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Par Liva Rakotondrasata
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Le défi à relever est de réaliser le pipeline dans un délai de dix-huit mois au maximum pour faire transiter un débit de 1,2m3 par seconde, poser des conduites sur une longueur de 87 km, de construire des réservoirs de mise en charge et de stockage et d’installer un réseau d’irrigation par aspersion d’un périmètre agricole de plus de 2000 hectares.
MADAGASCAR
Le Sud rêve de se transformer en oasis
Victime depuis de longues années du phénomène de Kéré (sécheresse et famine), le Sud de Madagascar aspire à un avenir meilleur en comptant sur les projets concoctés par l’Etat et les partenaires techniques et financiers. Les populations de cette partie de la Grande île ne souhaitent plus se contenter des aides ponctuelles mais de projets structurants à même d’instaurer un développement durable.
Le projet de ceinture verte porte sur 18 122 ha à aménager avec 170 km de brise vent et la stabilisation de 18 334 dunes de sables.
Si l’on se réfère aux projets en cours et ceux déjà annoncés, il se pourrait que la partie australe de Madagascar puisse enfin entrevoir l’avenir avec un peu plus d’optimisme. Les populations voient ainsi d’un bon œil le lancement par la Banque mondiale du projet Mionjo (« se lever » dans le dialecte du sud de Madagascar) dont la signature du financement de 100 millions de dollars américains a été effectuée en décembre 2020. Le projet couvrira les trois régions du sud de Madagascar, à savoir Anosy, Androy et Atsimo-Andrefana, et prévoit la construction d’infrastructures de premier plan comme les équipements hydrauliques. La lutte contre l’insuffisance chronique d’eau et les facteurs d’insécurité alimentaire est au cœur de cet engagement à long terme. «Nous voyons ce programme comme un changement de paradigme qui jette de solides fondations pour prévenir la famine et les autres chocs naturels qui ont fait du sud de Mada-
Le Sud, naturellement aride, n’a plus assez d’eau pour une population en croissance permanente.
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gascar l’une des régions les plus pauvres du pays », a déclaré Hafez Ghanem, vice-président de la Banque mondiale pour l’Afrique de l’Est et australe suite à la mise en œuvre de ce projet. L’autre grand projet censé transformer le paysage socio-économique du sud de Madagascar est le programme de construction d’un pipeline. Il s’agit d’approvisionner en eau les régions Anosy et Androy en mobilisant la ressource hydraulique de la rivière Efaho. Selon nos informations, l’Etat prendra en charge l’essentiel du financement de ce projet évalué à 70 millions de dollars. Le président malgache Andry Rajoelina, qui était en tournée dans le sud récemment, a indiqué qu’une partie du don alloué par le Fonds Monétaire International (FMI) sera affecté à la réalisation des infrastructures.
Pour 100 millions de dollars…
Selon un technicien du ministère de l’Eau, une partie de l’eau de l’Efaho, sur la rive droite d’Andakana, sera transportée par pompage photovoltaïque vers la plaine d’Ambovombe et des plaines aux alentours du pipeline en vue de l’irrigation des champs de culture et des jardins potagers, de l’alimentation en eau potable des populations riveraines ainsi que de leurs bétails. Les études sont en cours et le défi à relever est de réaliser les travaux dans un délai de dix-huit mois au maximum pour faire transiter un débit de 1,2m3 par seconde. Il s’agit également de poser des conduites sur une longueur de 87 km, de construire des réservoirs de mise en charge et de stockage et d’installer un réseau d’irrigation par aspersion d’un périmètre agricole de plus de 2000 hectares. Selon notre source, une task force est en cours de mise en place pour piloter la mise en œuvre de ce grand projet qui réunira les différentes parties prenantes concernées, aussi bien pour le volet orientation et suivi que pour son exécution. L’envergure technico-financière, la dimension géographique et le caractère transversal du projet impose également que l’on accorde un intérêt essentiel aux divers paramètres connexes comme la sensibilisation des populations ou encore l’aspect environnemental. A noter que l’installation d’autres pipelines est aussi en projet.
DR © Le pipeline sera connecté depuis la rivière Efaho
La grande ceinture verte connectera les régions
L’État entend également renforcer la politique écologique et environnementale de cette partie de l’Ile grâce au projet baptisé « Ceinture verte » qui vise à lutter contre la désertification et à appuyer la résilience au changement climatique. « C’est une promesse solennelle que je fais aujourd’hui afin de sortir le Grand Sud de la pauvreté. C’est grâce à cet engagement inédit, aux efforts communs que nous allons changer le destin du Grand Sud de Madagascar », a affirmé le président Andry Rajoelina, lors du lancement de ce projet en juin dernier. Selon le ministère en charge de l’Environnement et du Développement durable, c’est un « projet titanesque » d’un montant total de 26 millions de dollars. Il consiste à mettre en place près de 18 122 ha de ceinture verte ainsi que 170 km de brise vent et la stabilisation de 18 334 dunes de sables. Durant les 5 ans de réalisation, 7 filières porteuses seront impactées positivement par le projet dont les principaux bénéficiaires sont les Districts d’Ambovombe, Tsihombe, Beloha, Amboasary et Taolagnaro (Fort Dauphin).