Le Figaro

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mardi 16 février 2016 LE FIGARO - N° 22 244 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr

MODE

NEW YORK OUVRE LA SAISON DES DÉFILÉS DE PRÊT-À-PORTER POUR L’HIVER PROCHAIN PAGE 29

Lacoste

AUTOMOBILE

LA QUATRIÈME GÉNÉRATION DE LA TOYOTA PRIUS À L’ESSAI PAGE 30

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500 BOUGIES POUR BOSCH INAUGURATION DE LA RÉTROSPECTIVE JÉRÔME BOSCH.

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IVOR SHARP/YOKO ONO

Yoko Ono L’art d’être veuve Baptisée « l’artiste inconnue la plus célèbre du monde » par John Lennon, l’ex-femme du Beatles sort un nouvel album et fait l’objet d’une exposition à Lyon. À 83 ans, elle n’en finit pas d’intriguer. PAGE 26

Yoko Ono et John Lennon, lors de leur « bed-in » pour la paix, en 1969, à Montréal.

es pavés constellés des confettis du carnaval de la veille, une autre fête commence dans la ville néerlandaise répondant au nom imprononçable de ‘s-Hertogenbosch. En français Boisle-Duc (et durant la période du carnaval Oeteldonk !). Tapis rouge pour WillemAlexander. Le roi de Hollande y célébrait vendredi le 500e anniversaire du génie de la cité, le peintre des délices et des enfers, Jérôme Bosch. Ses fous et ses monstres inspiraient une troupe de danseurs dans la cathédrale. Vivantes gargouilles foulant, au sol d’une des entrées latérales, une plaque rappelant les obsèques de l’artiste. Elle n’a été posée qu’il y a quinze jours. C’est qu’on ne sait plus trop où se trouve la tombe… L’évêque Anthony Hurkmans a salué celui « qui a mis son talent à rendre le mal intelligible mais qui a renoncé à l’espoir du paradis ». Le directeur du musée municipal et le maire ont, eux, fait découvrir à WillemAlexander une somptueuse rétrospective, résultat de dix années de travail mené par un centre de recherche financé par la Ville, la région, l’État ainsi que par de nombreuses entreprises locales. Il fallait bien cet outil d’histoire de l’art pour convaincre les plus grands musées du monde de prêter leurs trésors, alors même que Bois-le-Duc ne possède aucune œuvre du maître. Dehors, une foule coiffée d’entonnoirs - ustensile cher au peintre et qui dénote l’aliéné depuis le Moyen Âge - a applaudi au passage du roi. Suivaient les échevins, dont ceux de l’illustre confrérie de Notre-Dame à laquelle appartinrent Bosch, le grand-père et le père de Willem-Alexander. Derrière s’étirait une sarabande de dragons improbables et de poissons volants géants, de ménestrels et de hallebardiers excentriques. À la nuit tombée, un son et lumière illuminait les façades de la place du marché où se trouve encore la demeure de Jheronimus van Aken alias Jérôme Bosch. La cathédrale se parait également d’images de créatures fantastiques. De jour, on peut grimper parmi ses pinacles et admirer les 96 personnages sculptés à califourchon sur ses arcs-boutants. Ils sont dus à un certain Alard Duhameel, un sculpteur ami de Bosch. Lequel s’est inspiré de l’autre ?

Eagles of Death Metal, le chant des survivants MUSIQUE Le groupe californien, en concert au Bataclan lors de la tuerie qui a fait 90 victimes, est de retour ce mardi 16 février. À l’Olympia, devant son public et les rescapés du 13 novembre, il compte terminer sa prestation tragiquement interrompue.

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ls reviennent pour terminer leur concert. Le 13 novembre dernier, alors que les Eagles of Death Metal entonnaient leur vieux tube Kiss the Devil – un morceau dont le titre a pris une résonance particulière depuis –, trois hommes armés de kalachnikovs pénétraient dans le Bataclan pour ouvrir le feu sur le public. Le lendemain, la France pleurait les 90 victimes de la salle de concert et l’ensemble des personnes touchées par les attentats de Paris. Que faire ensuite ? Remonter sur scène, retourner voir des concerts, assurent d’un côté les Eagles of Death Metal comme la plupart des survivants. Moins d’un mois après les attentats,

les Américains revenaient déjà à Paris au côté de U2 à Bercy. « Je ne cesserai jamais de jouer du rock’n’roll », avait lancé Jesse Hughes dans son costume blanc. Une manière de tenir tête aux terroristes.

Reprendre pied À la suite du Bataclan, la formation américaine avait pourtant annulé l’ensemble de sa tournée prévue pour présenter Zipper Down, son quatrième album, paru en octobre. Trois mois après les événements, les musiciens ont finalement repris le chemin de la scène. Samedi 13 février, ils ont relancé leur série de concerts à Stockholm. Une première prestation pour prendre le pouls du public et reprendre pied. Avant de retrouver Paris trois jours plus tard. Ce mardi 16 février, le nom des Eagles of Death Metal se dé-

YANNIS VLAMOS, VILHELM STOKSTAD/TT/AFP ET DR

Les Eagles of Death Metal, en concert à Stockholm, le 13 février. tachera en rouge sur le fronton de l’Olympia. La salle du Bataclan, où ils comptent bien être les premiers à rejouer, n’est pas encore prête pour les accueillir. Le 13 novembre, leur concert affichait complet depuis des semaines. 1 500 fans s’étaient

donné rendez-vous pour communier avec Jesse Hughes, le leader à moustache de ce groupe de stoner rock à l’humour potache. Ce 16 février, les Eagles of Death Metal essaieront de faire oublier ce traumatisme. De panser les plaies. Car dans la

salle, la formation se produira devant certains spectateurs présents au Bataclan. Nicolas Stanzick, 37 ans, était dans la fosse le soir de la tuerie. Il s’en est sorti, comme d’autres spectacteurs, en « faisant le mort ». Au milieu des morts. Passionné de musique, il aimerait se rendre à l’Olympia. « Depuis l’attentat, je me prépare à revoir le groupe en concert. C’est un moment symbolique, une forme de catharsis pour permettre non de passer à autre chose – c’est impossible – mais pour franchir une nouvelle étape », explique-t-il. Avant d’avouer qu’il attend la dernière minute pour se décider. « Si je parviens en partie à mieux maîtriser mes émotions, je ne sais pas exactement comment je vais réagir. J’ai une peur bleue que ça recommence, même si je me dis qu’il y a peu de chances que cela arrive. Mais dans ces

moments-là, c’est très dur de réfléchir rationnellement. » Sa femme, sortie elle aussi saine et sauve du Bataclan, ne l’accompagnera pas. Nicolas Stanzick se prépare donc seul, à sa façon. Jusqu’ici, il n’a pas encore franchi les portes d’une salle de concert. Mais la semaine dernière, il a enfin réécouté les Eagles of Death Metal. Un groupe qui se sent désormais investi d’une mission. « J’ai le sentiment que nous avons été choisis par les circonstances [...], pour le meilleur et pour le pire », a affirmé Jesse Hughes en marge du concert suédois. « Je le prends comme une responsabilité. C’est Dieu qui m’en a chargé », a même ajouté ce fervent catholique. Ce qui ne l’empêchera pas de reprendre la chanson Kiss the Devil là où elle avait été interrompue. ■

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MATHILDE DOIEZIE £@mathildedoiezie


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