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II.1_le pli en architecture

36 L’œuvre de Deleuze qui a exercé la plus grande influence sur l’architecture contemporaine est sans soute Le Pli, même si à première vue il ne s’agit pas d’un ouvrage consacré à l’espace, mais à la philosophie de Leibniz et à ses liens avec toutes les manifestations du Baroque. Le concept de pli, élaboré par Deleuze à partir de la philosophie de Leibniz, fonde l’unité des manifestations artistiques du Baroque, comme «l’âge du pli qui va à l’infini» 8 , mais permet aussi et surtout à Deleuze de redéfinir la nature du sujet, du concept, de l’objet et de leur relations réciproques. Il s’agit donc d’une énième variante d’une pensée du multiple, où la multiplicité n’est pas ce qui a beaucoup de parties, mais «ce qui est plié de beaucoup de façons» 9 . Selon Liebniz, le pli à l’infini se déploie en deux branches : l’étage du haut et l’étage du bas. L’étage du haut représente le pli dans l’infini qui se replie : le corps élastique, et le corps organique qui possède la propriété de plier ses propres parties et de déplier ses propres parties. L’étage bas représente les plis dans l’âme : la forme de l’infini, l’élément génétique idéal. « A partir de là nous tombons sur des couples de notions: intérieur, extérieur; involuer, évoluer; impliquer, expliquer; envelopper, développer. Tout couple de notion qui impliquait le pli » 10 . A partir de ce bref résumé de ce que Deleuze tire de l’enseignement de Leibniz, nous pouvons définir un principe d’utilisation du pli comme générateur d’espace et d’enveloppe. En effet, la notion de continuité, d’homogénéité est comprise comme élément unique. C’est ce qui fait en partie la complexité du travail de Deleuze. Il parle effectivement d’un élément infini qui se plie et se replie pour créer ses propres singularités appelées monades. Or il parle également de développement et d’enveloppement. C’est sur ce couple de notion que nous baserons le projet de centre culturel. Et pour l’exprimer brièvement, nous parlerons de deux entités composant le projet : la continuité et l’enveloppe. La première entité est définie par le parcours qui se développe à partir de l’espace public extérieur et qui se plie et se replie à l’intérieur de l‘édifice pour créer les espaces d’expositions et d’expériences sonores. La seconde entité est l’enveloppe dans laquelle se développe la première entité.

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Les deux éléments se rejoignent pour ne faire plus qu‘un et se développer l’un par rapport à l’autre. L’enveloppe détermine l’intérieur et l’extérieur, sans pour autant créer une cassure dans ce continuum spatial et sensible. L’élément de l’enveloppe se courbe afin de venir enlacer la continuité et la soutenir dans son ascension. Cette continuité vient se replier sur ellemême et former les espaces que nous pouvons alors considérer comme une autre échelle du pli. Ainsi, le pli mis en abyme crée non seulement les effets sonores que nous souhaitons faire expérimenter à l’audience tout au long du parcours et définissent également les espaces particuliers à vivre, comme une alcôve, un passage etc...

«C'est comme si le fond de chaque monade était constitué d'une infinité de petits plis (inflexions) qui ne cessent de se faire et de se défaire en toutes directions, si bien que la spontanéité de la monade est comme celle d'un dormeur qui se tourne et se retourne sur sa couche.» 11

38 De là nous pouvons donc définir trois natures du pli : Les voiles de l’écrin qui se facettent, Le parcours qui se déploie et se retourne Les niches sonores qui se replient sur elles-même

Cette hiérarchisation de l’outil nous permet alors de penser le projet à toutes les échelles: l’écrin se rattache à l’échelle de l’édifice bien entendu, mais également à celle du quartier et du territoire en devenant signal dans la ville et capteur du paysage sonore. Ensuite, le parcours se déployant d’abord sur l’espace public crée des moments singuliers à l’échelle urbaine avant de pénétrer dans l’édifice et de se dilater pour créer les différents niveaux du cheminement. Enfin, les espaces singuliers du projet, les moments sonores, s’attachent quand à eux à l’échelle du corps, de l’individu qui va vivre ces expériences à travers son propre corps (ses mouvements, le bruit de ses pas, de sa voix).

11 DELEUZE, Gilles. Ibid

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la facette le ruban le repli

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