Planète Paix 541

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L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement

3,20 euros / N° 541 / Avril 2009

Dossier

Armes nucléaires, vers l’abolition ? (P.11-16)

France-Otan Une réintégration lourde de conséquences (P.7-8)

Afghanistan L’éducation, source de liberté (P.21)


REGARD SUR...

Éric Biesse anime une soirée consacrée à son film « Bil’in, Village au pied du mur » Amiens - 7 février 2009

Champigny - 6 février

Université Populaire de la Culture de la Paix consacrée aux droits de l’homme avec Stéphane Hessel. Paris - 2 mars 2009

2009 Quimper - 19 mars 2009

Initiatives Contre le sommet de l’Otan Concarneau - 2 mars 2009

Caen - 28 février 2009

Journée de la femme Le Havre - Gonfreville - 7 mars 2009 2

N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

6 heures pour la Paix à Marseille - 14 mars 2009

Marche non violente pour la diminution des dépenses d’armement - Rennes - 21 mars 2009


sommaire

l’Édito

Planète Paix n° 541 - Avril 2009

6

actualitÉ

éLECTions européennes - 7juin 2009

P.6

Europe et politique de défense

7

Campagne

france-Otan

Désarmement nucléaire ?

«

P.7-8

Désarmement nucléaire », ces deux mots ne sont plus tabous depuis que Barack Obama les a prononcés en tant que président des États-Unis. Et les décisions envisagées sont nombreuses.

Une réintégration lourde de conséquences

9

histoire

60ème anniversaire du Mouvement de la paix P.9

20 avril 1949 : congrès salle Pleyel

11

dossier

Armes nucléaires, vers l’abolition ? Crise et armes nucléaires P.12

Nouvelle chance à saisir pour le désarmement Abolition

P.13

Les citoyens en campagne Désarmement nucléaire

P.-14-15

Agir maintenant pour une convention d’élimination

16

Référence

Convention relative aux armes nucléaires

18

P.16

mondialiser la paix

Darfour

P.18

Le président Al Bashir inculpé par la CPI Israël

P.19

Un nouveau gouvernement à hauts risques pour la paix Madagascar

d’une Convention d’élimination des armes nucléaires ?

P.21

Ce débat refusé

L’éducation, une source de liberté

22

‘‘ Qui ose parler

P.20

L’île de la convoitise Afghanistan

Dominique Lalanne Président d’Abolition 2000 Europe Membre du bureau national du Mouvement de la Paix

sera notre objec-

culture

Argentine

P.22

tif pour 2009.

’’

Un travail de mémoire exemplaire livre

P.23

Les guerres au nom de la démocratie

Mensuel édité par le mouvement de la paix

9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél.  01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org

Directrice de publication : Annie Frison. Rédactrice en chef : Arielle Denis. Secrétaire de rédaction : Nadia Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi. Rédacteur - graphiste - maquettiste : Laurence Leclert.  Comité de rédaction : Nadia Bennad, Nicole Bouexel, Ben Cramer, Jacques Le Dauphin, Arielle Denis, Pierre Villard. Photos et illustrations : Tous droits réservés. Ont participé à ce numéro : Dominique Lalanne,Raoul Alonso, Paul Quilès, Raphaël Spina, Abraham Behar, Alyn Ware, Jessica Willingham, Nicole Bouexel, Arielle Denis, Bruno Ralay-Ranairo, Nasrine Nabiyar et Roland Nivet, Jacques Le Dauphin. Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél.  01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0709G85601. Imprimeur : Midi Pyrénnées

Citons le vice-président des États-Unis, Joe Biden, à la Conférence sur la sécurité à Munich en février dernier : « nous sommes disposés à engager des négociations pour un Traité d’interdiction de production de matière fissile, à ratifier le Traité d’interdiction des essais nucléaires, à lever l’état d’alerte des armes nucléaires, à ne pas engager le développement de nouvelles armes nucléaires, à chercher un accord contre les armes anti-satellites et, au-delà de ces mesures, à libérer le monde des armes nucléaires. » Les États-Unis veulent aussi une diminution importante du nombre de têtes nucléaires. Le nouveau traité START qu’ils veulent négocier cette année avec les Russes pourrait prévoir un maximum de 1000 têtes dans chacun des deux arsenaux, avec des procédures de vérification. C’est précisément ce que souhaitent les Russes et qu’ils n’avaient pas pu obtenir de l’administration Bush. Mais deux mots restent tabous, ceux de « Convention d’élimination ». Car c’est l’idée même qui effraie la classe politique américaine. Peut-on réellement se passer d’armes nucléaires ? Pour la France, ce n’est pas envisageable. « Notre sécurité repose sur nos armes nucléaires », une affirmation répétée dans tous les discours de Nicolas Sarkozy, y compris dans sa dernière intervention en février co-signée par Angela Merkel : « Nous sommes convaincus qu’une politique de sécurité responsable, qui prend en compte les risques futurs, doit conserver dans un avenir prévisible la dissuasion nucléaire. » En France, cherchez bien dans la presse, dans les médias, dans les discours de personnalités politiques. Qui ose parler d’une « Convention d’élimination » ? Ce sera donc notre objectif pour 2009. Toutes ces mesures de désarmement nucléaire doivent s’inscrire dans une Convention d’élimination avec une date butoir. Ce sera notre préoccupation lors de notre présence à l’Onu à New York en mai pour le Traité de non-prolifération et aux Journées du Désarmement Nucléaire à Caen, les 17 et 18 octobre 2009.

Dominique Lalanne Bon d’abonnement à Planète Paix page 17 N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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C’EST VOUS QUI LE DITES

 Pour assurer la paix former à la fraternité. A l’école autrefois l’enseignement de la morale nous engageait dans la voie de la fraternité. Pour que nous participions à l’édification d’un monde pacifique, nous savions qu’il fallait consacrer nos efforts à la bonne marche de la société et non à la recherche d’une vie facile. On aurait aimé qu’après la sortie de l’école et avant notre intégration à la société on complète cette formation. Il fallait nous faire comprendre que l’ensemble de la population devait participer à la gestion de l’appareil économique pour que l’on tienne compte des besoins de chaque individu. Il fallait que nous découvrions qu’une telle évolution de la société nécessitait le

Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.

développement du syndicalisme solidaire. C’est à cette condition que reculerait le despotisme des grands détenteurs de capitaux. Et c’est à cette condition que ne serait plus d’actualité cette parole de Marc Sangnier, vieille d’un siècle: « Tant que nous aurons la monarchie dans l’usine nous ne pourrons avoir la République dans la société ». Une telle évolution de la gestion de l’appareil économique ferait disparaître les affrontements dangereux au sein de la société. C’est vers son application à l’échelle de la planète que doit s’orienter la démocratisation du système économique. Le moral de l’être sensible devient sombre quand les médias annoncent qu’un homme meurt de faim toutes les cinq secondes sur la terre. La paix court de grands risques dans un monde qui comporte des inégalités scandaleuses. La paix ne peut être assurée que par des hommes qui s’aident les uns les autres et non par des populations qui garantissent leur train de vie élevé en appliquant l’adage romain « Si tu veux la paix prépare la guerre », adage stupide car aujourd’hui,

Sémou Pathé Guèye est décédé le 3 mars 2009. Professeur de philosophie associé à plusieurs universités dans le monde, Sémou, militant politique, syndical, altermondialiste et pacifiste, était engagé dans de multiples domaines. Présent lors des forums sociaux, il marquait les débats par son esprit de synthèse et sa vision stratégique de l’avenir de l’Afrique. Ce grand intellectuel avait une capacité d’écoute et de restitution des débats remarquables. La formation et l’éducation de la future élite du mouvement social et démocratique en Afrique lui tenaient à cœur, « politiquement compétents et politiquement conscients » se plaisaitil à dire. Il était le porte-parole du PIT du Sénégal (Parti de l’Indépendance et du Travail) et connaissait particulièrement bien la France où il avait beaucoup d’amis. Une grande figure intellectuelle, plongée dans les réalités sociales, nous a quittés. Le Mouvement pacifiste, le mouvement social perdent un ami précieux, à l’engagement remarquable. 4

N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

préparer la guerre nucléaire c’est préparer la fin du monde. Il faut rétablir l’enseignement de la morale à l’école. L’on est très satisfait de la formation littéraire, scientifique et technique qu’elle assure aux jeunes mais on voit combien il serait nécessaire que, comme autrefois, elle développe chez eux le sens de la fraternité et soutienne ainsi le maintien de la paix.

M L (59) Message de Denise Hamouri En tant que présidente d’honneur du Comité de soutien à mon fils Salah Hamouri, je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui s’y sont joints et qui ont contribué à ce site afin de sensibiliser l’opinion publique et faire connaître sa situation tandis qu’un mur de silence nous entoure. Soutenir Salah, un jeune franco-palestinien, c’est bien sûr soutenir un prisonnier injustement condamné par la «justice militai-

re» d’occupation israélienne mais c’est aussi une manière de prouver avec éclat que des personnes venues d’horizons très différents peuvent se retrouver et être solidaires face à l’injustice et à l’arbitraire. Cette grande diversité est une richesse mais aussi une force et une source d’espoir. Soutenir Salah, c’est aussi pour moi une façon de penser aux 11.000 prisonniers palestiniens anonymes qui souffrent au quotidien dans les prisons israéliennes. Je vous remercie toutes et tous de votre généreuse et humaine mobilisation. «Ici, sur les pentes des collines, face au couchant Et à la béance du temps, Près des vergers à l’ombre coupée, Tels les prisonniers, Tels les chômeurs, Nous cultivons l’espoir» Mahmoud Darwish Extrait de «État de siège». Traduit de l’arabe par Elias Sanbar. Éditions «Actes sud» 2004

Poème Vivre !

La vie est bien des choses : Des durs et merveilleux moments Pour que le cœur et le corps s’harmonisent Au service de notre venue Sur cette terre ci N’oublions pas que la VIE C’est transmettre et perpétuer le genre humain sur tous les continents Alors ! le respect de l’existence, de toute existence Sera le sens de notre citoyenneté universelle L’humanité se construit Par la relation avec autrui le regard de l’autre Tout aussi humain que moi Est une autre forme de vie Tout aussi digne et respectable Exister : C’est l’intelligence de la nécessité Du genre humain sur notre planète bleue En osmose avec l’environnement naturel. Guy Crequie - Poète et écrivain français


REPÈRES ... À écouter

EN EXPRESS ...

Question de survie Dany Allaire participera au « Prepcom* » à New-York. Il explique ici ses motivations.

L’arme de Paix de Oxmo Puccimo Wagram music Le rappeur français Oxmo Puccino, qu’on surnomme le Black Jacques Brel, est de retour avec un nouvel album, « L’arme de Paix ». Un disque tout en mélodie qui s’ouvre sur les accords de guitare de « 365 jours », ode au temps qui passe. Tout en nostalgie, le conteur d’histoire met à profit sa plume pour livrer son analyse de la nature humaine. Avec humour, lorsqu’il dépeint la gent féminine sur « Les Unes, Les Autres », et plus grave quand il balance ses vérités « Véridique » ou évoque son déracinement d’homme africain soumis au « Soleil du Nord » dans les grands ensembles urbains, Oxmo Puccino poursuit son parcours atypique au sein du rap français. Le rappeur s’élève ainsi au dessus de la masse et redonne ses lettres de noblesse au hip hop. L’Arme de Paix est déjà un classique.

À lire

Gaza Ouvrage Collectif Après les bombardements sur Gaza en décembre et janvier dernier, de nombreuses protestations ont eu lieu. A l’image de ces contestations, un projet collectif est né, initié par Maximilien Leroy. Il a fait appel à des auteurs tels que Gipi, à Siné hénbo et à des spécialistes de la région, Alain Gresh, Rony, Simone Bitton… Cet ouvrage de 300 pages qui mélange dessins animés, arts graphiques, photos et analyse politique du Moyen-Orient par des experts, décrit ce qui s’est passé au cours de ces semaines, et remettre le conflit dans son contexte politique. Certains auteurs apportent leur point de vue, d’autres illustrent simplement les récits recueillis de Gazaouis pendant les événements. Les résultats sont impressionnants et permettent au lecteur d’avoir un espace de réflexion plus que ne peuvent le faire de nombreuses photos.

Question : Pourquoi allez-vous participez au Prepcom à l’Onu ? La raison est simple. La situation actuelle m’inquiète beaucoup. La France et les États-Unis offrant à l’Inde, non signataire du TNP, leur coopération pour le nucléaire civil, la mise en cause du comportement effectivement dangereux de l’Iran et de la Corée du Nord par les pays occidentaux faisant eux-mêmes des accrocs à la lutte contre la prolifération, pour ne prendre que ces exemples, me font poser questions. Entre les pays dotés, les pays non dotés (officiellement pour certains) et les recherches entreprises, la question de la prolifération nucléaire se pose tous les jours. Le stock d’armes nucléaires représente un danger pour notre planète. Même si, de part mon engagement, je suis convaincu que notre survie passe, en autre, par l’arrêt de cette prolifération mais aussi

par le désarmement nucléaire, je ressens le besoin de rencontrer d’autres organisations pacifistes, de parler et de partager cette conviction avec un nombre de plus en plus important de personnes afin de la conforter. Participer à une telle conférence permet, justement, de rencontrer et d’échanger avec les ONG du monde entier sur ces questions. Il y a aussi la possibilité de rencontrer et d’échanger avec des ambassadeurs de divers pays. Et puis il y a ce coté mythique de l’Onu, cette grande institution où se prennent des décisions importantes (respectées ou pas), décisions sur lesquelles nous pouvons peser en tant qu’ONG. C’est bien avec cet esprit, et un peu d’anxiété, que je participe, pour la première fois, à cette rencontre. Cela va être une expérience enrichissante qui va me permettre de m’engager plus dans la campagne pour l’abolition de l’arme nucléaire. * Comité préparatoire au TNP

IMAGE DU MOIS

Le chiffre... 17 000

soldats américains supplémentaires en Afghanistan : en tout 85 000 cet été…

La phrase du mois « Mais nous ne pouvons plus croire que seule une approche militaires pourra régler nos problèmes » Barak Obama au sujet de l’envoi de soldats supplémentaires en Afghanistan

« Nato Game Over » La police a arrêté administrativement le 21 mars 442 manifestants qui ont tenté de s’introduire sur le site de l’Otan, situé à la limite des communes d’Evere, Bruxelles (Haren) et Zaventem, dans le cadre d’une action de désobéissance civile non violente Cette action était organisée par le Forum d’Action pour la Paix. N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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ACTUALITÉ Élections européennes - 7 juin 2009

Europe et politique de défense Les élections européennes se placent dans une crise globale du système de production et d’échange, caractérisé par l’appropriation inique du fruit du travail et des richesses naturelles, et par de fortes inégalités dans les rémunérations et l’accélération du chômage de masse. Des conséquences catastrophiques résultent de la recherche spéculative d’un profit maximum de la part d’un système bancaire et d’une logique financière socialement irresponsables et dangereux. 6

N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

C

es élections seront marquées par la volonté du mouvement social, pacifiste et citoyen d’inscrire ses préoccupations, ses exigences, ses solutions dans les débats, dans les engagements et dans les choix des candidats. Il est urgent que les politiques à venir affrontent les vrais problèmes, actuels et prévisibles, des populations, de la jeunesse, des générations futures, de la préservation de l’eau, de l’air, des ressources alimentaires et énergétiques, pour la paix et l’avenir de la planète.

de justice et de solidarité dont le rôle avec l’Osce et l’Onu serait de mettre ses forces au service de la paix, de l’interposition entre les parties en conflit, de la protection des populations en danger, du respect des résolutions de l’Onu et des conventions internationales. Une telle Europe, sans bases étrangères, agissant pour le désarmement général et contrôlé, nucléaire en particulier, aurait une écoute et un poids dans le monde bien meilleurs que si elle n’est que le pilier vassal du commandement du Pentagone et de ses réponses guerrières aux crises.

Le Mouvement de la Paix, engagé dans le concept global de Culture de la Paix, s’exprime et intervient dans les débats de campagne électorale. L’enjeu est la politique européenne du pays, comment il doit agir envers ses partenaires, ce qu’il attend de l’Union européenne, de son organisation, de son rôle international, de sa politique de défense et de sécurité, de ses choix budgétaires, économiques et sociaux, de son attitude dans la défense des droits fondamentaux individuels et collectifs, politiques, citoyens, sociaux et culturels. Nous ne sommes pas les seuls à poser ces questions et nous serons en partenariat avec d’autres pour le faire. Mais, comme le Mouvement de la Paix, nous avons la responsabilité d’être incisifs et exigeants sur les problèmes de désarmement, d’élimination progressive et contrôlée des armes nucléaires, de réduction des budgets militaires et du commerce des armes, du rôle nécessaire de l’UE en faveur de la paix, de la prévention des conflits, de leur résolution pacifique négociée quand il en éclate, sur le continent comme dans le monde. La place de la France et de l’UE dans la définition de nouvelles règles d’organisation du monde et de son économie, dans la réforme démocratique de l’Onu et de ses organismes se pose.

La réintégration de la France dans le haut commandement de l’Otan est à cet égard négative. Ce choix était absent du mandat présidentiel de Sarkozy. Après plusieurs annonces publiques et de fortes réactions de différents bords, il a été obligé de concéder un débat à l’Assemblée nationale, mais en le déviant sur l’ensemble de la politique extérieure et en détournant le vote sur une censure du gouvernement, sans vrai débat ni vote au Sénat. Une consultation populaire sur un sujet qui engage l’avenir de la France et de ses citoyens est nécessaire. C’est la raison de notre appel à l’obtention d’un référendum, modalité démocratique qui a été proposée également par d’autres formations et personnalités. Ce retour en arrière dans la logique de force et de suprématie militaires inhérentes à l’Otan, amène à rappeler que cette organisation est une survivance de la guerre froide. Son objet, sa gouvernance, son aire géographique, l’AtlantiqueNord, ont perdu toute pertinence et sont obsolètes comme cela a été reconnu dans le cas de l’Otase, l’alliance semblable pour l’Asie du sud-est. On assiste, et on va s’en rendre complice, à un dévoiement vers la militarisation de toutes les questions internationales sans qu’aient été débattus et définis le rôle, le champ d’action, le concept stratégique, les objectifs, les types d’intervention, les incidences financières, industrielles, diplomatiques, nucléaires de la volonté d’hégémonie mondiale de l’Otan et de confiscation du rôle et des compétences dévolus à l’Onu. C’est ce qu’ont dit haut et fort les manifestants venus du monde entier à Strasbourg.

La politique européenne autonome de défense et de sécurité est un sujet particulier. Va-t-on s’inscrire encore plus dans la stratégie d’inféodation à une grande puissance en étant à la merci des errements de ses dirigeants et de ses grandes firmes comme ce fut le cas avec Bush et les trusts états-uniens dans leur vision manichéenne et dangereuse de la « guerre des civilisations » ? Où va-t-on enfin choisir la voie d’une Europe de paix,

Raoul Alonso


campagne France - Otan

Une réintégration lourde de conséquences Le 17 mars, l’Assemblée nationale a voté sa confiance au gouvernement sur l’ensemble de la politique étrangère du Premier ministre, François Fillon, y compris le projet de Nicolas Sarkozy visant à réintégrer pleinement la France dans le commandement militaire de l’Otan. Pour Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, « Le retour de la France dans le commandement militaire intégré de l’Otan est inutile et dangereux ».

Défenses antimissiles

uelle est votre opinion sur le résultat des débats du 17 mars à l’Assemblée nationale ? Il faut d’abord bien comprendre qu’il s’agissait d’un faux débat, dans la mesure où le Premier ministre a demandé à sa majorité un vote de confiance (procédure de l’article 49-1 de la Constitution) sur l’ensemble de sa politique et pas simplement sur le retour de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’Otan. Il s’agissait de faire taire, à la veille du sommet de l’Otan de Strasbourg-Kehl, les critiques qui se développaient à ce sujet, au sein de la majorité parlementaire. Comment en effet les députés de la majorité auraient-ils pu voter contre la déclaration de politique générale si leur vote avait eu comme conséquence la démission du gouvernement ? Si le président de la République, qui est l’unique responsable de cette décision, avait voulu que le Parlement s’exprime librement, il aurait pu choisir la nouvelle procédure du nouvel article

50-1 (débat avec vote sans engager la responsabilité du gouvernement). Mieux même, s’agissant d’une question ayant trait au fonctionnement des pouvoirs publics dans leur dimension de défense et engageant dans les faits sinon en droit la souveraineté du pays, il aurait dû la soumettre au référendum, selon la procédure de l’article 11 de la Constitution.

Quelles sont les conséquences de la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’Otan, pour la France, l’Europe et le monde ? Militairement parlant, ce retour n’a pas d’importance (sauf pour les 900 officiers français qui vont être intégrés dans les structures permanentes !). Quand la France participe à une opération, des officiers français sont intégrés dans les chaînes de commandement opérationnel. Politiquement parlant, il n’en va pas de même. L’appartenance au commandement intégré introduit une présomption de disponibilité des forces françaises « assignées » à l’Otan. Pour une mission N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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militaire donnée, la participation française sera supposée acquise et le rôle du contingent français largement prédéterminé. La capacité de la France à infléchir la conduite de la mission -dans une interposition au Proche-Orient, par exemple- serait réduite d’autant. Symboliquement surtout, l’effet serait considérable. Jusqu’ici, le statut spécifique de la France dans l’Otan était vu, notamment dans les pays arabes, comme le symbole d’une certaine indépendance de la France par rapport aux États-Unis et comme la preuve d’une volonté d’autonomie de la politique de défense européenne. Cette perte d’image risque donc d’affaiblir la France et l’Europe et de déséquilibrer davantage encore la relation transatlantique.

Quelles sont pour vous les motivations du président de la République ? Les arguments qu’il a avancés sont contestables et souvent contradictoires. On l’a entendu affirmer, selon les moments ou selon les publics, que cette décision constituait une « rupture » dans la politique de défense française ou qu’il ne s’agissait que d’une « normalisation » et de la « fin d’une anomalie ! ». Un jour, il a juré que l’amélioration de la défense européenne était une condition du retour de la France dans le

Manifestation contre l’envoi de nouvelles troupes françaises en Afghanistan - Marseille - Septembre 2008

commandement intégré, puis il nous a dit que cela en serait une conséquence ! En réalité, cette décision, qu’il a annoncée il y a 18 mois, sans aucun débat, correspond à sa conception des relations transatlantiques et à sa vision du monde. Chacun connaît en effet son affection pour les États Unis, ce qui n’est pas en soi un défaut, mais en faisant, en août 2007, le « cadeau » du retour de la France dans le commandement militaire de l’Otan à un G.W. Bush finissant, il a montré que son tropisme atlantiste était une réalité. Plus largement, N. Sarkozy n’a pas remis en cause une certaine conception des objectifs et du fonctionnement de l’Otan comme « bras armé » de l’Occident. La militarisation de bon nombre de questions de sécurité, l’élargissement inconsidéré du champ géographique de l’Alliance, l’incapacité à définir les moyens autres que militaires dans le règlement d’opérations comme l’Afghanistan, sont autant de questions qui se posent depuis des années et qu’il aurait fallu mettre en débat avant de modifier la posture de la France au sein de l’Otan.

Quelle serait la ligne conductrice pour une politique étrangère de la France adaptée aux défis du 21ème siècle ?

Embarquement des forces de L’Otan

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N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

Notre monde incertain de ce début de millénaire hésite entre chaos et espoir, entre le chaos résultant des multiples désordres qui l’agitent et l’espoir de voir mises en œuvre des solutions durables. A condition qu’elle conserve une marge d’autonomie dans ses choix stratégiques et diplomatiques, la France peut agir à différents niveaux pour être un facteur de paix et, si nécessaire, un médiateur. Cela passe par un soutien appuyé à toutes les initiatives allant dans le sens du développement et de la réduction des inégalités, source de la plupart des tensions. Elle peut être aussi présente et influente dans les instances où l’on traite de la résolution des conflits les plus graves (Israël- Palestine, en tout premier

lieu). Notre pays devrait faire à cet égard des propositions fortes de réforme des institutions internationales, qui souffrent de lourdes carences, souvent dénoncées: une inefficacité chronique, un fonctionnement fondé sur une approche formelle de la démocratie – qui donne le même poids à Haïti et à l’Inde ! – des instances décisionnaires dont la légitimité fait débat. Dans la tempête économique sans précédent que traverse le monde, lourde de risques pour la paix, notre pays devrait aussi ne pas hésiter à proposer des réponses audacieuses visant à réformer en profondeur le système et proposer par exemple des mesures de limitation du libre échange généralisé. Enfin, nous devrions être à l’avant-garde des initiatives concernant le désarmement, notamment nucléaire. Autant dire, en observant la ligne suivie par le Président actuel, que ce n’est malheureusement pas dans cette voie que s’est engagée la France.

Paul Quilès Ministre de la Défense de septembre 1985 à mars 1986

Paul Quilès

EN SAVOIR PLUS • http://paul.quiles.over-blog.com


HISTOIRE 60ème anniversaire du mouvement de la paix

20 avril 1949 : congrès salle Pleyel En pleine guerre froide, il se forme entre Paris et Prague un mouvement pacifiste universel, présent des deux côtés du rideau de fer et sur tous les continents, hostile à la bombe A mais aussi à l’Otan et à tout réarmement allemand.

E

n 1932-1933, le mouvement d’Amsterdam-Pleyel contre le fascisme et la guerre est ouvert à toutes les bonnes volontés mais avec un programme révolutionnaire. Quelques années plus tard, la salle Pleyel voyait de nouveau naître un mouvement mondial. Tout commence à Wroclaw en août 1948. Grâce à un franc-tireur polonais, Jerzy Boreszja, préoccupé du fossé croissant entre Est et Ouest, des intellectuels de partout s’y réunissent. Tel Yves Farge, président des Combattants de la Liberté et de la Paix*, rassemblement d’anciens résistants fondé le 22 février 1948 et qui va faire passer la Paix en tête des préoccupations. Mais aussi Picasso, Eluard, D. Desanti, I. Joliot-Curie, l’abbé Boulier, futur orateur attitré du mouvement, et une kyrielle de célébrités dont les écrivains sud-américains J. Amado et P. Neruda, le poète turc N. Hikmet, le chanteur noir américain P. Robeson... L’unité est un temps compromise par le discours tonitruant du Soviétique Fadeïev, porte-parole de la ligne stalinienne. De Paris, Frédéric Joliot-Curie, peu enthousiaste de voir les Combattants « avalés » bientôt par une structure internationale, mais conscient que l’efficacité sera à ce prix, demande à son épouse, Irène, de rester à Wroclaw jusqu’à la fin du rassemblement. Au retour, Laurent Casanova, responsable des intellectuels au PCF, installe rue de l’Élysée un comité de liaison pour perpétuer l’action du congrès. Ce comité ne s’adresse qu’aux intellectuels, porte une idéologie jdanovienne peu rassembleuse et concurrence les Combattants de la Paix. Mau-

rice Thorez arbitre en faveur de ces derniers. Les mois suivants, se développe l’idée séduisante de ressusciter plutôt un large mouvement planétaire confiant le sort de la paix à la mobilisation des peuples. Le 25 février 1949, 75 personnalités, au tiers françaises, appellent à un Congrès mondial des Partisans de la Paix. Le 20 avril, salle Pleyel, 2000 délégués de 75 pays écoutent le discours d’ouverture de Joliot-Curie, élu président du Conseil Mondial de la Paix. La Colombe de Picasso offre au Congrès son symbole. Avant l’ouverture, dans la tradition du Front Populaire, un stade Buffalo comble à déborder accueille le rassemblement de masse des Partisans : drapeaux, chants, prestation de serment solennelle. Les vaincus (Allemagne, Japon) sont présents. La Charte est présentée : elle n’affiche pas d’hostilité au capitalisme par souci d’« élargissement », mais sans le nommer, dresse une accusation en règle contre le camp américain, rendu seul responsable de la tension mondiale et soupçonné de vouloir la guerre atomique. Elle se conclut sur l’exhortation : « De l’audace, encore de l’audace. » Farge salue « la prise de conscience universelle d’un danger universel ».

Aussi les premières tensions internes, les premiers doutes et départs. En intégrant ce mouvement mondial, les Combattants renoncent aussi à leur identité initiale de regroupement d’ex-résistants. La mutation accomplie, l’aventure née à Pleyel peut continuer jusqu’à nos jours.

Raphaël Spina - Historien

* Les Combattants de la liberté et de la paix créés en 1948, allaient devenir, en 1951, Le Mouvement de la Paix

Le Mouvement a choisi son camp et le paie. Le ministre de l’Information Mitterrand ordonne le silence radio sur l’événement. Les visas ont été refusés aux délégations de l’Est, qui doivent tenir leur assemblée à Prague. Mais dès septembre, 72 pays ont leur comité national. L’an suivant, c’est l’Appel de Stockholm, l’action la plus éclatante et la plus réussie de son histoire. N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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çA BOUGE « Les enfants de Freinet »

La jeunesse [ça] se cultive

L’éducation est le premier point de la définition d’une culture de la paix d’où l’importance des éducateurs. Ce livre est consacré à un enseignant hors norme, Freinet, lequel a fondé l’école portant son nom, et qui vivait au milieu de ses élèves, tout à sa mission de transmettre le savoir et les valeurs républicaines de l’école publique. Depuis l’école normale en 1912, ses différents postes comme instituteur, jusqu’à la création de son école, ce fut sa conviction. Sa méthode d’enseignement originale, parfois décriée dans les sphères officielles inspire encore les pédagogues actuels. Résistant durant l’occupation nazie, passionné de paix, il adhère naturellement aux idées exposées par le Mouvement de la Paix à sa création en 1948. Qui mieux que Roger Billé qui fut l’un de ses élèves et qui préside l’association « Les anciens de Freinet », aujourd’hui membre du Bureau national du Mouvement de la Paix, représentant du Conseil mondial de la paix à l’Unesco, où il préside une commission, pouvait présenter un tel ouvrage, dont nous ne saurions trop inciter la lecture. De Jacques Mondolini Avant propos de Roger Billé. Éd. Le temps des cerises

Samedi 2 mai, la JOC (jeunesse ouvrière chrétienne), organise un événement national visant à réunir de 20 000 à 30 000 jeunes au parc départemental de la Courneuve (93). Le Mouvement de la Paix y sera présent pour présenter ses actions en direction des jeunes. Roland Nivet, de la coordination exécutive nationale participe à un débat « l’interculturel : quel défis aujourd’hui ? »

Charles en rade Le ministre de la Défense Hervé Morin, à bord du Charles de Gaulle, le 5 février dernier, célébrait la fin des révisions du Charles de Gaulle. Après quelques mois de chauffe, le bâtiment est contraint de rester à quai à Toulon à cause d’un nouveau et sérieux problème technique. Dans le communiqué de l’état-major de la marine, la cause en serait, cette fois, l’usure anormale de deux pièces du système de propulsion. Et à en croire le communiqué du ministère de la Défense, le navire ne pourra pas reprendre ses activités opérationnelles comme prévu en mai, précisant que « la durée d’immobilisation pourrait durer entre plusieurs semaines et plusieurs mois ! ».

Des marines américains quittent le Japon

• Forums participatifs • Initiation et découverte de pratiques culturelles, sportives et de loisirs • Stands • Célébration • Expressions de jeunes • Concerts, artistes de rues

Les États-Unis et le Japon ont conclu un accord qui prévoit la réduction des troupes américaines sur la base d’Okinawa. L’accord vise d’ici 2014 le transfert de 8 000 marines américains d’Okinawa sur Guam, une île du Pacifique qui est territoire américain. Tokyo cède ainsi à la pression croissante de la population

locale. Ces dernières années, la situation entre les marines et les habitants de l’île s’est dégradée : les habitants d’Okinawa se plaignent des nuisances causées par les manœuvres militaires. Ils déplorent aussi de nombreux cas de violences commises par les soldats américains. Côté américain, on donne une autre interprétation au transfert des troupes d’Okinawa vers Guam : selon Hillary Clinton, l’accord trouvé avec Tokyo reflète une volonté de modernisation de l’engagement militaire américain en Asie-Pacifique.

Le NouveauMexique abolit la peine de mort ! Mercredi, 18 mars, le gouverneur du Nouveau-Mexique (USA), Bill Richardson, a promulgué une loi pour abolir la peine de mort. Le NouveauMexique est le deuxième État à interdire les exécutions depuis que la Cour suprême américaine a rétabli la peine de mort en 1976. Il se joint à 14 autres États qui n’appliquent pas la peine capitale. Le Nouveau-Mexique a exécuté neuf hommes depuis 1933. La plus récente exécution a eu lieu en 2001.

ça se passe près chez vous • Collectif dionysien (93) du Mouvement de la Paix : SaintDenis, Espace Église des 3 Patrons / Mairie administrative. Exposition du 1er au 11 avril « Les 60 ans du Mouvement de la Paix ». Cette Exposition est réalisée avec les archives municipales et des archives personnelles. Ouverture : du lundi au vendredi de 8h30 - 17h30 / Samedi 8h30 - 12h. • Comité de Septèmes (13) du Mouvement de la Paix : vendredi 24 avril à 20h30, salle Louis Aragon, Le cercle populaire présente la Chorale le Cœur du Rail qui interprètera des chants de paix. • ‘‘Des vies à jamais’’ La compagnie Bou-Saana repart sur les routes avec son spectacle « Des vies à jamais, histoire de génocide ». Histoire de deux âmes qui viennent nous prendre à témoin. Une roussette, belle chauve souris tropicale, et une phalène, magnifique papillon de nuit aux 10

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couleurs de sol brûlé, racontent une histoire, la leur, celle de leur pays et celle de la folie des hommes. Ces deux âmes étaient un jeune homme et une jeune femme, autrefois. Esther et Emmanuel, vivant au Rwanda, pays aux mille collines. Vert pays, souvent taché du rouge des massacres qui ont jalonné son histoire. Le spectacle sera présenté à Lyon du 27 au 30 avril au Théâtre des Asphodèles, 115 avenue Lacassagne. Séances scolaires. Séance tout public le 30 à 20h30. Tél : 04 72 51 12 55. E-mail : contact@asphodeles.com Du 3 au 10 mai à Vaux en Velin (69). Lieu exact à confirmer. Jeudi 14 et vendredi 15 mai à 20h30. Samedi 16 mai à 21h à Paris à la Comédie de la Passerelle, 102 rue Orfila, 75020 Paris Pour tous renseignements et réservations : 06 22 86 91 68 ou bousaana@yahoo.fr


• Crise et armes nucléaires Nouvelle chance à saisir pour le désarmement • Abolition Les citoyens en campagne • Désarmement nucléaire Agir maintenant pour une convention d’élimination

La planète compte aujourd’hui 27 000 têtes atomiques. Bien moins qu’au temps de la guerre froide. Pourtant le risque de leur utilisation, volontaire ou accidentelle, n’a jamais été aussi fort. Dans ce contexte, de nouvelles voix s’élèvent pour souligner l’urgence du désarmement nucléaire. Parmi elles, celles d’anciens secrétaires d’États des États-Unis ou d’anciens Premiers ministres français. Ajoutons à cela les nouvelles propositions de Barack Obama. Tout cela sera-t-il suffisant pour que la conférence de révision du TNP de 2010 débouche sur un processus concret d’élimination ? C’est tout l’enjeu du comité préparatoire qui s’ouvre à New-York le 3 mai pendant lequel les Ong vont s’efforcer de promouvoir le modèle de convention d’élimination des armes atomiques. N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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DOSSIER

ar m es nucléa i res

Crise et armes nucléaires

Nouvelle chance à saisir pour le désarmement

T

out le monde s’accorde maintenant sur le fait que la crise du capitalisme fait mûrir les raisins de la colère, et peut conduire à la guerre (actuellement régionale). Il existe aussi une circonstance aggravante dans la crise actuelle à cause de son couplage avec une agression maximale contre la biosphère. Mais on ne fait pas assez attention en revanche à l’autre aspect, celui du rôle majeur des guerres régionales dans l’origine et surtout le développement de la crise. Aujourd’hui le coût des guerres en Irak et en Afghanistan est un facteur déterminant de la dépression économique aux USA. Ce n’est donc pas seulement des raisons idéologiques qui poussent l’administration Obama à se dégager des conflits régionaux, et à éviter d’en créer d’autres, c’est tout simplement parce que les USA n’ont plus les moyens. De même la recherche obstinée1 d’un désarmement nucléaire a court terme prend un caractère urgent pour les mêmes raisons économiques : l’idée de réactiver le traité START avec comme objectif une très forte diminution des têtes nucléaires, l’abandon en partie du bouclier anti-missile, et la forte diminution des crédits pour la « modernisation » des armes atomiques en sont des illustrations concrètes.

Si la Russie2 accueille favorablement ces idées, c’est aussi parce que la crise a fortement réduit ses capacités et que le rouble ne vaut plus grand chose. Si la Chine3 revient au devant de la scène avec son plan de désarmement en 10 points, c’est qu’il y a péril économique et social en la demeure. Et ce n’est pas un hasard non plus si Gordon Brown, à la tête de la Grande Bretagne en déroute économique, à appelé à suivre un plan dont l’objectif est « a nuclear weapons free world »*4 avec des étapes en 6 points vers un désarmement atomique effectif. Seul notre pays, malgré la lettre de N.Sarkozy5 au Secrétaire général de l’Onu, lettre qui contient le mot tabou « désarmement », continu à réarmer la force de dissuasion sous prétexte de modernisation, contre vents et marées. Tout est fait pour étouffer, enterrer et faire oublier ce geste. Il ne faut 12

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surtout pas que l’opinion publique le sache, et il faut ne répondre à aucune question. C’est ainsi que François Richier, conseiller pour la défense auprès du Président, a refusé de recevoir une délégation restreinte d’Abolition 2000 France. Dans ce contexte, que pouvons nous faire ? Si on veut transformer en actes ce qui est encore de bonnes intentions, il faut que l’Onu adopte un calendrier précis et des objectifs successifs explicites pour l’abolition simultanée des armes nucléaires. C’est très exactement le rôle qu’aurait une convention pour le désarmement nucléaire, sur le même modèle que la convention pour l’éradication des armes antipersonnel. Cet objectif de la campagne « ICAN » doit être fédérateur pour tous les gouvernements, toutes les ONG, et surtout toutes les opinions publiques pour sortir du flou actuel et passer à l’acte. Bibliographie

Nous avons en France une responsabilité supplémentaire, celle d’obliger le pouvoir à suivre, bon gré mal gré, cette orientation internationale. Puisque ce pouvoir réagit par le silence ou le déni, la diversion et le secret, nous devons nous mobiliser pour la transparence, pour un débat populaire le plus large possible, pour faire connaître les noirs desseins de « modernisation » de l’arsenal atomique à grand renfort de milliards d’euros pour 2020, c’est-à-dire à contre courant des autres pays du club des 5 qui stoppent leurs programmes de réarmement pour 2020.

1

2009, 2

www.Earthtimes.org

3

Kremlin to work with Obama, Reu-

ter février 2009, www.world-news 4

Dr Abraham Behar, président de l’AMFPGN.**

China’s proposals for disarmament,

10-points, China through a lens, 2003, www.china.org.cn 5

Holland David : prime minister Gordon

Brown’s speech, janvier 2008, evening standard, www.thisislondon.co.uk 6

Notre seule arme, avec l’appui des mouvements internationaux engagés dans la même voie, c’est notre opinion publique, qu’il faut réactiver au travers de notre campagne « ICAN ». A nous d’utiliser tous les rendez-vous possibles avec notre opinion populaire, comme les futures élections européennes, et il faut aussi créer nousmêmes l’événement comme l’organisation de JDN (Journées pour le désarmement nucléaire) à Caen, en octobre 2009. Cela dépend de nous, un chemin vers la paix et la fin du cauchemar atomique est possible, il encore temps.

Lavrov: Obama offers chance for

disarmament, The earth time, mars

Sarkosy Nicolas : lettre du 5 décem-

bre 2008 à son excellence Mr Ban Ki Moon, Secrétaire général des Nations unies, Médecine et Guerre Nucléaire, 23,4, décembre 2008, page 21.

* Un monde libéré de toute arme nucléaire ** Association des médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire (branche française de IPPNW - prix Nobel de la paix 1985)

EN SAVOIR PLUS • www.amfpgn.org • www.icanw.org


res , v ers l ’ abol i t i on ? Abolition

Les citoyens en campagne Ces dernières années, le désarmement nucléaire est redevenu un sujet d’actualité. Des quatre coins du monde, des citoyens se mobilisent afin de former la réaction en chaîne pour sauver la planète.

L

e contexte international a changé.

C’est au nom de l’arme nucléaire que l’on a fait une guerre contre l’Irak. C’est en son nom que l’on a envisagé de recommencer en Iran. C’est en son nom que les États-Unis projettent un bouclier antimissiles en Europe. On est loin de la dissuasion ! Il y a de nouveaux dangers d’utilisation des armes atomiques. Les processus de désarmement sont en panne. Les doctrines militaires ont dangereusement évolué vers une banalisation de l’arme atomique. Le risque de leur utilisation, de manière volontaire ou accidentelle, s’accroît de nouveau. En maintenant son potentiel, en voulant la miniaturiser, on augmente le risque d’utilisation incontrôlée de l’arme atomique. Le désarmement nucléaire est depuis plus de 30 ans une obligation internationale. Il est temps de le mettre en œuvre. Le débat n’est plus pour ou contre mais quand ? L’élection de Barak Obama aux USA change la donne. Fait assez rare de la part d’un chef d’État de puissance nucléaire, il parle de réduire le nombre de têtes nucléaires sans toutefois remettre en cause la dissuasion.

La France traîne des pieds.

• 4ème Journées du désarmement nucléaire - 16, 17 et 18 octobre 2009 à Caen

Une campagne internationale de citoyens A l’initiative de l’association australienne des Médecins pour la prévention de la guerre nucléaire, une campagne de soutien au modèle de convention a été lancée. Elle est portée en France par un collectif de plus de 57 organisations représentatives de la diversité de la société française. Outre l’expression du soutien individuel à une convention d’élimination des armes nucléaires, elle consiste à s’adresser au Président de la République pour que la France soutienne la convention à l’Onu. Nous vous invitons à vous engager dans cette campagne dont l’acronyme ICAN signifie « Je peux ». Envoyez cette carte au président de la République. Devenez ambassadeur de la convention en diffusant ce matériel d’information autour de vous. Après l’abolition de l’esclavage, l’abolition de l’arme nucléaire sera un premier pas vers l’abolition de la guerre. Un beau défi à relever.

Pierre Villard

EN SAVOIR PLUS

« L’assurance-vie » de la France réside dans sa capacité à faire entendre une voix émancipatrice et indépendante. C’est parce qu’il n’a pas suivi les États-Unis dans leur aventure guerrière en Irak que l’autorité morale et politique de notre pays a été renforcée.

La France a tout à gagner à s’engager dans la voie du désarmement en renonçant à la modernisation de ses arsenaux et en prenant de véritables initiatives diplomatiques. Pourtant elle a voté contre l’idée d’engager des discussions sur un modèle de convention à l’Onu.

 Je commande le document de campagne pour collecter de nouveaux soutiens 10 cartes + 10 autocollants pour 10 € (port compris) Ci-joint un chèque de …………… € Ordre : Mouvement de la Paix « Campagne Désarmement Nucléaire » Nom, prénom : …………………………………………………………………………………………….. Adresse : ……………………………………………………………………………………………………. Courriel: ……………………………………………………………… Tél. ……………………………… N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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DOSSIER

ar m es nucléa i res

Désarmement nucléaire

Agir maintenant pour une convention d’élimination ral parmi les États sur les prochaines étapes de désarmement - traité d’interdiction complète des essais nucléaires, traité sur les matières fissiles réduisant la capacité d’employer les armes nucléaires, nouvelles réductions du nombre d’armes nucléaires - et qu’un tel accord permettrait de réelle possibilité d’avancées .

« Un traité de désarmement nucléaire est réalisable et peut être atteint par des mesures adaptées, Alyn Wa re

significatives et

PNND

pratiques. Des repères devraient être choisis, les définitions décidées ; le planning élaboré et convenu, et les conditions de transparence acceptées. »*

* Commission des armes de destruction massive, 2006 dite commission Blix

EN SAVOIR PLUS • www.pnnd.org 14

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P

ourquoi une convention d’élimination des armes nucléaires ?

Le Traité de non-prolifération des armes nucléaires est généralement considéré comme la pierre angulaire du régime actuel de non-prolifération et la base pour construire un monde sans d’armes nucléaires. Cependant, le TNP a été infructueux pour empêcher des États non-partie au traité – l’Inde, le Pakistan et Israël - d’acquérir les armes nucléaires. Il n’est pas non plus en mesure d’empêcher les États parties au traité d’acquérir la technologie nucléaire, puis d’empêcher la poursuite d’un programme d’armes nucléaires - comme la Corée du Nord l’a fait. Le Traité n’a pas non plus été couronné de succès dans la mise en application de l’article VI dans son obligation de désarmement.

Cependant, ceux qui préconisent une approche globale telle qu’une convention d’élimination des armes nucléaires, arguent que le progrès sur une étape de désarmement sera lent et aura peu d’impact réel si les pays disposant de l’arme nucléaire continuent à souscrire aux doctrines d’utilisation, et la menace de l’emploi des armes nucléaires. Tant que la dissuasion nucléaire demeure un élément fondamental des doctrines de sécurité, les pays dotés de l’arme nucléaire seront peu disposés à miner leur capacité de menacer ou d’utiliser les armes nucléaires et ainsi prendront seulement les mesures qui n’entravent pas cette capacité. Ils étaient ainsi prêts à négocier un Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), par exemple, seulement quand ils avaient développé d’autres méthodes pour tester les armes nucléaires. De même, les pays disposant de l’arme nucléaire avec de grandes réserves de matières fissiles sont prêts à négocier un traité d’interdiction des matières fissiles, mais ceux qui disposent de basses réserves résistent jusqu’à ce que leurs stocks soient suffisant. Finalement, des réductions des stocks ont eu lieu, mais uniquement parce que les arsenaux restants peuvent déjà détruire à grande échelle.

En 2000, les États parties au TNP étaient d’accord sur un programme de désarmement qui a inclus 13 étapes. Cependant, il n’y a eu aucun progrès sur ces étapes, tout comme il n’y a pas eu de progrès dans la Conférence de désarmement depuis la négociation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en 1996.

Pour l’instant, les efforts d’empêcher la prolifération échoueront tant que les États sans armes nucléaires, menacés par les dispositifs nucléaires des pays disposant de l’arme nucléaire, eux-mêmes, n’acquerront des capacités d’armes nucléaires pour créer leur propre moyen de dissuasion. Comme le Secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, l’a indiqué en octobre 2008, « la doctrine de la dissuasion nucléaire s’est avérée contagieuse. »

Ceux qui préconisent une approche étape par étape arguent qu’il existe un accord géné-

Des progrès réels sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement exigeront ainsi l’in-


res , v ers l ’ abol i t i on ?

res. L’approche d’une convention d’élimination des armes nucléaires amènerait également plus rapidement à l’abolition et à l’élimination des armes nucléaires parce qu’elle se concentre directement sur les politiques de dissuasion qui devront être abandonnées pour réaliser des progrès. La résolution est adoptée annuellement avec l’appui d’environ 125 pays comprenant la Chine, l’Inde, la Corée du Nord et le Pakistan.

terdiction de la menace ou de l’utilisation des armes nucléaires dans des politiques de sécurité et l’abandon de la dissuasion nucléaire. Comme l’a noté Margaret Beckett (ministre britannique des Affaires étrangères en 2007), si William Wilberforce avait seulement visé à « réguler » ou « réduire » la traite négrière, il aurait échoué. Quand il a mobilisé pour « abolir » la traite négrière, il a réussi.

Quel est le contexte pour la convention d’élimination des armes nucléaires ? Après la décision de la Cour internationale de justice en 1996, qui a affirmé une obligation universelle de poursuivre et de conclure des négociations sur le désarmement nucléaire dans tous ses aspects sous un contrôle international strict et efficace, l’Assemblée générale des Nations unies a réclamé l’ouverture de négociations qui aboutiraient à une convention sur les armes nucléaires interdisant la production, l’acquisition, le stockage, le transfert, l’utilisation et la menace de l’utilisation des armes nucléaires et qui prévoiraient leur élimination complète dans le cadre d’un programme échelonné. La Malaisie, le pays présentant la résolution, fait valoir que l’approche d’une convention d’élimination des armes nucléaires n’est pas en contradiction avec l’approche étape par étape, mais plutôt que c’est l’ajout d’un cadre global qui tiendrait compte de l’accomplissement de telles étapes. L’Inde qui refuse actuellement d’adhérer au TICEN, par exemple, a indiqué qu’elle serait disposée à rejoindre le TICEN s’il était inclus dans une approche plus complète conduisant à une convention d’élimination des armes nucléai-

Aux conférences d’examen du TNP de 2000 et de 2005, la Malaisie et le Costa Rica ont présenté des documents de travail réclamant l’obligation de désarmement nucléaire par le biais de l’ouverture des négociations qui aboutiraient à une convention d’élimination des armes nucléaires, décrivant des éléments d’une telle convention, et indiquant comment les États hors du TNP pourraient être intégrés dans ce processus. Cette idée a été reprise par Gareth Evans, co-président de la Commission internationale sur la non-prolifération nucléaire et le désarmement : « Ce que nous devrions essayer de faire est de créer un cadre dans lequel les États non inclus dans le TNP se retrouvent. Cela peut signifier penser à un nouveau traité global sur les armes nucléaires qui crée un nouveau cadre ». Le Secrétaire général de l’Onu, Ban Kimoon, a soutenu cette approche dans son plan en cinq points pour un désarmement nucléaire qui a été annoncé le 24 octobre 2008 : « J’invite toutes les parties au TNP, en particulier les pays dotés de l’arme nucléaire, de respecter leur obligation aux termes du Traité, d’entreprendre des négociations sur des mesures efficaces en vue du désarmement nucléaire. Elles pourraient atteindre ce but par un accord d’instruments séparés et mutuellement renforcés... Ou qu’ils pourraient négocier une convention pour éliminer les armes nucléaires, soutenue par un système fort de vérification, comme cela a été proposé aux Nations unies. Sur demande du Costa Rica et de la Malaisie, j’ai distribué à tous États membres des Nations unies un projet d’une telle convention, qui offre un bon point de départ.

Maintenant c’est le moment ! Il y a une nouvelle opportunité, aujourd’hui, avec l’élection d’un président américain qui a engagé les États-Unis à parvenir à un monde

sans armes nucléaires. Le président Obama a déjà commencé à travailler sur des initiatives bilatérales et multilatérales. Il y a une nouvelle volonté des États-Unis de s’engager avec d’autres pays plutôt que de continuer à imposer son agenda aux autres. Ainsi, il est peu probable que les États-Unis s’opposent aux travaux préparatoires réalisés par le groupe d’États qui a ouvert la voie à une convention d’élimination des armes nucléaires. Ces travaux préparatoires guidés par le modèle de la convention d’élimination des armes nucléaires pourraient inclure le développement des mécanismes de vérification, l’exploration des mécanismes juridiques pour interdire complètement les armes nucléaires (incluant la législation nationale), des discussions avec les pays dotés de l’arme nucléaire pour aboutir à la sécurité sans armes nucléaires, le développement de régions avec des accords de sécurité non-nucléaires (y compris par la création des zones exemptes des armes nucléaires), et la promotion de la politique en faveur de mesures comme l’interdiction des représailles massives, de la première utilisation des armes nucléaires et de l’utilisation des armes nucléaires contre les États non-nucléaires. Ces travaux préparatoires permettraient de renforcer la confiance dans la possibilité d’une convention d’élimination des armes nucléaires et donc de passer rapidement à de véritables négociations. En 1988, les dirigeants des États-Unis et de l’URSS ont accepté de supprimer les armes nucléaires. Mais les travaux préparatoires n’avaient pas été effectués. Il n’y avait aucun modèle de convention d’élimination des armes nucléaires à ce moment-là. Des décideurs clés de la politique n’ont pas été convaincus que l’abolition nucléaire était vérifiable ou exécutable. L’occasion a été ainsi perdue pendant 20 ans. Cette occasion est là de nouveau. Nous sommes désormais prêts. Il est le temps d’agir et de faire de la convention d’élimination des armes nucléaires, une réalité.

Alyn Ware Coordinateur des parlementaires pour la non-prolifération nucléaire et le désarmement Traduction de Jessica Willingham N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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RÉFÉRENCE RÉFÉRENCE

Convention relative aux armes nucléaires Par lettre datée du 17 décembre 2007, les représentants permanents du Costa-Rica et de la Malaisie auprès de l’Organisation des Nations Unies remettaient à l’Assemblée générale un modèle de convention d’élimination des armes nucléaires. C’était le point 98 de l’ordre du jour de la soixante-deuxième session. Ce modèle révisé tient compte des faits nouveaux survenus depuis 1997, date de la première version. Le Modèle de convention relative aux armes nucléaires a été mis au point puis révisé par un consortium international de juristes, de chercheurs et de spécialistes du désarmement. Il s’agit d’un do-

Une convention pour interdire :  la production d’armes nucléaires  leur développement  les tests  la constitution de stock  leur transfert  la menace de leur utilisation

3€

cument de travail évolutif, dans lequel sont passées en revue les questions juridiques, techniques et politiques qu’il conviendrait d’examiner afin d’instaurer et de préserver un monde exempt d’armes nucléaires. Les délégations qui présentent ce document ne prétendent pas que la convention ou l’ensemble d’accords, qui pouvaient être effectivement négociés, devraient reproduire exactement ce modèle. Celui-ci est plutôt un moyen utile pour étudier, mettre au point, négocier et conclure un tel instrument ou ensemble d’instruments.

Le modèle de convention d’élimination : 5 étapes concrètes pour éliminer les armes nucléaires  phase 1 (délai 1 an maximum) : Levée de l’état d’alerte nucléaire. Toutes les armes et leurs vecteurs sont rendus inactifs, préparation du démantèlement de toutes les installations de production et d’essais d’armes nucléaires.  phase 2 (délai 2 ans maximum) : Retrait des armes déployées. Les armes sont retirées de leurs sites d’utilisation et démontées de leurs vecteurs (missiles)  phase 3 (délai 5 ans maximum) : Destruction des armes et des vecteurs Destruction effective d’un nombre défini. Fermeture ou reconversion des installations.  phase 4 (délai 10 ans maximum) : Arrêt de tous les réacteurs à uranium hautement enrichi. Contrôle des matières nucléaires. Poursuite de la destruction effective d’un nombre défini d’armes et de leurs vecteurs. Matières nucléaires placées sous contrôles préventifs stricts.  phase 5 (délai 15 ans maximum) : Destruction complète des armes nucléaires dans tous les États. Précision : les délais proposés sont des délais maximum à partir de l’entrée en vigueur de la convention. C’est donc un processus d’élimination en quinze année qui est proposé aux États du monde. Le précédent des armes chimiques : La convention d’élimination des armes chimiques de 1997 regroupe 188 pays et concerne 98% de l’industrie chimique mondiale. A ce jour 90% des installations et 40% des stocks ont été détruits. L’élimination totale est prévue pour 2012. Pourtant ce sont des armes plus difficiles à contrôler que les armes nucléaires.

Document disponible au : 01 40 12 09 12

• Document de l’ONU : A/62/650 Téléchargeable sur : http://www.mvtpaix.org/textes-reference/ONU/modele-convention-armes-nucleaires-2008.pdf 16

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On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît

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MONDIALISER LA PAIX Darfour

Le président Al Bashir inculpé par la CPI* Malgré l’inculpation du Président soudanais Al Bashir pour crimes contre l’humanité par la Cour Pénale Internationale, la guerre continue au Darfour.

Refuge pour les enfants du Darfour

D

epuis février 2003, près de 300 000 civils selon l’Onu, plus de 400 000 plus probablement, ont été tués du fait de la violence et des famines provoquées par la guerre. Trois millions de civils sont déplacés au Soudan ou sont réfugiés au Tchad et en République Centrafricaine principalement.

La politique de la terre brûlée continue contre les populations civiles. En suivant les directives du gouvernement d’Ahmad Al-Bashir, l’armée soudanaise et ses milices, les Janjawid, sont responsables de pillages et d’incendie des villages mais aussi de viols des femmes et d’assassinats. L’ironie de cette idéologie est que les peuples du Darfour partagent plus de similarité que de différences : les différences entre les « arabes » et les « africains » sont fondées plus sur l’identification individuelle et l’héritage culturel que sur la généalogie et l’anthropologie. Les conflits politiques au Soudan en général, et au Darfour en particulier, sont directement liés aux injustices sociales, à l’exclusion et à la discrimination contre les peuples. Le gouvernement a exploité des différences 18

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ethniques et tribales afin de stimuler le conflit et de s’approprier les ressources naturelles - importantes - du Darfour depuis les années 80. Une guerre civile au Sud Soudan a duré plus de 15 ans, a fait des centaines de milliers de morts et s’est arrêtée en 2008 sur intervention de l’Onu : le Soudan est devenu le pays au monde où l’Onu mobilise le plus de casques bleus, dans le sud et au Darfour. Plusieurs organisations humanitaires ont dû quitter le pays ou réduire leur présence. Le manque d’assistance humanitaire est ainsi une cause de difficultés supplémentaires pour tous les peuples du Darfour. Malgré les entraves du fait du gouvernement soudanais, une force hybride de protection des populations, comprenant l’Onu et l’Union africaine, la logistique étant assurée par l’Otan, a été mise en place en application de la résolution adoptée en 2005 par le Conseil de sécurité. Elle a du mal à se mettre en place et les moyens financiers prévus ne sont payés qu’en partie. Fin 2008, la Cour Pénale Internationale (CPI) a inculpé le président Al Bashir pour

crimes de guerre et crimes contre l’humanité et a lancé un mandat d’arrêt international contre lui. Son arrestation peut ainsi se faire dans chacun des pays ayant reconnu la CPI : ce qui n’est le cas, ni du Soudan, ni d’Israël ni des USA notamment. La plupart des pays africains et de la Ligue arabe se sont déclarés opposés à cette mesure. Il n’est pas exclu non plus que des obstructions soient décidées par des pays occidentaux, USA et Royaume-Uni en particulier. Il faut noter que c’est la première fois qu’un chef d’état en exercice est l’objet d’une telle inculpation : de quoi faire peur à bien des dictateurs ! Elle crée aussi un précédent pour inculper d’autres personnes ayant autorisé, organisé ou exécuté des crimes. Les victimes du conflit exigent la justice et l’Onu a une responsabilité d’aide envers ces peuples. Mais il est à craindre que la future arrestation d’Al Bashir génère plus de chaos encore au Soudan. Ceci en raison d’autres factions antagonistes ! Il n’y aura aucune paix au Darfour sans justice pour les peuples de la région, mais il n’est pas certain que la seule justice puisse y apporter une solution durable si le rapport de forces ne s’établit pas en faveur de la Paix et de la démocratie..

Jessica Willingham

* CPI : Cour pénale internationale

EN SAVOIR PLUS • www.urgencedarfour.info


MONDIALISER LA PAIX Israël

Un nouveau gouvernement à hauts risques pour la paix Les élections législatives du 10 février ont vu une percée des partis de droite et d’extrême droite, et une victoire indéniable des faucons. Ces élections se déroulaient quelques jours après la proclamation du cessez-lefeu, suite à une offensive israélienne meurtrière soutenue massivement par la population d’Israël.

S

elon Gérard Eisenberg, de La paix maintenant « le bloc de gauche a été balayé ». Le parti travailliste connaît une défaite, payant sans doute le prix de ses revirements et de son ambigüité par rapport aux processus de paix. Chargé par le président Shimon Peres de former un gouvernement de coalition, Benjamin Netanyahu, chef du Likoud, peine à constituer un gouvernement. Sa tentative d’y intégrer la chef de file du parti centriste Kadima, Tzipi Livni, a échoué pour le moment. Par contre, l’accord signé avec le dirigeant d’extrême droite, Avigdor Lieberman, suscite inquiétude et indignation en Israël et à l’étranger. Les protestations se multiplient contre cet ancien videur de boite de nuit à Moscou propulsé au premier plan de la scène politique. Il s’est prononcé pour un accord de paix prévoyant le maintien des colonies de Cisjordanie en échange de l’abandon par Israël de territoires peuplés par les Arabes israéliens et se garde bien de parler de l’État palestinien. Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne, a déclaré que l’Union européenne pourrait changer de politique vis à vis d’Israël si le gouvernement israélien s’écartait du processus visant à une solution à deux États. Cette situation témoigne d’un profond malaise et d’une crise politique grave en Israël. Malgré l’insécurité ressentie par la population et les fractures provoquées par l’état de guerre permanent, le camp de la paix semble bien faible et ne peut plus compter sur le parti travailliste qui participera au gouvernement. L’accord signé avec le Likoud était conditionné au fait qu’Israël reste fidèle à l’engagement des accords internationaux d’aboutir à la création d’un État palestinien indépendant et viable.

Avec des hommes tels que Lieberman dans le gouvernement, la paix et l’existence des deux États est-elle encore possible ? Il est pertinent de poser la question. D’un côté, Israël ne manifestait pas de volonté politique réelle d’y arriver, bien au contraire, avec l’offensive meurtrière à Gaza provoquant de nouvelles destructions graves, l’extension des colonies en Cisjordanie, la tentative d’annexer Jérusalem. De l’autre, malgré la volonté de Mahmoud Abbas, les divisons inter palestiniennes et les négociations en cours avec le Hamas pour la conclusion d’un cessez-le-feu durable à Gaza ou la question des prisonniers n’incitent pas à l’optimisme. Pourtant, il faut conserver l’espoir que la population israélienne comprendra enfin que sa sécurité ne peut pas venir de la guerre totale contre le Hamas et du refus de la création d e l ’É t a t p a lestinien. Des ONG israéliennes continuent à défendre courageusement ces positions. Les révélations des militaires sur les exactions de l’armée contre la population à Gaza ne peuvent rester sans conséquences pour l’opinion publique israélienne. Enfin, la clé réside sans doute dans l’attitude des deux grands partenaires d’Israël, les États-Unis et l’Union européenne. Barak Obama et Hilary Clinton ont fait des déclarations fermes sur la création de l’État palestinien. Seront-elles suivies d’effets ? Il serait temps aussi que le soutien inconditionnel à Israël soit remis en cause. Les conclusions des commissions d’enquêtes, les investigations du Tribunal Russell, récemment créé pour la Palestine sur les crimes de guerre à Gaza, ne pourront pas être ignorées et devraient aboutir enfin à l’application de la justice et du droit au Proche-Orient. Nicole Bouexel N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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MONDIALISER LA PAIX Madagascar

L’île de la convoitise

L

e peuple malgache est issu d’immigrations successives aux origines diverses : installation des Indonésiens, des Malayo-polynésiens, des Sémites, des Arabes puis des Africains, esclaves, originaires du Mozambique. L’île sera convoitée par les Portugais, les Hollandais (XVIème siècle), les Anglais (XVIIèmesiècle) puis les Français (1643). De 1810 à 1895, Madagascar est un État souverain reconnu par les royaumes européens. Il créera les premières écoles. En 1895, 146 000 élèves savent lire contre 66 000 en 1903 ! Madagascar devient une colonie française en 1895. Son gouverneur, Gallieni, fait œuvre de pacification, élimine la concurrence étrangère en matière de commerce, fonde l’école de médecine et développe une école laïque. Par ailleurs, les Malgaches deviennent dès 1896 « sujets français » mais non citoyens et n’ont donc aucun droit politique. Cela durera 65 ans. Pendant cette période, eurent lieu 3 révoltes des Malgaches contre la présence française.

Avec une superficie de 592 000 km2, l’île de Madagascar compte presque 20 millions d’habitants (plus de 70 % sont des ruraux ; 45% on moins de 15 ans). La végétation y est très diverse, très riche, les espèces animales sont rares, c’est un résumé du monde. Le sous-

Rassemblement pour la paix à Madagascar, place du Trocadero - Paris - 14 février 2009

A son indépendance, en 1960, Madagascar élit Philibert Tsiranana premier président de la République autonome malgache. Un directoire militaire élit, en 1975, un capitaine de corvette à la tête de l’État qui installe par référendum un régime socialo communiste d’obédience nord coréenne. S’en suit en 1982 la faillite de l’État Malgache et le début des actions humanitaires. En 2002, le chef d’entreprise, libéral, Marc Ravalomanana est élu président de la République. Il est ensuite réélu en 2006. En mars 2009, « Coup d’État » mené par le chef de file de l’opposition Andry Rajoelina avec un régiment de militaires et une infime partie de la population de la capitale. Les ressources minières et les grands espaces agricoles intéressent de plus en plus les grands groupes. Des pécheurs étrangers se servent dans 20

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sol malgache regorge de ressources minières, dont une grande partie, comme le pétrole, est inexploitée.

EN SAVOIR PLUS « Unité Madagascar » 60, rue Saint-André des Arts 75006 Paris unitemadagascar@gmail.com brunorr29@aol.com 06 15 30 78 15

les eaux malgaches, en toute impunité. Il existe aussi tout un trafic de bois précieux, de pierres précieuses, de zébus vivants, de drogues, mais ces activités illicites sont incontrôlables ; pas de cartes ! Le pays n’est pas protégé…. Vivant sur une île aussi grande que la France et le Benelux, les Malgaches se comportent comme des continentaux et non comme des insulaires. Les causes de la crise actuelle sont de 3 ordres :  Les faiblesses structurelles de l’économie malgache : l’agriculture qui occupe plus de 70 % de la population active ne représente que 28 % du PIB, l’échec scolaire des enfants est très préoccupant. La malnutrition touche 45 % des enfants. Trois-quart des Malgaches vivent au-dessous du seuil de pauvreté, soit moins de 2€ par jour.  La pauvreté du système politique, domination du parti politique du président Marc Ravalomanana, difficulté d’avoir une opposition d’où une absence de vrais débats politiques, donc la rue reste le seul lieu et la seule tribune d’expression pour la population et les contestataires.  La confusion des fonctions occupées par Marc Ravalomanana (chef de l’État et président de la République, PDG de son groupe agro- alimentaire TIKO et ses filiales, vice-président de l’Église protestante FJKM) installe une suspicion de la population sur la gestion et l’utilisation des fonds publics. Quant à l’avenir, le court terme est très sombre pour les Malgaches. Les événements qui se déroulent depuis le mois de janvier 2009 on fait plus de 140 morts suite à de multiples actes de vandalismes, dont une trentaine de morts devant un des palais de la présidence où des militaires ont tiré sur les manifestants. Les « responsables putschistes » qui ont envoyé ces malheureux en pâture, ceux qui ont tiré sur des personnes non armées sont responsables de ce drame. Le « Coup d’État » de mars 2009 fait entrer Madagascar dans un « état de terreur » où l’arbitraire et le fusil font loi ! Pour arrêter ce cycle de misère, de drame, et ce « régime de putschistes », les citoyens malgaches doivent exprimer au suffrage universel leurs droits et leur choix de favoriser l’avènement d’une vraie société démocratique.

Bruno Ralay-Ranaivo Président de l’association « Unité Madagascar »


MONDIALISER LA PAIX Afghanistan

L’éducation, une source de liberté Classe du lycée Atèfa-é-Chahid

Nasrine Nabiyar, ancienne enseignante de français au lycée de Kaboul, est réfugiée en France depuis 1990. Elle a fondé en 1998 l’association Malalay-Afghanistan, association de bénévoles qui milite en faveur de l’éducation et de la formation en Afghanistan. Elle est convaincue qu’avec la solidarité et le dialogue, la paix est possible.

EN SAVOIR PLUS « Malalay ». Siège social à la maison de quartier de Villejean, 2, rue de Bourgogne à Rennes. Tél : 02 99 14 59 35. Pour vos dons : CCP 526900M Rennes

uels sont les objectifs de l’association Malalay-Afghanistan ? Dans quel contexte a-t- elle été créée ? Le problème de base en Afghanistan c’est le manque d’éducation. En travaillant pour y remédier, on peut changer les mentalités. L’avenir de l’Afghanistan est lié à l’éducation. Notre association a été fondée par moi-même et des amies rennaises en réaction à la fermeture des écoles de filles. Ensuite se sont jointes une douzaine de vannetaises. Malalay a pour but de lutter contre l’illettrisme des femmes et des enfants. En effet, leur autonomie et leur capacité d’intervention dans la société sont directement liées à l’alphabétisation. Nos phrases emblématiques sont « étudiez depuis le berceau jusqu’au tombeau » et « celui dans lequel demeure l’essence du savoir, domine tout ce qu’il entreprend »

Pouvez-vous faire un bilan de vos principales réalisations matérielles et éducatives ? Commentavez-vous obtenu les moyens nécessaires ? Notre action se situe à Estalef au Nord-est de Kaboul. Cette ville de 12000 habitants est ma ville natale a été détruite à 99% en 2001. Au début (de 1998 à 2002), nous avons conduit notre action depuis Peshawar en venant en aide aux réfugiés et par la prise en charge de deux enseignantes de l’école « Mahréfat ». En 2002, nous nous sommes fixé l’objectif de construire une école. « Atefa-é-Chahid » pour jeunes filles est inaugurée en mars 2003 par notre association. Une extension de l’école a été réalisée en 2005 avec forage d’un puits, achat d’un groupe électrogène et d’une pompe à eau. Aujourd’hui, l’école comprend 18 salles de classe, deux bureaux et une salle polyvalente. Elle accueille, chaque jour, 530 élèves, 16 enseignantes et 4 employées de service et d’administration. Depuis 2003, le personnel est pris en charge par le ministère de l’Éducation afghan. A force d’actions militantes, nous avons pu réaliser ce projet en partenariat avec l’ambassade de France en Afghanistan et les associations Eschân, qui regroupent les habitants d’Estalef résidant en Europe, l’Association Cadillacaise d’Echanges Interculturels Franco Afghans, l’association Intercommunalité Solidarité Afghane, nos donateurs et nos adhérents.

Quels sont vos besoins actuels mais aussi vos difficultés ? Nous avons déjà mis en place des ateliers professionnels (couture et broderie) et nous souhaitons en initier de nouveaux (informatique en particulier). Actuellement, nous avons un projet de construction d’un centre de formation professionnelle à Estalef. Nous recherchons des fonds pour pouvoir réaliser ce projet vital dans cette ville.

Vous allez régulièrement à Estalef ? Ne craignezvous pas pour votre sécurité ? L’école a-t-elle subi des attaques ou des destructions ? Nous n’avons jamais eu de problème de sécurité. Les habitants ont aussi contribué à l’achat et à l’aménagement, ce qui facilite bien des choses. Mais c’est clair que le pays a beaucoup de problèmes, politiques, économiques, sociaux. En Afghanistan, partout, il y a des risques comme dans le monde entier. Mais cela ne m’empêche pas de me rendre sur place régulièrement.

Quelles réflexions tirez-vous de cette expérience pour ce qui concerne l’avenir de l’Afghanistan ? A titre personnel, l’Afghanistan, que j’ai du fuir en 1990, m’a donné beaucoup d’opportunités. Actuellement, je suis entre deux pays que j’aime beaucoup. Nous avons été capables dans une logique citoyenne et associative de réaliser ce projet à force de persévérance. Si les aides des États étaient beaucoup plus importantes pour ce qui concerne les besoins de la population afghane dans les domaines éducatifs, sociaux et culturels nous pourrions réaliser beaucoup de projets similaires. En alliant la solidarité ici, avec un dialogue constructif avec la population afghane là bas, nous apporterions une contribution essentielle à la construction d’un avenir de paix pour ce pays meurtri par la guerre. Les forces pour cela existent en Afghanistan. Le peuple afghan a besoin de nous.

Propos recueillis par Roland Nivet

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CULTURE Argentine

Un travail de mémoire exemplaire “ Madres de la Plaza de Mayo ” (les Mères de la place de mai), association de mères dont les enfants ont “disparu”, assassinés sous la dictature militaire des années 1976-1983, se rassemblent depuis 32 ans, tous les jeudis sur la Plaza de mayo, à Buenos-Aires. Elles se battent pour retrouver leurs enfants et contre l’impunité des responsables des massacres.

EN SAVOIR PLUS • www.madres.org • Livre « Les escadrons de la mort, l’école française » de Marie-Monique Robin. Éd. La Découverte et un documentaire du même nom. 22

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A

u fil du temps, les rassemblements sont devenus le lieu d’expression de divers mouvements sociaux. Des touristes prennent des photos, applaudissent le groupe tournant en silence ou le rejoignent. Aujourd’hui, ces paisibles rassemblements se déroulent sous l’œil débonnaire de la police. Mais quel courage, quelle détermination a-t-il fallu pour les imposer face à une répression féroce ! Plusieurs des mères ont elles-mêmes disparu dans les années 70 et, avec elles, des religieuses françaises qui soutenaient le mouvement. Il y a là Juanita, 95 ans, qui en est à sa 1600ème manifestation. Cesar, un ouvrier du port. Son visage s’éclaire lorsque je lui dis que je suis française. Il aime la France parce que c’est le pays de la première révolution. Cristina, elle, a fui l’Argentine depuis 1977 et vit en Italie. Elle revient régulièrement dans son pays et travaille sur les traumatismes psychologiques pour les survivants de la terreur. Avec elle, je vais visiter l’ESMA, l’école militaire qui, de 1976 à 1983, a été l’un des principaux centres de détention et de torture à Buenos-Aires. 5 000 détenus y sont passés, dont 200 seulement ont survécu. Le lieu est idyllique avec ses bâtiments pimpants dans un parc somptueux, plein de fleurs et d’oiseaux. Pourtant au détour d’un chemin, le béton verdâtre d’un mirador rappelle brutalement le passé. Luz, une jeune fille très vive et jolie nous fait visiter. Dans le fond, en retrait, nous entrons dans le bâtiment aux fenêtres grillagées, nommé la « capucha » rappe-

lant que les détenus circulaient masqués. Les bâtiments ont subi de nombreux remaniements pour effacer les traces des années d’horreur. Mais il n’est pas difficile dans les salles nues et sinistres du sous-sol d’imaginer les salles de torture et les cellules, ni les conditions de vie terribles des prisonniers qui dormaient dans des étroites cases de bois et sur des châlits évoquant les baraquements des camps de concentration. Dans l’entrée une petite pièce, tout aussi sinistre, qui était une maternité dans laquelle 600 enfants sont nés puis volés à leurs mères. A la fin de la visite on comprend pourquoi Luz passe du temps à transmettre la mémoire de l’horreur. Depuis 1983 et la construction, parfois difficile, de la démocratie, il y eut bien des tentatives d’enterrer ce passé encombrant. L’ESMA a été réutilisée comme école jusqu’en 2004, sans état d’âme. C’était sans compter sur la détermination des Mères de la place de mai, exemplaire ! Les gouvernements de gauche élus depuis 2005 ont décidé de faire de l’ESMA un espace pour la mémoire et la justice. Déjà, un centre culturel propose des expositions et un centre de recherche. Les associations font toujours appel à témoignages pour établir la liste de tous les disparus dont les portraits commencent à tapisser les murs. Exemplaire aussi le souci de justice pour ne pas laisser les bourreaux dans l’impunité.

NB

De 1976 à1983, une junte militaire a pris le pouvoir et a fait régner en Argentine une dictature féroce. L’Argentine envoie ses unités spéciales pour former les militaires chez ses voisins à des méthodes de contre insurrection, le tout avec le soutien des États-Unis. La coopération de la France a aussi été mise en lumière lors du procès. Un accord secret concernant la formation des militaires argentins a existé de 1954 à 1981. Les méthodes des escadrons de la mort : enlèvements, torture et disparitions de personnes jetées en mer du haut d’hélicoptères sont directement calquées sur celles des militaires français durant la guerre d’Algérie. Cette « guerre sale » menée en Argentine frappera les forces d’opposition, les syndicalistes, les associations, mais aussi les religieux, les intellectuels, les artistes. Elle aurait fait au moins 30 000 victimes dont 10 000 ont été recensées officiellement par la CONADEP, la commission « vérité et réconciliation» mise en place dès 1983 par le gouvernement de transition démocratique.


CULTURE Livre

Les guerres au nom de la démocratie

L

e livre reprend en les actualisant les exposés prononcés lors de plusieurs et récentes conférences en de nombreux pays du monde. Il interpelle : qu’est-ce que la guerre ? Qu’est-ce que la paix ? Quel est leur lien ? Comment ces concepts pèsent-ils aujourd’hui sur l’équilibre géopolitique mondial ? Dans son approche de ces questions, il cible les thèmes de l’Empire, de la démocratie, du terrorisme, au demeurant extrêmement connectés. Plusieurs chapitres sont consacrés à la guerre, l’hégémonie, les empires et l’impérialisme.

Éric J. Hobsbawm, auteur reconnu comme un des plus grands historiens du monde contemporain, livre dans son nouvel ouvrage, une fine et percutante analyse des événements mar-

Éric J.Hobsbawn

Bien naturellement, il aborde la question de l’hégémonie américaine, dans son passé, et dans le contexte historique actuel, en posant un regard pénétrant sur le Proche-Orient, la guerre en Irak, celle d’Afghanistan et ailleurs où les ambitions américaines se heurtent à des difficultés et des déboires notables. Comment résoudre autrement les défis nouveaux lancés au monde actuel ? Il aborde la question en la reliant à la problématique de la démocratie et des perspectives ouvertes. » La démocratie peut-elle s’exporter dans le cadre d’un nouvel ordre mondial ? On connaît la rhétorique qui entoure les expéditions militaires, comme en Irak, en Afghanistan et ailleurs. L’auteur interroge le système démocratique, peut-il s’appliquer sous une forme standardisée, justifiant les interventions occidentales ? Il souligne « La campagne pour la démocratie ne réussira pas. Le XXème siècle a montré que les États ne peuvent refaçonner le monde ». On peut ajouter qu’une telle tentative peut conduire au clash des civilisations. La lutte contre le terrorisme dont il reste à définir les contours « aurait-elle changée de

quants des relations internationales. Il

nature à la fin du XXème siècle ? ». « Non » répond-t-il, sa montée a été conceptuelle, mais inégale « la mondialisation de la guerre contre le terrorisme, lancée en septembre 2001, a conduit au retour des interventions armées d’une grande puissance à l’étranger. Si après les attentats du 11 septembre à New-York, les choses ont changé en pire, ce n’est pas à cause des terroristes, mais à cause du gouvernement américain ». De fait indique-t-il « la politique américaine a essayé de ressusciter la terreur apocalyptique de la guerre froide en inventant des ennemis qui justifient l’expansion de la puissance, l’emploi de la force et son statut de puissance mondiale » Ces quelques lignes n’ont pas, bien évidemment, l’intention de résumer un aussi riche ouvrage, en prise directe avec l’actualité, mais d’en inciter la lecture, car il apporte de nombreux outils pour la réflexion et l’action en faveur de la promotion d’une culture de la paix.

Jacques Le Dauphin

revient sur ses précédentes études au cours du 20ème siècle (1914-1989), qui fut le plus meurtrier de l’histoire, pour les relier à ce début de nouveau siècle. EN SAVOIR PLUS • Livre «L’Empire, la démocratie, le terrorisme» de Éric J.Hobsbawm. Éd. Versaille - Le monde diplomatique N° 541 - Avril 2009 - Planète PAIX

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Tout savoir sur l’Otan Disponible sur : www.mvtpaix.org

5€

Brochure format A4, 50 pages agrafées Pour toute commande : Le Mouvement de la Paix Maison de la Paix - 9, rue Dulcie September 93400 - Saint-Ouen - Tél. 01 40 12 09 12


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