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Introduction
Pour se défendre contre le bruit, il ne faut pas se boucher les oreilles, se plaindre, ou fuir, mais commencer d’écouter. Se battre contre les bruits c’est se battre contre les autres et c’est une bien piètre façon d’améliorer la cité, la sociabilité et la citoyenneté ; en revanche, écouter c’est se for8 mer, c’est s’instruire, c’est affiner ses désirs, c’est écouter ceux des autres, c’est commencer de tisser du lien et d’exiger à plusieurs des valeurs, des envies, une culture du sonore, des améliorations acoustiques, c’est exister à plusieurs et non plus chacun face à tous les autres.
Nicolas Frize
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Partie i
le son comme matière à concevoir
Le son est un facteur omniprésent dans notre quotidien. Il est utilisé comme repère, temporel ou spatial, et demeure fondamental dans notre perception du monde, des usages et des représentations que l’on se fait de ce dernier. Les phénomènes sonores sont une matière essentielle qui nous permettent de rendre compte de l’acoustique des espaces bâtis (nous pouvons deviner vers quel type de morphologie urbaine nous nous dirigeons simplement avec son émission sonore), mais également ce qui s’y passe (écho de voix, clapotis d’une fontaine etc...). Ces perceptions créent inconsciemment une 9 image sonore d’un lieu, que nous appellerons identité sonore. L’identité sonore est définie à l’origine comme une mélodie ou ambiance sonore courte, utilisée pour permettre de reconnaitre instantanément une marque ou une organisation. A l’échelle d’un quartier, voire d’une ville, il s’agit des sources sonores les plus remarquables d’un lieu, qui permettraient de restituer facilement l’expérience vécue dans ce lieu-dit. L’étude de ces phénomènes débute sous la direction de Raymond Murray Schafer en 1970. Publié en 1977, The tuning of the world, traduit deux ans plus tard en français comme Le paysage sonore, devient l’œuvre pionnière en matière de son. Schafer introduit ainsi les termes fondateurs de la recherche sonore, comme “écologie sonore”, ou encore “design sonore”. Bien avant cela, un mouvement artistique s’attela à la difficile tâche de mettre en lumière l’objet mal connu qu’est le son. L’art des bruits, précurseur du sound art actuel, fait un premier pas vers les phénomènes sonores autre que la musique sérielle et dévoile au monde un tout nouveau mode d’écoute. A partir de ces recherches ayant permis d’introduire le son dans le travail de conception, que ce soit à l’échelle du territoire à celle de l’édifice, il sera primordial de diriger nos travaux vers un regard plus contemporain du phénomène sonore. Qu’en est-il aujourd’hui? Comment lier la recherche purement scientifique, mesurable, à une analyse plus sensible, phénoménologique du son et notamment de l’identité sonore d’un territoire?