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I HISTOIRE
Histoire
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La rivalité destructrice entre La Bourdonnais et Dupleix
Par Thierry Chateau Illustrations : Histoires productions
L’un a été le bâtisseur des îles Mascareignes, l’autre le fer de lance de la présence française dans les comptoirs de la côte indienne. Leurs routes se sont croisées aux Indes. Entre le roturier Bertrand François Mahé de La Bourdonnais et le noble Joseph François Dupleix l’affrontement a été instantané. Une histoire romanesque que nous vous présentons en deux parties.
Né à Saint-Malo le 11 février 1699, Bertrand François Mahé de La Bourdonnais fait partie de cette génération de marins malouins, tels que Jacques Cartier le découvreur du Canada, qui ont sillonné les mers du monde, conquis des territoires et parfois bâti des fortunes colossales. Avec le développement des échanges commerciaux, aux Amériques et aux Indes, Saint-Malo était devenu une place économique où les armateurs faisaient la renommée de la ville. Parti de rien, La Bourdonnais s’était engagé au service de la Compagnie française des Indes orientales, et pendant longtemps avait parcouru la Mer des Indes, faisant souvent escale aux Mascareignes. A 22 ans, il s’y était distingué en faisant seul la traversée La Réunion-Maurice sur une barque à voile, afin d’aller chercher du secours pour réparer un navire de la Compagnie, immobilisé en rade de Saint-Paul. Mais ce sont ses exploits guerriers, quelques années plus tard, lors de la prise du comptoir de Mahé, sur la côte sud-ouest du sous-continent indien, qui lui valurent une certaine notoriété. La Compagnie s’était installée à Mahé et avait réussi, à force de diplomatie, à obtenir les faveurs des princes locaux. Lorsqu’il y débarque, La Bourdonnais bouscule quelque peu les représentants de la Compagnie, qu’il qualifie volontiers « d’incapables ». Ses critiques sont plutôt motivées par le fait que les grands rivaux Anglais veulent faire main basse sur le comptoir. Lorsqu’ils attaquent la ville pour s’en emparer, La Bourdonnais se joint aux troupes en provenance de Pondichéry et c’est grâce à ses qualités de combattant et à sa ruse que le comptoir est délivré.
Des gouverneurs businessmen
Les exploits de La Bourdonnais sont suivis de près par Joseph François, marquis Dupleix membre du Conseil supérieur de Pondichéry et commissaire des guerres. Né le 1er janvier 1697 à Landrecies, Dupleix se rend très jeune aux Indes, en 1715 sur l’un des vaisseaux de la Compagnie. Se faisant rapidement remarquer par ses qualités pour le négoce, mais aussi pour l’administration, il est nommé sur le Conseil supérieur de Pondichéry en 1720. Mais Dupleix développe surtout un réel talent pour les affaires, pour son compte
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et, en peu de temps, il réussit à faire fortune. Il faut dire que le comptoir de Pondichéry est prospère, que les activités commerciales y sont très dynamiques. C’est ce contexte favorable qui convainc La Bourdonnais de démissionner de la Compagnie et de se lancer lui aussi dans le négoce. Comme Dupleix, il fait rapidement fortune. La Bourdonnais fait des affaires dans les comptoirs français en Inde et aux Mascareignes qu’il commence à bien connaître. Sa notoriété elle aussi grandit et il s’attire déjà les critiques de Dupleix, lorsqu’il conclut une affaire, sur le marché de l’étain. Le conseiller estime que l’homme d’affaires n’a pas respecté certaines clauses. Ce sera le début d’une rivalité destructrice entre les deux hommes.
Le style de vie oriental des princes locaux
En 1730, Dupleix est nommé superintendant des affaires françaises à Chandernagor, autre comptoir français aux Indes, proche de la faillite. En bon administrateur, il va transformer la ville en une décennie, la faire prospérer et accroître son importance commerciale. Le gouverneur mène alors grand train et adopte le style de vie oriental des princes locaux. Qu’à cela n’empêche, la Compagnie et l’administration royale lui font entière confiance. Tant et si bien qu’il obtient en 1742 le poste de gouverneur de Pondichéry et commandant général des établissements français de l’Inde. Pendant que Dupleix accroît son influence et sa notoriété aux Indes, La Bourdonnais, lui, va s’intéresser de plus près aux îles de France et de Bourbon. Rentré en France en 1733, il expose ses idées au Commissaire du roi auprès de la Compagnie des Indes, qu’il convainc. La Compagnie le nomme gouverneur des îles de France et de Bourbon. La Bourdonnais prend son poste en 1735. Il s’avère d’emblée que sa nomination en tant que gouverneur est une consécration de sa réussite plutôt qu’un moyen d’accéder à la fortune, ce qui est chose faite dans son cas. A suivre…
La Bourdonnais, bâtisseur de Port Louis et concepteur du duty free
L’œuvre de développement dans laquelle Mahé de La Bourdonnais s’est engagé aux Mascareignes va se cristalliser autour de Port-Louis. Sous son administration, le petit port mauricien connaît neuf années de transformation radicale. Le gouverneur a recours à une abondante main d’œuvre d’esclaves malgaches, à des artisans libres indiens de Pondichéry et à des matelots musulmans du Bengale, appelés Lascars.
Dans la ville, il fit bâtir un hôpital de 300 lits, un moulin à blé, une boulangerie. Une canalisation fut construite pour amener l’eau depuis la Grande Rivière Nord-Ouest jusqu’au port. Il fit ériger, sur la Place d’armes, en face de la rade, un hôtel du gouvernement, une salle du conseil, un bureau du greffe, la caisse du trésor, une salle d’armes, une armurerie, le logement du commandant… Dans le port, un magasin en pierres de taille appartenant à la Compagnie fut érigé, pour stocker les produits de l’Inde et un autre pour les produits d’Europe, pour les grains, les vins et autres boissons… Un mur d’enceinte, percé d’une porte voûtée, servait de passage pour aller de la Place d’armes au port. Des batteries de canons furent érigées de chaque côté de l’entrée du port, ainsi qu’à l’embouchure de la Grande Rivière Nord-Ouest. La construction navale avait pris forme, et en une année, dix-huit navires sortirent des chantiers de Port-Louis. Pour l’entreposage, Labourdonnais introduisit ainsi le principe de free trade entre les îles sœurs et l’Inde qui garantissait aux deux colonies l’approvisionnement dont elles avaient besoin.
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© myriam-zilles /unsplash De manière légale, nous participons tous aux profits incommensurables des laboratoires pharmaceutiques au détriment d’une prophylaxie de proximité peu coûteuse.
La consommation de médicaments suit une spirale infernale et exponentielle. Les effets conjugués des dates de préemption, de la surconsommation et du diktat des grands laboratoires, amènent aujourd’hui à un paradoxe : alors qu’une bonne moitié de la population mondiale n’a pas accès aux soins de base, l’autre moitié surconsomme des médicaments. Quitte à s’en rendre… malade ! CONSEILS SANTÉ
Le médicament est devenu un produit de fast food
Luc Diebolt, aujourd’hui établi au Tampon (La Réunion) a une longue expérience des milieux tropicaux. Né et ayant grandi en Afrique, il fut médecin urgentiste pour les sapeurs-pompiers du Port / La Possession avant de s’envoler sous d’autres cieux : médecin itinérant en Polynésie française avant d’intégrer le milieu diplomatique en tant que médecin de l’Ambassade de France à Moroni. notion de péremption n’existait pratiquement pas sauf pour les médicaments injectables. Durant les années 60 à 80 la médecine et la pharmacologie française a été très prospère et reconnue dans le monde entier, dans le top 5 des meilleures nations. Progressivement, on peut dire pratiquement avec l’arrivée du traité de Maastricht, la dégradation s’est amorcée, avec un corollaire qui fut la mise en place d’une administration et d’une règlementation européennes. Initialement construite sur des bases liées à la santé, elle s’est progressivement imprégnée d’une dimension commerciale tout en traduisant les conséquences d’une mondialisation et d’une construction européenne basée sur la concurrence, les libertés communautaires, toutes axées uniquement sur l’économie.
Produire, consommer, détruire…
« Faisons la part des choses. Avant les années 60 et le début du délire consumériste, l’une des lois fondamentales de la pharmacologie était la fabrication de produits stables dont la seule obligation était la longévité de l’efficacité. Ainsi 1 comprimé de paracétamol fabriqué en France en 1962 comparé en 2017 à un comprimé fabriqué la veille a effectivement perdu 0.2 % d’efficacité ! De quoi justifier pour les administrations européennes la mise en place des dates de péremption de plus en plus drastiques et de surcroît gérées, administrées et surtout étudiées par les laboratoires eux-mêmes qui décident si cela est rentable ou pas ! A la fin de mes études dans les années 80, cette Donc à partir des années 90, ces dates de péremption de plus en plus courtes furent généralisées à tous les médicaments par « « mesures sanitaires » : 20 ans dans les années 90, puis 10 ans dans les années 2000, enfin 5 ans dans les années 2010 et 3 ans dans les années 2015. On nous parle aujourd’hui de dates de péremption à 1 an avec comme seul espoir que l’ensemble de la population jette au plus vite ces médicaments soi-disant périmés pour participer à cette aberration de jeter afin de mieux en consommer de nouveaux. Nous aurions pu, pour nous donner bonne conscience, offrir ces stocks de médicaments non utilisés mais encore valables à des populations plus pauvres, mais à partir des années 2010 cela aussi fut interdit sous de multiples prétextes fallacieux, avec toujours ce même impératif économique d’une consommation sans limite. Lire la suite en scandant le QR Code.