// Théorie la profondeur de champ
La profondeur de champ
LA PROFONDEUR DE CHAMP
2 • La distance de la mise au point
Le potentiel des sujets photographiques que propose la ville, l’amplitude des espaces et la distribution des éléments qui la compose nous invitent à nous poser bon nombre de questions à l’heure de la prise de vue : quel boîtier utiliser ? Quelle focale ? Quelle ouverture de diaphragme ? Quelle distance prendre avec le sujet ? Par Nicolas Savine
Pour un même point de vue et un même cadrage, plus la mise au point sera éloignée, plus la profondeur de champ s’entendra. Sur ces deux images, prises avec boîtier, point de vue, cadrage, focale identiques et ouverture de diaphragme f/2, la mise au point varie de 45 à 120 cm. Nous pouvons constater sur les plans de détail que la quantité de barreaux (tous disposés à même distance) en zone de netteté passe de 1 à 3.
CONSEIL : L’OUVERTURE ET LA PRISE EN COMPTE DE LA SURFACE SENSIBLE EN PRIORITÉ ! Pour une question pratique, ce sont seulement les facteurs du diaphragme et la surface sensible qui devraient en
général être pris en compte sur le terrain au moment de la prise de vue. En effet, la distance focale et la distance du plan focal sont deux paramètres extrêmement liés à la prise de vue, car ils s’ajustent à notre point de vue, notre cadrage et notre mise au point. Prendre en compte ces deux paramètres pour ajuster la profondeur de champ nous oblige à nous conditionner à l’heure de penser notre image.
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hacune de ces décisions influera directement sur la profondeur de champ, élément déterminant de l’aspect final d’une photographie. Si notre cadrage délimite ce que nous souhaitons montrer de l’espace présenté devant notre objectif, la profondeur de champ, elle, permet de souligner de manière partielle ou totale ce que nous voulons mettre en valeur dans la profondeur de cette image. Elle représente la zone de l’image située devant et derrière le plan focal qui, par convention, est définie avec netteté. Une courte profondeur de champ permettra de mettre en évidence un sujet tout en l’isolant, tandis qu’une longue profondeur de champ l’intégrera dans son environnement en offrant réalisme et profondeur à la scène. En photographie comme au cinéma, la connaissance de celle-ci est primordiale pour maîtriser la prise de vue, car non seulement elle est une fonction technique, mais elle est aussi un outil fondamental dans l’élaboration de l’esthétique et de la lecture de l’image.
MISE AU POINT À L’INFINI
Les quatre facteurs dont dépend la profondeur de champ 1 • Le diaphragme Sûrement l’élément auquel on a le plus souvent recours : plus on le fermera, plus la profondeur de champ s’étendra, et, logiquement, plus on l’ouvrira, plus elle sera courte. Sur ces deux images, réalisées avec un reflex 24 x 36, une focale de 50 mm et une mise au point ajustée sur 3 m, on pourra se rendre compte de la différence éloquente entre une ouverture de diaphragme à f/1,4 (image 1) et une autre à f/18 (image 2). P.
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Pour s’assurer d’une zone de netteté étendue sur toute la profondeur de la scène, la technique de l’hyperfocale est une petite merveille de l’optique qui résout avec praticité les inconvénients liés au flou optique. Très utilisée en cinéma et en photoreportage, la distance hyperfocale varie de la même manière que la profondeur de champ. En ouvrant le diaphragme, la tolérance aux rayons plus inclinés est moindre, ce qui éloigne par conséquent la distance hyperfocale pour retrouver des incidences plus faibles. Logiquement, une focale plus longue éloigne la distance hyperfocale. L’infini correspond aux rayons inclinés de 0° par rapport à l’axe optique. Si on fait la mise au point sur la distance hyperfocale, la zone de netteté arrière s’étendra jusqu’à l’infini. Le premier plan net se situera alors à la distance hyperfocale divisée par 2. À ouverture et focale données, il s’agira de la distance de mise au point donnant la profondeur de champ maximale.
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3 • La distance focale Pour un même point de vue et une même distance de mise au point, plus faible sera la focale, plus la profondeur de champ sera grande. Sur ces deux images, prises depuis le même point de vue, à la même distance de mise au point (5 m) et à la même ouverture
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de diaphragme (f/2), mais avec une focale de 28 mm pour la première image et une de 50 mm pour la seconde, nous constatons que la profondeur de champ est bien plus étendue sur la prise réalisée avec la focale la plus courte.
4 • La taille du capteur (ou pellicule) Dernier facteur, celui qu’on a souvent tendance à oublier, la surface sensible : plus elle est petite et plus les rayons resteront proches de l’axe optique, ceci se traduisant directement par une augmentation naturelle de la profondeur de champ. C’est la raison pour laquelle il est très difficile de jouer sur la profondeur de champ avec les appareils compacts, voire impossible avec les téléphones portables. Voyons donc sur ces images comment la profondeur de champ varie selon la taille de la surface sensible en réalisant deux prises de vue à perspective, cadrage et distance de mise au point
identiques, mais avec deux appareils différents : • un Canon G15 (compact) muni d’un capteur de 5,7 x 7,6 mm • un Canon EOS 5D Mark II (reflex) muni d’un capteur de 24 x 36 mm Nous nous apercevons ici que la prise de vue réalisée avec le Canon G15 offre une profondeur de champ bien plus étendue. Ceci s’explique par l’importante différence de la surface des capteurs, celle du capteur du 5D étant en effet presque vingt fois plus grande que celle du G15.
SI VOUS VOULEZ EN SAVOIR PLUS… Pour comprendre à la perfection comment fonctionne optiquement la profondeur de champ et comment elle se calcule, il vous sera utile de faire des recherches sur l’acuité visuelle et le cercle de confusion, dont le diamètre se détermine selon la surface sensible.
JETEZ UN ŒIL SUR VOS OBJECTIFS…
… ET SUR VOTRE APPAREIL !
Les échelles de profondeur de champ sont gravées sur la plupart des objectifs.
La mise au point s’effectue généralement avec le diaphragme ouvert au maximum pour avoir le plus possible de lumière entrante. Cependant, la plupart des boîtiers proposent un bouton placé près de l’objectif grâce auquel vous pouvez fermer le diaphragme à la valeur ajustée. Cette option vous permet d’observer par le viseur quelle sera l’étendue de votre profondeur de champ.
Fort utiles, elles permettent de trouver directement le premier plan et le dernier plan nets en fonction de l’ouverture. En fixant la mise au point à l’infini, elles permettent également d’avoir la distance hyperfocale en fonction de l’ouverture.
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À prendre en compte : pour un même cadrage sur un sujet donné à ouverture et surface sensible identiques, la profondeur de champ sera toujours la même quelle que soit la focale. C’est-à-dire que le fait de se reculer (pour augmenter la profondeur de champ) est compensé par le fait de zoomer pour retrouver le même cadrage (ce qui diminue la profondeur de champ) : l’inclinaison angulaire des rayons incidents plus faible est amplifiée par une focale plus longue.
Le diamètre du cercle de confusion (qui dépend directement de la surface sensible), mis mathématiquement en relation avec l’ouverture du diaphragme, la longueur de la focale et la distance du plan focal, détermine la profondeur de champ perçue par l’œil humain. Il existe différentes applications pour smartphones qui vous permettent de calculer la profondeur de champ instantanément, dans certaines situations et, pour disperser les doutes, elles peuvent servir !
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