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Martinique

PROTÉGER LES ÉCOSYSTÈMES MARINS : UN TRAVAIL COLLECTIF

Ci-dessus : les coffres d’amarrage ont été installés en décembre 2018, mois de l’inauguration des deux ZASM. Le mouillage sur coffre y est autorisé aux navires de plaisance, sous réserve qu’aucun navire support de plongée ne s’y amarre. © L’Asso-Mer

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Au Carbet, deux zones d’activités sous-marines ont vu le jour afin de protéger des fonds marins exceptionnels. L’ensemble des acteurs initiaux du projet – Mairie, marins-pêcheurs et L’Asso-Mer – en sont satisfaits. Après quelques années de mise en place, le projet se poursuit pour caractériser notamment le rôle protecteur de ce type de projet pour la biodiversité.

Protéger la biodiversité sous-marine tout en permettant aux pêcheurs professionnels d’exercer leur activité et aux touristes et locaux de profiter de la beauté et de la richesse des fonds marins du Nord Caraïbe. Tel est l’objectif de la création de deux zones d’activités sous-marines (ZASM) dans la commune du Carbet, interdites au mouillage hors bouée, à la chasse sous-marine et à la pêche. L’île compte en effet 425 espèces de poissons endémiques dont environ 15 % sont menacées par les activités humaines, la surpêche, la pollution…

Initié en 2016 sous l’impulsion de Michel Météry, Carbétien défenseur des milieux marins de Martinique, ce projet est le fruit d’un consensus entre la Mairie du Carbet, l’association des marins-pêcheurs de la ville et L’Asso-Mer, spécialisée dans la protection de l’environnement marin. Il bénéficie des financements de la DEAL et de l’Office de l’Eau Martinique. En 2018, L’Asso-Mer pose des balises et des bouées délimitant les ZASM. Elle supervise également le suivi participatif de la biodiversité qui a débuté en 2019, après avoir formé une quarantaine de bénévoles de deux clubs de plongée associatifs à l’identification des nombreuses espèces de poissons. Le bilan des quatre premières années de suivis indique une augmentation de l’abondance de certaines espèces de poissons comme les gorettes ou les sardes queues jaunes. Les zones semblent assurer leur rôle de nurserie, de part la présence de nombreux juvéniles.

Le Carbet des Sciences a réalisé un panneau d’information sur la plage à l’intention des baigneurs et créé un sentier sous-marin pédagogique à l’anse Turin, qui permet aux collégiens de la ville et aux touristes de découvrir des fonds marins exceptionnels.

Les deux ZASM – zone du Pothuau et sentier sous-marin des Raisiniers – bénéficient d’un suivi régulier de leur biodiversité.

© L’Asso-Mer

Le projet se poursuit sur le long terme, avec pour objectif notamment de suivre l’évolution de l’état des écosystèmes, qui nécessite des données sur plusieurs années au moins. Un nouvel acteur prend en charge depuis cette année une des deux ZASM : le Parc naturel marin de Martinique (PNMM), créé en 2017.

« Nous allons renouveler le balisage sur la zone, puis tester plusieurs méthodes de recensement et de caractérisation des fonds marins et de la faune par des plongeurs mais aussi par vidéo », détaille Margaux Pestel, chargée de projet Stratégie scientifique au PNMM. D’autres zones côtières de l’île feront aussi l’objet de ces suivis scientifiques.

Panneau d’information installé devant la plage. La création des deux zones marines réglementées que sont les ZASM s’est inscrite dans une politique de protection du littoral côtier de la commune du Carbet et de valorisation de sa pêche et de son tourisme.

© Katia Delaval

TÉMOIGNAGES

Gwenaël Quenette, président de l’Asso-Mer

Ce projet est l’un des premiers mis en place par notre association, qui œuvre depuis 2016 à la protection du milieu marin. Ce travail, collectif, est une belle réussite : nous avons agi, et continuons à agir, pour la nature, et avec les humains. Les ZASM sont le résultat d’une large consultation et de nombreuses délibérations ayant abouti à un consensus. L’augmentation déjà détectable de certaines espèces de poissons indique que nous allons dans la bonne direction.

Albert Babin, vice-président de l’amicale des marins-pêcheurs du Carbet

Nous sommes une bonne dizaine de marins-pêcheurs sur la commune. Une petite majorité d’entre eux a voté pour ce projet en 2016. Mais aujourd’hui tous les marins-pêcheurs sont satisfaits : nous ne sommes pas gênés pour faire notre travail.

Rédaction et interview : Katia Delaval

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