NOWPLAYING Le dernier blues d’ETTA FREDDIE GIBBS ALEX WINSTON
A$AP ROCKY
EMELI SANDÉ ALABAMA SHAKES JUVENILES
N°5 FEVRIER/MARS
TRKT B S La musique avant tout
NP
SOMMAIRE 2. 3. 4. 10. 11. 13. 14. 16. 17. 18.
19. 20. 25.
Edito Le dernier blues d’ETTA...
INTERVIEW
SAYEM
Chronique Le Peuple De L’herbe Interview SOKO Chronique SPEECH DEBELLE
RAP INDÉ le bilan de santé SBTRKT la musique avant tout
DOSSI ER
EN 2012, ILS SERONT LÀ !
Clin d’oeil à 2 géants : QUINCY JONES & HERBIE HANCOCK
Chronique ROCKIN SQUAT Chronique GANGRENE Coup de coeur et agenda
Direction de rédaction : Wadji Boukari Rédacteurs : Stéphane Morisset, Stephan Fabre, Francine Pipien, Emilie Fleutot, Wadji Boukari Graphisme et conception : Stéphanie Archimède, Wadji Boukari Photos SBTRKT Couverture : Dan Wilton Article : Félix Réginent Merci à Jean-Philippe Aline, Audrey Vauvillier, Michele Marcolungo, Florence Kovalevsky, Juveniles, Maxim Robin, Lucie Chérubin, Emilie Butel
NP
EDITO
Chaque année qui s’achève on retrouve la même routine, les mêmes rétrospectives. On pense aux belles découvertes dénichées, aux belles rencontres, mais aussi aux décevantes. Ayant toujours eu du mal avec les classements, je n'ai jamais pu faire de hiérarchisation. Puis on embrasse la nouvelle année avec espoir. Serait-ce enfin l'année du comeback de D'angelo ? Il semblerait bien que oui. L'année de sortie de Detox? Rien n'est moins sûr. Ou alors celle ou l'on saura enfin qui a tué Tupac etBiggie, ou l'eurodance sera juste un vague souvenir ? Blur va t'il sortir un album ? Quel sera le nouveau projet de Damon Albarn ? Tant de questions qui font que l'on se réjouit de l’arrivée de 2012, comme on se réjouit d'un lever de soleil avec toutes les belles promesses qu'il annonce. Les belles promesses ici sont ces nouveaux artistes qui ont pointé le bout de leur nez en 2011 et qui s'affirmeront peutêtre en 2012. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.
Par Wadji B.
A T T E D’
LE DERNIER BLUES
A l'annonce du décès d'Etta James des suites de sa leucémie, il y a 6 heures
de cela la chronique de ce que j'appelerais son testament musical était terminée, bouclée et rendue. Seulement, je ne pouvais me résoudre à clore ce chapitre comme cela, je me devais de parler de mon "Etta". Aucune artiste ne m'influencera, ne me touchera comme l'a fait Jamesetta Hawkins. Ce petit bout de femme au look atypique aura marque au fer rouge son passage dans mon éducation musicale, m'aura bercé dans mes désillusions amoureuses. En 40 ans de carrière Etta James a chanté l'amour sous toutes ces formes. Certains diront que tout le monde chante l'amour, mais non, personne n'a jamais chanté l'amour comme Etta avec cette voix incarnant la douleur, les peines mais aussi parfois la colère.
prouvé qu'en matière de reprises elle est l'une des meilleures, de ces reprises de Ray Charles à celle de R.Kelly (« I Believe I Can Fly »), tout comme avec la 3ème reprise que l'on retrouve sur cet album « Cigarettes & Coffee » d'Otis Redding. Même si la voix d'Etta se veut plus fatiguée du fait de la maladie, le poignant « Misty Blue » vous rappellera la grandeur de « I'd Rather Go Blind » dans sa tristesse et sa sincérité.
Chanteuse, idole, icône, inspiration, Etta
James a en 40 ans de carrière montré la voie, guidé des genérations de chanteuses. C'est mon père qui m'a transmis le gout du blues, l'amour d'Etta. A l'heure où j'ecris ces lignes je ne sais pas si il a appris son décès, je ne sais pas si je serais celle qui la lui annoncera, mais je sais déjà ce qu'il dira " Une grande dame. On en refera plus des comme ça".
The Dreamer a cet amer arrière goût Au revoir miss Etta et merci pour de lettre d'adieu. On y retrouve 11 titres, 11 tout.
au revoir. « I'm going, Oh Lord... I'm gone... I only learned to regret ». On le savait déjà la musique d'Etta James est triste, sa musique vient du Blues, vient des maux. Et même si on retrouve avec surprise une reprise des Guns N Roses, « Welcome To The Jungle » et de « Boondocks » des Little Big Town, l’atmosphère de ce qui se veut être ses dernières volontés musicales demeure triste. Le long de sa carrière, elle nous aura
Par Wadji B.
The Dreamer (Universal Music Jazz)
Sortie le 13 Février 2012
NP
Interview
M E Y SA
Lorsque l’on se rend à un de ses shows, c’est à ne pas douter que 2012 sera pour Sayem l’année de la consécration. Artiste passionné, du haut de ses 31 ans ce toulousain émigré à Paris sait d’où il vient, et où il va. Son second album A City Gone Mad w/ Fever est sorti en octobre 2011. Doté d’une passion dévorante, la musique est sa vie, et il pourrait vous en parler pendant des heures entières. Heureusement, Now Playing Magazine l’a rencontré pour vous et a fait le tri dans son flot de paroles à l’accent du Sud.
Emma Ledoyen
Tu peux nous parler de ton parcours musical ?
J’ai quitté Toulouse pour Paris il y a 6 ans, pour faire le premier album, Phonogénique, sorti en 2007. J'ai eu une éducation très ouverte à la musique, notamment au rock par mon père : à chaque Noël j’avais toujours un livre et un CD de son choix. A l'adolescence je me suis tourné vers le hip-hop. J'y suis entré par l'intermédiaire de la Scratch Music, notamment DJ Premier et GangStarr. C'est le DJing qui m'a vraiment amené à la musique. A force de scratcher et de faire mal à la tête à mes parents, vers 16 ans j'ai acheté une deuxième platine pour commencer à mixer du rap. Je me intéressé de plus en plus à la culture rap et à ses codes. J'ai essayé de danser j'étais mauvais... J'ai essayé de rapper mais j'étais très mauvais ! Il me restait le DJing et les graffitis. Les graffitis j'en ai fait un peu mais j'ai vu que je pouvais vite aller en prison ! Du coup je suis resté sur la musique en produisant un peu de hip-hop. Cette révélation me vient de groupes qui m'ont
Emma Ledoyen
NP donné envie de composer, fin 1992-93 : Portishead, Massive Attack, DJ Shadow... L'album Endtroducing de ce dernier m'a ouvert les yeux sur le abstract hip-hop : on n'était plus obligé d'avoir des rappeurs, on pouvait faire du hip-hop à partir de samples. Progressivement j'ai eu envie d'aller vers la composition pure, et je me suis intéressé à la culture instrumentale par l'intermédiaire de vieux synthétiseurs analogiques. J'étais très attiré par les gros synthés en bois avec des boutons. Et petit à petit j'ai composé...
Si demain tu ne devais écouter que trois albums pour le restant de tes jours, lesquels seraient-ce ? Endtroducing de DJ Shadow est le premier album qui m'a mis une gifle. Communication des Beastie Boys qui est un album phare. Et un album dans un autre style qui m'a aussi mis une gifle : Before the Dawn Heals Us de M83.
Tu as eu les mêmes influences sur ton premier album que sur A City Gone Mad w/ Fever ?
Sayem
BD. C'est un projet qui va audelà du concept musical non ? Le but ce n'est pas de gagner de l'argent, l'édition avec la BD n'est pas beaucoup plus chère que l'album seul. Notre génération a grandi avec la cassette, la fin du vinyle, et surtout le CD. On faisait partie d'une génération sans internet, qui aimait les artistes. Dès qu'un album était annoncé il nous tardait d'aller l'acheter dans un magasin. J'avais l'émerveillement de déballer le CD, d'enlever tout de suite la pochette et de la feuilleter. J'ai toujours été déçu des artistes qui ne se sont jamais appliqués pour les livrets. J'ai 31 ans et dans ma génération, on aime l'objet. J'ai voulu faire quelque chose de beau, d'esthétique. Pas un simple CD. La BD donne vie à l'univers musical que j'ai créé, comme un film et sa bande originale. C'est plus intéressant pour les personnes qui écoutent mon album d'entrer dans mon univers par ce biais, pour mieux me connaître.
La BD s'est créée après ton album, ou au fur et à mesure ?
C'est plus compliqué que ça. C'est un projet qui s'est fait sur trois ans et qui a eu le temps de vivre auprès de beaucoup d'incertitudes, et de mûrir. A la base c’est un scénario que j'ai écrit, un papier Pas du tout. Le premier a été fait sous les in- qui m'aidait à composer. Tout ce que j'y ai décrit fluences que je viens de citer, et de façon très m'est arrivé ensuite dans la vie, comme une sorte spontanée. C’était un recueil un peu maladroit de de malédiction. Je me suis dit « il s'est passé un mes meilleurs morceaux, un peu naïf mais à mon truc » et j'ai eu envie de le mettre en images. J'en image. Le second est à l'opposé : je n'ai eu aucune ai parlé à Artus de Lavilléon et on a décidé de référence musicale, autre que deux compositeurs faire une BD. Il était censé mettre en images les 11 : Giorgio Moroder et Ennio Morricone. Je voulais histoires que j'avais écrites, avec les 11 personquelque chose d‘épique, onirique, et en même nages qui correspondent aux 11 morceaux. Mais il temps Série B. Je me suis aussi beaucoup inté- s'est en fait servi des deux années où nous avons ressé au cinéma et à certaines œuvres de littéra- travaillé ensemble, pour y mettre toute ma vie inture. Je suis rentré dans une bulle pour ne pas time. C'est pour ça que le personnage central de la être influencé par quoi que ce soit, et paradoxa- BD c'est moi, mais c'est une allégorie, ça pourrait lement aujourd'hui on me compare à beaucoup être n'importe qui. « You are Sayem » vient de là. Sayem c'est moi, mais c'est aussi vous, c'est eux. de références...
Justement, on a beaucoup com- D'où te vient ce pseudo ? paré ton univers à celui de Sin City. Un univers très comics, car De mon enfance, à un âge où j'étais toujours dans avec ton album il y a aussi une les étoiles. Je m'étais inventé un monde magique,
Sayem
la nuit, où Sayem était mon super héros. C’est une thématique récurrente chez moi, sans le vouloir. Je ne voulais pas faire quelque chose sur les super héros, c'est venu naturellement. C'est un projet de trois ans, il a muri et n'est plus tout à fait ce que j'imaginais au début. Il a évolué naturellement et est revenu aux bases, à mes bases.
Comment as-tu connu les personnes qui collaborent avec toi sur cet album et sur scène ? J'avais besoin de quelqu'un avec une voix qu'on pourrait retrouver sur plusieurs titres. Je ne savais pas si je voulais une voix masculine ou féminine, et une amie m'a présenté Flavia, une italienne qui a un accent à couper au couteau. Elle avait une énergie incroyable, alors je lui ai fait faire un test en studio et elle m'a séduite. Elle est le fil conducteur de l'album, c'est elle qu'on entend le plus souvent. J'ai rencontré le regretté DJ Mehdi il y a quelques années pour qu'il fasse mon premier album. Il m'a présenté Jeff Dominguez, qui m'a lui-même présenté DSL. On était amis avant le featuring : je les aime, avec eux il y a quelque chose qui passe. J'ai découvert Le Prince Miiaou pour mon précédent album. Je cherchais ce genre de voix, un peu stellaire, lyrique. Je suis entré en contact avec elle, ça m'amusait de l'amener dans un coté moins rock. Cet album a été fait d'une façon très simple, sur des coups de cœur, sans jamais parler d'argent ou de stratégie. J'en suis très fier.
Tu as aussi fait des musiques de publicité, comment ça s'est passé ? Nokia, en 2006, c'est une histoire de hasard et de chance. Avant mon premier album j'ai fait un maxi chroniqué dans les Inrocks mais qui n'est jamais sorti. J'ai envoyé la chronique et le maxi aux labels, attachés de presse, boîtes de pub, etc. La réalisatrice de la publicité Nokia mangeait chez
une amie. Dans la soirée elle met le CD et aime un des morceaux du maxi. Elle m'appelle et me dit qu'elle est Américaine, et travaille sur un projet de pub pour Nokia Monde. Elle m’explique que c'est mort pour moi pour cette publicité car je serai en compétition avec DJ Shadow et les Chemical Brothers, mais que je peux quand même faire des essais et travailler plus tard sur un autre projet. Au final, au bout de deux mois, c'est moi qui ai remporté le droit de faire cette publicité ! C'était dingue. Je n'avais pas un sou, c'était une publicité mondiale, sans voix off... c'était totalement fou ! En plus, le clip est magnifique, j’ai eu beaucoup de chance. Pour la Coupe du Monde de Rugby, en 2007, c’était la suite de ça. Qu’un inconnu fasse une publicité Nokia Monde, ça a bluffé beaucoup de personnes et mon téléphone n’a pas arrêté de sonner.
Ça t’a aidé à te faire connaître et reconnaître ? Oui mais ça dévoile aussi beaucoup d’hypocrisie. Les gens qui ne voulaient pas me recevoir auparavant m’ont appelé avec des excuses mirobolantes, et ont voulu travailler avec moi… Mais je pense qu’on finit toujours par y arriver. Ceux qui n’y arrivent pas, ce sont ceux qui perdent pied et arrêtent trop tôt. Aujourd’hui je vis de ma musique, mais comme un smicard. C’est un choix de vie. Il faut savoir ce qu’on aime, et pour moi ça a été très simple : j’aime faire de la musique, dormir et me lever quand j’en ai envie !
Quelle est ta devise ?
J’ai deux valeurs : l’imagination et la prise de risque. Et j’aime dire à mes amis : « force et honneur » ! Propos recueillis par Emilie F.
A City Gone Mad w/ Fever (Disque Primeur/EMI) Disponible
Emilie Fleutot
NP
Julie Allard - Artus
NP LE PEUPLE DE L’HER BE Chronique
On ne dirait pas comme ça mais avec A Matter of Time, le Peuple de
Le premier morceau porte bien son nom, « New Day », puisque chaque album du
Peuple de l’Herbe est une nouvelle découverte et celui-ci ne déroge pas à la règle. Cette troupe de touche-à-tout a cette capacité de se réinventer, de rechercher (et trouver !) des sonorités nouvelles à chaque fois, tout en conservant leur identité musicale à base de cuivres jazzys, de sampling en tout genre, programmations électroniques,… Les instrumentaux toujours très cinématographiques, illustrés par « Moustache », « Not A Test » et le final « 19… », demeurent leur grande spécialité.
Les musiciens s’amusent comme des petits fous à mélanger les genres musicaux sans aucun complexe, et plus encore sur ce disque qui cette fois tente l’expérience du rap français (« Parler le fracas ») et de la funk, matérialisée par la basse électronique de « Mothership » et le groove très pop de « Mars ». Même le rastaman Sir Jean, devenu
membre permanent du groupe, se convertit un temps à la soul électrique sur « Let Us Play ». C’est tellement bien réussi que c’en est démentiel. Quelques minutes plus tard on le retrouve sur le riddim survolté de « Jasmin in the Air ». Le MC et beatboxer anglais JC 001, reconnaissable à sa voix unique de robot, grave et nasillarde, est lui aussi dans la place. Ses performances diffèrent d’un titre à un autre, entre rap pour « Number » et « Mothership », et spoken-word sur « A Matter of Time ».
Puis comme ils le font traditionnellement, cette petite phrase de fin bien sympa-
thique clôture l’écoute de cet album absolument génial, bigrement efficace et – incroyable mais vrai – très accessible. Par Stéphane M
A Matter of Time
(Discograph) Sortie le 16 Janvier 2012
Gilles Garrigos
l’Herbe en est déjà à leur sixième album. La formation lyonnaise, révélée en 2000 avec le désormais culte « PH Theme », poursuivent leur exploration de la musique urbaine pour notre plus grand plaisir.
Soko
NP
Interview
SOKO Révélée en 2007 à la grande époque de Myspace, Stéphanie Alexandra Mina Sokolinski plus connue sous le nom de Soko sort son premier album. Univers mélancolique. Mais Soko n'est pas qu'une chanteuse, elle est aussi actrice (nommée en 2010 pour le César du meilleur espoir féminin). A l'aube de la sortie de son premier albm, la jeune artiste se confie à Now Playing Magazine… sans langue de bois.
Alors Soko si tu devais te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas. Humm. Salut je m’appelle Soko (Rires)
Mais encore ?
(Rires) Ben non je sais pas.
Tu as commencé à faire parler de toi en 2007 avec MySpace. Tu as eu plein d’écoutes à l’époque. Après tu es parti aux États-Unis. Comment ça se passe pour toi l’aventure américaine ? Et ben super ! J’adore vivre à Los Angeles et il fait beau tous les jours c’est trop cool. (Rires)
En 2010 t’as fait SXSW Festival à Austin au Texas. C’était bien ? Ouai c’était mortel. J’avais genre sept concerts par jour. C’était la course.
Et là niveau festival en France ? Euh j’avais fait euh… putain j’ai une mémoire de merde. Mais je crois que j’avais fait le Printemps de Bourges, les Eurockéennes.
Avant d’être chanteuse tu as Si tu devais comparer les festijoué dans plusieurs films. Com- vals américains et les festivals français ? ment t’es venu cette passion ? Depuis que je suis petite je voulais raconter des histoires. Et du coup j’ai voulu faire des films, mais après je me suis rendu compte que je me sentais pas du tout comédienne. Alors j’ai voulu faire de la musique et écrire des histoires.
Et la transition était assez facile pour être chanteuse ?
Euh je me sens pas du tout chanteuse, mais si tu veux je fais de la musique quoi. Enfin je fais tout, je fais pas que chanter. Pour moi une chanteuse, c’est genre la Star Ac et ça pue du cul !
D’accord. Ok ça s’est dit. (Rires)
Ca n’a rien à voir. SXSW c’est un truc ou tu fais sept concerts par jour dans des petits bars. C’est pas un festival comme ici. C’est dans une ville en fait. Mais pour moi c’est plus facile de jouer en dehors de la France, parce que j’adore parler entre les chansons et que je déteste parler français car mes chansons sont en anglais et j’ai l’impression de mentir et de déconnecter complètement. Et j’ai l’impression qu’au moins dans les autres pays… les pays anglophones, au moins les gens comprennent ce que je raconte dans mes chansons.
Ton premier album sort en France. Comment tu le décrirais ? Complètement dépressif !
NP
Soko
C’est ce que j’allais dire. Moi personnellement j’adore les chansons tristes donc ça me va totalement. Oui moi aussi j’écoute que ça.
Donc tu fais partie de ce qui puise l’inspiration dans la douleur, dans la tristesse ?
Donc quelles sont tes plus grandes influences ?
Je sais pas. Je n'ai pas un truc qui influence ma musique ou genre ça sonne comme ça. Enfin j’ai pas l’impression mais peut être que je me trompe. Mais je dirais plus genre des singersongwriter des sixties.
Les Beatles ?
Euh non. Enfin oui j’adore les Beatles, mais plus genre Karen Dalton, John Baez….
Quel serait ton duo de rêve ?
J’ai été assez chanceuse et j’ai rencontré pas mal de mes idoles. J’avais envie de faire de la musique avec Euros Child et j’en ai fait. J’avais envie de faire de la musique avec Daniel Johnston et j’ai fait ses premières parties et des duos sur scène avec lui. Et je crois que des gens vivants, j’aimerais bien bosser avec Kurt Vile.
En quoi la Soko de 2011 est différente de la Soko de 2007 ?
Ben c’est genre avant je ne savais pas marcher, maintenant je sais courir.
C'est-à-dire musicalement parlant ? Ça veut dire qu’avant je ne savais jouer d’aucun instrument et que ce que j’écrivais c’était de la
merde. Et que maintenant tout est vrai et tout est … pas genre réfléchi mais c’est ce que je veux faire. Avant je ne savais pas. Avant je ne savais pas tenir ma guitare toute seule quoi, et maintenant je joue de tous les instruments que j’ai envie de jouer et j’enregistre toute seule.
Pour écrire comment ça se passe ? Je me force jamais à écrire et ça vient tout seul. Plutôt dans des nuits d’insomnie très très tard. Ou plutôt très très tôt le matin. (Rires)
Et tous tes titres sont assez personnels ? Oui
Donc t’es quelqu’un de triste ? Oui. Aussi !
C’est triste de dire ça quand même. Ben non. (Rires) C’est la vérité.
Où tu te vois d’ici la fin de l’année? D’ici la fin de l’année, je serais en tournage en Allemagne de l’est.
Es-ce que tu crains le moment où il faudra choisir entre la comédie et la musique ?
Soko
Euh non non. Moi j’écoute plein de trucs pas que tristes. Genre j’adore Talking Heads, ça n'a rien de triste. Ou Violent Femmes, les trucs comme ça.
Pas du tout. Là c’était presque le cas, mais en fait je sais très bien faire les deux j’ai l’impression. Enfin j’espère que je vais y arriver.
Qu’est-ce que tu répondrais à ce qui te disent que t’es française Il y aura pas plus d’obligations et tu chantes en anglais ? d’un côté ou de l’autre ? Je me fais engueuler tous les jours des deux côtés en fait. Par les films et mon label qui me disent l’un et l’autre que je n'ai pas assez de temps . Mais ce n’est pas grave.
Donc tu n'auras pas le temps de faire beaucoup de tournée pour promouvoir l’album ? Si ! Dès que je finis mes films. Je finis fin janvier et après je veux être qu’en tournée.
Si tu devais décrire l’atmosphère de l’album sur une peinture, qu’est-ce que tu peindrais ?
Alors là. J’ai aucun talent artistique pour ce genre de truc. Mais genre un coucher de soleil hyper dramatique.
Avec des nuages derrière ?
Mais je répondrais « qu’est-ce qu’on en a foutre ? ». T’habites sur terre, on habite tous sur terre. Pourquoi, parce qu’on est en France, on doit vivre en France, on doit être chauvin ? Tu vois ? Pour moi il y a pas de frontière, pas de pays et il ne devrait pas il y avoir de langues. On devrait tous se comprendre et on devrait tous pouvoir parler la langue qu’on veut et habiter où on veut, sans avoir besoin de visa, de conneries comme ça. Voilà. Ça me parait complètement aberrant en fait. Je n'habite pas ici. Enfin on s’en fout quoi. Alors maintenant c'est snob de ne pas habiter en France alors que t’es français. Enfin tu vois c’est genre. Faut arrêter quoi. Pourquoi on n’a pas le droit de choisir le pays qu’on aime et on peut pas vivre là-bas et parler cette langue sans qu’on te fasse chier ?
Ta devise dans la vie qu’est-ce que c’est ?
« In it to win it » ça veut dire « quand j’y vais, j’y vais pour gagner ». Propos recueillis par Wadji B. Oui avec plein de nuages. Quand même rose mais avec plein de nuages.
De la scène musicale française tu écoutes quoi ?
De maintenant rien du tout. Absolument rien. Et d’avant, j’adore Brigitte Bardot, j’adore Gainsbourg, Jacques Dutronc et voilà.
I Thought I Was An Alien (Because Music)
Disponible le 20 Février 2012 En concert à Paris au Café de la Danse le 5 Mars
NP
B E D H SPEEC Chronique
BELLE
Dans le précédent numéro de Now Playing,
nous avions consacré – vous vous en rappelez - un dossier spécial sur la musique qui nous venait du Pays de Sa Majesté. Et plus spécialement dans l’article qui parlait de la scène hip-hop UK, j’avais évoqué le label Big Dada qui fête cette nouvelle année ses quinze années d’existence. Parmi leur impressionnant catalogue d’artistes figure une seule représentante féminine, répondant au blase explicite de Speech Debelle. Peu connue dans nos contrées, cette rappeuse gagnante d’un Mercury Prize pour son premier opus Speech Therapy en 2009 reprend la parole avec Freedom of Speech. Tendez bien l’oreille !
Ça n’a pas l’air d’être une particularité mais il ne faut vous attendre à un album de grime ou des sonorités dubstep très tendance. Entièrement produit par Kwes, ce second album
de Speech Debelle s’aventure vers la musique abstract/trip hop (« Angel Wings », « Elephant », « Sun Dog ») et le rock (« X Marks the Spot », « The Problem », « Collapse »), où son flow s’allie très bien avec l’humeur très spleen des instrumentaux, voguant sur les mélodies de piano, violons atmosphériques et guitares électriques.
Cette b-girl garde tout même un style de rap typiquement british, avec quelques fins accents reggae dans sa diction et la musicalité de certains titres (« Shawshank » en particulier). Speech Debelle se définit comme une véritable MC en démontrant qu’elle maîtrise parfaitement les bases en matière de Hip Hop, en attaquant cet album avec « Studio Backpack Rap » et « I Live for the Message ». Elle se défend avec un style d’écriture assez original, très inspiré de la vie qu’elle a vécu et de ses idoles Notorious BIG ou encore Kanye West dont elle reprend parfois des rimes célèbres sous forme de clins d’œil. En option sur Freedom of Speech, Realism et le vétéran Roots Manuva viennent épauler la rappeuse sur « Blaze It Up ». Un argument de plus pour vous convaincre que Speech Debelle mérite toute notre attention, elle nous la retient bien. Par Stéphane M.
Freedom of Speech (Big Dada Recordings) Sortie le 13 Février 2012
E D N I P RA BIL AN E T N A S E D Dans les années 90 et au début des années 2000, le rap américain se divisait en deux grandes catégories : il y avait ce qu’on appelait communément le rap dit ‘mainstream’, synonyme de commercial, succès en major, et le rap underground, qu’on assimilait à du rap hardcore et/ou indépendant, c’est-à-dire qui concernait les artistes non signés en maison de disque. Dans ce contexte de crise de l’industrie musicale, la situation s’est comme inversée durant la dernière décennie en faveur du hip-hop indé, avec pour effet secondaire de contribuer au renouvellement du genre.
La fin de l’âge de platine
Ceci est la conséquence d’un long processus entamé depuis le milieu des années 2000, quand les grandes maisons de disque ont progressivement fermé leurs portes aux rappeurs. Valeurs sûres comme jeunes talents se sont retrouvés nombreux rétrogradés au statut d’indépendant parce que leur contrat d’artiste en major a cessé ou été rompu, pour tout un tas de motifs plus ou moins valables. Certains poids lourds (Snoop Dogg, Raekwon, Ice Cube, Fat Joe…) ont fait de la résistance pour contracter un deal de distribution avec des filiales d’EMI, Universal ou Sony pour prolonger leur carrière, et ce via leurs propres labels (Doggystyle, Terror Squad, Lench Mob…). Dans l’alternative, des structures indépendantes, Babygrande et Koch Records notamment (renommé E1 Entertainment), en ont profité pour grossir leurs catalogues en accueillant ces rapstars déchues, pour ne pas dire à la rue, parmi
plein d’autres artistes déjà très actifs dans le milieu indé. C’était tout de même triste de voir bon nombre de rappeurs subissant la fébrilité des majors contraints de revoir leurs objectifs de carrière à la baisse, mais s’ils voulaient publier d’autres albums, ils n’avaient pas d’autres choix que de se battre dans la catégorie inférieure. Un exemple parlant : Xzibit, pourtant une figure connue du rap et de la télé (il animait Pimp My Ride sur MTV). Son dernier album Full Circle publié en 2006 chez Koch Records a connu de faibles ventes et des critiques mitigées, alors que cinq ans auparavant Restless avait rencontré un énorme succès.
Thank God for Indie Hip Hop
À une période où le mouvement hip hop allait vraiment mal, vous savez quand on disait un peu partout qu’il était mort, le salut est venu de ces petits labels indépendants à la réputation solide qui cumulaient plusieurs années d’ancienneté. Rhymesayers Entertainment (co-fondé par le groupe Atmosphere), Def Jux, Babygrande, Fat Beats, Decon Records et deux en particulier, Stones Throw et Duck Down Records, ont vu leur influence croître sensiblement. Et je ne parle pas non plus des labels anglais Ninja Tune et BBE Records… Duck Down Records, label hip-hop new-yorkais créé en 95 par Buckshot et caserne du Boot Camp Clik, a œuvré – à son échelle – au sauvetage de la musique rap en signant à tour de bras des dinosaures vivants comme B-Real, le leader des Cypress Hill, et KRS-One, ou alors Black Rob, Pharoahe Monch, mais aussi de jeunes recrues comme les Kidz in the Hall, Skyzoo et dernièrement le néo-zélandais David Dallas. Le tampon Stones Throw quant à lui est un gage de qualité depuis quinze ans maintenant. Pas seulement la structure californienne abrite le génial producteur Madlib, son fondateur Peanut Butter Wolf n’arrête pas de dénicher des talents (M.E.D., Guilty Simpson, Dam-Funk, Arabian Prince,...). Le succès international de leur rappeur-chanteur Aloe Blacc avec « I Need A Dollar » a vraiment quelque chose de réjouissant (Good Things est disque d’or en France) car il permet à Stones Throw d’enfin connaître la renommée qu’elle mérite. On peut également citer en exemple Rhymesayers qui a relancé les carrières de Freeway (ex-Roc A Fella) et Evidence, tout en offrant à Brother Ali le succès qu’il mérite.
Hip Hop 2.0
Comme chacun sait, l’indépendance a ses avantages (meilleure rémunération des auteurs, plus de liberté artistique) comme ses inconvénients (petits budgets, moins de promotions et de passages télé/radio, scores de ventes modestes). Mais la diffusion de musique n’est plus un problème depuis que les rappeurs ont pris possession des
internets. En postant leurs clips sur les sites de streaming (type YouTube, Vimeo…), ou en participant sur les réseaux sociaux, ils contournent les médias traditionnels pour grossir leur audience. Chuck D des Public Enemy a d’ailleurs été l’un des premiers artistes hip hop à parier sur le Net (façon de parler). Avant que Steve Jobs ne lance l’iTunes Music Store, il avait mis sur pied une plateforme de téléchargement très simple pour diffuser sa musique. Maintenant il est devenu normal que des rappeurs comme Blu et Tyler the Creator utilisent la plateforme Bandcamp, Twitter et tumblr pour véhiculer leurs œuvres. Les mentalités ont aussi évolué. De nos jours, même si le mot ‘underground’ correspond encore à un état d’esprit très street, il sonne désuet à cause de sa connotation old-school, rattaché à une époque révolue à laquelle s’attache encore beaucoup de puristes. Dans le genre, des groupes underground comme les Jedi Mind Tricks demeurent tout de même incontournables. Mais petit à petit une autre appellation est apparue. Comme pour le rock et la pop, le hip-hop a eu légitimement droit à son appellation ‘indie’. Ça fait plus branché pour parler des Odd Future, MF Doom, Murs, Phonte, Tech N9ne, Atmosphere, Blu, Termanology, les Cunninlynguists… Mais le hip hop indie c’est bien plus que ça, on parle concrètement d’un plateau de musique rap très diversifié où la créativité et la liberté d’expression priment sur les aspects commerciaux inhérentes aux sorties en major. Quand on s’aperçoit l’an passé de l’engouement autour de Tyler the Creator, Saigon, Evidence ou mieux encore Mac Miller, qui a véritablement battu un record avec plus de 150 000 copies vendues en indépendant de Blue Slide Park la semaine de démarrage (soit autant que Wale, Common, Yelawolf et même The Game), il n’y a pas de doute que le rap indé a les moyens de d’offrir un futur plus optimiste au mouvement hip-hop. Par Stéphane M.
NP
T K R SBT Interview
Aucune voyelle, six consonnes, un masque, une batterie et une musicalité bien à lui. Voici ce avec quoi SBTRKT a conquis le monde en 2011. Son album éponyme lui a valu de nombreuses récompenses et une reconnaisse internationale. Celui qui porte un masque pour laisser avant tout parler la musique a réussi son pari. Le producteur anglais était parti pour sortir un des albums de l'été 2011 et il a sorti l'un des albums de l'année. Là où sa production rencontre les voix uniques de Yukimi Nagano, Jessie Ware ou encore son acolyte Sampha, on retrouve une palette de genres divers et variés que se marient harmonieusement. Entretien avec (sûrement) le producteur de l'année 2011.
Tout d'abord, le plus évident. Tu portes toujours un masque. A quel point est-ce important pour toi de rester anonyme ?
Felix Reginent
Il ne s'agit pas totalement d'être anonyme pour moi. J'ai commencé à envoyer simplement la musique sans avoir une grande biographie ou une histoire à raconter aux gens. Je voulais que la musique parle d'elle-même et laisser les gens décider s'ils voulaient en écouter plus ou le partager avec les autres. Pour moi, le fait d'avoir un nom d'artiste autre que le vôtre fait que la musique soit la chose dont on parle le plus. Et non moi parlant de musique. Le masque était tout simplement une autre façon de gérer une image qui va de pair avec la musique, mais de garder aussi un certain niveau d'anonymat lors des lives.
Sur l'album, on peut entendre Sampha, Yukimi Nagano et Jessie Ware. Pourquoi ces trois-là et quel était le processus de création de ces chansons ? Je suis naturellement toujours à la recherche d'artistes chanteurs pour collaborer avec. J'ai souvent
SBTRKT
une vision de la façon de dépeindre mes idées d'instrumentation avec un lyrisme mélodique mais je n'ai jamais eu cette capacité poétique à écrire sur des choses, j'arrive plus à dépeindre mélodieusement quelque chose à travers la musique. Je sens que tous les chanteurs avec qui j'ai travaillé ont une certaine identité unique et quelque chose de différent des autres chanteurs / artistes. Je suis tombé sur Sampha parce qu'il a joué une piste vocale sur laquelle il avait travaillé en une seule journée. Et j'ai été vraiment impressionné par son style, les tonalités et le rendu. Pour Little Dragon, je suis juste un grand fan de leur musique, albums et leurs lives. Et je savais que travailler avec Yukimi et qu'elle chanter sur un titre allait apporter quelque chose de différent. Jessie Ware avait collaboré avec moi sur un autre titre, appelé "Nervous" et naturellement elle s'est vraiment bien adaptée en essayant de chanter dans un style et une tonalité différents sur les titres où elle figure sur l'album.
Tu mixes depuis que tu as 10/11 ans. Ça fait combien de temps que tu joues de la batterie et produis? J'ai appris moi-même à jouer de la batterie au même âge environ. J'ai commencé à mixer plus vers 14/15 ans mais je collectionnais et investissais déjà dans les vinyles bien avant. J'ai commencé à produire vers 18/19 ans quand j'ai appris comment utiliser un séquenceur. Je n'ai pas d'amis qui en ont utilisé donc j'ai le plus appris par des magazines techniques.
On a souvent essayé de mettre une étiquette sur ta musique, du R&B électro au dubstep funky. Comment la décrirais-tu ? Je n'ai pas de genre particulier, de case car de toute évidence elle ne rentre dans aucune. J'aime écouter de la musique très disparate. Mais je pense que les principaux éléments récurrents sont les synthés électroniques et la soul. Je recherche une production inspirée ou de la soul dans tous les styles de musique que j'essaie de faire, voire la musique que j'écoute aussi.
Si tu ne devais la décrire qu'avec
des adjectifs ?
Légère, sombre, visuelle, lumineuse.
Il y'a de plus en plus d'artistes difficiles à catégoriser surtout venant de Grande Bretagne tel que toi James Blake ou Jamie Woon par exemple. Mais dès qu'on arrive pas à vraiment caser la musique dans un genre on lui attribue toujours la case "dubstep" ... Principalement parce que les artistes qui émergent maintenant ont un rapport avec cette scène. Ce sont les formules les plus évidentes de l'évolution du dubstep maintenant que cette scène au royaume uni et dans d'autres endroits est ouverte à tous ces différents artistes faisant des sons différents. Tous ces petits bouts qu'apporte chaque artiste en jouant leurs propres sons. Les artistes comme ceux dont tu parles sont tous venus d'horizons différents avant d'arriver au dubstep et qui évolueront vers d'autres après, donc naturellement on peut retrouver l'influence de cette scène dans leur musique. Certains un peu plus influencés par le R&B, certains par le garage, la techno, le hip hop ...
Tu as eu l'occasion de tourner un peu partout dans le monde maintenant. Quelle dimension essaies-tu d'apporter aux lives ? Pour moi en ce qui concerne le live, c'était important de montrer que tout ne doit pas être fait sur un ordinateur portable, avec des sons électroniques. Lorsque que j’écris des chansons, ça revient à plutôt jouer des beats sur une batterie électronique, sur une boite à rythmes, du finger drumming, jouer des synthétiseurs et des claviers, puis superposer une voix et des effets pour créer une chanson entière. Donc, en substance au lieu de simplement pré-préparer toutes ces boucles, je voulais pousser un peu plus loin la performance et en faire un vrai live avec le côté humain qui va avec. Au fur et à mesure, nous avons ajouté de nouveaux instruments au mix, et on va continuer à le faire dans les shows. Je ne vois aucune nécessité d'élargir le groupe au-delà
Felix Reginent
NP
NP
SBTRKT
de moi-même et de Sampha à ce stade puisque le live reflète parfaitement un grand nombre de morceaux de l'album. Le show de Février sera plus visuel. Avant ce show, on essaie de parfaire notre performance et le son. Maintenant j’aimerai y ajouter un peu plus de dynamique de scène, un peu plus de profondeur à travers l’éclairage.
Tu as remixé des chansons de Radiohead, ou plus récemment de Frank Ocean, comment tu choisis celles que tu remixes? Pour moi, c’est juste quand j’ai la sensation de pouvoir y ajouter quelque chose ou adapter une chanson. Je reçois un million de demandes, beaucoup de la part de labels pour des artistes. J'avais plus envie de les faire avant mais depuis je fais ma propre musique originale et que je collabore avec d'autres artistes, ça ne semple plus autant naturel. Les remixes que je fais maintenant sont généralement de mon propre chef, pour l’amour comme avec celui de Frank Ocean ou de Machinedrum par exemple. Ce n’est pas prévu en général, ce n’est pas calculé. Et il n’y a pas ou de budget ou de brief... Je le fais pour moi même, pas pour entrer dans une certaine catégorie « club remix » ...
Une collaboration rêvée ?
J’aimerai travailler avec Thom Yorke, Franck Ocean,Lykke Li, Azealia Banks, Jay Z, Modeselektor.
Pour finir l’année 2011 a été plutôt bonne pour toi, tes projets pour 2012 ?
Felix Reginent
Beaucoup de nouvelles musiques, de nouvelles collaborations avec ceux dont je parlais. Propos recueillis par Wadji B.
SBTRKT (Young Turks/Beggars)
En tournée dans toute la France et à la Machine du Moulin Rouge le 17 Février
NP
2 1 0 2 N E ! A L T N O ILS SER Dossier
d'un timbre de voix hors normes pour son âge, King krule est parti pour être un des artistes les plus attendus de 2012.
On retrouve dans sa musique ce côté captivant, à la fois hypnotique et dé-
KING KRULE
Si il avait déjà fait parler de lui sous le nom de Zoo kid, c'est sous celui de King
Krule qu' Archy Marchall vient 'conquérir' les oreilles. Âgé d'à peine 17 ans, Archy affiche une maturité vocale et artistique surprenante. Avec sa tessiture de voix si unique et ses talents de songwriter de ce tout jeune homme a livré 5 titres touchants, étonnants et marquants.Troublant sur son nouvel Ep éponyme et disposant
stabilisant. Ce mélange de Hip-Hop, de Dub et de Soul séduit, intrigue, obsède. Nourri à De La Soul, la musique de King Krule est parfois rock, parfois jazzy mais toujours pleine d'émotions. Les émotions d'un jeune garçon de 17 ans anxieux, désenchanté.
Archy Marchall n'est pas un adolescent comme les autres. Et il nous le
prouve.
King Krule (Disponible)
Wadji .B
Modulor
A ZAELIA BANKS
Pendant que le parlement débat sur la loi SOPA et que le gouvernement essaie de préserver l'industrie musicale en faisant fermer le site Megaupload, Azealia Banks elle, compte ses millions.
Tout juste signée chez Universal, la jeune chanteuse semble bien éloignée du concept de crise. A l'instar d'A$AP Rocky et du crew Odd Future, Banks fait partie de ces révélations musicales foudroyantes apparues sur nos radars en quelques semaines seulement. Avec son single "212" et le clip aux plus de 2,5 millions de vues, Azealia Banks fait partie des ces femcees hype du moment comme l'australienne Iggy Azaela ("My World", "The Last Song") et Kreayshawn ( dans son viseur surtout depuis qu'elle a posté le clip "212" de la rappeuse de Brooklyn sur PornoHub...).
Mais de ces 2 consœurs, Azealia Banks reste quand même la plus douée et sort sans difficulté du lot. Des paroles cash, un bon flow et un univers bien maîtrisé qu'elle a eu le temps de développer en fréquentant l'école d'art LaGuardia High School, la même que Nicki Minaj. Un personnage tout droit sorti d'un Tumblr mais avec une maîtrise parfaite des codes, et de la musique qui va avec: entre Hip Hop et R&B progressif comme ils disent. Talent reconnu par Kanye West et Missy Elliott, reste maintenant à savoir si Miss Banks sera à la hauteur des espoirs placés en elle avec son album prévu pour mai/juin 2012. Elle assure rester indépendante, oui, mais sous contrat en major... Par Francine P.
NP
Interview
I L E M E E D N SA Emeli Sandé fait partie de l'une des révélations 2011 tout droit venue de l'Ecosse. Celle qui a débuté en écrivant pour Chipmunk ou encore Tinie Tempah sort son tout premier album Our Version Of Events. Si 2011 a été une grande année pour elle avec notamment une tournée avec Coldplay et le prix des 'Critic's Choice' au Brit Award, on ne doute pas que 2012 lui réservera bien des surprises. C'est à l'occasion de sa venue à Paris dans le cadre de sa tournée avec Coldpaly qu'Emeli a accepté de répondre à nos questions.
moi et commencent à chercher à savoir ce qui se cache derrière la musique c'est génial. Je m'amuse beaucoup du coup , c'est très excitant.
Qu'est ce qui t'a donné envie de passer de l'écriture à sortir ton propre album ? (Répète la question) Je ne sais pas trop. C'était mon intention de sortir un jour mon album, d'être signée. Je pense que j’étais prête, j'avais ma chanson « Heaven » qui je pensais serait assurément le premier single. C'est comme ça que je voulais me présenter au monde, avec elle... C'était juste le bon timing je crois.
Bonjour Emeli, tout d'abord, qu'est ce que ça fait de partir en tournée avec Coldplay ? Certains ont besoin d'etre isolés, d'avoir de la peine ou de C'est génial. On a fait un show à Glasgow, un à boire pour écrire. Et toi ? Londres pour l'instant. Je prends plaisir à jouer devant autant de personnes et j'apprends beau- (Rires) Ca doit être très tard la nuit, je dois être coup en regardant les garçons faire. entourée de personnes en qui j'ai confiance, qui me stimule , qui me challengent. Et oui j'aime C'est ta première grande tour- boire quand j'ecris (rires).
née. Tu as eu des craintes ?
Tu te sens plus chanteuse ou
J'ai eu peur car je ne savais pas comment garder plus auteure ? ça intime dans d'aussi grande salles. C'etait ma plus grande crainte mais les fans de Coldplay ai- Je ne sais pas. Je chante depuis que je ment ma musique et jusque là ça se passe bien . suis très jeune. Depuis que je suis jeune, j'ai aussi toujours voulu être auteure. L’écriture est vraiÇa fait un moment que tu fais de ment importante pour moi . Si je perds ma voix dela musique mais on a vraiment main, j'écrirais toujours, j’écrirais toujours tout. commencer à parler de toi qu'en C'est une partie de moi. C'est dur à décider. Je pense 2011. Qu'est ce que ça te fait ? que je serais auteure toute ma vie, quand je perdrais ma voix quand j'aurais 60 ans (rires). Je serais auÇa fait du bien de voir que les gens s'intéressent à teure plus longtemps que chanteuse (rires).
NP
Emeli Sande
de préférence. Tout dépend de mon humeur.
Tu te souviens de la première Tu as dit que le moment dont tu fois où tu as entendu un de tes es la plus fière est le fait que tu aies écrit une chanson pour titres à la radio ? Susan Boyle ... Je revenais du studio. Il était quelque chose comme 2 heures du matin, on était dans un taxi on rentrait à la maison et j'ai entendu « Heaven » à la radio. J'ai dit « Augmentez le volume ». J’étais avec mon violoncelliste. C’était génial.
(Rires) Ok ce n'est pas le moment dont je suis la plus fière mais ça en fait partie. J'ai ecrit une chanson qui s’appelle « This Will Be The year » sur son dernier album. Et c'etait vraiment fun d'avoir à écrire une vraie Pop song, et je suis assez fière des paroles. Je pense que c'est une femme géniale.
Il n'y a aucune collaboration sur cet album. Est-ce parce que tu avais besoin de t'affirmer en Et pour qui aimerais-tu écrire ? tant qu'Emeli Sandé et perJ’adorerais écrire une chanson pour Stevie Wonsonne d'autre ? der (rires)... J'adorerais
Oui exactement. J'ai fait beaucoup de collaborations avec beaucoup de personnes. Les gens ont La prochaine étape pour toi eu des aperçus de ce que je fais. Je voulais que qu'est ce que c'est ? l'album soit une déclaration de ce que je suis, de moi, de comment j'écris pour moi même. L'album Je crois sortir l'album. C'est le principal. Oui sortir l'album. Ensuite une tournée en 2012. C’est est une déclaration. sur ça qu'on se concentre.
Quelle est la chanson la plus Où penses-tu que tu seras à la personnelle de l'album ? même date l'année prochaine ? (Réfléchit) « Mountains », c'est ma préférée, c'est une chanson inpirée par mes parents, par ma famille, (Rires) Si tu m'avais demandé cela l'année dernière c'est une histoire très personnelle. J'espère que les je ne t'aurais jamais répondu « en train de faire la première partie de Coldplay à Paris » donc je ne gens qui l'écouteront pourront s'identifier à elle. sais pas (rires). Qui sait, on laisse ça à l'univers . Propos recueillis par Wadji B. Tu explores plusieurs styles
dans cet album ...
Je n'aime pas me cantonner à un genre, c'est pour cela que l'album est aussi varié. Mais j'adore chanter des ballades au piano. Je peux faire ça pendant tout un show et j'aime aussi le fait de pouvoir danser sur "Heaven". J'aime écrire au piano mais … j'aime bouger. Je n'ai pas vraiment
Our Version Of Events (EMI)
Sortie le 12 Mars 2012 En concert à l'Alhambra (Paris) le 26 Mars 2012
NP
S E L I N E JU V Interview
Oui et tu peux aussi le prononcer "Juvéniles" en français, c'est comme tu veux.
Si tu nous racontais l'histoire du groupe comme un synopsis de film ?
Yann Morrison
Les Rennais qui montent ce sont eux ! Avec leur premier Ep, We Are Young, Jean Sylvain, Pierre et Thibaut ont distillé leur pop fraîche, aux influences new wave et se font une place dans le paysage musical français. De la sortie de leur single chez Kitsuné aux prestations aux trans musicales de Rennes, le trio s'est fait de plus en plus remarquer. Jean Sylvain, le chanteur nous raconte l'histoire du groupe.
Bonjour Jean Sylvain, tout d'abord je prononce le nom du groupe à l'anglaise « Juvenaïles », j'ai bon ?
C'est l'histoire d'un groupe de pop passionné de synthétiseurs, né à Rennes il y a moins d'un an, qui s'est fait découvrir rapidement grâce à un de leur titre et qui commence à enchaîner de belles dates de concert.
pas influencé que nous ! Bien sûr, on a été marqué par des groupes comme New Order ou encore The Smiths, pour toutes les bases qu'ils ont posés à cette époque, mais on est très sensible aussi aux dernières formations qui s'en sont inspirées, comme par exemple Cut Copy, The Maccabees...
Le groupe s'est formé au prin- Comment décrirais-tu votre temps 2011 et en quelques mois, musique ? vous êtes partout, comment exC'est de la pop. On peut l'appeler synth-pop si on pliques-tu cet engouement ? Tout est allé très vite. On a eu la chance que notre musique ait plu rapidement, d'avoir eu le soutien de plusieurs personnes pour pouvoir la diffuser et la jouer en live. La presse, les blogs nous ont aussi beaucoup aidés là-dessus.
Comment vous le vivez ?
Très bien, on est très content de tout ce qui nous arrive et un peu fier aussi.
Comment vos vies ont-elles changé depuis ? Il a surtout fallu beaucoup bosser pour assurer le live. Aujourd'hui,on est très occupé à gérer pleins de choses autour du développement du groupe.
Vous êtes donc signés chez Kitsuné. Comment cela s'est passé ?
le souhaite mais cette étiquette musicale n'a que très peu de sens en France en fait.
Quels sont les projets pour 2012 de Juveniles ? Et les ambitions à long terme ? 2012 va être une année chargée pour le groupe ! On a beaucoup de dates de concert en France et en Europe sur le premier semestre. Au milieu de tout ça, on va continuer à composer et à produire de nouveaux morceaux. Un de nos titres « Ambitions » va sortir sur la prochaine compilation Kitsuné Parisien II le 13 février.
Des personnes avec qui vous rêvez de collaborer ? Avec Joseph Mount de Metronomy ou bien Alexis Taylor de Hot Chip, ça serait vraiment cool !
Les résolutions pour cette nou-
C'est Jean-François Perrier (Grand Marnier) de velle année ? Yelle qui a fait écouter "We Are Young" à Gildas Loaec de Kitsuné. Il nous a contacté aussitôt pour Rencontrer de nouvelles personnes et en toucher apprendre à nous connaître et a très vite voulu un maximum... Propos recueillis par Wadji B. sortir le titre en single et l'intégrer à la dernière compilation du label.
Vous parlez souvent des influences mancuniennes de votre musique. A quel point cette scène vous a influencé ? La scène mancunienne du début des années 80 n'a
We Are Young (Kitsuné) Disponible
NP
Interview
A M A B A L A SHAK ES
et le retour à la maison. Lorsqu'on est dans une petite ville, tous les musiciens du même âge Cela faisait un moment qu'on avait pas entendu se connaissent à peu près tous. Steve a vécu dans la de la soul aussi brute. Alabama Shakes est un région d'Athens et a travaillé dans le seul magasin quatuor venu tout droit de l'Alabama, comme d'instruments de musique de la ville, Railroad Bal'indique leur nom. En 2011, le groupe a mis en zaar. Nous avons tous joué avec d'autres groupes ligne leur Ep éponyme de 4 titres et tout et d'autres amis communs, mais c'est notre amour s'est enchaîné : des critiques dithyrambiques pour le R&B classique et le rock garage qui est delargement méritées, une signature avec le label venu le catalyseur d' Alabama Shakes. Rough Trade Records et un album attendu. La recette de Brittany Howard, Heath Fogg, Zac Vous avez sorti un EP acclamé Cockrel et Steve Johnson est la suivante : de la sur bandcamp, avec un son entre bonne vieille Soul, authentique alliée à du Blues soul, blues, rock et gospel. Comqui prend aux tripes et teintée de Rock. Le gui- ment l'Alabama et la musique du tariste Heath Fogg revient sur l'histoire du Sud vous a influencé ? groupe, le buzz et leur musique. Nous sommes grandement influencés par les soPeux tu nous raconter l'histoire norités de la musique soul du sud. Le Blues, qui est l'épine dorsale de la musique pop américaine de la bande? et de rock and roll, a été aussi une forte influence. Alabama Shakes s'est formé en mai 2009 dans la En grandissant, j'ai su que le nord de l'Alabama, petite ville d'Athens, dans l'Alabama. Pas Athens, Muscle Shoals, en particulier, a joué un rôle imen Géorgie ou de Muscle Shoals... Athens, Ala- portant, mais je n'ai jamais commencé à creuser bama. Même s'il existe un écart d'âge, Brtittany, que quand j'ai appris que les Rolling Stones ont Zac et moi-même fréquentions tous la même école enregistré trois de mes chansons préférées à secondaire. Le groupe s'est formé après l'université Muscle Shoals. On pourrait être surpris de voir
combien de chansons qu'on entend tous les jours à la radio ont été enregistrées en Alabama, et combien de personnes qui vivent ici ne s'en ren- à un buzz,. C'est étrange et excitant en même dent pas compte. temps. Nous aimons écrire des chansons et faire des show. Nous croyions que les chansons que En écoutant votre musique, on nous avons enregistrées et et jouées en live étaient pense Etta James ou Otis Red- de bonnes chansons, mais nous avions du mal à ding, est-ce le genre de musique trouver des endroits dans notre ville natale pour que vous essayiez de faire? jouer. Du coup, on a trouvé cela irréel lorsque nous avons obtenu l'attention internationale. On a jaAbsolument. Otis Redding est l'une de nos plus mais vu ça venir. Nous avions donné des démos à grandes influences. Mais nous n'avons jamais plusieurs artistes en espérant un peu d'aide. Nous voulu être un groupe qui fait de la « soul vin- avons donné à Binky de Sharon Jones et tage ». En studio on recherche juste à retrouver The Dap Kings une horrible démo live. On a jamais les sons que l'on aime. entendu parler de lui (rires). J'ai essayé une fois d'entrer en coulisses pour donner aux Drive-By Vous vivez toujours dans l'Ala- Truckers une démo. Je n'ai pas réussi. Grâce à bama ou prévoyez-vous de dé- Aquarium Drunkard nous avons joué avec eux et ménager? on est bons amis avec les Truckers. Je conseille aux groupes de donner des démos aux groupes ou arToujours dans nord de l'Alabama et aucune in- tistes qu'ils admirent. On ne sait jamais. tention de déménager.
Maintenant, vous êtes signé Quel est le processus d'écriture avec Rough Trade ? Comment de la bande? Y a t-il un auteur est-ce arrivé et pourquoi eux ? principal? Le processus d'écriture est différent pour chaque chanson. Nous écrivons tous et arrangeons des chansons sur notre propre temps, mais nous avons écrit la plupart de nos chansons ensemble. Nous nous asseyons en cercle et échangeonsdes idées jusqu'à faire en sorte qu'une boule d'argile grumeleuse devienne une belle oeuvre d'art. Les chansons commencent généralement avec un riff ou une mélodie et se construit autour de ça. Les paroles viennent typiquement en dernier et tous ceux qui sont intéressés écrivent. Britt a le courage de déverser ces mots et mélodies dans le micro jusqu'à ce quelque chose d'attrayant en sorte. Cela rend l'écriture des chansons ensemble plus facile, car nous essayons de ne pas être susceptibles et de jouer avec les idées des autres.
Que penses-tu de tout le buzz et l'excitation autour de vous? Vous vous y attendiez ? Je crois que je peux parler au nom de toute la bande en disant que nous ne nous attendions pas
Rough Trade s'est intéressé à nous, voilà comment c'est arrivé. Ils sont formidables, ils croient en nous autant que nous croyons en eux, et ils sont extrêmement ouverts d'esprit aux idées que nous avons. Ils ont un catalogue d'artistes incroyable et nous sommes fiers d'en faire partie. L'histoire du label est incroyable. C'est un grand honneur d'être chez Rough Trade.
Quels sont vos projets? Un album ? L'album est en train d'être mastérisé, et nous avons un lot de chansons que nous jouons live qui sera pour le prochain disque. L'album sera dispo en avril. Propos receuillis par Wadji B.
Alabama shakes EP (gratuit)
Boys & Girls (Rough Trade records/Beggars) Sortie le 9 Avril 2012
Y K C O R A $A P Celui-là, personne ne l’a vu venir. Il aura fallu
une mixtape, LIVE.LOVE.A$AP pour qu’A$AP Rocky décroche le gros lot : un contrat de trois millions de dollars chez Sony. Mais commençons par le début. Ce jeune harlémite connaît une enfance tragique, son père est en prison et son frère, qui lui appris à rapper lorsqu’il avait huit ans, est tué pas loin de chez lui. Plusieurs années plus tard il intègre l’ASAP Crew. Le préfixe ‘ASAP’ ne signifie pas ici « as soon as possible » (aussitôt que possible, NdT), mais par exemple « accumulate status and power » (besoin d’une traduction ?). Et ils sont nombreux dans le ASAP crew : ASAP Ty Beats, ASAP Ferg, ASAP Nast, ASAP Twelvy…
Rocky devient très vite remarqué par ses vidéos de « Peso » et « Purple Swag » qui lui valent un buzz incroyable. Sa mixtape digitale
Live.Love.A$AP est très bien cotée par la presse, preuve qu’il a su transformer l’essai. ASAP Rocky possède un style vraiment crédible et très particulier, « wavy » comme certains disent. Sur iTunes, le genre indique « trillwave », pourquoi pas. Il y a lui et tout le reste de la Eastcoast, ce n’est pas qu’un simple jeune rappeur influencé durant sa jeunesse par les Dipsets. Son succès est aussi en partie dû aux productions inspirées de Clams Casino et de quelques influences sudistes (on a droit à du screwed and chopped). À noter qu’un des beatmakers crédité sur la mixtape, Soufein3000, est lillois (oui, vous avez bien lu, lillois, qui vient de Lille).
La signature chez Sony a propulsé ASAP Rocky dans les hautes sphères. D’ailleurs Drake
l’a embarqué lui et Kendrick Lamar dans son Paradise Tour. Ses projets pour 2012 d’après nos informations : un EP prévu pour le début d’année, un album en commun avec le producteur araabMUZIK nommé A$VPMUZIK et une participation à Coachella. Et ce n’est que le début… Par Stéphane M.
Brock Fetch
Live.Love.A$AP (Polo Ground Music/RCA/Sony)
Actuellement disponible en téléchargement gratuit
FR EDDIE GIBBS
La lignée des thug rappers n’est pas près de s’éteindre et ça sera bientôt au tour de Freddie Gibbs de briller. Révélé durant l’été 2010 grâce à son EP Straight Killa, le nouveau protégé de Young Jeezy a terminé 2011 en beauté avec son excellente mixtape Cold Day In Hell et son maxi Thuggin avec le producteur vedette de Stones Throw, j’ai nommé Madlib. Pour mieux connaître Freddie ainsi que son avenir proche, et visiblement très prometteur, il suffit de lire ses réponses à nos questions.
Tu viens de Gary dans l’Indiana, une ville connue historiquement pour être le lieu de naissance de Michael Jackson. En dehors de ça, comment peux-tu décrire le fait que cette ville soit si miséreuse comme tu nous l’as montré dans ton clip de « Ghetto » ? Je veux montrer que c’est une vie rude, tout ce que t’apporte Gary c’est une vie rude, sans concession. Je viens de la 17e et de Virginia Street, si tu traverses d’est en ouest la 17e avenue, ça ressemble carrément à une zone de combat. Mais c’est là où je me sens le plus dans mon élément, c’est là d’où je viens. Je me sens plus à l’aise dans mon quartier que dans les banlieues, c’est cet endroit qui a fait ce que je suis. J’ai débuté tout en bas de l’échelle, il n’y a rien de vraiment bon, alors plus tard tu apprécies davantage les choses lorsque tu récoltes les fruits d’un dur
labeur. Tu dois faire ton possible pour manger, ce qu’il faut pour avoir des choses sympas, une paire de Jordans ou d’autres trucs que tu voudrais… Tout ça est l’essence de ce que j’ai envie de montrer dans ma musique.
Quels sont les MCs qui t’ont le plus inspiré ? D’où vient ton côté westcoast ? Je ne changerai jamais d’avis : Tupac et Scarface. Les meilleurs rappeurs pour moi. Ce sont eux qui donnent le plus d’émotions, je les kiffe plus que n’importe quel autre rappeur. Il y en a aussi pas mal
d’autres que j’ai observé et étudié mais ces deux-là arrivent toujours en premier. Et bien entendu les fondations du gangsta rap, j’aimerai continuer ce qu’ils ont commencé, en garder cette intégrité.
que j’en serai satisfait. Tout est encore en préparation donc c’est difficile de dire qui sera invité ou pas. Ne seront pas conviés dessus les artistes wack ! On va vous livrer du bon Madlib et du dope Freddie Gibbs !
Pourquoi avoir choisi de signer chez CTE (Corporate Thugz Entertainment, Ndr), le label de Young Jeezy ? D’ailleurs, comment tu l’as rencontré Madlib ? C’était un choix naturel, je ne voulais pas être entouré de faux mecs et faux thug-rappers. Jeezy est real, un vrai thug. C’est super de faire partie de son équipe, beaucoup de gens connaissent mieux qui tu es quand tu te tiens à côté d’une star comme Jeezy. C’est tout bonnement un meilleur tremplin, je peux faire plus de choses avec ma musique que si j’avais utilisé mes propres moyens. Je me sens béni, c’est que du positif.
Après ton très bon EP Str8 Killa et tes mixtapes, à quoi peut-on s’attendre de ton premier album ?
Pour être honnête je ne pourrais pas te citer une date de sortie, je peux juste garantir que je serai dessus (rires). Je peux te dire qu’il y aura certainement un tas de surprises, des grosses collabs, Jeezy évidemment, qui à lui seul va assurer un truc de ouf et faire que ce projet vendra.
On est tous les deux des fumeurs de weed, des mecs un peu zarbs, donc j’imagine que c’est pour ça qu’on s’est rencontré (sourire). On fait nos trucs de façon différentes, on vient de coins différents, d’univers différents, on fait deux formes de musique différentes, lui est complètement dans l’abstrait, « off the wall with it ». Tu peux te rendre compte par rapport à ce que je fais que ça sera un gros challenge, j’ai sauté sur cette occasion parce que j’ai pensé que ça en serait un de challenge. C’est quelque chose avec lequel je peux m’éloigner et démontrer aux gens à quel point je suis versatile ! Rien à battre haha, je peux rapper sur tout !
Et un projet avec Alchemist ?
J’ai travaillé un peu avec Alchemist. C’est un producteur incroyable, un très gros bosseur mais il n’y a pas de projet de prévu pour le moment.
On a tous été très surpris par ce Merci beaucoup d’avoir réEP Thuggin avec Madlib, les pondu ! morceaux sont géniaux ! Y a-t-il un album en commun en route ? Merci ! Et j’espère rencontrer mes fans français Ça devrait être dispo au printemps, au plus tard au début de l’été. Il n’y a pas de guests à l’instant où je te parle mais c’est sans aucun doute un point qui va évoluer au fur et à mesure qu’on va compléter les touches finales sur les compos. Tu sais j’ai taffé dessus comme un dingue dernièrement et il y a encore d’autres morceaux en plus qui ont été enregistrés, et sur quelques-uns je vais rajouter quelques personnes dessus une fois
bientôt !
Par Stéphane M.
Cold Day In Hell (Corporate Thugz)
Disponible en téléchargement gratuit
MINA E L D N I T La scène Folk française ne cesse d'étonner. Il émane de Mina Tindle une sorte
de grâce et de douceur qui ne peut qu'émouvoir. A chemin entre pop et folk, Pauline De Lassus pour l'état civil a su s'imposer comme une des révélations de la scènefrançaise. De la sortie de son Ep, à la première partie de Beirut à l'Olympia, elle ne cesse de séduire. Son folk est voluptueux, délicat orné de cette voix sortie d'un écrin. La petite frenchy d'origine espagnole allie parfaitement la mélancolie de ses accords et la pop anglo-saxonne qui l'a influencée. Mina Tindle est peut être le chaînon manquant entre Sufjan Stevens et Laura Marling, mais elle est surtout celle qui réconciliera les plus sceptiques avec le folk à la française. Car Mina n'a pas peur de se lancer dans des superpositions multiples, des envolées vertigineuses, des assemblages expérimentaux, le tout au service de sa musique.
C'est avec impatience et beaucoup d'excitation que son premier album, Taranta, est attendu. Un petit bijou, nous sommes prêts à le parier. Par Wadji B.
Taranta (Believe Recording) Sortie le 19 mars 2012
A W I K L E MICHA
ANUK A
Adoubé Sound of 2012 par la BBC,
acclamé de partout, Michael Kinawuka est l'artiste du moment, la révélation. Considéré comme un digne successeur de Bill Withers, Michael se veut être la nouvelle voix de la Soul anglaise. Sourire timide, guitare à la main et une voix venue des années 60, le londonien de 24 ans fait dans la simplicité. Avec un côté vintage totalement assumé à l'image de certaines de ces vidéos, il a réussi en 2 Eps et des prestations lives (notamment la première partie d'Adele et une appartition remarquée aux transmusiacles de Rennes) à acquérir une fanbase de plus en plus nombreuse et les éloges des critiques.
Il faut dire qu'il est difficile de ne pas succomber au charme de « Tell Me A Tale », ou « I'm Getting Ready » par-
faite bande sonore d'un après midi passé à observer l'horizon, assis sur un porche en rêvant d'un futur meilleur, d'un avenir radieux. « Oh Lord, I'm getting ready to believe » chante t-il. On pourrait lui répondre qu'il a (eu) raison d'y croire tant sa voix est touchante pleine d'emotions, sereine. Michael a ce je-ne-sais-quoi qui lui confère l'aura d'un futur grand. En cette période où les autres artistes font dans la surenchère du vintage, il n'a pas besoin de forcer, pas besoin de 'costume d'époque' et d'arrangements trop recherchés, la simplicité des ces accords le rendent intemporel. Michael Kiwanuka n'est pas vintage, n'est pas rétro, il est juste ce qu'il est et tant mieux pour tous les amoureux de soul si l'ombre de Bill Withers plâne au dessus de lui. Par Wadji B.
Home Again (Universal Music/ Mercury)
Disponible le 26 Mars 2012
NP
N O T S N I W ALE X Interview
Chanteuse d'opéra de formation devenue chanteuse pop, Alex Winston sort enfin son premier album après quelques EPs bien accueillis. Cette j eune chanteuse new-yorkaise originaire de Detroit oscille entre univers Motown et pop indie. A vec son EP Sister Wife, Alex Winston avait déjà d émontré un certain talent de songwriting en traitant de sujets tels que l'usage de stupéfiants ou l'adultère. Avec son album éponyme, Alex Winston continue d'explorer la nature humaine mais à travers l'imposture. On a voulu en savoir plus.
Bonjour, peux tu dire qui est Alex Winston ? Oh là ! Tu commences par la question la plus dure (rires). Je suis une musicienne (rires), j'ai grandi à Detroit, dans une banlieue de Detroit. La musique est entrée dans ma vie à un très jeune âge. Mon père est musicien. Pas en tant qu'occupation mais il adore la musique. J'ai grandi entourée de guitares, de pianos, de batteries, partout et le fait de grandir dans une ville connue pour sa musique… et les voitures, c'est quelque chose qui a joué un grand rôle dans ma vie. J'ai passé beaucoup de temps à aller au musée Motown, à des shows avec mes parents. J'ai été imprégnée de beaucoup de musique. Je dirai que c'est en grande partie qui je suis, mais je suis aussi quelqu'un qui s'intéresse aux autres, qui a songé écrire sur la condition humaine autant dans la culture américaine que les autres cultures. Je crois qu'en résumé c'est assez moi. C'est une question difficile (rires).
Tu parlais du musée Motown. A quel point la Motown a influencé ta musique ? Au début j'ai grandi en écoutant des trucs pas vraiment bons. C'était nul et j'ai fini par me met-
tre à écouter de la bonne musique (rires). Sinon j'ai grandi en écoutant beaucoup The Supremes, Stevie Wonder. Ma mère adore le dire, elle est allée à l'ecole avec lui. Elle croit que c'est vraiment trop cool même si il ne sait pas qui elle est (rires). Mais aussi beaucoup de Punk, pas que j'etais à fond dedans mais j'apprenais avec Iggy Pop et tout. Mon frère était fan de Punk. Ça donne un bon bagage musical pour poser ses fondations.
Tu peux définir ta musique ?
Je ne sais pas, c'est dur parce que les influences sont tellement différentes. Je crois que le coeur même de ma musique est la pop mais la pop qui m'inspire le plus c'est la Motown. Pour moi c'est plus de la pop soul, la plus vraie forme de pop, des mélodies qui te collent à la peau. Tu réécoutes ces chansons et tu te dis « mais comment ils ont écrit ça? ». J'aime beaucoup la soul aussi, j'aime beaucoup Sam Cooke. je suis une artiste pop qui aime différents sons. Je dirai que ma musique est... je sais pas.... je peux dire joyeuse à l'extérieure et sombre a l'interieur ?
Oui tu peux. Alors comment on passe de l'opéra à la pop ?
(rires) J'ai commencé les cours d'opéra a dix ans parce que'une amie de ma mère donnait des cours et ma mère en avait un peu marre de m'entendre chanter. C'était plus du genre « faites la taire. Envoyez la quelque part ou elle pourrait chanter elle me rend folle » (rires). Elle m'y emmenait deux fois par semaine pour chanter de l'opéra. J'aimais bien mais je n'etais pas... je ne voulais pas être une Maria Callas, une chanteuse d'opéra. On avait créé un lien, elle est devenue un peu comme une seconde mère. Je crois que c'est pour ça que je l'ai fait si longtemps. Mais cela m'a beaucoup aidé vocalement, j'ai appris des choses... mais j'ai aussi 'désappris' beaucoup de choses.
NP
Alex Winston
Ah oui ?
Tu sais quand tu chantes de l'opera, c'est comme si tu lisais un bout de papier, tu sais comment tu dois sonner, ça peut être beau. Je ne dénigre pas, c'est absolument beau. Mais tu ne peux pas vraiment être toi-même, t'exprimer. J'ai arrêté parce qu'à chaque fois que je chantais j'avais l'impression d’être quelqu'un d'autre, je ne voulais plus faire ça donc j'ai 'désappris' ça. Les voix avec quelques défauts, celles qui ne sont pas parfaites sont les plus intéressantes. Je ne chante plus de l’opéra que pour ma mère.
J'ai vu que tu avais tourné avec la légende Chuck Berry... Oui je n'ai fait qu'un show avec lui. Je ne l'ai pas dit encore je crois mais c'est mon artiste préféré. Tout au sujet de Chuck Bery est incroyable. Ce que j'aime dans sa musique c'est que tu peux prendre quatre accords, la même progression d'accords et en faire dix chansons différentes tellement cool avec des paroles tellement fortes, il est un vrai performer. Faire sa première partie c'était la seule fois dans ma vie où j'ai été en admiration. Je ne suis pas spécialement attirée par les célébrités, je m'en fous. On m'a dit avant le show « ne lui saute pas dessus, ne le harcèle pas, ne le dérange pas, ne fais aucune connerie. Et un peu avant les balances, quelqu'un tape à la porte, je vais ouvrir et c'est lui. Là je sais pas quoi faire, est-ce que je dois lui serrer la main, me retourner et regarder ailleurs faire comme si je n'etais pas là? Mais il me serre la main, m'ebourrife les cheveux, me prend par les épaules et tout et moi je me dis « Oh Mon Dieu » et il repart je suisresté debout à me dire "c'est une légende". C’était peu mais tellement (rires). Je ne crois pas qu'il se souvienne de moi mais moi je me souviens de lui.
Quels sont les nouveaux artistes avec qui tu aimerais partir en tournée ? J'ai récemment fait un show avec Gotye, il est tellement gentil, on a chanté une chanson ensemble, c'était cool. J'adorerai partir en tournée avec lui, faire plus de shows. J'adore sa musique.
On a eu l'occasion avec tes Eps de voir que tu écrivais sur des sujets variés. Qu'est ce qui t'inspire ? A chaque fois que je commence à écrire une chanson c'est plus autobiographique et puis ça part tout seul. J'ai fait quelques chansons qui sont sur l'EP et qui seront sur l'album. Et en avril, ou en Mars je ne me souviens plus, j'ai eu peu de temps pour écrire le reste del'album. A ce moment, j'étais vraiment à fond dans les documentaires. Je regardais beaucoup de sujets sur les sectes, les manipulateurs, les leaders de cultes qui usent deleur influence pour abuser de personnes dans le besoin qui recherchent juste un truc positif. Beaucoup des chansons tournent autour de cela. Par moments, j'écris de leur point de vue. La plupart des chansons sont du « storytelling ».
Tu te souviens de la première chanson que tu as écrite ? Oui elle était mauvaise. C'est la première chanson que j'ai écrite et enregistrée toute seule dans le grenier. Elle ne parlait de rien en particulier (rires). J'avais 14 ou 15 ans.
On te compare souvent à Ellie Goulding ou à Florence Welch de Florence + The Machine, qu'est ce que ça te fait ? Je pense que nous sommes des femmes (rires). Je pense qu'elles sont géniales mais je ne pense pas que notre musique soit pareille. Vocalement, peut être qu'on peut dire qu'on a la même type de voix, c'est peut être ça qui fait que les gens font des comparaisons. Mais lorsque'on ecoute attentivement ce que l'ont fait c'est totalement different. Je pense que les gens ont besoin de faire des comparaisons. J'ai remarqué deux choses. Premièrement, ça arrive plus en Angleterre, ils comparent toutes les artistes féminines à Kate Bush, et deuxièmement ils nous mettent toutes dans le même panier, « on sonne a peu près toutes pareilles », une sorte de club (rires) mais je comprends que les gens fassent des comparaisons vraiment. Je ne peux dire que merci, ça aurait pu être pire et j’adore ces artistes et ce n’est pas mauvais d'être comparée à elles.
Ta carrière prend de plus en plus d'ampleur. Comment est ce que cela a affecté ta vie ? Je suis là à Paris (rires). J 'ai la possibilité de voyager partout dans la monde et de jouer dans des endroits ou je ne suis jamais allée, c'est la partie la plus excitante si l'on met de côté l'enregistrement. Il y a quelques années, la seule fois ou j'ai quitté les US c'etait pour aller au Canada et ce n'etait qu'à 45 minutes de chez moi. Je découvre le monde pour la première fois en quelque sorte.
Et qu'est ce que tu écoutes en ce moment ?
La country music. Pas la connerie de country hyper cheesy qu'on entend maintenant. La vraie. J'aimerai faire une chanson avec Dolly Parton.
Maintenant que l’album est sur le point de sortir, comment tu te sens ? J'ai ecrit et enregistré la dernière chanson la semaine derniere donc pour moi c'est assez dur de me dire que c’est fini. C'etait une petite bataille pour moi, je voulais qu'il soit le plus honnête possible, qu'il me represente. C'est vraiment dur de le laisser partir. Mais il faut que je le fasse (rires). C'est la partie la plus dure. Mon producteur est un de mes meilleurs amis, il me connait mieux que la majorité des personnes que je côtoie, il sait quand me dire « ok tu arrêtes aintenant, on ne rajoute plus de voix, plus de sons, c'est fini. La chanson est finie ». Je ne sais pas m'arrêter.
Qu'est ce qu tu fais en dehors de la musique ? Pas grand chose (rires). J'essaie de faire des petits documentaires. Je n'en parle pas beaucoup parce que je n'en ai jamais fait avant, le résultat peut être horrible mais c'est quelque chose qui m'interesse beaucoup. Au lieu de parler des meilleurs restaurants de Paris par exemple, je préfère rencontrer des personnes intéressantes, uniques en leur genre, qui
font des choses que l'on croit folles. Le premier que j'ai fait – ils sont assez courts, que 2 ou 3 minutes, des tranches de vie – c'est un gars que j'ai rencontré et il est ninja... Tu as bien entendu, il est ninja. Il était dans l'armée et je pense qu'ilfait ça pour avoir l’impression de toujours protéger. Il fait des patrouilles dans les rues pour s'assurer que tout va bien. Mais il porte une fausse épée de samouraï, des habits de ninja, un talkie-walkie et il se fond dans l'obscurité. C'était intéressant parce tu vois là on en parle, on rigole mais quand il me parlait, il me racontait pourquoi il fait ça, comment sa mère a été abusée, qu'il voulait protéger les gens, c'était vraiment touchant. Finalement tu l'écoutes, tu te retrouves à hocher la tête, à approuver des choses que tu pensais folles. Cela prend un sens "ok c'est normal". Je veux rencontrer ce genre de personnes. Si tu en connais, ca m’intéresse.
Je suis sure que tu en trouveras plein a Paris... La plupart du temps on se dit qu'ils sont fous. Il y a des personnes folles, mentalement instables et il y a des personnes que l'on croit folles mais qui sont conscientes de ce qu'elles font, du pourquoi. Il y a un homme à Berlin, il s'appele Ernie, dans les environs de Berlin et qui se balade tout nu. Il fait ça depuis trente ans. Il a été arrêté plusieurs fois mais maintenant ils ne prennent même plus la peine de l'arrêter. Il y a des photos de lui dans des stades, à des matches de foots, dans les gradins en train de supporter son équipe. J'ai envie de lui demander pourquoi (rires).
Pour finir, tu dirais que ton album est ? Fini (rires), enfin fini ! Propos recueillis par Wadji B.
Alex Winston (V2/Cooperative Music)
Sortie le 27 Février 2012
K C I R D KEN L AM A R
Les rues très peu fréquentables de Compton, Los Angeles, accouchent chaque décennie d’un artiste hip-hop majeur. Dans les années 80, ce fut Dr Dre, dans les années 90 DJ Quik, durant les années 2000 The Game et pour les futures années 2010, il y aura Kendrick Lamar. Celui qui se surnommait au départ K.Dot fait ses classes depuis un bon moment déjà. Sa toute première mixtape Youngest Nigga In Charge date de 2003, à l’âge de 17 ans. Mais ce n’est qu’en 2009 que son nom commence à tisser des liens sur le web avec la digitape O(verly) D(edicated), qui parvient à réunir une audience suffisamment conséquente par le biais du morceau « Ignorance Is Bliss ».
2011 est l’année de sa véritable révélation, survenue avec son album digital Sec-
tion.80 qui donne un aperçu très clair d’une consécration future. Son single « HiiiPower » produit par J.Cole, qu’on ne présente plus, fait des émules. Les critiques à propos de ce projet aussi épatant que modeste – et pas forcément gangstarap comme on aurait pu normalement s’y attendre venant d’un rappeur issu d’un des ghettos les plus dangereux de L.A., tous les spécialistes et auditeurs s’accordent à reconnaître en Kendrick un talent à l’état pur. Muni de son flow multi-vitesse, il nous capte tout entier dans son univers grâce à un don certain pour la narration, à la frontière entre le réel et le spirituel, capable à la fois de montrer la dureté de la réalité comme la dématérialiser à travers de superbes métaphores.
Le pouvoir d’attraction qu’exerce Kendrick a pu se vérifier l’été dernier lorsque Dr Dre est allé personnellement à sa rencontre, afin de lui offrir ce qui sera probablement l’opportunité de sa vie : participer sur Detox, et accessoirement de signer un contrat d’artiste chez Aftermath Records. Le fait d’ailleurs de savoir que Kendrick Lamar a travaillé sur Detox donne même un re-
gain d’intérêt significatif à ce projet dantesque, s’il finit par sortir un beau jour... En retour, on peut s’attendre logiquement à ce que des productions du docteur atterrissent sur le premier album officiel de Kendrick, provisoirement intitulé Good Kid in a Bad City. A condition bien évidemment que Dr Dre parvienne à exploiter le potentiel énorme de son nouveau protégé et le laisse s’exprimer pleinement, sans avoir nécessairement avoir ce besoin maladif de retravailler les morceaux pendant 107 ans comme il a la mauvaise habitude de faire… Pour info, le producteur Just Blaze (Jay-Z, The Game, T.I.,…) est également de la partie.
C’est à ce moment-là que d’autres artistes rap s’intéressent plus sérieusement à ce jeune surdoué (ce
qualificatif est loin d’être usurpé). Ils le
veulent absolument sur leurs albums, pour profiter du solide buzz qu’il a créé ? Non, ça va bien au-delà de ça… Naturellement, Jay Rock, avec qui il forme aux côtés de Schoolboy Q et Ab-Soul le groupe Black Hippy, le convie sur son premier album. Puis The Game, lui aussi originaire de Compton, sur le titre « The City » (extrait du R.E.D. Album), 9th Wonder trouve moyen de le placer sur Wonder Years, Tech N9ne mais aussi – surprenant soit-il Drake, qui lui donne quartier libre pour un interlude de plusieurs minutes sur Take Care. Alors que d’autres rappeurs ne font souvent que des featurings anecdotiques, Kendrick Lamar rayonne sur chacune de ses prestations. Quelle flamme, quelle présence, quelle aura ! Les collaborations fonctionnent aussi dans l’autre sens, Busta Rhymes a enregistré un remix de son autre single « Rigarmortus », toujours tiré de Section.80. Vous l’avez compris, Kendrick Lamar n’est
pas un rookie ordinaire. Il a ce quelque chose de particulier qui le démarque des autres congénères qui partagent la photo des Freshmen 2011 du magazine XXL. Dr Dre, Snoop Dogg et The Game lui ont attribué le statut de nouveau Prince de la Westcoast, il nous tarde que ce nouvel héritier fasse offrande au peuple. Et il semblerait qu’elle arrive plus vite que prévu manifestement, l’intéressé a annoncé récemment que l’album était prêt… Par Stéphane M.
Section.80 (Top Dawg Entertainment)
Disponible actuellement
D E N N E DOM K Ce rappeur à l’accent prononcé en provenance du quartier de Leimert Park, Los An-
geles, est comme qui dirait un self-made-man, puisqu’il autoproduit lui-même ses projets digitaux avant de les diffuser sur Internet. C’est en 2009 avec le rafraîchissant « Watermelon Sundae », extrait de sa première mixtape-album 25th Hour, que Dom Kennedy a intégré la nouvelle vague Westcoast aux côtés des U-N-I, Pac Div, Casey Veggies et Kendrick Lamar.
Avec son très bon second ‘mixtalbum’ FutureStreet/DrugSound il prouve qu’il n’était pas qu’un rimeur isolé, mais c’est avec
From the Westside With Love, emmené par le superbe morceau introspectif « 1997 », qu’il enfonce définitivement le clou. La vibe typiquement californienne et authentique, souvent smooth et laid-back, qui se dégage de ses projets a le don de nous ré-acclimater au soleil de la Cité des Anges. Sa musique rap se veut très cool et moderne, tout en gardant évidemment l’héritage de ses inspirateurs gangsta-rappeurs (Ice Cube et DJ Quik). Renouvelant littéralement le genre rap westcoast, les critiques lui sont très favorables et la presse témoigne de l’intérêt pour ce rappeur émergent. En 2011, Dom Kennedy franchit un cap en fondant sa structure indépendante OPM (pour ‘Other People’s Money’) sur laquelle il publie II, From The Westside With Love, la suite très attendue de, sur iTunes. Le choix s’avère payant (plutôt deux fois qu’une), et l’album est apprécié à sa juste valeur. La pochette de ce digitalbum dont les graphismes rappellent ceux du classique Doggystyle de Snoop Doggy Dogg illustre parfaitement ce côté authentiquement californien. Nul doute que Dom confortera sa place de future valeur sûre de la Westcoast avec the Yellow Album qui arrive fin Février 2012.
The Yellow Album (OPM)
Sortie prévue le 24 Février
DY
L I E O ’ D N I CL S T N A E G A2 S U O N I M PAR Bien que ce nouveau numéro soit principalement consacré aux artistes prometteurs, se remémorer l’empreinte laissée pas les géants de la musique est toujours une bonne chose. Surtout quand ces derniers ont inspiré et influencé, directement ou indirectement, les trois quarts des artistes qui vous sont présentés dans les autres pages du magazine. Un petit focus sur deux grands noms de la musique et leur carrière historique : Quincy Jones et Herbie Hancock. Tour à tour musiciens talentueux, créateurs de tubes, lanceurs de mode, découvreurs de talents, producteurs de génie, ils ont marqué leur époque, si ce n’est plusieurs… Deux résumés avec l’essentiel de ce qui est à savoir sur ces « poids lourds » de la musique : Mr Quincy Jones, tout d’abord, car il reste l’artiste incontournable par excellence, et cela pour les auditeurs de nombreux genres musicaux : Jazz, Pop, Funk, Soul, Big Band, Swing, Bossa Nova, et même Hip-Hop.
comme arrangeur et chef d’orchestre. Il dirige des orchestres, travaille pour les plus grands noms de l’époque : Ray Charles, Sarah Vaughan, Count Basie, Dinah Washington, Cannonball Adderley… Nous sommes en 1956, il travaille avec Dizzy Gillespie, puis pour le label d’Eddie Barclay. Il devient ensuite successivement arrangeur, directeur musical, puis vice-président chez Mercury entre 1957 et 1964. De la fin des années 50 à la fin des années 60, Il travaillera, entre autre, pour Frank Sinatra, Barbara Streisand, Henri Salvador, Charles Aznavour et Jacques Brel, sans cesser de collaborer en même temps avec les plus prestigieux jazzmen.
C’est à cette période qu’il compose sa première musique de film (pour Sidney Lumet), et des musiques de séries TV (l’Homme de fer, le Cosby Show…), et commence à militercontre le racisme aux cotés de Martin Luther King ou Jesse Jackson.
Au milieu des années 70 on lui doit la musique du film The Wiz pour la Motown, et le meilleur album de Michael Jackson, Off The Wall, en 1979, confirmé par Thriller en 1982, et Bad.
Quincy Delight Jones Jr. né à Chi- En 1985, il est organisateur du collectif qui chancago en 1933, mais passe son enfance à Seat- tera le tube planétaire « We are the World » pour tle. Issu d’une famille pauvre il alterne la vie d’écolier et de cireur de chaussures. Tout jeune il apprend le piano en autodidacte, puis prend quelques cours de trompette…Très jeune il rencontre Ray Charles avec qui il joue dans les clubs. Apres l’obtention d’une bourse pour étudier au Berklee College of Music de Boston, il démarre sa carrière dans l’orchestre de Lionel Hampton. Très vite de trompettiste, il devient aussi reconnu
venir en aide à l’Ethiopie.
Il fonde QDE, avec David Salzman, une société multimédia dont il est le PDG, à l’origine de série comme Le Prince de
Bel Air ou du magazine Vibe.
En résumé, Quincy Jones, surnommé Q, (musicien, chef d'orchestre, producteur, arrangeur,
NP
Clin d’oeil
Quintet de Miles Davis, où l’on trouve déjà les meilleurs : Ron Carter à la Basse, Tony Williams compositeur, compositeur de musiques de à la batterie et Wayne Shorter au saxo. films…) c’est plus de 30 albums entre 1956 et Il est vite reconnu pour la petite révolution ryth2001, 6 anthologies, plus de 45 musiques de films mique qu’il propose au sein de cette formation, entre 1964 et 2005, et le découvreur de tellements et en parallèle continu d’enregistrer auprès d’aud’autres talents qu’il faudrait une liste longue tres pointures de l’époque : Donald Byrd, Hank comme les pages jaunes pour être exhaustif… Mobley, Kenny Dorham, ou encore Freddie Hubbard et Lee Morgan. « Tant de talents morts, tant d’artistes vénérés et disparus…Je suis sûr que la meilleure musique Nous sommes au milieu des années 60, il enrese joue là haut ! » Quincy Jones gistre l’excellent album Maiden Voyage et sa première B.O. pour le film Blow Up.
Mr Herbie Hancock est l’autre artiste incontournable qui a traversé les décennies depuis le Jazz jusqu’au Hip Hop, en laissant une empreinte indélébile. Tout comme Quincy Jones, Herbert Jeffrey Hancock est né à Chicago, en 1940. C’est un pianiste au talent précoce, avec une formation musicale classique solide, à la différence de Q qui était autodidacte. Il découvre le Jazz et son influence au travers des morceaux d’Oscar Peterson, McCoy Tyner, Wynton Kelly et Bill Evans.
C’est Donald Byrd qui l’engagera à ses débuts, en 1961. Son premier album solo
Takin’ Off sortira l’année suivante chez Blue Note. On y retrouvera Dexter Gordon et Freddie Hubbard. Sa carrière démarre tout juste et déjà les plus grands noms du Jazz ont été cités à ses cotés. Il n’en manque que quelques uns, ce sera chose faite en 1963, lorsque Herbie rejoint le
En 1968 il quitte le quintet de Miles Davis, mais emporte un instrument qu’on lui avait
à l’origine plus ou moins imposé : un clavier électronique, qu’on retrouvera par la suite dans nombre de ses morceaux. A la même période que Miles Davis il s’essaiera aux expériences instrumentales des plus variées et inattendues pour l’époque. On verra les débuts de la Fusion avec Bennie Maupin et Patrick Gleeson qui donnera une place importante à l’électronique et aux synthétiseurs. Ces expériences dureront jusqu’en 1973, date où il se tournera vers le Jazz-Funk avec une créativité et un talent incroyable, accompagné par The Headhunters un groupe qu’il a lui-même formé. Jusqu’à la fin des années 80, il sera à l’origine de nombreux albums qui influenceront plus tard l’univers du Funk, de la Soul et du Hip Hop, ainsi que du Jazz. On notera pendant cette décennie, de belles collaborations avec Jaco Pastorius, Chick Corea, et les membres originels du Miles Davis Quintet, mais sans Mr Davis.
S’il fallait écouter 4 morceaux significatifs et variés de Quincy Jones ce seraient :
Soul Bossa Nova // Ai No Corrida // If i Ever Lose this Heaven (avec Al Jarreau, Minnie Riperton et Leon Ware) //Summer in the City ( avec Herbie Hancock)
S’il fallait écouter 4 morceaux significatifs et variés de Herbie Hancock ce seraient :
“Cantaloupe Island” // “Watermelon Man” //“Chameleon” // “Rock It”
Carlos Santana, Angelique Kidjo, Paul Simon, Annie Lennox, Sting, et enfin plus récemment India Arie, Seal, K’Naan, ou John Legend.
Le début des années 80 amènera dans sa musique des influences Pop Tout Comme pour Quincy Jones, on et Disco, jusqu’en 1983 et l’avènement du tube se demande avec qui il n’a pas colla« Rock It » : premier morceau à intégrer du boré, qui il n’a pas influencé, et ce qui lui reste scratch pas un DJ et à montrer du break dance… encore à expérimenter…et on a peur de rester le mouvement Hip-Hop fait son entrée dans le sans réponse… paysage musical… En résumé, Herbie Hancock c’est plus de 40 albums Entre la fin des années 80 et les années 90, il en son nom entre 1962 et 2010, presque autant en continue à composer des musiques de films qui collaboration avec les plus grands noms du Jazz trouveront le succès, comme tout au long de sa (Miles Davis, Wayne Shorter, Chick Corea, Donald carrière. Il rend hommage à Miles Davis après sa Byrd…) et plus de 15 Bandes originales de films. mort, et reprend un style Acid-Jazz qu’il avait « Les gens me demandent parfois si Miles me déjà adopté sur certaines périodes. manque. En fait pas du tout : son esprit, sa leçon Entre 1994 et 2010 il multiplie les sorties d’al- résonnent en moi chaque jour. Son corps n'est bums marquants par le nombre de collaborations plus là, mais Miles est vivant dans une part de prestigieuses : on y retrouve tour à tour, John moi-même. » Herbie Hancock Par Stephan F. Scofield, Michael Brecker, Stevie Wonder, puis
NP
A U Q S ROCKIN Chronique
AT
Comme aux States, le rap indé a aussi une place prépondérante dans l’Hexagone. C’est probablement
grâce à son indépendance, qu’il a revendiquée avec fierté depuis les débuts du groupe Assassin en fondant Assassin Production, première structure hip-hop indépendante pour la précision, que Rockin’ Squat doit sa longévité et sa liberté d’expression. L’autoproduction était, et demeure encore, un peu leur formule secrète.
Assassin en stand-by, notre pionnier a mis sur pied son propre label LivinAstro en 2004, sur lequel il va baser sa carrière en solo riche en sorties : street-albums, deux EP (Libre Contre Démocratie Fasciste, Too Hot For TV), sa trilogie Confessions d’un Enfant du Siècle (unique trilogie dans le paysage rap français), un album-DVD live à l’Olympia, des compilations (US Alien)… et cette nouvelle mixtape Illegal Mixtapes 3, qui arrive plus de huit ans après la 2.
Pour accompagner cette mixtape, Rockin Squat a réalisé le clip de « Disque de Lumière » (le premier titre de la tape), en association avec Kourtrajmé. Une association de longue date puisque le frère du rappeur, un certain Vincent Cassel, collabore souvent avec cette société. D’où sa présence dans le clip, avec d’autres personnalités comme quelques membres originaux d’Assassin, Oxmo Puccino… Sa mixtape illégale contient pas mal de participants, notamment Grodash, Mac Tyer, Mystik, les signatures de LivinAstro (Fafa Ruffigno et Pyroman), et encore un tas d’autres connexions, underground cela va de soit.
La sortie de cette mixtape ne s’est pourtant pas faite sans accroc, la pochette fait désordre pour les mai-
sons de productions Le motif avancé : « Cette pochette représente plusieurs personnages emblématiques de grandes marques (Disney, McDonald’s, Esso, Coca cola, Tintin) massacrés par un autre personnage arborant le logo du groupe Assassin. Ces personnages et leur exploitation bénéficient d’une protection par le droit de la propriété intellectuelle. À ce titre, leur reproduction est interdite sans l’accord des ayants droit concernés ». Un argument de mauvaise Foi, ça s’appelle un sophisme. Mais hors de question pour Rockin’ Squat, lui qui a toujours dénoncé le système et le capitalisme, de se démonter puisque Illegal Mixtapes 3 avec sa pochette non-censurée a été éditée pour les cent premiers acheteurs. Le combat continue… Par Stéphane M.
Illegal Mixtapes 3 (LivinAstro) Sortie le 16/01/2012
NP
N E R G GAN Chronique
NE
Puisqu’il était question de rap indé, profitons-en pour s’attarder sur une des sorties qui va parasiter les playlists hip-hop indie de ce début 2012. Derrière ce nom répugnant de Gangrene se cache un duo de producteurs/rappeurs, Oh No, le frère cadet de Madlib, et Alchemist (Cypress Hill, Mobb Deep, DJ d’Eminem et j’en passe des meilleurs). Un après leur Gutter Water bien sinistre, les deux scientifiques du son nous baignent dans un bain de Vodka & Ayahuasca. Pour l’anecdote alcoologique, le ayahuasca est un breuvage d’Amérique latine distillé à partir de lianes que l’on trouve dans la forêt amazonienne.
L’atmosphère n’est pas tout à fait la même par rapport au LP précédent, qui était sévèrement glauque.
Sur cet opus, le mélange liquoreux des styles d’Oh No et Alc font l’effet d’une méchante gueule de bois sans le mal de casque qui va avec. Les instrumentaux contiennent dans leurs formules chimiques pas mal de samples de rock dark et psychédéliques, c’est le cas de « Drink Up » (feat Roc Marciano), « Vodka & Ayahuasca » évidemment et « Dark Shades » avec Evidence et Roc C. Pour continuer la liste des guests : Prodigy des Mobb Depp sur le single « Dump Truck » et le dinosaure Kool G Rap présent sur la boucherie « Gladiator Shit ». Dans leur cave, les deux savants fous apportent un petit fond sonore lugubre pour maintenir cette ambiance impure et pestilentielle. Même quand les prods sont plus classiques (« Due Work », « Odds Cracked », « Gladiator Shit »), les beats des Gangrene ne manquent pas d’ordonner de façon subliminale notre cerveau de secouer la tête frénétiquement, ce qui peut engendrer à terme quelques étourdissements et pertes d’équilibre. C’est pire encore quand ils mettent des basses de dingues comme sur « Flame Throwers » et « Top Instructors ».
Les thèmes des morceaux sont logiquement en adéquation avec l’intitulé de l’album et les métaphores ne manquent pas, on en boit jusqu’à la cir-
rhose (« Livers For Sale »). Pour des types qui ne sont pas des rappeurs à l’origine, Alchemist et Oh No savent mieux écrire et rapper que certains. Ensemble, c’est un vrai saccage. Par Stéphane M.
Vodka & Ayahuasca
(Decon Records/Differ-ant) Sortie le 24 Janvier 2012
E h D P U CO MED - Classic (Stones Throw/Differ-ant)
Forcément, quand on publie un album de hip-hop indie chez Stones Throw, on peut se permettre d'afficher un tel titre. Sa collaboration avec Madlib fait des étincelles. (Par Stéphane M.)
Destruments - Surpassing All Others (Grey Square Records/Musicast)
Petit coup de coeur hip-hop de la fin 2011 qu'est cet album plutôt confidentiel truffé de petites pépites. (par Stéphane M.)
Perfume Genius - Put Your Back N 2 It (Matador records/Beggars)
Si les mots onirique, beau, envoûtant, touchant devaient désigner un album, ce serait celui-là sans aucun doute. Pour son deuxième album, Michael Hadres alias Perfume Genius livre un album dans la lignée d'un grand Antony & The Johnson. (Par Wadji B.)
O F F Love – Probably (m=maximal)
Avant de partir en tournée avec Chairlift, le mystérieux O F F Love dévoile un premier album qui se veut intime. Entre ambient et R&B, on retrouve l'écho des coeurs désenchantés, des amours frustrés, des sentiments inavoués. (Par Wadji B.)
The Little Wilies – For The Good Times (EMI)
Le groupe à l'origine éphémère, The Littles Wilies articulé autour de Norah Jones, Lee Alexander, Jim Campilongo, Richard Julian et Dan Reiser s'est reformé pour l'amour de la country. (Par Wadji B.)
NP
EJaNRule,BREF
qui a connu son heure de gloire au début début des années 2000, est en passe d'effectuer son retour dans le rap game cette année 2012 avec Pain Is Love 2. Problème : il est actuellement en prison. Quatorze ans après le célèbre tube R&B "The Boys Is Mine", Brandy et Monica sont retournées ensemble en studio pour enregistrer un nouveau single. Gageons que "Turn The Lights On", c'est le titre, renouvelle la magie
Après Black & White America, Lenny Kravitz travaille déjà sur son prochain album intitulé Negrophilia. L'album est bien entamé et l'artiste le décrit comme très funky. Préparez vous, Gossip sera de retour en Mai avec un nouvel album. Plus d'infos à venir. Danger Mouse produit le prochain album de
Norah Jones. Little Broken Hearts
sera la nouvelle collaboration entre les 2 artistes après le projet Rome.
A D N E G A ET
Wiley - Evolve or Be Extinct (Big Dada Recordings/19 Mars 2012)
Le pionnier du rap grime sort un nouvel album six mois à peine après le réussi 100% Publishing.
Klub des Loosers - La fin de l'espèce (La Musique du Manoir/5 Mars 2012)
Il y aura enfin un successeur au désormais culte Vive La Vie puisque Fuzati et DJ Detect publieront leur nouvel album début Mars.
Robert Glasper - Black Radio (EMI/27 Février) :
La crème de la crème autour de Robert Glasper : Erykah Badu, Bilal, Mos Def, Musiq Soulchild, Chrisette Michele
Sébastien Tellier – My God Is Blue (Record Makers/20 Mars) :
On le sait déjà indispensable, mystique, particulier. On a hâte !
Band Of Skulls – Sweet Sour (Pias/20 Févier) :
le deuxième album des rockeurs anglais enfin ! Après Baby Darling Doll Face Honey en 2009, ils reviennent avec Sweet Sour.
Childish Gambino – Camp (Cooperative Music/ 5 mars) :
Il ne fait pas seulement rire des millions de fans dans la série Community, Donald Glover alias Childish Gambino les fait aussi bouger. Son album fait partie des albums attendus de l'année.
The Ting Tings – Sounds From Nowheresville (Sony Columbia/ 5 Mars) :
Le duo anglais signe son retour avec Sounds From Nowheresville. Après We Started Nothing et le carton Shut Up And Let Me Go, les anglais rencontreront-ils les même succès
Tanlines – Mixed Emotions (Matador Records/Beggars/20 Mars) :
Le duo de Brooklyn sortira son premier album fin mars prochain. L'occasion de confirmer le succès des nombreuses compilations parues depuis les débuts.