VictorHugo :
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Burgraves »
Les cahiers du musée octobre 2006
B… comme
Quel lien de parenté entre un dessin de Burg et la pièce de théâtre Les Burgraves ? Cette exposition-dossier réalisée exclusivement à partir des collections du musée propose de mettre l’accent sur cette pièce quasiment oubliée du répertoire Hugolien. On sait par l’inscription portée sur le manuscrit (B.N.) que Victor Hugo en commença l’écriture le 10 septembre 1842 pour l’achever le 19 octobre de la même année.
Dossier rédigé par Sophie Fourny-Dargère, conservateur-directeur du musée Crédit photographique : © Yohann Deslandes - Département de Seine-Maritime, © S.F.-D ISBN : 2-902093-52-7 Les cahiers du musée - 2
Burgraves
Le voyage sur les bords du Rhin Cette pièce fut directement inspirée par le voyage que Victor Hugo avait fait le long des rives du Rhin, du 29 août au 1er novembre 1840, accompagné par sa maîtresse Juliette Drouet, errant à travers les burgs en ruines et rêvant de les prendre pour décors d’une de ses pièces dont la trame serait l’épopée d’une famille. Rhénanie, vallée de la Meuse, remontée du Rhin de Cologne à Mayence, Forêt Noire, … Retour à Paris le 1er novembre 1840 : Victor Hugo ne s’était pas contenté de prendre des notes mais avait fait aussi des croquis sur des albums de dessins à couverture rigide. Dans la préface de la pièce des Burgraves, Victor Hugo évoque lui-même ce voyage en précisant que Le Rhin, lettres à un ami publié en janvier 1842, était avant tout le récit d’un voyage qui ne fut pas autre chose qu’une longue et fantasque promenade d’antiquaire et de rêveur. […] brisant les ronces et les épines sous les talons, écartant de la main les rideaux de lierre, escaladant les vieux pans de murs… On ne peut donc pas s’intéresser à la pièce de théâtre sans considérer ces dessins à la plume rapportés afin de conforter sa mémoire tout en y ancrant cette atmosphère si particulière propice au drame médiéval. C’est ainsi que le château de Heppenheff où se déroule l’action de la pièce, fut reconstitué dans son imagination à l’aide de tous les détails d’architecture enregistrés sur les autres châteaux visités. Cette promenade d’antiquaire n’est pas une innovation propre à Victor Hugo. Dès le tout début du 19e siècle, les paysagistes anglais étaient déjà nombreux à arpenter les rives des fleuves européens, carnets de notes et de croquis en poche. Le romantisme ne mit pas seulement les ruines à la mode mais se fit aussi le défenseur du patrimoine architectural. On connaît le combat de Victor Hugo en ce domaine entrepris dès 1825 avec un premier texte Guerre aux démolisseurs.
3 - Les cahiers du musée
1 Victor HUGO Château Gaillard, 13 7bre, 11h. du matin [vers 1837 ?] Haut. 22,8 ; larg. 29,6 cm Crayons graphite sec et gras Achat du musée, 27/07/1977 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1977.5.1) [n°2600]
Ce dessin n’est malheureusement pas daté pour l’année. Est-ce au cours du premier voyage en Normandie, en 1835 ? Je voudrais cependant te parler des Andelys où j’ai passé la nuit dernière, et du Château-Gaillard, immense faisceau de tours ruinées qui domine quatre méandres de la Seine. Je l’ai dessiné. (extrait d’une lettre à Adèle Hugo, La Roche-Guyon, 16 août 1835, publiée dans Œuvres inédites de Victor Hugo, en voyage, France et Belgique, Paris Hetzel-Quantin, 1892) L’influence des ruines visitées le long du Rhin fut considérable sur Victor Hugo mais comme le précise son fils Charles Hugo, également pour tous ses lecteurs : Notre Dame de Paris et Le Voyage sur les bords du Rhin ont été vraiment les rudiments de notre science ; nous y avons appris à voir les ruines se ranimer au souffle de l’histoire et de la philosophie. (Ch. Hugo : « Chez Victor Hugo, par un passant » Paris, Cadart & Luquet, 1864, p.25)
2 Victor HUGO Paysage de plaine avec un burg Haut. 9,8 ; larg. 14,4 cm Encre brune à la plume et au lavis sur page de carnet contrecollée aux angles sur feuille de papier beige. Non localisé, non daté, vers 1837. Achat du musée,2/04/2001, provient du « Liber amicorum » de Julie Mangin, vente bibliothèque Ph. Zoummeroff. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.2001.3.2) [n° 2001.4]
3 Victor HUGO Paysage avec tour Haut. 11,3 ; larg. 18 cm Carnet de croquis contenu dans un étui à dos libellé comme suit : Victor Hugo - Dessins. Dessin à la plume et au lavis d’encre brune. Non localisé, non daté, vers 1837-1841. Anc. Coll. Ian Woodner. Anc. Coll. V. Sanson. Achat du musée, à New York avec l’aide du F.R.A.M., 27/05/1993. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1993.7.1 (10)) [n° V.93.7.10]
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Volume 1 ouvert p. 344-345 : lettre quinzième : la souris : la ruine de Velmich. […] On grimpe, on escalade le vieil escalier de basalte des burgraves qui reparaît encore par endroits, on s’accroche aux broussailles et aux touffes d’herbe, personne ne vous aide et personne ne vous gêne.[…] Volume 2 ouvert p. de garde : fac-similé d’une des lettres de Victor Hugo mêlant croquis et texte.
Victor HUGO Le Rhin, lettres à un ami. Nouvelle édition augmentée d’un volume inédit. 4 volumes. Paris, Jules Renouard & Cie et au siège de la Société pour l’exploitation des Œuvres de Victor Hugo, chez Duriez & Cie., 1845. Anc. Coll. Louis Barthou qui l’a enrichi de gravures d’après des dessins de Victor Hugo, lettres autographes et divers documents dont le contrat d’édition avec Duriez. Achat du musée, Drouot, Paris, 28/04/1975. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1975.1.1 à 4) [n° 1694]
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Volume ouvert planche 11 : Le Burg (voir ci-dessous le texte correspondant écrit par Théophile Gautier).
Dessins de Victor Hugo Texte de Théophile Gautier Dessins dans le texte gravés sur bois et en planches hors texte sur acier par Paul Chenay (beau-frère de V.Hugo) Paris, Castel éd. 1863. Achat du musée, 1959. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1959.51.19) [n°390]
Il est difficile de rêver quelque chose de plus opaquement sinistre que le Burg. Le ciel sombre comme une plaque de marbre noir est rayé de hachures diagonales, longs filets de pluie poussés par la tempête à l’assaut de la ruine. Il ne reste plus au sommet du pic qu’une tour à pignon crénelé, celle-là même où dut flotter la bannière de Job le Maudit. Des arrachements de murs, des pans de remparts lézardés font encore reconnaître le contour de l’ancienne enceinte. Une porte s’ouvre lugubrement sur l’abîme. Le long des escarpements du rocher dont la base se perd dans les tourbillons de la rafale, des anfractuosités difformes, des végétations hideuses semblent des araignées gigantesques qui montent à ces décombres que les fantômes seuls habitent, pour s’y tapir et y tisser leurs toiles démesurées.
6 Victor HUGO Paysage sur le Rhin Haut. 3,5 ; larg. 8 cm Dessin à l’encre brune à la plume et au lavis, signé en bas à droite : Victor Hugo Non daté (1840). Achat du musée, 28/04/1975 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1978.2.2) [n° 2607]
7 Victor HUGO Paysage du Rhin avec gibet Haut. 7,6 ; larg. 20 cm Dessin à la plume et au lavis d’encre brune sur papier bleuté. Signé et dédicacé en bas à droite : V.H. août 1842, pour mon Toto. Dessin jadis inséré dans Le Rhin, 2e volume (coll. L. Barthou) Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1975.1.2 (01)) [1694/II]
5 - Les cahiers du musée
8 Victor HUGO Paysage avec burg en ruine Haut. 13,5 ; larg. 30,6 cm Dessin à la plume et au lavis d’encre brune sur papier blanc devenu beige. Signé et daté en bas à gauche : Victor Hugo, août 1842. Anc.coll. Ch.Nodier, achat du musée à Drouot, 1/07/1986. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1986.3.1) [n° V.86.4]
9 Victor HUGO Souvenir des Vosges, Burg de Hugo-Tête d’aigle Haut. 33,5 ; larg. 50 cm Dessin. Lavis d’encre brune, gouache, crayon, réserve. Signé et daté en bas à gauche : Victor Hugo, 1850. Cadre en sapin vernis décoré à la plume et au pinceau par Victor Hugo avec le titre ci-dessus. Exposé dans la salle du billard de Hauteville House. Anc. Coll. Marguerite Hugo, achat du musée, 10/03/1980 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1980.3.1) [n° 2641]
10 Victor HUGO Paysage accidenté Haut. 18,6 ; larg. 28,5 cm Dessin. Mine de plomb, encre, gouache sur papier blanc. Signé et daté en bas à gauche : Victor Hugo, 1862 [8] (assez illisible) Achat du musée en 1982 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1982.1.1) [n° 2670]
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L’écriture des Burgraves Le décor ainsi campé, Victor Hugo commente lui-même la démarche :
Un jour, comme l’auteur venait de visiter les citadelles écroulées qui hérissent le Wisperthal, il se dit que le moment était venu. Il se dit […] que de ce voyage, il fallait tirer une œuvre, que de cette poésie il fallait extraire un poème. […] Montrer dans le Burg les trois choses qu’il contenait, une forteresse, un palais, une caverne ; dans ce burg, ainsi ouvert dans toute sa réalité à l’œil étonné du spectateur, installer et faire vivre ensemble et de front quatre générations, l’aïeul, le père, le fils, le petit-fils. (préface des Burgraves, p.IV, 25 mars 1843)
11 Victor HUGO Copeau des Burgraves, 3e partie, scène première Feuillet écrit à l’encre brune 2 pages. Achat du musée, 1977 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1977.1.10) [n° 2591/10]
1re et 2e lignes : Ce que je sais pour l’heure c’est que tout a croulé dans ma haute demeure 10e et 11e lignes : j’ai bien fait, j’ai sauvé le royaume _ l’Empereur ! Nous étions l’un pour l’autre un fantôme
12 Mon vieux Minius/…
Victor HUGO Copeau des Burgraves, 3e partie, scène première Feuillet écrit à l’encre brune, 1 page. Achat du musée, 1977 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1977.1.11) [n° 2591/11]
13 Lettre de Léopoldine Hugo à son père Victor Hugo 22 septembre [1842] feuillet double, 2 pages écrites, la 4e portant l’adresse : « Monsieur Victor Hugo / 6 place Royale / Paris » cachet postal : 23 sept.42/ St-Leu-Taverny (72) cachet postal : 23 sept./42/ [Paris] sixième Signé : Ta fille soumise,/ Léopoldine
(…) Sans la présence de M.D. [Henry Didier], l’autre jour, nous aurions peut-être obtenu à force de prières, la lecture de ton premier acte. Je ne veux pas penser à cela, j’ai trop de regret.
Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1964.5.107) [n°640]
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Victor HUGO Les Burgraves, trilogie Paris, éd. E. Michaud, 1843. Edition originale.
Victor HUGO Œuvres complètes,Victor Hugo illustré., volume IV Théâtre de Victor Hugo, tome 1. Paris, société d’éditions littéraires et artistiques, librairie Paul Ollendorff.
Musée dép. Victor Hugo, Villequier
Musée dép. Victor Hugo, Villequier
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La représentation des Burgraves
La pièce des Burgraves fut représentée à la Comédie Française le 7 mars 1843. La lecture au comité de la Comédie Française avait reçu un bon accueil par 13 voix contre 1, celle de l’actrice Mlle Rachel, mais celle-ci n’avait pas l’intention de demander un rôle. Victor Hugo ne l’aurait d’ailleurs pas envisagé. Il est difficile de parler d’échec car les dix premières représentations firent des recettes satisfaisantes. Puis le public lui préféra Lucrèce une pièce de Ponsard jouée à partir du 22 avril, si bien qu’après trente-trois représentations, Les Burgraves quittèrent l’affiche… Victor Hugo avait signé avec la Comédie Française le 20 janvier 1843. Il touchait une prime de 5000 frs et compte tenu de la longueur des trois actes, on avait considéré qu’ils comptaient pour cinq !
La distribution des rôles avait été difficile : le rôle principal fut refusé par la direction du théâtre à Mlle George sous prétexte de son grand âge ; Marie Dorval ne put pas davantage l’obtenir car elle n’était pas sociétaire. Puis, Mlle Maxime qui avait été choisie par Victor Hugo, fut forcée d’abandonner au cours des répétitions pour des problèmes d’interprétation. Vexée, elle intenta un procès à Victor Hugo mais elle le perdit. Finalement, Mme Mélingue la remplaça. La distribution des rôles fut également critiquée par le public. Seul Guyon qui jouait Magnus et se trouvait être un colosse, fut apprécié. L’acteur Ligier qui avait été un Triboulet estimé (Le Roi s’amuse) fut un Barberousse jugé bien trop petit… Naturellement, toute la famille Hugo-Vacquerie bien décidée à faire front, suivait pas à pas les différentes péripéties.
Les cahiers du musée - 8
Lettre écrite par Léopoldine juste après son mariage et la séparation familiale.
16 Lettre de Léopoldine Vacquerie-Hugo à ses parents 20 février [1843] Papier estampillé : L. feuillet double, 2 pages écrites, sans destinataire indiqué. Signé : L Musée dép. Victor Hugo, Villequier] (inv.1967.12.3) [n°895]
(…) j’ai craint d’être moi-même bien faible devant votre douleur à tous et je remets à la représentation des Burgraves les baisers que je voulais vous donner.
Dans une autre lettre du 25 février, elle montre de nouveau son intérêt pour l’œuvre de son père malgré son éloignement : Donne- moi vite de ses nouvelles, et des vôtres, et de celles des Burgraves. Nous en parlons souvent ici. Lettre (inv.1964.5.110) [n°643]
Excuses de Léopoldine empêchée pour la représentation des Burgraves : [Charles] t’expliquera pourquoi nous n’allons pas à Paris voir les Burgraves et tout le chagrin que nous en avons l’un et l’autre. J’en suis bien triste, va ! Ecris-moi le lendemain de la représentation. Je serai bien émue jusqu’à la réception de ta lettre quoique je sache bien que c’est un nouveau triomphe qu’aura mon père adoré. […] Envoie-nous les Burgraves aussitôt qu’ils auront paru.
18 Lettre de Victor Hugo à M. Altaroche Feuillet double, 2 pages écrites, la 4e portant l’adresse. Non daté, cachet de la poste : 5 mars 1843. Signé : Victor H. Album Sacha Guitry, achat du musée en 1977 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1977.2.46) [n° 2592/46]
[…] j’ai su par Toto des détails de la représentation ; j’ai su que tu n’avais pas été content de Beauvallet ce qui m’a attristée. Ce rôle de Job est si beau, si grand, si important que la médiocrité de l’acteur est déplorable. […] Charles m’a promis de m’apporter tout ce qui serait écrit sur les Burgraves. Il comprend l’émotion que me donne la lecture de tous ces articles. […]
17 Lettre de Léopoldine Hugo-Vacquerie à sa mère Adèle Foucher [4 mars 1843] papier estampillé : L. V Feuillet double, 3 pages écrites (écriture croisée) Manque le début, continuée par Charles sur 2 p. Musée dép. Victor Hugo, Villequier] (inv.1964.5.111) [n°644]
M. Altaroche était le fondateur du journal Le Charivari. Il devint le directeur de l’Odéon à Paris, de 1850 à 1852. Victor Hugo répond à sa requête. Voici, mon cher collègue et confrère, un laissez-passer pour lundi. Vous avez désiré voir une répétition. Je laisse la pièce à vos soins. Soyez au théâtre à midi précis.
19 Lettre de Léopoldine Hugo-Vacquerie à son père Victor Hugo 11 mars [1843] papier estampillé : L. V Feuillet double, 4 pages écrites. Continuée par Charles. Signée : L. et Charles Vacquerie Don Mme Gaveau, juin 1967 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1967.11.1) [n°892]
Léopoldine demande aussi l’envoi de plusieurs exemplaires des Burgraves, dédicacés de préférence ! 9 - Les cahiers du musée
20 Lettre de Léopoldine Hugo-Vacquerie à son père Victor Hugo 18 mars [1843] Papier estampillé : L. V Feuillet double, 2 pages et demi écrites. Signé : L. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1964.5.108) [n°641]
[…] J’ai reçu des félicitations sans nombre à propos des Burgraves. J’ai bien envie d’avoir le livre, mon bon père ; je [trouverai] sans chercher la page, les vers dont tu me parles. Ton cœur retentira dans le mien.[…]
Les vers sont les suivants : Que deviendrai-je, hélas ! quand vous serez partis ? Quand mon passé, mes maux, toujours appesantis, Vont retomber sur moi
Dans une lettre poignante à sa fille, Victor Hugo lui avait expliqué qu’il ne pouvait plus écouter ces vers lors des répétitions sans se mettre à pleurer. Le mariage de Léopoldine qui avait entraîné leur séparation lui avait été insupportable.
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[…] J’attendais les Burgraves aujourd’hui, ma bonne mère m’écrit que je ne les aurai que demain. J’ai bien hâte et tous ceux qui m’entourent également, de lire cette œuvre sublime. Je la connais dans tous les détails, je puis repasser dans mon esprit quelques [fragments] et cependant, j’ai besoin de tenir ce précieux volume si plein de toi. […]
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Lettre de Léopoldine Hugo-Vacquerie à son père Victor Hugo 29 [mars 1843] Lettre insérée dans un exemplaire de l’édition originale des Contemplations Ed. Michel Lévy Pagnerre, 1856. Anc. Coll. Louis Barthou Achat du musée, 1968 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1968.64.2) [n°1040/2]
Critiques et caricatures 22 Christian JACQUE 1813 – 1894 Une tragédienne jouant une scène de haute-comédie Reproduction typographique parue dans Le Charivari 18 mars 1843. Impr. d’Aubert & Cie, Paummier éd. Achat du musée, 1976 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1976.3.456) [n° 2171]
Voulez-vous bien me lâcher …mauvaise sorcière ! Non ! …enfer et damnation ! à moi les huissiers, les dossiers et les justiciers …mon rôle …mon rôle …je veux mon rôle même quand le public ne veut plus de la pièce …plutôt la mort que la honte. Le rôle de Guanhumara fut retiré avant la première à Mlle Maxime, jeune comédienne qui perdit son procès contre Victor Hugo et la Comédie Française.
23 Lettre de Juliette Drouet à Victor Hugo 22 mars [1843] mercredi soir 8h½ Feuillet double, 4 pages écrites. Signé : Juliette Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1959.9.31) [n°206]
Juliette se résigna à ne pas aller à la représentation et à l’attendre avec beaucoup de résignation, de courage et d’amour. Elle fait aussi une allusion à une comète. En effet, c’était la grande attraction pour la plupart des parisiens. L’échec de la pièce coïncida avec l’apparition de cette comète le 17 mars 1843.
24 Hugo lorgnant les voûtes bleues, Au Seigneur demande tout bas Pourquoi les astres ont des queues Quand les Burgraves n’en ont pas.
Honoré DAUMIER 1808 - 1879 Hugo lorgnant les voûtes bleues… Reproduction typographique parue dans Le Charivari 31 mars 1843. Impr. d’Aubert & Cie, Paummier éd. Don Claude Ancelet, 1973 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1973.3.10 (04)) [n° 1667(04) ]
11 - Les cahiers du musée
25 Alors que les travaux sont en cours dans l’appartement parisien de la place Royale (actuelle place des Vosges), Victor Hugo exhorte son épouse à plus de rigueur budgétaire […] Les Burgraves n’ayant pas produit ce qu’ils auraient dû produire, je serai gêné jusqu’au 1er janvier ; il faut donc remettre toute dépense extraordinaire à cette époque […]
26 Prospectus publicitaire Les Buses-graves Trilogie à grand spectacle avec fantasmagories etc. par M. Tortu Goth, chargée de vignettes par Bertall, Paris, Ildefonse Rousset éd., 1843. Donation Claude Ancelot, 1973 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1976.3.783) [n° 2493]
Parodie de la pièce de Victor Hugo ; Tortu Goth était le pseudonyme de Charles Albert d’Arnould connu sous le nom de Bertall (1820 – 1882).
Les cahiers du musée - 12
Lettre de Victor Hugo à Adèle Foucher-Hugo, son épouse 26 juin [1843]. Feuillet double, 4 pages écrites, la 4e portant l’adresse : Madame / la vicomtesse Victor Hugo / à Graville, rue Tourneville/ au Havre. Cachets des postes de Paris et du Havre. Achat du musée, 1959. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1959.2.1) [n°166]
Les Burgraves : suite et fin Assurément la pièce de Victor Hugo fut mise en concurrence avec celle de Ponsard. Affecté par cet échec, épuisé de devoir justifier son travail de création, Victor Hugo n’écrivit plus de pièce de théâtre jusqu’à son exil en 1851. Je me suis tu après les Burgraves, confirmera-t-il plus tard, dans une lettre à son éditeur Lacroix, datée du 12 juin 1864. La Comédie Française reprit Les Burgraves en 1846, mais ce fut en 1902 pour la célébration du centenaire de la naissance de Hugo qu’un ultime effort fut fait par la Comédie Française dans une mise en scène de Lucien Guitry où Mounet-Sully interpréta Job et Mme SegondWeber, Guanhumara. Entre 1903 et 1914, la pièce fut jouée une vingtaine de fois. Les acteurs se plaignaient du manque de fantaisie qui leur était accordé. Victor Hugo avait tout prévu, les déplacements des acteurs sur scène, les décors… Aussi, après sa mort, il semble que les excès aient été nombreux. En 1927, Mme Segond-Weber immortelle Guanhumara, reprit la pièce pour 15 représentations avec Albert Lambert dans le rôle de Job et Jeanne Sully dans celui de Régina.En 1935, 7 représentations en furent données. Il est intéressant de noter que le Théâtre des Champs Elysées vit le 18 juin 1924 la création des Burgraves, un drame lyrique en 4 actes tiré de la trilogie de Victor Hugo, avec une musique de Léo Sachs et l’introduction d’un ballet au 2e acte pour la fête des Vendanges. Les maquettes des costumes dessinés par Charles Betout, costumier à La Comédie Française, l’ont probablement été pour la reprise de la pièce en 1927. Ils sont très influencés par la mode des couturiers de l’époque. En règle générale, illustrateurs et créateurs de costume finiront par s’éloigner des consignes originales.
27 François FLAMENG Paris, 1856 – Paris, 1923 Les Burgraves Dessin original au crayon gras, estompe, rehaussé de gouache blanche. Signé, non daté [1885]. Les Burgraves, 3e partie, sc.3. Fait partie de la suite des dessins originaux destinés à être gravés et mis en vente par la librairie Hébert pour illustrer l’édition Hetzel-Quantin (1885-1888). Achat du musée avec l’aide du FRAM, 2004.
Otbert comme fou et hors de lui, lève le couteau sur Job agenouillé. Il va frapper. Quelqu’un lui arrête le bras.
Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.2004.2.9)
28 Sollicité par Victor Hugo, le peintre Louis Boulanger réalisa 23 maquettes de costume pour Les Burgraves. Ces costumes furent réalisés pour les représentations de 1843. Ici, il s’agit du costume de Hatto, pour l’acte 1er.
Album de Léopoldine Hugo Carnet de dessins contrecollés et poèmes. [1836- 1843] ouvert f°44 : dessin à l’encre et à la plume par Louis Boulanger. Don famille Lefèvre-Vacquerie, 1963 Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.1963.2.1 (18)) [n° 487/18]
13 - Les cahiers du musée
29 Les Burgraves de Victor Hugo Carte postale illustrée en couleurs par Louis Bailly, sans date, sans nom d’imprimeur. Extraite d’une série sur les Œuvres de Victor Hugo. Musée dép. Victor Hugo, Villequier (inv.2002.75)
30 à 57 Charles BETOUT (un des principaux costumiers pour la Comédie Française de 1902 à 1939) Série des maquettes de costumes, dessins aquarellés, avec annotations, pour la reprise de la pièce en 1927. Achat du musée, 2005. (inv.2005.3.1 à 2005.3.28)
30 : 31 : 32 : 33 : 34 : 35 : 36 : 37 : 38 : 39 : 40 : 41 : 42 : 43 : 44 : 45 : 46 : 47 : 48 : 49 : 50 : 51 : 52 : 53 : 54 : 55 : 56 : 57 :
58 Guanhumara et Otbert Reproduction d’un cliché pris lors de la représentation de 1927 à la Comédie Française. Mme Segond-Weber et Albert Lambert Musée dép. Victor Hugo, Villequier. (entré avec la collection Ch.Betout)
Les cahiers du musée - 14
costume de JOB, burgrave de Heppenheff (2e costume) costume de JOB costume de MAGNUS, fils de Job, burgrave de Wardeck costume de HATTO, fils de Magnus, burgrave de Nollig costume de GORLOIS, fils bâtard de Hatto, burgrave de Sareck costume de GORLOIS (variante) costume de GUANHUMARA costume d’EDWIGE, nourrice de Régina costume d’EDWIGE, nourrice de Régina (variante) costume de REGINA, comtesse costume de REGINA (variante) costume des porteurs de cercueil costume pour Régina ou sa suivante (non définitif ) costume pour LUPUS, comte de Mons costume pour TEUDON, classe des marchands et bourgeois autre costume pour les porteurs de cercueil costume pour HAQUIN, classe des marchands et bourgeois costume pour JOSSIUS, un soldat prisonnier, costume pour BARBEROUSSE, Frédéric de Hohenstaufen costume pour une suivante costume pour une suivante costume pour une suivante ou une jeune fille costume pour une suivante costume pour un danseur costume pour une danseuse costume pour une suivante, une danseuse ou une figurante costume pour Giannilaro, seigneur venu de Gênes costume pour des seigneurs âgés
Surnommée « la Tragédie en personne », Caroline Eugénie Weber (dite Mme Segond-Weber, 1867-1945) était surtout connue pour ses interprétations du théâtre de Corneille. Elle fut sociétaire de la Comédie Française de 1902 à 1926. Raphaël Albert Lambert (1865 – 1941), sociétaire de 1891 à 1936, fut un interprète inoubliable dans Ruy Blas (Hugo).
Victor Hugo :
biographie
1802 26 février
Naissance à Besançon de Victor-Marie Hugo.
1809 juin
Installation de Mme Hugo et ses trois enfants, Abel, Victor et Eugène aux Feuillantines, à Paris.
1821
Victor Hugo perd sa mère qui s’opposait à son mariage avec Adèle Foucher, fille d’amis de la famille.
1822
Mariage de Victor Hugo et Adèle Foucher.
1824
Le jeune ménage Hugo s’installe à Paris ; naissance de Léopoldine.
1825
Victor Hugo est fait Chevalier de la Légion d’Honneur.
1828
Décès du père de Victor Hugo.
1830
Hernani, pièce de théâtre de Victor Hugo, lance la polémique entre les tenants du drame romantique et les défenseurs de l’ordre classique.
1831
Notre-Dame-de-Paris (roman), Marion de Lorme (théâtre).
1833
Lucrèce Borgia (théâtre). La comédienne Juliette Drouet y joue la princesse Negroni et entre dans la vie de Victor Hugo.
1837
Eugène Hugo, interné peu de temps après le mariage de Victor Hugo, meurt à l’asile.
1841
Victor Hugo est élu à l’Académie française.
1843
Échec de la pièce Les Burgraves. Mariage de Léopoldine Hugo et Charles Vacquerie puis décès accidentel du jeune couple à l’automne à Villequier.
1845
Victor Hugo est nommé pair de France.
1848
Louis-Napoléon Bonaparte est élu président de la République. Victor Hugo, député, l’a soutenu.
1851
Coup d’État du 2 décembre. Victor Hugo s’oppose à Louis-Napoléon.
1852
Contraint à l’exil, Victor Hugo part à Bruxelles puis à Jersey où sa famille le rejoint.
1855
Nouvel exil à Guernesey où l’année suivante, Victor Hugo achète une grande maison, Hauteville House, grâce au succès des Contemplations (poèmes).
1862
Triomphe des Misérables (roman).
1863
Mme Adèle Hugo publie à Paris son premier livre « Hugo raconté par un témoin de sa vie ». Leur fille Adèle s’est enfuie aux Amériques à la recherche du lieutenant Pinson dont elle se croit aimée.
1868
Décès à Bruxelles de Mme Adèle Hugo dont le corps est rapatrié à Villequier par Auguste Vacquerie, Victor Hugo étant toujours proscrit de France.
1870 5 septembre Retour triomphal de Victor Hugo à Paris, la République ayant été proclamée. 1871
Décès de Charles Hugo, fils aîné de Victor Hugo. Démission de Victor Hugo comme député ; expulsé de Belgique pour y avoir hébergé des réfugiés de la Commune, il s’installe au Luxembourg.
1873
Décès de François-Victor Hugo, son second fils. Allers-retours à Guernesey pour y suivre ses affaires.
1876 - 1877
Elu sénateur de Paris, il se bat pour l’amnistie des Communards. Il publie Actes et paroles, La Légende des siècles, Histoire d’un crime, L’Art d’être grand-père (poèmes).
1881
Son anniversaire (79 ans) donne lieu à une fête populaire à Paris devant son domicile. Victor Hugo continue à publier : les Quatre vents de l’esprit, puis Torquemada en 1882.
1883
Disparition de Juliette Drouet.
1885 22 mai
Décès de Victor Hugo. Des funérailles nationales sont organisées. Des délégations de différents pays d’Europe suivent le cercueil jusqu’au Panthéon où il est inhumé.
15 - Les cahiers du musée
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