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Yvon Mougel, quarante ans après

“Gamin, je recopiais les résultats de toutes mes courses et j’ai continué. » Dans son atelier de Rochesson, dans les Vosges, Yvon Mougel, 65 ans, ressort ses cahiers en parfait état. Il dépoussière les souvenirs de ce mois de février 1981 qui l’a fait entrer dans l’histoire. On évoque souvent le Jurassien Patrice Bailly-Salins, lauréat de la coupe du monde 1994 et champion du monde de sprint 1995, comme pionnier, mais c’est le Vosgien qui a offert au biathlon français sa première récompense internationale. Le 14 février, cela fera quarante ans, jour pour jour, qu’il est monté sur la troisième marche du podium du sprint des Mondiaux de Lahti. « En général, je tirais 20, 30 ou 40 cartouches par jour à l’entraînement. Aux championnats du monde, j’ai tiré 70 cartouches. C’était la veille de ma médaille », explique le Vosgien en se replongeant dans ses archives. Yvon Mougel n’a rien oublié de ce 14 février 1981 qui l’a fait entrer dans l’histoire du biathlon français et a précieusement conservé de nombreux souvenirs de l’époque.

b NORDIC MAGAZINE

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LE RÉCIT

Yvon Mougel, 40 ans après

Premier médaillé mondial du biathlon français, à Lahti en 1981, le Vosgien Yvon Mougel n’a rien oublié du jour où il est entré dans l’histoire de son sport.

Yvon Mougel était frustré par sa 31e place sur l’individuel 20 km. « Je m’étais raté au fartage et au tir avec quatre erreurs. Pour le sprint, il fallait que je sache quoi faire exactement. J’ai vidé je ne sais plus combien de chargeurs. Daniel Claudon, l’entraîneur de l’équipe de France, me disait d’arrêter. J’ai répété jusqu’à ce que mon schéma soit parfait. Je faisais le tour du stade et je tirais… » Le jour de la course, Yvon Mougel porte le dossard n° 48. Le Finlandais Heikki Ikola, champion du monde du 20 km deux jours plus tôt, a le n° 47. « Après le couché, je l’aperçois juste devant moi. J’ai pensé qu’il avait raté son tir. Je me suis placé derrière lui avant de le doubler. Je me suis mis minable, mais j’y ai pris plaisir. Rien que d’en parler, j’en ai encore des frissons! Quand tu doubles le champion du monde et que tu sens que tu peux aller plus vite… » Installé au tir debout, Yvon Mougel voit un juge lui faire signe. « Mon ski dépassait d’une bande rouge en bois. Je n’avais pas fait attention. J’ai reculé, je me suis mis dans mon tir et j’ai abattu toutes les cibles. À la sortie, j’ai vu le panneau lumineux avec Mougel tout en haut! Je ne vous raconte pas mes jambes. J’ai fait mon dernier tour sans aucun autre renseignement. » Méticuleux au tir, le Vosgien l’était aussi sur les skis: « Dans le stade d’arrivée, il y avait une épingle à cheveux. J’ai pris soin de passer correctement en glissant. » Kjell Soebak n’aura pas cette présence d’esprit. « Il a viré comme un Norvégien: un grand dérapage et il s’est arrêté. » À Yvon Mougel la médaille de bronze et Un exploit relaté dans la presse locale.

b COLLECTION PERSONNELLE YVON MOUGEL

au Scandinave la quatrième place, huit dixièmes derrière… Ses cahiers sont intacts mais Yvon Mougel n’a plus que la moitié de ce fameux dossard 48. « L’autre moitié, je l’ai offerte à Daniel Claudon. Il a beaucoup œuvré pour le développement du biathlon en France. Il avait terminé quatrième des Mondiaux 1971 et n’avait pas eu la chance d’obtenir cette première médaille mondiale du biathlon français. La moitié de mon dossard lui revenait. »

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