maires situées dans des localités à haute concentration de réfugiés syriens en les transformant en écoles à double vacation. Néanmoins, comme on l’a vu plus haut (II.1.c), le pourcentage d’enfants syriens non scolarisés en 2020 reste plus élevé que le pourcentage national moyen. Le gouvernement s’est penché sur le cas des enfants en abandon scolaire, qu’ils soient inéligibles selon la législation jordanienne, ayant par exemple manqué trois années de scolarité obligatoire ou plus, ou intrinsèquement inadaptés, en développant un programme d’éducation non formelle (certifiée), qui recueille actuellement environ 4 000 d’entre eux140 ; - assurance médicale pour les réfugiés : comme indiqué précédemment, les réfugiés syriens (depuis 2019), les autres réfugiés pris en charge par le HCR (depuis 2020) ainsi que les ex-Gazans âgés de plus de 6 ans relèvent du régime dit du « Jordanien non assuré » ; - l’entrepreneuriat à domicile : en novembre 2018, la Jordanie a autorisé les réfugiés syriens à créer des entreprises à domicile (home-based businesses) dans les secteurs de l’alimentation, de la confection et de l’artisanat, sans obligation de partenariat avec des Jordaniens et ce sous des procédures simplifiées. Néanmoins, la notion même de formalisation a continué de poser problème aux réfugiés syriens, de même que les procédures restées relativement longues et complexes141. Une année plus tard, tandis que 200 entreprises à domicile jordaniennes avaient été enregistrées, on n’enregistrait encore aucune entreprise syrienne142 ; - répartition des bénéficiaires des projets sociaux au nom de la cohésion sociale : dans un souci de réduction au sein des communautés hôtes d’un ressentiment dû aux aides prétendument élevées que recevraient les réfugiés syriens, le quota initial des bénéficiaires des projets sociaux mis en œuvre par les ONG locales et internationales (30 % pour des Jordaniens contre 70 % pour des réfugiés syriens) est renversé dès 2016 : ce sont désormais les Jordaniens qui deviennent les principaux bénéficiaires des projets sociaux (non monétaires) financés dans le cadre de la réponse internationale à la crise des réfugiés syriens 143. 3.2. Cas de figure : les projets d’ONG de lutte contre la vulnérabilité par l’emploi Un grand nombre de projets sociaux mis en œuvre par des ONG locales et internationales ont accompagné la réponse internationale à la crise des réfugiés syriens, dont ceux financés par l’AFD/Minka et/ou l’UE dans le cadre de son Fonds fiduciaire Madad. Certains types de projet ont plus particulièrement attiré l’attention depuis la mise en œuvre du 140
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136 000 enfants syriens étaient scolarisés en septembre 2020 sur une population totale estimée de 233 000 (soit 97 000 enfants déscolarisés). C’est un chiffre en baisse par rapport à août 2019 où 150 000 enfants étaient scolarisés (36 % d’enfants déscolarisés), résultant probablement de la crise sociale engendrée par la pandémie de la COVID-19. À comparer avec le pourcentage d’enfants déscolarisés beaucoup plus élévé en 2014 : 55 % (chiffres issus du HCR). Voir Nimmari, Nadeen, “Non-Formal Education offer space of Hope for School Dropouts to complete their Education, Al-Ghad التعليم غير النظامي فسحة أمل أمام المتسربين من المدارس الستكمال تعليمهم, i19 juillet 2019. Selon l’ensemble des ONG consultées pour ce rapport et les autorités jordaniennes dans le JRP 2020-2022, p. 54. Les démarches incluent : un enregistrement auprès de la municipalité ; un compte commercial ; l’enregistrement auprès de la Chambre de commerce puis du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Approvisionnement (avec des frais à chaque étape). Entretien avec le MoPIC, 23 décembre 2020. Depuis lors, le nombre d’entreprises à domicile syriennes se serait élevé à 30, contre 300 entreprises à domicile jordaniennes recensées. Une répartition à parts égales (50/50) entre réfugiés syriens et communautés hôtes est possible, et s’avère d’ailleurs la règle dans les projets cash-for-work dans les municipalités. Ce système de répartition fut déjà retenu dans le cadre de la réponse à la crise des réfugiés irakiens (60 % pour les Irakiens contre 40% pour les Jordaniens).
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