. 5. Ne tuez personne (sauf pour vous défendre). 6. Ne vous approchez des biens de l'orphelin que de la plus belle des manières, jusqu'à ce qu'il ait atteint sa majorité. 7. Donnez la juste mesure et le bon poids en toute justice. 8. Quand vous parlez, soyez équitables, même s'il s'agit d'un proche parent. 9. Remplissez votre engagement envers Dieu. Lisez plus p. 109
| 47 Les cinq piliers : l'attestation de foi (chahada) Carreaux portant l'inscription : Allah (Dieu) et Muhammed (Mahomet) 2002 env. Terre cuite émaillée Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), Pays-Bas (TM-6121-1 et 2)
L'attestation de foi islamique est la suivante : « Il n'y a pas Allah de divinité en dehors de Dieu et Mahomet est son messager. » La calligraphie des noms arabes d'Allah et du prophète sont des formes d'art et d'ornement populaires.
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
111
| 48 - AU MUR Les cinq piliers : les prières rituelles (salat) Rideau pour le mihrab
| 50 Les cinq piliers : La purification par l'aumône (zakat) Boîte de dons pour l'aumône
Turquie, 1900 env. Soie, coton, papier et fil de cuivre MAS (AE.1986.0009)
Anvers, 1990 env. Métal, cuir Prêt de l'asbl Hizmet, Anvers
Les musulmans doivent prier (la salat) cinq fois par jour : ils peuvent le faire individuellement ou en groupe, dans un lieu adéquat ou à la mosquée. La prière commune le vendredi et lors des fêtes a également lieu à la mosquée.
Dans ce coffret, les fidèles donnent une contribution financière pour aider les indigents. Cet « impôt social », qui correspond chaque année à 2,5 % des possessions personnelles, a pour but de se purifier de l'avidité et de partager ce que l'on possède avec ceux qui n'ont rien. En échange, le donateur reçoit une bénédiction.
Ce rideau orne le mihrab, une niche construite dans le mur de la mosquée indiquant la direction de la prière (qibla) pour la salat et considérée par certains comme la porte du paradis. À l'origine, on priait en direction de Jérusalem, puis en direction de la Kaaba à La Mecque.
| 49 - AU MUR Les cinq piliers : les prières rituelles (salat) Horloge de prière Pakistan/Anvers, fin du XXe siècle Métal, bois, verre MAS (MAS.0247) - don de la mosquée pakistanaise Noor-Ul-Haram, Anvers
Un Anversois d'origine pakistanaise a fait don de cette horloge à la mosquée. C'est ce qu'indique l'inscription en ourdou et en arabe. L'horloge donne, en plus de l'heure actuelle, l'heure des cinq prières quotidiennes obligatoires et celle de la prière du vendredi. Les heures de prière varient selon la situa tion du soleil par rapport à la Terre.
112
Lisez plus p. 109
| 51 Les cinq piliers : La purification par l'aumône (zakat) Boîte de dons pour l'aumône avec inscription en turc : « Grâce à votre fitre et votre zakat, vous pouvez également faire voler un papillon », en référence à la sourate 2, verset 177 Allemagne/Anvers, 2017 Papier MAS (MAS.0249) - don de l'asbl Hizmet, Anvers
Lisez plus p. 109
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 52 Les cinq piliers : le jeûne (saoum) Trompe (nafir) pour la rupture du jeûne Maroc, avant 1965 Laiton (cuivre jaune) Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), Pays-Bas (TM-3533-57a, b, c)
La rupture du jeûne par la consommation d'un repas (al-iftar) après la tombée de la nuit est un moment particulier. Dans certaines régions, ce moment est marqué par le son de la trompe.
| 53 Les cinq piliers : le jeûne (saoum) Lampe de ramadan 2018 MAS (MAS.0250)
Les lanternes servent à décorer les demeures et les rues pendant le ramadan. Elles sont devenues un symbole du mois de jeûne et contribuent à la convivialité du repas après le coucher du soleil. Elles contenaient auparavant des bougies sous verre, aujourd’hui elles fonctionnent sur pile et sont fabriquées en plastique.
La Kaaba, construite sur l’ordre d’Allah par Ibrahim et Ismaël, est un reliquaire saint en forme de cube. Pour les musulmans, c'est le centre religieux. Les fidèles du monde entier prient en direction de la Kaaba. Ceux qui en ont la possibilité doivent entreprendre le pèlerinage à La Mecque en Arabie saoudite. Cette image montre Bouraq au-dessus de la Kaaba.
| 55 Les cinq piliers : le pèlerinage à La Mecque (hadj) Souvenir du pèlerinage à La Mecque : porte-clés représentant la Kaaba La Mecque, 2011 Plastique, métal, eau MAS (MAS.0154.002)
| 56 Un jeune musulman parlant de sa vision sur la vie et la mort Anvers, 2018 La parole à : Mohamed Amin Chaib
| 54 Les cinq piliers : le pèlerinage à La Mecque (hadj) La Kaaba à La Mecque XXe siècle Papier MAS (AE.1973.0030.0006 )
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
113
La mort : passage vers la vie éternelle
L'approche de la mort est l'ultime moment où les croyants passent leur vie en revue pour en sortir purs et demander le pardon de leurs fautes à Dieu et à leurs prochains. Le soin du défunt est une purification spirituelle et corporelle : elle prépare l'âme pour l'au-delà, le corps pour l'enterrement. L'enterrement et le repos éternel sont essentiels, surtout pour les juifs et les musulmans. À la fin des temps et au moment de la résurrection, tous les morts seront en effet ramenés à la vie. Dieu jugera alors définitivement les hommes aux actes qu'ils ont accomplis pendant leur vie. La fin de vie et l'enterrement s'accompagnent de rituels. Leur exécution varie fortement selon la religion, l'époque et le lieu. Pour les uns, il s'agit de règles strictes garantissant un passage approprié vers l'au-delà. Pour les autres, le bien-être des parents proches est la première préoccupation. Les rituels témoignent en tout cas du respect pour le défunt. Ils accompagnent du mieux possible la transition vers l'inconnu et le divin et réconfortent les proches.
Suivez - dans le sens des aiguilles d’une montre la 2ème terrasse de la présentation: 'la mort: passage' dans le judaïsme, le christianisme et l'islam
Jérusalem La vie éternelle La mort : passage La vie
114
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 57 Les rites funéraires des juifs - La hevra kaddisha de Prague en images, 1800 env. Musée juif de Prague (012.843) - La hevra kaddisha d'Anvers en images : Cérémonie au cimetière de la communauté anversoise de Shomre Hadas dans le village néerlandais de Putte, 27 février 2018. Images : MAS - Isi Mantel (Machsike Hadas, Anvers) sur les rites funéraires juifs Anvers, 2018
L'adieu se fait rapidement, selon les rites imposés par la Torah. La hevra kaddisha ou ‘assemblée sainte’, composée de bénévoles respectés dans une communauté juive, organise tout. 1. Le mourant prononce si possible la profession de foi. Le défunt est recouvert. 2. Toilette rituelle ou purification à l'eau : par des hommes pour les hommes, par des femmes pour les femmes. 3. Linceul simple et blanc. Le défunt est mis en bière, éventuellement avec de la terre provenant de Jérusalem. Le rabbin dit une prière ; seuls les proches et les amis sont présents. 4. L'inhumation suit le plus rapidement possible, en présence de la communauté : • rassemblement dans la communauté et autour du corbillard, quête ; • inhumation à le cimetière juif, également appelé « Maison des vivants » (Beit chayim) ou « Maison de l'éternité » (Beit olam). La loi belge ne prévoyant pas de concessions éternelles, la plupart des juifs choisit de se faire inhumer à Putte (les Pays-Bas), ou parfois en Israël, où le repos éternel est garanti.
5. Discours de deuil près du cercueil. Prononciation de la prière (kaddish). Mise en terre. Les proches jettent de la terre, déchirent éventuellement leurs vêtements (kria) en signe de deuil et se lavent les mains. 6. Période de deuil à la maison pendant sept jours (chivah) : la famille reçoit les parents et les amis. 7. Commémoration annuelle le jour du décès, ainsi que le Jour du Grand Pardon ou Yom Kippour : boîtes de dons, lampes à huile et autres objets rappellent le défunt.
| 58 Linceul (kittel) : tunique, partie supé rieure, cordon en lin et couvre-tête Belgique, 1950-1980 Lin, coton Musée juif de Belgique, Bruxelles (16496, 14900, 14963, 14901)
Après la toilette rituelle (élimination des péchés) et la purification du corps - le rituel s'appelle la tahara - le défunt est enveloppé dans un linceul blanc : tout le monde est égal dans la mort.
| 59 Boîte de dons (kupa ou pushke) : une aumône pour les funérailles Hevra kaddisha de la communauté juive anversoise de Shomre Hadas, Anvers/ Hongrie, 1900 env. Musée juif de Belgique, Bruxelles (03234)
Les recettes de la quête à l'aide de la boîte de dons lors des obsèques servent à payer les frais des obsèques dans le cas d'une personne indigente, mais aussi pour d'autres besoins au sein de la communauté juive.
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
115
| 60 Lumières en souvenir d'un défunt Anvers, 2018 Fer-blanc MAS
A chaque anniversaire de deuil on allume une veilleuse pendant 24 heures.
| 61 Pierre tombale juive France, 1792 Pierre calcaire Musée juif de Belgique, Bruxelles (17265)
L'inscription dit : "Simon, fils de Jacob Juda, mort le 4 février 1792 à Boulay". L'inscription sur le dos "Puisse son âme être liée dans le faisceau des vivants". indique le souhait que le défunt continue à vivre dans le souvenir. Les visiteurs posent des cailloux sur les tombes – debout pour les juifs ashkénazes, à plat pour les juifs séfarades – en signe de respect.
| 62 Terre sainte du mont Sion, Jérusalem Israël, XXe siècle Terre, encre, lin, plomb, ficelle Joods Historisch Museum (Musée de l'histoire juive), Amsterdam (M009868)
Ce sachet est posé sous la tête d'un défunt. Il renvoie au lien avec Jérusalem. Il n'est pas inhabituel que des juifs belges soient enterrés en Israël.
| 63 Les rites funéraires des chrétiens (catholiques) - Une sélection d'illustrations du Livre d'or de la Congrégation anversoise du Jugement de Quatorze Jours qui administrait l'hostie aux malades et aux mourants, 1674-1960, Eglise Saint-Paul, Anvers - Enterrement à l'Eglise Saint Frédégand, Deurne-Anvers, 17 août 2018. Images: MAS - Chant: 'In paradisum'
Les rituels lors des obsèques catholiques sont axés sur l'au-delà : l'absolution des péchés, la recommandation du défunt auprès de Dieu. De nos jours, le réconfort des proches occupe une place toujours plus importante. Les enterrements comme les crémations sont possibles. Le prêtre accompagne l'un ou l'autre, la communauté religieuse se rassemble à l'église. 1. Le mourant reçoit du prêtre l'Extrême-Onction et une hostie : aujourd'hui, l'accent est surtout mis sur le réconfort et l'appui divin au malade et au mourant. Cet aspect est également traduit dans le nouveau nom de ces dernier sacrements: l’onction des malades. 2. Le corps du défunt est lavé, habillé et exposé dans une chambre de deuil. La famille et les amis rendent un dernier hommage, généralement dans un centre funéraire de nos jours. 3. Après quatre à sept jours, le corps est mis en bière avant les obsèques à l'église. La liturgie de la résurrection renvoie à la victoire sur la mort et à la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts : • la communauté salue la proche famille et assiste à la cérémonie ;
116
– RELIGIONS DU LIVRE –
• des prières parlées et chantées implorent le pardon et la miséricorde de Dieu. On revient sur la vie et la personnalité du défunt ; • le cercueil/l'urne est aspergé(e) d'eau bénie et d'encens. Le chant In paradisum peut conclure la cérémonie. 4. Cortège vers le cimetière, à pied ou en voiture. Les dernières prières sont exprimées. 5. Le cercueil est ensuite mis en terre. En cas de crémation – qui est réalisée avant ou après les obsèques –, les cendres sont enterrées dans une urne ou dispersées. 6. La famille et les amis se rassemblent pour un repas modeste pour aider les proches à porter leur peine. 7. Commémoration annuelle du défunt : individuellement à la date du décès, collectivement pour tous les défunts les 1er et 2 novembre (Toussaint et Jour des Morts).
| 64 Assiette décorée représentant les derniers sacrements ou l'extrêmeonction Assiette faisant partie d'une série de sept représentant les sacrements Flandre, XIXe siècle Poterie émaillée MAS (MFA. 1964.076.1055.6-7)
au malade ou au mourant de sentir la présence réconfortante de Dieu.
| 65 Encensoir en forme de bâtiment gothique XVe siècle Laiton MAS (AV.1795)
Les obsèques se clôturent par un dernier hommage : on asperge le cercueil d'eau bénie et d'encens. L'encens entraîne avec lui vers Dieu les dernières prières pour le défunt.
| 66 Pierre tombale du couple Vryen-Torfs Anvers, 1690 Pierre de taille MAS (AV.1931.010.001)
Jusqu'à il y a quelques décennies, les corps des défunts étaient enterrés, selon la tradition chrétienne. Aujourd'hui, de plus en plus de chrétiens optent pour une crémation. Les cendres peuvent être enterrées, mais sont également dispersées. L'inscription en bas de la pierre – « Bidt voor de sielen (Priez pour les âmes) » – illustre la conviction que les prières peuvent aider les âmes à aller au ciel.
Le mourant reçoit une hostie et l'onction des malades (unctio infirmorum) : ce sont les symboles du voyage vers la vie éternelle et de la communion avec le Christ. Il confesse également ses péchés, ce que l'on appelait autrefois le « jugement ». Aujourd'hui, l'accent est mis sur le sacrement des malades : il permet
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
117
| 67 Les rites funéraires des musulmans - Fragments du documentaire Een moslimbegrafenis, Saïd El Kaouakibi/ MTRO - Enterrement à Schoonselhof, 25 septembre 2018. En collaboration avec Janaza Uitvaartzorg (Janaza Assistance), Berchem
Dieu décide de tout, même du lieu et de l'heure de la mort. Les rites et les lois islamiques, prescrits par le prophète Mahomet, aident à confier l'âme la plus pure possible à Dieu. Les eaux rituelles y contribuent. La présence de la communauté représente un soutien. Cela est récompensé dans l'au-delà. 1. Afin de pouvoir avoir accès au paradis, le mourant et ceux qui l'entourent prononcent l'attestation de foi (chahadah). Les personnes présentes formulent des prières. 2. Après le décès, la phrase « En vérité, c'est à Allah que nous appartenons et c'est vers lui que nous retournons » est prononcée. Suit ensuite la toilette rituelle à l'eau parfumée : par des hommes pour les hommes, par des femmes pour les femmes. Le corps est enveloppé dans un linceul de coton blanc et posé en bière. Cela se fait parfois à domicile, généralement dans un centre funéraire. 3. L'imam dirige la prière mortuaire (salat janaza), généralement à la mosquée. La communauté est récompensée dans l'au-delà pour sa présence.
dans un cercueil ou non, en direction de La Mecque (qibla). La loi belge ne prévoyant pas de concessions éternelles, de nombreux musulmans choisissent de se faire rapatrier. Cependant, il existe de plus en plus de parcelles funéraires musulmans - orientés vers l'Est (La Mecque) - en Belgique. 5. Une période de deuil de trois jours commence. Les amis et la famille présentent leurs condoléances aux proches et leur apportent des repas. Les aumônes et les prières de la communauté aident le défunt à atteindre le paradis. 6. Il est possible de se rendre sur la tombe à tout moment et cela n'est pas lié à des périodes particulières. C'est un moment pour réfléchir à sa propre mortalité.
| 68 Parfums pour la toilette physique et rituelle d'un défunt Arabie saoudite, 2018 Sidr (feuilles de lotus), camphre, musc MAS (MAS.0248) - Don de Janaza Uitvaartzorg, Berchem
Le lavage rituel d'une personne décédée s'effectue selon les prescriptions du prophète. L'utilisation de parfums tels que le camphre et le musc en fait partie. Selon les actes de vie du défunt, l'admission peut ou non suivre dans le bonheur bouleversant du paradis : "Et aucune âme ne sait quelle joie leur est cachée" (du hadith de Bukhârî).
4. L'enterrement a lieu le plus rapidement possible, en présence des proches et des amis. Le défunt est allongé dans la tombe sur le côté droit, 118
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 69 Linceul (kaffan) Arabie saoudite, 2018 Coton MAS (MAS.0248) - Don de Janaza Uitvaartzorg (Jazana Assistance), Berchem
Après la toilette rituelle (woudou), les défunts sont enveloppés dans un tissu blanc immaculé : tout le monde est égal dans la mort.
| 70 Encensoir Syrie ou Égypte, XIXe siècle Laiton MAS (AE.6061.1-2)
| 71 Pierre tombale Iran, 957 Andésite Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), Pays-Bas (WM-63328)
Le défunt est enterré après la prière mortuaire (salat janaza). Il attendra ensuite « l'Heure », la résurrection de tous les morts. Les pierres tombales sont généralement sobres. Elles mentionnent le nom et la date du décès du défunt ou comportent des versets du Coran.
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
119
La vie éternelle
« Le paradis sur terre », « enfer et damnation » : la langue regorge d'expressions imagées sur la vie après la mort. Mais l'« au-delà » est un concept théorique. Aucun être vivant n'en a fait l'expérience. Cependant, de nombreux croyants souhaitent s'en faire une représentation. Selon l'époque et la religion – ainsi que les nombreux courants au sein de chaque religion – la vie après la mort n'est pas représentée, ou bien de manière abstraite, ou bien de manière très figurative. Traditionnellement, les juifs ne représentent pas le « monde à venir ». Les chrétiens et les musulmans en revanche le font, de diverses manières, quoique beaucoup moins « littéralement » de nos jours. Les grandes lignes sont plus ou moins parallèles dans les trois religions : la vie éternelle commence lorsqu'une personne meurt. L'âme et le corps se séparent. L'âme est purifiée et jugée, le corps enterré. À la fin des temps, tout le monde ressuscitera – c'est la résurrection – et connaîtra le Jugement dernier que Dieu prononcera. En fonction de cela, les gens connaîtront l'harmonie divine (le paradis) ou en seront exclus (l'enfer).
Suivez - dans le sens des aiguilles d’une montre la 3ème terrasse de la présentation: 'la vie éternelle' dans le judaïsme, le christianisme et l'islam
Jérusalem La vie éternelle La mort : passage La vie
120
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 72 Le monde à venir… ne peut être représenté en images La parole à : Isi Mantel de la communauté juive de Machsike Hadas Anvers, 2018
Armageddon Pour les juifs, la vie après la mort est impénétrable et ne peut être exprimée en images. Il n'existe pas d'objets juifs illustrant le Haolam Haba « le monde à venir ». La fin des temps (Armageddon) est annoncée par la venue du messie. Il ressuscitera les morts et réunira le peuple juif. Le temple de Jérusalem sera alors reconstruit. Dieu jugera les morts et créera le royaume éternel des cieux. La ville de Jérusalem est une préfiguration de cette Jérusalem céleste, où règne l'harmonie. L'enfer, la Géhenne, est une idée théorique à laquelle peu d'attention est accordée.
| 73 La vie après la mort en images : un scénario avec des images de dévotion Anvers, XVIIe-XIXe siècles Papier coloré à la main Société Ruusbroec, Anvers, collection de gravures (Symboles)
La crucifixion du Christ et sa résurrection, c'est-à-dire sa victoire sur la mort, sont des éléments essentiels pour le croyant : elles permettent de retrouver l'accès au paradis.
Des images de devotion rendaient les choses visibles et compréhensibles: 1. Comment vivre bien : emprunter le chemin étroit de la vie pieuse et être récompensé ? Ou suivre la large voie dissolue qui mène à l'enfer ? 2. La Mort est suivie du Jugement qui mène au Paradis ou à l'Enfer: les soi-disant Quatre Extrémités. 3. L'archange Michel encadre le premier jugement dit individuel en pesant les âmes. 4. Au purgatoire, les petits péchés et les pénitences sont effacés. 5. Lors de la résurrection de tous les morts, suit le Jugement dernier, définitif, devant Dieu. • En cas de jugement favorable, c'est le paradis qui attend le croyant à la droite de Dieu, auprès des saints et des anges. • En cas de jugement défavorable, c'est l'enfer qui l'attend à la gauche de Dieu, auprès des diables dans un océan de flammes.
Ces images de dévotion utilisent un langage visuel désormais désuet. Aujourd'hui, les catholiques, ici, ne pensent plus en termes d'images littérales. Par contre, elles sont fermement enracinées dans la culture populaire : images de l’enfer ou du paradis, ou du Jugement dernier sont toujours utilisées comme puissantes métaphores, que l'on soit croyant ou non.
Mais qu'attendait le chrétien catholique, du XVIIe siècle jusqu'à la moitié du XXe siècle, après sa mort ?
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
121
| 74 Pare-vent du flambeau de procession de la Confrérie des âmes croyantes Anvers, 1734 Métal MAS (MFA.1964.076.2990.B)
Cette confrérie priait pour le repos de l'âme du défunt au purgatoire, où il séjournait provisoirement. Aujourd'hui, les catholiques entendent le purgatoire de manière moins littérale. Ce n'est plus un lieu où le feu brûle, mais le désir de Dieu. La thématique du purgatoire n'a jamais concerné les protestants.
| 75 Fragment de retable présentant une scène du Jugement dernier Pays-Bas, 1550 env. Bois de chêne MAS (AV.5617.2-3)
| 76 La vie après la mort en images : rêver du paradis 1. Le jardin florissant du paradis - la résurrection et le Jugement dernier Falnameh, Livre des présages : folio 8, 30. Inde, 2e moitié du XVIe siècle Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), Pays-Bas (71803/8-30-33) 2. Le paradis avec le prophète Mahomet chevauchant le bouraq Supplément turc 190 (Mirâj Nâmeh: Le voyage miraculeux du prophète): folio 49v Afghanistan, XVe siècle Bibliothèque nationale de France, Paris
122
3. Anges portant le trône de Dieu The Marvels of Creation and the Monuments of Countries by Zakariya b. Muhammad al-Qazwīnī folio 029b. Perse (?), 1602 env. Université de Leyde, Collections particulières (Or. 8907)
Une vie pieuse garantit une place au paradis (Jannah), un magnifique jardin éternellement en fleur. Un mauvais jugement signifie l'enfer (Jahannam), où l'ange Malik règne sur le feu. À la fin des temps, le prophète Mahomet - illustré dans certaines traditions et à certaines époques, mais pas dans d'autres rassemble sa communauté de croyants au Puits des âmes. Le sauveur ou le messie (al-Mahdi), sur un étalon blanc, vainc le faux messie (Dajjal) à l'aide de Jésus (Isa). Le jour de la résurrection (Yawm alQiyāmah), Dieu pèse les actes d'une personne (Mīzān). Les morts doivent emprunter un pont, plus fin qu'un cheveu, pour passer au-dessus de l'enfer. Les bons gagnent le paradis, les mauvais tombent en enfer. Certaines sources musulmanes associent Jérusalem à la fin des temps. Un fil relie le Mont des Oliviers au Mont du Temple. Les justes peuvent marcher dessus. Une rivière relie la Jérusalem céleste au paradis. Les musulmans considèrent ces images de différentes manières : certains croient littéralement en l'existence des puits de feu, d'autres les interprètent comme une douleur mentale.
– RELIGIONS DU LIVRE –
| 77 Gravure religieuse représentant le Mont du Temple (Haram alSharif) et des symboles de la fin des temps Inde, 1900 env. Alternativement la gravure originale et une reproduction Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), PaysBas (7031-15)
A l'arrière, sur la place entourée de murailles, se trouve le Dôme du Rocher, à gauche le mausolée de David (Dawoud), à droite celui de Moïse (Moussa). Devant le Dôme du Rocher, on aperçoit la balance pour la pesée des actes des morts et, au-dessous, un étroit chemin qu'ils doivent emprunter: les croyants gagnent le paradis, les incroyants tombent au feu de l'enfer. En bas à droite, le Puits des âmes, où le prophète rassemblera sa communauté lors de la résurrection.
Bouraq, représenté comme un animal ailé à la tête de femme à longs cheveux, a mené le prophète Mahomet au ciel depuis le Mont du Temple. Le prophète rencontra Dieu et d'autres prophètes pendant son voyage dans les cieux et il fut accepté parmi eux. Pour certains exégètes et croyants, il s'agissait d'un voyage physique, pour d'autres d'un voyage spirituel.
| 79 Coupe représentant le paradis : un jardin luxuriant et éternellement en fleur Poterie émaillée MAS (AE.1983.0009.0083)
| 80 Fontaine d'eau : rêve du paradis à l'eau cristalline Figurine du théâtre d'ombres Karagöz Turquie, XXe siècle Peau de chameau MAS (AE.1983.0009.0043)
L'aménagement d'une alimentation en eau est considéré comme une bonne action permettant de gagner le paradis. L'eau fait du paradis un lieu « paradisiaque » où les rivières coulent en murmurant.
| 81 Image populaire et texte coranique calligraphié Égypte, XXe siècle Gravure sur papier MAS (AE.1973.0030.0018)
| 78 Bouraq Figurine du théâtre d'ombres Karagöz Turquie, XXe siècle Peau de chameau MAS (AE.2004.0032.0029)
Les textes écrits sur des pétales sont un appel à vivre une vie correcte. Car ensuite attend la récompense.
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
123
Jérusalem
D'importants événements datant de l'origine des trois religions du Livre se sont déroulés à Jérusalem, et plus précisément dans la vieille ville et sur le Mont du Temple. C'est la raison pour laquelle la ville compte de nombreux édifices sacrés. Pour les juifs, ce sont les vestiges du Temple où était conservée l'Arche de l'Alliance et où avaient lieu toutes les cérémonies rituelles. Pour les chrétiens, il s'agit de l'Église du Saint-Sépulcre, où Jésus fut enterré et ressuscita. Pour les musulmans, ce sont le Dôme du Rocher et la mosquée Al-Aqsa : le prophète Mahomet y aurait monté aux cieux. La fin des temps marquera l'avènement, pour les juifs et les chrétiens, du royaume éternel de Dieu et l'arrivée sur terre de la Jérusalem céleste. Il est donc un lieu d'espoir et d'attente. Jérusalem est également appelée Sion, d'après la montagne du même nom, Yerushalayim en hébreu et Al-Quds en arabe. En tant que ville des trois religions, Jérusalem est un lieu de pèlerinage mais également un lieu de conflits.
Suivez - dans le sens des aiguilles d’une montre la 4ème terrasse de la présentation: 'jérusalem' dans le judaïsme, le christianisme et l'islam
Jérusalem La vie éternelle La mort : passage La vie
124
– RELIGIONS DU LIVRE –
82 Plan de la vieille ville de Jérusalem avec le Mont du Temple (Har Habayit /Haram al-Sharif) MAS, Anvers, 2018
1. Mur occidental (Hakotel Hamaäravi ou tout simplement le Kotel) : vestige du mur autour du Mont du Temple où se trouvait le deuxième temple juif. Détruit par les Romains en 70 apr. J.-C. Appelé également « Mur des Lamentations » par les non-juifs et mur Al-Bouraq par les musulmans. 2. Église du Saint-Sépulcre (Sanctum Sepulchrum ; également appelée Basilique de la résurrection) : basilique bâtie sur le lieu où Jésus aurait été enterré et ressuscité. 3. Chemin de croix ou chemin de la souffrance (Via Dolorosa) : itinéraire parcouru par Jésus à travers la vieille ville avant sa crucifixion sur le Lieu du Crâne (Golgotha, Calvaire). 4. Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra) : plus ancien sanctuaire islamique, bâti sur un rocher où les juifs et les chrétiens situent le sacrifice d'Abraham et les musulmans l'ascension du prophète Mahomet. 5. Mosquée Al-Aqsa (ou mosquée la plus éloignée) : pour les musulmans, mosquée la plus vieille et troisième par ordre d'importance, après celles de La Mecque et de Médine. 6. Porte dorée (la Porte de la Miséricorde: Sha'ar HaRachamim, Bab al-Rahma) : porte par laquelle, selon certaines sources juives, le messie arrivera et, selon certaines sources chrétiennes, Jésus fit son entrée dans Jérusalem. À l'extérieur de l'enceinte de la ville, à droite de la Porte dorée, à l'est du Mont
du Temple, se trouvent des tombes juives, chrétiennes et musulmanes. Certaines sources des trois religions situent ici la résurrection après la mort lors du Jugement dernier.
| 83 Maquette du deuxième temple juif à Jérusalem : Maison du Sanctuaire (Beit Hamikdash) Jérusalem, 2018 Bois MAS (MAS.0251)
Le temple perdu Selon la Bible, le roi Salomon construisit un temple à l'endroit où Dieu conclut un pacte avec Abraham après l'avoir empêché de sacrifier son fils Isaac. C'est à lui que fait référence le nom du Mont du Temple (Har Habayit, « Mont de la maison »). Il conservait le Saint des Saints : l'Arche de l'Alliance (Aron Habrit), un coffre contenant les tables en pierre que Moïse avait reçues de Dieu. Un deuxième temple fut construit après la destruction de ce temple et la disparition de l'Arche. Il n'en reste plus que le mur occidental. Le souvenir de ce temple façonne la pensée, la langue et les actes des juifs.
| 84 La Jérusalem juive en images - Jérusalem aujourd’hui, 2010-2018 - Un pèlerin juif a Jérusalem, 2014: témoignage de Daniel Werner MAS (MAS.0184.004)
– JUDAÏSME, CHRISTIANISME ET ISLAM –
125
| 85 Maquette de l'Église du Saint-Sépulcre ou Basilique de la résurrection Palestine, 1648 Bois de cèdre et de palissandre incrusté d'ivoire et de nacre Designmuseum (musée du Design) Gand (BO 064.1-3)
Une Église sur le tombeau du Christ On raconte qu’Hélène, la mère de Constantin, l'empereur romain converti au christianisme, aurait trouvé la croix de Jésus en 329. Il aurait été enterré et aurait ressuscité à cet endroit. Constantin y construisit la Basilique de la résurrection (Anastasis), sur et autour du tombeau du Christ. Le sanctuaire attira aussitôt des pèlerinages vers Jérusalem. Les maquettes de l'Église du Saint-Sépulcre, telles que cette prestigieuse version miniature, étaient des souvenirs très recherchés.
| 86 La Jérusalem chrétienne en images - Jérusalem aujourd’hui, 2010-2018. - Un pèlerin chrétien à Jérusalem, 2014: témoignage de Ilse Dupont MAS (MAS.0184.005)
| 87 Maquette du Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra) Rive occidentale du Jourdain / Bethléem, 1995 env. Bois, nacre Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde), PaysBas (7013-1)
Noble sanctuaire Les musulmans appellent Jérusalem Al-Quds (« La Sainte »). Ce nom renvoie au voyage vers les cieux qu'accomplit le prophète Mahomet, mais aussi au temple sacré de Salomon (Suleiman) et aux importants prophètes de l'islam que sont Abraham (Ibrahim) et Jésus (Isa). À l'origine, les musulmans priaient en direction de Jérusalem. Ils changèrent pour La Mecque à partir de 624, juste après le début du calendrier islamique. Le Mont du Temple s'appelle Haram al-Sharif (« Le noble sanctuaire »). Il est surmonté du Dôme du Rocher recouvert d'or. C'est là que le prophète Mahomet aurait entamé son voyage nocturne dans les cieux (mi’rāj). Il laissa l'empreinte de son pied sur le rocher. Selon certaines traditions, Dieu rendra le Jugement dernier depuis un trône situé au-dessus du Rocher.
| 88 La Jérusalem islamique en images - Jérusalem aujourd’hui, 2010-2018. - Un pèlerin musulman à Jérusalem, 2014: témoignage de Ahmed Azzouz MAS (MAS.0184.010)
126
– RELIGIONS DU LIVRE –
127
HUMANISME LAÏQUE
128
128
HUMANISME LAÏQUE - UNE VIE SIGNIFICATIVE, UNE MORT DIGNE Les humanistes laïques s'efforcent de mener une vie bonne et significative, en communauté. Il n'y a pas de vie après la mort. Leur vision de l'existence s'appuie sur une éthique basée sur le libre arbitre de l'homme. Et non sur une autorité externe ou divine. Les mots clés de l'humanisme laïque sont : l'autonomie, la raison humaine et l'épanouissement, le libre examen, la justice, la dignité humaine, la responsabilité. L'homme dispose lui-même de sa vie et de sa mort. Une mort digne vient conclure une vie passée en quête du bien, pour soimême et pour les autres. Cette philosophie humaniste laïque découle d'une longue tradition de penseurs grecs, romains, juifs, chrétiens et athées. Quelques-uns des plus importants précurseurs sont présentés ici. Au fil des siècles, l'homme a pris la place d'un dieu dans le rôle de l'instance centrale et régulatrice. Aujourd'hui encore, le pourquoi et le comment de la vie et de la mort restent le sujet de discussions humanistes très diverses et en évolution constante.
129
1 L'Homme de Vitruve
3 Epicurus
D’après le dessin original de: Léonard de Vinci, Milan, ca. 1490 Galleria dell'Accademia, Venise
Savoir voir ! L'Homme de Vitruve est considéré comme un symbole important de la pensée humaniste : l'homme occupe une place centrale. Ce célèbre dessin de Léonard de Vinci doit son nom à l'architecte romain Vitruve qui a notamment écrit sur les dimensions idéales du corps humain et sur les proportions architectoniques. L'homme, en deux positions placées l'une sur l'autre, avec jambes et bras ouverts, s'inscrit parfaitement dans un cercle et un carré. Le dessin illustre l'esprit ouvert de Vinci et son désir d'apprendre à partir de ses propres observations. Saper vedere (savoir voir).
Les précurseurs de l’humanisme laïque 2 Socrates Athènes, philosophe grec, 469-399 AEC La méthode socratique consiste à continuer de poser des questions jusqu'à ce que l'interlocuteur finisse par arriver à de vraies compréhensions. L'apprentissage de la pensée critique et l'acquisition de connaissances (sur soi) mènent à une vie vertueuse.
Philosophe grec, 341-270 AEC Pour être heureux, les hommes ont besoin de sérénité. Pour y parvenir, il convient de ne pas se faire de soucis au sujet des choses qui ne sont pas en notre pouvoir. Ne se fier qu'aux choses que l'on peut observer et dont on peut tirer des conséquences logiques. La mort signifie la disparition du corps. Rien ne reste. On peut juger la vie passée à sa qualité.
4 Sénèque (Lucius Seneca) Philosophe romain, stoïcisme, 4 AEC-C. 65 Il faut vivre comme les circonstances et la nature l'exigent. Une bonne mort a lieu au bon moment, lorsque le moment est arrivé : le plus important n'est pas de vivre une longue vie, mais de mener une vie de qualité.
L'eu-thanasie est un terme grec qui signifie « bonne » mort. L'euthanasie est un droit depuis 2002 en Belgique. Les malades gravement atteints peuvent ainsi demander de mettre un terme à leur vie lorsqu'ils endurent des souffrances insupportables et se trouvent dans une situation humainement sans issue.
5 Érasme (Desiderius Erasmus) Philosophe néerlandais humaniste, 1466-1536 Une lecture critique et rigoureuse de la Bible permet de révéler les principes fondamentaux éthiques et spirituels de la doctrine du Christ. La
AEC : Avant l'Ére Commune 130
– HUMANISME LAÏQUE –
liberté individuelle, la tolérance, la justice et la substitution des dogmes par le bon sens en sont des éléments essentiels. Grâce à la persévérance de la volonté d'apprendre, chaque personne peut choisir pour le bien.
6 René Descartes Philosophe et mathématicien français, les Lumières, 1596-1650 On peut douter de tout, sauf du doute même. Cette idée est considérée comme le fondement de la conscience occidentale moderne. Le principe rationaliste qu'une personne, en utilisant sa raison, peut déterminer elle-même ce qui est un savoir vrai et valable a été décisif pour les Lumières.
7 Baruch de Spinoza Philosophe juif néerlandais, les Lumières, 1632-1677 Pour vivre bien et heureux, il nous faut d'abord connaître et comprendre la réalité – dont nous, êtres humains, faisons partie. Cela évite les égarements et mène à une compréhension de la providence divine et de l'immortalité de l'esprit. Accorder son attention à la réalité ici et maintenant et y trouver son bonheur est plus important qu'un au-delà.
8 Denis Diderot Philosophe français, encyclopédiste, sciences, 1713-1784 Le projet scientifique, philosophique et artistique de la célèbre Encyclopédie (1751-1772) est la réalisation la plus notable des Lumières. La connaissance découle de l'être humain lui-même. Elle est le produit de la mémoire, de la raison et de l'imagination. Dieu et l'âme n'existent pas, tout est physique et perceptible.
9 Immanuel Kant Philosophe allemand, les Lumières, 1724-1804 Que puis-je connaître ? Que dois-je faire? Que puis-je espérer ? La seule réalité que nous pouvons connaître est celle que nous pouvons percevoir avec nos sens. Nous pouvons concevoir la réalité qui existe en soi ou indépendamment – comme Dieu ou le transcendantal – mais nous n'en avons aucune connaissance. Un homme doit de préférence agir en étant libéré de ses émotions et d'une manière qui ne nuit pas au bien commun. Les actes vertueux mènent à la béatitude.
10 Charles Darwin Biologiste anglais, théorie de l'évolution, 1809-1882 L'homme est un être biologique, tout comme les autres êtres de la nature, et le résultat d'une longue évolution. Sa survie et son développement sont déterminés par un mécanisme de sélection, comme pour toutes les autres espèces. C'est celui qui est le mieux adapté à son environnement qui survivra.
11
Aujourd’hui : la parole à des humanistes laïques
Marcela Caldas Dahas, Saïd Dnoub, Martine Konings, Frank Stappaerts Anvers, 2018
– UNE VIE SIGNIFICATIVE, UNE MORT DIGNE –
Dessins: Erica Smalheer 131
12 Karl Marx Philosophe allemand, industrialisation et capitalisme, 1818-1883 La pensée et la vision qu'ont les hommes sur la vie en société reposent sur leur situation matérielle. Les changements doivent viser une société sans distinction sociale ou autre. C'est ce qui est le mieux pour cette évolution qui détermine ce qui est correct ou incorrect. Les religions incitent les êtres humains à accepter leur sort et à renoncer à améliorer leur existence terrestre. Parce qu'ils attendent la récompense ou une bonne vie dans l'au-delà.
13 Friedrich Nietzsche Philosophe allemand, nihilisme, 1844-1900 La vie est chaotique, absurde et vide de sens. Les hommes créent des systèmes pour dissimuler cette absurdité et donner à la vie un semblant de signification. La perspective d'une vie éternelle dans l'au-delà et d'un Dieu qui dit quoi faire dans cette existence terrestre semble donner un sens à la vie et la rend supportable. Mais c'est une illusion. Comme tout système qui détermine ce qui est bien ou mal.
14 Jean-Paul Sartre Philosophe français, existentialisme, 1905-1980 L'être humain n'a pas demandé à naître. Il tente de donner un sens et une signification à sa vie. Cette liberté individuelle à laquelle nous sommes condamnés entraîne avec elle une responsabilité et un engagement : chaque être humain se doit à lui-même et aux autres de donner un sens à cette existence en choisissant un but humanitaire dans sa vie. 132
Un certain nombre de principes importants sur lesquels les humanistes laïques s'appuient, ont été rassemblés dans: La Déclaration universelle des droits de l’Homme 1. Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. 2. Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation. 3. Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne. 4. Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l’esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes. 5. Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. 6. Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique. 7. Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination. 8. ... Ce manifeste, ainsi que d'autres déclarations internationales, fournissent des règles morales généralement acceptées.
– HUMANISME LAÏQUE –
– UNE VIE SIGNIFICATIVE, UNE MORT DIGNE –
133
In memoriam Cette publication est dédiée à notre collègue du MAS, Chris De Lauwer (1955-2018). Chris était conservatrice de la collection Asie et commissaire de l'exposition permanente La vie et la mort. Les dieux et les hommes.
Colophon Réalisation
Prêteurs
Le MASteam sous la direction de Marieke van Bommel et en collaboration avec les collègues de la ville d'Anvers.
Belgique
Commissaires et textes l'Egypte ancienne: Els De Palmenaer en collaboration avec Eugène Warmenbol Afrique: Els De Palmenaer Océanie: Vicky Van Bockhaven (Mélanésie), Mireille Holsbeke et Hugo DeBlock (Vanuatu) Asie: Chris De Lauwer Religions du Livre: Vera De Boeck en collaboration avec Leen Beyers, Annemie De Vos, Luit Mols Humanisme Laïque: Vera De Boeck
Scénographie B-architecten: Egypte, Afrique, Océanie, Asie (2011)
Kinkorn: Religions du Livre, Humanisme Laïque (2018) Soundscape: Sleichim, 2011
Traduction (Français) Oneliner Translations
Mise en page Ann Walkers, BAI pour le MAS, 2018
Éditeurs responsable BAI pour le MAS
© Textes: MAS, BAI et les auteurs.
134
Anvers, Bibliothèque patrimoniale Hendrik Conscience Anvers, la communauté juive Machsike Hadas Anvers, la communauté juive de rite séfarade Anvers, la communauté juive Shomre Hadas Anvers, l'église protestante d'Anvers-Sud De Wijngaard Anvers, l’église Saint-Paul Anvers, Institut supérieur des sciences religieuses Anvers-Berchem, Janaza Uitvaartzorg (Janaza Assistance) Anvers, Diane Keyser Anvers, Aaron Malinsky Anvers, la mosquée Hizmet Anvers, la mosquée pakistanaise Noor-Ul-Haram Anvers, Iqbal Qureshi Anvers, Société Ruusbroec, collection de gravures Bruxelles, Musée Juif de Belgique Gand, Designmuseum (musée du Design) Tervuren, Musée royal de l'Afrique centrale Pays-Bas Amsterdam, Joods Historisch Museum (Musée de l'histoire juive) Stichting Nationaal Museum van Wereldculturen (Fondation du Musée national des cultures du monde) Et tous les prêteurs qui souhaitent rester anonyme. D/2018/5751/13
Remerciements Le Mas remercie Caroline Bastiaens, échevine de la Culture et son équipe, les bénévoles et stagiaires de "Antwerpen Kunstenstad" et tous les collègues de la Ville d'Anvers impliqués dans le projet. Le MAS remercie également ses partenaires pour leur collaboration, leur expertise et leurs conseils dans la création de cette nouvelle présentation sur les Religions du Livre et sur l’Humanisme Laïque: les communautés juives, chrétiennes et musulmanes d'Anvers; les inspecteurs de l'enseignement religieux et non confessionnel d’Anvers; les associations humanistes laïques et philosophiques d’Anvers; les témoins; tous les intermédiaires qui nous ont emmenés aux experts Avec nos remerciements particuliers à : Bruno Aerts, Ahmed Azzouz, Mohamed Amin Chaib, Houssin et Mohamed Ben Hamach, Jacob Berger, Famille Binnemans, Thamar Blokland, Freddy Boeykens, Famille Bryfel, Marcela Caldas Dahas, Christa Damen, Gert De Nutte, Caroline De Wever, Saïd Dnoub, Ilse Dupont, Willy Durinx, Dov Friedman, Jacob Friedrich, Anna Grunfeld, David Grunfeld, Nadine Iarchy, Famille Javed, Willy Kahan, Sevda Karaaslan, Martine Konings, Aaron Malinsky, Rudi Mannaerts, Isi Mantel, Marilia Martins dos Santos, Luc Meys, Hermine Milgram–Weinreb, Omar Nahas, Iqbal Qureshi, Zahava Seewald, Leo et Anny Schumer, Famille Slavaticki, Erica Smalheer, Frank Stappaerts, Eddy Strauven, J an Van Alphen, Erna Van Looveren, Eline Vandendriessche, Luc Vinkx, Johan Visser, Daniel Werner, Dick Wursten, Adnan Yildiz. Nous avons tenté d'appliquer les prescriptions légales en matières de copyright. Quiconcque estime avoir des droits à faire valoir est prié de s'adresser au MAS (mas@stad.antwerpen.be)
135
MAS Hanzestedenplaats 1 B - 2000 Antwerpen www.mas.be +32 (0) 3 338 44 00
Souhaitez-vous relire les textes? Ce guide du visiteur est en vente au MASshop Ă 5 euro.