L’info pacifiste : www.mvtpaix.org La paix en mouvement
3,20 euros / N° 574 / Septembre 2012
Dossier (P. 11/17)
Armes nucléaires
Un mensonge français (P.6/7) Paul Quilès
M. Ban Ki-Moon
Une paix durable pour un avenir durable (P.12)
La paix a le vent en poupe (P.14) Florence Arthaud
REGARD SUR...
Dédicace du livre de Pierre Villard ‘‘ En finir avec l'arme nucléaire’’ à Saintes (17) à la librairie De la lettre @ la bulle.
Manifestation contre le salon de l'armement Eurosatory à Saint-Étienne. En route vers Gaza, L'Estelle, le trois mats suédois, fait escale dans le Finistère au port de Douarnenez le 21 août 2012.
al d'Avignon hes-du-Rhône au festiv Les comités des Bouc n débat. pour l'organisation d'u
Le comité de Septèmes (13) accueille les enfants sahraouis au centre aéré de la Gavotte Peyret.
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N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
Sommaire
l’Édito
Planète Paix n° 574 - Septembre 2012
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Actualité
Armes nucléaires
P.6-7
Un mensonge français Université d'Eté de la Solidarité internationale
P.7
Convergences sociales Le Mouvement de la Paix
P.8
Une coordination renouvelée
9
Pour une diplomatie civile
Campagne
Ican
R
P.9
Opinion et lobbying, les deux mamelles de l’abolition
11
dossier
21 septembre, Journée internationale de la Paix M. Ban Ki-moon
P. 1 2
Une paix durable pour un avenir durable Dix ans de 21 septembre
P.13
Du rêve à la réalité… Imagine… la paix a le vent en poupe Tout Rennes cultive la paix
P.14 P.15
Les laboureurs de la paix Inititiatives de la journée du 21 septembre P.16/17
18
mondialiser la paix
Syrie
P.18/19
Le conflit vu de l'intérieur Conférence de l’Onu sur le commerce des armes P.21
Les États refusent de sauver des vies !
20
tions citoyennes montrent le chetion écologique,
P.20
La paix est une construction politique
22
‘‘ Ces mobilisamin d’une transi-
Point de vue
La réconciliation franco-allemande
Jeannick Leprêtre, co-présidente du Mouvement de la Paix
sociale, pacifique, solidaire et démocratique pour un
culture
Cinéma
P.22
monde durable.
’’
Le difficile retour à la paix Cinéma
P.23
‘‘Téléphone arabe’’, une comédie engagée
Mensuel édité par le mouvement de la paix
9, rue Dulcie September, 93400 Saint-Ouen Tél. 01 40 12 09 12 Fax : 01 40 11 57 87 planete.paix@mvtpaix.org
Directeur de publication : Pierre Villard Secrétaire de rédaction : Nadia Dorny-Bennad Conception maquette : Chérif Beldjoudi Graphiste - maquettiste : Laurence Leclert. Comité de rédaction : Raoul Alonso, évelyne Aymard, Nadia Dorny-Bennad, Nicole Bouexel, Grégoire Desclaux, Annie Frison, Pierre Villard. Photos et illustrations : Tous droits réservés, Pierre Perrin/Zoko productions, Onu. Ont participé à ce numéro : Jeannick Leprêtre, Paul Quilès, Pierre Villard, Laurent Brunel, Gérard Halie, Ban Ki-Moon, Roland Nivet, Florence Arthaud, Nadia DornyBennad et Grégoire Desclaux, Zobel Behalal, Nicole Bouexel, Evelyne Aymard. Gestion des abonnements : Nassera Macrez, tél. 01 40 12 09 12. ISSN 1773-19241. Numéro de commission paritaire : 0709G85601. Imprimeur : Compédit Beauregard - 61600 La Ferté-Macé
io+20, Rio pour rien …. Pas d’accord pour le traité sur le commerce des armes. L'escapade de Messieurs Hollande et Le Drian sur les sous-marins nucléaires pour taire un pertinent débat sur le nucléaire relancé par Messieurs Rocard et Quilès. Politique soutenue de reconduite des Roms aux frontières. La diplomatie d’État ne souffle pas le vent du changement ! Parallèlement, la société civile s’organise, des convergences se tissent : plus de 50 000 personnes au sommet des peuples de Rio pour affirmer l’importance de la justice sociale et environnementale et la défense des biens communs, pour dire non à l’économie verte et à la marchandisation du vivant ; les universités d’été du CRID, d’ATTAC, pour ne citer qu’elles, sont des rencontres s’ouvrant à la diversité des cultures et la multiplicité des luttes. Ils sont des espaces pour construire des alternatives. Le pouvoir de la société civile est grandissant. Ces mobilisations citoyennes montrent le chemin d’une transition écologique, sociale, pacifique, solidaire et démocratique pour un monde durable. Elles sont un rempart contre les inégalités et les méfaits d’un système moribond perverti par la finance. D’aucuns voudraient laisser croire que la démocratie est incapable de faire face à la crise dans un contexte mondialisé. Mais cette diplomatie civile peut conduire les gouvernements à partager leurs sphères d’influence avec tous les acteurs dans le cadre d’une diplomatie décentralisée. Gageons que cette diplomatie civile, forme élaborée de la culture de paix, où s’articulent éducation, droits, égalité, tolérance, information, développement, gestion pacifique des conflits, participation démocratique, sera une des clés de la rentrée dont chacun osera s’emparer.
Bon d’abonnement à Planète Paix page 24 Prochain numéro le 7 octobre
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Courrier des lecteurs
Oubli corrigé « Dans le dernier numéro de mai 2012, je voudrais signaler ce qui n'est, peut-être, qu'un oubli dans l'encadré de l'article "Une vie de résistance(s)" page 19. Il est écrit "Libération-Sud", mouvement de Résistance le plus important en zone sud après "Combat". Il manque trois lettres : "F.T.P" si l'on veut parler des mouvements de Résistance importants en zone Sud. Je conseille pour connaître les activités de F.T.P. de lire le livre de Charles Tillon "F.T.P, soldats sans uniformes". On y trouve l'appel de Charles Tillon du 17 juin 1940, appel à lutter contre le fascisme hitlérien. Il y développe les difficultés énormes pour mettre sur pied une Résistance dès 1940 dans la région de Bordeaux pui, peu à peu, dans toute la France. (...) La Résistance est complexe. Le nombre des F.T.P est vatriable selon les années, bien sûr, comme pour les autres mouvements de Résistance. L'importance ? L'importance vient-elle du nombre ? De la quantité des actions réalisées ? De l'importance de celles-ci ? La finalité militaire et politique des engagements ? Oublier les F.T.P quand on parle aux jeunes des mouvements importants dans la zone Sud, c'est un peu leur offrir une bouillabaisse sans poisson ». Nicolas Alain La France, nouveau membre de l’Otan « Je pense qu'il (François Hollande) n'aurait jamais dû 4
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Opinions, Suggestions, Observations ! Envoyez-nous vos messages pour qu’ils soient diffusés dans le journal et sur le site Internet du Mouvement www.mvtpaix.org. écrire à : Mouvement de la Paix 9 rue, Dulcie September, 93400 Saint-Ouen. Courriel : planete.paix@mvtpaix.org Les réflexions suivantes sont destinées au débat et n’engagent donc que leurs auteurs.
signer ce traité, même en y mettant des réserves, ce qu'il a fait, réserves dont M. Obama se fiche sans doute comme d'une guigne. (...) Je pense qu'il faut absolument que, dans les mois qui viennent, avec les syndicats, les associations progressistes et les partis politiques conscients du fait que la guerre n'a jamais rien réglé, sinon la préparation du prochain conflit, le Mouvement de la Paix contribue, et de la manière la plus visible possible, à mobiliser toutes les forces disponibles pour le retrait de la France de l'Otan, et pour obtenir la dissolution de cette organisation, dont la raison d'être a disparu depuis vingt ans avec le Pacte de Varsovie. » Kolar Andrée Affirmer le choix, le plus prioritaire, d’abolition des armes pour les peuples du monde entier. « Le Mouvement de la Paix retient comme objectif mondial, de la première importance, l'abolition totale des armes nucléaires. Mais est-ce le plus réaliste ? Mettons-nous à la place des millions d’êtres humains anéantis, chaque jour, sur les continents et principalement en Afrique, dans des guerres locales. Quel danger les obsède d’abord ? - La menace potentielle, imaginable, effroyable d’une immense destruction de la vie humaine et de la nature planétaire, par la mise en œuvre, possible, de l’arme atomique ? - Ou la monstruosité de la tuerie, visible, qui a lieu chaque jour, par la mise en œuvre, effective, des armes conventionnelles ? Le devoir des partisans de la Paix, concret, pratique, est de donner la priorité à l'action contre les armes convention-
nelles, tellement lucratives pour les producteurs avec des garanties de commandes renouvelées, étatiques. En conséquence que le Mouvement de la Paix sache modifier sa priorité. Et surtout par l'action-pétition « Zéro arme dans le monde sauf l’Onu réformée », très concrètement engagée dans tous les pays, qui est la seule capable de donner une utilité transformatrice, en un mot, selon notre plus belle tradition : révolutionnaire. » Raymond Gosselet Commémoration douloureuse. à propos de l'armement nucléaire, réflexion conduite par les hommages aux victimes d'Hiroshima et Nagasaki, soixante-sept ans après : « J’ai eu l’occasion dernièrement de visiter l’arsenal de Brest. J’ai été effaré par l’amoncellement de matériel
militaire qu’on nous a montré. J’ai appris en particulier qu’il existait 5 sous-marins nucléaires, coûtant 7 milliards d’euros pièces et que l’un de ces engins circule en permanence, quelque part dans les mers du globe, avec des armes nucléaires à son bord… De quoi faire frémir ! Avec le changement de gouvernement nous avions espéré que la France donnerait le bon exemple, qu'elle arrêterait les recherches et la fabrication de ces armes meurtrières, inutiles et qui gaspillent l'argent dont les écoles, les hôpitaux etc. ont tant besoin ! Nous espérons encore un changement d'attitude mais nous n'avons encore rien vu ! C'est pourquoi il nous faudra encore manifester de nombreuses fois avant d'obtenir le désarmement et la Paix. » Jean Penot
Poème A ceux qui viendront Écoutez ma voix Enfants de mes enfants Nous avons scruté les étoiles Et rétréci la planète Sachez faire ce que l’on n'a pas su Déposez nos armes Et séchez vos larmes Écoutez ceux que l’on a pas entendus Gandhi, Mandela, Mère Térésa, Théodore Monod, Martin Luther King " I HAVE A DREAM … " Nous n’avons pas rêvé assez fort D’autres étaient là Musiciens, peintres, poètes ou bien sculpteurs Oubliez nos gratte- ciel et retrouvez nos musées Allez y puiser la force qui nous a manquée Écoutez ma voix Enfants de mes enfants Vous êtes notre plus belle Raison d’espérer un monde meilleur. Thomas Astégiano - Collège Maurice Ravel, Toulon - catégorie 4ème/3ème
REPÈRES ...
Livre
Film
‘‘Les enfants de Belle Ville’’ Un film d’Asghar Farhadi Sortie : 11 juillet 2012
Le succès planétaire de son film ‘‘Une séparation’’, fait d'Asghar Farhadi, le réalisateur iranien le plus populaire de tous les temps en France. Après Danse avec la poussière (2003), premier long-métrage, on découvre donc aujourd'hui son deuxième film, Les Enfants de Belle Ville (2004). Akbar, un jeune homme de 18 ans, croupit en prison pour l'assassinat de sa fiancée. Un crime passionnel. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur Firoozeh vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin. Il existerait en Iran une disposition de la justice qui consiste à donner la possibilité de racheter le sang de la victime. Les enfants de Belle Ville parle d'amour, de justice, de réparation et des dérives du système judiciaire iranien à travers l’histoire de cet adolescent condamné à mort.
Les chiffres... ‘‘Plus de 750 000 Palestinien’’ (20% de la population totale et 40% de la population masculine) ont été emprisonnés par Israël depuis 1967.
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Palestiniens ont été arrêtés en 2011, soit une moyenne de 9 par jour. Parmi ceux-ci 113 avaient été libérés en octobre 2011, après l'accord conclu entre le Hamas et Israël. 1 027 prisonniers avaient alors été libérés.
‘‘Gaza, terre des oubliés, terre des vivants’’ 70 poèmes de la paix palestinienne. Ziad Medoukh. Éd. L'Harmattan, 200 pages. Février 2012
Ziad Medoukh, palestinien, est responsable du département de français à l'université Al Aqsa et coordinateur du Centre de la Paix de Gaza. Poète, écrivain et militant engagé pour sa cause et simple citoyen palestinien, ses mots sont des mots d’espoir, de résistance, au milieu de l’enfer de Gaza. Il écrit en français, cette langue qui est pour lui, langue « de paix et d’espoir ». Dans ce recueil, l'auteur exprime l'amour de sa patrie, l'attachement à sa ville natale, la résistance par la non-violence, par l'éducation et par la fidélité à sa terre. Il évoque l'engagement des femmes palestiniennes, le rôle de la jeunesse dans la société et mentionne souvent l'espoir d'un lendemain meilleur pour Gaza et pour la Palestine, un lendemain de paix et de liberté. Il émane de ces poèmes une grande et belle générosité, une profonde gratitude, celle d’un homme qui dit merci, merci à la culture française, merci aux militants solidaires de la Palestine.
La phrase du mois « A une époque où les révolutions populaires balayent la planète, les États-Unis devraient renforcer et ne pas affaiblir les règles du droit et des principes de justice énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Mais au lieu de rendre le monde plus sûr, la violation par l’Amérique du droit humain international encourage nos ennemis et nous met à dos nos alliés. » Président Jimmy Carter, New York Times, 24 juin 2012
IMAGE DU MOIS
Commémoration des bombardements d'Hiroshima et Nagasazi à Bangkok, 6 août 2012.
Près de 3 600 étudiants ont participé au Rallye de la Paix à Bangkok et ont pris l'engagement d'œuvrer pour la paix et pour un monde sans armes nucléaires.
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ACTUALITÉ Armes nucléaires
Un mensonge français
D Ex-ministre de la Défense de 1985 à 1986, président de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale de 1997 à 2002, maire de Cordessur-Ciel (Tarn), membre de Global Zero, Paul Quilès publie « Nucléaire, un mensonge français » dans lequel il réexamine les hypothèses faites en France sur la dissuasion nucléaire. 6
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epuis que j’ai publié un livre sur le désarmement nucléaire , je reçois plusieurs types de commentaires. Il y a ceux qui me félicitent de m’élever contre l’omerta, qui entoure ce sujet si grave, devenu une sorte de tabou. Il y a aussi ceux qui me traitent d’irresponsable, incapable de comprendre le danger que cette réflexion ferait courir à l’indépendance et à l’autonomie de décision de la France. Il y a encore ceux qui me considèrent comme un dangereux pacifiste, qui ne comprend pas l’état du monde et les risques de prolifération nucléaire. Bien entendu, ces critiques me stimulent et je ne me prive pas de répondre et d’expliquer ma position, qui n’a rien à voir avec ces caricatures. Il s’agit malheureusement d’ailleurs d’un grand classique de la vie politique, qui consiste à caricaturer une position pour mieux la démolir et empêcher un vrai débat. Quand je vois l’état du monde, de ses désordres, des guerres, des menaces de conflit et d’embrasement, je me dis que c’est mon devoir de parler. J’ai été ministre de la défense, il y a 26 ans, à l’époque où la course aux armements, notamment nucléaires, continuait entre l’Est et l’Ouest. Mais le monde d’aujourd’hui n’est plus ce qu’il était avant 1989. Le mur de Berlin est tombé, l’URSS n’existe plus, pas plus que l’affrontement des blocs Est/Ouest. C’est pourquoi j’ai évolué, me refusant à rester attaché à ce qui ressemble de plus en plus à des dogmes. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui ont fait le même cheminement que moi, en particulier d’éminentes personnalités signataires du mouvement « Global Zero ». Depuis une dizaine d’années, j’ai émis des doutes à haute voix sur la stratégie de dissuasion nucléaire, sur ses dangers et sur son caractère inadapté au monde du 21ème siècle, surarmé, multipolaire, soumis à des conflits asymétriques et incapable de respecter les objectifs du Traité de non prolifération (TNP). C’est donc bien parce que je crois connaître le sujet, que j’ai abordé à plusieurs reprises dans mes diverses fonctions politiques et parce que j’ai moimême évolué dans mon approche, que je ne peux me satisfaire de ces silences, ces approxi-
mations, ces slogans ou ces arguments d’autorité qui entourent la question de l’armement nucléaire. C’est cela que j’appelle « un mensonge français », fait d’une dizaine de contre-vérités, que je ne ferai ici qu’énoncer : • L’armement nucléaire est notre « assurance vie ». • La dissuasion interdit toute attaque nucléaire. • Notre armement correspond au principe de « stricte suffisance ». • C’est indispensable pour lutter contre la prolifération. • Nous respectons le TNP. • Nous ne pouvons pas demander le retrait des armes nucléaires tactiques américaines stationnées en Europe. • Cet armement ne coûte pas cher. • Il assure notre indépendance. • Il nous permet de faire entendre notre voix au Conseil de sécurité. • Il y a un consensus en France sur cette question. Sur chacun de ces points, il doit y avoir une confrontation avec les tenants de la doxa, notamment sur le dernier. Ce « consensus français » sur le nucléaire ne peut être qu’un consensus par défaut, en l’absence d’un véritable débat, qui supposerait la confrontation et l’expression des désaccords, ainsi qu’une information complète du public. Or ces conditions ne sont pas remplies. Le terme de consensus est donc déplacé et quelque peu mystificateur.
Saint Gorges terrassant le dragon. Cette statue se dresse dans l'enceinte même de l'Onu. Si on l'observe de près, on verra que le dragon en question est composé de deux ogives nucléaires, l'une russe, l'autre américaine, bien réelles, mais désarmées, est-il besoin de le préciser.
Si on veut qu’une large majorité se dégage en faveur de choix clairement définis, qu’il s’agisse du désarmement nucléaire ou de toute autre question majeure, il faut, au préalable, une large information, un débat national, une confrontation des points de vue d’experts indépendants. Au terme du processus, un débat parlementaire doit avoir lieu, voire un référendum. Il me semble aussi indispensable que soient examinées toutes les initiatives que pourrait prendre la France pour contribuer au désarmement nucléaire. J’ai fait 11 propositions en ce sens lors du Comité préparatoire de la conférence d’examen du TNP à Vienne* (2 mai 2012) Il est hypocrite de dire que notre pays a déjà beaucoup fait et qu’il faut attendre les avancées américaines et russes. La simple relecture de l’article VI du TNP, qui n’est pas respecté, montre le chemin. On ne peut pas se réfugier dans une attitude
qui consiste à considérer le désarmement nucléaire comme un slogan pour un monde virtuel, alors que le monde réel serait celui de l’armement. Pourtant, le désarmement nucléaire est un objectif réaliste, comme en témoignent les multiples accords déjà conclus, les négociations en cours et la pression en sa faveur de nombreux pays émergents, dont l’influence va croissant dans le monde. Si une volonté politique se manifeste largement, on peut envisager une accélération du désarmement, qui contribuera à la construction, difficile et lente, de la paix. Paul Quilès
* Retrouver les 11 propositions sur le blog ci-dessous
EN SAVOIR PLUS • paul.quiles.over-blog.com/
Université d'Eté de la Solidarité internationale
Convergences sociales
L
a 7ème édition de L'Université d'Été de la Solidarité internationale initiée par le CRID du 4 au 7 juillet aura tenu toutes ses promesses : plus de 1 000 participants, 137 organisations présentes, 41 partenaires représentant une vingtaine de nationalités. L'UESI c'est aussi plus de 100 heures de formations (12 modules de 10 heures chacun) et plus de 60 heures de débat à travers les ateliers et activités. Pourtant les contraintes organisationnelles et financières ont pesé plus lourdement cette foisci, y compris les contraintes politiques, sur le contenu même de l'université sur certains sujets brûlants (Palestine, Sahara Occidental). Le thème général : « Citoyen-ne-s et solidaires, réinventons le monde ! » est celui de la citoyenneté au service de la mise en œuvre de transitions sociales, écologiques et démocratiques pour un monde juste et solidaire. Cette thématique a été traitée au travers des 12 modules auto-organisés par plusieurs dizaines d’organisations. Le champs des thèmes abordés est donc très large comme « les modalités d'insertion de la solidarité dans la citoyenneté : nouvelles formes de mobilisation et d'action citoyenne, renouvellement des contenus et des démarches pédagogiques
dans le travail d’éducation au développement et à la solidarité internationale, à l’échelle locale, nationale, européenne ou mondiale.» D’autres modules ont traité en profondeur certains sujets structurants pour la solidarité internationale : les migrations (face aux changements géopolitiques, en Afrique, Lybie, et au Mali notamment, aux changements climatiques, etc.) et au regard du droit à la liberté de circulation posé dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, les formes de solidarités face aux évolutions/révolutions/ stagnations en Afrique, ou encore la notion de richesse et la refonte de ses indicateurs. Les résultats de la conférence dite de « Rio+20 », furent aussi au cœur des réflexions sur l’avenir de nos sociétés et de l’Humanité, et de reposer dans ce contexte la place des femmes. La vingtaine d’ateliers a créé des débats sur une plus grande diversité de sujets passant des luttes étudiantes au Chili au commerce équitable comme « outil » pour réinventer le monde, de la situation en Haïti deux ans après le séisme à la place et le rôle des salariés dans la solidarité internationale, de l’analyse du système de la dette à l’impact des changements climatiques pour les pays du Sud, ou
encore la création d’un socle de protection universelle fondé sur les droits humains à l'efficacité des mobilisations en faveur de la taxe sur les transactions financières. Le Mouvement de la Paix coordonnait un module avec huit autres associations : « Planète en danger : osons la culture de la paix pour réinventer le monde ». Le but : réfléchir sur les outils et les axes d'actions pour l'action citoyenne sur cette question importante de la paix et de la non-violence. Avec des approches différentes, des convergences apparaissent sur les campagnes à mener : abolition des armes nucléaires, désarmement et développement, dépenses militaires et dettes, commerce des armes, permettant de se resituer dans la problématique générale de l'université : celle de l'action citoyenne. L'université de la solidarité internationale est l'une des composantes du processus du Forum social mondial, et s'inscrivait dans la préparation de celui de Tunis en 2013. Un rendez-vous essentiel pour les pacifistes. Gérard Halie
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ACTUALITÉ
De gauche à droite : Régine Minetti (13), employée et agricultrice, 58 ans ; Aurélien Amsellem (75), comptable, 34 ans, co-trésorier ; Nathalie Gauchet (77), employée, 49 ans ; Jeannick Lepretre (18), cadre, 52 ans ; Guillaume Du Souich (94) artiste, 39 ans ; Elise Coly (58), employée, 29 ans ; Francis Azan (17), retraité, 62 ans, co-trésorier ; Aurélie Royon (42), enseignante, 29 ans ; Pierre Flament (93), retraité, 66 ans ; Michel Dolot (13), retraité, 59 ans
Le Mouvement de la Paix
Une coordination renouvelée
L
e dernier congrès du Mouvement de la Paix, en novembre 2011 à Paris, avait élu un Conseil national et un Bureau national fortement renouvelés. Les nouveaux élus de l’époque avaient alors souhaité se donner du temps avant de procéder à l’élection des co-présidents et co-trésoriers. L’échéance de juin 2012 avait alors été fixée. S’en est suivie une procédure nouvelle qui a abouti à une nouvelle coordination proposée au vote des membres du Conseil national de l’organisation pacifiste. La nouveauté a principalement consisté dans la manière très collective dont les consultations ont été menées au sein du nouveau Bureau national. Alliant un processus de candidature, nouveau dans l’organisation, et un processus de proposition à bulletin secret, tout aussi nouveau, ces procédures ont été conduites avec un souci permanent du consensus. Pierre Villard, réélu président en novembre, n’était pas candidat. Il a considéré qu’après 10 ans de responsabilité de co-président, il devait laisser cette place à d’autres. Roland Nivet, élu au secrétariat depuis 1994, François Gagnaire, élu à la coordination depuis 2008 et enseignant au Japon à partir de septembre, et Gérard Halie, élu en 2009, ont eux aussi laissé la place pour permettre le renouvellement. Tous les quatre restent membres
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Le Conseil national des 30 juin et 1er juillet a élu la nouvelle équipe de coordination du Mouvement de la Paix composée de 9 co-présidents et de 2 co-trésoriers.
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actifs du Bureau national. La nouvelle équipe élue ce 1er juillet est donc constituée de 10 personnes, à parité de genre et à représentation équivalente entre l’Ile-de-France et les autres régions du pays. Quatre d’entre eux ont moins de 35 ans. Le Mouvement de la Paix dispose donc maintenant de 9 coprésidents et de 2 co-trésoriers. Aurélien Amsellem assume provisoirement les deux fonctions. Cette configuration n’est pas nouvelle dans l’histoire de l’organisation pacifiste. C’est déjà celle qui avait été choisie après le décès d’Yves Farge en 1953, le premier président de l’association. Comme l’a rappelé Pierre Flament, responsable de la commission de renouvellement des instances « ce choix du collectif s’appuie sur la confiance mutuelle. Il est le fruit d’un cheminement pendant les 2 derniers mois ». Il prend en compte les potentiels, la diversité, la complémentarité et les contraintes, notamment professionnelles et géographiques. Autant d’atouts qui permettront au Mouvement de la Paix de poursuivre son développement pour faire de la Culture de la paix le moteur de la transformation sociale, du quartier à la planète. Laurent Brunel
campagne Campagne internationale pour abolir l’arme nucléaire (ICAN)
Opinion et lobbying, les deux mamelles de l’abolition Le 28 juin dernier, la salle du Conseil municipal de Malakoff (92) accueillait une importante réunion de travail de la coordination française ICAN. Considérée comme première Assemblée générale, les organisations présentes ont pris le temps de questionner les fondements de leur collectif ainsi que le travail réalisé et leurs objectifs communs. De quoi motiver et cultiver la confiance.
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P
our la première fois les organisations nationales du collectif ICAN-France ont consacré une journée entière pour échanger et confronter leurs points de vue. Pour l’occasion, était invitée Rebecca Johnson, experte britannique du désarmement nucléaire et vice-présidente de la Campagne internationale. C’est par un diaporama que Pierre Villard, coordinateur du collectif ICAN-France, a présenté le rapport d’activités de la coordination créée en 2004 par 41 organisations sous le nom de « Campagne pour le désarmement nucléaire », devenue ICAN-France en mars 2009. Le rappel des fondements du collectif, des campagnes et initiatives communes a permis de mesurer le chemin parcouru en 8 ans. Si le bilan montre de réelles réussites collectives et un certain développement (63 organisations composent actuellement ICAN-France), le débat a montré que le niveau politique de crédibilité nécessaire n’est pas encore atteint. Dénonçant l’affirmation de consensus national qu’ils contestent, les participants ont explicité leur exigence vis-à-vis du gouvernement français : « Prendre des initiatives politiques afin d’enclencher un processus mondial d’abolition contrôlée des armes atomiques ». Désarmement multilatéral ou unilatéral ? La question du rôle de la France dans un processus mondial a été posée. De l’avis très majoritaire, c’est bien un processus multilatéral que défend ICAN. La responsabilité des citoyens français est d’amener la France à prendre des initiatives pour rendre le contexte international plus favorable. Pour cela, le challenge demeure la mise en mouvement de l’opinion publique. Aussi est apparu le besoin de réinventer une stratégie dans le contexte de crise. Si durant le précédent quinquennat, les abolitionnistes considéraient qu’ils étaient face à un mur, ils notent que leurs nouveaux interlocuteurs disent vouloir agir pour le désarmement nucléaire. Mais l’idéologie de la dissuasion demeure. La vie et la raison d’être d’ICAN ont été traitées avec franchise. ICAN doit rester une union souple et libre dans laquelle les expressions différentes sont respectées. C’est une campagne qui n’a pas vocation à remplacer les organisations existantes. Et la difficulté de la mise en œuvre collective sur le terrain n’a pas été éludée. En seconde partie de matinée, Rebecca Johnson est
Réunion de collectif ICAN France
revenue sur le développement de la campagne mondiale. Elle utilise une belle image : « Nous ne sommes plus au pied de la montagne. Nous voyons le sommet, même si nous ne savons pas encore comment y parvenir ». Rappelant que plus de 100 milliards de $ ont été consacrés aux armes nucléaires en 2011, elle insiste sur la nouveauté que constitue la référence aux conséquences humaines catastrophiques contenue dans la déclaration finale du TNP de 2010 et sur laquelle ICAN a décidé de s’appuyer. Une conférence y sera consacrée à Oslo les 4 et 5 mars 2013. Stratégie, moyens et calendriers ont constitué le menu de l’après-midi consacré au développement de la Campagne en France. Il apparaît impératif d’être en avance sur les calendriers, pour ne pas être toujours en position de fait accompli. La rédaction d’un nouveau livre blanc de la Défense dès l’automne et la discussion de la future loi de programmation militaire dès 2013 semblent offrir aux partisans de l’abolition deux opportunités d’interpellation de l’opinion publique et des politiques. La convergence avec la société et l’urgence de créer des liens au niveau local ont abouti à deux idées fortes. La première est de proposer un Forum social thématique « paix / désarmement / abolition ». La seconde consiste à impulser des coordinations locales ICAN afin de favoriser des moments de rencontres et de formations comme l’ont été au niveau national les Journées du désarmement nucléaire. Une journée du type colloque sera organisée au Parlement à l’automne. Enfin est apparue la nécessité de renforcer la lisibilité et la visibilité d’ICAN. L’objectif de 100 000 signatures de la pétition est maintenu. Les participants ont terminé cette journée en mettant en place une coordination collective de la Campagne en France. L. B N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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Au jour le jour Le Mouvement de la Paix au ministère de l’Éducation nationale Une délégation, composée de Jeannick Leprêtre et Aurélien Amsellem, co-présidents, de Monique Zozol et Pierre Villard de la commission Éducation, a été reçue au ministère de l’Éducation nationale le 23 août par Chantal Levy en charge de la Vie éducative au cabinet du ministre Vincent Peillon. Le Mouvement de la Paix a insisté sur la nécessité d’impliquer l’institution éducative dans la promotion de la Culture de la paix. Il a demandé qu’une circulaire soit publiée au bulletin officiel de l’éducation, une implication dans le 21 septembre ainsi que la participation à la grande concertation en cours. Autant de demandes bien accueillies.
Armes nucléaires russes maintenues en disponibilité La Russie a indiqué qu'elle ne commencerait pas une nouvelle course aux armements, mais qu'elle s'assurerait que ses armes nucléaires et sa défense aérospatiale demeurent prêtes à agir. Lors d'une réunion gouvernementale sur le programme de l'armement du pays, le président russe, Vladimir Poutine, a mentionné que « personne ne devrait douter de la fiabilité et de l'efficacité de notre potentiel nucléaire et de notre défense aérospatiale".
Il a affirmé que les armes nucléaires demeuraient « la garantie la plus importante » de la souveraineté et de l'intégrité de la Russie, ajoutant qu'elles jouaient encore un rôle important dans le maintien de l'équilibre et de la stabilité dans la région et dans le monde.
Les armes nucléaires de l'Iran Le chef des services de renseignement britanniques (MI6) a affirmé que ses agents ont empêché, il y a quatre ans, l'Iran d'acquérir l'arme nucléaire, mais que Téhéran devrait en disposer en 2014, a rapporté le quotidien /Daily Telegraph/ . Le patron du MI6, John Sawyers, qui n'intervient qu'exceptionnellement en public, a déclaré sous le sceau du secret à une centaine de hauts fonctionnaires à Londres que sans les interventions de ses services, l'Iran aurait pu se doter de cette arme il y a quatre ans. « Vous auriez eu un État nucléaire en Iran dès 2008, au lieu de dans deux ans », a déclaré M. Sawyers, sans préciser les actions de ses agents.Lorsque l'Iran y parviendra, Israël et les États-Unis « seront confrontés à des dangers redoutables », a encore assuré le chef du MI6, cité par le journal britannique. « Je pense qu'il sera extrêmement difficile pour un Premier ministre israélien ou un Président américain d'accepter un Iran doté d'armes nucléaires », a-t-il affirmé.
Planète Paix à la fête de l’« Humanité » Les 14, 15 et 16 septembre à l’Espace Fête du Parc départemental de la Courneuve (RER B - Le Bourget), le Mouvement de la Paix est invité à l’événement emblématique du quotidien l’« Humanité ». Planète Paix y donne rendez-vous à ses lecteurs, notamment pour les débats animés par notre mensuel. Le stand du Mouvement de la Paix placé sous le thème « Cultiver la paix partout, pour tous » accueillera également un bar, des animations musicales et proposera tous les produits de la Boutique de la Paix. Vous pourrez vous procurer le fameux drapeau arc en ciel, découvrir les initiatives du 21 septembre et rencontrer les militants pacifistes. Toutes les aides bénévoles et coups de mains amicaux sont aussi les bienvenus. Contactez Aurélien Amsellem au 06.64.61.94.55 ou aurelien.amsellem@mvtpaix.org Programme du stand du Mouvement de la Paix (sous réserve de modifications) : • Vendredi 14 septembre : 18h30 - Inauguration et apéritif suivies d’une soirée musicale • Samedi 13 septembre : 11h/12h30 – Les Cafés de Planète Paix : « France – Algérie : quelle amitié 50 ans après la fin de la Guerre ? » 15h00 / 16h30 - Les Cafés de Planète Paix : « Peut-on se débarrasser de l’arme atomique ? » 17h30/19h - Les Cafés de Planète Paix : « Mali : quel processus démocratique pour la paix au Sahel ? » 21h00 - Concert • Dimanche 14 : 11h/12h30 - Les Cafés de Planète Paix : « Quelle solidarité avec le peuple Syrien ? » 12h30 - Repas pacifiste Syrien 15h30 - Concert Bon de soutien donnant droit à l’entrée de la Fête : 20€ pour les 3 jours. En savoir plus : • www.humanite.fr/fete.html • www.mvtpaix.org
à vos agendas • Forum pour la Paix en Bretagne, Brest le 10 septembre, 10h/18h, Maison des Syndicats (Maison du Peuple), à l'initiative du collectif bretagne du Mouvement de la Paix. Ce forum sera ouvert à toutes les organisations, et associations qui le souhaitent. L'université d'été de la Défense va se tenir à Brest les 10 et 11 septembre 2012. Il s'agit d'une initiative gouvernementale qui aura un impact médiatique et politique très fort non seulement en Bretagne mais bien entendu aussi au plan national car ce sera une étape importante dans l'élaboration du Livre blanc de la Défense et de la loi de programmation militaire pour les 5 ou 6 années à venir. Contact : rennes.mouvementpaix@gmail.com 10
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DOSSIER
21 septembre, Journée internationale de la Paix
• M. Ban ki-Moon Une paix durable pour un avenir durable • Dix ans de 21 septembre Du rêve à la réalité… Imagine… • la paix a le vent en poupe • Tout Rennes cultive la paix ‘‘ Les laboureurs de la paix ’’ • Initiatives de la journée du 21 septembre
2002 – 2012, cela fait dix ans que le 21 septembre est devenu la Journée internationale de la Paix, sur décision de l’Assemblée de l’Onu. Alors que depuis 1981, cette journée était fixée au troisième mardi de septembre - qui correspondait à l’ouverture de l’Assemblée générale de l’Onu - ce choix d’une date régulière a permis une évolution grandissante de sa prise en compte réelle dans les sociétés. 10 ans après où en est-on ? Sans avoir la prétention d’y répondre de façon exhaustive nous avons choisi de mettre en lumière la diversité des acteurs et des initiatives en France. Une manière de rendre hommage à ces acteurs de paix qui, loin des feux médiatiques, sèment les graines d’une nouvelle civilisation de paix à construire. Pierre Villard N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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21 septembre, j o urnée
DOSSIER M. Ban Ki-moon
Une paix durable pour un avenir durable
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Le compte à rebours commence aujourd’hui : dans 100 jours, nous marquerons la Journée internationale de la paix, à l’occasion de laquelle nous appelons tous les combattants dans le monde entier à déposer les armes et à essayer de trouver des solutions pacifiques aux conflits. Célébrée chaque année le 21 septembre, la Journée internationale de la paix est pour nous tous l’occasion de réfléchir aux ravages inconcevables, qu’ils soient d’ordre moral, physique ou matériel, que fait la guerre. Nous en subissons les conséquences aujourd’hui et les générations à venir les subiront aussi. C’est pourquoi cette année, le thème est « Une paix durable pour un avenir durable ». Il met l’accent sur le fait que nous ne pouvons guère envisager de bâtir un avenir durable sans paix durable. Les conflits armés s’en prennent aux piliers mêmes du développement durable : ils privent les gens de la possibilité de se développer, de créer des emplois, de protéger l’environnement, de lutter contre la pauvreté, de réduire les risques de catastrophes, de faire avancer la justice sociale et de faire en sorte que chacun ait suffisamment à manger.
Message du Secrétaire général des Nations unies, prononcé à cent jours de la célébration de la Journée internationale de la paix, le 13 juin 2012.
EN SAVOIR PLUS • www.un.org/fr/ 12 12
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Envol de colombes en Afghanistan
Dans une semaine, la Conférence des Nations unies sur le développement durable s’ouvrira à Rio de Janeiro. Ce sera l’occasion pour le monde entier de riposter. Des dizaines de milliers d’hommes politiques, de dirigeants, de militants, de chefs d’entreprise et bien d’autres encore se mobiliseront. Rio +20 peut nous aider à tracer la voie d’un avenir durable, l’avenir que nous voulons. Nous voulons un avenir où les ressources naturelles sont protégées et mises en valeur et non pas utilisées pour financer les guerres, où les enfants peuvent recevoir une éducation à l’école et non pas être recrutés dans l’armée, où l’on s’attaque aux inégalités économiques et sociales par le dialogue et non pas par la violence. Si nous voulons bâtir cet avenir, nous devons tous y jouer un rôle personnellement. J’engage tout un chacun, d’ici au 21 septembre, à réfléchir à la façon dont il peut contribuer. Employons-nous ensemble à faire que le chemin de Rio nous mène au développement durable, à la paix durable … et à un avenir où nous vivrons tous en sécurité. » Avec l’aimable autorisation de reproduction des Nations unies
urnée internationale de la paix Dix ans de 21 septembre
Du rêve à la réalité… Imagine…
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n 2001 l'Assemblée générale des Nations unies a fixé cette journée le 21 septembre unanimement et a invité tous les pays et tous les peuples à respecter l'arrêt des hostilités durant cette journée et a engagé tous les États membres, les organismes des Nations unies, les organisations régionales et non gouvernementales et les particuliers à célébrer comme il convient cette journée y compris au moyen d’activités d’éducation et de sensibilisation. La Journée internationale de la paix offre une opportunité pour les individus, les organisations et les nations pour faire des actes concrets de paix à une date commune à tous. En créant la Journée internationale de la paix, l'Onu, elle-même consacrée à la paix dans le monde, encourage toute l'humanité à travailler en coopération pour atteindre cet objectif. Lors de la discussion de la résolution de l'Onu qui a institué la Journée internationale de la paix, il a été suggéré que : « Cette journée devrait être consacrée à commémorer et renforcer les idéaux de paix tant au niveau personnel qu’entre toutes les nations et les peuples... Cette journée servira de rappel à tous les peuples que notre organisation, avec toutes ses limites, est un instrument vivant au service de la paix et devrait servir tous au sein de l'organisation comme une cloche qui sonne en permanence pour nous rappeler que notre engagement permanent, au-delà de tous les intérêts ou les différences de toute nature, est à la paix. » Depuis sa création, la Journée internationale de la paix rassemble des millions de personnes dans toutes les régions du monde et, chaque année, des événements sont organisés pour commémorer et célébrer cette journée. Les événements vont de l'échelle de réunions privées aux concerts publics et forums où des centaines de milliers de personnes participent à ces rencontres. La multitude et la diversité des initiatives des uns et des autres, du simple drapeau de paix accroché à une fenêtre ou à l'immense drapeau de paix déployé au stade vélodrome de Marseille, le 21 septembre 2011, de la plantation d'un arbre de la paix , de fleurs de la solidarité à la mobilisation d'une grande métropole « Tout Rennes cultive la
Célébration du 21 septembre aux Nations unies, New York
Décidée en 1981 la journée internationale de la paix était fixée le troisième mardi de septembre, jour de la séance d'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies.Elle a été observée la première fois en 1982.
paix », ces initiatives en général communes et qui associent les écoliers, collégiens et lycéens participent pleinement à l'éducation à la paix et à la construction d'un monde de fraternité, de justice sociale et de paix. La construction de la paix met l'accent sur la création d'une culture de la paix à long terme. Elle vise à renforcer la compréhension et la tolérance entre les individus, les communautés et les sociétés et l'établissement de nouvelles structures de coopération. Cependant, malgré l’implication de beaucoup de personnes dans la construction de la paix, les dépenses militaires, le commerce des armes, les interventions armées, la difficulté à atteindre les objectifs du millénaire montrent que la volonté de paix des populations doit s'exprimer encore plus et avec beaucoup plus de force. Les freins au développement du 21 septembre doivent être levés. Mais les amoureux de la paix ne se découragent pas. La Journée internationale de la paix s'étoffe et s'internationalise. Des résolutions de l'Onu deviendront réalité grâce aux peuples du monde. Michel Thouzeau N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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21 septembre, j o urnée
Photo : Pierre Perrin/ Zoko productions
DOSSIER
La paix a le vent en poupe
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on métier de navigatrice - ma passion - m'a permis de traverser les mers et les océans, avec du vent simplement. Une, deux ou trois coques, des voiles et quelques ficelles. J'ai croisé vers de lointains horizons, là où il n'y a plus de frontières, là où il n'y a qu'une race d'hommes, de femmes aussi, celle de marin. A la découverte de nouveaux continents, de nouvelles cultures, abordant les côtes avec une envie de rencontre et de partage avec ces peuples nouveaux à mes yeux, ces êtres différents avec leur culture, leurs croyances, leurs coutumes, leur passé, leurs espérances, leur âme et leur cœur. En mer, sur mon bateau silencieux, je suis en communion avec la nature, la grande bleue et ses habitants. Les éléments, pourtant violents souvent, inspirent le respect et la Paix. Le combat avec la nature est dur mais loyal. De retour chez les humains, on n'a plus envie de se battre mais plutôt de partager. Nous sommes les témoins conscients d'une obligation de vivre dans le respect de la nature et des hommes pour continuer à vivre en Paix dans le monde que nous partageons. Après la pluie le beau temps, dit-on, après la guerre, la Paix… Si tout le monde pouvait se donner la main.... C'est peut-être idéaliste, mais, néanmoins, l’hu-
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Sportive accomplie et femme engagée, Florence Arthaud nous fait profiter de sa vision d’un monde sans frontières et solidaire à l’occasion de son parrainage de l’initiative « Les Voiles de la Paix ».
manité progresse, pas à pas. Et moi, j'y crois ! Alors oui, je suis fière d'être aux côtés des organisateurs des « Voiles de la Paix » à Marseille. Les voiles de nos bateaux sont blanches et ressemblent à de grandes ailes comme celles de la colombe, symbole de la Paix. J'ai navigué à trois reprises à travers la Méditerranée portant un message de Paix, d'une rive à l'autre, arborant le pavillon aux couleurs arc-enciel Peace, Pace, Paix, j'en étais très fière, même si cela n'a pas servi à grand-chose... mais il n'y a pas de petites actions. Qui ne rêve pas de Paix, d'entente entre les peuples, entre toutes les femmes et les hommes du monde ? La paix entre les Etats nécessite de trouver des solutions calmes et mesurées en passant par le dialogue. Il y a malheureusement encore bien des situations où tous les efforts des organisations qui œuvrent dans ce sens sont immensément longs et difficiles. Nombreuses personnalités politiques, religieuses, scientifiques, artistiques ou littéraires et tant d'autres ont participé à la construction d'une meilleure entente entre les peuples de cultures si diverses. Ensemble, construisons la Paix. Florence Arthaud
urnée internationale de la paix Tout Rennes cultive la paix
Les laboureurs de la paix « Tout Rennes cultive la paix » est un projet lancé en 2009 où chaque Rennais (e) est invité(e), dans le cadre de la Journée internationale de la paix à devenir un acteur de paix comme le recommandent les Nations unies. Roland Nivet, un des animateurs de cette initiative nous donne
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hacun peut, dans les formes qu'il souhaite, initier des activités, à titre individuel, au sein d'une collectivité ou à travers des activités professionnelles ou culturelles. Comme le dit Ouest France dans un article de juin 2012 « C'est l'ensemble des initiatives prises par chacun, à la mesure de ses moyens, qui donne l'ampleur de cette manifestation. » La charte constitutive qui fixe le cadre réside dans les huit domaines du programme pour une culture de la paix des Nations unies. La parole est donc à l’inventivité. Des activités sont spécifiques, d’autres déjà programmées, mais dont la nature s'intègre bien à l'esprit de ces trois semaines d’activités, sont labellisées sur simple mail adressé au collectif d'organisation. Les activités sont vulgarisées à travers un site web/blog spécifique. Pour développer le caractère participatif nous avons mis en avant la résolution A/Res/52/13 des Nations unies qui précise en son article 8 que « Les parents, les enseignants, les hommes politiques, les journalistes, les organismes et groupes religieux, les intellectuels, les personnes qui exercent une activité scientifique, philosophique, créatrice et artistique, les agents de services de santé ou d'organismes humanitaires, les assistants sociaux, les personnes qui exercent des responsabilités à divers niveaux ainsi que les organisations non gouvernementales ont un rôle primordial à jouer en ce qui concerne la promotion d'une culture de la paix .»
le mode d'emploi d'une réussite.
EN SAVOIR PLUS • http://tout-rennes-cultive-la-paix. over-blog.com
Beaucoup reste à faire, mais de premiers résultats ont été atteints, comme le montre le bilan 2011 qui souligne les également certaines faiblesses à surmonter en ces termes : « diversité des thèmes abordés (Afghanistan, question kurde, Afrique, Palestine, armes nucléaires, évolution du monde arabe, médias et paix, droit international...) ; diversité des formes d'actions (présences publiques, conférences-débats, formation, concerts, expositions, street-art, cercle de silence, moments de recueillement...) ; diversité des lieux (marchés, cinémas, librairies, locaux associatifs, université, Maison internationale de Rennes, Hôtel de Ville, Rennes-Métropole, syndicats, Maison de la Paix, places de la ville, Bars et librairies, CHU, commerces etc. ; diversité des publics (étudiants, habitants des quartiers, cinéphiles, jeunes et moins jeunes) ; diversité des acteurs (élus de la ville et de Rennes Métropole, représentants des Nations unies, militants associatifs et syndicaux, tous publics, associations, politiques, éducateurs, médias nationaux et locaux, artistes, les différents cultes , jeunes scolaires et étudiants. Mais les structures éducatives et culturelles ont parfois moins répondu que les individus. Il y a là une question de temps différents et de communication/dialogue à améliorer. Ce sont une cinquantaine d’initiatives et plus de 2000 participants mais beaucoup plus si on inclut les auditeurs des 5 émissions radios (sans compter les 7 ou 8 articles de presse). Si les bénévoles des Vieilles Charrues méritent le titre de « laboureurs » que je m’honore d’avoir eu plusieurs années, nul doute que les acteurs de « Tout Rennes cultive la Paix » méritent le titre de « laboureurs ou de cultivateurs de la paix ». En tout cas, nous essayons de creuser un profond sillon en espérant de bonnes récoltes, convaincus que nous sommes qu’il faut « penser globalement et agir localement » et que « vivre en intelligence c’est aussi agir pour la paix ». Roland Nivet
Affiche ‘‘Tout Rennes cultive la paix’’ N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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DOSSIER
21 septembre, j o urnée
Liste des initiatives connues à ce jour Pour connaître toutes initiatives : www.21septembre.org
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Mémorial de Caen
l'initiative du comité du Calvados du Mouvement de la Paix, en partenariat avec la ville de Caen, le mémorial de Caen accueille la Journée internationale de la paix Jeudi 20 septembre, de 19 à 22 heures Table Ronde sur la question du « Droit humain à la Paix », (textes fondamentaux du Droit international, dont la Charte des Nations unies et la Déclaration universelle des droits de l'homme, la démarche du congrès du Droit humain à la Paix qui s'est tenu à St Jacques de Compostelle en décembre 2010, la déclaration de Santiago, le un processus devant déboucher sur une déclaration universelle). Intervenants : Ingeborg Breines, co-Présidente du Bureau International de la Paix, Marcos Estrada, chercheur en sociologie et consultant en éducation à la paix, Adeline Prouteau, avocate, membre de l’Association Internationale des Juristes Démocrates. Vendredi 21 septembre « Origamis pour la Paix »
Gap (05) à partir de septembre, pavoisement de la rue de la Paix par la commune.
Laragne et Monteglin (05) Vendredi 21 septembre, musée ‘‘Cave du château’’ : exposition de la Galerie ‘‘L'Art et la Paix’’ en partenariat avec le comité du Mouvement de la Paix.
Aubagne (13) 21 septembre, dans le cadre de la Fête de la Paix, théâtre Le Comédia : débat avec Paul Quilès, ancien ministre de la Défense. 22 septembre : concert gratuit de Grand Corps Malade. • Contact : michelamar13@free.fr
Marseille (13) Jeudi 20 septembre, Conseil Régional, le Mouvement de la Paix PACA à l’Hôtel de Région : forum « Ouvrir la voie à une civilisation de paix ». Vendredi 21 septembre de 12h à 14h au square Narvik, gare Saint-Charles. Le 16 16
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De 14 à 16 heures au Musée de l’Histoire pour la Paix de Caen : « Origamis pour la Paix » avec la projection du film d’animation japonais « L’Oiseau bonheur », suivie d’un débat entre les élèves et les militants du Mouvement de la Paix. A l’issue de cette séance, les classes auront la possibilité de visiter un espace du musée. Dès début septembre Deux séances seront consacrées à l’initiation des élèves à la technique des origamis, art du pliage japonais, la toupie, le chemisier et le lys… L’information suivante écrite au tableau : « Les écoliers japonais et des gens du monde entier plient chaque année des milliers de grues en papier pour les accrocher au monument de Sadako érigé dans le parc du musée mémorial d’Hiroshima. Ce sont les enfants japonais qui ont collecté l’argent pour financer ce monument. » Répartis en groupes de recherche, les élèves seront invités à répondre à la question suivante : « Quelles réflexions et quelles questions vous suggère cette information ? ».
Comité d’entreprise des Cheminots de la région PACA organise “La Paix entre en gare” sur le thème de la Résistance et de la mémoire autour des cinquante ans de la fin de la guerre d’Algérie. • Contact : regine.minetti@mvtpaix.org
Caen (14) Du lundi 16 au mardi 25 septembre de 9h à 17h : exposition « Abolir l’arme nucléaire ? Comment ?» au scriptorium de la mairie de Caen, Place Guillouard. En partenariat avec Pax Christi. Vendredi 21 septembre de 13h30 à 16h30, dans le parc municipal de la Colline aux Oiseaux : « 1er rallye de la Jeunesse pour la Paix », avec la participation d’élèves de 6 collèges du département. Une cérémonie sera organisée et présidée par le maire de Caen à l’occasion d’une plantation d’un arbre de la paix. • Contact : claude.ruelland@mvtpaix.org
Dijon (21)
Vendredi 21 septembre à Longvic
(banlieue de Dijon) : vernissage et remise de prix du concours de dessins lancé début septembre sur le thème de la Paix. Dimanche 23 septembre au lac Kir Grand Dej' (forum des associations). Présentation de panneaux sur les dépenses d'armement et signature de pétition relative au budget de la défense. Mur de messages pour la Paix qui sera envoyé à l'Unesco. • Contact : michel.faitot@wanadoo.fr
Montegut-Arros (32) Samedi 22 septembre : fête de la Paix avec au programme, une marche pour la paix, des ateliers, projection de ‘‘l’Oiseau bonheur’’, musique, conférence. • Programme complet et Contact : www.jip.moonfruit.fr
Alenya (66) Semaine du 10 au 16 septembre, médiathèque de la ville : exposition de livres sur la « culture de paix ». Mercredi 19 septembre, l’après-midi, à Perpignan : « Fête de la Paix » : mu-
urnée internationale de la paix sique, théâtre, conte, film ‘‘Le chat du rabbin’’ ou ‘‘Le vilain petit canard’’. Vendredi 21 septembre, l'école maternelle, 17h : à l'initiative des instituteurs sur la culture de la paix, concert commun école maternelle et primaire en présence des parents. Chansons créées à l'école primaire. • Contact : canadelnoel@hotmail.fr
Paris (75) Dimanche 23 septembre de 10h à 16h30 : croisière de la Paix sur la Seine sur le thème « L’eau comme enjeu dans les conflits » en présence de Jean-Pierre Bugada, Responsable de la communication pour la France et Monaco pour l’Onu qui interviendra sur la question de l’« Exercice du droit des peuples à la paix ». Déjeuner, animations musicales, un lâcher de 70 colombes sur le bateau. • Contact : edith.boulanger@mvtpaix.org
Bagnolet (93) Vendredi 21 septembre à 20 heures, à la médiathèque de Bagnolet : rencontredébat : « Exigez un désarmement nucléaire total ». En présence d’Albert Jacquard, professeur d’humanisme.
Saint-Ouen (93) Vendredi 21 septembre, Espace 1789 à 14h, 18h et 20h : projection d’un film sur la paix pour tous les âges. Et compterendu de la délégation Palestine, Israël, conférence Bil'in. Samedi 22 septembre : démonstration
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d'origamis et jeu de la colombe à la fête de la ville. • Contact : lydia-texier@orange.fr Tél. 06 12 86 23 57
Blanc Mesnil (93) Samedi 22 septembre : rallye de la Paix en Seine-Saint-Denis « Connaître le passé pour préparer l’avenir » ouvert aux associations de la ville. Pavoisement des maisons individuelles dans la ville et drapeau géant sur la mairie. • Contact : y.dhenry@wanadoo.fr Tél. 06 27 92 67 16
Bobigny (93) Samedi 22 septembre : participation au rallye de la Paix en SSD.
Villepinte, Aulnay, Sevran, Tremblay (93) Vendredi 21 septembre : montée du drapeau de la Paix sur les mairies. • Contact : pierre1.flament@wanadoo.fr Tél. 01 48 23 49 92
Stains (93) Vendredi 28 septembre 2012 à 20h30, Maison du temps libre à l’initiative de l’IDRP (Institut de Documentation et de Recherche sur la Paix). Débat sur le thème : « Afrique de l’Ouest : quels enjeux ? »
Saint-Denis (93)
Vendredi 21 septembre, près de la Ba-
Marseille (13) Samedi 22 septembre à partir de 14h à la base nautique de la Pointe Rouge « Les Voiles de la Paix en Méditerranée ». (Voir article page 14). • Contact : regine.minetti@mvtpaix.org
silique : rassemblement avec d’autres associations locales autour de l’Arbre de la Paix avec textes et chansons de Paix, (philatélie, origamis, restauration légère, livres, …). Samedi 22 septembre L’association Vélo à Saint-Denis et le Mouvement de la Paix agissent ensemble sur le thème « Le vélo pacifie la ville ». Les vélos pavoisés aux couleurs de la Paix relieront entre elles les initiatives et évènements du jour initiés par la ville et les associations. Mardi 25 septembre Compte-rendu public de la délégation de trois dionysiens à Hiroshima début août 2012. Mercredi 26 septembre, ludothèque Poulain en Paix, matinée au centre de loisirs avec le jeu de la colombe. Après -midi : atelier d’origamis pour les enfants et leurs parents. • Contact : wannass@sfr.fr Tél. 06 27 03 08 31
Paix et constitutions ». Colloque international
20-21 septembre 2012 Universite de bourgogne - Maison des Sciences de l’Homme, Dijon Dans le cadre de la journée internationale de la paix, le Centre de Recherche en Droit et Science Politique (CREDESPO) de l’Université de Bourgogne, en partenariat avec l'Association française des communes, départements et régions pour la Paix (AFCDRP), branche française de l’association internationale des Maires pour la Paix (« Mayors for Peace » regroupant plus de 5000 villes dans 151 pays) organise un colloque international pour mettre en lumière les liens entre la Paix et les Constitutions. Ce colloque cherchera à montrer en quoi et comment les Constitutions (et le droit constitutionnel) peuvent contribuer globalement à l'objectif de Paix formulé dans différents textes et normes du Droit international. L’idée selon laquelle la Paix est autant l'affaire du droit constitutionnel que du droit international est ancienne. La Constitution étant la norme fondamentale de l'ordre juridique interne de chaque État, il lui est possible d’intégrer cette dimension pacifique et de proclamer ce Droit constitutionnel fondamental universel de l'Homme et des Peuples à vivre en paix. Avec la participation de Federico Mayor Zaragoza, Ancien Directeur général de l’Unesco et ancien ministre, président de la « Fondation Culture de Paix–Fundación Cultura de Paz », Espagne et de nombreuses personnalités venant du Portugal, des Nations unies, d’Allemagne, Japon, Taïwan, États-Unis, Chili, Suisse…
EN SAVOIR PLUS www.credespo.u-bourgogne.fr N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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MONDIALISER LA PAIX Syrie
Le conflit vu de l’intérieur est plus complexe, il semble que certains existent bien, mais ils sont très mal perçus par les membres de l’ASL et la population syrienne. Par ailleurs, ces groupuscules existaient avant la révolution et ont été manipulés et utilisés par le régime syrien au Liban et en Irak. Quelques mois après le début de la révolution, certains leaders de groupes islamistes radicaux ont été libérés des prisons syriennes. Je pense que la raison de leur libération est claire.
On parle d'une guerre civile, qu'en est-il exactement ?
Tuline, syrienne, membre du mouvement syrien de non violence, fait part, depuis Damas, de son point de vue sur la situation en Syrie.
EN SAVOIR PLUS • * www.givethenobelpeaceprize tothesyrianpeople.net/fr/ 18
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Enfants devant un tank syrien détruit
epuis la France, le public est tributaire du système médiatique. Pouvez-vous nous confier votre sentiment sur la situation en Syrie, en tant qu’observatrice sur le terrain ? Honnêtement, je ne suis plus la presse internationale comme avant, il est donc difficile pour moi de comparer l’information et la situation réelle. L’essentiel à retenir est qu’en Syrie il y a une révolution pacifique depuis le 15 mars 2011 qui est réprimée chaque jour avec plus de violence. Cette répression sanglante a donné naissance à une résistance armée, ayant pour but de protéger les manifestations pacifiques attaquées par des tirs d’armes. Cette opposition a comme noyau dur les déserteurs de l’armée syrienne refusant de tirer sur leurs compatriotes mais est constituée en réalité à plus de 60% de civils dont les quartiers ont été frappés par l’armée du régime. Bien que nous pensons que ce mouvement est légitime il peut se révéler dangereux lors des évolutions de la révolution, en particulier sur la période transitoire post révolutionnaire. L’ASL (Armée Syrienne Libre) est formée de différents groupes armés hétérogènes qui ont peu de moyens de coordination. J’ai noté parfois dans la presse internationale des informations sur la présence d’Al-Qaïda et de combattants étrangers. Concernant les combattants, je peux confirmer qu’il n y pas d’étrangers autour de Damas, ni dans le sud de pays. Même nos amis activistes dans la ville de Homs n’en ont jamais aperçu, c’est donc dans le pire des cas un phénomène marginal. Concernant les groupes extrémistes, la situation
Malgré l’atmosphère de révolution qui privilégie les interventions pacifistes comme les manifestations, les graffitis, la distribution de tracts, les risques de guerre civile sont bien réels, favorisés par des tensions communautaires. Pour exemple, le régime de Bashar Al Assad se revendique « alawite », minorité religieuse qui s’oppose aux autres courants de l’Islam sur des plans théologiques et qui se retrouve fortement représentée dans l’armée régulière et les milices pro-Assad. Afin d’exacerber le clivage entre les alawites et les sunnites, l’armée régulière réserve un sort particulier aux rebelles alawites, soumis à environ trois fois plus de tortures que les autres dissidents. Ces tensions religieuses ou communautaires sont instrumentalisées à une autre échelle par le régime de Bashar Al-Assad notamment lors du massacre d’Al-Houla le 25 mai dernier. En effet, ce petit village était composé de Sunnites mais entouré de communes alawites, ce qui aurait constitué le parfait terrain à un règlement de compte entre communautés, graine de la guerre civile. Heureusement, des observateurs de l’Onu y ont reconnu la responsabilité des forces loyalistes et non de « simples » civils contrairement à ce qu’annonçaient les médias officiels.
La chute d'Al Assad est-elle proche ? ça dépend de la situation géographique car certaines zones sont libres et ont commencé à s’organiser par elles-mêmes. Ces régions subissent toujours les bombardements, car le régime n’ose plus y envoyer son armée, les risques de défections y sont trop importants. Alors on bombarde de loin. Qu’importe où les bombes tombent, le but n’est pas de combattre l’ASL mais de punir la population osant vivre en liberté ! D’autres territoires sont toujours sous la coupe du régime et dans ces régions, une toute petite
Manifestation de femmes syriennes à Taiz
manifestation pacifiste peut être réprimée, c’est la tolérance zéro. Mais les territoires les plus dangereux sont les régions mixtes où le régime a laissé la place aux milices civiles qu’il a armées. Je tiens néanmoins à préciser que bon nombre de Syriens, même victimes du conflit, se montrent courageux, n’appellent pas à la vengeance ni à la violence aveugle. Cependant comment venir à bout d’un régime sanguinaire qui n’hésite pas à utiliser les chars, l’artillerie, les hélicoptères de combat et les avions de guerre contre les civils, tout en bénéficiant du soutient de pays tels l’Iran et la Russie ? L’espoir existe, mais sans l’intervention de la communauté internationale, le prix sera la destruction totale du pays. Et « intervention » ne veut pas forcement dire « intervention armée ».
Selon vous, qui pourrait gouverner la Syrie après la dynastie Assad ? Les Syriens s’en fichent pas mal. Ils veulent vivre libres. Lorsqu’on lui a posé la question suivante lors d’un interrogatoire : « vous êtes bête ou quoi, vous savez si Bachar s’en va, vous aurez les Salafistes au pouvoir, est-ce que vous voulez ? », une de mes amies, activiste de gauche, répondit très calmement « je me fiche de qui gouvernera après, j’ai juste envie de pouvoir voter librement, vous savez après 40 ans, le père, puis le fils au pouvoir, on a un peu envie de changer de tête. » Elle s’est fait gifler. Enfin, je vous invite à signer ce manifeste* pour l’attribution du prochain prix Nobel de la paix au peuple syrien, parce que je pense qu’il le mérite vraiment. Propos recueillis par Nadia Dorny Bennad et Grégoire Desclaux
Situation humanitaire le 8 août 2012 à Damas : Depuis 20 jours, de nombreuses écoles ont été ouvertes pour accueillir des réfugiés de banlieue ou de quartiers bombardés à Damas. En visitant des quartiers dévastés, nous avons observé des immeubles éventrés, démolis…. Dans certains quartiers l’électricité a été coupée pendant 4 à 6 jours de suite avec une température moyenne de 40°C, entraînant la perte de denrées saisonnières congelées afin de faire des économies en période de hausses des prix. Cette méthode de conservation très répandues dans les familles modestes. L’odeur de ces quartiers insupportable, empêchant même les familles déplacées de rentrer chez elles, même après le retour au calme. Dans la région de Mazzeh, des familles sont restées bloquées pendant plusieurs jours à cause de snipers qui surveillent et tirent sur tout ce qui bouge. Dans les écoles, la situation dépend des organismes responsables, mais elle est généralement précaire. Les habitants des quartiers où se trouvent ces écoles se montrent très solidaires, dons de nourriture, de vêtements (même si nous y avons déjà rencontré des jeunes enfants pieds nus). Selon nos observations, les plus grands soucis dans les écoles sont d’ordre sanitaire et de santé publique : manque de médecins, de médicaments, de lait et de couches… Nous avons rencontré plusieurs femmes enceintes qui avaient besoin d’un suivi médical, l’une d’elles avait avorté après un exode sous les bombardements. La majorité des familles rapportent avoir marché pendant des heures la plupart du temps, à l’aube, après avoir subi une nuit de terreur… Ces familles rapportent qu’elles n’avaient pas été averties avant le début de l’attaque de l’armée sur leurs quartiers. Elles s’accordent toutes sur la violence des bombardements aveugles, certaines affirment même ne jamais avoir vu de combattants dans leur quartier et se demandent quel est le motif réel de ces bombardements. Les enfants que nous avons rencontrés sont pour la plupart terrorisés, malheureux et sales, certains dont les parents sont introuvables ont été receuillis par des voisins. Nous avons également rencontré des familles réfugiées chez leurs cousins ou un autre membre de la famille lointaine, certaines maisons hébergent jusqu’à 5 familles. Les besoins de ces familles sont plus complexes et moins suivis par les organismes de secours. Nous avons rencontré une famille dont le grand-père, âgé de 80 ans et paralysé, n’avait pas pu quitter les lieux, il était donc resté avec sa femme et un de ces fils. Les trois ont été retrouvés égorgés.
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Point de vue La réconciliation franco-allemande
La paix est une construction politique François Hollande et Angela Merkel à Reims, juillet 2012
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l y a cinquante ans le 8 juillet 1962 la rencontre à Colombey-les-deux-Église entre le général de Gaulle et Konrad Adenauer, a constitué un geste politique fort au service de la réconciliation franco-allemande et plus généralement de la construction de la paix en Europe. Cette rencontre puis le traité de paix et d’amitié entre la France et l’Allemagne en janvier 1963 ont existé, malgré les intérêts parfois contradictoires des deux États, malgré leurs logiques de puissance et de domination dans la construction européenne et des orientations parfois opposées en ce qui concerne les relations avec l'Union soviétique et l'Otan. D’autres lectures et interprétations insistent sur la volonté d’isoler le « camp » socialiste dans le contexte de la guerre froide Il n'empêche que ce geste nécessitait une part de courage politique. Outre sa valeur politique symbolique très forte après les millions de morts qu'avaient entraînés les guerres entre ces deux nations ainsi que le nazisme, ce traité, a permis, grâce à l’implication citoyenne des deux peuples dans de nombreux domaines de la vie économique, sociale, universitaire et culturelle de ces deux pays, de cultiver la paix entre les deux nations. Toutefois, cette construction n’a pu se faire que parce que le 20 20
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Les commémorations d’Hiroshima et de Nagasaki sont toujours l’occasion d’une nécessaire réflexion sur les moyens de construction de la paix en particulier sur le rôle dévolu aux armes nucléaires. Roland Nivet, membre du Bureau national du Mouvement de la Paix, apporte sa réflexion en lien avec l’anniversaire des prémisses de la réconciliation franco-allemande.
procès de Nuremberg avait condamné sans appel le nazisme et posé un acte de justice vis-à-vis des victimes. Par ailleurs, l’aspiration des peuples à la paix et au progrès social, les luttes contre le colonialisme et la création des Nations unies, avaient créé, malgré la guerre froide, un climat international qui a favorisé cet acte politique. Le processus initié par ce traité montre que la paix est une construction qui s'élabore à travers des actes politiques qui touchent tous les aspects de la vie économique, sociale et culturelle des nations concernées. La réconciliation franco-allemande, en favorisant la démultiplication des coopérations civiles entre les peuples, a été un des éléments décisifs pour la paix en Europe occidentale et non la possession de la bombe atomique par la France comme cela est parfois avancé. Aujourd’hui, une Europe active pour la paix se construira à travers des solidarités de lutte entre les peuples d’Europe (et d’ailleurs) pour un mieux vivre commun et non à travers la mise en concurrence des peuples que tente d’imposer la logique néolibérale, ni à travers des ambitions et des programmes militaires, fussent-ils communs, dont on nous demande de partager les coûts dans la logique atlantiste de la construction européenne qui nous est actuellement proposée. Ces luttes communes doivent prendre en charge la nécessaire démilitarisation des relations internationales, l’exigence d’une convention internationale d’élimination des armes nucléaires, soutenue à l’Onu par 146 États, et la dissolution de l’Otan. Et aussi, de façon positive, le retour aux principes de sécurité collective sur lesquels était fondé l’Acte final d’Helsinski de 1975 avec les enrichissements élaborés par l’Onu à travers le concept de culture de la paix. Enfin, cette expérience franco-allemande n’appelle-t-elle pas aussi à développer le même type de logiques au plan de l’espace euro-méditerranéen voire euro-africain avec comme premier geste de la France, la signature d’un traité d’amitié et de paix entre la France et l’Algérie. Roland Nivet
MONDIALISER LA PAIX Conférence de l’Onu sur le commerce des armes
Les États refusent de sauver des vies !
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révue le 2 juillet, l’ouverture de la conférence a finalement lieu le lendemain à cause d’un désaccord suite à la demande de la Palestine de siéger comme un État à part entière. Cette question de procédure a été amplifiée par l’Egypte qui l’utilisait pour retarder les travaux. C’est avec la même intention que l’Iran, Cuba, la Syrie, et l’Algérie prennent la tête des pays qui exigent que certaines sessions de la conférence soient fermées aux ONG. Pendant la conférence, tous ces pays qu’on appelle pudiquement avec le Vénézuela et la Corée du Nord les « États sceptiques » vont systématiquement démonter toute proposition tendant à rapprocher le monde d’un traité efficace. D’autres États, notamment les plus gros exportateurs d’armes, sont arrivés à cette conférence avec des exigences qui n’auguraient pas d’une fin heureuse. C’est le cas des États-Unis qui ne voulaient pas que le traité couvre les munitions. Pour la Chine, le traité ne devait pas s’intéresser aux armes légères et de petit calibre (ALPC) ou alors mettre en avant les droits humains pour apprécier la pertinence d’un transfert d’armes. La Russie, quant à elle, voulait un instrument qui s’occupe exclusivement du commerce illicite, chose étrange lorsqu’on sait que même le commerce légal des armes peut mettre les populations civiles en danger. Les Français et les Anglais dont l’intérêt pour un traité fort et efficace ne souffre d’aucune contestation, ont mis en avant l’absolue nécessité d’avoir le soutien des 3 autres membres permanents du conseil de sécurité. Une posture qui crée indubitablement les conditions d’un affaiblissement du texte. Empêtrés dans les questions procédurales ou de défense de leurs intérêts et « lignes rouges », les États sont la plupart du temps restés très loin des préoccupations des populations et des ONG. Le cahier des charges était pourtant simple : adopter un TCA robuste qui pourra véritablement changer la pratique actuelle. Pour cela, il fallait un instrument qui contrôle tous les types d’armes classiques et de munitions utilisées pour les opérations militaires ou de maintien de l’ordre lorsqu’elles peuvent faciliter des graves violations des droits humains. Les populations voulaient qu’il soit clairement interdit de transférer des armes lorsqu’il existe un risque
Le 27 juillet, lorsque les délégués des États quittent le siège des Nations unies, ils n’ont pas satisfait à la demande de 600 000 citoyens qui leur avaient exigé dans une pétition d’adopter un traité international sur le commerce des armes classiques (TCA). Avec cet échec, l’égoïsme des États prend le pas sur les aspirations des populations, mais pour la société civile, le combat continue.
Séance d'ouverture de la conference sur le traité du commerce des armes, 3 juillet 2012
substantiel qu’elles soient utilisées pour commettre ou faciliter des violations graves du droit international relatif aux droits humains, au droit humanitaire, ou que ce transfert compromette le développement économique et social. Au final, le 26 juillet, le président de la conférence, l’ambassadeur Garcia Moritan, présente un ultime projet de traité qui est fortement influencé par l’ambiance qui a prévalu tout au long des travaux. Le texte est loin des attentes de la société civile. Il comporte de nombreuses lacunes : il ne couvre pas les dons d’armes ; il a un langage insuffisant et confus sur les munitions ; il n’exige pas la publication des informations communiquées par les États sur leurs transferts d’armes et il s’intéresse à un champ réduit des armes classiques. En dépit de ses imperfections, ce projet de texte est acceptable. Alors qu’il aurait fallu améliorer quelques formulations contenues dans le texte, les États-Unis brisent le consensus qui commence à se faire jour autour du projet. Ils seront suivis par la Russie et tous les autres « États sceptiques ». Au terme de ce mois de négociations, la déception du CCFD-Terre solidaire est certes grande mais quelques motifs d’espoir demeurent. Il existe aujourd’hui un projet de traité sur la base duquel plus de 90 pays ont promis de travailler le plus rapidement possible. Ce projet parle des droits humains, il comporte les ALPC et la Chine a déclaré le soutenir. Il faut donc très vite que les citoyens se retournent vers les États pour leur demander de se remettre au travail. Cela doit se faire avant le début des travaux de la première commission de l’AG de l’Onu qui, dès le 8 octobre, doit se pencher sur ce dossier. L’enjeu autour de la régulation du commerce des armes est trop important pour que nous cessions de demander l’adoption d’un traité contenant les normes les plus ambitieuses possible. Zobel Behalal, chargé de Plaidoyer Paix et conflits, CCFD-Terre Solidaire
EN SAVOIR PLUS • ccfd-terresolidaire.org N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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CULTURE Cinéma
Le difficile retour à la paix Réalisateur srilankais, Asoka Handagama est un réalisateur sortant de l’ordinaire. Il vient du Sri Lanka, un pays déchiré par la guerre. Il a déjà réalisé six longs métrages. Son septième film, ‘‘Ini Avan’’, décrit avec délicatesse le malaise d’un temps de paix, quand le traumatisme d’un vain conflit imprègne et corrompt toujours les relations sociales. EN SAVOIR PLUS • www.lacid.org/ • www.heliotropefilms.com/ 22
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soka Handagoma, banquier de son état, consacre ses congés à la réalisation de films (pas plus de 20 jours par an). Il s’attaque à des sujets de société pas vraiment consensuels qui fâchent le gouvernement sri-lankais avec lequel il a eu des soucis. Son dernier film, ‘‘Ini Avan’’ a été présenté au festival de Cannes dans le cadre d’une sélection présentée en « off » par l’ACID (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion). ACID travaille dans un esprit de solidarité et de rencontres entre les cinéastes et le public et a permis de révéler nombre de jeunes cinéastes en particulier étrangers. ‘‘Ini Avan’’ raconte une histoire ancrée dans le récent passé tragique des tamouls du Sri Lanka, le retour à la vie civile d’un homme qui a été combattant des Tigres tamouls et qui rentre dans son village à l'issue de la guerre civile qui a duré une trentaine d'années (1983-2009) et qui a généré plus de 100 000 morts. Retour difficile parmi des villageois qui essaient d’oublier et de revivre en paix, eux qui ont été pris en étau entre les forces gouvernementales et celles des Tigres, armée clandestine qui utilisait des méthodes violentes (l’Onu dénonce des crimes de guerres des deux côtés). Cet homme se débat pour échapper aux fantômes qui surgissent à chacun de ses faux-pas, avec une douceur et une patiente obstination. Acculé par ses voisins, il se voit reprocher à la fois la défaite des séparatistes et sa propre survie, face à l’immensité des pertes humaines. Né en temps de
guerre, puis dressé à la lutte armée, cet homme voit son seul espoir de rédemption dans ses retrouvailles avec celle qu’il a aimée. Mais elle a été mariée par son père à un homme plus âgé afin d’échapper à un enrôlement de force au sein de la LTTE. Veuve au matin de sa nuit de noces, cette femme est tout aussi meurtrie que son ancien prétendant. Tous les personnages d’‘‘Ini Avan’’ subissent les dommages collatéraux d’une guerre dont le spectre plane à chaque recoin de la ville. Le retour d’un ancien guérillero vient raviver les douleurs et suscite la rancœur de familles décimées par les combats, aujourd’hui obligées de lutter au quotidien pour survivre quand le travail manque cruellement. Il est impressionnant de voir comment dans un courtmétrage, Asoka Handagama a réussi à raconter une histoire lucide et montrer la mentalité et la situation actuelle des Tamouls de Jaffna à un public extérieur. ‘‘Ini Avan’’ est presque un chef-d'œuvre de narration, pas de scènes inutiles, pas de corruptions de la réalité. Un peuple unique, individualiste, et ses problèmes ont été magnifiquement dépeints pour voir et comprendre. Servis par des acteurs remarquables, ‘‘Ini Avan’’ réussit à concilier la gravité du sujet avec un humour et une tendresse inattendus. Une critique parle à propos d’Ini Avan de la « douce violence de la paix ». Nicole Bouexel
CULTURE Cinéma
Téléphone arabe, une comédie engagée Ce premier long métrage de Sameh Zoabi, sorti le 25 juillet dernier, met en scène Jawdat, un jeune arabe israélien qui aspire à une vie normale. Son père Salem, quant à lui, veut l’enrôler dans son combat contre l'antenne installée dans un champ voisin par la compagnie israélienne de téléphone. Salem les soupçonne d'irradier les villageois et sa récolte d'olives.
EN SAVOIR PLUS ‘‘Téléphone arabe’’ a obtenu l'Antigone d'or au festival Cinémed de Montpellier
S
ameh Zoabi est né en 1975 et a grandi à Iksal, un village palestinien proche de Nazareth. Après des études de cinéma à Tel Aviv et New York, il reçoit, en 2005, le 3ème prix de la Cinéfondation au festival de Cannes pour son courtmétrage « Be Quiet » et d’autres prix au niveau international. Avec ‘‘Téléphone arabe’’, primé dans de nombreux festivals, Sameh Zoabi s’intéresse aux Palestiniens de nationalité israélienne vivant en Israël, appelés Arabes israéliens. Lors de ses voyages à l’étranger, il s’est aperçu que beaucoup de gens n’avaient jamais entendu parler de ces Arabes israéliens, restés en Israël après 1948. « Les gens pensent que si vous venez d’Israël, vous êtes juif, explique le réalisateur. J’ai donc eu très envie d’écrire un film traitant de la réalité dans laquelle j’ai grandi. » L’approche de Sameh Zoabi est de faire des films engagés politiquement et socialement mais aussi distrayants. « C’est une fonction essentielle du cinéma », proclame-t-il. Aussi, l’histoire qu’il raconte à travers les relations entre un fils et son père, renvoie au quotidien d’un Arabe en Israël. « 20% de la population israélienne est palestinienne, raconte Sameh Zoabi, et vit dans des villages et villes ghettos à travers le pays. Nous grandissons au sein de notre communauté, avec nos propres écoles qui ne sont pas intégrées à la société israélienne. » Après le lycée, beaucoup de jeunes entrent à l’université ou commencent à travailler et rencontrent alors la population juive israélienne. « Quitter la maison est une période de transition particulièrement singulière pour les Palestiniens israéliens qui prennent alors pleinement conscience de leur statut de citoyens de seconde zone », souligne-t-il.
Un champ et une antenne, deux symboles forts
Le scénario est construit autour d’une antenne et d’un champ. « L’antenne est le symbole de l’oppression, considère Sameh Zoabi, celle d’un peuple en souffrance qui se retient à sa terre afin de survivre. Ce peuple, est celui des Palestiniens, traumatisés par les événements de 48. Perdre sa terre et sa maison, devenir réfugié du jour au lendemain, est terrifiant pour n’importe quel peuple. Plus un peuple est opprimé, plus il s’accroche à sa terre. Pour la jeune génération, l’antenne permet de s’ouvrir à un éventail d’opportunités et de possibilités ; elle permet de traverser les frontières. Ainsi Jawdat essaie de rencontrer une fille de Ramallah grâce à son téléphone portable. La technologie a créé un fossé intergénérationnel. Mon sentiment est qu’il n’est pas possible de mûrir et de traverser les frontières si l’on n’a pas au préalable compris son identité et ses racines. ‘‘Téléphone arabe’’ plonge, avec humour, le spectateur dans un monde souvent inconnu. « Utiliser la comédie pour traiter de sujets sérieux est plus efficace. L’humour est un dénominateur commun qui permet à l’histoire de sortir de son particularisme pour atteindre une forme d’universalité », conclut Sameh Zoabi. Réaliser une comédie impliquant Israéliens et Arabes est un exercice délicat. Réussi, il délivre un beau message d'espoir. Evelyne Aymard N° 574 - Septembre 2012 - Planète PAIX
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On peut agir sur les causes des guerres et des violences… … surtout si on les connaît
N° 573
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