VALLÉE DE LA GUISANE OU VALLÉE DE SERRE CHEVALIER L’ÉQUILIBRE ENTRE LOCAL ET TOURISME Noémie Thomas
Travail de Fin d’Étude
2016-2017
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PRÉSIDENT DE JURY
Christophe Degruelle, Président de la communauté d’Agglomération Blois-Agglopolys, et enseignant à l’École de la Nature et du Paysage, INSA-CVL
DIRECTRICE DE MÉMOIRE
Raphaëlle Chéré, Ingénieure Paysagiste, co-gérante de Sativa Paysage et enseignante à l’École de la Nature et du Paysage, INSA-CVL
ENCADRANT
Olivier Gaudin, Docteur en philosophie, enseignant à l’École de la Nature et du Paysage, INSA-CVL
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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier l’ensemble des personnes qui m’ont aidé à la réalisation de ce mémoire, depuis le choix de ma problématique jusqu’à l’écriture des pages qui vont suivre. Je remercie mes professeurs Raphaëlle Chéré et Olivier Gaudin pour leur intérêt pour mon travail, leur aide précieuse et le temps qu’ils y ont consacré. Je remercie, également, l’ensemble des personnes qui ont pris le temps de discuter avec moi, répondre à mes questions et m’envoyer des documents. Je remercie ma famille pour leur soutien et leurs multiples relectures patientes et attentives. Enfin, je remercie mes deux coloc’ pour les moments partagés qui nous ont permis de finir nos mémoires respectifs dans la bonne humeur.
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AVANT-PROPOS Depuis mon entrée à l’Ecole de la Nature et du Paysage, j’ai affiné mon regard sur les paysages que j’avais l’habitude de percevoir. Parmi eux, la vallée de Serre Chevalier m’a interpellée.
VIE LOCALE ÉQUILIBRE ? DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE
Mon approche était, auparavant, celle d’une touriste attachée aux paysages briançonnais pour leur beauté et mes origines familiales. Durant les cinq années du cursus, ma vision s’est teintée de nouvelles couleurs. Je me suis intéressée aux habitants de la vallée et questionnée sur ce tourisme qui en quelques décennies a bouleversé le paysage de la vallée de la Guisane. Cette nouvelle approche a réveillé de nombreuses questions auxquelles j’ai souhaité apporter des réponses dans ce mémoire. Le tourisme est l’une des forces de l’économie française et l’un des secteurs que l’État souhaite continuer de développer. Cependant, la montagne attire moins qu’auparavant. En hiver, elle est onéreuse tandis qu’en été elle est moins attractive que le littoral. Dans ce contexte, faire venir les touristes pour maintenir l’économie est devenu la priorité au détriment du paysage et du cadre de vie des habitants. Comment insuffler un nouveau dynamisme sur l’ensemble de la vallée de la Guisane en prenant en compte les évolutions futures ? Quelle stratégie pour pratiquer les espaces touristiques en inter saisons et préserver une agriculture d’élevage qui participe à la vie et au paysage de la vallée ? Comment la question du paysage peut-elle contribuer à maintenir l’équilibre entre développement touristique et vie locale au regard des évolutions climatiques et sociétales ?
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SOMMAIRE REMERCIEMENTS
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AVANT-PROPOS
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INTRODUCTION
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Premières impressions, au fil de la Guisane Toponymie, une appropriation du paysage
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PARTIE 1 DEUX APPROCHES DU TERRITOIRE
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I LA VALLÉE DE LA GUISANE : LIEU DE VIE A L’empreinte de l’homme, à la conquête d’un territoire redouté B Un socle contraignant porteur de ressources C Et aujourd’hui ?
II SERRE CHEVALIER VALLÉE : LIEU TOURISTIQUE
A L’une des plus grandes stations de sports d’hiver en France B Un tourisme devenu prépondérant C Et aujourd’hui ?
III SYNTHÈSE
24 26 36 46 50 52 56 62 66
PARTIE 2 UNE VALLÉE FAÇONNÉE PAR ET POUR LE TOURISME I UN RYTHME DE VIE SAISONNIER
A Portraits saisonniers du paysage B Portraits saisonniers des habitants C L’industrie du tourisme, fraction de territoire
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68 70 72 76 82
II ACCUEILLIR LES TOURISTES : ENTRE RURALITÉ ET URBANITÉ
A Évolution bâtie : des plans neige au mythe montagnard du chalet B Du hameau au village : caractéristiques C La fermeture des paysages, une conséquence de la déprise agricole
III UNE VALLÉE, UNE ROUTE, LA DOMINATION DE LA VOITURE
A Dépendance à Briançon, la départementale comme trait d’union B Problèmes de circulation : un réseau de transport divisé C Stationnement discontinu, la départementale comme fracture
IV SYNTHÈSE
84 86 92 98 100 102 103 106 110
PARTIE 3 VERS LE PROJET, INTENTIONS
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I LE TRANSPORT CÂBLÉ, UN LIEN ENTRE LES VILLAGES A Un atout pour les habitants
B Impact paysager, contraintes et réglementation C Références
II LE TRANSPORT CÂBLÉ, UNE IMPULSION POUR LA VALLÉE A Préserver les ouvertures
B Maîtriser le développement bâti autour des gares
III SITES DE PROJETS AUTOUR ET ENTRE LES GARES A Monêtier : fin de la ligne et après
B Villeneuve : autour de la station une vie en dehors du tourisme C Saint-Chaffrey : maîtriser les respirations et les ouvertures
IV SYNTHÈSE
114 118 122 124 128 130 132 134 138 140 142 145
CONCLUSION
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BIBLIOGRAPHIE
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1 32
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1 35
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Au fil de la Guisane
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col du Lautaret 2 057m
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PREMIÈRES IMPRESSIONS
En venant de Blois, le trajet vers la vallée de la Guisane est composé d’une succession de paysages divers, de la Sologne au bocage bourguignon. À Grenoble, c’est la première rencontre avec les Alpes, le moment de quitter l’autoroute et de commencer l’ascension. Les vallées sont encore larges, la départementale également. Puis, laissant la route de l’Oisans, la montée du Lautaret commence. La route se rapproche de la paroi, et les virages se font plus serrés, les tunnels se succèdent jusqu’au barrage hydro-électrique du Chambon et son lac artificiel. Une route de secours est ouverte, créée suite à l’éboulement survenu en 2015 sur la départementale. Elle permet à nouveau de relier l’Isère aux Hautes-Alpes. Peu de temps après, c’est la frontière, la promesse ensoleillée des Alpes du sud qui tend les bras. Encore quelques virages à l’ombre des sommets, quelques villages à traverser, La Grave puis Villard’Arène, encore quelques cultures en terrasses observables, puis se dévoile dans un virage le col du Lautaret, le début de la vallée de la Guisane.
confluence Guisane/Durance 1 198m
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... Le Lautaret, c’est une ouverture, une respiration. À partir de cet instant la vallée se découvre, sauvage, sous le ciel bleu, et il est temps d’y descendre. Sur la droite, au creux du vallon, bien en dessous de la route, la Guisane commence à se deviner à travers le dessin de son ravin. Elle se dévoile soudain serpentant. ...
UN HAUT DE VALLÉE ‘‘SAUVAGE’’ LES SOURCES DE LA GUISANE 12
... La route, elle aussi serpente, suivant les courbes du flanc nord de la montagne, protégée des chutes de pierre par des filets parfois bien remplis. Les parois rocheuses surplombent, telles des portes d’entrée. À leur pieds, des randonneurs rentrent de leur promenade dévalant les sentiers tandis que quelques cyclistes grimpent encore vers le col du Galibier. ....
UN HAUT DE VALLÉE ‘‘SAUVAGE’’ ENTRE LES MURS DE ROCHE 13
... La Guisane disparaît de nouveau entre les arbres, suivie des quelques personnes marchant sur le GR en fond de vallée. La départementale semble souligner la limite forestière entre le versant nord, encore désertique et le sud, recouvert par la forêt. ...
UN HAUT DE VALLÉE ‘‘SAUVAGE’’ LA LISIÈRE FORESTIÈRE 14
... Autour de nous apparaissent les premières terrasses cultivées, quelques tas de pierres et les premières habitations, au bord de la route, mais aussi en fond de vallée. Ce sont les premiers signes d’activité humaine, une activité qui va se renforcer au fil des courbes de la vallée. Ici, des lacs artificiels, là un clocher qui dépasse, puis la route rentre dans le Monêtier-les-Bains, dans la partie habitée de la vallée. ....
UN HAUT DE VALLÉE ‘‘SAUVAGE’’ L’OUVERTURE DE LA VALLÉE 15
la
Cucumelle 2 698 m
l’Yret
2 830 m
Prorel
Rochebrune
2 566 m
3 321 m
LE MONÊTIER-LES-BAINS
... Ralentissement de la voiture, accélération de la présence de l’homme. Les gens traversent partout, discutent, rentrent dans les magasins qui bordent la route. Puis de nouveau, accélération de la voiture, nous sommes sortis de cette bulle villageoise. Mais de chaque côté de la route les hameaux se succèdent, entrecoupés d’une mosaïque de terrasses, de tailles et de formes différentes, plus ou moins affaissées. La Guisane n’est plus qu’à quelques mètres de la route, guidée sur une courte distance par des murets. Virage. Respiration. Ralentissement. ...
UN BAS DE VALLÉE HABITÉ LA MOSAÏQUE DES TERRASSES 16
Prorel
2 566 m
Serre Chevalier 2 481 m
... Succession de panneaux : La Salle-les-Alpes, Villeneuve - Serre Chevalier 1400, Serre Chevalier Vallée - Villeneuve. La route s’engage dans Villeneuve. Sur l’horizon, se détachent les lignes arrondies des montagnes, mais les versants boisés sont striés dans leur hauteur par les pistes de ski et les remontées mécaniques. Autour du rond-point, les vieilles maisons côtoient les immeubles. Surprenant dans une vallée qui paraissait si sauvage. Peu de gens traversent. La Guisane se faufile rapidement sous la route avant de disparaitre de nouveau dans les arbres. La départementale continue, bordée d’artisans et de magasins. A peine sorti, le village suivant est déjà là. Succession de panneaux. Sur le flanc gauche, les immeubles marquent la pente. Sur le droit, ils s’agglutinent en contrebas de la route, près de la Guisane, au bas des pistes. ....
UN BAS DE VALLÉE HABITÉ L’EMPRISE DU LOISIR 17
Grand Aréa 2 868 m
la
Cucumelle 2 698 m
... Chantemerle est rapidement dépassé. Respiration. Saint Chaffrey surplombe la route à gauche, tandis qu’à droite, la vue s’ouvre sur les champs, et la ripisylve de la Guisane. ...
UN BAS DE VALLÉE HABITÉ LA RELACHE DU BÂTI 18
... En face, le regard cascade sur les éperons rocheux où se devinent les forts, et descend jusqu’à Briançon. Passé le rond-point de Serre Chevalier avec son téléphérique, l’athmosphère change. La départementale pénètre dans la ville de Briançon. Elle s’éloigne à nouveau de la Guisane, se laisse guider au milieu des immeubles et des chalets, dépassant rond-points et grandes enseignes. Guisane et départementale ne se rencontreront de nouveau que lorsque la première se jettera dans la Durance. ....
UN BAS DE VALLÉE HABITÉ BRIANÇON DOMINE LA VALLÉE 19
TOPONYMIE, UNE APPROPRIATION DU PAYSAGE Lire une carte peut nous donner de précieuses informations sur la pente, les distances, les sites historiques ou remarquables par exemple. Mais lorsque l’on commence à lire entre les lignes, on découvre une nouvelle histoire, celle des hommes et de leur environnement. A travers chaque nom de site, un nouveau récit se dévoile, ici celui d’un éboulement dont les pierres sont venues s’amonceler dans la vallée, là un sommet où l’herbe est idéale pour les bêtes ou encore les origines d’un hameau. Lire une carte, c’est une première plongée dans le paysage. Un paysage formé de noms dont la signification s’est perdue, un mélange d’occitan et de francoprovençal. Un paysage dont le sens a été oublié mais vivant à travers les panneaux de signalétique, dans le discours des habitants ou sur les cartes. La relation au paysage a évolué. Comment perpétuer l’appropriation d’un territoire par les habitants lorsque la signification des lieux s’est effacée ? Lire une carte n’est cependant pas toujours suffisant, et arpenter le territoire permet de différencier les espaces dont les noms font mémoire et ceux dont le récit reste vivant porté par le vent, l’eau et la roche. L’intégralité du paysage n’a pas été oublié.
TOPONYMIE NATURELLE
TOPONYMIE ANTHROPIQUE
TOPONYMIE PAYSANE
Aravet : bois de sapin
Briançon : forteresse
Béal : canaux
Combe : vallée étroite
Casset : hameau construit sur un amoncellement de pierres
Bez : pâturage
Endroit : versant au soleil (Adret) Envers : versant à l’ombre (Ubac) Freyssinet : Frênaie Guisane : l’eau qui soigne (souvenir des thermes romains à Monêtier) Sagne : Marécage Serre : sommet Tête noire : filon de lignite (roche noire) Rif : Torrent
Chantemerle : Pierre marquant la limite entre deux cantons
Chalet : regroupement de troupeaux Chalp : champ en pente Chevalier : terre herbeuse
Monêtier : Monastère (fondé en 827)
Eduits : premier pâturage après l’hiver
Saint-Chaffrey : fondé par Saint-Theoffreydus
Granon : Terre peu fertile
Villeneuve : Nouvelle ville construite près de l’eau pour utiliser l’énergie hydrologique dans l’industrie
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Puy : Entrée d’une galerie minière Tronchet : lieu de défriche
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PARTIE 1
DEUX APPROCHES DU TERRITOIRE 22
23
«De toutes les vallées du Briançonnais, celle de la Guisane est la plus élargie et l’une des plus favorables à l’occupation humaine.» Briançonnais, La grande Encyclopédie de la Montagne
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LA VALLÉE DE LA GUISANE LIEU DE VIE 25
L’EMPREINTE DE L’HOMME À la conquête d’un territoire redouté
Entre les rochers, les sommets et les aiguilles, sur ces pentes peu accueillantes, où, avalanches, glissements de terrain et torrents s’écoulent avec force sans prendre de précautions, des hommes se sont installés. Dès l’âge de fer, ils ont tenté d’apprivoiser cette terre qui les repoussait, ils s’y sont construit un refuge. Ils ont essayé de s’adapter à une nature difficile et un climat capricieux. Des hivers les enfermant à l’intérieur, le gel atteignant les hommes comme les cultures, les privant de ressources. Des automnes et des printemps où la pluie tombe avec trop de force, et casse la végétation. Des étés, trop secs, où tout brûle. Au fil des siècles, l’homme a blâmé ces lieux élevés et pentus, difficiles d’accès, sources de légendes. Nulle part, il n’échappe à l’emprise de la montagne. Il y est pourtant resté, attaché à cette terre, qui lui permettait de survivre. Dans la vallée de la Guisane, vivent depuis plusieurs siècles des habitants pauvres, travailleurs mais fiers de leurs montagnes. De petits hameaux se sont formés en fond de vallée, près de l’eau, sur l’endroit : le versant exposé au soleil pour profiter le plus longtemps possible de cet astre bienfaiteur. Les maisons sont serrées les unes contre les autres, regroupées comme pour se tenir chaud et lutter ensemble contre les éléments. Ainsi quinze hameaux, se sont formés et se sont développés. Le progrès a facilité l’appréhension de la nature et modifié les modes de vie des locaux, mais aujourd’hui encore les hameaux accueillent des hommes qui tentent de vivre en harmonie avec la montagne.
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LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA SALLE-LES-ALPES ST-CHAFFREY limite communale
ST-CHAFFREY nom de la commune Chantemerle
nom du hameau
Les Tabasaou sobriquet donné aux habitants du hameau
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0 0,5 1
2 km
BRIANÇON
L’EMPREINTE DE L’HOMME Le modelage d’un paysage
Dans ces montagnes ingrates, les familles se sont établies sur les terres les plus cultivables. Ces terroirs leur permettaient l’autosuffisance alimentaire grâce aux cultures de seigle, de froment, de lentilles ou de pommes de terre par exemple. Au fil des ans, la population s’est agrandie. Des terrasses, tenues par des murs en pierres sèches, sont apparues sur les versants. Une victoire dans la lutte contre la pente si difficile à cultiver, et contre la roche qui rend le sol si dur. Les clapiers, ces amas de pierres, arrachées de la terre pour dégager les terrasses, en témoignent encore sur la Sylvopastoralisme
route du Lautaret. Dans leur combat contre le climat, et la sécheresse, les paysans ont construit au Moyen-Âge des canaux leur permettant de contrôler l’irrigation de leurs terres.
bois imputrescible apprécié. Si cette pratique a disparu, le mélèze est devenu aujourd’hui l’arbre emblématique de la vallée, recouvrant l’envers, et rythmant par son feuillage les différentes saisons.
Sur les terres infertiles, jusqu’aux sommets, moutons et vaches sont menés en estive dès la fonte des neiges, par groupes communaux ou familiaux. En remplaçant le pin par le mélèze, le paysan a permis à l’herbe de pousser sous les frondaisons, étendant le pâturage, et permettant à une forêt exploitable de s’implanter, fournissant un
Le paysan a construit des maisons dans les alpages lui permettant, en été, de se rapprocher de ses bêtes et d’étendre temporairement ses terres cultivables. L’hiver, il retournait en fond de vallée, réparait son matériel, soignait ses bêtes et, de temps à autre, participait aux veillées villageoises transmettant légendes et savoirs ancestraux.
route des transhumances
LA RAMASSE
Terrasses
Alpage Hameau Guisane Route du Lautaret
Haies bocagères parfois fruitières
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La «ramasse» est une sorte de luge qui permettait de transporter les produits des cultures, le charbon et le matériel sur l’herbe des champs ou sur la neige.
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LA MONTAGNE EST MARQUÉE PAR LES a s Juan gette Peyra n a r MODES DE VIE D’AUTREFOIS les G lieux habités avant 1940
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alpage route des transhumances surface pâturée fond de vallée cultivé en terrasse surface forestière majoritairement exploitée canaux d’irrigation
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L’EMPREINTE DE L’HOMME Jeux de frontières
Briançonnais
Communes de la Vallée de la Guisane
Ouvrages de défense militaire Citadelle et forts Vauban Mur de Berwick
SAVOIE
VALLÉE DE LA GUISANE
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Ligne Asfeld
Ligne Maginot
Ligne Séré de Rivières
Combeynot (fort Italien)
PARC NATIONAL DES ÉCRINS
Des citoyens épris de liberté, d’égalité et de fierté sont nés de ces Escartons mais surtout une entente transnationale qui, même ébranlée par les guerres napoléoniennes puis mondiales, continue aujourd’hui d’être «enracinée dans le cœur des populations» [Guy Hermite, 2015].
La vallée de la Guisane fait partie d’une entité paysagère et culturelle plus grande : le Briançonnais. L’étoile briançonnaise regroupe autour de la ville-cœur de Briançon, cinq vallées : la vallée de la Guisane qui se prolonge jusqu’à la Grave de l’autre côté du Lautaret, la Clarée, la Haute-Durance et Montegnèvre, la Cervereytte et les Fonts ainsi que le début de la Durance et la vallée d’Ailefroide.
« Ils sont Français et sujets fidèles pour le service du roi et le bien de l’État ; mais ils sont Briançonnais et indépendants pour leur intérêts personnels. »
Pour traverser les Alpes par la frontière franco-italienne, l’axe reliant Grenoble à Turin en passant par la Guisane, Briançon, Montgenèvre et Oulx, fut un passage privilégié jusqu’à la construction des autoroutes et tunnels savoyards. Les passages fréquents ont exacerbé les pics de pauvreté lorsque les armées traversaient les Alpes, et ceux de prospérité lorsque Briançon retrouvait son activité de place commerçante.
Extrait des «réclamations» briançonnaises lors de la Révolution, 1789
Lorsque le Briançonnais se tourne vers son voisin savoyard, c’est plutôt un sentiment d’inimitié qui le saisit. Un reflet des années de guerres avec le Duché de Savoie, raison de la construction de la citadelle fortifiée de Briançon ou du mur de Berwick (1709) en Guisane. Si aujourd’hui Savoie et Briançonnais font partie du même pays, la guerre économique menée par les régions (respectivement Rhône-Alpes et PACA (Provence Alpes Côtes d’Azur)), autour des destinations touristiques de montagne, ne fait que raviver les hostilités.
Les Briançonnais ont en commun le même sentiment d’appartenance au territoire, et estiment leurs voisins des autres vallées partageant les mêmes contraintes de la montagne. Ce sentiment s’étend à leurs cousins italiens qui pendant près de 2000 ans ont fait partie de la même entité administrative et avec qui ils ont échangé culturellement et commercialement.
Fort d’Anjou Fort du Randouillet Fort des Têtes Fort du Château
«L’ Amour de la montagne, abaisse les frontières. » Devise inscrite sur l’Arc de triomphe du premier concours international de ski
Citadelle Vauban, Briançon
De 1343 à 1715, les maîtres du Dauphiné ont accordé une indépendance fiscale et économique à la «République des Escartons». La République est composée de cinq escartons : Briançon et Queyras (France) ainsi que Oulx, Pragelas et Château-Dauphin (Italie).
< affiche publicitaire de la compagnie PLM (Paris-LyonMarseille) , 1927
< vue depuis le Pic Blanc du Galibier
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L’EMPREINTE DE L’HOMME Petite histoire territoriale du Briançonnais ÉPOQUE CELTIQUE
Royaume de Cottius > sous l’autorité de Suze et des romains
XIe SIÈCLE
Sous l’autorité du Dauphiné de Viennois
1343
Création de la «République des Escartons» par la signature des libertés briançonnaises > République semi-autonome où les citoyens sont libres et égaux en droits.
Royaume de Cottius (époque celtique)
1454 - 1559
Guerres d’Italie
1690
Début de l’élévation de la ville fortifiée de Briançon par Vauban et des forts défensifs (contre le Duché de Savoie)
1701 - 1714
Guerres de succession d’Espagne
1715
Traité d’Utrecht > la frontière change > la partie (actuellement italienne) des Escartons devient savoyarde
République des Escartons (1343-1789)
1724-1734
Construction de la ligne de fortification d’Asfeld (contre le Duché de Savoie)
1789
RÉVOLUTION FRANÇAISE
1789
Le Haut-Dauphiné devient Hautes-Alpes
Fin de la «République des Escartons»
1796-1800
Campagne d’Italie
Evolution schématique du Briançonnais dans son territoire
fin XIXe siècle
Construction de la ligne de fortification de Séré de Rivières (contre l’Italie)
1861
Hautes-Alpes, France (1789-Actuel)
RECONNAISSANCE DU ROYAUME D’ITALIE
Rattachement de la Savoie à la France
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Briançonnais Échange
Conflit Frontière
Vue depuis le fort d’Anjou, un panorama imprenable pour surveiller Briançon et la vallée de la Guisane durant les conflits frontaliers >
1890
Installation du 159e Régiment d’infanterie alpine à Briançon
1914 - 1918
1ère Guerre Mondiale
1920-1934
Construction de la ligne de fortification de Maginot (contre l’Italie)
1939 - 1945
2nde Guerre Mondiale
Guerres Mondiales (1914-1918 puis 1939-1945)
1945
Retour de la paix avec l’Italie > Fixation des frontières actuelles
1985
Espace Schengen > déplacement libre en Europe
2008
Après le départ du 159e RIA en 1994, l’Armée quitte définitivement le Briançonnais et laisse place à la coopération transfrontalière (Conférence des Hautes Vallées)
2015
Retour des contrôles aux frontières à Montgenèvre suite aux attentats parisiens
Briançon
Conférence des Hautes Vallées (2001-Actuel)
Le Monêtier-les-Bains Saint-Chaffrey La Salle-les-Alpes
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L’EMPREINTE DE L’HOMME Vers une fusion des communes
Depuis 1996, le Briançonnais a été consolidé par la création de la Communauté de Commune du Briançonnais (CCB). Elle est cependant légèrement moins grande que l’Escarton du Briançonnais, puisque la vallée d’Ailefroide fait désormais partie de la communauté de commune voisine du Pays des Écrins. Si aujourd’hui les trois communes de la vallée sont administrées séparément, le projet d’une unique commune a été soulevé, avant d’être abandonné, passé la date du 1er janvier 2016 et les gratifications accordées par l’État. Un projet qui risque d’être de nouveau d’actualité aux prochaines élections si les querelles de clochers s’atténuent.
Communauté de Commune du Briançonnais 21 356 HABS
844 KM²
12 892 HABS
1 654 HABS
26 KM²
La Salle-les-Alpes
960 HABS
35 KM²
Le Monêtier-les-Bains
1 003 HABS
98 KM²
0-18 ans
16 %
19-25 ans
11 %
26-62 ans
44 %
mais 50% des 2 81 % emplois1seraient saisonniers
Le revenu médian des ménages
+ de 63 ans 29 %
19 516 €
Répartition par ocuupation au sol
Saint-Chaffrey
Résidence secondaire
28 KM²
159 KM²
Série1
Taux d’emploi des 15-64 ans
Répartition de la population par tranche d’âge
En détail par communes (2013)
Dans la vallée de la Guisane 3 617 HABS
d’après INSEE
Briançon
28 920 € en France
3%
agricole
9%
alpage
45 %
forêt
22 %
sommet
21 %
station de ski
3%
0 1 2 Série1 Série1 Série1 Série1
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bâti
5 km
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UN SOCLE CONTRAIGNANT Géologie de la Guisane : entre Massif des Écrins et Massif des Cerces La variété des paysages de la Guisane est due à sa frontière entre deux massifs géologiquement complexes: le massif des Écrins au Sud et celui des Cerces au Nord. Les ères successives ont superposé, plissé puis érodé les couches, offrant le paysage minéral actuel : des roches magmatiques et métamorphiques affleurent sur les sommets, créant ces parois rocheuses en haut de vallée, une stratification instable de couches sédimentaires sur les versants et un bassin houiller émergeant du nord au sud.
HISTOIRE ANTÉ-ALPINE
• •
Formation du noyau en gneiss du Massif cristallin des Écrins (une roche noire qui contraste avec le blanc des glaciers). Formation du Bassin houiller* du Briançonnais qui a été exploité au XIXe siècle. *Houiller = charbon (conglomérats, grès, roches éruptives)
HISTOIRE ALPINE
•
Formation de la couche sédimentaire : grès, dolomie, calcaire. La pierre et la chaux utilisées pour construire et crépir les maisons furent pendant longtemps extraites de la couche sédimentaire ou de ses éboulements. Lors de son circuit thermominéral, l’eau chaude du Monêtier acquiert sa minéralisation au contact du Trias.
• • •
Sédimentation. Apparition des failles. Érosion des parties émergées.
• •
Formation de couches de gabbro et de basalte. Accentuation des brèches et failles à l’origine des premiers basculements.
•
Subduction des plaques.
Déformation par subduction
• • • •
Formation de la chaine alpine. Formation des couches de gneiss et de granite au cours de la subduction, ce sont des roches dures visibles sur les sommets. Phénomènes naturels : érosion (vent et eau), glissements de terrain, éboulements, séismes, formation de moraines et de verrous glaciaires (comme celui où est construit Briançon) suite à la fonte glacière. La température de l’eau du Monêtier est acquise par contact avec le processus géothermique profond de la chaine alpine.
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« Depuis le jour où le point de la terre où nous sommes prit sa première rugosité, destinée à se transformer graduellement en montagne, la nature, qui est le mouvement, la transformation incessante, a travaillé sans relâche à modifier l’aspect de cette protubérance : ici elle a exhaussé la masse ; ailleurs elle l’a déprimée ; elle l’a hérissée de pointes, parsemée de coupoles et de dômes ; elle en a ployé, plissé, raviné, labouré, sculpté, à l’infini la surface mouvante et maintenant encore, sous nos yeux, le travail se continue. » ELISÉE Reclus, «Les sommets et les vallées», Histoire d’une montagne, 1882
MASSIF DES CERCES col du Lautaret
la Meije le Grand Area
LE MONÊTIER-LES-BAINS
B
LA SALLE-LES-ALPES
les Agneaux
MASSIF DES ÉCRINS SAINT-CHAFFREY les Écrins le Prorel
le Pelvoux
0
1
2 km
A
SAINT-CHAFFREY A
B
Légende carte géologique simplifée et coupe géologique Massif Cristallin des Écrins
Glaciers
Couche sédimentaire et métamorphique [Jurassique et Éocène]
Bassin Houiller (charbon) et roche magmatique [Carbonifère]
Couche sédimentaire (calcaire, dolomie, grès) [Trias]
Alluvions, éboulis, moraines
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d’après BRGM
d’après BRGM
BRIANÇON
UN SOCLE CONTRAIGNANT L’histoire d’un sous-sol exploité A l’aube du XIIIe siècle, les paysans briançonnais découvrirent un filon de houille traversant la vallée de la Guisane, du massif des Cerces au nord, vers Briançon. Pour le pauvre paysan qui survit simplement, la mine de charbon est une manne lui permettant de compléter son revenu et de se chauffer. Pendant plus d’un siècle,
les hommes de la vallée de la Guisane vont adopter le rythme d’agriculteur-minier, travaillant au champ le jour et tout l’été, puis dans les mines à la nuit tombée et en hiver, tant que leurs terres étaient recouvertes de neige. Les débuts sont fébriles, archaïques, creusant de multiples galeries, privatives, parfois communales, créant un immense gruyère fragilisant la montagne pour les exploitations futures. Le rachat des mines par les sociétés spécialisées de la région permettra l’amélioration des techniques d’exploitation. Elles produisaient du charbon de forge (utilisé dans les clouteries) et des boulets de charbon (chauffage). Mais au début du XXe siècle, l’aventure minière se consume, à cause de l’insécurité, des conditions difficiles de travail et de
Mine des éduits, SAINT CHAFFREY
l’épuisement des ressources. Quelques témoignages persistent aujourd’hui dans le paysage de la vallée. L’entrée de la mine des Éduits, se dresse fièrement au-dessus de Chantemerle, presque indiscernable au milieu des mélèzes. Au bord de la route de Grenoble, en remontant vers Monêtier, intriguant les conducteurs, l’étrange structure de l’arrivée du transporteur continue de défier le temps qui passe. Il permettait de descendre par wagons aériens l’anthracite extrait de la mine du Pierre Grosse.
Arrivée du transporteur, FREYSSINET, LE MONÊTIER-LES-BAINS
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LE CHARBON A MARQUE LE PAYSAGE EN MOINS DE DEUX SIÈCLES
2 km
d’après TORNATORE
0 0,5 1
39
UN SOCLE CONTRAIGNANT Des torrents au patrimoine Depuis des millénaires l’eau des torrents surgit de leur source, coule de toute part et creuse les reliefs de la montagne. Point de rencontre, de cette eau, la Guisane se faufile, depuis le Lautaret à 2100 m d’altitude, entre les aspérités rocheuses qui se mettent sur sa route pour aller se glisser dans la Durance à Briançon. Si les hommes se sont installés près de son cours pour la ressource vitale qu’elle représente, ils ont aussi su se l’approprier. La création des canaux d’arrosage (50x20cm), par exemple, a permis de transformer les arides
versants en pentes vertes, mais ils ont également apporté l’eau au cœur des hameaux. Les fontaines sont des lieux de vie et de rencontres pour les habitants comme pour les randonneurs qui viennent s’y désaltérer au détour d’un sentier. Les habitants ont aussi su lier fureur de l’eau et production d’énergie. Moulins puis industries utilisèrent les courants de la tumultueuse Guisane pour faire fonctionner leurs machines et produire farine, clous, vêtements en laine ou en cuir, ... Cependant, grâce à sa difficulté d’accès, la vallée
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n’est jamais devenue industrielle comme l’a été sa voisine la Maurienne en Savoie. Si aujourd’hui, les canaux se dégradent par inutilisation, d’autres éléments du patrimoine sont mis en valeur par les habitants (remise en fonctionnement du moulin du Casset, maintien de la filature de Chantemerle, ...).
CE QUE DIT LE SCOT > Mettre en valeur les cours d’eau et les canaux > Préserver la ripisylve de la Guisane La Guisane au fil des saisons (été / automne / hiver)
L’EAU UNE FORCE : CRÉATION DU RELIEF, PRODUCTION ET PATRIMOINE
zet au L Le
et ass C Le er êti on M Le s rte ibe u et G sin s y Les Fre Le
0 0,5 1
2 km
n rbi Ba e rr Se Le z ve Be eu n Le e l lle Vil Sa La
es ch é e an erl att n em ard-L Pa t s n l a Le Ch e Vil rey L aff Ch t in Sa rel ille mo Forv a r P n as ço ab an i r Ch B
41
UN SOCLE CONTRAIGNANT Un patrimoine naturel protégé : Parc des Écrins et Zones Naturelles Sous les rayons du soleil et l’air pur du briançonnais vit et se développe une biodiversité exceptionnelle. Faune et flore s’épanouissent dans une variété d’habitats protégés à l’échelle nationale, européenne et mondiale.
sommets rocheux et les glaciers se détachent sur l’horizon, dès que l’on grimpe quelque peu sur les versants.
Le Parc National des Écrins est probablement la protection qui est la plus lisible par les habitants (signalétique, sensibilisation, maison du Parc au Casset et au Lautaret) et qui a le plus d’impact sur leur vie et leur territoire.
Le Monêtier-les-bains, fait partie des communes adhérentes au Parc National des Écrins, une partie du cœur de Parc s’étendant sur la commune (voir carte). La charte n’a cependant pas de conséquence sur la gestion de la commune en dehors de ce cœur et n’impacte donc pas les espaces bâtis ou agricoles de la vallée.
Les Écrins, avec ses sommets qui atteignent plus de 4000m d’altitude, font partie du paysage de la Guisane. Les
Cependant, la présence d’un accueil du Parc dans le hameau du Casset, définit le Monêtier comme la porte
les Écrins
les Agneaux
d’entrée du Parc et des espaces naturels du haut de la vallée de la Guisane. L’UNESCO a classé, en 2014, le Mont Viso (sommet Italien) en réserve de Biosphère, intégrant dans sa zone de transition la partie sud de la vallée de la Guisane (voir carte). Néanmoins ce classement a une faible influence, recommandant simplement la gestion et le développement durable du territoire. Le versant de la station de ski est nettement exclu des zones de protection notamment à cause des câbles des remontées mécaniques et des travaux de terrassements.
la Meije
LE MONÊTIER-LES-BAINS Vue sur les Écrins et Monêtier depuis le Grand Area
Panneau du PNE à l’entrée de Monêtier
42
MASSIF DES CERCES
col du Lautaret la Meije
LE MONÊTIER-LES-BAINS les Agneaux
LA SALLE-LES-ALPES
les Écrins
Station de ski
le Pelvoux
SAINT-CHAFFREY
d’après Géoportail
BRIANÇON
MASSIF DES ÉCRINS 0 1 2 km
LES ZONES DE PROTECTION DES ESPACES NATURELLES Parc National des Écrins Cœur du Parc Aire d’adhésion des
communes à la charte
Réserve de biosphère transfrontalière ZNIEFF Natura 2000 du Mont Viso - UNESCO type 1 oiseaux et habitats zone de transition
type 2
CE QUE DIT LE SCOT > Favoriser les itinéraires de découverte autour du paysage et du patrimoine historique > Sensibiliser le public aux espaces naturels et aux enjeux écologiques > Accompagner les pratiques pour un meilleur respect des zones sensibles notamment en zone de pression touristique > Conservation des zones d’extensions de coeur de nature
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le
UN SOCLE CONTRAIGNANT Des risques naturels omniprésents
Lauzet
RISQUES NATURELS
le
Casset
LIÉS À L’EAU
LIÉS AUX MOUVEMENTS DE TERRAIN
• Inondation (inondations de la Guisane, zones
• Séisme (Sismicité 4/5 :
• Crue torrentielle et montée rapide de cours d’eau, • Ruissellement et ravinement,
• Éboulement, chute de pierres et de blocs, • Glissement de terrain, • Effondrement et suffosion (entraînement
réglementation nationale).
marécageuses et inondations en pied de versant),
hydraulique pouvant générer des cavités ou des conduits souterrains),
LIÉS AU CLIMAT • Avalanche, • Incendie de forêts, • Vent et chute de neige lourde
Monêtier
LIÉS A L’OCCUPATION HUMAINE • Phénomènes liés aux activités humaines
non pris en compte dans la réglementation des PPRs: incendies de forêts, vent et chute de neige lourde, éboulements en masse, remontée de nappes et phénomènes liés aux activités humaines.
RÉGLEMENTATION Les accès principaux des bâtiments sont situés sur la façade aval et les issues de secours doivent toujours être utilisables. La hauteur d’accès sur les façades exposées est définie entre 0,3 et 2,5m (ou seront aveugles) au-dessus du terrain selon les zones. Si toutes les façades sont exposées à des risques, seul le risque le plus contraignant doit être pris en compte. Les bâtiments sont soumis à la réglementation parasismique dite de «risque normal». La lutte contre l’imperméabilisation des sols est nécessaire, et les écoulements de surfaces doivent être maitrisés.
zone non-constructible
L’occupation et l’utilisation du sol est interdite sauf : travaux de réduction des risques, utilisations agricoles et forestières (sauf bâti), équipements nécessaires au fonctionnement des activités de services publics, travaux d’entretien et de réparation des constructions existantes, et ponts et passerelles laissant transiter des crues centennales. zone constructible soumise à réglementations
L’insertion dans la pente et la stabilité de la construction devront être confirmées par une étude géotechnique. Les façades en amont devront résister à une pression définie dans le PPR sur toute leur hauteur. La perturbation sur le fonctionnement des réseaux et équipements devra être limitée, voire nulle sur les installations d’assainissement.
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Guibertes le Freyssinet le
, torrent de la Salle
BRIANÇON (Fortville), Guisane
Serre-Barbin
le
Bez
Villeneuve
la
Salle les
Pananches le Villard-Laté Chantemerle Saint-Chaffrey
sens d’écoulement des phénomènes à charge
façade amont
BÂTI
schéma de principe d’un bâti face aux risques
1ère construction 10 m
E SAN
accès principal façade aval
résistance à la pression façade latérale
GUI
façade latérale
Pramorel Forville
le
1ère clôture 5m
Briançon Cité Vauban
Briançon Ste Catherine
schéma de réglementation autour de la guisane
zone non-constructible zone constructible soumise à prescriptions et recommandations
Chabas
0 0,5
45
1
2 km
D’après les zonages réglementaires des PPRs de Briançon, Saint-Chaffrey, La Salle-les-Alpes et le Monêtier-les-Bains (2008), DDE Hautes-Alpes, Service de Restauration des Terrains en Montagne (RTM),ONF et Alpes-geo-conseil
les
ET AUJOURD’HUI ?
Un territoire enclavé mais préservé La vallée de la Guisane est historiquement un axe de passage pour traverser les Alpes mais à l’heure où les temps de transport se doivent d’être rapides et simples, la vallée reste enclavée.
Paris
GRENOBLE
VALLÉE DE LA GUISANE
TURIN
BRIANÇON
Si elle est géographiquement tournée vers le Sud par la vallée de la Durance, elle n’en reste pas moins très éloignée. Gap, sa préfecture est située à plus d’une heure, rendant par exemple les démarches administratives plus compliquées. Sans parler de Marseille capitale régionale, dont les préoccupations de Métropole méditerranéenne sont bien éloignées des préoccupations des habitants de la montagne briançonnaise. Pourtant c’est depuis Marseille que seront gérés les transports qui desservent la vallée : transports scolaires et trains notamment. Par choix, les habitants de la Guisane ont refusé le train dans leur vallée, l’obligeant à s’arrêter à Briançon. Il n’en reste pas moins aujourd’hui un vecteur économique de première importance, qui a poussé l’État et la SNCF à conserver la ligne de nuit reliant Paris à Briançon.
GAP
L’autoroute elle-même s’est arrêtée en amont des Hautes-Alpes. Des projets autoroutiers et ferroviaires ont été évoqués pour lier la France à l’Italie soit par la vallée de la Clarée soit par un tunnel sous le col de Montgenèvre. Toutefois, ils sont restés à l’état de projet et n’ont jamais été concrétisés.
MARSEILLE
46
1884
« Non contents de faire escalader à leur routes carrossables les monts les plus ardus, les ingénieurs percent les roches qui les gênent, pour faire passer leurs voies de fer de vallée en vallée. En dépit de tous obstacles que la nature avait mis en travers de sa marche, l’homme passe ; il se fait une nouvelle terre appropriée à ses besoins. »
1909
1928 2015
ELISÉE Reclus, «L’Homme», Histoire d’une montagne, 1882
2016
affiche publicitaire de laSNCF, 1950 >
2017
PARIS GRENOBLE 2h40
8h30 7-8h de jour (TGV vers Oulx (Italie) + navette en car) 11h de nuit (train couchettes)
3h 4h
GAP
TURIN
2h10 3h
1h40 2h10 1h10
Mise en service de la ligne ferroviaire desservant Briançon Lancement du projet Route des Alpes par le Touring Club > construction de la route de Grenoble (Lautaret) et du Galibier > Ouverture en 1913 par la PLM 1er arrivée d’un train de voyageurs de nuit en gare de Briançon Effondrement au dessus du lac de Chambon, la vallée est coupée de sa connexion à Grenoble et vers le nord de la France. (2016 > ouverture d’une route de secours pour les habitants) Maintien des trains de nuit sur la ligne Paris Austerlitz - Briançon Ouverture du nouveau tunnel de Chambon, et fermeture de la route de secours
Les habitants de la vallée vous diront peutêtre qu’il est facile d’y accéder. Mais les temps de trajet restent longs et il est nécessaire d’emprunter des routes tortueuses requérant des équipements spéciaux en hiver. Outre le Sud, la route la plus facile à emprunter et celle de l’Italie par le col de Montgenèvre. Elle permet rapidement de rejoindre les autoroutes Italiennes puis Turin, grande ville la plus proche, ou Oulx (gare TGV) reliée par cars à la vallée. A l’amont de la Guisane, en empruntant la route du Lautaret on rejoint Grenoble, Lyon puis le nord de la France. De par cet éloignement, de nouveaux modes de consommation comme les achats en ligne tendent à fortement se développer.
MARSEILLE 3h30 5h20 6h20
Si les questions d’accessibilité de la vallée sont si débattus par les acteurs du territoire ce n’est pourtant pas pour des questions locales mais pour des raisons économiques liées à Serre Chevalier, l’autre nom de cette vallée.
Durée de trajet estimé : en voiture en bus en train
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ET AUJOURD’HUI ? Portrait
AUTREFOIS Dès le plus jeune âge, les enfants vont travailler aux champs, abandonnant l’école pourtant obligatoire jusqu’à 13 ans dès 1882. Le travail est laborieux, les décès fréquents. Les paysans sont isolés dans leur village mais possèdent une connaissance parfaite de la montagne qui les entoure. Ce sont des enfants de la terre qui, pour la majorité d’entre eux, ont vécu toute leur vie dans le même village ou du moins la même vallée.
AUJOURD’HUI Les enfants continuent d’aller à l’école primaire dans leur village, avant de continuer collège et lycée à Briançon. A l’heure des études supérieures, ils sont obligés de quitter le Briançonnais, allant vers Gap voire plus loin. Malgré l’attachement à leur territoire, la majorité ne trouve pas de travail pour leur qualification dans la vallée. Le territoire attire également des personnes étrangères à la vallée, séduits par le rythme de vie saisonnier et la pluriactivité caractérisant les emplois. Cas le plus typique, le mari est saisonnier et la femme est infirmière ou fonctionnaire. Pour tous ceux qui souhaitent réussir, la capacité d’adaptation et d’innovation est essentielle. Cependant, le relationnel reste omniprésent dans le recrutement et les rapports sociaux. Pour les «gens d’ici», appartenir à une famille ou être recommandé par un habitant de la vallée est un gage de confiance et de qualité. Pour la majorité, gens d’ici et d’ailleurs restent au moment de leur retraite malgré les difficultés de déplacement et l’exclusion qui en découle. La fierté de leur montagne, l’entraide, la simplicité de leur mode de vie et la passion pour leur vallée caractérisent les habitants de la Guisane.
48
49
« Un climat privilégié, une nature généreuse baignée de soleil dans une vallée authentique au coeur des Hautes Alpes, Serre Chevalier Vallée Briançon offre un terrain de jeux et de détente hors norme.» Dossier de Presse Hiver 2016-2017, Office de Tourisme Serre Chevalier Briançon
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LA VALLÃ&#x2030;E DE SERRE CHEVALIER LIEU TOURISTIQUE 51
L’UNE DES PLUS GRANDES STATIONS DE SPORTS D’HIVER EN FRANCE De la Guisane méconnue à un lieu touristique notoire
Depuis 1989, la station est répartie sur 410 ha accessibles depuis 4 fronts de neige, c’està-dire 4 départs de remontées mécaniques, répartis sur les 3 communes de la vallée et Briançon. Une station en vallée qui peut déconcerter les touristes mais fait aussi la particularité de Serre Chevalier.
13 MILLIONS
Domaine skiable
De passages de forfaits /an
410 Ha - 81 pistes point bas - Briançon : 1 200m point haut - Yret : 2 800m
DES DIFFÉRENCES DE TOPONYMIE Les fronts de neige portent le nom des hameaux où ils sont implantés créant une confusion toponymique chez les touristes entre les noms administratifs des communes et les noms des hameaux-stations où ils se rendent pour leurs activités de loisirs. Ainsi Villeneuve est situé à la Salle-lesAlpes et Chantemerle à Saint-Chaffrey. Cette différence est amplifiée par le nom de vallée de la Guisane (nom géographique utilisé par les locaux où dans les guides de randonnées estivaux) et celui de Serre Chevalier Vallée (nom touristique de la vallée, celui connu en dehors du Briançonnais).
UNE GESTION DIVISÉE Depuis 2004, la gestion est effectuée par une unique société sous le nom de Serre Chevalier Domaine Skiable. Cependant, les 7 communes (Monêtier-les-Bains, La Salle-les-Alpes, Saint-Chaffrey, Briançon, Puy Sain-Pierre, Puy Saint-André et Pelvoux) que
recouvrent le domaine skiable sont liées par 4 contrats (DSP - Délégation de Service Public) différents avec notamment une répartition des marges d’exploitations différente. Une gestion compliquée mais unique qui pourrait être brisée lors de l’appel d’offre de 2017 puisque 2 des 4 contrats sont à renouveler.
Vue depuis Serre Chevalier, premier sommet historiquement relié à la vallée par le téléphérique
52
1941
Construction du 1er téléphérique de Serre Chevalier (le plus long - 4km - et le plus rapide en Europe à l’époque).
1990
Rattachement de Briançon à Serre Chevalier par la construction des télécabines du Prorel.
1968
Adoption du nom de Serre Chevalier pour la station regroupant Chantemerle (StChaffrey) et Villeneuve (La Salle les Alpes). Le sommet de Serre Chevalier que rejoint le premier téléphérique a donné son nom à la station dès 1941. Mais en 1968, il devient le nom officiel, accompagné par l’aigle couronné provenant du Blason d’un baron, du Bez, à la Salleles-Alpes.
1992
Création de la SAEML gestionnaire unique de Serre Chevalier. La gestion de la station (entretien et
1984
Rattachement de la station du Monêtier à celle de Serre Chevalier.
2004 2005
2006 2008
2016
53
exploitation des Remontées Mécaniques et entretien des pistes) est confiée à
la Compagnie des Alpes (CDA). La CDA gère également 10 autres domaines skiables comme celui des 3 Vallées mais également des parcs d’attraction comme le parc Astérix, le Futuroscope ou le musée Grévin.
La station porta un temps le nom de Serre Chevalier Valley avant de se franciser, suite au soulèvement des locaux, en Serre Chevalier Vallée. L’Office de Tourisme est renommé Serre Chevalier Vallée Briançon, un nom long, que les plus habitués continuent de diminuer en Serre-Che.
L’UNE DES PLUS GRANDES STATIONS DE SPORTS D’HIVER EN FRANCE Petite histoire du ski en Guisane
L’économie des sports d’hiver a remplacé en moins de cent ans une économie paysanne présente depuis plusieurs siècles dans la vallée. Le ski a profondément modifié le paysage et le rapport des habitants à la montagne.
PLAN DES PISTES SAISON 1957-58 : Ce sont encore les balbutiements de Serre Chevalier. Les pistes se concentrent sur Chantemerle et Villeneuve, tandis que Monêtier construit son premier téléski.
PLAN DES PISTES SAISON 2016-2017 :
Les investissements sont engagés sur le renouvellement des remontées mécaniques et l’aménagement d’espaces ludiques et de loisirs (aire de pique-nique sur les sommets). Aucun agrandissement de la station n’est prévu mais de nouvelles pistes à travers la forêt pourraient être ouvertes entre Chantemerle et Villeneuve.
54
1900
1904
Le ski arrive dans le Briançonnais grâce à la femme du commandant de l’armée installée à Briançon. Elle lui rapporte de Genève des skis pour qu’il se divertisse. Très vite, il va introduire ce moyen de déplacement au sein de son régiment pour des déplacements plus rapides dans la neige : c’est la naissance des chasseurs alpins à ski. Création à Briançon de l’école normale supérieure de ski pour former les premiers militaires professeurs de ski français.
1907
La première compétition de ski française se déroule sur les sites de Montgenèvre et Briançon. Elle est organisée par l’armée française, le Touring Club de France et le Club Alpin Français.
1941
En pleine Guerre, le téléphérique de Serre Chevalier est inauguré. Aujourd’hui, l’une des cabines, nommée Marianne, trône à l’entrée de Saint-Chaffrey. Malgré les rénovations successives du téléphérique, la couleur rouge restera. «C’est une histoire unique, les gens les plus pauvres de France viennent de s’offrir pour Noël un jouet merveilleux, [...], avec l’assistance de leur département, le plus déshérité de tous, les Hautes-Alpes.» Paris-Soir, 1941
Course de ski dans la chaussée, BRIANÇON
1984
Mise en service du premier DMC (Double-Monôcable Cabine) sous le Bez. Une première mondiale dont la technologie est reprise jusqu’à aujourd’hui, permettant des cabines plus stables face au vent grâce à ses deux câbles. Les pylônes sont plus massifs mais plus éloignés.
1997
Luc Alphand, enfant de Saint-Chaffrey, remporte la coupe du Marianne 1941 -1984, SAINT-CHAFFREY monde de ski en descente et super-G. Il devient le héros de la vallée. Son nom et son image sont utilisés pour promouvoir la station de ski. La piste de ski «olympique» reliant le sommet de Serre Chevalier à Chantemerle est renommée «Luc Alphand» en son honneur. Aujourd’hui, encore le nom de Luc Alphand est utilisé un peu partout dans la station notamment sur les produits dérivés Télécabine à l’effigie de Luc Alphand, qu’il a créé (magasins de sports, bière, ...)
2012
Le premier tronçon du Téléphérique de 1941 est démonté puis remplacé par des télécabines. Le 2e tronçon : Serre-Ratier - Serre Chevalier est toujours en activité.
2014
Pierre Vaultier, un autre Chaffrelins (Saint-Chaffrey), est médaillé d’or aux JO de Sotchi en snowboard cross.
CHANTEMERLE
55
UN TOURISME DEVENU PRÉPONDÉRANT Petite histoire du tourisme en Guisane Les Romains sont les premiers à se baigner
ÉPOQUE dans les eaux réparatrices de la Guisane ROMAINE (Aquisana -l’eau qui soigne) et à profiter des vertus de l’eau chaude (44°C) jaillissant au Monêtier.
1715
La Rotonde est construite au Monêtier. C’est le premier bâtiment dédié à l’exploitation de l’eau thermale. La goutte et les maladies de peau sont les principaux maux soignés.
1786
Un nouveau bâtiment est construit pour l’eau thermale à la demande de Louis XVI. Un hôtel sera ajouté pour accueillir les curistes.
XIXe
SIÈCLE
Les hôtels commencent à se développer pour les quelques privilégiés qui viennent chercher le climat ensoleillé et sec du Briançonnais afin de soigner leurs maladies respiratoires. C’est le début du tourisme d’acclimatation. Dans le même temps, se développe l’excursionnisme avec : • l’alpinisme qui attire dans la vallée les voyageurs venus gravir les Écrins • puis la création de la Route des Grandes Alpes, par le Touring Club de France, qui traverse la vallée dès 1909.
1911
Premier passage du tour de France dans la vallée. Il repassera 59 fois, transformant les cols de l’Izoard, du Lautaret et du Galibier en des cols mythiques attirant les cyclistes.
1920 1939
Développement du tourisme hivernal notamment grâce à la loi des congés payés de 1936. Basculement d’un tourisme estival à un tourisme hivernal.
56
La rotonde, MONÊTIER
Route du lautaret, XIXe siècle, MONÊTIER
« Les territoires alpins sont passés au cours des trois derniers siècles du stade de territoires ignorés et redoutés à ceux de territoires recherchés, aménagés par d'autres et pour d'autres que les habitants traditionnels.» Histoire du tourisme dans les Alpes, AnneMarie Granet-Abisset
1956
ANNÉE 1950
ANNÉE 1960 1964 1977
1999
2015
Installation du Club Mediterranée au Monêtier. C’est le 1er village hivernal de la marque. Il fermera dans les années 1980 pour vétusté. Le Club Med reviendra seulement en 2002 à Serre Chevalier par la construction d’un village vacances à côté du Bez. «300 jours de soleil par an» tel est le slogan des Hautes-Alpes, fièrement affiché par Serre Chevalier pour attirer les touristes. Une devise qui promet des vacances ensoleillées aux skieurs comme aux randonneurs. Les Sanatoriums destinés à la cure des problèmes respiratoires sont à leur apogée. Ils sont surtout développés dans le bas de la vallée (Briançon et Saint-Chaffrey). La course à l’or blanc est lancée et les premiers «plans neige» sont créés. C’est le grand développement des sports d’hiver. Dans la vallée de la Guisane, le développement est moins marqué qu’en Savoie. Ouverture des Grands Bains à Monêtier. Les eaux thermales ont été abandonnées au milieu du XXe siècle par désuétude. Ce nouveau bâtiment relance l’exploitation thermale avec une optique plus «thermoludique» et moins curative. L’Office de Tourisme lance une nouvelle campagne prônant le Slow-life, c’est-à-dire, l’éloignement de la vie urbaine et stressante grâce à des vacances de détente et de retour aux sources, à «l’authentique».
Vue depuis les villages vacances du MONÊTIER (ancien site du Club Med)
Club Med’, LE BEZ
Sanatoriums, BRIANÇON, 1950’s
Aujourd’hui
Les grands bains, MONÊTIER « Montez n’importe où, marchez pendant une heure ou deux, arrêtez-vous sur une belle vue et cassez la croûte. On est bien, loin du bruit et de tous les machins.» Alain Souchon, propriétaire d’un chalet à Serre-Barbin
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UN TOURISME DEVENU PRÉPONDÉRANT Une économie basée sur le tourisme Le tourisme est devenu la première économie de la vallée. Une économie vitale qui embauche plus d’un tiers des habitants (INSEE, 2015). Mais une économie saisonnière créant un rythme de vie spécifique basé :
1,6 % agriculture
7,5 % construction
• soit sur la pluriactivité
% COMMERCE, TRANSPORTS, ET SERVICES DIVERS
% CONSTRUCTION
• soit sur une année binaire
34,6 %
Le tourisme va maintenir, voire générer, des emplois dans les autres secteurs. Le secteur du BTP ou de l’artisanat, par exemple, pour la construction ou l’ameublement de chalets secondaires.
administration publique, enseignement, santé et action sociale
source : INSEE
exemple : guide en été et hiver (6 à 8 mois) et vacances aux printemps et à l’automne.
Cette économie permet une stabilité de la population mais signifie qu’en cas de baisse du tourisme, la vallée subira une importante crise de l’emploi. Les locaux sont conscients de cette dépendance car la majorité de la population a un proche travaillant dans le tourisme. Ils se sont habitués à la présence des touristes, ponctuelle et forte. « C’est un peu mortel toute l’année si il n’y a pas les touristes. On a besoin des touristes. Des fois il y en a trop pour nous [...] mais c’est le tourisme qui fait vivre. » Une habitante de La Salle les Alpes
58
industrie
% ADMINISTRATION PUBLIQUE, ENSEIGNEMENT, SANTE ET ACTION SOCIALE
exemple : employé aux remontées mécaniques l’hiver, artisan ou agriculteur le reste de l’année
En parallèle, l’activité permanente permet de maintenir une vie locale et une vallée animée, vivante : socle de «l’authenticité» vendue par l’office du tourisme.
2,3 %
Vie locale et tourisme : un besoin mutuel
54 % % AGRICOLE
commerces, % INDUSTRIE transports et services divers
Serre Chevalier
à 60 %
2 481 m
2
Auvergne-Rhône-Alpes
3
île-de-France
REY AF F SAI NTCH
2 698 m
PACA
GR AN ON
1
Agneaux
(massif des écrins)
EN EU LA VE SAL SER LELES RE-A L RAT CH PES IER ANT EM ERL E
les
DONT DES FRANÇAIS QUI VIENNENT DE
VIL L
Chaque année des millions de touristes passent leurs vacances à Serre Chevalier :
à 15 %
à9% ET DES TOURISTES ÉTRANGERS dont 54 % sont Italiens
16 % ENVIRON
Multipliant par 12 la population dans la vallée en haute période de fréquentation.
Vue depuis le Prorel sur le domaine de Serre Chevalier et le versant opposé, en automne « Notre force, c’est d’avoir une vallée préservée qui vit à l’année, avec des villages qui ont chacun leur particularité. Les gens d’ici sont présent, ce n’est pas une station morte. »
« J’ai l’impression qu’il y a un caractère authentique. Plus préservé que le tourisme de masse qu’on peut avoir à Chambéry. » Un couple de touristes savoyard.
Marie-Aude PUY, Directrice de l’Office du Tourisme
CE QUE DIT LE SCOT
59
UN TOURISME DEVENU PRÉPONDÉRANT Projets et Loi LA DÉMARCHE VALLÉE AU SOMMET En 2015, l’Office de Tourisme lance la démarche «Vallée au Sommet» afin d’envisager l’avenir touristique de Serre Chevalier en collaboration avec les partenaires publics et privés. L’ambition: devenir la «destination montagne référence en France» [La vallée au Sommet, 2016] sur le modèle des ‘‘Smart & Green Valley’’. Dans cet objectif, 5 axes stratégiques ont été déterminés : 1. Mettre en œuvre une stratégie de marque territoriale partagée 2. Développer l’offre du territoire, la professionnaliser et la faire monter en qualité 3. Faire de l’accessibilité et de la mobilité des priorités 4. Moderniser l’offre d’hébergement et les espaces urbains d’accueil et de vie 5. Coordonner le développement économique à la démarche globale d’attractivité
DE FUTURS PROJETS ? Golf et pistes de ski à roulettes aux Guibertes (Le Monêtier les Bains) Un projet de golf est en réflexion pour étendre la saison estivale dès 2020. Ce golf est selon les acteurs du territoire indispensable pour continuer à développer Serre Chevalier face aux autres stations de montagne. Sa voisine de la CCB, Montgenèvre en a d’ailleurs un à 30 min en voiture. Il permettrait par exemple au Club Med’ d’ouvrir plus longtemps, de monter en gamme et d’amener une clientèle touristique aisée et dépensière, fondamentale pour l’économie locale.
Ce projet commun au Monêtier-lesBains, la Salle-les-Alpes, Saint-Chaffrey et Briançon prévoyait la création d’un chemin de 2 à 3 m de large en sable concassé, reliant les points d’intérêts de la vallée. Cette mobilité douce destinée autant aux locaux qu’aux touristes pariait sur le développement des vélos électriques. Le projet a été contesté à deux reprises lors d’enquêtes publiques, notamment à cause de son tracé. Itinéraire schématique de la voie verte
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d’après Projet de voie verte intercommunale
La Voie verte : le long de la Guisane de la gare SNCF au Casset Projet abandonnée le 12/01/16
LOI MONTAGNE ET UTN La loi montagne (1977) prône un équilibre entre l’intérêt des collectivités locales et les activités économiques et de loisirs, entre la cohérence territoriale et la promotion touristique. Les UTN (Unités Touristiques Nouvelles) et le développement touristique Les UTN ont pour objectif d’optimiser l’usage touristique existant du territoire et le taux de remplissage des constructions d’habitation. Leurs localisations inscrites dans le SCoT déterminent, pour ses 10 années de validité les futurs espaces : • de construction de remontées mécaniques • de construction d’hébergement touristique ou d’équipement touristique avec plancher • d’aménagement touristique (sans plancher) Les UTN doivent respecter les principes généraux suivants :
LE MONÊTIER-LES-BAINS
Lacs du Casset > équipement nautique de base de loisirs Monêtier > aménagement du front de neige et bâtiment d’accueil touristique
Guibertes/Bez > équipement de base de loisirs (golf)
LA SALLE-LES-ALPES Villeneuve, Les Îles > village de vacances, RM, aménagement urbain, déplacement centre équestre
Bez > extension du Club Med’
Nouvel aménagement ou équipement Renouvellement urbain Extension
Chantemerle > Hébergements SAINT-CHAFFREY marchands sur d’anciennes aires sportives Saint Chaffrey, Les Carines La Salle les Alpes, Aravet > Résidence de tourisme et 2000 > Aménagement équipements indoor, parking urbain à 10-15 ans en sous-sol
Localisation des UTN d’après le DOO, SCoT, 2016
Préservation des terres productives [agricoles, forestières et pastorales] évaluée sur place, selon le style d’exploitation locale et les caractéristiques physiques du territoire (relief, exposition, distance par rapport à l’exploitation). nouvelles constructions autorisées : • équipement lié à l’activité • équipement d’hébergement public type refuge • adaptation, extension, réfection des constructions existantes • équipement d’intérêt général incompatible avec le voisinage des zones habitées • équipement de protection et de mise en valeur du patrimoine montagnard
Extension de l’urbanisation maîtrisée en compatibilité avec la préservation des espaces naturels et agricoles en continuité des bourgs, hameaux, villages et groupes de constructions existants sauf si la non-continuité permet de : • préserver espaces et paysages à caractère patrimonial montagnard • protéger les constructions des risques Protection du patrimoine rural des communes de montagne protection et valorisation du patrimoine montagnard comme la restauration de bâtiments d’estives sans obligation d’assurer la desserte par des équipements publics.
61
ET AUJOURD’HUI ? Une économie menacée par le changement climatique ? Il est compliqué de réellement prévoir les effets du dérèglement climatique et l’impact qu’ils auront à une échelle précise, à cause des phénomènes locaux tels que la topographie, l’exposition, les altitudes, et les effets de vallées. Les modélisations faites par le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) permettent de comprendre quelques évolutions à l’échelle des Alpes.
sommets enneigés. Mais sous les 2500m, les précipitations neigeuses seront réduites, la neige se transformera, c’est-à-dire des natures de neiges diverses, plus fragiles et difficiles à conserver en place [RICHARD et al., 2010]. Même si le phénomène de fosse à froid, en fond de vallée, pourrait limiter cet impact. Pour lutter contre le recul de la neige, le domaine skiable de Serre Chevalier (DSCV) équipe depuis quelques années la station en neige de culture. Notamment pour éviter l’héliportage de neige artificielle sur les sommets, comme en 2015. Action qui avait permis de maintenir l’ouverture de la station.
Dans la Guisane, le climat est subalpin avec un forte influence continentale. A court terme, l’évolution la plus visible sera celle de la neige. Les précipitations hivernales se renforceront aux altitudes supérieures à 2500 m et permettront la conservation de
L’office de tourisme, quant à lui, diversifie les animations et les activités externes au ski alpin. En été, la montée des températures pourrait attirer de nouveaux touristes fuyant les fortes chaleurs des plaines.
UNE NEIGE QUI RECULE AVEC LES ANS ? En 64 ans, la station a perdu 2 mois d’ouverture
Le changement climatique aura d’autres conséquences : aspect extérieur du paysage, qualité et accessibilité à l’eau, augmentation des risques, ...
Saison 1952-53 du 15 nov. 1952 au 25 mai 1953 Saison 2016-17 du 7 déc. 2016 au 22 avr. 2017
Vue sur les pistes de Villeneuve. v
déc 2009
déc 2016 62
LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA SALLE-LES-ALPES
Station de ski
SAINT-CHAFFREY
BRIANÇON
2500m
2000m
0
1
2
1500m
5 km
d’après GIEC
enneigement incertain
enneigement
63
ET AUJOURD’HUI ? Des touristes qui évoluent Aux origines du tourisme, le public venait chercher dans les montagnes un inconnu, une expérience nouvelle, un changement d’air, un bien-être qu’il ne trouvait plus où il vivait. Dans la Guisane, il ne s’agissait au début que de quelques eaux chaudes réputées, d’un soleil et d’un air pur, d’un défi de conquête qui attirait une élite. Un esprit loin de celui des habitants pauvres, travaillant dur leurs terres. Puis les sensations de la glisse sont arrivées. L’aspect pratique et militaire des planches de bois est devenu celui du plaisir de la vitesse et du divertissement. Il a envahi les loisirs des locaux et des touristes. Après la guerre, le besoin de se détendre s’est accru et avec lui l’explosion du ski alpin. Le ski devient populaire. Les touristes viennent à la montagne pour faire du ski avec pour objectif de se faire plaisir. Les surfaces sont encore brutes et les mutations, parfois éphémères, sont rapides : surf, monoski, ski de fond, .... Mais une station de ski a un coût lié à l’ouverture de nouvelles pistes, à la construction de nouvelles remontées ou au modelage des pistes pour les rendre plus douces, moins bosselées. Ce coût se répercute sur les touristes. Le ski devient le reflet de l’ascension sociale de ses pratiquants. Malgré des essais de démocratisation, les classes de neige par exemple, les sports d’hiver sont de plus en plus «élitistes», réservés à des clients souvent aisés (650€/ pers/semaine en moyenne) ou de proximité. Et les stratégies mises en place par les communes de Serre Chevalier (montée en gamme des hébergements, augmentation du prix des forfaits ou des Bains de Monêtier, ...) accentuent cet effet, creusant la différence sociale avec les locaux. Pour beaucoup de familles et de jeunes, le séjour 100% ski est devenu trop cher. Ils préfèrent partir moins longtemps et varier leurs pratiques misant sur des activités plus économiques: raquettes, patrimoine, ski de randonnée, transat... En période estivale, la montagne reste plus accessible, notamment parce qu’elle n’est pas la destination phare des vacanciers qui préfèrent la mer. Mais elle n’est plus seulement réservée aux sportifs, compte tenu de la diversité des activités proposées. La philosophie du touriste d’aujourd’hui : vivre son expérience. Une expérience ludique, sportive ou de tranquillité qu’il pourra ensuite partager.
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Tourisme estival, LAUZET, LE MONÃ&#x160;TIER-LES-BAINS
Tourisme hivernal, CHANTEMERLE, SAINT-CHAFRREY
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DEUX APPROCHES DU TERRITOIRE SYNTHÈSE Du bouleversement à l’adaptation BOULEVERSEMENT
Une économie nouvelle centrée sur le tourisme + Des millions de touristes venant par pic de fréquentation hier aujourd’hui demain ECONOMIE PAYSANE - AGRICOLE ECONOMIE MILITAIRE
ECONOMIE TOURISTIQUE
ADAPTATION
Un paysage modifié pour le tourisme (pistes de ski, immeubles, ...) + Une multiplication des activités pour attirer les touristes
Vallée de la Guisane
NOUVELLE ADAPTATION
Vallée de Serre Chevalier
L’office de tourisme souhaite devenir «LA destination de montagne» + La politique du Slow-Life pour lutter contre le recul de la neige VALLÉE UNIE STATION DE 4E GÉNÉRATION «Smart & green valley»
VALLÉE DIVISÉE DÉVELOPPEMENT DÉCOUSU
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SLOW-LIFE MULTIACTIVITÉ
TRI-SAISONNALITÉ Blanche / Verte / Rouille
STATION DE SKI
BI-SAISONNALITÉ Hivernal / Estival
En 70 ans, le tourisme est devenu intrinsèque à la vallée. La neige, contrainte, est devenue l’or blanc, le climat méditerranéo-alpin, trop sec : une aubaine, les pentes et la forêt : des atouts. Les habitants ont délaissé leur mode de vie paysan pour se lancer dans le commerce de la montagne. Par cette décision, ils ont bouleversé leur rapport à la montagne ainsi que la façon de l’habiter et de l’aménager, afin de répondre à la demande touristique.
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PARTIE 2
UNE VALLÉE FAÇONNÉE PAR ET POUR LE TOURISME 68
69
« Sans ta clarté et ta chaleur nous n’aurons ny heure ny fleur.» Cadran solaire, La Salle-les-Alpes
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UN RYTHME DE VIE SAISONNIER 71
PORTRAITS SAISONNIERS DU PAYSAGE Dans toutes les régions de France, les variations des saisons sont visibles par les températures, la météo, les couleurs, ... Mais quand il s’agit de régions montagnardes comme dans la vallée de la Guisane, les changements sont très intenses. Chaque oscillation marque une nouvelle étape de l’année qui s’écoule. A Serre Chevalier, quatre marqueurs sont très présents: • la neige qui influe également les activités humaines. En automne, elle annonce le début du raccourcissement des jours, et des températures qui chutent. Tandis qu’au printemps, sa fonte célèbre le renouveau de la végétation. • le mélèze dont les aiguilles apparaissent, passent du vert à l’orangé puis tombent et tapissent le sol • le soleil, qui s’il est peu souvent caché par les nuages, disparaît rapidement derrière la montagne, si bien que certains lieux sur l’envers sont à peine ensoleillés en hiver comme le Bez. • la présence des touristes, en dehors de l’activité humaine qu’elle représente, joue sur le paysage par les volets fermés et l’occupation des sols.
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ÉTÉ
HIVER L’Aravet, LA SALLE-LES-ALPES
73
AUTOMNE
HIVER Pré Chabert, MONÊTIER
74
ÉTÉ
AUTOMNE
Vue sur la piste «Luc Alphand»,VILLARD-LATÉ, SAINT-CHAFFREY
75
HIVER
PORTRAITS SAISONNIERS DES HABITANTS Parce qu’ils partagent le même territoire, l’habitent, les premiers à l’année et les seconds partiellement, parce qu’une grande partie des uns travaillent pour accueillir les autres, locaux et touristes sont étroitement liés. La vie locale est rythmée par la bi-saisonnalité du tourisme. La venue des touristes et la nécessité d’avoir une offre touristique complète durant leur séjour engendre des emplois saisonniers spécifiques des milieux montagnards. Parmi ces saisonniers, tous ne vivent pas à l’année dans la vallée, d’autres n’ouvrent leur hôtel ou leur commerce qu’aux périodes estivales et hivernales pour s’y retrouver financièrement.
«mortes», sans animations organisées par l’office de tourisme, avec peu de commerces ouverts, et des habitants permanents en vacances. Il en résulte une vallée moins attractive. Ces oscillations de dynamique ont mis en place un cycle périodique établi sur l’offre et la demande. Pour certains habitants de la vallée, loin du slow-life et du repos vendus par l’office de tourisme, le rythme de vie s’accélère à l’approche et pendant les vacances. Les artisans par exemple, dont les principaux clients sont des touristes, travaillent plus dur pour finir les commandes.
Ces variations de l’emploi génèrent des saisons
76
77
ÉTÉ
AUTOMNE
HIVER Place du téléphérique, CHANTEMERLE, SAINT-CHAFFREY 78
ÉTÉ
AUTOMNE
HIVER Pré-Long, VILLENEUVE, LA SALLE-LES-ALPES 79
ÉTÉ
AUTOMNE
14H
L’Aravet, LA SALLE-LES-ALPES
80
17H
HIVER
HIVER
14H
81
19H
L’INDUSTRIE DU TOURISME Fraction de territoire Dans le fond de la vallée ou sur les versants, toute la Guisane a été aménagée pour accueillir les touristes.
Monêtier, dans le biotope de Chantemerle (Parc du Colombiers) ou dans celui de Villeneuve (Parc du Pontillas), mais aussi dans la piscine couverte située à côté du dernier ou celle de Briançon. Cette démultiplication est due à la volonté de minimiser les déplacements en voiture, en particulier en hiver.
Dans la zone naturelle, il s’agit surtout de cheminements qui jalonnent le territoire de part et d’autre. En plus de quelques gîtes et restaurants, des tables de pique-nique ont été aménagées sur certains sites, ainsi que des tables d’orientations positionnées sur plusieurs sommets. Les vacanciers recherchent, dans cette zone, la proximité avec la nature sauvage et les grands espaces de liberté à travers des activités comme les randonnées (marche, VTT, raquettes, ski de randonnée/de fond, chien de traineau), la pêche, la visite du jardin du Lautaret, le snowkite, les sports d’eaux vives (rafting, kayak, nage...) ou le cyclisme ...
La politique de diversification des activités risque d’accélérer cette tendance à l’engorgement des villages. D’autant que ces pôles touristiques sont utilisés pour la plupart, 6 mois dans l’année. Hors-saison, ils sont désertés, les locaux n’y trouvant pas d’attrait. C’est le cas surtout autour des fronts de neige à Villeneuve et Chantemerle. Il est nécessaire pour le développement de la vallée, de trouver un équilibre entre la diversification des activités visant à étendre les saisons, la fidélisation de la clientèle et la préservation d’un cadre de vie agréable pour tous, notamment les personnes vivant à l’année à Serre Chevalier. Ce cadre de vie passe par la protection des paysages naturels, essence même du caractère montagnard, mais également des espaces répondant aux attentes d’authenticité, de rencontres, de valorisation du patrimoine et de relaxation.
Dans la zone de station de ski et la partie habitée de la vallée, l’empreinte du tourisme est bien plus importante. C’est là que se concentre, sur une fraction du territoire, la majeure partie des sites d’activités de loisirs. Le plus visuel est le domaine skiable, support de l’industrie touristique qui s’est mise en place. Mais d’autres activités donnent l’impression que le fond de cette vallée est encombré par les activités humaines. Ainsi, il est possible de se baigner : aux bains thermoludiques de
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Activités les plus pratiquées : Mais aussi :
1 2
3 EN ÉTÉ
le Parc Naturel des Écrins le Jardin Alpin du Lautaret le cyclisme et le VTT les sports d’eaux vives la piscine et le bien-être dont les Grands Bains le parapente
Mais aussi :
1 2
3 EN HIVER
la découverte des villages le snow-kite le chien de traineau la piscine et le bien-être dont les Grands Bains
Utilisation des espaces bâtis majoritairement par les : l’équitation l’escalade et les Via Ferratta les sports mécaniques l’accrobranche, le minigolf, le paintball, le laser game les activités d’intérieur la pêche la patinoire la luge les balades en dameuse les sports mécaniques le parapente les activités d’intérieur
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locaux touristes
0 0,5 1
2 km
« Hors de l’échelle des bâtiments, la construction moderne est étrangère à la montagne. Les immeubles [...] comblent et barrent la vallée tout en étant humiliés par les sommets.» Homme et nature en montagne Les Hautes Alpes, Odon Vallet
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ACCUEILLIR LES TOURISTES ENTRE RURALITÉ ET URBANITÉ 85
ÉVOLUTION BÂTIE Des plans neige au mythe montagnard du chalet Volonté, Doctrine, Loi, Mode, l’aménagement d’un territoire naît de multiples critères et d’acteurs qui ne lui sont pas toujours directement liés. L’intérêt pour le développement du ski et l’aménagement de la montagne est national. La Guisane a évolué avec ces modèles successifs y apposant sa propre «patte».
AVANT 1860 Les hameaux sont constitués de grandes maisons
mitoyennes, regroupées par 3 ou 4, pour se protéger du froid et limiter la construction sur les terres fertiles. Les ouvertures sont petites et limitées aux façades non exposées aux avalanches. Les maisons sont maçonnées en pierre calcaire et crépies à la chaux, parfois colorées. Les toitures sont en tôle, en ardoise ou en lauze selon les hameaux. De petites ruelles permettent de circuler entre les bâtisses. L’église (ou chapelle), le four à pain et la fontaine/lavoir sont situés au cœur du hameau.
1860
1930
La Station de 1ère génération : le village-station Les premières «stations» sont amorcées par les villageois eux-mêmes. Elles profitent des premières émulations du tourisme d’excursion (estivale) pour développer des gîtes et hôtels familiaux et agrandir les villages, sans stratégie de planification. Les balbutiements du ski vont accentuer ce phénomène sur les villages propices à un développement plus important du tourisme d’hiver comme la Guisane. Cependant, aucun grand hôtel de luxe, à l’image de ceux que l’on peut rencontrer à Chamonix, n’est construit. Autour des années 1920, l’architecte Henry-Jacques Le Même va dessiner les premiers «chalets de skieurs» réinterprétant les fermes traditionnelles savoyardes pour s’adapter au mode de vie «moderne et sportif» des touristes. Ce nouveau chalet savoyard va devenir l’archétype de la construction montagnarde suivit jusqu’à Serre Chevalier.
Coupe latérale d’une maison des Guibertes, d’après Claude Micollet-Bayard
Chalet pour la princesse de Bourbon, Megève, Henry-Jacques Le Même, architecte, 1928.
Chalet du Freyssinet inspiré des chalets savoyards, cosntruit dans les années 1950.
La Station de 2éme génération : Ex-nihilo Dans les années 1930, Laurent Chapis lance la station de 2e génération, construite en site vierge (ex-nihilo) comme Courchevel et parfaitement adaptée aux sports d’hiver. Serre Chevalier, quant à elle, continue de se développer sur le 1er modèle, autour des hameaux existants.
86
La Station de 3ème génération : la station intégrée La création de la commission interministérielle de l’aménagement de la montagne marque le lancement des «plans neige» : un aménagement à grande échelle des montagnes françaises, promulguant le principe de station «pieds dans la neige», valorisant l’urbanisme vertical et les tentatives architecturales et urbanistiques. Il s’inspire de la doctrine neige et de la notion d’or blanc de Maurice Michaud: 1. le tourisme est le seul moyen de sauver la vie en montagne 2. la demande en matière de ski est inépuisable 3. les stations de luxe attireront la clientèle internationale de luxe 4. la France a les plus beaux sites et se doit de gagner la bataille de la neige.
1964
C’est à cette époque que les immeubles de Chantemerle et Villeneuve se développent.
1977
La Station de 4ème génération : la station-village Le discours de Vallouise, de Valéry Giscard d’Estaing, prononcé en 1977, met fin aux «plans neige» et annonce la directive montagne qui sera remplacée en 1985 par la loi montagne. Elle a pour objectif l’intégration des populations locales à la vie des stations et la création d’une véritable saison estivale. En parallèle, se développent des stations sur le modèle de village «typique». Il s’agit en fait de reconstituer l’atmosphère d’un village où les touristes évoluent, comme dans un décor. La station se détache de la montagne et des besoins locaux [Franck Delorme, 2014]. Serre Chevalier n’a pas construit de nouveaux hameaux, mais on peut citer le village du Club Med’ dont l’architecture imite celle du Bez. La vallée de la Guisane est plus marquée par le développement de chalet. Certains sont construits pour les locaux mais la plus grande partie est destinée à de la résidence secondaire (ou lit froid) qui représente 80% des habitations de la vallée. Malgré les différentes réglementations des PLU, la construction de chalets individuels au centre de grandes parcelles reste le modèle le plus suivi.
7% 2005-2010
o cti t ru
na
va
nt
1/3 DU BÂTI
t re en ns on co cti t re ée ru t n en s an 70 on on 90 cti 19 e c t 19 t re u é r n e en st an 70 on on 05 cti 19 e c 20 t ru né et s n a 90 on 10 19 e c 20 né et an 05 20
35 %
avant 1970
25 % 1990-2005
a été construit lors de l’essor de la station de ski [1970-1990]
80 %
des logements sont des résidences secondaires
73 %
des hébergements touristiques sont construits à La Salle les Alpes (Villeneuve) [40%] et SaintChaffrey (Chantemerle) [33%]
1
2
33 % 1970-1990
Répartition des époques de construction dans la vallée
87
1 2
ÉVOLUTION DES VILLAGES Vers quel avenir bâti ? Actuellement, à peu près 45 000 lits chauds sont exploitables sur la station. Les lits chauds sont les lits commercialisés (de l’hôtel à la location de particulier), occupés plusieurs mois dans l’année. Au contraire, les lits froids des résidences secondaires ne sont utilisés que quelques semaines.
de la saison 33 000 personnes supplémentaires sont présentes (sans compter les résidents secondaires). Actuellement, les communes cherchent à limiter voire diminuer le nombre de lits froids et les faire muter vers des lits chauds. Un enjeu compliqué à mettre en œuvre car les locaux n’ont pas le même pouvoir d’achat que les touristes souhaitant un pied à terre dans la Guisane. Quant à la résidentialisation, la loi Alur impose une densification et une extension urbaine limitée à 10% de l’extension des 10 dernières années. De plus, les communes essayent de construire plus d’habitats collectifs, une position qui reste compliquée dans les milieux ruraux où l’idéal reste un habitat individuel, consommateur d’espace.
+ DE 44 965
Lits chauds en 2014
DONT
21 1
Hôtels
ET
Campings
18
Résidences de tourisme, auberges de jeunesse et centres sportifs
Parmi ces lits chauds, 75% sont transformés en période d’affluence. C’est-à-dire qu’au plus haut
CE QUE DIT LE SCOT
88
UN PATRIMOINE À PRÉSERVER
Moulin du Casset Église du Casset Chapelle St Pierre
Rotonde Église paroissiale Mur de Berwick
Église des Guibertes
Baraquement du Granon
Chapelle St Barthélémy Maison-ferme du Bez
Église paroissiale St Marcellin Chapelle St Jean-Baptiste Cadran Solaire Gare du téléphérique Église paroissiale St Chaffrey
0 0,5 Le Bez
1
2 km Eglise paroissiale St Marcelin
Vue sur le vieux village de la Salle
Citadelle Vauban
Outre une forme de hameau très dense, le patrimoine de la vallée s’exprime également à travers des bâtis classés et inscrits monuments historiques ou simplement qui ont une valeur d’héritage. Ce sont principalement des églises et chapelles attestant d’une époque où la religion était très présente pour se protéger des dangers de la montagne. De plus, les croix jalonnent les versants, des villages aux sommets.
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AU COEUR DE L’ÉVOLUTION DU BÂTI Les répercussions du tourisme LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA SALLE
SAINT CHAFFREY
BRIANÇON
LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA SALLE
SAINT CHAFFREY
BRIANÇON
LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA SALLE
SAINT CHAFFREY
BRIANÇON
LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA-SALLE-LES-ALPES
SAINT CHAFFREY
BRIANÇON
LA-SALLE-LES-ALPES
SAINT CHAFFREY
BRIANÇON
1981
1961
1939
(AVANT 1889 LE MONÊTIER)
2001
DEPUIS 1987
2015
LE MONÊTIER-LES-BAINS
0
1
2
5 km
90
LE MONÊTIER-LES-BAINS
LA SALLE-LES-ALPES
SAINT CHAFFREY
Un «esprit village» conservé par une construction dense sans immeuble. Un mitage présent au nord du Monêtier et accentué par la zone artisanale au sud.
Quatre hameaux qui ont peu à peu été reliés par une urbanisation rapide, marquée par les immeubles des années 1970-80 et le mitage plus récent des chalets.
Comme à La Salle, les hameaux ont été reliés par le mitage. Les immeubles construits sur l’adret se détachent du paysage notamment en période hivernale.
91
DU HAMEAU AU VILLAGE : CARACTÉRISTIQUES Participants à l’identité de la vallée Si le projet d’attractivité «Vallée au Sommet» est centré sur «une identité décontractée et conviviale» pour attirer les touristes à Serre Chevalier, chaque hameau a construit son propre caractère.
MONÊTIER-LES-BAINS Le Monêtier-les-bains est la commune la plus éloignée de Briançon. Elle se fond dans la vallée sauvage de la Guisane grâce à une agriculture très présente qui entoure et s’engouffre dans les hameaux. L’absence de grands immeubles et une extension autour d’un hameau, qui était déjà le plus important à l’aube du tourisme, a permis de maintenir une vie villageoise regroupée, participant à l’aspect convivial de la commune. D’un point de vue touristique, le Monêtier attire une clientèle aisée, de par la présence des bains, mais aussi très sportive. Le Freyssinet et le Serre-Barbin sont très calmes toute l’année avec de grands chalets entourant les modestes cœurs de hameau, tandis que les Guibertes tendent à se développer vers le front de neige et à relier le Monêtier. Le Casset et le Lauzet, plus reculés, sont ceux qui se sont le moins agrandis. Le Casset, très touristique en été, a cependant installé un parking à l’entrée de son village et interdit l’accès en voiture aux non-résidents. Le Monêtier reste le cœur actif de la commune par la présence des activités, des commerces, etc. L’eau coulant dans des caniveaux à ciel ouvert le long des rues, ainsi que les ruelles de terres battues, ajoutent au charme du village.
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Centre de vacances du CCAS [13 Ha]
Fermes Zone Artisanale
Réhabilitation du club de vacances Construction d’un hôtel 4 étoiles
Le front de neige du Pré Chabert [1,5 Ha] Création de parkings Reprise du plan de circulation Création de points d’informations
golf
0 200 500m
1 km Bachas
93
ET BARB IN
YSSIN RRE-
Mairie
École Les Grands Bains
LE SE
LES G
base de loisirs nautiques
LE FR E
LE M
UIBER TES
ONÊT
IER-L
ES-B AINS
LE CA SSET
LE LA
UZET
Pont de l’Alp
DU HAMEAU AU VILLAGE : CARACTÉRISTIQUES LA SALLE-LES-ALPES La Salle-les-Alpes est la commune la plus touristique de Serre Chevalier. Contrairement au Monêtier-les-Bains où les hameaux sont distinguables les uns des autres, à la Salle ils sont tous reliés par les habitations. Autant le hameau de Villeneuve se caractérise par le tourisme, autant les autres hameaux se définissent par leur intimité, attribuable à leur modeste taille et la simplicité de leur architecture : des bâtisses typiques et des rues ouvertes. La Salle se distingue sur son versant, à sa proue la chapelle St Barthélémy se détache sur son rocher, préservée par le maintien de prairies à ses abords. Les Pananches, au contraire, se cachent au milieu des arbres, mais par le relief et l’altitude, surplombent la vallée et quelques vues se découvrent entre les maisons. Le Bez a préservé sa forme arrondie et garanti sa tranquillité par l’installation de parkings à ses deux entrées (dont une partie réservée aux habitants). L’aménagement de sa rue principale a été refait récemment. Le cœur de Villeneuve est composé d’une rue, tout en longueur, construite le long de la Guisane. Villeneuve s’étale au nord de la rivière par les chalets et la zone des Iscles en projet de réaménagement (hôtelier). Au sud, Villeneuve est hérissé d’immeubles typiques des stations de 3e génération et de collectifs plus récents. Autour s’est dessiné un front de neige étalé avec 3 départs de remontées mécaniques : le Fréjus, l’Aravet et le Pontillas (ou Bez). Les activités d’extérieur sont particulièrement présentes par leur spatialité : avec un plan d’eau, des piscines, un centre équestre, de l’accrobranche, une patinoire, un parcours de luge, un circuit automobile et un cross ... Les commerces de la commune sont tous regroupés à Villeneuve.
94
LE SE RREBARB IN
Les Iles [3,26Ha] (à l’emplacement du circuit automobile) Construction d’un village vacances Déplacement des remontées mécaniques du pontillas Traitement paysager et piétonnier
Champ Féraud
Mairie
École
TEME
Club Med’
RLE
CHES
Les Faïsses
LES P ANAN
Parc du Pontillas Piscine et Patinoire
LA SA
Les Iscles
500m
LLE
VILLE NEUV E
LE BE Z
0 100 200
CHAN
Pré Long L’Aravet
La Chirouze
Moulin Baron
95
DU HAMEAU AU VILLAGE : CARACTÉRISTIQUES SAINT-CHAFFREY Les communes de Saint-Chaffrey et de la Salle-les-Alpes se rapprochent. Elles ont pourtant évolué séparément, Saint-Chaffrey s’étant développé de manière autonome. En premier lieu, au sein même de la commune, puisque habitants de Chantemerle et du Villard-Laté ne s’entendaient pas. Puis, en second lieu, avec les autres communes, revendiquant son titre de villagestation «d’origine». Saint-Chaffrey est le village le plus important car sa position géographique à la sortie de Briançon est solicité par les locaux. De plus, il fut jusqu’en 1984, traversé par la route départementale, ce qui a déplacé, dans un premier temps, le cœur du village de la place de l’église à celle de la mairie. Dans un second temps, la déviation a transféré le cœur de la commune vers Chantemerle. La route traversant Saint Chaffrey est marquée par le pontlevis, construit après les destructions successives de l’ancien pont par les crues du torrent Ste Catherine. Le Villard-Laté situé bien plus en hauteur sur le versant fut directement lié à St Chaffrey par la via Domitia qui rejoignait ensuite les Pananches et La Salle. Sa forme triangulaire est fortement reconnaissable depuis le versant de la station de ski. Ses fines voies serpentent de la fontaine en bas du village à sa pointe. Aujourd’hui, le village est isolé car loin de la départementale mais très traversé l’été car à sa base passe la route qui monte au col du Granon, objectif cycliste, grand départ de randonnée et des parapentes. Du haut du Granon, le panorama s’ouvre sur le domaine skiable. Enfin, Chantemerle s’est développé au bord de la Guisane. Les étroites rues pavées descendent vers le torrent dans le vieux village tandis que la partie récente, touristique, s’est tournée vers la départementale, puis est remontée, pictée de chalets et échelonnée d’immeubles, vers le Villard.
96
Col du Granon
LES P ANAN CHES
0 100 200
500m
Ancien terrain de tennis [1,3Ha]
Résidences hôtelières ou hôtels-clubs
RD-L ATÉ
Résidences hôtelières ou hôtels-clubs
VILLA
CHAN TEME RLE
Parking, piscine et patinoire [0,8Ha]
ZAC des Carines [3,36Ha]
HAFF REY
La Chapelle
Eyrette et Ruine
Parc des Colombiers
Ferme
Recoude et Borel
Serre d’Aigle
ST-C
Queyret et Peyrou
Construction d’une résidence de tourisme 15 chalets de grandes tailles (200m²) Équipement indoor (squash et bowling) Parking en sous-sol Espaces verts et piétonniers
Les Carines L’Envers
Champs Arnoux
Les Aillaux
Les Faures
Mairie La Portete
École
vers Serre-Ratier
La Gérarde
97
LA FERMETURE DU PAYSAGE Une conséquence de la déprise agricole L’accroissement et l’accessibilité des métiers du tourisme, les difficultés financières ainsi que les changements de mode de vie, ont entraîné une diminution du nombre de personnes souhaitant devenir agriculteur. De ce fait, la surface agricole exploitée s’est réduite, entraînant l’extension forestière sur les champs non cultivés et les alpages délaissés. De plus, même en fond de vallée, les parcelles les plus difficiles d’accès sont peu à peu délaissées
ABANDON DE LA PARCELLE par manque d’entretien. Aujourd’hui, il ne reste que 17 agriculteurs éleveurs en Guisane, majoritairement des élevages ovins et des bovins. La plupart cumulent leur travail d’agriculteur avec un emploi saisonnier durant la période hivernale. Le métier d’éleveur reste précaire. Les produits ne sont pas transformés sur place et leur revenu provient principalement
du financement européen de la PAC (Politique Agricole Commune), destiné à maintenir les paysages agricoles montagnards et notamment les alpages (subvention en fonction de la surface pâturée). De plus, ces agriculteurs sont souvent âgés, sans repreneurs pour leur exploitation, ce qui fragilise le maintien du paysage actuel. Les plus inquiets prévoient une disparition de l’agriculture en Guisane d’ici dix ans. A cette tendance s’ajoute, une extension des villages continue, grignotant les terres agricoles productives du fond de vallée. Une évolution accentuée par le prix des parcelles comparables à ceux de grandes villes
200 - 400 € / M² EN MOYENNE prix de vente des parcelles constructibles
françaises. C’est une manne financière pour les gens du pays mais complique l’accès à la propriété. Entre la forêt et le bâti, les parcelles agricoles restantes donnent une horizontalité bienvenue. L’agriculture ne permet donc pas ÉLEVEURS seulement de maintenir une histoire agricole en fond de vallée mais également des coupures Dont 10 au Monêtier vertes et des respirations.
17
CE QUE DIT LE SCOT > Mutation vers une agriculture périurbaine, mise en place de circuits courts et de ventes à la ferme > Maintien de coupures vertes (Briançon/ Saint-Chaffrey et La Salle-les-Alpes/ Le Monêtier-les-Bains notamment) > Exploitation et valorisation du mélèze dans la construction et la transition énergétique > Préserver les estives et créer de nouveaux parcours pastoraux
98
D’après les photographies aériennes anciennes de l’IGN
ERLES -BA INS
1981
REY AFF
BR
IAN
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SAI NTCH
LA
SAL L
LE
E-L ESALP
ES
MO NÊ TI
1939
2020-2050 : VERS UNE FERMETURE DES PAYSAGES ?
Alpages et pâturages Forêt Tendance forestière à reconquérir les champs délaissés Emprise bâtie Extension de l’emprise bâtie (tendance) Installation(s) agricole(s)
0
0,5
1
2 km
99
« Ici si on n’a pas de voiture, on a un problème ! » Habitante de Saint-Chaffrey
100
UNE VALLÃ&#x2030;E, UNE ROUTE LA DOMINATION DE LA VOITURE 101
DÉPENDANCE À BRIANÇON La départementale comme trait d’union Pour circuler dans la vallée, une seule route : la départementale ou route de Grenoble. Pour se rendre à Briançon c’est donc l’unique itinéraire possible. Or les trois communes de Serre Chevalier sont tributaires de Briançon. Les hypermarchés, l’hôpital, le collège, le lycée, certaines activités extrascolaires et de loisirs, ou encore la gare sont situés dans cette ville. Par conséquent, les habitants permanents vont peu dans les autres villages de la vallée, où ils ne vont pas trouver d’avantages complémentaires à ceux de leur commune ou de Briançon. Ils font donc des trajets commune-Briançon plus que commune-commune. D’autre part, au sein des communes, l’éloignement des hameaux suscite des déplacements en voiture supplémentaires. Ainsi, même si la moitié des habitants travaillent dans la commune où ils résident, ils y vont en voiture. Sans véhicule, il est donc compliqué de se déplacer dans la vallée. Les enfants sont dépendants de leurs familles, en dehors des horaires du car scolaire, tout comme les personnes âgées qui ne souhaitent plus conduire. Si en haute-saison, notamment en hiver, les transports en bus sont multipliés pour faciliter le déplacement des touristes, notamment depuis la gare, ils sont allégés en inter-saison. Deux mouvements sont observables chez les touristes. En hiver, ils se déplacent surtout au sein de la commune où ils résident, autour des fronts de neige, y trouvant la majorité de leurs activités. Tandis qu’en été les déplacements sont dilués dans l’espace briançonnais à la recherche de montagne «préservée».
102
La majorité des trajets sont vers la ville de Briançon
54 %
DES 15-64 ANS
70 %
ENVIRON
Travaillent dans la commune où ils résident
Utilisent leur voiture pour aller travailler
Route de Grenoble, MONÊTIER-LES-BAINS
PROBLÈMES DE CIRCULATION Des variations saisonnières LE MONÊTIER LES BAINS 10 min
LA SALLE LES ALPES VILLENEUVE 7 min
30 min
SAINT CHAFFREY CHANTEMERLE 20 min
1h Inter-saisons Période touristique
13 min
BRIANÇON
Temps de trajet en voiture (de centre à centre, sur la départementale)
Route de Grenoble, des embouteillages pendant les fêtes de Noël entre VILLENEUVE et CHANTEMERLE
En haute saison, de l’unique route et des 20 000 habitants supplémentaires qui effectuent les mêmes trajets à la même heure (retour de station, rentrée de randonnée, ...), résulte un cauchemar pour les habitants de la vallée. Ils voient leur temps de trajet décupler. Le trajet Monêtier-Briançon qui prend 30 min en inter-saison passe à environ 1h pendant les vacances scolaires hivernales ou pendant les pics de fréquentation estivaux (15 août par exemple). Contrairement à d’autres territoires français, le vélo est pratiqué principalement en tant que loisir, que ce soit sur la départementale jusqu’à l’un des cols de la vallée, ou en VTT sur les versants. Le dénivelé et l’absence de piste cyclable sont les facteurs majeurs de découragement pour se déplacer à vélo. Quant aux déplacements piétons, ils se font intra-hameaux, voire interhameaux si la proximité est raisonnable, mais se font peu sur de grandes distances.
CE QUE DIT LE SCOT > Développer un réseau de transports en commun intemporel, reliant les principaux pôles. > Créer des pôles d’échanges multimodaux et limiter le stationnement personnel > Permettre les mobilités douces transversales
103
PROBLÈMES DE CIRCULATION Un réseau de transport divisé
Vers Grenoble
Briançon a son propre réseau de bus : le TUB (Transport Urbain de Briançon). Il ne dessert pas la vallée de Serre Chevalier, géré par la société Res’Alp en collaboration avec le département et la région (ligne régulière MonêtierBriançon, navettes skieurs et Ligne Express Régionale (LER35) Briançon-Grenoble). Les navettes villages du Monêtier-les-Bains et la Salle-
Petit train à La Salle (desservie en été uniquement)
Lautaret
Lauzet
les-Alpes sont également gérées par Res’Alp (y compris le petit train), cependant les navettes de Saint-chaffrey sont gérées par la société Sylvestre.
l
[en haut] Parking d’autocars du Pré Chabert (Monêtier) - [en bas] Parking et Arrêt des télécabines du Fréjus (Villeneuve)
« Les transports en commun ils sont mal foutus. [Il y a quelques années,] les gens allaient soit faire leurs courses, soit à l’hôpital. Aujourd’hui, faut faire beaucoup trop de changements. Faudrait qu’on soit relié au TUB. On fait tourner le système à vide car il n’est pas branché. Et il n’y en a pas en inter-saison. Les enfants et les personnes âgées sont dépendants. Le SCoT ne parle que de ça rajouter des transports en commun mais le département ne fait qu’en supprimer. Et maintenant que la compétence va passer à Marseille... » une habitante de Saint-Chaffrey
104
LE MONÊTIER-LES-BAINS
Monêtier l’église
les bains pré chabert pré bagnol
stabatio le laurau
Guibertes
SAINT-CHAFFREY
Freyssinet Serre Barbin pontillas Villeneuve fréjus aravet moulin barron alpes d’azur
Chantemerle gendarmerie
mairie rond point sud
Saint-Chaffrey
la gérarde
Centre Commercial «Grand’Boucle» le prorel charles de gaulle
centre culturel vauban
Briançon
Gare SNCF
collège les garçins
LA SALLE-LES-ALPES
0 200 500m 1 km
105
BRIANÇON
0 100 200 500m
STATIONNEMENT DISCONTINU La départementale comme rupture De nombreux déplacements en voiture signifient un besoin de stationnement important. Or, de la même manière que les éléments précédents, le stationnement est marqué par la saisonnalité. De grandes surfaces imperméabilisées se sont développées dans et autour des centralités. Pour beaucoup de parking, la finalité est touristique. Ils sont vides en inter-saison, désertés, inutilisés. Des surfaces artificialisées, surdimensionnées du printemps à l’automne et sous-dimensionnées en hiver. La voiture est reine et se gare partout, excepté sur le bord de la départementale. Aucune rue, n’est piétonne même si certaines en cœur de hameau sont difficiles d’accès de par leurs étroitesses. Par ailleurs, si la départementale agit comme
un lien entre les villages, par sa largueur et sa typologie routière, elle opère une rupture au sein des hameaux qu’elle traverse. Au regard de la limitation de vitesse à 50 km/h dans les hameaux, la départementale crée une barrière dont le franchissement est compliqué. Or, les communes s’étant développées de chaque côté de la départementale, la nécessité de traverser est primordiale mais dangereuse. Pourtant, elle apporte aussi un passage de véhicules favorable aux commerces. Ainsi, Saint-Chaffrey, s’est vidé de ses commerces après la déviation de la départementale en 1985. Villeneuve, dont la déviation a été réalisée la même année, a réussi à conserver ses commerces grâce à un tracé parallèle très proche. Quant à Monêtier, un projet de déviation a été évoqué avant de s’orienter vers des réflexions de réduction des flux.
106
AUTOMNE
HIVER PARKING DES CARRINES, ST-CHAFFREY
107
AUTOMNE
ÉTÉ CHANTEMERLE ET BRIANÇON, DEPUIS LES PANANCHES, LA SALLE-LES-ALPES 108
HIVER 109
UNE VALLÉE, REFLET DE LA VIE LOCALE, FAÇONNÉE POUR LE TOURISME SYNTHÈSE Problématiques
Les paysages se ferment du fait de la déprise agricole et de la continuité bâtie.
Les communes enclavées sont dépendantes d’une route dont les temps de circulation sont démultipliés en période touristique.
Les usages et espaces varient au cours de l’année, dont des parkings, infrastructures ou logements en dormance.
110
La recherche d’un équilibre pourrait être remis en cause par une dynamique locaux-touristes déjà existante. Cependant, les principaux projets ont des visés touristiques, en espérant qu’elles auront des répercussions positives (surtout économique) sur la vie locale. Les intentions de projet, présentés dans la 3e partie, s’inscrivent dans une volonté opposée.
111
PARTIE 3
VERS LE PROJET, INTENTIONS 112
113
SCHÃ&#x2030;MA DIRECTEUR
114
Le Monêtier les Bains
Les Guibertes
École, Front de neige et Bains
Hameaux
La Salle les Alpes
Villeneuve
L’école
Le Front de Neige
Chantemerle
Le Front de Neige
Saint Chaffrey L’école
Fortville
Briançon
L’école
Emprise du projet Longueur : 16 km Largeur moyenne : 400m
L’hôpital
Briançon Centre
Briançon
Gare
Briançon 0 0,5 1
Zone commerciale «espace sud»
2 km
115
« Sans ta clarté et ta chaleur nous n’aurons ny heure ny fleur.» Cadran solaire, La Salle-les-Alpes
116
LE TRANSPORT CÂBLÉ UN LIEN ENTRE LES VILLAGES 117
UN ATOUT POUR LES HABITANTS
Favoriser le dynamisme de la vallée par les mobilités douces Le transport câblé entre les communes de Serre Chevalier permettrait de circuler autrement dans une vallée enclavée et dépendante de la voiture. Cette nouvelle offre de transport en commun permettrait aux personnes non-motorisées (jeunes, personnes âgées, touristes venus en train, ...) de se déplacer facilement et à tous de limiter l’usage de la voiture en utilisant un mode de transport écologique. Trajet (Monêtier - Zone commerciale « espace sud» de Briançon) : 16 km - 11 stations
UN TEMPS DE TRAJET IDENTIQUE TOUTE LA JOURNÉE ET EN TOUTES SAISONS Temps de parcours estimé: 45 min
Rappel : 30 min en voiture hors-saison, 1h en voiture en saison touristique
D’autre part les télécabines passent régulièrement toute la journée, sans interruption contrairement aux transports scolaires. Elles permettront de remplacer cars scolaires/navettes ski-bus (Res’Alp) reliant les villages tout en insérant Serre Chevalier dans le réseau TUB comme évoqué dans le SCoT.
UNE DESSERTE DES CENTRALITÉS LOCALES ET TOURISTIQUES
Ce fil aérien desservirait les principaux lieux fréquentés par les locaux (stations à moins de 5 min à pied des écoles (de la maternelle au lycée) et 10 min ou moins des centres de hameaux). D’autre part, il desservirait les centres de santé de la vallée : hôpital, maisons de retraite ou centre médicaux. Il permettrait également aux locaux de se déplacer facilement dans la vallée, en desservant les lieux de patrimoine, les fronts de neige et sites d’activités de loisirs.
UN TRANSPORT ÉCOLOGIQUE Le transport câblé est le transport en commun le plus écologique (à long terme) avec seulement 10 g de CO2 émis par km et par passager (76 pour un bus et 300 pour une voiture). L’installation fonctionne à l’électricité et un fonctionnement à l’énergie solaire peut être envisagé comme à Toggenburg, en Suisse où des panneaux solaires sont installés sur les bâtiments situé à proximité.
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Le Monêtier les Bains Bas du village
Les Guibertes Hameaux
La Salle les Alpes L’école
Villeneuve
Le Front de Neige
Chantemerle
Le Front de Neige
Saint Chaffrey
L’école
Fortville
Briançon
L’école
L’hôpital
Briançon Briançon
Centre
Gare 0 0,5 1
Briançon
2 km
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Zone commerciale «espace sud»
UN ATOUT POUR LES HABITANTS
Favoriser le dynamisme de la vallée par les mobilités douces APPRÉHENDER AUTREMENT LE TERRITOIRE : LE SURVOL DES PAYSAGES Ce projet n’est pas seulement un transport en commun. Il peut aussi être perçu comme une nouvelle activité touristique. En survolant la vallée, il survole des espaces variés et donne un nouveau point de vue sur les paysages. De la forme des champs à celle des espaces construits, tout le trajet permet de découvrir le paysage sous un nouvel angle, différent de celui des versants et des sommets. Le voyage par la télécabine doit être rythmé par les séquences paysagères afin de stimuler le regard et la curiosité des passagers. En prospective, les cabines pourraient être le support de la découverte du territoire grâce à un développement des vitres réagissant aux éléments observés, affichant des fiches descriptives sur le monument historique visible ou sur le lieu de vente des productions survolées, racontant l’histoire de tel hameau ou le récit d’une légende. De plus chaque gare doit devenir une interface entre la vision aérienne et le retour au sol permettant la découverte du hameau. Cette transition passe par des stations singulières.
UNE TYPOLOGIE DE TRANSPORT EXISTANTE Le transport par câble est familier à Serre Chevalier même s’il est pour le moment cantonné aux pentes de la station de ski. Avant même 1941, il permettait de monter dans les forts des provisions pour les soldats, ou de descendre le charbon de la mine. Un bachasso, en patois, est une caisse suspendue à un câble pour franchir une rivière. Le téléphérique de Serre Chevalier fut, à son époque, une innovation tant par sa longueur que par sa vitesse, et la station a perpétué cette tradition d’innovation en 1984 avec le 1er télécabine bi-câble. Aujourd’hui encore 4 télécabines et 1 téléphérique transportent les skieurs.
Télécabine
Télécabine
1984 Téléphérique Serre-Ratier/Serre Chevalier 1968 du Fréjus 1984 du Pontillas MARIANNE 1941 -1984
1ère cabine du téléphérique «Chantemerle/Serre-Ratier/ Serre Chevalier» exposée à l’entrée de St Chaffrey
2013 Télécabine Chantemerle/Serre-Ratier 120
Télécabine
1957 - 1975 1975 de l’Aravet
UN PROJET ÉVOQUÉ PAR LES ACTEURS Le projet d’un transport câblé a été évoqué lors de réunions entre les acteurs mais le coût du projet reste un frein. D’autre part, la mise en place, les conséquences sur le paysage, ou encore l’utilisation par les habitants font naître l’appréhension chez les acteurs qui ne souhaitent pas réitérer l’échec de la voie verte. Paroles d’acteurs : «[Le téléphérique], on en a parlé à une réunion, ça serait possible : oui et non. Financièrement, un transporteur longitudinal, ça passe pas et en plus à Chantemerle c’est tellement construit , tellement près de la rivière et de la route que je ne sais pas où il passerait. Mais il y a avant tout un problème de coût. Et le domaine skiable [DSCV], ils ne peuvent pas investir. Ils ne savent déjà pas comment payer le remplacement de Côte Chevalier [un télésiège inscrit UTN]. [Un télécabine dans la vallée] représente 4 à 5 télécabines comme celui de Chantemerle. [...] Mais le porteur il pourrait se faire sur la voie verte. [...] Ça serait plus rentable que de faire les navettes sauf que les transports en commun c’est 225 000€ par an et là on est sur [un investissement de] 150 millions. C’est difficile.» Élue de la La Salle-les-Alpes «On ne serait pas contre investir dans un transport câblé dans la vallée, mais les communes ne nous l’ont pas demandé.» Responsable au Domaine skiable de Serre Chevalier Vallée (DSCV)
UNE EMPRISE AU SOL RÉDUITE L’emprise au sol est limitée aux seules gares. Ainsi les cabines pourront survoler des champs dont la surface est préservée, franchir la Guisane ou les routes existantes.
LA POSSIBILITÉ DE TRANSPORTER D’AUTRES CHOSES QUE DES PERSONNES
Les principaux destinataires sont les habitants mais le transport câblé pourrait également servir à transporter des marchandises ou du matériel pour les artisans et le BTP.
121
IMPACT PAYSAGER, CONTRAINTES ET RÉGLEMENTATION Il existe plusieurs formes de transports câblés, chacun ayant ses contraintes et ses avantages. Les différences sont : le mode de déplacement du câble, le type de câble et le poids qu’il supporte, ainsi que le type de cabine. Le transport câblé en télécabine semble le plus approprié à la longueur du parcours. Le téléphérique et le funiculaire ne seront donc pas détaillés.
RÉGLEMENTATION [D’APRÈS LA LOI MONTAGNE] Télécabines monocâble :
Télécabines bicâble, double monocâble, tricâble :
• Un câble unique • max 15 pers. / cabine • vitesse < 6 m/s (21 km/h) • débit max. 3 000 pers/h • + de pylônes • - performant énergétiquement
• deux câbles permettant une charge plus importante • max 17-30 pers. / cabine • vitesse < 7,5 m/s (27 km/h) • débit max. 4 000 pers/h • - de pylônes mais pylônes plus gros • + de stabilité • + cher
CONTRAINTES D’IMPLANTATION Les transports câblés vont en ligne droite entre chaque station. Un changement de direction peut être effectué dans les stations intermédiaires et un léger angle (inf. à 1°) peut être induit à chaque pylône.
PYLÔNES : DISTANCE ET ANGLE
TAILLE APPROXIMATIVE DES STATIONS OUVERTES OU FERMÉES
122
CONTRAINTES D’ACCEPTABILITÉ Depuis 2015, les cabines sont autorisées à survoler des propriétés privées sans expropriation, à la condition que le regard des voyageurs ne soit pas trop intrusif. En cas de conflit avec les propriétaires, des servitudes à caractère d’utilité publique peuvent être instaurées. L’intrusion visuelle est un problème souvent évoqué. A Brest, les vitres du téléphérique s’opacifient à proximité des habitations. L’insertion sur leur site des stations et des pylônes, l’accessibilité, l’apport d’un vrai plus par rapport à l’usage de la voiture permet une meilleure acceptation du projet. En effet, ce qui est souvent reproché aux transports câblés, c’est la laideur des câbles, pylônes, et stations mais aussi le bruit des cabines sur les pylônes (pylône de compression principalement). D’un point de vue écologique, des systèmes permettent de diminuer le facteur mortel des câbles pour les oiseaux.
DES PISTES DE RÉFLEXION Adaptation de la capacité en fonction des périodes : Le débit nécessaire n’est pas le même en haute saison et en inter-saison ou en heure de pointe le matin et le soir. Le nombre de cabine en ligne peut être adapté de même que la vitesse mais cela fait varier le temps d’attente en station et/ou le temps de trajet. Les demandes n’étant absolument pas les mêmes entre touristes et locaux, plusieurs espaces pour stocker les cabines pourraient être nécessaires. Intégration dans un réseau de transport global : Ce fil de nacelles permet de desservir Serre Chevalier dans sa longitude. Or, la vallée a également une épaisseur, une transversalité. Les navettes villages existantes permettent de la desservir mais une nouvelle réflexion par rapport aux stations du transport câblé est nécessaire. D’autre part l’intégration au réseau TUB de Briançon est essentielle. Phasage du projet : Le transport câblé est un investissement important. Un phasage permettrait de répartir ces dépenses. Cependant, les stations d’extrémités et les stations intermédiaires sont sensiblement différentes rendant difficile la mise en place par étapes.
MAITRES D’OUVRAGES ET EXPLOITATION MO et financement : La CCB (Communauté de Communes de Briançon) avec l’aide financière du programme «Espace Valléen» de la région PACA et le report du budget de transport actuellement investit dans le réseau de car Res’Alp. Exploitation : intégration au réseau TUB et/ou avec le DSCV.
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RÉFÉRENCES
remontees-mecaniques.net
remontees-mecaniques.net
francebleu.fr
PRÈS DES HABITATIONS, LES CABINES
BREST, france
À Brest, le 1er téléphérique urbain de France, permet d’intégrer le nouveau quartier des Capucins situé de l’autre côté du fleuve du Penfeld. Entré en service en novembre 2016, il transporte 60 personnes dans chacune des deux cabines. Après une étude, ce projet apparaissait comme le moins coûteux, le plus écologique et un facteur d’attractivité touristique non négligeable. Sa spécificité : une vue à 360° sur toute la hauteur de la cabine et un hublot dans le plancher. Les vitres s’opacifient grâce à la technologie «Smartglass» aux environs des bâtiments et jardins privés.
TELLURIDE, usa
Dès 1996, la station de Telluride (Colorado, USA) a relié les différents villages qui la composent par 3 lignes de télécabines (Village Gondola). S’il est nécessaire de changer de télécabine à chaque gare, elles ont permis de piétonniser les cœurs de villages (l’une des lignes relie un parking extérieur à moins de 1km en 3 min). Les cabines passent en plein centre du village.
L’ALPE D’HUEZ, fr
Construit en 1982, le Télécentre de l’Alpe-d’Huez devait répondre aux problèmes de déplacements internes à la station. Il navigue entre les bâtiments grâce à 3 virages opérés par de colossaux pylônes. Ce télécabine «pratique» est ancien, et lent avec de nombreux ralentissements et semble participer au manque de «charme» de la station trop «urbaine». Sa spécificité : des cabines ouvertes, en «cage», reliées entre elles pour former un train de cabines.
124
Le projet de télécabines de Chicago est à destination touristique. Les pylônes sont une évocation de l’histoire de la ville et de l’architecture du métro aérien.
CHICAGO, usa
Un projet universitaire sur une ligne de télécabines audessus d’une route. Les cabines de 2 personnes passent l’une au-dessus de l’autre.
Marks Barfield Architects
UNIVERSITÉ DE RAMAIAH, INDE
Vinay Sindhe, Abhishek Karunakar, Santosh S et Anoop Paul
Depuis 2012, les télécabines relient les 2 rives de la Tamise, portés par des pylônes «design» en forme d’ADN, à une hauteur de 87 m.
LONDRES, gb
tripadvisor.com
LES PYLÔNES
gondolaproject.com
remontees-mecaniques.net
remontees-mecaniques.net
LES STATIONS
THE VILLAGE, usa
La ligne de The Village (Winter Park, Colorado, USA), mise en place en 2008, est caractérisée par l’aspect «vintage» de ses cabines, et ses stations minimisées gardant la même architecture que les gares de télésièges alentours. L’intégration dans le village se fait par l’aménagement contemporain des abords.
COBLENCE, allemagne
Au contraire de The Village, le téléphérique de Coblence (2010) est caractérisé par des stations à l’architecture moderne contrastant avec la forteresse prussienne qu’elles relient. C’est également une station ouverte.
ANKARA, turquie
La station d’Ankara, mise en service en 2014, est située en plein milieu urbain. L’architecture est résolument contemporaine, offrant un confort grâce à sa structure fermée. La station est située en hauteur (avec un accès par escalator) et permet de limiter la déclivité des télécabines tout en laissant passer la route en dessous.
125
RÉFÉRENCES
mappingdesignww.wordpress.com
greensource.construction.com
SURVOLER LES PAYSAGES
NEW-YORK, usa
CARACAS, venezuela
Construit en 1976 et rénové en 2010, le Roosevelt Island Tramway relie Manhattan à l’île de Roosevelt. Il offre une vue sur l’East river et sur le Queensboro Bridge qu’il longe. Construit pour être éphémère et dépanner les nouveaux habitants de l’île Rossevelt, il a été conservé grâce à la vue sur les buildings de Manhattan très appréciée des touristes.
Ce «métro-câblé» construit en 2010, permet de survoler la dense ville de Caracas. Ce mode de transport a permis de désenclaver les parties les plus pauvres de la ville, de sécuriser l’accès aux écoles pour les enfants, de surveiller les rues de la ville en hauteur, ou de faciliter l’accès à l’hôpital. Les gares sont devenues des lieux de centralité publique : école, librairie, salle des fêtes, ...
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Flickr - Gary robertharding.com
MATLOCK BATH, UK
RÜDESHEIM AM RHEIN, allemagne
À partir de 1984, des trains de cabines survolent la campagne du Derbyshire anglais pour rejoindre la colline de Matlock Bath et ses sites touristiques. Les cabines survolent notamment une route, une rivière et la forêt et permettent un panorama des falaises à la ville de Matlock.
Depuis 2005, ce télécabine bi-place permet de relier la ville de Rüdesheim am Rhein au monument de Niederwald situé sur une colline. Les cabines survolent un vignoble, et permettent de découvrir les longs linéaires de vignes plongeant dans les eaux du Rhin.
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« Sans ta clarté et ta chaleur nous n’aurons ny heure ny fleur.» Cadran solaire, La Salle-les-Alpes
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LE TRANSPORT CÂBLÉ UNE IMPULSION POUR REDESSINER LE PAYSAGE DES VILLAGES 129
PRÉSERVER LES OUVERTURES Valoriser les espaces naturels et agricoles de fond de vallée DES RESPIRATIONS NÉCESSAIRES POUR CONSERVER LE CADRE DE VIE Le cadre de vie de la vallée repose sur les paysages autour des villages, qu’il s’agisse des versants et des sommets de la montagne ou de la présence de terres agricoles exploitées. La déprise agricole menace ce cadre de vie et il est nécessaire de conserver ces ouvertures. D’autre part, les respirations permettent de rythmer le parcours des télécabines.
UNE EMPRISE AU SOL PERMETTANT DE PRÉSERVER LES TERRES AGRICOLES La «mise en scène» du parcours aérien permettra non seulement de délimiter des espaces agricoles à préserver du bâti mais aussi aux voyageurs d’être sensibilisés aux productions locales. Il ne s’agit pas uniquement du maintien d’espaces productifs mais également de celui des terrasses et des bocages.
DES COUPURES VERTES PRESCRITES PAR LE SCoT Le SCoT prescrit trois coupures vertes : entre Saint-Chaffrey et Briançon, entre Villeneuve et le Freyssinet, et après le Monêtier. Au-delà de l’agriculture, ces espaces ouverts permettent des continuités de nature entre les deux versants.
une agriculture dynamique à proximité
130
Saint-Paul, La Réunion _ Folléa-Gautier
découverte en hauteur des mosaïques agricoles
Cervières, maintien des terrasses (05)
Dalsniba, Norway _ Ostengen & Bergo
RÉFÉRENCES
ouvrir les espaces agricoles lorsqu’ils sont vides
Le MonĂŞtier les Bains
Les Guibertes La Salle les Alpes Villeneuve Chantemerle
Saint Chaffrey
Fortville
0 0,5 1
2 km
131
Briançon
MAÎTRISER LE DÉVELOPPEMENT BÂTI Révéler les ressources du territoire UNE NOUVELLE DYNAMIQUE D’AMÉNAGEMENT POUR METTRE EN VALEUR LES VILLAGES Comme autour des stations de tramway, la mise en place d’une ligne de télécabines est une impulsion pour la rénovation des espaces avoisinants mais aussi une pression foncière supplémentaire. La gestion du développement bâti doit s’effectuer en prenant en compte la forme initiale des hameaux, par la densification et le retour à une architecture inspirée du bâti traditionnel de la Guisane plutôt que savoyard.
LA MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE Le transport câblé a aussi une visée touristique car il permettrait de découvrir la vallée d’un façon nouvelle, moderne et ludique. La mise en valeur de points forts naturels, comme les sommets, ou patrimoniaux, comme les églises et les mines, est un prélude aux visites culturelles et patrimoniales ou aux randonnées.
Le Club Med’, inspiré du Bez
Chamrousse, smart ressort _ Aktis
RÉFÉRENCES
ACTUEL
PROJET
Chamrousse, un exemple de projet de restructuration d’une station de ski
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BEZ
Un hameau nouveau
CLUB MED’
Le MonĂŞtier les Bains
Les Guibertes La Salle les Alpes Villeneuve Chantemerle
Saint Chaffrey
Fortville
0 0,5 1
2 km
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Briançon
« Sans ta clarté et ta chaleur nous n’aurons ny heure ny fleur.» Cadran solaire, La Salle-les-Alpes
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SITES DE PROJETS AUTOUR ET ENTRE LES GARES 135
CRÉER DES ESPACES FÉDÉRATEURS Tandis que les deux premiers axes du schéma directeur sont à l’échelle de la vallée, le troisième axe zoome sur trois espaces où se concentrent les intentions de projet : l’intégration des stations du transport câblé, les respirations agricoles et la mise en valeur des hameaux.
LE MONÊTIER-LES-BAINS est
l’une des extrémités de la ligne aérienne. Mais c’est également la fin du domaine skiable de Serre Chevalier et la transition vers un autre paysage. L’enjeu de ce zoom est l’intégration de la gare dans un village préservé, porte d’entrée de la haute vallée.
LA SALLE-LES-ALPES regroupe deux stations de télécabines : celle de Villeneuve au cœur
de l’activité touristique et celle de La Salle, centralité locale. Ce sont deux hameaux qui forment une commune mais qui pourtant s’opposent dans les enjeux et les usages. À Villeneuve, la ligne câblée est un motif de renouvellement urbain et de recomposition de l’espace. À La Salle, la ligne permet principalement de desservir l’école de la commune. L’enjeu est de préserver la forme du hameau et de contrôler une extension bâtie stimulée par le transport câblé.
SAINT-CHAFFREY rassemble
également deux stations de la ligne de télécabines : Chantemerle dessert le front de neige et les commerces tandis que Saint-Chaffrey relie la centralité locale composée de la mairie et de l’école. Les deux stations sont séparées par une activité agricole menacée par le mitage bâti. La première est située dans un milieu très dense, marqué par une forte saisonnalité tandis que la seconde est caractérisée par sa transition vers Briançon amplifiée par la vue sur les forts.
136
Le Monêtier les Bains Bas du village
Les Guibertes La Salle les Alpes L’école
Villeneuve
Le Front de Neige
Chantemerle
Saint Chaffrey L’école
Le Front de Neige
Fortville
0 0,5 1
2 km
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Briançon
MONÊTIER
Fin de la ligne et après ?
I__Fédérer les habitants autour d’un espace Cœur de l’espace Espaces avoisinants à incorporer
dont les parkings, la Guisane et les bains chauds
II__Articuler le haut et le bas du village La station du transport câblé, un lien entre des centralités dispersées
III__Affirmer le caractère de village-station préservé Relier la station à la haute vallée sauvage par la Guisane Une ligne aérienne qui traverse la Guisane à intégrer Préserver la ripisylve
dont le vieux village, les bains chauds, le front de neige et le centre médical.
Connecter la station aux lieux d’intérêt du village du Monêtier dont l’école et le centre
0
138
100
200
500 m
RELIER LE VILLAGE AU NOUVEAU PÔLE D’ÉQUIPEMENT SUR LE FRONT DE NEIGE Le développement des équipements municipaux sur le front de neige, pour le faire vivre à l’année, a créé une centralité éloignée qu’il est nécessaire de relier au coeur de village. D’autre part, si la station du transport câblé était située près de la Guisane, dans le bas du village, le cheminement vers le centre de celui-ci deviendrait quotidien et prépondérant.
INTRODUIRE LA PARTIE SAUVAGE DE LA VALLÉE La station du Monêtier serait la dernière de la ‘‘vallée habitée’’ et donc une articulation vers la partie sauvage de la Guisane. Un seuil qui sera à travailler dans l’épaisseur du village, de la zone artisanale aux prairies, dans la longueur de la Guisane.
LE FRONT DE NEIGE ET LE PÔLE D’ACTIVITÉ
LES BAINS, LA GUISANE ET LES PARKINGS
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VILLENEUVE Autour de la station une vie en dehors du tourisme 2
1
I__Fédérer les habitants autour d’espaces
II__Articuler les hameaux du village
Cœur d’un espace hyper-touristique impliquant une activité locale permanente
Les stations du transport câblé, un lien entre deux centralités Connecter la station aux lieux d’intérêt alentours
Espaces avoisinants à décloisonner et régénérer dont les immeubles de 1ère génération,
III__Révéler le paysage de La Salle-les-Alpes
le front de neige, les parkings, les commerces et les sites d’activités de loisirs
Relier les hameaux et affirmer la présence de l’eau
Cœur d’un espace quotidien à valoriser
Une ligne aérienne survolant des espaces séquencés
Espaces avoisinants à mettre en exergue
0 100 200
Préserver les espaces agricoles et laisser entrer l’agriculture dans les hameaux
500 m
140
DES ESPACES ET IMMEUBLES VIEILLISSANTS À RETRAVAILLER La station du transport câblé en plein cœur du hameau touristique de Villeneuve serait une impulsion pour réaménager cette partie de la commune. Notamment les liaisons entre les différentes parties de la commune actuellement proportionnées pour la voiture. D’autre part, ce sont des espaces désertés en inter-saisons que les habitants pourraient se réapproprier.
UNE PRESSION FONCIÈRE À MAÎTRISER AUTOUR D’UN HAMEAU À SAUVEGARDER Le hameau de la Salle a conservé une silhouette très caractéristique. La station de la ligne de nacelles permettrait de desservir la partie la plus habitée de la commune mais créerait une pression foncière supplémentaire risquant de menacer cette forme et de briser la respiration avec Villeneuve. Un développement bâti à planifier pour conserver les paysages de la Salle les Alpes.
1
1
LE FRONT DE NEIGE DE L’ARAVET 2 LE FRONT DE NEIGE DU FRÉJUS
LA SALLE LES ALPES
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SAINT-CHAFFREY Maîtriser les respirations et les ouvertures
1
I__Fédérer les habitants autour d’espaces Cœur d’un espace touristique, racines du développement de Serre Chevalier Espaces avoisinants à revaloriser dont des parkings à réorganiser et le hameau de Chantemerle
2
Cœur d’un espace quotidien et de transition Espaces avoisinants à mettre en exergue
0 100 200
500 m
III__Affirmer l’isolement de Saint-Chaffrey Une ligne aérienne survolant des espaces séquencés
II__Articuler les hameaux du village Les stations du transport câblé, un lien entre deux centralités
Préserver les espaces agricoles
Connecter la station aux centres des hameaux
Un projet de ZAC à prendre en compte
Reconquérir les bords de torrents
Mettre en valeur la vue sur Briançon
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UNE FRICHE TOURISTIQUE À REQUALIFIER DANS UN ESPACE CONTRAINT Entre la Guisane et les parkings, deux friches touristiques se côtoient : la piscine extérieure et la patinoire. La seconde sert de circuit de kart pour enfants l’été et de parking pour les employés du Serre d’Aigle (commerces et activités intérieurs) l’hiver. C’est un espace à michemin entre le parc des Colombiers et le front de neige, à proximité de Chantemerle mais contraint par la hauteur et la proximité du bâti environnant.
UNE OUVERTURE À VALORISER VERS BRIANÇON La position légèrement en hauteur de Saint-Chaffrey, combinée à la coupure verte offre une vue sur la citadelle de Vauban et les forts qui la surplombent, mais également plus proche, sur le rond-point sud où est accrochée Marianne, et sur le versant opposé : Pramorel. Une transition entre la station de Serre Chevalier et la ville de Briançon à travailler en graduation.
UNE COUPURE VERTE MENACÉE À REVITALISER Comme dans le reste de la vallée, maintenir un espace ouvert est essentiel pour éviter une continuité bâti, offrir des espaces de respirations et des vues sur les versants.
1
1
L’ANCIENNE PATINOIRE ET LA PISCINE 2
LE FRONT DE NEIGE 2
L’ENTRÉE DE ST CHAFFREY
L’OUVERTURE SUR BRIANÇON
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UMASS AMHERST CAMPUS STEVEN STIMSON LANDSCAPE ARCHITECTS
BAR-LE-DUC MICHEL DENANCÉ
THE VELENJE “PROMENADA” ENOTA
UMASS AMHERST CAMPUS STEVEN STIMSON LANDSCAPE ARCHITECTS
CALENDAR GARDEN STUDIO BASTA
ALGAIDA PATH ACTA
MICHOW
HAIDPARK GRABNER HUBER LIPP
REEF BENCH REMY & VEENHUIZEN
PARK GROOT SCHIJN MAXWAN
SEUNSANGGA CITYWALK AVOID OBVIOUS ARCHITECTS
NAMAN RETREAT MIA DESIGN STUDIO
MAIDSTONE’S HIGH STREET LETTS WHEELER ARCHITECTS
DAKPARK OSLO
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SIEGMUND HOF TEMPLE SUSANNE HOFMANN ARCHITEKTEN
VERS LE PROJET, INTENTIONS SYNTHÈSE Le rôle du paysagiste Ce projet de transport câblé est ambitieux pour la vallée tant d’un point de vue économique que social. Si la mise en place d’une ligne de télécabines semble répondre à de multiples problématiques, la question de l’intégration paysagère reste primordiale pour qu’il puisse être accepté par la population. Ce projet ne doit pas simplement être une énième remontée mécanique mais devenir un nouvel ouvrage dont elle sera fière et qu’elle utilisera. Mon rôle ne sera pas celui d’un architecte, créant onze garesœuvres architecturales. En revanche, mon rôle sera de les associer à leur environnement, d’en tirer profit pour créer de vrais lieux de vie. Mon rôle ne sera pas non plus celui d’un urbaniste, planifiant l’évolution «urbaine» des communes de la Guisane. Mon rôle sera plutôt de trouver un équilibre entre espaces agricoles et espaces bâtis. Au même titre que le téléphérique, les forts de Vauban, l’eau chaude du Monêtier, cette ligne aérienne de la Guisane doit devenir un élément pour lequel locaux et touristes sont enthousiastes. Il s’agit de se tourner vers un avenir avec moins de voitures et avec un cadre de vie préservé, respectueux des paysages de la Guisane.
145
146
CONCLUSION En conséquence d’un développement touristique rapide, la vallée s’est multipolarisée tout en se divisant. Le cadre de vie, les habitants ne le cherchent plus dans leur village et le fond de vallée, mais dans la vue des montagnes et les échappées vers les sommets. Le cadre de vie est «autour». La balance entre vie locale et développement touristique s’incline vers le tourisme. Le projet s’attachera à rétablir cet équilibre par une inversion de la tendance : un aménagement pour les habitants permanents qui aura des répercussions sur l’attrait touristique de la vallée de la Guisane. Les évolutions climatiques et sociétales tendent vers des modes de vie plus respectueux de notre environnement mais également plus simple, efficace et pratique à l’image des évolutions technologiques. De plus, la rapidité des transformations dans le quotidien engendre une volonté de retour aux racines des territoires et du patrimoine. Ce mémoire m’a permis de faire naître de premières idées de projet que je m’attellerai à étoffer et formaliser dans les prochains mois. La conception de ce projet sera l’occasion de soutenir le dynamisme inter-communal et la relation des habitants permanents et des touristes à la vallée.
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ENTRETIENS AVEC M Jacques DEMOULIN, Président de l’Association Guisane Ouverte, le 18 octobre 2016 Mme Marie-Aude PUY, Directrice de l’Office de Tourisme Serre Chevalier Vallée Briançon, le 20 octobre 2016 M Daniel THOMAS, Artisan à Monêtier et saisonnier au DSCV (remontées mécaniques) et M JeanPierre THOMAS, Accompagnateur et moniteur de ski au Club Med’, le 20 octobre 2016 M Alain CAILLOL, Chef du pôle développement économique et aménagement du territoire, en charge du SCoT à la Communauté de Commune du Briançonnais, le 21 octobre 2016 M Didier MANCHON, Responsable gestion des risques et développement durable au Domaine skiable de Serre Chevalier, Compagnie des Alpes, le 25 octobre 2016 M Bernard EYMARD, Agriculteur à Pramorel, le 26 octobre 2016 Mme Christine VALLA, déléguée à l’urbanisme, à la culture et aux relations au domaine skiable à La Salle-les-Alpes et Mme Catherine CHEMIN-BONALDI, employée à l’urbanisme à la Salleles-Alpes et agricultrice à Saint-Chaffrey, le 31 octobre 2016 Ainsi qu’avec une vingtaine de touristes et de locaux rencontrés dans les hameaux de la vallée.
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ACRONYMES CCB : Communauté de Commune du Briançonnais CDA : Compagnie des Alpes DSCV : Domaine Skiable de Serre Chevalier Vallée DSP : Délégation de Service Public GIEC : Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat LER : Ligne Express Régionale PLU : Plan Local d’Urbanisme PPR : Plan de Prévention des Risques RM : Remontées Mécaniques SAEML : Société Anonyme d’économie Mixte Locale SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale STRMTG : Service technique des remontées mécaniques et des transports guidés TUB : Transport Urbain de Briançon UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization) ZNIEFF : zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique
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La vallée de la Guisane, aussi connue sous le nom de Serre Chevalier Vallée, s’étend sur 26 km, du col du Lautaret à la « ville Vauban » de Briançon, sous-préfecture des Hautes-Alpes (05 / région PACA). La première appellation, utilisée par les locaux, est le nom historique de la vallée d’après la rivière qui s’y écoule. Tandis que la seconde a fait son apparition en 2011, pour simplifier l’exportation de son image. En effet, au sein des trois villages (Le Monêtier-les-Bains, La-Salle-les-Alpes et Saint-Chaffrey) s’est implantée l’une des plus grandes stations françaises de ski, Serre Chevalier. L’utilisation de ces deux toponymes pour désigner la vallée est révélatrice des bouleversements provoqués par l’émergence du tourisme depuis l’après-guerre sur le territoire du Briançonnais. Ce développement a eu des conséquences positives pour la vie locale comme le maintien de l’économie et de la population. Cependant, les paysages de haute montagne environnants, dont fait partie le parc national des Écrins, sont devenus la base d’un produit marketing, centré sur une montagne décor qui a progressivement éclipsé le caractère territorial existant. Les champs, maintenus malgré la déprise agricole, alternent avec des hameaux qui ont plus ou moins conservé leur caractère rural montagnard suite au développement touristique. L’emploi et la fréquentation de la vallée de la Guisane sont rythmés par les saisons. En hiver et en été, la station de ski et les paysages variés du Briançonnais attirent les touristes tandis qu’en automne et au printemps, Serre Chevalier se fractionne entre les secteurs fréquentés par les habitants permanents et les lieux désertés, vidés des touristes. La vallée retrouve son inertie. Aujourd’hui, le dérèglement climatique, les difficultés d’accès à la vallée, les besoins des locaux et l’évolution de la clientèle touristique, remettent en cause la dynamique d’usage du territoire qui s’est mise en place. Comment insuffler un nouveau dynamisme sur l’ensemble de la vallée de la Guisane en prenant en compte les évolutions futures ? Quelle stratégie adopter pour pratiquer les espaces en dehors des saisons touristiques et préserver une agriculture d’élevage qui participe à la vie et au paysage de la vallée ? Comment la question du paysage peut-elle contribuer à maintenir l’équilibre entre développement touristique et vie locale au regard des évolutions climatiques et sociétales ? A travers ce sujet, je souhaite contribuer à renforcer un rapport dissipé entre les locaux et leur territoire, accaparé par l’offre touristique, mais également proposer aux touristes un nouveau regard sur la vallée. Cette étude me permettra d’analyser l’ensemble des dynamiques du territoire afin de comprendre son identité, les volontés et les besoins des locaux comme des touristes et proposer un projet de territoire durable et mieux partagé.
Noémie Thomas Mémoire de Fin d’Étude 2016-2017 Ecole de la Nature et du Paysage 9 rue de la Chocolaterie 41000 Blois
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