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Les sœurs Gasparin se confient
GASPARINSisters Time
En décembre 2019, les trois sœurs Gasparin et Lena Haecki sont montées sur un podium pour la première fois de l’histoire du biathlon suisse en se classant deuxièmes du relais d’Östersund (Suède).
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SELINA, ELISA ET AITA GASPARIN
Les sœurs se confient
En 2012, à Hochfilzen, Selina, Elisa et Aita Gasparin sont entrées dans l’histoire du biathlon international : c’était la première fois que trois sœurs skiaient dans la même équipe. Aujourd’hui, elles composent toujours 75 % du relais. Nordic Magazine les a réunies, pour une petite discussion pleine d’humour et de bienveillance.
ÀOberhof (Allemagne), pour les première courses de l’année 2021, les Vosgiens Émilien, Fabien et Florent Claude sont entrés dans l’histoire en disputant les mêmes épreuves de la coupe du monde de biathlon. Si c’était une première pour la France (Florent court sous les couleurs belges), la Suisse avait déjà connu cela. C’est que le biathlon féminin y est porté par la famille Gasparin. Aita, 26 ans (27 ans le 7 février), Elisa, 29 ans, et Selina, 36 ans, venues de la vallée de l’Engadine et biberonnée au ski de fond, représentent tout simplement 75 % du relais helvète depuis que l’aînée, vice-championne olympique de l’individuel en 2014 sur les bords de la mer Noire, a été la première à franchir le Rubicon il y a dix-sept ans. Nordic Magazine les a réunies pour comprendre leur fonctionnement et leur relation. Unique.
NORDIC MAGAZINE Comment en êtes-vous arrivées à pratiquer toutes les trois le biathlon?
ELISA. C’est un concours de circonstances qui a fait qu’on est toutes biathlètes aujourd’hui. Selina et Aita ont dix ans d’écart! Et, dans notre jeunesse, si nous avons toutes fait du ski de fond, nous faisions également d’autres sports comme la gymnastique, l’équitation ou le snowboard.
SELINA. Oui, mais le biathlon est tellement plus excitant que le ski de fond [rires]!
AITA. Nos parents n’étaient pas très sportifs. C’est toujours le cas mais ils nous suivent et nous supportent. Comme nous venons de la vallée de l’Engadine où tous les enfants apprennent le ski alpin et le ski de fond dès leurs jeunes années, nous avons été mises sur les planches très jeunes. Mais l’aventure de notre famille dans le biathlon a vraiment débuté quand Selina est allée étudier en Norvège, où elle a découvert ce sport, en 2004. semble. On est tout le temps absentes de la maison et, grâce à cela, nous pouvons tout de même être en famille. Mes sœurs ne peuvent pas me manquer!
AITA. De mon côté, je ne sais tout simplement pas ce qu’est l’équipe de Suisse sans mes sœurs parce que j’ai toujours été avec elles [rires]! J’apprécie vraiment le temps passé aux côtés de Selina et d’Elisa. Nous pouvons partager des moments émotionnellement très forts avec beaucoup plus d’intimité que si c’était avec d’autres coéquipières. Même si nous avons une bonne relation avec tout le monde dans l’équipe, c’est vraiment différent lorsque vous réalisez une performance avec vos sœurs. Entre nous, on appelle cela le Sisters Time!
L’hiver dernier, vous en avez connu des Sisters Times. Vous êtes montées sur trois podiums en relais sur le circuit de la coupe du monde...
possible pour la Suisse, et, maintenant, nous jouons le podium... et la médaille! Quand on voit comment nous avons progressé l’hiver dernier, c’est juste fou. Il y a six-sept ans, nous nous entraînions seules, ce n’est pas comparable avec les conditions d’aujourd’hui. C’est bien la preuve qu’en croyant à ses rêves, tout est possible dans la vie.
N’est-ce pas trop difficile d’être toutes les trois ensemble 24 heures sur 24, sept jours sur sept et une majeure partie de l’année?
ELISA. Si! [elle éclate de rire] SELINA. Je ne crois pas que ce soit compliqué, c’est plutôt un avantage parce que c’est différent d’une relation amicale. Ça nous aide beaucoup, c’est vraiment bien. ELISA. Je pense que pour Selina, qui était seule il y a quelques années, cela a été vraiment agréable de voir ses sœurs débarquer l’une après l’autre en équipe de Suisse. Pour nous, c’est vraiment un rêve! AITA. Nous avons un lien très fort les unes avec les autres. Et les succès le Nous avons un lien très fort ‘‘Aita Gasparin renforcent. Par contre, nous ne sommes pas tout le temps ensemble [sourire]. En dehors du biathlon, nous avons une vie privée. Nous ne vivons pas ensemble! [les trois sœurs rigolent] Selina a un mari et deux enfants, Elisa et moi vivons seules [N.D.L.R., elle est fiancée avec le biathlète Ukrainien Sergey Semenov]. Nos amis ne sont pas les mêmes. C’est très important d’avoir une vie sociale à les unes côté du sport.
avec les autres. Et les succès le renforcent.
AITA. Je pense que nous avons toutes les trois pleuré de joie. Ces dernières années, nous avons fait quelque chose d’unique avec ces relais en comS’il n’y avait pas Lena Haecki, mun [N.D.L.R., notamment aux Jeux l’équipe nationale suisse féminine de Sochi en 2014, une première dans la de biathlon, ce serait la team Gas- compétition]. Nous sommes très fières parin. C’est étonnant, quand on y de cela et personne ne pourra nous l’enpense. Non? lever.
ELISA. Je pense que c’est vraiment ELISA. Par le passé, nous luttions sympa qu’on soit toutes les trois en- juste pour réaliser le meilleur résultat
Vraiment, il n’y a jamais de problèmes entre vous?
AITA. Parfois oui... Dans une relation entre sœurs, il y a parfois des disputes, mais elles sont vite oubliées et pardonnées. Quelques minutes suffisent à nous calmer. SELINA. Si une de nous est dans un mauvais jour, une autre va l’aider. On ne se menace pas entre nous! [rires] •••
SELINA GASPARIN
ELISA GASPARIN
STEPHAN BOEGLI/SWISS-SKI
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SELINA GASPARIN
Après une jeunesse passée sur les skis de fond, l’aînée de la famille Gasparin s’est lancée dans le biathlon à l’adolescence alors qu’elle étudiait en Norvège. Le coup de foudre a été immédiat pour cette pionnière du biathlon suisse. Première Helvète à participer aux Jeux olympiques en 2010, elle remporte la première médaille olympique du pays quatre ans plus tard lors de l’individuel de Sochi. En couple avec le fondeur Ilya Chernousov, elle est l’heureuse maman de deux filles : Leila et Kiana.
ELISA GASPARIN
Sept ans plus jeune que sa grande sœur, la cadette des Gasparin découvre le biathlon à treize ans et débute en coupe du monde sur le site d’Holmenkollen, sur les hauteurs d’Oslo (Norvège), en mars 2010 alors qu’elle est encore junior. En 2015, elle doit mettre sa carrière de biathlète entre parenthèses à cause d’un stress physique. Pas à pas, cette passionnée d’escalade a retrouvé ses capacités physiques jusqu’à revenir en coupe du monde. Pour ne plus la quitter. Le jour de ses seize ans, ses deux sœurs lui offrent... une carabine de biathlon ! C’est le début de l’histoire d’amour avec ce sport pour celle qui a été vice-championne suisse de gymnastique en 2006. Son arrivée dans le biathlon permet aux sœurs Gasparin d’entrer dans l’histoire lors du relais olympique de Sochi en 2014. Avec Selina et Elisa mais également Lena Haecki, celle qui est également garde-frontière est montée sur trois podiums de coupe du monde l’hiver dernier.
AITA GASPARIN
AITA. En course, nous ne nous battons pas les unes contre les autres. On est plutôt du genre à se pousser et à s’entraider en essayant, par exemple, de copier les bonnes choses de chacune pour devenir meilleures...
Aita et Elisa, Selina vous a-t-elle influencées?
ELISA. Selina est une telle source d’inspiration pour nous... Elle se bat toujours pour faire de son mieux. Quand elle a remporté sa médaille olympique en 2014 à Sochi, c’était un moment incroyablement inspirant, surtout à une époque où le biathlon n’était pas aussi professionnel qu’aujourd’hui en Suisse. Si elle pouvait remporter une autre médaille olympique, mais avec nous ses sœurs en 2022 à Pékin, ce serait fou!
AITA. Je dirais que dans le biathlon circus, elle est l’une des plus rapides dans les cent derniers mètres. Je ne voudrais pas me battre contre elle pour une médaille d’or dans une dernière ligne droite. [Rires]
ELISA. Quand on rentre à la mai-
‘‘Elisa Gasparin
Si Selina pouvait remporter une autre médaille olympique, mais avec nous ses soeurs, ce serait fou !
son pour s’entraîner, on est toujours fatiguées à la fin de la journée... et elle, derrière, doit encore s’occuper de ses enfants en jouant avec eux. Ce qu’elle fait est juste incroyable.
Selina, est-ce que ce sont vos sœurs qui vous poussent à continuer le biathlon ou c’est seulement la passion qui vous guide?
SELINA. Sans la passion, tu ne peux pas faire du sport à haut niveau. Je sais qu’il ne me reste plus beaucoup d’années à vivre sur le circuit du biathlon et c’est sûr qu’Aita et Elisa me permettent de repousser mes limites encore et encore. Elles m’aident vraiment à m’améliorer sans cesse et à garder la motivation. Je suis vraiment contente de ces années passées avec mes sœurs. n