SAMEDI 6 JANVIER 2024
LE TEMPS
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«C’est la manière la plus naturelle de produire de la viande d’élevage» Il y a dix ans, Petra Hebeisen a repris l’exploitation laitière de ses parents près de Thoune et l’a transformée en exploitation de vaches mères
A
près des études en économie agraire, cette agricultrice a «appris à connaître, à apprécier et à aimer» cette forme d’élevage au cours d’un stage. Visite sur le terrain…Cela passerait presque inaperçu. Ce n’est que lorsque Petra Hebeisen nous fait remarquer que l’étable de ses 24 vaches mères est ouverte, sans aucune porte à ouvrir ou à refermer, que l’on prend la pleine mesure de cette exploitation moderne, sise sur le point culminant de Fahrni près de Thoune, à 900 mètres d’altitude. L’étable offre une vue panoramique sur les Alpes bernoises, dont cette agronome et son cheptel profitent au quotidien. Mais malgré la beauté des paysages, par une froide journée de décembre pluvieuse ou neigeuse, on imagine aisément un bâtiment battu par le vent. «Cela ne dérange absolument pas les vaches. Bien au contraire, grâce à cela, l’étable est ainsi toujours remplie d’air frais», explique la femme de 43 ans. Selon elle, c’est l’une des raisons pour lesquelles ses vaches mères ne tombent presque jamais malades. Les troupeaux de vaches allaitantes nécessitent des animaux aussi sains que possible. Il faut pour cela garantir un certain nombre de conditions. En transformant son étable, Petra Hebeisen a fait le premier pas. En collaboration avec un expert du bien-être des vaches, elle a conçu une étable qui offre aux animaux un abri connecté à la nature et susceptible d’être exploité par une personne seule, en autonomie. «Tout est conçu sous le signe de l’efficacité.» En hiver, lorsqu’elle se rend à l’étable à 6h, elle assure le nettoyage de celle-ci et l’affourragement des animaux en deux heures à peine. Une étable ouverte et orientée vers le bien-être Le bâtiment est divisé en deux parties. La première accueille les vaches qui viennent de mettre bas ou dont la mise à bas est imminente. Des événements que les vaches mères gèrent généralement seules. Ignazia, un veau né il y a quelques jours seulement, est couché sur la paille aux côtés de sa mère. Petra Hebeisen l’a recouvert d’une couverture. «Il est encore très jeune et a besoin d’un petit coup de pouce. Dans une étable ouverte, il est particulièrement
Le veau et la vache restent ensemble, comme à l’état naturel, pour un bien-être et une santé optimaux. (LARISSA DUBACH)
flexibilité accrue dans l’organisation de son quotidien avec les vaches mères. En hiver, elle peut notamment effectuer des travaux administratifs et de ménage pendant la journée.
L’exploitation de Petra Hebeisen est moderne à bien des égards. (LARISSA DUBACH)
important d’observer les animaux et de réagir en conséquence», dit-elle. La deuxième zone est destinée au reste des vaches, aux génisses et aux veaux. Les bêtes y disposent d’un espace généreux pour se tenir debout et se promener. Elles peuvent sortir à tout moment d’un côté et rentrer de l’autre. Elles peuvent également s’allonger et se relever confortablement et naturellement. Elles disposent enfin d’un lit de paille moelleux pour se coucher. A ce titre, le samedi est dédié à la tâche préférée de Petra Hebeisen: le paillage frais. La période d’automne est un peu plus exigeante, avec le retour des animaux à l’étable. «En raison de leur fourrure épaisse, ils transpirent rapidement, ce qui les rend plus vulnérables à la toux.» Pour les quelques cas de maladie, Petra Hebeisen applique autant que possible l’homéopathie et la phytothérapie, qui utilisent les effets curatifs des herbes et des plantes médicinales. «Je parviens à maîtriser 90% des cas avec ces méthodes.» Elle soulage une grippe avec des «granules» ou du vinaigre de cidre, en vaporisant le vinaigre naturel et non traité sur la nourriture ou en le mélangeant à l’eau de boisson. L’effet est antibactérien et anti-inflammatoire au contact des muqueuses. «Dans une ferme avec des vaches allaitantes, nous n’utilisons les médicaments comme les antibiotiques qu’en cas d’urgence», explique l’agricultrice. «Depuis le passage à l’élevage allaitant, nos frais vétérinaires ont connu une évolution notable: les coûts ont ainsi diminué d’environ 40%.» Ignazia, le veau nouveau-né qui se réchauffe encore aux côtés de sa mère, se verra retirer la couverture dans les jours à venir, quand il aura accumulé suffisamment de forces. Pendant dix mois, il restera aux côtés de sa mère dans le troupeau, comme à l’état naturel. Ce
n’est qu’ensuite qu’il sera sevré et que la vache se préparera à accueillir un nouveau veau. «C’est la manière la plus naturelle de produire de la viande.» Une qualité de vie partagée Outre le confort d’une étable gérée avec amour par Petra Hebeisen, les veaux jouissent aussi d’une alimentation naturelle: en plus du lait maternel, ils reçoivent de l’herbe, du foin et de l’ensilage d’herbe. De mai à octobre, l’affourragement des vaches mères, l’herbe, est en self-service dans les pâturages. En plein été, lorsqu’elles restent à l’étable pendant la journée en raison de la chaleur, elles reçoivent un peu de foin. Les hormones de croissance ou autres addi-
«L’élevage de vaches allaitantes représente une valeur ajoutée pour l’animal, la nature et, in fine, pour les humains» tifs sont interdits dans la production de Natura-Beef, tout comme les protéines et les graisses animales, le soja, l’huile et la graisse de palme, ainsi que les aliments génétiquement modifiés. L’alimentation des vaches allaitantes s’oriente selon le principe «viande à l’herbe». Les conséquences sur le goût de la viande sont indéniables. Ainsi, un client a admis un jour qu’il mangerait volontiers cette viande crue, en raison de la beauté de sa couleur. «De nombreux
clients s’étonnent de l’intensité du rouge de notre viande. Elle rend aussi moins d’eau.» Au total, le cheptel allaitant suisse est composé officiellement de 38 races. Le troupeau de Petra Hebeisen comporte un mélange hétéroclite de croisements entre Swiss Fleckvieh et Limousine, Simmental et Limousine ainsi que Simmental et Angus. Le plus grand défi a été de structurer l’entreprise de manière à ce qu’elle puisse la gérer seule, en tant que femme, sans que sa santé en pâtisse. Après une opération du dos il y a deux ans, Petra Hebeisen s’entraîne deux fois par semaine pour «maintenir la force» nécessaire au travail avec des animaux et des machines. Elle peut profiter de son temps libre un dimanche sur deux, quand ses parents, qui sont à la retraite et vivent également à la ferme, se chargent des travaux d’écurie à sa place. Sans leur aide, Petra Hebeisen ne parviendrait jamais à faire face à la période estivale, quand le travail de récolte s’ajoute à celui de l’étable. Le mari de Petra Hebeinsen, un garde forestier et instructeur en bûcheronnage, est également un soutien important. Il l’aide dans tous les domaines, notamment lors des pics de travail. Sa participation n’est toutefois pas indispensable à l’équilibre de l’exploitation. Celle-ci a en effet été conçue pour pouvoir être portée financièrement par une seule personne. «D’un point de vue économique, c’est une bénédiction, comparé à avant, quand nous avions des vaches laitières.» Petra Hebeisen, qui produit pour le label Natura-Beef, peut aussi compter sur un partenaire fidèle, Vache mère Suisse, qui gère les relations commerciales avec les détaillants. N’oublions pas les gains en termes de qualité de vie. L’agronome dispose d’une
Des gardiens du paysage pour une nature intacte En été, les journées changent aussi bien pour les humains que pour les animaux. Pendant que Petra Hebeisen s’occupe de la récolte du fourrage, le troupeau profite de l’ombre de l’étable. Au coucher du soleil, il sort dans les pâturages et y passe les nuits. Seules les génisses se rendent à l’alpage. «Nous avons la chance de bénéficier de pâturages autour de la maison, qui suffisent à nourrir les vaches en été et à produire du fourrage pour l’hiver.» L’agricultrice veille en outre à n’élever que le nombre d’animaux pour lequel elle peut produire de la nourriture et à ne rien gaspiller. «J’évite ainsi de surcharger ou de surfertiliser les sols, ce qui est très positif.» Cette cause lui tient à cœur. «Après tout, la terre est la base de notre vie et nous devons en prendre soin.» Une partie des surfaces de l’exploitation de Petra Hebeisen permet également de mettre en place des cultures. Elle utilise cette portion pour cultiver de l’UrDinkel (pur épeautre). «Un tiers de la surface ne s’y prête pas.» A cause de la topographie, trop abrupte ou trop vallonnée, ou à cause de la nature du sol, qui n’est constitué que d’une mince couche d’humus avec du nagelfluh (des conglomérats fluviatiles, NDT) en dessous. «Cette surface n’est utilisable que par les animaux.» En tant que ruminants, les vaches peuvent valoriser l’herbe et le foin. En même temps, elles empêchent de manière durable l’embroussaillement des paysages. L’élevage de vaches allaitantes représente une valeur ajoutée non seulement pour les animaux, mais aussi pour la nature et, en fin de compte, pour les humains. ■ NZZ Content Creation
Natura-Beef Pour le bien-être des animaux et la durabilité, environ 4500 fermes en Suisse misent sur l’élevage de vaches allaitantes et sont certifiées pour la production dans les labels Natura-Beef et Natura-Veal. Les conditions strictes de ces labels sont garanties par des inspections régulières et inopinées par l’organisme d’inspection beef control et la Protection suisse des animaux. La viande peut être achetée chez Coop ou directement auprès des agriculteurs. natura-beef.ch
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