Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2013 – 2014
Névian Quand le risque dessine la ville
Emeline Brossard, Nizar Bouaynaya, Charles Gibault, Camille Lamellière
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Névian Quand le risque dessine la ville Emeline Brossard Nizar Bouaynaya Charles Gibault Camille Lamellière
Cahiers du DSA d’architecte-urbaniste 2013 – 2014 3
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Commande
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Introduction
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1. Un territoire périurbain vulnérable
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2. Le risque, acteur du projet
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2.1 Revitaliser le cœur
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2.2 S’insérer dans le faubourg
78
2.3 Repenser les franges
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3. Une alternative à la menace
122
5
6
7
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Commande
Névian est une commune de
La direction départementale des territoires
première couronne narbonnaise, comptant
et de la mer de l’Aude souhaite, quant à elle,
1.350 habitants. Elle fait l’objet d’une
qu’une réflexion soit menée concernant
commande formulée par la mairie en
l’habitat, l’arrivée de nouvelles populations
collaboration
direction
et les risques liés à l’inondation. Cette
départementale des territoires et de la mer
réflexion s’inscrit dans une logique de
de l’Aude (DDTM). Cette étude vient
maîtrise globale du département rural de
alimenter la réflexion concernant
l’Aude.
avec
la
l’élaboration du plan local d’urbanisme (PLU) qui doit remplacer le plan d’occupation
Cette étude se situe à la convergence des
des sols (POS).
intérêts de la ville et de la DDTM. En superposant les attentes exprimées par nos
La commune redoute le phénomène
deux commanditaires à travers un projet qui
d’urbanisation non maîtrisée ainsi que
s’appuie sur la principale vulnérabilité du
l’essoufflement de son centre, qui compte
territoire, celle liée l’eau, nous proposons de
de plus en plus de bâtiments abandonnés.
renforcer la structure urbaine actuelle et
Paradoxalement, elle souhaite poursuivre
l’équilibre de la commune.
son extension vers le sud avec la construction d’un lotissement de 7 hectares. Cela entre en contradiction avec le souhait de revitaliser le centre bourg tout en valorisant son patrimoine. L’envie de préserver l’identité villageoise est une attente implicite provenant d’un imaginaire collectif.
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Introduction
Le concept de «ville émiéttée» (E. Charmes) met en exergue les mutations opérées sur les territoires. Celles-ci impliquent de nouvelles manières d’aménager mais surtout d’habiter, de se déplacer et de pratiquer l’espace. Les notions de ville, bourg, village ont éclaté pour laisser place à l’urbain généralisé. La majorité de la population utilise sa voiture pour aller travailler, pour faire ses courses dans les zones commerciales implantées en périphérie des villes, et le soir, rentrer dormir dans son pavillon. Ces modes de vies témoignent de la dispersion et de la sectorisation des activités sur le territoire, contraignant les habitants à organiser leur vie dans l’espace urbain. Cette pratique du territoire fortement développée, associée au processus d’éclatement des limites de la ville rendent flou le rapport entre urbain et rural. Le principe de périurbanisation est enclenché. La ville centre est renforcée par une dépendance grandissante des communes de second rang. Cellesci voient leur population augmenter ainsi que leurs taches urbaines s’étendre. Cette attractivité est renforcée par le cadre de vie que leur écrin paysager offre, tout en bénéficiant des équipements, services
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Titre
et emplois qu’apportent la proximité de la ville. La commune de Névian est en situation périurbaine vis-à-vis de Narbonne. Les habitants entrent dans des logiques résidentielles dispersées puisque 80% de la population travaille hors de la commune. L’ensemble des questionnements avancés est lié à cette position et engendre des caractéristiques urbaines, des modes de vie et des populations qui ont transcendé le village comme dans une majorité de communes françaises périurbaines. Le cœur se vide car les habitations ne sont plus adaptées aux modes de vie actuels. L’attractivité réside dans la propriété individuelle («ma maison», «mon jardin», «ma parcelle») associée à la coupure mitoyenne et au foncier plus abordable. Les lotissements ont commencé à grignoter les terres viticoles, le phénomène de mitage touche Névian. Ce mode de développement par extension est un risque pour la commune qui va voir ses terres viticoles disparaître et les pavillons flirter avec les pinèdes. Ce qui fait l’attractivité du village, son paysage, risque de s’évanouir en mettant en place un développement peu soutenable et dévalorisant, notamment d’un point de vue foncier. S’éloigner du centre le fragiliserait d’autant plus et Névian pourrait devenir un véritable village dortoir, socialement Partie
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appauvri. L’individualisme, la voiture et le bitume s’emparent du village qui bascule dans l’urbain. La commune est ceinturée au nord par le PPRI (Plan de Prévention des Risques d’Inondation) qui contraint son développement. Au sud, les eaux ruissellent depuis les piémonts des Corbières pour rejoindre les méandres de l’Orbieu au Nord, en infiltrant le village. Ces caractéristiques géographiques nous permettent de tirer parti de la vulnérabilité de ce territoire face à l’eau, et d’inverser la situation du risque comme une opportunité pour contenir l’étalement. Le traitement paysager du ruissellement à l’aide de bassins vient s’insérer dans la topographie aux abords de la ville. La gestion de l’eau se révèle comme un solide support de projet orientant davantage la ville vers une redensification de la structure urbaine existante, d’autant plus qu’elle renferme un gisement foncier important. Cette stratégie est un moyen de renforcer les tissus existants et l’équilibre de la commune. Elle va permettre de revitaliser le cœur en y injectant des activités et une offre de logements locatifs tout en préservant le paysage environnant et la valeur foncière. Cette proposition se décline selon trois tissus distincts acueillant trois stratégies complémentaires: le cœur, la ceinture faubourienne et la couronne pavillonaire.
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Titre
Partie
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1 Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
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Névian est une commune située dans le département de l’Aude entre Narbonne et Carcassonne. Ce territoire connaît depuis 40 ans une croissance démographique stable majoritairement liée à l’héliotropisme. Les différents milieux qui font l’attractivité de ce territoire sont le littoral méditerranéen, le massif des Corbières et la basse plaine viticole de l’Aude. En périphérie de Narbonne, Névian bénéficie de l’attractivité de l’agglomération en participant au réseau de villages de première couronne. En 2006 le Grand Narbonne, dont Névian fait partie, s’est doté d’un SCOT qui oriente le développement à grande échelle. Le village est à la croisée de dynamiques Est/ Ouest le long de la nationale 113 et Nord/Sud grâce à la future implantation de la gare LGV sur Montredon-des-Corbières. Globalement le territoire présente un déséquilibre foncier, le renouvellement urbain est inférieur à la construction. La pénurie foncière est aussi liée aux contraintes qui traversent les échelles de l’Aude et du village: au Nord le risque d’inondation, au Sud la topographie du massif des Corbières.
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Quand le risque dessine la ville
Pour envisager le développement futur de la commune une analyse historique est indispensable. Dans ce paysage de piémonts, le village s’est développé de manière concentrique, avec le centrebourg, le faubourg et le pavillonnaire. L’apparition de la voie ferrée au Sud coupe la partie Sud actuelle du village, et le pavillonnaire s’étend dans un tissu beaucoup plus lâche.
Un territoire périurbain vulnérable
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NÊvian dans l’Aude
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Quand le risque dessine la ville
trois géographies, trois milieux
Un territoire périurbain vulnérable
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NĂŠvian dans le grand Narbonne
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Quand le risque dessine la ville
un territoire contraint
Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
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NĂŠvian
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Quand le risque dessine la ville
aujourd’hui
Un territoire périurbain vulnérable
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Quand le risque dessine la ville
Un développement concentrique
Ve siècle
XIXe siècle
1860
1970 Un territoire périurbain vulnérable
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Limitée au Nord par le PPRI, la commune envisage une extension pavillonnaire principalement au Sud. Cependant le fait d’urbaniser entraîne une imperméabilisation des sols, ce qui favorise l’inondation liée au ruissellement présentant un risque pour l’habitat. Cette logique d’étalement contribue à l’appauvrissement du centre, et fragilise la relation au paysage, en rapprochant l’urbanisation de la garrigue et des pinèdes. Elle entraîne un risque supplémentaire, celui de la diminution de la valeur identitaire, économique, sociale et culturelle. Névian doit appréhender le risque lié aux contraintes comme une opportunité face à la menace de l’étalement. Un autre mode de développement est possible et souhaitable afin de préserver l’attractivité du territoire. Plutôt que d’étendre l’urbanisation, densifier les tissus existants identifiés précédemment constitue une issue favorable. Cette optique de densification s’accompagnerait d’une intensification des caractéristiques urbaines du village en revitalisant le centre qui s’essouffle
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Quand le risque dessine la ville
aujourd’hui (activités, commerces, tourisme viticole, offre de logement diversifiée...), valorisant ainsi le patrimoine bâti et paysager. L’analyse des trois tissus: le cœur, le faubourg et la couronne pavillonnaire, suscite trois stratégies distinctes mais à mener en parallèle, afin d’avoir une approche globale et équilibrée du développement de Névian. Pour chacun de ces tissus on considère la valorisation et le travail réciproque de l’espace bâti et des espaces publics et paysagés.
Un territoire périurbain vulnérable
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Extension
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Quand le risque dessine la ville
Densification
Un territoire pĂŠriurbain vulnĂŠrable
31
32
2 Le risque, acteur du projet
33
3 tissus
34
3 stratĂŠgies
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36
21 Revitaliser le cœur
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Le cœur de Névian fait l’objet d’une première stratégie. Il présente une structure urbaine identitaire forte organisée autour d’un îlot central. Constitué de groupements de bâtiments, il bénéficie d’une densité importante mais vétuste et condensée posant problème aujourd’hui. Malgré certaines qualités architecturales, certains bâtiments sont abandonnés et peu adaptés aux modes de vie actuels. A cela s’ajoute un espace public dégradé où la voiture règne et laisse peu de place aux piétons. La stratégie s’appuie sur cette structure urbaine afin de mettre en place un projet cohérent de mutation du bâti en relation avec l’espace public. Il permet d’implanter de nouvelles activités en rez-de-chaussée tout en diversifiant l’offre de logements. Un travail fin de repérage et d’aération est réalisé afin d’adapter les logements aux désirs des futurs acquéreurs tout en préservant l’îlot central et l’harmonie d’imbrication des volumes, caractéristique du centre de Névian. Le travail sur l’espace public appuie cette restructuration urbaine avec la mise en place d’une zone partagée autour du centre.
38
Quand le risque dessine la ville
Cette réflexion sur le cœur est indispensable car il est un espace de vie. La commune bénéficie de la présence de petits commerces de proximité comme une boulangerie, une supérette, une boucherie, une poste et un café organisés autour d’une placette. Il est important de conforter cette activité commerciale mais aussi associative qui fait de Névian une commune vivante et non pas un village dortoir.
Revitaliser le cœur
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Analyse du tissu du centre ancien
Densité résidentielle : 54 lgts/ha Coefficient d’emprise au sol : 0.82 Surface parcellaire moyenne : 95 m²
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Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le cœur
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Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le cœur
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Un patrimoine bâti à conserver
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Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le cœur
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Tisser avec l’existant
Le centre fonctionne de manière réduite
construction neuve et démolition. Cette
entre la place commerçante et la mairie. Il
contextualisation des actions sur le bâti
n’utilise pas le potentiel que lui offre sa
permet de respecter le patrimoine
forme urbaine particulière. La mairie mène
architectural et urbain tout en favorisant
une politique d’acquisition foncière dans le
l’habitabilité et la réactivation du cœur.
centre en vue de sa réactivation. La stratégie proposée s’appuie sur ce potentiel afin de renforcer l’activité sur l’ensemble du cœur. Sa revitalisation passe par l’activation des rez-de-chaussées avec l’implantation de nouveaux commerces, l’accueil de différentes activités liées au tourisme, ainsi qu’au milieu associatif. Le bâti dégradé est transformé afin de proposer des logements plus adaptés aux modes de vie actuels tout en instaurant une offre qui diffère de la maison en lotissement pavillonnaire. Des logements locatifs ou en accession généreux accompagnés d’espaces extérieurs (terrasses, patios) sont proposés ainsi que des appartements plus petits, dédiés aux personnes âgées. Des procédures différentes sont proposées selon les formes urbaines et l’état du bâti entre rénovation, réhabilitation,
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Quand le risque dessine la ville
Concentration des commerces
Potentiel bâti au cœur Revitaliser le cœur
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3 Ilots Construction / Réhabilitation
Papy loft
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Maison des associations
Rénovation / Réhabilitation
Relais-Château
Pharmacie Logements
Quand le risque dessine la ville
3 Interventions DĂŠmolition
Poste Logements
Patio Logements
Revitaliser le cœur
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Rénovation / Réhabilitation
B’
A
A’
B
Plan de situation
RDC
R+1
Coupe perspective AA’
50
Quand le risque dessine la ville
L’ancien presbytère / La poste
Coupe BB’
Revitaliser le cœur
2 logement T3 T4
2 logements T2 T5
51
Rue de l’Église
52
Création d’un espace d’accueil touristique et d’un passage en cœur d’îlot
53
Rénovation / Réhabilitation A’
A
Plan de situation
RDC
Coupe perspective AA’
54
Quand le risque dessine la ville
Cave / Relais-Château
R+1
Revitaliser le cœur
R+2
55
Rue de la Bascule
56
Création d’un relais château dans l’ancien château
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Construction / Réhabilitation
A
A’
Plan de situation
RDC
Coupe perspective AA’
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Quand le risque dessine la ville
Papy loft / Maison des associations
R+1
Revitaliser le cœur
Maison des associations
59
Structure mĂŠtallique
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Quand le risque dessine la ville
Construire lÊger Revitaliser le cœur
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Démolition A’
A
Plan de situation
Maison de ville
Coupe perspective AA’
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Quand le risque dessine la ville
8 logements
Maison de ville et atelier
Revitaliser le cœur
2 logements T1 et 3 logements T4
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Structure bois
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Quand le risque dessine la ville
S’insérer dans l’existant Revitaliser le cœur
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Donner la priorité au piéton
Dans le centre, les déplacements piétons
Le stationnement est réorganisé aux abords
sont aujourd’hui concentrés autour des
pour libérer le cœur. Le report des places
commerces mais la priorité est largement
supplémentaires dans le faubourg à des
donnée à la voiture. Cette constatation est
distances marchables permet de ne pas
renforcée par la matérialité du sol où
saturer le centre. Le projet d’espace public a
l’enrobé marque l’ensemble du centre. Le
pour ambition de redonner de l’espace aux
stationnement y est très prégnant et
piétons ainsi qu’aux habitants, insufflant
encombre l’espace.
une vie et un dynamisme dans le cœur.
Afin d’appuyer la stratégie bâtie et programmatique, la priorité est donnée au piéton en instaurant une zone partagée. Le sol remis à plat est marqué par la végétation et le système de récolte des eaux de pluie qui soulignent la forme urbaine particulière de l’îlot central. La distinction entre les flux est faite par la mise en œuvre de deux modules de pavé sur sol dur pour les voitures et sur sol mou pour les piétons. Cette nappe est ponctuée de placettes mettant en scène les programmes d’importance comme les commerces, le château, la cave ou encore la mairie. L’installation de logements en rezde-chaussée et d’espaces publics plus intimistes peut entraîner une appropriation de l’espace par les habitants.
66
Quand le risque dessine la ville
Revitaliser le cœur
67
PrioritĂŠ Ă la voiture
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Quand le risque dessine la ville
Le règne de l’asphalte
Revitaliser le cœur
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La priorité donnée au piéton
70
Quand le risque dessine la ville
Continuité et hiérarchisation des sols
Revitaliser le cœur
71
Place du ch창teau
72
Quand le risque dessine la ville
Révéler le chemin de l’eau par l’aménagement de la place commerçante
Revitaliser le cœur
73
Le stationnement encombre l’espace public
74
Quand le risque dessine la ville
Le réorganiser pour dégager le cœur
Revitaliser le cœur
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ComplÊter l’offre de parking dans le tissu faubourien
76
Quand le risque dessine la ville
Reporter le stationnement suplĂŠmentaire dans le faubourien
Revitaliser le cœur
77
78
22 S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
79
80
Quand l’inondation dessine la ville
Poursuivant l’étude dans sa globalité, l’analyse sur le tissu de faubourg engage une stratégie complémentaire. En effet, cette strate intermédiaire révèle particulièrement les écarts de densités présents dans l’ensemble de Névian. L’insertion urbaine est confrontée à des composantes telles que la dent creuse, les bâtisses délaissées des remises et granges diverses... Le tissu faubourien présente un développement localisé le long des axes principaux. Il est principalement constitué d’un parcellaire en lanières. On retrouve le cas typique de la maison languedocienne comprenant un jardin dans la longueur orienté sur l’intérieur. La continuité des façades juxtaposées les unes avec les autres délimite la rue et accentue les couloirs de circulation. Dans l’épaisseur du faubourg on constate de nombreuses discontinuités spatiales liées aux relâchements divers dans le tissu urbain, et aux problèmes de relations avec les équipements identitaires et culturels. Le fait de revitaliser les équipements paraît indispensable dans la mesure où cela permet d’amorcer un rattachement du pavillonnaire au reste du village.
S’insérer dans la ceinture faubourienne
81
Analyse du tissu
Densité résidentielle : 30 lgts/ha Coefficient d’emprise au sol : 0.56 Surface parcellaire moyenne : 320 m²
82
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
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Investir le foncier disponible
C’est dans ce tissu que l’on retrouve une
Dans ce parcellaire spécifique on peut tirer
majorité de granges et de remises rattachées
profit de la profondeur de la parcelle. Cet
à une activité agricole ayant mutée. Celles-ci
espace étiré en longueur offre la possibilité
représentent donc une grande partie du
d’immiscer un bâti plus ou moins dense
bâti abandonné, suite à la diminution du
(pour du logement social notamment), qui
nombre d’agriculteurs. Les nombreuses
bénéficierait en outre d’une cour intérieure
granges et remises faiblement utilisées voire
accueillant un parking permettant de
délaissées, ainsi que les dents creuses
désengorger les rues.
repérées constituent de réels potentiels spatiaux. La reconversion de ces éléments spacieux dans le tissu intermédiaire du village pose une réelle question. Ces bâtisses peuvent accueillir des gîtes pour les touristes, sans pour autant rompre avec certains usages liés à l’activité de l’agriculteur. Il s’agirait d’optimiser l’espace avec une diversification des activités.
84
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
85
86
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
87
Remises et bâti abandonné à réhabiliter en logement ou gîte
Potentiel bâti
88
6.535 m²
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
89
Dents creuses et parcelles à densifier
Potentiel bâti
90
7.660 m²
Quand l’inondation dessine la ville
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
91
Connecter les équipements
Dans cette couronne faubourienne, on
L’idée dans ce périmètre est de renforcer le
trouve de vastes équipements un peu à
rattachement aux équipements en profitant
l’écart tels que l’école et la cave viticole,
des chemins ruisseaux, associés aux
contribuant au relâchement et au
déplacements de la vie quotidienne.
déséquilibre des densités de ce tissu
Redynamiser les équipements paraît
intermédiaire.
indispensable
pour
amorcer
un
rattachement du pavillonnaire au reste du La cave viticole intercommunale présente
village.
un vaste espace en friche frontal à l’une des principales portes d’entrées dans la ville depuis l’avenue Villedaigne. Doté d’un parking d’une trentaine de places isolées dans ce vide urbain, cet espace est actuellement en attente de projet. Des chemins ruisseaux s’infiltrent à travers à ce tissu et viennent s’accrocher à l’activité du pôle culturel. Ils témoignent du caractère de la ville, de son insertion géographique entre les ruissellements des piémonts vers l’Orbieu. Ces cheminements demeurent ignorés et dévalorisés, alors qu’ils sont source de projet par leur double usage (eau / piéton).
92
Quand l’inondation dessine la ville
Les chemins ruisseaux ignorés
S’insérer dans la ceinture faubourienne
93
L’école et son parking
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Quand l’inondation dessine la ville
La cave viticole
S’insÊrer dans la ceinture faubourienne
95
96
Quand l’inondation dessine la ville
Valoriser les équipement et se déplacer au quotidien
S’insérer dans la ceinture faubourienne
97
Le parc urbain
98
Quand l’inondation dessine la ville
Tisser avec les différentes entités du contexte
S’insérer dans la ceinture faubourienne
99
Parc rattaché à un système géologique
Coupe sur la badotte
100
Quand le risque dessine la ville
Le parvis de la cave viticole se rattache par
Cette intervention amplifie l’effet belvédère
la badotte à la logique topographique des 3
sur la badotte et concurrence l’impact des
buttes de Névian.
silos par le déploiement d’un vélum arboré.
Pour l’aménagement de cet espace il s’agit
On retrouve une palette végétale locale
de prendre en considération l’histoire de la
appropriée aux collines des pinèdes
badotte et l’ampleur de l’impact des silos
avoisinantes et à la garrigue.
hauts d’une quinzaine de mètres tout en intégrant un parking de trente places déjà présent. Un travail de continuité végétale qui s’infiltre sur l’équipement du parking fusionne avec les activités de détente (pétanque, jeux divers) pour les habitants, tout en permettant l’accueil de l’événementiel intercommunal (cirque, forains...).
Revitaliser le cœur
101
La cave viticole
102
Parvis de la cave viticole
103
104
23 Repenser les franges
105
106
Quand l’inondation dessine la ville
Une dernière stratégie est menée et pensée simultanément sur la couronne pavillonnaire et le territoire alentour. L’une et l’autre doivent se répondre afin de reconnecter Névian avec son paysage environnant. La couronne pavillonnaire présente un tissu lâche, peu dense, constitué de grandes parcelles. Les quartiers ont pour caractéristique forte d’être déconnectés les uns des autres mais aussi vis-à-vis du territoire et du paysage qui les entourent. Les murs de parpaings hauts autour des propriétés témoignent de cette scission et d’un individualisme exacerbé. Cette stratégie se base sur les risques liés à l’eau que ce soit l’inondation au nord ou le ruissellement au sud. La reconnexion de Névian avec son territoire s’appuie sur cette caractéristique pour retravailler les franges et les liens entre terres viticoles et lotissements. Le traitement de cette dernière couronne est essentiel puisque il met en place une stratégie déterminante pour Névian et sa densification. Elle permet de préserver ce qui fait les qualités de la commune, sa valeur et son attractivité : son paysage de terres viticoles et de pinèdes ainsi que la vitalité de son cœur.
Repenser les franges
107
Analyse du tissu
Densité résidentielle : 7.4 lgts/ha Coefficient d’emprise au sol : 0.11 Surface parcellaire moyenne : 1.200 m²
108
Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
109
110
Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
111
Faire face à l’inondation
Les limites du tissu pavillonnaire sont établies par le risque d’inondation au nord et le ruissellement au sud. Comme vu précédemment, cette contrainte peut être vue comme une opportunité de densification. Le PPRI encercle la ville, et de nombreuses habitations pavillonnaires sont touchées par l’inondation. Le risque existant est tel que nous avons identifié ces maisons ainsi que les équipements d’un seul niveau comme des constructions à risque. Il semble important de montrer comment une construction peut muter afin de mettre en place un espace «refuge» de sûreté à l’étage.
112
Quand l’inondation dessine la ville
Le risque vĂŠcu nĂŠgativement
Repenser les franges
113
Les bâtiments vulnérables au risque d’inondation
72 maisons ainsi que le centre culturel présentent un risque
114
Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
115
Détourner le ruissellement
Au sud, le ruissellement est torrentiel en cas de forte pluie, se caractérisant par le débordement des chemins ruisseaux qui ne sont pas suffisamment dimensionnés pour drainer le volume maximal des eaux de ruissellement. C’est la raison pour laquelle des bassins de rétentions sont insérés dans la topographie. Ils suivent les talwegs et s’inscrivent dans la paysage. Ces ouvrages permettent de gérer le risque tout en contenant l’étalement urbain.
116
Quand l’inondation dessine la ville
Construire le paysage pour réduire le risque et prévenir l’étalement
Repenser les franges
117
Construire la limite
Le projet propose de densifier le tissu
projet nécessite l’acquisition de moins de
pavillonnaire suite à un relevé des parcelles
terrains, il y a économie de voiries ainsi que
disponibles. Un «tour du village» est
de réseaux. De même en ce qui concerne la
aménagé afin de reconnecter les différents
qualité de vie ; les terrains privés sont plus
quartiers pavillonnaires. Cette accroche
petits mais des jardins familiaux sont
permet de relier le bâti aux territoires
proposés afin de favoriser les échanges et la
viticoles alentours, vecteurs d’activité et de
vie de quartier. Cette idée s’accompagne de
qualité pour la commune. Ici, il est question
la diversification de l’offre de logement qui
de regarder le paysage depuis le village et
va permettre une mixité sociale et
inversement, regarder le village depuis le
générationnelle.
chemin des vignes, en lisière des pinèdes. Cette proposition de quartier mixte et plus Ce concept passe aussi par un traitement
petit, passant de 6 hectares à 1,5 hectares
des franges à échelle plus fine. Le travail sur
permet de préserver les terres viticoles mais
l’extension sud est un moyen de montrer
aussi de limiter l’offre de logements en
comment il est possible de lier un nouveau
extension. Cette stratégie est un moyen de
quartier à son territoire. Une frange épaisse
valoriser les reconversions et logements
est proposée entre village et paysage et se
proposés en coeur de village. Cette étude
compose de maisons, cheminements piéton
favorise un équilibre de la commune.
et bassin, qui enrichissent cette transition. Au Nord l’extension s’accroche au tissu existant par une voie de desserte et au sud, les chemins piétons s’infiltrent dans le quartier et multiplient les porosités. Ce choix de proposer des quartiers plus denses permet de faire des économies puisque ce
118
Quand l’inondation dessine la ville
Potentiel bâti
Repenser les franges
28.835 m²
119
Reconnecter les tissus
120
Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
121
Infiltrations urbaines et paysagères
122
Quand l’inondation dessine la ville
Offrir une diversitĂŠ de logements
Repenser les franges
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Repenser les limites
124
Quand l’inondation dessine la ville
Repenser les franges
125
126
Titre
3 Une alternative Ă la menace
Partie
127
128
Le laisser-faire
S’ouvrir sur le paysage
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Le laisser-faire
S’ouvrir sur le paysage
130
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Remerciements Nous remercions l’équipe municipale en particulier : Mme la maire Magali Vergne et son mari Philippe ; Serge Sarrato secrétaire général ; Pierre Prouvèze et Geneviève Olive, habitants de Névian ; Fabrice Paya Chef du service Habitat et Bâtiments durables à la DDTM 11 ; Philippe Simon, architecte conseil de l’Etat à la DDTM 11 (jusqu’en décembre 2013) ; Andréas Christo-Foroux, architecte conseil de l’Etat à la DDTM 11 (à partir de janvier 2014).
Névian Quand le risque dessine la ville Emeline Brossard Nizar Bouaynaya, Charles Gibault Camille Lamellière Cette étude a été menée d’octobre 2013 à février 2014 dans la cadre de l’atelier de projet urbain et territorial du DSA d’architecte-urbaniste encadré par Éric Alonzo, Frédéric Bonnet et Christophe Delmar La rédaction du présent cahier a été accompagnée par Paul Landauer et Stéphane Füzesséry et sa mise en page par Julien Martin. Diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecte-urbaniste Direction Éric Alonzo et Frédéric Bonnet Coordination administrative Sylvie Faye École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée (EAVT) 12 avenue Blaise Pascal, Champs-sur-Marne, 77447 Marne-la-Vallée Cedex 2 Alain Derey, directeur Amina Sellali, directrice des formations de la pédagogie et de la recherche
Névian Quand le risque dessine la ville Conditionnée par sa relation au grand Narbonne, la commune viticole de Névian anticipe une croissance de sa population et redoute à la fois l’étalement de sa frange pavillonnaire et l’appauvrissement de son centre ancien. Depuis les piémonts des Corbières jusqu’aux méandres de l’Orbieu, les eaux de ruissellement qui traversent la commune devraient pourtant constituer un frein à l’étalement pavillonnaire, et ce d’autant plus qu’une majeure partie de son développement urbain est d’ores et déjà touchée par les risques d’inondabilité. Réalisée entre octobre 2013 et février 2014 pour le compte de la commune de Névian et de la DDTM de l’Aude, la présente étude propose de transformer cette contrainte de l’eau en « opportunité de densification ». Absorber la croissance à venir sans étendre le périmètre bâti de la commune suppose en effet de mettre en œuvre -à travers une multiplicité de propositions urbaines et architecturales- une stratégie de densification au cœur même des trois tissus existants : le centre historique, la ceinture faubourienne et la frange pavillonnaire. Revitaliser l’intérieur du village et dompter la circulation de l’eau aux abords de la ville préserve le cadre de vie et soutient la valeur foncière et contient l’étalement.
Diplôme de spécialisation et d’approfondissement d’architecte-urbaniste Au sein de l’École d’architecture de la ville & des territoires à Marne-la-Vallée, le diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) d’architecteurbaniste forme chaque année une vingtaine d’architectes et de paysagistes déjà diplômés au projet urbain et territorial. La majeure partie de ce post-diplôme est dédiée à la réalisation d’études à caractère prospectif commanditées par des collectivités territoriales, des institutions publiques ou des organismes privés. Au-delà des réponses particulières à des problématiques urbaines spécifiques, ces travaux contribuent bien souvent à faire émerger de nouveaux questionnements et à expérimenter de nouvelles approches dont la portée peut être plus générale. Ces cahiers sont ainsi destinés à faire partager le résultat de ces recherches auprès du monde universitaire et professionnel et plus largement auprès de tous ceux qui s’intéressent aux questions que posent aujourd’hui l’architecture, la ville et les territoires.
Ville de Névian