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2. Edito 3. 5 artistes voir au Printemps de Bourges 4. Night Beds 5. Alice Russell 6. MELISSA LAVEAUX 7. Les paris de la rédaction : Mesparrow 8. PUSHA T, Fournisseur de cocaine rap 9. GRANVILLE 10. Les paris de la rédaction : LAURA MVULA 11. JOSE JAME 12. LORD HURON 13. MIGUEL : Passion R&B 14. Les nouvelles mutations du r&b 15 GAEL FAYE «J’ai toujours peur d’enfler le monde de personne» 16. Vent de fraicheur sur la pop francaise 17. Les paris de la rédaction : Action Bronson 18. FRANK ZAPPA, Retour sur Joes Garage 19. PETER VON POEHL 20. Rappeuses US : espèce en voie de réapparition 21. 15 questions à Mermonte 22. KID NORTH 23. Wayne Shorter 24. COUPS DE COEUR
Direction de rédaction: Wadji B. Rédacteurs: Stéphane M. Sarah E., Camille B., Camille D., Morgane P., Babacar D., Laurène D.V, Jefferson S., Pierre G., Francine P., Astrid M., Kika M., Julie-Sonna S. Graphisme et conception: Wadji B., Johann C. Merci à tous ceux qui ont soutenu et cru en ce projet. Crédit photo couverture Miguel: Ojoz
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Tout projet nécessite de la passion. Lorsqu’on se lance dans un projet tel que Now Playing, on sait que cela ne va pas être facile mais on est animés que par une chose : la passion. La passion c’est ce qui relie tous les acteurs de ce magazine prêt a donner le meilleur d’eux même pour que ce magazine nous corresponde, vous corresponde. Cette passion commune pour la musique est l’essence même de Now Playing et pour partager cette passion, le magazine est de retour avec une nouvelle formule privilégiant les dossiers, la réflexion, les interviews et les découvertes. C’est la même passion qui anime tous les artistes mentionnés dans ce magazine qu’il chante du R&B, de la musique folk ou du rap. Miguel vous en parlera sûrement le mieux. C’est par passion donc que l’équipe de Now Playing vous offre ce magazine...pour nourrir votre passion. «Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion.» Saint Augustin Wadji B.
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FOCUS
5 artistes au printemps de Bourges Laura Cahen
Pop/rock
Chanson française Samedi 27 Avril
Vendredi 26 Avril
FI/SHE/S
Fans de Grizzly Bear à Apparat en passant par Hot Chip et le psychédélisme d’Animal Collective, FI/SHE/S ce sont cinq jeunes garçons rencontrés au lycée, avec une passion dévorante en commun : la musique. Connu grâce à la reprise du titre devenu classique, « Nightcall » de Kavinsky, ils ont su se l’approprier avec élégance et talent en lui donnant une tournure beaucoup plus pop et mélodique, une vraie petite pépite. Récemment devenu lauréat du concours SFR Jeunes Talents 2012, FI/ SHE/S s’impose clairement sur la scène indépendante française. Amateurs de pop énergique, de riffs entraînants et entêtants, sortez votre canne à pêche et découvrez vite FI/SHE/S !
Laura Cahen a mis le pied dans la musique avec son groupe Deux Z’elles, puis a décidé de voler de ses propres ailes en menant une carrière solo. Une voix de velours, des textes écrits dans le train sur l’amour mais pas que, à travers son premier EP sorti début 2012, Laura Cahen fait part de son univers folk-jazzy et romantique avec une folle délicatesse. Une douceur incroyable, avec des influences de poids : Serge Gainsbourg, Billie Holliday, Moriarty, Emily Loizeau, Feist, Camille, Alain Bashung ... A seulement 23 ans, l’artiste intimiste compose actuellement son premier album.
Laura Cahen
FI/SHE/S
Fauve
Wolves & Moons
Chanson/world
Pop/folk
Samedi 27 Avril
C’est clair et net, Fauve c’est Le phénomène du moment, ce collectif français a séduit bon nombre de personnes et ce n’est que le début (programmé au festival Panoramas et Art Rock). Des textes savamment aiguisés teintés de colère et de rage, sans chichis tout cela mis en place sur une musique percutante voire enivrante. Fauve arrive doucement tel un félin et te mord avec rage, une fois goûté on ne peut plus s’en passer, oui c’est addictif. Mettre Fauve dans une cage ? pop ? rap ? slam ? Impossible, il s’agit avant tout d’un ovni musical impertinent et culotté, c’est ici que se trouve toute l’ingéniosité de Fauve.
Mein SohnWilliams
Mercredi 24 Avril
Un leader au nom de Richard Allen accompagné de 3 voix masculines majestueuses, voici Wolves & Moons, un groupe néo folk au charisme incontestable. On ne peut que se laisser envoûter par la pureté, la légèreté de leur musique, c’est simple elle impose le silence et l’écoute attentive. Chacun des titres de leur premier EP est une perle somptueuse, Wolves & Moons nous emmène dans leur univers poétique et onirique, et cela pour notre plus grand bonheur. Un voyage musical dépaysant qui ne laissera sans aucun doute personne indifférent. A écouter au coin d’une cheminée, allongé sur un tapis de peau de bête (fausse évidemment).
Musique électroniques
Mercredi 24 Avril Un duo loufoque et dérangé, signé sur le label du Chapelier Fou (Ici D’Ailleurs), Mein Sohn William est une dinguerie musicale, un mélange des rythmes, des textures, et est surtout monstrueusement intelligent. Derrière ce patronyme germanique, se cachent les Rennais Antoine Bellanger et Dorian Taburet, tous deux possèdent une imagination débordante et délirante, chaque morceau est un tableau créé de toutes pièces, avec une mise en scène, des instruments torturés, une voix trafiquée, à mi chemin entre post-folk et noise acoustique. Vous l’aurez compris, Mein Sohn William c’est bien plus que de la musique !
Fauve
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Jarrod Renaud 8
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Night Beds
NP Chronique
Sous le spectre de Johnny Cash Quand on a découvert Night Beds, seul un morceau était arrivé jusqu’à nos oreilles, « Even If We Try ». Nous étions complètement passés à côté des trois premiers EPs sortis entre 2008 et 2011. Le coup de coeur était déjà total, la magie n’a pas eu besoin de plus de quatre minutes pour opérer. C’est donc fébrilement que nous attendions Country Sleep, le tout premier album de Night Beds car sait-on jamais, l’album aurait pu ne pas suivre l’excellentissime premier extrait. L’album s’ouvre sur le morceau introducteur « Faithful Heights », un morceau profond et qui transmet énormément d’émotion malgré la sobriété du titre. En effet, aucune mélodie, seulement la voix terriblement envoûtante de Winston Yellen. Le ton est lancé. Un petit détour par un morceau plus vivant et plus rythmé avec « Ramona » puis l’album retrouve sa douceur avec « Even If We Try » et les morceaux suivants. Pour ce premier album, la démarche de Winston Yellen était de produire une musique simple, loin du sens péjoratif du terme. Une musique simple, sans fioriture, presque minimale dans son genre. Revenir aux origines de la musique, faire juste de la musique, tel était le but de Night Beds. Et on peut dire que c’est réussi, haut la main même. Country Sleep ce sont 10 morceaux absolument sublimes, tous plus touchants les uns que les autres. Là où réside
le génie de cet album, c’est que malgré l’aspect simpliste de sa musique, Night Beds réussit à rendre ses morceaux chaleureux. Ça en est presque contradictoire, mais qu’estce que c’est bon. Pour la petite histoire, sachez que durant l’écriture de l’album, Winston Yellen a vécu 5 mois dans une cabane dans laquelle Johnny Cash a lui-même vécu. On sait désormais d’où lui vient son inspiration et sa passion pour la bonne vieille country music. L’anecdote (qui prend finalement tout son sens à l’écoute de l’album) donne une dimension complètement mystique et spectral au travail de Night Beds. Country Sleep est un album profondément personnel et émouvant, qui apporte tout un tas d’émotions et de frissons. Un réel moment d’évasion et en même temps d’introspection. Au final, le seul reproche que l’on pourrait faire à cet album c’est peut-être qu’il est trop court (34 minutes). Mais est-ce vraiment un reproche ou est-ce nous qui sommes trop gourmands et qui en voulons encore ? Mystère. La seule solution pour remédier à ce problème, user du bouton replay et savourer sans modération cette petite pépite. Morgane P.
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Alice Russell
NP Chronique
Toujours sans fausses notes Dans l’ombre d’Amy Winehouse puis désormais d’Adele, Alice Russell ne perd pas le chemin qu’elle s’est tracée depuis une dizaine d’années. To Dust, son cinquième opus, est une couche supplémentaire à une carrière identifiée soulful déjà riche et homogène. Courant 2012, la blonde avait fait un semi-retour en posant sa voix sur les productions de Will Holland, le leader du Quantic Soul Orchestra. Sur l’excellent album Look Around The Corner, Alice Russell naviguait à son aise sur des beats variés entre soul, bossa nova et salsa. Quatre ans après Pot Of Gold et des années passées à enchaîner les collaborations, elle offre donc sa dernière livraison en solo, signée sur le label de ses débuts Tru Thoughts. Derrière la console, on retrouve l’un de ses producteurs préférés, le britannique TM Juke (aka Alex Cowan), qui a travaillé avec les deux bands anglais et américain de l’artiste. Après une intro « A to Z » écrite de manière asssez originale, To Dust s’ouvre sur « Heartbreaker pt 2 », la seconde partie du premier single. Déjà, on retrouve celle qui a fait ses premiers pas dans le chant grâce notamment au gospel. Ça se confirme juste derrière avec « For A While » où elle débite ses griefs sur un flow saccadé.
Alice Russell a cette faculté d’avoir une richesse au niveau de sa voix, quelque chose d’encore perceptible lorsqu’elle est sur scène. Les albums passent, et elle continue de confirmer son statut de diva britannique. Sur le morceau « To Dust », la voilà en train de basculer entre une voix grave d’alto et un refrain plus chanté. « Hard & Strong » dévoile son côté plus féministe sur un beat plus contemporain tandis que « Twin Peaks » nous renvoie à l’une de ses références Prince. De bout en bout, To Dust glisse naturellement, bien relancé par les excellents interludes « I Love You », « Heartbreaker » (décidément) et surtout « Drinking Song » qui emmène la chanteuse sur les sphères de la funk. Les 45 minutes s’achèvent sur « Different », un morceau bonus groovy, avec une ligne de basse obsédante dans le sens agréable du terme qui précède une boucle de piano. Certainement, l’un des meilleurs morceaux d’un album d’Alice Russell qui ne prendra pas la poussière. Babacar D.
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Mélissa Laveaux NP Interview
«En général, toutes mes chansons sont des accidents.» A Now Playing, on a des coups de cœur qui nous font chavirer musicalement. Mélissa Laveaux en fait partie. Cette artiste canadienne d’origine haïtienne nous avait enchanté avec un premier album délicat et poétique, Camphor and Copper. Après 5 ans d’absence, Mélissa revient avec Dying Is A Wild Night. Un opus où l’on retrouve avec plaisir la voix envoûtante de la chanteuse et cet univers si particulier qui la caractérise. C’est dans son appartement parisien que nous avons pu rencontrer cette jeune femme pleine de chaleur. Après un bref échange sur les bienfaits de la vitamine C pour les cochons d’inde, nous nous installons dans son salon pour parler musique. Et qu’est-cequ’elle en parle bien de la musique Mélissa ! Ça fait 5 ans que l’on attend avec impatience le successeur de Camphor And Copper, et ça y est, on y est, tu sors ton deuxième album le 25 février prochain. Pourquoi tant de temps entre les deux albums ? On cherchait des réalisateurs qui nous plaisaient et presque tout le monde a dit non. Après certains trouvaient le projet cool mais il manquait encore quelque chose. Du coup, on a cherché un clavier et on a envoyé l’album à Vincent Taeger qui s’est associé à nous du coup. Et donc, Vincent Taeger, Vincent Taurelle
et Ludovic Bruni ont tous les trois réalisé l’album. C’est du beau monde pour un troisième album quand même. Oui carrément ! La plupart des gens à qui j’en parlais me disaient : «aaah ! C’est des bad boys eux ! « (rires). Oui, ils ont travaillé avec des gens supers comme Oxmo Puccino, Air (Vincent Taurelle au clavier). Ils avaient donc l’expérience que je n’avais pas et ça a été une belle rencontre. En plus, Dying Is A Wild Night est un objet un peu curieux et ils n’avaient pas encore rencontré de chanteuse compositrice qui faisait des chansons un peu bizarres dans la structure. Tous les gens que j’ai rencontrés ont tous fait le conservatoire et, du coup, ils voulaient rendre l’album moins bizarre. Et on a trouvé un juste milieu parce qu’au bout du compte on avait tous le même point de vue. C’est la meilleure expérience que j’ai eue pour l’instant. Alors pour Dying Is A Wild Night, changement complet de décor ! Autant le premier LP était folk et intimiste avec des titres où tu t’accompagnais parfois que de ta seule guitare comme «Akeelah’s Heel» autant ce nouvel album déborde d’énergie et tend clairement vers la pop. Qu’est ce qui t’a fait changer de ligne créative ? Ce n’est pas qu’il y ait vraiment eu un changement, quand je compose des chansons, je suis toujours toute seule et je n’ai pas vraiment les moyens d’ajouter le reste.
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En général, c’est une phrase, une idée, qui lance mes chansons et à partir de cette image là je me lance. Je suis bonne à la guitare, je ne suis pas une arrangeuse. Pour certains arrangements, j’arrivais à me retrouver mais je sentais que certains morceaux pouvaient aller ailleurs et j’entendais autre chose mais je ne savais pas comment le mettre en forme. C’est là où les réalisateurs ont pu m’aider. Donc, ce n’est pas vraiment le son qui a changé puisque ma manière d’écrire est toujours la même.
En cinq ans, il y a beaucoup de choses qui passent. Quand on a commencé à travailler la composition de l’album il y a deux ans, j’avais 30 chansons à proposer. Quand on a fait le tri, les chansons en français ou en créole n’étaient pas aussi fortes que celles en anglais. Et aussi, je n’avais pas envie de faire un album qui était un passeport, je voulais un album avec une cohérence au niveau du thème.
Donc si tu avais fait cet album comme Camphor and Copper, on aurait entendu à peu près les mêmes sonorités ?
Il y a donc une chanson en créole, «PiéBwa», qui est une variation du fabuleux «Strange Fruit» de Billie Holiday.
Je ne suis pas sûre parce que mon style a un peu évolué mais plus ou moins oui. C’est vrai que j’aurais pu faire un album avec un gros son sur Camphor and Copper mais je n’en étais pas encore là où j’en suis mentalement. Là, j’avais envie de faire autre chose, d’ouvrir un peu. Et c’est pour ça qu’au départ de cet album, j’ai travaillé avec la batteuse Anne Paceo et c’était cool de pouvoir discuter de ce qu’on entendait, de la manière dont les phrases étaient chantées.
Oui, c’est une interprétation de «Strange Fruit» du point de vue de l’arbre. Quand je traduis les paroles créoles ça fait un peu cucu et c’est dommage parce que c’est une langue contextuelle par rapport à la langue française où un mot veut en dire dix mille. Du coup, c’est très difficile de choisir les bons mots et tu te retrouves avec des paroles qui sont un peu plates. Je ne sais pas pourquoi j’avais cette envie de faire cette interprétation mais je n’étais pas focalisée sur Billie Holiday. C’est sorti comme ça, j’ai pris ma guitare et j’ai commencé à chanter un air. En général, c’est une phrase, une idée, qui lance mes chansons et à partir de cette image là je me lance. Et là, il y avait l’idée de l’arbre.
C’est elle qui a apporté cette touche jazz à la rythmique du coup ? Non là c’est Vincent Taeger encore qui était un très bon batteur de jazz. Il a joué sur tout l’album et c’était un plaisir de l’écouter parce que c’est un super batteur et je suis une fan ! Dans Camphor and Copper, on sent beaucoup ton attachement à tes racines avec pas mal de titres en créole. Dans ce second opus, il n’y a plus qu’une chanson en créole. Est-ce le signe d’un nouveau départ pour toi ?
Du coup quand tu composes, ça se passe comment ? Tu n’as pas un schéma préétabli comme certains qui font la mélodie puis les textes ou vice-versa… Je n’ai pas de recette magique. En général, toutes mes chansons sont des accidents (rires) !
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Vive les accidents alors ! Oui ! Quand je tombe sur un accord, je me dis : «oh ! Il est intéressant celui-là ! «. Et après je rajoute autre chose. En fait, c’est une exploration et il y a des chansons qui ont du mal à se faire. Par exemple, il y en a une, ça fait un an que je travaille dessus, que je la peaufine, je n’aime pas trop les accords alors j’en change un, pareil pour le rythme… Il n’y a pas de recette magique; non, la chanson, elle te dit quand elle est finie. Qu’est ce qui a motivé ton déménagement sur Paris ? Le label m’a demandé si je pouvais déménager en France. Tout le monde me regarde bizarrement quand je dis ça. Mes parents m’ont dit que j’avais le droit de déménager que si je finissais mes études et que j’étais diplômée. Mon père m’a dit : «je te laisse faire de la musique si et seulement si tu as un truc derrière». Donc la condition c’était finir mes études et il n’y avait rien qui me retenait plus que ça à Ottawa, il y avait ma famille et mes amis bien sûr mais je me suis lancée et maintenant je suis là.
petite surface alors qu’Ottawa est une très petite ville sur une très grande surface. L’adaptation a été difficile, ne pas voir sa famille, ses amis tous les jours c’est dur. Et surtout sentir qu’il y a un espace physique mais aussi émotionnel. On t’appelle de moins en moins. Et c’est aussi un autre mode de vie : passer de l’étudiante qui travaille à côté à musicienne à temps plein n’est pas facile à gérer. Du coup, quels sont les avantages à savoir parler plusieurs langues au niveau de la musique ? Déjà, parler plusieurs langues me permet de lire plus de livres et je m’en inspire beaucoup pour mes chansons. J’aime lire une œuvre dans sa langue d’origine parce qu’il y a des tournures de phrases, des figures de style particulières. Souvent la traduction c’est ... c’est juste horrible ! Quand je vais au cinéma, je lis souvent les sous- titres et ils sont mauvais, surtout quand les acteurs ont un accent ou un patois. Et là, ils te le traduisent en français super soutenu et tout est perdu ! Ce trilinguisme me permet d’avoir accès à plus de mondes parce que chaque langue offre un monde différent.
Et la transition a été difficile.
Tu as énormément d’influences musicales ce qui s’entend dans ton son d’ailleurs. Quel est ton rapport à la musique ?
Justement l’album parle de cette transition qui a été très difficile oui. Subconsciement et consciemment. Surtout pour des raisons beaucoup plus évidentes du style tu arrives dans une très grande ville sur une
J’écoute plus de musique que j’en écris. Avant, c’était le contraire, mais maintenant j’essaie de trouver de nouvelles musiques.
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Je ne sais pas mais j’ai toujours peur d’être à côté de la plaque et en même temps j’ai toujours envie de savoir ce que font les gens, comment ils se retrouvent inspirés. Avec des amis qui jouent de la musique, on a souvent de longues discussions sur faire de la musique et en écouter et on n’est jamais décidé. Pour cet album, j’ai beaucoup écouté Wildbirds & Peacedrums, Tune Yards. Vraiment j’écoute beaucoup de musique, il faut que je regarde mon iphone parce que je ne les ai plus en tête (elle attrape son portable et fouille dans ses playlists). Ah oui ! J’ai écouté The Morning Benders. Ils ont changé de nom d’ailleurs. Oui c’est Pop Etc maintenant et je ne trouve pas ça très bien depuis. J’ai beaucoup écouté Little Dragon, le dernier Fiona Apple, Dark Dark Dark, Father John Misty. En français, j’aime beaucoup The Do ! En fait, j’écoute beaucoup les paroles, du coup, je trouve que les groupes français en général ont du mal à chanter anglais. Une qui chante bien en anglais c’est Emily Loizeau mais elle a quand même une grandmère anglaise, Camille chante bien en anglais aussi. Pour moi, les gens qui n’ont pas l’anglais en langue maternelle et qui chantent très bien anglais sont les scandinaves comme Wildbirds & Peacedrums,
un couple avec la fille qui a une voix incroyable, très riche. Et quel est ton rapport avec la scène ? Je t’ai vue une fois, il y a des années à Bordeaux, et t’étais en première partie de Feist. Oh ouais ! Au Fémina ! T’étais accompagnée d’une trompettiste avec une toque. Oui, Kyrie Kristmanson, une amie ! Elle a toujours sa toque d’ailleurs ! (rires) La scène pour moi c’est un moment où tu peux raconter. Quand tu écris une chanson, tu as une anecdote, un monde qui est connecté au titre et je crois que j’ai le même truc qu’il y a dans ma famille où tout le monde raconte des histoires, des anecdotes qui vont durer 40 minutes. C’est ce que j’aime dans le live, ce rapport au public où je raconte une chanson. Ce qui est dommage avec le public français c’est que les gens ne comprennent pas toujours les paroles parce que je mâche beaucoup mes mots. Sarah E. Crédit photos : Emma Picq
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Mesparrow Hors des sentiers battus.
NP Focus
Souvent, quand on parie, on essaie de mettre toutes les chances de son côté : on regarde son poulain sous tous les angles en souhaitant que l’on ne soit pas tombé sur le mauvais cheval. Ce mois-ci, Now Playing a décidé de miser sur une petite française, Marion Gaume aka Mesparrow, et une chose est sûre : elle a déjà tout d’une gagnante.
Mesparrow. Drôle de nom de scène. Mais tellement bien trouvé.
«Sparrow» en anglais veut dire moineau. Quoi de mieux que cet image pour une artiste prête à s’envoler ? La transformation de Marion Gaume en Mesparrow s’est faite sur les bancs des BeauxArts à Tours. Les Beaux-Arts ? Drôle d’endroit pour tomber dans la musique. Oui mais voilà, la demoiselle a un passif : des études de chant, de piano, des groupes de rock au collège. Marion ne veut pas choisir entre l’art et la musique. C’est tout naturellement qu’elle décide donc de mêler ses deux passions pour n’en former plus qu’une. Et c’est justement ce mélange des genres que l’on aime. Il n’aura suffi que d’un titre avec un clip stylisé, «Next Bored Generation», pour nous convaincre du talent de cette artiste aux multiples facettes. Armée de sa pédale de boucles, Mesparrow joue avec sa voix profonde et nous transporte dans son univers bien à elle. Une chorale à elle toute seule. Mais pourquoi donc croit-on en Marion alors qu’il y a de nombreux artistes qui ont du talent à revendre ? Tout simplement parce que la demoiselle, sans aucun album à son actif, a réussi à se faire remarquer grâce à des concerts rondement menés. Et tout a commencé à s’enchaîner : le printemps de Bourges en 2011, le Chantier des Francos à la Rochelle et en mars 2013 le festival Les Femmes S’en Mêlent. C’est avec le live que Mesparrow a conquis le public. Le chemin inverse en somme. Audacieux et payant. Nous ne pouvons que conseiller à cette artiste, décidément hors des chemins battus, de continuer à mélanger si bien ses différents univers pour nous servir encore plus d’expériences musicales… Sarah E. Crédit photos : Emma Picq
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Pusha T NP Focus
Fournisseur de cocaïne En signant chez G.O.O.D. Music après une décennie d’étroite collaboration avec les Neptunes et leur label Star Trak, la carrière de Pusha T connaît un nouvel envol, un second cycle qui le mènera probablement vers un statut de poids lourd du rap américain. L’ère Star Trak Quand il a commencé à rapper à la fin des années 90, Pusha T s’est surnommé un temps Terrar. Avec son frère cadet Malice, il formait le duo The Clipse, conciliant à la fois la dureté d’un rap street et des beats ultra-modernes, bénéficiant des productions les plus novatrices et stylisées de la doublette Pharrell Williams et Chad Hugo des Neptunes. Après un premier album avorté par la maison de disque Elektra en 98 (qui est devenu ensuite le bootleg très recherché Exclusive Audio Footage), ils publient en 2002 chez Star Trak leur premier opus majeur Lord Willin’, propulsés par le banger imparable « Grindin’ » (et ses nombreux remixes avec Birdman, Lil Wayne, NORE, Sean Paul...) qui a été l’un des morceaux les plus joués aux States cet été-là, suivi plus tard de « Ma I Don’t Love Her » et « When the Last Time ». Déjà les thématiques propres à Pusha se dessinent : références à Dieu, lifestyle des drug-dealers et autres histoires lugubres et malsaines autour de la poudre blanche. L’autre tour de force de cet album certifié disque d’or et classique par la même occasion est d’avoir placé sur la carte du rap leur bourgade de West Virginia, Virginia Beach.
2006 les frères Thornton remettent le couvert avec Hell Hath No Fury (entièrement produit par Pharrell), incluant les singles « Mr Me Too » et « Whamp Whamp », une version plus boom-bap, sombre, pure comme de la drogue non-coupée, bref, meilleure que son prédécesseur. Les critiques sont unanimes, la fratrie Pusha T et Malice deviennent des acteurs incontournables de ce qu’on appelle parfois le cocaine rap. Viendra en 2009 leur troisième album ‘Til The Casket Drops, loin d’être au top niveau mais qui reste marqué par d’étonnantes collaborations, dont Kanye West sur « Kinda Like a Big Deal ». Tout le long de ces albums, la personnalité de Pusha T s’est peu à peu affirmée et même imposée vis-à-vis de son jeune frère, par rapport à qui il manifestait une envie de s’échapper en solo. Comme c’est souvent le cas, il faisait diverses apparitions en featurings (pour les N.E.R.D., Slim Thug...). La question désormais était la suivante : allait-il préparer un projet chez Star Trak ? La réponse n’a finalement pas suivi cette logique. Le début de l’ère G.O.O.D. Music Hé bien non. Sa signature fut gagnée par Kanye West à la rentrée 2010, un mouvement de chaises musicales qui a déconcerté la sphère rap. G.O.O.D. Music, c’était John Legend, Common, une élite d’artistes conscients et hypes.
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Et voilà qu’un rappeur dont on n’a jamais réussi à savoir s’il était Eastcoast ou Dirty South, portant sur lui des textes remplis de sachets de coke débarque en grande pompe sur le single « Runaway », premier extrait de My Beautiful Dark Twisted Fantasy que Kanye a présenté sur les plateaux télé et dont on en retiendra deux choses : l’instrumental reproduit sur scène avec ses machines, et l’officialisation donc de l’arrivée de Pusha T sur le label. Le rappeur posera aussi un couplet sur le morceau « So Appalled », qu’il considère luimême comme son préféré parmi tous ceux qu’il a rappé. L’intronisation de ce nouvel arrivant fut cependant perturbée par le vétéran très mécontent Consequence, accusant la moitié des Clipse d’avoir plagié ses textes sur « My God », extrait de la mixtape Fear of God. Peu importe pour Pusha, Consequence claque la porte du label aussi sec et sa mixtape a tellement bien marché qu’il l’a repackagée sous la forme d’un EP, Fear of God II : Let Us Pray (Decon Records), conviant au passage 50 Cent, Tyler the Creator, Yeezy évidemment, ou encore Rick Ross et French Montana. Ce premier semi-effort en solitaire lui a permis deux choses : d’une part s’affranchir pour de bon de la houlette de Pharrell Williams (qui d’ailleurs ne reste jamais loin de son protégé pour lui fournir ses meilleurs beats), d’autre part ratifier un contrat d’album avec Def Jam Recordings. Le voilà dans une position bien confortable maintenant. Pusha T est aussi un rappeur qui fait parler de lui, alimentant de temps en temps la polémique en critiquant constamment Lil
Wayne (une rancoeur qui dure depuis plusieurs années) ou son protégé Drake à travers son extrait « Exodus 23:1 ». Curieusement, Kanye, à qui il arrive de travailler avec Weezy, ne s’interpose pas au milieu de ces joutes verbales, comme il n’est pas intervenu d’ailleurs dans le beef entre Pusha et Consequence. Traitement de faveur ? Allez savoir... Dernière ligne droite Toujours est-il que Pusha T a été la vedette de la compilation Cruel Summer, en participant sur les plus importants des douze morceaux : « New God Flow », le single « Mercy » et « I Don’t Like (remix) ». Dans la même veine stylistique, il dévoile plusieurs semaines après « Pain » (feat Future), le single officiel tiré de son futur projet renommé My Name is My Name. Sont annoncés à la production Kanye West et les Neptunes naturellement, Just Blaze, Swizz Beatz, TheDream, Young Chop... On a pu déjà avoir un aperçu concret de ce à quoi on pourra s’attendre grâce à sa dernière mixtape sortie en début d’année, Wrath of Caine, emmené par l’extrait « Blocka » aux accents jamaïcains, et toujours des titres très ‘dope’. Pusha T semble parti sur de bons rails, il nous tarde de trouver sa marchandise physiquement chez nos disquaires. Stéphane M.
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Granville NP Interview
Granville, c’est l’histoire d’une fille et de trois garçons Normands qui décident de chanter et jouer de la pop tout droit venue des années 60. Depuis l’été dernier, le quatuor Normand ne cesse de faire parler d’eux et s’impose tranquillement mais surement sur la nouvelle scène française. Granville fait l’unanimité, une pop fraîche, acidulée, des paroles qui rappellent à chacun un souvenir au bord d’une plage, une soirée d’été … Granville c’est la recette du groupe qui fait du bien, et ils le font savoir avec leur premier album Les Voiles, sorti début Février. Entretien avec la timide Mélissa et Sofian le guitariste. Tout d’abord pourquoi avoir choisi ce nom Granville ? Sofian : Quand on s’est réuni tous les trois pour former ce projet on avait envie de parler de souvenirs d’enfance, de voyages, de plage, on a tous des souvenirs à Granville : première fois qu’on a vu la mer, un des premiers concerts de Mélissa avec son projet d’avant, Arthur a passé des vacances là-bas. C’était donc naturel pour nous de choisir ce nom qui est aussi le symbole d’une ville près de la mer, ouvert au monde Anglo-Saxon.
Vous vous êtes rencontrés comment ? Mélissa : j’étais avec mon projet folk dans un bar, Avec Arthur et Sofiane on s’était envoyé quelques mails auparavant, ils sont venus me voir. Et voilà. A côté de la musique, que faitesvous ? Encore en étude ? Travail ? Sofian : Cette année on a arrêté vu qu’on a plus le temps, on a décidé de se consacrer à la musique. Avant, Arthur et moi, on était en études supérieures et Mélissa a arrêté le lycée à 16 ans. A quelques jours de la sortie de votre premier album, comment vous sentez-vous ? Arthur : On est très excités Sofian : Enthousiastes Mélissa : Impatients Pas stressés du tout? Sofian : Si (rires) On a diffusé pour l’instant que deux-trois morceaux depuis la création du groupe, du coup le fait de passer aux choses sérieuses, que tout le monde découvre plus en profondeur notre univers, c’est excitant et angoissant. Mais on a hâte !
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Je vous ai vu au Point Ephémère l’année dernière, c’était votre première date à Paris, alors c’était comment en coulisses ? Sofian : C’était stressant car il y avait une attente, les Inrocks avaient parlé de nous, Magic aussi. Et ça c’est super bien passé en fin de compte, on était stressés mais au fond on avait qu’une hâte : monter sur scène. On est revenu joué en Janvier au Point Ephémère, notre première date de l’année, et ça s’est magnifiquement bien passé encore une fois. On est contents que notre « première fois » se soit déroulée là-bas. Composez-vous collégialement ? Ou chacun à un rôle prédéfini ? Sofian : En fait, on travaille beaucoup avec la base guitare/ voix, du coup soit on commence par un morceau guitare/voix, on écrit des accords puis des textes qu’on modifie avec Mélissa, soit l’inverse. Sinon sur l’album il y a des titres qui ont été écrits à plusieurs mains comme « La Robe Rouge », « Les Voiles », « Macadam » par exemple. Il n’y a pas de schéma fixe, on essaye tous de s’impliquer au maximum dans la composition pour que chacun se sente membre à part entière du projet.
Comment s’est passée la réalisation de l’album ? Sofian : Les morceaux sont arrivés très vite lors de la création du groupe, en Février 2011 on avait environ 20 - 30 morceaux. Puis ensuite, on en a choisi lors de la préproduction avec Nicolas Brusq, il a co-réalisé et mixé, tout le mois de Juin. Lors de la première session en Août dernier, on n’était pas vraiment satisfaits de ce que l’on avait fait, on est alors retourné en studio en Septembre, et on a refait l’album en 2 semaines. Est-ce que les premiers retours vous ont influencé sur le reste de l’album ? Sofian : Non car on avait tout composé en fait, on avait déjà tous les morceaux. On avait une idée précise de ce que l’on voulait faire de cet album, des sonorités, dès la création du groupe. On sent appartenir à une scène qu’on écoute beaucoup, la scène actuelle américaine. Du coup on avait envie de ces sonorités pour l’album, mais adaptées aux Français, c’est-à-dire moins « dégoulinante ». L’idée de base a toujours été de faire quelque chose qui nous plaît et d’être sincère, et le message sera plus facile à transmettre, c’est le principal pour nous.
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On aime ce côté désuet de la boum, du slow, et ce côté nostalgique à la fois mélancolique. Quelles sont vos influences majeures ? Sofian : On a le sentiment d’appartenir à un état d’esprit en musique proche des groupes Américains, New Yorkais comme Grizzly Bear ... Mais aussi des textes que Serge Gainsbourg a pu écrire pour ses muses, cette patte née dans les sixties qui existe encore aujourd’hui, cette manière naïve d’écrire. On se sent proche de tout cela, on n’est pas influencé mais c’est plus un sentiment d’appartenance. Pourquoi avoir choisi de chanter en Français ? Mélissa : C’est venu naturellement, on vient tous de formations qui chantaient en Anglais auparavant. On avait une volonté d’apporter quelque chose en plus, quelque chose d’original dans ce même style de musique. Il y a tellement de groupes qui chantent en Anglais aujourd’hui, et si on voulait s’imposer on devait le faire avec nos propres armes.
Que pensez-vous de cette nouvelle vague Française (Pendentif, Mustang, la Femme etc) ? Sofian : On en pense du bien, on partage souvent la scène avec eux, mais chaque groupe fait son truc dans son coin, mais au final c’est assez différent. On a l’impression qu’il y a un élan de scène car tous ces groupes arrivent en même temps, mais si on s’y penche plus précisément, c’est assez différent Je pense qu’il y a une prise de conscience, le Français ce n’est pas le diable dans la pop et dans le rock, c’est possible de faire sonner le Français sur ce genre de musique. Et c’est cool de voir tous ces groupes se mettre au Français, nous les premiers qui avions que des groupes qui chantaient en Anglais avant d’entrer dans Granville. Votre musique est influencée par le genre cinématographique, c’est volontaire ? Sofian : On écoute tout autant de musique qu’on regarde de films, pour nous un projet musical ne doit pas s’arrêter à l’ouïe. On aime
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beaucoup les groupes avec une atmosphère posée par des chansons, comme les Beach Boys où on est tout de suite à la plage, où les Strokes avec le centre ville. Faire de la musique qui transporte, peu importe où on est, où on l’écoute. L’univers de Granville est influencé par les films qu’on aime, comme les films de Sofia Coppola par exemple. Aujourd’hui, un groupe de musique doit imposer un univers, une atmosphère qui lui est propre. Et sinon, vous trouvez que votre musique fait penser à la Boum ? Sofian : (rires) Nous aussi quand on était petits on aimait la Boum, ce côté slow, puis ça passait tous les ans. On a fait aussi des boums quand on était jeunes, mais dans les années 90. Mais ce n’était pas les mêmes boums (rires) Sofian : (rires) Oui c’est sûr nous il y avait déjà Eminem etc, mais c’était quand même des boums. Il y avait toujours le slow avec la fille qui ne voulait pas danser avec toi. On aime ce côté désuet de la boum, du slow, et ce côté nostalgique à la fois mélancolique. Vous n’êtes pas tristes dans la réalité ? Sofian : Non on n’est pas tristes, on est comme tout le monde, on est triste ou heureux par moment. On a un côté très nostalgique et on a besoin de cette introspection pour
comprendre comment on en est arrivé là. Du coup, cela nous met face à des réalités, des souvenirs, des prises de conscience. On est à un passage à l’âge adulte, ce n’est jamais très simple et cela transparaît forcément dans notre album. C’est à l’image de ce que l’on est, des craintes que l’on peut à voir etc. On n’est pas des gens tristes mais ce sont des questions que l’on se pose. Vous êtes nostalgiques des années 90 ? Sofian : On n’est pas nostalgiques des années 90 en soit, mais on est très contents d’avoir 22 ans, 18 ans et d’être là aujourd’hui. C’est juste une question de facilité des premières années, des années collège où tout le monde s’en fiche. Encore ce matin on en parlait avec Mélissa, on passait devant un collège, un enfant passait et il avait une tête pas possible, et on s’imaginait ce qu’il pouvait se dire dans sa tête. On pensait à « oh j’aurais bien aimé rester devant TFOU » et nous maintenant c’est plutôt « Oh merde j’ai pas appelé l’assurance pour mon appart’, comment je fais ? ». On est plutôt nostalgiques de ce genre de détails. Pas des années 90, mais de notre enfance qu’on aurait aimé vivre dans les années 70, ce genre de nostalgie fantasmée qu’on retrouve dans l’esthétique de Granville. Wadji. B Crédit photos : Diane Sagnier
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Laura Mvula
NP Focus
Le pari de la rédaction. Le pourquoi du comment de l’amour porté à Laura Mvula semble si évident qu’il serait presque difficile à définir simplement. Laura Mvula. Tout dans son nom déjà sonne léger, céleste et habité. Et si l’admiration portée à cette jeune artiste, étudiante en musicologie et originaire de Birmingham parait si débordante c’est qu’elle est parvenue à hypnotiser dès les premières notes de « She », premier extrait de son EP éponyme sorti le 16 novembre 2012. Une voix profonde, des paroles touchantes et réfléchies, un phrasé aérien, des sonorités harmonieuses, planantes et délicates, ont ainsi été dévoilés à mesure que l’on découvrait « Like The Morning Dew », « Green Garden » ou bien encore « Can’t Live With The World »... Ajoutez à cela une promotion discrète de sa maison de disque RCA pour attiser encore un peu plus le mystère et la curiosité autour d’elle et une reconnaissance quasi immédiate, et vous trouverez sans doute LA révélation soul contemporaine de l’année 2013. Un autre argument ? On y croit déjà parce que son talent est indéniable et secundo parce qu’on est pas les seuls, la délicate Laura faisait déjà partie le 6 décembre dernier de la short list des « BRIT Award of Critics’ Choice 2013 » et quatre jours plus tard, le 9, elle était nominée pour recevoir le « Sound of 2013 ». Par deux fois pressentie, par deux fois en vain, mais d’expérience, nul besoin de remporter un prix pour devenir, sans doute aucun, une artiste reconnue. Reste seulement à Laura Mvula de se dévoiler davantage à son public lors de la sortie de son premier album Sing To The Moon le 4 mars prochain, pour que l’amour soit éternel.
Laurène D.V. Crédit photo : Josh Shinner
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Lonesome Dreams Le voyage merveilleux
NP Chronique
Vous avez toujours rêvé de tout laisser derrière vous, d’aventures, d’explorations mais vous n’avez jamais pu sauter le pas ? Dans ce cas, nous avons trouvé l’album parfait pour vous permettre de vous évader sans bouger de votre fauteuil. Alors installez-vous et savourez Lonesome Dreams, merveilleux premier opus de Lord Huron. Projet solo de Ben Schneider au début, le groupe Lord Huron s’est étoffé de quatre complices qui nous régalent avec leurs arrangements épiques et envoûtants. Dès le premier morceau «Ends of The Earth», on se retrouve propulsé dans leur univers fabuleux. Inspiré des voyages de Ben, ce premier opus a quelque chose de chamanique dans ses arrangements. Les rythmes sauvages se mêlent aux harmonies vocales qui nous rappellent d’autres très grands de la folk, les Fleet Foxes. Le second titre, «Time To Run», est une ode à la liberté, une course effrénée pour fuir la routine, pour vivre ses rêves. On a plus qu’une envie c’est de chausser ses santiags, prendre son baluchon et de partir. Pour aller où ? A-t-on vraiment besoin d’une destination précise pour explorer et découvrir ? Tout au long de ses douze morceaux pleins de poésie, des images nous traversent la tête : des chevauchées solitaires à travers des paysages désertiques, des explorations de coins reculés et oubliés. Lonesome Dreams est un album lumineux porté par une orchestration puissante : des percussions sidérales aux guitares planantes, Lord Huron ose des arrangements ambitieux pour mieux nous émouvoir. Aux côtés de titres emplis de lumières, on trouve des morceaux teintés de touches plus sombres à l’image de «Lullaby». L’aérien «The Ghost On The Shore» avec ces harmonicas lointains, cette ritournelle à la guitare obsédante et ces voix intimes est un vrai régal pour les oreilles. Mais l’autre point fort de ce premier opus est sans aucun doute les paroles en ellesmêmes. Ben Schneider nous chante ses origines, son amour pour la nature avec une finesse et une poésie dignes des grands songwriters. Sa chanson «Brother», célébrant ce bien précieux qu’est l’amitié, en est un parfait exemple : «depuis combien de temps nous connaissons-nous mon frère ? Des centaines de vies, des milliers d’années. Combien de miles avons nous erré sous le ciel, chassant notre peur ?» Lonesome Dreams n’est pas un album parfait. Mais Lord Huron a réussi le plus beau des paris : nous faire voyager grâce à la musique. Et on n’en demande pas plus. Sarah E.
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José James NP Interview
«Aux USA, il y a une ségrégation des genres !» Pour la promo française de son album « No Beginning No End », Jose James s’est soumis à un sacrifice : vivre la veille des élections américaines à distance. « J’ai déjà voté, disait le crooner à la veille d’une nuit victorieuse pour lui. Dommage que l’Etat dans lequel je vote, New York n’est pas décisif. Mais j’ai l’espoir que les gens ne tombent pas dans l’idiotie de Mitt Romney. » Son souhait de deuxième mandat pour Barack Obama a été exaucé, mais pas question de parler politique dans ses morceaux. Jose James est avant tout un représentant de la musique noire, soucieux de parler d’amour, de sa vie d’homme... Entretien.
différents styles, avec des artistes de tous horizons. Mais sinon, tu sais rapper ? Non, mon gars, je suis mauvais (rires) !! Ce n’est pas mon truc ! J’adore le hiphop mais je ne sais pas rapper ! Jeune, qu’est-ce que tu écoutais justement ? Disons que j’écoutais de tout. Je me souviens au lycée dans les années 90, j’écoutais 10 000 Maniacs, Nirvana, De La Soul, Pharcyde, Ice Cube, Rakim, Beastie Boys… La grande musique des « nineties », quoi. Donc très peu de jazz…
Récemment, tu as déclaré ne pas vouloir être catalogué comme chanteur de jazz. Pourquoi ? Je ne veux pas être réduit à ça, principalement à cause de l’industrie de la musique. Aux Etats-Unis, si tu te présentes en tant que tel, tout le monde dira que je ne sais faire que ça, que je joue d’une certaine manière. A vrai dire, beaucoup de gens croient que je suis un rappeur en voyant mon style et sont ensuite surpris par ma musique. En Europe, au Japon, la question ne se pose pas. Mais aux Etats-Unis, il y a une sorte de ségrégation de catégorisation de la musique. Donc je préfère qu’on me considère comme un artiste qui bosse avec
En fait, c’est né à partir de là. Des groupes comme Tribe Called Quest m’ont entrainé vers les artistes de jazz. En décodant leurs morceaux, je me suis demandé qui sont les Roy Ayers, Miles Davis etc qu’ils citent en boucle. Et je découvrais tout le passif de ces mecs que je ne connaissais pas. Du coup, j’achetais plein d’albums pour parfaire ma connaissance.
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Quand j’ai eu mes 14 ans ma voix a changé, et j’ai eu cette voix grave. Tout le monde me chambrait : « hey t’as vu, le petit avec sa grosse voix… » Que penses-tu de Robert Glasper, avec qui tu collabores sur « No Beginning No End » et qui est en quelque sorte en train de moderniser le jazz ? A mon avis, il veut simplement faire de la musique, mais il n’y a rien de prémédité là-dedans. Robert Glasper reprend Nirvana et ça ne m’étonne pas car on a le même âge et on a grandi avec. Quand il reprend Sade, c’est parce que c’est la chanteuse que tu mets quand tu es avec ta copine (rires). Il ne s’agit pas de dire que c’est du jazz ou pas mais plutôt de s’affirmer, d’affirmer sa manière de voir les choses. Je dirais que c’est comme ça que notre musique américaine essaie de brasser à travers le monde. D’ailleurs, comment se fait-il que vos albums marchent plus à l’étranger qu’aux Etats-Unis ? L’industrie n’est pas la même. Tout tourne autour de l’argent, c’est comme à NY où je vis. Le New-Yorkais ne se préoccupe pas trop de l’histoire mais avant tout du futur et de sa valeur. Alors qu’à Londres par exemple, tout
le monde essaie de savoir ce qu’il se cache derrière un artiste comme James Blake. Il y a un public demandeur et qui sait le récompenser avec le respect qu’il mérite. D’ailleurs, Robert Glasper a déjà sorti quelques albums avant le dernier (« Black Radio », ndlr). Mais comme il a collaboré avec Erykah Badu, Lupe Fiasco, tout le monde s’y intéresse d’un coup. Concernant ta signature chez Blue Note, qu’est-ce qu’elle va changer ou t’apporter musicalement ? J’ai signé après la fin de l’enregistrement de mon album. Et j’ai beaucoup de respect pour le fait qu’ils aient validé mon travail sans me demander de changer quoi que ce soit. Même pour la pochette, ils m’ont laissé les clés. Ils ont aimé l’album et ils m’ont signé. Cette association entre un artiste et un label qui veut apporter de la nouveauté, c’est excitant.
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« No Beginning No End » est différent des deux précédents albums. Quel était ton désir ? Dans notre génération, il y a un truc qui manque chez les compositeurs : c’est le travail de la mélodie. Je voulais retourner à l’époque fin des années 60-début des années 70 où il y avait du son funky, soulful : c’était riche ! Il m’a fallu deux ans pour mettre tout ça en forme.
Elle a une voix spéciale, et toi aussi. Comment la travailles-tu ? Quand j’ai eu mes 14 ans ma voix a changé, et j’ai eu cette voix grave. Tout le monde me chambrait : « hey t’as vu, le petit avec sa grosse voix… » Naturellement, les gens qui ont une voix douce vont vers le R&B ou la pop. Comme j’ai plutôt une voix de baryton comme Nat King Cole entre autres, je me suis orienté vers une musique plus classique.
Comment s’est passée la rencontre avec Hindi Zahra pour le titre « Sword + Gun » ?
En tout cas, ça plaît et notamment en France où tu commences à être habitué des salles. Que penses-tu du public ?
Je l’ai rencontrée à Londres par le biais d’un ami commun, Hassan Hajjaj (artiste/photographe, ndlr) qui est marocain comme elle. Il a collaboré avec elle sur « Handmade » et avec moi pour la pochette de mon précédent album « Blackmagic ». Au Jazz Café on a discuté avec Hindi avant de devenir amis. La difficulté a été de se coordonner pour trouver un moment entre le Maroc, Londres ou les Etats-Unis. Finalement, je suis venu ici pendant qu’elle était en pause dans sa tournée. C’était super de bosser avec elle, je l’adore !
Paris, c’est l’un de mes meilleurs publics. Ici, je retrouve chez les gens la meilleure alliance entre « j’écoute » et « je participe ». Au Japon, les gens sont plus figés et silencieux, ils te regardent en ayant la plus grande admiration pour toi. On se croirait à un concert de musique classique ce qui peut me stresser d’ailleurs car même si tu essaies de ne pas y penser, tu peux te dire qu’ils ne sont pas dedans. En général dans la « black music », t ‘as besoin de « Yeah, yeah », enfin quelque chose quoi qui me dit que vous êtes là. En France je l’ai. Babacar D. Crédit photos : Ludovic Etienne
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MIGUEL En couverture
Passion R&B.
26 janvier. 18h30. Enceinte duTrianon pour le deuxième concert de Miguel dans la capitale. Une voix résonne dans la salle encore vide. On reconnait immédiatement le refrain du tube qui lui a valu un Grammy, «Adorn». Miguel fait ses balances, s’applique, la répète encore et encore. On se doute bien que ce sera le clou du spectacle. Pendant plusieurs minutes, il reste sur scène recherchant le parfait «let my love adorn you». Celui qui fera fondre l’assistance nombreuse qui l’attend déjà derrière les portes. Quelques minutes après, c’est un Miguel souriant qui nous rejoint content de lui-même, des chicken wings à la main, nous dit qu’il le sent bien, que ce deuxième concert sera encore meilleur que le premier. Le ton est donné, ce soir, ce sera une discussion entre potes.
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Depuis la sortie de son premier album All I Want Is You, il en a parcouru du chemin. Mais il ne prend pas la grosse tête, il se sent juste béni. «C’est encourageant. Quand vous restez concentré, les possibilités sont infinies.» Infinies en effet pour cet auteur, compositeur, interprète de 27 ans pour qui ça n’a pas toujours été facile musicalement parlant. Après une dispute judiciaire avec Black Ice Records, label qui l’avait signé en 2004, Miguel mis 3 ans à sortir son premier album All I Want Is You (2010) après avoir signé avec Jive Records (signature qui a eu lieu en 2007). Des débuts laborieux donc. « Je n’aurai rien fait différemment. Je ne suis pas le genre de personne qui regarde le passé et qui a des regrets. Je pense que tout le monde vit des événements nécessaires, qui lui permettent d’apprendre et d’éviter de répéter ses erreurs. J’ai connu les expériences nécessaires, qui m’ont permis d’arriver là où j’en suis aujourd’hui. Chaque perception est différente. Malheureusement pour moi, je suis passé par un stade où j’ai du déprimer pendant 3 ans, avant de pouvoir ressortir un album qui serait bon, d’apprendre des le-
çons. Mais je sais qu’aujourd’hui, je suis un homme meilleur.» Un homme meilleur. Un artiste meilleur. Miguel a aussi décidé de faire changer la perception du public. «Vous ne pouvez pas toujours savoir comment les autres vous perçoivent. Vous seul portez un regard sur vous-même. En particulier quand vous êtes un artiste car vous faites des choses et prenez des décisions d’après des éléments qui vous inspirent, qui vous touchent. Et parfois, ça ne touche pas les autres de la même façon que pour vous, car c’est basé sur une simple opinion.» Il faut dire qu’au départ l’opinion n’était pas forcement favorable malgré les relatives bonnes ventes d’All I Want Is You. Du moins pas sur sa musique mais sur Miguel en tant que personne. «Sur le premier album, je me sentais parfois incompris, car j’essayais de trouver la bonne façon de me projeter en tant qu’individu, une manière qui me semblait juste. Je pense que ma musique y arrivait plu vite que moi. J’ai beaucoup grandi sous les projecteurs.
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Je prenais le temps de prendre le recul pour voir ce qui me correspondait vraiment et ce que j’aimais. C’est un passage obligé, de juger ce qui a été bon ou mauvais. Toutes les plus grands équipes sportives visionnent les bandes pour voir ce qui a été fait. Bien ou pas. Tous les plus grands ont dit que cela demandait une remise en question constante et cohérente.» Lorsqu’on évoque ses débuts, sa toute première vidéo «Getcha Hands Up», il éclate de rire. «Quand je la regarde maintenant, je n’y crois pas. On n’a pas besoin d’être un génie pour se rendre compte en regardant cette vidéo qu’il y avait quelque chose qui clochait. Ce n’était pas moi. Mais quand tu es jeune cela fait partie des choses que tu essaies, c’est ce qui est génial dans la vie en général. Tu essaies et si ça ne marche pas tu arrêtes.»
par la suite qu’il s’agit d’un autre futur grand (?), Kendrick Lamar pour le remix de «How Many Drinks». Kaleidoscope Dream est-il alors comme certains aiment le dire ‘l’album de la maturité’ ? Une chose est sure, c’est peut-être l’album de l’émancipation. Miguel prend confiance et pose sa patte si fine partout sur l’album : de l’écriture à la (co-)production en passant par les instruments. «Cet album représentait pour moi des vibrations, des textures, des couleurs, des parfums, des senteurs. Je devais percevoir ses vibrations, sa noirceur. Et ce choix était délibéré. Je crois que sur cet album, les paroles sont au second plan et les sonorités prennent le dessus. J’ai pensé les paroles comme l’enrobage de la musique. C’était vraiment très important pour moi de m’impliquer pour cet album». Libérateur, cet album l’est sûrement.
‘Lesson Learned’ donc comme dirait Alicia Keys, seule et unique artiste à figurer en featuring (pour les choeurs de «Where The Fun In Forever ?») sur Kaleidoscope Dream, le deuxième album de Miguel. Pas vraiment parce qu’il avait besoin de place pour s’exprimer. «C’est intéressant car j’avais envie d’avoir des featurings sur l’album. Et c’était censé arriver, mais c’était très proche de la deadline pour remettre l’album et c’était une demande de dernière minute. L’artiste est revenu vers moi mais je n’ai pas eu le temps de le mixer et le masteriser à temps, donc cela n’a pas pu être intégré à temps.» On apprendra
Tout a commencé à la fin des sessions d’enregistrement de All I Want Is You. Obligé d’écrire une chanson dans la même veine que le titre phare de l’album, Miguel se plie à la demande mais écrit en même temps le titre qui donnera son nom à son second album comme un acte de rébellion. «Je me disais je ne vais pas retourner en arrière, faire le même genre de chansons. Mais j’ai dit d’accord. Il m’a fallu 3 ou 4 jours pour écrire une chanson qui sonne comme ils voulaient. C’était comme une corvée.
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Mais j’ai enfin réussi à finir cette chanson. Et j’ai dit à Salaam (Remi NdlR), un peu comme de la défiance, faisons-en une autre, mais cette fois sans pression, laissez-moi créer . Je voulais faire quelque chose d’inattendu, d’inédit. Et c’est là que «Kaleidoscope Dream» est arrivée. J’en suis tombé amoureux. Et je ne l’ai même pas terminée. J’avais seulement écrit le 1er couplet, une partie de la chanson. Et je l’ai gardée pendant 2 ans et demi, toute la période pendant laquelle on travaillait sur All I Want Is You. Et à chaque fois, je revenais dessus et je me disais «allez, c’est ça». Et c’est là que j’ai commencé, que je me suis lancé dans Kaleidoscope Dream, l’album. C’était le point de départ d’un album autour duquel j’allais pouvoir construire. Qui définira mon style de vie». Pour préparer le terrain, Miguel publiera une série d’EPs, Art Dealer Chic. Et le tournant décisif viendra avec le premier volume de cette série mis en ligne le 27 février 2012 sous le titre d’ «Adorn». Depuis le titre a fait de chemin. Couronnée par le Grammy Awards de la meilleure chanson R&B en février dernier, «Adorn» devient la ‘signature song’ de Miguel . « J’étais dans l’avion , je rentrais à la maison, et j’écoutais cette mélodie. Ma copine me manquait. Je ne l’avais pas vue pendant 2 semaines. Je suis rentrée et j’ai passé du temps avec elle. Ensuite je me suis remis à la musique, j’ai bossé sur les instruments, 2h après, je suis parti en voiture pour enregistrer un mix de ce titre. Et là je suis resté assis pendant 30 minutes dans la voiture à écouter en boucle cette chanson, à réaliser qu’elle est très spéciale.
Je me suis dit que ce serait vraiment fou de l’entendre à la radio. Puis qu’on allait juste l’enregistrer sur Art Dealer Chic. On a tourné notre propre clip pour cette chanson, j’ai tout fait moi-même. J’ai embauché un réalisateur, des photographes. J’avais le concept en tête. Le weekend, le nombre de vues a explosé. On se demandait ce qui se passait . Les gens ont vraiment aimé la chanson, et c’est cela qui a rendu ce moment si spécial, qui m’a donné l’élan pour le reste de l’album. Un moment très particulier, donc.» Mais ce titre pourrait-il lui jouer des tours ? Chanson sensuelle, chanson d’amour, qui sera à jamais associé à son nom,»Adorn» pourrait-elle faire de son auteur un chanteur de ‘R&B mielleux’ ? «L’album ne parle pas que d’amour, de sexe. Sur les 11 chansons, il n’y en a que 4 qui parlent d’amour, de sexe, ou de romance. Le reste parle de la vie en général. Et c’est important pour moi de ne pas être là où on m’attend. Je pense que la musique R&B va bien au-delà de la romance. Et même, sans parler de R&B, ma vie ne se déroule pas uniquement dans une chambre. 85% de ma vie a lieu hors d’une chambre» dit- il en éclatant de rire.»Donc, si ma musique est la représentation de ma vie, je pense que tout ce que je vis devrait être valorisé par mon art. C’est pour cela que c’était important que je fasse cet album. Il n’y a pas que l’amour. Mais aussi, n’oublions pas que l’amour est universel. Tout le monde peut parler de ses expériences, ses désirs, le manque ou toutes ces choses relatives à l’amour.
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Alors oui j’en parle, mais il y a bien d’autres choses et c’est pour cela que des chansons comme «Where The Fun In Forever ?» ou «Candles In The Sun», «The Thrill» sont là, pour illustrer le fait que le R&B n’a pas besoin d’être cliché.» En effet le succès d’ «Adorn» est tel que l’on pourrait à tort faire l’impasse sur les autres titres. Comme le fameux «Do You» que Miguel considère comme «parfois oublié». Mais cela encore une fois ne le dérange pas plus que ça, il s’en amuse même en la transformant en ode aux chicken wings posées là. «Do you like chicken ?... Me too». «J’étais en studio et c’est juste sorti. Je me souviens encore de l’expression sur le visage de l’ingénieur du son quand j’ai dit «Do you like drugs?». Et c’est là où j’ai su. Elle trouble en quelque sorte mais elle sonne juste. J l’ai réécouté et je me suis dit «je l’ai». Et l’ingénieur du son, l’expression de son visage, il était là «est-ce que tu viens de chanter ce que tu viens de chanter ?» Le reste est venu tout seul. Et la musique...» L’évocation de la chanson le rend songeur. Il la fredonne le sourire aux lèvres et les yeux fermés. Absorbé. «C’est une des chansons que je n’ai pas produite sur l’album ou co-produite. J’ai juste rejoué la guitare pour que cela corresponde plus à ce que j’avais envie d’entendre mais Jerry Wonka a vraiment compris cette chanson». Il est vrai que dans le R&B, on ne parle pas que d’amour comme le prouve – pour ne citer que lui, le What’s Going On de Marvin Gaye -si tant est qu’on aie eu besoin prouver que Marvin Gaye n’était pas (qu’)un chanteur à ballades sexy.
Donc Miguel à l’instar d’une de ses plus grandes influences ne s’inquiète pas de l’image qu’il peut avoir.Parmi les influences de Miguel, on retrouve donc Marvin Gaye, Hall & Oates, Prince qui selon lui a écrit la chanson la plus sexy de tous les temps, «Insatiable», et Van Morrison dont il s’inspire souvent «même pour la prononciation». Alors Miguel a t’il trouvé la recette du succès ? Celle qui fait que tous les artistes se l’arrache. De Nas à ... Beyoncé ? Selon la rumeur et une photo postée par Miguel où l’on voit les deux artistes en studio côte à côte. Mais là encore Miguel reste secret, taquin, ne lâche rien : «Non, elle m’a seulement laissé prendre une photo avec elle. Elle est vraiment adorable» déclare t’il le sourire aux lèvres, visiblement content de jouer les mystérieux .Une chose est sure c’est que l’avenir s’annonce radieux pour lui. Et si l’on en croit la réaction de Kelly Clarkson lors de la 55e cérémonie des Grammys, cela ne devrait pas être très dur de convertir les autres. Alors quel est son secret de réussite ? La passion. Tout simplement. «Je ne dis pas que cela ne demande pas énormément d’efforts, mais ça demande plus que tout de la concentration, et de l’application et être passionné. Et être passionné, c’est ça le plus important.
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Quand tu sais ce que tu veux et que tu vas voir quelqu’un et tu lui dis «voici ce que je veux, voici ce que je vais faire» et qu’on te répond «non tu ne peux pas» ou que la vie te joue des tours, la passion est probablement la seule chose chose qui va te faire tenir, te faire avancer parce que tu y crois, parce que tu le veux, parce c’est ta vérité, parce que tu t’y accroches. Le succès demande de la passion. Tu dois en vouloir. La majorité des personnes dans ce monde font des choses qui ne les passionnent pas et ce sont ces mêmes personnes qui vont te dire ce que tu ne peux pas faire, ce qui t’est impossible de faire. Parce qu’ils ne savent pas ce que peut faire la passion, ils n’en n’ont pas fait l’expérience. C’est le plus grand facteur de succès. C’est ce que je dis à tous mes concerts «s’il vous plait, s’il vous plait, je vous en prie, soyez passionnés. Ne le faites pas si vous ne l’aimez pas, ne le faites pas pour en faire une corvée». Les personnes passionnées sont des personnes heureuses. Et on a besoin de beaucoup plus de personnes heureuses dans ce monde.» Vous avez dit Passion Miguel ? Wadji B. Crédit photos : Ojoz
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Les nouvelles mutations NP Dossier
du R&B
Il a fait les beaux jours des années 90, s’est considérablement popularisé dans les années 2000 subissant par la suite un sacré revers de médaille, taxé de céder aux sirènes de la facilité et des recettes toutes faites. Lui ? Le R&B contemporain. Un genre désormais en voie de réhabilitation, galvanisé par l’apparition de petits nouveaux.
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Passé de sous-genre musical cliché à son estampillé « hipster », le R&B contemporain aura connu ces dernières années un ascenseur émotionnel sans précédent regroupant en son sein autant de jeunes adoratrices de Chris Brown que de nouvelles recrues séduites par les sonorités d’un The Weeknd ou Frank Ocean. Désormais portée aux nues par la critique, appréciée des amateurs de pop indie et de rock, cette nouvelle vague d’artistes envahit les oreilles les plus néophytes en la matière. Ils sont nombreux à y participer : des plus connus comme les précédemment cités The Weeknd ou Frank Ocean aux plus discrets tels Jeremih ou JMSN en passant par les très prometteurs AlunaGeorge, Jessie Ware... La liste est longue et deviendrait même exhaustive tant les talents viennent à s’aventurer sur les terres popularisées par des artistes nettement plus mainstream et installés comme Beyoncé, Usher ou bien encore R.Kelly. Le plus souvent débarqués de Grande-Bretagne, du Canada ou des Etats-Unis, ils mêlent avec agilité différents genres musicaux, oscillant entre électro, pop, osant parfois même quelques virées rock’n’roll, le tout sur fond de productions aussi sensuelles que 2.0. Cet éclectisme aujourd’hui assumé contrebalance pourtant avec un genre R&B longtemps blâmé pour son caractère restreint, usant de codes rythmiques et vocaux redondants aux yeux de cer-
tains. S’accoquinant volontiers avec son vilain grand frère le hip hop, il ne s’est pourtant pas limité à ses propres us et coutumes… Les précurseurs 1987. Teddy Riley, producteur émérite créé le New Jack Swing, fusion entre le hip hop et rythm & blues traditionnel qui donnera naissance au R&B. Né d’un savoureux mélange, le genre ne cessera par la suite de se transformer et d’évoluer sous la houlette de producteurs et d’artistes novateurs et visionnaires. 1996. Timbaland collabore au second album d’Aaliyah, One In A million. Lui et ses comparses Magoo et Missy Elliott révolutionnent le genre, le faisant sortir de ses frontières étriquées, lui offrant des sonorités rythmiques avant-gardistes tout droit sorties d’un autre monde. Cette patte, nouvelle, Timbaland l’apportera à de nombreux artistes, le sexy Ginuwine et surtout Justin Timberlake en tête, avec lequel il réitère encore aujourd’hui l’expérience. Mais il n’est pas le seul. Pharrell Williams autant en tant que leader des Neptunes et qu’au titre de producteur, notamment pour la chanteuse Kelis, se risquera à de grands écarts musicaux décloisonnant une fois encore le style. L’arrivée de Craig David, petit anglais trimbalant avec lui son 2Step tout droit venu d’Angleterre, aussi.
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Et si des artistes tels que Jamie Lidell, hybride électro, Janelle Monae, fée extraterrestre découverte produite par P. Diddy brouillent encore un peu plus les pistes à la fin des années 2000, c’est pourtant au début de cette nouvelle ère que Beyoncé, Rihanna, Jennifer Lopez et leurs nombreux compagnons font du R&B un pendant de la pop music, aussi efficace que rentable. Du côté de chez nous, David Guetta viendra également apporter sa pierre à l’édifice mariant avec un succès populaire retentissant deux styles pas franchement copains : la voix R&B qui agrémentait les titres électro des années 90 passe désormais de l’ombre à la lumière. Le DJ invite sur son album One Love et sur les suivants des figures reconnues du genre, entre autres, Estelle, Kelly Rowland, Usher, Chris Brown etc. Mais, le rapprochement le plus poreux est opéré par Kanye West, fer de lance de collaborations entre rap et électro, pop indie et folk, s’éloignant encore un
peu plus des facilités du hit-parade. Décomplexées et assumées, ces petites et grandes révolutions trouveront bientôt leur pendant underground… Les héritiers alternatifs Nous sommes dans les années 2011. Frank Ocean, voix masculine du crew hip hop Odd Future sample MGMT, groupe de rock alternatif. The Weeknd déniaise le R&B de papa excitant la toile avec son titre « Wicked Games ». L’année suivante, Solange, petit sœur de la grande prêtresse Beyoncé, signe sur le label de Grizzly Bear, collabore avec Kevin Barnes le chanteur d’Of Montreal et sort le très bon True sous la houlette de Devonté Hynes alias Blood Orange, collaborateur entre autres de Florence and The Machine et des Chemical Brothers, et enfin Tom Krell, rockeur de son état, devient How to Dress Well susurrant ses complaintes émouvantes sur fond R&B délicat et vaporeux…
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La réhabilitation critique est proche. Voilà donc toute une branche du genre qui quitte les cieux et les papillons de Mariah Carey pour se frotter au réalisme voire aux bas-fonds d’une culture plus underground et élémentaire, et ce, sans jamais renier ses origines à la fois rythm’n’blues et variet’. Et ça marche. Frank Ocean remporte un Grammy cette année dans la catégorie « meilleur album urbain » grâce à son Channel Orange, face à un Chris Brown déconfit ; le troublant Miguel pulvérise les charts avec son album Kaleidoscope Dream, la britannique issue du dubstep minimal de SBTRKT, Jessie Ware accumule les nominations tandis que le duo anglo-saxon AlunaGeorge prend du galon. A cela s’ajoute les vétérans Beyoncé, Brandy, R. Kelly, Brady… porteurs d’une crédibilité quasi sans faille et dont la carrière a su traverser sans trop d’en-
combres les différents tumultes du secteur. Et c’est finalement, tout ce beau monde qui s’accorde aujourd’hui, poussé par une génération connectée et un décloisonnement culturel. Qui s’il a tardé à venir sur les terres du rythm’n’blues, n’a pourtant pas tardé à se faire étiqueter. Ne vous reste que le choix des mots, d’ « indie R&B » à « alternative R&B », en passant par « hipster R&B » voire « PBR & B », pour Pabst Blue Ribbon, bière de référence des branchouilles d’outre-Atlantique. Laurene D.V.
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Gaël Faye NP Interview
«J’ai toujours peur d’enfler le monde de personne» Rencontre furtive pour la sortie de Pili-pili sur un Croissant au Beurre, premier album de la moitié du groupe Milk, Coffee and Sugar. Après dix ans de travail, l’artisan du rap a su mettre en avant des mots et des sons pour un résultat métissé, harmonieux et très musical, et se pose définitivement dans la catégorie du rap « sensible et conscient ». Pour ce premier album, il a réussi le pari de parler de sa vie en faisant un miroir à la nôtre, avec des paroles prosaïques, ponctuées de références, usant de punchlines comme de phrases d’auteurs… Pas de doute, Gaël Faye est un homme gigantesque, dans tous les sens du terme. La sortie de Pili-Pili sur un croissant au beurre est très attendue, on peut le remarquer notamment dans les réseaux sociaux … Premières impressions ? Je ne me rends pas tellement compte… Internet c’est du virtuel, j’ai du mal à sonder ma popula- rité, mais à mon échelle c’est un très grand jour. J’ai écrit le premier texte de l’album en 2003 (« A-France », NdlR). J’ai choisi le thème de l’immigration, il a fallu le déployer sur tout l’album, j’ai pris le temps.
Quand beaucoup d’autres artistes travaillent avec des beatmakers, tu as choisi de collaborer avec des musiciens. Pourquoi ce choix ? C’est le grand défi de l’album : je n’avais que le texte comme matière et il fallait que ma musique colle au plus près de mes mots. Je n’ai évidemment rien contre les beatmakers, mais le problème c’est que le sample ne correspond pas toujours à tes idées. Il n’y a pas d’âme… et justement il me fallait vraiment une « âme de musicien » pour me comprendre. Un heureux hasard a fait que Guillaume Poncelet (artiste jazz) avait également besoin d’un rappeur, il m’avait repéré… C’est un musicien qui sait mettre son égo de côté pour aller vers les idées de l’artiste. Beaucoup de featurings dans cet album… Heureux hasards également ? Non, là, rien n’est au hasard. Par exemple quand j’ai rencontré Ben l’Oncle Soul, on enregistrait nos albums respectifs en même temps. En fait, l’instru de la chanson « Isimbi » était prévue pour lui initialement. Booba, Disiz, Médine… Que pensestu de la « condition métisse » dans le rap français ? Tu as trois sortes de métis : celui qui s’en fout, celui qui ne prend pas en compte une des moitiés
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de ses origines, et le métis schizophrène. Quand tu fais du rap tu écris beaucoup, et forcément tu te poses des questions. Je crois bien que tous les rappeurs métis le font sinon tu écris sur quoi ? Je peux illustrer ce propos par une phrase de Césaire : « Liberté, Egalité, Fraternité, Identité » : Il y a toujours une approche identitaire. Justement, c’est un album qui retrace un peu ta vie : celle du métis, mais également celle de l’immigré… et contrairement à beaucoup d’autres artistes dans le rap, il n’y a pas cette notion de rancune envers la société. Pour moi, le fameux « Nique la France », ça ne veut rien dire. Quand on siffle la Marseillaise, que siffle-t-on ? J’ai des griefs envers des actions que la France a pu avoir, si j’ai des choses à dire à la France ce sont sur des points précis… mais je n’attaque pas les Français. J’aime le Burundi, le Rwanda et la France autant qu’il y a des choses quelque chose de l’ordre de la non-volonté.
Je n’avais pas du tout envie de venir en France ; c’est l’album d’un exilé arraché à sa terre. Le thème n’est pas trop sectaire ? J’ai fait en sorte que cet album parle à d’autres que moi. Dans un de mes sons je parle du Rwanda avec des références historiques assez pointues, mais beaucoup de gens ont été touchés sans forcément connaître l’histoire. Tu peux ne pas avoir vécu exactement la même situation mais ressentir certaines émotions. J’ai toujours peur « d’enfler le monde de ma personne » : je fais toujours des figures de styles, des ponts… qui parlent de ma situation mais qui ouvre une pers- pective pour autrui : ceux qui sont loin de ceux qu’ils aiment, qui ne voient pas leurs proches grandir, qui vivent l’éloignement de leur famille… Kika M. Crédit photo : Piwahye
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Vent de
fraîcheur sur la pop
Lescop
française Fans des BB Brunes, passez votre chemin. Nous n’allons pas parler de ces «groupes» de bébés pop-rockeurs totalement façonnés par les maisons de disques et sortis tout droit de la région parisienne. Les méchus, le look pseudo dandy, ce n’est pas pour nous. Non, quand on parle de pop française, on parle d’artistes au style singulier, de véritables voltigeurs du son, d’émoustilleurs auditifs. Et ce qui est bien, c’est qu’en ce moment, on est plutôt bien servis ! Le constat est clair : la pop française n’a jamais été aussi dynamique que ces dernières années. Lescop, Lilly Wood and The Prick, Concrete Knives, La Femme, Crane Angels... On ne sait plus qui citer tellement on a de choix. Ces noms se sont retrouvés sur les affiches des plus grands festivals de cet été, ont signé avec de prestigieux labels. On assiste à un véritable engouement pour ces groupes français qui n’ont pas froid aux yeux. Mais du coup, pourquoi pouvons-nous maintenant associer sans honte les mots « pop » et « France » ?
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Insouciance et légereté aux quatre coins de la France.
Elle est loin la chanson à texte aux paroles mélancholiques donnant envie à l’heureux de la crèche de se suicider à coup de cuillère. Le mot d’ordre maintenant : la fraîcheur. La nouvelle garde de la pop française privilégie la légèreté. Au placard le son torturé, place à l’immédiateté du son. Les groupes pop d’aujourd’hui font danser l’hexagone, décomplexent les corps. La chanson pop française redevient plus glamour avec des prétentions beaucoup moins littéraires que par le passé. Et ça ne fait pas de mal ! Mais attention, légèreté ne veut pas dire manque de profondeur. Là où ces nouveaux venus dans la grande famille pop font fort, c’est dans cette capacité à mélanger savamment un son pétillant avec des textes relatant le doute, la déconfiture de la vie sans pour autant tomber dans le morose. Et ces nouveaux groupes français n’ont jamais été aussi présents dans le paysage musical qu’à l’heure actuelle : de ceux qui se la jouent rétro, romantiques transis, à ceux qui font les excités du dancefloor, il y en a pour les tous les goûts. Yeti Lane, Pendentif, Bengale, Baden Baden, on ne manque pas de propositions. Nous avons demandé l’avis de Marc Thonon, fondateur du label Atmosphériques, sur cette prolifération de groupes pop dans notre chère France : «Beaucoup de propositions, beaucoup trop ? Ma frustration en tant que directeur artistique est qu’il me semble très
facile aujourd’hui de fournir assez de titres pour susciter un intérêt mais que peu d’artistes français réalisent que passé l’intérêt initial, ils entrent en compétition directe avec les artistes anglosaxons dont le niveau est très très impressionnant». Il est vrai qu’il est dur de s’y retrouver tant les nouvelles têtes apparaissent chaque jour. Mais n’est-ce pas l’essence même de la pop ? Mathieu Peudupin, alias Lescop, a son avis sur la question : «Comme son nom l’indique, la pop c’est quelque chose qui apparaît d’un coup et qui disparaît tout de suite aussi». Ça, les groupes actuels l’ont très bien compris. La pop est éphémère alors pourquoi se prendre la tête ? Du coup, l’enthousiasme prime sur le pessimisme, l’insouciance sur l’inquiétude de savoir si l’album va bien se vendre ou pas. L’industrie du disque est en pleine dégringolade, autant faire son petit chemin et voir ce que ça donnera. Autre constat important : la pop française n’est plus la chasse-gardée de la capitale. Caen, Bordeaux, Lyon, Nantes, la plupart des groupes qui cartonnent en ce moment viennent de plus en plus de province, zone longtemps ignorée et même méprisée par la scène musicale. Sans parler de «mode du provincial», il semble que les coins plus ou moins perdus de France regorgent de pépites.
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La province, the place to be ? Ne croyez pas que les rejetons des villes comme Pampelune ou Biarritz soient élevés à coup de musique pop. Non, ils ne vivent pas, ne dorment pas et ne se douchent pas musique. Mais alors, pourquoi cette avalanche de talents ? La réponse est simple : il est plus facile de jouer en province qu’à Paris. Même si la capitale reste la scène principale, des groupes en pleine ascension ont plus de chance de se faire remarquer dans les salles des villes de province à la programmation de plus en plus affinée, à l’image de l’I-Boat bordelais ou de La Lune des Pirates amiénoise. Ainsi, des villes comme Bordeaux possèdent les avantages d’une petite et d’une grande ville. La scène pop bordelaise, bien qu’extrêmement éclectiques, demeure unie. Un exemple ? Quand les locaux de Frànçois & The Atlas Mountain montent sur scène, ils n’hésitent pas à faire assurer leurs premières parties par leurs potes de Pendentif. Et ça n’a l’air de rien mais c’est en faisant marcher les réseaux que cette famille pop française a pu s’étoffer. La musique ne se fait clairement plus seulement à Paris. La pochette de la compilation Éducation Française : Volume 1 des Inrocks qui recense cette nouvelle vague pop est la parfaite illustration de cette décentralisation du son français. Mais une question nous brûle les lèvres : peut-on parler d’une nouvelle scène pop française ? Une french touch de la pop ? Il est clair que la France connaît une vraie émulsion comme en atteste le nombre grandissant de groupes frenchies présentes dans les plus grands festivals. Il existe en effet des points communs entre tous ces nouveaux venus qui peuvent créer une unité mais est-ce une raison suffisante pour parler de «nouvelle scène pop
française» ? Une remarque évidente que l’on peut faire : les français se sont enfin délestés de ce complexe d’être français. Qu’est-ce que l’on veut dire par là ? Des groupes comme Concrete Knives, pour ne citer qu’eux, n’ont plus peur de se mesurer à LA référence anglo-saxonne. John Lennon affirmait que la pop française valait autant que le vin anglais. S’il pouvait voir la dynamique française du moment, le Beatles changerait à coup sûr son fusil d’épaule. Sans approuver les propos du british, il est vrai que la France a toujours eu ce complexe d’infériorité par rapport à l’excellence musicale de nos voisins anglosaxons. Mais la donne a changé : les jeunots de la pop n’hésitent pas à marcher sur les plates-bandes de nos confrères et réussissent plutôt bien à se frayer un chemin. Qu’est ce qui a pu provoquer cette libération ? Plusieurs facteurs en fait. Jeff du groupe Yalta Club nous donne un élément de réponse : « Il y a eu une grosse vague d’électro française que ce soient des groupes comme Air évidemment, Daft Punk, Justice qui ont très bien marché à l’interna- tional. On a donc moins peur de se comparer aux étrangers.» Marc Thonon partage d’ailleurs le point de vue du chanteur : «Depuis la French Touch électro, les choses ont changé. Le «complexe du corn flakes», que n’ont jamais eu mes compatriotes belges d’Arno à Telex, a disparu. «Ainsi, le son français se rapproche de plus en plus de celui des meilleurs groupes pop anglais en activité. Trop peut-être ? L’avenir nous le dira… Ce qui est sûr c’est que les groupes français n’ont plus peur de dire qu’ils ont réussi à imposer leur patte dans cet univers pop dominé par les anglosaxons : «En tant que groupe français, on a toujours cette touche différente, marquée par notre culture nationale et l’héritage anglo-saxon» affirment les bordelais de Crane Angels.
Baden Baden
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Et surtout, il semble indispensable de changer de mode. Nili Hadida du groupe Lilly Wood and The Prick partage totalement ce point de vue : «Il y a pleins de petits groupes qui chantent français comme Lescop, Petit Fantôme, La Femme. Avant quand on chantait en français c’était forcément de la variété. Le chanteur français redevient respectable j’ai l’impression». Respectable ? Le français non compatible à la pop classieuse ? Il est vrai que pop a longtemps rimé avec anglais. C’est d’ailleurs avec cette pop anglaise que la plupart des membres des groupes français actuels ont été élevés musicalement. D’où le développement d’un mécanisme d’écriture dans la langue de Shakespeare. «Au début, on a écrit en anglais puisque c’était le plus naturel du fait de nos influences musicales» nous confie Jeff du Yalta Club. Mais à l’heure du numérique et du brassage incessant de nouveaux sons, le français n’est plus un frein. Il en devient même une mode à en croire le nombre croissant de groupes de l’hexagone chantant dans la langue de Molière. Mais ce complexe de la chanson française a-t-il complétement disparu ? Marc Thonon s’interroge : «C’est LA vraie question qui finit par m’obséder… Nous avons la chance d’avoir une langue qui sonne aussi : Bashung, Gainsbourg, Gaëtan Roussel, Benjamin Biollay, M, le prouvent sans arrêt. Mais où est la relève ? Je ne peux pas croire qu’on ne puisse pas proposer du texte français intelligent et qui sonne sur unemusique haut de gamme. Lescop est peut-être précurseur d’un renouveau de la langue française dans une musique haut de gamme…». Du coup, si on prend en compte ces points communs que partagent la plupart des nouveaux groupes du pays, peut-on pour autant parler d’une scène pop française ? La parisienne Owlle a un avis tranché
sur la question : «J’y vois plus une génération avec un grand nombre d’opportunités qu’une scène à proprement parlé». Il est vrai que cette nouvelle génération de groupes est particulièrement éclectique. Il serait difficile de définir des critères bien définis pour tous lesregrouper dans la même famille. Entre ceux qui remettent au goût du jour les yéyés à l’image des clermontois de Mustang, ceux qui ne jurent que par la cold wave des années 80 (La Femme), ou encore ceux qui nous dépoussièrent la pop à chemise carreaux (Bewitched Hands, Granville), les oreilles des Français sont servies ! Il apparaît donc clairement que parler de nouvelle scène pop française paraît prématuré. Mais qui sait ? Peut-être sommes-nous aux prémices d’un mouvement qui commence tout juste à se mettre en marche. Mouvement qui a pu naître comment justement ? Eléments de réponse. A l’heure d’internet et des structures d’aides aux artistes de la scène musicale française Il y a de cela quelques années, on n’aurait jamais imaginé qu’une telle vague de groupes pop français déferlerait sur le pays. Tous les jours on fait la connaissance de bandes de musicos frenchies qui commencent à faire parler d’eux. D’où sortent-ils ? Qu’est ce qui leur a permis d’émerger ? En premier lieu on vous citera quatre lettres : SMAC. Non, ce n’est pas une nouvelle version de langage sms pour faire un bisou à distance à votre Jules. Ce sigle est en fait l’abréviation du label Scène de Musiques Actuelles Conventionnée. Késako ?
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Gérées par le Ministère de la culture, leurs missions sont multiples et ont pour but principal l’accompagnement artistique de groupes ou artistes en plein développement. Diffusion, création, production de spectacles, accompagnement des projets, des pratiques artistiques, de la répétition, les SMAC ont un cahier des charges bien précis à respecter et sont devenues des acteurs majeurs de la scène musicale française. A ces SMAC se sont ajoutées de nombreuses structures proposant des aides afin de soutenir la création et la diffusion musicale. Nous ne ferons pas une liste complète sous peine de vous perdre dans les cinq minutes. Citons les principaux à commencer par la sacro-sainte SACEM. Ah celle-là, on en entend parler tous les jours mais on ne sait jamais vraiment à quoi elle sert. Vous avez de la chance, on est là pour vous éclaircir les idées ! La SACEM est à la base un organisme de gestion des droits musicaux mais elle soutient aussi les artistes grâce à différentes aides à la création, aux résidences, aux autoproductions et à l’export. La condition pour bénéficier de ces aides ? Être membre de l’organisme.
Après on pourrait disserter des heures sur les nombreux organismes qui ont vu le jour dès les années 90 comme le FCM (Fond pour Création Musicale), le FAIR (Fond d’Action et d’Initiative Rock) ou encore le Bureau Export. Mais nous préférons faire un constat simple : c’est en partie grâce à
Owlle
Une autre structure assez chouette pour les artistes en herbe ? L’ADAMI. Cette société s’est spécialisée dans la gestion collective des droits de propriété intellectuelle des artistes inter-prètes. Une donnée non négligeable quand on veut percer dans le monde féroce de l’industrie musicale…
La Femme
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cette dynamique d’aide aux artistes français que nous connaissons une grande vitalité dans le monde musical et plus particulièrement chez nos amis de la pop. Mais il ne serait pas honnête de ne pas parler de l’essor des labels indépendants qui ont permis eux aussi la diffusion de groupes talentueux et non de pseudo-artistes banquables. Cinq 7, Underdog Records, Atmosphériques, ces dénicheurs de talents tirent la pop française vers le haut. Jeunes pour la plupart mais terriblement dynamiques, ils ont mis la lumière sur des groupes en pleine ascension ou déjà confirmés comme Lilly Wood and The Prick, les Naive New Beaters, Tahiti 80, Swann ou encore Aaron. Leur particularité ? Des équipes à taille humaine qui ont la passion de la musique avant tout. Ils connaissent leurs artistes, les accompagnent. Le maître-mot pour eux c’est la proximité. A l’arrivée ? Un son de qualité qui ne répond à aucune logique économique. «Nous écoutons un nombre considérable de nouveaux projets, nous confie le directeur d’Atmosphériques. La difficulté est de choisir, au-delà de la musique, ceux dont la personnalité et la force de travail permettront de faire la différence. A l’inverse du cinéma, en musique, un deuxième travail commence quand sort le disque…». Mais tous ces outils indispensables à l’émergence de nouveaux talents ne seraient rien sans internet. Aah le web ! Outil merveilleux où en un seul clic on peut découvrir des groupes inconnus qui deviendront dans quelques années des poids lourds de la scène pop française. On assiste à l’émergence d’une génération blog qui pioche ses influences partout et qui se s’est fa-çonnée une culture beaucoup moins cloisonnée que celle de leurs
aînés. A l’arrivée ? Un son mélangeant savamment les genres à l’image des bariolés Naive New Beaters et de leur melting pot de saveurs sonores alliant le rock, la pop et le hip-hop. Si vous n’y avez jamais goûté, allez-y les yeux fermés, vous ne regretterez pas ! A l’heure où la crise du disque est plus que jamais d’actualité, diffuser sa musique sur des sites comme Soundcloud ou Bandcamp demeure le meilleur moyen de se faire connaître. Internet est devenu une formidable bibliothèque musicale abritant de nombreux groupes au talent certain. Mais n’est-ce justement pas le problème ? N’y a- t-il pas un risque d’être noyé dans la masse ? Marc Thonon a un avis partagé : «Difficile question. A la fois on existe plus facilement, on peut être plus créatif en postant musique ou vidéos … n’en reste pas moins le syndrome «botte de foin». Une fois que votre projet existe, comment aiguiller le public vers lui ? « Il conclut toutefois sur une note positive et pertinente : «Je pense que tout projet «remarquable» finit toujours par susciter l’intérêt qu’il mérite. Et lorsque vous êtes découvert aujourd’hui, la spirale ascendante est hyper forte et hyper rapide.» Nous ne savons pas encore ce que cette belle vague va donner dans les années à venir mais une chose est sûre : la pop française grandit à une vitesse folle et se fait de plus en plus remar-quer en dehors de nos frontières. De là à conquérir le monde ? Les rêves deviennent parfois réalité… Sarah E.
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Action Bronson
NP Focus
Le voyage merveilleux Un blanc, rouquin, barbu et chauve, Juif-Albanais, plutôt balèze, se promènant en short, a lâché son boulot de chef cuisinier il y a 2 ans (après s’être cassé la jambe) pour se mettre au rap. Le pari paraît risqué. Ensuite on écoute Dr. Lecter, son premier album solo. Et on découvre un artiste brut, un rimeur original, des productions ultra-musicales signées Tommy Mas («Beautiful Music», «Buddy Guy»). Blue Chips, sa troisième mixtape, produite par Party Supplies, confirme le premier effort. Et puis récemment il sort Rare Chandeliers en novembre, un free album en collaboration avec The Alchemist, qui le place vraiment au niveau supérieur. La recette habituelle, en mieux, avec en featuring Sean Price, Roc Marciano, Schoolboy Q, Styles P, Evidence, Kool A.D., des rappeurs aux horizons différents. Le pari paraît moins risqué, mais quand même. Le MC fait de chaque interview un sketch, de chaque Tweet une nouveau délire, de son clip «The Symbol» un spectacle : c’est un personnage à part entière. Ce qui frappe au début, c’est la ressemblance de sa voix à celle du grand Ghostface Killah, mais franchement bien vite oubliée -son) et bien sûr des rimes. «Five courses, gorgeous on the presentation», «My rhymes are seasoned for flavor», «Hey yo macerate the fruit, tap it over angel’s food», des exemples de lignes culinaires (en référence à sa carrière de chef) qui sortent de l’ordinaire. Les thèmes plus classiques, Bronsalino les développe aussi, et il est surtout très à l’aise à raconter des histoires en utilisant des métaphores très imagées et beaucoup de références («Hookers at the Point», «Bird on a Wire» avec le tout aussi original RiFF RaFF), comme sur bon nombre de ses travaux qui sont intitulés d’après des personnages connus. 2013, pour Action Bronson l’hyperactif, maintenant signé chez Warner et Vice, ça a commencé par un featuring sur «1 Train», le track incontournable du moment sur l’album d’A$AP Rocky, et ça continuera avec deux albums, Mr Wonderful avec Tommy Mas, Saab Stories avec Harry Fraud, et une mixtape, Blue Chips 2. On mise. Pierre G.
Dan Wilton
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Avec la réédition de l’œuvre du maître par la famille Zappa, l’occasion nous est donnée de replonger dans cet univers surprenant, incroyable, parfois difficilement compréhensible qu’est celui de Frank Zappa, un des plus grands compositeurs du siècle dernier. 1979, Frank
Zappa a laissé de côté son penchant pour la musique strictement instrumentale et vient de connaître un succès remarquable avec Sheik Yerbouti, un de ses albums les plus rock, les plus osés, bourré de moqueries et de parodies en tous genres.
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Frank Zappa NP Dossier
Retour sur Joe’s Garage. Et les remarques stridentes qu’il a obtenu l’ont poussé à recommencer sur Joe’s Garage, le triple-album dont nous parlerons ici. Un opéra-rock en fait. Oui, Zappa veut nous plonger au cœur d’une histoire, créer des personnages pour mieux faire passer sa critique et défrayer la chronique et surtout, exprimer son dégoût pour la censure. Du coup, pour mieux nous surprendre, le narrateur (à qui Frank prête sa voix) s’appelle «The Central Scrutinizer» et va chercher à nous démontrer justement que la musique peut être néfaste et doit être éliminée... Arrive alors Joe, le personnage principal, jeune musicien qui débute sur «Joe’s Garage», qui va parcourir le chemin d’un artiste littéralement emprisonné par la censure, finissant par jouer des soli de guitare dans son imagination. Cette épopée parodique en 3 actes va mettre à mal la scientologie, la censure, le conformisme ou l’industrie musicale, parfois de manière grossière («Keep It Greasy», «Catholic Girls»), parfois de manière plus fine («A Token Of My Extreme»). La musique joue un rôle illustratif exceptionnel. De «Joe’s Garage», l’ouverture très gaie dans cette période encore innocente de l’histoire de Joe, à «Watermelon in Easter Hay» en passant par «Outside Now», dans laquelle l’ambiance est plutôt à la déroute, tout est prévu. Et ça sonne. L’éclectisme est de mise. Pop, Rock («Joe’s Garage», «Catholic Girls»), Rock orchestral («Why Does it Hurt When I Pee?»), Reggae («Lucille Has Messed My Mind Up», «Sy Borg»), Funk-rock («Keep It Greasy»), latin-funk («Fembot In a Wet T-Shirt»). Bien plus qu’un simple défi pour l’autosatisfaction, tout ce mélange semble parfaitement
cohérent parce que toutes les chansons sont estampillées Frank Zappa. On retrouve la technique de xénocronie, (soit la superposition d’une piste sur une chanson bien distincte, un solo enregistré en live sur une rythmique studio par exemple), qui place les soli dans un autre contexte (les soli de «On the Bus» et «Outside Now» ont été enregistrés en live par exemple). Warren Cuccurullo à la guitare rythmique, Patrick O’Hearn à la basse, Tommy Mars aux claviers et Vinnie Colaiuta à la batterie, ces musiciens (entre autres), même s’ils ne sont pas très connus du grand public, sont des virtuoses qui permettent à Zappa de s’exprimer au travers de sa musique. Ike Willis, dans le rôle de Joe, donne une superbe couleur avec sa voix ultra-reconnaissable, très chaleureuse et légèrement éraillée («Outside Now» est un bel exemple). «Les soli de Frank sont comme des sculptures soniques» (dixit Steve Vai, qui a joué avec Zappa et poursuit une belle carrière), et «Watermelon In Easter Hay» en est un exemple parfait : 4 minutes pour nous inculquer l’ambiance, le reste de la chanson pour la travailler, construire un rêve (c’est Joe qui rêve ce solo dans l’histoire). Un incontournable. L’œuvre de Frank Zappa est immense et les chroniques que l’on peut lire regorgent d’informations historiques ou techniques qui peuvent décourager. Chez Now Playing, nous pensons que la musique doit avant tout être écoutée tout simplement et avec Joe’s Garage, vous avez un très bon point de départ. Pierre G.
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Peter Von Poehl NP Interview
«Le danger avec un orchestre c’est d’être trop dans le grandiose.» Cela fait déjà deux albums que Peter Von Poehl nous enchante avec sa musique folk pleine de poésie. Le 11 mars prochain, le suédois sortira Big Issues Printed Small, troisième opus enregistré en une journée qui nous fait encore une fois voyager dans le monde merveilleux de cet artiste bourré de talent. Now Playing a eu la chance de s’entretenir avec Peter qui nous livre tous les secrets de ce nouvel album. Rencontre avec un artiste simple et d’une gentillesse désarmante. Quatre années séparent May Day de ton nouvel album Big Issues Printed Small. Pourquoi avoir attendu tant de temps ? Je crois qu’il y a plusieurs raisons à la fois. Depuis mon 1er album, j’avais commencé à faire des concerts avant même qu’il sorte et après j’ai continué le live jusqu’à octobre 2009. J’enregistrais May Day (son deuxième album) pendant la tournée. Ça a été du non-stop. Avant, j’ai fait pas mal de musique pour les autres et cette approche de la musique me manquait. J’ai refusé des propositions que j’ai regrettées après, du coup, je m’étais dit que je finissais la tournée de May Day pour faire une vraie pause et me consacrer aux autres. Du coup, une pause bien remplie quand même… Oui ! Surtout qu’un mois plus tard j’ai reçu un mail qui me proposait de faire un concert avec un orchestre l’été suivant. Evidemment, je me suis jeté sur l’occasion ! J’ai tout de suite appelé un copain arrangeur à Stockholm et on s’est mis à écrire de nouvelles chansons pour ce projet. Et du coup, six mois plus tard, les dix chansons de Big Issues Printed Small étaient écrites, arrangées et jouées sur
scène. Chaque concert servait à refaire les arrangements. C’était des répétitions extrêmement luxueuses dans des salles de concert magnifiques comme la salle Pleyel par exemple.. J’ai eu aussi des propositions pour des musiques de films. Peux-tu nous parler de l’enregistrement de cet album ? Il se serait fait apparemment en seulement une journée… Oui tout à fait. L’idée de départ était de se rendre une journée en studio, quand je sentais que c’était prêt, et d’enregistrer à partir des partitions des concerts précédents. J’ai donc loué un bus et on est parti dans la campagne suédoise dans le studio où je vais d’habitude. Tu as donc fait le chemin inverse de celui habituellement pris par les artistes. Tu as d’abord joué tes morceaux sur scène pendant deux ans pour finir par les enregistrer à la toute fin. C’est exactement ça ! Mais j’ai adoré ce processus. Ça peut paraître absurde comme démarche mais je voulais quelque chose de très conscient. C’est une démarche très réfléchie, très mathématique avec ces partitions. Mais en même temps, je voulais faire l’enregistrement de la façon la plus lo-fi avec très peu de micros, sur bandes et qui du coup permettaient juste une prise par chanson. C’est assez paradoxal comme processus avec des concerts très préparés et l’enregistrement complétement imprévisible. Paradoxal est le bon mot oui.
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56 Cette part de hasard dans cette recherche de contrôle absolu me plaisait. J’ai beaucoup aimé cet état d’urgence. Les 20 musiciens étaient dans l’instant et on a pris beaucoup de plaisir. Qu’est ce qui t’a fait sauter le pas entre jouer pour les autres et faire tes propres albums ? C’est une bonne question. C’est quelque chose que j’ai fait tard. J’avais déjà essayé de faire un disque des années auparavant qui a fini à la poubelle (rires). Ça arrive ! Oui ! (rires) Du coup, je me suis dit : «je ne veux plus jamais faire ça ! « Mais j’avais quand même envie de tenter l’expérience et je crois que ce qui a été le déclic, c’est l’entrée par les mots. Mon premier album est très personnel, il parle d’où je viens. Les paroles guidaient mes choix d’arrangements. Pour Big Issues Printed Small, tu reviens à l’écriture justement puisque sur May Day, tu avais passé les rennes. Les paroles étaient tellement importantes sur mon premier album que j’avais peur de refaire le même disque. Pour échapper à moi-même, j’ai décidé de confier les paroles à Marie Modiano qui a écrit à peu près la moitié des titres sur May Day. C’était une porte de sortie de moi-même en quelque sorte. Là, pour ce nouvel album, bizarrement, je suis revenu naturellement à l’écriture. Les titres, je les écrivais en très peu de temps et j’avais tout le temps une sorte de dialogue avec l’arrangeur. Tu as essayé durant tes différents concerts plusieurs formules allant de l’accompagnement de 40 musiciens à un seul violoncelliste. Au final, pour la tournée qui arrive, tu as un choix arrêté ou ce sera selon tes envies ? J’espère que ça va pouvoir changer le plus possible. Je repars déjà avec le violoncelliste avec qui j’étais l’année dernière. Mais je peux toujours agrandir la formation qui sait !
Les cuivres sont là encore très présents dans cet album comme dans May Day… Oui je trouve que ce sont des instruments avec un son très chargé en émotion et qui habillent bien les compositions. Ce qui frappe à l’écoute de Big Issues Printed Small c’est que même si il y a un beau panel d’instruments allant du haut-bois à la clarinette, on reste quand même dans l’intimité. Comment arrives-tu à créer cette ambiance cosy à chaque fois ? Je suis content que tu me dises ça parce c’est justement cet effet que je recherchais. Le danger avec un orchestre c’est d’être trop dans le grandiose. Déjà, j’ai voulu donner une impression d’orchestre plus réduit. Pour l’enregistrement, les musiciens étaient peu de micros pour enregistrer leurs sons, ça met donc une sorte de flou. J’ai essayé de tricher un peu du coup sur le nombre de musiciens. Tu as joué à l’illusionniste du son. Voilà ! Je manipule un peu le son. C’est comme le dessin : quand tu as des crayons pas bien taillés, tu essaies de faire illusion quand même pour faire un dessin délicat. Tu disais plus tôt que tu as fait des bandes son de films, notamment celle de Valérie Donzelli pour Main dans la Main, et on a aussi eu le plaisir d’entendre un de tes morceaux à la toute fin de son film La Guerre est déclarée. Comment est née cette collaboration ? Pour La guerre est déclarée, j’avais été contacté par une personne bien avant pour utiliser un titre dans le film et cette personne ne m’avait jamais rappelé. Et c’était une chanson qui était importante pour Valérie, pour l’histoire du film. Et quand j’ai vu le film, déjà, j’étais en larmes pendant un bon moment et j’ai trouvé qu’elle avait réussi à mettre des images sur ce titre. Et à la suite de ça, elle m’a proposée de faire la musique de son nouveau film. Je trouve que Valérie a beaucoup de talent, elle a vraiment son univers. Sarah E. Crédit photo : Julien Bourgeois
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Rappeuses
US,
espèce en voie
de réapparition Durant les années 2000, bon nombre de rappeuses américaines ont vu leur carrière stoppée nette par les barreaux de Rikers Island, et pas des moindres : Lil Kim, Foxy Brown, Da Brat, Remy Ma... D’autres ont raccroché le micro, préférant se tourner vers le petit ou grand écran comme Eve et son aînée Queen Latifah avant elle. Et la géniale Missy Elliott a mis le sien sur mute pour raisons de santé, Trina ne donne plus tellement de nouvelles et Shawnna a été remerciée par Ludacris en plein enregistrement de Battle of the Sexes. Une lignée entière de femcees (terme réducteur pour ‘female emcees’) était sur le point de s’éteindre. Il aura fallu que M.I.A. défraie la chronique ou que la bombasse Nicki Minaj pointe ses artifices siliconés en tête du Billboard américain pour qu’une nouvelle génération de rappeuses intéressent labels et maisons de disque, quand d’autres conservent farouchement une autre forme d’indépendance.
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Les femmes indépendantes.
Durant cette période d’inquiétantes disparitions, Jean Grae fait figure de véritable survivante. Découverte au début des années 2000 avec son album totalement auto-produit Attacks of the Attacking Things, celle qui porte un nom d’un personnage de X-Men a pourtant bien failli tout plaquer par désespoir. Heureusement, soutenue par Blacksmith Ent, la structure du MC brooklynite Talib Kweli, elle a pu éditer Jeanius en 2008, son opus produit entièrement par 9th Wonder qui fut bootlegué autrefois vers les alentours de 2004-2005. Pas neuf, mais tout de même publié. Depuis, elle tourne partout dans le monde avec Talib ou encore Pharoahe Monch pour mieux asseoir son statut de meilleure MC féminine actuelle, capable de terrasser bon nombre de ses confrères masculins. Et bien qu’elle soit d’un naturel très sensuel, c’est surtout son humour ravageur qui fait le point fort de ses punchlines. Son nouvel album solo Cake or Death, emmené par le très bon single « Me&You&EveryoneWeKnow », est l’une des sorties hip-hop indie les plus anticipées de cette année (s’il sort cette année), puisqu’une des rares à mettre le sexe opposé au tapis sans s’effeuiller. D’autres rappeuses ont continué d’évoluer dans l’underground ces dernières années, sans hélas capter l’attention d’un public moins spécialisé, comme l’ex-First Lady des Flipmode Squad Rah Digga, Tiye Phoenix et Psalm One, élément féminin du label Rhymesayers. Mais il semblerait que dans ce créneau, la jeunesse se fasse plus entendre depuis que Rapsody, Eternia, Angel Haze (nouvelle venue soutenue par Def Jam) ou encore Nitty Scott MC tâtent lourdement du mic. Au sujet de Rapsody, cette jeune MC originaire de Caroline du Nord (comme les Little Brother) qui kicke sévère sur des beats servis par 9th Wonder (elle
est signée sur son label Jamla Records) a sorti à la rentrée 2012 un bien bel album, The Idea of Beautiful. Nicki l’image Pendant ce temps est apparue devant nos yeux Nicki Minaj. Cette rappeuse (on peut entourer le mot de guillemets), égérie du label Young Money depuis 2010, nous a été présentée comme une artiste talentueuse, parce qu’ultra-sexy. En l’absence de concurrentes directes comme Lil Kim ou Foxy Brown, son album Pink Friday a logiquement cartonné aux Etats-Unis mais aussi partout dans le monde, grâce à des productions maquillées à outrance de pop et d’électro. Physique à faire pâlir Rihanna, look coloré et très changeant comme Lady Gaga, pas de doute que l’apparence prédomine sur ses compétences de rappeuse en tant que telle. Dans ses clips ou en photo, on ne voit que ça : ses gros boobs et son big booty, tenues affriolantes et perruques plus ou moins assorties. Quant à son flow un peu loufoque, il semblerait calqué sur l’ancien style du Busta Rhymes des années 90. Voilà l’image que renvoie la rappeuse numéro un du moment, dont la notoriété ne cesse de croître puisqu’elle a été demandée par David Guetta et Madonna ou encore la marque de vêtements Adidas. Sans perdre de temps, parce que des gloires trop précoces ne durent généralement jamais longtemps, Miss Minaj a récidivé au Printemps 2012 avec Roman Reloaded, axé sur son alter-ego déglinguée Roman Zolanski. Mais l’over-abus du fond de teint de sa seconde personnalité n’est qu’un grossier camouflage masquant en réalité une copie du premier opus, en plus électro et pop (l’album contient des pro-
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ductions de RedOne qui produit justement pour Lady Gaga), avec plus de lyrics en dessous de la ceinture, plus de chers featurings (d’ailleurs que vient y faire Nas?). Tomber dans la surenchère n’est jamais très étonnant quand on est une artiste qui cultive déjà l’excès et l’excentricité pour exister. Entre confirmer si elle a bien quelque chose d’une vraie rappeuse ou assurer à tout prix un nouveau succès commercial, elle a choisi la seconde option, jonglant entre la folie et le ridicule. Alors est-ce que les fesses font vendre ? Pas tant que ça aux vues des scores de Roman Reloaded, qui a atteint très difficilement la certification Or aux US (soit 500 000 exemplaires vendus, NdR). Une réédition The Re-Up a d’ailleurs été programmée en Novembre afin de palier à ces ventes très moyennes, du moins c’en a tout l’air. Une anecdote relatant le fait que Nicki soit dans une position inconfortable. Peter Rosenberg, l’animateur radio de Hot 97 (l’équivalent de Skyrock mais en cent fois mieux), a déclaré ouvertement que son dernier single « Starships » était une grosse daube (pour rester poli). Ni une ni deux, Lil Wayne a annulé la prestation que la rappeuse insultée devait donner au
Summer Jam de cette année, événement dont Peter est l’un des organisateurs. La mode, la mode, la mode Mais Nicki Minaj fait bien de continuer de se faire remarquer en nous agressant visuellement et auditivement. Car la menace de rivales sérieuses se profile. Depuis plusieurs mois les majors s’intéressent de plus près à ce phénomène en signant de jeunes et jolies rappeuses à tour de bras. Sauront-elles faire le poids ? La californienne Kreayshawn avec son look singulier et membre des White Girl Mob fut l’une des premières d’entre elles à obtenir un deal avec une major company grâce à son titre « Gucci Gucci », un titre un tantinet anti-fashionista dont les nombres de lectures sur Youtube (la nouvelle mesure des talents de demain par les recruteurs des maisons de disques) ont impressionné Columbia US. Depuis ce single n’a suivi qu’une prise de bec avec le rappeur Rick Ross, et un autre simple avec 2 Chainz totalement passé sous les radars. Au lieu de faire l’actu des potins de la presse rap, on espérait qu’elle affirmerait davantage son franc-parler sur son premier album
61 Something About Kreay, soutenu par Diplo et Kid Cudi entre autres, pour confirmer si elle fait bien partie de la nouvelle tendance, ou sinon qu’elle se taise. On ne pourra pas le vérifier, il n’y a eu que 3500 acheteurs lors de la semaine de démarrage. Pour rappel, son contrat d’album était estimé à un million de dollars, on vous dit pas la gueule de la compta de chez Sony... Une qui en a dans le string, c’est bien Azealia Banks, new-yorkaise et fière de l’être. Précocement démissionnaire de XL Recordings pour cause de divergences artistiques, elle parvient à braquer les projecteurs sur elle grâce à son hit dancefloor « 212 » qui a fini sur son très bon EP 4-titres 1991. S’en est suivi une signature chez Polydor puis un passage à Paris chez Karl Lagerfeld où elle a performé son second single « Liquorice ». Son point fort : elle aussi est suivie depuis ses débuts par Diplo, qui lui a produit « F**k the Fun Up ». Son autre point fort : elle est très forte au micro, que ce soit au niveau du flow ou des lyrics. Encore un de ses points forts, son style musical très groovy, à mi-chemin entre musique dance début des années 90 et rap en bonne et due forme, un style qu’elle qualifie de witch-hop. Mais elle peut aussi partir dans des délires surprenants comme sa mixtape ‘aquatique’ Fantasea. Son album Broke With Expensive Taste est programmé pour 2013, pour l’instant. Des rumeurs à prendre au sérieux annoncent l’implication de Kanye West et Lady Gaga sur ce projet. A peine sous les feux de la rampe qu’Azealia se chamaille avec ses consœurs, notamment Angela Haze et cette ex-inconnue venue d’Australie, Iggy Azalea, qui - comme vous le constatez - possède un nom ayant la même consonance (d’où le crêpage de chignon). Cette blonde à l’attitude très glamour que peu de monde connaissait avant qu’elle ne pose pour les Freshmen d’XXL 2012 a rejoint l’écurie Grand Hustle, le label de l’ex-taulard T.I., qui tient là sa première First Lady. Comme pour ses autres concurrentes, c’est indirectement grâce à son style vestimentaire et son image plus que ses divers singles qu’elle gagne à se faire connaître du grand public, en ce qui la concerne en participant au premier clip interactif de shopping en ligne, « I Think She Ready » feat Fki. Et le titre de son premier album, The New Classic, semble pour l’instant très présomptueux.
Les revenantes Reste qu’une partie de l’ancienne génération n’a pas dit son dernier mot. Missy Elliott et Eve ont amorcé leur retour dès cette année. Eve a lancé un nouveau single sans grand écho, « She Bad Bad », le premier après cinq ans de silence radio. Son nouvel album Lip Lock, le quatrième sa carrière, devrait sortir au mois de Mai sur Full Surface, le label de Swizz Beatz. Mais celle qui a fait le plus de bruit à la rentrée 2012 fut Missy Elliott, qui est retournée en studio avec son acolyte de toujours, Timbaland, naturellement. Le duo ont mis les bouchées doubles pour ce double come-back (Timbaland n’était plus en odeur de sainteté dans le rap game) avec les très bons singles « 9th Inning » et « Triple Threat ». Ne manquons pas non plus la sri-lankaise M.I.A., qui cette année 2013 compte bien ne plus faire partie des outsiders avec son futur album Matangi. Le clip de « Bad Girls » réalisé par Romain Gavras a marqué définitivement les esprits, tout comme ce fut le cas de « Born Free », aussi réalisé par le français. Les rappeuses US sont-elles alors en voie de réapparition ? En tout cas, les événements récents laissent l’espérer. Les choses semblent plus ou moins bien parties pour quelques-unes d’entre elles, rookies comme anciennes, à condition que ces deux générations chevauchantes sachent cohabiter dans un milieu majoritairement masculin et où les conflits de personnalités peuvent facilement mener aux clashes. Quand on y pense, Lil Kim et Fowy Brown n’ont toujours pas enterré la hache de guerre... Stéphane M.
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Mermonte NP Questions
Nos 15 Questions Mermonte ou le collectif Rennais qui réussit l’alliance improbable d’une pop classieuse au post rock. Avec une identité singulière qui leur est propre, les dix musiciens (glockenspiels, guitares, batteries et cordes) produisent une musique d’une précision sans failles et vous transportent illico dans leur monde poétique et ludique. Pour en savoir plus sur ce phénomène, Now Playing Mag est allé poser quinze questions à la tête pensante du projet, Guislain Fracapane. 1
Qui a trouvé ce nom de scène Mermonte et pourquoi ? Mermonte est un pianiste de jazz ayant joué avec Miles Davis dans les années 50. C’est pour rendre hommage à ce musicien peu connu que nous avons décidé de choisir ce nom.
2 En trois mots comment définiriez-vous Mermonte ?
Arrangements, pop, câlins. 3 C’était comment les Transmusicales ? Super une date importante «à la maison « qui s’est très bien passée et a permis de nous faire connaître un peu plus par le public et les professionnels. 4 Le souvenir de votre toute première scène ? C’était en Avril dernier au Jardin Moderne c’est donc très récent. Une bonne boule au ventre avant d’aller sur scène, et beaucoup de joie de voir enfin ce projet prendre vie sur scène.
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• La recette pour tous bien s’entendre ?
Que tout le monde soit motivé et occupe pleinement sa place dans le groupe, le tout dans la joie et la bonne Humeur. 6 Plutôt CD ou vinyle ? Peu importe tant que la musique sur le support est bonne ! Si vous deviez en choisir un seul, quel est l’album ou l’artiste qui vous a donné envie de faire de la musique ?
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Sans hésitation : les Beatles. 8 Une découverte de la scène musicale Rennaise à nous faire partager ? J’adore La Terre Tremble. 9 • Votre dernier coup de cœur artistique ? (exposition, cinéma, théâtre etc) J’ai été voir à l’opéra La Walkyrie de Wagner, c’était incroyable. 10
• Un artiste ou groupe que vous auriez rêvé de voir en concert ? Meet Me in St. Louis, un groupe Anglais assez confidentiel qui n’existe plus aujourd’hui.
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• Si vous n’aviez pas été artiste, qu’auriez-vous fait ? Je serais certainement en montagne à élever des chèvres ou en intérim à faire des turbos pour voiture.
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Vous le voyez comment l’avenir de Mermonte ? Mermonte va t-il voyager ? Mermonte voyage déjà, on a fait quelques pays européens l’automne dernier. Cela va continuer cette année avec pas mal de concerts et festivals en prévision. L’avenir je l’espère comme le présent, continuer à jouer, tailler la route et prendre un maximum de plaisir ensemble. 13
Sur quelle scène Mermonte rêverait de jouer ? La Route du Rock à Saint Malo (ceci est un appel à la programmation du festival), le Primavera Sound à Barcelone ça doit être bien cool aussi. 14 Un featuring rêvé ? Mon featuring rêvé était Snaevar de Dad Rocks ! , je dis « était « car ça y est on l’a fait ! Snaevar à posé du chant sur le dernier morceau que nous avons enregistré sinon, Brian Wilson ce serait pas mal aussi... 15 Enfin, quelques indices sur le prochain album de Mermonte ? Nous avons commencé à l’enregistrer, certainement plus rock et plus orchestré que le premier. En attendant la sortie de ce nouvel album, on va sortir au printemps prochain un 45T / 2 titres avec une nouvelle version de « We’re on the same way « et un titre inédit, le tout dans un chouette packaging regroupant CD + vinyle. Camille B.
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Kid North NP Interview
«On a quasiment fait que des prises live.» Jeudi 14 février, nous avions rendezvous au Batofar avec les membres de Kid North, groupe émergeant de la scène Indie-Pop parisienne, afin qu’ils nous en disent un peu plus sur eux et sur la sortie récente de leur premier LP, Atlas. Comment ce projet a t-il vu le jour ? Grégory : Au départ, Matthieu voulait faire de la musique plus pop que ce qu’il avait fait auparavant, avec RQTN notamment. Il a donc commencé par créer les quatre morceaux du premier EP de Kid North, sans vraiment réfléchir à un nouveau projet. au final, ça sonnait très bien et il s’est dit qu’on allait pouvoir monter un groupe avec cette base de compositions. Au début, nous n’étions que quatre, Antoine nous a rejoint par la suite. C’était il y a un an et demi environ. A partir de ce moment, on s’est lancé dans la composition d’Atlas. Vous vous connaissiez donc déjà avant Kid North ? Grégory : Oui, on a tous eu pas mal de groupes ensemble, ce n’est pas du tout notre première collaboration. Antoine : D’ailleurs, certains projets existent encore en parallèle. On sent un petit côté Foals dans votre musique, est-ce une de vos influences ? Mathieu : Ce n’est pas faux ! On en a beaucoup écouté pour bâtir les
fondations du groupe, surtout pour le côté dansant et petites guitares. C’est assez incontournable ! Maintenant l’influence se ressent peut-être moins. On s’en est inspiré, mais je pense que sur toute la deuxième moitié de l’album, elle est beaucoup moins présente. Pouvez-vous me citer d’autres noms qu vous inspirent ? Mathieu : Mew, Phoenix aussi ! Antoine : Pour Mew, l’influence est dans le son des guitares et dans les mélodies vocales, la clarté des lignes de voix... Gary : Dans le fait de rechercher à faire des choses différentes aussi, c’est quelque chose qui nous séduit beaucoup dans Mew. Mathieu : L’idée est de mettre en forme des choses très complexes dans une enveloppe très simple et qui donne envie. Votre musique apparaît très éclectique... Mathieu : On nous l’a raremement dit ! Cela vient sûrement du fait que l’on écoute tous pleins de choses différentes. Des groupes nous relient mais on a quand même chacun notre univers musical.
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De quel univers ou style musical venez-vous ? Mathieu : On ne vient pas d’un style en particulier, mais sûrement de quelque chose de plus violent. On faisait tous de la musique plus violente avant. Aujourd’hui, on a voulu créer quelque chose de plus chantant, de plus pop. On avait envie de ça. Dans quel genre pourrait-on catégoriser Kid North ? Mathieu : Dans le style Danser/Pleurer, on l’a inventé ! La batterie te fait danser tandis que la voix et les guitares te font pleurer. Un style à proprement parler autrement ? Grégory : Pour moi, on fait vraiment de la Pop, donc ça tendrait vers l’IndiePop, une musique qui est faite pour être aimée tout de suite. Cela dit, on fait de la pop qu’on a envie d’aimer nous aussi en tant que musiciens, avec différents niveaux de lecture derrière, pas seulement un emballage mais de la musique qui dans son fond aussi, nous satisfait pleinement. Combien de temps vous a t-il fallu pour composer tout l’album ? Mathieu : un peu plus d’un an, un an et demi.
Vous travaillez comment ensemble ? Mathieu : On travaille à distance, on s’envoie des mails avec ce que chacun enregistre chez soi, et on vote pour choisir les éléments les plus convaincants dans tout ce qu’on se propose les uns aux autres. C’est vrai que c’est très militaire comme façon de procéder. Grégory : On a longtemps cherché un moyen efficace de fonctionner, et c’est comme ça qu’on y arrive le mieux. Ca nous permet d’aller très vite, le but étant aussi de ne frustrer personne au niveau de sa participation à la composition des morceaux. Gary : Ca arrive aussi qu’on créé ensemble en studio, mais la plupart du temps ça reste chacun chez soi. Mathieu : ça reste un luxe de composer en studio quand on pense au ration temps/argent. Grégory : On a tous un travail à coté, on ne peut pas se permettre de passer énormément de temps en studio. Antoine : Les fois où l’on se retrouve pour travailler ensemble, c’est davantage pour se focaliser sur le travail scénique, vu qu’on commence à avoir quelques concerts derrière nous.
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Vous travaillez beaucoup la présentation scénique, le rendu esthétique sur scène ? Grégory : Pas vraiment, mais on y est confronté en ce moment. On nous a fait des remarques par rapport à ça et c’est vrai qu’on y a jamais beaucoup réfléchi. Donc non, mais il va falloir ! Mathieu : Ce soir, nous avons Vincent qui s’occupe de nos lumières et rien que ça, ce sera un plus pour le rendu visuel du concert. Antoine : Malgré tous les projets qu’on a pu avoir auparavant, on reste assez jeune sur le plan scénique. On a besoin de s’aguerrir mais c’est sur la bonne voie. Est-ce qu’Atlas est issu d’un travail collectif ou certains ont-ils participé plus que d’autres à la création ? Mathieu : Ce n’est pas que certains composent plus que d’autres, c’est juste que souvent les bases viennent de Gary et de moi. On lance les idées et les autres viennent se greffer dessus. Grégory : Chacun peut avoir un avis sur un instrument qui n’est pas forcément le sien. Du moment que ça sert au morceau, on est à l’écoute les uns des autres.
Comment avez-vous procédé pour enregistrer cet album ? Antoine : On a eu la chance d’avoir d’assez gros moyens grâce à notre label pour enregistrer. Grâce à Tsunami Addiction, on a pu avoir une semaine de vrai studio, avec du matériel de rêve. Mais une semaine cela restait tout de même assez court et donc très intense, il a fallu se dépécher. On a pas eu trop le temps de tester énormément de choses non plus. Grégory : On a fait quasiment que des prises live en fait. Gary : On avait quand même une bonne idée de notre son à la base, car on avait déjà travaillé notre son sur nos démos et on savait exactement ce qu’on recherchait. En plus de ça, on avait l’occasion d’avoir à disposition tout le matériel qu’on voulait et un ingé son/producteur dans la personne de Samuel Navel, qui nous dirigeait parfaitement vers ce qu’on voulait. Grégory, tu parlais de prises live ? Tu peux m’en dire plus ? Grégory : On était tous dans la même pièce pour enregistrer la grosse base des morceaux. Antoine : c’est le plus gros du travail qui a été fait à ce moment là. Mathieu : Après cette semaine de prises live, on a rajouté trois semaines/ un mois de prises studio où on a rajouté des pistes d’arrangements en plus.
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Gary : Sur l’album, le côté qui ressort des prises live c’est l’énergie générale plus que les détails.
Mathieu : Si tu retires le compresseur, tu n’entends quasiment plus rien de ce qu’on joue.
Mathieu : La batterie/basse, c’est complètement sorti du live. Leurs sons ont ensuite été traité mais aucune couche n’a été rajouté en supplément. Il n’y a pas eu d’edit sur les basse/batterie. Il y a eu plus de superpositions sur les parties guitares, chant et claviers par contre.
Gary : Oui, ce qui fait vraiment notre son c’est le compresseur et la reverb.
Concernant votre matériel, avezvous des petits secrets pour obtenir votre son ?
Mathieu : On va commencer à faire plus de scène, et s’arrêter de composer pour un petit moment. La composition a demandé beaucoup de travail, et on se sent libérés et beaucoup plus tranquille entre nous. Ca fait du bien de jouer, juste jouer !
Gary : On use beaucoup de la reverb. On joue énormément sur les contrastes entre les sons très mouillés et très secs. C’est avec ces contrastes là et différentes reverb que l’on arrive à avoir notre son.
Quels sont vos projets futurs pour la promotion de l’album ? Gary : Une session live sur France Inter devrait bientôt être dévoilée.
Mathieu : En reverb, on utilise la Strymon, le modèle bluesky.
Grégory : On doit jouer à un festival en fin mai, et on travaille sur les clips pour trois titres de l’album (à savoir «Voices As Leaders», «England» et «Wildfires»).
Gary : J’utilise aussi un delay, des effets d’ambiance et un chorus aussi.
Jefferson S.
Votre son possède beaucoup de fréquences aigues, vous vous servez de boosters d’aigus ? Mathieu : Non, mais simplement sur mon ampli, ils sont réglés au maximum. Gary : On utilise un compresseur, ça rend les attaques hyper-franches et avec la Telecaster, les aigus ressortent beaucoup.
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Wayne Shorter NP Chronique
«On a pas encore tout exploré.» L’annonce d’octobre dernier avait fait du bien à beaucoup de monde: un des plus grands jazzmen encore en activité, une véritable légende annonce la sortie d’un nouvel album, sur un des plus grands labels de Jazz. Without a Net, chez Blue Note, sorti le 5 Février, nous redonne du génie, de l’originalité et de l’exploration: des choses qu’on connaît de Wayne Shorter. Après ses débuts avec les Jazz Messengers d’Art Blakey comme saxophoniste puis comme directeur musical à la fin des années 50, Wayne intègre le second quintet de Miles Davis dans le milieu des années 60, en parallèle d’une carrière solo très prolifique. Juju, par exemple, en 1964 sur le label Blue Note, le fera découvrir vraiment détaché des influences de Coltrane et de Sonny Rollins. Ce qui ressort de ce personnage, c’est un véritable talent pour la composition de thèmes. Il en écrira de nombreux pour Miles (qui se vantera d’avoir un tel collaborateur dans son quintet), les lignes mélodiques de ses solos étant toutes particulières, s’insérant et finissant d’une manière bien personnelle. La période Jazz Fusion de In A Silent Way, toujours avec Davis, annoncera le début d’une grande relation entre Shorter et le jazz-fusion. Il se mettra alors au saxo soprano, avec lequel il sortira des phrasés courts très lyriques, ce qui lui donnera une sonorité ultra-reconnaissable. En collaboration avec Joe Zawimul, il forme à la fin des années 60 Weather Report, un des premiers groupes de Jazz Fusion qui fait encore aujourd’hui référence. Jusqu’à 1986, le groupe
vivra une formidable épopée musicale intégrant une grande variété de styles dans leurs compositions, et surtout jouant avec certains des plus grands musiciens de jazz de tous les temps (Jaco Pastorious, Peter Erskine, Omar Hakim pour ne citer qu’eux). La carrière de Wayne Shorter s’est toujours basée sur l’originalité et l’exploration. Ne pas se préoccuper des modes, chercher à jouer des choses nouvelles pour obtenir des résultats surprenants, c’est de la conception même de la musique dont il s’agit. La folie de la fusion maintenant mise en suspend, a formé un quartet acoustique, avec Danilo Perez au piano, John Pattituci à la basse et Brian Blade à la batterie, et Without a Net en est le 3ème projet (sans compter l’excellent Allegria, sur lequel d’autres musiciens l’accompagnent). Le seul depuis 8 ans en fait, et le premier chez Blue Note depuis 43 ans et Odyssey Of Iska. Le titre annonce la couleur. Without a Net, c’est le leader qui pousse son quartet à prendre des risques et à s’éloigner de ce qu’ils connaissent pour découvrir des sensations surprenantes. Enregistré live, il capte le moment, la spontanéité du quartet, il nous place devant l’improvisation collective, parce qu’on les entend s’écouter, s’imprégner des conditions données par l’un d’eux avant même de jouer une note, et même crier sous l’émotion. Sur «Orbits», composition de Shorter apparue pour la première fois sur Miles Smiles en 1967, Danilo Perez installe le thème sur lequel le saxophoniste s’envole, rejoint par les 2 autres pour nous poser les bases de l’album: puissance, finesse et voyage.
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Voyage, parce que sur chaque titre, c’est une ambiance différente qui s’installe. «Starry Nights» est un retour à une rythmique jazz plus traditionnelle (avec des airs de «Manteca» de Dizzie Gillespie), qui nous tient en haleine jusqu’au moment où tous les musiciens explosent littéralement. La composition de «S.S. Golden Mean» au piano est remarquable, un autre son, une autre couleur, une rythmique très enjouée, «Plaza Real», autre reprise d’une composition jouée par Weather Report cette fois-ci, se termine sur une improvisation basse-batterie-saxophone, sur la rythmique constante du piano. Sur «Myrrh», le thème de Shorter est attaqué, au premier sens du terme, par les 3 autres musiciens. Un des moments tout en puissance de l’album. C’est notable, Shorter laisse de la place à ses musiciens, comme sur «Zero Gravity». Remarquable aussi, cette fusion exceptionnelle du Jazz et de la musique symphonique sur «Pegasus», avec l’aide des Imani Winds, qui est arrangée tout en finesse.
Les jazzmen répondent et intègrent leur folie dans le thème joué par l’orchestre. Un léger manque de puissance sur «Flying Down to Rio» (thème principal revisité du film du même nom) sera loin de nous empêcher de continuer sur «UFO» pour clore l’album sur la plus grande folie. Wayne Shorter accompagné de ses musiciens virtuoses nous prouve qu’il possède un des meilleurs quartets du moment, capable d’évoluer, d’écouter pour ne pas laisser passer l’instant précis où avec une attaque, une ligne de notes ou un roulement, la musique pourra prendre un autre sens. On ne sait encore pas grand chose de 2013, mais «Without a Net» est déjà une référence, et pour les années à venir. Et tout ça, ne l’oublions pas, à près de 80 ans. Pierre G.
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Coups de Coeur de la rédaction. Foxigen ‘ We Are the 21st Century Ambassadors of Peace and Magic (Jagjaguwar)
Révélation de 2012 avec leur premier très bon album «Take the Kids off Broadway», le duo californien est revenu en début d’année avec un album pop rock sentant bon le soleil et inspiré clairement par les Velvet Underground et Bob Dylan. Une petite merveille qui nous fait oublier le morne hiver actuel. Camille D.
Canzoniere Grecanico Salentino -Pizzica Indiavo-lata (Ponderosa) Déjà 16 albums pour les Canzoniere Grecanico Salentino qui nous amèneront une fois encore à un état de transe. Le groupe nous fait découvrir les rythmes obsessionnels des tarentelles des Pouilles, avec sur ce dernier opus des special guests : Ballaké Sissoko et Piers Faccini. Astrid M.
Uptown X.O – Colour De Grey (Mello Music Group) Après nous avoir habitué à de très bonnes mixtapes, le membre des Diamond District publie enfin son premier album produit par AB The Pro. Le MC de Washington nous donne un point de vue grisant sur sa vision de la réalité, qu’il voit dans un décor noir et blanc. Stéphane M.
Jamie Lidell - Jamie Lidell (Warp Records) Diablement funky, furieusement décalé, oscillant entre le rétro et le futuriste, «Jamie Lidell», le nouvel album éponyme de l’hybride anglo-saxon tient ses promesses. Trois ans après son dernier opus, Jamie Lidell sert 11 titres protéiformes et électriques, prouvant une fois encore sa capacité à transformer la soul en une potion magique survoltée. Laurene D.V
Daughter - If You Leave (4AD) Après deux excellents EPs, «His Young Heart» et «The Wild Youth EP» sortis respectivement en 2011 et 2012, le trio britannique reste régulier et sort cette année son tout premier album. Nul doute que la grâce sera, là encore, au rendez-vous. Morgane P.
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Biffy Clyro - Opposites (14th Floor) Le groupe écossais gravi une nouvelle marche sur l’escalier tant convoité du Rock Culte. Riffs puissants et influences personnelles donnent à Opposites un son estampillé «Biffy Clyro» et une place définitive dans la famille du rock. Emilie F.
Christine Salem - Salem Tradition (L’Autre Distribution) Intense, brute et envoûtante, la musique de Christine Salem nous fait découvrir le traditionnel maloya réunionais. Marier le tout avec la folk du groupe Moriarty et vous obtenez un mélange racé et terriblement charmeur. Sarah E.
Mali All Stars - Bogolan Music (Metis Records) Pour les dix ans du studio Bogolan, les plus grands artistes maliens (Oumou Sangaré, Toumani Diabaté, Ali Farka Touré, Tinariwen, Cheick Tidiane Seck, Amadou et Mariam, Salif Keita) croisent des artistes internationaux (Björk, Dee-Dee Bridgewater, Keziah Jones, Damon Albarn ou encore -M-) sur un double album envoutant. Ou quand le terme «World Music» prend tout son sens. Francine P.
Devendra Banhart - Mala (Nonesuch Records) Quatre ans après la parution de «What will be», le prodige Devendra Banhart revient avec un nouvel opus : «Mala», un album qui se veut électique, des textes en anglais, en espagnol, des sonorités venues d’horizons différents. Un peu farfelu, un peu bobo, le chanteur texan a apporté un nouveau souffle à la scène folk néo hippie à tendance psychédélique. Camille B.
KRNDN - Everything’s Nothing (Blacksmith Music) Le projet solo de l’albinos du Strong Arm Steady nous propose gratuitement une redécouverte de son flow si particulier sur des productions bien travaillées, mêlant old school et new school avec brio. Pierre G.
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