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TRUFFER

conviendrait de prendre en compte cette dernière au plus vite, au risque d'aboutir à 65 ans d'investissements infructueux. Par conséquent, il faut être prévoyant, et la perspective des transitions sociotechniques peut aider à mieux anticiper ces futurs (Hoffmann et al, 2020).

1.2. L’approchesociotechnique des transitions à travers le regard d’un économiste-Claude

MENARDet BernhardTRUFFER

L’enjeu essentiel de cette approche porte sur l’analyse des périodes de transition. Cette approche pousse à concevoir l’avenir de l’assainissement comme une combinaison de systèmes centralisés et décentralisés, ce qui n’est pas sans soulever des questions. D’abord, lacomparaison avec l’émergence automobile peut sembler ne pas être très instructive, en raison des spécificités du secteur de l’assainissement. La première est que nous supposons qu’il y a une standardisation rapide de la technologie de traitement des eaux usées, ce qui n’est pas évident. Toutefois, les ingénieurs, des possibilités ou des options émergent pour une standardisation rapide. Surtout pour les stations d’épuration décentralisées, elles sont très similaires aux voitures:elles ont cette logique de fabrication, permettant une standardisation à un rythme bien supérieur à celui de la technologie unique des stations d’épuration centralisées. Les technologies évoluent très rapidement, notamment avec les nouvelles technologies de détection et de télécommunications. La standardisation n’est pas tant problématique. Même si la transformation doit encore prendre dix ans, ou vingt ans, la transition devrait aboutir.

Ensuite, les solutions d’assainissement décentralisées nécessitent une coordination qui peut s'avérer très coûteuse. De plus, ces nouvelles technologies peuvent entraîner des coûts de maintenance substantiels. En effet, les services publics actuels ne sont pas en mesure de gérer des ensembles entiers de systèmes décentralisés. De nouveaux aménagements institutionnels, de nouvelles structures de gestion et de gouvernance, de nouveaux modèles économiques, de nouvelles habitudes d’utilisation sont nécessaires. A l’image de certains pays qui parviennent à gérer des systèmes de chauffage décentralisés, cette évolution n'est pas insurmontable à condition de mettre en place de nouvelles structuresadaptées.

Enfin, la condition institutionnelle permettant de rendre possible la transition rapide est à prendre en compte : quels sont les aménagements institutionnels qui peuvent garantir le taux de raccordement et sa pérennité pour les usagers des pays du Sud ? Il convient également de s’intéresser à un autre aspect : quel type d’institutions pourrait être à la hauteur ? En effet, si nous sommes face à une décentralisation renforcée, une fois encore, le problème de coordination se pose afin de s’assurer que le système est sûr, que les acteurs respectent les règles, etc. Dans ce contexte, sur quels types d’institutions pouvons-nous compter pour assurer ces conditions ? Cela peut encore être résolu par une combinaison de technologies et de nouvelles structures institutionnelles, avec notamment la détection et le contrôle à distance.

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