EXPOSITIONS
AMSTERDAM
LE SIÈCLE D’OR HOLLANDAIS EN PORTRAITS « L’antenne » amstellodamoise de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg convie les visiteurs à une exposition en forme de brève introduction à l’histoire des Pays-Bas au XVIIe siècle. Elle vaut toutefois surtout par la présentation d’un ensemble de portraits collectifs monumentaux typiques du Siècle d’or hollandais. Tirant profit des vastes espaces d’exposition de l’ancien hospice – l’Amstelhof – qui abrite l’institution posée sur les bords de l’Amstel, l’Ermitage d’Amsterdam présente à l’occasion d’une exposition intitulée « Galerie de portraits du Siècle d’or », une ample sélection d’effigies de groupes provenant des collections du Rijksmuseum et de celle du musée (ex-musée historique) d’Amsterdam. Ces tableaux, parfois immenses, que l’on ne peut guère admirer qu’aux Pays-Bas, comptent sans doute parmi les témoins les plus fascinants de la civilisation propre à cette nation nouvelle en Europe – les Provinces-Unies – qui conquit son indépendance aux dépens de l’Espagne au tournant des XVIe et XVIIe siècles. L’accrochage, avec sa densité bienvenue, contribue à mettre en valeur des œuvres qui peuvent se répartir schématiquement en trois catégories : les portraits représentant les membres d’une corporation, guilde ou syndic (les effigies mettant en scène l’examen d’un cadavre ou d’un squelette, comme dans le tableau de 1619 attribué à Nicolaes Pickenoy exposé ici, peuvent être rattachées à cette première catégorie), les portraits figurant les régents ou régentes des institutions charitables vouées au secours ou à l’éducation des nécessiteux, des malades ou des délinquants et, enfin, les portraits des gardes civiques et autres milices bourgeoises qui devin-
rent, une fois les périls de la guerre écartés, des sortes de club d’oligarques. Demeurée, cela va sans dire, au Rijksmuseum, l’atypique « Ronde de nuit » de Rembrandt est évidemment le plus célèbre représentant de ce dernier type de portrait collectif auquel le considérable talent d’un Bartholomeus van der Helst sut conférer une prestance, un « chic » inimitables. En considérant ces hommes et les femmes, répartis dans le champ pictural en fonction de subtils rapports hiérarchiques, on songe à ces passages des Maîtres d’autrefois d’Eugène Fromentin (1876) que l’on pourrait amender sur des détails mais qui sont toujours pertinents au fond : « On dirait que la Providence avait les yeux sur ce petit peuple, qu’elle examina ses griefs [...], pesa ses titres, jugea que le tout était selon ses desseins, et qu’au jour venu elle fit en sa faveur un miracle unique. La guerre, au lieu de l’appauvrir, l’enrichit ; la lutte au lieu de l’énerver, le fortifie, l’exalte et le trempe [...]. Il ne lui reste plus, pour affirmer son existence propre et lui donner le lustre des civilisations prospères, qu’à produire instantanément un art qui le consacre, l’honore et qui le représente intimement [....]. Le problème était celui-ci :étant donné un peuple de bourgeois, pratique, aussi peu rêveur, fort occupé, aucunement mystique, d’esprit antilatin, avec des traditions rompues, un culte sans images, des habitudes parcimonieuses – trouver un art qui lui plût, dont il saisît la convenance et qui le représentât [...] un pareil peuple n’avait plus qu’à se proposer une chose très simple et très hardie, la seule au reste qui depuis cinquante ans lui eût constamment réussi : exiger qu’on fît son portrait ». A. M. du B. « Galerie de portraits du Siècle d’or », jusqu’à fin 2016 au musée de l’Ermitage, Amstel 51, Amsterdam. Ouvert tous les jours de 10h à 17h. Tél. 00 31 20 530 74 88. www.hermitage.nl www.holland.com
Bartholomeus van der Helst (vers 1613-1670), Les Dirigeants de la confrérie des arbalétriers de saint Sébastien appartenant à la Garde civique d’Amsterdam, 1653. Huile sur toile, 183 x 268 cm. Amsterdam, Amsterdam Museum. © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle
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JANVIER 2015