ROBERT PINGET fable
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our passer la nuit il s’arrêta devant une grange abandonnée, y entra et dans le foin fit un trou où il s’endormit, sa musette sous la tête. Mais quelqu’un l’avait vu dans la clarté lunaire, un promeneur attardé. Il y a des temps de désespoir d’abord qui alternent avec d’autres où l’âme se libère mais peu à peu l’alternance ne se fait plus et c’est alors que la tête pourrit. Est-ce qu’il y a pensé avant de s’endormir ou a-t-il seulement compté les poutres de la charpente. Et cet autre attardé. La ville avait fondu sous l’effet d’un cataclysme, il n’en restait que des scories. La population par petits groupes campait dans les décombres ou se dirigeait vers les champs. Ce futur à dissoudre. Un nommé Miaille ou autre mais il n’est pas encore temps. Des coquelicots le matin rougeoyaient dans l’avoine. La nuit est donc passée. Il se dirige vers ce pré qui flambe et il dit des coquelicots pour les enfants, des bouquets qui se fanent, des années lointaines, douces et lointaines. Il tire du fromage de sa musette et du vin. Des hommes nus ceinturés de cuir sortent de la rivière et se dirigent vers le cadavre allongé sur la grève. Ils le dépècent avec les couteaux qui pendent à leurs ceintures et se mettent à le dévorer. Leur chef s’est réservé le sexe qu’il avale d’une bouchée avant d’entamer l’aine. Ou ces touffes de delphiniums quand juin commence à blondir dans les champs. Un petit clos plein d’herbes aromatiques. Il ne se sera pas endormi tout de suite, il aura compté les poutres de la charpente, y accrochant les images du jour, ces coquelicots, ces hommes nus, ces décombres de la ville.
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ROBERT PINGET fable
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Le cadavre sur la grève était celui d’un garçon à la peau blanche et au poil bleu, beau comme l’ivoire et l’outremer. Mais les hommes l’ont assailli à nouveau, dépecé à nouveau, dévoré hormis sa tête qu’ils ont suspendue à la selle du chef. Ils sont repartis au galop. Et lui voyait ceux qui venaient derrière et tout le paysage doré, il avait la barbe fleurie de coquelicots, ses yeux étaient ouverts. C’étaient maintenant les images de la nuit qui faisaient sa tête lourde, toutes les années douces, douces et lointaines, comme une tonne de sucre vomi ou une défécation puante. Le passé à dissoudre itou. Peu à peu l’alternance ne se fait plus. De paysage fort peu, du blond sur la plaine, quelques arbres, le temps n’y est pas encore. Ce présent qui le fit parler, ne plus savoir de quoi il se compose. Je vois cette tête pourrissante et sanglante accrochée à la selle. Et toujours les groupes d’exilés qui pique-niquent, boîtes de conserves, papiers gras, visages blêmes, ils repartent puis refont halte puis repartent. Cette ville qui fume encore. Une maison qui était la nôtre dit-il et me voici parmi les exilés à croquer du pain sec et à pleurer sans cesse d’une halte à l’autre, d’une nuit à l’autre, jusqu’au jour où cette possession ne sera plus qu’une photo dans ma poche entre le passeport et une carte postale. Et ne plus rien voir. A peine entendre. A peine une plainte sourde, inarticulée, en percevoir des bribes puis les perdre puis retrouver des harmoniques sur cette vielle corde d’instrument éventré par les barbares.
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ROBERT PINGET fable
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Plainte, plainte encore, les coquelicots se fanent et la photo jaunit dans la poche, on l’y a mise hier, des siècles d’éboulements, de froissements, de déchirures mortelles. Ce Miaille ou autre qui se retrouvait seul dans la grange reconnue après coup, il y est revenu d’instinct, le voilà qui pleure jusqu’au matin puis jusqu’à la nuit suivante, ne peut se décider à quitter les lieux, vieux poncif, le temps a fait son œuvre, du passé de ce qui hier encore était l’unique présent. Il refaisait le tour de la grange, de l’écurie, des bâtiments, toujours portant sa musette de crainte que l’autre, l’observateur au clair de lune ne vienne la lui prendre. Elle ne contient ni vin ni fromage mais des lettres, des lettres, des notes d’agenda, des notes de blanchisserie, des additions de gargotes, des mots adressés en hâte, fait le tour des bâtiments, arrache ici une ortie, là replace une pierre, déchirure mortelle, le soleil sans trêve dissout ce qui restait d’une tendresse où personne ne se reconnaît plus. Un petit clos plein d’herbes aromatiques. Quand juin commence à blondir dans les champs bleuissent les delphiniums à moins que ce ne soient les larmes, le ciel s’y reflétant. Quand juin ramenait la table sous la tonnelle, l’apéro de midi et du soir, vieux poncif, vieille tendresse d’hier où ne se reconnaissent plus ni les baisers furtifs ni les heures au coin du feu. Et pourquoi cette ville, ces décombres, pourquoi ces exilés dans les champs qui parlent une autre langue, n’en percevoir que des bribes, jamais parlé cet idiome, ils reviennent comme l’obsession d’un autre, celle de l’homme au clair de lune ou celle de l’absent. J’avais des absences qui soutiennent dit-il puis une présence qui m’a fait m’écrouler.
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ROBERT PINGET fable
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Toujours tournant autour des bâtiments, il arrache ici une ortie, là replace une pierre quand soudain tout s’éboule et la voix lui parvient des décombres, multipliée, la même, il en reconnaît le timbre et les harmoniques sur cette vielle corde d’instrument éventré, il se précipite, c’était un mirage, le soleil se couchait à l’heure où d’un cauchemar il s’éveille, pas à pas faisant le tour du clos, aromates de la mort, il n’y a plus de temps possible. Une touffe bleue où fleurissait le sexe, verge blanche et rose, bourses couleur de tabac blond. Une seule bouchée en fit le chef avant d’entamer l’aine où la chair est si tendre, du sang dégoulinait sur sa poitrine velue et sur son ventre. Ces sortes d’images publiques. Pour en goûter d’autres secrètes amères comme le fiel dans l’ombre des années à dissoudre, cette mort aux aromates du jardinet envahi par l’image puis par son ombre elle-même puis par la nuit qui ne finit plus, les delphiniums et le cadavre ne font qu’une seule gerbe qu’à peine on distingue flétrie sous la clarté lunaire. Alors il s’est couché dans l’herbe, il tentait de dormir mais le soleil de plomb le fit se relever et s’asseoir sous l’ormeau proche, il voyait sur la route passer deux promeneurs habillés de robes blanches, le bras de l’un sur l’épaule de l’autre, il croyait les entendre composer une lettre difficile, l’apprenant d’abord par cœur, l’un corrigeant l’autre, l’autre inspirant l’un et d’une commune voix répéter la phrase arrachée au tréfonds des consciences, ils disparurent dans le bois. Où il ne serait question que de l’attaque des sauvages mais si bien mêlée aux angoisses du cauchemar que le destinataire, ce lecteur sublimé par les années perdues, n’y saisirait qu’un chagrin vague transcrit en termes puérils, point de symboles, encore moins de réminiscences. Dans sa musette il reprend la lettre dite mortelle et la
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ROBERT PINGET fable
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relisant n’y découvre qu’une aventure transcrite en termes d’almanach, vulgaire et pitoyable, quel histrion l’aurait dictée, quelle rupture dans le temps l’aurait reçue et celée au fond de sa crevasse comme un secret sans rapport avec l’intangible paix qui est la sienne et le fut dans son futur immémorial. A dissoudre itou. A dissoudre et à semer dans les champs d’alentour comme les cendres d’un Narcisse d’Epinal, caricature à l’usage des concierges gardiennes de rien que l’imaginaire. La voix dans les décombres était donc deux, dictant la lettre amoureuse d’elle-même, résonnant par-delà le jardin d’aromates sur la route comme les pas de promeneurs qui simulent un langage, belle effronterie mais quoi d’impossible en l’occurrence où seul celui qui pleure dans l’herbe agite de mémoire la phrase empoisonnée. Deux personnages en robes blanches leurs cheveux longs tressés d’avoine et de bleuets, ils entraient dans le bois pour l’accouplement du soir, longue extase répétée jusqu’au matin où se déprenaient leurs sexes dans la rosée. Sortent du bois quand le soleil traverse la clairière et s’ébrouent dans les coquelicots puis se lèchent l’un l’autre, leur toilette matinale, puis du creux d’un arbre tirent un rayon de miel, leur premier repas. Mais une autre atmosphère, celle de la conscience tourmentée où nulle image ne passe que contrôlée, déformée dans le sens d’un salut possible, vieille chimère quand la candeur triomphait dans les matins de Pâques, l’initié se retrouve à l’âge des passions dépourvu de sens discriminatoire. Cette navigation obscure entre les sens et la raison qui pour lors n’est plus que devoir inconsenti, raideur stérile et novice davantage. Un merle sifflait trois notes.
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ROBERT PINGET fable
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Il n’y aurait plus d’ormeaux ni de bâtiments campagnards, il n’y aurait qu’une chambre dans cette ville fumante sous ses décombres, épargnée par un miracle à rebours, asile trompeur, ossuaire, la mort y était depuis le premier jour et y passait inaperçue grâce aux locaux voisins non encore touchés par le cataclysme, une sorte de routine s’y établissait qui singeait la vie. Maintenant il faut l’accepter telle, debout parmi les ruines, tour de guet fantastique dans un cimetière où n’évoluent que des simulacres, des pique-niqueurs sont assis sur les tombes et saucissonnent avant de repartir en direction du cimetière voisin, ils avancent ainsi dans le pays qui fut le leur laissant ici et là ceux qui ne peuvent plus suivre, on les met sous la dalle une fleur entre les mains, leur sommeil acquis. La masse confuse des possibles avant de se soumettre à ce qui devait sortir, mais quoi il ne savait, pressentant toutefois une histoire grave, il n’en supputait le poids qu’à peine, des tonnes de larmes et de vomissure, un rapport peut-être avec l’effondrement de la ville et les cimetières érigés en hâte comme si dès le premier jour, celui de sa fondation, cette citée n’était pas menacée, folie que de l’avoir bâtie à portée des laves mais le beau temps avait fait triompher l’insouciance, des années de soleil et de joie mutine, un peu mièvre, elles l’avaient emporté sur la raison. Pour passer la nuit il s’arrêtait devant une grange abandonnée, y entrait et soudain reconnaissait malgré les ténèbres une certaine disposition, des proportions inchangées qui lui firent retrouver l’écho de ses pas sur la terre battue puis dans le foin où il faisait un trou non pour dormir, le sommeil déserte le malheur, mais pour penser à ces années perdues. Quant au promeneur attardé il n’était autre que ce Miaille des années avant, l’œil bleu et la barbe blonde, années d’attente, années de rien.
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ROBERT PINGET fable
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Se regardait trébucher dans la nuit, l’âme à la dérive, trou dans le foin comme le dernier des garçons d’écurie, il reconnaît l’écho de ses pas sur la terre battue. Quant au promeneur attardé il n’était autre qu’un étranger, on avait dénoncé son accent au bistro, se tenait dès lors à l’écart et rôdait la nuit dans la clarté lunaire. Cet espoir à dissoudre. L’œil était encore bleu mais le regard plus le même, une sorte de terreur ou d’humilité vague, la fuite ou le renoncement, quant au visage amaigri, à la denture détériorée, à la carcasse voûtée… Le temps qui est le mal à la petite semaine, joie qui déserte, conscience de toute vanité, la carcasse se dirige sans boussole vers son dernier asile comme si le thème de la survie était désormais hors d’usage. Pensait à ce fatras élaboré par la magie des révélations successives, elles étaient bien précaires. A moins qu’elles ne fussent vivaces que dans la mesure où le désespoir les aurait déracinées. Soudain devant lui à l’évocation de cette pensée il voit l’étranger d’autrefois qui le regarde, il veut l’approcher, lui tendre la main mais l’autre s’évanouit. Le sommeil qui m’a quitté me joue un tour dit-il, mais le visage de l’autre était si pur de toute malice qu’il le cherche encore dans l’ombre puis se lève, sort de la grange et se dirige vers la route où tout à l’heure devisaient les personnages blancs. Mais quelqu’un l’avait vu dans la clarté lunaire et le suivait de loin, nul fantôme, un homme de chair et d’os qui marche nu une gerbe de delphiniums dans les mains, on le voit qui s’approche du clos d’herbes aromatiques, il dépose sa gerbe qui reprend vie et se dresse dans la plate-bande, elle n’a jamais été cueillie, tous ses fleurons buvant l’air de la nuit, bleu très atténué, atténué.
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ï³ñÇÝ»ñ ³é³çí³ ³Ûë ØdzÛÁ, ϳåáõÛï ³ãù»ñáí ¨ ß»Ï Ùáñáõùáí, ëå³ëáõÙÇ ï³ñÇÝ»ñ, áãÝãáí Éóí³Í ï³ñÇÝ»ñ£ ÆÝùÝ Çñ»Ý ݳÛáõÙ ¿ñ ·Çß»ñí³ Ù»ç ë³Ûóù»ÉÇë, Ñá·Çݪ å³ï³Ñ³Ï³Ý Ñáë³ÝùÝ»ñÇ Ï³ÙùÇÝ ïñí³Í, ÷áë ¿ñ µ³óáõÙ ãáñ ËáïÇ ¹»½Ç Ù»ç, ÇÝãå»ë ³ËáéÇ ëå³ë³íáñÝ»ñÇó í»ñçÇÝÁ, ÑÇÙ³ ׳ݳãáõÙ ¿ Çñ ù³ÛÉ»ñÇ ³ñÓ³·³ÝùÁ ϳí³ÑáÕÇ íñ³£ ÆÝã í»ñ³µ»ñáõÙ ¿ áõß³ó³Í ³Ýóáñ¹ÇÝ, ¹³ áã ³ÛÉ áù ¿ñ, ù³Ý ÙÇ ûï³ñ³Ï³Ý, Ëáñïϳñ³ÝáõÙ Ýñ³ ³ñï³ë³ÝáõÃÛ³Ý íñ³ áõß³¹ñáõÃÛáõÝ ¿ÇÝ ¹³ñÓñ»É, ¹ñ³ÝÇó Ñ»ïá ݳ Ñ»éáõ ¿ñ ÙÝáõÙ ¨ ó÷³éáõÙ ·Çß»ñáíª ÉáõëÝÇ ÉáõÛëÇ Ý»ñùᣠî³ññ³ÉáõÍ»Éáõ »Ýóϳ ³Ûë ÑáõÛëÁ£ ²ãù»ñÁ ¹»é ϳåáõÛï ¿ÇÝ, µ³Ûó ѳ۳óùÝ ³Ûɨë ÝáõÛÝÁ ã¿ñ, ÇÝã-áñ ë³ñë³÷ ϳ٠³Ýáñáß Ñݳ½³Ý¹áõÃÛáõÝ, ÷³Ëáõëï û Ññ³Å³ñáõÙ ¿ñ ¹ñáßÙí³Í ¹³Éϳó³Í ¹»ÙùÇÝ, ÷ã³ó³Í ³ï³ÙÝ»ñÇÝ, Ïáñ³ó³Í ÏÙ³ËùÇÝ©©© ijٳݳÏÁ, áñ ÏóÏïáõñ ó³íÝ ¿, áõñ³ËáõÃÛáõÝ, áñ ÉùáõÙÑ»é³ÝáõÙ ¿, áõݳÛÝáõÃÛ³Ý ·Çï³ÏóáõÃÛáõÝ, ÏÙ³ËùÁ ÙáÉáñí³Í áõÕ¨áñíáõÙ ¿ ¹»å Çñ í»ñçÇÝ ³å³ëï³ÝÁ, ³ë»ë ·áÛ³ï¨Ù³Ý ·³Õ³÷³ñÝ ³Ûɨë Ñݳó³Í ÉÇÝÇ£ Øï³ÍáõÙ ¿ñ ³ÛÝ ßÇɳ÷ɳíÇ Ù³ëÇÝ, áñ ³é³ç³ó»É ¿ñ Çñ³ñ Ñ»ï¨áÕ µ³ó³Ñ³ÛïáõÙÝ»ñÇ Ññ³ßùáí, áñ ã³÷³½³Ýó ³ÝϳÛáõÝ ¿ÇÝ£ ºÃ» ÇѳñÏ» Ï»ÝëáõÝ³Ï ã¿ÇÝ ÙdzÛÝ áñáíÑ»ï¨ Ñáõë³Ñ³ïáõÃÛáõÝÁ Ýñ³Ýó ³ñÙ³ï³ËÇÉ ¿ñ ³ñ»É£ гÝϳñÍ, ³Û¹ ÙïùÇÝ ³Ý¹ñ³¹³éݳÉáõó Çñ ³éç¨ ï»ëÝáõÙ ¿ ³ÛÝ Å³Ù³Ý³Ïí³ ûï³ñÇÝ, áñÝ Çñ»Ý ¿ ݳÛáõÙ, ó³ÝϳÝáõÙ ¿ Ùáï»Ý³É, Ó»éù Ù»ÏÝ»É Ýñ³Ý, µ³Ûó ÙÛáõëÝ ³ÝÑ»ï³ÝáõÙ ¿£ ²ÝùÝáõÃÛáõÝë Ë³Õ ¿ ˳ÕáõÙ ·ÉËÇë, Ùï³ÍáõÙ ¿ ݳ, ë³Ï³ÛÝ ³ÛÝ ÙÛáõëÇ ¹»ÙùÝ ³ÛÝù³Ý å³ñ½³ÙÇï ¿ñ, Ëáñ³Ù³ÝÏáõÃÛáõÝÇó ½áõñÏ, áñ ¹»é ÷ÝïñáõÙ ¿ Ýñ³Ý ëïí»ñáõÙ, Ñ»ïá í»ñ Ï»ÝáõÙ, ¹áõñë ·³ÉÇë Ù³ñ³·Çó ¨ ß³ñÅíáõ٠׳ݳå³ñÑÇ ÏáÕÙÁ, áõñ ùÇã ³é³ç ëåÇï³Ï Ï»ñå³ñ³ÝùÝ»ñÝ ¿ÇÝ ½ñáõóáõÙ£ ´³Ûó ÇÝã-áñ Ù»ÏÁ ï»ë»É ¿ñ Ýñ³Ý ÉáõëÝÇ ÉáõÛëáí ¨ Ñ»éíÇó Ñ»ï¨áõÙ ¿ñ, áõñí³Ï³Ý ã¿ñ, ³ÛÉ ÙÇë áõ ³ñÛáõÝÇó Ù³ñ¹, áñ Ù»ñÏ ù³ÛÉáõÙ ¿ñª Ó»éùÇÝ ¹É÷ݳÏÝ»ñÇ ÙÇ ÷áõÝç, Ùáï»-
ROBERT PINGET fable
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Accouplements d’archanges. Ce genre d’images publiques. Pour en goûter d’autres secrètes amères comme le fiel, qu’il ne soit plus question de beauté ni de consolateur, reprendra peu à peu l’affreuse solitude qui engendre les monstres et conduit le rêveur à sa perte, cette dalle au cimetière qu’il soulève pour se glisser dessous et ne plus rien entendre, est-il vrai que la mort est sourde, qu’elle est aveugle, qu’elle n’a plus le cœur aux choses d’ici-bas. A moins qu’elles ne fussent vivaces ces croyances à la survie que dans la mesure où le désespoir les aurait déracinées, à quel tréfonds atteindre, plus question des frivolités mornes du sexe, plus question de révolte à grand renfort de blasphèmes, l’horreur pure et simple d’un vertige, il faut savoir. Un garçon à la peau blanche et au poil bleu, il s’est assis sur la grève, il regardait le ciel, il s’étirait au soleil d’été, il s’est levé et a couru dans l’eau éclaboussante, il riait comme un enfant, personne dans ce lieu désert, il a fait quelques brasses puis ressortait riant toujours, il s’est étendu sur le sable. Et celui qui l’observe pense ceci que la victime est moins à plaindre que le bourreau. Cette dalle au cimetière peut-être que l’observateur est déjà dessous, une petite pensée pour lui. Ou le Sauveur défiguré par le supplice sa face surgit de-ci de-là dans les heures mortelles ou son sexe circoncis. Il n’y aura pas lieu de disjoindre ce qui dès l’enfance a été uni, Sacré-Cœur et sacré-cul, ce fatras où nul ne se reconnaît qu’au dernier souffle mais il serait vain d’épiloguer plus outre. Cette ombre qui le surveille, disparaissant puis reparaissant dans la nuit ou est-ce déjà le petit jour, un oiseau essayait une note, les grenouilles s’étaient tues,
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une sorte de calme régnait alentour, pas un souffle, précédant l’aube, que nous réserve-t-elle, le drame à remâcher tout le jour qui va suivre ou un répit, une trêve, le sommeil enfin que doute de mériter une conscience malade, exténuée. La ville fumante sous ses décombres. Le garçon aux delphiniums. Une passion foudroyée qui prend forme multiple pour retrouver rampante ses morceaux dispersés, Protée du désespoir. Ou du point de vue contraire une légende pleine d’allégories à l’eau de rose, images profondément ancrées dans la nuit de l’âme qui verraient le jour sous cette forme enfantine, pittoresque et sucrée mais n’en demeureraient pas moins mortelles à qui entreprendrait d’en retourner le sens, mortelles puisque rien de ce qui touche à la vie, mot dépourvu de sens, ne reste inoffensif plus d’une journée, le temps d’un lever et d’un coucher de soleil, temps même de l’amour. Ou le sommeil qui déserte le malheur. Mais un ange vient qui lui dit ne crains plus, là où tu seras je serai quoi qu’il advienne ou disons mieux, je suis devenu ton rêve, aucune figure de lui ne sera désormais perdue sans retour mais vivace et nécessaire comme l’est dans le mouvement que fignole l’horloger tel accessoire du mécanisme minuscule, telles seront les images qu’animeront tes pensées, quoi qu’il advienne, quoi qu’il m’en coûte. Or l’ange était nu et couronné de coquelicots. Puis un deuxième puis un troisième le rejoignent et ils faisaient ensemble les gestes de l’amour et se pâmaient dans l’herbe du matin. Une maison qui était la nôtre dit-il et me voici parmi les exilés à croquer du pain sec et à pleurer sans cesse d’une halte à l’autre, mais l’ange dit que sais-tu du destin, mot dépourvu de sens, ta demeure restée la même,
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occupée par un souffle qui reste aussi le même, inchangé malgré les apparences, et des apparences que sais-tu davantage, peut-être toi reflété dans les yeux de qui te regarde, peut-être toi. J’avais des absences qui soutiennent puis une présence qui m’a fait m’écrouler. Tristesse sans fin de tout ce rabâchage, je veux une fable neuve dit-il qui rassemble une dernière fois mes énergies, elle sera la part de moi la meilleure mais il restait allongé dans le foin, il a perçu le ricanement de l’ange et le merle sifflait lève-toi. Il se serait levé, aurait refait le tour des bâtiments, la fable neuve ne surgirait que des ruines et des lieux désertés, il n’y aurait pas de rabâchage mais une volonté tendue de tout redire pour tout renouveler. Prolégomènes. Un nommé Miaille étranger aux lieux qu’il habitait s’était vu un soir rejoint par un voyageur qui se plante sur le seuil et dit laisse-moi défaire ici ma valise, j’ai choisi ta demeure, je ferai la bonne et le jardinier et le gardien, je suis enfin au bout de mes peines, cette maison entrevue de loin j’y ai couru pour t’y trouver, ne dédaigne pas mes services, j’en aurai d’autres pour ton plaisir. Le sédentaire ouvre des yeux ronds et laisse entrer le voyageur. Vivaient ainsi dans l’inconscience, leurs regards se pénétrant tout le jour, leurs pensées miroirs l’une de l’autre, paix répandue du paysage sur les esprits et dans les corps, de leurs souffles sur le paysage, étreinte ininterrompue se prolongeant dans leurs songes mêmes, il fallait appeler ça le bonheur, or qu’est-ce qu’un regard en pénétrant un autre, qu’est-ce qu’un miroir, qu’est-ce qu’un songe, mais la question ne fut posée qu’après la résolution du mystère. L’un hésitait à le voir se résoudre comme on hésite à couper une fleur ou à écraser un insecte, l’autre n’y pensait pas.
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Il hésitait dit-il à le voir se résoudre, mieux valait en rester aux prémisses mais comment les faire durer ad vitam, la conclusion s’impose avec la force d’un bélier ou d’une pousse hors de la graine. Il a perçu le ricanement de l’ange. Les regards ne se pénètrent pas. C’est drôle dit le voyageur, tes yeux sont comme des aiguilles qui veulent percer les miens, tu me fais peur. Et le sédentaire encouragé par cette parole usait de ce qu’il croyait être son pouvoir. Or celui du voyageur ne résidait pas dans ses yeux, ils n’étaient que de fausses fenêtres. Tout redire pour tout renouveler. Mais l’ange disparaît laissant le rêveur dans le foin, pourquoi se lever l’aube à peine, ce mal qui le faisait mourir ne peut passer par enchantement. C’est à l’heure de midi qu’il a refait le trajet de naguère, passant par le bois où s’aimaient les personnages blancs puis par les champs le long de la route où chevauchaient les hommes nus, cette tête ensanglantée accrochée à leur selle. Pour en dépasser le chagrin. Une heure viendra où surgira la fable neuve. Pour en dépasser le chagrin. De cette chambre comme une tour de guet. Cette photo dans ma poche dit-il entre le passeport et la carte postale, la musette sous ma tête pleine de mots qui soupirent. Rien. La nuit n’est pas encore venue qui replacera le chef sur le col tronqué. Ou l’histoire du contenu de la musette, factures de gargotes et autres qui au fur et à mesure de leur compilation révéleraient parallèlement ce bonheur évanoui. Relent de vieille saleté. Réticule d’une morte. On la découvre gisant sur le sol de sa cuisine le tuyau du gaz dans le bec, tout le quartier la connaissait, une folle qui se faisait passer pour poétesse, elle en savait
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long sur ce Miaille ou autre pour l’avoir fréquenté sa vie durant. Modestement réunir des fétus. Carrefour de directions possibles. Le réticule de la folle. Il se souvenait de l’avoir vue passer sur la route serrant son sac à main contre son ventre comme une chaufferette, en plein été habillée de tricots, rouge et suante, récitant son chapelet de rimailles ainsi qu’une bique égraine ses crottes, elle allait s’assoir à l’orée du bois et de son réticule sortait un agenda où elle griffonnait son poème, vieille barcarolle, vieille élégie qui s’effilochait dans sa cervelle et qu’elle tentait de retenir, soudain prise d’enthousiasme puis retombant dans sa mélancolie, puis un fou rire la faisait se lever, tourner autour d’un arbre puis se rasseoir dans un sanglot qui s’éteignait en hoquets, rimailles, hoquets, elle se relevait pour se rassoir, regriffonnait, hoquetait derechef, chevrotante pythie, prêtresse de la mouise où s’enfonçait son âme seulette et biscornue. Il se souvenait de l’avoir vue en compagnie des personnages blancs sous la clarté lunaire, relevant sa jupe et montrant son cul au diable qu’elle flairait dans le fossé ou derrière un muret, exorcisme, ils pénétraient tous trois dans le bois, on entendait chuchoter d’autres personnages et la vieille s’asseyant sur un tronc assistait aux ébats et aux accouplements comme une messe étrange, embouchant de-ci de-là un membre roide qui l’approchait, on l’entendait s’étouffer, crachoter, chouette vicelarde et détraquée, elle rimaillait encore mêlant aux propos orduriers les noms du Christ et de Marie à l’hilarité des compagnons. Il se souvenait de l’avoir vue en croupe d’un cavalier parmi la horde, elle chatouillait la tête ensanglantée qui bringuebalait à la ceinture de l’homme, toute secouée elle-même de son rire de folle, la troupe escaladait col-
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Üñ³Ý ·ï³Ý ËáѳÝáóÇ Ñ³ï³ÏÇÝ ÁÝϳͪ ·³½Ç ËáÕáí³ÏÁ µ»ñ³ÝáõÙ, ³ÙµáÕç óճٳëÁ ׳ݳãáõÙ ¿ñ Ýñ³Ýª Çñ»Ý µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑáõ ï»Õ ¹ñ³Í ³Û¹ Ë»ÝÃÇÝ, ݳ ß³ï µ³Ý ·Çï»ñ ³Ûë ØdzÛÇ Ù³ëÇÝ, ϳ٠áí áñ ¿, ù³ÝÇ áñ ѳݹÇåáõÙ ¿ñ Ýñ³ Ñ»ï ³ÙµáÕç ÏÛ³ÝùÇ ÁÝóóùáõÙ£ гٻëïáñ»Ý ë³ÕÙ»ñ ѳí³ù»É£ Ðݳñ³íáñ áõÕÕáõÃÛáõÝÝ»ñÇ Ë³ãÙ»ñáõÏ£ Ê»Ýà ÏÝáç å³Ûáõë³ÏÁ£ ÐÇßáõÙ ¿ñ, áñ ï»ë»É ¿ ³Û¹ ÏÝáçÁ ÷áÕáóáí ³ÝóÝ»ÉÇëª å³Ûáõë³ÏÁ ç»ñÙ³ÏÇ ÝÙ³Ý ÷áñÇÝ ë»ÕÙ³Í, ³Ù³éí³ Ï»ëÇÝ µñ¹Û³ ßáñ»ñáí, ϳñÙñ³Í áõ ùñïݳÃáñ, ѳݷ³ÃËáõÃÛ³Ý ï»ñáÕáñÙÛ³Ý ³ñï³ë³Ý»Éáí, ÇÝãå»ë ³ÛÍÝ Çñ ÏïÇïÝ ¿ ß³ñáõÙ, ·ÝáõÙ ÝëïáõÙ ¿ñ ³Ýï³éÇ µ³ó³ïáõÙ ¨ å³Ûáõë³ÏÇó ѳÝáõÙ ûñ³·ÇñÁ, áõñ ˽µ½áõÙ ¿ñ Çñ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛáõÝÁ, ÑÇÝ µ³ñϳñáɳ, ÑÇÝ »Õ»ñ»ñ·, áñ µ½ÇÏ-µ½ÇÏ ¿ñ ÉÇÝáõÙ Ýñ³ áõÕ»ÕáõÙ ¨ áñ ݳ ÷áñÓáõÙ ¿ñ Ùï³å³Ñ»Éª ѳÝϳñÍ á·¨áñí»Éáí, Ñ»ïá ÝáñÇó ٻɳٳÕÓáõÃÛ³Ý Ù»ç ÁÝÏÝ»Éáí, Ñ»ïá Ë»Ýà ÍÇͳÕáí µéÝí³Í í»ñ ¿ñ Ï»ÝáõÙ, åïïíáõ٠ͳéÇ ßáõñçÁ, ³ÛÝáõÑ»ï¨ ÝáñÇó ÝëïáõÙª Ñ»ÍÏÉï³Éáí, áñ í»ñç³ÝáõÙ ¿ñ ½Ïñïáóáí, Ñ»ïá ÏñÏÇÝ Ñ³Ý·³ÃËáõÃÛáõÝ, ½Ïñïáó, ÝáñÇó í»ñ ¿ñ Ï»ÝáõÙª ÏñÏÇÝ Ýëï»Éáõ ѳٳñ, ÝáñÇó ˽µ½áõÙ, ¿ÉÇ ½ÏñïáõÙ, ¹áÕ¹áÕ³óáÕ Ó³ÛÝáí åÇÃdz, ùñÙáõÑÇ Ãßí³éáõÃÛ³Ý, áõñ ÁÝÏÕÙíáõÙ ¿ñ Ýñ³ ٻݳíáñ ¨ ³Ýѻûà Ñá·ÇÝ£ ÐÇßáõÙ ¿ñ, áñ ï»ë»É ¿ Ýñ³Ý ×»ñÙ³Ï Ï»ñå³ñ³ÝùÝ»ñÇ áõÕ»ÏóáõÃÛ³Ùµ ÉáõëÝÇ ÉáõÛëáí, ÷»ßÝ ¿ñ µ³ñÓñ³óÝáõÙ ¨ Ñ»ïáõÛùÁ ë³ï³Ý³ÛÇÝ Ç óáõÛó ¹ÝáõÙ, áñÇ Ý»ñϳÛáõÃÛáõÝÝ ½·áõÙ ¿ñ ³éíÇ Ù»ç ϳ٠ÇÝã-áñ å³ïÇ Ñ»ï¨áõÙ, ã³ñ á·ÇÝ»ñÇó ³½³ïáõÙ, »ñ»ùáí ÙdzëÇÝ ³Ýï³é ¿ÇÝ ÙïÝáõÙ, ³ÛÉ Ï»ñå³ñ³ÝùÝ»ñÇ ßßáõÏÝ ¿ñ ÉëíáõÙ, ÇëÏ å³é³íÁ, Ýëï»Éáí ÙÇ Ïá×ÕÇ, Ñ»ï¨áõÙ ¿ñ ëÇñ³ÛÇÝ Ë³Õ»ñÇÝ áõ ½áõ·³íáñáõÙÝ»ñÇÝ, ³ë»ë ï³ñûñÇÝ³Ï ÙÇ å³ï³ñ³·Ç Ù³ëݳÏó»ñ, µ»ñ³ÝÝ ³éÝ»Éáí ³Ûë áõ ³ÛÝ ÏáÕÙÇó Çñ»Ý Ùáï»óáÕ ÙÇ åÇñÏ ³Ý¹³Ù, ÉëíáõÙ ¿ñ, ÇÝãå»ë ¿ ˻չíáõÙ, ÃáõùÁ ß³Õ ï³ÉÇë, ³Û¹ ÷ã³ó³Í ¨ ˻ɳóÝáñ ç³¹áõÝ, ¹»é ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ñ Çñ ѳݷ³ÃËáõÃÛáõÝÁª ³Ýå³ñÏ»ßï Ëáëù»ñÇÝ Ë³éÝ»Éáí øñÇëïáëÇ ¨ سñdzÙÇ ³ÝáõÝÝ»ñÁª ßñç³å³ïÇ ³Ý½áõëå ÍÇͳÕÝ ³é³ç³óÝ»Éáí£
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lines et montagnes pour rejoindre par delà les nuages un coin de firmament où elle s’égaillait laissant la vieille entre ciel et terre comme un flocon qui retombait doucement, longuement, dans l’herbe où elle fondait à l’aube, on retrouvait son châle, son lorgnon qu’un gamin allait lui rapporter dans sa cuisine, elle somnole sur une chaise, elle sursaute, marmonne et rimaille de plus belle sur une comptine que l’enfant ramène toute fraîche à la maison ou à l’école. Ces sortes d’abandon. Ou le garçon à la peau blanche qui rejoignait les autres dans le bosquet et se mêlait à leurs ébats. Ces sortes d’images publiques. Pour en goûter d’autres secrètes. Que l’alternance se fasse, n’en plus douter, salvatrice à coup sûr, ou mieux cédant la place à une sérénité palpable, installée dans ce qu’il faudrait ne plus appeler le cœur ni le cerveau mais l’âme peut-être figurant l’armature de tout ce fatras qui se déglingue, la certitude de demeurer vivant, compact et sans fissure in aeternum. Ce présent qui le fit parler, ne plus savoir de quoi il se compose. Je le vois encore penché sur son carnet griffonnant le poème qu’il s’acharnait à retenir, le répétant au cours de sa promenade pour l’oublier à nouveau le soir venu, il reprend son crayon, regriffonne et rimaille tard dans la nuit, l’ange s’emparait de son sommeil qu’il semait de gouffres et de montagnes, réveil intenable, avait-il dormi, il remâchait la vieille tristesse depuis longtemps évanouie, obsédé par le temps compris comme la suite des jours, vision précaire, que tout cède enfin devant… J’ai choisi ta demeure. C’était un matin, le nommé Miaille sortait à peine de son sommeil, regardait par la fenêtre les poules picorer dans la cour, sa tasse de café à la main, quand l’étran-
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ÐÇßáõÙ ¿ñ, áñ ï»ë»É ¿ñ Ýñ³Ýª Ññáë³Ï³ËÙµÇ Ñ»ÍÛ³ÉÝ»ñÇó Ù»ÏÇ Ñ»ï¨áõ٠óٵÇÝ Ýëï³Í, ïÕ³Ù³ñ¹áõ ·áïϳï»ÕÇó Ï³Ë ÁÝÏ³Í ³ñݳÍáñ ·ÉáõËÝ ¿ñ ËïÕïáõÙ, Çñ Ë»Ýà ÍÇͳÕÇó óÝóí»Éáí, ѻͻɳËáõÙµÁ ë³ñ áõ Óáñ Ïïñ»É-³ÝóÝ»Éáí ѳë³í ³Ùå»ñÇó ³Ý¹ÇÝ »ñÏݳϳٳñÇ ÙÇ ³ÝÏÛáõÝÇ, áñï»Õ óÇñáõó³Ý »Õ³Ýª å³é³íÇÝ ÃáÕÝ»Éáí »ñÏÝùÇ áõ »ñÏñÇ ³ñ³ÝùáõÙ, ÇÝãå»ë ÷³ÃÇÉ, áñ ¹³Ý¹³Õ, »ñϳñ ÇçÝáõÙ ¿ñ ó³Í, Ëáï»ñÇ Ù»ç, áõñ ѳÉí»ó Éáõë³µ³óÇÝ, Ñ»ïá ·ï³Ý Ýñ³ ß³ÉÝ áõ å»ÝëÝ»Ý, áñ ÙÇ ïÕ³ ï³ñ³í Ñ»ï ïí»ó Ýñ³Ýª Çñ ËáѳÝáóáõÙ, ÇëÏ Ý³ Ýëï³Í ÝÇñÑáõÙ ¿ñ ³ÃáéÇÝ, í»ñ Ãé³í, ÙñÃÙñÃ³ó ¨ Ýáñ ó÷áí ÑáñÇÝ»ó ÇÝã-áñ Ù³ÝÏ³Ï³Ý áï³Ý³íáñ, áñ »ñ»Ë³Ý óñÙ-óñÙ ïáõÝ Ï³Ù ¹åñáó ï³ñ³í£ ²Û¹ûñÇÝ³Ï ÉùáõÙÝ»ñÁ£ γ٠³ÛÝ ïճݪ ëåÇï³Ï Ù³ßÏáí, áñ ÙÛáõëÝ»ñÇÝ ¿ñ ÙdzÝáõÙ Ù³ó³éáõïÝ»ñáõÙ ¨ ˳éÝíáõÙ Ýñ³Ýó ëÇñ³Ë³Õ»ñÇÝ£ ²Û¹ûñÇÝ³Ï Ñ³Ýñ³ÛÇÝ å³ïÏ»ñÝ»ñÁ£ ²ÛÉ, ·³ÕïÝÇ å³ïÏ»ñÝ»ñ í³Û»É»Éáõ ѳٳñ£ ÂáÕ Ñ»ñó·³ÛáõÃÛáõÝ ÉÇÝÇ, ³Ûɨë ãϳëϳͻÉ, ÷ñϳñ³ñ ÏÉÇÝÇ Ñ³ëï³ï³å»ë, ϳ٠áñ ³í»ÉÇ É³í ¿, Çñ ï»ÕÁ ϽÇçÇ ÙÇ ßáß³÷»ÉÇ ³Ý¹áññÇ, áñ ÏïÇñÇ ³ÛÝï»Õ, ÇÝãÝ ³Ûɨë å»ïù ã¿ Ïáã»É ëÇñï ϳ٠áõÕ»Õ, ³ÛÉ ·áõó» Ñá·Ç, áñÝ áõñí³·ÍáõÙ ¿ ù³Ûù³ÛíáÕ ³Ûë áÕç ßÇɳ÷ɳíÇ Ñ»ÝùÁ, ϻݹ³ÝÇ ÙݳÉáõ íëï³ÑáõÃÛáõÝÁª ë»ÕÙ ³é³Ýó ×»Õù»ñÇ, ѳíÇïÛ³Ýë ѳíÇï»ÝÇó£ ²Ûë Ý»ñϳÝ, áñÁ Ýñ³Ý ëïÇå»ó Ëáë»É, ³Ûɨë ãÇٳݳÉ, û ÇÝãÇó ¿ ³ÛÝ µ³Õϳó³Í£ ¸»é ï»ëÝáõÙ »Ù Ýñ³Ýª Çñ ûñ³·ñÇ ³é³ç Ïù³Í ³ÛÝ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛáõÝÁ ˽µ½»ÉÇë, áñ ³Ù»Ý Ï»ñå ÷áñÓáõÙ ¿ñ Ùï³å³Ñ»É, ÏñÏÝáõÙ ¿ñ ½µáë³ÝùÇ Å³Ù³Ý³Ï ¨ »ñ»ÏáÝ ÇçÝ»ÉÇë Ùáé³ÝáõÙ ÏñÏÇÝ, ÝáñÇó í»ñóÝáõÙ Ù³ïÇïÁ, ˽µ½áõÙ ¨ áï³Ý³íáñÝ»ñ ÑáñÇÝáõÙ ÙÇÝ㨠áõß ·Çß»ñ, Ññ»ßï³ÏÁ Ûáõñ³óñ»É ¿ñ Ýñ³ ùáõÝÁ, áñï»Õ ³Ý¹áõݹݻñ áõ É»éÝ»ñ ¿ñ ó³ÝáõÙ, ³Ýï³Ý»ÉÇ ³ñÃݳóáõÙ, ³ñ¹Ûá±ù ùÝ»É ¿ñ, í³Õáõó ³ÝÑ»ï³ó³Í ÑÇÝ ïñïÙáõÃÛáõÝÝ ¿ñ ͳÙÍÙáõÙ, ųٳݳÏÇ ë¨»éáõÝ Ùïùáí ѳٳÏí³Í, áñÝ ÁÝϳÉíáõÙ ¿ñ áñå»ë ûñ»ñÇ Ñ»ñó·³ÛáõÃÛáõÝ, ³Ýáñáß ÙÇ å³ïÏ»ñ³óáõÙ, ÃáÕ áñ í»ñç³å»ë ³Ù»Ý ÇÝã ï»ÕÇ ï³©©©
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ger se plante sur le seuil et propose sa marchandise, des paniers d’osier, tenez prenez celui-là il n’est pas cher, le bon Dieu vous le rendra. Un romanichel aux yeux de charbon et au sourire putain, cheveux bouclés sur la nuque, larges épaules, hanches maigres dans son pantalon qui godaille sur les pieds. Propose sa marchandise. Ouvre son froc. Le bon Dieu vous le rendra. Sort le Saint-Sacrement. Montrez-nous le fruit de vos entrailles. Que le diable et ses artifices aurait tiré de son sommeil, il rimaillait sur un poème qu’il s’acharnait à retenir, se levant matin, griffonnant tout le jour, ébahi par les somptuosités du verbe comme un enfant par le paon qui fait la roue, je le vois encore à sa table qu’il disait de travail puis à midi réchauffant le fricot de la veille puis somnolant avant sa promenade, rimaillant, hoquetant, rimaillant, puis de nouveau griffonnant au coin du feu une couverture sur les genoux et cette blessure au cœur qui ne guérit pas. L’œil d’anthracite, le sourire putain. Il se plantait sur le seuil. Que le diable et ses artifices. Mais la prière disait-il n’est qu’un moyen d’accoster aux rives d’Éros, tout un fatras pompier, bêlements de vieille bique frustrée, elle chemine par des voies inconnues pour aboutir dans la peau qui frissonne sous la caresse de l’autre, jardinier des clos dérobés aux regards, un lilas y fleurit, des giroflées, des jonquilles, parfums d’herbes aromatiques, nous abattrons ces murs de clôture pour que chacun puisse en jouir, les voisins disaient le voilà qui déraille, est-ce qu’on montre comme ça son cul, on finirait par prévenir la police. Alors le gendarme est venu et il se gratte la tête, ne sait
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øá ϳó³ñ³ÝÝ »Ù ÁÝïñ»É£ ²é³íáï ¿ñ, ØÇ³Û Ïáã»óÛ³ÉÁ Ýáñ ¿ñ ³ñÃݳó»É, ݳÛáõÙ ¿ñ µ³ÏáõÙ ùçáõç ³ÝáÕ Ñ³í»ñÇÝ, ëáõñ×Ç µ³Å³ÏÁ Ó»éùÇÝ, »ñµ ûï³ñÁ ïÝÏí»ó ¹é³Ý ³é³ç ¨ Çñ ³åñ³ÝùÝ ³é³ç³ñÏ»ó, ÑÛáõëÏ»Ý ÏáÕáíÝ»ñ, ³Û ³Ûë Ù»ÏÁ í»ñóñ»ù, óÝÏ ã¿, ²ëïí³Í Ó»½ ÏѳïáõóÇ£ ÆÝã-áñ ·Ýãáõª ³Í˳ÃáõÛñ ³ãù»ñáí ¨ ÉÏïÇ ÅåÇïáí, ÍáÍñ³ÏÇÝ Ñ³í³ù³Í Ù³½»ñáí, ɳÛÝ áõë»ñáí, Ý»Õ ÏáÝù»ñáí áõ áïù»ñÇÝ ÷áà ïíáÕ Çñ ³Ý¹ñ³í³ñïÇùáí£ Æñ ³åñ³ÝùÝ ¿ ³é³ç³ñÏáõÙ£ ´³ó ³ÝáõÙ ß³Éí³ñÁ£ ²ëïí³Í Ó»½ ÏѳïáõóÇ£ гÝáõÙ êáõñµ гÕáñ¹áõÃÛáõÝÁ£ òáõÛó ïí»ù Ó»ñ áñáí³ÛÝÇ åïáõÕÁ£ »ñ¨ë ë³ï³Ý³Ý ¨ Ýñ³ Ëáñ³Ù³ÝÏáõÃÛáõÝÝ»ñÝ ³ñÃݳóñ»É ¿ÇÝ Ýñ³Ý, ÇëÏ Ý³ ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ñ ïùÝ»É ÙÇ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛ³Ý íñ³, áñ ÷áñÓáõÙ ¿ñ Ùï³å³Ñ»É, í»ñ ϻݳÉáí ³é³íáïÛ³Ý, ˽µ½»Éáí áÕç ûñÁ, Ñdzó³Í ÊáëùÇ í»ÑáõÃÛ³Ùµ, ÇÝãå»ë »ñ»Ë³Ýª åáãÁ Ñáíѳñ³Ó¨ µ³ó³Í ëÇñ³Ù³ñ·áí, ¹»é ï»ëÝáõÙ »Ù Ýñ³Ý ³ÛÝ ë»Õ³ÝÇ ³éç¨ Ýëï³Í, áñ ݳ ³ß˳ï³ë»Õ³Ý ¿ñ ÏáãáõÙ, Ñ»ïá Ï»ëûñÇÝ Ý³Ëûñ»Ç ׳ßÁ ï³ù³óÝáõÙ, Ñ»ïá ÝÇñÑáõÙª ½µáë³ÝùÇó ³é³ç, ѳݷ»ñ ÃËáõÙ, ½ÏñïáõÙ, ѳݷ»ñ ÃËáõÙ, Ñ»ïá ÏñÏÇÝ µáõ˳ñáõ ³é³ç ˽µ½áõÙª ÍÝÏÝ»ñÇÝ Í³ÍÏáó ·ó³Í, ÇëÏ ëñïáõÙ ³Û¹ ³ÝµáõÅ»ÉÇ í»ñùÁ£ ø³ñ³ÍË» ³ãù»ñÁ, ÉÏïÇ ÅåÇïÁ£ îÝÏíáõÙ ¿ ¹é³Ý ß»ÙÇÝ£ ê³ï³Ý³Ý ¨ Ýñ³ Ëáñ³Ù³ÝÏáõÃÛáõÝÝ»ñÁ£ ê³Ï³ÛÝ ³ÕáÃùÁ, ³ëáõÙ ¿ñ ݳ, ¿ñáëÇ ³÷»ñÇÝ Ñ³Ý·ñí³Ý»Éáõ ÙÇçáó ¿ ÙdzÛÝ, ÙÇ ³ÙµáÕç ×áéáÙ ßÇɳ÷ɳí, ³Ýµ³í³ñ³ñí³Í å³é³í ç³¹áõÇ Ñ»ÍÏÉïáó, ³ÛÝ ³ÝùÝÝ»ÉÇ ×³Ý³å³ñÑÝ»ñáí ¿ ³ÝóÝáõÙª ѳëÝ»Éáí Ù³ßÏÇÝ, áñ ë³ñëéáõÙ ¿ ÙÛáõëÇ ßáÛ³ÝùÇó, Ñ»ï³ùñùñ³ë»ñ ѳ۳óùÝ»ñÇó óùóñ³Í ÷³Ï å³ñïǽ³ÏÇ å³ñïǽå³Ý, áõñ Û³ë³Ù³Ý ¿ ͳÕÏáõÙ, ß³Ñåñ³ÏÝ»ñ, ¨ áëÏ»·áõÛÝ Ý³ñ·Ç½Ý»ñ, ³Ýáõß³Ñáï Ëáï»ñÇ µáõÛñ»ñ, Ù»Ýù Ïï³å³É»Ýù ³Û¹ ó³Ýϳå³ïÝ»ñÁ, áñå»ë½Ç µáÉáñÁ ϳñáÕ³Ý³Ý û·ïí»É,
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que dire au monsieur qui lui offre un verre, asseyezvous gendarme, qu’est-ce qui vous amène. L’autre bafouille le brigadier m’envoie mais ne croyez pas, des ragots c’est certain, la loi est la loi, qu’on aurait vu un personnage se promener sauf vot’respect dans le voisinage vêtu de simples lunettes noires, l’auriez-vous aperçu, encore une fois le brigadier, ou les voisins ont des lubies ce qui ne m’étonnerait guère, vous savez que leur fille est folle qui se dit poétesse, il prononçait pouetesse. Miaille le regardait à la dérobée et riait sous cape ou même éclate de rire, il dit qu’en effet ça déraille du côté des voisins mais le règlement est le règlement, vous êtes tout excusé. Ou qu’en effet il aurait aperçu quelqu’un à la nuit tombante près de la rivière, était-ce un homme ou une femme, de dos, qui semblait n’être pas trop vêtu mais par ces chaleurs et vu l’isolement du lieu vraiment il n’y avait pas de quoi se monter la tête, d’ailleurs je répète la nuit tombait et j’ai de si mauvais yeux, vous prendrez bien encore un verre. Les personnages blancs. Le cavalier à la tête sanglante. La poétesse qui retroussait ses jupes. Ou le Sauveur défiguré par le supplice. Son sexe circoncis. Mais la ville fumait toujours sous les décombres, l’ancien cauchemar se réveillerait et les grincements de dents, ce passé à dissoudre comme ne faisant pas partie du système, racines plongeant dans le néant, futur itou. Le merle sifflait lève-toi. Il s’est levé, il a repris la petite route qui ne mène nulle part, disant je serai le plus fort, rongeant son frein, rentrant ses larmes, me voici depuis toujours parmi les exilés, nous en ferons le bonheur, seules les absences soutiennent.
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Mais quelqu’un l’avait vu dans la clarté lunaire. C’était le romanichel du matin qui n’avait pas trouvé de lieu où dormir, ses panier aux bras, il sifflote pour ne pas l’effrayer et s’avance vers lui, tiens dit l’autre encore dans nos parages, la journée a-t-elle été bonne. Le romano répond que non mais on a l’habitude, il cherchait une grange où passer la nuit, Miaille lui désigne la sienne à deux pas, il y a du foin tout frais vous y dormirez bien et demain matin une tasse de café. L’homme remercie sans servilité et il ajoute vous n’auriez pas un reste de soupe je n’ai pas mangé aujourd’hui. C’est ainsi qu’en compagnie le sédentaire revient sur ses pas, ils entrent dans la cuisine, on réchauffe le fricot et tout en mangeant le vannier raconte que sa femme et son enfant il les a laissés chez des amis pas loin, quelques kilomètres, pour pouvoir à son aise écouler ses paniers ici, il se donne encore un jour puis il rejoindra les siens et ils partiront dans le sud, le cheval aussi avait besoin de repos. Mais Miaille ne l’écoutait pas, attentif à autre chose, le ton peut-être qui en rappelait de semblables, ces destins que l’on connaît par cœur et qui se disent de même façon doucement, sans amertume, paroles mensongères qu’importe, elles viennent du même désert et y retournent pareillement, l’ancien éden perceptible encore mais de loin en loin, il a disparu des mémoires, seule la voix le trahit çà et là par une inflexion, un accent, une reprise de souffle, un demi-silence puis plus rien, rien, retournez-y dans votre femme et dans votre désert, le bon Dieu vous le rendra. Cette voix sous les décombres. Il ajoute qu’il a eu affaire au gendarme, ce salaud disait m’avoir vu à poil en plein jour, il voulait m’emmener au poste, j’ai fait intervenir vos voisins, ils ont bien dû reconnaître qu’à l’heure que disait l’autre je m’étais endormi sous le noyer de leur champ à deux pas d’ici
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et qu’ils m’avaient vu ensuite partir vers le hameau avec mes paniers, les flics sont tous les mêmes à vous tendre un traquenard mais je les connais, je ne tombe plus dedans. Mais Miaille ne l’écoutait pas, attentif à autre chose, une image qui se formait bizarre par-delà l’interlocuteur, elle grandissait, atteignait au faîte du noyer puis progressivement aux nuages qu’elle transgressait, installée maintenant dans ce coin de firmament où s’égaillait la troupe des cavaliers mais indéfinie, inquiète et molle, Protée du désespoir. Celle peut-être des exilés poursuivant leur itinéraire funèbre, agglomérat de corps autour d’une âme commune, grappe indistincte, espoirs réduits à celui de survivre, d’un cimetière à l’autre, puis laissant ceux qui ne peuvent plus suivre et s’élevant par quelque maléfice dont ils sont les victimes vers les hauteurs stériles, leur prière devenue absurde, ritournelle, litanie vagissante dont les mots s’égrènent comme un chapelet de crottes dans l’infini du cauchemar. Dans la pénombre d’une chapelle cette silhouette à genoux devant l’Immaculée, on entendait murmurer la prière longuement faisant écho à d’autres murmures ailleurs, partout, dépurative, purgative, lénifiante, consolante, somnifère, celle des exilés de tout poil, paumés d’amour, après l’exil de cette vie montreznous Jésus le fruit béni de vos entrailles. Il est là devant l’agenouillé, lui désigne sa circoncision et l’autre se précipite, il communie au Sacrement, que reste-t-il de tous ces beaux désirs, qu’en reste-t-il, la ville fumait sous les décombres et l’orant demeurait pendu au sexe du Seigneur implorant sa miséricorde par l’intercession de la reine des anges. Dans la pénombre d’une chapelle cet enfant devant la statue miraculeuse, un bouquet de coquelicots à la main, il se lève et pose ses fleurs sur l’autel puis il allu-
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¨³ÝÝ»ñÇÝ Ù»ç ·ó»óÇ, Ýñ³Ýù ëïÇåí³Í ¿ÇÝ ÁݹáõÝ»É, áñ ³Û¹ ųÙÇÝ »ë ùÝ»É ¿Ç Çñ»Ýó ¹³ßïÇ ÁÝÏáõ½»Ýáõ ï³Ï, ³Ûëï»ÕÇó »ñÏáõ ù³ÛÉÇ íñ³, ¨ áñ Ñ»ïá ï»ë»É ¿ÇÝ ÇÝÓ ÇÙ ÏáÕáíÝ»ñáí ÑÛáõÕ³ÏÇ ÏáÕÙÝ áõÕ¨áñí»ÉÇë, áëïÇϳÝÝ»ñÁ µáÉáñÁ ÝáõÛÝÝ »Ýª ³ÝÁݹѳï ÍáõÕ³ÏÝ»ñ »Ý ë³ñùáõÙ, µ³Ûó »ë ׳ݳãáõÙ »Ù ¹ñ³Ýó, ³ÛÉ¨ë ³Û¹ óϳñ¹Á ã»Ù ÁÝÏÝÇ£ ê³Ï³ÛÝ ØdzÛÁ ã¿ñ ÉëáõÙ, áõß³¹ñáõÃÛáõÝÝ ³ÛÉ µ³ÝÇ ë¨»é³Í, ÇÝã-áñ ï³ñûñÇÝ³Ï å³ïÏ»ñÇ, áñ Ó¨³íáñíáõÙ ¿ñ Ëáë³ÏóÇó ³ÛÝ ÏáÕÙ, áñ ٻͳÝáõÙ ¿ñ, ѳëÝáõÙ ÁÝÏáõ½»Ýáõ ·³·³ÃÇÝ, Ñ»ïá ³ëïÇ׳ݳµ³ñ ³Ùå»ñÇÝ, Ïïñ»ó-³Ýó³í ¹ñ³Ýó ¿É, ÑÇÙ³ ³ñ¹»Ý ѳë»É ¿ñ »ñÏݳϳٳñÇ ³ÛÝ ³ÝÏÛáõÝÇÝ, áñï»Õ ó³ùáõóñÇí ¿ñ »Õ»É Ñ»ÍÛ³ÉÝ»ñÇ ËáõÙµÁ, ë³Ï³ÛÝ ³Ýáñáß ¿ñ, ³ÝѳݷÇëï ¨ ÃáõÛÉ, Ñáõë³ÉùáõÃÛ³Ý äñáï¨ë£ »ñ¨ë ³ùëáñÛ³ÉÝ»ñÇ å³ïÏ»ñÝ ¿ñ, áñáÝù ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ÇÝ Çñ»Ýó »Õ»ñ³Ï³Ý »ñÃáõÕÇÝ, ÁݹѳÝáõñ Ñá·áõ ßáõñçÁ ѳí³ùí³Í Ù³ñÙÇÝÝ»ñÇ Ñ³í³ù³Íáõ, ³Ýáñáß áÕÏáõÛ½, ÑáõÛë»ñ, áñáÝù Ýí³½»Éáí ѳݷ»É »Ý ÉáÏ áÕç ÙݳÉáõ ÑáõÛëÇÝ, Ù»Ï ·»ñ»½Ù³ÝáóÇó ÙÛáõëÝ »Ý ·ÝáõÙ, ÃáÕÝ»Éáí Ýñ³Ýó, áíù»ñ ³Ûɨë ã»Ý ϳñáÕ ß³ñáõݳϻÉ, ¨ µ³ñÓñ³ÝáõÙ, ÇÝãáñ ³Ý»ÍùÇ ³½¹»óáõÃÛ³Ý ï³Ï, áñÇ ½áÑÝ »Ý Çñ»Ýù, ¹»åÇ ³ÝåïáõÕ µ³ñÓáõÝùÝ»ñÁ, Ýñ³Ýó ³ÕáÃùÝ ³ÝÇÙ³ëï ¿ ¹³ñÓ»É, ¹³ï³ñÏ ÏñÏÝ»ñ·, áÕµ³Ó³ÛÝ ³ÕáÃù, áñÇ µ³é»ñÁ ï³ñ³ÍíáõÙ »Ý ÇÝãå»ë ϻݹ³Ýáõ ÏÕÏÕ³ÝùÇ ß³ñ³ÝÁª ÙÕÓ³í³ÝçÇ Ñ³í»ñÅáõÃÛ³Ý Ù»ç£ Ø³ïáõéÇ ÏÇë³Ë³í³ñáõÙ ³Û¹ áõñí³·ÇÍÁª êáõñµ ÎáõÛëÇ ³éç¨ ÍÝϳãáù, »ñϳñ ßßÝçáõÙ ¿ñ ³ÕáÃùÁ, áñÝ ³ñÓ³·³Ýù ¿ñ ·ïÝáõÙ ³ÛÉ ßßáõÏÝ»ñÇ Ù»ç, ³ÛÉáõñ, ³Ù»Ýáõñ, Ù³ùñáÕ, Ù»Õù»ñÁ ù³íáÕ, ѳݹ³ñï»óÝáÕ, ë÷á÷Çã, ùݳµ»ñ, ³Ù»Ý ï»ë³ÏÇ ³ùëáñÛ³ÉÝ»ñÇÝÁ, ëÇñáõó ½ñÏí³ÍÝ»ñÇÝÁ, ³Ûë ÏÛ³ÝùÇ ³ùëáñÇó Ñ»ïá óáõÛó ïí»ù ÐÇëáõëÇݪ Ó»ñ áñáí³ÛÝÇ åïáõÕÁ£ ܳ Ï³Ý·Ý³Í ¿ ³ÛÝï»Õª ÍÝϳãáù Ù³ñ¹áõ ³éç¨, Çñ ÃÉå³ïáõÙÝ ¿ Ýñ³Ý óáõÛó ï³ÉÇë, ÇëÏ ÙÛáõëÁ Ý»ïíáõÙ ¿, ѳÕáñ¹áõÃÛáõÝ ÁݹáõÝáõÙ, ÇÝã ¿ ÙÝáõÙ µáÉáñ ³Û¹ ·»Õ»óÇÏ ó³ÝÏáõÃÛáõÝÝ»ñÇó, ÇÝã ¿ ÙÝáõÙ, ù³Õ³ùÁ ÍËáõÙ ¿ñ ³í»ñ³ÏÝ»ñÇ ï³Ï, ÇëÏ ³ÕáÃáÕÇ å³ïÏ»ñÁ ÙÝáõÙ ¿ñ ïÇñáç ³éݳݹ³ÙÇó ϳËí³Íª Ýñ³ áÕáñÙ³ÍáõÃÛáõÝÝ ³Õ»ñë»Éáí Ññ»ßï³ÏÝ»ñÇ Ã³·áõÑáõ ÙÇçÝáñ¹áõÃÛ³Ùµ£
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me un cierge, on voyait remuer ses lèvres, il murmure la prière soupirant du fond de son exil, l’horreur des siècles devenue sienne, cauchemar inculqué par les miséricordes de tout poil, du petit cœur assoiffé il ne restera rien qu’une plaie purulente, la vieille cochonnerie devenue objet de culte, obsessionnelle, céleste et sans espoir. Retournez-y dans votre désert. Notre pouetesse qu’il disait a bien gardé de la religion, vous la voyez à l’église tout le matin devant la statue de la Vierge lui murmurer des choses, elle lui apporte des fleurs et brûle des cierges, d’aucuns prétendent qu’elle a la tête dérangée mais il n’y a pas de quoi fouetter un chat, passer son temps là ou ailleurs, je ne dis pas qu’elle ne soit pas bizarre avec ce tic de fermer l’œil tout le temps qu’elle cause et ses bas roulés sur ses chaussures, elle est assez négligée mais les artistes n’est-ce pas. Or ladite collectionnait des photos licencieuses par l’intercession de qui vous savez, elle en avait plein un album qu’elle feuilletait le soir en se machinant ou Dieu sait quoi c’est son affaire parce que question piété personne ne pouvait lui en remontrer, elle passait toutes ses matinées en oraison à l’église devant le crucifix de la nef latérale à gauche en entrant, même que d’aucun prétendent qu’elle se rinçait l’œil because la forme évocatrice du linge où vous savez. Et les autres esprits mauvais. L’univers bourré de puissances malignes qui nous guettent à tous les tournants voilà une bien triste vision des choses disait notre pouetesse, qu’elle roule ses bas sur ses chaussures et qu’elle sente le négligé où est l’importance, personne ne peut lui en remontrer question charité et ses poésies qu’elle avait publiées comme on dit dans sa jeunesse attestent une âme tout acquise au Seigneur, elle n’a guère changé, une petite fille oui
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سïáõéÇ ÏÇë³Ë³í³ñáõÙ ³Û¹ »ñ»Ë³Ýª Ññ³ß³·áñÍ ³ñÓ³ÝÇ ³éç¨, ϳϳãÝ»ñÇ ÷áõÝçÁ Ó»éùÇÝ, í»ñ ¿ Ï»ÝáõÙ ¨ ͳÕÇÏÝ»ñÁ ¹ÝáõÙ Ëáñ³ÝÇÝ, Ñ»ïá ÙáÙ í³éáõÙ, »ñ¨áõÙ ¿ñ, ÇÝãå»ë ¿ ß³ñÅáõÙ ßñÃáõÝùÝ»ñÁ, ßßÝçáõÙ ¿ ³ÕáÃùÁ, Çñ ³ùëáñÇ ËáñùÇó ѳé³ã»Éáí, ¹³ñ»ñÇ ë³ñë³÷Ý Çñ»ÝÝ ¿ ¹³ñÓ»É, ³Ù»Ý ï»ë³ÏÇ áÕáñÙ³ÍáõÃÛáõÝÝ»ñáí Ý»ñÍÍí³Í ÙÕÓ³í³Ýç, ͳñ³í³Í ÷áùñÇÏ ëñïÇó ÏÙݳ ÙdzÛÝ Ã³ñ³Ëáï í»ñù, ÑÇÝ ÉÏïÇáõÃÛáõÝÁ å³ßï³ÙáõÝùÇ ³é³ñϳ ¿ ¹³ñÓ»É, 먻éáõÝ, »ñÏݳÛÇÝ ¨ ³ÝÑáõÛë£ ì»ñ³¹³ñÓ»ù Ó»ñ ³Ý³å³ïÁ£ Ø»ñ µÝ³ëï»ÕÍáõÑÇÝ, ³ëáõÙ ¿ñ ݳ, ß³ï ³ëïí³Í³í³Ë ¿ Ùݳó»É, ³Ù»Ý ³é³íáï ϳñ»ÉÇ ¿ ï»ëÝ»É Ýñ³Ý êáõñµ ÎáõÛëÇ ³ñÓ³ÝÇÏÇ ³éç¨ ßßÝç³ÉÇë, ͳÕÇÏÝ»ñ ¿ µ»ñáõÙ Ýñ³Ý ¨ ÙáÙ»ñ í³éáõÙ, áñáß Ù³ñ¹ÇÏ åݹáõÙ »Ý, áñ Ýñ³ Ë»ÉùÁ ï»ÕÁ ã¿, ë³Ï³ÛÝ Çñ³ñ ˳éÝí»Éáõ å³ï׳é ãϳ, ÇÝã ï³ñµ»ñáõÃÛáõÝ Å³Ù³Ý³Ï¹ áñï»Õ »ë ³ÝóϳóÝáõÙ, ã»Ù ³ëáõÙ, û ݳ ï³ñûñÇÝ³Ï ã¿, ѳïϳå»ë »ñµ Ëáë»ÉÇë ³ÝÁݹѳï ÷³ÏáõÙ ¿ ³ãù»ñÁ, ·áõÉå³Ý»ñÝ ¿Éª ÏáßÇÏÝ»ñÇ íñ³ áÉáñ³Í, µ³í³Ï³Ý ó÷Ã÷í³Í ¿, µ³Ûó ¹» ÇÝã ϳñáÕ »ë ³Ý»É, ³ñí»ëï³·»ïÝ»ñÝ ³Û¹å»ë »Ý, 㿱£ ²ñ¹, í»ñáÑÇßÛ³É ïÇÏÇÝÝ ³Ýí³Û»Éáõã Éáõë³ÝϳñÝ»ñ ¿ñ ѳí³ùáõÙ ·Çï»ù áõÙ û·ÝáõÃÛ³Ùµ, ÙÇ ³ÙµáÕç ³ÉµáÙ áõÝ»ñ, áñ ûñÃáõÙ ¿ñ »ñ»Ïá۳ݪ Ó»éݳ߳ñÅáõÃÛ³Ùµ ½µ³Õí»Éáí ϳ٠²ëïí³Í ·Çï» ÇÝ㠳ݻÉáí, Çñ ·áñÍÝ ¿, ù³Ý½Ç µ³ñ»å³ßïáõÃÛ³Ý Ñ³ñóáõÙ áã áù ã¿ñ ϳñáÕ ¹³ë»ñ ï³É Ýñ³Ý, ³ëïÍá ³Ù»Ý ³é³íáï ³Ýó ¿ñ ϳóÝáõÙ ³ÕáûÉáí, ÙáõïùÇ Ó³Ë ÏáÕÙÇ Ë³ã»ÉáõÃÛ³Ý ³éç¨, ¹»é áñáß Ù³ñ¹ÇÏ åݹáõÙ »Ý, û ³ãù»ñáí áõÕÕ³ÏÇ áõïáõÙ ¿ñª ã³ë»Ýù û áñ Ù³ëÇ ÷³Ã³Ã³ßáñÇ ³ÏݳñÏáÕ Ó¨Ç å³ï׳éáí£ ºí ÙÛáõë ã³ñ Ñá·ÇÝ»ñÁ£ îÇ»½»ñùÁ ÉÇ ¿ ã³ñ áõÅ»ñáí, áñ ¹³ñ³Ý³Ï³ÉáõÙ »Ý Ù»½ ³Ù»Ý ù³Ûɳ÷áËÇÝ, ÇÝãåÇëÇ ïËáõñ å³ïÏ»ñ³óáõÙ ÏÛ³ÝùÇ Ù³ëÇÝ, ³ëáõÙ ¿ñ Ù»ñ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇÝ, ÇÝã ï³ñµ»ñáõÃÛáõݪ ·áõÉå³Ý»ñÁ ÏáßÇÏÝ»ñÇ íñ³ ¿ áÉáñáõÙ, û ³ÝËݳÙáõÃÛ³Ý Ñáï ¿ ·³ÉÇë íñ³ÛÇó, áã áù ãÇ Ï³ñáÕ ¹³ë ï³É Çñ»Ý ·Ã³ëñïáõÃÛ³Ý Ñ³ñóáõÙ, ÇëÏ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛáõÝÝ»ñÁ, áñ Ññ³ï³ñ³Ï»É ¿, ÇÝãå»ë ³ëáõÙ »Ý »ñÇï³ë³ñ¹ ï³-
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de plus en plus douce et pénétrée de sa vocation qui pourrait bien être la sainteté, il paraît qu’elle ne mange plus que l’eucharistie le matin et trois pommes de terre le soir, il y a une revue ou comment ça s’appelle périodique où de temps en temps on lui demande encore de mettre un poème pour boucher un trou disent les mauvaises langues, moi j’en suis sûr que c’est pour leur valeur qu’on les imprime, elle repêche sûrement ici et là une âme en perdition qui lit ses vers où parlent les chérubins et sourit le Créateur à la moindre petite chose, un myosotis, une fourmi, un grain de poussière. On aurait pu la voir à la table de son salon de province entourée d’accessoires démodés et de mobilier louisphilippard, étagères, bibelots, poupées de loteries, châles sur le pouf et sur le divan, attirail de fumeur oriental ayant appartenu à monsieur son père, napperons en dentelle, sièges au petit point, palmiers dans des cache-pot, assise à sa table et écrivant à une amie ou griffonnant des notes ou rimaillant quelque élégie, inspirée, elle levait les yeux vers une gravure encadrée de noir au-dessus de la commode, sainte MarieMadeleine repentante dans sa grotte, et dans l’angle du salon l’inévitable piano à madame sa mère, un phonographe à haut-parleur, des partitions dans le casier à musique et un chat empaillé sur un guéridon genre mauresque. La collection de photos licencieuses. Parce que ce genre de vieilles filles on a beau dire elles sont toutes vicelardes à leur heure qui est celle du coucher à moins qu’elles ne tombent dans la neurasthénie c’est l’un ou l’autre, ce qui n’empêche pas la dévotion mais je serais curieux de savoir la sorte d’images qui se forment derrière leurs yeux au cours de leurs prières, d’ailleurs ce que j’en dis. Une petite fille de plus en plus douce. Qui rôdent dans le monde pour la perte des âmes.
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ñÇÝ»ñÇÝ, ³ÙµáÕç³å»ë îÇñáçÁ ÝíÇñí³Í Ñá·áõ íϳÛáõÃÛáõÝÝ »Ý, ÇÝùÝ ³Ù»Ý¨ÇÝ ãÇ ÷áËí»É, ÙÇ ÷áùñÇÏ ³ÕçÇÏ, ³Ûá, ³í»ÉÇ áõ ³í»ÉÇ Ù»ÕÙ, ¨ Çñ ÏáãÙ³Ý ·Çï³ÏóáõÃÛ³Ùµ ѳٳÏí³Í, áñÁ ϳñáÕ ¿ñ ëñµáõÃÛáõÝÁ ÉÇÝ»É, ³ëáõÙ »Ý ³é³íáïÛ³Ý ³Ûɨë ÙdzÛÝ Ýß˳ñù ¿ áõïáõÙ, ÇëÏ »ñ»Ïá۳ݪ »ñ»ù ϳñïáýÇÉ, ÙÇ ³Ùë³·Çñ ϳ, ϳ٠ÇÝãå»ë ¿ ÏáãíáõÙ, å³ñµ»ñ³Ï³Ý, áñï»Õ ¹»é Å³Ù³Ý³Ï ³é Å³Ù³Ý³Ï Ýñ³Ý ËݹñáõÙ »Ý ÙÇ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛáõÝ Ññ³ï³ñ³Ï»É, µ³óÁ Éñ³óÝ»Éáõ ѳٳñ, ³ëáõÙ »Ý ã³ñ É»½áõÝ»ñÁ, ÇëÏ »ë ѳÙá½í³Í »Ù, áñ ¹ñ³Ýó ³ñųÝÇùÝ»ñÇ Ñ³Ù³ñ »Ý Ññ³ï³ñ³ÏáõÙ, ѳëï³ï³å»ë ¹»é ѳïáõÏ»Ýï ÏáñáõëÛ³É Ñá·ÇÝ»ñ ¿ ÷ñÏáõÙ, áñáÝù ϳñ¹áõÙ »Ý Ýñ³ ïáÕ»ñÁ, áñáÝóáõÙ ËáëáõÙ »Ý Ññ»ßï³ÏÝ»ñÁ áõ ²ñ³ñÇãÁ ÅåïáõÙ ¿ ³Ù»Ý ÙÇ Ù³ÝñáõùǪ ³ÝÙáéáõÏÇ, ÙñçÛáõÝÇ, ÷áßáõ ѳïÇÏÇ£ γñ»ÉÇ ¿ñ ï»ëÝ»É Ýñ³Ýª Çñ ·³í³é³Ï³Ý ÑÛáõñ³ëñ³ÑÇ ë»Õ³ÝÇ Ùáï Ýëï³Í, Ñݳá× ï³ñ³ï»ë³Ï å³ñ³·³Ý»ñáí ¨ ÈáõÇ-üÇÉÇå ϳÑáõÛùáí ßñç³å³ïí³Í, ·ñ³¹³ñ³ÏÝ»ñ, Ù³Ýñ-ÙáõÝñ ³é³ñϳݻñ, íÇ׳ϳ˳Õáí ß³Ñ³Í ïÇÏÝÇÏÝ»ñ, åáõýÇÏÇ ¨ µ³½ÙáóÇ íñ³ ߳ɻñ, ³ñ¨»ÉÛ³Ý Í˳ÙáÉÇ å³ñ³·³Ý»ñ, áñ å³ïϳÝáõÙ ¿ÇÝ Ýñ³ ÑáñÁ, ųÝ۳ϳíáñ ³ÝÓ»éáóÇÏÝ»ñ, ³ë»Õݳ·áñÍ µ³½Ï³ÃáéÝ»ñ, óճñ³ÛÇÝ ³ñÙ³í»ÝÇÝ»ñ, ë»Õ³ÝÇÝ Ýëï³Í ÙÇ ÁÝÏ»ñáõÑáõ ¿ ·ñáõÙ, ϳ٠Ýáûñ ˽µ½áõÙ, ϳ٠ѳݷ»ñ ÃËáõÙ, ÇÝã-áñ ¿É»·Ç³ ÑáñÇÝáõÙ, Ý»ñßÝã³ÝùÇ å³ÑÇÝ ³ãù»ñÁ µ³ñÓñ³óÝáõÙ ¿ å³Ñ³ñ³ÝÇ í»ñ¨áõÙ Ï³Ë³Í ë¨ ßñç³Ý³Ïáí ÷áñ³·ñ³ÝϳñÇ íñ³, áñ å³ïÏ»ñáõÙ ¿ Çñ ù³ñ³ÛñáõÙ Ù»Õ³ »ÏáÕ ëáõñµ سñdz٠س·Ã³ÕÇݳóáõÝ, ÇëÏ ë»ÝÛ³ÏÇ ³ÝÏÛáõÝáõÙª ³ÝËáõë³÷»ÉÇ ¹³ßݳÙáõñÁ, áñ Ýñ³ ÙáñÝ ¿ñ å³ïϳݻÉ, µ³ñÓñ³Ëáëáí å³ï»ýáÝ, »ñ³Åßï³Ï³Ý ¹³ñ³ÏáõÙ å³ñïÇïáõñÝ»ñ, ¨ ϳïíÇ ËñïíÇɳϪ Ù³íñÇï³Ý³Ï³Ý á×Ç ë»Õ³ÝÇÏÇ íñ³ ¹ñí³Í£ ²Ýí³Û»Éáõã Éáõë³ÝϳñÝ»ñÇ Ñ³í³ù³ÍáõÝ£ ø³Ý½Ç ³Ûë ï»ë³Ï å³é³í³Í ûñÇáñ¹Ý»ñÁ, ÇÝã ¿É ³ë»Ý, µáÉáñÝ ¿É ÷ã³ó³Í »Ý ÇÝã-áñ å³Ñ»ñÇ, ³ÛëÇÝùݪ ùÝ»Éáõ ųÙÇÝ, »Ã» ÇѳñÏ» ÝÛ³ñ¹³·³ñáõÃÛ³Ý Ù»ç ã»Ý ÁÝÏÝáõÙ, ϳ٠ٻÏÝ ¿ ϳ٠ÙÛáõëÁ, ÇÝãÁ Ýñ³Ýó ãÇ Ë³Ý·³ñáõÙ ³ëïí³Í³í³Ë ÉÇÝ»É, µ³Ûó Ïáõ½»Ç ÇٳݳÉ, û ÇÝã å³ïÏ»ñÝ»ñ »Ý ³-
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Refaisait le tour des bâtiments à la nuit tombée, remâchant son cauchemar, j’avais des absences qui soutiennent puis une présence qui m’a fait m’écrouler. La voix dans les décombres était donc deux. Alors le sédentaire dit au romano asseyez-vous vous prendrez bien un verre, l’autre lui racontait sa vie comme celle de n’importe qui, ces destins que l’on connaît par cœur, doucement, sans amertume, il y reconnaissait la sienne ou voulait l’y reconnaître, l’ancien éden disparu des mémoires, tout ce fatras à vomir qui vous fait palpiter, une femme et un enfant laissés chez des amis, il s’en va par les routes proposer sa marchandise et se plante sur le seuil, me voici. Se serait donc installé chez ce Miaille ou autre, n’ayant attache d’aucune sorte, la Providence fait bien les choses pour autant que le mal soit incurable, et il était la bonne et le jardinier, chaque soirée dès lors comptée comme l’annonce d’une vie nouvelle, un visage où l’on se reconnaît dans les yeux, même substance, même goût d’être soi ensemble peau contre peau à caresser la nuit plus douce que la corolle du lys. Le temps n’y est pas encore. Ce présent qui le fit parler ne plus savoir de quoi il se compose. Et lui à l’inconnu raconte à son tour sa vie, une tonne de sucre vomi ou une défécation puante. Et les voilà l’un et l’autre transférés dans les jours qui ont précédé la chute et ils vivaient sans crainte s’étant reconnus, à tour de rôle suivant les cavaliers barbares ou grattant le clos d’herbes aromatiques ou couchés dans le bois à regarder s’ébattre les archanges, des coquelicots leur poussaient au front et des bleuets à l’aine, l’espace avait refleuri, les saisons figées comme le sel où macère ce qu’il faut bien appeler le bonheur, pas d’autre chape. Suivre pas à pas l’exode des paumés, d’un cimetière à
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é³ç³ÝáõÙ Ýñ³Ýó ÷³Ï ³ãù»ñÇ Ñ»ï¨áõÙª ³ÕáÃùÝ»ñÇ Å³Ù³Ý³Ï, Ç ¹»å, ¹³ å³ñ½³å»ë Ç٠ϳñÍÇùÝ ¿£ öáùñÇÏ ³ÕçÇϪ ³í»ÉÇ áõ ³í»ÉÇ ³ÝáõßÇÏ£ ¸»·»ñáõÙ »Ý ³ß˳ñÑáí Ù»Ï, áñ Ñá·ÇÝ»ñ ÙáÉáñ»óݻݣ ÜáñÇó ååïíáõÙ ¿ñ ϳéáõÛóÝ»ñÇ ßáõñçÁ ÙáõÃÝ ÁÝÏÝ»Éáõó Ñ»ïá, ÝáñÇó áõ ÝáñÇó ͳÙÍÙáõÙ ÙÕÓ³í³ÝçÁ, ÑÇßáÕáõÃÛ³Ý Ùó·ÝáõÙÝ»ñ ¿Ç áõÝ»ÝáõÙ, áñ ë³ï³ñáõÙ »Ý, Ñ»ï᪠ÙÇ í»ñ³¹³ñÓ, áñÝ ÇÝÓ Ïáñͳݻó£ öɳï³ÏÝ»ñÇ Ó³ÛÝÝ áõñ»ÙÝ »ñÏáõëÝ ¿ñ£ ºí Ýëï³ÏÛ³óÝ ³ëáõÙ ¿ ·ÝãáõÇݪ Ýëï»ù, ÙÇ µ³Å³Ï ÏËÙ»ù, 㿱, ÇëÏ ë³ Çñ ÏÛ³ÝùÝ ¿ñ å³ïÙáõÙ, ³ë»ë å³ï³Ñ³Ï³Ý Ù³ñ¹áõ ÏÛ³ÝùÁ ÉÇÝ»ñ, ³Ý·Çñ ³ñ³Í ׳ϳﳷñ»ñÇ ÝÙ³Ý, ѳݹ³ñï, ³é³Ýó ¹³éÝáõÃÛ³Ý, ¹ñ³ÝáõÙ Çñ ÇëÏ ÏÛ³ÝùÝ ¿ñ ï»ëÝáõÙ, ϳ٠ó³ÝϳÝáõÙ ¿ñ ï»ëÝ»É, ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñÇó ãùí³Í ÑÇÝ »¹»ÙÁ, ëñï˳éÝáó ³é³ç³óÝáÕ ³Ûë áÕç ßÇɳ÷ɳíÁ, áñÁ ëïÇåáõÙ ¿ Ó»½ ë³ñëé³É, ÏÝáçÁ ¨ »ñ»Ë³ÛÇÝ ÁÝÏ»ñÝ»ñÇ Ùáï ÃáÕ³Í, ë³ñ áõ Óáñ ÁÝÏ³Í Çñ ³åñ³ÝùÝ ¿ ͳËáõÙ ¨ ѳÛïÝíáõÙ ¹é³Ý ß»ÙÇÝ, ³Ñ³ ¨ »ë£ àõñ»ÙÝ Ñ³í³Ý³µ³ñ ³Ûë ØdzÛÇ, û áõÙ áñ ¿, Ùáï ¿ñ Ùݳó»É ³åñ»Éáõ, ù³ÝÇ áñ áã ÙÇ Í³Ýáà ãáõÝ»ñ, ݳ˳ËݳÙáõÃÛáõÝÝ ³Ù»Ý ÇÝã Çñ ï»ÕÝ ¿ ¹ÝáõÙ, ÝáõÛÝÇëÏ »ñµ ó³íÝ ³ÝµáõÅ»ÉÇ ¿, ¨ ¹³é³í ëå³ëáõÑÇ áõ å³ñïǽå³Ý, ³Û¹ ûñí³ÝÇó ³Ù»Ý »ñ»ÏáÝ ÙÇ Ýáñ ÏÛ³ÝùÇ ³í»ïáõÙ ¿ñ ѳٳñíáõÙ, ÙÇ ¹»Ùù, áñÇ ³ãù»ñáõ٠׳ݳãáõÙ »ë ÇÝù¹ ù»½, ÝáõÛÝ ¿áõÃÛáõÝÁ, ÝáõÛÝ Ñ³×áõÛùÁª ÇÝù¹ ÉÇÝ»Éáõ, ÙdzëÇÝ, Ù³ßÏÁ Ù³ßÏÇÝ Ïå³Í, ßáÛ»Éáí ßáõß³ÝÇ Í³ÕϳûñÃÇó ¿É ùÝùáõß ·Çß»ñÁ£ ijٳݳÏÁ ¹»é ãÇ Ñ³ëáõݳó»É£ ²Ûë Ý»ñϳÝ, áñÁ Ýñ³Ý ëïÇå»ó Ëáë»É, ³Ûɨë ãÇÙ³Ý³É Ã» ÇÝãÇó ¿ ³ÛÝ µ³Õϳó³Í£ ºí ݳ Çñ Ñ»ñÃÇÝ ³ÝͳÝáÃÇÝ Çñ ÏÛ³ÝùÝ ¿ å³ïÙáõÙ, ÷ëË³Í ß³ù³ñÇ ÙÇ Ñëϳ ÏáõÛï ϳ٠·³ñß³ÑáïáÕ ÏÕ³Ýù£ ºí ³Ñ³ »ñÏáõëÝ ¿É í»ñ³·ï»É ¿ÇÝ ³ÝÏÙ³ÝÁ ݳËáñ¹³Í ûñ»ñÁ, ¨ ³åñáõÙ ¿ÇÝ ³é³Ýó í³ËÇ, ù³Ý½Ç ׳ݳã»É ¿ÇÝ Ù»ÏÁ ÙÛáõëÇÝ, Ñ»ñÃáí ѻ層Éáí µ³ñµ³ñáë Ñ»ÍÛ³ÉÝ»ñÇÝ, ϳ٠ó³Ýϳå³ïí³Í å³ñïǽ³ÏÁ Ù߳ϻÉáí, áõñ ³Ýáõß³Ñáï Ëáï»ñÝ ¿ÇÝ ³×áõÙ, ϳ٠³Ýï³éáõÙ å³éϳͪ Ññ»ßï³Ï³å»ï»ñÇ ëÇñ³Ë³Õ»ñÇÝ Ñ»ï¨»Éáí, Ýñ³Ýó ׳ϳïÝ»ñÇÝ
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l’autre saucissonnant sur les dalles, comme on écoute battre son sang sur l’oreiller, nuits sans sommeil, cortège funèbre qui ne finira… Mais que tout ce fatras fatigue, l’oublier néanmoins risquerait de faire sombrer la barque, je la vois frêle se maintenir sur l’eau pour aller où le vent la pousse, pas de boussole, seule la lumière du couchant lui tient lieu de repère. Or la statue miraculeuse avait quitté son socle à la faveur de la nuit et s’était glissée hors de l’église, elle avait rejoint le port où des matelots l’embarquent, reine de miséricorde, elle navigue maintenant vers les terres lointaines où se retrouvent les exilés de tout poil et les rêveurs à cauchemars, plantées d’arbres maigres et dévorées de soleil, un coin d’ombre fraîche y est un prodige, l’Immaculée en ferait surgir pour ses dévots, écoutez leur murmure comme un bourdonnement dans la vallée de larmes, le plâtre auréolé d’étoiles se trouvera bientôt à tous les carrefours étendant ses mille bras vers les visages en pleurs, salut notre espérance salut. Comme il arrivait un matin venant de la ville en ruines il aperçoit du linge pendu aux fenêtres, la cheminée fume, le portail du clos est ouvert. Il s’approche et se plante sur le seuil. Je suis dit-il le propriétaire, puis se reprenant j’ai cette maison, puis cette maison, il bafouille devant le romano qui l’accueille installé là avec sa femme et son enfant. Vous prendrez bien un verre. Alors l’arrivant entre dans la cuisine où il ne reconnaît plus le mobilier, il s’assoit sur une chaise qu’on lui désigne, il prend des deux mains le verre qu’on lui tend. Et il écoutait l’autre lui faire les honneurs de sa maison, nous manquons de personnel, une bonne et un jardinier si ça vous intéresse. Miaille se taisait écoutant la suite des mots dans cette phrase rabâchée, pas un ne manquait, c’était donc cela occuper la demeure, une formule mesurée, concrète et mys-
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térieuse, elle est partout dans les chambres, dans les greniers, dans la grange, articulée par le moindre courant d’air, habitant le silence des lits et des armoires, seule maîtresse des lieux. Et il tâchait de la redire en vain, les mots ne lui parvenaient plus, éden disparu de sa mémoire. Alors il a dit je serai la bonne et le jardinier, j’ai mes bagages devant la porte, j’aurai un trou dans le foin pour dormir et ma musette sous la tête pleine de factures de gargotes et de lettres au disparu. Alors recommença le cycle rôles inversés, il se levait matin pour courir de l’étable à la porcherie et de la grange au cellier, il n’arrêtait pas jusqu’au soir où son brouet lui était servi sous l’auvent, l’autre lui refusait toute compagnie, puis allait dormir dans le foin où se réalisait la vieille hantise, retourner les mains vides à son point de départ, encore s’estimait-il heureux d’être dans les murs mais que durerait la volonté de l’autre, un jour d’un geste il le ferait déguerpir et reprendre la route qui ne mène nulle part. Vieille hantise. Le cycle à rebours. Ainsi ne parlerait-on plus jamais du maître et du serviteur, dérision, mais de l’occupant et de l’exilé. Mais il sursaute, il a parlé en rêve et se frotte les yeux pendant que le lourd navire s’éloignait des rives avec sa statue de plâtre, il accosterait ailleurs pour la gloire d’Éros, d’autres s’y méprendraient en balbutiant la honteuse prière, montrez-nous le fruit. Dictant la lettre amoureuse d’elle-même, cette phrase empoisonnée que savoure le Narcisse d’Epinal, on le voit couché sur le flanc, il se mire dans le cristal en question, une mare infecte où barbotent des canards, puis il se lève avec dans les yeux sa victoire toute neuve et va forniquer dans le bois ou se complaire à voir forniquer les autres, sa jouissance ne sourd que de son image lentement défaite par lui-même.
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Bien avant qu’il ne s’en aille disait l’étranger au nouvel occupant j’avais compris que je ne lui survivrais pas. Et je ne lui ai pas survécu, quelqu’un d’autre parle aujourd’hui pour celui que j’étais, preuve en soi ma présence dans cette maison que je ne reconnais guère, vous en avez maintenant la charge. Il ouvrait sa musette au milieu de la nuit, la clarté de la lune ne suffisait pas pour en faire l’inventaire, promenait sur ses lettres le rayon d’une torche électrique et ne dormait plus, le sommeil déserte le malheur. Mais il sursaute, il a pleuré en rêve et se frotte les yeux, qu’est-ce que cette histoire d’occupant et d’exilé et cette théorie d’archanges à poil, de barbares célestes, de fleurs aux endroits mal venus, qu’est-ce que cette plainte sans cesse de femme ou de vache en chaleur, qui dicte ces lamentations, quel histrion s’est chargé de ma perte et me geint ces litanies de paumé. Car il ne reconnaissait plus son sommeil, celui d’un autre l’a étouffé, il se promène dans un rêve ennemi plein de traquenards. Jamais parlé cet idiome. Images qui reviennent comme l’obsession d’un autre, qu’en faire sinon les apprivoiser mais il avait beau s’ingénier elles gardaient le sceau barbare. C’est alors que Narcisse lui revint en tête et il se penchait au balcon pour le découvrir sur la plage. L’autre y était, tout au bord de l’eau, couché sur le flanc. Ils sont allés le rejoindre et de loin plaisantaient lui criant des obscénités. Le soleil était de plomb, le sable brûlant. Ils se sont approchés et soudain furent stoppés net par le cri de l’un d’eux, il est mort. Et ils virent les prunelles éteintes et la bouche entrouverte. Les cheveux étaient plaqués sur la nuque, la main droite était crispée sur la cuisse. Ils ont doucement remonté le corps parmi les lys des sables le soulevant sous les aisselles et ont posé sur le visage un linge blanc. L’été
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avait fait place à l’automne et des brumes s’élevaient de la mer, les collines à l’horizon disparaissaient sous des nuages bas. Le temps de l’exil était revenu et de longs cortèges s’ébranlèrent dans toute la contrée pour converger vers le cadavre et tous faisaient cercle autour de lui comme la troupe de ses frères autour du cygne mort. Je les vois dit-il à l’inconnu, ils ont des bonnets roses ou bleus et certains sont affublés de longs manteaux, ils portent un sac de paille tressée où ils mettent leurs aliments. Mes yeux s’attachent aux hommes dévêtus, ils n’ont que la peau sur les os et leur sexe ballotte entre leurs cuisses comme des figues trop mûres. Ils sont beaux comme les morts de l’Orient. Ils viennent rendre témoignage. Et l’inconnu demandait de quoi ils avaient été témoins mais l’autre ne savait plus ou feignait de ne plus savoir, trop de souvenirs l’assaillaient et sa gorge s’étrangle. Ce passé à dissoudre et le futur itou. Quand on remonte de la mer vers les collines on voit s’étendre le pays sec et blanc. Les cortèges avancent péniblement comme des chenilles dans le creux des vallons. Quelque chose s’est dissout dans l’air, qu’il est difficile de nommer. La mort est partout. Le Narcisse en question s’est multiplié sur la plage, elle était couverte de cadavres. L’odeur se répandait dans le pays. Les cortèges étaient guidés par elle vers le littoral et la fête continuerait dans les siècles des siècles. Et verbum caro factum est. Sa création disait le romano, de tout temps imparfaite, de tout temps à sauver, nous sommes liés à son péché. Le plus beau des enfants des hommes. Ça recommencerait éternellement avec le plus beau sexe qui ait jamais été. Le tabernacle. Il ne prenait même plus la peine de se boutonner, tout le paquet
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µ³ó µ»ñ³ÝÁ£ س½»ñÁ ÉÕá½í»É ¿ÇÝ ÍáÍñ³ÏÇÝ, ³ç Ó»éùÁ ³½¹ñÇÝ çÕ³Ó·í³Í£ ²ÝáõÃÝ»ñÇó µéÝ»Éáí ½·áõßáõÃÛ³Ùµ í»ñ ù³ß»óÇÝ Ù³ñÙÇÝÁ ³í³½³ßáõß³ÝÝ»ñÇ ³ñ³Ýùáí ¨ ëåÇï³Ï Ïïáñ ¹ñ»óÇÝ ¹»ÙùÇÝ£ ²Ù³éÁ ï»ÕÁ ½Çç»É ¿ñ ³ßݳÝÁ ¨ ÍáíÇó Ùßáõß ¿ñ µ³ñÓñ³ÝáõÙ, ÑáñǽáÝáõÙ µÉáõñÝ»ñÝ ³ÝÑ»ï³ÝáõÙ ¿ÇÝ Ï³Ëí³Í ³Ùå»ñÇ Ñ»ï¨áõÙ£ ²ùëáñÇ Å³Ù³Ý³ÏÁ í»ñ³¹³ñÓ»É ¿ñ ¨ ³ÙµáÕç ßñç³Ýáí Ù»Ï »ñϳñ ß³ñ³ëÛáõÝ»ñ ¿ÇÝ ß³ñÅíáõÙª ¹Ç³ÏÇ Ùáï Çñ³ñ ѳݹÇå»Éáí ¨ µáÉáñÁ Ýñ³ ßáõñçÁ ßñç³Ý ϳ½Ù»óÇÝ, ÇÝãå»ë Ù»é³Í ϳñ³åÇÝ ßñç³å³ïáÕ »Õµ³ÛñÝ»ñÁ£ î»ëÝáõÙ »Ù Ýñ³Ýó, ³ë³ó ݳ ³ÝͳÝáÃÇÝ, í³ñ¹³·áõÛÝ Ï³Ù »ñÏݳ·áõÛÝ ·É˳ñÏÝ»ñáí »Ý, áÙ³Ýó ѳ·Çݪ »ñϳñ ÃÇÏÝáóÝ»ñ, ÑÛáõëÏ»Ý ÍÕáïÇó å³Ûáõë³ÏÝ»ñ »Ý ÏñáõÙ, áñï»Õ Çñ»Ýó ëÝáõÝ¹Ý »Ý å³ÑáõÙ£ ²ãù»ñë ϳݷ »Ý ³éÝáõÙ Ù»ñÏ ïÕ³Ù³ñ¹Ï³Ýó íñ³, áëÏáñÝ»ñÇ íñ³ ÙdzÛÝ Ï³ßÇÝ ¿ Ùݳó»É, ÇëÏ ³éݳݹ³ÙÝ»ñÁ ï³ñáõµ»ñíáõÙ »Ý ³½¹ñ»ñÇ ³ñ³ÝùáõÙ, ÇÝãå»ë ã³÷Çó ³í»ÉÇ Ñ³ëáõݳó³Í Ãáõ½£ ¶»Õ»óÇÏ »Ý, ÇÝãå»ë ²ñ¨»ÉùÇ Ù»éÛ³ÉÝ»ñÁ£ ¶³ÉÇë »Ý íϳÛáõÃÛáõÝ ï³Éáõ£ ²ÝͳÝáÃÁ ѳñóÝáõÙ ¿ñ, û ÇÝãÇ íϳ »Ý »Õ»É, µ³Ûó ÙÛáõëÝ ³ñ¹»Ý ã¿ñ ÑÇßáõÙ, ϳ٠Ө³óÝáõÙ ¿ñ û ãÇ ÑÇßáõÙ, ã³÷Çó ³í»ÉÇ ß³ï ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñ ¿ÇÝ å³ß³ñ»É Ýñ³Ý ¨ ÏáÏáñ¹Á ÏÍÏíáõÙ ¿ñ£ î³ññ³ÉáõÍ»Éáõ »Ýóϳ ³Ûë ³ÝóÛ³ÉÁ, ¨ ³å³·³Ýª Ýٳݳå»ë£ ºñµ ÍáíÇó µÉáõñÝ»ñÇ ÏáÕÙÝ »ë µ³ñÓñ³ÝáõÙ, »ñ¨áõÙ ¿ ãáñ ¨ ëåÇï³Ï »ñÏÇñÁª ³é稹 ÷éí³Í£ Þ³ñ³ëÛáõÝ»ñÁ ¹³Ý¹³Õ µ³ñÓñ³ÝáõÙ »Ý, ÇÝãå»ë ÃñÃáõéÝ»ñÁ ·á·³ÑáíÇïÝ»ñáõÙ£ ÆÝã-áñ µ³Ý ï³ññ³ÉáõÍí»É ¿ û¹áõÙ, ÇÝã-áñ µ³Ý, áñÇÝ ¹Åí³ñ ¿ ³ÝáõÝ ï³É£ سÑÝ ³Ù»Ýáõñ ¿£ ÐÇßÛ³É Ü³ñóÇëÁ µ³½Ù³å³ïÏí»É ¿ñ ÉáÕ³÷ÇÝ, áñÁ ¹Ç³ÏÝ»ñáí ¿ñ ͳÍÏí»É£ ÐáïÁ ï³ñ³ÍíáõÙ ¿ñ »ñÏñáí ٻϣ Þ³ñ³ëÛáõÝ»ñÝ ³Û¹ Ñáïáí áõÕÕáñ¹í»Éáí ¹»åÇ ³÷ ¿ÇÝ ·³ÉÇë ¨ Ëñ³Ë׳ÝùÁ ß³ñáõݳÏí»Éáõ ¿ñ ѳíÇïÛ³Ýë ѳíÇï»ÝÇó£ ºõ µ³ÝÁ Ù³ñÙÇÝ »Õ»õ£ Üñ³ ³ñ³ñáõÙÁ, ³ëáõÙ ¿ñ ·ÝãáõÝ, ³Ýϳï³ñ ¿ µáÉáñ ųٳݳÏÝ»ñáõÙ, ÙÇßï ÷ñÏáõÃÛ³Ý Ï³ñáï, Ù»Ýù ϳåí³Í »Ýù Ýñ³ Ù»ÕùÇÝ£
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était exposé au soleil et le peuple entonnait o salutaris. Le romano guettait son hôte du coin de l’œil. Ce désert où pénétrer nu, dépourvu, sans souvenir. Je le voyais dit-il quitter ses vêtements qu’il posait sur un bouquet d’épines et se mettre en marche mais de si loin peut-être le prenais-je pour son camarade, ils avaient même stature, même maigreur, même squelette. Et j’imaginais que tous deux avaient quitté leurs vêtements et s’éloignaient en directions opposées pour aller retrouver aux antipodes loin des dunes et des collines la partie d’eux-mêmes que l’un pour l’autre représentait. Mais c’était illusoire. La moitié perdue l’était à jamais et leur exode ne finirait que dans le renoncement. L’ermite avait établi ses quartiers dans la région boisée, si bien caché qu’il fallait ce qu’ils appellent un hasard pour le découvrir. Moi je dis que ce hasard n’est autre qu’identification, on ne trouve l’ermite qu’en souffrant de sa solitude. Dès lors plus de rencontre possible, le mouvement est unique, produit par un seul mécanisme. Et voilà l’illusion. Miaille écoutait ces simples paroles et reprenait un verre que l’autre lui servait. Le nombre deux de tous le plus imparfait. Et cette notion de patrie qui va s’amenuisant, toute identification devenue impossible. A moins que l’ermite lui-même ne la cultive, fourvoyé par le chagrin et n’accueille l’exilé comme son double, tout serait à refaire, de division en division, pour aboutir au nombre mortel, un plus un égale le néant. Ou que Narcisse ne soit pas mort et ne se mire ad vitam dans la mare infecte. Lui prêter toute notre attention. Serait ainsi la clef du problème, multipliant ses formes sur la plage, chacune occupée d’elle-même mais donnant avec ses voisines l’illusion d’une foule comme la donnerait le cortège des paumés.
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سñ¹Ï³Ýó »ñ»Ë³Ý»ñÇó ³Ù»Ý³·»Õ»óÇÏÁ£ ²Ù»Ý ÇÝã Ïí»ñëÏë»ñ ѳí»ñÅáñ»Ýª »ñµ¨¿ ·áÛáõÃÛáõÝ áõÝ»ó³Í ³Ù»Ý³·»Õ»óÇÏ ³éݳݹ³Ùáí£ Êáñ³ÝÁ£ ²Ûɨë ÝáõÛÝÇëÏ Ïá׳ÏÝ»ñÁ Ïá×Ï»Éáõ Ý»ÕáõÃÛáõÝ ã¿ñ ÏñáõÙ, ³ÙµáÕçÁ óáõó³¹ñí³Í ¿ñ µ³ó »ñÏÝùÇ ï³Ï ¨ ÅáÕáíáõñ¹Á »ñ·áõÙ ¿ñª û ϻݳñ³ñ£ ¶ÝãáõÝ ³ãùÇ åáãáí Çñ ÑÛáõñÇÝ ¿ñ Ñ»ï¨áõÙ£ ²Ý³å³ïÝ ³Ûë, áõñ ÁÝÏÕÙí»ë Ù»ñÏ, ³Ù»Ý ÇÝãÇó ½ñÏí³Í, ³é³Ýó ÑÇßáÕáõÃ۳ݣ î»ë³, ³ëáõÙ ¿ ݳ, ÇÝãå»ë ѳݻó ѳ·áõëïÁ ¨ ¹ñ»ó ÷ß»ñÇ ÙÇ ÷ÝçÇ íñ³ áõ ·Ý³ó, µ³Ûó ³ÛÝù³Ý Ñ»éáõ ¿ñ, ·áõó» Ýñ³Ý Çñ ÁÝÏ»ñáç ï»ÕÝ ¿Ç ¹ñ»É, ÝáõÛÝ Ï³½Ùí³ÍùÝ áõÝ»ÇÝ, ÝáõÛÝ ÝÇѳñáõÃÛáõÝÁ, ÝáõÛÝ áõñí³·ÇÍÁ£ ºí ÇÝÓ ÃíáõÙ ¿ñ, û »ñÏáõëÝ ¿É Ñ³Ý»É ¿ÇÝ Ñ³·áõëïÝ»ñÁ áõ Ñ»é³ÝáõÙ ¿ÇÝ Ñ³Ï³é³Ï áõÕÕáõÃÛáõÝÝ»ñáí, áñå»ë½Ç ³í³½³µÉáõñÝ»ñÇó áõ ë³ñ»ñÇó Ñ»éáõ, »ñÏáõ ѳϳ¹Çñ µ¨»éÝ»ñáõÙ ·ïÝ»Ý Çñ»Ýó ÇëÏ ³ÛÝ Ù³ëÁ, áñ Ù»ÏÁ ÙÛáõëÇ Ñ³Ù³ñ ¿ÇÝ Ý»ñϳ۳óÝáõÙ£ ê³Ï³ÛÝ ¹³ å³ïñ³Ýù ¿ñ£ Îáñëí³Í Ï»ëÝ ³éѳí»ï ¿ñ Ïáñ»É ¨ Ýñ³Ýó ï»Õ³Ñ³ÝáõÃÛáõÝÁ ϳí³ñïí»ñ ÙdzÛÝ Ññ³Å³ñáõÙáí£ Ö·Ý³íáñÁ µÝ³ÏáõÃÛáõÝ ¿ñ ѳëï³ï»É ³Ýï³é³å³ï ßñç³ÝáõÙ, ³ÛÝù³Ý ɳí óùÝí³Í, áñ ÇÝãå»ë ³ëáõÙ »Ý, å³ï³Ñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝÁ ÉáÏ Ï³ñáÕ ¿ñ û·Ý»É ·ïÝ»É Ýñ³Ý£ ÆëÏ »ë ³ëáõÙ »Ù, áñ ³Û¹ å³ï³Ñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝÁ áã ³ÛÉ ÇÝã ¿, »Ã» áã ÝáõÛݳóáõÙ, ׷ݳíáñÇÝ Ï³ñ»ÉÇ ¿ ·ïÝ»É ÙdzÛÝ Ýñ³ Ù»ÝáõÃÛ³Ý ï³é³å³ÝùÁ Ïñ»Éáõ ¹»åùáõÙ£ àõëïÇ Ñ³Ý¹ÇåáõÙÝ ³Ûɨë Ñݳñ³íáñ ã¿, ß³ñÅáõÙÁ »½³ÏÇ ¿, ÙÇ³Ï Ù»Ë³ÝǽÙÇó ÍÝíáÕ£ ²Ñ³ ¨ å³ïñ³ÝùÁ£ ØdzÛÁ ÉëáõÙ ¿ñ ³Û¹ å³ñ½ Ëáëù»ñÝ áõ ÙÛáõëÇ å³ñ½³Í ѳçáñ¹ µ³Å³ÏÁ í»ñóÝáõÙ£ ºñÏáõ ÃÇíÁ, µáÉáñÇó ³Ù»Ý³³Ýϳï³ñÁ£ ºí ѳÛñ»ÝÇù ѳëϳóáõÃÛáõÝÁ ³í»ÉÇ áõ ³í»ÉÇ ¿ Ý߳ݳÏáõÃÛáõÝÁ ÏáñóÝáõÙ, ù³Ý½Ç ó³Ýϳó³Í ÝáõÛݳóáõÙ ³ÝÑݳñ ¿ ¹³ñӻɣ ºÃ» ÇѳñÏ», íßïÇó ÙáÉáñí³Í, ׷ݳíáñÝ ÇÝùÁ ãÇ Ýå³ëïáõÙ ¹ñ³Ý ¨ ³ùëáñÛ³ÉÇÝ ÑÛáõñÁÝϳÉáõÙ áñå»ë Çñ ÏñÏÝûñÇݳÏÇÝ, ³Ù»Ý ÇÝã å»ïù ÏÉÇÝ»ñ ÝáñÇó ëÏë»É, µ³Å³-
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Il referait le tour des bâtiments à la nuit tombée mais sans hâte désormais, dépris de toute illusion. Et peutêtre celle d’un autre viendrait-elle mettre un terme provisoire à cette quête du néant, belle comédie, d’un rien à l’autre par ces passerelles de vent. Se prenait à invoquer le plâtre fantomatique qui semblait lui tendre les bras, il était soulevé dans l’air du soir et survolait le cadre où évoluent ses simulacres, le clos, la cour, la grange, le petit bois, la route qui ne mène nulle part, elle débouche sur ce désert où les directions n’ont pas été nommées, on y tourne en rond selon la marche du soleil, les arbres maigres ne sont qu’un, on le retrouve à chaque cycle, et les vallons cette déclivité peu profonde appelée vallée des larmes par les exilés de tout poil. Cette maison n’aurait existé qu’en songe au temps du rut, éden disparu des mémoires, ouverte à chacun selon son désir ou son mal puis évanouie le jour d’après, ils croyaient l’habiter encore mais c’est elle qui dans les ténèbres n’en finit pas de se dissoudre. Formule purgée de sens. Retourner les mains vides. Survolant l’aire des simulacres il aurait pu la faire tenir sur un timbre-poste, celui pour en finir avec la logique collé au coin de la lettre amoureuse, l’adresse y est lisible pour le seul Narcisse qui se décompose au bord de la mare. Puis il voyait le garçon nu décacheter cette lettre mais ne pouvoir la lire, ses yeux étaient clos à jamais, il retenait encore son souffle l’espace de quelques secondes et s’affalait, bouche ouverte. Nous l’avons tiré sur la plage disait le romano et doucement remonté parmi les lys des sables. Le linge blanc sur son visage. Le promeneur attardé les aurait surpris à cette tâche funèbre, il n’aurait pas questionné, se serait retiré et
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ÝáõÙÇó µ³Å³ÝáõÙª ٳѳóáõ ÃíÇÝ Ñ³Ý·»Éáõ ѳٳñ, Ù»Ï ·áõÙ³ñ³Í Ù»Ï Ñ³í³ë³ñ ¿ ³Ý¿áõÃ۳ݣ γ٠»Ã» ܳñóÇëÁ Ù»é³Í ãÉÇÝÇ ¨ ѳí»ñÅáñ»Ý ½Ù³ÛÉíÇ ÇÝùÝ Çñ»Ýáí Ý»Ë³Í É׳ÏáõÙ£ Ø»ñ áÕç áõß³¹ñáõÃÛáõÝÁ Ýñ³Ý 먻é»É£ ²Û¹åÇëáí ËݹñÇ µ³Ý³ÉÇÝ ÏÉÇÝ»ñ, ÉáÕ³÷ÇÝ Çñ å³ïÏ»ñÝ»ñÁ µ³½Ù³óÝ»Éáí, áñáÝóÇó Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñÝ ÇÝùÝ Çñ»Ýáí ½µ³Õí³Í ÏÉÇÝ»ñ, µ³Ûó Çñ ѳñ¨³ÝÝ»ñÇ Ñ»ï ÙdzëÇÝ µ³½ÙáõÃÛ³Ý å³ïñ³ÝùÁ Ïëï»ÕÍ»ñ, ×Çßï ÇÝãå»ë áÕáñÙ»ÉÇÝ»ñÇ ß³ñ³ëÛáõÝÁ£ Îåïïí»ñ ϳéáõÛóÝ»ñÇ ßáõñçÁ ÙáõÃÝ ÁÝÏÝ»Éáõó Ñ»ïá, µ³Ûó ³Ûë ³Ý·³Ù ³é³Ýó ßï³å»Éáõ, µáÉáñ å³ïñ³ÝùÝ»ñÇó ³½³ïí³Í£ ºí ·áõó» Ù»Ï áõñÇßÇ å³ïñ³ÝùÁ ųٳݳϳíáñ³å»ë í»ñç Ϲݻñ ³Ý¿áõÃÛ³Ý ³Ûë áñáÝÙ³ÝÁ, ·»Õ»óÇÏ Ï³ï³Ï»ñ·áõÃÛáõÝ, Ù»Ï áãÝãÇó ÙÛáõëÇÝ ³ÝóÝ»Éáíª ³ÝÇñ³Ï³Ý ³ÝóáõÕÇÝ»ñáí£ êÏë»ó ³Õ»ñë»É óÝáñ³Ï³Ý ·Çåë» ³ñÓ³ÝÇÏÇÝ, áñÁ ϳñÍ»ë Ó»éù»ñÝ Çñ»Ý ¿ñ å³ñ½áõÙ, µ³ñÓñ³ó»É ¿ñ »ñ»ÏáÛ³Ý û¹Ç Ù»ç ¨ åïáõÛï ï³ÉÇë ³ÛÝ ï³ñ³ÍùÇ í»ñ¨áõÙ, áõñ ÙdzÛÝ Çñ óÝáñ³Ï³Ý å³ïÏ»ñÝ»ñÝ ¿ÇÝ ß³ñÅíáõÙ, ó³Ýϳå³ïí³Í å³ñïǽ³ÏÁ, µ³ÏÁ, Ù³ñ³·Á, ³Ýï³é³ÏÁ, áã ÙÇ ï»Õ ãï³ÝáÕ ×³Ý³å³ñÑÁ, áñ ѳëÝáõÙ ¿ ³ÛÝ ³Ý³å³ïÇÝ, áñï»Õ áõÕÕáõÃÛáõÝÝ»ñÁ ã»Ý Ýß³·Íí»É, áñï»Õ ³ÝÁݹѳï ÝáõÛÝ ÷³Ï åïáõÛïÝ »ë ϳï³ñáõÙª ³ñ»·³ÏÇ ß³ñÅÙ³ÝÁ ѻ層Éáí, ËÕ×áõÏ Í³é»ñÁ Ù»Ï ÁݹѳÝáõñ Í³é »Ý ¹³ñÓ»É, áñÇÝ ÝáñÇó ѳݹÇåáõÙ »ë ³Ù»Ý åïáõÛïÇÝ, ÇëÏ ³Ýï³é³å³ï ÑáíÇïÝ»ñÁª ³Ûë áã ËáñÁ ·á·³íáñáõÃÛáõÝÁ, áñÇÝ ³Ù»Ý ï»ë³ÏÇ ³ùëáñÛ³ÉÝ»ñÁ ³ñï³ëáõùÇ ÑáíÇï »Ý ÏáãáõÙ£ ²Ûë ïáõÝÁ ѳí³Ý³µ³ñ ·áÛáõÃÛáõÝ ¿ áõÝ»ó»É ÙdzÛÝ »ñ³½áõÙª ÏïÕ³ÝùÇ Å³Ù³Ý³ÏÝ»ñáõÙ, ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñÇó Ïáñ³Í »¹»Ù, ¨ µ³ó ¿ñ Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñÇ ³é稪 Ýñ³ ó³ÝÏáõÃÛ³ÝÁ ϳ٠Ýñ³ ó³íÇÝ Ñ³Ù³å³ï³ë˳Ý, µ³Ûó ³ÝÑ»ï³ÝáõÙ ¿ñ ѳçáñ¹ ûñÁ, Ýñ³Ýù ¹»é ϳñÍáõÙ ¿ÇÝ, û ³ÛÝï»Õ »Ý ³åñáõÙ, ÙÇÝã¹»é ïáõÝÝ ³ÝѳïÝáõÙ ï³ññ³ÉáõÍíáõÙ ¿ñ ˳í³ñÇ Ù»ç£ ÆÙ³ëïÇó å³ñåí³Í µ³Ý³Ó¨£ ì»ñ³¹³éÝ³É ¹³ï³ñϳӻéÝ£ äïáõÛï ï³Éáí óÝáñ³Ï³Ý å³ïÏ»ñÝ»ñÇ íñ³Ûáí, áñ
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poursuivrait sa ronde à la limite des bâtiments en ruine, son parcours gauchirait au tour suivant et c’est dans le désert qu’il continuerait à marcher croyant encore cerner la maison, elle s’était éteinte avec le souffle de Narcisse. Il y a beaucoup de noyés continuait le romano, tous à cet endroit, il suffit d’attendre après l’orage, vous ne remontez jamais les mains vides. Et Miaille rapprochait ces mains-là des siennes, porteuses de cadavres depuis beau temps mais ils sont si légers les squelettes du rêve, on ne les sent guère peser, on se croit les mains vides alors qu’elles soutiennent un monceau de charogne. Et ils sont lourds poursuivait l’autre, vous n’avez pas idée, à peine parvient-on à les soulever, et durs comme du bois, vous croyez charger une poutre. Ou un gibet. Cette croix plantée au milieu des collines. Le fruit béni y était cloué. De quoi avait-il été témoin. De quelque chose d’antérieur dit l’autre avec humour, partant jamais passé, éternellement futur, d’un nonsens qui se propageait à la surface, ferait se précipiter dans les gouffres autrement dit nulle part, à l’intérieur, tout ce qu’il engendrerait et premièrement le fils de l’homme, ce péché précaire est sans signification, la position de témoin ayant été suscitée par ce mécanisme déglingué avant le temps donc à jamais inaccessible. Il n’avait donc été témoin de rien émettait timidement Miaille. Non répondait le romano puisqu’il n’était qu’un accident. Alors pourquoi s’appeler le verbe. Mais l’autre jetait un coup d’œil dans la cour et disait les cochons ont franchi la clôture, allez-y mettre bon ordre.
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Et Miaille se levait, il serait le porcher, et il faisait rentrer les bêtes dans le clos qui n’abriterait plus d’aromates. Et il s’interrogeait sur la source de ses souvenirs et l’ange à ses côtés ricanait, nous t’en ferons d’autres au sujet de quoi t’interroger, Miaille bougonne, la voix de l’ange devenue familière. C’était donc moi dit-il qui engendrais des simulacres à ma mesure, je ne serai plus dupe. Le matin suivant comme il sortait de son foin en se frottant les yeux il voit l’ange endormi, il s’approche, il le secoue par l’épaule et crie moi aussi je t’en ferai des souvenirs. Or c’était le garçon aux delphiniums qui sursaute, Miaille bafouillait des excuses. L’autre se met debout, saisit une fourche dont il le menace par jeu et sort de la grange. Et Miaille le suivait bien après qu’il eut disparu. De deux choses l’une dit-il. Ou rien de ce que j’ai vu depuis mon retour n’a de vie réelle et je ne peux m’en prendre qu’à moi-même disons à mon état de santé, ou tout se passe comme si je n’étais pas de retour, poursuivant son cours normal, et je ne suis qu’un témoin supposé, loin de ma carcasse qui se débrouille ailleurs. Il faut choisir. Le temps du choix. Ce genre de balivernes. Il trempait son pain dans son jus, assis sur le bord du pressoir, l’œil bleu délavé, les épaules rentrées dans sa maigreur de squelette, il ressemble… Deux générations de claire conscience et de combat. C’est alors que la tête pourrit. Dans les ténèbres extérieures. Rejeté de lui-même, vidé de son souffle ou de ce qu’il croyait tel on le voyait le matin refaire le trajet clopinclopant, le cheveu hirsute, la barbe poivre et sel et d’aucuns disaient qu’il ne souffrait pas, on l’interrogeait sur les menus faits du jour, il répondait inlassable tout est bien. Un rictus s’était installé au coin de la bouche et persistait dans son sommeil.
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Ý»ñë, ³ÛÝ ³Ù»ÝÝ, ÇÝãÇ ÍÝáõݹ Ïï³ñ, ¨ ³é³çÇÝ Ñ»ñÃÇÝ Ø³ñ¹áõ àñ¹áõÝ, ³Ûë å³ï³Ñ³Ï³Ý ¨ ³ÝÝß³Ý Ù»ÕùÁ, ù³Ý½Ç íϳÛÇ ¹ÇñùÁ ëï»ÕÍí»É ¿ ³Ûë ÷ã³ó³Í ٻ˳ÝǽÙÇ ÏáÕÙÇó ųٳݳÏÇó ³é³ç, áõëïÇ ¨ ѳí»ñÅáñ»Ý ³Ýѳë³Ý»ÉÇ ÏÉÇÝÇ£ àõñ»ÙÝ áãÝãÇ íϳ ãÇ »Õ»É, »ñÏãáï ³ñï³ë³Ý»ó ØdzÛÁ£ àã, å³ï³ë˳ݻó ·ÝãáõÝ, ù³Ý½Ç ݳ ÙdzÛÝ å³ï³Ñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝ ¿ñ£ àõñ»ÙÝ ÇÝãáõ Ïáãí»É Êáëù£ ´³Ûó ÙÛáõëÁ ÙÇ Ñ³Û³óù Ý»ï»ó ¹áõñë ¨ ³ë³ó, û Ëá½»ñÁ ó³Ýϳå³ïÝ ³Ýó»É »Ý, ·Ý³ó»ù ½µ³Õí»ù ¹ñ³Ýóáí£ ºí ØdzÛÁ í»ñ ϳó³í, Ëá½³ñ³ÍÝ ¿ñ ݳ¨, ¨ Ëá½»ñÇÝ å³ñïǽ³Ï Ùïóñ»ó, áñÝ ³ÛÉ¨ë µáõÛñ»ñ ã¿ñ å³ñáõݳϻÉáõ£ êÏë»É ¿ñ ϳëÏ³Í»É Çñ ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ³ÕµÛáõñÇ íñ³, ÇëÏ Ññ»ßï³ÏÁ ÏáÕùÇÝ ùÙÍÇÍ³Õ ¿ñ ï³ÉÇë, Ù»Ýù ù»½ Ùï³Ñá·í»Éáõ ³ÛÉ Ã»Ù³Ý»ñ Ïï³Ýù, ØdzÛÁ ÷ÝÃ÷ÝÃáõÙ ¿, Ññ»ßï³ÏÇ Ó³ÛÝÝ ³ñ¹»Ý ѳñ³½³ï ¿ñ ¹³ñӻɣ àõñ»ÙÝ »ë »Ù »ñ¨Ç ÇÙ å³ïÏ»ñáí óÝáñùÝ»ñ ³é³ç³óÝáõÙ, ³Ûɨë ã»Ù ˳µíÇ£ гçáñ¹ ³é³íáï, »ñµ ³ãù»ñÁ ïñáñ»Éáí Çñ ËáïÇ ÙÇçÇó ¹áõñë ¿ñ ·³ÉÇë, ï»ë³í ùáõÝ Ùï³Í Ññ»ßï³ÏÇÝ, Ùáï»ó³í, áõëÁ óÝó»ó ¨ µ³ó³Ï³Ýã»ó© »ë ÝáõÛÝå»ë ù»½ ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñ ÏÃáÕݻ٣ ²ñ¹, ³Û¹ ¹É÷ݳÏÝ»ñáí ïÕ³Ý ¿ñ, áñ í»ñ Ãé³í, ØdzÛÁ Ý»ñáÕáõÃÛáõÝ ÏÙÏÙ³ó£ ØÛáõëÁ ϳݷݻó, »Õ³Ý í»ñóñ»ó, ϳï³Ïáí ëå³éݳó ØdzÛÇÝ ¨ ¹áõñë »Ï³í Ù³ñ³·Çó£ ÆëÏ ØdzÛÁ Ñ»ï¨áõÙ ¿ñ Ýñ³Ýª Ýñ³ ³ÝÑ»ï³Ý³Éáõó Ñ»ïá ¹»é »ñϳñ ųٳݳϣ ºñÏáõëÇó Ù»ÏÁ, ³ë³ó ݳ£ γ٠í»ñ³¹³ñÓÇóë Ñ»ïá ï»ë³ÍÝ»ñÇóë áãÇÝã Çñ³Ï³ÝáõÙ ·áÛáõÃÛáõÝ ãáõÝÇ ¨ ϳñáÕ »Ù ÙdzÛÝ ÇÝÓ Ù»Õ³¹ñ»É, ³ë»Ýù, ³éáÕç³Ï³Ý íÇ׳ÏÇë, ϳ٠³Ù»Ý ÇÝã ³ÛÝå»ë ¿ ÁÝóÝáõÙ, ³ë»ë í»ñ³¹³ñÓ³Í ãÉÇÝ»Ù, Çñ ëáíáñ³Ï³Ý ÑáõÝáí, ÇëÏ »ë Áݹ³Ù»ÝÁ »Ýó¹ñÛ³É íϳ »Ùª ÏÙ³ËùÇóë Ñ»éáõ, áñÝ ³ÛÉ í³ÛñáõÙ ¿ ÇÝùÝ Çñ ׳ñÁ ï»ëÝáõÙ£ ä»ïù ¿ ÁÝïñ»É£ ÀÝïñáõÃÛ³Ý Å³Ù³Ý³ÏÝ ¿£ ²Ñ³ ³ÛëåÇëÇ ³ÝѻûÃáõÃÛáõÝ£ гóÁ ëáõñ×Ç Ù»ç ¿ñ óóËáõÙ, ·ÇÝáõ Ù³ÙÉÇãÇ »½ñÇÝ Ýëï³Í, ³ãùÁª çñÇÏ »ñÏݳ·áõÛÝ, áõë»ñÁª Ï³Ë ÁÝϳÍ, ÏÙ³Ëù³ÛÇÝ ÝÇѳñáõÃÛ³Ùµ, ÝÙ³Ý ¿...
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Le suivait bien après qu’il eut disparu. Je ne t’ai jamais aimé. Recommençait sa lecture jusqu’à confondre la voix qui parle avec la sienne, ai-je formulé cette lâcheté, dans quel but, et replongeant dans ce gouffre il tâchait face à l’ange d’éviter le mot fatal qui résonnait à son oreille et ne pouvait suivant le sort des choses dites qu’être redit, porteur de ce qu’il faudrait digérer comme le reste. Reprenait donc la plume et tâchait refondant la phrase d’éviter le mot qui revenait implacable fonder la loi nouvelle, tu ne m’auras jamais aimé, l’ombre était notre proie, comment digérer la charogne pour assumer notre sort de chose dites. Son esprit était donc bien troublé disait Miaille, quelque regard porté sur hier il n’en demeure pas moins formulé ad vitam et digéré tel quel, les interprétations possibles pur jeu de maniaque, on ne change pas les mots de lieu une fois leur corps ayant fait surface, qu’est-ce qu’il cherche à la fin, une peau qui ne serait pas la sienne, un miroir où il se verrait sans rides, un conte pour enfant sage. Or le romano ricane et Miaille ne reconnaissait plus son visage, des mots ont été changés de place dit-il et voilà la peau neuve qui aurait pu être la mienne, il faut continuer à charmer le destin, il n’aura pas le dernier mot. Dénoncer l’erreur de Miaille. Dénoncer l’erreur des exilés de tout poil, ils n’ont jamais quitté les lieux qu’ils pleurent. Pur je de maniaque. Hier et demain informulables, nous sommes aléatoires. A croquer du pain sec et à pleurer sans cesse. La torche électrique, son va-et-vient jusqu’à l’aube sur les papiers du sac. Cherche une issue dans ce labyrinthe d’énoncés. Pas d’issue suivant la direction prise.
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Aller à contre-sens. Soudain tout lui apparaît non plus comme successif, noué douloureusement jusqu’à une fin sans rémission, mais événement étale, demeures ouvertes où de l’une à l’autre il peut se rendre, il se trouve en chacune, sa place ne lui sera pas ôtée par les tribulations à venir, l’accident a fini de triompher. Et l’autre s’y trouve aussi, serein comme au premier jour, il a été pris au piège, il est l’âme de chaque demeure. Plusieurs visages identiques au miroir de qui les regarde, l’unité est reconquise. Ici se terminerait la fable mais elle tremble déjà d’avoir été collée à une moralité. Déplacer les mots, jeu sublime. Habiter chaque énoncé pour lui donner son sens. Il n’était plus dès lors le jouet mais le joueur, plus l’exilé d’une patrie problématique mais à chaque coup trouvait sa ville natale sous des ciels différents, bourdonnante des voix aimées qu’il se plaisait à situer puis à rejoindre, son oreille subtilement exercée. Retrouvailles et réminiscences. Là où tu seras je me trouverai. Et de cette petite victoire il était tenté de faire un triomphe. La torche électrique se promènerait encore sur les écrits de la musette, factures de gargotes, cartes postales, rendez-vous hâtifs, il n’y lirait plus qu’une homélie sans fin. Jamais parlé cet idiome. Quelque chose flanche quelque part. Ou bien considérant le champ de bataille il se demandait d’où il revenait et l’ange lui répond du fond de ta carcasse, peu en reviennent, tu as ce privilège. Et Miaille songeait qu’il s’en serait passé, il vacillait encore de la parousie. Après l’exil de cette vie.
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²ñ¹, ·ÝãáõÝ ùÙÍÇÍ³Õ ¿ ï³ÉÇë ¨ ØdzÛÝ ³Ûɨë Ýñ³ ¹»ÙùÁ ãÇ ×³Ý³ãáõÙ, µ³é»ñÇ ï»Õ»ñÁ ÷áË»É »Ý, ³ëáõÙ ¿ ݳ, ¨ ³Ñ³ ³ÛÝ Ýáñ Ù³ñÙÇÝÁ, áñÁ ϳñáÕ ¿ñ ÇÙÁ ÉÇÝ»É, å»ïù ¿ ß³ñáõÝ³Ï»É ÑÙ³Û»É ×³Ï³ï³·ñÇÝ, í»ñçÇÝ ËáëùÝ Çñ»ÝÁ ãÇ ÉÇÝÇ£ ØdzÛÇ ë˳ÉÁ Ù»ñϳóݻɣ î³ñ³ï»ë³Ï ³ùëáñÛ³ÉÝ»ñÇ ë˳ÉÁ Ù»ñϳóÝ»É, Ýñ³Ýù »ñµ»ù ã»Ý Éù»É ³ÛÝ í³Ûñ»ñÁ, áñáÝó ÏáñáõëïÝ »Ý ɳÉÇë£ Î³ï³ñÛ³É Ùáɳ·³ñÇ Ë³Õ£ ²ÝÓ¨³Ï»ñå»ÉÇ »ñ»Ï ¨ ³Ûëûñ, Ù»Ýù å³ï³Ñ³Ï³ÝáõÃÛ³Ý ³ñ¹ÛáõÝù »Ýù£ âáñ ѳó ÏñÍ»É ¨ ɳó»É ³Ý¹³¹³ñ£ ¾É»Ïïñ³Ï³Ý ɳåï»ñÁ, å³Ûáõë³ÏÇ ÙÇçÇ ÃÕûñÇ íñ³Ûáí ¹ñ³ »ï-áõ-³é³çÁ ÙÇÝ㨠Éáõë³µ³ó£ ²ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ³Ûë ɳµÇñÇÝÃáëáõÙ ÙÇ »Éù ¿ áñáÝáõÙ£ ÀÝïñí³Í áõÕÕáõÃÛ³Ùµ »Éù ãϳ£ гϳé³Ï áõÕÕáõÃÛ³Ùµ ·Ý³É£ гÝϳñÍ ³Ù»Ý ÇÝã Ýñ³ ³ãùÇÝ »ñ¨áõÙ ¿ áã ÇÝãå»ë ѳçáñ¹³Ï³Ý, ó³í³ÉÇáñ»Ý ÷áËÑÛáõëí³Í ÙÇÝ㨠³ÝáÕáù ³í³ñïÁ, ³ÛÉ Ï³ï³ñ»É³å»ë ³Ýß³ñÅ ÙÇ Çñ³¹³ñÓáõÃÛáõÝ, µ³ó ϳó³ñ³ÝÝ»ñ, áñáÝù ϳñáÕ ¿ ³Ûó»É»É Ù»ÏÁ ÙÛáõëÇ Ñ»ï¨Çó, Ýñ³ÝóÇó Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñáõÙ ¿ ·ïÝíáõÙ, Ýñ³ ï»ÕÝ Çñ»ÝÇó ã»Ý ËÉÇ ·³ÉÇù ÷áñÓ³ÝùÝ»ñÁ, å³ï³Ñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝÝ ³Ûɨë ãÇ Ñ³ÕóݳÏÇ£ ÆëÏ ÙÛáõëÁ ÝáõÛÝå»ë ³ÛÝï»Õ ¿, ³é³çÇÝ ûñí³ ÝÙ³Ý Ñ³Ý¹³ñï, ݳ ÍáõÕ³ÏÝ ¿ ÁÝÏ»É, Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñ ϳó³ñ³ÝÇ Ñá·ÇÝ ¿£ гۻÉáõ Ù»ç ݳÛáÕÇ Ùdzï»ë³Ï µ³½áõÙ ¹»Ùù»ñ, ÙÇáõÃÛáõÝÁ í»ñ³·ïÝí³Í ¿£ ²Ûëï»Õ ϳí³ñïí»ñ ³é³ÏÁ, ë³Ï³ÛÝ ³ÛÝ ³ñ¹»Ý ë³ñëéáõÙ ¿ª ÇÝã-áñ µ³ñáÛ³ËáëáõÃÛ³Ý Ïóí³Í ÉÇÝ»Éáõ ÙïùÇó£ î»Õ³÷áË»É µ³é»ñÁ, íë»Ù ˳գ ´Ý³Ï»óÝ»É Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñ ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõݪ ¹ñ³Ý ë»÷³Ï³Ý ÇÙ³ëïÁ ï³Éáõ ѳٳñ£ лï³Ûëáõ ݳ áã û ˳ճÉÇùÝ ¿ñ, ³ÛÉ Ë³Õ³óáÕÁ, ³Ûɨë Ëݹñ³Ñ³ñáõÛó ѳÛñ»ÝÇùÇ ³ùëáñÛ³ÉÁ ã¿ñ, ³ÛÉ ³Ù»Ý ù³ÛÉÇÝ ·ïÝáõÙ ¿ñ Çñ ÇëÏ ÍÍݹ³í³ÛñÁª ï³ñµ»ñ »ñÏÇÝùÝ»ñÇ ï³Ï, áõñ ëÇñí³Í Ó³ÛÝ»ñ ¿ÇÝ ×éíáÕáõÙ, áñáÝó ï»ÕÝ ¿ñ ÷áñÓáõÙ áñáß»É, Ñ»ïá ÙdzÝáõÙ ¿ñ ¹ñ³Ýó` ³Ï³ÝçÁ Ýñµáñ»Ý í³ñÅí³Í£ ºñϳñ µ³Å³ÝáõÙÇó Ñ»ïá ѳݹÇåáõÙÝ»ñ ¨ í»ñÑáõß»ñ£
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Ce serait donc à recommencer dit-il puisque j’en suis revenu. Pas le goût. Tripotait le fruit de vos entrailles. Toute la création fut crachée à nouveau. Certaine formulation conditionnée par le foie, d’autre par les reins, d’autre par ailleurs, chaque organe en mauvais état cherchant remède dans les mots. D’où les trouvailles fruits de l’expérience et voilà le rétablissement au détriment de l’organe voisin qui à son tour, indéfiniment. Miaille pensait à décrypter les maladies par l’analyse en question. Et fouillait dans son sac mais n’en sortait que des bribes, la difficulté s’accroît, inversement proportionnelle. Grande maîtrise pour déceler diarrhée ou coryza dans un cri. Il allait s’établir sur la place du village quand on lui dit cette discipline est déjà chevronnée, trouvez autre chose. Mais il n’était pas convaincu. Donnait ses consultations sous le manteau. Quid de l’invocation à la croix, quid de celle à l’Immaculée. Une maladie étrange que déclenche la première cigarette, vague à l’âme, désir de suicide ou tout bonnement épreinte irrésistible. Le foie ou la rate ou le cœur ou l’estomac, allez savoir. Découvrir à force d’art des organes innommés et baladeurs, voire strictement individuels. Votre estofoie, votre épicoeur, votre thyrocarde, votre reinanus. O crux ave. J’ai mal à mon pancrénum. D’autres énoncés renverraient à des organes plus nobles et plus furtifs, vous avez le doigt dessus qu’ils sont déjà loin. Je t’aime, énoncé spécifique, renverrait au plus volatil. Des siècles d’éboulements. Le champ de bataille. Cette phrase arrachée au tréfonds des consciences. S’épanouissait en surface, moirure de lymphe, de sueur et de sperme, jamais connue que sous cette apparence,
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mince pellicule, elle ne révèle rien des ses origines, pourquoi la faire issir des profondeurs, son être même est l’étalement, celui du jeu sublime dont on épouse chaque énoncé. Il retrouverait dans ses devoirs d’école, alignement de barres, de cercles, de courbes, ou mieux d’apostrophes et de virgules l’ineffable trame d’états concomitants, coexistants, interchangeables, toutes ses maladies ou ce qu’on nomme tel à l’éventaire, la santé conçue désormais comme un jeu de marelle ou de tapisserie. Divine araignée. Elle sautait d’une maille à l’autre, trouvant en chacune une mouche prise, sa subsistance. Encore fallait-il y penser. Votre chronologie est bien anachronique ditelle, je maîtrise l’espace. Seul ennemi de l’araignée le balai mais elle s’empresse de sécréter ailleurs une aire identique. Il le voyait le couple condamné se profiler sur la mer, tous deux se tenaient pas l’épaule absorbant des yeux l’élément mortel où ils croyaient trouver je ne sais quel viatique. Ennemie infatigable elle ruine tout ce qu’elle pénètre. Maris stella. Trépas d’azur. Les exilés sillonnaient aussi bien les flots qui se teintaient du sang des morts, déchiquetés par la vague et rendus au sable des rives, nulle souillure tolérée par le liquide, la pourriture retournerait à la terre. L’arbre sec tout droit au milieu de l’océan, on le retrouve à chaque cycle. Il portait des coquillages et des asticots pour la pêche. On s’approvisionnait à ses ramures. Il disparaissait la nuit aux yeux des exilés qui l’entendaient gémir jusqu’au matin. C’était l’arbre de vie. Ou le gibet. Couler à pic en l’approchant libre d’intention, il requiert l’humilité du quémandeur. Un asticot pour ma
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Ý³Ï ÙÇ ÑÇí³Ý¹áõÃÛáõÝ, áñ ѳñáõóáõÙ ¿ ³é³çÇÝ Í˳ËáïÁ, ³Ýáñáß Ã³ËÇÍ, ÇÝùݳëå³ÝáõÃÛ³Ý ó³ÝÏáõÃÛáõÝ Ï³Ù å³ñ½³å»ë ³Ý¹ÇٳݳÉÇ Í³ÏÍÏáó£ ÈÛ³ñ¹Ý ¿, ÷³ÛͳËÁ, ëÇñïÁ û ëï³ÙáùëÁ, DZÝã ÇÙ³Ý³ë£ Ø»Í ÑÙïáõÃÛ³Ý ßÝáñÑÇí µ³ó³Ñ³Ûï»É ³Ý³ÝáõÝ ¨ ó÷³é³ßñçÇÏ, ÝáõÛÝÇëϪ í»ñÇÝ ³ëïÇ׳ÝÇ ³Ýѳï³Ï³Ý ûñ·³ÝÝ»ñ£ Ò»ñ ëï³ÙáÉÛ³ñ¹Á, Ó»ñ ¿åÇëÇñïÁ, Ó»ñ í³Ñ³Ý³Ï³ñ¹Á, Ó»ñ »ñÇϳÝóùÁ£ ú êáõñµ ʳ㣠ä³ÝÏñ»ÝáõÙë ó³íáõÙ ¿£ ²ÛÉ ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÝ»ñ Ïí»ñ³µ»ñ»Ý ³é³í»É ³½Ýí³Ï³Ý ¨ ³ÝϳÛáõÝ ûñ·³ÝÝ»ñÇ, áñáÝù, ¹»é Ù³ïÁ íñ³Ý ã¹ñ³Í, ³ñ¹»Ý Ñ»éáõ »Ý£ §ºë ëÇñáõÙ »Ù ù»½¦ ³é³ÝÓݳѳïáõÏ ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÁ ϳéÝãí»ñ ³Ù»Ý³³ÝϳÛáõÝÇÝ£ öÉáõ½áõÙÝ»ñÇ ¹³ñ»ñ£ سñïÇ ¹³ßïÁ£ ¶Çï³ÏóáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ³Ýѳï³Ï Ëáñù»ñÇó å»Õ³Í ³Ûë ݳ˳¹³ëáõÃÛáõÝÁ£ î³ñ³ÍíáõÙ ¿ñ ٳϻñ»ëÇÝ, ³íßÇó, ùñïÇÝùÇó áõ ë»ñÙݳѻÕáõÏÇó ϳ½Ùí³Í ·áõݳ˳Õ, »ñµ¨¿ ³ÛÉ ï»ëùáí ѳÛïÝÇ ãÇ »Õ»É, µ³ñ³Ï óճÝÃ, áñÝ Çñ ͳ·Ù³Ý ·³ÕïÝÇùÝ ³Ù»Ý¨ÇÝ ãÇ µ³ó³Ñ³ÛïáõÙ, ÇÝã ϳñÇù ϳ ëïÇå»É Ýñ³Ýª ¹áõñë ·³Éáõ Ëáñù»ñÇó, Ýñ³ ¿áõÃÛáõÝÝ ÇëÏ óáõó³¹ñáõÙ ¿© óáõó³¹ñáõÙÝ ³ÛÝ Ñdzëù³Ýã ˳ÕÇ, áñÇ Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñ ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝ áñ¹»·ñáõÙ »ë£ Æñ ¹åñáó³Ï³Ý ïݳÛÇÝ ³ß˳ï³ÝùÝ»ñÇ Ù»ç, áñ ÉÇ ¿ÇÝ Çñ³ñ ÏáÕù ß³ñí³Í ·ÍÇÏÝ»ñáí, ßñç³Ý³ÏÝ»ñáí, Ïáñ»ñáí, ϳ٠áñ ³í»ÉÇ Ñ»ï³ùñùÇñ ¿ª ³å³Ã³ñó»ñáí ¨ ëïáñ³Ï»ïÝ»ñáí, Ï·ïÝ»ñ ½áõ·ÁÝóó, ѳٳ·áÛ³ÏóáÕ, ÷á˳ñÇÝ»ÉÇ íÇ׳ÏÝ»ñÇ ³ÝÝϳñ³·ñ»ÉÇ ·áñÍí³ÍùÁ, Ñ»ÝùÁ, µáÉáñ Çñ ÑÇí³Ý¹áõÃÛáõÝÝ»ñÁ, ϳ٠³ÛÝ, ÇÝã ³Û¹ ³ÝáõÝáí »Ý ÏáãáõÙª í³×³é³ë»Õ³ÝÇ íñ³ óáõó³¹ñ³Í, ³éáÕçáõÃÛáõÝÝ ³ÛëáõÑ»ï ÁÝϳÉíáõÙ ¿ áñå»ë ÇÝã-áñ ¹³ë³ñ³Ý³Ë³Õ ϳ٠·áµ»É»Ý£ ²ëïí³Í³ÛÇÝ ë³ñ¹£ ØÇ Ñ³Ý·áõÛóÇó ÙÛáõëÝ ¿ñ ÃéÝáõÙ, Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñÇ Ù»ç µéÝí³Í ÙÇ ×³Ý× ·ïÝ»Éáí, áñ Çñ ·áÛáõÃÛ³Ý ÙÇçáóÝ ¿ñ£ ÆѳñÏ» å»ïù ¿ñ ¹»é ·ÉËÇ ÁÝÏݻɣ Ò»ñ ųٳݳϳ·ñáõÃÛáõÝÝ ³ÛÝù³Ý ųٳݳϳíñ»å ¿, ³ëáõÙ ¿ ë³ñ¹Á, »ë ï³ñ³ÍáõÃÛ³Ý ïÇñáõÑÇÝ »Ù£
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pomme siou-plaît. O Dieu notre refuge et notre force. Et le Sauveur se défaussait de ses asticots pour peu qu’on prononçât bien la formule. De fait les pêcheurs ça le connaît avançait Miaille. Gibier de potence. Vermine en tous genres. Ces sortes de lâchetés en guise de prolégomènes, fausse piste. On retrouverait Miaille après la fuite du romanichel, renouant un à un les fils de la toile, réapprenant la formule, cette demeure qui est la nôtre, mais n’occupant plus que le grenier. Par une sublimation inattendue la maison n’aurait plus ses fondations dans le sol de la cour mais un étage au-dessus, aérienne, flottante, le galetas devenu rez-de-chaussée. Et les promeneurs passant sous elle lèveraient le nez croyant à un nuage de pluie, à un brouillard, à quelque phénomène vernaculaire, on en parlerait dans la feuille locale mais seule notre poétesse aurait percé l’énigme, familière des lévitations. Hoquetante, griffonnante, chevrotante, bavotante, ne quittant plus son salon philippotard elle serait devenue l’instrument d’une muse tyrannique, n’aurait plus que la peau sur les os mais son poème d’idylle fuligineuse se ferait dur comme roc. Nous avons vu la sybille en chaussettes, lui avons demandé le temps pour demain. Nous avons vu la sybille en mitaines, lui avons demandé le nom secret de Dieu. Nous avons vu la sybille au tricot, lui avons demandé quoi faire de nos carcasses. Elle répond inlassable ce présent à dissoudre itou, chaussez vos sandales et ceinturez-vous les reins. Cependant Miaille tissait sa toile. Un matin il lui pousse des pattes et son abdomen est plein d’œufs, le voilà père d’une tribu. Sa place à côté de la cheminée où il trône plus qu’il ne grelotte, rendant la justice parmi les siens. Pourriez-vous pas me dire grand-père comment
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résoudre mon problème. Il répond inlassable rien égale zéro, traçant dans l’air devant soi un cercle majuscule. La poétesse lui rend visite, ils ont été pris de fou rire. Ce secret dérisoire entre eux. Compact et sans fissure in aeternum. Du couple formé par Miaille et la sybille. Des cadavres rejetés sur la plage. Formule du massacre. Chaque matin aux pieds de l’Immaculée invoquer le Malin. Troquer l’âme du vieux contre ces corps d’ivoire et d’outre-mer. La statue aux yeux de plâtre n’y voit que du feu, elle ira menée par la troupe des paumés bénir la mer aux antipodes. Quant aux photos licencieuses les placer en ex-voto sous l’oreiller du sujet, il prendra de mauvaises habitudes. Consolatrice des affligés. Vase honorable. Un poulpe clandestin y tenait ses quartiers. Se sustentait du foutre des cadavres. En effet rejetés sur la grève il leur manquait les couilles. On en parlait à mots couverts. Du rapport s’il y en a un entre la pieuvre et l’Immaculée baladeuse. On les voit fort bien toutes les deux se disputer la part du lion. Mais les bras de plâtre ne saisissent que du vent. Les autres sont plus souples. Est-ce toujours le romano qui parle se demandait Miaille, je le croyais loin. Mais les voix subsistent bien après les carcasses. Alors Miaille écœuré par les artifices de la pieuvre, dégoûté des passions, las du jeu qui se dit sublime alla consulter l’ermite en sa retraite. Il se compose un visage grave, il tapote son vêtement et il frappe à l’huis. Il attend quelque peu. Puis du jardinet attenant sort un personnage qui lui donne le frisson, à plusieurs bras, la tête logée entre les cuisses, il se traîne en manœuvrant des béquilles ou des rames, comme suscitant autour de soi l’élément où il évolue. Un gémissement accompagne chacun de ses gestes et il vient se lover sur le seuil. Etes-vous l’occupant demande Miaille. Je suis
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µ³ÏáõÙ ÑáÕÇ Ù»ç ¿ÇÝ, ³ÛÉ Ù»Ï Ñ³ñÏ í»ñ¨, û¹³ÛÇÝ, è³ÍáÕ, Ó»ÕݳѳñÏÝ ³ÛÅÙ ëïáñÇÝ Ñ³ñÏÝ ¿ñ ¹³ñӻɣ ºí ½µáëÝ»Éáõ ¹áõñë »Ï³Í Ù³ñ¹ÇÏ, ï³Ý ï³Ïáí ³ÝóÝ»ÉÇë, í»ñ¨ ÏݳۻÇݪ ϳñÍ»Éáí, û ³ÝÓñ¨³µ»ñ ³Ùå »Ý ï»ëÝáõÙ, ϳ٠ٳé³ËáõÕ, ϳ٠ï»Õ³ÝùÇÝ µÝáñáß ³ÛÉ »ñ¨áõÛÃ, Ï·ñ»ÇÝ ¹ñ³ Ù³ëÇÝ ï»Õ³Ï³Ý ûñÃáõÙ, ë³Ï³ÛÝ ÙdzÛÝ Ù»ñ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇݪ ɳí ͳÝáà ÉÇÝ»Éáí ׳Ëñ³ÝùÝ»ñÇÝ, ϵ³ó³Ñ³Ûï»ñ ³é»ÕÍí³ÍÁ£ ¼Ïñï³Éáí, ˽µ½»Éáí, Ï»ñÏ»ñ³Éáí, Ãùáï»Éáí, ³ÛÉ¨ë »ñµ»ù ãÉù»Éáí ÈáõÇ-üÇÉÇå á×áí ϳѳíáñí³Í Çñ ÑÛáõñ³ë»ÝÛ³ÏÁ, ѳí³Ý³µ³ñ ÇÝã-áñ µéÝ³Ï³É Ùáõë³ÛÇ ·áñÍÇùÝ ¿ñ ¹³ñÓ»É, áëÏáñ áõ ϳßÇ ¿ñ Ùݳó»É ÙdzÛÝ, ë³Ï³ÛÝ Ýñ³ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ ³Ûɨë Ùßáõßáï Ñáíí»ñ·áõÃÛáõÝ ã¿ñ, ¹³ñÓ»É ¿ñ ųÛé³Ïáõé£ î»ë³Ýù ëǵÇÉɳÛÇÝ ·áõÉå³Ý»ñáí, ѳñóñÇÝù Ýñ³Ý í³Õí³ »Õ³Ý³ÏÇ Ù³ëÇÝ£ î»ë³ù ëǵÇÉɳÛÇÝ Ã³ÃÙ³ÝÝ»ñáí, ѳñóñÇÝù Ýñ³Ý ²ëïÍá ·³ÕïÝÇ ³ÝáõÝÁ£ î»ë³Ýù ëǵÇÉɳÛÇÝ µñ¹Û³ ѳ·áõëïÝ»ñáí, ѳñóñÇÝù Ýñ³Ý, û ÇÝ㠳ݻÝù Ù»ñ ÏÙ³ËùÝ»ñÇ Ñ»ï£ ²ÝËáÝç å³ï³ë˳ÝáõÙ ¿, áñ ³Ûë Ý»ñÏ³Ý ÝáõÛÝå»ë ï³ññ³ÉáõÍÙ³Ý ¿ »Ýóϳ, ѳ·»ù ë³Ý¹³ÉÝ»ñÁ Ó»ñ ¨ ·áïÇÝ»ñÁ åÇݹ ϳå»ù Ó»ñ Ù»çù»ñÇÝ£ ²ÛÝÇÝã ØdzÛÁ ÑÛáõëáõÙ ¿ñ Çñ áëï³ÛÝÁ£ ØÇ ³é³íáï ë³ñ¹Ç áïÇÏÝ»ñ ³×»óÇÝ, ÇëÏ áñáí³ÛÝÁ Óí»ñáí ÉÇ ¿ñ, ³Ñ³ ïáÑÙÇ Ñ³Ûñ ¹³ñÓ³í£ Æñ ï»ÕÝ áõÝÇ µáõ˳ñáõ Ùáï, áñï»Õ µ³½Ù³Í ¿ ÇÝãå»ë ·³ÑÇ íñ³, ÷áË³Ý³Ï óñïÇó ëñÃëñóÉáõ, Ûáõñ³ÛÇÝÝ»ñÇ Ù»ç ³ñ¹³ñ³¹³ïáõÃÛáõÝ ·áñÍ»Éáí£ â¿Çù ³ëÇ ÇÝÓ, å³åÇÏ, ÇÝãå»ë ÉáõÍ»É ÇÙ ËݹÇñÁ£ ܳ ³ÝËáÝç å³ï³ë˳ÝáõÙ ¿© áãÇÝãÁ ѳí³ë³ñ ¿ ½ñáÛǪ û¹Ç Ù»ç ٻͳï³é ßñç³Ý ·Í»Éáí£ ´³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇÝ ³Ûó»ÉáõÙ ¿ Ýñ³Ý, »ñÏáõëáí Ë»Ýà ÍÇͳÕáí »Ý µéÝíáõÙ£ Üñ³Ýó ³Û¹ ³Ýѻûà ·³ÕïÝÇùÁ£ ê»ÕÙ ¨ ³é³Ýó ×»Õùí³ÍùÝ»ñÇ Ñ³íÇïÛ³Ýë ѳíÇï»ÝÇó£ ØdzÛÇ ¨ ëǵÇÉɳÛÇ Ï³½Ù³Í ½áõÛ·Á£ ²÷ÇÝ Ý»ïí³Í ¹Ç³ÏÝ»ñ£ Îáïáñ³ÍÇ µ³Ý³Ó¨£ ²Ù»Ý ³é³íáï ²Ý³ñ³ï ÎáõÛëÇ áïù»ñÝ ÁÝϳÍ, ê³ï³Ý³ÛÇÝ á·»Ïáã»É£ öáË³Ý³Ï»É Í»ñáõÝáõ Ñá·ÇÝ ³Ûë ÷ÕáëÏñÛ³ ¨ Íá-
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celui que tu voudras répond l’autre, ne sais-tu pas cela après tant d’années creusées sur ton visage. Ne soyez pas la pieuvre dit Miaille, je suis las de ses ruses, soyez compatissant. Or la porte était ouverte et près de la cheminée méditait un vieillard déjeté sur un tabouret. Vos rides ni votre arthrite ne m’en imposent dit Miaille, j’en ai tout autant à votre service, la sagesse n’a pas de masque, soyez compatissant. Or un jeune homme aux gestes de fille arrangeait un bouquet dans un vase. Miaille hésite à prendre la parole, il l’observe. Puis un haut-le-cœur inattendu lui fait dire assez de cette comédie, Narcisse a fini d’occuper mes veilles, soyez compatissant. L’autre le regarde et se met à rire, son vêtement tombe sur le sol, le corps apparaît couvert de pustules. Miaille réfléchit et répète la sagesse n’est pas une honte, je suis las des difformités, les miennes me sont à charge. Il frappe à l’huis. La porte s’ouvre et quelqu’un le prie d’entrer qu’il ne voit pas, une main saisit la sienne et le conduit vers un siège où Miaille s’assoit, il attend que la lumière se fasse sur le visage de l’hôte. Mais celui-ci lui dit qu’attends-tu, tes yeux se sont fermés en frappant à ma porte, tu ne me verras jamais, parle si tu m’acceptes aveugle comme toi. Et Miaille n’a guère réfléchi pour dire je reste, mon bagage est sur le seuil, va le prendre et m’assigne un coin de ta chambre où je puisse m’accommoder, la paix est revenue dans mon esprit. Cette maison qui est la nôtre. Cette voix qui est la mienne, cette peau que je caresse et qui ne se dérobe pas. Les miroirs devenus inutiles et les subtilités de langage et les craintes d’être blessant. Une seule et même réponse est formulée de l’aube au soir par un seul et même hôte, ils se sont confondus. Jusqu’au jour où le désir de voir n’est plus tabou, il se
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fait lancinant. La porte s’ouvre et Miaille est projeté dehors. Alors de son propre chef, sans secours de personne, sans quête préalable, il se crève les yeux avec son couteau.
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our passer la nuit il s’arrêta devant un mur, tâtonna, trouva une porte, entra et dans le foin fit un trou où il s’endormit, sa musette sous la tête. Mais quelqu’un l’avait entendu, promeneur attardé ou autre. La ville avait fondu sous l’effet d’un cataclysme, il n’en restait que les scories, on les sentait rêches sous la main. On entendait dire que de petits groupes campaient dans les décombres. Le nommé Miaille ou Miette avec son bâton s’est mis en quête d’un chemin commode pour les rejoindre, il leur explique qu’il n’a plus de gîte, se contenterait d’une place parmi eux. La réponse est immédiate, reste ici tu seras l’aède. Ce baptême impromptu délie la langue de l’aveugle et il se met à chanter. On lui prodigue des attentions, on le caresse, on lui met du miel dans son lait. Aussi longtemps qu’il fait rêver à la patrie perdue, aussi longtemps qu’il en fait perdre la notion. Et puis sa récitation est jugée monotone, les mêmes images ne se retournent pas éternellement, on le prie d’en changer, il force son talent, devient précieux, on ne le caresse plus, jusqu’au jour où son lait lui est servi sans miel puis coupé d’eau puis supprimé. Il quête sa pitance comme un chien, il fait le beau, il se trémousse pour provoquer les rires mais cette formule est vite épuisée, il reste seul dans son coin, il attend la mort. Elle vient et l’embarque. C’est alors qu’un gamin fouillant dans la musette en retire des notations que l’on déchiffre, les poèmes sont rendus à leur forme, on célèbre la mémoire de l’aède, sa tombe est fleurie d’immortelles. Ce futur à dissoudre. Est-ce qu’il y a pensé avant de s’endormir ou a-t-il seulement compté les quelques rimes dont il dispose pour charmer son public. Il revoit la tête sanglante emportée par les cavaliers
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nus, il reconnaît la sienne, il a suffi d’un coup de couteau pour lui ouvrir les yeux, ceux que n’éblouit pas le soleil. Et le sexe mangé par le chef était aussi le sien. Je suis ce Narcisse d’un nouveau genre dit-il, privé de ses yeux et de son organe favori, la fable est alléchante. Et le voilà jeté dans ce monde sans étoiles où ses formes sont dispersées, il ira tâtonnant à la rencontre de ses bras et de ses jambes tâchant de les réunir au corps aimé puis de rendre son souffle au cadavre. Toutes ses errances seront nocturnes et dans quelque sens qu’il se dirige il échouera sur la plage où parmi les corps sans vie il choisira telle chevelure, telle oreille, telle phalange qu’il greffera sur sa carcasse puis sentira se dissoudre, sa quête devenue vaine. Savoir pourquoi le cataclysme sur la ville. Interroger les exilés est sans profit, ils parlent une autre langue. Vieille corde d’instrument éventré par les barbares. Rafistoler l’âme de cette viole ou crincrin et de la corde rajustée tirer des harmoniques. Suggestion par bribes de la mélodie première, une voie où s’aventurer pour reconnaître les lieux hantés jadis, palais, ruelles, jardins, places publiques. Il se met en marche. Il y aurait sur la droite sitôt passée la croisée des routes un quartier laborieux distribué en îlots de béton. Résonances particulières, brefs échos, voix tranchantes dont on ne perd pas une parole. Transcrire les propos quotidiens. Ménagères, artisans, voyageurs de commerce. Discours usé jusqu’à la corde. Il y aurait sur la gauche un square. Arbres en fleurs, bancs publics, pelouses. Des amoureux, des bonnes, des enfants. Même langage. Onomatopées. Usé jusqu’à la corde. Plus loin sur la droite l’amorce d’un pont qui enjambe une rivière. Un orgue de barbarie, un aveugle à la
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manivelle. Groupe d’étudiants. Lumière d’avril. Usé jusqu’à la corde. Plus loin sur la gauche un bâtiment administratif. L’heure de midi. L’apéro de ces messieurs. Atmosphère bonasse et sirupeuse. Usé jusqu’à la corde. Plus loin sur la droite la vieille tour à l’horloge. Des touristes guettent sortant de la boîte une kyrielle de santons ridicules. Célèbrent la culmination du jour. Commentaires et rappels d’histoire. Usé jusqu’à la corde. Plus loin sur la gauche la gare et ses évocations houleuses. Période de vacances. Ou retour. Ou redépart. Ou reretour. Idem. Plus loin sur la droite une terrasse de gargote. Bruits de bouches, de fourchettes et de couteaux. Lambeaux de converses entre deux resucées de brouet ou de crème à la vanille. Joie de vivre-bouffer. Idem. Plus loin sur la gauche. Idem. Plus loin sur la droite. Idem. La ville est ressuscitée. Cataclysme inexpliqué. J’écoute dit-il, j’écoute, la plainte sourde ne suffit pas, il me faut des paroles distinctes. Mais plus personne ne prononcera des coquelicots ni des bleuets, je devrai tendre les mains et palper les minces corolles, la déchirure tant redoutée s’inscrira dans les pierres du chemin, tout se divise contre moi. Et tendait l’oreille, des siècles d’éboulement l’avaient atteinte, ne faisaient plus surface que des sifflets aigus, des crissements, des bruits de scie. Vieille corde. Un merle sifflait trois notes. Des promenades resurgissent tôt le matin, cueillette des champignons, café au bistro du coin, quelques rires se perdent dans la forêt. Un merle sifflait trois notes. Résolutions prises, de la tenue, pointe de stoïcisme bon
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teint, moralité de vieux singe, fond pourri, ne font surface que des soubresauts et des hoquets de moribond. Vieux schnock. Un merle sifflait trois notes. Cette chronométrie à dissoudre. Pour retrouver au fond des années perdues les grimaces de Narcisse, il communiait aux lys des sables et à d’autres candeurs qui ne seront plus nommées, résolutions de vieux singe, hoquets de chronomètre. Je veux dit-il une fable neuve. Elle ne surgirait que des ruines. Compact et sans fissure in aeternum. Notre vieille poétesse comment qu’elle aurait dit demande l’écolier. Il est déjeté sur sa chaise, au coin du feu, transi sous son châle au crochet. Laisser couler par le plus bas. Ce fatras qui a pris de la bouteille quand lui. Quand lui. L’oreille se décrasse. Rien. Voie sans issue. Des yeux que n’éblouit pas le soleil. Les exilés parcourent ma tête dit-il, cette caverne à courants d’air, espace réduit où passe le cortège à une vitesse vertigineuse, à moins que pique-niqueurs en permanence ils n’accumulent les papiers gras et les pelures d’oranges en évoquant la patrie perdue, belle comédie, ne remuent pas plus que des bornes, visages blêmes de graisse anémique, les inspirés vaticinent et les autres s’engourdissent dans les odeurs de crasse et de jambon, l’exode n’est plus qu’une rengaine, voilà où j’en suis réduit. Or notre poétesse courait les chemins, on la rencontre aux carrefours, vieille bique à barbe et à crottes, son chapelet de rimes entre gencives et râtelier, elle marmonne à une vitesse vertigineuse, tire son agenda de son réticule, griffouille, hoquète, postillonne et barbote dans son poème à la petite semaine, ce malheur inventé de toutes pièces qu’au temps des amours détra-
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quées elle attribuait au ciel, à ses pompes et à ses œuvres, un fatras lyrique, érotique et merdeux où zigzague son âme seulette et biscornue. Entre gencives et râtelier. Elle rencontre le nommé Miette au carrefour, vieux schnock à barbe et à tics. Il est miro depuis le coup de lame, elle ne s’en avise pas tout de suite car il porte lunettes. Lui fait une remarque sur son peu d’empressement à la saluer. Je vous ai connu plus aimable. Il esquisse un geste en avant qui ne trompe pas, elle se confond en excuses. L’autre lui demande de le faire traverser au carrefour, réminiscence de la ville en ce lieu désert. Notre poétesse d’une main lui saisit le bras et de l’autre essuie une larme furtive quoique compatissante. Pleurez sur vos péchés dit brusquement Miette. Il prenait le ton biblique, vieux chinetoc à colback. La rimailleuse ne doute plus qu’il ait perdu la boule et elle murmurait pitié pour lui. Notre refuge et notre force. Usé jusqu’à la corde. Elle rencontre Miette au carrefour. C’était avant la chute. Entre gencives et râtelier il marmonne quelque injure en l’apercevant puis la salue avec cérémonie. Elle passe son chemin, toute à son tricot poétique. Il ne doute plus qu’elle ait perdu la boule et murmurait pitié pour elle. Quand soudain le voilà aveugle. Et la suite. Ces sortes de retournements qui éclairent en profondeur. Balivernes. Elle le rencontre au carrefour, toujours avant la chute, et chacun plongé dans sa méditation croyant n’avoir vu l’autre qu’en esprit poursuit sa route et imagine la suite, injure ou civilité, jusqu’au moment où de fait soit se retournant soit sur le trajet du retour, supposé que l’un d’eux n’ait pas plus bougé qu’une borne, il voit lui elle, elle lui, et s’étonne à part soi de la coïncidence, les prodiges de l’inconscient, ce fatras psy-
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chique et merdeux où se complaisent tant de natures seulettes et biscornues. Elle le rencontre au carrefour. Il ne bouge pas plus qu’une borne, hésitant peut-être à traverser ou absorbé par une méditation douloureuse, les aléas de la fortune, la nuit qui le mène au trépas, le sort qui était le sien avant même qu’il eût ouvert l’œil, ce fatras coriace et spécieux où il se débattrait aussi bien valide et dans la fleur de l’âge. Bref elle s’approche et prononce une civilité. L’autre sursaute et lâche le pet qu’il mijotait, d’où bref éclat de mauvaise humeur et de sa part à elle soit une réaction scandalisée soit un retrait discret soit l’un et l’autre mais si faiblement discordants en apparence qu’un observateur n’y aurait vu que du feu, la taxant par exemple de surdité. Bref elle s’éloigne et imagine la confusion où elle se trouverait à la place de l’aveugle, oublie ses premières hypothèses et s’étonne de ci ou de ça pendant que Miette dérangé dans son occupation favorite continue à maudire la maladroite. A moins que sorti par force de l’engourdissement où se complaît sa nature sédentaire il ne réagisse imprévisiblement, ne reprenne pour son compte par un effet qui reste à expliquer les hypothèses coriaces et spécieuses de notre poétesse et ne se reproche de n’être pas tel qu’un tiers bien intentionné pourrait l’imaginer à première vue, soit un barbon aveugle qui coule sa mélancolie dans des pensées philosophiques et résignées, pour prendre la résolution, de la tenue, stoïcisme bon teint, de tendre désormais à cette ressemblance, renonçant du même coup aux soins d’une santé détraquée, à ses pompes et à ses œuvres. Entre gencives et râtelier. Elle rencontre Miette au carrefour. Par un effet qui reste à expliquer elle croit se voir en la personne du barbon qui clignote, elle est prise d’angoisse, une alerte si ça se trouve qu’elle aurait eue le matin en ne pou-
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³ÝÏáõÙÇó ³é³ç, ¨ Ûáõñ³ù³ÝãÛáõñÝ Çñ ÙïáñáõÙÝ»ñáí ï³ñí³Í, ϳñÍ»Éáí û ÙÛáõëÇÝ Çñ »ñ¨³Ï³ÛáõÃÛ³Ý Ù»ç ¿ ï»ë»É, ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ ׳ݳå³ñÑÁ ¨ å³ïÏ»ñ³óÝáõÙ ß³ñáõݳÏáõÃÛáõÝÁ, ѳÛÑáÛ³Ýù ϳ٠ù³Õ³ù³í³ñáõÃÛ³Ý Ýß³ÝÝ»ñ, ÙÇÝ㨠³ÛÝ å³ÑÁ, »ñµ ϳ٠ßñçí»Éáí, ϳ٠»ï¹³ñÓÇ ×³Ý³å³ñÑÇÝ, »Ýó¹ñ»Éáí, áñ Ýñ³ÝóÇó Ù»ÏÁ ëÛ³Ý ÝÙ³Ý ³Ýß³ñÅ Ùݳó³Í ÉÇÝÇ, ïÕ³Ù³ñ¹Á ÏÝáçÝ ¿ ï»ëÝáõÙ, ÏÇÝÁª ïÕ³Ù³ñ¹áõÝ, ¨ ³Ù»Ý Ù»ÏÝ ÇÝùÝ Çñ»Ý ½³ñÙ³ÝáõÙ å³ï³Ñ³Ï³ÝáõÃÛ³Ý íñ³, ³Ý·Çï³Ïó³Ï³ÝÇ Ññ³ßùÝ»ñÁª ³Û¹ Ñá·»Ï³Ý áõ ïËÙ³ñ ßÇɳ÷ɳíÁ, áñáõ٠ѳ×áõÛù »Ý ·ïÝáõÙ ³ÛÝù³Ý ÙdzÛÝ³Ï ¨ ³Ýѻûà ¿³ÏÝ»ñ£ ÎÇÝÁ ѳݹÇåáõÙ ¿ Ýñ³Ý ˳ãÙ»ñáõÏáõÙ£ ܳ ëÛ³Ý ÝÙ³Ý ³Ýß³ñÅ ¿ ÙÝáõÙ, ûñ¨ë í³ñ³Ý»Éáí ³ÝóÝ»É Ë³ãÙ»ñáõÏÁ, ϳ٠ÇÝã-áñ ó³í³·ÇÝ Ùïù»ñáí ï³ñí³Íª µ³ËïÇ ùٳѳ×áõÛùÝ»ñÁ, ¹»åÇ Ù³Ñ ï³ÝáÕ ·Çß»ñÁ, ׳ϳﳷÇñÁ, áñ Ýñ³Ý ¿ñ íÇ׳Ïí»É ݳËù³Ý ÝáõÛÝÇëÏ Çñ ³ãù µ³ó»ÉÁ, ³Û¹ ³ÝÑáÕ¹áÕ¹ ¨ ˳µáõëÇÏ ßÇɳ÷ɳíÁ, áñáõ٠ݳ Ã÷ñï³Éáõ ¿ñ ÝáõÛÝÇëÏ »ñµ ³éáÕç ¿ñ ¨ ÏÛ³ÝùÇ Í³ÕÏáõÝ ßñç³ÝáõÙ£ γñ× ³ë³Í, ÏÇÝÁ Ùáï»ÝáõÙ ¿ ¨ ù³Õ³ù³í³ñáõÃÛ³Ý ÇÝãáñ Ëáëù»ñ ³ëáõÙ£ ØÛáõëÁ óÝóíáõÙ ¿ ¨ ·³½»ñ µ³ó ÃáÕÝáõÙ, áñ ѳëáõݳÝáõÙ ¿ÇÝ, ÇÝãÇ å³ï׳éáí ÝÛ³ñ¹³ÛÝáõÃÛ³Ý Ï³ñ× µéÝÏáõÙ ¿ áõÝ»ÝáõÙ, ÇëÏ ÏÇÝÝ Çñ ÏáÕÙÇó ϳ٠íñ¹áíÙáõÝùÇ Ýß³ÝÝ»ñ ¿ óáõÛó ï³ÉÇë ϳ٠÷áùñ-ÇÝã Ñ»ï ù³ßíáõÙ, ϳ٠»ñÏáõëÁ ÙdzųٳݳÏ, µ³Ûó ³é»ñ¨áõÛà ³ÛÝù³Ý ³ÝÝß³Ý ã³÷áí ³ÝÝ»ñ¹³ßݳÏ, áñ ÏáÕùÇó ¹ÇïáÕÁ áãÇÝã ã¿ñ Ïé³ÑǪ ϳñÍ»Éáí ûñ¨ë û ݳ ËáõÉ ¿£ γñ× ³ë³Í, ÏÇÝÁ Ñ»é³ÝáõÙ ¿ ¨ å³ïÏ»ñ³óÝáõÙ, û áñù³Ý Ïß÷áÃí»ñ, »Ã» ÏáõÛñÇ ¹»ñáõÙ ÇÝùÁ ÉÇÝ»ñ, Ñ»ïá Ùáé³ÝáõÙ Çñ ³é³çÇÝ »Ýó¹ñáõÃÛáõÝÝ»ñÁ ¨ ½³ñÙ³ÝáõÙ ³Ûë ϳ٠³ÛÝ µ³ÝÇ íñ³, ÙÇÝã ØÇ»ÃÁ, áñÇÝ Çñ ëÇñ»ÉÇ ½µ³ÕÙáõÝùÇó Ïïñ»É ¿ÇÝ, ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ ³ÝÇÍ»É ³ÝÝñµ³Ýϳï ÏÝáçÁ£ ºÃ» ÇѳñÏ», ëïÇåí³Í ¹áõñë ·³Éáí ÃÙñáõÃÛáõÝÇó, áñáõÙ Çñ Ýëï³ÏÛ³ó ¿áõÃÛáõÝÝ Çñ»Ý É³í ¿ñ ½·áõÙ, ݳ áñ¨¿ ³Ýëå³ë»ÉÇ ù³ÛÉ ³ñ³Í ãÉÇÝ»ñ, ³Ýµ³ó³ïñ»ÉÇ ÇÝã-áñ ³½¹»óáõÃÛ³Ý Ý»ñùá Çñ»Ý í»ñ³·ñ»ñ Ù»ñ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑáõ ³ÝÑáÕ¹áÕ¹ ¨ ˳µáõëÇÏ »Ýó¹ñáõÃÛáõÝÝ»ñÁ ¨ ÇÝùÝ Çñ»Ý Ïßï³Ùµ»ñ, áñ ³ÛÝåÇëÇÝ ã¿, ÇÝãåÇëÇÝ µ³ñÛ³ó³Ï³Ù ÏáÕÙݳÏÇ ³Ýóáñ¹Ý Çñ»Ý
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vant lire un titre de journal, la cécité me pend au nez, me voilà telle dans peu de temps, car les mouvements qui portent vers autrui notre compassion sont issus d’amour-propre et y retournent. Elle s’approche de l’aveugle hoquetante bavotante et marmonne une parole affligée que l’autre prend pour sienne à cet instant précis. Concordance entre sa méditation et la formule pitoyable. J’aurai donc parlé tout haut dit-il, ce que notre poétesse à son tour se persuade d’avoir dit et voilà un beau sujet pour les amateurs de grimaces érotico-fantasmatiques. De Narcisse alléché par la Bible. Y trouverait de quoi satisfaire sa passion par le détour des simulacres. Certaine douceur à se condamner pour s’absoudre aussitôt dans une crise de larmes. Repentirs lourds de promesses. Fausses candeurs assorties à des fantasmes complices. Insistante la figure allongée au bord de l’eau. Elle se penche aujourd’hui sur le Livre en guise de miroir. Y découvre ses yeux plus pénétrants, son nez plus fin, sa bouche plus lippue. Des paroles en guise de tain, des mots qui lui renvoient sa splendide image alors que la carcasse se déglingue et que les chairs pendouillent. Il ne connaît pas encore le pouvoir du verbe qui lui rend cette jeunesse illusoire et l’incite à la complaisance. Thème hérétique. Quelque chose flanche quelque part. Les mensonges du verbe. Il se retrouve dans mainte phrase. Va ressusciter par miracle. Balivernes. Se penche donc sur le Livre, son oreille subtilement exercée, et feuillette les pages qu’il écoute, réminiscences, faire le portrait de son visage opaque. Recouvre une vue doublement factice. Puis il tâtonne dans le sable, prend son bâton et se lève pour retourner à la hutte qui lui sert d’asile. Il s’endormira en compagnie de ce double fantomatique, un rictus au coin de la bouche.
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Ïå³ïÏ»ñ³óÝ»ñ ³é³çÇÝ Ñ³Û³óùÇó, ³ÛëÇÝùÝ ÏáõÛñ Í»ñáõÝÇ, áñÝ Çñ ٻɳٳÕÓáõÃÛáõÝÁ ˻չáõÙ ¿ ÷ÇÉÇëá÷³Û³Ï³Ý ¨ ËáݳñÑ Ùïù»ñÇ Ù»çª ó³ÝϳݳÉáí ѳëÝ»É í×é³Ï³ÝáõÃÛ³Ý, ³ñųݳå³ïíáõÃÛ³Ý, ³Ý˳ñ¹³Ë ëïáÇóǽÙǪ Ó·ï»Éáí ³ÛëáõÑ»ï ³Û¹ ÝÙ³ÝáõÃÛ³ÝÁ, ÝáõÛÝ ³éÇÃáí Ññ³Å³ñí»Éáí ˳óñí³Í ³éáÕçáõÃÛ³Ý Ñ»ï ϳåí³Í Ñá·ë»ñÇó, ¨ ¹ñ³ áÕç áõݳÛÝáõÃÛáõÝÇó£ Èݹ»ñÇ ¨ ³ï³Ùݳåñáï»½Ç ³ñ³ÝùáõÙ£ ÎÇÝÁ ØÇ»ÃÇÝ Ñ³Ý¹ÇåáõÙ ¿ ˳ãÙ»ñáõÏáõÙ£ ØÇ »ñ¨áõÛÃÇ ³½¹»ÏóáõÃÛ³Ý ï³Ï, áñ ³Û¹å»ë ¿É ³Ýµ³ó³ïñ»ÉÇ ¿ Ùݳó»É, Ýñ³Ý ÃíáõÙ ¿, û ÇÝùÝ Çñ»Ý ï»ëÝáõÙ ¿ ³ãù»ñÁ ×å×å³óÝáÕ Í»ñáõÝáõ Ù³ñÙÝáõÙ ³ÝÓݳíáñí³Í, ɻճ׳ù ¿ ÉÇÝáõÙ, ûñ¨ë ³é³íáïÛ³Ý ³ñ¹»Ý ³Ñ³½³Ý· ¿ñ áõÝ»ó»Éª ãϳñáճݳÉáí ûñÃÇ ÙÇ í»ñݳ·Çñ ϳñ¹³É, ÏáõñáõÃÛáõÝÁ ëå³éÝáõÙ ¿ ÇÝÓ, ³Ñ³ ³ÛëåÇëÇÝ ÏÉÇݻ٠ßáõïáí, ù³Ý½Ç Ù»ñ ëñï³ó³íáõÃÛáõÝÁ ¹ÇÙ³óÇÝÇ Ñ³Ý¹»å áõÕÕáñ¹áÕ ÙÕáõÙÝ»ñÁ Ù»ñ ÇëÏ ÇÝùݳëÇñáõÃÛáõÝÇó »Ý ÍÝíáõÙ ¨ Ù»½ »Ý í»ñ³¹³éÝáõÙ£ Øáï»ÝáõÙ ¿ ÏáõÛñÇÝ, ½Ïñï³Éáí, ÃáõùÁ ó÷»Éáí ¨ ÇÝã-áñ ÁÝÏ×í³Í Ëáëù»ñ ßßÝçáõÙ, áñ ÙÛáõëÝ Çñ ÇëÏ ËáëùÇ ï»ÕÝ ¿ ¹ÝáõÙ Ñ»Ýó ³Û¹ å³ÑÇÝ£ Æñ ÙïáñáõÙÝ»ñÇ ¨ ó³í³ÏÇó ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛ³Ý Ñ³Ù³å³ïë˳ÝáõÃÛáõÝ£ àõñ»ÙÝ µ³ñÓñ³Ó³ÛÝ Ëáë»óÇ, ³ëáõÙ ¿ ݳ, ³Ûë Ëáëù»ñÝ ¿É Ù»ñ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇÝ »Ýó¹ñáõÙ ¿, û ÇÝùÝ ¿ ³ë»É, ¨ ³Ñ³í³ëÇÏ ·»Õ»óÇÏ ëÛáõÅ»ª ¿ñáïÇÏ-å³ïñ³Ýù³ÛÇÝ Í³Ù³ÍéáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ëÇñ³Ñ³ñÝ»ñÇ Ñ³Ù³ñ£ ²ëïí³Í³ßÝãáí ÑÙ³Ûí³Í ܳñóÇëÇ£ òÝáñùÝ»ñÇ ßñç³ÝóáõÙáí Çñ ÏñùÇÝ Ñ³·áõñ¹ ï³Éáõ Ñݳñ³íáñáõÃÛáõÝ Ï·ïÝ»ñ£ ØÇ ï»ë³Ï ѳ×áõÛù ¿ ½·áõÙª ÇÝùÝ Çñ»Ý ¹³ï³å³ñï»Éáõó, áñ Ñ»ïá ³ÝÙÇç³å»ë Ù»Õù»ñÇ ÃáÕáõÃÛáõÝ ï³ª ³ñóáõÝùÝ»ñÇ ï³ñ³÷Ç ï³Ï£ ÊáëïáõÙÝ»ñáí ÉÇ ½ÕçáõÙÝ»ñ£ λÕÍ ³ÝÏ»ÕÍáõÃÛ³Ý åáéÃÏáõÙÝ»ñª áõÕ»Ïóí³Í ¹³í³¹Çñ å³ïñ³ÝùÝ»ñáí£ æñÇ ³÷ÇÝ å³éÏ³Í Ï»ñå³ñ³ÝùÝ ³ÝÑáÕ¹áÕ¹ ¿£ ²Ûëûñ ݳ ѳÏí»É ¿ ¶ñùÇ ³é稪 ѳۻÉáõ ÷á˳ñ»Ý£ Üñ³ÝáõÙ µ³ó³Ñ³ÛïáõÙ ¿, áñ Çñ ³ãù»ñÝ ³í»ÉÇ Ëáñ³Ã³÷³Ýó »Ý, ùÇÃݪ ³í»ÉÇ Ýáõñµ, µ»ñ³Ýݪ ³é³í»É ÑÛáõÃ»Õ ßáõñûñáí£ Êáëù»ñª ѳۻÉáõ ³Ý³·³å³ïÙ³Ý ÷á˳ñ»Ý, µ³é»ñ, áñáÝù Çñ ÑÇ-
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Narcisse devenu vieux. Les images de la nuit. Quid de l’observateur au clair de lune. Vieilli lui aussi, il ne bougeait pas plus qu’une borne, à son poste depuis beau temps, prenant racine dans la pourriture du tronc où il s’adosse, vieux guetteur du néant, vieille caboche où grelottent les poncifs du drame, une orchestration minutieuse, absurde, sans écho. Où sont dans ce fatras les sources d’information dit-il, la cécité n’est pas mon fort, faudra bien qu’elle le devienne. Miette fouillait dans son sac, passait le doigt sur ses paperasses et infaillible en tirait la lettre. Termes d’almanach. Quel histrion l’aurait dictée. Epeler chaque mot. Entre gencives et râtelier. Tressautements des mandibules, crachotements, sifflotements. Chapelet de crottes qui précède son sommeil puis le parsème d’appoggiatures en vrac. On l’entend bavoter, gémir, souffloter. La lettre a été remise en place mais le doigt sur la couverture suit encore ligne après ligne la trahison transcrite. Au réveil le barbon rouvre sa musette, en retire la lettre et rabâche son abrutissement comme on se gratte. Il se lève et sort dans la cour où l’écho de cette litanie amplifiée par la nuit et les années mortes accourt de tous les azimuts. Tâtonne et va du pressoir à l’écurie, de l’écurie au poulailler, du poulailler à la grange. Le trou dans le foin. Il se baisse, reconnaît des mains la place, tâche de rassembler ses souvenirs. Il pète et rit. Se relève et crie au romano nous t’en ferons de quoi t’interroger. Le romano disait avoir besoin de personnel. Sa femme et son enfant. Que sont-ils devenus dit Miette, j’aurai rêvé cette histoire d’occupant, jamais quitté les lieux que je pleure. Narcisse pétrifié au bord de la mare. L’exil n’est pas son fort non plus. Il est couvert de fiente. La volaille se
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³ëù³Ýã å³ïÏ»ñÝ »Ý ³ñï³óáÉáõÙ, ÙÇÝã¹»é ÏÙ³ËùÁ ù³Ûù³ÛíáõÙ ¿ ¨ Ù³ñÙÇÝÁ ϳËÏËíáõÙ£ ܳ ¹»é ãÇ ×³Ý³ãáõÙ ÊáëùÇ áõÅÁ, áñÁ Ýñ³Ý ¿ í»ñ³¹³ñÓÝáõÙ Çñ ˳µáõëÇÏ »ñÇï³ë³ñ¹áõÃÛáõÝÁ ¨ ¹ñ¹áõÙ ÇÝù³Ý³µ³íáõÃ۳ݣ лñ»ïÇÏáë³Ï³Ý ûٳ£ ÆÝã-áñ ï»Õ ÇÝã-áñ µ³Ý ï»ÕÇ ¿ ï³ÉÇë£ ÊáëùÇ Ë³µ»áõÃÛáõÝÝ»ñÁ£ ÆÝùÝ Çñ»Ý ·ïÝáõÙ ¿ µ³½Ù³ÃÇí ݳ˳¹³ëáõÃÛáõÝÝ»ñáõÙ£ гñáõÃÛáõÝ ¿ ³éÝ»Éáõ Ññ³ßùáí£ ²ÝѻûÃáõÃÛáõÝ£ àõñ»ÙÝ, ·ÉáõËÁ Ñ³Ï»É ¿ ¶ñùÇÝ, ³Ï³ÝçÁ ׳ñï³ñáñ»Ý í³ñÅí³Í, ûñÃáõÙ ¿ç»ñÁ ¨ ÉëáõÙ, ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñ, û ÇÝãå»ë »Ý ¹ñ³Ýù Çñ ³Ýó÷³Ýó ¹»ÙùÇ ¹ÇÙ³ÝϳñÁ ϳ½ÙáõÙ£ ÎñÏݳÏÇ ßÇÝÍáõ ï»ëáÕáõÃÛáõÝ ¿ í»ñ³·ïÝáõÙ£ лïá ˳ñ˳÷áõÙ ³í³½Ý»ñÇ Ù»ç, í»ñóÝáõÙ ·³í³½³ÝÁ ¨ áïùÇ Ï³Ý·ÝáõÙª ³ÛÝ ÑÛáõÕ³ÏÁ í»ñ³¹³éݳÉáõ, áñ Çñ»Ý ³å³ëï³Ý ¿ ͳé³ÛáõÙ£ øáõÝ ÏÙïÝÇ ³Ûë »ñ¨³Ï³Û³Ï³Ý ÝٳݳÏÇ ÁÝÏ»ñ³ÏóáõÃÛ³Ùµ, µ»ñ³ÝÇ ³ÝÏÛáõÝáõÙ ë³é³Í ͳٳÍéáõÃÛ³Ùµ£ Ì»ñ³ó³Í ܳñóÇëÁ£ ¶Çß»ñí³ å³ïÏ»ñÝ»ñÁ£ ÆÝã »Õ³í ÉáõëÝϳ ·Çß»ñí³ ¹Çïáñ¹Á£ ܳ ¿É ¿ñ Í»ñ³ó»É, ¨ ³ÝÑÇß»ÉÇ Å³Ù³Ý³ÏÝ»ñÇó Çñ ï»ÕáõÙ ëÛ³Ý ÝÙ³Ý ³Ýß³ñÅ Ï³Ý·Ý³Í ¿ñ, ³ñÙ³ï ï³Éáí ÷ï³Í µÝÇ Ù»ç, áñÇÝ Ñ»Ýí³Í ¿ñ, ³Ý¿áõÃÛ³Ý Í»ñ å³Ñ³Ï, Í»ñ ·ÉáõË, áñáõÙ óÝóíáõÙ »Ý ¹Åµ³ËïáõÃÛ³Ý Í»Íí³Í ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÝ»ñÁ, Ù³Ýñ³ÏñÏÇï Ý»ñ¹³ßݳϻóáõÙ, ³ÝѻûÃ, ³Ý³ñÓ³·³Ýù£ àñï»Õ »Ý ³Ûë ßÇɳ÷ɳíÇ Ù»ç ï»Õ»ÏáõÃÛ³Ý ³ÕµÛáõñÝ»ñÁ, ÏáõñáõÃÛáõÝÝ ÇÙ áõÅ»Õ ÏáÕÙÁ ã¿, µ³Ûó å»ïù ¿ ëáíáñ»Ù£ ØÇ»ÃÁ ÷áñ÷ñ»ó å³Ûáõë³ÏÁ, Ó»éùÝ ³Ýóϳóñ»ó Çñ ÃÕûñÇ íñ³Ûáí ¨ ³Ýíñ»å ѳݻó ݳٳÏÁ£ î»Õ»Ï³ïáõÇ É»½íáí ·ñí³Í µ³é»ñ£ ÆÝã Ë»Õϳï³Ï ϳñáÕ ¿ñ ûɳ¹ñ³Í ÉÇÝ»É ¹³£ л·»É ³Ù»Ý ÙÇ µ³éÁ£ Èݹ»ñÇ ¨ ³ï³Ùݳåñáï»½Ç ³ñ³ÝùáõÙ£ òÝóíáÕ ÍÝáï, ÷ëÉÝùáïáõÙÝ»ñ, ëíëíáóÝ»ñ£ ÎïÇïÇ ï»ñáÕáñÙÛ³, áñ ݳËáñ¹áõÙ ¿ Çñ ùÝÇÝ, Ñ»ïá ó³ùáõóñÇí ݳ˳·»Õ·»Õ³ÝùÝ»ñ ß³Õ ï³ÉÇë£ ÈëíáõÙ ¿, ÇÝãå»ë ¿ ÃáõùÁ ó÷áõÙ, ѳé³ãáõÙ, ÷Ýã³óÝáõÙ£ ܳٳÏÁ ÝáñÇó ï»ÕÝ ¿ ¹ñí»É, µ³Ûó ͳÍÏáóÇ íñ³ Ù³ïÁ ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ ïáÕ ³é ïáÕ ë³Ñ»É ·ñ³Ýóí³Í ¹³í³×³ÝáõÃÛ³Ý íñ³Ûáí£ ²ñÃݳݳÉáõÝ
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perche sur sa tête et lui picore les oreilles. Une cane a couvé entre ses jambes et des canetons lui trifouillent le sexe. A deux mètres de lui l’observateur assis sur un pliant exécute le portrait du délaissé. Les orbites sont vides, la face rongée de vermine. Cette chronométrie à dissoudre. Les images de la nuit. Moi monsieur Miette disait l’enfant je l’ai vu il est revenu un matin par le train de sept heures, avec Baptiste on était en train de laver le chien à monsieur Chinze et voilà qu’il nous tape dans le dos avec sa canne, il a dit où est Louis du bar conduisez-moi tout de suite, moi je ne l’avais jamais vu mais Baptiste se souvenait de sa voix quand il était môme, n’empêche que ça fait drôle ce vieux barbu qui ne voit plus rien et qui connaît tout le monde, il nous disait là il y a la maison à Latirail là le jardin à la Lorpailleur là le boulanger là la blanchisserie, le chemin il aurait presque pu le faire seul mais de vos jours comme il dit il y a trop de voitures donnez-moi la main. Parce que ses jours à lui reprenait Baptiste ce sont ceux d’avant, avant les voitures et les vacanciers, avant les hôtels et les campeurs et le boucan partout, mon père m’a dit il a toujours dit comme ça, il doit se souvenir de Fantoine avant la naissance du monde et son temps à lui est resté bloqué là-bas quelque part. Et quand on est arrivé chez Louis il l’a embrassé et ça faisait drôle ces deux vieux dans les bras, Louis pleurait mais monsieur Miette non il a dit tout de suite sers-moi un jus les attendrissements à quoi ça sert nous reparlerons de tout plus tard pour l’instant je dois songer à m’installer, Louis disait oui oui entendu, il nous a expliqué que monsieur Miette dans le temps avait une situation et tout le monde le saluait, maintenant plus personne ne le connaît sauf lui c’est la revanche de ceux c’est la revanche de celles c’est la revanche de.
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ROBERT PINGET fable
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C’est la revanche du temps d’aujourd’hui reprenait Baptiste où les familles d’avant qui travaillaient pour monsieur Miette et les artisans et les bazars sont devenus riches ils n’ont plus besoin de lui, mon père dit que les politesses ne sont plus à la mode les vieux comme Miette on n’a pas à leur faire des mamours. Mais Louis reprenait l’enfant il nous a dit si vous ne saluez pas monsieur Miette et vous ne lui donnez pas un coup de main pour son installation finis les cocas au bar vous aurez de mes nouvelles, parce que lui n’est pas devenu riche et monsieur Miette c’est son copain de leurs jours. Alors on a conduit monsieur Miette dans sa maison c’est Louis qui a toujours la clef et le vieux tâtait les murs il y avait une odeur de moisi et des souris et des toiles d’araignées mais il était content, il a dit faites du feu dans la cheminée et réchauffez-moi ça c’était une gamelle à couvercle qu’il a tirée de son sac il y avait je crois des haricots, ma sœur est venue lui faire son lit elle a dit que les draps étaient encore tout bons dans le placard sauf les têtes d’oreiller elle n’en a pas trouvé ma mère a prêté une des siennes. Et maintenant ajoutait Baptiste il ne bouge plus de sa maison il connaît tous les coins par cœur on ne doit pas le déranger, pour les choses difficiles il demande à Louis qui envoie Loulou ou il va lui-même boire un verre avec monsieur Miette, ils restent des heures dans le clos à se raconter leurs histoires, comme dit mon père c’est la dernière étape avant la c’est la dernière étape avant le. C’est la dernière étape reprenait l’enfant avant la dernière. Son copain de leurs jours. Parce que sa maison il l’aurait faite avec Louis justement qui connaissait le matériau, il y avait un menuisier de ce temps et un maçon et beaucoup de monde qui
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ÇÝùÝ ¿ñ ³ëáõÙ© Ó»ñ ûñ»ñáõÙ ã³÷Çó ³í»ÉÇ Ù»ù»Ý³Ý»ñ ϳÝ, ïí»ù Ó»ñ Ó»éùÁ£ àñáíÑ»ï¨, ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ñ ´³ïÇëïÁ, Ýñ³ ûñ»ñÁ ³ÝóÛ³ÉÇ ûñ»ñÝ »Ý, ÑÇÝ Å³Ù³Ý³ÏÝ»ñÁ, Ù»ù»Ý³Ý»ñÇó ¨ ³ñÓ³Ïáõñ¹³íáñÝ»ñÇó ³é³çí³, ÑÛáõñ³ÝáóÝ»ñÇó ¨ ½µáë³ßñçÇÏÝ»ñÇó ¨ ³Ù»Ýáõñ ïÇñáÕ ³ÕÙáõÏ-³Õ³Õ³ÏÇó ³é³çí³ Å³Ù³Ý³ÏÝ»ñÁ, ѳÛñë ¿ ³ë»É, ݳ ÙÇßï ³Û¹å»ë ¿ñ ³ëáõÙ, å»ïù ¿ áñ ÑÇßÇ ü³Ýïáõ³ÝÁª ³ß˳ñÑÇ ÍÝáõݹÇó ³é³ç, ¨ Ýñ³ ųٳݳÏÁ Ùݳó»É ¿ ù³ñ³ó³Í ³ÝóÛ³ÉáõÙ ÇÝã-áñ ï»Õ£ ºí »ñµ »Ï³Ýù ÈáõÇÇ Ùáï, áÕç³·áõñí»ó ¨ ï³ñûñÇÝ³Ï ¿ñ ï»ëÝ»É ³Û¹ »ñÏáõ Í»ñáõÝÇÝ»ñÇݪ Ù»ÏÁ ÙÛáõëÇ ·ñÏáõÙ, ÈáõÇÝ É³ÉÇë ¿ñ, µ³Ûó áã å³ñáÝ ØÇ»ÃÁ, ³ÝÙÇç³å»ë ³ë³óª ëáõñ× ïáõñ ÇÝÓ, ÇÝã ÇÙ³ëï áõÝÇ Ñáõ½í»ÉÁ, ³í»ÉÇ áõß ÏËáë»Ýù ³Ù»Ý ÇÝãÇ Ù³ëÇÝ, ³é³ÛÅÙ å»ïù ¿ Ùï³Í»Ù ѳëï³ïí»Éáõ Ù³ëÇÝ, ÈáõÇÝ ³ëáõÙ ¿ñ ³Ûá, ³Ûá, ÇѳñÏ», Ù»½ µ³ó³ïñ»ó, áñ å³ñáÝ ØÇ»ÃÁ ųٳݳÏÇÝ Ñ³ñ·í³Í Ù³ñ¹ ¿ñ, ¨ µáÉáñÁ µ³ñ¨áõÙ ¿ÇÝ Ýñ³Ý, ÇëÏ ³ÛÅÙ ³Ûɨë áã áù ãÇ ×³Ý³ãáõÙ Ýñ³Ýª µ³óÇ Çñ»ÝÇó, ë³ Ýñ³Ýó 騳ÝßÝ ¿, ë³ ÙÛáõëÝ»ñÇ é¨³ÝßÝ ¿, ë³ é¨³ÝßÝ ¿©©©£ ê³ Ù»ñ ųٳݳÏÇ é¨³ÝßÝ ¿, ËáëùÁ ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ñ ´³ïÇëïÁ, »ñµ ³é³çí³ ÁÝï³ÝÇùÝ»ñÁ, áñáÝù ³ß˳ïáõÙ ¿ÇÝ å³ñáÝ ØÇ»ÃÇ Ñ³Ù³ñ, ³ñÑ»ëï³íáñÝ»ñÁ ¨ ßáõϳݻñÁ ѳñëï³ó»É »Ý, ³Ûɨë Ýñ³ ϳñÇùÁ ãáõÝ»Ý, ѳÛñë ³ëáõÙ ¿, áñ ù³Õ³ù³í³ñáõÃÛáõÝÝ ³Ûɨë Ùá¹³ÛÇÏ ã¿, ¿É ØÇ»ÃÇ ÝÙ³Ý Í»ñáõÏÝ»ñÇÝ ßáÕáùáñûÉáõ ϳñÇù ãϳ£ ´³Ûó, ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ñ »ñ»Ë³Ý, ÈáõÇÝ Ù»½ ³ë³óª »Ã» ãáÕçáõÝ»ù å³ñáÝ ØÇ»ÃÇÝ ¨ »Ã» Ýñ³Ý ãû·Ý»ù ѳëï³ïí»Éáõ, ³Ûɨë áã ÙÇ Ïáϳ-Ïáɳ, »ë Ó»½ óáõÛó Ïï³Ù, áñáíÑ»ï¨ Ý³ ãÇ Ñ³ñëï³ó»É ¨ å³ñáÝ ØÇ»ÃÁ Çñ ÑÇÝ ûñ»ñÇ ÁÝÏ»ñÝ ¿£ ²Û¹ Å³Ù³Ý³Ï å³ñáÝ ØÇ»ÃÇÝ áõÕ»Ïó»óÇÝù Çñ ïáõÝ, µ³Ý³ÉÇÝ ¹»é ÈáõÇÇ Ùáï ¿, ÇëÏ Í»ñáõÏÁ å³ï»ñÝ ¿ñ ßáß³÷áõÙ, µáñµáëÇ Ñáï ¿ñ ϳݷݳÍ, ÙÏÝ»ñ áõ ë³ñ¹áëï³ÛÝÝ»ñ ¿ÇÝ ³Ûë áõ ³ÛÝï»Õ, µ³Ûó ݳ ·áÑ ¿ñ, ³ë³óª Ïñ³Ï í³é»ù µáõ˳ñáõÙ ¨ ï³ù³óñ»ù ë³, å³Ûáõë³ÏÇó ÇÝã-áñ ϳÃë³ Ñ³Ý»ó, ϳñÍ»ë Ù»çÁ ÉáµÇ ϳñ, ùáõÛñë »Ï³í Ýñ³ ³ÝÏáÕÇÝÁ ë³ñù»Éáõ ¨ ³ë³ó, áñ ë³í³ÝÝ»ñÁ ¹»é ß³ï ɳí íÇ׳ÏáõÙ ¿ÇÝ å³Ñ³ñ³ÝáõÙ, ÙdzÛÝ µ³ñÓÇ »ñ»ë ã·ï³í ¨ Ù³Ûñë Ù»ñÇó ÙÇ Ñ³ï ïí»ó£
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est mort ou bien en ville, notre bourg est devenu un endroit de vacances où tout s’achète très cher aux Magasins-Prix j’entends les petits accessoires, pour les travaux sérieux on s’adresse à des entreprises de la ville qui vous comptent leurs déplacements et leurs faux frais généraux et même leurs études soi-disant dans des écoles ou Dieu sait quoi, au lieu qu’avant on était artisan sur place sans chichis, on employait la pierre d’ici et le bois de la forêt, ils disent maintenant qu’il ne vaut rien et la pierre est trop chère paraît-il, c’est pourtant la même et il y en a à ne savoir qu’en faire mais voilà, ils sont de leur temps et les étrangers qui construisent comment connaîtraient-ils les carrières du Rouget, ils ne vont pas dans ce coin, ils ne se promènent pas, ils vont dans les bars de la ville, tout fiers de dire le soir nous rentrons dans notre campagne mais cette campagne-là qu’ils ont fabriquée de toutes pièces avec piscines et terrasses et solariums est-ce que je sais elle n’a plus un point de commun avec le pays tel qu’il est. C’était un pays pauvre où on n’avait pas tellement chaud l’hiver, où on restait à l’intérieur l’été, où on s’en allait le dimanche faire des excursions en forêt ou dans la montagne, on mangeait la soupe en rentrant et on causait des événements, le mariage de la fille Bianle, le nouveau cheval à Magnin, l’accident de la mère Migeotte, ce n’était pas excitant comme ils disent mais au moins on savait de quoi on parlait, au lieu qu’à présent ils discutent de la politique au Moyen-Orient ou des nègres américains en mangeant des langoustes du Cap au son de leurs transistors, ne connaissant rien à rien, ignorant le nom des arbres de la route, celui des petites brises du matin et du soir, et le goût des baies et celui même des truites et des perdreaux de la région, ils achètent leur bouffe en ville et plus qu’elle ressemble à celle de tout le monde, plus
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ÆëÏ ÑÇÙ³, ³í»É³óÝáõÙ ¿ ´³ïÇëïÁ, ³ÛÉ¨ë ¹áõñë ãÇ ·³ÉÇë ïÝÇó, µáÉáñ ³ÝÏÛáõÝÝ»ñÝ ³Ý·Çñ ·Çï», ãÇ Ï³ñ»ÉÇ Ýñ³Ý ˳ݷ³ñ»É, ¹Åí³ñ µ³Ý»ñÇ Ñ³Ù³ñ ÈáõÇÇÝ ËݹñáõÙ ¿ ¨ ݳ ÈáõÉáõÇÝ ¿ áõÕ³ñÏáõÙ, ϳ٠ѻÝó ÇÝùÝ ¿ ·ÝáõÙ ÙÇ µ³Å³Ï å³ñáÝ ØÇ»ÃÇ Ñ»ï ËÙ»Éáõ, ųٻñáí ÙÝáõÙ »Ý å³ñïǽ³ÏáõÙ, Çñ»Ýó å³ïÙáõÃÛáõÝÝ»ñÝ »Ý å³ïÙáõÙ Ù»ÏÙ»Ïáõ, ÇÝãå»ë ѳÛñë ¿ ³ëáõÙ, ë³ í»ñçÇÝ ÷áõÉÝ ¿ ݳËù³Ý, ë³ í»ñçÇÝ ÷áõÉÝ ¿ ݳËù³Ý£ ê³ í»ñçÇÝ ÷áõÉÝ ¿, ÏñÏÝáõÙ ¿ñ »ñ»Ë³Ý, ݳËù³Ý í»ñçÇÝÁ£ Æñ ÑÇÝ ûñ»ñÇ ÁÝÏ»ñÁ£ ø³Ý½Ç Çñ ïáõÝÁ ÈáõÇÇ Ñ»ï ¿ñ ϳéáõó»É, áñÁ É³í ¿ñ ׳ݳãáõÙ ³Û¹ ·áñÍÁ, ³Û¹ Å³Ù³Ý³Ï ÙÇ ÑÛáõëÝ Ï³ñ ¨ ÙÇ áñÙݳ¹Çñ ¨ ß³ï Ù³ñ¹ÇÏ, áñ ٳѳó»É »Ý, ϳ٠ù³Õ³ù ·Ý³ó»É, Ù»ñ ³í³ÝÁ ¹³ñÓ»É ¿ ³ñÓ³Ïáõñ¹³ÛÇÝ í³Ûñ, áõñ ³Ù»Ý ÇÝã ß³ï óÝÏ ·ÝáõÙ »Ý ѳÝñ³Ë³ÝáõÃÝ»ñáõÙ, Ëáëùë Ù³Ýñ-ÙáõÝñ µ³Ý»ñÇ Ù³ëÇÝ ¿, ÇëÏ Éáõñç ³ß˳ï³ÝùÝ»ñÇ Ñ³Ù³ñ ù³Õ³ùÇ ÁÝÏ»ñáõÃÛáõÝÝ»ñÇÝ »Ý ¹ÇÙáõÙ, áñáÝù Ù»ñ ѳßíÇÝ »Ý ·ñ³ÝóáõÙ Çñ»Ýó ׳ݳå³ñѳͳËë»ñÁ ¨ Ï»ÕÍ ÏáÕÙݳÏÇ Í³Ëë»ñÁ, áõ ÝáõÛÝëÇÏ Çñ»Ýó ³Ûëå»ë Ïáãí³Í áõëáõÙÁ ¹åñáóÝ»ñáõ٠ϳ٠²ëïí³Í ·Çï» ¿É ÇÝã, ³ÛÝÇÝã ³é³ç Ù³ñ¹ÇÏ ï»Õ³óÇ ³ñÑ»ëï³íáñÝ»ñ ¿ÇÝ ³é³Ýó Ó¨³Ï³ÝáõÃÛáõÝÝ»ñÇ, ³Ûëï»ÕÇ ù³ñÝ ¿ÇÝ û·ï³·áñÍáõÙ ¨ ³Ýï³éÇ ÷³ÛïÁ, ÇëÏ ÑÇÙ³ ³ëáõÙ »Ý, áñ ³Û¹ ÷³ÛïÝ ³Ýáñ³Ï ¿, ÇëÏ ù³ñÁ ß³ï óÝÏ, µ³Ûó ã¿ áñ ÝáõÛÝ ù³ñÝ ¿, ¨ ³ÛÝù³Ý ϳ ³Ûëï»Õ, áñ Ù³ñ¹ÇÏ ã·Çï»Ý ÇÝ㠳ݻÝ, µ³Ûó ³Ñ³, Ýñ³Ýù Çñ»Ýó ųٳݳÏÇ Ñ»ï ѳٳù³ÛÉ »Ý, ÇëÏ ³Ûë ûï³ñÝ»ñÁ, áñáÝù ßÇݳñ³ñáõÃÛ³Ùµ »Ý ÑÇÙ³ ½µ³ÕíáõÙ, ÇÝãå»±ë ϳñáÕ »Ý ׳ݳã»É èáõÅ»Ç ù³ñѳÝù»ñÁ, ³Û¹ ÏáÕÙ»ñÁ ã»Ý ·ÝáõÙ Ýñ³Ýù, ã»Ý ½µáëÝáõÙ, ·ÝáõÙ »Ý ù³Õ³ùÇ µ³ñ»ñÝ áõ ëñ׳ñ³ÝÝ»ñÁ, »ñ»ÏáÛ³Ý Ñå³ñïáõÃÛ³Ùµ ³ë»Éáíª Ù»ñ ·ÛáõÕÝ »Ý í»ñ³¹³éÝáõÙ, µ³Ûó ³Û¹ ·ÛáõÕÁ, áñ ÉñÇí ³ñÑ»ëï³Ï³Ýáñ»Ý ë³ñù»É »Ýª ÉáÕ³í³½³ÝÝ»ñáí ¨ Ý»ñùݳµ³Ï»ñáí ¨ ëáÉÛ³ñÇáõÙÝ»ñáí, ¨ »ëÇÙ ¿É ÇÝã»ñáí, ³Ûɨë áã ÙÇ ÁݹѳÝñáõÃÛáõÝ ãáõÝÇ Çñ³Ï³Ý ·³í³éÇ Ñ»ï£ Ä³Ù³Ý³ÏÇÝ ë³ ÙÇ ³Õù³ïÇÏ ßñç³Ý ¿ñ, áñï»Õ ÓÙé³ÝÝ ³ÛÝù³Ý ¿É ï³ù ã¿ñ ÉÇÝáõÙ, áõñ ³Ùé³ÝÁ ï³ÝÝ ¿ÇÝ ÙÝáõÙ, ÇëÏ ÏÇñ³ÏÇ ûñ»ñÇÝ ³Ýï³é ϳ٠ë³ñ ¿ùëÏáõñëdzݻñÇ ¿ÇÝ ·ÝáõÙ, í»ñ³¹³ñÓÇÝ ³åáõñ ¿ÇÝ áõïáõÙ ¨ ½ñáõóáõÙ ûñí³ Çñ³¹³ñÓáõ-
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qu’elle est stabilisée ou lyophilisée ou Dieu sait quoi mieux qu’ils la digèrent dirait-on. Il connaît tous les coins par cœur. Forcément depuis le temps et bien qu’il l’ait laissé pendant des années elle lui revient dans les doigts et dans la tête, il tâte les murs, il compte les marches, elle lui revient la maison de ses jours avec beaucoup de choses qu’on ne voit pas, elle est pleine de monde et de murmures et de soupirs, des vies nombreuses qui se faufilent ou se cachent ou s’épanouissent comme des fleurs délicates, un rideau les fait tressaillir, un courant d’air s’effacer, un tic-tac s’éveiller et parcourir sans bruit les chambres et les corridors, elles s’installent un rien de temps sur un fauteuil, elles caressent le piano, elles feuillettent un album et pfft les voilà blotties dans les placards, monsieur Miette a la migraine, il va et vient, il rumine, il se fait une tasse de tisane, il se rassoit au coin du feu, il s’apaise, la sarabande reprend, elle évolue, il n’est plus seul. Cette joie qui était la mienne. Des voix derrière la maison à Sinture, je reconnais celle de Poulot et de Louis et de Mahu, dans un instant ils seront au bar revenant de la voie ferrée où ils travaillent. Du vent dans l’angle de mur à monsieur Songe, il fait vibrer la vigne morte et l’arbrisseau de monnaie-du-pape. Une odeur d’ail et de friture. Un petit courant d’air sous la porte de mademoiselle Miaille, elle met un châle sur ses épaules. La lune s’est levée, il reste trois gars au bar qui parlent de la chasse, ailleurs les lampes se sont éteintes. C’est l’heure où les vieux soupirent, où les jeunes vont en ville, où la montagne semble reprendre ses assises, elle étale ses contreforts jusqu’au val du Rouget et jusqu’à Grance. La forêt réveille ses sorcières et la mer très loin remue des vagues inoffensives. On ne se souvient plus des cloches de midi.
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ÃÛáõÝÝ»ñÇ Ù³ëÇÝ, ´Ç³ÝÉÇ ³Õçϳ ³ÙáõëÝáõÃÛ³Ý, سÝÛ»ÝÇ Ýáñ ÓÇáõ, ØÇÅáà ٳÛñÇÏÇ å³ï³Ñ³ñÇ, óÝóáÕ ã¿ñ, ÇÝãå»ë ³ëáõÙ »Ý, µ³Ûó ·áÝ» ·Çï»ÇÝ, ÇÝãÇ Ù³ëÇÝ »Ý ËáëáõÙ, ³ÛÝÇÝã ÑÇÙ³ ùÝݳñÏáõÙ »Ý Ø»ñÓ³íáñ ²ñ¨»ÉùáõÙ í³ñ³Í ù³Õ³ù³Ï³ÝáõÃÛáõÝÁ ϳ٠²Ù»ñÇϳÛÇ ë¨³ÙáñÃÝ»ñÇݪ ѳñ³í-³ýñÇÏÛ³Ý Íáí³Ë»ó·»ïÇÝÝ»ñ ׳߳ϻÉáí, Çñ»Ýó ïñ³Ý½ÇëïáñÝ»ñÇ ³ÕÙáõÏÇ Ý»ñùá, áã ÙÇ µ³ÝÇó áãÇÝã ãѳëϳݳÉáí, ׳Ù÷»½ñÇ Í³é»ñÇ ³ÝáõÝÝ»ñÝ ÇëÏ ã·Çï»Ý, áã ¿É í³Õáñ¹Û³Ý ¨ »ñ»ÏáÛ³Ý Ñáí»ñÇ ³ÝáõÝÝ»ñÁ, ã·Çï»Ý ÇÝã ѳ٠áõÝ»Ý ï»ÕÇ Ñ³ï³åïáõÕÝ»ñÁ, áõ ÝáõÛÝÇëÏ ßñç³ÝÇ Ï³ñÙñ³Ë³ÛïÝ áõ ϳù³íÝ»ñÁ, Çñ»Ýó ëÝáõݹÁ ù³Õ³ùáõÙ »Ý ·ÝáõÙ, ¨ áñù³Ý ³í»ÉÇ ¿ ³ÛÝ ÝÙ³ÝíáõÙ µáÉáñÇ ëÝݹÇÝ, áñù³Ý ³í»ÉÇ Ùß³ÏáõÙÝ»ñÇ ¿ »ÝóñÏí³Í, çñ³½ñÏí³Í ϳ٠ë³é»óí³Í, ϳ٠²ëïí³Í ·Çï» ÇÝã, ³ÛÝù³Ý ³í»ÉÇ É³í »Ý Ï³ñÍ»ë Ù³ñëáõÙ£ ´áÉáñ ³ÝÏÛáõÝÝ»ñÝ ³Ý·Çñ ·Çﻣ ÆÝùÝÁëïÇÝùÛ³Ý, ³Û¹ù³Ý ųٳݳÏÇó Ç í»ñ, ¨ ãÝ³Û³Í ï³ñÇÝ»ñ ß³ñáõÝ³Ï Ñ»éáõ ¿ñ ·ïÝí»É, ï³Ý ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÁ í»ñ³¹³éÝáõÙ ¿ Ýñ³ Ù³ïÝ»ñÇ ï³Ï ¨ áõÕ»ÕáõÙ, ßáß³÷áõÙ ¿ å³ï»ñÁ, ѳßíáõÙ ³ëïÇ׳ÝÝ»ñÁ, Çñ ÑÇÝ ûñ»ñÇ ïáõÝÁ í»ñ³¹³éÝáõÙ ¿ Ñáõß»ñáõÙ ß³ï ³ÛÝåÇëÇ µ³Ý»ñáí, áñáÝù ã»Ý »ñ¨áõÙ, ÉÇ ¿ Ù³ñ¹Ï³Ýóáí, ßßáõÏÝ»ñáí ¨ Ñá·áóÝ»ñáí, µ³½áõÙ ÏÛ³Ýù»ñ, áñ ó÷³ÝóáõÙ »Ý, ϳ٠óùÝíáõÙ, ϳ٠ͳÕÏáõÙ, ÇÝãå»ë ÝñµÇÝ Í³ÕÇÏÝ»ñ, óÝóíáõÙ »Ý í³ñ³·áõÛñÇ ï»ëùÇó, ù³Ùáõ ßÝãÇó ÙÇ ÏáÕÙ ù³ßíáõÙ, ųٳóáõÛóÇ ïÏïÏáóÇó ³ñÃݳÝáõÙ ¨ ³Ý³ÕÙáõÏ ßñçáõÙ ë»ÝÛ³ÏÝ»ñáí áõ ÙÇç³ÝóùÝ»ñáí, ÙÇ å³Ñ µ³½Ï³ÃáéÇÝ »Ý ÝëïáõÙ, ßáÛáõÙ ¹³ßݳÙáõñÁ, ÙÇ ³Éµá٠ûñÃáõÙ ¨ Ñáå, ³Ñ³ ÝáñÇó óùÝí»óÇÝ å³Ñ³ñ³ÝáõÙ, å³ñáÝ ØÇ»ÃÇ ·ÉáõËÁ ó³íáõÙ ¿, ·ÝáõÙ-·³ÉÇë ¿, ÙïÙïáõÙ ¿, ÃáõñÙ ¿ å³ïñ³ëïáõÙ, ÝëïáõÙ µáõ˳ñáõ Ùáï, ˳ճÕíáõÙ ¿, Ë»Ýà å³ñÁ í»ñëÏëíáõÙ ¿, áõŷݳÝáõÙ, ݳ ³Ûɨë ÙdzÛÝ³Ï ã¿£ ²ÛÝ áõñ³ËáõÃÛáõÝÁ, áñ ÇÝÓ ¿ñ å³ïϳÝáõÙ£ ê»ÝïÛáõñÇ ï³Ý Ñ»ï¨áõÙ Ó³ÛÝ»ñ »Ý ÉëíáõÙ, ׳ݳãáõÙ »Ù äáõÉáÛÇ, ÈáõÇÇ ¨ سÑÛáõÇ Ó³ÛÝ»ñÁ, »ñϳÃáõÕáõó »Ý í»ñ³¹³éÝáõÙ, áñï»Õ ³ß˳ïáõÙ »Ý, ßáõïáí ëñ׳ñ³Ý Ïѳëݻݣ ä³ñáÝ êáÝÅÇ ï³Ý å³ïÇ ³ÝÏÛáõÝáõÙ ù³ÙÇÝ ÃñÃé³óÝáõÙ ¿ Ù»é³Í ˳ÕáÕÇ áñÃÁ ¨ ÉáõëݳͳÕÏÇ Ãáõ÷Á£ êËïáñÇ ¨ ï³å³-
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Il se rassoit au coin du feu, il s’apaise. Cette voix qui était la tienne. Ma vie est faite depuis beau temps, tu y avais mis un grain de futur, il n’a pas levé. Des fleurs sur les murs, des branches, des oisillons. Le silence dehors ne présage plus rien. Les pierres meurent lentement, elles se fendent ou se rouillent, on ne s’en doute pas, leurs métamorphoses ne nous troublent guère, un jour on dit tiens celle-ci n’est plus la même. Lorsque Baptiste est revenu le lendemain pour balayer la cour monsieur Miette lui a crié quelque chose, le jeune est allé vers lui, le vieux était toujours assis près de l’âtre, son feu éteint, ses haricots pas mangés. Rallume ça a-t-il dit, vous ne savez plus faire de feu, et va me chercher du pain chez Philippard, je n’en veux pas d’autre. Or Baptiste ne savait pas où était Philippard, il ne connaît que la boulangerie Doucette, il est allé trouver Louis qui a dit demande un pain trop cuit c’est ce qu’il aime, il ne fera pas la différence, t’en fais pas pour Philippard il y a belle lurette qu’il a remis sa boulangerie et il est mort comme les autres. Et Baptiste est revenu avec son pain et Miette en prenant une bouchée a dit il n’y a que Philippard qui sache cuire le pain, tu me conduiras chez lui tantôt, je veux lui serrer la main. Et Baptiste a dit plus tard ne sachant pas s’exprimer mais sensible pour son âge qu’il avait entrevu dans sa tête monsieur Miette faire le tour du cimetière et serrer la cuillère à tous ces morts autour de nous dans un lieu vague, entre ciel et tombe où il serait demain tendant à son tour la main au dernier survivant pour que cette vieille histoire d’avant le temps, cette histoire de Fantoine avant les voitures et l’eau et l’électricité et le boucan ne soit pas oubliée tout de suite mais repensée jusqu’à la fin par ceux qui l’ont aimée et qui sait, qui sait, miraculeusement sauvée et transmise par
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l’un de nous, le plus bête peut-être, non le plus ingrat. Il ajoutait que monsieur Miette voulait faire des transformations à sa baraque, ça va lui coûter gros, il n’a jamais été sans le sou, ce vieux râteau ne nous en fera plus accroire. A moins qu’il ne radote. Faire des travaux quand on est seul et un pied dans la tombe. Des neveux qui lui resteraient mais ne les voit jamais, brouillé avec sa famille. Aurait demandé à parler au maçon et au menuisier, Louis bien forcé de lui avouer qu’ils n’étaient plus ni l’un ni l’autre. Mais le vieux s’entête, il ira au hameau voisin où restent des artisans. Et de fait un matin Baptiste a vu deux hommes de Malatraîne discuter avec le vieux sous le hangar, on sait maintenant qu’il y va construire un salon s’il vous plaît à trois fenêtres plus une porte vitrée qui donne sur la cour plus une cheminée de château que le maçon a démolie chez mademoiselle de Bonne-Mesure, à cause des nouveaux impôts elle fait abattre un pavillon de chasse presque en ruine dans sa forêt. Ainsi monsieur Miette qu’on croyait au bout de son rouleau, aveugle et perclus, reprend-il du poil de la bête et s’agrandit, ce qui pourrait être une leçon pour beaucoup mais n’en est pas une car tous les vieux sont pauvres chez nous. Un salon noir disait notre poétesse à ces dames de l’ouvroir pour la raison qu’il n’y voit plus rien ce serait dans le ton qu’en pensez-vous, avec pour devise brodée sur les coussins et sur les paravents rien ne m’est plus plus ne m’est rien comme cette veuve royale souvenez-vous dans l’histoire de France, elle pouvait être vipère notre poétesse et ses auditrices de rire mais aucune ne connaissait la célèbre devise la culture n’étant pas le fort des dames de chez nous ce qu’on peut déplorer dans un sens, astiquer les meubles et faire le fricot c’est bien mais tout le jour à ces travaux n’élève point l’esprit et quelque hauteur de vue ne nui-
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rait à personne, je pense aux maris qui eux n’ayant aucune possibilité de loisir trouveraient ainsi dans leurs épouses au lieu de mégères grippe-sous et cancanières des sages pour tempérer la passion du lucre et détourner un peu les pensées des soucis sordides malgré tout que traînent ces malheureux leur vie durant, se trouvant au soir de leurs jours plus dépourvus d’intelligence et de liberté que cochons qu’on mène au saloir. Oui poursuivait-elle ce vieux chinetoc se sera-t-il gaussé du monde au cours de son existence et voilà sa dernière trouvaille, qu’en fera-t-il de ce salon, y logera son matou, on devrait taxer tout ça, l’Etat n’est pas à la hauteur, leur apprendre à ces ploutocrates de quel bois nos populations se chauffent car le savez-vous les électeurs c’est ça qui compte et les trois quarts sont dans l’opposition, notre vieux bon sens n’est pas mort, un jour viendra où triomphera l’équité, vive l’internationale. Et ces dames de trembler, elle allait fort notre poétesse, d’ailleurs quel rapport entre les extravagances de Miette et la fin du monde, car pour elles c’était bien ça le triomphe de la justice, les hordes déferlant d’où vous savez pour brûler les villages et violer les couventines, résultat de leurs divagations de votantes de fraîche date, on discute à l’ouvroir, on fait de la politique mais les mots en retard de plusieurs siècles pour qui ne les emploie qu’à l’occasion, entre un bœuf braisé et une course à l’épicerie, vous font déboucher en ce domaine comme en bien d’autres sur le spectacle apocalyptique des passions déchaînées, comme c’est curieux, à croire que les cerveaux pour peu qu’on les dévoie de leur train-train accoucheront ad vitam de ces inepties commodément puisées au vieux fonds des horreurs intimes. Lorsque Baptiste est revenu le lendemain pour balayer la cour il est allé droit à monsieur Miette qui ruminait cette idée de salon au coin du feu, il lui a dit comme
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ça animé par l’amour de la vérité qu’on doit à ceux que l’on estime et depuis l’histoire des cocas monsieur Miette pour lui était sacré, ma mère dit que notre poétesse dit que les électeurs disent que les ploutocrates. Ne fais pas l’imbécile dit Miette, réfléchis et accouche, quels ploutocrates, quels électeurs, qu’estce que ce salmigondis. Mais Baptiste ne savait plus. Alors Miette, je vais te le dire ce qu’elle bavoche notre rimailleuse, que je suis un vieux schnock ou chinetoc, que je fais aménager chez moi un salon dont personne ne profitera, que c’est une honte, que le gouvernement devrait intervenir, et sais-tu pourquoi, parce qu’elle n’a pas le sou, qu’elle est prétentieuse, que ses poèmes comme elle dit c’est de la gnognote, ça ne se vend pas, et que son esprit comme elle dit encore loin d’être occupé de belles choses ne se complaît qu’au malheur d’autrui sous couvert d’humanité. Et Baptiste fut convaincu. Lorsque Baptiste est revenu le lendemain pour balayer la cour monsieur Miette lui a crié quelque chose, le jeune est allé vers lui et le vieux lui a dit ces ploutocrates nous leur apprendrons de quel bois nos populations se chauffent, les électeurs sont dans l’opposition, les hordes déferleront pour violer la justice, vive l’internationale. Tu comprends disait-il à l’enfant les gens répètent ce qu’on leur dit, ils n’ont guère le temps d’y aller voir eux-mêmes, écoute-moi, ou ne le prennent pas, ainsi ils m’appellent Miette comme le premier venu un jour crut bon de le faire, n’y regardant pas de plus près, or mon nom est Narcisse, je te le confie sous le sceau du secret, es-tu capable de tenir ta langue, ne suis pas celui qu’ils pensent, simple affaire de substitution, je t’expliquerai un jour, voilà où nous en sommes. Et Baptiste fut convaincu. Cette chronologie à dissoudre.
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Ýñ³Ýóª í»ñç»ñë Ó»éù µ»ñ³Í ùí»³ñÏáÕÇ Ï³ñ·³íÇ׳ÏÇ ½³é³Ýó³ÝùÝ»ñÇ ³ñ¹ÛáõÝù ¿ñ, ï³ñ³ï»ë³Ï ѳñó»ñ »Ý ùÝݳñÏáõ٠ӻ鳷áñÍÇ ËÙµ³ÏáõÙ, ù³Õ³ù³Ï³ÝáõÃÛ³Ùµ ½µ³ÕíáõÙ, µ³Ûó ÙÇ ù³ÝÇ ¹³ñáí áõß³ó³Í µ³é»ñÁ, ³ÛÝ Ù³ñ¹Ï³Ýó ѳٳñ, áíù»ñ ¹ñ³Ýù ÙdzÛÝ ³éÇÃÇó ³éÇà »Ý ·áñͳÍáõÙ, ßá·»Ë³ß³Í ï³í³ñÇ ÙëÇ ¨ Ýå³ñ»Õ»ÝÇ Ë³ÝáõÃáõÙ ³ñí³Í ·ÝáõÙÝ»ñÇ ÙÇç¨, ѳݷ»óÝáõÙ »Ý ³Ûë µÝ³·³í³éáõÙ, ÇÝãå»ë ¨ ß³ï ³ÛÉ áÉáñïÝ»ñáõÙ, ë³ÝÓ³ñÓ³Ï Ïñù»ñÇ Ð³ÛïÝáõÃÛ³Ý ÙÇ ï»ë³ñ³ÝÇ£ ÆÝã ï³ñûñÇÝ³Ï ¿, ϳñ»ÉÇ ¿ ϳñÍ»É, áñ Ñ»Ýó Ù³ñ¹Ï³Ýó ÙÇïùÁ ß»Õ»ë ³Ù»ÝûñÛ³ ëáíáñ³Ï³Ý ÁÝóóùÇó, Ýñ³Ýó áõÕ»ÕÝ»ñÝ ³éѳí»ï ÏÍÝ»Ý ÝÙ³Ý ³ÝѻûÃáõÃÛáõÝÝ»ñ, áñ å»ÕáõÙ »Ý ÇÝïÇÙ ë³ñë³÷Ý»ñÇ ÑÇݳíáõñó Ëáñù»ñÇó£ ºñµ ´³ïÇëïÁ ѳçáñ¹ ûñÁ »Ï³í µ³ÏÝ ³íÉ»Éáõ, áõÕÇÕ ·Ý³ó å³ñáÝ ØÇ»ÃÇ Ùáï, áñÁ, µáõ˳ñáõ Ùáï Ýëï³Í, ÑÛáõñ³ëñ³ÑÇ ·³Õ³÷³ñÝ ¿ñ ÙïÙïáõÙ, ¨ ³ë³ó Ýñ³Ý, Ñ»Ýó ³ÛÝå»ë, ×ßÙ³ñïáõÃÛ³Ý Ñ³Ý¹»å ëÇñáõó ¹ñ¹í³Í, áñ å³ñï³Ï³Ý »Ýù Ýñ³Ýó, áõ٠ѳñ·áõÙ »Ýù, ¨ Ñ»ïá, Ïáϳ-ÏáɳݻñÇ å³ïÙáõÃÛáõÝÇó Ñ»ïá å³ñáÝ ØÇ»ÃÝ Çñ ѳٳñ ëñµáõÃÛáõÝ ¿ñ, ³ë³óª Ù³Ûñë ³ëáõÙ ¿, áñ Ù»ñ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇÝ ³ëáõÙ ¿, áñ ÁÝïñáÕÝ»ñÝ ³ëáõÙ »Ý, áñ åÉáõïáÏñ³ïÝ»ñÁ£ ÐÇÙ³ñÇ ï»Õ ÙÇ ¹Çñ ù»½, ³ëáõÙ ¿ ØÇ»ÃÁ, Ùïù»ñ¹ ѳí³ùÇñ ¨ ³ë³, ÇÝã åÉáõïáÏñ³ïÝ»ñ, ÇÝã ÁÝïñáÕÝ»ñ, ÇÝã ¿ Ý߳ݳÏáõÙ ³Ûë áÕç ˳éݳß÷áÃÁ£ ´³Ûó ´³ïÇëïÝ ³Ûɨë íëï³Ñ ã¿ñ£ ²Û¹Å³Ù ØÇ»ÃÝ ³ë³ó© »ë ù»½ ϳë»Ù, û ÇÝã ¿ ¹áõñë ï³ÉÇë Ù»ñ ѳݷ³ÃáõËÁ, áñ »ë Í»ñ ˻ɳ·³ñ ϳ٠³åáõß »Ù, áñ ï³Ýë ÑÛáõñ³ëñ³Ñ »Ù ϳéáõó»É ï³ÉÇë, áñÁ áã Ù»ÏÇÝ å»ïù ãÇ ·³, áñ áõÕÕ³ÏÇ Ë³Ûï³é³ÏáõÃÛáõÝ ¿, áñ ϳé³í³ñáõÃÛáõÝÁ å»ïù ¿ ÙÇç³ÙïÇ, ¨ ·Çï»ë ÇÝãáõ±, áñáíÑ»ï¨ Ý³ ÙÇ ëáõ ãáõÝÇ, áñáíÑ»ï¨ Ñ³í³ÏÝáï ¿, áñáíÑ»ï¨ Ýñ³ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛáõÝÝ»ñÁ, ÇÝãå»ë ÇÝùÝ ¿ ¹ñ³Ýù ³Ýí³ÝáõÙ, áã ÙÇ ³ñÅ»ù ãáõÝ»Ý, ã»Ý í³×³éíáõÙ, ¨ áñ Ýñ³ ÙÇïùÁ, ÇÝãå»ë ÇÝùÝ ¿ ³Û¹ ³Ýí³ÝáõÙ, ·»Õ»óÇÏ µ³Ý»ñáí ½µ³Õí»Éáõ ÷á˳ñ»Ý, ѳ×áõÛù ¿ ëï³ÝáõÙ ÙdzÛÝ ³ÛÉáó ¹Åµ³ËïáõÃÛáõÝÝ»ñÇóª Ù³ñ¹³ëÇñáõÃÛ³Ý ùáÕÇ ï³Ï£ ºí ´³ïÇëïÁ ѳÙá½í»ó£ ºñµ ´³ïÇëïÁ í»ñ³¹³ñÓ³í ѳçáñ ûñÁª µ³ÏÝ ³íÉ»Éáõ, å³ñáÝ ØÇ»ÃÝ ÇÝã-áñ µ³Ý ·áé³ó Ýñ³Ý, »ñÇï³ë³ñ¹Á
ROBERT PINGET fable
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Lorsque Baptiste est revenu le lendemain il est allé droit à la grange, il a ouvert la porte, il a vu dans le foin un homme endormi, il n’a pas osé l’éveiller, un vagabond ou un romanichel, vite il a refermé et dehors il attendait l’heure du lever de monsieur Miette. Quand le volet du vieux s’est ouvert il a couru vers la maison, il a dit quelqu’un dort dans la grange, je ne sais qui, estce qu’il faut le faire sortir. Il a vu la figure de l’aveugle devenir étrange, les sourcils levés au-dessus des yeux blancs comme s’il s’éveillait une seconde fois, la bouche s’ouvrir comme pour parler mais rien ne sortait, Baptiste a eu peur, il attendait une réponse, Miette a d’abord fait non de la tête puis il a dit très lentement ce sera donc lui ce sera donc lui, tout recommence. Et il restait à la fenêtre ses pauvres yeux grand ouverts sur ce qu’ils voyaient au-dedans. Baptiste a commencé à balayer la cour. Plus tard le vieux a ouvert la porte de la cuisine et il a crié quelque chose, Baptiste s’est approché de lui, l’aveugle a dit conduis-moi à la grange. Et Baptiste lui prenant la main l’y a conduit, il a ouvert la porte mais le vagabond n’y était plus. Où est-il a demandé Miette, il doit être là, et il s’avançait vers la droite en se baissant mais Baptiste a dit il se sera enfui en vous entendant crier, il était dans ce trou oui devant vous, vous avez trouvé la place. Parce que je la connais bien dit Miette, laisse-moi, je te rappellerai. Et Baptiste est allé finir de balayer. Là dans ce foin à n’attendre plus que la nuit. Personne pour me chasser ni pour me retenir. L’affreuse histoire se répète, tout recommence. Un vagabond ou un romanichel comme ils disent sans y regarder de plus près. Narcisse est venu mourir ici. Sa face rongée de vermine, ses orbites vides. La carcasse est penchée sur le côté, mouvement qu’il fait pour se mirer dans l’eau. Il a une crotte de chouette sur le crâne.
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Ýñ³Ý Ùáï»ó³í ¨ Í»ñáõÏÝ ³ë³ó© Ù»Ýù óáõÛó Ïï³Ýù ³Û¹ åÉáõïáÏñ³ïÝ»ñÇÝ, ÁÝïñáÕÝ»ñÝ Áݹ¹ÇÙáõÃÛ³Ý ß³ñù»ñáõÙ »Ý, Ñáñ¹³Ý»ñÁ ÏѳñÓ³Ïí»Ýª ³ñ¹³ñáõÃÛáõÝÁ µéݳµ³ñ»Éáõ, Ï»óó» ÇÝï»éݳóÇáݳÉÁ£ гëϳÝáõÙ »ë, ³ëáõÙ ¿ñ ݳ »ñ»Ë³ÛÇÝ, Ù³ñ¹ÇÏ ÏñÏÝáõÙ »Ý ³ÛÝ, ÇÝã Ýñ³Ýó ³ë»É »Ý, Ýñ³Ýù Å³Ù³Ý³Ï ãáõÝ»Ý ·Ý³Éáõ Çñ»Ýó ³ãùáí ï»ëÝ»Éáõ, ÉëÇñ ÇÝÓ, Ï³Ù Å³Ù³Ý³Ï ã»Ý ïñ³Ù³¹ñáõÙ ¹ñ³Ý, ¨ ³Û¹å»ë Ýñ³Ýù ÇÝÓ Øǻà »Ý ÏáãáõÙ, ÇÝãå»ë ³é³çÇÝ å³ï³Ñ³ÍÁ ÙÇ ûñ áñáß»ó ³Û¹å»ë ÇÝÓ ³Ýí³Ý»É, ³é³Ýó Ëáñ³ÙáõË ÉÇÝ»Éáõ, ³ÛÝÇÝã ÇÙ ³ÝáõÝÁ ܳñóÇë ¿, »ë ë³ ù»½ ÑáõÛÅ ·³ÕïÝÇ »Ù ѳÛïÝáõÙ, ϳñá±Õ »ë É»½áõ¹ ù»½ å³Ñ»É, »ë ³ÛÝ ã»Ù, ÇÝã Ýñ³Ýù ϳñÍáõÙ »Ý, ѳë³ñ³Ï ÷á˳ݳÏÙ³Ý å³ïÙáõÃÛáõÝ, ÙÇ ûñ ϵ³ó³ïñ»Ù ù»½, ³Ñ³ û áõñ »Ýù ѳë»É£ î³ññ³ÉáõÍÙ³Ý »Ýóϳ ³Ûë ųٳݳϳ·ñáõÃÛáõÝÁ£ ºñµ ѳçáñ¹ ûñÁ ´³ïÇëïÁ í»ñ³¹³ñÓ³í, áõÕÇÕ ·Ý³ó Ù³ñ³·, µ³ó»ó ¹áõéÁ, ãáñ ËáïÇ ¹»½Ç Ù»ç ùÝ³Í ÙÇ Ù³ñ¹ ï»ë³í, ãѳٳñÓ³Ïí»ó ³ñÃݳóÝ»É Ýñ³Ý, ÇÝã-áñ ó÷³é³Ï³Ý ¿ñ ϳ٠·Ýãáõ, ³ñ³· ÷³Ï»ó ¹áõéÁ ¨ ¹ñëáõÙ ëå³ëáõÙ ¿ñ ØÇ»ÃÇ ³ñÃݳݳÉáõ ųÙÇÝ£ ºñµ Í»ñáõÏÇ ÷»ÕÏÁ µ³óí»ó, ïÕ³Ý í³½»ó ï³Ý ÏáÕÙÁ, ¨ ³ë³ó© ÇÝãáñ Ù»ÏÁ ùÝ³Í ¿ Ù³ñ³·áõÙ, ã·Çï»Ù áí ¿, å»±ïù ¿ ³ñ¹Ûáù Ñ³Ý»É Ýñ³Ý ³ÛÝï»ÕÇó£ î»ë³í, áñ ÏáõÛñÇ ¹»ÙùÁ ³ÛɳÛÉí»ó, ¹³ï³ñÏ ³ãù»ñÇ í»ñ¨áõÙ ÑáÝù»ñÁ µ³ñÓñ³ó³Í, ³ë»ë »ñÏñáñ¹ ³Ý·³Ù ³ñÃݳݳñ, µ»ñ³ÝÁ µ³óí»ó, ³ë»ë Ëáë»Éáõ ѳٳñ, µ³Ûó áã ÙÇ µ³é ¹áõñë ã»Ï³í, ´³ïÇëïÁ í³Ë»ó³í, å³ï³ë˳ÝÇ ¿ñ ëå³ëáõÙ, ØÇ»ÃÁ ëϽµáõÙ ·ÉáõËÁ ï³ñáõµ»ñ»ó, Ñ»ïá ß³ï ¹³Ý¹³Õ ³ë³óª áõñ»ÙÝ ³Û¹ ݳ ¿, áõñ»ÙÝ ³Û¹ ݳ ¿, ³Ù»Ý ÇÝã í»ñëÏëíáõÙ ¿£ ºí ÙÝáõÙ ¿ñ å³ïáõѳÝÇ Ùáï, Ë»Õ×áõÏñ³Ï ³ãù»ñÁ ɳÛÝ µ³óí³Í, ѳé³Í ÙÇ µ³ÝÇ íñ³, áñ Ý»ñëáõÙ ¿ÇÝ ï»ëÝáõÙ£ ´³ïÇëïÁ ëÏë»ó µ³ÏÝ ³íɻɣ ²í»ÉÇ áõß Í»ñáõÏÁ µ³ó»ó ËáѳÝáóÇ ¹áõéÁ ¨ ÇÝã-áñ µ³Ý ϳÝã»ó, ´³ïÇëïÁ Ùáï»ó³í Ýñ³Ý, ÏáõÛñÝ ³ë³ó© áõÕ»ÏóÇñ ÇÝÓ Ù³ñ³·£ ºí ´³ïÇëïÁ, Ýñ³ Ó»éùÁ µéÝ»Éáí, áõÕ»Ïó»ó, µ³ó»ó ¹áõéÁ, µ³Ûó ó÷³é³ßñçÇÏÝ ³ÛÉ¨ë ³ÛÝï»Õ ã¿ñ£ àñï»Õ ¿, ѳñóñ»ó ØÇ»ÃÁ, å»ïù ¿ áñ ³ÛÝï»Õ ÉÇÝÇ, ¨ ¹»åÇ
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Des siècles d’éboulements. Mettre un linge blanc sur son visage. Monsieur Miette a rappelé Baptiste, il lui a dit surveille mieux la grange, nous y mettrons un cadenas, je ne veux pas de vagabonds ici ils pourraient flanquer le feu. Et tout en se dirigeant vers la maison au bras de l’enfant il marmonnait des choses que le petit ne comprenait pas. Et de fait un matin Baptiste a vu deux hommes de Malatraîne discuter avec le vieux sous le hangar, Miette expliquait son projet de salon, des poutres seraient récupérées outre la cheminée dans le pavillon forestier, c’était tout bénéfice pour la propriétaire. Narcisse Thieroux le menuisier a dit ensuite à quelqu’un de chez nous que le vieux s’il ne perdait la boule avait tout du moins d’étranges marottes, après la discussion sur le matériau il leur offrait un verre dans sa cuisine et développait son idée de derrière la tête, un salon disait-il avec des miroirs tout le tour, quelque chose j’imagine comme ces jeux de glaces dans les foires commentait le menuisier où on retrouve sa tronche à tous les azimuts, idée cocasse pour un aveugle, mais qu’il paie ça ne fait pas de question, il a proposé d’emblée le premier tiers d’avance, le second à mi-œuvre et le dernier à la livraison. Ainsi monsieur Miette qu’on croyait au bout de son rouleau. Il se lève matin et va tâter les murs du hangar pour se pénétrer de toute cette pierre, de tout ce mortier, de tout ce bois afin d’étayer mieux son rêve, il appelle Baptiste, lui demande de mesurer ici ou là, lève la tête et fixant les solives de ses yeux morts il évoque les plafonds des grandes demeures d’autrefois, il étend les bras d’une fenêtre à l’autre, il compte ses pas en déambulant sur la terre battue, il faudra là des carreaux de la plus belle facture, là des panneaux de chêne, là une plinthe, là une corniche, et pour le mobilier nous irons
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³ç ·Ý³ó, Ïé³Ý³Éáí, µ³Ûó ´³ïÇëïÝ ³ë³óª ÷³Ë³Í ÏÉÇÝÇ Ó»ñ µ³ó³Ï³ÝãáõÃÛáõÝÁ Éë»Éáí, ³Ûë ÷áëÇ Ù»ç ¿ñ, ³Ûá, Ó»ñ ³éç¨, ×Çßï ï»ÕÁ ·ï³ù£ àñáíÑ»ï¨ ß³ï É³í ·Çï»Ù ³Ûë ï»ÕÁ, ³ëáõÙ ¿ ØÇ»ÃÁ, Ù»Ý³Ï ÃáÕ ÇÝÓ, ÏϳÝã»Ù ù»½£ ºí ´³ïÇëïÁ í»ñ³¹³ñÓ³í ³íÉ»ÉáõÝ£ ²Ñ³ ³ÛÝ ãáñ ËáïÇ Ù»ç, ·Çß»ñí³Ý ëå³ë»Éáí£ Ø³ñ¹ ãϳ, áñ ÇÝÓ ùßÇ, ϳ٠å³ÑÇ£ êáëϳÉÇ å³ïÙáõÃÛáõÝÁ ÏñÏÝíáõÙ ¿, ³Ù»Ý ÇÝã í»ñëÏëíáõÙ ¿£ ³÷³é³ßñçÇÏ Ï³Ù ·Ýãáõ, ÇÝãå»ë ³ëáõÙ »Ý, ³é³Ýó Ëáñ³ÙáõË ÉÇÝ»Éáõ£ ܳñóÇëÁ »Ï»É ¿ ³Ûëï»Õ Ù»éÝ»Éáõ£ ¸»ÙùÁ ÙÇç³ïÝ»ñÇó ù³Ûù³Ûí³Í, ³ÏݳϳåÇ×Ý»ñÁ ¹³ï³ñÏ£ ÎÙ³ËùÁ ÏáÕùÇ íñ³ ¿ ûùí³Í, ÝáõÛÝ ß³ñÅáõÙÝ ¿, áñ ³ÝáõÙ ¿ª çñÇ Ù»ç ÇÝùÝ Çñ»Ý ݳۻÉáõ£ ¶³Ý·ÇÝ µí»×Ç Í»ñï£ öÉáõ½áõÙÝ»ñÇ ¹³ñ»ñ£ ¸»ÙùÇÝ ëåÇï³Ï Ïïáñ ¹Ý»É£ ä³ñáÝ ØÇ»ÃÁ ϳÝã»ó ´³ïÇëïÇÝ, Ýñ³Ý å³ïíÇñ»ó ³í»ÉÇ É³í ÑëÏ»É Ù³ñ³·Á, ³ë³óª ÏáÕå»ù ϹݻÝù, ã»Ù áõ½áõÙ, áñ ³Ûëï»Õ ó÷³é³Ï³ÝÝ»ñ ѳí³ùí»Ý, ϳñáÕ »Ý Ïñ³ÏÇ ï³É ³Ù»Ý ÇÝ㣠ºí »ñ»Ë³ÛÇ Ó»éùÇÝ Ñ»Ýí³Í ïáõÝ í»ñ³¹³éݳÉÇë ÇÝã-áñ µ³Ý»ñ ¿ñ ùñÃÙÝçáõÙ, áñ ÷áùñÇÏÁ ã¿ñ ѳëϳÝáõÙ£ ºí Çëϳå»ë, ÙÇ ³é³íáï ´³ïÇëïÁ ï»ë³í, û ÇÝãå»ë »Ý سɳïñ»ÝÇó »ñÏáõ Ñá·Ç ͳÍÏÇ ï³Ï ØÇ»ÃÇ Ñ»ï ËáëáõÙ, ØÇ»ÃÁ Ýñ³Ýó µ³ó³ïñáõÙ ¿ñ ÑÛáõñ³ëñ³ÑÇ Çñ Íñ³·ÇñÁ, áñëáñ¹³Ï³Ý ïݳÏÇó ϳñáÕ ¿ÇÝ µáõ˳ñÇÝ µ»ñ»É, ÇÝãå»ë ݳ¨ áñáß ·»ñ³ÝÝ»ñ, ¹³ ÙdzÛÝ û·áõï Ïï³ñ ï³ÝïÇñáõÑáõÝ£ ܳñóÇë ÂÇ»ñáõÝ, ÑÛáõëÝÁ, ³í»ÉÇ áõß ³ë³ó Ù»ñáÝóÇó Ù»ÏÇÝ, áñ »Ã» Í»ñáõÏÁ ÉñÇí Ë»Ýà ã¿ñ, ³éÝí³½Ý ï³ñûñÇݳÏáõÃÛáõÝÝ»ñ áõÝ»ñ, ßÇݳÝÛáõûñÇ Ù³ëÇÝ ùÝݳñÏáõÙÇó Ñ»ïá Ýñ³Ýó ËÙ»Éáõ µ³Ý ³é³ç³ñÏ»ó ËáѳÝáóáõÙ, ¨ ß³ñáõݳÏáõÙ ¿ñ Çñ ÙÇïùÁ ½³ñ·³óݻɩ ÑÛáõñ³ëñ³ÑÝ, ³ëáõÙ ¿ñ ݳ, ßáõñç µáÉáñÁ ѳۻÉÇÝ»ñáí å³ïí³Í ÏÉÇÝÇ, ÇÝãå»ë »ñ¨Ç ïáݳí³×³éÝ»ñáõ٠ѳۻÉÇÝ»ñáí ë»ÝÛ³ÏÝ»ñÁ, Ù»Ïݳµ³ÝáõÙ ¿ñ ÑÛáõëÝÁ, áõñ ³Ù»Ý ÏáÕÙÇó ¹»Ùù¹ »ë ï»ëÝáõÙ, ï³ñûñÇÝ³Ï ÙÇïù ¿ ÏáõÛñÇ Ñ³Ù³ñ, µ³Ûó ϳëÏ³Í ãϳ, áñ ݳ Ïí׳ñÇ, Ñ»Ýó ëϽµÇó Ù»Ï »ññáñ¹Á áñå»ë ϳÝ˳í׳ñ ³é³ç³ñÏ»ó, ¨ë Ù»Ï »ññáñ¹ª ³ß-
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dit-il à l’enfant faire la tournée des antiquaires, il y en a une centaine dans la région, je vais t’apprendre le métier. Et Baptiste dans sa cervelle voyait s’édifier une cathédrale, il en parlait le soir à sa mère, ajoutant une de ces remarques sensibles pour son âge que monsieur Miette lorsqu’il dégoisait son histoire en levant les bras et en trébuchant partout lui faisait penser à un oiseau auquel on aurait coupé les ailes, on lui bâtirait une cage beaucoup trop grande, une volière où le mutilé resterait tapi en bas près de son petit bac à eau et où tout l’espace serait occupé par les araignées. Tu comprends disait le vieux les gens répètent ce qu’on leur dit, d’un malheur par exemple c’est un temps d’épreuve ou un mauvais moment à passer, n’y regardant pas de plus près, or le malheur n’a pas de date, il n’arrive pas tel jour pour s’envoler tel autre, il est là, il ne bouge pas, nous l’éprouvons ou non suivant des lois inconnues. Et Baptiste fut convaincu.
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˳ï³ÝùÇ Ï»ëÝ ³í³ñï»Éáõó Ñ»ïá, ¨ í»ñçÇÝÁª ³ß˳ï³ÝùÁ ѳÝÓÝ»Éáõ å³ÑÇÝ£ ²Ñ³í³ëÇÏ å³ñáÝ ØÇ»ÃÁ, áñÇÝ ÙÇ áïùáí ·»ñ»½Ù³ÝáõÙ ¿ÇÝ Ï³ñÍáõÙ£ ì»ñ ¿ Ï»ÝáõÙ ³é³íáïÛ³Ý ¨ ßáß³÷áõÙ Ïó³ß»ÝùÇ å³ï»ñÁª ³Û¹ ù³ñ»ñáí, ³Û¹ áÕç Ïñ³ß³Õ³Ëáí, áÕç ÷³Ûïáí ѳٳÏí»Éáõª Çñ »ñ³½Ý ³í»ÉÇ É³í Ù³ñÙݳíáñ»Éáõ ѳٳñ, ϳÝãáõÙ ¿ ´³ïÇëïÇÝ, ËݹñáõÙ ³Ûë ϳ٠³ÛÝ ï»ÕÁ ã³÷»É, µ³ñÓñ³óÝáõÙ ¿ ·ÉáõËÁ ¨ Çñ ѳݷã³Í ³ãù»ñÁ ï³ÝÇùÇ ·»ñ³ÝÝ»ñÇÝ Ñ³é³Í, ÙïáíÇ á·»ÏáãáõÙ ÑÇÝ Å³Ù³Ý³ÏÝ»ñÇ Ù»Í ïÝ»ñÇ ³é³ëï³ÕÝ»ñÁ, Ó»éù»ñÁ ï³ñ³ÍáõÙ ¿ ÙÇ å³ïáõѳÝÇó ÙÛáõëÁ, ϳí³Í»÷ ·»ïÝÇ íñ³Ûáí ³Ûë áõ ³ÛÝ ÏáÕÙ ¿ ù³ÛÉáõÙª ù³ÛÉ»ñÁ ѳßí»Éáí, ³Ûëï»Õ ³Ù»Ý³·»Õ»óÇÏ ë³ÉÇÏÝ»ñÁ å»ïù ¿ ¹Ý»Ýù, ³ÛÝï»Õª ϳÕÝáõ ï³Ëï³ÏÝ»ñ, ³ÛÝ ÏáÕÙáõÙª ßñÇß³Ï, ³Ûë Ù³ëáõÙª ÙÇ ùÇí, ÇëÏ Ï³ÑáõÛùÇ Ñ³Ù³ñ, ³ëáõÙ ¿ ݳ »ñ»Ë³ÛÇÝ, ϷݳÝù Ñݳí³×³éÝ»ñÇ Ùáï, ³Ûë ßñç³ÝáõÙ ÙÇ Ñ³ñÛáõñ Ñݳí³×³é ÏÉÇÝÇ, »ë ù»½ Ïëáíáñ»óݻ٠³Û¹ ·áñÍÁ£ ºí ´³ïÇëïÇ ÙïùáõÙ ï³×³ñ ¿ñ í»ñ ËáÛ³ÝáõÙ, »ñ»ÏáÛ³Ý ÙáñÝ ¿ñ å³ïÙáõÙ, ¨ Çñ ï³ñÇùÇ Ñ³Ù³ñ ß³ï ½·³ÛáõÝ ÙÇ ¹ÇïáÕáõÃÛáõÝ ³ÝáõÙ, áñ »ñµ å³ñáÝ ØÇ»ÃÝ ³Û¹å»ë ï³ñíáõÙ ¿ñ Çñ å³ïÙáõÃÛ³Ùµª Ó»éù»ñÁ µ³ñÓñ³óÝ»Éáí áõ ³Ù»Ýáõñ ë³Ûóù»Éáí, Çñ»Ý è»ñÁ Ïïñ³Í ÃéãáõÝ ¿ñ ÑÇß»óÝáõÙ, áñÇ Ñ³Ù³ñ ã³÷³½³Ýó Ù»Í í³Ý¹³Ï ¿ÇÝ Ï³éáõó»É, ÙÇ ÃéãݳÝáó, áñáõÙ ³Ý¹³Ù³ÉáõÛÍÁ ÏÍÏí³Í ÙÝáõÙ ¿ñ Ý»ñù¨áõÙª çñ³Ù³ÝÇ ÏáÕùÇÝ, ¨ áñï»Õ áÕç ï³ñ³ÍáõÃÛáõÝÁ ͳÍÏí³Í ¿ñ ë³ñ¹»ñáí£ Ð³ëϳÝáõÙ »ë, ³ëáõÙ ¿ñ Í»ñáõÏÁ, Ù³ñ¹ÇÏ ÏñÏÝáõÙ »Ý ³ÛÝ, ÇÝã Ýñ³Ýó ³ëáõÙ »Ý, ¹Åµ³ËïáõÃÛ³Ý Ù³ëÇÝ, ûñÇݳÏ, ³ëáõÙ »Ý, áñ ¹³ ÷áñÓáõÃÛ³Ý Å³Ù³Ý³Ï³ßñç³Ý ¿, ϳ٠¹Åí³ñ å³Ñ, áñÁ å»ïù ¿ ѳٵ»ñáõÃÛ³Ùµ ï³Ý»É, ³é³Ýó Ëáñ³ÙáõË ÉÇÝ»Éáõ, ³ÛÝÇÝ㠹ŵ³ËïáõÃÛáõÝÁ ųÙå³ï³ñ³· ãáõÝÇ, íñ³ ãÇ Ñ³ëÝáõÙ ³ÛëÇÝã ûñÁ, ¨ Ñ»é³ÝáõÙ ³ÛÝÇÝã ûñÁ, ³ÛÉ ³Ûëï»Õ ¿, ÙÇßï ϳ, ï»ÕÇó ãÇ ß³ñÅíáõÙ, ÇëÏ Ù»Ýù ³ÛÝ ½·áõÙ »Ýù ϳ٠áã, ÇÝã-áñ ³ÝѳÛï ûñ»ÝùÝ»ñÇ »ÝóñÏí»Éáí£ ºí ´³ïÇëïÁ ѳÙá½í»ó£
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§²é³ÏÁ¦ ÉáõÛë ¿ ï»ë»É 1970 Ãí³Ï³ÝÇÝ, ä»ÝÅ»Ç ëï»Õͳ·áñÍ³Ï³Ý ÏÛ³ÝùÇ §Ï»ë ׳ݳå³ñÑÇݦ, »ñµ ³ñ¹»Ý ÉÇáíÇÝ Ñ³ëï³ïí»É ¿ñ Ýñ³ §Ó»é³·ÇñÁ¦© åỽdzÛÇ ¨ »ñ³ÅßïáõÃÛ³Ý µ³ó³Ñ³Ûï ï³ññ»ñÇ ³éϳÛáõÃÛáõÝ, ųٳݳÏÇ, ï³ñ³ÍáõÃÛ³Ý ¨ ·áñÍáÕáõÃÛ³Ý ÙdzëÝáõÃÛ³Ý µ³ó³ñÓ³Ï ³Ýï»ëáõÙ, ÏñÏÝíáÕ Ý³Ë³¹³ëáõÃÛáõÝÝ»ñ, Ñ»ñó·³ÛíáÕ ÙáïÇíÝ»ñáí å³ñµ»ñáõÃÛáõÝÝ»ñ, ¹Çó³µ³Ý³Ï³Ý Ï»ñå³ñÝ»ñÇ áõ Ùï³ó³ÍÇÝ ·ÛáõÕ³ù³Õ³ùÝ»ñÇ (ü³Ýïáõ³Ý, ²·³å³) µÝ³ÏÇãÝ»ñÇ Çñ³Ï³Ý áõ ϻݹ³ÝÇ ³éûñÛ³ ½ñáõÛóÝ»ñ£ ä»ÝÅ»Ç ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛ³Ý ³é³ÝÓݳѳïÏáõÃÛáõÝÝ»ñÇó ¿ Ý³¨ å³ÛÙ³Ý³Ï³Ý »Õ³Ý³ÏÇ Ñ³×³Ë³ÏÇ û·ï³·áñÍáõÙÁ, áñ ë³ÑÙ³ÝáõÙ ¿ Çñ ëï»ÕÍ³Í ³ß˳ñÑÁ, áñå»ë »ñ¨³Ï³Û³Ï³ÝÇ »Ýó¹ñáõÃÛáõÝ Ï³Ù Çñ³Ï³ÝÇ Ñݳñ³íáñáõÃÛáõÝ, ÇÝãå»ë ݳ¨ §Ï³Ù¦, §·áõó»¦, §Ã»ñ¨ë¦ ¨ ³ÛÉ ÝٳݳïÇå ϳå»ñÇ áõ ß³ÕϳåÝ»ñÇ ÏÇñ³éáõÙÁ, áñáÝù ϳëϳÍÇ ï³Ï »Ý ¹ÝáõÙ Ñ»Ýó Ýáñ ³ëí³ÍÁ ¨ ½³ñ·³óÙ³Ý Ï³Ù Ù»Ïݳµ³ÝáõÃÛ³Ý Ù»Ï ³ÛÉ ï³ñµ»ñ³Ï ³é³ç³ñÏáõÙ, áñ ä»ÝÅ»Ý ³Ýí³ÝáõÙ ¿ñ §íÇå³Ï³Ý ·ñ³Ï³ÝáõÃÛ³Ý ¹»ÙÇëïÇýÇϳódz¦, ³ÛëÇÝùݪ ×ßÙ³ñï³ÝÙ³ÝáõÃÛ³Ý Ó·ïáÕ µáÉáñ ÙÇçáóÝ»ñÇ ¹³ï³å³ñïáõÙÁª ó³Ýϳó³Í åݹáõÙ Ñ»ï¨áճϳÝáñ»Ý íÇ׳ñÏ»Éáõ, ÅËï»Éáõ ÙÇçáóáí£ üñ³Ýë»ñ»Ý í»ñݳ·ÇñÁª §Fable¦, ýñ³Ýë»ñ»ÝáõÙ Ý߳ݳÏáõÙ ¿ ³é³Ï, ݳ¨ª å³ïáõÙ, »ñ¨³Ï³Û³Ï³Ý å³ïÙáõÃÛáõÝ, ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛ³Ý ý³µáõɳ, ÇëÏ Ù»Í³ï³éáí ¨ áñáßÇã Ñá¹áí, §la Fable¦ª ¹Çó³µ³Ý³Ï³Ý å³ïÙáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ³ÙµáÕçáõÃÛáõÝ, ¨ ϳñ»ÉÇ ¿ ³ë»É, áñ Ñ»ÕÇݳÏÝ ³Ûëï»Õ ³ë»ë ˳ÕáõÙ ¿ µ³éÇ µáÉáñ ÇÙ³ëïÝ»ñÇ Ñ»ï£ Â³ñ·Ù³ÝãÇ ÁÝïñáõÃÛáõÝÝ ¿ñ å³Ñ»É §³é³Ï¦ ï³ñµ»ñ³ÏÁ, áñÝ ³é³í»É³·áõÛÝë ѳñ³½³ï ¿ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛ³Ý ¿áõÃÛ³ÝÝ áõ µÝáõÛÃÇݪ áñå»ë ³Ûɳµ³ÝáõÃÛáõÝ, ÷á˳µ»ñáõÃÛáõÝ, Ù»ÏÝáõÃÛ³Ý Ï³ñáï ѳݻÉáõÏ, áñÇ ÇÙ³ëïÁ ë³Ï³ÛÝ, Ç ï³ñµ»ñáõÃÛáõÝ Ù»½ ѳÛïÝÇ ³é³ÏÝ»ññÇ, Ñ»ßïáõÃÛ³Ùµ ãÇ ïñíáõÙ£
2© ¾ç 17© ¾åÇݳÉÁ ÷áñ³·ñ³ÝϳñÝ»ñÇ áõ å³ïÏ»ñ³½³ñ¹áõÙÝ»ñÇ ³ñï³¹ñáõÃÛ³Ý ýñ³ÝëÇ³Ï³Ý Ï»ÝïñáÝÝ»ñÇó Ù»ÏÝ ¿, áñ ɳÛÝ ×³Ý³ãáõÙ ¿ ëï³ó»É ѳïϳå»ë 19-ñ¹ ¹³ñÇó ¨ ³é³ÝÓݳÝáõÙ ¿ñ í³é ·áõÛÝ»ñáí ¨ å³ïÏ»ñ³½³ñ¹áõÙÝ»ñÇ §ÅáÕáíñ¹³Ï³Ý¦ ûٳݻñáí£ §¾åÇݳÉÇ å³ïÏ»ñ¦ ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÝ ³Ûëûñ Ó»éù ¿ µ»ñ»É ÷á˳µ»ñ³Ï³Ý ÇÙ³ëï ¨ ³ñï³Ñ³ÛïáõÙ ¿ ³Ûë ϳ٠³ÛÝ »ñ¨áõÛÃÇ ÷áùñ-ÇÝã í»ñ³Ùµ³ñÓ, ³í³Ý¹³Ï³Ý, ÙdzÙÇï áõ å³ñ½áõÝ³Ï å³ïÏ»ñ³óáõÙ, áñÁ óáõÛó ¿ ï³ÉÇë »ñ¨áõÛÃÇ ÙdzÛÝ ¹ñ³Ï³Ý ÏáÕÙ»ñÁ£ 3© ¾ç 25© äñáï¨ë - Íáí³ÛÇÝ ³ëïí³ÍáõÃÛáõÝ ÑáõÝ³Ï³Ý ¹Çó³µ³ÝáõÃÛáõÝáõÙ, ó³Ýϳó³Í Ï»ñå³ñ³ÝùÝ ëï³Ý³Éáõ ϳñáÕáõÃÛ³Ùµ ûÅïí³Í Í»ñáõÝÇ£ Ìáí³ÛÇÝ ÙÛáõë ³ëïí³ÍáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ÝÙ³Ý, äñáï¨ëÁ ¨ë ûÅïí³Í ¿ñ ³å³·³Ý ·áõ߳ϻÉáõ ϳñáÕáõÃÛ³Ùµ£ лﳷ³ÛáõÙ ·ñùáõ٠ѳݹÇåáõÙ »Ýù ݳ¨ ëǵÇÉɳÛÇݪ ³é³ëå»É³Ï³Ý ÏÇÝ-·áõß³ÏÇÝ£ гïϳÝß³Ï³Ý ¿, áñ ãÝ³Û³Í Ï³Ý³óÇ Ï»ñå³Ý»ñÇ ³Õù³ïáõÃÛ³ÝÁ (ÙÇ³Ï ÏÇÝ §Ñ»ñáëÁ¦ ·ñùáõÙ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇÝ ¿, »Ã» ãѳßí»Ýù Ñå³ÝóÇÏ ÑÇß³ï³Ïí³Í ·ÛáõÕÇ Ï³Ý³Ýó, áñáÝóÇó áã Ù»ÏÁ ³ÝáõÝ ãáõÝÇ), ϳݳóÇ ëÏǽµÝ Çñ³Ï³Ýáõ٠ٻͳå»ë ³éϳ ¿ ³Ûë ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝáõÙ© äñáï¨ë ·áõß³ÏÇÝ Ñ³Ù³¹ñíáõÙ ¿ ëǵÇÉɳÝ, ØdzÛ-Øǻà ³ßáõÕÇݪ µ³Ý³ëï»ÕÍáõÑÇÝ, øñÇëïáëÇ Ï»ñå³ñÇó ³Ýµ³Å³Ý»ÉÇ ¿ ²ëïí³Í³ÍÝÇ Ï»ñå³ñÁ£ Æ·³Ï³Ý ë»éÇ ¿ ݳ¨ Ù»Ï ³ÛÉ ëï»Õͳ·áñÍáÕ-³ñ³ñÇ㪠²ëïí³Í³ÛÇÝ ë³ñ¹Á, ýñ³Ýë»ñ»ÝáõÙª Divine araignée, áñÇ Ç·³Ï³Ý ë»éÁ ß»ßïíáõÙ ¿ §elle¦ª ݳ (Ç·³Ï³Ý »ññáñ¹ ¹»ÙùÇ) ¹»ñ³Ýí³Ý ÏÇñ³éٳٵ© ³Û¹ ïå³íáñáõÃÛáõÝÁ óñ·Ù³ÝáõÃÛ³Ý Ù»ç í»ñ³ñï³¹ñí»É ¿ ïÇñáõÑÇ ·á۳ϳÝáí£ 4© ¾ç 73© ȳïÇÝ»ñ»Ýª Maris Stella, ϳÃáÉÇÏ ³í³Ý¹áõÃÛáõÝáõ٠سñdz٠²ëïí³Í³ÍÝÇÝ ïñíáÕ ³ÝáõÝÝ»ñÇó Ù»ÏÝ ¿£ ¶áñÍáõ٠ѳݹÇåáõÙ »Ý µ³½Ù³ÃÇí ÑÕáõÙÝ»ñ ÇÝãå»ë سñdz٠²ëïí³Í³ÍÝÇݪ ï³ñµ»ñ ³ÝáõÝÝ»ñáí (ÇÝãå»ë ûñÇÝ³Ï ²Ý³ñ³ï ÎáõÛë, àëÏ»Õ»Ý ê³÷áñ ¨ ³ÛÉÝ), ³ÛÝå»ë ¿É øñÇëïáëÇÝ ¨ ³ëïí³Í³ßÝãÛ³Ý ³ÛÉ ³ëáõÛÃÝ»ñÇÝ áõ Ï»ñ-
å³ñÝ»ñÇÝ (ÇÝãå»ë ÐÇÝ, ³ÛÝå»ë ¿É Üáñ Îï³Ï³ñ³ÝÇó)£ ´³½Ù³ÃÇí »Ý Ý³¨ ÑÇÝ ¹Çó³µ³ÝáõÃÛ³Ý Ñ»ï ³Õ»ñëÝ»ñÁ£ ²ÛëåÇëáí áõñí³·ÍíáõÙ ¿ Ù³ñ¹ÏáõÃÛ³Ý å³ïÙáõÃÛ³Ý ¨ ù³Õ³ù³ÏñÃáõÃÛ³Ý ½³ñ·³óÙ³Ý ÁÝóóùÁª ÁݹѳïáõÝ å³ïÏ»ñÝ»ñÇ áõ ïå³íáñáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ÙÇçáóáí£ ²Ûëå»ë, Áëï áñáß Ù»Ïݳµ³ÝáõÃÛáõÝÝ»ñÇ, çñÇ ³÷ÇÝ å³éÏ³Í ¹Ç³ÏÇ ³é³çÇÝ ï»ë³ñ³ÝÁ, áñ å³ïÏ»ñáõÙ ¿ §ëåÇï³Ï Ù³ßÏáí ¨ ϳåáõÛï ³Õí³Ù³½áí ÙÇ ïÕ³, ·»Õ»óÇÏ, ÇÝãå»ë ÷ÕáëÏñÁ ¨ Íáí³½í³ñÃÁ¦, áñÇÝ Ñ»ïá Ù³ëݳïáõÙ ¨ áõïáõÙ »Ý Ù»ñÏ ïÕ³Ù³ñ¹ÇÏ, ³ë»ë ݳËÝ³Ï³Ý å³ßï³ÙáõÝùǪ ÏÛ³ÝùÇ, µ»ÕÙݳíáñáõÃÛ³Ý áõ µ»ñù³ïíáõÃÛ³Ý ÷³é³µ³ÝÙ³Ý Ûáõñ³ï»ë³Ï ÙÇ ÍÇë³Ï³ï³ñáõÃÛ³Ý ËáñÑñ¹³ÝÇß ÉÇÝÇ£ ²ÛÝáõѻ飯 øñÇëïáëÇ ÃÉ÷³ïÙ³ÝÝ ³ñí³Í ѳ׳˳ÏÇ ÑÕáõÙÝ»ñÁ ÑÇß»óÝáõÙ »Ý ùñÇëïáÝ»áõÃÛ³Ý Ñ³ëï³ï³Íª ýǽÇÏ³Ï³Ý ³ß˳ñÑÇ Ù»ñÅáõÙÁ, áñÇ ³ñ¹ÛáõÝùáõÙ Ù³ñ¹ÏáõÃÛáõÝÁ ¹³ï³å³ñïí»ó ³ÙÉáõÃÛ³Ý, Ù³ñ¹ÏáõÃÛ³Ý ËáñÑñ¹³Ýß³Ï³Ý Ï³ëïñ³ódzݣ Æ í»ñçá, é³óÇáÝ³É ÷ÇÉÇëá÷³ÛáõÃÛáõÝÝ»ñÇ áõ Ù³ñ¹ÏáõÃÛ³Ý ½³ñ·³óÙ³Ý Ñ»ï³·³ ÁÝóóùÇ ³ñ¹ÛáõÝùáõÙ Ù³ñ¹Ý ¿É ³í»ÉÇ ¿ Ñ»é³ÝáõÙ µÝáõÃÛáõÝÇóª ¹³éݳÉáí ³ÛÝ ³Ýë»é, Ùï³íáñ, Ë»Õí³Í, µ³½áõÙ Ó»éù»ñáí ³ñ³ñ³ÍÁ, ·ÉáõËÁª ³½¹ñ»ñÇ ³ñ³ÝùáõÙ, áñÇÝ Ñ³Ý¹ÇåáõÙ ¿ ØdzÛÁ, »ñµ ËáñÑáõñ¹ ëï³Ý³Éáõ ³ÏÝϳÉÇùáí ¹ÇÙáõÙ ¿ ׷ݳíáñÇÝ£ ÆëÏ ³ÝÁݹѳï ÏñÏÝíáÕ ÏñÏÝ»ñ·Áª §î³ññ³ÉáõÍ»Éáõ »Ýóϳ ³Ûë ³ÝóÛ³ÉÁ, ¨ ³å³·³Ýª Ýٳݳå»ë¦, §î³ññ³ÉáõÍ»Éáõ »Ýóϳ ³Ûë ÑáõÛëÁ¦, ¨ ³ÛÉÝ, ³ë»ë ³ëïí³Í³ßÝãÛ³Ý §áõݳÛÝáõÃÛáõÝ áõݳÛÝáõÃÛ³ÝóǦ ³ñÓ³·³ÝùÁ ÉÇÝÇ£ àõß³·ñ³í ¿, áñ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛ³Ý »ñÏñáñ¹ Ññ³ï³ñ³ÏáõÃÛ³Ý Å³Ù³Ý³Ï Ñ»ÕÇݳÏÁ ³÷ëáë³Ýù ¿ ѳÛïÝ»É ·ñùÇ §áñáß ³ëïí³Í³Ý³ñ· ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÝ»ñǦ ѳٳñ£ 5© ¾ç 81© Miette, ýñ³Ýë»ñ»Ýª ÷ßáõñ, ÷ßñ³Ýù, Ù³ëÝÇÏ, Íí»Ý, Ùݳóáñ¹, µ»Ïáñ£ ØÇ ³éÇÃáí ä»ÝÅ»Ý ³Ûë ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛ³Ý Ù³ëÇÝ Ñ»ï¨Û³É ïáÕ»ñÝ ¿ ·ñ»É© §Æ±Ýã ϳñáÕ »Ù ³ë»É §²é³ÏǦ Ù³ëÇÝ£ ê³ ëÇñá ÙÇ å³ïÙáõÃÛáõÝ
¿, ϳÙ, ³í»ÉÇ ×Çßïª ¹³í³×³ÝáõÃÛ³Ý å³ïÙáõÃÛáõÝ£ ¸³í³×³Ýí³Í Ù³ñ¹Á ãÇ ³ÛñíáõÙ íñ»ÅËݹñáõÃÛ³Ý ó³ÝÏáõÃÛ³Ùµ, ݳ Ñáõë³Éùí³Í áõ è³Ã³÷ ¿£ ²ÛÝáõÑ»ï¨ Ý³ ÷áñÓáõÙ ¿ áÕµ»ñ·áõÃÛáõÝÁ ͳÕñÇ í»ñ³Í»Éª ³ÛÝ Ñ³Õóѳñ»Éáõ ѳٳñ£ ä³ñáÝ ØdzÛÁ ¹³éÝáõÙ ¿ å³ñáÝ Øǻà (÷ßñ³Ýù)ª ³Û¹åÇëáí ϻݹ³ÝÇ ¿ ÙÝáõÙ, ë³Ï³ÛÝ Ù»Í³å»ë Ýí³½³Í£ ì»ñ³¹³ñÓ Ñ³Ûñ»ÝÇ ïáõÝ (ü³Ýïáõ³Ý) ϳñ× á¹Çë³Ï³ÝÇó Ñ»ïá ¨ ÁݹáõÝáõÙ¦£ ÆÝãå»ë ÙÇßï, ³Ýѳï³Ï³Ý ׳ϳﳷñÇ ¹Çåí³ÍÁ Ýñ³ ѳٳñ ÑÇÙù ¿ ͳé³ÛáõÙ ³ÛÉ, ³é³í»É ËáñÁ ¨ ѳٳٳñ¹Ï³ÛÇÝ Ã»Ù³Ý»ñÇ ³ñͳñÍÙ³Ý Ñ³Ù³ñ£ гïϳÝß³Ï³Ý ¿, áñ ä»ÝÅ»Ç ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñÇ Ù»Í Ù³ëáõÙ ¿ ³éϳ ÇÝã-áñ §Ïáñáõëï¦ Ï³Ù §µ³ó³Ï³ÛáõÃÛáõݦ, áñÁ ·ñùÇ §Ñ»ñáëÝ»ñÁ¦ ÷áñÓáõÙ »Ý ·ïÝ»É, ѳëϳݳÉ, Ù»Ïݳµ³Ý»É, í»ñ³ÇÙ³ëï³íáñ»É, áñï»ÕÇó ¿Éª ³ÝÁݹѳï ÏñÏÝáõÃÛáõÝÝ»ñÁ, í»ñ³¹³ñÓ»ñÁ, §å³ïÙáõÃ۳ݦ Ñ»ï-áõ-³é³çÁ, ÇÝãÝ ¿É Çñ Ñ»ñÃÇÝ Ñݳñ³íáñáõÃÛáõÝ ¿ ï³ÉÇë ³ÝÁÝ¹Ñ³ï ·ñ»Éáõ áõ ³ñï³Ñ³Ûïí»Éáõ Ýáñ Ó¨»ñ ÷áñÓ³ñÏ»É, í»ñ³Ó¨³Ï»ñå»É£ ²ÛëÇÝùÝ, áñáÝáõÙÁ áã ÙdzÛÝ ÇÙ³ëï³ÛÇÝ Ù³Ï³ñ¹³ÏáõÙ Ýáñ ÏÛ³ÝùÇ Ï³Ù Ý»ñ¹³ßݳÏáõÃÛ³Ý áñáÝáõÙ ¿, ³Ûɨ ³ñï³Ñ³Ûïã³Ï³Ý ٳϳñ¹³ÏáõÙª Ýáñ ëï»Õͳ·áñÍ³Ï³Ý Ó¨»ñÇ áñáÝáõÙ£ ºí ÇÝãå»ë ä»ÝÅ»Ý ÇÝùÝ ¿ ³ë»É© ³Ûë áñáÝáõÙÁ ãÇ Ï³ñáÕ ïñ³Ù³µ³Ý³Ï³Ý ³í³ñï áõݻݳɣ 6© ¾ç 109© § Rien ne m’est plus, plus ne m’est rien ¦© ²Ûë Ý߳ݳµ³ÝÝ ¿ñ áñ¹»·ñ»É ì³É»ÝïÇݳ ìÇëÏáÝïÇݪ úéÉ»³ÝÇ ¹ùëÇ ÏÇÝÁ, ³ÛÝ µ³ÝÇó Ñ»ïá, »ñµ ´áõñ·áõݹdzÛÇ ¹ùëÇ Ññ³Ñ³Ý·áí ëå³Ýí»ó Ýñ³ ³ÙáõëÇÝÁª 1407é-ÇÝ£ ¸ùëáõÑÇÝ ³ÙáõëÝáõ Ù³ÑÇó Ñ»ïá ÙdzÛÝ Ù»Ï ï³ñÇ ³åñ»ó ¨ ٳѳó³í Ëáñ íßïÇóª 1408é-ÇÝ£ (ϳ½Ù»ó óñ·Ù³ÝÇãÁ)
èà´ºð äºÜĺ (1919-1997) èáµ»ñ ä»ÝÅ»Ý ÍÝí»É ¿ 1919 Ãí³Ï³ÝÇÝ ÄݨáõÙ£ Æñ ÇëÏ Ëáëù»ñáíª Ñdzëù³Ýã Ù³ÝÏáõÃÛáõÝ ¿ áõÝ»ó»É£ êáíáñ»É ¿ óíçáõÃ³Ï Ýí³·»É, ï³ñí»É ÝϳñãáõÃÛ³Ùµ, ·ñ»É µ³Ý³ëï»ÕÍáõÃÛáõÝÝ»ñ£ êï³ó»É ¿ Çñ³í³µ³Ý³Ï³Ý ÏñÃáõÃÛáõÝ ¨ Ù»Ï ï³ñÇ ³ß˳ï»É áñå»ë ÷³ëï³µ³Ý£ 1946 Ãí³Ï³ÝÇÝ Ù»ÏÝ»É ¿ ö³ñǽª ÝÏñ³ãáõÃÛáõÝ áõë³Ý»Éáõ£ ¸ñ³Ý ѳçáñ¹áÕ ï³ñÇÝ»ñÝ ³ÝóÝáõÙ »Ý ׳ݳå³ñÑáñ¹áõÃÛáõÝÝ»ñáí ÉǪ Æëå³Ýdz, ÂáõÝÇë, سñáÏÏá, Ðáõݳëï³Ý, гñ³íëɳídz, Æëñ³Û»É£ 1950 Ãí³Ï³ÝÇÝ Ï³½Ù³Ï»ñåíáõÙ ¿ Ýñ³ ÝϳñÝ»ñÇ óáõó³Ñ³Ý¹»ëÁ, ÇëÏ 1951 Ãí³Ï³ÝÇÝ ÉáõÛë ¿ ï»ëÝáõÙ Ýñ³ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ³é³çÇÝ ÅáÕáí³Íáõݪ §ü³Ýïáõ³ÝÇ ¨ ²·³å³ÛÇ ÙÇ稦 í»ñݳ·ñáí£ ²Ûë ³é³çÇÝ ÇëÏ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñáõÙ ÑÇÙù ¿ ¹ñíáõÙ »ñ¨³Ï³Û³Ï³Ý ÙÇ ³ß˳ñѳ·ñáõÃÛ³Ý (ü³Ýïáõ³ÝÇ ¨ ²·³å³ÛÇ ÙÇç¨ ÁÝÏ³Í ÙÇ ·³í³é), áñÇÝ Ý³ Ñ³×³Ë Ï³Ý¹ñ³¹³éݳ Çñ ѻﳷ³ ·áñÍ»ñáõÙ£ ²Û¹ ųٳݳϳßñç³Ýáõ٠ݳ ݳ¨ í»ñçÝ³Ï³Ý ÁÝïñáõÃÛáõÝ ¿ ϳï³ñáõÙ ·ñ³Ï³ÝáõÃÛ³Ý ¨ ÝϳñãáõÃÛ³Ý ÙÇç¨, ¨ Çñ³ñ »Ý ѳçáñ¹áõÙ ·ñ³Ï³Ý ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»-
ñÁ£ ²é³çÇÝ ÇëÏ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñÇó ݳ µ³ó³Ñ³Ûïáñ»Ý ѳϳ¹ñíáõÙ ¿ ³í³Ý¹³Ï³Ý §µ³É½³Ï۳ݦ ·ñ³Ï³Ý á×ÇÝ, áñ µÝáñáßíáõÙ ¿ ëÛáõÅ»Ç ·Í³ÛÇÝ ½³ñ·³óáõÙáí, ïñ³Ù³µ³Ý³Ï³Ý ųٳݳϳ·ñáõÃÛ³Ùµ ¨ å³ï׳é³Ñ»ï¨³Ýù³ÛÇÝ Ï³å»ñáí£ ²ÛÝÇÝã ä»ÝÅ»Ç Ùáï ·ñ»Éáõ ÷³ëïÁ ϳ٠å³ïÙ»Éáõ ·áñÍÁÝóóÝ ÇÝùÝÇÝ ¹³éÝáõÙ ¿ å³ïÙáõÃÛ³Ý ëÛáõÅ»£ 1956 Ãí³Ï³ÝÇÝ ÉáõÛë ¿ ï»ëÝáõÙ §Graal Flibuste¦ í»åÁª §Minuit¦ Ññ³ï³ñ³ÏãáõÃÛáõÝáõÙ, áñï»Õ ³ÛëáõÑ»ï Ïïå³·ñí»Ý Ýñ³ µáÉáñ ·áñÍ»ñÁ£ ²Ûëï»Õ ¿ ݳ¨, áñ ä»ÝÅ»Ý Ñ³Ý¹ÇåáõÙ ¿ ê³ÙÛáõ»É ´»Ï»ïÇÝ, ÇÝãå»ë ݳ¨ ²É»Ý èᵶñÇÛ»ÇÝ ¨ §Üáñ í»åǦ (Nouveau Roman) ÙÛáõë Ý»ñϳ۳óáõóÇãÝ»ñÇÝ£ èáµ»ñ ä»ÝÅ»Ç å³ïϳݻÉáõÃÛáõÝÁ §Üáñ í»å¦ ÏáãíáÕ ¹åñáóÇÝ Ï³Ù »ñ¨áõÛÃÇÝ Ñ³×³Ë Ñ³Ï³ë³Ï³Ý ϳñÍÇùÝ»ñÇ ï»ÕÇù ¿ ïí»É£ àñáß³ÏÇ ÁݹѳÝñáõÃÛáõÝÝ»ñÇ Ñ»ï Ù»Ïï»Õ ݳ ÙÇßï ³é³ÝÓݳó»É ¿ Çñ áõñáõÛÝ á×áí£ Üáñ í»åÇÝ µÝáñáß §Ñ³Û³óùÇ ¹åñáóÇݦ ݳ ѳϳ¹ñ»É ¿ §ÉëáÕáõÃÛ³Ý ¹åñáóÁ¦, ä»ÝÅ»Ç Ñ³Ù³ñ ³é³Ýóù³ÛÇÝ »Ý ïáÝÁ, ÑÝã»ñ³Ý·Á, ß³ñ³ÑÛáõëáõÃÛáõÝÁ, áñÁ ë³Ï³ÛÝ ãÇ Ñ»ï¨áõÙ Ù»½ ѳٳñ ëáíáñ ϳÝáÝÝ»ñÇÝ, µ³éÇ áõ ËáëùÇ µáÉáñ Ñݳñ³íáñ áõ ³ÝÑݳñ Ó¨»ñÁ£ Üñ³ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñÁ, ÇÝãÁ ï»ëÝáõÙ »Ýù ݳ¨ §²é³ÏáõÙ¦, Ñ³×³Ë ÝáõÛÝ, 먻éáõÝ Ã»Ù³ÛÇ í³ñdzódzݻñ »Ý Ý»ñϳ۳óÝáõÙ£ Àëï ä»ÝÅ»Ç, ÝáõÛÝ Ã»Ù³ÛÇÝ Ùßï³å»ë í»ñ³¹³éݳÉáõ, ³Ù»Ý ³Ý·³Ù ÝáñáíÇ ³Ý¹ñ³¹³éݳÉáõ Çñ ѳÏáõÙÁ »Ï»É ¿ ÚáÑ³Ý ê»µ³ëïÇ³Ý ´³ËÇó£ »ñ¨ë Ñ»Ýó »ñ³ÅßïáõÃÛ³Ý ¨ ÝϳñãáõÃÛ³Ý Ýϳïٳٵ Ýñ³ ë»ñÝ ¿ å³Ûٳݳíáñ»É ³ñï³ëáíáñ »ñ³Åßï³Ï³ÝáõÃÛ³Ùµ ¨ å³ïÏ»ñ³ÛÇÝ Ñ³Ù³Ï³ñ·áí ûÅïí³Í Ýñ³ ³ñÓ³ÏÁª Çñ ¹³¹³ñÝ»ñáí, ÉéáõÃÛáõÝÝ»ñáí, ³Ýáñë³ÉÇ ³ÝÓÏáõÃÛ³Ùµ áõ ÙÇ³Å³Ù³Ý³Ï ÑáõÙáñáí ß³Õ³Ëí³Í, áñ ³ëáõÙ ¿ ³Ý³ë»ÉÇÝ, ³ÝÓ¨³Ï»ñå»ÉÇÝ, ³ÝáñáßÁ£ ÆÝãå»ë ä»ÝÅ»Ý ÇÝùÝ ¿ ³ë»É Çñ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñÇó Ù»ÏÇ í»ñç³µ³ÝáõÙ` §ÆÝÓ ÃíáõÙ ¿, áñ ÙÇÝã ³Ûëûñ ÇÙ ³ß˳ï³ÝùÇ Ýå³ï³ÏÁ ïáݳÛÝáõÃÛ³Ý, Ó³ÛÝ»ñ³Ý·Ç áñáÝáõÙÝ ¿ »Õ»É£ ê³ Ó¨Ç ËݹÇñ ¿, ¨ áñÁ ûñ¨ë µ³ó³ïñáõÙ ¿ ÇÙ å³ïϳݻÉáõÃÛáõÝÝ ³ÛÝ »ñ¨áõÛÃÇÝ, ÇÝã Ïáã»É »Ý Üáñ í»å£
ê³Ï³ÛÝ ëË³É ÏÉÇÝ»ñ ѳٳñ»É, áñ »ë ѳ۳óùÇ ¹åñáóÇ ÏáÕÙݳÏÇó »Ù£ ºÃ» ËáëùÁ ûµÛ»ÏïÇí ÉÇÝ»Éáõ Ù³ëÇÝ ¿, ÉëáÕáõÃÛáõÝÁ ÝáõÛÝù³Ý ËÇëï å³Ñ³ÝçÝ»ñ áõÝÇ£ ²ñ¹, ÇÙ ·ñù»ñáõÙ ïáÝÁ ÙÇßï ÷áËíáõÙ ¿£ ä³ï׳éÝ ³ÛÝ ¿, áñ ³Û¹ µÝ³·³í³éáõÙ áñáÝáõÙÁ »ñµ»ù ãÇ Ï³ñáÕ ³í³ñïí»É£ Úáõñ³ù³ÝãÛáõñ ³Ý·³Ù, ÝáñáõÃÛ³Ý Ýϳïٳٵ ѳÏáõÙÇó »ÉÝ»Éáí, ÙÇ ïáÝ ÁÝïñ»Éª ³Ï³ÝçÇ Ó³Ûݳ·ñ³Í ÙÇÉdzñ¹³íáñÝ»ñÇ ÙÇçÇó, ³Ñ³ Ç٠׳ϳﳷÇñÁ¦£ ä»ÝÅ»Ý åݹáõÙ ¿, áñ Ýñ³Ý ãÇ Ñ»ï³ùñùñáõÙ ³ÛÝ ³Ù»ÝÝ, ÇÝã ϳñ»ÉÇ ¿ ³ë»É ϳ٠Ý߳ݳϻÉ, ³ÛÉ ³ë»Éáõ Ó¨Á£ ºí »ñµ Ó¨Ý ÁÝïñíáõÙ ¿, ³ÛÝ å³ñï³¹ñáõÙ ¿ ϳéáõóí³ÍùÝ áõ ËáëùÇ ÝÛáõÃÁ, ¨ Ñ»ÕÇݳÏÝ ÇÝùÝ ¿ ½³ñÙ³ÝáõÙ, Çñ»Ý í»ñÁÝûñó»ÉÇë, áñ ³Ûë ϳ٠³ÛÝ µ³ÝÝ ¿ Ó¨³Ï»ñå»É£ §ØÇ µ³Ý å³ñ½ ¿, ³ëáõÙ ¿ ä»ÝÅ»Ý, »ë »ñµ»ù ݳ˳å»ë ã·Çï»Ù, û ÇÝã »Ù ³ë»Éáõ£ ºñϳñ Å³Ù³Ý³Ï Ï³ñÍ»É »Ù, áñ ¹³ ûñáõÃÛáõÝ ¿, ë³Ï³ÛÝ ¹ñ³ÝÇó Ëáõë³÷»Éáõ Ñݳñ³íáñáõÃÛáõÝ ãáõÝ»Ù, ù³Ý½Ç ¹³ ÇÙ ÙÇ³Ï áõÅÝ ¿, ÇÝãÇ ßÝáñÑÇí ß³ñáõݳÏáõÙ »Ù£ [©©©] ºÃ» ³ëáõÙ »Ù, áñ ³Û¹ å³ïÙáõÃÛáõÝÝ»ñÝ ÇÝÓ ã»Ý Ñ»ï³ùñùñáõÙ, Ýñ³ÝÇó ¿, áñ ·Çï»Ù, áñ ¹ñ³Ýù ϳñáÕ ¿ÇÝ ¨ µáÉáñáíÇÝ ³ÛÉ å³ïÙáõÃÛáõÝÝ»ñ ÉÇݻɣ ÆÝãÁ ãÇ Ë³Ý·³ñ»É, áñ Áݹáõݻ٠¹ñ³Ýù, ¨ ÝáõÛÝÇëÏ ëÇñ»Ù, ÇÝãå»ë ÏëÇñ»Ç ÙÛáõëÝ»ñÁ, Ýñ³Ýù, áñ ¹»é åÇïÇ å³ïÙ»Ù, »Ã» ÇѳñÏ» ÙÇ ûñ ãÑá·Ý»Ù ݳËÝ³Ï³Ý Ó³ÛÝ»ñ³Ý·Á ÷Ýïñ»Éáõó£¦ ²ëïÇ׳ݳµ³ñ Ýñ³ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝÝ»ñáõÙ ³í»ÉÇ »Ý çÝçíáõ٠ųÝñ³ÛÇÝ ë³ÑÙ³ÝÝ»ñÁ, Ùdz˳éÝíáõÙ »Ý åá»½Ç³Ý ¨ ³ñÓ³ÏÁ, ³éûñ»³Ï³ÝÁ ¨ í»ñ»ñÏñ³ÛÇÝÁ, ·ñ³Ï³ÝÁ ¨ »ñ³Åßï³Ï³ÝÁ£ ²Ûë ßñç³ÝÇ ï»ùëï»ñÝ ¿É ³í»ÉÇ »Ý Ññ³íÇñáõÙ ÁÝûñóáÕÇ áõß³¹ñáõÃÛáõÝÝ ëï»Õͳ·áñÍ»Éáõ áõñ³ËáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ¨ ¹Åí³ñáõÃÛáõÝÝ»ñÇ íñ³, ³ñͳñÍíáõÙ »Ý Ýáñ Ùï³Ñá·áõÃÛáõÝÝ»ñ© Í»ñáõÃÛáõÝ, Ù³Ñí³Ý í³Ë, ëï»Õͳ·áñÍ³Ï³Ý ³ÝáõÅáõÃÛ³Ý ëå³éݳÉÇù ¨ Ýáñ ³ñï³Ñ³Ûïã³ÙÇçáóÝ»ñÇ áñáÝáõÙ£ ²é³í»É ѳ׳˳ÏÇ »Ý ¹³éÝáõÙ ÏñÏÝáõÃÛáõÝÝ»ñÁ ¨ Ñ»ñó·³ÛáõÃÛáõÝ»ñÁ£ гݷ³Ù³ÝùÝ»ñÁ ¨ Ï»ñå³ñÝ»ñÝ ³ÝÁݹѳï ÷áËíáõÙ »Ýª Çñ³ñ Ñ»ñó·³ÛáÕ ï³ñµ»ñ³ÏÝ»ñÇ ÁÝóóùáõÙ£ ÜáõÛÝ ÷áùñÇÏ å³ïÙáõÃÛáõÝÁ ϳ٠Çñ³¹³ñ-
ÓáõÃÛáõÝÁ Ý»ñϳ۳óíáõÙ ¿ ÙÇ ù³ÝÇ ³Ý·³Ùª ³Ù»Ý ³Ý·³Ù ûè³ÏÇ Ï³Ù ÝáõÛÝÇëÏ ³ÙµáÕçáíÇÝ Ó¨³÷áËí³Í, ÇÝãÇ ³ñ¹ÛáõÝùáõÙ ÁÝûñóáÕÇ Ùáï ³ÛÝåÇëÇ ïå³íáñáõÃÛáõÝ ¿ ³é³ç³ÝáõÙ, áñ ·ÇñùÝ Çñ ³ãùÇ ³éç¨ ¿ ëï»ÕÍíáõÙ ¨ ÷Éáõ½íáõÙ, ϳ½ÙíáõÙ ¨ ϳ½Ù³ÉáõÍíáõÙ£ ÆëÏ ³é³ÝÓÇÝ ³ñï³Ñ³ÛïáõÃÛáõÝÝ»ñÇ Ï³Ù ³é³Ýóù³ÛÇÝ Ý³Ë³¹³ëáõÃÛáõÝÝ»ñÇ ÙdzÝÙ³Ý ÏñÏÝáõÃÛáõÝÁª áÕç ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛ³Ý ÁÝóóùáõÙ ¿É ³í»ÉÇ ¿ ³ÛÝ Ùáï»óÝáõÙ »ñ³Åßï³Ï³Ý ·áñÍÇ£ ÜáõÛÝ ïñ³Ù³µ³ÝáõÃÛ³ÝÝ »Ý »ÝóñÏíáõ٠ݳ¨ Ýñ³ Ï»ñå³ñÝ»ñÁ, áñáÝó µÝáñáß ¿ Ûáõñ³ï»ë³Ï §Ñ»ÕÑ»ÕáõϦ, ѳñ³÷á÷áË ÙÇ íÇ׳Ï, áñï»Õ ÙÇ Ï»ñå³ñÁ ÷á˳ñÇÝíáõÙ ¿ ÙÛáõëáí, Ó³ÛÝ»ñÁ Ùdz˳éÝíáõÙ »Ý, Çñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝÁ ÙßáõßíáõÙ ¿, ÑÇßáÕáõÃÛáõÝÝ»ñÁ ¨ Ý»ñÏ³Ý ß÷áÃíáõÙ »Ý, ¨ ¹Åí³ñ ¿ ï³ñ³Ýç³ï»É, û áí ¿ Ëáëáõ٠ϳ٠å³ïÙáõÙ, áí ¿ ¹Çïáñ¹Á, áí ¿ §ÏñáõÙ¦ ·áñÍáÕáõÃÛáõÝÁ£ ä³ïÙáõÃÛáõÝÝ»ñÁ ÍÝíáõÙ »Ý ·ñ»Éáõ ¨ å³ïÙí»Éáõ ÁÝóóùáõÙ© ë³ ³ñ³ñÙ³Ý Ù»ç ·ïÝíáÕ ÙÇ ³ß˳ñÑ ¿, Çñ³Ï³Ý ÏÛ³ÝùÇ áõ »ñ¨³Ï³ÛáõÃÛ³Ý íñ³ ÑÇÙÝí³Í ÙÇ ëï»Õͳ·áñÍáõÃÛáõÝ, áñáõÙ Ó¨Á ¨ µáí³Ý¹³ÏáõÃÛáõÝÁ ÙÇ³Å³Ù³Ý³Ï »Ý ÍÝíáõÙ£ àõß³·ñ³í ¿, áñ ³Ûë ³é»ÕÍí³Í³ÛÇÝ, µ³Ûó ¨ ÙÇ³Å³Ù³Ý³Ï Ëáñ³å»ë Ù³ñ¹Ï³ÛÇÝ ³ß˳ñÑÇ Ñ»ÕÇݳÏÁ »ñµ»ù ãÇ ëÇñ»É Ëáë»É Çñ ³ÝÓÝ³Ï³Ý ÏÛ³ÝùÇ Ù³ëÇÝ, ѳÛï³ñ³ñ»Éáí© §ºë µ³ó³ñӳϳå»ë áãÇÝã ãáõݻ٠³ë»Éáõ£ ÆÙ ³ÙµáÕç ÏÛ³ÝùÝ ÇÙ ·ñù»ñáõÙ ¿¦£ γÙ, ÇÝãå»ë Ýñ³ Ñ»ñáëÝ»ñÇó Ù»ÏÝ ¿ñ ³ëáõÙ© §²ÛÝ ÇÝã ¹áõñë ¿ ·ñí³ÍÇó, Ù³ÑÝ ¿¦£ ²Ý³ÑÇï ²í»ïÇëÛ³Ý
déjà paru:
à paraître
³ñ¹»Ý Ññ³ï³ñ³Ïí³Í
ßáõïáí ÏÑñ³ï³ñ³ÏíÇ
littérature francophone contemporaine
ųٳݳϳÏÇó ýñ³Ýë³É»½áõ ·ñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝ
³ÝñÇ ÙÇßá henri michaux plume édition bilingue actual art
littérature francophone contemporaine
ųٳݳϳÏÇó ýñ³Ýë³É»½áõ ·ñ³Ï³ÝáõÃÛáõÝ
ÅáõÉÇ»Ý ·ñ³ù julien gracq Ý»Õ çñ»ñ les eaux étroites édition bilingue actual art