On the road

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ON THE ROAD Par Nolween Eawy

Chapitre 1 1800 euros … 1800 euros … 1800 euros … J’entendrais presque le doux son des billets. Tout cet argent volatilisé en un clin d’œil, tant de sacrifices pour rien, tout cela à cause de cette … Je ferme les yeux un instant, pour évacuer mes envies de meurtres. 1800 euros … depuis le début du trajet, je ne parvenais pas à ôter cet argent de mon esprit. Je regarde ma montre, nous roulons depuis plus de deux heures trente maintenant. J’entends déjà sa voix de crécelle « Tu sais bien chéri qu’il est conseillé de s’arrêter toutes les deux heures ! Tu n’en fais toujours qu’à ta tête, tu n’écoutes jamais rien ! ». Comme d’habitude, seul le silence signe de mon mépris et de ma lassitude lui répondrait. 1800 euros… comment ai-je pu me laisser embarquer dans cette histoire ? J’aurais dû me douter que rien n’irait comme prévu. J’aurais du garder cet argent pour… pour … pour autre chose. Mais bien entendu, il a fallu que j’écoute ses longues complaintes incessantes pendant des jours entiers. « Chéri, cela va faire deux ans que nous ne sommes pas partis en vacances. On devrait profiter des vacances de noël pour aller avec les enfants dans ce superbe chalet. Mais si, tu t’en souviens? Nous en avions parlé il y’a quelques temps de cela. Je t’en prie chéri, ce serait bien de se retrouver tous ensemble dans ce petit paradis. » J’aurais dû lui dire, que nous n’avions pas l’argent nécessaire et que nous croulions sous les dettes. Qu’elle ferait mieux d’aller chercher du travail au lieu de pondre des gamins à la chaîne, sans mon accord. La culpabiliser, en lui disant que si elle faisait moins de shopping avec MON maigre salaire, les huissiers ne frapperaient pas à notre porte. Tant qu’à lui dire ses quatre vérités, j’aurais dû rajouter, que je les supportais déjà depuis 14 longues années et que le vrai paradis, ce serait d’être quelque part sur une île déserte, sans eux. A quoi bon ressasser, le mal était déjà fait. J’ai économisé cet argent pendant presque une année entière. Autant dire que c’était un exploit avec cette sangsue de famille, qui avait un don certain pour dilapider MON argent. Comment a t-elle su que j’avais mis cet argent de côté ? C’était quand même étonnant, qu’elle aborde cette histoire de vacance, le jour même où je me demandais ce que j’en ferais de ces économies. Je préférais ne pas le savoir, ma rage était déjà à son apogée. J’augmentai le son de la radio, pour m’obliger à penser à autre chose. Peine perdue, une sourde colère menaçait de me submerger et n’était qu’un prémisse à la dispute que ne tarderait


pas à éclater. Mes phalanges blanchissaient sur le volant que je serrais bien trop fort. Nos gestes trahissent toujours notre état d’esprit. Je choisis l’option d’allumer une cigarette, pour occuper mes mains et mon esprit. Je m’attendais à un reproche de sa part, du genre « N’as-tu jamais entendu parler du tabagisme passif et des cancers qui en découlent, les statistiques disent …. » Bla, bla, bla … voilà tout ce que mon cerveau enregistrerait. Mais il n’en fut rien, elle choisit de garder le silence. Elle devait sentir les reproches qui ne tarderaient pas à pleuvoir sur elle et choisissait certainement de reculer l’échéance au maximum.

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1800 euros … j’aurais du m’acheter ce chouette téléviseur écran plat que j’avais vu en promo. J’aurais enfin pu regarder mes programmes télés, sans avoir à me prendre la tête avec les mioches. … m’acheter des clubs de golfs, pour éclaircir ma piètre existence avec un sport « so chic ». … continuer à mettre cet argent de côté, pour m’acheter cette moto dont je rêvais depuis des années. … me payer quelques putes de luxe, peut-être. J’aurais enfin eue une vie sexuelle digne de ce nom. Il faut dire qu’avec ma Josiane, nos rares parties de jambes en l’air se concluaient par un gamin au bout de 9 mois. Inutile de dire que ça calmerait la libido de n’importe qui. Rajoutons à cela que la sublime Josiane à forte poitrine et au corps à vous donner une trique à vie, avait déserté pour laisser place à cette grosse vache sans intérêt. Six enfants à la chaîne, ça laisse des séquelles irréversibles. Sa longue chevelure blonde avait fait place à une coupe courte informe qui ne demandait aucun entretien. Sa poitrine était restée corpulence mais la gravité avait eu raison de leur emplacement initial. Après des heures en salle de sport et de marche dû à ses séances de shopping incessantes, elle avait réussi à garder une taille mannequin, passant néanmoins du mannequin filiforme au mannequin grande taille, triple XL comme disait les vendeurs dans les boutiques. Il n’y avait que ses yeux qui n’avaient pas changés. Elle avait gardé ses magnifiques yeux bleus, pétillants et plein de malices, seuls vestiges de ces jeunes années. J’étais si fier à cette époque, d’avoir réussis à épouser l’une des filles les plus désirées et désirables de la ville. Bien mal m’en prends aujourd’hui ! Je me mis à ricaner nerveusement. 1800 euros …. Tout cet argent perdu dans des vacances « pourries » et le mot n’était pas faible. J’aurais dû tout annuler, quand je m’étais suis rendu compte que ces chalets n’étaient pas dans nos prix et encore moins adaptés pour une famille de six gamins et deux adultes. « Combien dites-vous monsieur ? Ah non! Je suis navrée, nos plus grands chalets sont pour six personnes maximum. Je vous conseillerais d’en louer deux. Nos tarifs sont à 730 euros la semaine, par chalet de taille moyenne et pour la basse saison. Bien entendu, les repas et les


activités que nous proposons ne sont pas compris dans ce tarif, ils restent à votre charge. Vous souhaitez réserver pour quand ? » J’avais cru exploser face à cette voix trop commerciale et dénuée de tout sentiment. Ne voulant pas céder face à la fatalité et surtout voulant m’épargner les sermons à rallonge lié au statut de celui qui à gâcher les vacances de Noël. J’ai du parlementer pendant des heures avec cette femme visiblement aussi frustrée sexuellement que moi. Bingo, j’avais réussi à caser ma famille de huit personnes dans un chalet de taille moyenne. « Quelle idée, d’aller faire autant de gamins, lorsqu’on n'en a pas les moyens! » L’entendis-je dire juste avant qu’elle ne me raccroche au nez. Marrant, je me posais exactement la même question depuis la naissance du premier gamin. Nous n’avions déjà pas les moyens d’en élever un seul, alors imaginez en élever six. Des vacances de cauchemars s’annonçaient déjà, mais j’avais choisi de faire celui qui ne voyait rien et tenterait vaille que vaille de garder mon calme en toute circonstance.

Chapitre 2 Un véritable challenge, face aux 30 valises de ma Josiane à caser dans notre pauvre break familial qui menaçait déjà de nous lâcher en plein milieu de l’autoroute. « As-tu fais réviser la voiture avant de partir chéri ? » « Avec quel argent ? » Aurais-je dû lui répondre. J’ai choisi le silence comme d’habitude. Sans parler des enfants qu’on devait réussir à encastrer au milieu de tout son foutoir. Ne pas oublier de mettre Martine et Jonah près des fenêtres, parce qu’ils sont malades en voiture. Ne pas mettre Ernest et Auguste côte à côte parce qu’ils se chamaillent tout le temps. Mettre la petite dernière à porter de main de sa maman, mais pas à côté d’Anisa qui s’amuserait à martyriser le bébé pendant tout le trajet. Un vrai casse-tête pour bien mettre les nerfs à fleur de peau comme il se doit. « Euh... chéri, j’ai oublié de te dire que ma sœur nous rejoins avec son époux et ses filles ». Elle avait dit ça, sur un ton neutre et blasé. Comme si c’était d’une évidence pour tout le monde ! Je les avaient vu débarquer quelques minutes plus tard, dans leur superbe 4X4 noir dernier cri. Marcel me fit un signe de la main, dévoilant part la même occasion, sa rolex en or massif. Emma, ma pétasse de belle-sœur, m’avait fait un sourire éclatant qui m’aveuglait, malgré le pare-brise légèrement fumé de leur dernier achat. Je me demandais sans cesse ce que Marcel pouvait bien trouvé à cette immondice faite femme. Parce qu’il faut bien le dire, cette malheureuse n’avait rien pour elle. Un physique ingrat et difforme que même la chirurgie esthétique ne parvenait à effacer, un style vestimentaire aux couleurs criardes qui effrayait tous les oiseaux de la ville -comme épouvantail au milieu des champs elle serait efficace -, une voix éraillée par trop d’année de mauvais cigares, sans parler de son QI qui s’était arrêté au stade de l’enfance. Une mocheté


dans un cerveau vide. Alors pourquoi Marcel, l’un des plus riches propriétaires du coin l’avait t-il épousé ? Cela restait un vrai mystère. Comme pour le punir de cet étrange choix, ses deux filles étaient aussi laides et stupides que leur mère. Cruel destin. J’avais posé mon regard sur ma Josie qui était autrefois belle et poussait un soupir. Moi au moins, j’avais épousé celle-la pour faire enrager tous les mâles du coin, c’était une bonne raison. « Alors tout le monde est prêt, on y va ? » Avait hurler Marcel d’un ton beaucoup trop enjoué. On aurait dit un gamin qui partait pour un parc d’attraction. Je venais de me rendre compte que j’étais le seul à ne pas avoir été tenu informé de leurs présences lors de ces vacances EXCLUSIVEMENT familiales. J’avais senti mon ulcère se réveiller. Je me rappelle avoir choisis l’option du « je me la boucle, mais je n’en pense pas moins ». Je n’avais cessé de me dire pendant les six très longues heures de trajet que je ferais mieux de faire demi-tour. Hélas, je n’en avais rien fait. Pourquoi? Je me le demande encore. Ce séjour, fait pour réunifier les liens familiaux et fêter Noël comme il se doit, me laisse encore un goût de vomi dans la bouche. Un vrai cauchemar …. J’aurais dû me douter que «marcel and his rich family» auraient omis de réserver leur grand chalet plus spacieux et plus sympa que le notre, avant leur départ. De là à penser qu’ils avaient prévu le coup depuis le début, pour ne pas avoir à sortir les billets, il n’y avait qu’un pas. A quoi bon être riche, si c’est pour être aussi radin ? Bilan des courses, tous les chalets furent complets. Solution ? Soit tout le monde repars, soit nous nous entassions tous dans notre chalet de taille moyenne à 730 euros la semaine, fait pour quatre personnes mais qui en contiendrais plus que le double. Après quelques gorgées de sirop contre l’ulcère, cinq paquets de clopes et la ferme intention de ne pas me laisser démonter par ces petits soucis de dernières minutes je pensais, stupidement, que le reste du séjour ne pourrait pas être pire. Après tout relativisons, ce chalet était orienté plein sud pour un éclairage maximum, un confort défiant toute concurrence et en prime une grande terrasse équipée pour du farniente en plein air. Sans oublier, l’accès direct aux pistes de ski et aux boutiques. C’étais un petit coin de paradis … un peu surpeuplé certes. Nous devions juste nous habitués à enjamber régulièrement les sacs de couchage empilés un peu partout et ne pas marcher sur un des mioches au passage. Quoi que j’ai du en shooter un ou deux … intentionnellement. Malheureusement, ce jardin d’Eden devint vite un enfer trop étroit.

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Une gastro-entérite fulgurante, avait ruiné une bonne partie de notre séjour. Avec deux toilettes pour douze personnes ... je préfère éviter de me remémorer ce triste épisode de nos vies. « Au moins nous restons soudés même dans les pires moments » avait dit Josiane. La bataille pour gagner le droit de rester sur le trône à se vider sans fin, avait été rude et sans merci. Je n’appelais pas cela resté souder devant l’adversité. Evidemment, ne voulant pas détruire ses illusions j’avais choisis encore une fois de la fermer. Après ces quelques calamités intestinales, le séjour ne pouvait que s’améliorer. Mais c’était sans compter que les tarifs appliqués aux activités étaient mirobolants et que notre maigre bourse faisait pâle figure. Nous nous étions contentés de rester sur la terrasse équipée tout confort en observant « marcel and his rich family » s’amuser sans se soucier de notre existence. « Ma mère m’avait bien dit qu’épouser un crève-la-faim était une mauvaise idée, j’aurais du l’écouter ». «Emma ne s’y est pas trompée, elle a choisi le plus riche du coin et vit dans l’abondance aujourd’hui ! » « Ca fait des années, que tu bosses dans cette usine à la con, tu n’as toujours pas eu une promotion ou une augmentation. Tu n’es qu’un incapable… tu me désoles. » « Les enfants s’ennuient Jérôme ! Comment va t-on les occuper ? Ce séjour n’est pas celui que j’avais espéré ». Bla, bla, bla, bla…. Quelques gorgées de sirop contre l’ulcère plus tard, j’en venais presque à regretter la gastroentérite générale. Au moins, elle était trop occupée à vomir, pour déblatérer inutilement.

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Perdu dans mes souvenirs malheureux de vacances, je me rendis à peine compte de ce bruit qui devenait régulier.

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Je ne savais pas qui devais-je maudire le plus ? Josiane et ses exigences monétaire au-delà de mes moyens, ma chère belle-famille trop riche pour en faire profiter les autres ou le malheureux que j’étais qui abdiquait à toutes les demandes de ma tendre moitié -qui faisait le double de mon poids au passage-. Mes mains crispées sur le volant, je tentais de retrouver un brin de sérénité. Plus que quatre heures et demi de route et nous serons bientôt à la maison. Pourvu que la dispute n’explose pas d’ici là et n’amplifie cette migraine qui vrillait mes tympans.


Dernier chapitre -Plic, plic, plic1800 euros, bon sang… comment peut-on sacrifier autant d’argent pour des vacances aussi pathétiques ? Même le père Noël fut radin cette année. Par rapport aux jouets derniers cris de « marcel and his rich family » nos piètres présents ne décochèrent même pas un sourire poli de nos têtes blondes. Il faut dire que leurs listes au papa Noël n’entraient pas dans le budget.

« Putain, mais quel blaireau cet enculé de père noël ! » c’était écrié Jonah du haut de ses 14 ans. Dieu merci cet imbécile n’avait pas encore compris que le père noël en question n’était autre que son pitoyable géniteur. A moins que cette phrase m’était directement destinée. J’opterais sur la seconde suggestion. Mes doigts se crispèrent encore plus sur le volant, la tempête n’était plus très loin. Un seul mot ou geste de sa part et tout volerait en éclat. Mais elle ne dit rien et ne fit pas un geste.

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Ce bruit qui devenait infernal me sortis enfin de mes sombres pensées. Je tapotai sur la radio et sur le tableau de bord, pour tenter de faire taire la source de ce bruit.

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Ma migraine empirait et il n’y avait même pas une aspirine dans tous ces sacs qui alourdissaient inutilement cette vieille guimbarde. 1800 euros … dois-je en rire ou en pleurer? Cette femme aura ma peau, c’est certain. J’aurais du utiliser cette tune pour la faire tuer. Non … mieux pour prendre un billet d’avion direction … ailleurs, loin de Josi et sa tonne de marmots que je n’avais jamais désiré. Le paysage autour de nous prenait des allures sinistres, ma vision se brouillait. Je devrais m’arrêter et me reposer un instant. Mais ce serait faire plaisir à cette garçe qui n’attendait que cela pour me laminer de reproches à la prochaine aire d’autoroute. Non merci, tout sauf ça. Repoussons l’inéluctable autant que possible.

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Je donnai un coup dans la portière et sur le siège, mais le bruit ne cessa pas pour autant. Une vive douleur au crâne se fit sentir. Manquerais plus que ce tacot nous lâche maintenant et je songerais sérieusement au suicide. J’écrirais une lettre bien sentie à cette salope qui me sert de femme et lui dirait tout le bien que je pense d’elle. J’irais me pendre dans le jardin, afin que cette image la hante toute sa vie. Elle se retrouverait sans un sou, avec ses six gamins sur les bras et se rendrait enfin compte à quel point ma présence donnait un sens à sa vie. Après tout, sans moi, elle aurait fini sur le trottoir à vendre son corps au premier venu ou serait devenue une junkie sûrement. Elle a toujours été une bonne à rien. La vie aurait été bien plus injuste avec elle, si elle ne m’avait pas rencontré. Elle paiera son ingratitude un jour ou l’autre. -Plic, plic, plic, plic, plic, plic, plic“Bon sang, faites cesser ce bruit, je n’arrive plus à penser.” Avais-je parlé à voix haute ou non ? Quoi qu’il en soit personne n’avait osé me répondre. « Putain de famille inutile, qui pourrie mon existence ». Ma migraine ne cessait d’empirer, ma vue se brouillait encore un peu plus. Je devrais m’arrêter un instant, respirer un peu. Je m’étonnais que Josie chérie n’ait pas encore ouvert sa gueule pour me faire remarquer que l’on roulait depuis trop longtemps sans s’arrêter. La voilà devenue muette, qu’attendait elle pour me faire la morale et me balancer ces statistiques sur le taux d’accident sur les autoroutes dû aux inconscients de mon espèce. Je devais être devenu masochiste avec le temps, puisque j’en venais presque à regretter son absence de reproches. Pas un jour ne se passait depuis seize ans sans qu’elle ne m’engueule ou ne me reproche ce que je suis. Pourquoi un tel silence maintenant ? Elle devait attendre son heure c’était certains. Plus longue sera l’attente et plus virulente seraient ces paroles. -Plic, plic, plic, plic, plic, plic, plicUn marteau piqueur perforait mon crâne, mes gestes se faisaient plus imprécis, mon corps s’engourdissait lentement. Je savais que je devais m’arrêter, pourtant je n’en faisais rien. J’attendais inconsciemment que Josie me demande de le faire. Elle me disait toujours ce que je devais faire, c’est ainsi qu’avait toujours fonctionné ma vie, je vivais en fonction de ce qu’elle voulait que je fasse ou non. Sans elle, j’étais incapable d’arrêter cette fichue bagnole sur une aire d’autoroute. Je roulerais, jusqu'à ce qu’elle me dise que je ne suis qu’un inconscient qui allait finir par tuer sa famille si je n’arrêtais pas cette voiture rapidement.


Mais elle ne dit rien … les gamins aussi étaient étrangement silencieux depuis des heures. Leur boucan infernal n’existait plus depuis combien de temps ? Un affreux silence régnait dans l’habitacle … et je ne m’en rendais compte que maintenant.

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Je me souviens de cette sublime robe bleue qu’elle portait le jour de notre mariage. Elle se trouvait affreuse à cause de son ventre rond d’une grossesse de six mois. Je ne cessais de lui dire, à quel point elle était belle et merveilleuse. Je la faisais tourner pendant des heures sur des valses endiablées et elle riait aux éclats. Elle était si radieuse, si belle. J’étais l’homme le plus heureux du monde ce jour la… je le suis encore. Dieu, que j’aime cette femme. Imaginer ma vie sans elle, m’est impossible. Je n’y vois que l’obscurité … elle … et les enfants … ce sont eux ma lumière … mon équilibre …. Josie … les enfants ….

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Ce silence… quelquechose n’allait pas. J’aurais du m’en rendre compte avant … j’avais mal au crâne, mon corps me faisait souffrir affreusement.

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J’avais mal à en crever et des vertiges incessants me donnaient la nausée. L’obscurité … des gens autour de moi … des visages effrayés. Josie … les enfants …. Ma vue se brouillait de plus belle, je tentais de bouger mes doigts et y parvenais à peine. Des sirènes d’ambulance dans le lointain se faisait entendre.

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Ce bruit devenait une obsession, j’avais l’impression de n’entendre que celui-ci désormais. Je tournai ma tête lentement, tentant de comprendre ce qui m’arrivait. Josie était là, à côté de moi … elle l’avait toujours été. Durant toutes ces années de chamailleries et de disputes, pas une seule fois je lui avais dit que je l’aimais. Pourtant je l’aime, je l’ai toujours aimé … pourquoi ai-je été aussi stupide ? Elle a été toujours là … près de moi … son visage était en sang, ses yeux étaient grand ouverts … mais ils étaient vitreux et dénués de vies. Un bris de verre de la taille de mon poing s’était planté au milieu de son crâne, du sang d’un rouge vif s’échappait encore de sa plaie béante. La jolie chemise en soie blanche achetée en solde, que je lui avais offert pour noël, quelques jours plus tôt, n’était plus amas de sang séché.


Je l’observai longuement, cette vision de ma Josie était comme un choc qui me ramenait à la sinistre réalité. L’air ne semblait plus vouloir entrer dans mes poumons … -Plic, plic, plic, plic, plic …. Cette migraine, ce bruit …. Des gens criaient autour de nous, d’autres s’affolaient autour de la voiture et marchaient sur des bris de verres. Les enfants … je ne parvenais pas à me tourner. Mon corps ne m’obéissait plus depuis longtemps. Je ne cherchai pas à insister, je n’en avais pas la force et j’étais bien trop terrifié à l’idée de voir l’inacceptable. J’étais en train de mourir, tout devenait clair maintenant. Depuis combien de temps ? Quand avions nous eu cet accident ? Pourquoi ?

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Je me vidais de mon sang sur les restes du pare-brise. Ce satané bruit qui commençait à me rendre fou… c’était celui de mon sang, qui s’écoulait sans relâche. Mon monde était à l’envers … toutes mes pensées se mêlaient, puis se démêlaient. L’irréel faisait place peu à peu au réel et à l’inéluctable. Les bruits ambiants disparaissaient peu à peu. J’entendais encore du fond des ténèbres les rires de Josie quand je la faisais tournoyer et valser au son de la musique. « As-tu fais réviser la voiture avant de partir chéri ? » … The end …


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